Mary-Kate and Ashley Sweet 16, Tome 11 - Petits Mensonges - Carol Ellis - 2007-05-02 - Pocket - 9782266171427 - Anna's Archive

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PETITS MENSONGES
SANS CONSEQUENCES
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Pocket Jeunesse, 12 avenue d’Italie, 75013 Paris.
Petits mensonges
sans conséquences

Carol Ellis

Traduit de l’américain
par Anne-Laure Malaval
Titre original :
Little White Lies

Publié pour la premiére fois en 2003


par Harper Entertainment, Etats-Unis.

Loi n° 49 956 du 16 juillet 1949 sur les publications


destinées a la jeunesse : mai 2007.

© 2007 Dualstar Entertainment Group, LLC. All rights reserved.


SWEET 16 characters, names and all related indicia are trademarks
of and © Dualstar Entertainment Group, LLC.
SWEET 16 books created and produced by Parachute Press, LLC,
in cooperation with Dualstar Publications, a division of Dualstar
Entertainment Group, LLC, published by Pocket Jeunesse,
a department of Univers Poche.
All photography copyright © 2007 Dualstar Entertainment Group,
LLC. All rights reserved.
All rights reserved. No part of this book may be used or reproduced
in any manner whatsoever without written permission of the publisher
except in the case of brief quotations embodied in critical articles
and reviews. For information address Pocket Jeunesse,
12 avenue d’Italie, 75627 Paris Cedex 13.

ISBN 978-2-266-17142-7
Mary-Kate

Nous étions un petit groupe a nous retrou-


ver au Click Café ce mercredi aprés-midi-la.
Et comme d’habitude, je faisais le clown.
— Mais enfin, Mary-Kate, pourquoi
marches-tu si bizarrement ? me demanda
Brittany Bowen.
— Comment ¢a, bizarrement ? Je ne vois
pas ce que tu veux dire, rétorquai-je, lair
ahuri.
Tenant des deux mains ma tasse de café,
je me dirigeais d’un pas solennel vers la
table ot nous étions installés.
Lauren Glazer me fixait, songeuse.
— Tu marches comme une jeune mariée
a léglise, fit-elle.
— Tu briles! répondis-je en gloussant.
Je n’ai pas plutot lair d’une ravissante
demoiselle d’honneur ?
— Moui, bon, si tu veux, admit Brittany.
Est-ce qu’on joue quelque part une marche
nuptiale que tu es la seule a entendre ?
Je posai ma tasse sur la table et m/assis
prés de Malcolm Freeman.
— Pas du tout, je m’entraine. Ashley ne
vous a rien dit ?
— Dit quoi? intervint Aaron, le petit
ami d’Ashley.
— Nous avons été choisies pour étre
demoiselles d’honneur au mariage de notre
cousine Jeanne, samedi de la semaine pro-
chaine, lancai-je fiérement.
— C’est génial ! s’exclama Lauren en fai-
sant tinter ses boucles d’oreilles.
— Nous ne le savons que depuis hier,
expliqua Ashley. Le mariage n’était pas sup-
posé avoir lieu si tot. Ils ont décidé d’avancer
la date parce que James, le fiancé de Jeanne,
est envoyé a l’étranger pour son travail.
— Qv’est-ce qu’il fait ? demanda Aaron.
— Il est reporter pour le World Weekly
Magazine, répondis-je. C’est un type super.
Il est trés mignon et il aura bientét la plus
cool des femmes !

6
— Cest vrai, approuva Ashley. Jeanne a
dix ans de plus que nous, mais nous la consi-
dérons comme notre sceur.
— Elle a toujours été la pour nous
conseiller sur tout : le lycée, les garcons et
la mode, ajoutai-je.
— Et c’est une connaisseuse, continua
Ashley. Elle est attachée de presse aux stu-
dios Unicorne.
— Les studios de cinéma? s’exclama
Ben Jones, le petit ami de Lauren.
— Oui, acquiesca Ashley. Jespére qu’a
son age j’aurai un poste aussi prestigieux.
— Ne vinquiéte pas pour ¢a, la rassura
Aaron. Je ne me fais aucun souci pour ta
carriére. Tu es la fille la plus organisée que
je connaisse.
C’était la vérité. Méme si Aaron était si
fou de ma sceur, au point de voir en elle la
femme parfaite !
— Nous verrons ¢a dans dix ans, lanca
Ashley, désinvolte. En attendant, on a des
milliers de choses a faire avant ce fameux
mariage! Maman organise une soirée
Vouverture des cadeaux vendredi a la mai-
on !
— Pousse-toi un peu, Miss Midinette, me


lanca Malcolm. Je vois Sophie qui arrive, je
vais la retrouver.
Je me levai pour laisser passer Malcolm
tout en faisant un signe de la main a Sophie,
sa petite amie.
— Pourquoi ne vient-elle pas nous
rejoindre ? demandai-je.
— Elle’ est: pressée— Elle part tout
Vheure avec ses parents en province et je
n’ai que quelques minutes pour lui dire au
revoir.
— Alors, dépéche-toi ! dis-je en le bous-
culant. A plus tard !
Sophie nous adressa un sourire en guise
de salut. Puis elle prit Malcolm par la main
et ils s’éloignérent ensemble.
— llest vraiment dingue d’elle, fit Aaron.
— Qui, et c’est grace a moi! s’exclama
Ashley. (Elle avait en effet permis 4 Mal-
colm et Sophie de se rencontrer.) Elle est
adorable, non ?
— Adorable, approuva Brittany.
Je décidai de m’installer 4 cété de Brit-
tany et trébuchai sur mon sac a dos qui trai-
nait par terre.
— Au fait, Ashley! Jallais oublier.
Regarde ce que nous avons recu ce matin,

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dis-je en brandissant deux jolies enveloppes
de couleur créme.
— Ce sont nos invitations pour le
mariage ! (Elle se précipita sur l’enveloppe
qui lui était destinée et l’ouvrit.) La typo est
jolie ! « Ashley Olsen et son ami sont cor-
dialement invités... »
Ashley se tourna vers Aaron d’un air
timide.
— Tu veux bien m’accompagner ?
— Il va falloir shabiller ?demanda Aaron,
un peu inquiet.
— Qu’est-ce que tu crois! s’exclama
Ashley en éclatant de rire. Que tu peux y
aller en jeans et baskets ? Evidemment qu’il
va falloir thabiller un peu. Un mariage n’est
pas un pique-nique entre copains! Je suis
certaine que tu seras magnifique en cos-
tume !
— Bon, fit-il, résigné. Je suis le petit ami.
Alors jimagine que c’est mon role de
taccompagner.
— Je te promets qu’on s’amusera.
Je lus mon invitation et constatai que moi
aussi j’étais invitée avec mon petit ami. Pour
Ashley, ca n’était pas un probléme. Elle
avait Aaron. Mais moi, je n’avais personne
et je ne voyais pas a qui je pouvais demander
de m’accompagner.
— Qu’est-ce qui tarrive, Mary-Kate ?
me demanda Brittany, me tirant de mes
réflexions.
— Oh! rien de spécial, répondis-je. Je
n’avais pas réalisé que je devais aller a ce
mariage avec mon petit ami, c’est tout.
— Ce n’est pas une obligation, précisa
Ashley. Ca signifie juste que tu peux venir
accompagnée si tu en as envie.
— Jaurais adoré, mais je n’ai pas de petit
ami en ce moment. Je n’ai méme pas de petit
ami en vue...
— Alors tu n’auras qu’a y aller seule,
déclara Brittany.
— Je vais m’ennuyer si j’y vais seule. Per-
sonne avec qui danser...
Brittany leva les yeux au ciel.
— Mary-Kate! Tu oublies qu’il y a tou-
jours des garcons d’honneur a un mariage !
Tu peux tomber sur des types super, on ne
Sait jamais !
— Oui, cest trés romantique, approuva
Ashley.
— Je n’avais pas pensé a cela. Il y aura

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peut-étre des tas de garcons célibataires et
craquants...
— Crest évident ! affirma Brittany
Jespérais que mon amie avait raison. Et
puis, quelle importance de ne pas avoir de
petit ami, aprés tout. I] s’agissait du mariage
de ma cousine préférée et j’allais forcément
m’amuser. J’étais si heureuse pour Jeanne
que rien ni personne ne pourrait me gacher
la féte !
Mary-Kate

Ce soir-la, Ashley et moi étions installées


dans la salle a manger et regardions des pho-
tos de famille. Maman avait décidé de faire
un grand collage pour la soirée des cadeaux
et nous étions chargées de sélectionner les
clichés.
— Regarde celle-ci, dit Ashley.
— Qui, c’est sa remise de diplome a l’uni-
versité. Tu te souviens ?
— Trés bien. Elle était passée a la maison
pour nous montrer sa robe.
Maman entra et déposa sur la table deux
énormes albums.
— Ce sont les derniers, je crois, fit-elle.
Elle se pencha au-dessus d’Ashley pour
admirer la photo.

2
— Jadore cette photo. Je me rappelle que,
ce jour-la, elle était moins excitée par sa
remise de dipl6me que par l’idée de com-
mencer son nouveau job.
— Elle avait déja un travail ? demanda
Ashley.
— Qui, affirma maman. Elle était enga-
gée pour |’été dans un cabinet d’avocats.
— Jaimerais beaucoup trouver un job
d’été. Dés que tous ces préparatifs pour le
mariage seront terminés, je me mettrai a
chercher.
Le téléphone sonna et maman se préci-
pita hors de la piéce.
— C’est soit votre tante Katherine, soit
le traiteur, pronostiqua-t-elle avant de dis-
paraitre.
Tante Katherine était la soeur de maman
et la mére de Jeanne.
— C’est de la folie, ce mariage, dis-je. Le
téléphone n’arréte pas de sonner !
— Tu as raison, approuva Ashley. On
nage en pleine hystérie !
Deux secondes aprés, elle éclata de rire.
— Et ici, Mary-Kate. Tu te souviens?
C’était pendant nos fameuses vacances dans
le parc national séquoia !
— Bien sir! m’exclamai-je.
Huit ans auparavant, notre famille, celle
de Jeanne et les Harris, nous étions partis
en camping ensemble et tout se serait bien
passé si seulement...
— George! m/’écriai-je en pointant du
doigt un petit garcon blond de huit ans.
L’épouvantable George Harris !!!
— C était un vrai monstre, approuva
Ashley en prenant soin de parler a voix
basse afin que maman ne Il’entende pas, car
la mére de George était restée une amie trés
proche de notre mere. I] avait rempli nos
sacs de couchage d’épines de pin !
— C’est fou ce qu’il nous a fait subir pen-
dant ces vacances! soupirai-je. Et que je
te cours aprés avec un faux serpent 4a la
main ! Et que je te pousse dans le lac ! Une
terreur !
— Tu as raison. Au fait, jy pense: tu
crois qu’il sera au mariage de Jeanne ?
— Ne parle pas de malheur !
— Cela fait des années que nous ne
avons pas vu. Il a peut-étre changé...
— lIlasdrement changé, appuyai-je. Mais
en pire !

14
On sonna a la porte d’entrée, et quelques
minutes plus tard Jeanne fit son apparition
dans la salle 4 manger.
— Salut, les filles! lanca-t-elle avec un
grand sourire. Votre pére m’a dit que je
pourrais vous trouver 1a.
— Bonjour, Jeanne, ca va bien ? répon-
dis-je en lui rendant son sourire.
Elle s’installa prés de nous.
— (a te dirait de voir certaines des pho-
tos que nous avons choisies pour ton col-
lage ? demanda Ashley.
— Avec plaisir !
Elle posa sur la table un grand bloc-notes.
— Crest tellement gentil 4 votre mére
d’organiser cette soirée cadeaux chez elle !
— Elle adore prendre en main ce genre
de truc, dis-je. Regarde celle-la, on dirait que
tu recois un prix ou quelque chose comme
ca.
— Oui, c’était le prix du meilleur dis-
cours en public, répondit-elle. Je portais
mon appareil dentaire, quelle horreur !
— C’est le plan de table pour le mariage ?
s’enquit soudain Ashley en désignant le
bloc-notes sur la table.

15
La premiére page était recouverte de
Post-it avec des noms dessus.
— Oui. II est presque terminé. En fait, je
passais juste pour savoir ou votre mére sou-
haitait placer son couple d’amis.
— Elle est au téléphone, tu veux que
jaille la prévenir que tu l’attends ? deman-
dai-je.
— Non, non, surtout pas ! Pour une fois
que je peux souffler une minute, je ne vais
pas m’en priver ! Depuis que nous avons dt
avancer la date du mariage, je n’ai plus une
seconde a moi.
— Mary-Kate ! s’exclama Ashley en dési-
gnant un Post-it. Devine qui sera la au
mariage ?
Elle avait déja le doigt sur un nom.
— George Harris ! m’écriai-je. Ne me dis
pas que tu l’as mis a notre table!
— Quelle coincidence ! s’exclama
maman en entrant dans la salle 4 manger.
Jétais avec sa mére au téléphone, et nous
parlions justement de lui! Et tu sais quoi,
Mary-Kate ? ajouta-t-elle en embrassant
Jeanne.
— Quoi ?
— Mme Harris me disait que George

16
n’avait pas de petite amie pour l’accompa-
gner au mariage, et quand elle a appris que
tu étais seule...
Un _ horrible pressentiment m’envahit
soudain.
— ...elle a pensé que ce serait sympa si
vous y alliez ensemble, continua maman. Je
lui ai répondu que tu en serais sirement
ravie. C’est génial, non ?
— Tu lui as dit quoi? m’exclamai-je.
Enfin, maman, tu aurais quand méme pu
me demander mon avis, non ?
— George sort tout juste de l’internat, il
ne connait personne ici, enchaina maman.
Et comme tu n’as pas de petit ami en ce
moment, j’ai cru que ce serait parfait !
Je regardai Ashley, désespérée. J’attendais
qu’elle intervienne et trouve une solution !
— Une minute, maman, s'il te plait!
langai-je puisque Ashley restait silencieuse.
Je ne peux pas étre avec George pour le
mariage ! Parce que... Parce que j’ai un nou-
veau petit ami et qu’il va venir avec moi !
Je vis la surprise se peindre sur le visage
d’Ashley. Heureusement, maman ne remar-
qua rien. Sinon elle aurait compris que je
mentais !

17
— C’est vrai ? demanda ma mere, éton-
née.
Je hochai la téte et fixai de nouveau ma
sceur qui ne disait rien mais semblait aba-
sourdie.
— Pourquoi tu ne m’en as pas parlé?
s’enquit maman.
— Nous venons de nous rencontrer,
mentis-je avec aplomb.
— C’est merveilleux ! s’exclama maman.
Et comment s’appelle-t-il ?
— Oui, qui est lheureux élu ? ajouta
Jeanne.
« Ca, c’est une bonne question ! » me dis-
je, prise de court. Je choisis le premier nom
qui me venait a l’esprit.
— Billy!
— Et comment est-il ? Raconte! fit ma
mere.
— Eh bien... Il est trés mignon, et trés
intelligent aussi ! Il est président du groupe
de débats !
Comme Billy n’existait pas, je pouvais
inventer n’importe quoi sur lui !
— Il fait de la varappe et adore la guitare
acoustique !

18
— Et quand rencontrerons-nous cette
merveille ? demanda ma mére.
— Heu... Bientét, trés bientét !
Le téléphone qui sonnait interrompit
Pinterrogatoire. Maman se leva d’un bond.
— Ce doit étre Katherine, ce coup-ci.
Viens avec moi, Jeanne, et finissons-en une
bonne fois pour toutes avec ce plan de table !
lanca ma mére en entrainant ma cousine.
A peine avaient-elles disparu qu’Ashley
me tomba dessus !
— Enfin, Mary-Kate, a quoi tu joues ? Je
ne connais aucun président du groupe de
débats qui pratique la varappe et s’appelle
Billy !!!
— Chuttt ! Tais-toi! J’ai menti. II le fal-
lait. C’était un cas d’extréme urgence! Et
maman ne doit jamais l’apprendre, j’ai tout
prévu !
— Tu as prévu quoi, on peut savoir ? fit
Ashley, trés énervée.
— Je vais continuer de prétendre que j’a1
un petit copain du nom de Billy jusqu’a la
date du mariage. Cela laissera 4 George le
temps de se trouver quelqu’un pour l’accom-
pagner. Et le jour du mariage je dirai a
maman que Billy et moi venons de rompre.

19
Comme ¢a, le probléme sera réglé et per-
sonne n’aura 4 en souffrir ! Ca n’est qu’un
petit mensonge de rien du tout...
A ce moment-la, maman revint dans la
pléce.
— Bonne nouvelle, Mary-Kate ! J’ai revu
ma liste d’invités pour la soirée des cadeaux
et tu vas pouvoir inviter Billy !
— La soirée des cadeaux ? répétai-je en
déglutissant.
— Oui! fit-elle. Ainsi, toute la famille
fera sa connaissance.
— Oui... C’est sir... balbutiai-je en m/’ef-
forcant de sourire.
En réalité, j’étais tout simplement en
train de disjoncter.
La soirée des cadeaux avait lieu dans deux
jours ! Comment allais-je faire pour trouver
un petit copain en deux jours ?

Ashley

— Vraiment, Mary-Kate, je ne te com-


prends pas ! m’écriai-je le lendemain matin
en courant derriére ma sceur. Comment tu

20
comptes expliquer 4 maman que Billy ne
peut pas venir a la soirée des cadeaux ?
Mary-Kate s’engouffra dans la salle du
site Internet du lycée, s’installa devant un
ordinateur et l’alluma.
— Qui te dit que Billy ne viendra pas ?
me demanda-t-elle avec un sourire en coin.
— Tu te fiches de moi? Je te rappelle
que ce Billy n’existe pas et que tu Il’as
inventé de toutes piéces !!!
— Tu paries ? lanca ma sceur. Je suis cer-
taine qu’il se cache quelque part pas trés
loin d’ici et que je vais le trouver !
Elle tapa un mot de passe et se retrouva
sur le site de rencontres pour lycéens que
Javais créé et mis en ligne sur le serveur de
notre lycée. Les éléves qui souhaitaient y
accéder n’avaient qu’a remplir un question-
naire établissant leur profil. Ils y mettaient
leur photo, tapaient un pseudo et un mot de
passe et pouvaient ainsi prendre contact
avec les autres membres.
— De toute facon, j’ai un plan ! murmura
Mary-Kate entre ses dents.
— Oui, c’est déja ce que tu m/as dit hier
aprés avoir raconté ces mensonges a maman.
— Et mon plan est INFAILLIBLE ! D’abord,

oh
je cherche tous les Billy inscrits sur le site.
Aprés, je n’aurai plus qu’a trouver celui qui
m’accompagnera a la soirée des cadeaux et
au mariage ! C’est enfantin !
— Bien sir ! m’exclamai-je. C’est un jeu
d’enfant de trouver un « Billy » président
d’un groupe de débats, qui fasse de la
varappe, adore la guitare acoustique, et tout
cela avant demain !
— O.K., jadmets. Ca ne va pas étre
facile. Mais il existe forcément, ce garcon !
Alors, s’il te plait, Ashley, ne reste pas plan-
tée la a ne rien faire et aide-moi !
Je me suis installée derriére un ordina-
teur et je me suis connectée au site. Je n’étais
pas aussi certaine que Mary-Kate que notre
Billy existe, mais, si c’était le cas, nous
allions le trouver !
Ashley
— J’ai tellement hate de voir les robes que
nous allons porter ! m’écriai-je au moment
ou nous franchissions la porte d’une petite
boutique trés chic et confortable pour les
essayages avec maman.
Jeanne et tante Katherine étaient déja la,
accompagnées de trois jeunes femmes de
lage de notre cousine.
Alors que nos méres discutaient, Jeanne
fit les présentations.
— Ashley, Mary-Kate, voici mes autres
demoiselles d’honneur: Diane, Lainie et
Alyssa. Nous étions ensemble au lycée. Les
filles, voici mes petites cousines préférées,
Ashley et lat cele ! continua Jeanne en
souriant.

Z3
— Je me souviens de toi ! dit Mary-Kate
a Diane, une grande brune trés bouclée. Tu
es venue a la maison pour Thanksgiving
une année !
— C'est vrai, acquiesca Diane. Jeanne et
moi étions alors en premiére année de fac.
Je suis surprise que tu t’en souviennes, tu
ne devais pas étre bien grande...
— Javais huit ans, confirma Mary-Kate.
Mais comment oublier l’année ot la dinde
n’a jamais voulu décongeler !
— Quelqu’un a un petit creux ? J’ai repéré
des patisseries et du café dans ce coin, lancga
Lainie en désignant un angle de la boutique.
— Je ne dirais pas non a un bon café,
répondit Alyssa.
— Waouh! Des éclairs! s’écria Lainie,
enchantée.
En moins d’une seconde, elle se jeta sur
Pun d’eux et le dévora.
— Regardez, voila Ava! s’écria Jeanne.
Une élégante jeune femme venait de fran-
chir le seuil. C’était une superbe blonde,
grande et mince, tout habillée de noir.
— Neme dis pas que c’est vraiment Ava !
m’extasiai-je.
— Mais qui est Ava? demanda Mary-
Kate.

24
— C’est lorganisatrice d’événements la
plus célébre de Los Angeles! Quand elle
prépare quelque chose, tout se passe toujours
a la perfection. Elle s’est occupée de tas de
mariages trés VIP ! J’ai lu plein de trucs sur
elle dans les magazines branchés.
— Oui, fit Jeanne. Quand j’ai compris
qu'il nous faudrait avancer la date du
mariage, je me suis dit qu’Ava était la seule
a pouvoir gérer ca.
— Tuas trés bien fait, approuvai-je. Ava
n’a raté aucun des mariages qu’elle a eus en
charge.
Tous les gens parlaient de « la touche magi-
que » de la grande Ava, mais mol, je savais
qu’il n’y avait rien de magique la-dedans :
c’était du travail rigoureux et organisé.
— Bonjour, Jeanne, lanca Ava. Comment
sont les robes ? Vous les avez essayées ?
— Pas encore, répondit Jeanne.
Elle nous présenta a Ava, qui se contenta
de nous sourire briévement.
— Il faut commander le gateau le plus
vite possible ! dit-elle 4 Jeanne.
Elle sortit son Palm Pilot de son sac.
— Dis-moi ce que tu penses de ces trois
patissiers.

25
— En ce qui concerne les deux premiers,
répondit Jeanne, maman et moi sommes
allées gotiter, et ce n’était pas exceptionnel.
Quant au troisiéme, je n’en ai jamais entendu
parler.
— Il est nouveau. Je vais leur demander
de me faxer des informations sur leurs pres-
tations.
Ava paraissait incroyablement calme, mais
un léger plissement de front me permit de
comprendre qu'elle était soucieuse. Le gateau
de mariage étant un élément capital, on ne
pouvait se permettre de le commander a la
derniére minute.
— Jen connais un excellent, fis-je,
« L’Atelier ». Ils ont fait notre gateau d’anni-
versaire, a Mary-Kate et a moi. I] était vrai-
ment grandiose.
— Et délicieux, ce qui ne gache rien!
ajouta Mary-Kate.
— Cest parfait ! s’exclama Jeanne.
— Qui, ca me semble intéressant,
approuva Ava. Quel est son nom, déja ? Je
les contacterai en rentrant au bureau.
— « L’Atelier », et inutile de chercher les
infos, je les ai dans mon calepin magique !
Numéro de téléphone, adresse et mail.

26
Je feuilletai mon fameux calepin violet et
lui dictai les coordonnées du patissier.
— Je vous faxerai aussi leur catalogue.
Jai tout a la maison.
— Avec plaisir, acquiesca Ava. Je suis
trés impressionnée par ton sens de l’organi-
sation, Ashley !
— Ashley et organisation ne font qu’un !
lanca Mary-Kate avec fierté.
— Jevois ca. Je devrais peut-étre te pren-
dre comme stagiaire chez moi ?
— Stagiaire! m’exclamai-je en bondis-
sant sur place. J’adorerais !
Ava se mit 4a rire.
— Méfie-toi ! Je pourrais bien te prendre
au mot.
— Jeneplaisante pas ! m’écriai-je. Je suis
trés douée pour tout ce qui concerne la mise
en place d’un événement. Je fais de bons
plannings et je suis trés rigoureuse !
Ava me regardait, songeuse.
— Bon, alors, c’est d’accord, faisons un
essai! Mais comme tu es encore en cours tu
te contenteras pour l’instant de me donner
un coup de main sur le mariage de ta cousine.
— Génial ! m’écriai-je. Je ne pouvais pas
réver mieux !

27
— Et si ca fonctionne nous envisagerons
peut-étre un job d’été, continua Ava. J’étu-
die déja la candidature d’autres étudiants,
alors, je pourrais rajouter ton nom a la liste.
J’étais si excitée que je pus a peine balbu-
tier un timide merci. Je n’en revenais pas :
jallais travailler avec la grande Ava!!!

Mary-Kate

— Tu te rends compte, Mary-Kate, c’est


génial ! s’enthousiasmait Ashley alors qu’Ava
et Jeanne réglaient encore certains détails.
Je vais étre stagiaire chez Ava!
— QOuais, je ne me moquerai plus jamais
de ton fameux calepin magique! dis-je en
plaisantant.
La porte de la boutique s’ouvrit et une
femme fit son apparition.
— Oh non, c’est pas vrai! Regarde qui
arrive, Ashley !
— Mme Harris! s’écria Ashley.
— Oui, répondis-je. La mére de « Vhor-
rible George » ! Qu’est-ce qu’elle vient faire
ici ?

28
Je compris trés vite: elle tenait par la
main une petite fille qui devait avoir 4 peu
prés cinq ans et qui ressemblait 4 George
comme deux gouttes d’eau.
— Ah, ca me revient ! Mme Harris a eu
un autre enfant il y a quelques années.
— Crest fou ce qu’elle peut ressembler a
son frére, souffla Ashley. En beaucoup
mieux, évidemment.
Mme Harris entraina la petite fille devant
notre mere.
— Regina, tu te souviens de Mme Olsen ?
— Bonjour, chérie, s’écria ma mére en
prenant Regina dans ses bras. (Maman
s’occupait d’un centre aéré et adorait les
enfants.) Tu vas porter le bouquet de la
mariée, c’est bien ca ? Quelle chance tu as !
Tu dois étre contente, non ?
— Elle est folle de joie ! En plus, Regina
adore mettre de jolies robes. Elle est aux
anges !
— Allez, tout le monde, il est temps de
passer vos tenues, venez avec moi! lanca
Jeanne a la cantonade.
Nous nous sommes précipitées dans le
salon d’essayage, impatientes de savoir ce
que nous allions porter pour le grand jour !

29
— Magnifique ! s’écria Ashley.
— Classe! dis-je en mettant la robe
devant moi. (C’était une trés jolie robe lon-
gue en soie d’un bleu profond.) J’adore cette
couleur !
— Tant mieux! lanca Jeanne, ravie. Je
voulais quelque chose de _ spectaculaire,
mais, aprés coup, j’ai eu peur que ¢a ne fasse
un peu triste.
— Pas du tout, affirmai-je. C’est parfait !
— Ah, au fait! J’ai la photo de vos bou-
quets. Attendez-moi une seconde, je reviens !
Jai passé ma robe. Elle était un peu trop
longue. A part ¢a, elle m/’allait a merveille.
Et celle d’Ashley était parfaite aussi.
— Vous étes ravissantes, s’exclama ma-
man.
Elle se tenait devant nous, avec Mme Har-
ris et sa fille. La robe de Regina était de la
méme couleur que la nétre, mais dans un
style plus enfantin avec des manches ballon
et une large ceinture.
— Tu dis ca parce que nous sommes tes
filles adorées, plaisantai-je.
— C’est vrai, vous étes mes filles chéries.
Mais vous étes quand méme objectivement
ravissantes !

30
— Je suis d’accord avec votre mére, lanca
Mme Harris qui se mit a courir aprés sa fille
pour l’empécher de faire les quatre cents
coups dans sa nouvelle robe.
— Vous étes trés jolies, c’est la vérité,
ajouta Diane.
— Qui ne serait pas merveilleuse dans
une robe pareille ? répondis-je.
A cet instant, Lainie sortit de sa cabine
d’essayage, et je compris aussit6t que j’au-
rais mieux fait de me taire.
— Je suis monstrueuse ! se plaignit-elle.
« Monstrueuse » était sans doute un terme
un peu fort, mais il fallait bien admettre que
cette robe ne lui allait pas du tout !
— Comment une simple robe peut-elle
vous enlaidir a ce point ? s’écria Lainie en
se regardant sous toutes les coutures dans
le miroir.
— Tu sais, Lainie, commenca Alyssa,
personne ne fera trés attention a toi ce jour-
la. Tout le monde n’aura d’yeux que pour
la mariée.
— Ca m’est égal, je veux étre jolie, moi
aussi ! sanglota-t-elle.
— Mais tu es jolie! protesta Ashley. En

3]
plus, cette couleur fait parfaitement ressor-
tir le bleu de tes yeux.
— Tu crois ?
— Bien sir, c’est la premiére chose que
jai remarquée ! insista Ashley.
— Tu as peut-étre raison, murmura Lai-
nie. Je ne suis pas si moche, aprés tout !
— Tues parfaite ! affirma Ashley.
La couleur de la robe faisait peut-étre res-
sortir le bleu de ses yeux, mais de la a la
trouver « parfaite »... Lainie continuait de
ressembler a un sac de pommes de terre dans
cette tenue. Enfin, l’essentiel était qu’Ashley
avait réussi a la calmer !
— Regardez, voici vos bouquets ! lanca
Jeanne en nous montrant une photographie.
Ce sont des roses miniatures, mes préférées !
Le bouquet était charmant, mais il était
temps de passer entre les mains de la cou-
turiere pour qu’elle effectue les retouches
sur nos robes.
Maman et Mme Harris s’étaient installées
dans un canapé ; quant a Regina, elle avait
retrouvé ses vétements de tous les jours, et
pouvait ramper allégrement sur le sol.
Mme Harris offrit un biscuit a sa fille et
me sourit.

3Z
— Mary-Kate, quel dommage que tu ne
puisses pas accompagner George au mariage !
Je trouvais que c’était une si bonne idée !
— Cest vrai. J’aurais adoré aussi, répon-
dis-je avec un sourire navré totalement
hypocrite. J’ai hate que tout le monde fasse
la connaissance de Billy a la soirée des
cadeaux, demain soir !
— Moi aussi, j’ai hate ! ajouta maman.
Ashley me regarda droit dans les yeux.
— Tu crois que tu y arriveras ? souffla-
t-elle entre ses dents.
— Ne tinquiéte pas, j’ai trouvé le Billy
idéal sur ton site de rencontres. Je l’ai appelé
et nous nous sommes donné rendez-vous
demain aprés-midi au Click pour une sorte
de casting.
— Il est d’accord ? demanda Ashley,
incrédule.
— Oui, et en plus il a l’air adorable.
— J’espére que tu sais ce que tu fais,
Mary-Kate !
Ashley

— Il y a un probléme ? demandai-je a
Ava au téléphone le vendredi matin. Ce
n’est pas le patissier, j’espere ?
— Non-non! Juste un souci de timing,
répondit Ava d’une voix stressée. Je vais
manquer de temps. Peux-tu me donner un
coup de main ?
— Bien sir. De quoi s’agit-il ? deman-
dai-je en attrapant un carnet et un crayon.
— O.K. Le patissier attend que je lui verse
des arrhes pour valider notre commande. Si
je ne le fais pas aujourd’hui, nous n’aurons
pas la piece montée pour le jour du mariage,
et moi je suis coincée en réunion ! II] fau-
drait que tu passes 4 mon bureau pour pren-
dre le chéque et que tu files chez le patissier

34
pour le lui remettre avant qu’il ne ferme.
Tu as de quoi noter ?
J'ai levé mon stylo comme si elle pouvait
me voir.
— Qui, je suis préte !
Alors qu’Ava me donnait toutes les indi-
cations pour me rendre 4 son bureau, Mary-
Kate fit irruption dans ma chambre. Je lui
fis signe d’attendre.
— Troisiéme étage, suite n° 2 et tu
demandes Jenna, me dit Ava.
— Jenna, répétai-je en notant aussi vite
que je le pouvais.
Jobservais Mary-Kate qui avait lair de
chercher quelque chose dans ma chambre.
— Tu la trouveras facilement, elle est a
Paccueil. C’est elle qui te donnera le cheque.
— Trés bien, et...
— Et c’est tout, répliqua Ava. Surtout ne
perds pas de temps ! Merci.
Elle raccrocha.
— Ashley, est-ce que tu sais ow tu as mis...
— Attends une seconde, Mary-Kate, sil
te plait! Je relis mes notes. C’était Ava au
téléphone et je veux étre certaine d’avoir
bien noté, elle parle tellement vite !

35
Mary-Kate attendit que j’aie fini de me
relire.
— Ou sont les clefs de la voiture ?
demanda-t-elle enfin.
— Dans mon... Ah non, excuse-moi,
Mary-Kate, tu ne peux pas prendre la voi-
ture maintenant.
— Et pourquoi ca? La voiture nous
appartient a toutes les deux, non ?
— C’est vrai, dis-je. (Nos parents nous
avaient fait cadeau d’une Mustang décapo-
table rose pour nos seize ans.) Mais je te
rappelle que nous avons passé un accord:
si nous voulons nous servir de la voiture en
méme temps, c’est le cas le plus urgent qui
passe en premier.
— Eh bien, justement! répliqua Mary-
Kate. Moi, c’est trés urgent et trés impor-
tant !
— Non, c’est moi quien ai le plus besoin !
Je dois me rendre d’urgence au bureau
d’Ava, récupérer le chéque pour le patissier
et le lui apporter avant la fermeture de sa
boutique.
— O.K., et moi, je dois rencontrer Billy
au Click cet aprés-midi !
— Tune peux pas décaler ? demandai-je.

36
— Tu plaisantes, Ashley ! La soirée des
cadeaux est ce soir!!! Je ne peux quand
méme pas demander 4a un parfait inconnu
de m’accompagner a une féte de famille, ca
ne marchera jamais !
— Peut-étre, mais je dois impérative-
ment apporter ce chéque chez le patissier.
Je ne peux pas décevoir Ava, surtout si je
veux décrocher mon job d’été dans sa
société !
— Bon, alors voici ce que je te propose :
tu n’auras qu’a me déposer au Click en pas-
sant. Ca te va ? demanda Mary-Kate, rési-
gnée.
— Heu... non. Ca ne me va pas du tout.
— Comment ¢a ? s’exclama Mary-Kate.
— Je ne peux pas. Le Click est trop élo1-
gné du bureau d’Ava. Si je fais ce détour
pour te déposer, je n’aurai jamais le temps
d’arriver chez le patissier avant la fermeture.
— Ashley, je t’en prie! supplia Mary-
Kate.
— Alors, les filles, qu’est-ce qui se passe ?
intervint ma mére qui nous avait entendues
nous disputer depuis le rez-de-chaussée.
Elle entra dans ma chambre, une pile de
vétements propres et repassés dans les bras.

37
— Rien du tout, maman. Ca va bien!
répondit Mary-Kate en m’implorant du
regard de ne pas dire un mot.
— Vous vous disputez, je ne suis pas
sourde... Quel est le probleme ?
Je lui racontai la mission que m/avait
confiée Ava et l’importance que je lui accor-
dais. J’avais la lourde charge de veiller a la
bonne exécution de la piéce montée pour le
mariage de Jeanne !
Maman déposa le linge sur mon lit et fixa
Mary-Kate, attendant qu’elle lui explique
pourquoi elle avait tant besoin de la voiture,
elle aussi. Allait-elle enfin se décider a dire
la vérité a propos de son Billy fant6me ?
Mary-Kate s’appuya contre mon bureau
et croisa les bras.
— En fait, commenga-t-elle, il me faut
absolument la voiture parce que j’ai rendez-
vous avec Billy.
Je n’en revenais pas, elle continuait de
mentir !
— Je comprends, Mary-Kate, répliqua
ma mére, mais tu vois bien que c’est moins
important que la mission d’Ashley.
— C’est vrai, reconnut Mary-Kate en

38
regardant le bout de ses chaussures. Sauf
que ¢a n’est pas un rendez-vous ordinaire...
— Si c’était une question de vie ou de
mort, continua maman, je comprendrais...
— Eh bien, c’est presque ca! objecta
Mary-Kate.
J’étais en train de réver !Comment Mary-
Kate pouvait-elle mentir avec autant
d’aplomb ?
— Je lui ai promis de Il’aider a livrer des
repas pour les sans-abri au centre d’aide
sociale, c’est super important !
« N’importe quoi ! » me dis-je, exaspérée.
fe lui flanquai un petit coup de coude. Elle
fit semblant de l’ignorer.
— Je vois, commenca maman. Ashley, tu
devrais déposer Mary-Kate au centre d’aide
sociale, non ?
— Qui, mais...
Le regard que me lanca ma mére m’im-
posa le silence.
— Tout ce que tu as a faire, c’est déposer
ta sceur sur le chemin! Bon, maintenant
que c’est réglé, je vous laisse. J’ai des tonnes
de choses a faire !
Une fois ma mére sortie, je me suis jetée
sur un de mes T-shirts : j’étais folle de rage !

39
— Alors la, merci, Mary-Kate !
— Jesuis désolée, dit-elle, la mine un peu
contrite.
— Maintenant, je suis forcée d’aller
jusqu’au Click alors que c’est exactement a
Popposé du bureau d’Ava !
— Je sais, excuse-moi, répéta Mary-Kate.
Mais je dois aller 4 ce rendez-vous avec
Billy !
— Tu ne te rends pas bien compte de
tout ce que j’ai a faire aujourd’hui ! Tu ima-
gines quoi au juste ? Que je suis Wonder
Woman !
— Euh... oui! Non ?
— Non! Et je crois que je vais aller
raconter la vérité 4 maman !
— Non, Ashley, je t’en prie! J@
comprends que tu sois furieuse mais je t’en
supplie, ne lui dis rien! Je te laisserai la
voiture pendant un mois et je rangerai ton
linge propre pendant une année! Tout ce
que tu voudras, mais s'il te plait...
Je me retins d’éclater de rire.
— Arréte ! Je ne dirai rien. C’est promis.
— Merci, merci, merci !
— Derien, la coupai-je en souriant. Mais
je te préviens, Mary-Kate, tu devrais faire

40
attention. Ces mensonges ridicules finiront
par provoquer une catastrophe !
— Ne vinquiete pas, Ashley. Dés ce soir,
tout sera rentré dans l’ordre.
Bizarrement, je n’y croyais pas beaucoup...

— Vous vous sentez bien, mademoiselle ?


me demanda le patron de la patisserie.
Je hochai la téte en essayant de reprendre
mon souffle.
— Ca va. C’est juste que je n’arrivais pas
a trouver une place ot me garer et que j’al
di courir un peu pour arriver avant que
vous ne fermiez.
Pendant que mon interlocuteur vérifiait
le chéque, je me calmai un peu et remerciai
le ciel de m’avoir permis de trouver ce rac-
courci au dernier moment.
— C’est parfait! lanca le patron. Votre
gateau sera prét pour le grand jour!
— Super, merci! m’écriai-je, soulagée.
Je m’en étais plut6t pas mal sortie. Jeanne
aurait sa fabuleuse piéce montée et moi
javais brillamment passé mon premier test
pour travailler chez Ava cet été!
Afin de féter ca, je m’offris une délicieuse
tarte au citron. Alors que je regagnais ma
voiture, mon téléphone se mit a sonner.

4]
— Ashley, c’est Ava. Est-ce que tu as pu
remettre le chéque au patissier ?
— Qui, je sors de chez lui.
— Beau travail ! s’écria Ava, visiblement
soulagée. J’avais oublié de te signaler qu'il
fermait plus tot aujourd’hui. Et j’ai eu trés
peur que tu n’y arrives pas !
Méme si ¢a n’avait pas été de tout repos,
je décidai de n’en rien dire a Ava.
— Jenna m/attendait avec le chéque, ¢a
m/’a fait gagner du temps. Tout s’est parfai-
tement déroulé, aucun probleme !
— Bravo! Ecoute, Ashley, j’ai un autre
service a te demander pour demain aprés-
midi, si tu es disponible...
— Je suis libre comme lair, répondis-je
sans hésiter.
— Trés bien. Alors tu passeras 4 mon
bureau. C’est aussi important que l|’affaire
du gateau, je compte sur toi !
— Ne vous inquiétez pas, je serai 1a !
Mary-Kate

— Pardon, tu ne t’appellerais pas Billy,


par hasard ? demandai-je a un garcon trés
mignon installé a une table du Click.
I] leva la téte.
— Non, désolé.
« Pas autant que moi! » me dis-je. I] sem-
blait capable de pratiquer la varappe sans
dégringoler a la premiére difficulté. Si le
vrai Billy ne se montrait pas, je pourrais
toujours me rabattre sur ce bel inconnu et
lui proposer de tenir le rdle de mon petit
copain...
Jallais m’installer a une table avec ma
boisson quand un garcon m/’interpella.
— Mary-Kate ? Bonjour, je suis Billy
Foster. En réalité, je m’appelle William,

43
mais je préfére qu’on m’appelle Will. Enfin,
si tu préféres Billy, je serai Billy. Nous nous
sommes parlé au téléphone hier aprés-midi.
Je faillis m’évanouir ! II] était si chétif que
jamais personne ne le croirait capable de
pratiquer un sport quelconque.
Il me souriait d’un air timide, alors que
moi, je devais avoir l’air effondré !
— Merci d’étre venu, lui dis-je d’un ton
hésitant. Installe-toi, je t’en prie.
I] s’assit en face de moi.
— De rien. C’est super de te rencontrer.
J’ai voulu t’aborder des dizaines de fois au
lycée sans jamais oser.
— C’est vrai ? Pourquoi ?
— Ben... Tu sais, je croyais que j’étais
trop jeune pour tol, je n’ai que quatorze ans.
— Quatorze ans!
Sa fiche sur le site de rencontres ne le
mentionnait pas !
— Jai été trés surpris quand j’ai compris
que je te plaisais.
— Attends une seconde, je vais t’expli-
quer !
Oui, mais comment lui expliquer que
avais juste besoin dun Billy quel qu'il

44
soit ? Je ne voulais pas le vexer et encore
moins le voir partir !
— Ce soir, c’est la soirée des cadeaux de
mariage de ma cousine et j’aimerais bien
que tu m’y accompagnes.
— Avec plaisir, dit Billy en posant sur
moi un regard intense.
«Oh non! Pourvu qu’il ne tombe pas
amoureux de moi! pensai-je. Ca ne fait pas
partie de mon plan! »
— Génial! Alors, peut-étre que nous
devrions essayer de faire un peu connais-
sance. Qu’est-ce que tu aimes faire, par
exemple ?
— Je collectionne les cartes de base-ball
et j'adore regarder le catch a la télé !
— Le catch, ah oui... Super! Et tu ne
jouerais pas un peu de guitare acoustique,
par hasard ?
— Non, j’ai fait un peu de flite a bec a
Pécole primaire et depuis j’ai tout oublié.
Voila qui n’arrangeait pas mes affaires !
— O.K. Mais la guitare... tu aimes la gui-
tare, non ? insistai-je.
— C’est bien possible. J’avoue que je n’y
ai jamais vraiment réfléchi... Tu joues de la
guitare, tol ?

45
— Non-non! Pas du tout, j’avais juste
imaginé que toi, peut-étre... Je suppose que
tu ne fais pas non plus de bénévolat, du
genre livrer de la nourriture au centre d’aide
sociale ou un truc de ce genre ?
— Jadore manger ! Est-ce que ca compte ?
— Et tu ne fais pas non plus partie d’un
groupe de débats...
— Ca existe ? demanda-t-il, lair surpris.
C’était dramatique ! Je voyais bien qu’il
essayait de me faire plaisir mais il n’avait
définitivement rien a voir avec celui que
javais inventé ! Pourtant j’étais coincée, je
n’avais plus assez de temps pour trouver un
autre Billy et il fallait me débrouiller avec
celui-la ! En tout cas, il y avait un point posi-
tif: avec les regards qu’il me langait, per-
sonne ne douterait qu’il était fou de moi!

Ashley

On sonnait a la porte d’entrée.


— J’y vais, hurlai-je.
La soirée des cadeaux ne débutait que
dans une heure et je pensais qu’on venait

46
nous livrer un présent de plus pour Jeanne
et James.
— Bonjour, Ashley, me lanca le garcon
qui se tenait a la porte.
Il avait une téte de moins que moi et de
grands yeux trés doux de couleur marron.
Je ne l’avais jamais vu de ma vie.
— Heu... oui... bonjour, répondis-je, un
peu surprise.
— Je suis Will Foster.
Ce nom ne me disait rien.
— Mary-Kate préfére m/’appeler Billy,
ajouta-t-il.
« Impossible ! » me dis-je aussitot. Ce petit
brun maigrichon ne pouvait pas étre le
magnifique Billy !
— Salut, Billy! s’écria Mary-Kate qui
dévalait les escaliers, vétue d’une superbe
robe dos nu lavande. Je t’en prie, entre !
— Waouh! Mary-Kate! s’exclama Billy
en trébuchant dans l’entrée. Tu es superbe !
— Merci, c’est gentil, répondit Mary-
Kate d’un air géné. Je vois que vous avez
déja fait connaissance...
Je hochai la téte et lui lancai un regard
qui voulait dire : « C’est une plaisanterie ou

47
quoi ? » Mary-Kate se contenta d’un sourire
crispé.
Billy pénétra dans le salon rempli de
fleurs et découvrit notre collage de photos
géant sur lequel on pouvait lire: « Bonne
chance a James et Jeanne ! »
— J/arrive le premier, non ?
— Le tout premier, rétorquai-je. Nos
parents ne sont pas encore la. Maman est
partie racheter des serviettes en papier et
papa, qui travaille pour un label de musi-
que, rentre toujours trés tard. Je pense
méme qu’il arrivera bien aprés les derniers
invités.
— J’ai demandé a Billy de venir en avance
pour que nous puissions discuter un peu,
expliqua Mary-Kate. Tu sais, Billy veut
faire partie de l’équipe de foot, l’année pro-
chaine !
Comment imaginer qu’un garcon aussi
fréle puisse jouer au foot!
— Ah oui ? et a quel poste ?
— Je veux devenir responsable du maté-
riel, expliqua fiérement Billy.
— Oh... je vois, dis-je en grimacant un
sourire. C’est génial !

48
— Je suis certaine qu’il y arrivera ! ajouta
ma soceur.
— Sdrement ! Qui se battrait pour étre res-
ponsable du matériel ? Mary-Kate, maman
voudrait que nous installions quelques plats
dans le salon, tu me donnes un coup de
main ?
— Bien sir, répondit ma sceur. Je reviens
tout de suite, Billy !
Elle me suivit dans la cuisine.
— Ne me dis surtout pas que tu espéres
faire illusion avec ce Billy-la ?
— De quoi tu parles ? lanca Mary-Kate
d’un air faussement innocent.
— Qh, je ten prie! Un: personne ne
croira que ce garcon est ton petit ami. Je
reconnais qu'il a l’air gentil, mais c’est un
gamin : quel age a-t-il ?
— Quatorze ans, marmonna-t-elle.
— Deux: il n’est pas assez musclé pour
pratiquer la varappe. Est-ce qu’au moins il
joue de la guitare ? demandai-je excédée.
— Non, admit-elle. J’ai pensé qu’il pour-
rait prétendre étre trop occupé par sa nou-
velle activité dans l’équipe de foot.
— Et trois: mon petit doigt me dit qu'il
ne fait pas non plus partie d’un groupe de

49
débats ! Voyons, Mary-Kate, c’est n’importe
quoi! Peut-étre méme pire qualler au
mariage de Jeanne avec « l’horrible George » !
— Tu as raison, reconnut Mary-Kate.
J'ai cru que ca pourrait marcher, et c’était
une erreur. Maintenant, je n’ai plus qu’a me
débarrasser de lui avant que les parents ne
rentrent et ne le voient.
— Je te signale que c’est toi qui l’as invité
et que tu ne peux pas le mettre dehors
comme ca! Comment vas-tu t’y prendre ?
— Je men sais rien du tout! Ashley, je
ten supplie, aide-moi !

Mary-Kate

Nous avions laissé Billy seul dans le salon


pendant prés de vingt minutes. Maintenant,
il s’agissait de trouver un moyen de le faire
partir avant l’arrivée de nos parents et des
invités. Quand nous revinmes, Billy nous
sourit.
— Désolée davoir été aussi longue, Billy,
m’excusai-je. Ashley a été prise d’une

50
migraine atroce et nous avons di chercher
de l’aspirine dans toute la maison !
— Jai bien l’impression d’avoir de la fié-
vre, lanca Ashley d’une voix mourante.
Jespére que je n’ai pas attrapé ce sale virus
qui traine dans la région en ce moment.
— Oui, j’en ai entendu parler aussi, dis-je
dun air sombre. II parait que ca commence
par des maux de téte et de la fiévre.
— Oh, j’ai des frissons maintenant ! s’ex-
clama Ashley, les bras serrés autour de son
corps.
Elle se laissa tomber dans le canapé a coté
de Billy.
— Je crois vraiment que j’ai ce virus !
— Tu ne devrais pas rester si prés
d’Ashley, Billy. Il parait que c’est trés conta-
gieux !
— Qui, mais seulement pendant les douze
heures qui précédent l’apparition des pre-
miers symptOmes, rétorqua-t-il dun ton
dégagé en se dirigeant vers le collage photos.
Je jetai un regard paniqué a Ashley.
Qu’est-ce que nous pouvions faire si méme
un virus foudroyant ne l’effrayait pas ?
— J’imagine que ce soir je vais rencon-
trer tous les gens qui figurent sur ces pho-
tos ?

51
« Pas si je peux l’éviter ! » pensai-je.
Je le rejoignis, et, comme je regardais les
photos avec lui, une idée me vint...
— Strement. D’ailleurs, fais attention a
toi! lui répondis-je.
— Pourquoi ?
— Eh bien, tu sais comment sont les
familles. Il y a toujours des cas... Tiens, lui,
par exemple, dis-je en désignant l’oncle de
Jeanne, Brad, un homme adorable. On
Vappelle Brad le dingue. En cachette, évi-
demment.
Ashley fut prise 4a ce moment précis d’une
terrible quinte de toux.
— Ah oul, et ne laisse pas Libby te har-
celer! (C’était la grande-tante de Jeanne,
qui n’avait jamais harcelé personne de sa
vie.) Elle se prend pour un agent secret et
se croit obligée de faire subir un interroga-
toire féroce a tous les gens qu’elle rencontre.
— Un agent du FBI ou de la CIA?
demanda Billy.
— Personne n’en a jamais rien su! Mais
je peux t’assurer qu'elle est la meilleure pour
te soutirer des aveux ! Ah, il y a aussi Dave !
Ashley toussa a nouveau. J’espérais qu’elle

52
ne me demanderait pas qui était Dave, pour
la bonne raison qu’il n’existait pas !
— Dave n’est pas sur les photos, il
déteste ca. A force d’avoir di poser si sou-
vent pour ces photos anthropométriques
dans les postes de police, tu comprends...
« Je vous en prie, oncle Brad et Libby,
pardonnez-moi d’avoir fait de vous des
monstres ! C’était pour la bonne cause.»
— Enfin, voila. Tu sais tout, maintenant !
Je tenais juste a te prévenir. Je ne t’en vou-
drai pas si tu préferes éviter cette soirée.
— Ne ven fais pas! répondit Billy en
riant. J’ai moi aussi des cas dans ma famille,
et surtout, je ne te laisserais tomber pour
rien au monde.
— Il ya une voiture dans I’allée ! s’écria
Ashley, se levant d’un bond.
— Quelle guérison miraculeuse ! remar-
qua Billy, alors que nous nous précipitions
a la fenétre.
— C’est papa! Et maman est juste der-
riére lui !
— Ne bouge pas d’ici, dis-je 4 Ashley en
entrainant Billy dans la cuisine.
Il n’était pas question de laisser maman
et papa le rencontrer. En deux secondes, ils

53
auraient su que j’avais menti. Qu’est-ce que
jallais bien pouvoir lui raconter ? I me fal-
lait un truc radical : comme avouer la vérité,
par exemple.
— Billy, il faut que je te dise quelque
chose, commengai-je en prenant ma respi-
ration. Je ne suis pas certaine d’avoir besoin
d’un chevalier servant pour cette soirée.
— Comment ga? demanda-t-il avec un
air de chien battu.
— Ca n’a rien 4a voir avec tol, mentis-je,
prise de culpabilité. Ce soir, ce n’est pas pos-
sible, c’est tout.
— Bon. O.K., acquiesca Billy. On pour-
rait peut-étre sortir ensemble un autre soir ?
Javais trés envie de ce rendez-vous, moi !
Et en plus j’avais déja dit 4 tous mes potes
que tu m’aimais bien.
— Mais jet’aime bien ! protestai-je. C’est
juste que, ce soir, c’est un peu compliqué.
Une autre fois, si tu veux, c’est promis !
Je Pentrainai vers la porte de derriére et
lattirai dehors. I] finit par sortir en me sou-
riant. Je refermai la porte derriére lui et
poussai un énorme soupir de soulagement !
Ashley arriva a ce moment-la.

54
— Tusais, Mary-Kate, je ne suis pas stire
que tu arriveras a te débarrasser de Billy
comme ¢a la prochaine fois. Je te parie qu'il
ne te lachera pas si facilement...
— Je te jure que je voulais lui dire la
vérité ! Mais j’avais peur qu’il ne le prenne
mal. Tu verras, je sortirai avec lui un soir
de la semaine prochaine et, aprés, il n’y aura
plus de probleme. Oui, un verre ensemble
et adieu Billy !
Mary-Kate

— La soirée est super, maman, dis-je un


peu plus tard. Tout le monde s’amuse bien.
— Qui, je crois que c’est plutdt réussi,
approuva ma mere en disposant des crevet-
tes dans un plat. Tu sais, Mary-Kate, j’ai
vraiment hate que James et Jeanne ouvrent
leurs cadeaux !
— Moi aussi. J’espére quwils aimeront
album photos que nous leur avons acheté.
— Je suis certaine quwils ladoreront,
affirma ma mere. Au fait, ot est Billy ?
— Il ne va plus tarder.
Je m’éclipsai dans le salon.
— Hé, Mary-Kate! Comment vas-tu ?
me lanca l’oncle Brad. II parait que tu as un
nouveau petit copain ?

56
— Ah oui, tu es déja au courant ? deman-
dai-je, un peu génée.
— Bien str! Ta mére s’est chargée de
répandre la bonne nouvelle ! s’exclama-t-il
en riant. Et ot est ce veinard ?
— Heu... Il n’est pas encore arrivé.
Excuse-moi, oncle Brad, il faut que je fasse
le service.
Je me précipitai vers James qui était assis
dans un canapé.
— Tu veux une crevette, James ?
— Merci, Mary-Kate, fit James en se ser-
vant.
James était un beau brun au sourire écla-
tant. Il sembla chercher quelqu’un dans la
salle.
— Ou est ce fameux Billy dont ta mére
nous a tant parlé? Il ne va pas tarder,
Pespere ?
— Ca n’est plus qu’une question de
minutes, mentis-je.
— Parfait. Je veux absolument le rencon-
trer et m’assurer qu’il te mérite !
Je fis mine de sourire et m’enfuis, prétex-
tant une fois de plus le service. Mais chaque
personne que je croisais m’interrogeait a
propos de Billy !
— Maman a fait paraitre une annonce

a1
‘g ——
dans le journal ou quoi ? me plaignis-je a
Ashley. « Message a toute la famille : Mary-
Kate a un nouveau petit copain. Je répéte :
Mary-Kate a un nouveau petit copain ! »
— Tu sais, ca n’est peut-étre qu’un bruit
qui court, murmura-t-elle, ironique.
— Je ne te trouve pas trés drole, grognai-
je. Je n’arréte pas de dire a tout le monde
que Billy est sur le point d’arriver, et je ne
sais pas comment me tirer de la!
— Tu as vu ? Papa le guette par la fené-
tre, commenta Ashley.
C’en était trop.
— Pourquoi tu ne leur dis pas la vérité ?
suggéra-t-elle.
— Ahnon! m’écriai-je. Je ne vais pas leur
annoncer ¢a maintenant, en plein milieu de
la soirée !
— Peut-étre plus tard, continua Ashley,
dés que la soirée sera terminée. En atten-
dant, il va falloir que tu inventes un nou-
veau mensonge. Dire que Billy a téléphoné
et qu’il ne peut pas venir, par exemple. Et
dés que tout le monde sera parti, tu dois
tout raconter aux parents !
Je n’étais pas d’accord avec Ashley : si je
parvenais a me sortir de ce traquenard, je

58
n’avais aucune raison d’avouer la vérité a
qui que ce soit !
— Ashley ! lanca Aaron de la terrasse. Tu
viens ?
— Jarrive. Parle-leur, me glissa Ashley a
voix basse. C’est mieux, tu peux me croire.
Je ne pouvais pas laisser tomber si prés
du but ! Ashley m’avait donné une idée... Si
je prétendais que Billy m’avait appelée pour
me dire qu’il ne viendrait pas, la seule chose
qu’il me resterait a faire serait de lui trouver
une bonne excuse !
A ce moment-la, mon téléphone sonna.
— Salut, Mary-Kate ! Est-ce que la soi-
rée se passe bien ? James et Jeanne ont déja
ouvert leurs cadeaux ? me demanda Brit-
tany au téléphone.
— Bientot. Tu es ot ? J’entends plein de
bruit derriére toi.
— Je suis au Click, avec Lauren et Ben.
Il y a un monde fou! C’est la soirée « film
@horreur » de Malcolm, ce soir !
— Ah oui, j’avais oublié ! (Malcolm tra-
vaillait au Click Café a temps partiel et orga-
nisait une fois par mois une projection dans
le cadre d’un festival d’horreur.) C’est de la
folie, on dirait ?

52
— Qui, c’est archibondé. Oh! ils étei-
gnent les lumiéres, il faut que je raccroche !
Bye !
Au moment ot je coupais la communica-
tion, maman entra dans la cuisine.
— Est-ce que c’était Billy ? demanda-
t-elle d’un ton innocent.
— Heu... oui, bégayai-je.
— Est-ce qu’il t’a dit quand il arriverait ?
James et Jeanne ne vont plus tarder a ouvrir
leurs cadeaux.
— En fait... I] ne va pas...
Je commengais a paniquer.
— Est-ce que tout va bien ? demanda ma
mére, consciente de mon malaise. Tu as l’air
un peu tendu.
Je Pétais en effet mais par pour les raisons
quelle imaginait.
— Ma chérie, dis-moi ce qui ne va pas !
— Billy ne viendra pas.
— Ah bon, et pourquoi ? Il lui est arrivé
quelque chose ?
— Heu... oui. Enfin, non. Heu...
— Que se passe-t-il, Mary-Kate ? Est-ce
qu’il a eu un accident ou quelque chose
comme ¢a ? s’inquiéta ma mére en déposant
la pile d’assiettes qu’elle portait.

60
— Oui, il vient d’avoir un accident, sur
la route...
— Ohnon! s’écria ma mére, horrifiée. II
est a ’hopital ?
Je hochai la téte, un peu malgré moi, car
je voyais bien que ma mére était dans tous
ses états. Je me sentais vraiment honteuse.
— Rassure-toi, ca n’est pas grave du tout,
dis-je. I] est juste tombé de vélo et s’est pro-
bablement cassé le bras.
— Tant mieux si ¢a n’est pas trop grave.
Mais je vois bien que tu es préoccupée quand
méme, ma pauvre chérie, ajouta-t-elle en me
prenant dans ses bras.
J’étais surtout morte de honte! Et plus
un son ne sortait de ma bouche.
— Ecoute, Mary-Kate, reprit maman, si
tu veux aller le voir a ’hopital, n’hésite pas.
Jexpliquerai aux autres ce qui s’est passé.
— Quitter la soirée ! m’écriai-je. Non, je
ane peux...
« Fais attention, Mary-Kate! me dis-je.
Ton petit copain vient d’avoir un accident
et tu ne te précipites pas pour aller voir
|comment il va ? Tout le monde va compren-
‘dre qu’il y a quelque chose de louche la-
-dessous. »

61
— Je ne veux pas faire de peine a James
et Jeanne, balbutiai-je d’une voix chevro-
tante.
— Ne Vinquiéte pas pour ¢a, affirma ma
mere. Je suis certaine qu’ils comprendront !
— Bon, alors d’accord, acquiescai-je a
contrecoeur. Merci beaucoup, maman.
Je pris mon sac, mon téléphone, mes clefs
de voiture et me dirigeai vers la porte d’en-
trée.
— Ou vas-tu ? me demanda Ashley d’un
air surpris.
— C’est une bonne question, répondis-je
avec un petit sourire amer.
Je lui expliquai la situation en deux mots.
— Tu pars juste au moment ot les futurs
mariés s’apprétent a ouvrir les cadeaux !
s’indigna ma sceur.
— Ne m’en parle pas, j’en suis malade.
Et je sortis.

— Mary-Kate, qu’est-ce que tu fabriques


ici ? sécria Lauren en me voyant entrer
vingt minutes plus tard au Click Café. Ta
soirée est déja terminée ? Et pourquoi tu as
gardé ta robe ?
— En fait, j’ai da partir précipitamment.

62
(Les autres étaient en jeans et baskets et je
me sentais plutot mal 4 l’aise avec ma tenue
élégante.) Je vous expliquerai, c’est une lon-
gue histoire.
— On ale temps, affirma Brittany. On a
eu un petit probléme technique pendant la
projection de La vengeance du Blob. Alors,
raconte-nous et ne saute aucun détail crous-
tillant !
Japercus Ben et Malcolm qui s’affairaient
autour du magnétoscope alors que les spec-
tateurs attendaient, en s’empiffrant de pop-
corn.
— O.K.,, voila...
We leur racontai toute I’histoire, en
commencant par « horrible George » et en
terminant par le faux accident de vélo de
Billy. A la fin, Brittany hocha la téte.
_ — Eh bien, on peut dire que tu t’es mise
dans de beaux draps !
| — Oui, je sais. J'ai vraiment été nulle sur
ce coup-la.
— Qu’est-ce que tu comptes faire, main-
itenant ?
— Je n’en ai pas la moindre idée. Je ne
peux plus dire que j’ai rompu avec Billy,
isinon je vais passer pour un monstre sans
coeur. Il vient d’avoir un accident !
— Ca veut dire qu’il devra se rendre au
mariage avec toi! conclut Lauren.
Décidément, tout se compliquait !
— Mary-Kate ! hurla un garcon a l’autre
bout de la salle.
En me retournant, j’apercus Will Foster
qui se précipitait vers moi !
« Pas lui! me dis-je. La, c’est vraiment
trop ! »
— Crest Billy, leur expliquai-je. Vous
savez, celui que j’ai di sortir de chez moi
presque de force !
— Je n’en reviens pas ! s’exclama-t-il en
arrivant prés de nous. C’est génial! Tu as
quitté ta soirée pour venir me retrouver ?
Ses yeux brillaient de joie et d’excitation.
— Heu... En fait...
Je ne savais plus quoi dire !
— Viens a ma table. Et dis a tes amies de
venir aussi, il y a assez de place pour tout
le monde.
Il avait Pair si heureux que je me sentis
incapable de refuser.
— Suivez-moi, les filles, murmurai-je a
Lauren et Brittany. Je vous en prie !
Quand nous nous installames a sa table,
je compris que Will s’était vanté de sortir

64
avec moi aupres de ses copains car ils
avaient l’air trés impressionné.
— Ils n’en reviennent pas ! me chuchota
Will a Voreille. Ils ne voulaient pas croire
que nous sortions ensemble.
Will posa son bras sur le dossier de ma
chaise et adressa un sourire rayonnant a ses
copains. Je jetai des regards paniqués a mes
deux amies. Brittany daigna venir a mon
Secours.
— Vous avez déja vu La vengeance du
Blob, les garcons ? La scéne finale est un
véritable carnage !
Ils commencerent a débattre tous ensem-
ble des scénes de film les plus atroces qu’ils
avaient vues. Je commencais a me sentir
plus a l’aise quand je sentis quelque chose
effleurer mes doigts sous la table. Un frisson
-@horreur me parcourut ! Est-ce que c’était
Will qui essayait de me prendre la main ?
Non, ca ne pouvait étre qu’un faux mouve-
ment, une erreur !
Mais je sentis les doigts de Will se glisser
entre les miens... Pas de doute, il me prenait
la main !
Soudain, alors que je commengais a me
liquéfier, un coup de Klaxon résonna. J’en
profitai pour retirer brusquement ma main.
— C’est ma mére! s’écria l’un des gar-
cons. Elle vient nous chercher. Il faut y
aller, les gars !
Sauvée par le gong !
— Au revoir, Mary-Kate, me dit Will en
me dévorant des yeux. Tu n’imagines pas a
quel point ca m’a fait plaisir que tu sois
venue me rejoindre ici, malgré ta soirée.
J’aimerais qu’on se revoie trés vite. Ca te
dirait qu’on se retrouve chez moi lundi
apres les cours ?
— Heu... C’est-a-dire que... Non, je ne
crois pas... Je ne sais pas ou tu habites.
« Bravo, Mary-Kate. Tu es géniale ! »
— 3, rue des Trois-Rois ! me lanca Will.
Tu ne peux pas oublier !
— Allez, Will, dépéche-toi un peu! lui
langa son copain qui l’attendait sur le pas
de la porte.
— Salut, Mary-Kate! A lundi apres les
cours, d’accord ?
Il disparut avant que j’aie pu lui répon-
dre. Non, il n’était pas question que je le
retrouve chez lui lundi aprés le lycée !
— Je ne sais plus du tout ot j’en suis, les
filles ! soupirai-je 4 adresse de Lauren et

66
Brittany. Vous croyez que je vais devoir
aller au rendez-vous ?
— Jen sais rien, répondit Lauren. En
tout cas, pour lui, ca ne fait aucun doute.
— Jen’ai jamais dit que j’étais d’accord !
protestai-je.
— Tu devrais peut-étre t’y rendre et lui
expliquer toute l’histoire, du début 4a la fin.
— Tu as raison, Lauren, affirmai-je. Je
ne vais pas laisser Will s’imaginer qu’il est
mon petit ami! Une fois le mariage passé,
je lui dirai la vérité !
Ben et Malcolm nous rejoignirent a la table.
— Cette maudite machine a englouti le
film, commenta Ben. La projection est
fichue !
— J’ai un autre film, répliqua Malcolm. Je
vais vous projeter Mon fiancé l’extraterrestre.
— Tu n’aurais pas plutot Mon fiancé Will
Foster ? demandai-je, désabusée. C’est le
pire film d’horreur que je connaisse !
Ben et Malcolm se regardérent sans com-
prendre.
_ — Mary-Kate a de gros ennuis, expliqua
Brittany.
Et, comme nous commencions a en discu-
ter, le téléphone de Malcolm sonna.
— Salut, Sophie!
Sophie l’appelait de province ot elle était
partie en famille.
— Un vrai désastre, comme d’habitude !
répondit Malcolm. Mais tu sais, le public
s’en fiche complétement. Je pourrais rem-
placer le film par n’importe quoi, il n’y ver-
rait que du feu ! lanca-t-il en éclatant de rire.
— Malcolm est un vrai cinéphile, mur-
murai-je a loreille de Brittany.
— Qui, il connait presque tout sur tout,
approuva Brittany. II est trés cultivé.
— Eten plus, il est drdle, ajouta Lauren.
Il a un humour un peu spécial mais...
— Quel dommage que Malcolm ne
s’appelle pas Billy ! s’écria Brittany pour plai-
santer.
Soudain, j’eus une idée de génie !
— Qui peut dire que Malcolm ne s’appelle
pas Billy ? demandai-je, perdue dans mes
pensées.
— Moi, je peux le dire, affirma Ben. Mal-
colm ne s’appelle définitivement pas Billy !
— Oui, c’est vrai, continuai-je. Sauf que
je peux le rebaptiser, si je veux... Malcolm
ne le sait pas encore mais il va devenir mon
petit ami le temps d’un mariage !
Ashley

— Alors voila : quand tu es partie, ils ont


ouvert leurs cadeaux, expliquai-je a Mary-
Kate le lendemain matin, pendant le petit
déjeuner. Ils ont adoré notre album souve-
nir !
— C’est super! Et les jeux, est-ce que
tous ont participé ?
— Qui, grace a Alyssa, Lainie et Diane,
personne n’a réussi a se défiler. On s’est
vraiment amusés !
— A ventendre, c’était génial... Je suis
dégotitée d’avoir manqué la meilleure partie
de la soirée.
Je faillis ouvrir la bouche pour lui répon-
dre qu’elle n’avait a s’en prendre qu’a elle-

ee
méme, mais comme elle avait lair trés triste
je décidai de ne rien dire.
— Dans un sens, c’est une chance que
jaie di partir, continua Mary-Kate. Parce
que si je n’étais pas passée au Click, je
n’aurais jamais trouvé la solution a mes pro-
blemes.
— Comment ¢a ? fis-je en levant le nez
de mon bol.
Mary-Kate inspecta les alentours avant de
parler.
— Ou sont passés papa et maman ?
— Papa est au bureau et maman est sor-
tie faire son jogging. Je t’en supplie, Mary-
Kate, ne me dis pas que tu as inventé une
autre histoire !
— Ne ten fais pas, Ashley. Ce coup-ci,
ca va marcher, je te jure ! J’ai trouvé un nou-
veau Billy !
Son obstination me désespérait !
— Ah oul, et qui est-ce, cette fois ?
— Malcolm!
— Malcolm ? Tu ne penses pas sérieuse-
ment a faire venir Malcolm au mariage ? lui
demandai-je, incrédule.
Jadorais Malcolm, c’était un garcon trés
sympathique, trés drdle aussi, enfin 4 sa

70
maniere, et trés intelligent, mais les gens le
trouvaient toujours un peu trop farfelu.
Excepté Sophie, sa petite amie.
— Pour quelle raison ? Malcolm est par-
fait! insista Mary-Kate. Il est capable de
discuter d’a peu prés n’importe quel sujet
sans dire de bétises. I] en sait sirement plus
long sur la varappe, la guitare acoustique et
les groupes de débats que la plupart des
gens !
— Et que fais-tu de Sophie ? demandai-
je, consternée. Est-ce qu’au moins Malcolm
ta donné son accord ?
— Non, pas encore, admit Mary-Kate.
Mais Sophie est en vacances en ce moment.
Elle n’en saura jamais rien. Et je suis sire
que si on lui expliquait tout elle serait
d’accord. Elle sait trés bien qu'il n’y a rien
entre Malcolm et moi!
_ — Mary-Kate, ¢a sent le roussi. La catas-
-trophe arrive a grands pas, tu es prévenue !
_ — Tais-toi! Jentends maman _ qui
_revient.
Maman fit irruption par la porte de der-
-riére. Elle avait les joues rouges et semblait
exténuée.
— Ah, tues la, Mary-Kate ! souffla-t-elle.

“A 71
Je ne t’ai pas entendue rentrer hier soir.
Comment ¢a s’est passé, a Ph6épital ? Billy
va mieux ?
— Oui, il va beaucoup mieux, répondit
Mary-Kate en fixant le fond de son bol. Il
est chez lui, maintenant. En fait, son bras
n’est pas cassé. Donc, pas de platre, juste
une écharpe pendant quelques jours.
« Malcolm est bon pour porter le bras en
écharpe au mariage ! me dis-je. J)espere que
Mary-Kate n’oubliera pas de lui mention-
nercerdetaile as
— Excellente nouvelle ! s’exclama maman.
Elle se versa un grand verre de jus d’orange.
— Jimagine qu’Ashley t’a raconté la fin
de la soirée ?
— Qui. J’aurais vraiment aimé arriver
plus tot, j’ai raté le meilleur !
— Ju nous as manqué, répondit maman.
Tu es restée auprés de Billy a ’hopital toute
la soirée ?
Mon alarme personnelle se déclencha aus-
sit6t. La question de maman n’était pas inno-
cente. Elle avait découvert quelque chose ! II
fallait que je prévienne Mary-Kate! Pour
attirer son attention avant qu’elle ne réponde,
je claquai la porte du lave-vaisselle.

WZ
— Heu... oui. Ot tu voulais que je sois ?
répondit Mary-Kate sans comprendre mon
signal.
Mauvaise réponse !
— C’est justement la question que je me
pose, répondit ma mére, trés calme. J’ai
croisé Phoebe pendant mon jogging, ce
matin, et elle m’a dit que sa fille t’avait aper-
cue au Click hier soir, pour le festival du
film d’horreur.
— Ah... oui ? bégaya Mary-Kate en rou-
gissant.
Je volai au secours de ma sceur.
— Ca ne pouvait pas étre Mary-Kate,
maman. Elle a di mal voir. II faisait noir
avec la projection et c’est facile de se trom-
per.
— La fille de Phoebe lui a décrit en détail
la robe que Mary-Kate portait. Ce que je
-_ voudrais savoir, continua ma mere, c’est ce
|
|
:
que tu faisais au Click.
]
Et voila ! Cette fois, Mary-Kate était prise
a son propre piége. Elle n’avait plus aucun
_moyen de s’en sortir !
Mary-Kate

« Merci quand méme, Ashley, pensai-je.


C’est sympa d’avoir essayé... »
Aprés un silence pesant, durant lequel je
me sentis incapable de réfléchir, mon cer-
veau recommenga a fonctionner.
— C’est vrai, je suis allée au Click. Ils
vendent les gateaux préférés de Billy. Je suis
allée lui en chercher un. Je me suis dit que
¢a pourrait lui remonter le moral apres
Paccident.
— Je savais bien qu'il y avait une expli-
cation rationnelle a tout ¢a ! s’écria maman,
soulagée. Tu ne pouvais pas faire la féte au
Click pendant que ton petit ami se morfon-
dait a ’hopital, n’est-ce pas ? Au fait, quel
est le nom de famille de Billy ?
Je fus prise de court et ne sus pas quoi
répondre. Je fis mine d’avaler une gorgée de
mon thé pour gagner un peu de temps.
Ashley intervint.
— Lassiter. Il s’appelle Billy Lassiter !
— Qui, c’est ca, murmurai-je.
C’était un détail important dont je devrais
me souvenir a partir de maintenant...

74
— Ton pére et moi, continua maman, on
a hate de faire sa connaissance. Pourquoi ne
Pinviterais-tu pas a venir diner ce soir ?
— Ce soir ? (Cette fois je m’étranglai pour
de bon!) Je ne crois pas que Billy puisse
venir ce soir, commengai-je. Parce que...
« Voyons, réfléchissons ! Un débat ? Non.
Pas le samedi soir. Impossible. I] a une
foulure. Donc, pas question de jouer de la
guitare ! »
— En fait, repris-je, il fait du bénévolat
au centre d’aide sociale ce soir et il doit
livrer des repas pour eux! I] ne pourra pas
se libérer.
— Ah, dans ce cas... admit ma mére. Mais
il faudra l’inviter trés bient6t, d’accord ?
— Bien sir ! approuvai-je en me précipi-
tant vers le lave-vaisselle pour y déposer
mon bol, mon assiette et mes couverts.
Il fallait que je sorte d’ici d’urgence ! Je
_n’en pouvais plus d’étre obligée d’inventer
des mensonges !
— Bon, je file, a plus tard !
|
— Ot vas- tu ? me demanda ma mere.
— Aucentre d’aide sociale, mentis-je une
fois de plus.

op 45
Ashley

— C’est sympa de m’emmener, Aaron. Je


ne pensais pas que Mary-Kate prendrait la
voiture. Et je dois étre au bureau d’Ava dans
les temps.
— Aucun probléme, je passe te chercher
dans vingt minutes.
Je raccrochai en souriant. Moi, au moins,
javais la chance d’avoir un petit ami bien
réel, et je pouvais compter sur lui !
Je pris une douche rapide et me plantai
devant mon armoire, dubitative. Qu’est-ce
que j’allais bien pouvoir me mettre ? Mes
vétements étaient soit trop décontractés soit
trop habillés pour un rendez-vous profes-
sionnel. Au fond de mon armoire, je finis
par dénicher un ensemble tailleur-pantalon
en lin chocolat qui ferait trés bien l’affaire
et que je décidai d’assortir 4 mon petit haut
jaune. Je courus le chercher dans la buan-
derie et apercus maman dans l’entrée : elle
avait les bras chargés de sacs.
— Je te tiens la porte, dis-je en la laissant
passer.

76
En plongeant le nez a l’intérieur d’un des
paquets, je m’écriai :
— Tiens, ce sont les restes de la soirée
hier. Que vas-tu faire avec ¢a ?
— Il yen a beaucoup trop, répondit ma
mere. Je ne peux pas tout garder, cela va se
perdre. Je vais le confier a Billy, au centre
d’aide sociale.
— C’est une bonne... Non! Attends!
m’exclamai-je en lui courant aprés en robe
de chambre. Tu veux dire que tu vas rejoin-
dre Billy et Mary-Kate pour leur donner ces
paquets ?
— Eh bien oui. Qu’y a-t-il de bizarre a
cela ? s’étonna maman.
Comment lui dire quw’il n’y avait pas de
Billy ?
| — Heu... Parce que...
_ Les mots ne venaient pas, je bredouillais
_de facon pitoyable. Sans me jeter un regard,
_maman chargea les sacs dans le coffre de sa
|voiture et démarra au moment ou Aaron
| arrivait.
| Je n’étais pas encore habillée. Je devais
/me rendre d’urgence au bureau d’Ava. Mais
\il fallait aussi que je trouve un moyen d’ai-
(der Mary-Kate !
Ashley

— Mary-Kate, est-ce que tu m’entends ?


Tu ne dois... scrchhhhhhhhh... pas... scrchh-
hhhhhh...
Pendant qu’Aaron me conduisait au
bureau d’Ava, j’essayais de joindre ma soeur
au téléphone. Nous n’avions de réseau ni
Pune ni l’autre.
— Ilyaurgence, Mary-Kate ! hurlai-je...
scrchhhhhhhhh... Maman est en train de te
rejoindre au centre d’aide sociale... scrchhh-
hhhhhh.
Apres ca, la conversation fut définitive-
ment interrompue.
— Elle n’a rien entendu! m/écriai-je,
folle de rage. Elle n’a pas la moindre idée
de ce qui est en train de se passer. Qu’est-ce

78
que je peux faire ? demandai-je 4 Aaron,
désemparée.
Aaron s’arréta a un feu rouge.
— Tu n’auras qu’a réessayer quand on
sera chez Ava. Tu appelleras le Click et
peut-étre que quelqu’un la préviendra pour
tol.
— Non, il sera trop tard. Prends la pro-
chaine a droite, lui ordonnai-je.
— Quoi ? s’exclama-t-il. Tu veux inter-
cepter ta mére avant qu’elle ne rentre dans
le centre ! Et tu vas lui raconter quoi comme
bobard ?
— Je nen sais rien. I] faut que je trouve
quelque chose de crédible !
Comme il n’y avait aucune circulation,
nous arrivames en un rien de temps.
Maman était en train de se garer.
— Bonjour, madame Olsen ! lanca Aaron
| en lui faisant signe par la fenétre de la voi-
| ture.
— Bonjour, Aaron, répondit ma mere.
(Qw est-ce que vous faites ici, tous les deux ?
Ashley, je croyais que tu devais aller rejoin-
_dre Ava a son bureau...
— Qui, mais pat eu un coup de fil de
Mary-Kate, elle m’a dit qu’elle et Billy
OY
étaient déja en route pour livrer la nourri-
ture.
— Ne me dis pas que Billy a pris le
volant ? s’affola ma mére.
— Pourquoi ? demandai-je, paniquée.
— Il ne doit pas conduire avec son bras !
— Ah oui! Son bras cassé. Enfin, je veux
dire, foulé. Non, je ne crois pas qu’il conduise,
ca m’étonnerait. Quoi qu’il en soit, Aaron
et moi, on est passés ici pour prendre la
nourriture et les rejoindre la-bas.
— Tu as une réunion, Ashley, ca n’est
pas possible !
— Nous irons aprés la réunion, intervint
Aaron.
Aaron me sauvait la mise. Je m’empétrais
dans mes mensonges et je ne savais plus du
tout ou j’en étais.
— Bon, fit ma mére, un peu décontenan-
cée. Mais je n’arrive pas a comprendre pour-
quoi je ne laisserais pas la nourriture au
centre. C’est aussi simple, non ? Mary-Kate
passera la chercher et la livrera dans la jour-
née.
Je ne pouvais pas laisser maman entrer
dans le centre. Personne n’était au courant
de cette livraison de nourriture pour les

80
sans-abri et personne évidemment ne
connaissait Billy.
— C’est vrai, fis-je, sauf que le centre est
vide car l’équipe au complet est partie servir
les repas.
En fait, je mentais trés bien. Cela venait
tout seul.
— Allons-y, madame Olsen, lanca Aaron
en ouvrant le coffre. On va charger la nour-
riture dans ma voiture.

Ashley
Il ne me restait plus que trois minutes
_ avant mon rendez-vous avec Ava. J’embrassai
Aaron et sortis de la voiture. En observant
mon reflet dans la porte vitrée de l’immeuble,
|je pus constater ’ampleur des dégats. Ma
|tenue était froissée, mes cheveux commen-
caienta frisotter. Et j’apercus une horrible
tache sur mon petit haut jaune. Dans
Pascenseur, j’essayai de la cacher en bouton-
mant ma veste jusqu’en haut. Qu’est-ce qui
m/’avait pris de porter ces sacs de poulet au
jcurry! fh
| 81
En sortant de l’ascenseur, je pénétrai dans
le hall de la société d’Ava. L’ensemble me
parut incroyablement chic et luxueux. Le
mobilier contemporain était élégant et
sobre. De gros bouquets de fleurs ornaient
de longues tables basses en verre, un magni-
fique tapis de soie rouge recouvrait le sol et
des tas de photos de célébrités décoraient
les murs.
« Comme j’aimerais travailler ici cet été ! »
me dis-je.
— Salut, Ashley, me lanca Ava en venant
ama rencontre. Tu es a heure, c’est parfait.
(Elle avait quelques dossiers a la main et sor-
tait d’une piéce qui devait étre son bureau.)
Tu veux un croissant ? Nous avons décou-
vert une toute nouvelle boulangerie a deux
pas d’ici : elle fait des viennoiseries divines !
— Non, merci. J’ai bien mangé ce matin.
De plus, Aaron m/attendait dans la voi-
ture et je ne voulais pas qu’il s’impatiente.
— Alors, voila ce que j’attends de toi,
commenca Ava. Jeanne a changé son plan
de table et il faudrait que tu ailles porter la
nouvelle liste chez Tina Ming Su. C’est la
calligraphe qui fait les cartons de table avec
le nom des invités.

82
— Pas de probleme, acquiescai-je. Dites-
moi juste ou je peux la trouver.
— Son atelier est a Pacific Palissades,
continua Ava en me tendant un plan imprimé
avec une adresse agrafée dessus. Elle est
bourrée de talent et toujours débordée. J’ai
eu beaucoup de chance de pouvoir la blo-
quer pour le mariage de Jeanne. Le seul pro-
bleme, c’est que quand elle travaille, elle ne
décroche pas le téléphone.
— Elle doit avoir besoin de se concen-
trer, commentai-je.
— Exact, approuva Ava. Elle avait prévu
de se mettre au travail pour Jeanne cet apres-
midi, et je n’ai pas pu la prévenir qu'il y
avait une nouvelle liste. Il faut que tu te
débrouilles pour la lui faire parvenir le plus
vite possible, c’est-a-dire avant treize heures !
Je regardai ma montre, il était déja onze
| heures passées !
— O.K., pas de probleme.
Je quittai le bureau d’Ava sur les cha-
| peaux de roues et me retrouval en un rien
_de temps dans la voiture d’Aaron, ceinture
_bouclée et préte a démarrer.
— Direction Pacific Palissades, annon-
| cai-je 4 Aaron. Et plus vite que ¢a!

> 83
er
Tee
— Ca marche! acquiesca Aaron. Mais
qu’est-ce qu’on fait de cette nourriture dans
le coffre ? Ca commence 4a sentir, non ?
En effet, une odeur de poulet au curry,
d’ail et de crevettes sautées flottait dans la
voiture. Avec la chaleur de la journée, ca ne
pouvait qu’empirer ! Tout allait étre gaché.
— Qu’est-ce qu’on peut faire ? On ne va
quand méme pas jeter ¢a... I] faut qu’on aille
dans un autre centre d’aide sociale, m’excla-
mai-je. J’?en connais un, pas trés loin d’ici.
Je vais regarder ou il est sur le plan qu’Ava
m/’a confié.
— Et la calligraphe ? demanda Aaron.
— C’est sur le chemin, continuai-je en
vérifiant l’heure. Avec un peu de chance, on
pourra s’occuper des deux dans les temps !
Mary-Kate

— Alors, c’est d’accord, tu acceptes ?


demandai-je 4 Malcolm. (Nous étions au
Click et c’était la fin de son service.) Tu
veux bien devenir mon Billy le temps du
mariage de ma cousine ?
— Qu’est-ce que j’y gagne ? fit Malcolm
avec un petit sourire malicieux.
— Quand tout sera terminé, je te décer-
nerai un oscar pour ton role ! dis-je en riant.
— Non, ¢a n’est pas suffisant.
Je me creusai la téte pour trouver quelque
chose qui pourrait décider Malcolm a accep-
ter.
— Et si je toffrais de faire ton travail au
Click pendant toute une semaine ! Tu empo-
ches le chéque et c’est moi qui travaille !

85
— O.K., ca marche ! finit-il par dire.
— Tu es un amour, Malcolm ! m/’excla-
mai-je. Et pour Sophie, comment on va
faire ?Tu es stir que cette petite comédie ne
la génera pas ?
— Je ne crois pas, non. Je lui expliquerai
tout quand elle rentrera de vacances, et je
pense méme quelle trouvera ¢a assez drdle.
— Génial ! Ah, j’allais oublier ! Il y a un
truc important que tu dois porter. Ca fait
partie de ton costume de scéne. (Je sortis
une écharpe de mon sac a dos.) Tu as une
foulure et tu dois te mettre le bras en
écharpe.
— Je dois porter ca tout le temps ? sou-
pira Malcolm. J’aurais préféré que Billy
marche avec une canne. J’ai toujours révé
de marcher avec une canne, je trouve ¢a
classe !
— La prochaine fois, peut-étre. Mais,
pour linstant, Billy est tombé de son vélo
et s’est fait mal au bras en venant me rejoin-
dre a la soirée des cadeaux de Jeanne et
James.
— Donc, Billy est une bille a vélo ! Est-ce
qu’il y a d’autres aspects de sa personnalité

86
qu'il me faut connaitre pour jouer mon
role ? demanda Malcolm d’un air narquois.
— Il yena plein! Je voulais justement
te proposer d’aller nous balader au centre
commercial, comme ¢a je pourrai te racon-
ter.
— Jai horreur de me balader au centre
commercial ! protesta Malcolm. Ca me colle
des migraines !
— Allez, Malcolm, sois sympa ! suppliai-
je. Si tu veux, on ira voir un film : La Gor-
gone, il vient de sortir !
— Diaccord !
Nous flanames environ une demi-heure
_ dans le centre commercial en attendant que
la séance précédente du film se termine et
jexpliquai a Malcolm ce qu'il y avait a
savoir sur Billy. Il apprit son rdle en un rien
_ de temps.
| — Tues un génie, Malcolm ! m’exclamai-
| je. Si seulement je tavais demandé des le
| début, au lieu d’aller chercher le premier
~=Billy!
— (Ca, c’est vrai! Et en plus, j’aurais une
-canne au lieu de porter cette stupide
écharpe, dit-il en levant son bras.
— Qui, mais regarde comme on te plaint,

87
fis-je en désignant deux filles du lycée qui
nous fixaient de l’autre cété du hall.
— Elles ne me plaignent pas du tout,
rétorqua Malcolm. Ce sont des comméeres,
elles se demandent juste ce qu’on fabrique
ensemble.
— Tu as raison, approuvai-je en éclatant
de rire. Elles doivent penser que nous som-
mes amoureux.
« C’est parfait, pensai-je. Si nous passons
pour un couple aux yeux des filles du lycée,
nous n’aurons pas de mal a duper mes
parents. »
Alors que nous arrivions devant le cinéma,
nous nous apercimes qu’une foule de per-
sonnes attendaient déja pour acheter les
places.
— On ferait bien de faire la queue aussi,
dit Malcolm en m’entrainant dans la file par
la main. Je n’ai pas envie de me retrouver
au premier rang.
Soudain, j’apercus Joanne et Zach qui
nous regardaient. Je leur fis un petit signe,
tout en réalisant que Malcolm me tenait
toujours par la main.
— Ca me fait bizarre.

88
— Il va falloir que tu thabitues, Mary-
Kate.
— Qui, je sais. Mais on dirait vraiment
que nous sommes un couple, commentai-je
en observant notre reflet dans une vitrine.
Malcolm n’était pas le garcon le plus
mignon du lycée. Pourtant il avait du
charme et il fallait avouer que nous allions
plutét bien ensemble. Et méme s’il n’y avait
rien entre nous, personne ne pouvait deviner
que nous étions en train de jouer la comédie.
Dire qu’Ashley pensait que c’était une
mauvaise idée ! Elle allait bien étre obligée
de reconnaitre qu’elle s’était trompée, cette
_ fois-ci. Mon plan marchait a merveille !

| Ashley

Aaron freina a un carrefour.


— Passage Coriandre, c’est bon ?
— Non, dis-je d’une voix anxieuse en
vérifiant le plan. Nous devons aller rue
_Coriandre, pas passage.
— Je ne comprends rien 4a ce fichu quar-
tier! s’énerva Aaron.

89
— Je sais, je suis désolée, répondis-je, un
peu génée. On ne doit plus étre trés loin
maintenant. C’est quelque part par 1a.
Je ne pouvais pas en vouloir a Aaron de
perdre patience. La climatisation était en
panne et l’odeur de nourriture imprégnait
la voiture. En plus, il était déja midi et nous
n’avions pas encore trouvé cet autre refuge
de sans-abri !
— Regarde, Ashley! s’écria Aaron. J’ai
des visions ou c’est la rue Coriandre la-bas ?
demanda-t-il en désignant un coin de rue
de l’autre coté du carrefour.
— Non, c’est ca! On y est, cette fois-ci !
Aaron se gara pres du foyer et je descendis
voir Si je pouvais trouver quelqu’un a l’inté-
rieur. Je frappai a la porte mais personne ne
vint ouvrir, et comme je faisais demi-tour
japercus une pancarte qui disait : « Frappez
a la porte de derriére ». Je foncai jusqu’a la
porte en question et entrai en criant : « J’ai
de la nourriture pour vos pensionnaires ! »
L’homme assis derriére le bureau m’adressa
un sourire.
— Vous n’avez qu’a la laisser devant la
porte de l’autre cété, Mike et Dora se char-
geront de la rentrer. Merci beaucoup.

90
— De rien, langai-je en courant vers la
voiture. Aaron, viens m’aider a décharger !
Quelques minutes plus tard, la nourriture
était enfin livrée mais nous avions pris
beaucoup de retard.
— L/atelier de ta calligraphe est encore
loin d’ici ? demanda Aaron.
— Non, seulement a deux ou trois patés
de maison, répondis-je en bouclant ma cein-
ture.
Aaron mit le contact. La voiture ne
démarra pas. I] essaya encore, sans succes.
— Jen’y crois pas! J’ai noyé le moteur !
I] va falloir attendre un moment pour que
ca remarche.
— Impossible, on n’y sera jamais a
temps !
10

Ashley

J’attrapai mon téléphone et composai le


numéro de Mary-Kate. Cette fois, heureu-
sement, ca fonctionnait !
— Ilyaune urgence, lancai-je. Débrouille-
toi pour venir me chercher illico !
— Ca marche! dit-elle. Ot ¢a ?
Je lui donnai l’adresse du foyer.
— Di’accord, je descends l’escalator et
jarrive !
— Lescalator, quel escalator ?
— Celui du centre commercial : j’y suis
avec Malcolm. On voulait voir un film, mais
il n’y a plus de places. Qu’est-ce qui ne va
pas, Ashley, explique-moi.
— Je texpliquerai tout quand tu seras 1a.

a2
En attendant, je t’en supplie, dépéche-toi :
c’est une question de vie ou de mort !
Aprés avoir raccroché, je me tournai vers
Aaron et linformai que ma sceur était au
centre commercial.
Aaron regarda sa montre.
— Avec un peu de chance, et si elle n’a
pas tous les feux rouges sur le chemin...
Il me prit par les épaules et déposa un
gentil baiser sur ma joue. Mais j’étais trop
stressée pour me détendre. J’avais chaud,
mes vétements étaient froissés, je sentais la
crevette frite et je n’allais pas arriver a temps
chez la calligraphe ! Et tout ¢a a cause des
mensonges de Mary-Kate !
— La voila! s’écria Aaron aprés une
attente qui m’avait semblé interminable. Je
vais rester ici et attendre que le moteur
veuille bien redémarrer. Bonne chance !
Je courus jusqu’a la voiture de Mary-Kate.
— On n’y arrivera jamais! m/’écriai-je
alors que je m’installais sur le si¢ge cdté pas-
sager.
— Arriver ot.? Tiens, qu’est-ce que ¢a
sent ? fit-elle en humant Il’air.
— « Fleur de crevette n° 5 », rétorquai-je,
furieuse. Avec un zeste d’ail et une petite

93
touche de curry, histoire de relever un peu
tout ¢a.
— Ashley, s’emporta ma soeur, est-ce que
tu vas finir par me dire ce qui se passe ?
— II se passe que rien ne va! m/’excla-
mai-je.
Je lui indiquai la direction pour aller chez
la calligraphe et lui résumai la situation en
commencant par l’épisode ol maman avait
eu l’excellente l’idée de la rejoindre au cen-
tre d’aide sociale.
— Aaron et moi, on a fini par trouver ce
foyer de sans-abri, le moteur de la voiture
n’a plus voulu redémarrer et je t’ai appelée :
voila, tu sais tout !
— Ashley, tu m’as sauvé la vie! Tu es
vraiment la soeur la plus extraordinaire que
je connaisse !
— Possible. Sauf que maintenant, c’est
moi qui ai des ennuis. Je n’arriverai jamais
a remplir la mission qu’Ava m’a confiée !
— Tu veux dire que tout est ma faute,
C est.ca:?
Je ne pus m’empécher d’acquiescer. J’étais
furieuse et il m’était impossible de le lui
cacher. Ses mensonges a répétition n’avaient

94
cessé de me causer des problémes! A ce
moment-la, mon téléphone sonna.
— Oh non, pas ca! m’exclamai-je.
— Qui est-ce ?
— Ava. Je n’ai pas la moindre envie de
répondre, mais j’y suis obligée, non ? Allé,
oul ?
— Ashley! lanca Ava a l’autre bout de la
ligne. Rassure-moi, tu as pu livrer la liste
des invités a temps, j’espére ?
— Eh bien... Justement, non.
— Oh, par pitié, ne me dis pas ca! s’écria
Ava. Je tavais dit que c’était extrémement
important, Ashley! Qu’est-ce qui s’est
passé ?
Jhésitai un instant avant de répondre.
Jaurais pu essayer de mentir, de trouver
une bonne excuse, ¢a n’aurait servi a rien.
Alors, je décidai de lui dire la vérité. Parce
que rien de ce que j’aurais pu inventer
n’aurait rendu Ava plus conciliante.
— Ila fallu que je fasse quelque chose de
trés important avant, et, du coup, j’ai pris
du retard. Je suis presque arrivée, mainte-
nant et... je suis vraiment désolée, Ava.
— Ca mest égal que tu sois deésolée,
Ashley ! rétorqua Ava d’un ton sec. Dépose

=)
quand méme la liste chez Tina et nous arré-
terons 14 notre collaboration. Je me suis
trompée sur toi. Tu n’es pas a la hauteur.
— Est-ce qu’elle était trés en colére ?
demanda Mary-Kate d’une voix timide
aprés que j’eus raccroché.
Je hochai la téte sans répondre.
— En colére comment ? insista-t-elle.
— Assez pour me virer! éclatai-je en la
fusillant du regard.

Mary-Kate

Un peu plus tard dans la journée, j’étais


allongée sur le lit d’Ashley et j’attendais
qu’elle ait terminé sa conversation télépho-
nique avec Jeanne.
— Je suis désolée, Jeanne, tu sais,
s’excusa Ashley. J’ai bien donné la nouvelle
liste a Tina. Malheureusement, elle avait
déja commencé a travailler.
Tout en écoutant Jeanne, Ashley se bros-
sait les cheveux. A peine rentrée 4 la mai-
son, elle s’était précipitée sous la douche
afin de se débarrasser des odeurs de nour-
riture dont elle était imprégnée.

96
— Mais si, reprit Ashley, c’est grave ! Je
Sais que tu dois payer un supplément pour
chaque modification et je m’en veux !
Je me rongeais les ongles en silence. Je
me sentais horriblement coupable. Ma sceur
devait s’excuser auprés de notre cousine
alors que tout était ma faute !
— C’est trés gentil a toi, Jeanne, de me
rassurer, continua Ashley. Sache que je
m’en veux vraiment! O.K., Jeanne, a plus
tard, et encore pardon !
— Donc, Jeanne n’est pas trop fachée?
demandai-je aussit6t.
— Elle ne m’en veut pas a mort, si c’est
ce que tu veux savoir. Elle se doute bien que
je ne l’ai pas fait expres !
— Ava devrait réagir de la méme facon.
— Qui, répondit ma sceur en me jetant
un regard noir. Sauf qu’Ava n’est pas notre
cousine, mais ma patronne. Enfin, je veux
dire, était ma patronne ! Maintenant, je peux
faire une croix sur mon job d’été!
— N’abandonne pas si vite, m/’excla-
mai-je en me levant d’un bond. Je t’aiderai
a trouver un moyen d’arranger les choses
avec Ava. Ce travail est fait pour toi, j’en
suis certaine !

oF
— Et comment tu comptes t’y prendre ?
— Jen’en sais rien encore mais je te pro-
mets de trouver un moyen! Apres ce que
tu as fait pour mol, je te dois bien ¢a.
— D/accord. Et jure-moi que tu vas arré-
ter de mentir ! Ca ne rapporte que des pro-
blemes...
— Pas toujours, ripostai-je. Rappelle-to1,
tu as menti a Lainie. Tu lui as assuré qu’elle
était ravissante dans sa robe de demoiselle
d’honneur et ca n’était pas vrai du tout !
— Crest différent! Lainie s’est sentie
mieux aprés mon mensonge... et en plus je
n’al pas inventé toute une histoire.
— Mon histoire s’est compliquée unique-
ment a cause de Will. Maintenant que j’ai
Malcolm, ca va marcher a merveille, j’en suis
sire. Et je te promets qu’aprés le mariage il
n’y aura plus jamais de mensonges ! Juré-
craché !
jf

Mary-Kate

Ce jeudi-la, Malcolm et moi, nous nous


baladions au centre commercial. Je l’avais
fait venir pour une derniére révision.
— Plus que deux jours avant le mariage.
Est-ce que tu es stressé ?
— Non. Tu sais, je ne vais pas jouer du
Shakespeare, non plus, ajouta-t-il d’un air
moqueur.
— Tuas raison. En tout cas, moi, je suis
un peu nerveuse.
Nous avions passé notre temps a essayer
de nous conduire comme un véritable cou-
ple, a nous tenir la main, par exemple, et
c’était devenu presque naturel.
« Samedi, il faudra bien que les gens y
croient », me dis-je.

99
— Et comment tu t’en sors avec tes loi-
sirs, Billy 2 demandai-je 4 Malcolm pour
Vhabituer 4 son nouveau prénom.
— Eh bien, je me suis déja renseigné sur
les groupes de débats et la guitare acousti-
que. Je pense pouvoir me débrouiller sans
trop de mal. Reste la varappe. J’ai un peu
révisé ma géologie mais je dois dire que je
ne connais pas le sport en lui-méme. En
plus, je trouve cette pratique parfaitement
idiote.
— Il te suffira de faire croire que ¢a te
passionne, commentai-je.
Je tatai ses biceps sous son T-shirt. I] fal-
lait bien admettre qu’il n’était pas bati
comme un athléte. De toute facon, il était
trop tard pour changer ¢a.
— Ne ten fais pas pour ¢a, ma chérie,
mon ange en sucre, ma petite perle, mon
bébé d’amour, ma Juliette des temps moder-
nes, lanca Malcolm en riant.
— N’en fais pas trop quand méme,
répondis-je en souriant. (Je saluai un couple
de copains qui passaient par la.) Ce mariage
tourne a l’hystérie. Il y a des tonnes de trucs
a prévoir et a faire. Ava a fait une grosse
bétise en se débarrassant d’Ashley !

100
— Qui, approuva Malcolm, auquel j’avais
déja raconté nos mésaventures de la veille.
C’est toujours une mauvaise idée de vouloir
se débarrasser d’Ashley !
— Jessaie de trouver un moyen d’arran-
ger les choses, mais j’ai comme l’impression
qu’Ashley ne veut pas que je m’en méle.
— Pourquoi ca? Elle aime ce travail,
non ?
— Peut-étre qu’elle pense que je vais
aggraver les choses si j’interviens.
— Toi? s’exclama Malcolm. Incroyable
qu’elle puisse penser ca, non ? Avec toi, tout
est toujours clair comme de |’eau de roche !
D’ailleurs, la preuve, je m’appelle Billy et je
suis ton nouveau copain ! fit-il, plié de rire.
_ — Arréte, idiot, lui dis-je en lui frappant
le bras. Au fait, ot: est ton écharpe ?
— Ah, zut! J’avais oublié.
Il sortit ’écharpe de son sac et la mit.
| — Cay est, maintenant, je suis vraiment
dans la peau du personnage ! Et quel per-
sonnage !
_ Alors que je fouillais dans mon sac pour
y chercher mon porte-monnaie, je tombai
sur une enveloppe avec mon nom inscrit
dessus.

101
— Oh non! m/’écriai-je. Il ne manquait
plus que lui !
— Qu’est-ce qu’il ya ? demanda Malcolm.
Jouvris l’enveloppe et lus le mot qu'elle
contenait :

Chére Mary-Kate,
Sais-tu & quel point j’ai été content de te voir
au Click Vautre soir ? Et a quel point j’aurais
adoré que tu passes me voir chez mot lundi apres
les cours comme tu me lavais promis ? Mais
Jimagine que tu étais trop occupée. Quoi qu’il
en sou, je veux que tu saches que j'ai hate de te
revoir. A tres vite.

Will

— C’est quoi ?
— (a vient de Will Foster, répondis-je
en rangeant la lettre. Le premier Billy.
— Ah oui, le gamin ! s’exclama Malcolm.
Celui que tu avais trouvé grace au génial site
de rencontres de ta sceur !
Malcolm n’était pas un grand fan de ce
genre de site.

102
— Crest le troisiéme petit mot qu’il m’écrit
cette semaine, et qu’il parvient 4 glisser dans
mon sac, dis-je, un peu inquiéte. Je ne sais
pas comment il a pu s’imaginer que j’étais
amoureuse de lui...
— C est vrai, ca ! Tu lui as juste demandé
s'il voulait sortir avec toi. Qu’est-ce qu’il va
s’imaginer, ce type ? ironisa Malcolm.
— Je t’assure que j’ai essayé de lui expli-
quer, rétorquai-je. Mais il n’a rien voulu
entendre! Tout ca me met horriblement
mal a laise.
— A ta place, je ne serais pas fiére, dit
Malcolm en souriant.
Je savais bien que Malcolm plaisantait,
mais, au fond, il avait raison. C’était nul
d’avoir utilisé ce pauvre Will comme je l’avais
fait. Et je ne pouvais pas le laisser réver plus
longtemps. Je devais le détromper !
— Je vais lui dire la vérité, déclarai-je.
Dés que j’aurai trouvé la bonne facon de le
paire..;
— Alors, bonne chance ! Dis-moi, Mary-
Kate, ces gens, la-bas, c’est a toi qu’ils font
des signes ? demanda-t-il en désignant
Pentrée d’un restaurant en face.
Mon cceur faillit lacher quand j’apercus

103
papa et maman de l’autre cété du hall. Ils
venaient déja vers nous.
— Mes parents ! m’étranglai-je. Prépare-
toi a devenir le plus crédible des Billy, mur-
murai-je 4 Malcolm alors que j’affichais déja
un sourire de circonstance.
— Détends-toi, Mary-Kate, chuchota Mal-
colm, tout se passera bien.
Jaurais voulu disparaitre! Comment
pouvais-je me détendre quand le monde
s’écroulait autour de moi ?
— Salut, chérie ! s’écri¢rent mes parents
en choeur.
— Salut, répondis-je. Qu’est-ce que vous
faites ici ?
— Nous allons déjeuner au restaurant,
répondit ma mére en jetant un regard a la
fois amusé et curieux a Malcolm.
Malcolm se jeta sur l’occasion.
— Bonjour, monsieur et madame Olsen !
langa-t-il en leur serrant la main. Billy Las-
siter. Je suis si content de vous rencontrer
enfin !
— Nous sommes également ravis, répon-
dit ma mére avec un sourire. Mary-Kate
nous a tant parlé de toi!
« Ca y est, me dis-je, désespérée. Nous y

104
voila! Il va falloir aborder les sujets bria-
lants comme la varappe et les groupes de
débats ! » Jaurais voulu mourir !
— Elle m’a aussi beaucoup parlé de vous,
renchérit Malcolm.
Il me prit par les épaules de son bras
valide. Papa le gratifia d’un sourire.
— Rassurez-vous, continua Malcolm.
Vos secrets seront bien gardés avec moi!
Papa parut un peu géné mais continua a
sourire. Malcolm s’en tirait pluté6t bien pour
instant. Je commengai donc a me détendre
un peu.
— Nous avons su pour votre accident de
vélo, et ca nous a fait beaucoup de peine,
expliqua maman.
— O.K., répondit Malcolm. Ca m/a fait
mal sur le coup mais maintenant tout va
bien. C’est trés gentil a vous de vous en
| préoccuper.
| — Vous ne jouez plus de guitare pour le
jmoment, je suppose, continua mon pére.
| Je frémis a nouveau.
_ — Non. Et ca me donne l’occasion d’écou-
iter davantage de musique. C’est génial.
\Avez-vous déja réellement écouté de la
musique?

105
— Eh bien, je pense que oui, fit mon pére
avec un nouveau sourire. Je travaille dans
ce domaine, en fait.
— Ah oui, c’est vrai ! Vous travaillez pour
une maison de disques. J’imagine que les
types comme moi, vous les pressez comme
des citrons et qu’aprés vous les jetez a la
poubelle ?
— Ca suffit, Billy ! m’écriai-je en serrant
trés fort le bras de Malcolm.
Cette fois, il allait trop loin !
— Cest dréle, continua mon pére sans
relever, votre téte me dit quelque chose...
Vous étes sir qu’on ne s’est jamais rencon-
trés ?
— Si, intervins-je aussit6t. Vous avez dt
vous apercevoir au Click ! Tu sais, papa, le
café ot tu me déposes parfois ?
— Oui, c’est vrai, approuva Malcolm. J’y
suis toujours fourré, c’est mon QG !
— Ce doit étre ca, acquiesca mon pére.
Mary-Kate nous a dit que vous faisiez de la
varappe. Ow pratiquez-vous ?
Malcolm, la encore, se débrouilla 4 mer-
veille. I] cita quelques noms de rochers a
escalader dont ses copains lui avaient parlé.
Il en rajouta méme un peu, mais il fallait

106
admettre que ca fonctionnait. Papa et maman
semblaient d’ailleurs captivés. Ca se passait
bien. Encore deux ou trois minutes et mes
parents s’éclipseraient pour aller déjeuner.
Je commengais enfin a me sentir a aise.
Malcolm me tenait toujours par les épaules
et nous avions définitivement lair d’un cou-
ple. Je jetai un rapide coup d’ceil aux alen-
tours, et la, mon coeur s’arréta de battre...
Sophie, la petite amie de Malcolm, était
debout devant la librairie et nous fixait avec
de grands yeux !
« Que fait-elle ici ? me demandai-je, cons-
ternée. Je croyais qu’elle était en vacances ! »
Elle semblait compléetement désemparée
et je la comprenais trés bien. Son petit ami
et moi étions trés proches l’un de I’autre et
il m’enlacait !Tout le monde pouvait pen-
| ser que nous étions un couple. Hélas, Sophie
ne faisait pas exception a la régle!
Il fallait que je prévienne Malcolm.
Jessayai de le pincer, d’attirer son atten-
tion. Rien a faire.
De toute facon, il était déja trop tard!
Sophie se précipitait vers nous, lair furieux !
— Jene le crois pas, siffla Sophie en arri-
vant prés de nous. Des gens me l’avaient dit
‘mais je ne voulais pas le croire !

107
— Sophie ? Qu’est-ce que... (Malcolm
sursauta et enleva son bras de mes épaules.)
Qu’est-ce que tu fais 1a ?
— Je suis rentrée parce que... Oh, et puis,
je ne vois pas pourquoi je te le dirais, puis-
que, de toute évidence, tu n’en as plus rien
a faire, de moi!
— Sophie, commenca Malcolm en dévi-
sageant tour a tour mes parents et sa petite
amie. Ca n’est pas ce que tu crois. Mary-
Kate et moi...
— Arréte! le coupa Sophie. Je sais tout
ce qu’il y a a savoir sur Mary-Kate et toi !
Terry et Marcia m’ont déja raconté. Tout le
monde m’a déja raconté !
— Jetassure, Sophie... tenta encore Mal-
colm.
— Laisse tomber ! cria-t-elle en tournant
les talons.
— Attends, Sophie, ne pars pas! s’écria
Malcolm.
Completement paniqué, il se lanca a sa
poursuite.
Mon pere se tourna vers moi, ébahi.
— Enfin, qui est cette fille ? Qu’est-ce
qui se passe ?

108
Et voila! I] allait encore falloir que je
mente !
— Crest... cest Sophie. Son ex-petite
amie. Ils ont rompu il y a quelques semaines
et elle n’arrive pas a s’y faire.
— La pauvre, la plaignit ma mére. J’ima-
gine que ¢a lui fait beaucoup de mal de voir
Billy avec une autre.
J’étais aussi attristée que semblait ]’étre
maman. Et en plus, je me sentais horrible-
ment coupable! A cause de moi, Sophie
S'imaginait que Malcolm l’avait trompée !
« Elle avait lair si mal, me dis-je. I] faut
a tout prix que je trouve un moyen de rat-
traper ca! »
— Je crois que je ferais mieux d’aller le
retrouver, dis-je 4 mes parents. A plus tard !
Je foncai a travers le centre commercial
pour retrouver Sophie et Malcolm. Ils étaient
tous les deux a l’entrée principale. Malcolm
barrait la route a Sophie qui se bouchait les
oreilles et tentait de sortir.
— Sophie, attends ! hurlai-je de loin.
— Va-t’en, Mary-Kate, et surtout n’essaie
plus jamais de m’adresser la parole ! J’avais
confiance en toi, je te croyais mon amie et
tu as tout gaché ! Absolument tout !
Ws

Ashley

« Demain, c’est le grand jour! me dis-je


en ouvrant mon casier au lycée, ou plus exac-
tement, le grand soir. A 20 heures demain,
Jeanne et James seront mari et femme! »
J’étais un peu déprimée par mon ratage
avec Ava. Mais j’essayais de ne plus trop y
songer. Aprés tout, ce qui comptait le plus,
c’était le mariage de ma cousine !
Mon téléphone se mit a sonner.
— All6, est-ce que c’est bien Ashley
Olsen ? fit une voix féminine.
— QOul, c’est a quel sujet ?
— Bonjour, Ashley, c’est Tina Ming Su,
la calligraphe, a l’appareil. Tu m/’avais laissé
ton numéro quand tu es passée me voir a
atelier, il y a quelques jours.

110
— Qui, je me souviens. Bonjour, Tina.
Pourquoi m’appelait-elle ?
— Ashley, j’ai un petit probléme. Je
n’arrive pas a joindre Ava, et j’ai besoin de
lui parler a propos des cartons de table.
— Je vois, mais...
Je m/’apprétais a lui expliquer que je ne
travaillais plus pour Ava quand je changeai
d’avis. Je ne pouvais pas refuser de donner
un coup de main pour le mariage de ma pro-
pre cousine !
— Que puis-je faire pour vous aider ?
— Eh bien voila, commenga Tina, Jeanne
a encore changé des noms pour ses invités
et Ava m’avait donné quelques modifica-
tions a faire. Elle était censée m’envoyer
quelqu’un pour passer prendre mon travail
ce soir. Or, il se trouve que je dois me ren-
dre a une réunion de famille.
— Oh, je vois. Vous ne pourrez pas étre
la pour confier les cartes au coursier.
— Exactement, et je ne veux pas les lais-
ser devant ma porte car il pleut. J’ai peur
qu’elles ne s’abiment.
— O.K., répondis-je. Je vais faire mon
possible pour prévenir Ava. Ne vous inquié-
tez pas.

111
Je raccrochai puis composai le numéro du
portable d’Ava. Je tombai sur le répondeur.
Je décidai alors d’appeler Jeanne en me
disant qu’elle saurait peut-étre ol se trou-
vait Ava. Ce fut mon oncle qui répondit.
— Salut, Ashley! Jeanne et Katherine
sont au salon de beauté, avec Ava. Elles sont
allées se faire masser de la téte aux pieds
pour évacuer le stress avant la cérémonie...
— Tu aurais le numéro du salon, par
hasard ?
I] me le communiqua.
— Est-ce que quelque chose ne va pas,
Ashley ?
« Pas encore », pensai-je.
— Non-non, oncle Scott, tout va bien, a
demain !
Jappelai le salon et la réceptionniste me
mit en attente. Pendant qu’une douce musi-
que m/aidait a patienter, Aaron arriva. Je lui
expliquai ce qui se passait.
— Et tu crois qu’Ava va sortir du Spa en
plein milieu d’un bain de boue pour se ruer
chez la calligraphe ?
— Non. Elle va appeler quelqu’un de son
bureau et l’envoyer chercher les cartons.
Soudain la communication fut coupée !

112
— Explique-moi ce que je fais 1a, 4 essayer
de joindre Ava désespérément ?
— C’est Ava qui doit s’occuper de ce pro-
bleme, pas toi, fit remarquer Aaron.
— Qui, mais Jeanne est ma cousine et je
dois Vaider, alors j’y vais! lancai-je sans
plus hésiter.
Mary-Kate avait la voiture, je demandai
donc a Aaron de m’accompagner a nouveau.
Je téléphonai a Tina pour la prévenir que je
passerais moi-méme chercher les cartons.
— Tiens, regarde ! m’écriai-je au bout de
quelques minutes, c’est le foyer de sans-abri.
Nous ne sommes plus trés loin de chez
Tina.
Nous primes une petite route sinueuse et
arrivames enfin devant l’atelier de Tina, au
bout d’une impasse. Nous nous garames a
— coté d'une trés jolie Austin Mini, gris métal-
— lisé.
Je mis mon capuchon et sortis de la voi-
| ture sous une pluie torrentielle. Je courus
jusqu’a la porte et Tina m’ouvrit aussitot.
Une autre femme se tenait a ses cOtés.
| — Bonjour, Ashley, dit-elle. Je te pré-
sente ma sceur, Geri. C’est gentil d’étre
venue aussi vite !

Les
— C’est normal. Cette fois, pas d’empé-
chement de derniére minute, ajoutai-je en
souriant.
— Geri et moi sommes un peu pressées.
Nous devons nous arréter dans une patisse-
rie a Melrose pour y acheter des croissants.
Ava nous l’a chaudement recommandeée.
Mais ca n’est pas vraiment sur notre route.
Tina me tendit le paquet de petites cartes
blanches que j’étais venue chercher, sortit
sur le perron et ouvrit son parapluie.
— Cette fois, nous pouvons y aller, fit-
elle a ’adresse de sa sceur. Tu as les cartons,
Ashley, j’espére qu’il n’y aura plus de chan-
gements, maintenant...
— Jelespére aussi ! m’exclamai-je en sou-
riant.
— Merci encore, et amuse-toi bien au
mariage !
Les deux sceurs se précipitérent jusqu’a
la Mini et démarrérent en trombe.
— Tout va bien, j’ai les cartons! décla-
rai-je a Aaron en m’installant dans la voiture.
— Parfait. Mission accomplie !
— Pas encore. Il faut que je les livre au
bureau d’Ava et ce sera terminé pour de

114
bon. Qu’est-ce que tu dirais d’une bonne
pizza aprés tout ¢a ?
— Je dirais que c’est une super-idée !
Alors que nous retournions en ville, je ne
pus résister a la tentation de jeter un coup
d’ceil aux fameux cartons pour admirer le
travail de Tina.
— Elle a un talent fou, m’exclamai-je en
observant la finesse du tracé des lettres.
J’en pris un autre, et la, je découvris la
catastrophe.
— Je réve! hurlai-je.
— Qu’est-ce qu’il y a ? demanda Aaron,
inquiet.
— C’est dingue ! dis-je en vérifiant un a
un tous les cartons. Le nom de famille du
marié est mal orthographié ! Sur six cartons
différents ! Elle a oublié le « E» de Greene
a la fin.
— Mince! Tu crois qu’on peut le rajou-
ter a la main ?
— Pas question! m’écriai-je. Ca gache-
rait tout le travail de Tina. Jeanne va étre
folle de rage !
Je n’osais méme pas imaginer, en plus, la
réaction d’Ava quand elle découvrirait ¢a.

115
J’étais persuadée qu’elle aurait une furieuse
envie de m’étrangler !

Mary-Kate

Jeudi aprés les cours, Malcolm et moi


nous étions retrouvés chez lui pour discuter
de Sophie.
— Elle ne veut méme plus m’écouter, tu
te rends compte, Mary-Kate ? s’exclama Mal-
colm, anéanti. Je l’ai appelée une dizaine de
fois hier soir, et sa mere a fini par me
demander d’arréter !
C’était horrible de voir Malcolm dans un
état pareil. Il était totalement déprimé. Je
savais qu'il adorait Sophie et que cette his-
toire le rendait malade.
— Etjesuppose qu’elle n’a pas voulu non
plus te parler au lycée aujourd’hui? fis-je
en serrant le bras de Malcolm pour tenter
de le réconforter un peu.
— Si, elle m’a dit que tout le monde nous
avait vus au centre commercial roucouler
comme des amoureux !
Je me sentais horriblement coupable.

116
Tout ca n’était qu’une comédie mais per-
sonne ne le savait !
— Jai essayé de lui parler aujourd’hui,
dis-je. Elle n’a rien voulu entendre.
— Je ne veux pas la perdre, Mary-Kate,
murmura Malcolm au bord des larmes. Je
ne sais vraiment plus quoi faire.
Cette fois, j’aurais voulu ne plus exister !
Je n’arrivais pas 4 comprendre comment des
petits mensonges aussi innocents avaient pu
causer une telle série de catastrophes ! Pour-
tant, c’était bien le cas. Ashley avait perdu
son travail chez Ava. Will était tombé amou-
reux de moi. Et Sophie et Malcolm avaient
rompu.
I] fallait que je fasse quelque chose pour
réparer tout ca!
— Je vais l’appeler, dis-je d’un ton ferme.
J’attrapai mon téléphone et composai le
numéro de Sophie dans la foulée. Malcolm
$’était rapproché de moi et me fixait.
| — Sophie ? C’est moi, Mary-Kate. Sur-
tout, ne raccroche...
— ‘TUUUUUUUUUUT...
— ... pas!
lie

Ashley

Je rassemblai les cartons et tapotai ner-


veusement le plastique qui les enveloppait.
Aaron m’observait tout en conduisant.
— Tu veux toujours qu’on aille au bureau
d’Ava ? demanda-t-il en s’arrétant a un feu
rouge.
— Bien sir que non! Je ne peux pas livrer
les cartons a Ava avec cette faute d’ortho-
graphe, elle va péter un plomb quand elle
verra ¢a.
— O.K., mais tu n’étais pas censée t’en
rendre compte.
— Si, évidemment! J’aurais di vérifier
les cartons avec Tina avant qu'elle parte. Et
puis, Ava n’est pas le probléme majeur. Il
s’agit du mariage de ma cousine et j’aurais

118
da étre beaucoup plus vigilante, ne serait-ce
que pour elle ! Quoi qu’il en soit, dis-je en
fixant le paquet de cartons, je dois arranger
ca. Et je ne vois qu’un moyen... Je dois
retrouver Tina ! On fonce 4 Melrose, Aaron,
dépéche-toi !
— Pourquoi Melrose ? s’étonna-t-il. Je
croyais qu’elle allait dans sa famille en ban-
lieue ?
— Elle devait d’abord faire un détour
pour acheter des croissants dans une patis-
serie a Melrose, et je me dis qu’avec un peu
de chance elle n’a pas pris trop d’avance sur
nous.
— D/accord. J’imagine que ¢a veut dire
que nous pouvons faire une croix sur notre
pizza ? dit-il en souriant.
— (Ca se pourrait bien... Mais je toffrirai
un croissant pour me faire pardonner !
— Cest parti!
La rue était trés encombrée et je croisai
les doigts en espérant arriver a temps.
« Voyons, me dis-je. Elle portait un imper-
méable beige et sa sceur un parapluie
rouge... Non ! Orange ! »
— Regarde, elles sont la! m/’écriai-je en
désignant au loin un parapluie orange.

119
— Tu crois ? Attends, je vais essayer de
me garer derriére ce camion et...
— Non, je ne peux pas attendre, je des-
cends maintenant, on se voit tout a ’heure !
langai-je.
Je sautai de la voiture.
Il pleuvait toujours et j’étais trempée. Je
courais dans la rue comme une folle,
essayant de ne pas perdre de vue ce para-
pluie orange ! Bientot, je pus distinguer un
imperméable beige a c6té du parapluie.
— Tina Ming Su! criai-je a tue-téte.
Le parapluie continua son chemin...
— Tina Ming Su! hurlai-je de plus belle
en dépassant un groupe de femmes et
d’enfants qui me dévisagérent.
Le parapluie stoppa net.
— Ashley ? fit Tina, lair éberlué. Qu’est-
ce que tu fais ici ?
— Jesavais bien que j’avais entendu quel-
qu’un crier ton nom! s’exclama sa sceur.
Alors que j’essayais de reprendre mon
souffle, je m’apercus qu’elles étaient déja
passées a la patisserie et qu'il s’en était fallu
de peu que je les manque pour de bon !
— Je suis désolée, dis-je. Nous avons un
gros probleme !
Quand je lui eus expliqué l’affaire, Tina

120
décida de corriger les cartons sur-le-champ.
Elle avait son encre et ses pinceaux avec elle.
Nous entrames dans la patisserie et trouva-
mes une table libre ot: nous installer.
— Je peux travailler dans l’urgence, si
nécessaire, expliqua Tina en me souriant.
En un éclair, les E manquants furent ajou-
tés : on n’y voyait que du feu !
— Parfait ! m’écriai-je, ravie. Merci beau-
coup, vous me sauvez la vie!
— C’est plutét a moi de te remercier !
Je me fendis d’un grand sourire: cette
fois-ci, je pouvais vraiment dire « mission
accomplie » !
Nous nous séparames en sortant de la
patisserie. Je m’éloignais pour rejoindre
Aaron, quand, tout a coup, je me souvins
que je lui avais promis un croissant !
«Je dois y retourner, me dis-je. Il l’a
mérité. »
Mon téléphone se mit a sonner.
— Ashley, c’est Ava. Dis-moi que les car-
tons de table sont sains et saufs !
— Oui... mais comment étes-vous au
courant ?
— J’ai eu Tina au téléphone, elle m’a tout
-raconté. I] semblerait que tu te sois débrouil-
1ée comme un chef.

/ 121
J’étais ravie de l’entendre !
— Les cartons sont parfaits, maintenant,
dis-je. Je m’apprétais a vous les apporter au
bureau.
— Bravo, Ashley. Je suis trés impression-
née. Je crois que j’ai parlé un peu vite l’autre
jour.
— Comment cela ? demandai-je, un peu
stressée.
— Mes conclusions sur ton travail ont
été trop hatives, admit-elle. Tout le monde
a droit a l’erreur. En fait, tu es trés réactive
et tu geres trés bien les problémes. Tu es
exactement le genre d’assistante dont j’ai
besoin. Donc, si tu es toujours intéressée,
tu peux venir travailler pour moi quand tu
le souhaites.
— Toujours intéressée ? Bien stir que je
suis toujours intéressée ! criai-je, folle de
joie.

Mary-Kate

Samedi matin, Ashley et moi avons revétu


les robes de demoiselles d’honneur pour les

122
montrer a Brittany et Lauren. Nous leur
avions promis de leur faire un petit défilé
en privé.
— Alors ? demandai-je. Comment vous
nous trouvez ?
— Fabuleuses, s’exclama Brittany qui
était assise sur mon lit. J’adore ce bleu, il
est incroyable !
— Moi aussi, approuva Lauren. Et les
colliers, ils sont nouveaux ?
— Qui, fit Ashley en touchant la fine
chaine d’or et le petit pendentif en forme
de rose qui ornait son cou. Jeanne en a offert
un a chacune des demoiselles d’honneur.
— Est-ce que c’est mon portable qui
sonne ? demandai-je soudain.
Jattrapai en hate mon sac a dos pour
chercher mon téléphone et je renversai son
contenu aux pieds de Brittany.
— Waouh ! s’écria-t-elle. Quel fouillis !
— Personne au bout du fil, dis-je. Et pas
de message !
— Tun’aeu aucune nouvelle de Sophie ?
demanda Ashley en retirant sa robe.
— Non. Ni méme de Malcolm. I] avait
promis de me prévenir s'il arrivait a la
joindre.

123
— Sophie est dans sa phase « silence
radio », commenta Brittany.
Elle et Lauren étaient au courant de toute
Vhistoire. Je leur avais raconté ce qui s’était
passé au centre commercial.
— J’ai bien essayé de lui expliquer hier,
mais elle m’a jetée...
— Tu devrais vérifier tes mails, me sug-
géra Ashley.
— Tu as raison, dis-je.
Je me ruai sur l’ordinateur.
Oh non! Sophie m’a supprimée de ses
contacts !
— Ca, cest moche! s’exclama Brittany
indignée.
— Non, rétorquai-je. C’est ma faute, elle
pense vraiment que je lui ai volé son petit
ami !
— C’est aussi ce que pense ma meére,
langca Lauren sans réfléchir. Oh ! Excuse-
moi, Mary-Kate ! Je ne voulais pas dire ¢a !
— Pourquoi est-ce que ta mére pense ¢a ?
demandai-je, soudain inquiete.
Le visage de Lauren s’empourpra.
— Eh bien... Ta mére a rencontré la
mienne chez la manucure hier. Et elle lui a
dit que tu avais un nouveau petit ami...

124
répondit Lauren en se mordillant les lévres.
Ta mére a dit que Billy avait rompu avec sa
petite amie précédente pour pouvoir sortir
avec tol.
— O.K., soupirai-je en fermant les yeux.
Est-ce que c’est tout ?
— Qui, enfin... pas tout a fait, hésita Lau-
ren. En fait, il y avait plein de méres d’élé-
ves du lycée chez la manucure, et elles ont
entendu, avoua Lauren.
— Et voila! m/’écriai-je. Maintenant, la
ville entiére est au courant !
— Ca devient dément, cette histoire!
gémit Brittany.
— Un vrai cauchemar, tu veux dire!
m’exclamai-je. Sophie ne voudra plus
jamais nous parler, ni a moi ni a Malcolm,
et le pauvre ne s’en remettra pas !
Jenfilai rageusement un jean et un
T-shirt.
— Le plus dingue, dans cette histoire,
bougonnai-je, c’est que les gens vont croire
que c’est moi qui suis responsable de leur
rupture ! Personne ne veut nous écouter.
Quw’est-ce que je vais faire ?
— II doit bien y avoir un moyen d’arran-
ger ca, dit Lauren.

| 125
— Elle a raison, décréta Brittany. Réflé-
chissons, il nous faut un plan !
— Moi j’en ai un, lanca Ashley. Mary-
Kate, arréte un peu de stresser, je reviens
dans une minute.
Dix secondes plus tard, elle était de retour
avec son téléphone portable.
— Je vais appeler Sophie, moi.
— Mais oui! s’exclama Brittany. Comme
ca, elle ne raccrochera pas !
— Et si j’arrive a la garder en ligne un
moment, j’espére bien la convaincre de par-
ler a Mary-Kate.
Ashley composa le numéro. Je ne la quit-
tais pas des yeux, trés angoissée.
— Ca sonne... Sophie ? C’est Ashley a
Vappareil. S’il te plait, ne raccroche pas...
Ashley bredouillait.
— Non, écoute-moi, s’il te plait !
Je retenais ma respiration.
— Oui... Oui, répétait Ashley.
Sophie était en train de lui parler, elle
n’avait pas encore raccroché !
— Ecoute, Sophie, reprit Ashley. Je
Uassure que ¢a n’est pas du tout ce que tu
penses. I] faut que tu saches la vérité. Laisse

126
Mary-Kate t’expliquer ce qui s’est vraiment
passé.
Jétais pétrifiée. Il fallait qu’elle se laisse
convaincre, c’était vital !
— Je ten supplie, Sophie, continua
Ashley. I] faut que tu parles 4 Mary-Kate !
Je m’approchai et tendais déja la main
vers le téléphone quand je compris au ton
d’Ashley que la situation n’évoluait pas
comme je le souhaitais. Ashley recula et me
fit non de la téte.
— Trés bien, dit-elle a Sophie. Tu pro-
mets ? Tu vas essayer... D’accord, Sophie,
merci, lanca Ashley en raccrochant.
— Je croyais qu'elle allait me parler !
— Elle devait partir a un rendez-vous,
mais elle a promis d’y réfléchir. Elle a dit
qu’elle essaierait de passer a la maison dans
-Paprés-midi.
— Qwrelle essaierait?
— Oui! Enfin, elle va réfléchir, c’est déja
‘ca. Maintenant, nous n’avons plus qu’a
attendre !

A trois heures de l’aprés-midi, on sonna


a la porte. Je priai pour que ce soit Sophie

127
et me précipitai en bas pour ouvrir. C’était
Will Foster...
— Ah, c’est toi, Will ? dis-je un peu décue.
Qu’est-ce qu’il y a ?
Je lus aussit6t dans ses yeux que quelque
chose n’allait pas.
— Eh bien, heu... Voila, Mary-Kate: tu
avais promis de passer a la maison et tu n’es
jamais venue !
L’histoire de Malcolm et Sophie m/’avait
tellement accaparée que j’en avais oublié
Will ! En fait, je ne lui avais jamais promis
quoi que ce soit, mais je voyais bien qu il
était blessé.
— Oui, je sais, Will... Le truc, c’est que...
j’al eu une semaine de dingue, je t’assure !
Mes piétres excuses ne sembleérent pas
convaincre Will.
— Ecoute, Mary-Kate, je croyais que tu
m’aimais bien. Et maintenant, j’ai besoin de
savoir !
— Le probléme, Will, c’est que...
commengai-je en essayant de prendre des
gants.
Comment lui avouer la vérité ?
14

Mary-Kate

— Je t'aime beaucoup, Will, dis-je sans


chercher a cacher mon embarras. Mais le
probleme, c’est que je ne t’aime pas comme
on aime un petit ami.
« Et voila, c’est dit! Il va me détester et
je aurai bien mérité ! »
Mais Will n’avait pas lair en colére, il
‘semblait juste trés triste.
_ — Mes copains avaient raison, alors,
‘murmura-t-il. Ils ne voulaient pas croire
que tu étais tombée amoureuse de moi.
Méme aprés la soirée au Click.
— Je suis désolée, Will.
— Il y aun truc que je n’arrive toujours
as a comprendre. Pourquoi tu m’as invité
cette soirée chez toi ?

129
Nous nous assimes tous les deux sur le per-
ron, et je lui racontai tout : mon désir de ne
pas aller au mariage de ma cousine accom-
pagnée de «lhorrible George », comment
javais inventé un Billy parfait et comment
je lui avais tait jouer ce role a lui qui au
final ne faisait pas l’affaire.
— Rien n’est ta faute, lui dis-je douce-
ment. Tu n’avais rien de commun avec le
Billy que j’avais imaginé. Je suis désolée. Je
ne voulais pas te faire du mal, Will.
— (Ca va. Je ne peux pas dire que ca me
fasse plaisir, mais, au moins, je connais le
fin mot de lhistoire, maintenant! Je te
remercie de m/’avoir dit la vérité. On pour-
rait peut-étre essayer de devenir amis ? Ca
te dirait qu’on déjeune ensemble un de ces
jours ?
— Avec plaisir! m’exclamai-je, ravie de
constater que Will ne prenait pas les choses
trop mal.
Il était encore un peu décu, mais la vérité
Pavait aidé a y voir clair. Nous discutions
encore sur le perron quand j’apercus une
fille qui entrait dans le jardin.
— Sophie! m’écriai-je. Will, il faut que
Jy aille. A bientot, alors ?

130
Je me jetai sur Sophie et la poussai dans
la maison avant qu’elle ne change d’avis.
— Il faut que tu m’écoutes ! lancai-je en
Pentrainant dans le salon. Je sais ce que tu
penses mais je t’assure que tu te trompes
compléetement !
— O.K., répondit Sophie en croisant les
bras, je te donne une minute pour t’expli-
quer !
Je résumai histoire en quelques phrases,
et, en arrivant a l’épisode de Malcolm et moi
au centre commercial, je lus la stupéfaction
sur le visage de Sophie.
— Est-ce que tu te rends compte, Mary-
Kate ? Tu as failli me faire mourir de cha-
grin, j’ai vraiment cru que Malcolm ne
m’aimait plus !
— Je sais, dis-je, plus honteuse que je ne
Pavais jamais été. Je t’assure que je m’en
veux terriblement !
Je réalisai enfin l’ampleur du mal que je
lui avais fait. Ces stupides mensonges avaient
causé tant de dégats! J’avais blessé Mal-
colm, Ashley, Sophie, Will, et, en plus,
javais menti a mes parents ! II fallait que je
me décide a tout leur avouer. Et ¢a n/allait
pas étre simple !

131
— Voila toute histoire, maman, dis-je.
Et je voudrais vraiment que tu me pardon-
nes. J’ai été stupide.
Ma mére était rentrée 4 la maison peu
aprés le départ de Sophie. J’avais pris mon
courage a deux mains, et je lui avais tout
raconté d’une traite dans la cuisine. Main-
tenant ma mére me fixait. Elle était assise
en face de moi et ne disait rien.
— Je t’assure que je n’aurais jamais ima-
giné que mon premier mensonge m’entrai-
nerait si loin, ajoutai-je, de plus en plus mal
a laise.
Je souhaitais tant qu’elle finisse par dire
quelque chose, méme n’importe quoi !
— Situ savais comme je m’en veux aussi,
commenca ma mére en me prenant la main.
C’est vrai que tu n’aurais pas di me mentir
de cette facon, mais c’est en grande partie
ma faute, et je me sens coupable pour ¢a.
— Comment ¢a, ta faute ?
— Je tai mise dans une situation déli-
cate. Je n’avais pas le droit de m’immiscer
dans ta vie et de t’envoyer au mariage avec
George sans te demander ton avis.

132
Maman me serra trés fort la main et me
sourit. Je lui rendis son sourire, fiére d’avoir
une mére aussi compréhensive.
— Tuas bien fait de dire la vérité. Tu as
dissipé d’un coup tous les malentendus. Je
Se félicite.
— Merci, maman, murmurai-je en bais-
sant la téte.
— Et maintenant, concentrons-nous sur
ce mariage ! lanca ma mére avec entrain, et
elle leva son verre d’eau pour trinquer.
— Au mariage! répondis-je.
Je me sentais tout a coup incroyablement
plus légére... et si soulagée !

— Cette fois, Jeanne et James sont enfin


mariés ! J’ai adoré traverser l’église, et sur-
tout voir arriver la mariée, pas toi ? deman-
dai-je, tout excitée, a Ashley.
— Si, c’était absolument parfait, approuva
ma soceur. Et le moment ou ils ont échangé
leurs voeux, c’était si émouvant !
— Oui, tu as vu? Tante Katherine a
méme versé une larme !
— Toi aussi, tu avais les larmes aux yeux,
me dit ma sceur en souriant.
| — C'est vrai.

133
Je regardai autour de moi, encore un peu
émue: il y avait des roses partout dans la
salle de réception. Une énorme piéce mon-
tée était installée au centre d’une longue
table.
— Le patissier a fait du beau travail, me
fit remarquer Ashley.
— Grace a toi ! soulignai-je. C’est toi qui
las recommandé a Ava.
— Oui. Et je suis heureuse d’avoir suivi
ses conseils, lanca Ava qui arrivait, vétue
d’une magnifique robe fourreau en lamé. Et
merci encore, Ashley, continua-t-elle, pour
les cartons de tables. Quel soulagement de
pouvoir lire ces E!
— Mais de rien, répondit Ashley, tout
sourire.
Ava se rapprocha de ma sceur et lui
adressa un petit clin d’ceil complice.
— Jai bien impression que tu as décro-
ché ton job d’été, soufflai-je 4 ma soeur.
L’orchestre entama un morceau au
moment ou Jeanne et James faisaient leur
entrée sous les applaudissements des invi-
tés. Jeanne était ravissante dans sa robe en
soie. Quant a James, il portait magnifique-
ment son smoking.

134
Un faisceau de lumiére enveloppa les
mariés au centre de la piste de danse et ils
commenceérent a valser.
— Au fait, me chuchota Ashley a l’oreille,
est-ce que tu as vu « horrible George » ?
— Non, ot il est ? bredouillai-je, affolée.
— Détends-toi, me répondit ma sceur en
riant. Je ne l’ai pas vu. Je me demandais
juste s'il était arrivé.
Le plus fou, dans cette histoire, c’est que
javais complétement oublié George Harris
alors qu’il avait été la cause de tous mes
mensonges! Mais maintenant, ¢a n’avait
plus la moindre importance, et George ne
réussirait pas a me gacher ce moment !
La danse prit fin et les lumiéres se rallu-
mérent. Ashley partit rejoindre Aaron,
quant 4 mol, je me mis a chercher ma place
a table. Lorsque je l’eus trouvée, je m/’assis
a coté d’un grand garcon blond, mince et
élégant.
— Bonjour, dis-je. Je m’appelle Mary-
Kate Olsen, enchantée.
Il me fixa et se mit a sourire.
« Il est vraiment mignon ! pensai-je. Quelle
-adorable fossette sur le menton ! Apreés tout,
Brittany a peut-étre raison concernant les
}

. 135
|
|
belles rencontres qu’on peut faire a un
mariage... »
— C’est bien toi, Mary-Kate ? demanda
le bel inconnu en se penchant vers moi pour
mieux me voir.
Je me rapprochai aussi, et la... ces yeux
bleus... ces cheveux blonds... Je n’arrivais
pas a le croire !
— C’est toi, George? fis-je, sidérée.
George Harris ?
— Mary-Kate !
— Qui, c’est moi ! m’exclamai-je en écla-
tant de rire.
— Et moi, je suis bien George Harris !
— Incroyable! m/écriai-je. Tu es Si...
heu... différent !
— Toi aussi, continua George. Tu as
beaucoup changé.
Je m/’attendais a ce qu’il me fasse une
réflexion sur ma robe ou ma coiffure. Aprés
tout, c’est ce qu’aurait fait le George que je
connaissais. Mais le nouveau George se
contenta de me sourire.
— Alors, raconte. Comment était l’inter-
nat ? Maman m/’a dit que tu venais juste de
rentrer.
— C%était bien. Je me suis fait plein de

136
copains trés sympas. En plus, c’est tout prés
de Boston, et ¢a, c’est génial !
George commengcait a me raconter ses
virées 4 Boston quand sa petite sceur, Regina,
arriva.
— Ou est maman, George ? demanda-
t-elle. J’ai faim !
— La-bas, lui répondit George en dési-
gnant un petit groupe de femmes qui dis-
cutaient. Mais maman ne s’occupe pas de
faire 4 manger aujourd’hui. Des serveurs
vont tout apporter trés bientdt.
— Qui, mais moi, j’ai faim tout de suite,
gémit la petite fille.
— Moi aussi, ma chérie, lui murmura
George. Allons jeter un coup d’ceil dans la
cuisine pour voir ce qu’on peut trouver a se
mettre sous la dent. Je reviens, Mary-Kate.
Ne ten va pas!
Jacquiescai en souriant. Décidément, je
n’arrivais pas a croire que c’était le méme
George !
Quelques instants plus tard, il revint avec
des crackers sur une assiette.
- — Cate dit ? proposa-t-il en me tendant
‘Passiette.

| 137
Nous commencames a discuter comme de
vieux amis. George n’avait plus rien de
commun avec lhorrible petit monstre que
javais connu des années plus tét. C’était un
garcon supermignon, supersympa et super-
intelligent !
— C’est quand méme incroyable, lui dis-
je. Avant de te revoir, j’aurais parié que tu
n’aurais pas changé d’un poil ! Que tu serais
resté le méme petit garcon qu’il y a huit ans.
— Le méme petit monstre qu’il y a huit
ans, tu veux dire ? me reprit George avec
un sourire malicieux.
— Qui, admis-je en éclatant de rire. Tu
sais, j'ai fait des pieds et des mains pour ne
pas étre ta cavaliére ce soir. J’en ai méme
un peu trop fait.
— Je peux tavouer quelque chose, me
souffla George. J’ai toujours pensé que tu
étais une vraie peste !
Nous éclatames de rire.
— Tu veux danser ? demanda-t-il.
— Allons-y! m/’écriai-je alors que lor-
chestre se mettait 4 jouer des airs plus
entrainants.
Je suivis George. Aaron et Ashley nous
rejoignirent et nous dansdmes ensemble.

138
Bientot la piste de danse fut pleine et Ashley
et mMOi, nous nous retrouvames a sauter et a
hurler au milieu. Des flashes crépitaient de
partout.
— Tu vois ce type blond, la-bas ? me lanca
ma soeur en désignant George. Est-ce que
c’est bien celui auquel je pense ?
— Qui. Et tu sais quoi ? II] n’est plus du
tout comme avant !
A ce moment, Jeanne et James s’appro-
chérent de nous.
— Les mariés aimeraient une jolie photo
d’eux et de leurs cousines préférées ! lanca
Jeanne a la cantonade. Et je veux qu'elle soit
vraiment parfaite. Juste une photo de nous
quatre en souvenir de tout ce que vous avez
fait pour notre mariage !
— Vous étes les meilleurs! s’exclama
Ashley avant de prendre la pose pour la
photo.
— Etc¢a, c’est la vérité vraie !!! m’écriai-je
en riant.
|
Découvrez ce qui va se passer dans
le tome 12 de la collection

— Je t’assure que c’est. vrai’! s’écria


Nancy, notre nouvelle amie. Le prince Ste-
phen de Montovan passe ses vacances de
Noél ici, a Snowbeam.
Mary-Kate saisit ma main et la serra de
toutes ses forces !
— Je ne le crois pas, hurla-t-elle. Le
prince Stephen en personne ! A Snowbeam
en méme temps que nous !
— Tu ne le savais pas ? s’étonna Nancy
en éclatant de rire. Tout le monde ne parle
que de ¢a!
Je n’en revenais pas non plus. Je me lais-
sal tomber sur la premiére chaise venue et
repris mon calme. Le prince Stephen de
Montovan dans la méme station de ski que
nous ! Il foulait la méme neige que nous et
fréquentait sans doute les mémes cafés !
Tout le monde connaissait le prince Ste-
phen. Son pére gouvernait le petit royaume
de Montovan, en Europe. Sa mére était une
actrice américaine. Le prince avait dix-sept
ans, un an de plus que moi. II avait fait ses
études a l’académie de Northrup, une école
préparatoire du Massachusetts. Sa vie res-
semblait a un conte de fées !
— Tu las déja croisé ici ? demandai-je a
Nancy.
— Non. Enfin, pas que je sache, puisque
personne ne sait vraiment a quoi il ressem-
ble, répondit-elle, l’air mystérieux.
— Crest vrai, confirma Mary-Kate.
Aucune photo de lui n’a jamais été publiée.
Ses parents ont toujours tenu a le préserver
des paparazzi.
— D/’accord, mais on connait son nom,
fis-je observer. On pourrait enquéter sur son
hotel et obtenir son numéro de chambre
pour le joindre.
— Tu veux rire, s’exclama Nancy. Je suis
stire qu’il a une centaine de gardes du corps
-et qu’il utilise un faux nom !
— I] doit quand méme bien y avoir un

| 141
|
moyen de découvrir qui il est! insistai-je.
C’est un prince, aprés tout, il ne doit pas
passer inapercu !
— Pas stir. Sa mere est américaine, et en
plus il a été a lécole aux Etats-Unis, donc
on ne peut méme pas le reconnaitre a son
accent ! lanca Mary-Kate.
— Tu sais, Ashley, ajouta Nancy, tout
le monde ici est sur le qui-vive, et si quel-
qu’un avait remarqué quoi que ce soit, ¢a se
saurait.
Je ne pouvais pas me résigner. Si le prince
Stephen était réellement ici, il fallait que je
le rencontre. I] était impensable que je passe
quinze jours dans cette station de ski sans
faire sa connaissance. Je n’arriverais jamais
a me le pardonner !
— Si on parvenait a se faire inviter a la
grande soirée de Noél, on le verrait. Il y sera
forcément, fit observer Mary-Kate.
— Tu as raison, dis-je. Mais cette soirée
est dans une semaine ! C’est beaucoup trop
loin ! Je ne veux pas attendre si longtemps !
Il faut que nous arrivions 4 nous lier avec
le prince avant, et a nous faire inscrire sur
sa liste d’invités !

142
— Vous révez! s’exclama Nancy. Com-
ment comptez-vous faire ami-ami avec le
prince sans méme savoir a quoi il ressem-
ble ?
— Je nen sais rien, avouai-je. Mais je
suis certaine qu’il existe un moyen.
— Regardez comme il fait beau! s’écria
Mary-Kate. Si on allait descendre quelques
pistes ?
— C’est une super-idée, s’enthousiasma
Nancy. Pas vrai, Ashley ?
— Pourquoi pas? dis-je. Peut-étre que
sur une piste je pourrais rentrer malencon-
treusement dans le prince Stephen !
Cet ouvrage a été composé par
PCA - 44400 REZE

Impression réalisée sur Presse Offset par

Gek +I
Brodard & Taupin
La Fléche (Sarthe), le 30-04-2007
N° d’impression : 40302

Dépét légal : mai 2007

Imprimé en France

12, avenue d’Italie


75627 PARIS Cedex 13
Tout peut arriver, ou presque, quand on a seize ans...
Dimanche _ Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi

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5 6 7 8 6eorae, 9
Un petit ami pour aller le fils de la meilleure
aU mariage deJeanne amie de maman?
Hl 77 72 73 Vy V5 * 76
Aider Ava, fe Esquiver le rendez-vous (ENON
organisatrice super-célebre,
“qui prépare le mariage avec George!
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