Dossier Finalisé Hafida Bouzid - Jérôme Canet
Dossier Finalisé Hafida Bouzid - Jérôme Canet
Dossier Finalisé Hafida Bouzid - Jérôme Canet
ISPEF
Département de Sciences de l'éducation
Licence 3 Sciences de l'éducation
Option Dispositif FOAD Campus numérique FORSE
Année universitaire 2022-2023
Unité d'enseignement UE1.1
Dossier Apprentissage et Didactique réalisé par
Sous la direction de :
Nom de la tutrice : Lei Luo
Titre du dossier : Comment intégrer les avancées des neurosciences dans la mise en œuvre d'une
approche pédagogique fondée sur la théorie socioconstructiviste, afin d'optimiser l'efficacité de
l'enseignement et de favoriser l'apprentissage ?
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Table des matières
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INTRODUCTION
Les résultats récents de l'étude PISA publiée le 22 novembre 2023, soulignent l'urgence de réviser et
d'améliorer nos approches pédagogiques en France. Cette étude a notamment montré des résultats en
baisse et des lacunes notables dans les compétences des élèves français, notamment en mathématiques
et en compréhension de lecture. Ces constats nous amènent alors à une réflexion sur les méthodes
actuelles d'enseignement et d'apprentissage.
Dans ce contexte de remise en question et de recherche d'innovation pédagogique, les neurosciences
apparaissent comme un champ prometteur, et offrent des perspectives et des outils pour mieux
comprendre les mécanismes d'apprentissage. Stanislas Dehaene, neuroscientifique sollicité par le
gouvernement français, joue un rôle crucial dans l'intégration de ces connaissances au sein de
l'Éducation Nationale. Ses recherches sur les bases cérébrales de la lecture, de la numération et de
l'apprentissage en général, influencent de façon notable la politique éducative du pays. Présidant le
Conseil Scientifique de l'Éducation Nationale, Dehaene s'attache à promouvoir des méthodes
d'enseignement scientifiquement validées.
Parallèlement, la théorie socio-constructiviste, s'appuyant initialement sur les travaux de Lev Vygotski,
valorise l'expérience vécue et l'interaction sociale dans le processus d'apprentissage. Cette approche voit
une augmentation significative de sa pratique et de son étude au cours des dernières décennies, de par
l’influence grandissante des technologies éducatives, l’augmentation des publications académiques la
concernant, ou encore les réformes éducatives de certains pays qui ont intégré ses principes.
Face à ces avancées, il devient alors intéressant de réfléchir à l'intégration des découvertes en
neurosciences dans une démarche pédagogique socioconstructiviste. Cette intégration vise à améliorer
la qualité de l'enseignement et à maximiser les opportunités d'apprentissage pour les élèves, en réponse
aux défis mis en évidence par l'étude PISA. L'objectif est de répondre à la problématique suivante :
Comment intégrer les avancées des neurosciences dans la mise en œuvre d'une approche pédagogique
fondée sur la théorie socio-constructiviste, afin d'optimiser l'efficacité de l'enseignement et de favoriser
l'apprentissage ?
Dans un premier temps, nous aborderons les bases théoriques du socioconstructivisme et de l'application
des neurosciences à l'éducation. Nous examinerons ensuite comment les avancées des neurosciences
peuvent enrichir l'approche socio-constructiviste, tout en soulignant les limites potentielles. Nous
observerons enfin quelles seraient les applications pratiques de cette intégration et comment elles
pourraient prendre forme.
1. Cadre théorique
1.1. L’approche pédagogique socio-constructiviste
Le courant socio-constructiviste s'inspire entre autres des travaux de Lev Vygotski, pédagogue et
psychologue pionnier, qui théorisa le rôle crucial de l'interaction sociale dans le développement de la
cognition.
1.1.1. Définition
En conceptualisant notamment la ZPD (Zone Proximale de Développement), Lev Vygotski considère
que le développement cognitif de l’enfant est le résultat de sa rencontre avec le groupe plutôt qu’un
processus individuel.
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Contrairement au modèle pédagogique transmissif qui apparente l’apprenant à l’image d’un vase que
l’on doit remplir de connaissances, le courant socio constructiviste cherche à utiliser les représentations
et informations préexistantes et individuelles des apprenants, afin de construire de manière active de
nouvelles connaissances communes. Cette construction se fait via les expériences individuelles de
chacun des élèves composant le groupe, grâce à aux interactions sociales.
Tout comme le courant constructiviste théorisé à partir des travaux de Jean Piaget, le socio-
constructivisme souligne l'importance des situations-problèmes. Celles-ci ont pour objectifs de
constituer des obstacles face aux représentations préexistantes des apprenants, afin de créer un conflit
dit “socio-cognitif”, permettant aux élèves d’interagir pour résoudre ces situations-problèmes et co-
construire un nouveau savoir. D’après Jean-Pierre Astolfi et Michel Develay, “l’idée de conflit socio-
cognitif conduit à la construction de dispositifs qui font entrer en compétition différents schèmes de
pensée présents à l’intérieur d’une classe, une forme d’apprentissage mutuel pouvant s’opérer si
l’enseignant a bien construit la situation.”
Au cœur du socio-constructivisme, il y a donc la conviction que l'apprentissage est un processus
relationnel, qui implique non seulement l’apprenant mais aussi ses pairs et l'enseignant. De plus, c’est
bien la mise en place de ce conflit socio-cognitif entre apprenants qui permet à chacun d’entre eux de
prendre conscience de connaissances antérieures erronées ou inadaptées à la résolution de la situation-
problème. Ces interactions permettent alors une remise en cause des apprenants, une plus grande
stimulation de l'apprentissage et donc une meilleure compréhension du savoir co-construit, par un
processus de construction-déconstruction-reconstruction.
L’apprentissage collaboratif pour résoudre des problèmes met aussi l'accent sur l'importance des erreurs
sur le chemin de l’apprentissage, comme une partie essentielle du processus, permettant la réflexion et
la remédiation. Les erreurs sont vues non comme des échecs, mais comme des occasions de comprendre
pourquoi les autres peuvent avoir des perspectives différentes, en particulier grâce au concept de
décentrement.
Le rôle de l'enseignant dans cette approche est de proposer et d'animer des situations problématiques à
partir de tâches complexes, tout en accompagnant les élèves dans la prise de conscience de leurs
procédures de pensée. Cette approche valorise la démarche de résolution de problèmes plutôt que le
résultat en lui-même, ce qui encourage l'auto-évaluation et l'évaluation formatrice.
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développement de compétences sociales telles que la communication, le travail d'équipe, et la résolution
de conflits, classées dans les “soft skills” plébiscités par les entreprises en milieu professionnel.
Enfin, des pays dans le peloton de tête du classement PISA, tels que Singapour, le Canada ou la Finlande
par exemple, ont intégré certains principes de l’approche socio-constructiviste dans leurs réformes
éducatives. À Singapour, le système éducatif encourage la collaboration et la résolution de problèmes
en groupe, grâce à davantage de projets de groupe par exemple. Au Canada, en Ontario, le curriculum
cherche à développer des compétences de communication, de collaboration et de pensée critique grâce
à des cercles de littérature. En Finlande, pays reconnu pour son approche éducative centrée sur
l’apprenant, les enseignants utilisent l’apprentissage collaboratif et les projets interdisciplinaires.
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l'exécution de tâches cognitives avancées telles que la résolution de problèmes, l'adaptation à des
situations et au comportement social et à l’émotivité. De plus, les fonctions exécutives, qui jouent un
rôle crucial dans le bon déroulement du développement occupent une part significative du lobe frontal.
Elles assurent un accompagnement essentiel tout au long du processus d'apprentissage, de l'adaptation
aux compétences visées, en passant par trois étapes clés :
● La mémoire de travail, qui veille à l’enregistrement de l’information ;
● Le contrôle inhibiteur qui a pour rôle de bloquer les distractions ;
● La flexibilité cognitive qui consiste repérer les erreurs puis les corriger ;
Le lobe pariétal participe lui à la coordination motrice, à la perception de l'espace et aux fonctions
sensorielles. Puis, positionné au niveau des tempes, le lobe temporal joue un rôle important dans la
gestion des aires auditives primaires et la mémoire visuelle. En interagissant avec les autres lobes, il
contribue avec ses fonctions spécifiques et son expertise en veillant au bon fonctionnement de la
mémoire, des aires auditives, de la reconnaissance des visages objets et lieux.
En tant que centre de traitement visuel, le lobe occipital est responsable de la collecte des informations
visuelles, précisant des détails tels que la taille et la couleur. Il prend également en compte la situation
visuo-spatiale en transmettant ces informations aux autres régions pertinentes.
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Le développement de l’enfant passe par le renforcement du lien familial et social, la motricité, le langage
et acquérir ses compétences émotionnelles. Si ces périodes de développement sont alors bien exploitées,
le câblage neurologique sera efficacement construit. Notre cerveau aura une facilité à se moduler et à se
construire lors d’une situation de conflit-cognitif.
Au fur et à mesure des expériences, les connexions vont se faire et se défaire selon l’environnement et
les interactions se formant et se déformant au fur et à mesure des apprentissages : telle est la loi de la
plasticité cérébrale qui permet avec résilience de faire face à un environnement cognitif complexe.
1.2.4. La mémoire
Une expérience basée sur les 5 sens enrichit notre cerveau en lui offrant une fonction multimodale qui
permet à notre mémoire de stocker efficacement nos compétences cognitives. Pour renforcer son
apprentissage et outiller sa fonction cérébrale, il est important de s’informer aussi de la fonction de la
mémoire située au lobe temporal. La mémoire est divisée en 2 systèmes :
● La mémoire à court terme qui est limitée en durée et en quantités d’informations ;
● La mémoire à long terme dont les informations et le temps de stockage sont illimitées ;
Le développement de la mémoire à long terme chez les enfants avance de façon progressive en parallèle
de leur croissance. Les compétences de stockage et de rappel évoluent avec l'avancée de l'âge. La
mémoire à long terme se divise en 3 parties :
● la mémoire épisodique déclarative propre à chacun. Elle va encoder les souvenirs personnels ;
● La mémoire sémantique également déclarative s’active pendant les apprentissages ;
● La mémoire procédurale qui est une répétition de gestes simples comme pratiquer un sport, faire
du vélo …
Pour passer au stockage d’information à long-terme et renforcer son apprentissage, la mémoire passe
par trois processus :
● L’encodage : l’enfant actif reçoit l’information qu’il va essayer de comprendre. Ce processus
nécessite une répétition de ses informations de manières multidisciplinaires afin de les renforcer.
Une étape cruciale qui mobilise la mémoire de travail afin de renforcer la cognition.
● Le stockage : Ces informations participent à la mémoire associative en construisant les
nouvelles connaissances sur les anciennes.
● La récupération : La dernière étape consiste à aller chercher les informations stockées.
L’activité du cerveau est permanente : durant l’exploration physique et mentale le jour, le cerveau
procède au tri des informations et le stockage de sa cognition la nuit. Ce travail primordial permet de
libérer la mémoire de travail apte à recevoir d'autres tâches.
Mais encore, ce rôle de tri sélectif permet à la mémoire d'inhiber les connaissances superficielles et de
filtrer l'essentiel. En résumé, le sommeil n'est pas simplement un état de repos, mais un processus actif
et essentiel à la gestion, au renforcement et à la pertinence de nos connaissances.
Selon le chercheur Matthew Walker, le sommeil est un besoin vital : en effet, c’est durant la phase
appelée paradoxale du sommeil, qu’il procède à son tri sélectif, et régule le champ émotionnel. Il est
donc important de respecter ce moment bénéfique et nécessaire à notre développement. En revanche, un
manque de sommeil peut engendrer des troubles, une mémoire en déficit, des fatigues chroniques.
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2. Apports et limites des neurosciences dans l’approche socio-
constructiviste
2.1. Apports des neurosciences
Bien que la relation entre les neurosciences et une approche sociale de l’apprentissage ne va a priori pas
de soi, nous verrons en quoi la pertinence de la théorie de l’attachement justifie la nécessité des
connexions interpersonnelles chez les apprenants, ainsi que la prépondérance du contrôle exécutif et des
neurones miroirs pour un apprentissage efficace.
Dans le cas contraire, selon René Spitz, l’absence d’un repère affectif constant engendrera un déficit du
développement mental et physique. En effet, suite à son observation dans un orphelinat de deux groupes
d’enfants sur la présence ou l’absence du lien parental, il détermine des conséquences psychomotrices,
psychiques graves, voire des tentatives de suicide dans le second cas. Il nommera ce phénomène
l’hospitalisme. John Bowlby nommera le repère sécurisant “figure d’attachement”, la première personne
qui entoure l’enfant dès sa naissance.
En outre, pour favoriser un apprentissage dynamique et interactif au sein d’un cercle social,
l’expérimentation du brassage des âges constitue un réel apport dans le milieu socio-constructiviste.
Nina Howe et ses confrères de l’université de Concordia, après l’étude de plusieurs familles, sont arrivés
à cette conclusion : “Les relations fraternelles constituent un contexte d’apprentissage important pour
le développement social, affectif, moral et cognitif de l'enfant. (...) surtout pendant les épisodes
d’imitation, de taquinage, d’humour partagé, de jeux de simulation, de résolution de conflits,
d’enseignement à la fratrie, de comportements prosociaux, ainsi que par l’utilisation de
communications connectées, du langage affectif et mental lors des conversations. Les conflits peuvent
constituer l’occasion pour les frères et sœurs d’apprendre à résoudre des conflits de façon constructive
(...) et permettent aussi aux enfants d’apprendre à réguler leurs émotions, favorisent la compréhension
mutuelle et incitent les enfants à adopter le point de vue de l’autre”.
Les liens fraternels forment donc un réel champ d'exploration, permettant à l'enfant de débuter dès le
plus jeune âge la construction de sa personnalité. Bien évidemment, chez les familles avec un enfant
unique, ce seront donc les camarades de classe, de loisirs… qui constitueront l’appui nécessaire à
l’enfant pour construire ces compétences psychosociales. Pour poursuivre hors du cercle familial,
lorsque l’enfant se retrouve entouré d’enfants, il se tournera vers son enseignant qui représentera un
attachement sécurisé. Après ses premiers pas dans le milieu scolaire, l’enfant doit cependant poursuivre
et moduler son apprentissage dans un environnement différent. De ce fait, faisant pleinement partie de
la construction de l’identité de ses apprenants, l’enseignant, attentif, collaborateur et observateur doit
créer et entretenir son attachement avec ses apprenants grâce à une écoute attentive et de l’adaptabilité.
En somme les bienfaits de liens stables dès la naissance, apporte une solidité et une aptitude à se
construire avec la diversité des environnements tout au long de sa vie. De ce fait, tous ces comportements
permettent un attachement solide qui influe sur le rythme et le degré d’apprentissage.
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2.1.2. Contrôle exécutif, capacité d’attention et neurones miroirs
Les fonctions exécutives englobent la mémoire de travail, la planification, l’inhibition et la flexibilité
mentale. L'amélioration des fonctions exécutives commence dès le plus jeune âge : il est ainsi important
de mettre en place des activités favorisant l'autonomie et améliorant la mémoire de travail et la flexibilité
mentale. Par exemple, dès 2 ans, l’enfant peut se familiariser avec le sens des responsabilités en
effectuant des tâches domestiques adaptées à son âge. Celles-ci favorisent l’autonomie, la concentration
tout en contrôlant ses émotions pour atteindre son objectif. Plus l’enfant grandit, plus on lui octroie des
tâches adaptées. Les activités peuvent varier : plier le linge, trier des livres, passer l’aspirateur, faire du
jardinage, bricoler, cuisiner… Si par exemple on demande à un enfant de trier le linge blanc et de
couleurs, il sera concentré sur la couleur et sa mission est de séparer le blanc des autres couleurs sans
être déstabilisé par des perturbateurs externes (bruits, sonneries …). Ainsi, son contrôle exécutif est en
plein développement avec la concentration active et l'inhibition attentionnelle.
Deuxièmement, pour mener à bien les apprentissages et permettre le traitement d’un conflit-cognitif
avec efficacité, il est important de souligner l’importance de l’attention. L’expérience du fameux gorille
“the Gorilla guys” par deux chercheurs en Psychologie cognitive de l’Université Harvard nous informe
que lorsque notre attention est active, des stimuli externes peuvent passer inaperçus. Selon Stanislas
Dehaene, l’attention est un facteur clé pour un apprentissage salutaire. Lorsque l’attention est engagée
sur une tâche, le cerveau effectue un travail d’inhibition afin d'atteindre l’objectif demandé : on ne peut
être en situation “multi- tâches” de manière efficace. Du fait du phénomène cognitif de « cécité
d'inattention », il est donc primordial de mettre en place un environnement positif et serein suivi d’une
préparation des élèves afin de permettre une attention active durant le cercle d’apprentissage. L’enfant
se construit à travers les pratiques pluridisciplinaires qui faciliteront l’ancrage, et où l'importance de
répétitions de la restitution permet un renforcement de l’encodage afin d’éviter l’oubli : c’est ce que
montre la courbe d’Ebbinghaus. En somme, l’entraînement du contrôle exécutif peut également
s'effectuer par la méditation, le Qi-Gong, la pratique de sport avec assiduité, de jeux de stratégie... Ces
activités améliorent la concentration, et préparent le cerveau à effectuer des tâches cognitives de
meilleure qualité.
Enfin, nous pouvons également observer que les enfants sont constamment dans l'imitation : en effet,
les adultes référents apparaissent principalement dans les jeux de rôle : Ils cuisinent, mettent la table,
nettoient le mobilier, travaillent sur l’ordinateur, passent un appel. Il s’agit là de la mise en œuvre de
l’activation des neurones-miroirs, comme a pu le rappeler la revue “L’année psychologique” en 2022.
Comme nous avons pu le décrire auparavant, la connaissance de notre cerveau et le fonctionnement de
celui-ci nous apportent des raisons supplémentaires pour utiliser les avancées des neurosciences en
pédagogie collective. Ainsi, plus l’attachement se fait précocement, plus l’enfant est favorable à un
apprentissage collaboratif où une multitude de schèmes se rencontrent et se créent. De même, le contrôle
exécutif, l’importance des neurones miroirs et de l’attention demeurent des fondations solides pour
espérer un apprentissage efficace.
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3.1. Différences cognitives individuelles vs. Apprentissage collaboratif
Les neurosciences mettent en évidence l'importance des différences individuelles dans les processus
d'apprentissage. Si chaque cerveau est unique, alors les caractéristiques cognitives individuelles le sont
également. Si l’on poursuit dans cette logique, les méthodes d'enseignement devraient alors être
personnalisables et adaptables à chaque profil d’apprenant. Par exemple, un élève ayant un processus de
mémorisation basé sur des représentations visuelles, n’aura probablement pas besoin des mêmes outils
pédagogiques qu’un autre élève qui serait plus à l’aise dans la mémorisation basée sur la manipulation
concrète d’objets ou concepts. De même, un autre élève présentant des difficultés d’apprentissage liés à
des troubles « -dys » par exemple, nécessitera un ajustement pédagogique différent de celui de ses pairs.
Les recherches en neurosciences s'attardent davantage sur les fonctionnements cognitifs individuels des
apprenants, ce qui peut entraîner un obstacle avec l'approche socioconstructiviste, qui favorise la
construction collective du savoir. L’enseignant devra alors tenter de concilier l'approche individuelle
avancée par les neurosciences, avec l’approche collective du socio-constructivisme.
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4. Application pratique
Afin d’explorer la mise en œuvre des apports des neurosciences dans une approche socio-constructiviste,
nous allons exposer un exemple concret de mise en application, puis nous verrons en quoi le
questionnement sur la formation des enseignants peut permettre de répondre à certains des obstacles
précédemment évoqués.
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4.2. La formation des enseignants
Le contexte de l’éducation étant en pleine évolution du fait des découvertes de plus en plus nombreuses,
à l’instar des neurosciences comme nous l’avons vu précédemment, la formation des enseignants devient
alors d’une nécessité grandissante. En effet, ces nouvelles avancées, reconnues aussi bien par le monde
scientifique, éducatif et même politique (en témoigne la création du Conseil Scientifique de l'Éducation
Nationale), nous permettent de mieux comprendre les processus individuels d’apprentissage des
apprenants. Le domaine de l’apprentissage est en perpétuel changement, il est donc important d’insister
sur la nécessité de la formation continue, afin de s’adapter à ces évolutions pédagogiques.
Le rapport du Centre National d’Études des Systèmes Scolaires (CNESS) a mis en évidence des
insuffisances dans ces formations, aussi bien dans leurs durées, dans leurs fréquences, mais aussi dans
l’amélioration des approches éducatives notamment. Enrichir ces formations continues, les rendre plus
nombreuses et plus fournies nécessite d’investir davantage dans leur budget. Cela permettrait d’enrichir
les compétences pédagogiques des enseignants, d’augmenter la qualité de leurs enseignements, et
d’apporter des innovations.
Si les neurosciences permettent de mieux comprendre le fonctionnement cognitif des élèves et des élèves
atypiques (troubles dys et tda/tdah), alors nous pouvons espérer que des enseignants mieux formés à ces
méthodes puissent avoir aussi une approche plus inclusive concernant les différences de fonctionnement
cognitif et adapter leurs apprentissages.
Nous pouvons également évoquer la piste des ateliers et séminaires interactifs, sous forme de groupe de
travail par exemple, en plus grand nombre, dans le but de discuter de ces applications concrètes des
principes neuroscientifiques. Encourager davantage de retour d’expériences (RETEX) entre les
enseignants pourrait contribuer à favoriser un apprentissage collaboratif et inclusif. Il faudrait alors
repenser le système d’évaluation ou de feedback de ces formations, afin de mesurer davantage leur
efficacité sur les pratiques en classe. La formation doit également s’élargir sur d’autres environnements
qui contribuent potentiellement au développement de l’enfant, tel que l’environnement familial avec
généralement les parents au premier rang.
Enfin, intégrer les neurosciences dans une approche socioconstructiviste implique une formation des
enseignants dynamique, centrée sur leurs besoins d’informations et de mise à disposition de méthodes
et d’outils. Mettre la priorité sur la collaboration et l’évaluation permettrait a priori de répondre aux
exigences évolutives du métier d’enseignant. Investir dans leur formation est essentiel pour rendre
possible la mise en œuvre des avancées des neurosciences dans ces pratiques collectives de la pédagogie.
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Bilan
Une théorie d'apprentissage ayant fait ses preuves sur le terrain, le socio-constructivisme reste un modèle
central pour un apprentissage collaboratif stable visant au développement de l’apprenant par la
stimulation de la mémoire et de l’analogie des pensées. Un processus d’apprentissage dont les principes
sont confirmés à travers les neurosciences. En effet, la confrontation des réflexions engendrant des
conflits cognitifs permet d’apporter une restructuration concrète du savoir. A travers sa métacognition
et sa confrontation au sein d’un groupe, l’apprenant évalue l’erreur avec clarté et conscience. Les
compétences sociales sont les points principaux dans cette approche : par les interactions encadrées par
l’enseignant, l’apprenant assimile simultanément ces compétences sociales, il façonne son empathie, sa
discipline, et se réforme avec humilité à la suite des multiples conflits-cognitifs. Cet apprentissage
collaboratif permet à l’apprenant d’avoir les outils nécessaires pour créer son identité et être le citoyen
actif de demain. Cependant, nous sommes également conscients des limites, comme toute pratique
pédagogique, d’une approche socioconstructiviste. En effet nous avons fait le choix d’étudier ce courant,
mais les contraintes temporelles, organisationnelles pour les enseignants, restent un défi dans certaines
circonstances. Certains travaux de mémoires suggèrent aussi que la composition des groupes en fonction
des affinités entre les apprenants influence négativement l’impact positif recherché des travaux de
groupe. Également, des sociologues tels que Stéphane Bonnéry qui démontre à quel point les pédagogies
actives peuvent parfois invisibiliser le savoir, et donc accentuer les inégalités sociales et d’apprentissage.
Ce sont ces nombreux obstacles que devront franchir ces pédagogues afin de mettre en œuvre cette
approche dans les meilleures conditions.
Les neurosciences peuvent alors apporter une pluridisciplinarité dans la compréhension du cerveau : en
insistant sur l'importance des 5 sens poussant à un apprentissage multimodal, suivi de l'attention, la
concentration, la mémoire et les fonctions exécutives. Une science qui peut également apporter des
réponses concrètes sur les enfants avec des troubles des apprentissages tels que les troubles -DYS et
trouble d'attention avec ou sans hyperactivité pour nous adapter à l’apprenant à trouble en répondant à
ses besoins par des pédagogies appropriées. Une science qui nous éclaire notamment sur des troubles
du comportement observés par les chercheurs et psychologues pour mieux les accompagner comme par
exemple l’observation des enfants de l'orphelinat par René Spitz, qui explique que suite à une absence
de lien affectif, les enfants présentaient une altération du développement psychomoteur; Ainsi pour
remédier aux symptômes et déficit il est dans un premier important de combler ce besoin affectif et créer
l'interaction constante : le fruit du développement de l’Homme.
Bien qu’elle contribue à un apport fructueux, cette discipline reste un outil dont la fonction est limitée
pour le moment. De plus, En effet, des recherches et des méthodes peinent à être expérimentées et mises
en place par manque de moyens et de temps, comme par exemple le feed-back.
Tout compte fait, l’apprentissage est un vaste champ d’exploitation assujetti à un environnement aux
changements permanents, car l’environnement éducatif évolue à travers des facteurs sociaux,
économiques, politiques. Finalement, les neurosciences nous confirment que l'apprentissage avec un
environnement adapté, l’utilisation de l'empathie, l’écoute attentive et l’entretien du lien favorisent
l’épanouissement et apportent davantage d’engagement chez l’apprenant comme nous l’avons évoqué
plus haut.
Comme une multitude de sciences, chacune apporte sa pierre à l’édifice, tel que la psychologie,
l’anthropologie, la philosophie, la sociologie. De cette façon, les fondations de l 'apprentissage se
construisent et se déconstruisent à travers cette complémentarité. Finalement, c’est peut-être à travers
cette interdisciplinarité bénéfique entre pédagogie et sciences que l’on peut espérer améliorer l’efficacité
de l’enseignement et favoriser les apprentissages, afin d’aspirer à construire une société à la hauteur de
nos attentes.
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https://www.jstor.org/stable/26303645
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SYNTHESES PERSONNELLES
1. Hafida Bouzid
La constitution du groupe s’est faite automatiquement, lorsque Jérôme nous a partagé son souhait de
travailler sur les neurosciences et le socio-constructivisme durant la séance de tutorat, je n’ai pas hésité
à lui demander d’intégrer son groupe et nous étions plusieurs à vouloir intégrer le groupe de Jérôme.
Nous avions rencontré quelques difficultés durant la conception de groupe, il a donc fallu recomposer
les groupes en passant d’un groupe de 4 à 2 binômes.
Malgré les difficultés rencontrées liées au temps, la collaboration au s’annonçait fructueuse avec mon
camarade Jérôme : effectivement, malgré nos occupations professionnelles et personnels, nous nous
sommes adaptés avec flexibilité.
La demande de travail et le manque de temps m’a un peu déstabilisé, je me posais beaucoup de questions
sur le délai, mais Jérôme était toujours rassurant en me disant que c’était possible de réaliser le dossier
avec une bonne répartition des tâches.
J’ai beaucoup aimé ce travail de recherche, le fait d’exploiter les travaux des chercheurs était
enrichissant et passionnant. Il était difficile de travailler tout en étant centré sur la problématique qu’il
ne faut pas perdre de vue. J’ai trouvé difficile le fait de synthétiser les informations.
De plus, ce travail nous a permis de développer notre réflexion et esprit critiques à travers les recherches.
Cette démarche nous permis de découvrir les enjeux des outils, de comprendre l’environnement de
l’éducation est central dans notre société et l’amélioration de son système reste un enjeu continuel.
Malgré un délai assez limité, je trouve que nous avons fait preuve d’adaptation, et de bonne gestion du
temps.
Nous étions à l’écoute, nos échanges via messageries ainsi que visio-conférence nous ont permis de
pouvoir faire le point quand on en sentait le besoin. Nous avons beaucoup échangé sur le plan, les idées,
les recherches afin d’être cohérents dans la constituions du dossier.
Malgré un des journées condensées, nous travaillions avec bienveillance et bonne communication.
Enfin, J’ai beaucoup apprécié travailler avec Jérôme, qui avait une fonction principale du point de vue
organisationnel, encadrement malgré nos occupations.
C’est toujours agréable et motivant de travailler avec une personne passionnée également par les
thématiques développées.
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2. Jérôme Canet
Lorsque j’ai appris que nous devions produire un dossier d’une quinzaine de pages en groupe, sachant
que nous sommes étudiants à distance, j’ai eu une première inquiétude, compte tenu du temps
important à consacrer à l’harmonisation de nos recherches, pratiques et rédaction, dans les conditions
d’études qui sont les nôtres.
En effet, le fait de cumuler un emploi et / ou la garde de nos enfants… en plus du temps d’étude
demande d’optimiser beaucoup d’activités. Une fois cette première impression passée, j’étais plutôt
pressé de découvrir les autres membres de mon groupe, car j’ai pu constater les différences de
parcours de chacun, ce qui promettait des échanges enrichissants.
Je tenais à travailler sur les neurosciences du fait de mon cursus plutôt scientifique (BTS diététique).
Je me suis également intéressé depuis plusieurs années à la mémorisation, mais aussi aux avancées et
études scientifiques qui tentent de nous éclairer sur des méthodologies d’apprentissage plus efficaces
que d’autres. Aussi, j’avais pu constater à quel point l’engagement des élèves dans l’apprentissage
était amélioré, lorsque je mettais en place des activités de groupe, lors de mon expérience récente en
tant qu’enseignant contractuel au lycée et en SEGPA. Lier les avancées en neurosciences et le constat
que je faisais « sur le terrain » à propos du travail collaboratif et coopératif m’intéressais donc
beaucoup.
Au départ, nous avons formé un groupe de quatre, qui fonctionnait plutôt bien, et qui permettait de
partager aussi nos difficultés liées à l’enseignement à distance. Le travail du dossier demandait à
composer des groupes de trois maximum, Hafida m’a alors proposé de former un binôme, ce que j’ai
accepté. En effet, j’avais pu remarquer sa disponibilité et son envie de produire un travail de qualité, et
elle avait, elle aussi, eu une expérience dans l’enseignement, chez des publics plus jeunes que dans
mon cas.
J’ai apprécié sa personnalité et le fait que son profil soit complémentaire au mien, et le choix d’axer
notre dossier sur le courant socio-constructiviste a été plutôt cohérent avec nos pratiques respectives.
Même si notre problématique constituait un défi certain, car les études en neurosciences sont
majoritairement axées sur l’apprentissage individuel, nous avons pu au fur et à mesure des recherches,
découvrir des liens entre cette science et l’approche de Vygotski, ce qui m’a beaucoup stimulé
intellectuellement. Enfin, j’ai beaucoup apprécié l’organisation que nous avons eu avec Hafida, la
qualité de notre communication et le fait de partager d’autres expériences professionnelles,
personnelles ou intellectuelles avec elle.
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