Le Travail
Le Travail
Le Travail
La malediction: À retenir:
● La souffrance liée au travail semble ● Le travail est donc un châtiment divin
s'inscrire dans l'histoire humaine sortant l'être humain du paradis où il
comme une malédiction. Elle est n'avait pas besoin de travailler.
racontée dans le livre III de la Genèse:
parce qu'il a écouté la voix de sa ● Voilà pourquoi dans notre imaginaire
femme, qui elle-même avait écouté collectif, prendre plaisir à travailler
celle du serpent, Adam a mangé le n'est plus vraiment travailler: un
fruit défendu; Dieu le condamna alors véritable travail doit être
à gagner son pain « à la sueur de son intrinsèquement lié à l'effort et donc
visage ». à la souffrance.
B. Le travail est un effort
Le travail est un effort pour modifier son environnement
L'être humain est le seul animal qui doit faire l'effort de travailler pour
survivre. Rien ne lui est donné naturellement, tout ce qu'il obtient est le
fruit de ses efforts. Le travail est donc l'effort conscient de
transformation de l'environnement afin qu'il soit susceptible de répondre
à nos besoins. C'est par ce biais que l'être humain dépasse sa condition
d'animal pour entrer dans la culture. Par exemple, l'agriculture est le
travail de transformation de la terre afin de la fertiliser et d'augmenter la
productivité d'un champ: un terrain cultivé sera plus fertile qu'un terrain
non cultivé. L'espèce humaine a maîtrisé et utilisé la nature à son profit
pour survivre, nous léguant l'environnement que nous connaissons
aujourd'hui.
Le travail permet d'affirmer et d'exploiter l'intelligence humaine
Selon Hegel, c'est parce que l'humain peut inscrire son empreinte dans son
environnement qu'il éprouve de la satisfaction à travailler. En effet, percevoir le gage
de notre inventivité et de notre intelligence dans nos productions est une forme de
jouissance supplantant tous les efforts consentis.
L'effort dans le travail humain est très différent de la manière instinctive dont les
animaux s'activent. Par exemple, une araignée produit une toile parfaite dès que ses
organes le lui permettent; elle n'hésite pas et n'échoue pas; son instinct est
immédiatement adapté à la réalisation de cette tâche. En revanche, une couturière ne
produit de beaux vêtements qu'après une longue période d'entraînement, d'échecs et
d'efforts.
À retenir
Le produit d'un travail naît donc d'une
transformation consciente et progressive,
de plus il nous révèle à nous-même.
La dialectique du maître et de l'esclave selon Hegel
Marx est un économiste allemand du XIX° siècle, héritier de Hegel, et lorsqu'il pense au système
économique, il a en tête cette dialectique. Il insiste sur le fait qu'un travail humain repose sur la conscience
du travailleur à l'égard de son projet d'action et de ses actes. Il dénonce le capitalisme car il pervertirait le
rapport de l'être humain au réel et déshumaniserait le travail. Dans Le Capital, Marx critique la manière dont
le capitalisme exploite les travailleurs et leur vole la conscience qu'ils ont de transformer le réel, de plus, il
ne serait qu'une évolution de l'exploitation des serfs (personne attachée à une terre et dépendant d'un seigneur) au
Moyen Age. Selon Marx, le systeme économique et politique a toujours fonctionné sous forme de classes,
c'est-à-dire qu'une classe dominante exploite une classe dominée.
Selon Marx la lutte des classes est le moteur de l'Histoire et son abolition est le but de l'Etat. C'est delà que
découle la théorie communiste marxiste visant, par un processus de dialectique, l'abandon du capitalisme.
Cet abandon est considéré comme une révolution devant mener à une dictature duprolétariat (classe
constituée d'ouvriers exploités, dominée par la bourgeoisie) et qui constituerait le moment d'antithèse.
Ensuite un systeme communiste doit être instauré qui serait, selon Marx, le moment de synthèse.
Frederick Winslow Taylor et le travail
à la chaîne
L'arrivée de nouvelles méthodes de production peut
rendre le travail moins fatiguant et plus facile, mais
cela va anéantir la possibilité pour le travailleur de se
reconnaître dans son œuvre. Les systemes industriels
sont normalisés, chaque mouvement est spécifié et
contrôlé par le maître d'œuvre. Le système tayloriste
était poussé tellement loin qu’on comptait les pas des
ouvriers pour réduire les déplacements au strict
minimum : les humains devenaient alors des machines
Ingénieur américain, F. W. Taylor est à l'origine d'une méthode scientifique d'organisation
du travail pouraméliorer la performance des systèmes deproduction industriels. Cette
méthode consiste à définir un nombre précis de gestes que doit effectuer l'ouvrier ou
l'ouvrière, dans une production dite « à la chaine ».Ainsi le produit passe d'ouvrier en
ouvrier, chacun devant effectuer une action simple jusqu'à ce que le produit soit fini.
La Politique
IV° siècle av. J.-C.
—Aristote
Si le travail peut être perçu comme une contrainte,
certains philosophes ont montré que ceux qui ne
travaillent pas dépendent du travail des autres. C'est la
dialectique du maître et de l'esclave, développée par
Hegel dans Phénoménologie de l'esprit. Il montre que le
travail, au départ « subi » par un être dépendant, forme
et éduque le travailleur. Celui-ci acquiert des savoirs et
des savoir-faire qui constituent une formation
essentielle. Le maître, au contraire, sombre dans
l'oisiveté, l'ennui et la guerre destructrice. Ainsi, le
travail, devenu rapidement une dépendance, est aussi,
par le progrès technique, la conquête d'une liberté, celle
de la connaissance. Sans devenir « l'esclave de son
esclave », le maître devient dépendant dans la mesure où
il ne travaille pas car il a besoin du savoir technique de
son esclave.
B) Le travail pour former l'homme d'un point
de vue moral
Emmanuel Kant considere que le travail est un devoir envers soi-même, un
devoir qui forme l'homme moralement parlant
Plus la matière résiste à l'être humain, plus celui-ci déploie des ressources manuelles
et intellectuellespour la dompter. Pour Alain, philosophe connu pour ses Propos, le
travail est une école de vertu : il permet de développer des qualités humaines qui
resteraient sinon endormies.
03
Le travail et ses liens
avec la liberté
A) Le travail comme moyen pour être libre
• Le travail a permis à l'être humain de se libérer de la nature, de se sociabiliser et
d'emmagasiner des connaissances, donc de se dépasser. Le travail peut être le
travail intellectuel, qui permet d'apprendre et de penser par soi-même. Le travail
peut également permettre l'indépendance, notamment financière, et empêcher
l'exploitation. Enfin, le travail peut permettre de créer des objets qui deviennent
des œuvres, ce qui, pour Hannah Arendt, libère l'homme d'une tâche répétitive et
vaine.
2 fait œuvre, qui crée des objets techniques destinés à durer (Homo faber) est
libre. Une œuvre n'est pas un produit de consommation, elle permet de libérer
l'être humain d'une tâche répétitive et vaine. En ce sens, l'art ou l'activité
spirituelle sont, selon Hannah Arendt, des formes qui permettent de le libérer
de sa condition.
Enfin, il existe d'autres formes de travail qui permettent de liberer l’être humain.
Ainsi, la psychanalyse est un travail sur soi, sur ses rêves, sur son inconscient,
pour essayer de se libérer ou de s'approprier ce qui nous échappe et nous
3 entrave parfois. Freud parle également du travail du deuil ,c'est-à-dire du travail à
faire après la perte d'un être aimé notamment. Ici, le travail est perçu comme
libérateur, puisqu'il aide l'être humain à avancer, à accepter, à être soulagé.
➢ C’est un divertissement
Envisageons le cas où le travail n'est pour l'être humain qu'un divertissement (précisons qu'il s'agit du
divertissement au sens du philosophe Pascal). C'est donc non pas un loisir qui nous délasse, mais
une activité qui occupe notre esprit pour fuir les temps de repos .Alors, pourquoi l'être humain fuit-
il les temps morts ?Comme son nom l'indique, un temps mort est marqué par l'absence de vie, le
néant, l'ennui. Pour l'humain, les temps morts sont des présages angoissants de ce qui l'attend à sa
mort: il préfère donc les fuir. Le travail est ainsi son meilleur allié.
EXEMPLE:
Dans le film de Charlie Chaplin Les Temps modernes, le
travail n'est pas libérateur, les ouvriers sont vus comme des
êtres mécaniques répétant à la chaîne, inlassablement,
le même geste toute la journée. Le personnage de Charlot
est même pris dans les rouages de la machine : il devient un
objet, il subit.
Conclusion:
Aimer son travail est donc possible en plusieurs sens:
➢ parce qu'il contribue à nous mettre en relation avec le réel et à s'en emparer
➢ parce qu'il permet de se sentir utile socialement ou de développer des vertus
morales
➢ parce qu'il empêche de s'ennuyer.
Pour toutes ces raisons, beaucoup de personnes sont persuadées que le travail est une
bénédiction : il est aimé comme une valeur essentielle qui contribue à notre
socialisation et à notre moralisation.
Or, accorder une valeur positive au travail ne doit pas nous faire oublier son versant
négatif. Il est parfois aliénant et ne peut ne pas permettre de s'épanouir. En effet,
lorsque l'être humain en arrive à ignorer ce qui peut lui donner satisfaction hors de son
travail, et qu'il se jette dans des formes triviales de loisirs et de consommation, alors le
travail n'est rien d'autre qu'une aliénation.
Thanks!