Le Travail

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Le Travail

Presented by: Tala Okdi – Tia Slim –


Robin Bou Malham – Jean Barakat
Le Sommaire
01 02 03
Definition du Les effets du travail Le travail et ses
travail sur l'homme liens avec la liberté
(A) Le travail est marqué du (A) Le travail: une (A) Le travail comme
sceaude la souffrance formation entre moyen pour être libre
(B) Le travail est un effort contrainte et (B) Le travail comme
(C) L’exploitation du dépendance obstacle à la liberté
travailleur: une (B) Le travail pour former humain
perversion du travail l'homme d'un point de
humain vue moral
(D) Le concept du travail de (C) Le travail pour former
nos jours l'homme à vivre avec les
autres
01
Definition du travail
A. Le travail est marqué du sceau de la souffrance
Le Travail: Etymologiquement, le mot « travail » renvoie à l’idée de
souffrance. En latin, tripalium désigne un appareil servant à maintenir les
animaux en place qui a par la suite été utilisé pour torturer les hommes.

La malediction: À retenir:
● La souffrance liée au travail semble ● Le travail est donc un châtiment divin
s'inscrire dans l'histoire humaine sortant l'être humain du paradis où il
comme une malédiction. Elle est n'avait pas besoin de travailler.
racontée dans le livre III de la Genèse:
parce qu'il a écouté la voix de sa ● Voilà pourquoi dans notre imaginaire
femme, qui elle-même avait écouté collectif, prendre plaisir à travailler
celle du serpent, Adam a mangé le n'est plus vraiment travailler: un
fruit défendu; Dieu le condamna alors véritable travail doit être
à gagner son pain « à la sueur de son intrinsèquement lié à l'effort et donc
visage ». à la souffrance.
B. Le travail est un effort
Le travail est un effort pour modifier son environnement

L'être humain est le seul animal qui doit faire l'effort de travailler pour
survivre. Rien ne lui est donné naturellement, tout ce qu'il obtient est le
fruit de ses efforts. Le travail est donc l'effort conscient de
transformation de l'environnement afin qu'il soit susceptible de répondre
à nos besoins. C'est par ce biais que l'être humain dépasse sa condition
d'animal pour entrer dans la culture. Par exemple, l'agriculture est le
travail de transformation de la terre afin de la fertiliser et d'augmenter la
productivité d'un champ: un terrain cultivé sera plus fertile qu'un terrain
non cultivé. L'espèce humaine a maîtrisé et utilisé la nature à son profit
pour survivre, nous léguant l'environnement que nous connaissons
aujourd'hui.
Le travail permet d'affirmer et d'exploiter l'intelligence humaine

Selon Hegel, c'est parce que l'humain peut inscrire son empreinte dans son
environnement qu'il éprouve de la satisfaction à travailler. En effet, percevoir le gage
de notre inventivité et de notre intelligence dans nos productions est une forme de
jouissance supplantant tous les efforts consentis.
L'effort dans le travail humain est très différent de la manière instinctive dont les
animaux s'activent. Par exemple, une araignée produit une toile parfaite dès que ses
organes le lui permettent; elle n'hésite pas et n'échoue pas; son instinct est
immédiatement adapté à la réalisation de cette tâche. En revanche, une couturière ne
produit de beaux vêtements qu'après une longue période d'entraînement, d'échecs et
d'efforts.

À retenir
Le produit d'un travail naît donc d'une
transformation consciente et progressive,
de plus il nous révèle à nous-même.
La dialectique du maître et de l'esclave selon Hegel

Pour comprendre de quoi il s'agit, voilà une expérience de pensée.


Imaginez une exploitation dans laquelle des esclaves travaillent pour un
maître. Ces esclaves savent tout faire: travailler le champ, faire la cuisine,
coudre les habits, etc. Le maître, lui, ne sait rien faire et exploite les
esclaves pour obtenir ce dont il a besoin :c'est le moment de thèse .Or, un
jour, l'un des esclaves se rebelle et réussit à convaincre les autres esclaves
qu'il faut arrêter de travailler pour le maître car ils n'ont rien en retour !
Dans cette situation les esclaves deviennent maîtres car ils savent travailler
alors que le maître n'est bon qu'à donner des ordres: c'est le moment
d'antithèse. C'est alors que le maître, devenu esclave, plutôt qu'user de la
violence pour récupérer sa position propose un marché...Les terres que les
esclaves cultivent sont les siennes, il est donc logique qu'il puisse bénéficier
de ce qu'elles produisent, mais puisque c'est eux qui travaillent - et qui ont
le savoir-faire - il est juste de leur donner une rétribution : un salaire.
D'esclaves les travailleurs deviennent salariés et du status du maître celui-
ci devient patron : c'est le moment de synthèse
“On ne se pose qu’en
s’opposant.”
—Hegel
C. L’exploitation du travailleur: une
perversion du travail humain
Le travail humain selon Marx

Marx est un économiste allemand du XIX° siècle, héritier de Hegel, et lorsqu'il pense au système
économique, il a en tête cette dialectique. Il insiste sur le fait qu'un travail humain repose sur la conscience
du travailleur à l'égard de son projet d'action et de ses actes. Il dénonce le capitalisme car il pervertirait le
rapport de l'être humain au réel et déshumaniserait le travail. Dans Le Capital, Marx critique la manière dont
le capitalisme exploite les travailleurs et leur vole la conscience qu'ils ont de transformer le réel, de plus, il
ne serait qu'une évolution de l'exploitation des serfs (personne attachée à une terre et dépendant d'un seigneur) au
Moyen Age. Selon Marx, le systeme économique et politique a toujours fonctionné sous forme de classes,
c'est-à-dire qu'une classe dominante exploite une classe dominée.
Selon Marx la lutte des classes est le moteur de l'Histoire et son abolition est le but de l'Etat. C'est delà que
découle la théorie communiste marxiste visant, par un processus de dialectique, l'abandon du capitalisme.
Cet abandon est considéré comme une révolution devant mener à une dictature duprolétariat (classe
constituée d'ouvriers exploités, dominée par la bourgeoisie) et qui constituerait le moment d'antithèse.
Ensuite un systeme communiste doit être instauré qui serait, selon Marx, le moment de synthèse.
Frederick Winslow Taylor et le travail
à la chaîne
L'arrivée de nouvelles méthodes de production peut
rendre le travail moins fatiguant et plus facile, mais
cela va anéantir la possibilité pour le travailleur de se
reconnaître dans son œuvre. Les systemes industriels
sont normalisés, chaque mouvement est spécifié et
contrôlé par le maître d'œuvre. Le système tayloriste
était poussé tellement loin qu’on comptait les pas des
ouvriers pour réduire les déplacements au strict
minimum : les humains devenaient alors des machines
Ingénieur américain, F. W. Taylor est à l'origine d'une méthode scientifique d'organisation
du travail pouraméliorer la performance des systèmes deproduction industriels. Cette
méthode consiste à définir un nombre précis de gestes que doit effectuer l'ouvrier ou
l'ouvrière, dans une production dite « à la chaine ».Ainsi le produit passe d'ouvrier en
ouvrier, chacun devant effectuer une action simple jusqu'à ce que le produit soit fini.

Division du travail: La division du travail consiste à différencier toutes les étapes


de la production d'un objet, et à spécialiser chaque travailleur sur une seule étape.
Cette décomposition du travail permet de gagner en productivité. En se spécialisant,
le travailleur devient plus habile et donc plus rapide dans sa production. L'exemple le
plus courant de division du travail dansl'industrie est le système tayloriste.
Le travail à la chaîne est plus efficace, mais
le rapport de l'être humain à sa pratique
change de nature. La division du travail
dépossède et sépare donc le travailleur
ou la travailleuse du fruit de À retenir: Le travailleur, ou la travailleuse,
saproduction. Ce qu'un couturier ou est dépossédé de la conscience et du sens
une couturière produit à la chaîne ne lui de son travail: il est aliéné. En latin, alien
permet plus de se reconnaître en tant désigne « l'autre », « l'étranger ». C'est une
que tel force étrangère à l'être humain qui prend
La personne est réduite à une main possession de son corps et de sa
performante, habile et rapide : elle n'a conscience.- Cette force aliénatrice, c'est le
plus la conscience du résultat final de travail.
son travail, il ne lui appartient pas car
elle n'est que le maillon d'unechaîne. En mécanisant au maximum les moyens
deproduction, l'industrie permet de très importants
gains d'argent. Or, elle fait perdre au travailleur la
possibilité d'éprouver une satisfaction à produire
quelque chose d'extérieur à lui dans lequel il
sereconnaît.
D. Le concept du travail de nos jours
La notion de travail est aujourd'hui intrinsèquement liée à l'idée de
production et de rémunération. Le travail, cest produire un effort
et percevoir une rémunération en échange. Le travail permet ainsi
d'être indépendant, puisque sans argent, il est actuellement très
difficile de survivre. L'être humain a besoin d'argent pour payer un
loyer, pour payer sa nourriture et ses vêtements, pour se divertir,
etc.Toutefois, le travail au sens de livrer un effort pour créer
quelque chose, pour accomplir une tâche ou pour se perfectionner,
existe dans d'autres domaines
Les Domaines:
dans le domaine ménager:
01 le ménage, la cuisine et l'éducation des enfants sont
aujourd'hui reconnus comme un travail fatigant

02 dans le domaine des études:


l'apprentissage des cours, les recherches documentaires, la
résolution de problèmes ou l'écriture de dissertations et
d'articles sont considérés comme le fruit d'un travail
intellectuel

03 dans le domaine du sport :


se perfectionner dans un sport avec des entraînements est
considéré comme un travail physique

04 dans le domaine de la création :


dessiner, peindre, sculpter, les activités artistiques sont également
le fruit d'un travail de perfectionnement
02
Les effets du travail
sur l'homme
A) Le travail: une formation entre
contrainte et dépendance
Les conditions dans lesquelles s'effectue le travail ont évolué avec l'histoire.
Les êtres humains devaient tous travailler pour participer aux différentes
tâches de survie; puis, lorsque les hommes sont devenus sédentaires, les
êtres humains se sont organisés en société hiérarchisées. Certains étaient
contraints de travailler tandis que d'autres ne travaillaient pas et
dépendaient du travail des plus démunis. L'homme a d'abord vécu dans de
petites collectivités où tout le monde était « égal » devant l'impératif de
survie et les tâches nécessaires pour satisfaire cet impératif comme la
chasse, la pêche ou la cueillette. Tout le monde travaillait. Avec les difficultés
climatiques, l'errance et le nomadisme qui les ont suivis, la nécessité et
surtout la rivalité entre clans ont conduit à des guerres de territoires,
devenues de plus en plus meurtrières avec l'invention de la métallurgie et
des armes. Ces guerres ont mené à l'esclavage, les premiers esclaves étant
des prisonniers de guerre contraints de travailler pour les vainqueurs. Le
travail est alors devenu une contrainte et l'inégalité devant le travail
s'est mise en place. Même en temps de paix, cette situation s'est généralisée
: les plus démunis travaillent le plus durement dans des conditions difficiles.
La notion du travail comme contrainte est apparue.
« L'esclave est un instrument vivant, venant
avant les autres [...]. Si les navettes
tissaient toutes seules, le maître des
travaux n'aurait pas besoin de serviteurs,
ni les chefs de familles, d'esclaves.»

La Politique
IV° siècle av. J.-C.

—Aristote
Si le travail peut être perçu comme une contrainte,
certains philosophes ont montré que ceux qui ne
travaillent pas dépendent du travail des autres. C'est la
dialectique du maître et de l'esclave, développée par
Hegel dans Phénoménologie de l'esprit. Il montre que le
travail, au départ « subi » par un être dépendant, forme
et éduque le travailleur. Celui-ci acquiert des savoirs et
des savoir-faire qui constituent une formation
essentielle. Le maître, au contraire, sombre dans
l'oisiveté, l'ennui et la guerre destructrice. Ainsi, le
travail, devenu rapidement une dépendance, est aussi,
par le progrès technique, la conquête d'une liberté, celle
de la connaissance. Sans devenir « l'esclave de son
esclave », le maître devient dépendant dans la mesure où
il ne travaille pas car il a besoin du savoir technique de
son esclave.
B) Le travail pour former l'homme d'un point
de vue moral
Emmanuel Kant considere que le travail est un devoir envers soi-même, un
devoir qui forme l'homme moralement parlant

Pour « Emmanuel Kant », le travail satisfait la conscience


morale et la fierté humaine. Ainsi, l'animal satisfait
ses besoins par l'instinct, l'homme satisfait les siens
par le travail. Il lui faut néanmoins pour cela un effort
qui le sorte de la paresse. Le travail est donc un
devoir, et son habitude, une vertu. L'homme qui
travaille serait alors un homme meilleur, plus moral,
un homme dont la formation est plus accomplie car il
se dépasse. De plus, comme le souligne « Freud », le
travail peut être considéré comme un bien en lui-
même.
« Être normal, c'est aimer
et travailler. »
—Sigmund Freud
INTERPRÉTATION:
Freud ne parle pas seulement du travail social, mais de
tout effort pour mûrir et changer ainsi notre propre «
nature». Il évoque le travail du deuil, effort mental pour
surmonter la perte d'un être cher. Le terme « travail » est
alors pris comme une métaphore et « l'élaboration » par
laquelle on passe de l'affect brut et impensé à la pensée
structurée et libératrice.
Sublimer nos pulsions
Freud voit dans le travail une valeur sûre de notre
civilisation. En effet, selon lui l'être humain est
avant tout soumis à de puissants instincts le
tournant vers sa propre satisfaction, en
ignorant autrui et la collectivité (par exemple,
notre libido brasse une énergie naturellement
asociale et perverse).la civilisation s'est
pourtant construite grâce à des activités
comme l'art, le sport et le travail: Freud Sublimation :
considère qu'en vérité ces activités subliment
La sublimation est un phénomènepsychique par
nosinstincts egoiste
lequel l'énergie de nos pulsions est détournée de son
but initial, qu'est la satisfaction égoïste, pour étre
dirigée vers des buts socialement valorisés, bien
considérés et utiles pour la société.

C'est pourquoi le travail est une


grande valeur, à l'origine de nos
sociétés, assurant leur survie
sociale et morale.
C) Le travail pour former
l'homme à vivre avec les autres
❑ Le travail forme l'homme à la sociabilisation et lui apprend donc
à vivre en société. Le travail est en effet lié à la diversité des
techniques et à la nécessaire coopération sociale. À la chasse, un
homme rabat le gibier et l’autre prépare le piège. Le travail est
divisé entre les hommes.

❑ Les philosophes ont comparé cette division à


celle d'un organisme, où toutes les parties (les
organes avec leurs fonctions respectives)
concourent à un même résultat. Pour que le
travail aboutisse, il faut pouvoir coopérer. C'est
pour cette raison que de nombreux
philosophes voient dans la division du travail
un facteur de cohésion sociale. On peut citer
Platon et Aristote, mais également Adam Smith
ou Emmanuel Kant. Tous soulignent que la
division du travail favorise échange
• Le travail favorise également la communication, donc le rapport
avec les autres. Il fait vraiment de l'homme un être social. Pour --- ---
----- --
Hegel, travail et langage sont d'ailleurs liés, il les considère comme
les deux premieres « extériorisations » (c'est-à-dire «
manifestations ») de la conscience dans sa relation de «
reconnaissance » par les autres consciences. C'est en travaillant
avec les autres que le langage, le rapport humain et la
communication se sont développés. --- ---
• Le philosophe français Tran Duc Thao voit l'origine du langage ----- --
dans la communication des premiers hominidés (ancêtres de
l'homme). Les chasseurs se faisaient des gestes qui sont devenus
des mots lorsqu'ils tentaient de rabattre le gibier les uns vers les
autres. Le langage devient un instrument de la socialisation,
comme support du travail lui-même. Il permet à l'homme de
maîtriser son environnement et de se former lui-même. Quelle
que soit sa pénibilité, il développe la communication. Ceux qui ne
travaillent pas peuvent donc se sentir exclus et frustrés de la
compagnie de leurs semblables.
S'intégrer
socialement
Il ne faut pas oublier que le travail gratifie
l'être humain d'un statut social. A différents
niveaux, travailler consiste à prendre en
charge les besoins de la société. Jouer un rôle
dans cette dernière procure ainsi un sentiment
d'utilité et de dignité. Pour beaucoup, être
utile aux autres est essentiel pour un
épanouissement personnel.
Ajoutons que de nombreuses personnes
vivent le chômage comme une dévalorisation,
une dégradation de leur dignité. La
stigmatisation que subissent les chômeurs
prouve que le travail n'est pas seulement un
moyen de gagner de l'argent mais qu'il est
aussi le premier vecteur de reconnaissance
sociale.
Déployer nos vertus individuelles
Le travail éduque : il nous impose de mobiliser notre
attention et notre énergie dans un effort. Il instruit par
la résistance des matériaux qu'il façonne

Dans Terre des hommes, « Saint-Exupéry » affirme :


« La terre nous en apprend plus long sur nous-mêmes que tous les livres. Parce qu'elle
nousrésiste. »

Plus la matière résiste à l'être humain, plus celui-ci déploie des ressources manuelles
et intellectuellespour la dompter. Pour Alain, philosophe connu pour ses Propos, le
travail est une école de vertu : il permet de développer des qualités humaines qui
resteraient sinon endormies.
03
Le travail et ses liens
avec la liberté
A) Le travail comme moyen pour être libre
• Le travail a permis à l'être humain de se libérer de la nature, de se sociabiliser et
d'emmagasiner des connaissances, donc de se dépasser. Le travail peut être le
travail intellectuel, qui permet d'apprendre et de penser par soi-même. Le travail
peut également permettre l'indépendance, notamment financière, et empêcher
l'exploitation. Enfin, le travail peut permettre de créer des objets qui deviennent
des œuvres, ce qui, pour Hannah Arendt, libère l'homme d'une tâche répétitive et
vaine.

• « Le règne de la liberté commence seulement à partir du moment où cesse le


travail dicté par la nécessité et les fins extérieures. » - Karl Marx
Le Capital. Critique de l'économie politique 1867

INTERPRÉTATION: Pour Karl Marx, il s'agit de repenser en profondeur la totalité de « la


sphère de la production matérielle ».D'une façon générale, chez Marx, le
problème est que le travailleur est dépossédé de son travail, exproprié du résultat
de son travail, qui lui procure alors un sentiment d'étrangeté. Les fins de son
travail ne lui appartiennent pas.
Le travail a permis à l'homme de se libérer de la nature, de se sociabiliser et
d'emmagasiner des connaissances, donc de se dépasser. D'ailleurs, même
1 si les philosophes antiques assurent que le travail n'est pas pour les
hommes libres, eux-mêmes « travaillent » puisqu'ils réfléchissent au monde
et à la condition de l'homme et condamnent sévèrement l'oisiveté. Le travail
dit intellectuel semble ainsi être une marque de la liberté humaine

Hannah Arendt, dans Condition de l'homme moderne, distingue deux types de


travail: le labor (anglais) qui signifie dépenser son énergie pour une activité
dédiée au quotidien, du travail de celui qui fait une cuvre. Pour elle, celui qui

2 fait œuvre, qui crée des objets techniques destinés à durer (Homo faber) est
libre. Une œuvre n'est pas un produit de consommation, elle permet de libérer
l'être humain d'une tâche répétitive et vaine. En ce sens, l'art ou l'activité
spirituelle sont, selon Hannah Arendt, des formes qui permettent de le libérer
de sa condition.

Enfin, il existe d'autres formes de travail qui permettent de liberer l’être humain.
Ainsi, la psychanalyse est un travail sur soi, sur ses rêves, sur son inconscient,
pour essayer de se libérer ou de s'approprier ce qui nous échappe et nous
3 entrave parfois. Freud parle également du travail du deuil ,c'est-à-dire du travail à
faire après la perte d'un être aimé notamment. Ici, le travail est perçu comme
libérateur, puisqu'il aide l'être humain à avancer, à accepter, à être soulagé.
➢ C’est un divertissement
Envisageons le cas où le travail n'est pour l'être humain qu'un divertissement (précisons qu'il s'agit du
divertissement au sens du philosophe Pascal). C'est donc non pas un loisir qui nous délasse, mais
une activité qui occupe notre esprit pour fuir les temps de repos .Alors, pourquoi l'être humain fuit-
il les temps morts ?Comme son nom l'indique, un temps mort est marqué par l'absence de vie, le
néant, l'ennui. Pour l'humain, les temps morts sont des présages angoissants de ce qui l'attend à sa
mort: il préfère donc les fuir. Le travail est ainsi son meilleur allié.

➢ Les loisirs et le loisir


Le loisir: en Grèce antique on considérait que le travail devait À retenir:
être réservé aux esclaves et que les aristocrates
s'éduquaient aux loisirs. Le loisir dont les grecs parlent est Les loisirs de l'humain moderne ne
l'otium. Ce mot désigne les activités capables d'humaniser, sont plus destinés à leur éducation
d'élever la conscience et l'intelligence de l'être humain. En mais sont de simples divertissements:
ce sens la pensée scientifique, politique et la philosophie au pire, ils permettent d'échapper à
sont les loisirs par excellence puisqu'ils instruisent l'humain, l'ennui – comme le permet le travail -,
le libérant de diverses croyances et ignorances. Un au mieux ils nous délassent et nous
véritable loisir était donc tout le contraire de délassement détendent.
et d’oisiveté puisqu'il suppose un effort intellectuel et de
l'application.
Le travail est la
meilleure des polices
Nietzsche dresse ce constat dans son
ouvrage Aurore en 1881. Selon le
philosophe, le travail occupe le temps des
individus et leur prend leur énergie: il est
ainsi le meilleur moyen de contrôler les
débordements de violence. C'est une sorte
de« police », garante de la sécurité du corps
social. En effet, le fonctionnement d'une
entreprise est hiérarchique, chacun y
apprend à suivre les ordres, ou a en donner.
B) Le travail comme obstacle à
laliberté humaine
❑ Étymologiquement, « travail » signifie
d'ailleurs « contrainte » ou même « moyen
de torture » .La Bible fait même du travail
la conséquence du péché. En effet, Dieu
punit Adam et Eve en associant le travail à
la douleur et l'effort : « tu travailleras à
la sueur de ton front ». Le travail serait
alors une punition. Par ailleurs, l'idée que
le travail rend libre a été exploitée au XX° EXEMPLE:
siècle par des idéologies comme le Le slogan « le travail rend libre »
nazisme ou le stalinisme, alors que c'est (Arbeit macht frei) figurait au
l'asservissement voire la destruction des fronton du camp de concentration
hommes qui a effectivement été mis en nazi de Dachau alors que les
place. hommes y étaient exploités et tués.
❑ De plus, même si le travail forme la conscience du travailleur grâce à
l'acquisition du savoir technique, de nombreux travailleurs semblent plutôt
aliénés que libres. Ainsi, le travail ouvrier, industriel ou même
bureaucratique peut « aliéner », c'est-à-dire rendre étranger à soi-même. Le
philosophe hongrois Georg Lukacs assure que le travail peut aussi « réifier »,
c'est-à-dire donner l'apparence d'une chose.

EXEMPLE:
Dans le film de Charlie Chaplin Les Temps modernes, le
travail n'est pas libérateur, les ouvriers sont vus comme des
êtres mécaniques répétant à la chaîne, inlassablement,
le même geste toute la journée. Le personnage de Charlot
est même pris dans les rouages de la machine : il devient un
objet, il subit.
Conclusion:
Aimer son travail est donc possible en plusieurs sens:
➢ parce qu'il contribue à nous mettre en relation avec le réel et à s'en emparer
➢ parce qu'il permet de se sentir utile socialement ou de développer des vertus
morales
➢ parce qu'il empêche de s'ennuyer.

Pour toutes ces raisons, beaucoup de personnes sont persuadées que le travail est une
bénédiction : il est aimé comme une valeur essentielle qui contribue à notre
socialisation et à notre moralisation.
Or, accorder une valeur positive au travail ne doit pas nous faire oublier son versant
négatif. Il est parfois aliénant et ne peut ne pas permettre de s'épanouir. En effet,
lorsque l'être humain en arrive à ignorer ce qui peut lui donner satisfaction hors de son
travail, et qu'il se jette dans des formes triviales de loisirs et de consommation, alors le
travail n'est rien d'autre qu'une aliénation.
Thanks!

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