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GRAND SEMINAIRE SAINT-GALL DE OUIDAH

BP : 15 Ouidah. République du Bénin TEL : (229) 94 26 06 67 / 95 10 93 52


E-mail : [email protected]

EXAMEN DE THÉOLOGIE DE LA VIE CONSACRÉE

Étudiant

Sêmêvo Franklin Sylvestre


MENONGNOIN

Professeur
Père Valentin M. ALLOGNON, m.i.

Décembre 2023
PLAN

INTRODUCTION ...................................................................................................................... 2

1. Contexte de rédaction ......................................................................................................... 2

2. Résumé ................................................................................................................................ 3

3. Réception et postérité de Mutuae relationes ....................................................................... 6

4. Au cœur du rapport évêque – religieux............................................................................... 7

CONCLUSION .......................................................................................................................... 8

BIBLIOGRAPHIE ..................................................................................................................... 9

1
INTRODUCTION

La structure du Peuple de Dieu, avant le concile Vatican II, était calquée sur une percep-
tion hiérarchique des pouvoirs dans l’Église. Avec l’avènement du concile Vatican II, une nou-
veauté s’introduira dans la conception de cette structure ; structure désormais fondée par l’éga-
lité fondamentale en dignité et mission et non plus sur la base de la différence hiérarchique.
Cette égalité qui accorde à tous les fidèles le même droit de participation à l’apostolat et à la
vie de l’Église s’obtient par le baptême. Toutefois, une diversité demeure entre les membres de
ce peuple en raison de la fonction assignée à chaque fidèle. Deux éléments rendre tangible cette
diversification : le sacrement de l’ordre qui instaure une bipartition hiérarchique – clercs et laïcs
– et non structurelle au sein du peuple de Dieu et le caractère charismatique de la mission de
l’Église qui s’observe à travers la vie consacrée. Cette diversité de fonction donne donc nais-
sance à trois catégories de fidèles : les laïcs, les clercs et les consacrés. Le présent travail s’ar-
ticulera autour des deux dernières catégories de fidèles. Il consistera en une présentation de
l’instruction Mutuae relationes qui traite des rapports devant exister entre les évêques et les
religieux au sein de l’Église. Après la précision des circonstances d’élaboration de ce document
et une présentation de son contenu, nous essayerons de l’analyser en faisant ressortie son impact
dans l’Église et sa mise en pratique.

1. Contexte de rédaction

En octobre 1975, les deux Sacrées Congrégations pour les Évêques et pour les Religieux
et Instituts séculiers s’étaient réunies pour une Assemblée Plénière mixte, en collaboration avec
les Conférences nationales des Évêques et des Religieux et les Unions internationales des Su-
périeures et Supérieures généraux. Au cours des réflexions de cette assemblée, qui marquait le
dixième anniversaire de la promulgation des décrets Christus Dominus et Perfectae caritatis1,
il était né l’idée de l’élaboration d’un document qui donnerait les orientations pastorales des
rapports entre les évêques et les religieux ainsi que les moyens devant permettre leur mise en
œuvre. Mutuae relationes se révèle justement comme le fruit de la mise en œuvre de cette dé-
cision. Il sera publié en 1978, précisément le 14 mai en la solennité de la Pentecôte, donc trois
(03) après la tenue de l’Assemblée Plénière mixte. Cette instruction, qui donne les directives
de base sur les rapports entre les évêques et les religieux dans l’Église, constitue la parfaite

1
Ces deux décrets ont été promulgués précisément le 28 octobre 1965. Et l’Assemblée Plénière mixte s’est tenue
du 16 au 18 octobre 1975.
2
réponse à un authentique renouveau de la vie consacrée dans l’Église tel que recommandaient
le sixième chapitre de la constitution dogmatique Lumen gentium et les décrets sus-évoqués.

2. Résumé

Mutuae relationes traite essentiellement des questions examinées lors de l’Assemblée


Plénière qui lui donna naissance : les attentes des évêques vis-à-vis des religieux, celle des re-
ligieux vis-à-vis des évêques et les moyens à mettre en œuvre pour la concrétisation et la fé-
condité de leurs rapports. Il se construit autour de sept (07) chapitres répartis en deux grandes
parties où sont exposés successivement les fondements doctrinaux des rapports et les normes
devant régir leur mise en œuvre. Tout ceci dans le but de « tracer une ligne directive pour une
meilleure et toujours plus efficace application des principes de renouveau indiqués par le second
Concile du Vatican »2.
La première partie du document qui n’est rien d’autre qu’un rappel de quelques éléments
doctrinaux en rapport avec les relations entre évêques et religieux s’articule autour des quatre
(04) premiers chapitres.
Dans le premier chapitre, il nous est exposé la nature de l’Église. Peuple nouveau ayant
le Christ pour Chef et Pasteur, l’Église se présente comme une institution humano-divine. Tou-
tefois, elle demeure, comme le dit si bien le concile Vatican II, un mystère qui transcende l’ordre
humain parce que conduite sous la mouvance de l’Esprit Saint. C’est pour cette raison que ses
membres sont appelés à vivre unis au Christ et dans une parfaite communion mutuelle. L’Église
est également un sacrement universel de salut. Chaque membre a donc pour mission de rendre
visible, selon son mode propre d’action, cette nature sacramentelle de l’Église par la commune
vocation à la sainteté et par l’apostolat ; une telle mission n’étant plausible que dans une parfaite
communion ecclésiale. C’est dans cette communion ecclésiale que doit également s’enraciner
le ministère des évêques, tel que le stipule le deuxième chapitre.
C’est à travers l’épiscopat, fondement de tous les autres ministères, que les évêques en
tant que successeurs des apôtres assument la fonction du Christ Chef et Pasteur, exerçant ainsi
de fait et de façon indivisible et conjointe les tria munera : munus regendi, munus docendi et
munus sanctificandi. Ainsi donc, nul ne peut exercer ces fonctions si ce n’est en participation
et en communion avec eux. Lumen gentium précise d’ailleurs que personne d’autre n’est en

2
CONGRÉGATION POUR LES RELIGIEUX ET LES INSTITUS SÉCULIERS – CONGRÉGATION POUR
LES ÉVÊQUES, Directives de base sur les rapports entre les évêques et les religieux dans l’Église Mutuae rela-
tiones (14 mai 1978), III.
3
mesure d’exercer une fonction organique de fécondité, d’unité et de pouvoir spirituel3. Cepen-
dant, les évêques sont invités à exercer ces fonctions sans toutefois chercher à prendre la place
du Christ de qui l’Église tient sa communion organique tant spirituel qu’hiérarchique. Ce statut
de l’épiscope l’identifie comme principal dispensateur des mystères divins et garant des cha-
rismes religieux dans l’Église diocésaine.
Le troisième chapitre qui se propose de présenter la vie religieuse dans la communion
ecclésiale, nous rappelle la nature des instituts religieux. On y précise que la vie religieuse n’est
pas un état intermédiaire entre la cléricature et le laïcat mais plutôt une forme particulière de
participation à la nature sacramentelle de l’Église. Une telle participation diffère d’un institut à
un autre en fonction des charismes ; lesquels doivent être reconnus et authentifiés par la hiérar-
chie ecclésiale4. Ce troisième chapitre s’achève sur la possibilité offerte aux autorités reli-
gieuses – supérieures majeures, supérieurs provinciales, etc. – d’exercer, eux-aussi, la triple
fonction du ministère pastoral sans confusion aucune avec l’exercice de ce ministère propre aux
évêques. Et comme le présente si bien le chapitre quatrième, c’est en exerçant ce ministère que
les uns et les autres parviendront à la pleine réalisation de l’unique mission de l’Église : porter
l’Évangile du salut à tous les peuples.
Dans cette perspective, tous les membres de l’Église – pasteurs, religieux comme laïcs
– doivent développer un engagement apostolique. Ils chercheront à vivre une étroite intimité
avec Dieu, source de toute mission, par des exercices spirituels tels que la contemplation, la
méditation, l’oraison mentale, etc. Dans le déploiement de leur engagement apostolique, les
évêques et les religieux sont appelés à synchroniser leur activité pastorale en vue d’inventer «
de nouvelles expériences ecclésiales ingénieuses et courageuses, sous l’impulsion de l’Esprit-
Saint »5. Aussi les religieux se doivent-ils de vivre, entre eux et à l’aide des Conseils de Supé-
rieurs Majeurs et Généraux, une collaboration mutuelle qui puisse promouvoir « la vie reli-
gieuse insérée dans l’ensemble de la mission ecclésiale »6 même si leur famille religieuse jouit
d’une exemption pontificale.
Ainsi se résument les fondements conciliaire et bibliques des rapports entre les évêques
et les religieux tels que l’expose Mutuae relationes ; fondements qui permettent de définir les
normes directives de ce rapport. Ces normes sont exposées sur les différents axes de la forma-
tion, de l’action et de l’organisation.

3
Cf. CONCILE VATICAN II, Constitution dogmatique Lumen gentium (21 novembre 1964), n° 18-23.
4
Le Pontife Romain et le Collège des évêques.
5
Mutuae relationes, n° 19.
6
Mutuae relationes, n° 21.
4
Parlant de la formation, le document affirme en son cinquième chapitre la nécessité pour
les évêques et les supérieurs d’en faire une véritable priorité. En organisant des formations spi-
rituelles, ils travailleront à donner une place importante à la prière, aussi bien personnelle que
communautaire. Tout en facilitant les adaptations appropriées suivant les conditions culturelles,
sociales et économiques des lieux d’apostolat, ils veilleront à ce que les religieux demeurent
fidèles à leur vocation. Garants de cette fidélité, les évêques sont appelés à favoriser les rapports
avec les supérieurs religieux et entre les religieux. Ce chapitre montre également l’absurdité de
toute tendance qui aurait à cœur de séparer la vie religieuse des structures ecclésiales. De fait,
les évêques et les supérieurs religieux veilleront à ce que les religieux participent activement à
la vie de l’Église particulière et que réciproquement, le clergé diocésain s’intéresse à la vie
religieuse et comprenne l’urgente nécessité missionnaire. C’est dans cette réciprocité que pour-
ront alors se manifester leurs engagements et leurs responsabilités respectifs dans le champ de
l’action.
Le chapitre sixième expose sous deux (02) angles les normes devant régir les rapports
entre évêques et religieux : les exigences liées à la mission pastorale et celles de la vie religieuse.
Au premier niveau, les religieux prêtres, en raison de l’unique sacerdoce du Christ, sont plébis-
cités pour pousser à une parfaite unité et à une franche coordination les religieux, les évêques
et le clergé local dans le champ de l’action. Dans une telle fraternité et une telle collaboration,
les supérieurs religieux sont appelés à aider les évêques dans l’apostolat en mettant à leur dis-
position des religieux pour les besoins de la mission. La promotion des vocations ne sera pas
du reste. Au second niveau, les religieux auront à cœur de se soumettre à l’autorité des Ordi-
naires des lieux en ce qui concerne « l’exercice public du culte divin… le soin des âmes, la
saine prédication à faire au peuple, l’éducation religieuse et morale, l’enseignement catéché-
tique et la formation liturgique des fidèles, surtout des enfants, la bonne tenue du clergé »7.
Aussi veillerait-on à ce que « les relations entre les évêques et les supérieurs… se réalisent dans
le respect bienveillant des personnes et des Instituts »8. La parfaite communication entre les
instituts travaillant dans le diocèse doit également faire l’objet d’une attention particulière, de
même que la promotion des religieuses dans l’activité pastorale des communautés ecclésiales.
Le dernier chapitre du document traite de l’importance d’une coordination opportune.
Une telle importance est exprimée aux trois niveaux de l’échelle hiérarchique de compétence.
Primo, au plan diocésain, l’évêque s’attellera à entretenir des rapports sincères et familiers avec
les supérieurs pour mieux remplir son ministère de pasteur envers les religieux et les religieuses.

7
Mutuae relationes, n° 44.
8
Mutuae relationes, n° 45.
5
Dans l’accomplissement de ce ministère, il pourrait créer un vicariat épiscopal pour l’accom-
pagnement des religieux et religieuses, intégrer les religieux prêtres au conseil presbytéral et
amener le clergé diocésain à reconnaitre l’apport des religieux à l’activité missionnaire de
l’Église locale. Secundo, au niveau des regroupements d’églises, les Conseils ou Conférences
de Supérieurs Majeurs sont appelés à orienter le déploiement de toux ceux qui sont engagés
dans l’apostolat vers la coordination pastorale des évêques. En ce sens, ils collaboreront « dili-
gemment et avec confiance avec les Conférences Épiscopales »9 qui ont à charge la coordination
de toute l’activité apostolique dans leur diocèse. Tertio, le document rappelle que le Souverain
Pontife « exerce son ministère propre pour toute l’Église » par le biais des Dicastères de la
Curie Romaine10. Ici aussi, la collaboration ne se trouve pas lésée et la représentativité des
religieux dans ces institutions en est la preuve.

3. Réception et postérité de Mutuae relationes

Mutuae relationes aura été d’une grande importance pour le magistère de l’Église. Pu-
blié alors que le nouveau Code de droit canonique de 1983 était en rédaction, il sera une source
importante pour la troisième partie du Livre II de ce code ; partie consacrée à la vie consacrée.
Plus d’une vingtaine de canons de ce nouveau code se réfèrent plus ou moins à la partir norma-
tive du document. Au nombre de ces canons, nous pouvons citer par exemple les canons 574,
586, 590 et 592 qui ont rapport aux normes communes à tous les instituts de vie consacrée ; les
canons 678 à 680 sur l’apostolat des instituts religieux. Aussi les canons 708 et 706 ont-ils une
étroite relation avec les numéros 61 à 66 de Mutuae relationes, en ce qui concerne l’institution
des Conseils ou Conférences de Supérieurs Majeurs. Mais l’influence de cette instruction ne se
limite pas simplement à la publication du CIC/1983.
Son impact s’étendra également aux instructions postérieures du dicastère pour les reli-
gieux. Sans nullement chercher à faire une liste exhaustive de ces instructions, nous pouvons
en citer quelques-unes : l’instruction Potissimum institutioni sur la formation dans les instituts
religieux11 ; l’instruction Congregavit nos in unum Christi amor sur la vie fraternelle en com-
munauté qui pose la communauté religieuse comme « lieu et sujet de la mission dans l’Église
particulière »12 ; l’instruction Facien tuam, Domine, requieram sur le service de l’autorité et

9
Mutuae relationes, n° 63.
10
Mutuae relationes, n° 67.
11
CONGRÉGATION POUR LES INSTITUTS DE VIE CONSACRÉE ET LES SOCIÉTÉS DE VIE APOSTO-
LIQUE, Instruction sur la formation dans les instituts religieux Potissimum institutioni, 02 février 1990.
12
IDEM, Instruction sur la vie fraternelle en communauté Congregavit nos in unum Christi amor (02 février 1994),
n° 60.
6
l’obéissance13. Il ne faut pas non plus occulter le nouveau directoire pour le ministère pastoral
des évêques Apostolorum successores de 200414 qui se situe dans la même logique que Mutae
relationes lorsqu’il aborde le ministère de l’évêque dans son diocèse vis-à-vis de la vie consa-
crée. Outre le dicastère pour les religieux, le magistère ordinaire pontifical s’est fréquemment
référé à Mutuae relationes.
Le pape Jean-Paul est le pontife qui fit le plus recours à l’instruction sur les rapports
entre les évêques et les instituts religieux dans l’Église. Il affirma lui-même d’ailleurs lors d’une
allocution aux supérieurs généraux des ordres masculins quelques mois après sa publication
que Mutae relationes est « un document très important auquel il faudra porter une attention
particulière ces prochaines années, en s’efforçant d’avoir une attitude intérieure de grande dis-
ponibilité, laquelle, du reste, s’harmonise avec l’humble et prompte docilité qui doit caractériser
le religieux authentique »15. Aussi deux de ces exhortations apostoliques post-synodales ont-ils
comme soubassement cette instruction. Il s’agit bien évidemment de Vita consecrata16 et de
Pastores gregis17.
Tous ces documents évoquant Mutuae relationes nous font conclure que son impact sur
l’enseignement du magistère postérieure de l’Église reste considérable. Qu’en est-il alors de la
mise en pratique des différentes directives énoncées par cette instruction.

4. Au cœur du rapport évêque – religieux

Feuille de route pour les évêques et les religieux, Mutuae relationes instaure une ecclé-
siologie de communion entre les clercs et les consacrés. Cette communion n’est pas que nor-
mative mais elle s’observe aussi en acte dans les églises locales à travers le monde. À ce titre,
on peut constater la grande implication des religieux dans la pastorale diocésaine à travers les
paroisses qui leur sont confiées, leur participation aux diverses rencontres du clergé local et leur
consultation par l’évêque sur certaines questions déterminantes. On note aussi la création par
endroit et dans certains diocèses d’un vicariat épiscopal chargé des Instituts de vie consacrée et
des Sociétés de vie apostolique. C’est le cas par exemple de l’archidiocèse de Cotonou depuis
octobre 2017. Ces vicariats ont souvent à leur tête un prêtre religieux chargé de faciliter et de

13
CONGRÉGATION POUR LES INSTITUTS DE VIE CONSACRÉE ET LES SOCIÉTÉS DE VIE APOSTO-
LIQUE, Instruction sur le service de l’autorité et l’obéissance Faciam tuam, Domine, requieram, 11 mai 2008.
14
CONGRÉGATION POUR LES ÉVÊQUES, Directoire pour le ministère pastoral des évêques Apostolorum
successores, 22 février 2004.
15
JEAN-PAUL II, Discours aux supérieurs généraux de congrégations et d’ordres religieux (27 novembre 1978),
n° 03.
16
IDEM, Exhortation apostolique post-synodale Vita consecrata, 25 mars 1996.
17
IDEM, Exhortation apostolique post-synodale Pastores gregis, 16 octobre 2003.
7
coordonner les relations entre les consacrés et l’évêque diocésain et de l’accompagnement des
religieux et religieuses. C’est bien évidemment cette communion que prévoyait le pape François
lors de la 82ème assemblée générale de l’Union des Supérieurs Généraux (USG) lorsqu’il ex-
horta les évêques à comprendre que les personnes consacrées ne sont pas de simples matériels
auxiliaires mais qu’ils incarnent des charismes qui enrichissent les diocèses18. Une telle com-
préhension n’est pas toujours évidente chez certains évêques qui continuent de nourrir une vi-
sion fonctionnaliste et assez réductrice de la vie religieuse considérant les religieux comme une
main-d’œuvre gratuite à exploiter. Mais les évêques ne sont pas les seuls à blâmer puisque les
religieux eux aussi sembler délaisser leur mission essentielle pour ne prioriser que leur bien-
être économique en concentrant leur activité uniquement dans les grandes villes au détriment
des milieux ruraux. La méconnaissance mutuelle de la nature et de la mission des uns et des
autres sont les éléments qui attisent la flamme des différends et conflits.
Remarquons aussi que les difficultés rencontrées dans les rapports reflètent sans doute
les insuffisances de Mutuae relationes. Voilà pourquoi le pape François a instruit la Congréga-
tion pour les instituts religieux et les sociétés de vie apostolique pour une actualisation du do-
cument comme l’avait déjà souhaité le synode sur la vie consacrée de 1994.

CONCLUSION

Notre parcours avec Mutuae relationes nous aura permis de cerner le contenu des rap-
ports devant exister entre les évêques et les religieux dans l’Église. Premier document ecclésiale
affirmant la responsabilité des évêques vis-à-vis de la vie religieuse, cette instruction a le mérite
d’exposer aussi bien la grandeur spirituelle de l’institution religieuse que la nature charisma-
tique de la hiérarchie ecclésiale. Il aura permis une plus grande intégration de la vie consacrée
dans la pastorale diocésaine des évêques. Ces mérites lui ont valu beaucoup de fruit à travers
l’enseignement magistériel de l’Église en dépit des nombreuses limites19 qu’on pouvait lui re-
lever. Ces limites sont appelées à être surmontées afin de rendre le contenu de l’instruction plus
actuel et plus adapté aux situations nouvelles nées dans l’Église depuis sa promulgation. Ce
processus de révision ou de réécriture, entamé depuis le 26 janvier 2017 par les deux congré-
gations ayant élaboré le document, poursuit son chemin avec les promesses de nouvelles direc-
tives beaucoup plus précises.

18
Cette assemblée s’est tenue du 27 au 29 novembre 2013 auprès du Salesianum à Rome avec la participation de
120 supérieurs d’ordres religieux.
19
La quasi absence d’évocation des instituts féminins est l’une de ces limites.
8
BIBLIOGRAPHIE

✓ CONCILE VATICAN II, Constitution dogmatique Lumen gentium, 21 novembre 1964 ;


✓ CONGRÉGATION POUR LES ÉVÊQUES, Directoire pour le ministère pastoral des
évêques Apostolorum successores, 22 février 2004 ;
✓ CONGRÉGATION POUR LES INSTITUTS DE VIE CONSACRÉE ET LES SOCIÉ-
TÉS DE VIE APOSTOLIQUE, Instruction sur la formation dans les instituts religieux
Potissimum institutioni, 02 février 1990 ;
✓ _________________________, Instruction sur la vie fraternelle en communauté
Congregavit nos in unum Christi amor, 02 février 1994 ;
✓ _________________________, Instruction sur le service de l’autorité et l’obéissance
Faciam tuam, Domine, requieram, 11 mai 2008 ;
✓ CONGRÉGATION POUR LES RELIGIEUX ET LES INSTITUS SÉCULIERS –
CONGRÉGATION POUR LES ÉVÊQUES, Directives de base sur les rapports entre
les évêques et les religieux dans l’Église Mutuae relationes, 14 mai 1978 ;
✓ JEAN-PAUL II, Discours aux supérieurs généraux de congrégations et d’ordres reli-
gieux, 27 novembre 1978 ;
✓ _____________, Exhortation apostolique post-synodale Pastores gregis, 16 octobre
2003 ;
✓ _____________, Exhortation apostolique post-synodale Vita consecrata, 25 mars
1996 ;
✓ RICHER Etienne, « Mutuae relationes : portée juridique et impact d’une instruction ro-
maine postconciliaire » in Bulletin de Littérature ecclésiastique, 2014, CXV (1), pp. 97-
114, https://hal.science/hal-02483932/document.

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