Contrats-Consommation Ohada

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Le champ d’application de l’avant-projet d’Acte

uniforme OHADA sur le droit des contrats :


contrats en général / contrats commerciaux /
contrats de consommation

Dorothé C. Sossa *

L’objet de notre intervention, a-t-il été précisé, est “d’expliquer la démarche


de l’avant-projet et offrir un commentaire en mesure d’alimenter le débat qui
s’en suivra”. Mais nous viserons plus souvent l’auteur de l’avant-projet d’Acte
uniforme que l’avant-projet dans notre présentation.
La réforme du droit des contrats dans le cadre de l’Organisation pour
l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA) a été engagée alors
que l’héritage juridique reçu dans le domaine des contrats du colonisateur
européen, notamment français pour la plupart des pays concernés, a beau-
coup et, sans doute, bien servi. Mais le monde a beaucoup changé depuis les
indépendances africaines et le bel édifice a besoin de restauration voire, sur
bien des points, de reconstruction. L’avènement, très tôt, au Sénégal, du Code
des obligations civiles et commerciales 1 et l’intervention, beaucoup plus tard,
de la loi malienne fixant le régime général des obligations 2, la législation
guinéenne de 1983, la décision prise en 2001 à Bangui par le Conseil des

* LL.D. (Ottawa, Canada), Agrégé des facultés de droit, Ancien ministre de l’enseignement
supérieur et de la recherche scientifique et ancien Garde des sceaux, Ministre de la Justice, de la
Législation et des Droits de l’homme de la République du Bénin, Doyen de la Faculté de droit et de
sciences politiques de l’Université d’Abomey-Calavi, Cotonou (Bénin) ; avocat.
Rapport présenté au Colloque sur “L’harmonisation du droit OHADA des contrats”
tenu à Ouagadougou (Burkina Faso) du 15 au 17 novembre 2007, ayant notamment pour objet
la discussion de l’avant-projet d’Acte uniforme OHADA sur le droit des contrats (2005) élaboré
par UNIDROIT à la demande de l’OHADA. Ce texte, ainsi que la Note explicative y relative rédigée
par le Professeur Marcel FONTAINE sont accessibles sur le site Internet d’UNIDROIT
(<http://www.unidroit.org>) et sont reproduits en annexe au présent volume.
1 Ce code est composé de quatre parties correspondant respectivement aux quatre lois
suivantes : loi n° 63-62 du 10 juillet 1963 portant règles générales du droit des obligations, loi n° 66-
70 du 13 juillet 1966 relative aux contrats spéciaux, loi n° 76-60 du 12 juin 1976 relative à la garantie
des créanciers et la loi n° 85-40 du 29 juillet 1985 portant codes des sociétés et du groupement
d’intérêt économique (cf. le site Internet du gouvernement de la République du Sénégal).
2 Loi n° 87-31/AN-RM du 29 août 1987.

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Actes du Colloque sur l’harmonisation du droit OHADA des contrats – Ouagadougou 2007

Ministres de l’OHADA de faire élaborer l’Acte uniforme sur les contrats, dont
l’avant-projet est aujourd’hui en discussion, traduisent bien ce besoin. Il en est
d’autant plus ainsi que, contrairement au Sénégal, au Mali et à la Guinée-
Conakry, la plupart des pays concernés n’ont pas revu leur droit des
obligations 3 depuis maintenant plus de quarante sept ans, la plupart des
indépendances africaines datant, on se rappelle, de l’année 1960 pour les
anciennes colonies françaises d’Afrique.
Dans ce contexte et face aux réalités actuelles du monde, l’auteur de
l’avant-projet d’Acte uniforme sur le droit des contrats s’est, dans sa démarche,
appuyé, comme nous le verrons plus loin, sur les Principes d’UNIDROIT relatifs
aux contrats du commerce international, c’est-à-dire sur une “codification de
qualité déjà largement connue sur le plan national” 4 et dont la portée
dépasse le domaine commercial au sens strict. S’agissant des Principes
d’UNIDROIT, en effet, ce dépassement de la vocation commerciale est désormais
réel et visible dans certaines législations récentes comme illustré par le Code
civil de la Fédération de Russie de 1995, les Codes civils estonien et lituanien
entrés en vigueur en 2001 5. La loi relative aux contrats du 11 mars 1999 de la
République Populaire de Chine a été aussi fortement inspirée, quant aux
règles générales, par les Principes d’UNIDROIT 6.
Ce recours ne dispensait pas l’auteur de tenir compte de certaines
spécificités africaines dans la confection de l’avant-projet. A cet égard, il y a
les spécificités annoncées comme telles par lui-même, à savoir la faiblesse
actuelle de la culture juridique dans les pays OHADA ainsi que le fort taux
d’analphabétisme qui y est encore noté.
Mais nous devons également considérer, au titre de ces spécificités, le
système bijuridique de la République du Cameroun où coexistent les régimes

3 Pour ne retenir ici que quelques exemples de la nécessité d’une révision du droit des
obligations contractuelles des pays de l’OHADA, on peut noter que le déclin du principe de
l’autonomie de la volonté, les développements connus depuis les années 1960 par la notion
d’ordre public en matière contractuelle, l’extension de celle de la bonne foi, la découverte de
nouvelles obligations par le juge dans le contrat à la faveur des “intentions tacites” (obligation de
sécurité, obligation de renseignement), procédés de preuve, l’évolution de la clause pénale et
celle des clauses de responsabilité etc., sont encore inconnus dans la plupart des pays concernés.
4 Philippe KAHN, “Les conventions internationales de droit uniforme devant les tribu-
naux arbitraux”, Unif. L. Rev. / Rev. dr. unif. (2000), 126.
5 Isabelle VEILLARD, “Le caractère général et commercial des Principes d’UNIDROIT relatifs
aux contrats du commerce international”, Revue de droit des affaires internationales, N° 4 (2007),
notamment à 482 et 484.
6 Voir la communication au présent Colloque de ZHANG Shaohui, “L’influence des
Principes d’UNIDROIT sur la réforme du droit chinois des obligations”, reproduite dans ce volume.

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Dorothé S. Sossa – Le champ d’application de l’avant-projet …

de la common law et de la civil law. Eu égard aux particularités de chacun de


ces deux grands systèmes de droit, on pouvait craindre ici une difficulté
d’admission du nouveau droit dans l’ordre interne camerounais. On sait que
dans le système de la common law, les situations d’insuffisance de la mise en
œuvre de la règle du stare decisis donnent parfois lieu à l’intervention du légis-
lateur par le moyen du overrule; une telle pratique n’est pas envisageable dans
le système de l’OHADA. En réalité, on assisterait ici, comme cela a été déjà vécu
et démontré, à un effacement des règles de fond de la common law du fait même
de l’application directe des Actes uniformes 7. Dans ces conditions on perçoit,
au passage, que les “common lawyers” (les juristes formés à la common law) de
l’espace OHADA se sentiraient plus en harmonie avec un système juridique
globalisant, non typé comme celui proposé par les Principes d’UNIDROIT et
repris par l’avant-projet d’Acte uniforme de l’OHADA sur le droit des contrats.
L’auteur de l’avant-projet a aussi considéré, comme nous venons de le
relever, l’analphabétisme très répandu dans l’espace OHADA et la faiblesse du
degré de juridicité et d’accès au droit dans les pays considérés. Sur le dernier
point il se manifeste une nécessité de formation et de sensibilisation des
acteurs du droit et des justiciables de l’espace OHADA. Quant au premier,
l’auteur en a tenu compte dans l’élaboration des règles qui se rapportent aux
conditions de formation du contrat et aux modes de preuve. Ainsi l’article 1/3,
paragraphe 1, du projet énonce que : “1) Le présent Acte uniforme n’impose
pas que le contrat, la déclaration ou tout autre acte soit conclu sous une forme
particulière”. Il y a donc ici une consécration du principe du consensualisme
déjà bien établi dans l’espace OHADA où, en règle générale, les contrats se
forment solo consensu. Naturellement, une telle proposition ne devrait pas
conduire à abolir des contrats nécessairement solennels tels que ceux qui
concernent certaines libéralités ainsi que les transactions immobilières.
En ce qui concerne la preuve, le paragraphe second de l’article 1/3 renvoie
aux textes actuellement en vigueur dans ce domaine dans les Etats concernés
dans l’attente des dispositions projetées sur le droit de la preuve, compte tenu
de la décision prise par le Conseil des ministres réuni à Niamey en juillet 2007
de fusionner le projet d’Acte uniforme sur le droit des contrats (actuellement
sous étude) et le projet d’Acte uniforme relatif au droit de la preuve qui avait
été initialement envisagé comme distinct. Lesdites dispositions devraient tenir
compte des positions prises par l’Acte uniforme dont l’avant-projet est sous
étude.

7 Fidèle TEPPI KOLLOKO, “Droit et pratique de la Common Law à l’épreuve du droit


OHADA”, Recueil Penant, n° 856 (2006), 346 et 348.

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Actes du Colloque sur l’harmonisation du droit OHADA des contrats – Ouagadougou 2007

C’est en fonction de ces précautions que l’avant-projet a été conçu.


Puisque nous sommes conviés à discuter de l’opportunité du choix de
construire, à la faveur de la réforme envisagée, un droit commun général des
contrats, il nous semble qu’il faille dans un premier temps examiner,
beaucoup plus avant, l’ambition qui a animé son auteur. Cette ambition n’est
certainement pas étrangère aux critiques qui sont adressées à l’oeuvre.
L’examen de ces deux aspects nous permettra certainement de saisir la
démarche de l’avant-projet tout en dégageant des éléments utiles à la
discussion et aux échanges appelés par nos assises.

I. – UNE DEMARCHE AMBITIEUSE

Cette ambition est décelable dans la volonté d’ouverture sur le monde


manifestée par l’auteur de l’avant-projet. Elle l’est aussi, et surtout, au regard
du domaine d’application de l’Acte uniforme qu’il a proposé au législateur
OHADA.

A. Une volonté d’ouverture sur le monde


L’OHADA, elle-même, est née dans un contexte de “mondialisation” voire de
“planétarisation” du droit 8 où on assiste, entre autres, à une “concordance plus
ou moins grande et nette des régimes juridiques applicables aux activités
économiques, quel que soit le lieu de leur accomplissement” 9. Dans ces
conditions, on peut comprendre et se féliciter du recours fait aux Principes
d’UNIDROIT dans la conception de l’avant-projet d’Acte uniforme sous étude et
qui l’inscrit réellement, et opportunément, dans le mouvement contemporain.
On se rappelle, en effet, que ces Principes sont le résultat du travail de
juristes comparatistes de différents systèmes qui visaient à l’élaboration de
règles qui transcendent les particularismes observés ici et là et, spécialement,
ceux qui se rapportent aux grands systèmes que sont la famille romano-
germanique et celle de la common law 10. Autrement dit, ils sont le produit
non pas de considérations diplomatiques, souvent marquées de conser-
vatisme, mais celui de contributions particulièrement avisées d’experts
confirmés qui étaient préoccupés de “solutions pratiques” 11.

8 Joseph ISSA-SAYEGH / Jacqueline LOHOUES-OBLE, OHADA. Harmonisation du droit des


affaires, Collection droit uniforme africain, Bruylant, Bruxelles (2002), n° 1 et 3.
9 Ibid., n° 3.
10 Marcel FONTAINE, “Les Principes d’UNIDROIT : expression de la pratique contractuelle
actuelle ?”, Bulletin de la Cour international d’arbitrage de la CCI, Suppl. spécial 2002, 101 et s.
11 KAHN, supra note 4, 126.

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Notons aussi, d’un autre côté, que l’adoption des Principes d’UNIDROIT,
sans recours au mode du traité interétatique, procède des insuffisances
observées dans cette approche conventionnelle. Son efficacité dans le
domaine de l’encadrement des activités commerciales était devenue problé-
matique du fait, notamment, des difficultés des négociations internationales
conduites par des plénipotentiaires ressortant actuellement de plus de deux
cents pays, des délais de ratification rendant incertaine la date d’entrée en
vigueur d’un traité ainsi que des réserves qui en compliquent l’application
etc. 12. Ce n’est pas le succès planétaire de la méthode ainsi retenue qui
démentirait aujourd’hui la clairvoyance des promoteurs de ces Principes et
qui en fait une source d’inspiration dotée d’un grand rayonnement universel
pour le législateur OHADA.
Il n’est certainement pas négligeable d’ajouter ici que le recours fait aux
Principes d’UNIDROIT permet de capter avantageusement la jurisprudence et la
doctrine qui s’élaborent, partout dans le monde, sur la base de ces
Principes 13. Cela pourra donc apporter un enrichissement incontestable et
conférer une efficacité et une crédibilité certaines au nouveau droit aidant
ainsi, notablement, à atteindre l’objectif de sécurité juridique visée par les
fondateurs de l’OHADA.
Mais il ne suffisait pas de s’inspirer des Principes d’UNIDROIT pour faire
un droit des contrats moderne, adapté et fonctionnel dans l’espace OHADA.
D’abord, ces Principes s’adressent aux contrats du commerce international et
n’ont donc pas, normalement, vocation à régir les contrats civils surtout de
droit interne. Il importait donc de déterminer, en l’occurrence, si l’on doit
cantonner la réglementation entreprise des contrats aux seuls contrats
commerciaux ou y donner un champ plus large. L’OHADA elle-même vise “le
droit des affaires”, mais que doit-on entendre ici par “droit des affaires” ? Si,
comme cela été rappelé, “on s’accorde, au sens étroit, à dire que le droit des
affaires coïncide avec le droit commercial”, il demeure aussi que, dans une
conception large, jamais éloignée dans les faits, le droit des affaires “englobe
la réglementation des différentes composantes de la vie économique : ses
cadres juridiques (réglementation du crédit, de la concurrence) ; ses acteurs

12 Jürgen BASEDOW, “Uniform Law Conventions and the UNIDROIT Principles of Inter-
national Commercial Contracts”, Unif. L. Rev. / Rev. dr. unif. (2000), 129.
13 Voir la communication au présent Colloque de Samuel Kofi DATE-BAH reproduite dans
ce volume ; idem, “The UNIDROIT Principles of International Commercial Contracts and the
Harmonisation of the Principles of Commercial Contracts in West and Central Africa”, Unif. L.
Rev. / Rev. dr. unif. (2004), 272; Marcel FONTAINE, Acte uniforme OHADA sur le droit des contrats.
Note explicative à l’avant-projet, supra note (*), n° 12.

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Actes du Colloque sur l’harmonisation du droit OHADA des contrats – Ouagadougou 2007

(commerçants, sociétés, intermédiaires du commerce …) ; les biens et services


qui en sont l’objet ; les activités économiques (production, distribution,
consommation …)” 14. Il découle de cette conception élargie que le droit des
affaires “se rapproche du droit économique (…) [qui] désigne l’ensemble des
règles de droit concourant à l’organisation et au développement de
l’économie (…)” 15.
D’ailleurs, dans le cadre défini par le système OHADA, “le champ à
uniformiser apparaît (…) pratiquement sans limite” 16. Effectivement, la lecture
de l’article 2 du Traité de Port-Louis (Maurice) du 17 octobre 1993, fondateur
de l’organisation, suggère que “toute discipline juridique de nature à faciliter
l’activité des entreprises, à encourager les investissements et à promouvoir les
échanges régionaux et internationaux” 17 y trouve place.
C’est donc en considération de tout cela que l’avant-projet d’Acte
uniforme a fait le choix de son domaine d’application que son auteur a voulu
unique et général.

B. La proposition d’un droit unifié des contrats

L’avant-projet d’Acte uniforme sur le droit des contrats offre une option aux
Etats parties en son chapitre introductif relatif au champ d’application: il s’agit
pour eux de choisir entre un droit commun, général et unique, des contrats ou
un droit des contrats commerciaux.
Pour le rédacteur de l’avant-projet, la “préférence va à un droit des
contrats unifié, donc d’un acte uniforme s’étendant tant aux contrats civils
qu’aux contrats commerciaux” 18.
Ainsi conçue la réforme envisagée est-elle techniquement concevable ? Si
oui, cette réforme recèle-t-elle une quelconque utilité ?
D’abord cette réforme, dont la préparation a été demandée par le Conseil
des ministres de l’organisation, instance compétente à l’effet, est tout à fait
concevable, d’un point de vue technique, dans la mesure où, comme nous
venons de le rappeler plus haut, le traité de Port-Louis vise “l’harmonisation

14 ISSA-SAYEGH / LOHOUES-OBLE, supra note 8, n° 259.


15 Ibid.
16 Ibid., n° 261.
17 Paul-Gérard POUGOUE, Présentation générale et procédure en OHADA, Collection
droit uniforme, Presses Universitaires d’Afrique, Yaoundé (1998), 12.
18 Marcel FONTAINE, supra note (*), n° 24.

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Dorothé S. Sossa – Le champ d’application de l’avant-projet …

du droit des affaires dans les Etats Parties” c’est-à-dire, en définitive, “une
partie importante du droit des activités économiques” 19.
Même si l’article 2 de ce même traité a énuméré huit matières à
“harmoniser”, il n’y est pas moins ajouté que “toute autre matière que le
conseil des ministres déciderait à l’unanimité, d’y inclure …” en faisait partie.
Il n’était donc pas impossible qu’un droit commun des contrats (tant civils que
commerciaux) puisse être envisagé dans ce cadre. Il en est de même en ce qui
concerne les contrats de consommation qui font déjà l’objet d’un avant-projet
d’Acte uniforme spécifique. Le débat doit cependant exclure ici ce dernier
type de contrat dans la mesure où l’avant-projet susvisé ne propose aucune
règle de droit de commun en matière contractuelle.
A la vérité, l’unicité d’un droit commun des contrats est tout à fait
indiquée pour prévenir le risque, contreproductif en termes de sécurité
juridique, de la cohabitation d’un droit commun des contrats propre à chaque
Etat de l’espace OHADA avec un droit uniforme des contrats commerciaux.
Semblable situation ne mettrait pas à l’abri de distorsions dommageables à
l’épreuve de la mise en œuvre du droit.
Quoi qu’il en soit, l’option d’un droit commun uniforme des contrats n’a
pas convaincu tous les juristes concernés : l’ambition de l’auteur est vraiment
critiquée.

II. – UNE AMBITION CRITIQUEE

On a avancé contre l’option d’un droit commun uniforme des contrats, fondé
sur les Principes d’UNIDROIT :
– une extension indue du domaine d’intervention normatif de
l’OHADA ;
– une nouvelle atteinte massive à la compétence des juridictions
nationales de cassation ;
– des difficultés d’accès à la Justice du fait de l’éloignement de la Cour
Commune de Justice et d’Arbitrage (CCJA) de l’OHADA de la plupart
des pays par elle desservis.
Ces différentes critiques ne résistent pas à l’analyse. L’expérience prouve
à suffisance l’efficacité tant au plan normatif qu’à celui de la réalisation
juridictionnelle des Actes uniformes transversaux (droit des sûretés,

19 Jean PAILLUSSEAU, “Le droit de l’OHADA. Un droit très important et original”, JCP,
Cahiers de droit de l’entreprise, N° 5 (2004), 3.

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Actes du Colloque sur l’harmonisation du droit OHADA des contrats – Ouagadougou 2007

procédures simplifiées de recouvrement des créances, droit de l’arbitrage)


déjà intervenus. Il ne paraît pas non plus défendable de voir la CCJA comme
une institution étrangère aux Etats OHADA, et à leur système juridictionnel,
exerçant une oppression envahissante.
En somme, ces critiques, qui se sont enrichies récemment de nouveaux
développements se rapportent, pour les unes, au contenu de l’avant-projet, et,
pour les autres, à ce problème de transfert de compétence juridictionnelle à la
CCJA ainsi qu’au maintien de certains acquis du système civiliste.

A. Les critiques relatives au contenu du projet

Ces critiques peuvent être ordonnées en deux points, à savoir, d’une part,
l’inadéquation de l’avant-projet à constituer un droit commun général et unifié
et, d’autre part, son inadéquation à constituer un Acte uniforme spécifique
aux contrats commerciaux.
On a reproché à l’avant-projet d’Acte uniforme sur le droit des contrats
d’être incomplet, faute d’avoir abordé les questions de théorie générale, pour
valablement fournir un encadrement général des engagements contractuels.
Une analyse fine pourrait peut-être aider à déceler les insuffisances ainsi
dénoncées 20. Mais, sans aller ici dans des détails très avancés, il apparaît que
le texte de cet avant-projet est plus dense, plus ample que les règles relatives
aux obligations contractuelles héritées de la colonisation ou posées plus
récemment au plan national dans l’espace OHADA sous l’inspiration du droit
français. En fait, il ne devrait pas être difficile, le cas échéant, de combler les
considérations omises si, nous semble-t-il et comme nous le verrons plus loin,
les questions de transfert de compétences juridictionnelles et de fidélité à un
héritage juridique n’étaient posées.
Nous pouvons constater que l’avant-projet organise, provisoirement, la
matière, en treize chapitres constitués de deux cent vingt quatre articles. Ces
différents chapitres sont les suivants : – Champ d’application ; – Dispositions
générales ; – Validité ; – Interprétation ; – Contenu du contrat et droit des
tiers ; – Exécution ; – Inexécution ; – Compensation ; – Confusion ; –
Obligations conditionnelles, solidaires et alternatives ; – Cession de créances,

20 Il a été notamment relevé que l’avant-projet accuse un défaut quant à la définition de


l’objet du contrat, se limite au seul contrat à durée déterminée, traite des aspects particuliers et des
effets de la résolution sans évoquer celle-ci dans son principe (voir : Paul-Gérard POUGOUE,
“L’avant-projet d’acte uniforme OHADA sur le droit des contrats : les tribulations d’un univer-
sitaire”, <www.ohada.com> D-07-41).

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Dorothé S. Sossa – Le champ d’application de l’avant-projet …

cession de dettes, cession de contrats ; – Délais de prescription ; – Protection


des créanciers et des tiers.
En comparaison, le Code des obligations civiles et commerciales de la
République du Sénégal a traité le régime général des contrats en 77 articles
(articles 41 à 117) organisés en trois chapitres : – Règles générales (liberté et
classification des contrats) ; – La formation du contrat (les contractants : la
capacité de contracter ; le consentement ; l’objet ; la cause ; l’échange des
consentements ; sanction des règles de formation des contrats) ; – Les effets du
contrat (effets entre les parties : l’interprétation des contrats et les règles
particulières au contrat synallagmatique ; effets à l’égard des tiers : la
simulation, la stipulation pour autrui et les conventions collectives) 21.
Quant à la loi malienne portant régime général des obligations, elle a, en
un chapitre composé de quatre vingt dix (90) articles (articles 20 à 109), posé
les règles relatives aux obligations contractuelles. Ces différentes règles qui,
comme celles résultant du Code des obligations Civiles et Commerciales de la
République du Sénégal, ont été fortement inspirées par les dispositions du
Code civil français relatives au contrat, portent sur les points suivants : – Les
différentes catégories de contrats ; – La formation et la validité des contrats ; –
Sanctions des règles de formation des contrats ; – Les modalités pouvant
affecter certaines obligations ; – L’inexécution des obligations résultant d’un
contrat synallagmatique.
Il en résulte qu’une insuffisance d’appréhension des différents problèmes
juridiques du droit des contrats par l’avant-projet d’Acte uniforme sous étude
est difficilement soutenable. Il semble en être d’autant plus ainsi au regard du
rejet prôné d’un Acte uniforme spécifique aux contrats commerciaux.
Mais la critique ne retient pas seulement que l’avant-projet omet
d’embrasser l’intégralité des règles générales applicables aux obligations
contractuelles. Elle va plus loin encore pour soutenir que, même si l’on devait
se cantonner aux contrats commerciaux, il serait tout aussi irrecevable.
Plusieurs raisons ont été articulées à cet égard:
– d’abord, il a été soutenu que dans le système de l’OHADA, on doit
s’en tenir à “une conception stricte du droit des affaires” 22 ;
– ensuite, et en conséquence de cette conception stricte, “une théorie
générale des contrats commerciaux n’a pas de sens” dans la mesure

21 Cf. le site Internet du gouvernement de la République du Sénégal.


22 Voir POUGOUE, supra note 20, 5.

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Actes du Colloque sur l’harmonisation du droit OHADA des contrats – Ouagadougou 2007

où il s’agit de “recenser des actes économiques spécifiques dont le


régime juridique sera uniformisé” 23.
On peut, sans doute, seulement rappeler ici que l’expérience de
l’OHADA nous met en présence de plusieurs Actes uniformes transversaux
déjà en vigueur à savoir l’Acte uniforme du 17 avril 1997 portant organisation
des sûretés 24, l’Acte uniforme du 10 avril 1998 portant organisation des
procédures simplifiées de recouvrement et des voies d’exécution 25 et l’Acte
uniforme du 11 mars 1999 relatif au droit de l’arbitrage 26.
Les critiques ne s’arrêtent pas non plus au contenu de l’avant-projet. Elles
associent aussi les questions de transfert de compétence juridictionnelle et de
sauvegarde de l’héritage du droit français.

B. Les critiques de l’avant-projet relatives aux questions de compétence


juridictionnelle et au sort de l’héritage civiliste

Un des points qui cristallise les critiques contre l’avant-projet se situe dans le
transfert de compétence juridictionnelle que son adoption aurait provoqué au
profit de la Cour Commune de Justice et d’Arbitrage (CCJA) de l’OHADA. Sous
le couvert d’un abandon intolérable de souveraineté législative et judiciaire,
les juridictions de cassation nationales qui, à travers l’Association africaine des
hautes juridictions francophones (AAHJF), réclamaient déjà à Lomé, en 2006,
“une nécessaire et impérieuse révision du traité de Port-Louis dans le sens de
permettre aux juridictions nationales de retrouver pleinement leurs préro-
gatives relatives aux attributions dont elles ont été dépouillées par la CCJA” 27,
ne voudront jamais tolérer une nouvelle perte de terrain. Cette position a été
reprise, mais sans doute beaucoup plus par fidélité à l’héritage civiliste, par la
“Réunion des Forces Vives de l’OHADA” tenue récemment (du 8 au 10
novembre 2007) sous l’égide de l’organisation communautaire à Douala
(Cameroun).
Au regard de la position des Hautes Juridictions Francophones, on peut
conjecturer que l’avant-projet d’Acte uniforme de l’Organisation pour

23 Ibid., 6.
24 J.O. OHADA, 01/07/98, 1.
25 J.O. OHADA, 01/06/98, 1.
26 - J.O. OHADA, 15/05/99, 2.
27 Cf. Rapport de synthèse du colloque tenu à Lomé du 6 au 9 juin 2006 sur le thème
“Rapports entre les juridictions de cassation nationales et la Cour commune de justice et
d’arbitrage de l’OHADA : Bilan et perspectives d’avenir”, inédit.

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Dorothé S. Sossa – Le champ d’application de l’avant-projet …

l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (OHADA) sur le droit des


contrats ne sera probablement pas, dans un délai prévisible, adopté par les
instances compétentes de l’organisation. Dans un système légaliste, un
système de droit consenti par le pouvoir politique comme celui de l’OHADA,
cet avant-projet est confronté à un adversaire trop redoutable dans la fronde
conduite et exprimée par cette association l’AAHJF. On se rappelle, qu’à la
faveur du même colloque de Lomé sus-rappelé, cette association a fait état
d’ ”un malaise général” qui l’a poussée à exprimer “la nécessité d’éviter que
les juridictions de cassation nationales soient amenées à disparaître par le fait
de l’accaparement complet par la cour communautaire de ses champs
d’action” 28.
En fait, les responsables des hautes juridictions concernées donnent
l’impression, qu’à leurs yeux, la CCJA est une juridiction étrangère alors même
qu’elle est effectivement et totalement intégrée à l’organisation judiciaire de
chacun des pays de l’espace OHADA. Tout se passe comme si les Cours de
cassation actuelles, là où il en existe, revendiquaient les compétences cédées
aux Conseils d’Etat, Cours des comptes et Cours ou Conseils constitutionnels
qui partagent désormais avec elles le sommet de la hiérarchie juridictionnelle.
Malheureusement, ces juridictions disposent des moyens de leurs
prétentions parfois exaspérées : les organes de ces institutions ont l’oreille du
pouvoir politique, le pouvoir qui consent le droit légiféré ; en outre, leur
influence est bien ancrée au sein des Commissions nationales OHADA, à
travers les très nombreux hauts magistrats qui y siègent, sans compter leur
mission, officielle ou officieuse mais partout et toujours effective, de conseiller
juridique des gouvernements ou des gouvernants.
Ces prétentions ne recouvrent aucun obstacle de droit. Il n’est pas de la
vocation d’une juridiction, fut-elle haute, d’indiquer au législateur le choix
des projets de société que celui-ci doit retenir comme utiles ou nécessaires à
la gestion publique. Autrement dit, si la décision qui a été prise par le conseil
des ministres de l’OHADA d’établir un Acte uniforme sur le droit des contrats
avait été bien mûrie et recevait l’adhésion réelle de tous, et si les Commis-
sions nationales n’y opposaient aucune objection dirimante, on ne voit pas
pourquoi le projet ne devrait pas aboutir. Mais nous devons attendre de voir,
d’autant plus que la position des juridictions de cassation n’a pas laissé
insensibles les “Forces vives de l’OHADA”.
La réunion de ces “Forces vives de l’OHADA” a retenu, en effet, à son
tour que l’organisation doit :

28 Ibid.

Rev. dr. unif. 2008 349


Actes du Colloque sur l’harmonisation du droit OHADA des contrats – Ouagadougou 2007

“– Délimiter clairement le champ matériel à uniformiser :


– en évitant les approches trop globalisantes qui participent à la
fois de la théorie générale et du droit spécial de type droit des
contrats ou droit de la preuve ;
– en s’en tenant à des domaines bien identifiés et spécifiques se
rapportant aux acteurs et aux procédures économiques, sans
s’immiscer, sauf concertation préalable, dans les domaines
d’intervention des organisations communautaires concurrentes
de l’OHADA.” 29.
Cette résolution est tout à la fois un retentissement de la position de
l’AAHJF et l’expression de l’attachement à une tradition juridique, la tradition
civiliste d’inspiration française.
Si comme cela avait été relevé, le dépouillement des Cours suprêmes
était déjà en marche semblant annoncer l’heure où l’on devait constater que
“le roi est nu” 30 cela ne pouvait laisser indifférents les juristes de l’espace
OHADA dont naturellement beaucoup sont proches des palais.
On ne doit pas, par ailleurs, perdre de vue, dans l’attitude des “Forces
Vives de l’OHADA”, composées essentiellement de juristes civilistes de
culture française, la difficulté d’admettre l’évacuation des acquis du droit
français, dont certaines formules et institutions sont quasiment “sacrées” pour
ses héritiers. Prétendre, par exemple, toucher à la “cause”, à la “force
obligatoire des contrats” telle que conçue par le Code civil, à la “force
majeure”, à la “résolution judiciaire des contrats” etc. dans l’espace OHADA
d’aujourd’hui ne semble visiblement pas, quelle que puisse être la légitimité
de la démarche, très avisé. Des formules telles que celles des articles 6, 1134,
1142 du Code civil français sont très chères aux intéressés. Le projet aurait
probablement gagné en efficacité en s’inspirant des travaux de “l’avant-projet
Catala” alors parallèlement en cours 31.

29 Voir le communiqué de presse diffusé à l’issue de cette manifestation sur le site


<www.ohada.com>.
30 Laurent BEN KEMOUN, “Les rapports entre les juridictions de cassation nationales et la
CCJA de l’OHADA : aspects conceptuels et évaluations”, Recueil Penant, n° 860 (2007), 299.
31 Voir sur le site Internet <www.henricapitant.org>, Avant-projet de réforme du droit
des obligations (articles 1101 à 1386 du Code civil) et du droit de la prescription (articles 2234 à
2281 du Code civil). Rapport présenté à Monsieur Pascal Clément, Garde des Sceaux, Ministre de
la Justice, le 22 septembre 2005, 2.

350 Unif. L. Rev. 2008


Dorothé S. Sossa – Le champ d’application de l’avant-projet …

Présentée par le Professeur Jacques GHESTIN dans cet avant-projet 32, la


“cause”, pour ne retenir que cet exemple, y garde toute sa place dans une
volonté “d’affirmer (…), conformément à notre tradition juridique, [qu’] une
cause réelle et licite reste une condition de validité du contrat …” même si
cette reconduction a tenu compte de la jurisprudence et de la doctrine
disponibles 33.
La tradition ainsi proclamée n’est pas seulement celle des juristes français
“pure laine”, c’est aussi celle des juristes africains de tradition française
majoritaires dans l’espace OHADA. Il en ressort, par exemple, que l’article
1124 de “l’avant-projet Catala” se conçoit comme suit : “La convention est
valable quand l’engagement a une cause réelle et licite qui le justifie”. On
aura bien perçu qu’il ne s’agit-là que d’une reprise, en la forme affirmative, de
l’actuel article 1131 du Code civil qui dispose que “l’obligation sans cause ou
sur une fausse cause, ou sur une cause illicite, ne peut avoir aucun effet”.
Etait-ce impossible de faire une part à ces attentes dans l’avant-projet d’Acte
uniforme de l’OHADA sur le droit des contrats ?

III. – CONCLUSION

Il semble que ne doivent prévaloir, dans un monde qui se resserre de jour en


jour, que l’avancée si utile et si positive de l’uniformisation du droit, retenue
par les fondateurs de l’OHADA, et la recherche de la performance des outils
de ce projet.
L’adoption de l’Acte uniforme sur le droit des contrats inspirés des
Principes d’UNIDROIT constituerait un progrès considérable pour les pays
concernés en terme de sécurité juridique partagée. Elle apporterait un droit
nouveau, moderne et quasiment universel. Mise à part la contestation
développée par certains milieux juridiques et judiciaires des pays membres de
l’OHADA du fait d’une nouvelle perte de compétence des juridictions de
cassation nationales, au profit de la CCJA, mais aussi d’une certaine remise en
cause, vécue comme étant intolérable, de l’héritage du droit français des
obligations, ce texte qui allie tous les apports des différentes cultures
juridiques, n’est confronté à aucun obstacle de principe.
Ne pourrions-nous pas, dans la démarche qui nous occupe ici en ce
moment de réfléchir sur cet avant-projet, nous souvenir même si, en
définitive, notre intention ne doit pas être d’anéantir l’héritage civiliste

32 Pp. 25 et s. du projet.
33 Ibid.

Rev. dr. unif. 2008 351


Actes du Colloque sur l’harmonisation du droit OHADA des contrats – Ouagadougou 2007

majoritaire, que “L’effort de modernisation réalisé par les Français en 1804 est
une preuve d’ouverture et d’adaptation qui se prolongent aujourd’hui. ….” et
que “la leçon tirée des conditions d’élaboration du code civil français doit être
mise à profit pour l’élaboration d’un code international” ; dans ce sens, “Le
clivage entre pays de coutumes et pays de droit écrit devient, au plan
mondial, un clivage entre pays de common law et pays de droit civil” 34. Sauf
peut-être à souligner, malgré tout, que le conflit n’est pas à proprement parler
ici entre système civiliste et système de common law, les Principes
d’UNIDROIT qui ont guidé le rédacteur du projet ayant emprunté à tous les
systèmes.

!!!
THE SCOPE OF APPLICATION OF THE PRELIMINARY DRAFT OHADA UNIFORM ACT ON
CONTRACT LAW – CONTRACTS IN GENERAL / COMMERCIAL CONTRACTS / CONSUMER
CONTRACTS (Abstract)

Dorothé C. SOSSA (Agrégé of the law faculties ; former Minister of Justice ; Dean of
the law faculty of the University of Abomey-Calavi (Benin)).

The preliminary draft OHADA Uniform Act on contract law gives the OHADA
member States a choice: should the text establish a common, general and uniform
law of contracts or should it confine itself to commercial contracts?
The legacy left by the European colonial powers, which, as far most of the OHADA
member countries are concerned, means the French, has served extensively and well.
But the world has changed much since the African countries first gained their
independence and the old, comfortable system is overdue for an overhaul, indeed, on
many issues, for reconstruction. The adoption, very early on, of the Code of civil and
commercial obligations (Act of 10 July 1963) in Senegal, followed much later by the
Malian law of 29 August 1987 on a general regime of obligations, as well as the
decision taken by the OHADA Council of Ministers meeting in Bangui in 2001 to start
work on a uniform act on contracts – the preliminary draft of which is being discussed
here today – are clear evidence of this need.
Despite the publicity surrounding the work on a new contract law for OHADA,
the project does not enjoy unanimous support. Yet a single, common, general law of
contracts makes sense: the existence, side-by-side, of separate contract laws in each
OHADA member State with a uniform law on commercial contracts would impair
legal security since distortions and conflicts would emerge as soon as the uniform law
was implemented. The problem might be further compounded if there were to be a

34 Jean-Paul BERAUDO, “La modernisation et l’harmonisation du droit des contrats : une


perspective européenne“, Unif. L. Rev. / Rev. dr. unif. (2003), 136.

352 Unif. L. Rev. 2008


Dorothé S. Sossa – Le champ d’application de l’avant-projet …

separate uniform act on consumer contracts unless it were specified that such a
uniform act was not intended to provide a general, basic regime.
The arguments against a common, general and uniform contract law include that
it would unduly extend OHADA’s sphere of normative intervention; that the national
courts of cassation would have to surrender even more of their jurisdiction to the
Common Court of Justice and Arbitration (CCJA); and that it would become even
more difficult to obtain justice, in terms of access to the courts, due to the CCJA being
located so far from most of the countries it serves.
However, these arguments fall apart upon analysis. Experience has abundantly
demonstrated the effectiveness – both at the normative level and in the courts – of such
uniform acts as those on secured transaction law, simplified procedures for the recovery
of debts and arbitration law) that are already in operation. Likewise, there seems scant
ground for regarding the CCJA as an institution foreign to the OHADA member States,
with power to oppress and threaten national jurisdiction.
In a world which is growing smaller by the day, the march of uniform law
appears both useful and positive, as well as unstoppable, a fact the truth of which has
been recognised by the founders of OHADA. The next step is to ensure that the tools
proposed by this commendable text can be made to work effectively and well.

!!!

Rev. dr. unif. 2008 353

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