Ue Et La Democratie Lecon

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OBJET DE TRAVAIL CONCLUSIF

L’UNION EUROPEENNE ET LA DEMOCRATIE

Introduction : Née de la nécessité de réconcilier des pays détruits par deux conflits mondiaux, la construction
européenne est une expérience politique internationale unique. Construite depuis plus de 60 ans, l’Europe politique
a placé au cœur de son projet la question de la démocratie. Fruit d’un éternel compromis entre des pays aux intérêts
divergents, elle a longtemps bénéficié d’une attractivité vis-à-vis des pays voisins. Pourtant, depuis 2005, l’UE est
remise en cause à la fois par certains citoyens et par certains états.

Problématique : Comment la démocratie s’exprime-t-elle dans le fonctionnement de l’UE ?

I. La démocratie au cœur du projet de construction européenne.

A. Construire l’Europe après 1945.


Un contexte favorable : En 1945, l’Europe sort détruite et affaiblie par six années de guerre causées par les
nationalismes et les régimes totalitaires européens allemand, italien et russe. Face au danger de la domination
soviétique dans l’Europe de l’Est qui met en place des démocraties populaires qui sont en fait des dictatures
communistes, la nécessité d’une organisation qui permette de reconstruire et réconcilier les pays d’Europe de l’Ouest
voit le jour. Ce projet européen est porté par des partis politiques pro-européens et est soutenu par les États-Unis
dans le cadre du plan Marshall de reconstruction de l’Europe. En 1948, le Congrès de La Haye réunit des hommes et
des femmes d’une vingtaine de pays pour poser les bases d’une union européenne. Strasbourg, choisie comme
capitale du Conseil de l’Europe. Cette institution qui réunit dix pays d’Europe de l’Ouest et adopte la Convention
Européenne des Droits de l’Homme en 1950.

De la CECA à la CEE : Robert Schuman, ministre des Affaires étrangères de la France, propose en 1950 de créer une
haute autorité du charbon et de l’acier, deux produits industriels indispensables dans la reconstruction. Cette
organisation commune à la France et à l’Allemagne est ouverte aux autres pays européens. En 1951, la CECA
(Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier) est créée autour de six pays : la Belgique, le Luxembourg, les
Pays-Bas, l’Italie, L’Allemagne et la France. C’est cette organisation qui sert de base à la création en mars 1957 de la
communauté économique européenne, CEE.

B. La construction de la CEE.
Le traité de Rome : Le traité créant la CEE est signé à Rome en mars 1957. La Communauté économique européenne
est une organisation qui cherche à concilier les intérêts des états membres tout en développant une vision commune,
communautaire, incarnée par la création de la Commission européenne et le Parlement européen. Mais ces
organisations n’ont pas de pouvoir de décision. Leur avis est consultatif et l’essentiel des décisions sont prises par le
Conseil européen qui réunit les chefs d’état des pays membres.

Des visions de l’Europe différentes : Dès la naissance de la CEE, deux idées de la construction européenne s’opposent :

• Les fédéralistes qui sont partisans d’une Europe au-dessus des états (supranationale) qui mettraient en
commun une part de leur souveraineté.
• Les souverainistes ou unionistes qui veulent que les états conservent leur souveraineté, voyant la CEE comme
une association économique d’états.

Le débat entre les deux courants se cristallise dans les années 60 autour de la politique de De Gaulle vis-à-vis de la
CEE. Il refuse en 1963 et en 1967 l’entrée du Royaume Uni dans la communauté et pratique « la politique de la chaise
vide » pour s’opposer à toute décision jugée contraire aux intérêts de la France.
C. Le renforcement démocratique de l’Europe.
La naissance d’un Parlement élu au SUD : Les années 70 sont marquées par l’entrée du Royaume Uni, de l’Irlande et
du Danemark en 1973 dans la communauté. Les pays membres décident de donner un poids croissant aux institutions
communautaires. En 1979, ont lieu les premières élections européennes des députés du Parlement Européen au
suffrage universel direct. Dans le même temps, le Parlement voit ses fonctions renforcées (vote du budget européen).

Intégrer les jeunes démocraties d’Europe du Sud et de l’Est : La construction européenne devient aussi un moyen
pour consolider les jeunes démocraties européennes et apporter ainsi une stabilité politique accrue. C’est dans ce sens
que sont intégrés la Grèce (1981), puis le Portugal et l’Espagne (1986). Le passage à 15 pays membres en 1995 et
surtout l’ouverture aux pays d’Europe de l’Est en 2004 et 2007 renforcent le lien entre démocratie et intégration
européenne qui devient un critère officiel en 1993 : tout pays membre doit avoir des « institutions stables garantissant
l'état de droit, la démocratie, les droits de l'homme, le respect des minorités et leur protection ».

II. Une union de plus en plus démocratique.


A. La mise en place d’institutions complexes.
Le tournant de Maastricht : en 1992, les pays membres signe le traité de Maastricht qui donne naissance à l’union
européenne. Il s’agit non plus seulement d’une association économique, mais aussi d’une union politique qui prévoit :

• La mise en place d’une union économique et monétaire avec l’adoption d’une monnaie unique, l’€.
• La mise en place d’une politique étrangère et de sécurité commune (PESC).
• Le renforcement du rôle du Parlement européen.

Certains pays adoptent une partie seulement du traité : le Royaume Uni, la Suède et le Danemark refusant la monnaie
unique. En France, le traité est adopté par référendum à une courte majorité (51%).

Naissance de la citoyenneté européenne : le traité de Maastricht prévoit aussi la création d’une citoyenneté
européenne qui donne des droits nouveaux : droit de circuler, de travailler et d’étudier dans tous les pays membres
de l’Union Européenne, droit de vote et d’éligibilité aux élections européennes et municipales dans tous les pays de
l’UE.

Des institutions constamment réformées : Alors que l’UE s’apprête à intégrer 10 nouveaux pays, les institutions sont
modifiées avec l’adoption de la règle de la majorité qualifiée (55% des états et 65 % de la population) et le
renforcement du pouvoir du Parlement qui contrôle la nomination de la Commission Européenne (traité de Nice en
2001).

B. L’échec du projet de Constitution européenne.


Le refus du projet de Constitution : en 2004, un projet de constitution européenne est élaboré pour simplifier les
institutions et renforcer le rôle de l’Union Européenne, prévoyant notamment l’élection d’un président de l’UE. Alors
que la constitution est adoptée dans de nombreux pays européens, il est soumis à un référendum en France et aux
Pays-Bas. Le projet de constitution est rejeté largement par une population de plus en plus sceptique sur les objectifs
de la construction européenne, certains craignant une Europe libérale ou au contraire la fin des états-nations.

Le traité de Lisbonne : Face à la crise ouverte par les refus français et hollandais, les chefs d’État de l’union
européenne décident de mettre en place un traité simplifié : c’est le traité de Lisbonne (2007). Il prévoit la nomination
d’un président du Conseil Européen, représentant de l’union européenne et l’extension du vote à la majorité, ainsi
que d’un renforcement de la Commission Européenne. Pour de nombreux citoyens, le traité de Lisbonne est un projet
de constitution déguisée ce qui remet en cause le caractère démocratique des choix effectués. L’euroscepticisme
prend alors de l’ampleur. Par le traité de Lisbonne, les citoyens de l’UE obtiennent des droits politiques plus
importants : ils peuvent soumettre une pétition, peuvent demander une proposition de loi et peuvent saisir la Cour
de justice européenne. On parle alors de démocratie déléguée, qui laisse la possibilité aux citoyens de s’impliquer
activement dans les décisions.

C. Le fonctionnement des institutions européennes.

III. Un projet européen en crise.

A. De l’indifférence à l’euroscepticisme.
La désaffection des Européens pour l’Europe : des symboles forts comme une monnaie, un drapeau, un hymne ou
une devise ont été mis en place mais l’identité européenne reste largement balbutiante. Les traités successifs depuis
Maastricht n’ont cessé de renforcer le caractère démocratique des institutions européennes en renforçant le pouvoir
du Parlement afin de rapprocher l’UE des citoyens. Cependant, les citoyens européens perçoivent ces institutions
comme trop abstraites, bureaucratiques et éloignées de leur quotidien. Cette désaffection se manifeste par un fort
taux d’abstentions aux élections européennes (57 % en 2014).

L’euroscepticisme : Ce désintérêt devient même de l’euroscepticisme en raison de la situation économique et sociale


ainsi que du discours véhiculés par certains partis politiques. Un sondage de 2012 indique que seuls 35% des Européens
ont une image positive de l’UE. Cette dernière est considérée comme responsable de la crise économique que l’Europe
connaît aujourd’hui car elle privilégierait la compétitivité et la rigueur plutôt que la politique sociale. L’Euro est accusé
d’avoir provoqué une inflation des prix. Les directives de la Commission sont mal acceptées car empiétant sur la
souveraineté nationale, d’autant que ces décisions ne sont pas débattues et que les commissaires sont nommés et
non élus. Les partis souverainistes et régionalistes agitent l’idée d’une perte de souveraineté nationale ou d’identité à
cause de l’Europe.

Le Brexit (2016) a marqué la victoire de l’euroscepticisme. Les Britanniques ont choisi par référendum d’activer l’article
50 du traité de Lisbonne qui permet à un état de quitter l’UE. Ce choc a entraîné à la fois une vague politique pour la
sortie de l’UE et une prise de conscience de la nécessité de fixer un cap clair à l’UE et d’en renforcer la gouvernance.
Les élections présidentielles française de 2017 et autrichienne de 2016 ont cristallisé ces deux visions opposées de la
construction européenne qui est redevenue centrale dans le débat politique.

B. L’UE face aux états, entre compromis et remises en cause.

Un droit européen puissant : Par l’adoption des traités européens, les états membres ont l’obligation d’appliquer le
droit européen, même s’ils conservent leur souveraineté dans de nombreux domaines (industrie, culture, tourisme,
formation). Avec de nombreux domaines partagés, l’UE et les états membres doivent mettre en place des politiques
coordonnées qui prennent en compte l’intérêt des citoyens.

La montée des nationalismes : le continent européen est marqué par la montée des partis nationaliste qui considèrent
l’union européenne comme l’un des principaux responsables de la crise économique. La Pologne et la Hongrie sont
gouvernées par des partis populistes de droite hostiles à l’union européenne. Ces pays sont critiqués pour leur atteinte
à certaines libertés fondamentales et à la séparation des pouvoirs, ainsi que pour le refus d’accueillir des migrants
arriver en Europe du Sud. Les gouvernement polonais et hongrois reportent de leurs côtés toutes les responsabilités
sur les institutions européennes. De nombreux mouvements dans les pays de l’UE sont ouvertement anti-européens
(mouvement 5 étoiles en Italie, RN en France, Parti pour la liberté aux Pays-Bas), participant à la montée de
l’euroscepticisme.

Conclusion :

Le projet européen s’est donc construit dans un contexte de reconstruction économique après la Seconde Guerre
Mondiale qui a permis de réconcilier un continent déchiré par les guerres. La naissance de l’UE en 1992 suite au
Traité de Maastricht a permis la mise en place d’une gouvernance européenne élargie aux aspects politiques mais
qui a entraîné des difficultés pour trouver des institutions capables de s’adapter. Aujourd’hui, le projet européen
semble traverser une crise profonde illustrée par le Brexit voté par référendum en 2016 même si les difficultés du
Royaume Uni pour quitter l’UE ont permis de contenir la montée de l’euroscepticisme.

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