Le Malade Imaginaire
Le Malade Imaginaire
Le Malade Imaginaire
Introduction
La pièce "Le Malade imaginaire" de Molière, signée en 1673, est teintée d'une
ironie tragique en raison des circonstances entourant sa création. Molière,
lui-même souffrant de problèmes respiratoires et méfiant envers les médecins,
décède peu après avoir joué le rôle d'Argan, le protagoniste hypocondriaque
de la pièce.
À retenir
Le Malade imaginaire est une pièce chorale où se rencontrent le chant, la
danse, la musique et la pantomime pour offrir aux spectateurs une
comédie-ballet, un spectacle total.
Pour que sa pièce soit directement accessible au plus grand nombre, Molière
s'inscrit dans l'héritage de la commedia dell'arte, comme le prouve le premier
intermède.
Exemple
Rappelle
Rappel
Rappel
Exemple
Dans l'extrait qui suit, Argan vient de justifier sa volonté de marier sa fille à
Thomas Diafoirus.
A retenir
Il va de soi que la surenchère dans la méprise est un moteur efficace pour le
rire et pour la conflictualité entre les personnages. La remise au clair qui en
découle est un bon moyen pour chacun de rendre plus explicite son point de
vue en le reformulant.
→ Ainsi, les adjuvants peuvent connaître les intentions des différents
opposants.
Rappel
• Le schéma actanciel définit les rôles et les relations des différents actants
d'un récit ou d'une pièce de théâtre.
• Les rôles principaux sont : le destinateur, l'objet, le destinataire, l'adjuvant et
l'opposant.
• L'adjuvant est un allié du héros, l'opposant est son adversaire.
Exemple
Dans l'extrait qui suit, Argan annonce à sa fille qu'on la demande en mariage.
Angélique pense qu'il parle d'une demande faite par Cléante et ignore que
son père ne connaît pas ce jeune homme.
« Argan. se met dans sa chaise - Ô ça, ma fille, je vais vous dire une nouvelle,
où peut-être ne vous attendez-vous pas. On vous demande en mariage.
Qu'est-ce que cela ? vous riez. Cela est plaisant, oui, ce mot de mariage. Il n'y
a rien de plus drôle pour les jeunes filles. Ah ! nature, nature ! À ce que je puis
voir, ma fille, je n'ai que faire de vous demander si vous voulez bien vous
marier.
Angélique. — Je dois faire, mon père, tout ce qu'il vous plaira de m'ordonner.
Argan. - Je suis bien aise d'avoir une fille aussi obéissante, la chose est donc
conclue, et je vous ai promise.
(...).
Angélique. - C'est, mon père, que je connais que vous avez parlé d'une
personne, et que j'ai entendu une autre.
Toinette. — Quoi ! monsieur, vous auriez fait ce dessein burlesque ? Et, avec
tout le bien que vous avez, vous voudriez marier votre fille avec un médecin ?
»
Dans "Le Malade imaginaire", Angélique est contrainte de feindre son accord
avec Argan, mais son intelligence lui permet de dénouer le quiproquo. C'est
l'intervention de Toinette, agissant en tant que spectatrice et démystificatrice
de la situation, qui déplace la conversation vers le véritable problème. Toinette
et Béralde agissent en tant que voix de la raison, cherchant à vaincre
l'égoïsme et la déraison d'Argan. En mettant en lumière les véritables enjeux
et en confrontant Argan à la réalité, ils tentent de rétablir la communication et
de résoudre les conflits.
À retenir
A retenir
Mise en abyme:La mise en abyme est un procédé dans lequel une œuvre est
représentée à l'intérieur d'une œuvre identique.
Exemple
Dans l'extrait suivant, Argan suit le conseil de Toinette et feint d'être mort pour
comprendre quelles sont les véritables intentions de sa femme.
« Béline. - Le ciel soit loué. Me voilà délivrée d'un grand fardeau. Que tu es
sotte, Toinette, de t'affliger de cette mort!
Toinette. — Je pensais, madame, qu'il fallût pleurer.
Béline. - Va, va, cela n'en vaut pas la peine. Quelle perte est-ce que la sienne,
et de quoi servait-il sur la terre? Un homme incommode à tout le monde,
malpropre, dégoûtant, sans cesse un lavement, ou une médecine dans le
ventre, mouchant, toussant, crachant toujours, sans esprit, ennuyeux, de
mauvaise humeur,
fatiguant sans cesse les gens, et grondant jour et nuit servantes et valets.
Toinette. — Voilà une belle oraison funèbre. »
Conclusion
Dans "Le Malade imaginaire", Molière explore les limites de l'hypocondrie et
des relations familiales, poussant ces éléments jusqu'aux frontières de la folie
à travers une série de conflits insolubles entre le bon sens et le pédantisme.
Toutefois, au-delà de la simple satire des faux savants, des pères autoritaires
et des bourgeois cupides au profit des honnêtes hommes et des jeunes
amoureux, Molière offre une réflexion plus profonde. Par le biais de la
caricature, de l'irruption du théâtre dans le théâtre et de l'invention d'une pièce
empreinte de musique et de fantaisie, il célèbre la puissance de la comédie.
Cette dernière transforme la déraison volontaire en une joie espiègle, et une
saine folie en la plus précieuse des vérités. En révélant la nature humaine à
travers l'exagération et l'absurdité, Molière invite les spectateurs à réfléchir sur
la condition humaine avec humour et sagesse.