Le Comique
Le Comique
Le Comique
I DEFINITION : le comique est un registre littéraire se base sur le fait d'exposer des personnages, les
ridiculiser et les facer à des difficultés humiliantes. La comédie a été pour toujours une forme
privilégiée de la Littérature car il critique les défauts tout en divertissant le public
1 Le comique de mots : C'est faire rire le public avec des ressources du langage : répétition, jeux de
mots, déformation et la mauvaise prononciation
2 Le comique de gestes : c'est faire rires le public avec des comportements bizarres
3 Le comique de mœurs : c'est le fait de critiquer les vices de la société tout en divertissant le public :
un personnage puni grotesquement à cause de ses mensonges
4 Le comique de situation : c'est faire rire le publique avec des situations rencontrées par les
personnages dans l'histoire (surprises, rebondissements, coïncidences, retournements, quiproquos,
etc.)
✭ Citation : La scène est une image du monde où joue les spectateurs. Edward Bond
1 LES FOURBERIES DE SCAPIN (pièce théâtrale de Molière) le valet fourbe, Scapin, qui prétend être au
service de son maitre Léandre et de son ami Octave, joue de la naïveté de ces deux personnages. Il a
réussi, en même temps, à duper leurs parents et à extorquer quelques sommes d'argent.
2 L'AVARE à travers cette pièce Molière critique l'avarice des vieux bourgeois de son époque. Le
personnage dupé, Harpagon, est le prototype de toute cette classe. Sa cupidité et son égoïsme sont
la source d'un comique incomparable.
3 LES FABLES loin du théâtre Les Fables de La Fontaine est une fresque comique (et satirique) digne
de respect. La morale est toujours exposée dans un récipient de comique ; Le corbeau et le renard...
Introduction
La comédie a souvent été considérée comme un spectacle léger : le but qu'elle affiche,
faire rire le spectateur, l'a souvent reléguée au rang de simple distraction sans
conséquence. Certes, la comédie fait rire à gorge déployée à partir de petits riens, de
situations futiles, mais cela signifie-t-il pour autant qu'il ne faille pas la prendre au
sérieux ? Nombre d'auteurs comiques ont revendiqué haut et fort le simple droit
d'amuser par tous les moyens leur public. Néanmoins, le rire provoqué par la comédie
est souvent un rire « aux dépens de » : un personnage, une situation suscitent la
moquerie du spectateur, mettant ainsi en évidence un défaut, un ridicule. Cette capacité
à faire rire que détient la comédie s'avère alors libératrice.
La liberté d'amuser par tous les moyens
Des plaisanteries prosaïques
« Je voudrais bien savoir si la grande règle de toutes les règles n'est pas de plaire et si
une pièce de théâtre qui a attrapé son but n'a pas suivi un bon chemin », dit Dorante
dans la scène 6 de La Critique de l'École des femmes de Molière : assurément, le but
de la comédie est l'amusement du public. Pour ce faire, elle n'hésite pas à recourir au
comique décrié, mais toujours efficace du « bas corporel ». Le Malade imaginaire lui
consacre une place non négligeable en mentionnant les maux d'Argan et les
ordonnances des médecins. Ce comique culmine lorsque Monsieur Purgon se met à
maudire Argan à grand renfort de maladies digestives : de la « bradypepsie » à la
« dyspepsie », de la « dyspepsie » à l'« apepsie », de l'« apepsie » à la « lienterie », etc.
(III, 5).
Les fastes de la comédie : séduire et fasciner
Mais le divertissement que propose la comédie se traduit aussi par un art de séduire et
fasciner le spectateur, comme c'est le cas avec la comédie-ballet qui ne ménage pas ses
effets en mêlant théâtre, danse et musique. Dans Le Malade imaginaire, le prologue et
les trois intermèdes mettent en scène des univers très différents, de la pastorale au
carnaval en passant par la commedia dell'arte et l'orientalisme. Outre l'animation
produite par la musique et la danse, on imagine assez bien le faste des costumes, des
maquillages, des lumières tel qu'a pu essayer de les reproduire Jean-Marie Villégier
dans sa mise en scène au théâtre du Châtelet en mars 1990. La comédie s'affirme
comme un divertissement préoccupé seulement de plaire et d'amuser. Pourtant le rire
qu'elle provoque n'est pas aussi bénin qu'il le semble.
Faire rire pour mieux dénoncer les travers du monde
Des pièces engagées
Sous couvert de faire (innocemment) rire le spectateur, bien des comédies pourraient
être qualifiées de pièces engagées, car elles dénoncent, en les tournant en dérision, les
injustices sociopolitiques de leur temps. Les pièces de Molière en sont bien sûr un
exemple : si dans Le Malade imaginaire il s'attaque au pouvoir excessif des médecins,
dans Tarfuffe, l'une de ses pièces les plus polémiques, il s'en prend à l'influence
abusive des faux dévots. Un siècle plus tard, la comédie prend une teinte explicitement
politique avec Le Mariage de Figaro de Beaumarchais. Dans son célèbre monologue,
Figaro met à mal la société des trois ordres et des privilèges en invectivant le comte en
son absence : « Parce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand
génie ! … noblesse, fortune, un rang, des places, tout cela rend si fier ! Qu'avez-vous
fait pour tant de biens ? vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus […] »
(V, 3).
Une école de sagesse
La comédie, en exagérant les manies d'un individu au point d'en faire un « type », se
révèle aussi être une école de sagesse. S'ouvrant au plus fort de la crise monomaniaque
d'un personnage qui tyrannise son entourage, elle mène peu à peu à sa défaite en
ridiculisant au fur et à mesure toutes ses obsessions. C'est le cas dans L'École des
femmes de Molière, où Arnolphe incarne le stéréotype de l'homme qui craint d'être
cocu au point d'élever une jeune fille dans le secret et l'ignorance de tout pour en faire
une épouse docile. Dans Le Malade imaginaire, la scène d'ouverture lors de laquelle
Argan fait ses comptes et énumère à n'en plus finir tout ce qu'il a payé aux médecins,
donne une juste idée de sa folie, dont les autres personnages tentent de le guérir en lui
faisant prendre conscience de l'excès dans lequel il est tombé. Le rire provoqué par la
comédie est moins anodin qu'il ne le semble à première vue : le spectateur rit de
personnages ou de situations qui lui apparaissent tout à coup risibles, car il en perçoit,
par un effet de grossissement comique, tout le ridicule. C'est que le divertissement
occasionné par la comédie permet, en lui faisant prendre de la distance, de libérer le
spectateur.
Un rire libérateur : divertir ou l'art de détourner des pensées sombres
Le rire comme remède
Certes, la comédie est un divertissement, mais un divertissement au sens fort du terme
puisque celui-ci vient du latin divertere qui signifie « détourner ». La comédie est ainsi
ce qui permet de se détourner de ses ennuis, comme l'explique Françoise à Irénée
dans Le Schpountz de Pagnol : « Quand on fait rire sur la scène ou sur l'écran, on ne
s'abaisse pas, bien au contraire. Faire rire ceux qui rentrent des champs, avec leurs
grandes mains tellement dures qu'ils ne peuvent plus les fermer ; […] Ceux qui
reviennent de l'usine, la tête basse, les ongles cassés, avec de l'huile noire dans les
coupures de leurs doigts… » De fait, le divertissement apporté par la comédie est un
remède qui vaut bien « une ordonnance » comme le déclare Béralde à Argan dans Le
Malade imaginaire (II, 9).
Philosophie du rire : dépasser la crainte de la mort
Le divertissement comique permet aussi de dépasser certaines de ses peurs et, parmi
elles, la plus répandue, celle de la mort. C'est bien cette peur qui hante Argan : les
multiples maladies qu'il s'invente n'en sont que l'expression. C'est une facétie imaginée
par sa servante qui lui offre l'occasion d'apprivoiser sa crainte : Toinette, pour éprouver
la véracité des sentiments de Béline puis d'Angélique à son égard, lui propose de faire
semblant d'être mort. Si Argan s'inquiète la première fois (« N'y a-t-il point quelque
danger à contrefaire le mort ? », III, 11), il obtempère sans objection la seconde fois.
Jouer au mort (et faire naître de belles frayeurs chez ses victimes en mettant fin à la
plaisanterie !) lui permet de mettre la mort à distance et, ainsi, de surmonter sa phobie.
Conclusion
La comédie assume pleinement son caractère de divertissement en se donnant comme
dessein premier de faire rire son public par tous les moyens et, comme mission, de
parvenir à le détourner de ses idées noires : si le rire s'élève à partir de petits riens, par
la dimension d'exutoire qu'il possède, il hisse celui qui le laisse s'échapper au-dessus
des évènements et le réconcilie avec sa finitude.
A partir du XVIIème siècle, la comédie prend une place de plus en plus importante au sein de la
société française. Ce nouvel art fut particulièrement démocratisé et popularisé grâce à un unique
dramaturge : Molière. Ses différentes œuvres prirent de l’importance notamment lors de ses
nombreuses représentations devant le roi, telles que les comédies satiriques du Tartuffe ou du
Malade Imaginaire.
Toutefois, quels sont les objectifs majeurs de la comédie ? Lors d’une représentation de Tartuffe,
Molière a affirmé que « Le devoir de la comédie est de corriger les hommes en les divertissant. ».
On affirmera ces deux buts aujourd’hui. En premier lieu, l’objectif de divertissement de la comédie
sera relaté, puis l’objectif de correction sera ensuite mis en évidence. Toutefois, nos propos seront
finalement nuancés et remis en contexte.
Suivant la définition littérale, la comédie sert avant tout à divertir l’Homme. En effet, cet art permet
de faire rire le spectateur, de le mettre face à l’inconnu en lui proposant différents esthétismes., mais
aussi de le faire rencontrer du beau-monde.
Pour commencer, on peut affirmer que la comédie sert à faire rire le spectateur. En effet, l’ensemble
des comiques permet le dynamisme et l’humanisation de la pièce. Les différents personnages
prennent peu à peu vie et leurs gestuelles permettent l’hilarité et la surprise du public. Ces comiques
jouent sur le loufoque et l’improbable, tel que dans Le Malade Imaginaire à l’acte I, scène 5 avec la
didascalie « ARGAN, en colère, court après elle autour de sa chaise, son bâton à la main. ». Ici, le
comique joue sur la gestuelle et permet la mise ne place du discours énoncé par Argan. Certains
caractères atypiques de la comédie française permettent également le divertissement du spectateur.
En jouant avec des comiques de caractères, le dramaturge s’amuse à pousser à l’extrême certains
défauts et à les tourner au risible. Matamore, personnage de L’Illusion Comique écrit par Corneille
fait partie de ce comique. C’est un soldat vantard, qui glorifie et hyperbolise chacune de ses faibles
actions militaires.
Puis, on peut affirmer que la comédie divertit l’Homme parce qu’elle le met face à l’inconnu. En effet,
la comédie permet d’accéder à de nouveaux types d’esthétisme. Cette nouveauté se fait
particulièrement ressentir lors du déroulement de la pièce et de l’enchainements des actes. Le
spectateur découvre un nouveau type d’art diversifié. Un suivi chronologique, mais aussi un cadre
spatio-temporel défini permet l’immersion du spectateur. On retrouve cet enchaînement fluide
particulièrement dans Knock de Jules Romains. L’acte I représente l’avant manipulation du docteur,
l’acte II le pendant et l’acte III l’après. La nouveauté se ressent également par les décors, les
costumes, les comédiens et les mises en scènes. Le visuel des pièces de théâtre est modifié. On est
dans la nouveauté perpétuelle. Le spectateur en allant au théâtre se cultive par la découverte de
l’inconnu. Cette présence du jamais-vu est observée dans la comédie-ballet du Malade Imaginaire de
Molière. En effet, le domaine du théâtre et de la musique s’entremêle durant cette pièce. En
association avec le compositeur Lully, Molière innove et insère au sein de son œuvre une partie
musical entre les actes. Ces entractes musicaux permettent d’ouvrir les portes du théâtre à un public
plus diversifié.
De plus, la comédie permet de divertir l’Homme en lui faisant rencontrer des personnages influents
de son siècle. En effet, le théâtre devient un lieu important d’échange et de partage. Les friands de
comédie viennent pour y voir des pièces, mais aussi pour se faire voir. Le public est lui-même en
représentation : on est en présence d’une mise en abyme poussée. Les différents spectateurs
modifient leurs apparences, leurs comportements et leurs réactions dans le but de se faire
remarquer par les influents de l’époque. Ils deviennent les comédiens majeurs de la soirée. Assistés à
des comédies de Molière permettaient d’avoir facilement accès à ses personnages majeurs du
XVIIème siècle. En effet, le roi Louis XIV tenait sous sa protection Molière. Par conséquent, il fut
présent à de nombreuses représentations de ce dernier. En tant que spectateur, comment ne pas se
réjouir de partager un moment similaire à celui du roi ? Comment ne pas se divertit devant une pièce
plaisant au roi en personne ?
Toutefois, la comédie joue également un rôle de correcteur. En effet, elle permet de faire ouvrir les
yeux au spectateur, de lui faire prendre conscience d’une certaine situation pour créer une remise en
question profonde de la société.
Tout d’abord, la comédie sert de révélateur en permettant au spectateur d’ouvrir les yeux sur
certains domaines problématiques. En alliant sujets sensibles et ironie, la satire se met rapidement
en place au sein de ses pièces légères en apparence. Toutefois, les instabilités sociales y sont
critiquées et tournées au ridicule. La comédie tente de choquer l’Homme malgré le rire, en poussant
à l’extrême des thèmes défendus. Dans la pièce de Jules Romains Knock, le domaine médical est
fortement critiqué pour son hypocrisie et son égoïsme. Knock tente par tous les moyens de
manipuler le canton de Saint-Maurice. La réplique du docteur « Tout homme bien portant est un
malade qui s’ignore. » permet de mettre le public face une vérité souvent éviter : la médecine et ses
médecins sont fourbes et manipulateurs. Dans L’Illusion Comique de Corneille, c’est le domaine
militaire qui est critiqué et tourné au ridicule. Matamore se vente de ses exploits, alors qu’il n’est
qu’un simple soldat fuyard et instable mentalement. La guerre lui apporte une adrénaline
incontrôlable qui lui fait s’inventer une vie. Il le