Lppes 1 La Traite Negriere

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LPPES 1 LA TRAITE NEGRIERE

Introduction

L’esclavage est pratiqué depuis l’aube de l’histoire, en Afrique comme dans les
autres continents. Les conquêtes musulmanes contribuent au développement de
l’esclavage noir, par achat ou par droit de conquête. Ils sont envoyés vers
l’Arabie ou la Perse où ils servaient comme des domestiques. Ceux qui se
convertissent à l’islam sont traités en frères. La découverte de l’Amérique et la
mise en valeur de ses richesses donne naissance à une véritable traite de noirs.
Arrachés à l’Afrique et vendus comme esclaves entre le XVIe et le XIXe siècle,
ils sont utilisés pour de durs travaux dans les plantations et les mines du
continent américain. La traite fait apparaître un commerce triangulaire (Afrique,
Amérique, Europe). Elle occasionne d’importantes conséquences tant en
Afrique, en Amérique qu’en Europe.

I. L’esclavage, une pratique ancienne

Le mot esclave provient du mot slave. Les Slaves d’Europe centrale étaient
particulièrement vendus au Moyen âge. Les sociétés de l’antiquité ont pratiqué
l’esclavage. L’Egypte renduisait à l’état d’esclaves des Sémites, des
Méditerranées et des noirs de Nubie. L’esclavage était institutionnel chez les
Grecs et les Romains. Des Blanc comme des noirs pris dans des guerres étaient
vendus comme esclaves ou restaient dans des familles pour exécuter des travaux
ou servir de domestiques. Elle n’avait ainsi de base raciale. En Afrique,
distinguait les esclaves de case et les esclaves de guerre. Ces derniers souvent
finissaient par être dans la même catégorie que les premiers. Cependant, autour
de certains centres urbains, l’esclavage a pris un caractère d’exploitation
notamment autour de Djenné et Tombouctou. Dans les îles afro-arabes de
Zanzibar, le nombre d’esclaves était élevé. Mais dans l’ensemble, les esclaves
vivaient avec leur famille et en général étaient intégrés à la famille du maître. Il
existait également de nombreuses procédures d’affranchissement. Dans certains
royaumes, des responsabilités étaient confiées aux esclaves.

Il existait des réseaux caravaniers et maritimes qui approvisionnaient déjà le


Nord de l'Afrique, le Moyen-Orient, l'Inde et l'Insulinde en captifs originaires
d'Afrique noire. Le Maroc, la Tripolitaine, l'Égypte et l'Arabie du Sud
deviennent des marchés régionaux d'esclaves. Au total, près de 8 millions
d'esclaves seront transportés par les réseaux transsahariens et ceux de la corne de
l'Afrique entre le VIIIe et le XIXe siècle. Cependant, cela est sans commune
mesure avec la grande déportation atlantique (XVIe-XIXe.)

II. La naissance de la traite négrière atlantique

1. Les signes précurseurs de la traite

L'Afrique noire était connue des navigateurs espagnols et portugais depuis bien
avant la conquête de l'Amérique. Mais Espagnols et Portugais l'évitaient pour
des raisons sanitaires. Ils ne supportaient pas le climat insalubre de la côte et
ceux qui tentaient de s'y établir ne résistaient pas longtemps aux maladies
locales. Les marchands portugais et espagnols s'accoutumèrent aux esclaves
africains par le biais des marchands arabes avec lesquels ils étaient en relations
en Afrique du nord. Ils commencèrent alors à en acheter sur les marchés nord-
africains au XVe siècle pour les faire travailler sur de grandes exploitations
agricoles de la péninsule ibérique, essentiellement des plantations de canne à
sucre.

Des marins portugais en quête de profit commencent à razzier des esclaves le


long des côtes africaines. On estime que 150 000 Africains qui transitent par le
port de Lisbonne dans le demi-siècle qui précède l’arrivée de Christophe
Colomb en Amérique. Ils installent dans le golfe de Guinée, sur la petite île
tropicale de Sao Tomé, une première colonie à vocation sucrière, avec des
esclaves achetés au royaume du Kongo.

2. La mise en valeur de l'Amérique et les besoins de main-d'œuvre

Les Espagnols, dès qu'ils découvrent les immensités du continent américain,


entreprennent de cultiver les produits tropicaux prisés par l'aristocratie
européenne : café, cacao, tabac... Ils se lancent aussi dans l'exploitation des
riches mines d'argent et d'or du Pérou et du Mexique. Pour cela, ils cherchent
une main-d'œuvre nombreuse et soumise et font d'abord appel aux populations
autochtones. Mais les In cas, les Maya et les Aztèques, décimés par les guerres
de conquêtes et les maladies comma variole, ne supportent les travaux.

Les colons ont à leur recours à des prisonniers européens ou à des engagés
volontaires avant de trouver une solution dans l'importation de travailleurs
africains. C'est ainsi que le Nouveau Monde hispanique commence à importer
des captifs africains dès 1502. Les premiers esclaves viennent des plantations de
canne à sucre de la péninsule ibérique. C’est quand en 1517, l’évêque Bartolomé
de Las Casas autorise les Espagnols à emmener des Africains en Amérique pour
soulager la souffrance des Indiens que commence véritablement la traite. Les
colons se tournent alors vers le golfe de Guinée. À la fin du XVIe siècle, 300
000 captifs africains sont transportés en Amérique.

II. L’organisation de la traite ou le commerce triangulaire

1. Les ponctions d’esclaves en Afrique

Des grandes compagnies commerciales sont créés en Europe pour le commerce


atlantique et l’exploitation de l’Amérique. Elles construisent le long des côtes
africaines des comptoirs, avec forts et esclaveries. Avant 1650, la traite vers le
Nouveau Monde portait sur moins de 10 000 esclaves par an. La Haute Guinée,
la Sénégambie, le Congo et l’Angola sont les principales victimes. Un tournant
se produit au cours du premier quart du XVIIIe siècle, lorsque la demande
américaine, activée par l'essor des plantations en Amérique du Nord et aux
Antilles, ainsi que par l'exploitation simultanée de l'agriculture et des mines d'or
au Brésil, fait quadrupler les prix des esclaves en Afrique. Les principaux Etats
Européens y prennent part. L'Amérique devient la plus grande zone esclavagiste
du monde. Cette hausse du prix des esclaves accentue les mécanismes de
production d'esclaves en Afrique. Les razzias se sont amplifiées, les enlèvements
sont organisés par des bandes et les pratiques coutumières punissant des délits
divers de la peine de captivité. En même temps la traite touche d’autres les
grandes zones: la baie du Bénin, la Côte de l'Or, Loango et surtout Angola. Les
esclaves sont entassés dans des pièces humides et mal éclairées. Sur les marchés,
l’esclave est examiné comme du bétail et vendu aux plus offrants. Dans la
seconde moitié du XVIIIe siècle, rien qu’entre la côte de l’actuel Ghana et la
région de Ouidah, on ne compte pas moins de 23 forts.

En échange, l’Europe offre à l’Afrique des produits de peu de valeur : de la


verroterie, de la quincaillerie (couteaux, gobelets, aiguilles, jarres à grès…) des
armes à feu, des alcools, des cotonnades …Ils sont offerts aux principaux
souverains des régions visitées. Outre l’esclave qui est de loin le produit le plus
recherché, les Européens demandent des peaux, de la gomme, de l’ivoire, de
l’or…

Les esclaves sont transportés dans des conditions difficiles. Ils sont entassés
dans les bateaux, mal nourris et sans la moindre hygiène. Les esclaves sont
enferrés par deux, le fer de la jambe gauche de l’un relié au fer de la jambe
droite de l’autre. Ils sont exposés à toutes les épidémies et à une très forte
mortalité. Certains se suicident en se jetant dans l’océan. La traversée de
l’Atlantique qui peut durer deux à trois mois. On estime entre 1/5 e et 1/3 le
nombre d’esclaves qui meurt en route.
Sur le continent américain, les esclaves sont vendus à des prix variant selon les
époques mais généralement élevés. Au cours du XVIIIe siècle par exemple, le
prix moyen d’un noir oscille entre 500 et 2000 livres. Ils sont utilisés par les
colons pour effectuer de durs travaux dans les plantations et les mines
notamment du Brésil, du Cuba et de l’Amérique du Nord. Ils sont dénués de tout
droit

L’Amérique vend à l’Europe les produits du travail des esclaves. Chargés de


nouvelles cargaisons, les navires partent vers l’Europe chargés de sucre, de café,
d’indigo…

Les conséquences démographiques

Les abolitionnistes européens affirmaient, au contraire, que ces prélèvements


dépeuplaient l'Afrique. Une étude localisée et méticuleuse (P. Manning et W. S.
Griffiths, 1988) montre que la traite atlantique a durement éprouvé les
populations des régions côtières de l'Afrique de l'Ouest. Peuplées de 25 millions
d'habitants en 1730, ces régions avaient perdu de 3 à 7 millions d'habitants en
1850. Même si elles ont été moins nombreuses que celles des hommes, les
déportations de jeunes femmes dans la tranche d'âge de 15 à 29 ans – les années
les plus favorables de la fécondité féminine – ont lourdement pesé sur la
reproduction des populations de la région. Toujours en Afrique de l'Ouest, où les
études démographiques sont plus poussées, on peut estimer à environ 12
millions le nombre d'individus capturés à partir de 1700. De ce total, 6 millions
ont été déportés outre-mer, 4 millions furent livrés à la captivité domestique et
les 2 millions restants périrent en Afrique au cours du processus de leur mise en
esclavage.

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