Espaces de Hilbert Et Opérateurs Compacts
Espaces de Hilbert Et Opérateurs Compacts
Espaces de Hilbert Et Opérateurs Compacts
Présenté par :
Loubna Jerrari
Ali Jerrari
Intitulé sur :
Sous la direction du :
Membres du jury :
Citations
Les mathématiciens n’étudient pas les objets, mais les relations entre les
objets.
Henri Poincaré
La pensée mathématique est belle parce qu’elle est possible n’importe où.
Daniel Tammet
Dédicace
N ous dédions ce mémoire à nos chers parents qui ont été toujours à nos côtés et
nous ont toujours soutenu tout au long de ces longues années d’études. En signe de recon-
naissance qu’ils trouvent ici, l’expression de notre profonde gratitude pour tout ce qu’ils ont
consenti d’efforts et de moyens pour nous voir réussir dans nos études. Principalement,
notre honorable professeur Mohammed Akhou.
A toute notre famille.
Et A toutes nos amis.
A tous les gens qui nous connaissent et que nous connaissons.
Et à tous ceux qui aiment le bon travail et ne reculent pas devant les obstacles de la vie.
iv
Remerciements
Avant tout, le plus grand merci revient à ALLAH qui lui seul guide nos pas dans
le bon sens durant notre vie. Nous tenons particulièrement à remercier vivement notre
encadrant Pr. Mohamed Mahmoud Chems-Eddin, pour sa guidance et son soutient
indéfectible durant la préparation de ce travail, dès le début sa confiance à notre égard et à
notre travail nous a donnée une énergie et une inspiration de soulever toutes les difficultés.
Notre sincère reconnaissance à tous les membres du jury : Pr. Mohammed Klilou et Pr.
Mohamed Rossafi, pour l’honneur qu’il nous font en acceptant de présider et examiner
ce travail. Nous avons également à remercier nos parents, toute les amis, nos collègues, et
qui nous ont apporté leur support moral tout au long de notre démarche.
1 Préliminaires 1
1.1 Familles sommables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
1.2 Rappels de topologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.3 Lemme de Zorn . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
2 Espaces de Hilbert 7
2.1 Produit scalaire et propriétés générales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
2.2 Orthogonalité et théorème de projection . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
2.2.1 Conséquences du théorème de projection . . . . . . . . . . . . . . . 21
2.3 Dualité et théorème de Représentation de Riesz . . . . . . . . . . . . . . . 24
2.3.1 Applications du théorème de représentation de Riesz . . . . . . . . . 26
2.4 Familles orthonormées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
2.5 Bases hilbertiennes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
2.5.1 Espaces hilbertiennes séparables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
2.5.2 Le cas générale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
2.6 La base hilbertienne de Fourier en L2 ([a, b], C) . . . . . . . . . . . . . . . . 38
2.6.1 Conséquences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
2.7 La topologie faible . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
3 Opérateurs compacts 43
3.1 Propriétés générales des opérateurs compacts . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
3.2 Opérateur de rang fini . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
3.3 Opérateur compact dans un espace de Hilbert . . . . . . . . . . . . . . . . 49
3.3.1 Opérateurs de Hilbert-Schmidt . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
3.3.2 Alternative de Fredholm . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
3.4 Opérateurs compacts auto-adjoints . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
3.4.1 Décomposition spectrale des opérateurs compacts auto-adjoints . . . 59
v
vi TABLE DES MATIÈRES
Introduction
Le but de ce mémoire est d’introduire les notions les plus importants de la théorie des
espaces de Hilbert et des opérateurs compacts définis sur ces espaces .
On dédie ce mémoire aux espaces de Hilbert, car ils font partie des espaces vectoriels
de dimension infinie les plus importants, les espaces de Hilbert constituent l’objet mathé-
matique le plus proche des espaces euclidiens de dimension finie, c’est-à-dire Rn ou Cn , où
on développe l’analyse et l’algèbre linéaire classique.
Cette considération montre que la théorie des espaces de Hilbert peut être pensée
comme un mélange très élégant d’algèbre, analyse et topologie : ceci est l’héritage de
grands mathématiciens du début du XXe siècle, entre autres Riesz, Banach et, évidem-
ment, Hilbert, qui ont mis en lumière l’exigence de ce mélange pour étendre les résultats
classiques de l’algèbre et de l’analyse en dimension infinie .
La théorie est particulièrement intéressante pour les espaces vectoriels normés ou les
espaces de Banach. En particulier, dans un espace de Banach, l’ensemble des opérateurs
compacts est fermé pour la topologie forte. Mieux, dans un espace de Hilbert, un opérateur
compact est limite d’opérateurs bornés de rangs finis.
Les premiers opérateurs compacts sont apparus avec les équations intégrales et l’étude
des espaces fonctionnels. La résolution formelle d’équations intégrales simples fait appa-
raître un opérateur à noyau dont la compacité tient à des propriétés d’équicontinuité. À
travers ce problème est apparue une autre classe importante d’opérateurs, les opérateurs
de Fredholm. La perturbation par des opérateurs compacts préserve la propriété d’être de
Fredholm et l’indice de Fredholm : c’est le théorème de stabilité de l’indice.
Chapitre 2 : nous mettons la lumière sur les espaces de Hilbert ; qui se compose de
5 sections, nous rappelons dans la section 1, la définition du produit scalaire et ses pro-
TABLE DES MATIÈRES vii
Chapitre 3 : on met le doigt sur les opérateurs linéaires compacts et quelques classes
classiques des opérateurs compacts, et ce chapitre prend une grande proportion pour les
opérateurs compacts dans un espace de Hilbert.
viii TABLE DES MATIÈRES
Chapitre 1
Préliminaires
Dans le but de faciliter la lecture de ce travail, nous allons rappeler quelques définitions
et résultats préliminaires.
1.1 Familles sommables
ʾ Définition 1.1.1
X
+∞ ∞
X
un = u0 + (un + u−n ) .
n=−∞ n=1
déf.
X
n X
n
Sn = u 0 + (uk + u−k ) = uk
k=1 k=−n
on a également
X
+∞
déf.
un = lim Sn .
n→+∞
n=−∞
1
2 CHAPITRE 1. PRÉLIMINAIRES
® Remarque 1.1.1
X X
+∞
La série (un + u−n ) peut converger tandis que la série un diverge ; il suffit
n≥1 −∞
de prendre, par exemple, un = 1 et u−n = −1 pour tout n ∈ N∗ , et u0 quelconque.
Nous nous proposons maintenant d’introduire l’analogue des définitions ci-dessus pour
toute famille (xi )i∈I d’éléments de E, où I est un ensemble a priori quelconque. L’idée
cruciale consiste à remplacer la notion d’ordre n ≥ n0 par la relation d’inclusion dans
l’ensemble des parties finies non vides de I.
ʾ Définition 1.1.2
déf.
X
Notations : Pour J ∈ F (I), l’élément sJ = xi est appelé la somme partielle d’ordre
i∈J X
J. Si la famille (xi )i∈I est sommable, sa somme est notée xi . Un point fondamental
i∈I
dans la théorie est fourni par le résultat suivant qui montre, qu’en fait, on ne peut faire
la somme d’une famille non dénombrable d’éléments non nuls !
ʾ Proposition 1.1.1
Si (xi )i∈I est une famille sommable d’éléments d’un espace vectoriel normé E,
alors l’ensemble I ′ = {i ∈ I, xi 6= 0} est dénombrable.
∀J ∈ F (I), J0 ⊂ J ⇒ ks − sJ k ≤ ε
Pour j ∈
/ J0 , on a
2
kxj k = sJ0 ∪{j} − sJ0 ≤ sJ0 ∪{j} − s + ks − sJ0 k ≤ ε + ε = .
n
L’ensemble
S Hn des i ∈ I tels que kxi k > 2/n est contenu dans J0 , il est donc fini. Comme
I ′ = n≥1 Hn , I ′ est dénombrable car réunion dénombrable d’ensembles finis.
1.2. RAPPELS DE TOPOLOGIE 3
ʾ Définition 1.2.1
[
n
∀ε > 0, ∃x1 , . . . , xn ∈ E tel que A ⊂ B (xi , ε)
i=1
ʾ Théorème 1.2.3
Pour tout espace compact K, on note par C(K, E) l’espace des fonctions continues de
K dans E muni de a topologie de la convergence uniforme.
ʾ Proposition 1.2.1
ʾ Proposition 1.2.2
Preuve. Soit n ∈ N, alors A ⊂ ∪ B E x, n1 : x ∈ An , où An est un sous-ensemble
fini de A. Par suite, D := ∪ {An : n ∈ N} est un ensemble dénombrable. En plus, pour tout
y ∈ A, on a
ʾ Proposition 1.2.3
Si dim E < +∞, alors toute application linéaire f : E → F est continue, avec E
,F sont des espaces vectoriels normés.
ʾ Proposition 1.2.4
ʾ Définition 1.2.2
ʾ Théorème 1.2.5
L’espace Cc (R) des fonctions continues sur R à support compact est dense
dans L2 (R).
Soit E un ensemble, R une relation sur E. On dit que R est une relation d’ordre
si :
R est réflexive : si x est élément de E, xRx.
R est antisymétrique : si xRy et yRx, alors x = y.
R est transitive : si xRy et yRz, alors xRz.
L’ensemble (E, R) s’appelle alors ensemble ordonné. Souvent, pour insister sur
la notion d’ordre, R est notée ≤.
•Un élément a de E est appelé élément maximal si ∀x ∈ E, a ≤ x =⇒ x = a.
• Si A est une partie de E, un majorant de A est un élément x de E tel que
pour tout a de A, a ≤ x.
Exemple 1.3.1. L’élément 1 est maximal dans le segment [0, 1] muni de l’ordre usuel.
ʾ Définition 1.3.2
∀x, y ∈ C : x ≤ y ou y ≤ x.
Exemple 1.3.2.
• Si X est un ensemble,
[ (P (X) , ⊂) est inductif. En effet, si C est une chaine pour cet
ensemble, alors A = C est un majorant de C qui est bien élément de P(X).
C∈C
• (R, ≤) n’est pas inductif : I = [1, +∞[ est une partie totalement ordonnée de R, i.e(chaine)
mais qui n’admet pas de majorant dans R.
Espaces de Hilbert
L’un des exemples les mieux connus de sa position de chef de file est sa présentation,
en 1900, de ses fameux problèmes qui ont durablement influencé les recherches mathé-
matiques du xxe siècle. Hilbert et ses étudiants ont fourni une portion significative de
l’infrastructure mathématique nécessaire à l’éclosion de la mécanique quantique et de la
relativité générale.
Il a adopté et défendu avec vigueur les idées de Georg Cantor en théorie des ensembles et
sur les nombres transfinis. Il est aussi connu comme l’un des fondateurs de la théorie de la
démonstration, de la logique mathématique et a clairement distingué les mathématiques
des métamathématiques.
7
8 CHAPITRE 2. ESPACES DE HILBERT
ő Les espaces de Hilbert sont les espaces vectoriels de dimension infinie les plus simples.
X
n
hx, yi = x i yi ,
i=1
hx, xi = kxk2 ,
et cette équation
h , i : E × E −→ K
(x, y) 7−→ hx, yi
2. hy, xi = hx, yi ;
3. hx, xi ≥ 0 ;
4. hx, xi = 0 ⇐⇒ x = 0.
® Remarque 2.1.1
Les propriétés suivantes d’un produit scalaire se vérifient aisément des axiomes
de la définition :
(A1 ). hx, 0i = h0, xi = 0,∀x ∈ E.
(A2 ). hx, y + λzi = hx, yi + λ̄hx, zi,∀x, y ∈ E, ∀λ ∈ K.
(A3 ). hx + y, x + yi = hx, xi + hy, yi + 2<ehx, yi.
ʾ Théorème 2.1.1
Preuve. Soit E un espace vectoriel, et soit B une base algébrique de E. Alors nous
définissons :
X
hx, yi = αi βi .
ei ∈B
X X
Avec x = αi ei , y = βi ei . On voit aisément que h , i est un produit scalaire sur E.
ei ∈B ei ∈B
Exemple 2.1.1.
ß Le produit scalaire usuel sur Rn est défini par :
X
i=n
hx, yi = x i yi .
i=1
10 CHAPITRE 2. ESPACES DE HILBERT
X
i=n
hx, yi = x i yi .
i=1
p p
Preuve. Soient x et y de E. Posons, pour simplifier a = hx, xi, b = hy, yi
et t0 = − ⟨x,y⟩
b2
. On a donc :
Si y 6= 0 :
|hx, yi|2
0 ≤ hx + t0 y, x + t0 yi = a2 − .
b2
D’où
|hx, yi|2 ≤ a2 b2 .
Si y = 0 :
p p
0 = |hx, 0i| ≤ hx, xi hx, 0i = 0.
C’est-à-dire le résultat cherché.
2.1. PRODUIT SCALAIRE ET PROPRIÉTÉS GÉNÉRALES 11
ʾ Définition 2.1.2
||.|| : E −→ R+
,
x 7−→ ||x||
Exemple 2.1.2. :
ß La valeur absolue est une norme sur R, et le module est une norme sur C.
v
u n
X
n
uX
||x||1 = |xi | , ||x||2 = t |xi |2 , ||x||∞ = max1≤i≤n |xi |.
i=1 i=1
est une norme (dite norme usuelle ) sur L(E, F ). Lorsqu’on parlera de la norme
d’une application linéaire continue sans autre précision, il s’agira toujours de cette
norme.
12 CHAPITRE 2. ESPACES DE HILBERT
ʾ Définition 2.1.3
d : X × X −→ R+
,
(x, y) 7−→ d(x, y)
Exemple 2.1.3. :
ß Soit X un ensemble quelconque. Pour tout x, y ∈ X, on pose
(
0 si x = y
d(x, y) = .
1 si x =6 y
Alors d est une distance sur X, appelée distance triviale ou distance discrète.
ß Un exemple fondamental d’espace métrique est l’ensemble R muni de la valeur absolue ;
l’application
d : R × R → R+ , (x, y) 7→ d(x, y) = |x − y|
définit une distance sur R. Appelée distance usuel(ou euclidien) de R.
ß Un autre exemple fondamental est l’ensemble C muni du module ; l’application
ʾ corollaire 2.1.4
Preuve. Soient x, y ∈ E et λ ∈ K :
kxk = 0 ⇐⇒ hx, xi = 0 ⇐⇒ x = 0.
(i).
p q p
(ii). kλxk = hλx, λxi = λλ̄hx, xi = |λ| hx, xi = |λ|kxk.
=| hxn − x, yn i + hx, yn − yi
Avec x, y ∈ E.
14 CHAPITRE 2. ESPACES DE HILBERT
Preuve. Soient x, y ∈ E :
kx + yk2 = hx + y, x + yi
® Remarque 2.1.2
kx − ak = inf kx − yk .
y∈A
(2) Si oui, peut-on caractériser un tel point ? C’est à ces deux questions fondamen-
tales que nous consacrons une partie importante de ce qui va suivre.
2.2. ORTHOGONALITÉ ET THÉORÈME DE PROJECTION 15
ʾ Définition 2.2.1
(3). On dit que deux parties A et B de E sont orthogonales si, tout élé-
ment de A est orthogonal à tout élément de B ; on écrit A⊥B
A⊥ = {x ∈ E/hx, yi = 0, ∀y ∈ A}.
Exemple 2.2.1.
ß On considère E = C([−π, π], R) muni de produit scalaire suivant :
Z π
hf, gi = f (t)g(t)dt, ∀f, g ∈ E,
−π
Z π
hfn , fm i = cos(nt)cos(mt)dt
−π
Z π
1
= [cos((m + n)t) + cos((m − n)t)]dt
2 −π
= 0.
D’où fn ⊥ fm , ∀n, m ∈ N, avec m 6= n.
16 CHAPITRE 2. ESPACES DE HILBERT
ʾ Proposition 2.2.1
0. E ⊥ = {0} et {0}⊥ = E.
3. A ⊆ B =⇒ B ⊥ ⊆ A⊥ .
5. A⊥ = (A)⊥ .
Preuve.
1. a⊥ = kerLa , avec La : E → K, défini par La (x) = hx, aiT∀x ∈ E. Donc a⊥ est
un sous-espace vectoriel fermé de E. D’autre part on a ; A⊥ = a∈A a⊥ intersection de
sous-espaces vectoriels fermés, est un sous-espace vectoriel fermé, car chaque sous-espace
vectoriel kerLa = L−1
a {0R }, est fermé puisque La est continue.
−La preuve de 0, 2, 3, et 4 est évidente.
X X
hx, yi = hx, λi yi i = λi hx, yi i = 0,
i∈I i∈I
Et on a
(1). K = R
1h i
hx, yi = kx + yk2 + kx − yk2 .
4
(2). K = C h i
hx, yi = 1
4 kx + yk2 − kx − yk2 + i kx + iyk2 − i kx − iyk2 .
2
X
n−1 X
n−1
xk = kxk k2 .
k=1 k=1
X
n−1
Posons x = xk et y = xn . On a clairement x ⊥ y. Donc
k=1
2
X
n
xk = kx + yk2
k=1 !
X
n−1
2
= kxk k + kxn k2
k=1
X
n
= kxk k2 .
k=1
D’où le théorème.
− Pour (1) et (2) il suffit de développer le terme à droit.
® Remarque 2.2.1
Un espace de Hilbert est un espace préhilbertien sur K qui est complet pour la
distance définie par d(x, y) = kx − yk.
Exemple 2.2.2.
ß (Rn , h , i)
ß (Cn , h , i)
ß (ℓ2K, h , i)
ß (L2K(µ), h , i)
sont des espaces de Hilbert ; avec h , i c’est le produit scalaire définit dans l’exemple 2.1.1
ß Tout espace vectoriel normé de dimension finie étant complet, il en résulte que tout
espace préhilbertien de dimension finie est un espace de Hilbert.
Exemple 2.2.3.
ß Si A est une partie compacte de E et si x est un point fixé dans E, alors l’application
continue y 7→ kx − yk de A dans R atteint sa borne inférieure en un point a de A, de sorte
que kx − ak = d(x, A), et il existe donc bien un projeté de x sur A.
® Remarque 2.2.2
Il peut arriver qu’un point admette plusieurs projetés : c’est par exemple le cas
du centre x du cercle inscrit dans un triangle A du plan euclidien. Un point
peut éventuellement admettre une infinité de projetés, il suffit de considérer, par
exemple, le centre x d’un cercle A de rayon strictement positif dans R2 .
ő Nous allons montrer un théorème caractérisant la projection d’un élément x ∈ H sur une
partie A de H. grâce à ce théorème que l’on obtient toutes les " bonnes" propriétés des es-
paces de Hilbert, par exemple, nous déduirons la structure du dual d’un espaceădeăHilbert.
2.2. ORTHOGONALITÉ ET THÉORÈME DE PROJECTION 19
Soit H un espace de Hilbert et soit C une partie convexe et fermée, non vide,
de H. Alors, pour tout x ∈ H, il existe un unique y ∈ C tel que :
Preuve.
Objectif 1 : Existence du projeté orthogonal.
∀x ∈ H L’ensemble des distances {kx − yk / y ∈ C} est un sous ensemble non vide
minoré par 0 de R. Il admet donc une borne inférieure d = d(x, C). Par définition de d, il
existe une suite (yn )n≥1 dans C telle que, pour tout n ≥ 1 , on ait
1
d ≤ kx − yn k < d + , (1)
n
par la loi de parallélogramme appliquée à x − yn et x − ym , avec m, n ∈ N⋆ on a
2
1
kym − yn k2 = 2 kx − ym k2 + 2 kx − yn k2 − 4 x − (ym + yn ) ,
2
lim kx − yn k = d.
n→+∞
Le second membre de (2) tend alors vers 0 quand m et n tendent vers l’infini ; ce qui
montre que la suite (yn ) est de Cauchy dans C. Or C est complet (car fermé dans l’espace
complet H), donc (yn ) admet une limite y ∈ C. La continuité de la norme donne alors
lim kx − yn k = kx − yk ,
n→∞
d’où ky ′ − yk = 0, donc y ′ = y.
20 CHAPITRE 2. ESPACES DE HILBERT
Objectif 3 : Caractérisation.
Soient y = PC (x) et z ∈ C. On a
donc ∀z ∈ C, on a
≤ d2 − d2 + kz − yk2
≤ kz − yk2 .
Notons pour t ∈]0, 1[, zt = tz + (1 − t)y ∈ C (car C est convexe), on a alors :
zt − y = t(z − y),
2<ehy − x, y − zi ≤ 0,
d’où
<ehy − x, y − zi ≤ 0.
Réciproquement, pour z ∈ C, on a
® Remarque 2.2.3
k1 − f k∞ = sup |1 − f (t)| = 1,
0≤t≤1
donc
kp(x1 ) − p(x2 )k2 ≤ <ehx1 − x2 , p(x1 ) − p(x2 )i
≤ |hx1 − x2 , p(x1 ) − p(x2 )i|
ʾ Proposition 2.2.3
y ∈ F et x − y ∈ F ⊥ .
Preuve. D’abord si y ∈ F et x − y ∈ F ⊥ , on a
∀z ∈ F, (x − y) ⊥ (y − z),
<ehx − y, z − yi ≤ 0, ∀z ∈ F.
z = y + λw ∈ F, ∀w ∈ F et ∀λ ∈ K.
λhx − y, wi = hx − y, λwi ≤ 0, ∀λ ∈ R,
et avec z = y + iλw :
ʾ corollaire 2.2.5
H = F ⊕ F ⊥.
ʾ corollaire 2.2.6
F ⊥⊥ = F .
H = F ⊥ ⊕ F ⊥⊥ = F ⊥⊥ ⊕ F ⊥ ,
H = F ⊕ (F )⊥ = F ⊕ F ⊥ ,
24 CHAPITRE 2. ESPACES DE HILBERT
Soit ℓ une forme linéaire continue sur un espace de Hilbert H. Alors il existe un
et un seul a dans H tel que
Ψ : H −→ R
kyk2 .
y 7−→ − <e ℓ(y)
2
Preuve.
Objectif 1 : L’unicité
si a0 et a1 vérifient (∗) alors pour x = a0 − a1 , on a
ha0 − a1 , a0 i = ha0 − a1 , a1 i ⇔ ha0 − a1 , a0 − a1 i = 0
2.3. DUALITÉ ET THÉORÈME DE REPRÉSENTATION DE RIESZ 25
⇔ a0 − a1 = 0
⇔ a0 = a1 .
Objectif 2 : L’existence
Comme ℓ est continue, son noyau F est un sous-espace vectoriel fermé de H.
• Si F = H, alors
ℓ = 0, et nous pouvons choisir a = 0.
• Si F 6= H
d’après la corollaire 2.2.5 on a H = F ⊕ F ⊥ , et par suite il existe y0 ∈ F ⊥ \{0}, alors
ℓ(y0 ) 6= 0. Pour tout x ∈ H, on pose
ℓ(x)
u=x− y0 ,
ℓ(y0 )
kyk2 1 1 1
− <e ℓ(y) = kyk2 − <ehy, ai = ky − ak2 − kak2 .
2 2 2 2
a est bien le seul vecteur qui minimise la fonction Ψ sur H.
® Remarque 2.3.1
J : H −→ H ′
a 7−→ J(a) = La
est surjective. Elle est donc bijective car c’est une isométrie (au sens des espaces
métriques) :
Notons que dans le cas réel, J est linéaire(donc est un isomorphisme isométrique),
mais que dans le cas complexe, elle n’est que semi-linéaire ( antilinéaire), d’où
l’importance de placer l’élément a à droite dans l’écriture hx, ai.
▶ Le dual topologique H ′ est un espace de Hilbert pour le produit scalaire sui-
vant :
∀a, b ∈ H, on pose hLa , Lb i = hb, ai.
Par ailleurs cette norme coïncide avec la norme déjà existant sur H ′ .
26 CHAPITRE 2. ESPACES DE HILBERT
Soit (X, A, µ) un espace mesuré et soit ℓ une forme linéaire continue sur l’espace
L2 (X, A, µ), alors il existe un unique élément f0 ∈ L2 (µ) tel que
Z
ℓ(g) = gf 0 dµ, ∀g ∈ L2 (µ).
X
=⇒ Pour le sens direct, on commence par le cas ou ν et µ sont des mesures finies. En
particulier, on a dans ce cas L2 (µ) ⊆ L1 (µ).
• Étape 1 : cas ou ν ≤ µ.
On suppose
R R cette étape que ν ≤ µ. Alors pour toute fonction g mesurable positive,
dans
on a gdν ≤ gdµ : en particulier, L2 (µ) ⊆ L2 (ν), donc on peut considérer l’application
linéaire
Φ : L2 (µ) −→ RZ .
f 7−→ f dν
X
Montrons maintenant que f est positive. On suppose par l’absurde que µ({f < 0}) > 0.
1
Alors il existe un entier n0 tel que µ({f ≤ − }) > 0. On en déduit que :
n0
Z
1 { }
µ(X)
ν f ≤− = 1 f dµ ≤ − n < 0.
n0 f ≤− 0
n0
Ceci contredit que la mesure ν est positive. Ainsi, On a µ({f < 0}) = 0. De la même
manière, on peut montrer que µ({f > 1}) = 0,et en déduit en fait que f est µ−presque
partout a valeurs dans [0, 1].
• Étape 2 : Cas général.
On applique l’étape 1 aux mesures finies ν et µ + ν. Il existe f ∈ L1 (µ + ν) avec f ∈
[0, 1](µ + ν)−presque partout, tel que
Z
∀A ∈ A, ν(A) = f d(µ + ν).
A
Z Z
∀A ∈ A, (1 − f )dν = f dµ.
A A
Z Z
Notons N = {f = 1}. Alors µ(N ) = f dµ = (1 − f )dν = 0, donc comme ν µ, on
N N
en déduit ν(N ) = 0. Pour A ∈ A, on peut décomposer A = (A∩N )∪(A∩N c ), et on obtient
ʾ Application 2.3.3
Preuve.
• Objectif 1 : Existence de T ∗ .
Pour tout y ∈ H2 , considérons l’application ϕy : x 7→ hT (x), yi. Montrons que ϕy est
linéaire continue et qu’il existe un unique z ∈ H1 tel que :
∀x ∈ H1 , ϕy (x) = hT (x), yi = hx, zi,
d’abord ϕy est clairement linéaire par linéarité de T et linéarité à gauche de h , i, puis ϕy
est continue par continuité de T et l’inégalité de Cauchy-Schwartz. En effet :
|ϕy (x)| = |hT (x), yi ≤ kT (x)k kyk ≤ kT k kxk kyk ,
et donc en posant C = kT k kyk, on a |ϕy (x)| ≤ C kxk =⇒ ϕy est continue, d’après le
théorème de représentation de Riesz-Fréchet, il existe alors un unique vecteur noté T ∗ (y)
tel que :
∀x ∈ H1 , ϕy (x) = hT (x), yi = hx, T ∗ (y)i,
par l’unicité de T ∗ (y) pour un y donné, on définit une application T ∗ : H2 → H1 .
• Objectif 2 :Unicité de T ∗ .
On suppose qu’il existe T1∗ , T2∗ ∈ L(H2 ; H1 ) tels que pour tout x ∈ H1 et tout y ∈ H2 , on a :
• Objectif 3 : La linéarité de T ∗
Soient y1 , y2 ∈ H2 et c1 , c2 ∈ K. Pour tout x ∈ H1 , on a :
hx, T ∗ (c1 y1 + c2 y2 )i = hT (x), c1 y1 + c2 y2 i
= c1 hT (x), y1 i + c2 hT (x), y2 i
= c1 hx, T ∗ (y1 )i + c2 hx, T ∗ (y2 )i
= hx, c1 T ∗ (y1 ) + c2 T ∗ (y2 )i
hx, T (c1 y1 + c2 y2 )i = hx, c1 T (y1 ) + c2 T (y2 )i ⇔ hx, T ∗ (c1 y1 + c2 y2 )i − hx, c1 T ∗ (y1 ) +
∗ ∗ ∗
c2 T ∗ (y2 )i = 0
⇔ hx, T ∗ (c1 y1 +c2 y2 )−c1 T ∗ (y1 )−c2 T ∗ (y2 )i = 0
⇔ T ∗ (c1 y1 + c2 y2 ) − c1 T ∗ (y1 ) − c2 T ∗ (y2 ) ∈ H1⊥ .
Or H1⊥ = {0}, alors T ∗ est linéaire.
• Objectif 4 : Continuité de T ∗
Pour x ∈ H1 et pour tout y ∈ H2 , on a :
|hx, T ∗ (y)i| = |hT (x), yi| ≤ kT k kxk kyk (∗),
2.4. FAMILLES ORTHONORMÉES 29
comme k.k découle d’un produit scalaire, on applique corollaire 2.1.4 en a = T ∗ (y), on
trouve que kT ∗ (y)k = sup∥x∥=1 |hx, T ∗ (y)i|, et par (∗), on a kT ∗ (y)k ≤ kT k kyk, ce qui
nous donne T ∗ est continue.
ʾ Définition 2.4.1
Une famille (ei )i∈I d’élément d’un K-espace préhilbertien E est dite :
Exemple 2.4.1.
√ C ([0, 2π], C) muni de son produit scalaire usuel, la famille (fn )n∈Z avec fn (x) =
ß Dans 0
Z 2π
1
hfm , fn i = ei(m−n)x dx = δm,n .
2π 0
Ce système orthonormal est appelé le système trigonométrique et joue un rôle central dans
l’étude des séries de Fourier.
ß Considérons l’espace de Hilbert ℓ2 . Rappelons que pour tout n ≥ 0, en ∈ ℓ2 , avec en =
(δn,k )k≥0 . Il est clair que (en )n≥0 est une famille orthonormale dans ℓ2 .
ß La famille d’élément défini par un (x) = √1π sin(nx) forme une suite orthonormale dans
C 0 ([−π, +π], R) muni de son produit scalaire usuel.
® Remarque 2.4.1
▶ Toute famille orthogonale (ei )i∈I est algébriquement libre, i.e. Pour tout J ⊆ I
sous-ensemble fini, {ei }i∈J sont linéairement indépendants.
ʾ Théorème 2.4.1
Soient H un espace de Hilbert et (xn ) une suite d’éléments de H deux à deux or-
X X
thogonaux. La série xn converge si et seulement si la série numérique kxn k2
n n
converge. Dans ce cas, on a la relation de Pythagore généralisée
∞ 2 ∞
X X
xn = kxn k2 .
n=1 n=1
Preuve. X
Soit (Sn,1 ) la suite des sommes partielles de la série xn et (Sn,2 ) la suite des sommes
X n
partielles de la série kxn k2 . le théorème de Pythagore assure que, pour deux entiers
n
quelconque p < q,
2
X
q X
q
xi = kxi k2 .
p+1 p+1
Ce qui s’écrit kSq,1 − Sp,1 k2 =|Sq,2 − Sp,2 |. Ainsi, la suite (Sn,1 ) est une suite de Cauchy
si et seulement si la suite (Sn,2 ) l’est aussi, et dans ce cas on a
2
X
n X
n
lim xi = lim kxi k2 .
n→∞ n→∞
i=1 i=1
ʾ Lemme 2.4.1
Si J est fini⊂ N, on a :
* +
X X X
λi e i , µi ei = λi µ i .
i∈J i∈J i∈J
Soient (E, h , i) un espace préhilbertien, (en )n∈N une famille orthonormale dans
E.
(1). Pour tout x ∈ E, la suite |hx, en i|2 est convergente dans R+ , et on
a: X
|hx, en i|2 ≤ kxk2 (Inégalité de Bessel).
n∈N
X
n=∞
(2). Et si un vecteur x ∈ E peut s’écrire x = an en où (an ) ⊆ K, et Soit Fn
n=0
le sous-espace vectoriel engendré par e0 , e1 , ..., en . Alors on a
(a).
an = hx, en i ∀n ≥ 0.
(b).
X
n
PFn (x) = ak ek .
k=0
Preuve.
(1). D’après le lemme précédent, on a
* +
X
p X
p X
p
x− hx, en ien , x − hx, en ien = kxk2 − |hx, en i|2 ,
n=0 n=0 n=0
X
p
le première membre étant ≥ 0, on en déduit pour tout p ≥ 0, |hx, en i|2 ≤ kxk2 , d’où la
n=0
convergence de la série de terme générale |hx, en i|2 et l’inégalité de Bessel.
(2)-(a). Pour chaque k ≥ 0, d’après la corollaire 2.1.4 la forme linéaire Lek est conti-
nue, donc :
∞
X ∞
X
hx, ek i = Lek (x) = Lek (an en ) = an hen , ek i = ak .
n=0 n=0
* +
X
k=n
(2)-(b). Comme on a ak = hx, ek i ( d’après (2)-(a) ), on obtient que x− ak ek , e j =
k=0
X
n
0, pour tout j ≤ n, donc si yn = ak ek , on a x−yn ∈ Fn⊥ , comme yn ∈ Fn , la proposition
k=1
2.2.3 dit que yn = PFn (x).
32 CHAPITRE 2. ESPACES DE HILBERT
® Remarque 2.4.2
Soit (en )n≥0 une suite orthonormal dans un espace de Hilbert H, et (an )n≥0 une
suite de K. Alors
∞
X ∞
X
|an |2 converge dans R ⇔ an en converge dans H.
n=0 n=0
2 2
X
p X
m X
p X
p
an en − an en = an en = |an |2 ,
n=0 n=0 n=m+1 n=m+1
X
ainsi la série an en est convergente si et seulement si la série réelles à termes
n≥0
X
positifs |an |2 vérifie le critère de Cauchy, donc converge car R est complet.
n≥0
2.5. BASES HILBERTIENNES 33
® Remarque 2.4.3
▶ Dans le cas particulier où la suite (an )n≥0 est la suite (hx, en i)n≥0 , l’inégalité de
Bessel nous assure de l’appartenance de cette suite a ℓ2 (N), aussi par le théorème
X
2.4.3 la série hx, en ien est converge dans H, sa somme est égale à PF (x) où
n≥0
P
F = V ect({ei , i ∈ N}). En effet la somme de n hx, en ien est un élément a de F
(car F est fermé de H) qui vérifie par construction
hx − a, ei i = 0, pour i ≥ 0,
u = hu, iii + hu, jij + hu, kik, et kuk2 = hu, ii2 + hu, ji2 + hu, ki2 .
X
n
u= ci ei .
i=1
ʾ Définition 2.5.1
Soit E un espace préhilbertien. On dit que {ei , i ∈ I} est une base hilbertienne
de E si
i. {ei , i ∈ I} est une famille orthonormée .
ii. V ect({ei , i ∈ I}) = E (On dit que (ei )i∈I est totale).
® Remarque 2.5.1
1. Cardinalité de I :
▶ I fini : On est dans le cas bien connu des espaces euclidiens(ou hermi-
tiens).
∞
X
▶ I dénombrable : ci ei est une série.
i=1
∞
X
▶ I non dénombrable : Il faut donner un sens à ci ei qu’il vaut mieux écrire
i=1
X
c i ei .
i∈I
2. Attention :
Soit H un espace de Hilbert et (en )n ≥ 0 est une suite orthonormée. Les propriétés
suivantes sont équivalentes :
(i). (en )n ≥ 0 est une base Hilbertienne.
X
(ii). ∀x ∈ H, x = hx, en ien .
n≥0
X
(iii). ∀x ∈ H, kxk2 = |hx, en i|2 . (L’identité de Parseval)
n≥0
Preuve. * +
X
(i)⇒(ii) Pour tout j ∈ N, x− hx, en ien , ej = hx, ej i − hx, ej i = 0, alors l’hypothèse
n≥0
X X
(i) entraine x − hx, en ien = 0, i.e. x = hx, en ien .
n∈N n∈N
® Remarque 2.5.2
Si {en }n∈N est une base hilbertienne de H, l’identité de Parseval entraine que
X
kΦ(x)k2 = |hx, en i|2 = kxk2 . D’où Φ est une isométrie, donc injective, de
n≥0
plus si H est séparable on peut montrer que Φ est un isomorphisme d’espaces de
Hilbert. Alors tout espace de Hilbert est isomorphe à l’espace de Hilbert ℓ2 (N)
Exemple 2.5.2.
ßLa suite orthonormée {en }n∈N de ℓ2 (N) est une base hilbertienne, qu’on appelle la base
standard de ℓ2 (N). On rappelle que
en = (0, · · · , 0, 1, 0, · · · ) pour tout n ∈ N
| {z }
n−1
Soit H un espace préhilbertien de dimension infinie, et soit {fn }n≥0 une suite
libre de vecteurs de H. On pose pour p ∈ N, Vp = V ect({f0 , ..., fp }). Alors, la
suite (en )n∈N définie par une récurrence :
fp − PVp−1 (fp )
e0 = ∥ff00 ∥ et pour p ≥ 1, ep = est suite orthonormée telle que
fp − PVp−1 (fp )
Xp
fp+1 − hfp , ei iei
i=0
V ect(e0 , ..., ep ) = Vp . En fait, on a pour p ≥ 0, ep+1 = .
X
p
fp+1 − hfp , ei iei
i=0
Preuve. On raisonne par récurrence : Comme la suite (fn ) est libre, donc f0 6= 0,
par suite e0 = ∥ff00 ∥ vérifie bien ke0 k = 1. Supposons que e0 , e1 , ..., ep sont déjà obtenus et
que Vp = V ect{e0 , ..., ep }. Soit PVp (fp+1 ) la projection orthogonale de fp+1 sur Vp , d’après
la proposition 2.2.3 on a : hfp+1 − PVp (fp+1 ), yi = 0, ∀y ∈ Vp (∗), en particulier, fp+1 −
PVp (fp+1 ) est orthogonal aux vecteurs e0 , e1 , ..., ep , et on obtient un système orthonormé
e0 , ..., ep , ep+1 , en posant
fp+1 − PVp (fp+1 )
ep+1 = .
fp+1 − PVp (fp+1 )
Il reste à déterminer PVp (fp+1 ) dans la base orthonormée {e0 , e1 , ..., ep }. Si on écrit PVp (fp+1 ) =
X p
λi ei . Alors PVp (fp+1 ), ei = λi et de (∗) on a : hPVp (fp+1 ), ei i = hfp+1 , ei i, finalement
i=0
X
p X
p
PVp (fp+1 ) = λi e i = hfp+1 , ei iei .
i=0 i=0
ʾ Définition 2.5.2
Soit (E, d) un espace métrique. On dit que E est séparable s’il existe une partie
dénombrable et dense D de E.
ʾ Théorème 2.5.2
Preuve. Soit D = {un }n∈N une suite dense dans E. On peut se ramener au cas où la
suite est libre. D’après le procédé de Gram-Schmidt 2.5.1, il existe une suite orthonormée
{en }n≥1 telle que pour tout n ∈ N, vect {e0 , · · · , en } = vect {u0 , · · · , un }. Il nous reste à
montrer que la suite {en }n∈N est totale.
Soit x ∈ E et ε > 0, comme D = {un }n∈N est dense dans E, il existe N ∈ N tel que
kx − uN k < ε. Comme uN ∈ Vect {e0 , . . . , eN } il existe des scalaires λ0 , . . . , λN tels que
XN
x− λk e k < ε .
k=0
Réciproquement, soit {en }n∈N est une base hilbertienne de E. On pose
( )
X
A = VectQ+iQ {en }n∈N = λn en ; I ⊂ N, card(I) < +∞ et λn ∈ Q + iQ .
n∈I
On vérifie que A est dénombrable et dense dans E. Soit x ∈ E et ε > 0, alors il existe
X
N X
N
ak ek ∈ Vect {en }n∈N tel que x − ak ek < 2ε . Comme Q + iQ est dense dans C,
k=0 k=0
il existe pour tout k ∈ {0, . . . , N }, λk ∈ Q + iQ tel que |ak − λk | < ε
2(N +1) . Ainsi yε =
X
N X
N
ε
λk ek ∈ A vérifie, kx − yε k ≤ ε
2 + ≤ ε.
2(N + 1)
k=0 k=0
Finalement, soit {en }n∈N une base hilbertienne dénombrable de E (on vient de montrer
l’existence) et β = {ui }i∈I une autre base hilbertienne de E.
[
On pose, pour tout n, Bn = {u ∈ β; hen , ui 6= 0} et B = Bn . Comme la famille β =
P
n∈N
{ui }i∈I est une base hilbertienne de E, pour tout n, la série i∈I hen , ui i ui est sommable,
ainsi Bn dénombrable (Préliminaire, proposition 1.1.1) et par suite B est dénombrable
comme réunion dénombrable d’ensembles nombrables.
Soit u ∈ β\B, alors pour tout n ∈ N, hu, en i = 0 et comme {en }n∈N est une se hilbertienne,
u = 0, ce qui est impossible car kuk = 1, donc nécessairement β\B = ∅ , et par suite
β = B est dénombrable.
ʾ Théorème 2.5.3
ʾ Théorème 2.5.4
Preuve. Si H est de dimension finie n, alors toute base hilbertienne de H est aussi une
base algébrique, donc son cardinal est n. On suppose maintenant que H est de dimension
infinie. Soient (xi )i∈I et (ej )j∈J deux bases hilbertiennes de H. Alors I et J sont des
ensembles infinis. Soit D = {(i, j) ∈ I × J : hxi , ej i 6=
X 0}. D’après le théorème 2.5.1 sous
2
forme générale, pour tout i ∈ I, on a 0 6= kxi k = |hxi , ej i|2 , donc, pour tout i ∈ I,
j∈J
il existe j ∈ J tel que hxi , ej i 6= 0. Par conséquent, l’application (i, j) 7−→ i de D dans
Xd’où on a2 Card(I) ≤ Card(D) D’autre part, pour tout j ∈ J, on a
I est surjective,
2
aussi kej k = |hxi , ej i| . D’après la proposition 1.1.1(Préliminaire), l’ensemble Ij =
i∈I
{i ∈ I; hxi , e[
j i 6= 0} est au plus dénombrable. Soit fj : Ij −→ N une application injective.
On a D = Ij × {j}, et soit f : D −→ J × N définie par f (i, j) = (j, fj (i)) si i ∈ Ij .
j∈J
Alors f est une application injective. Par conséquent, on a Card(D) ≤ Card(J ×N). Or on
a Card(J × N) = Card(J), car J est infini, donc on a Card(I) ≤ Card(J). On échange le
rôle de I et J, on obtient aussi Card(J) ≤ Card(I). Finalement, on a Card(I) = Card(J).
aux fonctions sur R admettant la période T ; ou encore aux fonctions f définies sur un
intervalle [a, a + T ] telles que f (a) = f (a + T ) quel que soit a. T est muni de la topologie
quotient, i.e. la topologie telle que f : T → C est continue si et seulement si f ◦ π : R → C
est continue ; ainsi l’espace C(T) des fonctions continues sur T s’identifie avec l’espace des
fonctions continues et T-périodiques sur R.
Soit S1 = {z ∈ C : |z| = 1} le cercle unité. L’application ϕ : R → S1 définie par ϕ(t) =
e est surjective continue où ω = 2π T . L’application induite ψ : T → S qui à la classe
iωt 1
T
π ψ
ϕ
R S1
Ainsi pour toute fonction f : R → C, T -périodique et continue il existe une unique
fonction continue f˜ : S1 → C telle que, pour tout t ∈ R, f (t) = f˜ eiωt .
Polynômes trigonométriques
ő Soit T > 0, on pose ω = 2π T . Pour n ∈ Z, on note en , la fonction T -périodique de
R à valeurs dans C définie par en (t) := eiωnt
Soit n ∈ N ; un polynôme trigonométrique de degré n est une expression de la forme
Xn
λk ek avec λk ∈ C et λn ou λ−n 6= 0. On note par Pn = Vect {ek | −n ≤ k ≤ n}
k=−n
l’espace des polynômes trigonométriques
[ de degré ≤ n et par P l’espace des polynômes
trigonométriques, i.e. P = Pn .
n≥0
Soit a < b. On pose T = b − a et ω = 2π
On munit L2 ([a, b]) du produit scalaire hf, gi =
Z T
1 b
f (t)g(t)dt. Alors on a
T a
ʾ Théorème 2.6.1
1). La suite (en )n∈Z est une base hilbertienne de L2 ([a, b], C).
2). L2 ([a, b], C) est un espace de Hilbert séparable.
fonctions continues sur R à support compact est dense dans L2 (R),voir préliminaire, théo-
rème1.2.5), il existe g ∈ Cc (R, C) telle que kf − gk2 ≤ 2ε . On peut supposer, quitte à
modifier g au voisinage des point a et b que g(a) = g(b) = 0. On peut donc prolonger
g par T périodicité à R. On a ainsi une fonction g : R → C continue et T - périodique.
Soit g̃ : S1 → C, la fonction continue telle que g̃ eiωt = g(t) pour tout t ∈ R. D’après
le théorème de Stone-Weierstrass complexe 1.1.1(voir préliminaire), l’ensemble des poly-
1
nômes à coefficients complexes en les variables z et z̄ sont denses dans C S , C . Ainsi,
X
il existe P̃ (z) = an,m z n z̄ m tel que kg̃ − P̃ k∞ ≤ 2ε . Si on pose, pour tout t ∈ R,
0≤n,m≤N
P (t) = P̃ . Alors P est un polynôme trigonométrique et kg − P k∞ ≤
eiωt ε
2. Ainsi,
kf − P k2 ≤ kf − gk2 + kg − P k2 ≤ kf − gk2 + kg − P k∞ ≤ 2ε + 2ε = ε.
2.6.1 Conséquences
Maintenant que nous savons que L2 ([a, b]) est un espace de Hilbert séparable et que
(en )n∈Z en est une base hilbertienne, le théorème 2.5.1 de la page 35 et le théorème 2.4.3
de la page 32 nous donnent le résultat suivant :
ʾ corollaire 2.6.1
Soit a < b et ω = 2π/(b − a). Toute fonction f de L2 ([a, b]; C) peut se décomposer
de façon unique en
X Z b
1
(∗)f = cp (f )ep avec ep (t) = e ipωt
, cp (f ) = hf, ep i = e−ipωt f (t)dt,
b−a a
p∈Z
® Remarque 2.6.1
X
n
lim cp (f )eipωt = f
n→+∞
p=−n
ʾ corollaire 2.6.2
(
1 sur [0, π[
f (x) = .
−1 sur [π, 2π[
Z 2π
1
cn (f ) = f (x)e−2inx dx
2π 0
1 1 (−1)n
= − .
π in in
2
Alors, on a cn (f ) = 0 pour n pair et cn (f ) = inπ pour n impair. Le développement en
X
+∞
2
série de Fourier de f est ei(2n+1)x . D’autre part on trouve par l’identité
n=−∞
i(2n + 1)π
de Bessel-Parseval le résultat suivant :
X
+∞
1 π2
= .
n=−∞
(2n + 1)2 4
42 CHAPITRE 2. ESPACES DE HILBERT
On note alors
xn ⇀ x0 , n −→ ∞.
• Si une suite (xn ) converge vers x0 , i.e. ||xn − x0 || → 0. On dit que aussi que
(xn ) converge fortement vers x0 .
ʾ Proposition 2.7.1
ʾ Théorème 2.7.1
ʾ Proposition 2.7.2
xn ⇀ x0 =⇒ xn → x0 .
Chapitre 3
Opérateurs compacts
ő À la différence des opérateurs linéaires dans un espace de dimension finie, pour les-
quels il existe une description exhaustive, l’étude des opérateurs linéaires arbitraires dans
un espace de dimension infinie est un problème assez compliqué. Cependant, certaines
classes importantes de ces opérateurs peuvent être décrites de manière assez complète.
L’une de ces classes est constituée par les opérateurs compacts. Ces opérateurs sont, d’une
part, assez proches par leurs propriétés de ceux de dimension finie ; et d’autre part ils
jouent un rôle important dans de nombreuses applications.
ʾ Définition 3.0.1
® Remarque 3.0.1
♣ L’exemple suivant est l’une des principales motivations pour étudier les
opérateurs compacts.
Exemple 3.0.1.
43
44 CHAPITRE 3. OPÉRATEURS COMPACTS
(ii). Équicontinuité de A : Comme K est continue sur le compact [0, 1] × [0, 1], pour
tout ε > 0 et on choisit δ > 0 tel que
car |f (s)| ≤ 1 pour tous s ∈ [0, 1]. Cela montre que l’ensemble A est équicontinu. Ainsi
A est précompact.
ßL’opérateur de Voltera, V , peut être défini pour une fonction f ∈ L2 ([0, 1]) et un nombre
t ∈ [0, 1], par
Z t
V (f )(t) = f (s)ds,
0
est compact.
3.1. PROPRIÉTÉS GÉNÉRALES DES OPÉRATEURS COMPACTS 45
Preuve.
(i) ⇒ (ii) Soit A ⊂ E borné, alors il existe r > 0 tel que A ⊂ r.B E d’où T (A) ⊂ rT B E .
Ainsi, T (A) est compact, comme fermé du compact r.T B E .
(ii) ⇒ (iii) Il suffit de poser A = {xn , n ∈ N}.
(iii) ⇒ (i) Soit (yn )n∈N une suite de T B E . pour tout n ∈ N, il existe zn ∈ T B E , tel
que kyn − zn kF ≤ 2−n . Comme par hypothèse (zn )n∈N admet une valeur d’adhérence, il
en est de même pour (yn )n∈N.
Soit E un espace vectoriel normé. Alors, la boule unité fermée de E est compacte
si et seulement si E est de dimension finie.
® Remarque 3.1.1
ʾ Théorème 3.1.1
Preuve.
(i). Il découle de la proposition 1.2.1(préliminaire) que K(E, F ) est un sous-espace vectoriel
46 CHAPITRE 3. OPÉRATEURS COMPACTS
de L(E, F ).
Fermeture : Soit T ∈ K(E, F ), alors pour tout ε > 0, il existe Tε ∈ K(E, F ) tel que
kT − Tε k ≤ 2ε , cela signifie que
ε
kT x − Tε xk ≤ pour tout x ∈ B E .
2
Comme Tε est compact, Tε B E est précompact, il existe donc Nε ∈ N et {y1 , . . . , yNε }
tels que
[ Nε ε
Tε B E ⊂ B yi , .
2
i=1
Ainsi, pour tout x ∈ B E , il existe i0 ∈ {1, . . . , Nε } tel que kTε x − yi0 k ≤ 2ε , alors
[ Nε
kT x − yi0 k ≤ kT x − Tε xk+kTε x − yi0 k ≤ 2 + 2 = ε. D’où T B E ⊂
ε ε
B (yi , ε), par suite
i=1
T B E est compact car F est complet. On a donc montrer que T ∈ K(E, F ). Finalement
K(E, F ) = K(E, F ).
(ii). Supposons S ∈ K(E, F ). Comme T S B E ⊂ T S B E , ce dernier est com-
pact, comme image du compact S B E par l’application continue T . Ainsi T ◦ S B E est
compact, i.e. T ◦ S ∈ K(E, G).
ʾ Proposition 3.1.2
Soit T ∈ L(E, F ). On dit que T est un opérateur de rang fini si Im(T) est de
dimension finie. Le rang de T est la dimension de son image.
Notation : FR(E, F ) L’ensemble des opérateurs de rang fini de E dans F .
3.2. OPÉRATEUR DE RANG FINI 47
Á Convention
Les applications linéaires T : E → F de rang finie ne sont pas toujours continues.
® Remarque 3.2.1
Exemple 3.2.1.
ßSoit E un espace de Hilbert séparable et soit (en ) une base hilbertienne de E. Pour tout
entier n. On désigne par Pn l’opérateur de projection orthogonale sur le sous-espace en-
gendré par {e1 , e2 , ..., en }. Pn est un opérateur de rang fini égal à n.
ß Considérons l’opérateur T : ℓ2 (N) → ℓ2 (N) défini par T x = 21n xn , pour tout x =
X 1
(xn ) ∈ ℓ2 (N). Alors T est borné car kT xk2 = |xn |2 ≤ kxk2 . Pour tout n ∈ N, on
4n
n≥0
définit l’opérateur Tn : ℓ (N) → ℓ (N) par Tn x = x0 , . . . , 21n xn , 0, 0, · · · . Il est clair que
2 2
X 1 X 1
k(T − Tn ) xk2 = |x k | 2
≤ kxk 2
,
4k 4k
k≥n+1 k≥n+1
ʾ Théorème 3.2.1
T ∈ F R(H1 , H2 ) ⇔ T ∗ ∈ F R(H2 , H1 ).
X
n X
n
Tx = hT x, ei i ei = hx, T ∗ ei i ei ,
i=1 i=1
X
n
hT (x), yi = hx, T ∗ yi = hx, T ∗ ei i hei , yi .
i=1
Donc
X
n
∗
T y= hy, ei i T ∗ ei .
i=1
Alors T ∗y
∈V ect{T ∗ e
1 2, T ∗e , ..., T ∗ e ∗ ∗
n }, et donc dimIm(T ) ≤ n, d’où T est de rang fini.
Inversement si T est de rang fini, on a forcément T est de rang fini car (T ∗ )∗ = T .
∗
Toutefois, si l’image de la boule B E par T peut être fermée, il n’en va pas de même
pour l’image de E tout entier, sauf cas très particulier :
ʾ Théorème 3.2.2
Preuve.
(i) ⇒ On suppose que Im(T ) est fermé dans l’espace de Banach F alors, Im(T ) est aussi
un espace de Banach. L’opérateur T est continu et surjectif de l’espace de Banach E
sur l’espace de Banach Im(T ). Alors, T est ouverte(d’après le théorème de l’application
ouverte). Comme
la boule unité fermée B E est un voisinage de 0 dans E et T est ouverte,
alors T B E est un voisinage de T (0) = 0 dans Im(T ). D’où, il existe r > 0 tel que
BIm(T ) (0, r) = {y ∈ Im(T ) : kyk < r} ⊂ T B E .
3.3. OPÉRATEUR COMPACT DANS UN ESPACE DE HILBERT 49
L’adhérence BIm(T ) (0, r)F de BIm(T ) (0, r) dans F est un fermé dans le compact T B E ,
F F F
elle est donc un compact de F . De plus, on a BIm(T ) (0, r) ⊂ T B E ⊂ Im(T ) =
F
Im(T ), donc BIm(T ) (0, r) est un compact de Im(T ). on en déduit que la boule unité fer-
mée de Im(T ) est un compact de Im(T ). d’où Im(T ) est de dimension finie(Lemme de
Riesz).
⇐ La réciproque est évidente.
[
(ii). On a Im(T ) = nT B E . Or, pour tout n, nT B E est relativement compact, donc
n≥1
il existe un sous-ensemble dénombrable An tel que An = nT B E . Comme toute réunion
dénombrable
[ d’ensembles dénombrables est un ensemble dénombrable, alors l’ensemble
A= An est dénombrable, et en plus on a
n≥0
[
A ⊆ Im(T ) ⊆ An ⊆ A.
n≥1
Preuve. Soit T ∈ K(E, H). Donc T B E est relativement compact, donc, pour tout
[
ε > 0 du recouvrement BH (y, ε) on peut extraire un sous-recouvrement fini : ∃Nϵ ∈
y∈H
N∗ , ∃ (yi )i=1,...,Nϵ ⊆ H, tel que :
[
Nϵ
T BE ⊂ BH (yi , ε) .
i=1
hT x − PZε (T x), ziH = 0 pour tout z ∈ Zε puisque PZε est la projection orthogonale sur
Zε . Donc
T x − yi = (T x − Tε x) + (Tε x − yi ) ∈ Zε ⊥ ⊕ Zε ,
donc kT x − Tε xkH ≤ kT x − yi kH (Pythagore). Alors kT x − Tε xkH < ε. D’où FR(E, H) =
K(E, H) ; donc T peut être approché aussi près que souhaité par un opérateur de rang fini.
Exemple 3.3.1.
ßSoit H un espace de Hilbert séparable, et (en )n≥1 une base hilbertienne de H.
Pour T ∈ L(H), soit Tn l’opérateur de rang fini défini par :
X
n
Tn = h., ek iT ek , n ∈ N∗ .
k=1
® Remarque 3.3.1
S.Banach avait émis la conjecture que le théorème 3.3.1 reste exact si H est un
espace de Banach non hilbertien. P.Enflo a fourni un contre-exemple en 1972.
T ∈ K(H1 , H2 ) ⇔ T ∗ ∈ K(H2 , H1 ).
Preuve.
=⇒ Si T est compact alors T ∗ est compact : en effet, si (Tn ) est une suite d’opérateurs
de rang fini tels que Tn approche T {(Tn ) existe d′ apres le théorème 3.3.1}, alors (Tn∗ )
est une suite d’opérateurs de rang fini qui approche T ∗ , car kT ∗ − Tn∗ k = ||(T − Tn )∗ | | =
||T − Tn | |.
⇐= Évidemment, la condition est suffisante, grâce à la propriété (T ∗ )∗ = T .
ʾ Théorème 3.3.3
Preuve. Soit (xn ) une suite faiblement converge vers x0 . Donc d’après la proposition
2.7.1 la suite (xn ) est bornée. Donc (xn ) est envoyée par T dans une suite relativement
compacte (yn ), où yn = T xn . Or T est compact, alors T est fortement continue, et (xn )
converge faiblement. D’où d’après le théorème 2.7.1, yn = T xn ⇀ T x0 = y0 . Donc, en
vertu du proposition 2.7.2, yn → y0 .
3.3. OPÉRATEUR COMPACT DANS UN ESPACE DE HILBERT 51
® Remarque 3.3.2
ʾ corollaire 3.3.1
X
Preuve. Pour tout x dans H1 , la série |hx, ek i|2 est convergente et hx, ek i →
k
hx, 0i = 0, k → ∞ ∀x ∈ H1 =⇒ ek ⇀ 0, k → ∞. Le théorème précédent permet de
conclure.
♣ Un exemple important d’opérateurs compacts est donné par le théorème qui suit.
ʾ Théorème 3.3.4
et par suite kTλ − Pn Tλ k = sup |λj |. Si la suite (λn ) tend vers zéro quand n tend vers
j>n
l’infini, on en déduit que l’opérateur Tλ est limite d’une suite d’opérateurs de rang fini,
donc compact (d’après le théorème 3.3.1). Inversement, si Tλ est compact, le corollaire
3.3.1 assure que
∞
X
telles que |λk |2 < +∞. Pour tout x ∈ H, posons
k=1
X
+∞
Tx = λk hx, ek iek .
k=1
Soit H un espace de Hilbert séparable, et soit (ek )k≥1 une base hilbertienne de
H. Un opérateur linéaire T : H → H est un opérateur de Hilbert-Schmidt
si
∞
X
kT ek k2 < ∞.
k=1
Le réel
∞
!1/2
X 2
kT kHS = kT ek k
k=1
X
+∞
Tx = λk hx, ek iek .
k=1
Alors T est un opérateur De Hilbert-schmidt de l’espace de Hilbert L2 ([a, b]) sur lui même.
ß (Opérateur d’anti-convolution Γc ) On considére H = ℓ2 (N), et on fixe c = (cn ) ∈
ℓ2 (N).On définit l’opérateur Γc par
X ∞
Γc : H → H, (xn )n≥0 7→ cn+p xp .
p=0
n≥0
3.3. OPÉRATEUR COMPACT DANS UN ESPACE DE HILBERT 53
X
Γc est un opérateur de Hilbert-schmidt si et seulement si (1 + n) .|cn |2 < ∞.
ʾ Proposition 3.3.1
X
Preuve. Supposons que kT ek k2 < ∞ pour une base hilbertienne (ek ) de H. En
k
utilisant l’identité de Parseval deux fois, et le théorème de Fubini-Tonelli, on obtient
X X X X
kT ek k2 = |hT ek , ej i|2 = |hek , T ∗ ej i|2 = kT ∗ ej k2 .
k k,j k,j j
Soit (e′k ) une autre base hilbertienne de H. Alors un argument similaire donne
X X X X
kT ∗ ej k2 = e′k , T ∗ ej T e′k , ej T e′k
2 2 2
= = .
j j,k j,k k
® Remarque 3.3.3
ʾ Théorème 3.3.5
(ii). L’ensemble des opérateurs de rang fini est dense dans HS(H).
Preuve.
(i). Soit T ∈ HS(H). Soit (en )n∈N une base hilbertienne de H. On note PN la projection
X
sur Vect (e0 , . . . , eN ), ∀N ∈ N. Soit ε > 0, comme T est de Hilbert-Schmidt, kT en k2
n∈N
! 12
X
+∞
converge, donc il existe N ∈ N tel que kT ek k2 ⩽ ε. Pour x ∈ H, tel que
k=N +1
54 CHAPITRE 3. OPÉRATEURS COMPACTS
kxk ⩽ 1, on a
!
X
N
||(T − T PN )x|| = T x − T hx, ek iek
k=0
!
X
+∞ X
N
= T hx, ek i ek − hx, ek i ek
k=0 k=0
!
X
+∞
= T hx, ek i ek
k=N +1
X
+∞
= hx, ek i T (ek )
k=N +1
X
+∞
≤ |hx, ek i| kT (ek )k
k=N +1
! 21 ! 12
X
+∞ X
+∞
⩽ |hx, ek i|2 kT ek k2
k=N +1 k=N +1
⩽ kxkε
⩽ ε.
(ii). Soit T ∈ HS(H). On sait que T ∗ ∈ HS(H). Soit (en )n∈N une base hilbertienne.
On a :
X
+∞ X
kT ∗ en k2 < +∞ donc ∀ε > 0, ∃N ∈ N : kT ∗ en k2 ⩽ ε.
n=0 n⩾N +1
P
On définit TN : f 7→ N n=1 hT f, en i en : c’est un opérateur de rang fini, car à valeurs dans
Vect (e0 , . . . , eN ). Par ailleurs, pour tout f ∈ H :
X X
(T − TN ) f = hT f, en i en donc k(T − TN ) f k2 = |hT f, en i|2 .
n⩾N +1 n⩾N +1
Donc, on a
X
+∞ X
+∞ X X X
+∞ X
k(T − TN ) ek k2 = |hT ek , en i|2 = |hT ek , en i|2 = kT ∗ en k2 ⩽ ε.
k=0 k=0 n⩾N +1 n⩾N +1 k=0 n⩾N +1
® Remarque 3.3.4
Lorsque H est l’espace L2 (X, T , µ), on a une description précise des opéra-
teurs de Hilbert-Schmidt. Plus exactement, soit (X, T , µ) un espace mesuré
σ-fini et supposons que l’espace de Hilbert L2 (X, T , µ) soit séparable. Donc
∀T ∈ L(L2 (X, T , µ)), on a :
Z
T ∈ HS(L (X, T , µ)) ⇔ ∃K ∈ L (X×X, T ×T , µ⊗µ) : T = TK : f 7→
2 2
K(x, ·)f dµ
X
et dans ce cas on a :
Z Z
||T ||2HS = ||TK ||2HS = |K(x, y)|2 dµ(x)dµ(y).
X X
ʾ Théorème 3.3.6
∞
X
kT ||2HS = |aij |2 où aij = hT ej , ei i . (3.3.6)
i,j=1
Preuve. (i). Déjà, HS(H) est un sous-espace vectoriel de L(H). En effet, on peut
prendre une base hilbertienne (en )n∈N quelconque, et si T et S sont deux opérateurs de
Hilbert-Schmidt, alors :
!
X+∞
2
X
+∞
2
X
+∞
2
k(T + S)en k ⩽ 2 kT en k + kSen k < +∞.
n=0 n=0 n=0
et donc hS, T i2 est bien défini. On vérifie immédiatement que c’est un produit scalaire.
Étudions maintenant la complétude : soit (Tn )n∈N ∈ HS(H)N de Cauchy. Soit x ∈ H
de norme 1 : on peut compléter (x) en une base hilbertienne (ek )k∈N de H, de sorte que
56 CHAPITRE 3. OPÉRATEURS COMPACTS
X
M X
M
kTn ek − Tm ek k2 ⩽ kTn − Tm k2L(H) ⩽ ε.
k=0 k=0
X
M
En faisant tendre n → +∞, on obtient : kT ek − Tm ek k2 ⩽ ε. Ainsi, quand M → +∞,
k=0
on obtient que T − Tm ∈ HS(H), donc T ∈ HS(H), et kT − Tm k2 ⩽ ε, a fortiori
∥·∥2
Tm m→+∞ T.
® Remarque 3.3.5
ʾ Proposition 3.3.2
hx, T ∗ yi = hT x, yi = 0,
3.3. OPÉRATEUR COMPACT DANS UN ESPACE DE HILBERT 57
ce qui signifie que x ∈ (ImT ∗ )⊥ et ainsi KerT ⊆ (ImT ∗ )⊥ . Si x ∈ (ImT ∗ )⊥ alors pour
tout y ∈ H
hT x, yi = hx, T ∗ yi = 0,
ce qui implique x ∈ KerT et donc (ImT ∗ )⊥ ⊆ KertT . Donc KertT = (ImT ∗ )⊥ .
(b). Par ce qui précède nous avons
ő Nous énonçons le lemme suivante sans preuve, pour la preuve, reportez-vous à [4] D.
Li, Cours d’analyse fonctionnelle avec 200 exercices corrigés, Ellipses, 2013 ou [6] Haïm.
Brezis, Analys fonctionnelle théorie et applications, Masson, Paris, 1983.
Alors, comme T un = un , on a
yn = (xn − un ) − T (xn − un ) .
58 CHAPITRE 3. OPÉRATEURS COMPACTS
Comme les wn sont de normes unitaires, quitte à extraire, on peut supposer la suite (T wn )
convergente de limite z ∈ H. La suite (yn ) est convergente donc bornée. Ceci implique que
yn
wn − T w n = → 0
kxn − un k n→+∞
Ce qui est absurde. Le deuxième cas ne peut être vérifié, ce qui implique que le premier
cas l’est automatiquement et conclut la preuve du deuxième point.
(iii). Supposons que I − T est injectif et supposons qu’il n’est pas surjectif en vue d’obtenir
une contradiction.
Posons E1 = Im(I − T ). C’est un sous espace fermé strict de H stable par T . On peut
donc considérer la restriction T1 = T |E : E1 → E1 . Montrons que T1 vérifie les mêmes
1
propriétés que T .
1. L’espace E1 est fermé dans l’espace de Hilbert H, donc est aussi un espace de Hilbert.
2. L’opérateur T1 est la restriction sur un espace fermé de l’opérateur compact T . C’est
donc aussi un opérateur compact.
3. L’opérateur T1 n’est pas surjectif. En effet, si E2 = Im(I − T1 ) = (I − T )2 (E),
l’injectivité de I − T fournit E2 ⊊ E1 .
En raisonnant par récurrence, on construit ainsi une suite de sous-espaces fermés
· · · ⊊ En+1 ⊊ En ⊊ · · · ⊊ E2 ⊊ E1 ⊊ H.
Le lemme de Riesz permet alors de fixer, pour n ≥ 1 un élément un ∈ En tel que kun k =
1 et d (un , En+1 ) ≥ 1/2. Montrons que la suite (T un ) ne peut avoir de suite extraite
3.4. OPÉRATEURS COMPACTS AUTO-ADJOINTS 59
Comme Ep+1 ⊂ Ep ⊂ Eq+1 , cela permet d’écrire T up − T uq = wpq − uq avec wpq ∈ Eq+1 .
Par construction de uq , on a alors
kT up − T uq k = kwpq − uq k ≥ 1/2,
ce qui interdit l’existence d’une suite extraite convergente.
Réciproquement, si Im(I − T ) = H, alors {0} = Im(I − T )⊥ = ker (I − T ∗ ), Mais l’opéra-
teur T ∗ est aussi compact, donc en appliquant le raisonnement ci-dessus à T ∗ au lieu de
T , on obtient Im (I − T ∗ ) = H alors Im (I − T ∗ )⊥ = {0} d’où ker(I − T ) = {0}.
® Remarque 3.3.6
Soit H un espace de Hilbert sur K. On dit que l’opérateur T ∈ L(H) est auto-
adjoint si T ∗ = T , i.e.
Exemple 3.4.1.
ß L’opérateur identité sur un espace de Hilbert est auto-adjoint.
Z 1
ß opérateur intégral T f (t) = k(s, t)f (s)ds sur L2 ([0, 1]) avec un noyau hermitien,
0
c’est à dire tel que k(s, t) = k(t, s).
® Remarque 3.4.1
ʾ Définition 3.4.2
On dit qu’un nombre réel ou complexe λ est une valeur propre de T ∈ L(E)
s’il existe x ∈ E, non nul, tel que T x = λx ; autrement dit si T − λI n’est pas
injectif.
ʾ Lemme 3.4.1
— Afin de prouver les propriétés (b) et (c), nous avons besoin d’autres choses, pour la
preuve, reportez-vous à [4] D. Li, Cours d’analyse fonctionnelle avec 200 exercices
corrigés, Ellipses, 2013.
ő Maintenant, nous pouvons énoncer ce qu’on appelle le théorème de Dia-
gonalisation des opérateurs auto-adjoints compacts sur un espace de Hilbert.
ʾ Théorème 3.4.1
Preuve. On désigne par B l’ensemble des parties U de H qui vérifient les conditions
(∗)
x ∈ U ⇒ kxk = 1
x, y ∈ U et x 6= y ⇒ hx, yi = 0 (∗)
x ∈ U ⇒ T x ∈ Kx = Vect{x}
ordonné par l’inclusion (⊂) des parties de H. Montrons que (B, ⊂) est inductif. Soit C =
{Bi ,S
i ∈ I} chaîne de B, i.e. Une partie totalement ordonnéeSde (B, ⊂) Alors pour montrer
que i∈I Bi est un majorant
S de C, il suffit de montrer que i∈I Bi vérifie (∗).
En effet, soit x, y ∈ i∈I Bi , x 6= y, alors il existe j ∈ I tel queSx, y ∈ Bj , d’où kxk =
kyk = 1, T x ∈ Kx, T y ∈ Ky et hx, yi = 0. Ainsi on a montrer que i∈I Bi vérifie (∗).
D’après le lemme de Zorn, il existe un élément maximal B dans B. Alors B est une base
hilbertienne de H formée de vecteurs propres : En effet, les deux premières conditions de
(∗) montrent que les éléments de B forment un système orthonormé et que la troisième
condition qu’ils sont des vecteurs propres de T . Il suffit de montrer que B est total. i.e
Vect(B) = H. Sinon, H0 = Vect(B)⊥ 6= ∅. On note T0 = T |H0 .
D’après le lemme 3.4.1, H0 est stable par T , d’où T0 : H0 → H0 définit un opérateur
auto-adjoint compact.
D’après le lemme 3.4.1 , on peut trouver v0 6= 0 qui soit vecteur propre de T0 associé à
une valeur propre λ telle que |λ| = kT0 k.
Mais alors B∪{v0 } est un système vérifiant (∗) et qui contient strictement B, ceci contredit
le caractère maximal de B. Donc B est total et par suite une base hilbertienne de H
ő Maintenant, nous pouvons enoncer ce qu’on appelle le théorème spectrale
pour opérateurs auto-adjoints compacts sur un espace de Hilbert séparable.
ʾ Théorème 3.4.2
Preuve. D’après le théorème 3.4.1, nous savons qu’il existe une base hilbertienne de
H formée de vecteurs propres de T . Cette base est dénombrable car H est séparable. On
P∞ à en , ∀n ⩾ 1. Comme |λn | ⩽ kT k, ∀n ⩾ 1,
la note (en )n⩾1 , et λn la valeur propre associe
l’opérateur L : H → H défini par L(x) = n=1 λn hx, en ien est bien défini, car :
∞
X ∞
X
|hx, en i|2 ⩽ +∞ entraîne |λn |2 |hx, en i|2 ⩽ +∞.
n=1 n=1
® Remarque 3.4.2
Conclusion
En conclusion, l’étude des espaces de Hilbert est très important dans l’étude des opé-
rateurs linéaires compacts qui occupent une grande partie dans l’analyse fonctionnelle en
particulier l’analyse hilbertienne. La question qui vient à l’esprit est de savoir : "Com-
ment les résultats de cette étude peuvent être utilisés pour résoudre d’autres
problèmes scientifiques ?"
64 CHAPITRE 3. OPÉRATEURS COMPACTS
Bibliographie
[1] E. Provenzi, From Euclidean to Hilbert Spaces, introduction to functional analysis and
its applications, Iste, 2021.
[4] D. Li, Cours d’analyse fonctionnelle avec 200 exercices corrigés, Ellipses, 2013.
[7] M. EL Amrani, Analyse de Fourier dans les les espaces Fonctionnels, Ellipses, 2008.
65