(1940-1969), Paris - Abidjan, Librairie Générale de Droit Et de
(1940-1969), Paris - Abidjan, Librairie Générale de Droit Et de
(1940-1969), Paris - Abidjan, Librairie Générale de Droit Et de
2024 11:32
Études internationales
URI : https://id.erudit.org/iderudit/701213ar
DOI : https://doi.org/10.7202/701213ar
Éditeur(s)
Institut québécois des hautes études internationales
ISSN
0014-2123 (imprimé)
1703-7891 (numérique)
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malgré la prétention des auteurs, manque par- tion des compétences, donnant certes une pri-
fois de profondeur dans son analyse histori- mauté au Gouverneur Général, mais primauté
que, mais représente quand même un apport tenant compte de pouvoirs propres des Gou-
appréciable à la connaissance de cette période verneurs. D'ailleurs une centralisation aussi
pour l'historien ou le public en général non poussée que celle mentionnée par M. Bourgi
familier avec l'histoire d'Haïti. aurait été irréalisable en pratique, compte tenu
des distances et des moyens de communication
Gilles VANDAL
d'alors.
Département d'histoire
Université de Sherbrooke - Page 148 - « Le 16 janvier 1947, Vincent
Auriol devient le premier président de la
4 e République; à cette date quatre hommes
BOURGI, Robert, Le Général De Gaulle s'étaient succédé à la Présidence du Conseil:
et l'Afrique noire (1940-1969), Paris - Gouin - Bidault - Blum - Ramadier. Or il ne
Abidjan, Librairie Générale de Droit et s'agissait pas de Présidents du Conseil, mais
de Jurisprudence - Nouvelles Éditions de Présidents du Gouvernement provisoire de
africaines, 1980, 523 p. la République Française ; il y en eut quatre : de
Gaulle - Gouin - Bidault - Blum. Ce n'est
Voici un ouvrage bien, peut-être trop, qu'après son élection que Vincent Auriol pro-
documenté, sérieux, ayant certainement de- posa à l'Assemblée Nationale l'investiture de
mandé beaucoup de travail, de recherches et Paul Ramadier qui devint le Premier Président
de temps... et qui passe essentiellement à côté du Conseil de la 4 e République.
de son sujet. - Page 218 - Monsieur Roland Pré, Gouver-
Ce n'est pas tant une étude qu'un panégy- neur de la Guinée de 1948 à 1951, est qualifié
rique du Général. Je ne vois aucune objection de Haut-Commis s aire. Cette appellation ne fut
à ce qu'on admire celui-ci; encore faut-il que employée que 10 ans après, sous le régime de
l'admiration ne rende pas aveugle. La presque la Communauté.
totalité de la documentation de M. Bourgi - Page 291 - Le Gouverneur Geay succède
vient des ouvrages de de Gaulle, des souvenirs en Côte d'Ivoire au Gouverneur Péchoux;
des « compagnons », des archives du RPF mais, page 308: le Gouverneur Bailly avait
(Rassemblement du Peuple français); donc remplacé le Gouverneur Péchoux...
uniquement des sources gaullistes. M. Bourgi
Quant au fond, je regrette que l'auteur ait
semble être tombé dans le piège de l'Histoire
consacré tellement de pages primo à la doc-
racontée par les vainqueurs. J'ai toujours cru
trine du RPF, secundo (150 p.) aux aspects
que les « Commentaires sur la guerre des
techniques de la coopération franco-africaine.
Gaules » auraient eu une moindre portée si
Cette dernière partie l'amène même à sortir du
Vercingétorix avait pu, comme César, donner
cadre gaullien, puisque mentionnant, entre au-
sa version.
tres, les accords franco-mauritaniens du 17
Je puis affirmer, pour avoir vécu en Afri- février 1973...
que les années menant de l'Empire français Mais il y a plus grave. La passion gaul-
aux indépendances, que la présentation de M. liste de M. Bourgi lui fait commettre deux
Bourgi est partiale, ce que je puis comprendre, erreurs de jugement: l'une sur l'influence du
mais aussi incomplète, ce qui est plus grave. RPF, l'autre sur la pensée gaullienne.
Mais je veux, tout d'abord, signaler quel- Le RPF n'a eu qu'une action temporaire
ques inexactitudes assez surprenantes: et limitée. L'ensemble des populations, euro-
- Page 70 - « Les Gouverneurs de territoire péenne et africaine, n'avait qu'un désir; vivre
devaient consulter obligatoirement le Gouver- calmement. Et je m'étonne de voir reprise, par
neur Général avant d'arrêter toute décision M. Bourgi, p. 50, l'allégation que les admi-
influant sur la vie du territoire dont ils avaient nistrateurs et militaires étaient en majorité fas-
la charge ». C'est faux: il y avait une réparti- cistes. C'est l'avis d'un communiste notoire,
416 LIVRES
M. Suret-Canale qui justifie cette affirmation ; caines « capables de participer chez elles à la
on en voit la valeur. gestion de leurs propres affaires ». Ce n'était
En fait, les populations ont été vraiment donc qu'une semi-autonomie qui était prévue.
choquées de la défaite de 1940 et avaient, a En 1960, on accordait l'indépendance: les
priori, une certaine sympathie pour de Gaulle ; circonstances avaient changé. Et il en fut pour
mais cette sympathie ne fut guère encouragée l'Afrique noire sous de Gaulle ce qu'il en fut
par les obus anglais de Mers-el-Kebir et de pour l'Algérie. En mai 1958: La France de
Dakar. Et il ne faut quand même pas oublier Dunkerque à Tamanrasset; quatre ans après:
que l'AOF et l'Afrique du Nord rejoignirent le l'indépendance algérienne. Heureusement, en
camp allié en novembre 1942; je m'honore Afrique noire l'évolution fut plus calme, car,
d'avoir participé à ce ralliement et si j'ai été quoi qu'en pense M. Bourgi, les réformes de
accueilli avec des rafales de mitrailleuse à Port la 4 e République (et je suis très loin d'être un
Lyautey, je n'ai eu aucun ennui à Dakar. admirateur de celle-ci) avaient permis de lais-
ser « fuser la vapeur ».
Après la libération de la France, se cons-
tituèrent un peu partout en Afrique noire des De Gaulle, en réalité, n'avait pas la « tri-
groupes gaullistes: « Combat » d'abord, pe coloniale » d'un Galliéni ou d'un Lyautey.
« Union gaulliste » ensuite, RPF enfin. Mais Il pensait que les colonies présentaient plus
ces groupes étaient composés d'anciens FFL, d'inconvénients que d'avantages et il ne voyait
de résistants authentiques, mais aussi de nou- nulle objection, après les avoir utilisées pen-
veaux venus, au passé plus ou moins flou, de dant la guerre, à les « larguer », pour ne pas
ralliés de la onzième heure, d'opportunistes. dire « brader », comme certains de ses adver-
Ce qui provoqua d'ailleurs rapidement discus- saires. Il ne voulait garder, auprès des nou-
sions et dissensions entre ceux qui avaient veaux États, qu'une sorte de magistrature d'in-
mérité la Croix de Lorraine et ceux qui se fluence. Et je crois qu'il n'avait pas tort.
l'étaient accordée... Mais l'attitude, hautaine Mais quand il voulut innover, ce fut un
et arrogante, des membres de ces groupes échec. Ses plans algériens échouèrent l'un
indisposa rapidement le reste de la population ; après l'autre et sa Communauté ne vécut que
puis la course aux bonnes places commença ce que vivent les roses... Mise en place en
(et ce ne fut pas les vrais gaullistes qui furent septembre 1958, elle était moribonde en juin
les plus acharnés): de Gaulle lui-même avait 1960.
trouvé une bonne formule : « ils vont au char-
Néanmoins, ce fut lui qui, quelles que
bon ».
soient ses vraies intentions, décolonisa. Ce
Certes, le RPF a eu une influence, mais fait, joint à son charisme et je dirai même à
bien moindre que ne le pense M. Bourgi et il son talent d'acteur, contribua à créer sa lé-
s'effondra assez rapidement. Ne disait-on pas, gende, son mythe. Légende et mythe toujours
alors : RPF = Rien Pu Faire ? vivants en Afrique. Mais légende et mythe
n'ont pas leur place dans un ouvrage de Droit
Quant à la pensée gaullienne, elle fut
et de Jurisprudence.
essentiellement d'adaptation aux circons-
tances. D'ailleurs, M. Bourgi dit lui-même, p. Maurice PONCELET
142 : « Chez de Gaulle, les décisions mûris-
saient en fonction des événements ». En fait, Faculté d'administration
Université d'Ottawa
de Gaulle a été surtout un grand navigateur ; et
ce n'est pas une moindre qualité pour un
homme politique; mais on peut se demander BRAUNTHAL, Julius, History of the Inter-
jusqu'à quel point il a été un pilote. Utilisa- national World Socialism, 1943-1968,
teur, oui, et habile; visionnaire, on peut en Boulder (Col.), Westview Press, 1980,
douter. 616 p.
Il ne faut pas oublier qu'en 1944, la Cet ouvrage est le troisième tome du
conférence de Brazzaville n'envisageait, tout grand travail que Julius Braunthal a consacré à
au plus, que de rendre ces populations afri- l'histoire du mouvement ouvrier international