Qiu Jin
Naissance | |
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Décès | |
Sépulture |
Qiu Jin Tomb (d) |
Nom dans la langue maternelle |
秋墐 ou 秋瑾 |
Prénoms sociaux |
璿卿, 碧城 |
Noms de pinceau |
競雄, 鑑湖女俠, 鑒湖女俠 |
Époque | |
Nationalité | |
Domicile |
Ancienne résidence de Qiu Jin (d) |
Activités | |
Conjoint |
Wang Tingjun (d) |
Parti politique |
Cuñumbuqui District (en) |
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Qiu Jin (chinois : 秋瑾 ; pinyin : Qiú Jǐn), née le à Xiamen et morte le à Shaoxing, est une poétesse, féministe et révolutionnaire chinoise.
Biographie
[modifier | modifier le code]Enfance et formation
[modifier | modifier le code]Qiu Jin naît le 8 novembre 1875 sous la dynastie mandchoue à Xiamen dans le Fujian de parents fonctionnaires originaires de la ville de Shaoxing[1].
Elle est mariée de force en 1896[2], puis suit son mari dans son travail à Pékin la capitale en 1900[3]. En 1903[3], elle quitte mari et ses deux enfants pour aller s'instruire au Japon (dont elle apprend la langue[3]) car pour elle l'égalité des sexes passe par l'acquisition du savoir chez les femmes[1],[2].
Un parcours révolutionnaire
[modifier | modifier le code]C'est en 1903 que sa façon de penser évolue, notamment sous l'influence du mouvement des Boxers, réprimé en 1900. À cette époque, pour montrer son ressentiment envers le traitement réservé aux femmes sous la dynastie Qing et son gouvernement, elle s'habille en homme, apprend les arts martiaux[3] et manie le sabre. Elle prend le surnom d'« ennemie des hommes »[4].
En 1904, pendant ses études, elle se révolte contre les autorités japonaises qui interdisent à tout étudiant des actions allant à l'encontre de la politique du gouvernement. En 1905, elle rejoint la Ligue révolutionnaire fondée par le révolutionnaire Sun Yat-Sen, mais revient en Chine pour fuir la répression[3].
De retour à Shaoxing en 1906[3], elle occupe le poste d'enseignante dans une des premières écoles destinées aux filles. Début 1907[3], elle fonde une société pour l'émancipation des femmes[2]. Elle est aussi poétesse, journaliste et éditrice et fonde à ce titre plusieurs journaux féministes dont la revue Femmes chinoises (Zhongguo nubao) à Shanghai, qui parait en janvier et [1]. Elle appelle les femmes à acquérir leur indépendance intellectuelle et financière par les études et le travail et ainsi obtenir la liberté à se marier[2]. Plusieurs de ses publications sont cependant interdites ou censurées[3].
Depuis la ville de Shaoxing, elle tente de provoquer un coup d'État contre l'impératrice douairière Cixi au pouvoir depuis 47 ans pour renverser la dynastie des Qing et établir une république, mais cette action se traduit par un échec. Elle est arrêtée le 13 juillet 1907[3] avant d'avoir pu lancer sa rébellion armée[1],[2]. Elle est torturée, mais refuse de donner le nom de ses compagnons de lutte. Le procès est expédié et elle est condamnée avec pour preuve à charge ses poèmes[3].
Par ordre impérial, elle est condamnée à mort et est décapitée le . C'est la première femme à être décapitée sous la dynastie des Qing[1]. Lors de sa dernière nuit, Qiu Jin aurait écrit son poème « Automne du vent, la pluie d'automne, je meurs de tristesse ». L'officier qui l'arrêta se suicida 100 jours après sa mort car il aurait été impressionné par son charisme et aurait échoué à convaincre ses supérieurs de ne pas l'exécuter[2].
Qiu Jin est une pionnière du mouvement féministe. Elle a compris que les femmes étaient considérées comme des compagnes de lutte des hommes, mais que le combat pour l'émancipation des femmes était omis[4]. Elle milite notamment contre la tradition des pieds bandés, une pratique esthétique déformant les pieds des femmes et censée symbolisé la grâce féminine par excellence[5].
Postérité
[modifier | modifier le code]Sa fille
[modifier | modifier le code]Sa fille Wang Guifen est devenue la première aviatrice en Chine[2].
Monument
[modifier | modifier le code]Un monument est érigé en sa mémoire à la demande de Sun Yat-sen (1866-1925) en 1913. Ce monument est situé au bord du Lac de l'Ouest, dans le centre historique de la ville de Hangzhou, province du Zhejiang[2].
Oeuvre littéraire
[modifier | modifier le code]De son œuvre littéraire, il ne reste que peu de traces aujourd'hui : seuls six des vingt chapitres inachevés[6] de ses chants Pierre de l'oiseau (Jingwei shi) sont retrouvés. Ecrit en chinois population, cette œuvre est aussi connue sous le nom de tanci (conte accompagné d'un instrument de musique à cordes). Ce genre musical était surtout utilisé par et pour les femmes[2]. Qiu Jin utilise ici la forme traditionnelle du récit sentimental pour dénoncer le patriarcat et le racisme. L'histoire décrit des jeunes filles recluses et privées d'instruction décidant de quitter leur pays[6].
Icône féministe
[modifier | modifier le code]Cette martyre révolutionnaire est devenue une icône en Chine. Qiu était courageuse, déterminée et engagée dans un combat qui consistait à montrer à l'empire de Chine que la place destinée aux femmes était ignoble, révoltante et injuste[2].
- Prénoms sociaux: Xuánqīng (璿卿) et Jìngxióng (競雄)
- Sobriquet : « La chevalière du lac miroir » (鑑湖女俠 Jiànhú Nǚxiá)
Adaptations cinématographiques
[modifier | modifier le code]- En 2011, un film a été produit relatant des faits de sa vie : Qiu Jin, la guerrière (The Woman Knight of Mirror Lake, 2011) de Herman Yau, avec Huang Yi dans le rôle-titre.
- En 2016, Wu Tsang relate dans le film Duilian (2016) la relation de Qiu Jin avec son amie, la calligraphe Wu Zhiying[7]. En préparant ce film, Wu Tsang découvre que certains poèmes de Qiu Jin n'ont pas été traduits du chinois. Wu Tsang les fait traduire en anglais et les a réécrits avec boychild, l'actrice qui incarne Qiu Jin dans le film[8].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Anne Kerlan, « Qiu Jin, la révolutionnaire «ennemie des hommes» » , sur Libération, (consulté le )
- « Qiu Jin, féministe, révolutionnaire, poétesse et journaliste chinoise – Hebdo Vin Chine de Laurence Lemaire Blog Vin Bordeaux Chine » (consulté le )
- « "Ne me dites pas que les filles ne sont pas de l’étoffe des héros..." », sur France Inter, (consulté le )
- Anne Kerlan, « Qiu Jin, la révolutionnaire «ennemie des hommes» », Libération.fr, (lire en ligne, consulté le )
- Daniel Paris-Clavel, « Suffragettes en kimono », article paru initialement en février 2016 sous le titre « Suffragettes et jujitsu », Manière de voir no 150, décembre 2016-janvier 2017, p. 52-54.
- « Pierres de l'oiseau Jingwei de Qiu Jin » , sur Antoinette Fouque - Editions des femmes (consulté le )
- (en) Arthur Tam, « Artist Wu Tsang on her new film exploring the life of 'China's first feminist', Qiu Jin », sur TimeOut HK, 2015-17-12 (consulté le ).
- (en) Ariela Gittlen, « Wu Tsang Unveils the Queer History of One of China’s Most Famous Poets », Artsy, (lire en ligne, consulté le ).
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Catherine Gipoulon, « L'« intellectuel » au féminin : féminisme et révolution en Chine au début du XXe siècle », Extrême-Orient, Extrême-Occident, vol. 4, no 4 « Du lettré à l'intellectuel : la relation au politique », , p. 159-173 (lire en ligne, consulté le )
- Suzanne Bernard, Qiu Jin, féministe, poète et révolutionnaire, Pantin, le Temps des cerises, , 118 p. (ISBN 2841095967, BNF 40192175, présentation en ligne)
- Encyclopédie de la Littérature, Le livre de poche, « La Pochothèque », 2e édition, pages : 1303-1304.
- Françoise d'Eaubonne, L'Éventail de fer ou la Vie de Qiu Jin, J.-C. Simoën, 1977, 348 p., couv. ill. en coul.
- Yannick Ripa et Françoise Thébaud (dir.), Les féminismes. Une histoire mondiale 19e–20e siècles, Textuel, 2024.
Liens externes
[modifier | modifier le code]- « Qiu Jin », sur Festival du cinéma chinois de Paris