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Évacuation soviétique de Tallinn

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Évacuation navale de Tallinn en 1941
Description de cette image, également commentée ci-après
Croiseur soviétique Kirov protégé par de la fumée lors de l'évacuation de Tallinn en août 1941.
Informations générales
Date 27 au 31 août 1941
Lieu Golfe de Finlande
Issue Victoire finno-allemande
Belligérants
Drapeau de la Finlande Finlande,
Drapeau de l'Allemagne nazie Reich allemand
Drapeau de l'URSS Union soviétique
Commandants
Inconnu Amiral Vladimir Tribouts,
Maréchal Kliment Vorochilov
Pertes
Inconnues + de 12 000 morts (civils et militaires),
28 grands transports et navires auxiliaires,
16 navires de guerre[1],
6 petits transports,
34 navires marchands coulés

Seconde Guerre mondiale et la guerre de Continuation

Batailles

Coordonnées 59° 26′ 47″ nord, 24° 46′ 05″ est

L'évacuation soviétique de Tallinn, également appelé catastrophe de Tallinn ou le Dunkerque russe était une opération soviétique pour évacuer les 190 navires de la flotte de la Baltique, des unités de l'Armée rouge, et des civils pro-soviétiques encerclées dans la base principale de la flotte de Tallinn alors situé en Estonie sous occupation soviétique au cours du mois d’[1].

L'embarquement

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Après l'invasion allemande de l'Union soviétique, qui commença le , les forces allemandes progressèrent rapidement dans les pays baltes alors occupés par les Soviétiques, et à la fin du mois d’août, la capitale estonienne, Tallinn, fut encerclée par les forces allemandes, alors qu'une grande partie de la flotte de la Baltique était pris au piège dans le port de Tallinn.

Dans l'attente d'une percée soviétique, la Kriegsmarine et de la marine finlandaise avaient commencé, le , à poser des mines au large du cap Juminda sur la côte de Lahemaa. Alors que les dragueurs de mines soviétiques essayaient de sécuriser un passage pour les convois au travers des champs de mines, l'artillerie côtière allemande installa une batterie de canons de 150 mm près du cap Juminda et la marine finlandaise rassembla sa 2e flottille de vedettes lance-torpilles avec les patrouilleurs VMV-9, VMV-10, VMV-11 et VMV-17. Dans le même temps la 3. Schnellbootflottille allemande avec les Schnellboot S-26, S-27, S-39, S-40 et S-101 se rassemblèrent à Suomenlinna au large d’Helsinki. Les bombardiers allemands Junkers Ju 88 du Kampfgruppe 806 basés sur des aérodromes en Estonie furent mis en alerte. Le , l'assaut final allemand sur Tallinn commença.

Dans la nuit du 27 au , le 10e corps de fusiliers soviétique fut désengagé de l'ennemi et monta à bord des transports de troupes à Tallinn.

L’embarquement fut protégé par des écrans de fumée, cependant, le déminage dans les jours précédant le début de l'évacuation avait été inefficace en raison du mauvais temps, et il n’y avait pas d’avions soviétique disponibles pour la protection aérienne de l’embarquement. Ceci, combiné avec les tirs d’artillerie allemands et les bombardements aériens couta la vie à au moins un millier des évacués dans le port.

Le défi dans le golfe de Finlande

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Le port de Tallinn, le 1er septembre 1941, après avoir été pris par les Allemands.

Vingt grands navires de transport, huit navires auxiliaires, neuf petits navires de transport, un cargo-citerne, un remorqueur, et un ravitailleur furent organisés en quatre convois, protégés par le croiseur soviétique Kirov, avec l'amiral Vladimir Tribouts à bord, deux éclaireurs, neuf destroyers, trois torpilleurs, douze sous-marins, 25 chasseurs de mines, 10 moderne et 15 obsolètes, 22 dragueurs de mines, 21 chasseurs de sous-marins, trois canonnières, un mouilleur de mines, treize navires de patrouille et onze torpilleurs[2].

L'armada commença à faire mouvement à 22 h 00 le soir du . Cinq navires furent coulés le par des bombardiers Ju 88 allemands[2]. À 16 h 00, le , le premier bateau approchait les eaux infestées de mines au large du cap Juminda. Le premier navire à toucher une mine et à couler était la vapeur Ella, et quelques instants après lui, plusieurs autres navires heurtèrent des mines, tandis que les bombardiers allemands et l'artillerie côtière finlandaise ouvraient le feu. Dans une tentative de forcer le passage, la marine soviétique perdit cinq destroyers, deux torpilleurs, un navire de patrouille, trois chasseurs de mines, trois sous-marins, deux canonnières, deux navires de guerre plus petits et quinze navires de transports. Deux destroyers, un éclaireur, un chasseur de mines, et un navire de transport furent également endommagés[2].

Plus tard ce soir-là, l'armada fut attaqué par des torpilleurs finlandais et allemands, et la situation chaotique rendit impossible les opérations organisées de dragage des mines. La nuit tomba à 22 h 00 et l'armada soviétique stoppa et s’ancra à minuit dans les eaux minées.

Tôt le , des bombardiers Ju 88 attaquèrent les restes des convois au large de Suursaari, coulant deux navires de transports. Pendant ce temps, les navires endommagés accélèrent à leur plus grande vitesse pour atteindre la sécurité des batteries de Kronstadt. Le navire marchand Kazakhstan, fortement endommagé, débarqua 2 300 hommes sur les 5000 qu’il avait à bord avant de faire route vers Cronstadt. Dans les jours suivants, les navires opérant à partir de Suursaari secoururent 12 160 survivants[2].

L'évacuation soviétique de Tallinn permit d’évacuer 165 navires, 28 000 passagers et 66 000 tonnes de matériel[3],[4]. Au moins, 12 400 hommes périrent[5] dans des circonstances peu connues en dehors de l'ancienne Union soviétique. L'événement fut longtemps minimisé par le régime communiste après la guerre. L'évacuation semble avoir été le désastre naval le plus sanglant depuis la bataille de Lépante.

Un mémorial a été dévoilé à Juminda lors du soixantième anniversaire[6].

Quelques-uns des navires coulés

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Mémorial de Juminda
Tombes des hommes morts sur l'Eestirand, sur l'île de Prangli où il s’échoua.
  • Brise glaces letton Krišjānis Valdemars
  • Sous-marin soviétique S5 - , golfe de Finlande[7]
  • Sous-marin soviétique Shch 301- , au large du cap Juminda[7]
  • Destroyer soviétique Yakov Sverdlov - , large de l'île Mohni[7]
  • Destroyer soviétique Kalinine - , au large du cap Juminda[7]
  • Destroyer soviétique Artem - , au large du cap Juminda[7]
  • Escorteur soviétique Volodarski - , au large du cap Juminda[7]
  • Destroyer soviétique Skoryi - , au large du cap Juminda[7]
  • Navire de patrouille Sneg - , au large du cap Juminda[7]
  • Navire de patrouille Tsiklon - , au large du cap Juminda[7]
  • Canonnière I-8 - , au large du cap Juminda[7]
  • Chasseur de mines no 71 (Crab) - , au large du cap Juminda[7]
  • Chasseur de mines no 42 (Lenvodput-13) - , au large du Cap Juminda[7]
  • Navire de la Garde Saturn
  • Patrouilleur MO 202
  • Torpilleur TK 103
  • 25 grands et 9 petits navires marchands, la plupart d'entre eux perdus à cause des mines

Références

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  1. a et b (en) Harrison E. Salisbury, The 900 Days : The siege of Leningrad, Cambridge, MA, Da Capo Press, (lire en ligne), « Tallinn disaster; Russian Dunkirk », p. 221-242
  2. a b c et d (en) Elmar P. Potter et Chester W. Nimitz, Seemacht. Eine Seekriegsgeschichte von der Antike bis zur Gegenwart [« Sea Power. A Naval History »], Herrsching, Manfred Pawlak Verlagsgesellschaft mbH, , 602–622 p. (ISBN 3-88199-082-8), « Der Krieg in der Ostsee »
  3. Finnish navy in Continuation War, year 1941
  4. Naval War in the Baltic Sea 1941-1945
  5. "Juminda, 28.8.1941: To the memory of the drowned - all 12,000 of them" Helsingen Sanomat 5 September 2010
  6. Press Service of the Office of the President; Kadriorg, August 24, 2001
  7. a b c d e f g h i j k et l (en) G.F. Krivosheev, Soviet Casualties and Combat Losses in the Twentieth Century, Londres, Greenhill Books, , 265–271 p. (ISBN 1-85367-280-7)