Taïkan Jyoji
Taïkan Jyoji (太寛 常慈, たいかん じょうじ), né Georges Frey en 1941à Genève, est un moine bouddhiste zen Français dans la tradition de l’école Rinzai japonaise.
Représentant de l’école zen Rinzai
[modifier | modifier le code]Taïkan Jyoji représente l’école zen Rinzai (branche Myōshin-ji) japonaise depuis son intronisation officielle par Yamada Mumon Rōshi en 1974[1]. En 1989, il reçoit le titre de Kaikyō-shi, c’est-à-dire maître fondateur, de la part des instances gouvernantes de Myōshin-ji[2]. À son retour du Japon, il fonde le Centre Zen de la Falaise Verte — de son nom japonais Hekigan-zan Shōbō-ji, ou Temple de l’Authentique Dharma au mont de la Falaise Verte[3] — qu’il dirige jusqu’en 2020.
Le Centre Zen de la Falaise Verte est situé à Saint-Laurent-du-Pape, en Ardèche. Le centre abrite notamment un dōjō de Kyūdō, réalisé selon les normes traditionnelles japonaises, et un zendō entièrement destiné à la pratique de la méditation zazen. En , le zendō est consacré par une délégation de maîtres de temples japonais emmenée par le supérieur de Myōshin-ji Kōno Taitsū Rōshi.
Biographie
[modifier | modifier le code]Taïkan Jyoji se rend au Japon en 1964[4] pour y étudier l’architecture traditionnelle du pays. Il y enseigne le français, consacrant ses loisirs à la lecture.
Dans un contexte de recherche intérieure diffuse, Taïkan Jyoji fait sa première expérience de zazen : « Je me souviens d'avoir plongé dans une sorte de brouillard de l’ignorance et de m’être mis à trembler dans le chaleur torride de l’été japonais : j’étais glacé »[5].
Quelques mois plus tard, il se présente, en costume cravate et valise à la main, à la porte de Shōfuku-ji. Il décrira plus tard dans Itinéraire d'un maître zen venu d’Occident, l’ébranlement que fut sa première sesshin, la marée de souffrances, croissante jour après jour, qui l’engloutit. « Pourtant je suis resté, sans doute parce que je pressentais que derrière toute cette douleur il y avait quelque chose à réaliser »[5].
Les premières années sont essentiellement consacrées à l’apprentissage de la discipline monastique, sesshin après sesshin. Au bout de deux ans de pratique comme bonze laïque, il demande à Mumon Rōshi son ordination. Elle a lieu le . Suivront cinq années de pratique assidue, d’efforts quotidiens, d’effondrements, de victoires aussi et de confrontations fulgurantes avec Mumon Rōshi lors des entretiens individuels — « sit, sit, and sit! » — et son injonction pressante, incessante : « Soyez Un avec le Vide ».
Enfin, lors de l’un des derniers entretiens individuels qu’il accorde à Taïkan Jyoji, il lui déclare : « Maintenant que le couteau est aiguisé, il va falloir continuer à l’affûter «, lui signifiant de rentrer en Europe pour y enseigner le zen selon son expérience. Ainsi commence, en 1975[4], la transmission du zen Rinzai en Europe, dans le respect de la tradition et de son adaptation naturelle à un nouveau contexte, poursuivant le style de cette école : humilité, simplicité, rigueur.
En , Taïkan Jyoji reçoit du gouvernement japonais le prix de l’amitié franco-japonaise par le ministère des affaires étrangères japonais pour sa contribution à la diffusion de la culture japonaise[6].
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Au Cœur du zen, Le Courrier du Livre, Paris, 1982, réédité en 1996
- La Source du vide, Le Courrier du Livre, Paris, 1989
- Zen et Zazen, Le Courrier du Livre, Paris, 1991
- Exhortations Zen, Éditions Le Courrier du Livre, Paris, 1996
- Itinéraire d’un maître zen venu d’Occident, Calmann-Lévy, Paris, 1996 ; réédition Almora, Paris, 2008
- L’Art du kōan zen, Albin Michel Spiritualité, Paris, 2001
- Zen au fil des jours, Le Courrier du Livre, Paris, 2006
- Les Saveurs du zen, (Livre de cuisine en collaboration avec Françoise Dye), Almora, Paris, 2009 ; nouvelle édition illustrée, Almora, Paris 2018
- Un Jour, une Vie — Les Non-Pensées d’un maître zen t. 1, Almora, Paris, 2011
- Un Jour, une Vie — Les Non-Pensées d’un maître zen t. 2, Almora, Paris, 2012
- Kyudo — Tir à l’Arc zen, Le Courrier du Livre, Paris 2014
- Correspondance d’un maître zen, Almora, Paris, 2014
- Un Jour, une Vie — Les Non-Pensées d’un maître zen t. 3, Almora, Paris, 2015
- Rivages sans retour — Les Non-Pensées d’un maître zen t. 4, Almora, Paris, 2017
- Promenade au bord du vide — Les Non-Pensées d’un maître zen t. 5, Almora, Paris, 2019
- Le Pèlerin Intérieur — Les Non-Pensées d’un maître zen t. 6, Almora, Paris, 2021
Références
[modifier | modifier le code]- « Histoire – Centre Zen de la Falaise Verte » (consulté le ).
- « Lignée Falaise Verte – Centre Zen de la Falaise Verte » (consulté le ).
- « Le Centre – Centre Zen de la Falaise Verte » (consulté le ).
- philomag, « Taïkan Jyoji. Le Zen vient en se bottant les fesses | Philosophie magazine », sur www.philomag.com, (consulté le )
- Itinéraire d'un maître zen venu d'Occident, Éditions Almora, Paris, 1réédité 2008.
- « SAINT-LAURENT-DU-PAPE. Le fondateur du centre zen honoré par le consulat du Japon », sur www.ledauphine.com, (consulté le )
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]- Centre Zen de la Falaise Verte
- Yamada Mumon Rōshi
- Biographie de Taïkan Jyoji
- Zoom sur Taïkan Jyoji dans Voix bouddhistes
- Le zen Rinzai et son représentant européen par l'Université bouddhique
- Taïkan Jyoji sur Buddhachannel
- Plaquette du zendō de la Falaise Verte
- Vidéo de l’émission Sagesse bouddhiste où Taïkan Jyoji commente la calligraphie Chaque jour est un bon jour
- La pratique du souffle | INA, consulté le (France 2, 15 juin 2003)