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Le Combat spirituel (Brignon)/05

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Traduction par Jean Brignon.
(p. 32-33).


CHAPITRE V.
De l’erreur de beaucoup de gens, qui prennent la pulsillanimité pour une vertu.

C’Est encore une illusion bien commune, que d’attribuer à la vertu cette crainte & ce trouble qu’on ressent après le peché. Car bien que l’inquiétude qui suit le peché, soit accompagnée de quelque douleur, elle ne procéde néanmoins que d’un fond d’orgeüil, d’une présomption secrette, causée par la confiance trop grande qu’on a en ses forces. Lors donc qu’un homme qui se croyant affermi dans la vertu, méprise les tentations, vient à reconnoître par expérience qu’il est fragile & pecheur comme les autres, il s’étonne de la chûte, comme d’une chose surprenante, & voyant tout son apui renversé, il se laisse aller au chagrin & au désespoir.

Ce malheur n’arrive jamais aux ames humbles, qui ne présument point d’elles-mêmes, & qui ne s’apuyent qu’en Dieu seul. Car l’orsqu’elles ont failli, elles n’en sont ni surprises ni troublées ; parce que la lumière de la vérité qui les éclaire, leur fait voir que c’est un effet naturel de leur inconstance, & de leur foiblesse.