Galles-France : un parfum d’excitation
À Cardiff, théâtre récent du plus grand fiasco de son histoire, le prometteur XV de France de Guy Novès essaiera de s’inventer un nouveau destin, ce vendredi.
Passer la publicitéC’était il y a quatre mois. Le XV de France sombrait définitivement au Millennium de Cardiff, concédait en quart de finale de la Coupe du monde face aux All Blacks la plus lourde défaite de son histoire. Un 62-13 en point d’orgue d’un mandat calamiteux. Pendant quatre années, sous la férule de Philippe Saint-André, les Bleus ont beaucoup perdu. Des matchs (23 au total) bien sûr, mais aussi leur jeu, leur audace et, même, leur agressivité. Sans oublier le soutien d’une large partie de leurs supporteurs.
Cent trente-deux jours plus tard, le XV de France est de retour à Cardiff. Et dans l’air flotte un espoir nouveau. Une excitation qu’on n’avait plus ressentie depuis quelque temps. Et si? Et si ces Français, désormais guidés par Guy Novès, étaient à nouveau capables de réjouissants coups d’éclat? Oh, bien sûr, le capitaine Guirado et sa troupe n’ont encore rien prouvé. Leur récente histoire ne compte que deux victoires. Imparfaites, chanceuses même. Battre l’Italie de deux points et l’Irlande d’un seul, il n’y a pas de quoi pavoiser, hurler au triomphe.
Retour de flamme
Mais ces deux courts succès portent en eux des promesses de jours meilleurs. Par leur volonté de se faire des passes, d’enfin oser, Plisson et ses partenaires ont réchauffé les cœurs, ravivé les jolis souvenirs. Plus précieux encore, ces Bleus, jeunes et complices, ont affiché une solidarité, une force de caractère, une envie de ne pas mourir, qu’on n’avait plus vues depuis trop longtemps. Le nouveau sélectionneur a beau souligner que ce n’est ni plus ni moins que «le smic du rugby», il faut croire que certains gros salaires du Top 14 avaient perdu le goût de l’effort…
Ce retour de flamme n’a d’ailleurs pas échappé aux Gallois. Le XV du Poireau, rugueux devant, robuste derrière, organisé et précis, ne devrait pas s’inquiéter de la venue de cette tendre équipe de France en manque de repères. En début de semaine, ils ont pourtant trahi une pointe de fébrilité en se sentant obligés de mener campagne contre ces Bleus qui seraient trop agressifs. Mettre la pression sur l’arbitre, essayer de déstabiliser l’adversaire, comme aux plus grandes heures du XV de France. Un (bon) signe. Tout comme les propos exagérément élogieux du sélectionneur de la quatrième nation mondiale envers son homologue tricolore.
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«Il suffit de regarder ce que Guy Novès a accompli avec Toulouse pour savoir qu’il est exceptionnel. Quand on voit arriver une équipe avec un entraîneur fort d’un commandement naturel, ça fait une grosse différence, met en garde Warren Gatland. Les joueurs français ont retrouvé une unité, une harmonie qu’ils n’avaient plus ces dernières années. Ils sont plus ambitieux dans leur manière de jouer, plus intenses dans l’engagement physique. Ils ont déjà progressé en deux matchs et je pense qu’ils seront encore meilleurs pour celui-là…»
Ces Bleus inspirent donc à nouveau crainte et respect. Et ça fait un bien fou. Ça redonne confiance. Ça nourrit les rêves d’un exploit retentissant, ce vendredi (21 h), face à des Gallois que les Bleus de Saint-André n’ont jamais vaincus (quatre défaites). Ou, si l’on préfère garder les pieds sur terre, ça rassure. On a la ferme impression d’être à l’abri d’une nouvelle déroute. On est prêt à parier que, dans le sillage de Wenceslas Lauret et Antoine Burban, ces deux flankers qui ne donnent jamais leur part aux chiens quand il s’agit de batailler dans les rucks puis de découper l’impudent qui tente de s’en extirper, ils vont répondre présent dans le furieux combat qui s’annonce. On se prend à croire que la plongée dans le noir (lire ci-dessous) n’aura pas raison de l’insouciance des ailiers du désir, Virimi Vakatawa et Djibril Camara.
Et puis, on se dit que le destin, souvent malicieux, doit être inspiré par le lieu, le moment. Le symbole. Le 17 octobre 2015, le Millennium fut le théâtre d’un terrible fiasco, point final d’une aventure. Le 26 février 2016, il pourrait être l’écrin d’un fier succès inaugurant une nouvelle histoire. De la désolation à la rédemption. Oui, ce serait beau.
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