N2 Khosrau

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NASSIRI KHOSRAU : RELATION DU VOYAGE DE NASSIRI KHOSRAU EN SYRIE, EN PALESTINE, EN EGYPTE, EN ARABIE...

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TABLE DES MATIRES DE NASSIRI KHOSRAU

NASSIRI KHOSRAU
RELATION DU VOYAGE DE NASSIRI KHOSRAU EN SYRIE, EN PALESTINE, EN
EGYPTE, EN ARABIE ET EN PERSE, PENDANT LES ANNES DE L'HGIRE 437
444 (1035 1042)
Partie 1
Introduction - partie 2
Oeuvre numrise par Marc Szwajcer

SEFER NAMEH
RELATION DU VOYAGE DE
NASSIRI KHOSRAU
EN SYRIE, EN PALESTINE, EN EGYPTE, EN ARABIE ET EN PERSE,
PENDANT LES ANNES DE L'HGIRE 437 444 (1035 1042)
PUBLI, TRADUIT ET ANNOT
PAR
CHARLES SCHEFER
MEMBRE DE L'INSTITUT,
PREMIER SECRTAIRE INTERPRETE DU GOUVERNEMENT,
ADMINISTRATEUR DE L'COLE DES LANGUES ORIENTALES VIVANTES

PARIS
ERNEST LEROUX, DITEUR
LIBRAIRE DE LA SOCIT ASIATIQUE
DE LECOLE DES LANGUES ORIENTALES VIVANTES, ETC.
28, RUE BONAPARTE, 28.
1881

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NASSIRI KHOSRAU
[1]
VOYAGE.

AU NOM DU DIEU CLMENT ET MISRICORDIEUX !


Voici le rcit fait par Abou Mouyn ed-Din Nassir, fils de Khosrau, originaire de Qobadian[2]
et habitant la ville de Merw,[3] que Dieu lui pardonne ses pchs !
J'occupais la charge de secrtaire ; je faisais partie des fonctionnaires de l'Etat et j'tais,
ce titre, employ la perception des finances et des revenus du Sultan. Je remplissais les
devoirs que m'imposait ma place dans l'administration et j'avais acquis, parmi mes collgues,
une certaine notorit.
Au mois de Reby' oul akhir l'anne 437 (octobre-novembre 1045), poque laquelle Abou
Souleyman Djaghry beik, fils de Mikayl, fils de Seldjouq tait mir du Khorassan, je partis de
Merw pour une affaire administrative, et je me rendis Pendjdih, [4] dpendance de Merw er
Roud.[5] Ce jour l, la plante de Jupiter tait en conjonction avec le point culminant du
firmament. Dieu, que son nom soit exalt et sanctifi ! exauce, dit-on, tous les vux exprims
en pareil jour. Je me retirai donc l'cart et je fis une prire de deux rikaat, puis, je demandai
que Dieu daignt m'accorder la richesse.
Lorsque je revins auprs de mes amis et de mes compagnons, l'un d'eux chantait un
morceau de posie persane. Il me vint en mmoire une pice de vers que je voulus lui faire
dclamer ; je l'crivis sur un papier pour la lui donner en le priant de la lire. Je ne la lui avais
pas encore remise qu'il se mit, tout coup, la rciter mot pour mot. Cette concidence me
parut d'un heureux augure, et je me dis en moi-mme : Le Seigneur, que son nom soit bni
et exalt ! a exauc mon vu. Je partis ensuite, et je me rendis Djouzdjanan[6] o je
sjournai pendant un mois environ, me livrant continuellement aux plaisirs du vin. (J'en fais
l'aveu, car) le prophte de Dieu a dit : Dites la vrit, quand bien mme elle vous serait
prjudiciable.
Une nuit, je vis en songe un personnage qui m'adressa la parole en ces termes : Jusques
quand boiras-tu ce vin qui prive l'homme de la raison ? Il vaudrait mieux que tu fisses un
retour sur toi-mme. Les sages, lui rpondis-je, n'ont rien pu trouver de meilleur que le vin
pour dissiper les soucis de ce monde. La perte de la raison et de la possession de soimme, rpliqua-t-il, ne donne pas le calme l'esprit ; le sage ne peut donc recommander
personne de se laisser guider par la dmence. Il faut, au contraire, rechercher ce qui
augmente l'esprit et l'intelligence. Comment, repris-je, pourrai-je me le procurer ? Qui
cherche trouve , me rpondit-il, et, sans ajouter un mot, il m'indiqua d'un geste la direction de
la qiblh.
Lorsque je me rveillai, ce songe, prsent ma mmoire dans tous ses dtails, fit sur moi
la plus profonde impression.
Je viens, me dis-je, de me rveiller du sommeil d'hier ; il faut que je secoue aussi celui
dans lequel je suis plong depuis quarante ans. Je rsolus donc de rformer ma conduite et

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de changer ma manire de vivre. Le jeudi 6 du mois de Djoumazy oul akhir de l'an 437 (20
dcembre 1045), qui correspond au quinzime jour du mois de Dey des anciens Persans, en
l'anne 410 de l're de Yezdedjerd,[7] je me rendis la grande mosque, aprs m'tre purifi
par une ablution gnrale. J'y fis mes prires et j'implorai l'assistance de Dieu, afin qu'il me
donnt la force de m'acquitter des obligations imposes par ses lois et de renoncer, comme il
l'a lui-mme ordonn, aux choses illicites et dfendues.
Je partis de Djouzdjanan et je me rendis Chibourghan[8] ; j'arrivai la nuit au village de
Bariab, [9] et de l, je gagnai Merw er Roud par la route de Senglan et de Thaliqan.[10]
Arriv Merw, je demandai, en allguant mon dessein de faire le voyage de la Mekke,
tre relev de l'emploi qui m'tait confi. Je rendis mes comptes, je fis l'abandon de mes biens,
l'exception de ce qui m'tait ncessaire (pour la route), et le 23e jour du mois de Chaaban (6
mars 1046) je me mis en route avec l'intention de me rendre Nichapour. J'allai de Merw
Serakhs.[11] Ces deux villes sont spares l'une de l'autre par une distance de trente
fersengs. On en compte quarante de Serakhs Nichapour.
Le samedi 11 du mois de Chevval (22 avril), j'entrai Nichapour.[12] Le mercredi, dernier
jour du mois, il y eut une clipse de soleil.
Nichapour tait la rsidence du souverain de l'poque, le Sultan Thoghroul beik Mohammed,
frre de Djaghry beik. Il avait donn l'ordre d'lever dans cette ville, prs du bazar des selliers,
un medressh la construction duquel on travaillait alors. Ce prince faisait, cette poque, sa
premire expdition contre Ispahan dont il voulait faire la conqute.[13]
Le 2 du mois de Zil Qaadh (12 mai) je partis de Nichapour en compagnie de Khadjeh
Mouwaffaq, secrtaire du Sultan.[14]
Je traversai Kewan et j'arrivai Qoums, ou je fis une visite pieuse au tombeau du Cheikh
Bayezid Bis-thamy, que Dieu sanctifie son me ![15]
Le vendredi 8 du mois de Zil Qaadh (18 mai 1046) je m'arrtai Dameghan.[16]
Le 1er du mois de Zil Hidjh (9 juin) je repris mon voyage ; je passai par Abkhoury et
Tchachtkharan et j'atteignis Simnan.[17] Je sjournai pendant quelque temps dans cette ville,
cherchant y faire la connaissance des personnes qui s'occupaient de sciences. Je me rendis
auprs d'un personnage que l'on me dsigna et qui se nommait Oustad Aly Nessay. C'tait un
homme encore jeune, parlant le persan comme le parlent les gens du Dilem et ayant les
cheveux lisses et flottants.
Il tait entour d'un certain nombre de disciples dont les uns lisaient Euclide, d'autres des
ouvrages de mdecine, d'autres enfin des traits d'arithmtique. Dans le cours de sa leon il
me dit : J'ai lu ainsi tel passage devant Abou Aly Ibn Sina ; je lui ai entendu dire telle chose.
Il voulait me faire savoir, en disant cela, qu'il tait le disciple d'Abou Aly Ibn Sina (Avicenne).
Comme je lui proposais un sujet de discussion, il me rpondit : J'ai, sur tous les sujets,
des connaissances gnrales, mais je dsire discourir avec vous sur les mathmatiques. Je
fus tonn de cette manire d'agir et je sortis en disant : Cet homme ne sait rien, comment
pourrait-il enseigner quelque chose aux autres ?
J'ai calcul que de Balkh Rey il y a trois cent cinquante fersengs. De Rey Savh, il y en
a, dit-on, trente ; il y en a autant de Savh Hamadan ; de Rey Ispahan il y en a cinquante,
et de Rey Amol trente.
Entre ces deux dernires villes s'lve la montagne de Demavend qui a la forme arrondie
d'une coupole. Elle porte aussi le nom de Levassan.[18] Au sommet s'ouvre un cratre d'o l'on
extrait du sel ammoniac et du soufre. Des gens, portant des peaux de buf, gravissent cette
montagne ; ils remplissent les peaux d'ammoniac et les font ensuite rouler jusqu'au bas, car il
n'y a point de chemin qui leur permette de les transporter.
Le 5 du mois de Moharrem de l'an 438, correspondant au premier de Mourdad Mali de l'an
415 de l're de Yezdedjerd (13 juillet 1046), je me dirigeai vers Qazvin. J'arrivai au village de
Qouhh,[19] o rgnait la disette. Un men de pain d'orge s'y vendait deux dirhems. Je
m'loignai de ce village et le 9 Moharrem (17 juillet) j'entrai Qazvin. Autour de cette ville

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s'tendent de nombreux jardins qui ne sont entours ni de murailles, ni de haies de plantes


pineuses, ni de quoique ce soit qui empche d'y passer. Qazvin me parut tre une bonne ville
; elle est entoure d'une solide muraille crnele ; les bazars sont beaux, et l'eau qui est peu
abondante coule dans des canaux souterrains. Le gouverneur de la ville tait un descendant
d'Aly. De tous les mtiers, celui des cordonniers occupait le plus grand nombre d'ouvriers.[20]
Le 10 de Moharrem (18 juillet) je quittai Qazvin et, passant par Bil et Qebban, villages du
territoire de cette ville, [21] j'arrivai au bourg de Harzevil.[22] Nous n'avions plus que peu de
provisions pour moi, mon frre et un petit esclave indien qui nous accompagnait. Mon frre
entra dans le bourg pour y acheter quelques vivres. Nous fmes abords par un individu qui
me dit : Que dsirez-vous ? C'est moi qui suis le baqqal.[23] Tout ce que lon pourra
trouver nous conviendra, lui rpondis-je, car nous sommes des trangers passant leur chemin.
Je n'ai rien , rpliqua-t-il. Dans la suite, chaque fois que lon nous faisait pareille rponse,
je m'criais : C'est le baqqal de Harzevil.
Au sortir de ce bourg, nous trouvmes une pente rapide. Aprs avoir franchi trois fersengs,
nous arrivmes un village appel Berz oul Khair, dpendant de la province de Tarim.[24] La
temprature y est-chaude et nous y vmes un grand nombre de grenadiers et de figuiers qui
croissaient, pour la plupart, l'tat sauvage.
Aprs avoir dpass Berz oul Khair, nous trouvmes sur notre route la rivire de Chhroud
sur le bord de laquelle est situ le village de Khendan. On nous y fit payer un droit de page qui
tait peru au nom de l'mir el Oumera, prince du Dilem.[25] Aprs avoir travers ce village,
le Chhroud se jette dans une autre rivire appele le Sepid Roud. Ces deux cours d'eau n'en
forment alors plus qu'un seul qui passe par une valle s'ouvrant l'est des montagnes du
Guilan, traverse cette province, et se jette dans la mer d'Abiskoun.[26] Cette mer reoit, dit-on,
dans son sein, les eaux de quatorze cents fleuves ; elle a, m'a-t-on-assur, douze cents
fersengs de tour et elle renferme des les fort peuples. Ces faits m'ont t raconts par un
trs grand nombre de personnes. Je continue maintenant le rcit de mon voyage et de ce qui
m'est advenu.
Entre Khendan et Chemiran sur un espace de trois fersengs s'tend un petit dsert
entirement couvert de pierres.
Chemiran est la capitale de la province de Tarim. A ct de la ville se trouve un chteaufort, trs lev et bti sur le roc ; il est entour d'une triple enceinte et l'on a creus un canal
souterrain qui y amne l'eau de la rivire. Ce chteau est occup par une garnison de mille
hommes pris dans les familles les plus considrables du pays ; elle veille ce qu'il ne soit
commis ni excs ni acte de rbellion.[27] L'mir possde de nombreuses places fortes dans le
Dilem. Cette province est gouverne avec tant de justice, la scurit y est si grande que
personne n'ose y commettre un vol. Les fidles qui vont, les vendredis, la grande mosque,
laissent leurs chaussures la porte et personne n'a l'audace de les drober.
Les titres de l'mir sont noncs de la manire suivante dans les pices officielles : Le
Merzban du Dilem, le Guil du Gruilan, Abou Salih, client du prince des croyants. Son nom
est Djestan, fils d'Ibrahim.[28] Je rencontrai Chemiran un personnage respectable, originaire
de Derbend. Il se nommait Aboul Fazhl Khalifh, fils d'Aly el Filosouf. C'tait un homme de
mrite qui me donna des preuves de sa saintet et des marques de sa libralit. Nous
discutmes sur des matires thologiques et scientifiques et nous nous limes d'amiti.
Quels sont tes projets ? me demanda-t-il. J'aile dessein, rpondis-je, de me rendre la
Mekke. Je souhaite, rpliqua-t-il, qu' ton retour tu passes par ici, afin que je puisse encore
te voir.
Le 26 de Moharrem (3 aot 1046) je partis de Chemiran et j'atteignis la ville de Serb le 14
du mois de Safer (21 aot).[29] Je quittai cette ville le 16 du mme mois (23 aot), et aprs
avoir travers Sadbad, j'entrai le 20 Safer (27 aot) dans la ville de Tabriz. Cette date
correspondait au cinquime jour du mois dYvermh de l'ancienne anne persane.[30]
Tabriz, capitale de l'Azerbadjan, est une ville riche et bien peuple. Je mesurai avec mes
pas son tendue en longueur et en largeur, et je trouvai qu'il y avait quatorze cents pas dans
l'un et dans l'autre sens.

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Voici les noms et les titres du prince de l'Azerbadjan, tels qu'on les nonce dans la
khouthbh : L'mir le plus glorieux, le glaive de l'tat, celui qui ennoblit la communaut de
l'Islamisme, Abou Mansour Vhssoudan, fils de Mohammed, client du prince des croyants[31]
.
Il me fut racont que, dans la nuit du jeudi 17 Reby' oul evvel de l'anne 434 (5 dcembre
1042), dans la priode des jours complmentaires, aprs la prire de la nuit, un tremblement
de terre branla Tabriz. Une partie de la ville fut dtruite, tandis que l'autre n'prouva aucun
dommage. On value quarante mille le nombre des habitants qui prirent dans cette
catastrophe.[32] Je vis Tabriz un pote nomm Qathran qui composait de belles posies,
mais qui ne connaissait pas bien la langue parsy.[33] Il me fit une visite et m'apporta les divans
de Mendjik [34] et de Daqiqy.[35] Il les lut devant moi et me demanda l'explication des
passages difficiles Je la lui donnai et il mit par cent les commentaires que je lui fournis ; il me
lut ensuite ses propres posies.
Le 14 Reby oul evvel (19 septembre) je partis de Tabriz, et, prenant la route de Merend,[36]
j'arrivai Khoy en compagnie d'un soldat au service de l'mir Vhssoudan. [37] De Khoy je me
rendis Berkery avec un ambassadeur.[38] On compte trente fersengs de Khoy Berkery.
J'entrai dans cette dernire ville le 12 du mois de Djoumazy oul evvel (16 novembre) ; puis je
me dirigeai sur Van[39] et sur Vesthan.[40] L, je vis vendre de la viande de porc comme on
vend du mouton, et les habitants, hommes et femmes, assis sur des bancs, buvaient du vin
publiquement et sans aucune retenue.
Le 18 Djoumazy oul evvel (22 novembre), j'arrivai Akhlath.[41] Cette ville est situe sur les
confins des pays de l'Islamisme et de lArmnie. Il y a dix-neuf fersengs de Berkery Akhlath.
Ce pays tait gouvern par un mir nomm Nasr oud Daoulh. C'tait un vieillard qui avait
dpass l'ge de cent ans. Il avait un grand nombre d'enfants et il avait donn chacun d'eux
un district administrer.[42] A Akhlath on parle trois langues, l'arabe, le persan et l'armnien.
Je suppose que cette ville doit son nom cette particularit.[43] Les transactions commerciales
s'y font en monnaie de cuivre ; le rathl y reprsente un poids de trois cents dirhems.
Nous partmes d'Akhlath le 20 Djoumazy oul evvel (24 novembre), et nous descendmes
un caravansrail pour nous y arrter. La neige tombait en abondance et le froid tait trs vif.
Dans la plaine qui s'tendait devant nous, on avait, de distance en distance, enfonc en terre
sur une partie de la route, des poteaux en bois pour guider les voyageurs les jours de neige et
de brouillard.
Nous arrivmes Bithlis, ville situe dans une valle[44] ; nous y achetmes du miel. Je fis
le calcul qu'au prix o il nous fut vendu, les cent men ne valaient qu'un dinar. On nous assura
que dans cette ville il y avait des personnes qui recueillaient chaque anne trois ou quatre
cents outres de miel.
En sortant de Bithlis, nous vmes un chteau qui porte le nom de Qif Onzhor, c'est--dire
arrte-toi et regarde[45] . Aprs l'avoir dpass, nous arrivmes une localit o se trouve
une mosque, btie, selon la tradition, par Ouwes Qarany, que Dieu sanctifie son me ![46]
Dans les environs, nous apermes des gens qui parcouraient la montagne et qui
abattaient des arbres semblables des cyprs. Je leur demandai ce qu'ils en faisaient. Nous
mettons dans le feu, me rpondirent-ils, un bout de ces arbres et il s'chappe de l'autre bout
une rsine que nous recueillons dans des fosses. Nous la mettons ensuite dans des vases que
nous expdions dans tous les pays.
Toutes ces localits partir d'Akhlath que nous venons de mentionner brivement, relvent
du gouvernement de Meafarkn.
Nous arrivmes ensuite Arzen, ville bien peuple et florissante. On y remarque des eaux
courantes, des jardins, de beaux arbres et des bazars bien approvisionns.[47] Pendant le
mois d'Azermh du calendrier persan (novembre-dcembre) on y vendait pour un dinar deux
cents men d'un raisin appel Rezarmanouch. Nous arrivmes ensuite Meafarkn.[48]

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D'Akhlath Meafarkn on compte vingt-huit fersengs ; de Balkh jusqu' cette dernire ville
il y a, par la route que nous avions suivie, cinq cent cinquante-deux fersengs.
Nous entrmes Meafarkn le vendredi 26 Djoumazy oul evvel 438 (23 novembre 1046).
A cette poque les feuilles des arbres taient encore vertes. Meafarkn est entoure d'une
grande muraille en pierres blanches dont chacune pse cinq cents men ; de grandes tours,
construites en cette mme pierre blanche, s'lvent la distance de cinquante guez l'une de
l'autre. La muraille est crnele dans toute son tendue et son tat de conservation est si
parfait que l'on dirait que les ouvriers viennent de l'achever. Cette ville a une porte qui s'ouvre
du ct de l'occident. Elle est grande et surmonte d'un arceau en pierre. Le battant qui la
ferme est tout en fer et il n'y entre pas un morceau de bois. La description de la grande
mosque allongerait singulirement mon rcit, bien que je donne dans cette relation les dtails
les plus complets. Je dirai seulement que l'on a construit dans la cour de cette mosque des
latrines composes d'une range de quarante cabinets qui sont traverss par deux gros cours
d'eau ; l'un coule la surface du sol, et sert se purifier ; l'autre est souterrain, il enlve les
immondices et nettoie les fosses. En dehors de la cit s'tend le faubourg ; on y trouve des
caravansrails, des bazars, des bains et aussi une grande mosque o l'on fait la prire du
vendredi.
Au nord de Meafarkn est une autre ville fortifie qui porte le nom de Mouhaddach. Elle
possde un bazar, une grande mosque et des bains qui sont tous pourvus de cabinets
particuliers. Dans la khouthbh, on donne au prince qui gouverne ce pays les titres de l'mir
le plus grand, l'honneur de l'Islamisme, la flicit de la religion, celui qui donne son aide
l'tat, qui ennoblit la communaut des vrais croyants, Abou Nasr Ahmed. C'est un vieillard qui
a atteint l'ge de cent ans ; on m'assure qu'il vit encore.
Le rathl dont on se sert au march de Meafarkn a le poids de quatre cent quatre-vingts
dirhems.
L'mir a fond, quatre fersengs de Meafarkn, une ville laquelle il a donn le nom de
Nasrih.
Il y a neuf fersengs d'Amid Meafarkn.
Le sixime jour du mois de Dey ancien style (22 dcembre) nous arrivmes Amid.[49]
Cette ville est construite sur un rocher Elle a, d'aprs les mesures que j'ai prises, deux mille
pas en longueur et autant en largeur. Elle est entoure d'une muraille fortifie dont les pierres
sont noires et dont les blocs taills psent chacun de cent mille men et mme davantage. Ils
ne sont joints l'un l'autre ni avec du ciment ni avec du mortier La muraille a vingt rech de
hauteur et dix d'paisseur. De cent guez en cent guez, on a construit une tour dont la moiti de
la circonfrence est de quatre-vingts guez, les crneaux sont forms de ces mmes pierres
noires. Du ct de l'intrieur de la ville on a pratiqu en maints endroits des escaliers qui
permettent de monter au haut des remparts. Il y a, au sommet de chaque tour, une plate-forme
pour les combattants.
La ville a quatre portes tout en fer et dans lesquelles n'entre pas une pice de bois. Elles
sont places dans la direction des quatre points cardinaux. Celle de l'orient s'appelle Bab oud
Didjlh (porte du Tigre), celle de l'occident Bab er Roum (porte de la Grce), celle du nord Bab
oul Ermen (porte de l'Armnie) et celle du sud Bab oul Tell (la porte de la colline). En dehors du
rempart, il y a une autre enceinte fortifie construite en cette mme pierre dont j'ai dj parl ;
elle a dix guez de hauteur et le sommet en est crnel dans toute son tendue. Derrire les
crneaux, on a tabli un passage qui permet un homme arm de se mouvoir, de se tenir
debout et de combattre l'aise.
Cette enceinte extrieure a aussi des portes en fer qui ne se trouvent point places vis--vis
de celles de la ville, de sorte que lorsqu'on franchit la premire enceinte, il faut parcourir une
certaine distance entre les deux murailles pour arriver aux portes du second rempart. L'espace
qui spare les deux murailles est de quinze guez.
Au milieu de la ville, une source jaillit d'un rocher, elle est assez abondante pour faire
tourner cinq meules de moulin. Cette eau a un got trs agrable, mais personne ne sait d'o
elle provient. Grce elle, on a pu planter des arbres et avoir des jardins dans l'intrieur de la
ville.

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Le gouverneur militaire et civil d'Amid est le fils de l'mir Nasr oud Daoulh dont j'ai parl
plus haut.
Dans les diffrentes parties du monde, en Arabie, en Perse, dans le Turkestan et dans
l'Inde j'ai vu un grand nombre de villes et de forteresses, mais nulle part je n'en ai trouv une
qui pt tre compare Amid. Elle n'a point sa pareille sur la terre et je n'ai entendu dire qui
que ce soit qu'il en ait vu une semblable.
La grande mosque est btie en pierres noires. Il n'existe pas d'difice qui puisse avoir tre
construit avec plus de rgularit et plus de solidit. A l'intrieur, s'lvent plus de deux cents
colonnes monolithes soutenant ce monument ; elles supportent des arcades en pierres, audessus desquelles on a dress d'autres colonnes plus basses que celles de l'tage infrieur, et
qui sont galement surmontes par des arceaux.
Tous les toits sont construits en dos d'ne, et les poutres en sont sculptes, colories et
vernisses. Dans la cour de la grande mosque, se dresse une grande pierre sur laquelle on a
plac un trs grand bassin de forme ronde qui est galement en pierre. Il s'lve la hauteur
de la taille d'un homme, et sa circonfrence est de deux guez.
Au milieu du bassin est un bec en cuivre d'o s'lance, en bouillonnant, une eau limpide, et
tout est dispos de telle faon que l'on ne voit ni par o l'eau arrive, ni par o elle s'coule. Il y
a galement un local pour renouveler les ablutions ; il est si bien construit qu'il est impossible
d'en voir un plus beau.
Toutes les pierres dont on se sert pour btir Amid sont de couleur noire, et celles qui sont
mises en uvre Meafarkn sont blanches.
Prs de la mosque s'lve une glise richement dcore. Elle est construite en pierres ; le
sol est recouvert de dalles de marbre ornes de dessins gravs. J'ai remarqu dans cette
glise, dans le sanctuaire surmont d'une coupole qui est le lieu d'adoration des Chrtiens, une
porte en fer treillage dont je n'avais encore vu nulle part la pareille.
Deux routes conduisent d'Amid Harrn. L'une a quarante fersengs et traverse une contre
inculte ; l'autre passe au milieu d'un pays bien cultiv, couvert de nombreux villages dont les
habitants professent pour la plupart la religion chrtienne. Cette seconde route a soixante
fersengs. Nous la suivmes en compagnie d'une caravane. Nous passmes par une plaine fort
unie, mais tellement couverte de pierres que les btes de somme ne pouvaient faire un pas
sans en trouver une sous leurs pieds.
Le vendredi, 25 du mois de Djoumazi oul akhir de l'anne 438 (28 dcembre 1046), nous
arrivmes Harran.[50] Ce jour correspondait au vingt-deux du mois persan de Dey, et ce
moment la temprature tait semblable celle du Khorassan l'poque du Naurouz. Nous
arrivmes, aprs avoir quitt Harrn une ville, qui porte le nom de Qaroul.[51] Un homme
gnreux nous conduisit sa maison et nous y offrit l'hospitalit. Quand nous fmes entrs
chez lui, un arabe bdouin qui pouvait avoir soixante ans se prsenta moi et me dit :
Apprends-moi le Coran. Je rcitai le chapitre commenant par ces mots : Dis : Je cherche
un refuge auprs du Seigneur des hommes et il le rptait avec moi.[52] Lorsque je
prononai ces mots : contre les gnies et les hommes , il m'interrompit pour me dire qu'il
voulait aussi rciter le chapitre commenant par les mots : As-tu vu les hommes ? Non,
lui rpondis-je, car ce chapitre n'est pas plus long que celui-ci.
Quel est le chapitre de la porteuse de bois ? (Naqqalet oul Hathab) me demanda-t-il
ensuite. Il ignorait que dans le chapitre : Que les deux mains d'Abou Lahab prissent Dieu
a appliqu la femme d'Abou Lahab les expressions de Hammalet oul Hathab et non point
celles de Naqqalet oul Hathab.[53] Malgr tous mes efforts, je ne pus, cette nuit, fixer dans la
mmoire de cet Arabe, de ce vieillard de soixante ans, le chapitre de : Dis : Je cherche un
refuge .
Le samedi 2 du mois de Redjeb 428 (2 janvier 1047) nous arrivmes Seroudj[54] et deux
jours aprs nous traversmes l'Euphrate et nous atteignmes Menbidj, la Crmire ville du
territoire de la Syrie. Nous tions au deuxime jour du mois de Behmen et la temprature tait
des plus agrables. Aucune construction ne s'levait autour de cette ville.[55]

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De Menbidj, nous gagnmes Haleb. On compte cent fersengs de Meafarkn Haleb.


Haleb, telle que je la vis, est une bonne ville entoure d'une forte muraille dont j'estimai la
hauteur vingt-cinq rech. Le chteau qui est trs grand est entirement construit sur le roc.
Je crois qu'Haleb est aussi considrable que Balkh ; elle jouit d'une grande prosprit ; toutes
les maisons se touchent. On y acquitte les droits sur les marchandises apportes de la Syrie,
du pays de Roum, du Diar-Bekr, de l'Egypte et de l'Iraq. Haleb est frquente par les
ngociants et les marchands de ces diffrentes contres.[56] Elle a quatre portes : Bab el
Youhoud (la porte des Juifs), Bab Allah (la porte de Dieu), Bab el Djinan (la porte des jardins),
Bab Anthakih (la porte d'Antioche). Le poids en usage dans le bazar d'Haleb est le rathl
Dhahiry qui quivaut quatre cent quatre-vingts dirhems.[57]
Quand d'Haleb on se dirige vers le sud, on trouve, vingt fersengs la ville de Hama, et plus
loin celle de Hims.
Il y a cinquante fersengs d'Haleb Damas. On en compte douze d'Haleb Anthakih, et la
mme distance spare Haleb de Tripoli. Il y a, dit-on, deux cents fersengs jusqu'
Constantinople
Le 11 du mois de Redjeb (11 janvier) nous partmes d'Haleb, et, aprs avoir fait trois
fersengs, nous atteignmes le village appel Djond Qinnisrin.[58] Le lendemain, aprs avoir
franchi six fersengs, nous arrivmes Sermin qui est une ville ouverte.[59] A six fersengs plus
loin, se trouve Ma'arat en Na'aman qui est bien peuple et entoure d'une muraille en pierres.
Je remarquai, prs de la porte de cette ville, une colonne en pierre sur laquelle tait trace une
inscription en caractres qui n'taient point arabes. J'interrogeai quelqu'un ce sujet. Il me fut
rpondu que c'tait un talisman qui empchait les scorpions de pntrer dans la ville et d'y
rester. Si on en apporte un du dehors et si on le lche, il prend la fuite et s'loigne. J'estimai
que cette colonne avait dix rech de hauteur.
Les marchs de Ma'arrah sont abondamment approvisionns. La grande mosque est btie
sur une minence qui s'lve au milieu de la ville ; de quelque ct que l'on se rende cette
mosque, il faut gravir un escalier de treize marches pour y arriver. En fait de crales, on ne
cultive que le bl qui fournit d'abondantes rcoltes. Dans la campagne, on voit des oliviers, des
figuiers, des pistachiers, des amandiers et des vignes en grand nombre.
L'eau dont on fait usage est fournie par la pluie et par des puits.
Un homme du nom d'Aboul Ala el Ma'ary, qui tait aveugle, gouvernait la ville. Il tait fort
riche et possdait un grand nombre d'esclaves et de domestiques. Tous les habitants de la ville
semblaient tre ses serviteurs. Pour lui, il avait embrass la vie asctique, il portait des
vtements de bure et ne quittait jamais sa maison. Il s'tait assign pour nourriture journalire
la moiti d'un men de pain d'orge et il ne mangeait pas autre chose. J'ai entendu dire que la
porte de sa demeure tait toujours ouverte et que ses dlgus et ses gens s'occupaient de
rgler les affaires des habitants ; on n'avait recours lui que dans des cas importants. Il ne
refusait personne une part de ses biens, il jenait continuellement, veillait la nuit et ne
s'occupait jamais des affaires de ce monde. Ce personnage a atteint dans la posie et dans
les belles-lettres un tel degr de perfection que les littrateurs de la Syrie, du Maghreb et de
l'Iraq reconnaissent unanimement que, dans ce sicle, personne ne s'est lev et ne s'lve
une hauteur pareille la sienne.
Il a compos un ouvrage auquel il a donn le titre de Foussoul oul Ghaat et dans lequel il a
introduit des phrases nigmatiques et des allgories exprimes en un style si loquent et si
merveilleux que l'on ne peut en comprendre qu'une faible partie et qu'il faut lire ce livre devant
lui pour entendre ses explications. On lui a reproch d'avoir voulu, dans cet ouvrage, faire la
critique du Coran. Il est toujours entour de deux cents disciples venus de diffrents pays et qui
se livrent, sous sa direction, l'tude de la littrature et de la posie.
J'ai entendu dire qu'il avait compos plus de cent mille distiques. Quelqu'un lui dit : Dieu
(qu'il soit bni et exalt !) t'a donn la richesse et de grands biens ; pourquoi les distribues-tu
aux autres et n'en jouis-tu pas toi-mme ? Je ne possde rien de plus que ce qui m'est
ncessaire pour vivre , rpondit-il.
Lorsque j'arrivai Ma'arrah, Aboul Ala vivait encore.[60]

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Le 15 Redjeb (15 janvier de lanne 438) nous arrivmes Kouemat, [61] puis, Hama,
jolie ville bien peuple et sise sur les bords du fleuve Assy (le rebelle, l'Oronte).[62] On lui a
donn ce nom parce qu'il coule vers le pays de Roum ; il sort du pays de l'Islamisme pour
entrer dans celui des infidles, et il fait ainsi acte de rbellion. On a tabli sur ses bords un
grand nombre de roues hydrauliques.
Deux routes partent de Hama ; l'une conduit la cte situe l'occident de la Syrie, l'autre
se dirige vers le sud et aboutit Damas. Nous prmes la premire de ces deux routes. Nous
vmes dans la montagne une source qui, nous assura-t-on, coule tous les ans pendant trois
jours partir du quinze Cha'aban ; puis, elle ne laisse plus chapper une seule goutte d'eau
jusqu' l'anne suivante. Elle est visite par un grand nombre de plerins qui cherchent se
rendre agrables Dieu par leurs actes de dvotion. On a construit de grands btiments en cet
endroit et on y a creus des bassins.[63]
Aprs nous tre loigns de cette localit, nous entrmes dans une plaine tellement
couverte dans toute son tendue de narcisses en fleurs qu'elle paraissait toute blanche.[64]
Leur abondance nous contraignit partir, et nous atteignmes une ville nomme Irqah.[65]
Apres l'avoir dpasse de deux fersengs, nous nous trouvmes au bord de la mer. Nous
prmes alors la direction du sud, et, aprs avoir march pendant cinq fersengs, nous entrmes
dans Tripoli. D'Haleb jusqu' cette ville nous avions parcouru, par la route que nous avions
suivie, une distance de cinquante fersengs.
Ce fut le samedi 5 Cha'aban (6 fvrier) que nous arrivmes Tripoli. Les environs taient
couverts de champs cultivs, de vergers et de jardins. On voyait d'immenses plantations de
cannes sucre et une grande quantit d'orangers fruits doux et amers, de bananiers, de
citronniers et de dattiers. On tait l'poque o l'on recueillait le jus des cannes sucre.
La ville est construite de telle faon que trois de ses cts sont baigns par la mer dont les
flots atteignent, lorsqu'elle est agite, le sommet des remparts. La partie de la ville qui est du
ct de la terre ferme, est protge par une muraille et un grand foss. Une porte en fer d'une
extrme solidit s'ouvre dans la direction de l'orient. Les murailles ainsi que les crneaux et les
meurtrires sont en pierres de taille ; des machines de guerre sont dresses sur le haut des
murs. On redoute Tripoli les entreprises des Grecs qui peuvent tenter une attaque avec leurs
vaisseaux. La superficie de la ville est de mille rech carrs. Les maisons ont quatre, cinq et
mme six tages. Les rues et les bazars sont beaux et d'une grande propret. On dirait que
chaque bazar est un palais magnifiquement dcor. Je trouvai Tripoli tous les vivres, tous les
fruits et tous les mets que j'avais vus en Perse, mais ils taient cent fois plus abondants.
La principale mosque se trouve au milieu de la ville ; elle est fort belle, richement orne et
construite avec une extrme solidit. Dans la cour, on voit une grande coupole qui recouvre un
bassin en marbre au milieu duquel un jet d'eau s'lance d'un bec de cuivre. Dans le bazar se
trouve une fontaine d'o l'eau s'chappe en abondance par cinq robinets. Toute la population
vient s'y approvisionner et le superflu de l'eau s'coule sur le sol et va tomber dans la mer.
Le nombre des habitants mles de Tripoli s'lve, m'a-t-on dit, vingt mille. Beaucoup de
cantons et de villages relvent de cette ville. On y fabrique un bon papier semblable celui de
Samarkand, mais de meilleure qualit.
Tripoli est place sous la dpendance du sultan d'Egypte ; on me dit que c'est depuis
l'poque o les infidles de Byzance tentrent une attaque contre cette place et furent
repousss par les Musulmans gyptiens qui leur firent subir une rude dfaite. Le sultan
d'Egypte a aboli les impts dans cette ville, et il y entretient constamment une garnison
commande par un gnral qui a pour mission de la dfendre contre toute entreprise ennemie.
Tripoli est un entrept commercial frquent par les navires qui viennent de la Grce, du
pays des Francs, de l'Espagne et du Maghreb. Ils payent au sultan le droit du dixime et les
sommes qui proviennent de cette taxe servent l'entretien des troupes. Le sultan possde
Tripoli des navires qui se rendent en Grce, en Sicile et au Maghreb pour y faire le commerce.
Les habitants de Tripoli sont chiites. Les chiites ont construit dans tous les pays de belles
mosques : Tripoli ils ont lev des difices qui ressemblent des ribath (caravansrails),
mais qui sont inoccups. Ils les appellent mechheds. Il n'y a aucun btiment en dehors de
Tripoli, l'exception de deux ou trois de ces mechheds dont je viens de parler.[66]

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Nous nous remmes en route en nous dirigeant vers le sud et en suivant le bord de la mer.
A un ferseng de distance, je vis un chteau-fort appel Qalamoun,[67] dans lintrieur duquel
se trouvait une source ; puis nous atteignmes Tharaberzen,[68] ville loigne de cinq fersengs
de Tripoli. De l nous gagnmes Djobel.[69] Cette ville a la figure d'un triangle dont la base est
forme par le rivage de la mer Elle est entoure d'une muraille trs haute et trs solide ; tout
autour de la ville sont des plantations de dattiers et d'autres arbres des pays chauds. Je vis un
enfant qui tenait la main une rose blanche et une rose rouge qui venaient de s'panouir, et
nous tions au cinquime jour du mois dIsfendiarmouz (fvrier) de lan 415 de l're persane.
Nous allmes de Djobel Beyrouth, [70] o je vis un arc en pierres sous lequel passait la
route : j'estimai qu'il avait cinquante guez de hauteur. Les deux cts de cet arc taient forms
par de grosses pierres blanches qui devaient avoir chacune un poids de plus de mille men. A
droite et gauche de l'arc s'levait un massif en briques d'une hauteur de vingt guez. On y
avait dress des piliers de marbre de huit guez de hauteur et d'une paisseur telle que deux
hommes ne peuvent les embrasser que difficilement. Sur ces piliers on avait construit des
arceaux en grosses pierres qui n'taient relies entre elles ni par du mortier ni par du pltre. Le
grand arc s'levait juste au milieu et dpassait les arceaux d'une hauteur de cinquante rech.
Chacune des pierres qui le forment a, selon mon estimation, sept rech de hauteur sur quatre
de largeur, et un poids d'environ sept mille men. Toutes ces pierres sont sculptes et
couvertes d'ornements si fins qu'on en voit peu de semblables mme sur les ouvrages en bois.
Aucun autre difice n'tait rest debout dans le voisinage de ce monument.
Je demandai quelques explications son sujet. Nous avons entendu dire, me fut-il
rpondu, que c'tait la porte du jardin de Pharaon et son origine remonte une haute antiquit.
Toute la plaine avoisinante est couverte de colonnes, de chapiteaux en marbre sculpt, de
formes ronde, carre, hexagonale et octogonale. La pierre est d'un grain si dur que le fer ne
peut l'entamer. Il n'y a dans les environs aucune montagne qui permette de supposer qu'on ait
pu l'en extraire. Une autre pierre semble tre le produit d'une composition artificielle[71] et le fer
ne peut pas non plus l'entamer.
Dans les provinces de la Syrie, la terre est jonche de plus de cinq cent mille colonnes,
chapiteaux ou fts : personne ne sait quoi ils ont servi, ni d'o ils ont t apports.
De Beyrouth, nous nous rendmes Sayda, ville situe sur le bord de la mer, entoure de
vastes champs de cannes sucre, et dfendue par une forte muraille en pierres, perce de
trois portes. La mosque principale est belle et elle offre un charme tout particulier. Le sol en
est entirement couvert de nattes aux dessins varis. Le bazar est beau et si richement dcor
que, lorsque je le vis, je supposai qu'on l'avait orn en prvision de la venue d'un souverain ou
l'occasion de l'annonce d'une bonne nouvelle. Aux questions que je fis ce sujet, on me
rpondit que c'tait la coutume de la ville et qu'il en tait toujours ainsi.
Les jardins et les vergers semblaient avoir t plants par un roi pour satisfaire un caprice :
un pavillon s'levait au milieu de chacun d'eux. La plupart des arbres taient chargs de fruits.
De Sayda nous arrivmes Sour, aprs avoir franchi la distance de cinq fersengs. La ville
de Sour est situe sur le bord de la mer, et elle est btie sur un roc qui s'avance dans l'eau de
telle sorte que la partie de l'enceinte fortifie qui se trouve sur la terre ferme n'a pas plus de
cent guez. Le reste de la muraille est dans l'eau, et elle est construite en pierres de taille dont
les interstices sont remplis de goudron afin d'empcher l'eau d'y pntrer. A mon jugement,
Sour occupe une superficie de mille rech carrs. Les maisons ont cinq et six tages et se
touchent les unes les autres. Dans beaucoup d'entre elles on voit des jets d'eau. Les bazars
sont beaux et renferment en abondance tout ce qui est ncessaire la vie. Sour est renomme
entre toutes les villes de la cte de Syrie par sa richesse et par son opulence. Les habitants
suivent pour la plupart le rite chiite. Le Qadi, homme riche, tait d'un caractre bienveillant. Il se
nommait Ibn Abi Oqel et il tait sunnite. Un mechhed se trouve en dehors de la ville. On y
remarque un grand nombre de tapis et de nattes, des lampes et des lustres en or et en argent.
Sour est btie sur une minence. L'eau provient de sources qui sont dans la montagne, et pour
l'amener dans la ville on a construit dans la campagne un aqueduc en pierres, au sommet des
arches duquel est un canal qui donne passage l'eau. En face de Sour, dans les montagnes

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dont je viens de parler, s'ouvre une valle ; lorsqu'on la suit, en se dirigeant vers l'orient, on
arrive Damas qui est loigne de dix-sept fersengs.[72]
Nous partmes de Sour, et, aprs avoir march pendant sept fersengs, nous arrivmes la
ville d'Akkh. On lui donne, dans le style officiel, le nom de Medinet Akka. Elle est btie sur une
minence dont le sol est en partie raboteux, en partie uni. Sur toute la cte de la Syrie toutes
les villes sont bties sur des hauteurs, parce que lon craint, s'il en tait autrement, que les
constructions ne soient envahies par les eaux ou battues par les flots de la mer qui viennent se
briser sur le rivage.
La grande mosque est au centre et sur le point le plus lev de la ville. Les colonnes qui la
soutiennent sont en marbre. En dehors, droite de la qiblh, on voit le tombeau du prophte
Salih, sur qui soit le salut Une partie de la cour de la mosque est dalle en pierres, l'autre est
couverte de gazon On dit que cette partie a t laboure par Adam, sur qui soit le salut ! J'ai
mesur la superficie de la ville ; elle est de deux mille rech de longueur sur cinq cents de
largeur. Akkh est entoure d'une muraille extrmement solide ; le ct de l'ouest et celui du
sud sont baigns par la mer. Le port (mina) est au sud. La plupart des villes de la cte de Syrie
ont un mina. On donne ce nom une darse construite pour la scurit des navires. Elle
ressemble une curie dont la muraille du fond s'appuie la ville, pendant que deux murs
latraux s'avancent dans la mer.[73] A leur extrmit s'ouvre une entre de cinquante guez, et
une chane est tendue d'un des murs l'autre. Lorsque l'on veut faire entrer un navire dans le
mina, on baisse la chane jusqu' ce qu'elle descende sous l'eau, puis on le fait passer audessus d'elle et on la tend de nouveau afin qu'aucun ennemi, venu du dehors, ne puisse rien
tenter contre les vaisseaux.
Prs de la porte de l'orient, main droite, se trouve une source laquelle on arrive en
descendant vingt-six marches ; elle porte le nom d'An oul Baqar. On prtend qu'elle a t
dcouverte par Adam, sur qui soit le salut, et qu'il y abreuvait son buf. C'est cette
circonstance qu'elle doit ce nom d'An oul Baqar (la source du Buf).[74]
Lorsque, sortant d'Akkh, on se dirige vers l'est, on rencontre une montagne o sont des
tombeaux de prophtes, sur qui soit le salut ; elle s'lve sur le bord de la route que l'on suit
lorsque l'on veut aller Ram-lh. Je formai le dessein de m'y rendre pour visiter ces saints
lieux de plerinage et acqurir les bndictions que le Dieu trs haut y a attaches. On me dit,
Akkh, qu'il y avait, sur cette route, des brigands qui accablaient les trangers de mauvais
traitements et les dpouillaient de ce qu'ils portaient avec eux.
Je mis mon argent en dpt dans la mosque d'Akkh et je sortis de la ville le 23 Cha'aban
428 (5 mars 1046).
Le premier jour, je visitai le tombeau d'Akk, fondateur de la ville, qui fut un juste et un saint.
Je n'avais point avec moi de guide qui pt m'indiquer le chemin ; j'tais donc indcis au sujet de
la route que je devais suivre. La bont de Dieu (que son nom soit bni et exalt !) me fit faire,
ce mme jour, la rencontre d'un Persan originaire de l'Azerbadjan et qui avait dj fait le
plerinage de ces tombeaux bnis. Il tait revenu pour les visiter une seconde fois. Je fis une
prire de deux rikaat afin de remercier Dieu de la grce qu'il daignait m'accorder, et je me
prosternai afin de lui tmoigner ma reconnaissance de l'aide qu'il me donnait pour mener
bonne fin le projet que j'avais form.
J'arrivai un village appel Berwh, [75] et j'y visitai les tombeaux que l'on me dit tre ceux
de Ych (Esati) et de Chem'oun (Simon), sur qui soit le salut !
Je gagnai ensuite Damoun o je vis, dans une petite caverne, un tombeau que l'on
m'assura tre celui de Zoul Kifl.[76] Puis je me rendis au village dAbillin o le prophte Houd
est enterr.[77] Un caroubier s'lve dans l'enclos o il repose : je visitai galement la tombe
du prophte Ouzeir.[78] Je me dirigeai alors vers le sud et j'atteignis le village de Hazhirh.[79]
A l'ouest s'ouvre un vallon dans lequel une source limpide jaillit d'un rocher. En face de cette
source, on a bti sur un roc une mosque dans l'intrieur de laquelle se trouvent deux
chambres construites en pierres et dont le plafond est galement en pierre. La porte qui y
donne accs est si petite qu'un homme y passe difficilement. Deux tombeaux s'y trouvent
placs, l'un ct de l'autre. L'un est celui de Choueb (Jthro), l'autre celui de sa fille qui fut la

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femme de Mose. Les habitants de ce village entretiennent avec un soin tout particulier la
mosque et les tombeaux, et ils ont soin d'y placer des lampes et autres objets.
Je me rendis ensuite Arbil.[80] Dans la direction de la qiblh s'lve une montagne sur le
flanc de laquelle est un enclos renfermant quatre tombes. Ce sont celles de quatre fils de
Jacob, frres de Joseph. En quittant ce lieu, nous vmes une colline au pied de laquelle s'ouvre
une caverne o se trouve le tombeau de la mre de Mose. J'y fis mes dvotions.
J'entrai plus loin dans une valle, l'extrmit de laquelle j'aperus un lac. La ville de
Thabarih (Tibriade) s'lve sur la rive. La longueur de ce lac est peu prs de six fersengs
et sa largeur de trois. L'eau en est douce et d'un got agrable.[81] La ville est btie sur le bord
occidental. L'eau des bains et le surplus de celle qui a servi l'usage des habitants se
dversent dans le lac, qui fournit l'eau potable la population de Thabarih et celle des
cantons riverains.
J'ai entendu raconter qu'un mir, venu autrefois Thabarih, avait donn lordre de fermer
tous les canaux qui amenaient dans le lac les immondices et les eaux sales. L'eau en devint
tellement ftide que personne ne pouvait plus la boire. Il fit alors dboucher tous les conduits et
l'eau du lac reprit le got agrable qu'elle avait prcdemment.
Thabarih est entoure d'une forte muraille qui part des bords du lac ; la partie de la ville
baigne par les eaux est ouverte.[82]
Le fond du lac est de roche et on voit s'lever au milieu de l'eau de nombreuses
constructions Ce sont des pavillons de plaisance supports par des colonnes de marbre
enfonces dans l'eau. Le lac de Thabarih est extrmement poissonneux
La grande mosque se trouve au centre de la ville Non loin d'elle est une source, au dessus
de laquelle on a bti un bain, l'eau en est si chaude qu'on ne peut la verser sur soi sans l'avoir
mle de l'eau froide. Ce bain est, dit-on, l'uvre de Souleyman, fils de Daoud, que le salut
soit sur eux deux ! Je suis entr dans ce bain.[83]
Dans la partie de la ville situe l'occident, on remarque une mosque qui porte le nom de
mosque des Jasmins C'est un bel difice Au milieu de la cour est une plate forme leve sur
laquelle on a tabli des mihrabs Tout autour de cette plate-forme, on a plant des jasmins, et la
mosque doit son nom cette particularit.
Le tombeau de Youcha (Josu), fils de Noun, se trouve dans une galerie ouverte qui est du
ct de l'orient.
Sous la plate-forme reposent les corps de soixante-douze prophtes mis mort par les fils
d'Isral.
Au sud de Thabarih, ou plutt au sud du lac, s'tend la mer de Louth (Loth) dont l'eau est
d'une grande amertume et qui reoit dans son sein le fleuve qui s'coule du lac de Thabarih.
La ville de Louth se trouvait sur ses bords, mais il n'en reste plus aucun vestige. On m'a
racont que du fond de cette mer de Louth se dtache une substance qui affecte la forme d'un
buf. Sa couleur est noire et elle ressemble la pierre sans en avoir la duret. On la recueille,
on la casse et on l'exporte dans les villes et dans les provinces. On prtend que, lorsque l'on
en enfouit un morceau au pied d'un arbre, celui-ci est prserv des vers, sans que ses racines
prouvent le moindre dommage ; on est ainsi assur que les plantations n'auront souffrir ni
des vers, ni des insectes qui vivent sous terre.
Je laisse la responsabilit de ce rcit celui qui me l'a fait. La mme personne a ajout que
les droguistes achtent cette substance pour la mettre dans les drogues et les prserver d'un
ver qui porte le nom de naqrah.[84]
On fabrique Thabarih des nattes qui servent de tapis de prires. On les vend au prix de
cinq dinars maghreby.[85] Un chteau construit en pierres de taille couronne le sommet d'une
montagne, l'ouest de la ville. On y voit une inscription en caractres hbraques, portant que,
lorsqu'elle a t grave, la constellation des Pliades se trouvait l'extrmit du signe du
Blier.
Le tombeau d'Abou Horera est en dehors de la ville, dans la direction de la qiblh.[86] On
ne peut le visiter, parce que les habitants de cette localit sont chiites. Lorsque quelqu'un s'y

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rend pour y faire ses dvotions, les enfants lui cherchent querelle, le molestent, le maltraitent
et lui jettent des pierres. Je renonai donc au projet de faire ce plerinage et je me rendis un
village appel Kafar Kanna. Au sud de ce village s'tend une colline, au haut de laquelle
s'lve un beau monastre ferme par une porte d'une extrme solidit. On y voit le tombeau
du prophte Younis (Jonas). En dehors du monastre est un puits dont l'eau a un got trs
agrable.[87]
Aprs avoir fait mes dvotions dans ce sanctuaire, je retournai Akkh qui en est loigne
de quatre fersengs.
Je restai un jour Akkh ; puis nous nous remmes en route, et j'arrivai au village de Hafa.
[88] Le chemin que nous suivions tait couvert d'une couche paisse de ce sable dont les
orfvres se servent en Perse et qu'ils dsignent sous le nom de sable de la Mekke.
Hafa est btie sur le bord de la mer. On y voit des plantations de dattiers et de beaucoup
d'autres arbres. J'y remarquai un grand nombre d'ouvriers occups construire des navires.
Ces btiments destins la navigation maritime portent le nom de djoudy. Un ferseng plus loin,
nous trouvmes le village de Kounessh.[89] L, le chemin s'loigne de la mer et se dirige
vers l'est du ct de la montagne Il traverse un terrain plat et rocailleux que l'on appelle Wadi el
Temassih (le val des Crocodiles).[90] Au bout de deux fersengs, la route regagne le rivage o
nous vmes beaucoup d'ossements d'animaux marins qui, mls l'argile et battus pendant
longtemps par les vagues, avaient pris l'apparence de pierres.
Nous atteignmes Qassarih. Il y a sept fersengs d'Akkh Qassarih qui est une ville
agrable, sillonne par des eaux courantes et dans laquelle on voit des dattiers et des orangers
fruits doux ou amers. Elle est entoure d'une forte muraille perce d'une porte en fer.
Il y a, dans cette ville, un grand nombre de sources.[91]
La mosque principale est un bel difice ; quand on est assis dans la cour, on jouit de la vue
de l mer et du spectacle qu'elle prsente. Dans cette mme cour, on remarque une amphore
en marbre qui ressemble un vase de Chine ; la capacit en est si grande qu'elle peut contenir
jusqu' cent mens d'eau.
Le samedi, dernier jour du mois de Cha'aban (10 mars), nous quittmes Qassarih et nous
marchmes pendant un ferseng sur ce sable de la Mekke. Puis nous retrouvmes sur la route,
qui passait tantt dans la plaine, tantt dans la montagne, une grande quantit de figuiers et
d'oliviers.
Aprs avoir parcouru quelques fersengs, nous arrivmes une ville qui portait le nom de
Kafar Saba ou Kafar Sallam et qui est trois fersengs de Ramlh.[92]
Toute la route est borde d'arbres, ainsi que nous venons de le dire.
Le dimanche, premier jour du mois de Ramazan (11 mars), nous arrivmes Ramlh. On
compte huit fersengs depuis Qassarih. Ramlh est une grande ville, entoure d'une haute et
forte muraille construite en pierres et en mortier. Elle est spare de la mer par une distance de
trois fersengs. On y fait usage de l'eau de pluie qui, dans chaque maison, est recueillie dans un
rservoir et dont on a une provision constante. Il y a de vastes citernes au milieu de la grande
mosque. Lorsqu'elles sont pleines, chacun peut y puiser selon ses besoins.[93]
La superficie de la grande mosque est de trois cents pas sur deux cents. Une inscription,
place au-dessus du soffh (banc), relate que le 15 Moharrem 425 (11 dcembre 1033), un
violent tremblement renversa un grand nombre d'difices et qu'aucun des habitants ne fut
bless.[94]
Le marbre est trs commun Ramlh. Les murs de la plupart des difices et des maisons
sont revtus de plaques de marbre artistement encastres et couvertes de sculptures et
d'arabesques. On coupe le marbre au moyen d'une scie sans dents et de sable de la Mekke.
On dbite avec la scie des tranches de marbre dans le sens de la longueur des colonnes,
comme on dbite des planches dans un arbre, et non pas dans le sens de la largeur. J'ai vu
Ramlh des marbres de toute espce, pointills, verts, rouges, noirs, blancs, enfin de toutes
les couleurs.

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Ramlh produit une excellente espce de figues ; on n'en trouve de meilleures nulle part
ailleurs, et on les exporte dans tous les pays. Cette ville est, en Syrie et dans le Maghreb,
connue sous le nom de Filastin.
Le troisime jour du mois de Ramazan (14 mars), nous arrivmes, aprs tre partis de
Ramlh, au village de Khatoun,[95] puis celui de Qariet el Anab.[96] Nous remarqumes,
chemin faisant, un grand nombre de tr-binthes croissant l'tat sauvage dans la plaine et sur
la montagne.
Nous vmes Qariet el Anab une source jaillissant d'un rocher et dont l'eau avait un got
dlicieux. On avait tabli des vasques pour dsaltrer les voyageurs et construit, dans un but
pieux, des maisons pour leur fournir un abri.
La route s'levait graduellement partir de Qariet el Anab et nous nous imaginions qu'aprs
avoir gravi la montagne et descendu le versant oppos, nous trouverions la ville. Mais, aprs
avoir mont pendant quelque temps, nous nous trouvmes en face d'une grande plaine unie,
qui tait en partie couverte de pierres, tandis qu'en d'autres endroits la terre se montrait nu.
C'est sur le point le plus lev de ce plateau que s'lve la ville de Beit el Mouqaddes
(Jrusalem).
Jrusalem est situe cinquante-six fersengs de Tripoli, sur la cte de Syrie, et cinq cent
soixante-seize fersengs de Balkh. Nous entrmes Jrusalem le cinquime jour du mois de
Ramazan 438 (16 mars 1046).
Une anne solaire s'tait coule depuis que nous avions quitt notre demeure, et nous
avions voyag sans nous tre arrts nulle part pendant longtemps, et sans avoir, en aucun
lieu, got un repos complet.
Les habitants de la Syrie et de la Palestine dsignent Jrusalem sous le nom de Qouds. Les
gens de ces contres, qui ne peuvent faire le voyage de la Mekke, se rendent Jrusalem
l'poque du plerinage ; ils y sjournent pendant le Mauqaf,[97] en se conformant l'usage
consacr, et ils y clbrent la fte des sacrifices.
Il y a des annes o dans les premiers jours du mois de Zil Hidjh plus de vingt mille
hommes se trouvent runis dans la ville. On y amne les enfants pour les faire circoncire.
Les chrtiens et les Juifs y viennent aussi en grand nombre des provinces de l'empire de
Roum et d'autres contres pour y visiter l'glise et le temple. On trouvera en son lieu la
description de la grande glise.
La banlieue et les environs de Jrusalem sont entirement couverts de montagnes cultives
en crales et plantes d'oliviers, de figuiers et d'autres arbres. Tous les terrains sont
dpourvus d'eau ; nanmoins les vivres sont en abondance et bon march.
Il y a des chefs de famille qui ne recueillent pas moins de cinq mille men d'huile d'olive
chacun ; cette huile est conserve dans des puits et des rservoirs, et on l'exporte dans toutes
les parties du monde.
La famine n'a, dit-on, jamais svi en Syrie. Je tiens d'autorits dignes de foi qu'un saint
personnage vit en songe le Prophte de Dieu, sur qui soient les bndictions et le salut ! Il lui
adressa la parole en ces termes : O Prophte de Dieu, accorde-moi ton aide pour ma
subsistance ! Je te la garantis, lui rpondit le Prophte, par le pain et par l'huile de la Syrie.

Je dcrirai maintenant Jrusalem. La ville est btie sur une hauteur. On n'y a point d'autre
eau que celle de la pluie. Bien qu'il existe des sources dans les villages voisins, on n'en trouve
cependant pas une seule dans l'intrieur de la ville. Jrusalem est entoure de solides
murailles construites en pierres et en mortier ; les portes sont en fer.
La ville tant btie sur le roc, on ne voit pas un seul arbre dans ses environs immdiats.
Jrusalem est une grande cit ; l'poque o je m'y trouvais, elle renfermait vingt mille
habitants mles. Les bazars sont beaux et les maisons fort hautes. Le sol est partout recouvert
de dalles de pierre, et on a taill et aplani toutes les ingalits du terrain, de sorte qu'il est
compltement lav et nettoy par la pluie. Les artisans sont trs nombreux, et chaque corps
de mtier occupe dans le bazar une range distincte de boutiques.

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La grande mosque o l'on fait la prire du vendredi est situe l'est, du ct du bazar, et
les remparts de la ville lui servent de murailles. Quand on sort de la mosque, on voit s'tendre
devant soi une grande plaine trs unie qui porte le nom de Sahirh. C'est la plaine o, selon la
tradition, auront lieu la rsurrection de la chair et le jugement dernier. Cette croyance attire de
tous les points du monde, Jrusalem, une foule de personnes qui viennent s'y fixer pour y
finir leurs jours et pour se trouver prs de l'emplacement dsign par Dieu, lorsque
s'accomplira la parole du Tout-Puissant.[98] O Dieu, sois dans ce jour, le refuge de tes
serviteurs ! Daigne leur accorder ton pardon ! Ainsi soit-il, matre des mondes !
Au bord de cette plaine s'tend un vaste cimetire qui renferme les tombeaux de saints
personnages. Le peuple s'y rend pour prier et pour adresser Dieu des vux qu'il daigne
exaucer.
O Dieu, accueille nos vux ! Pardonne-nous nos pchs et nos iniquits ! Que ta clmence
prenne piti de nous, toi, qui es le plus misricordieux des misricordieux !
Entre la mosque et la plaine de Sahirh court une valle extrmement profonde, ayant
l'apparence d'un foss. J'y vis des constructions faites la mode antique, ainsi qu'une coupole,
taille dans un bloc de pierre et qui surmonte un petit difice. Il est impossible de rien voir de
plus extraordinaire et l'on se demande comment on a russi l'lever. Le peuple prtend que
c'tait la maison de Pharaon.[99]
Cette valle porte le nom de Wadi Djehennem (le val de l'Enfer). Je demandai le motif de
cette dnomination. On me rpondit que le khalife Omar ibn el Khaththab (que Dieu soit
satisfait de lui !) tablit son camp dans la plaine de Sahirh ; en la contemplant, il s'cria : Ceci
est le val de l'enfer ! Les gens du peuple prtendent que, lorsqu'on est sur le bord de cette
valle, on entend s'en lever les cris des damns. J'y suis all, mais je n'ai rien entendu.
Quand on sort de la ville dans la direction du sud, on descend, la distance d'un demiferseng, dans un ravin o l'on voit une source qui jaillit d'un rocher. Elle porte le nom dAn
Selwan (la source de Silo).[100] Au dessus d'elle s'lvent de nombreux btiments. L'eau
s'coule travers un village et, sur ses bords, on a construit beaucoup de maisons et plant
des jardins. On prtend que, lorsque l'on s'est baign dans cette eau, on est dlivr des
douleurs et des maladies chroniques. Un nombre considrable de legs pieux sont affects
l'entretien de ce lieu.
suite

[1] Lorthographe, conserve telle quelle dans lIntroduction, a parfois t lgrement


modernise dans le texte du Voyage, sans en modifier aucunement la signification. Par ex.
Isfahan est devenu Ispahan, Manour = Mansour, Fathimite = Fatimide, etc.
Les notes ne sont pas toujours reproduites intgralement. LIndex alphabtique a t
supprim.
[2] Qobadian ou Qowadian est le nom d'un canton et d'une ville. Le canton de Qobadian
s'tend sur le bord du Djihoun et il est limitrophe de la province de Saghanian. La ville est
situe au-dessous de Tirmiz, non loin du confluent du Vekhchb et de la rivire de
Badakhchan, qui, avec d'autres cours d'eau, forment le Djihoun. Qobadian est moins grande
que Tirmiz. On en exportait de la garance. Yaqout, Moudjem oul bouldn, d. Wstenfeld, tome
IV, page 196.
[3] Voy. Appendice I.
[4] Pendjdih ou les cinq villages. On dsigne sous ce nom cinq villages trs rapprochs
les uns des autres qui se trouvent dans la province de Merw er Roud. Ils taient primitivement
distincts les uns des autres, mais ils furent, ensuite, relis entre eux par des agrandissements
successifs, de sorte qu'ils semblent tre les quartiers diffrents d'une mme ville. Ce bourg
porte galement le nom de Fendj Dyh. Yaqout, Dictionnaire gographique de la Perse, traduit
par M. Barbier de Meynard, Paris, 1861, page 116.

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[5] Merw er Roud est le chef lieu du district de ce nom : les autres villes sont Qasr Ahnef
et Dizh. Merw er Roud, dit Abou Ishaq el Isthakhry, a moins d'tendue que Bouchendj. Son
territoire est travers par une grosse rivire sur les bords de laquelle il y a un grand nombre de
vergers et de vignobles. Le terroir est fertile et le climat salubre. Les habitants de Merw, au
rapport d'el Mouqaddessy, ressemblent pour la physionomie et le langage ceux du
Ghardjistan. Selon Yaqout, le mot Merw dsigne une pierre feu de couleur blanchtre, et
Roud a, en persan, la signification de rivire. Abou Ishaq el Isthakhry, Vi regnorum, d. de
Goeje, Leyde, 1870, pages 260 270. Mouqaddessy, Descriptio Imperii moslemici, d. de
Goeje, Leyde, 1877, page 323.
[6] Nassiri Khosrau dsigne sous ce nom Enbar, la capitale de la province. Le
Djouzdjanan ou Djouzdjan est un vaste district de la province de Balkh qui s'tend entre cette
dernire ville et celle de Merw er Roud. Les villes principales taient : Yehoudih ou
Djehoudan qui porte aujourd'hui le nom de Memenh, Chibourghan, Ouchtroudj, San, Enbar et
Enkhoud ou Endkhoudj qui tait, dj au IXe sicle, occupe par une colonie de Kurdes. Aux
IVe et Ve sicles de l'Hgire, Enbar tait la ville la plus considrable du Djouzdjanan et la
rsidence du prince de la famille de Ferighoun qui gouvernait cette province. Elle tait, comme
la Mekke, btie entre deux montagnes dont les gorges ont quelque ressemblance avec celles
qui s'ouvrent sur la cit sainte. Elle tait entoure de vignobles et de vergers arross par des
eaux courantes. Les maisons taient construites en pis. On tannait Enbar des cuirs qui
taient exports dans tout le Khorassan. Tout ce qui est ncessaire la vie tait fort bon
march dans le Djouzdjanan et les transactions commerciales y taient trs actives. Les
impts de ce district s'levaient, selon Qoudamah Ibn Djafer, au chiffre de deux cent vingt mille
quatre cents dirhems. C'est dans le Djouzdjanan qu'El Aqra', fils de Habis Ettemimy, lieutenant
d'Ahnef, livra en l'anne 33 de l'Hgire (A. D. 653) aux contingents de Thaliqan et de Fariab la
sanglante et dsastreuse bataille dans laquelle Yahia, fils de Zeyd, fils d'Aly, fils de Hussen,
fils du Khalife Aly perdit la vie. Le Djouzdjanan fut annex au Kharezm aprs le meurtre d'Aly,
fils de Mamoun Ferighouny.
[7] Il faut lire 413 au lieu de 410; ce chiffre se trouve indiqu tort dans les manuscrits
que j'ai pu consulter. L're de Yezdedjerd a commenc le 16 juin de l'an 944 de l're
d'Alexandre qui correspond l'anne 631632 de Jsus-Christ et la onzime anne de
l'Hgire. Thomas Hyde, Veterum Persarum et Parthorum et Medorum religionis historia. Editio
secunda. Oxonii 1760. Page 199.
[8] Chibourghan, ville prospre du Djouzdjanan est spare de Yehoudih, capitale de
cette province, par une distance de deux journes de marche. Elle est arrose par des eaux
courantes. Les rcoltes consistent principalement en crales. Son territoire produit peu de
fruits. Chibourghan est trois jours de marche de Fariab. Le nom de cette ville est quelquefois
crit Esfourqan ou Soufourqan. Marco Polo en fait mention sous le nom de Sofurgan et il ajoute
que les melons et les citrouilles que produisait son territoire taient coups par tranches et
schs et qu'ils formaient un article considrable de commerce. Le Livre de Marc Pol, dition
de M. Pauthier, Paris 1865, tome Ier, page 105.
[9] Fariab, Farb ou Bariab est une ville florissante et industrieuse du Djouzdjanan, trois
journes de marche de Thaliqan. Les maisons sont construites en pis; la grande mosque o
l'on fait la prire du vendredi n'a point de minaret. Fariab est la patrie du clbre philosophe
Abou Nasr Mohammed Tharkhany, auquel les Orientaux donnent le titre de Mouallim ani (le
second matre) et que les crivains du moyen-ge dsignent sous le nom d'Al Farabius. Ce
docteur dont Ibn Khallikan a crit la biographie mourut en 339 (950). Il fut le matre d'Avicenne.
[10] Deux villes portent le nom de Thaliqan. L'une est situe dans la province de Merw er
Roud, l'autre dans celle de Qazwin. La premire se trouve trois jours de marche de Fariab et
six de Balkh. Elle s'lve dans une plaine, la distance d'une porte de flche des
montagnes. Elle est traverse par un gros cours d'eau, les maisons sont construites en pis et
on y voit peu de vergers. Elle a, peu prs, la mme superficie que Merw, et elle est d'un tiers
moins grande que Balkh. L'air est y plus salubre qu' Merw. A Thaliqan, dit Hafiz Abrou, on
remarque une source dont l'eau est extrmement chaude. La temprature en est si leve que
l'on peut y faire cuire de la viande, et elle fait bouillir l'eau contenue dans un chaudron. Dans
une grotte qui se trouve au pied d'une des collines qui entourent Thaliqan, on voit les corps

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intacts de six personnes qui y ont t enterres depuis plus de quatre cents ans. Thaliqan est
aussi dsigne sous le nom de Thaikan. Marco Polo crit ce nom fort exactement : Si trouve
l'en un chastel qui a nom Taican, ou il a moult grand march de bl; et est moult belle terre et
ces montaignes devers midi sont toutes de sel, qui sont moult grans. Le Livre de Marc Pol,
chapitre XLV, page 113. Le chteau qui dfendait Thaliqan portait le nom de Nouqra Kouh
(montagne d'argent). Il fut dtruit par Djinghiz Khan en 618 (1221).
[11] Serakhs situe entre Merw et Nichapour, six journes de marche de chacune
d'elles, est une ancienne ville du Khorassan fonde, selon quelques auteurs, sous le rgne de
Key Kaous. Des historiens prtendent, d'un autre ct, qu'elle doit son origine Afrasiab.
Iskender Zoul Qarnen l'agrandit et la fortifia. Serakhs est btie dans une plaine; on n'y trouve
d'autre cours d'eau que celui qui est form par le superflu des eaux de la rivire de Hrat. Son
lit est sec pendant une partie de l'anne. La superficie de Serakhs est gale la moiti de
celle de Merw. Les maisons sont construites en pis. L'eau y est fournie par des puits. Les
meules des moulins sont mises en mouvement par des btes de somme. Cette ville est un des
entrepts du commerce du Khorassan. Le sol des environs de la ville est bon et couvert en
grande partie de pturages. La principale richesse du pays consiste en chameaux. On voit peu
de villages dans les environs de la ville. Les habitants de Serakhs ont la mme physionomie et
le mme langage que ceux de la province du Ghardjistan. Isthakhry, page 272. Mouqaddessy,
pages 312, 313. Yaqout, traduction de M. Barbier de Meynard, pages 307 et 308.
[12] Voy. Appendice II.
[13] Le sultan Seldjouqide Roukn Eddin Abou Thalib Thogroul beik Mohammed ne se
rendit matre qu'aprs un long sige de la ville d'Ispahan qui tait dfendue par l'mir Abou
Mansour Feramourz, fils d'Ala ed Daoulh, fondateur de la dynastie des Bni Kakouih. Il y fit
son entre au mois de Moharrem 443 (mai 1051). L'mir Abou Mansour reut en fief, pour le
ddommager de la perte d'Ispahan, les provinces de Yezd et d'Ebrkouh ibn el Athir, El Kamil fit
Tarikh, d. de H. Tornberg, Leyde, 1863, tome IX, p. 385.
[14] Le Khadjeh Hibet oullah Mouwaffaq tait secrtaire du sultan Thogroul beik. Ce fut lui
qui dsigna ce prince comme chef de la correspondance arabe le clbre Abou Nasr
Mansour el Koundoury qui fut mis mort par Alp Arslan en 456 (1063). Mouwaffaq est le pre
d'Abou Sahl Mohammed, plus connu sous le nom d'Ibn Mouwaffaq, chef des Chafites de
Nichapour qui fut charg d'accompagner Bagdad Seydh, fille du Khalife El Qam bi Amr illah
que Thogroul beik avait pouse. Il mourut en route de la petite vrole (4661064). Ibn el
Athir, Kamil fit Tarikh, tome X, page 23.
[15] Qoums est la transcription arabe altre des mots persans Kouh Mis (montagne du
cuivre). On dsigne sous ce nom un vaste district montagneux de quatre-vingts fersengs de
longueur sur soixante de largeur. Le climat est tempr, les fruits abondants, mais la
population y est peu nombreuse. Les habitants de Qoums avaient une grande rputation de
vertu, de modestie et de pit. Ils avaient le got des sciences et des arts. La capitale de la
province tait Dameghan, et les villes principales Simnan, Bistham, Zeghnh, Byar et
Moghoun. Nassiri Khosrau dsigne ici, sous le nom de Qoums, Bistham o se trouve le
tombeau du Cheikh Bayezid Bisthamy. Bistham est sur la route de Nichapour Rey. Cest, dit
Mo'cir Ibn Mouhilhil, cit par Yaqout, un gros bourg qui ressemble plutt une petite ville. Le
fameux Cheikh Abou Yzid Bisthamy y est n. On donne le nom de Bisthamy une qualit de
pommes trs jaunes et d'un got exquis qui proviennent de cette ville et qu'on exporte dans
l'Iraq .... En face de la ville, sur une colline, s'lve un chteau-fort, trs vaste, garni de solides
murailles et flanqu de donjons et de tourelles. On en attribue la fondation Chapour Zoul
Ektaf. Selon Mouqaddessy, la ville de Bistham tait peu peuple. Elle tait entoure de
nombreux vergers o l'on recueillait des fruits dlicieux. Les environs de la ville sont
charmants. La grande mosque, d'une construction lgante, s'lve comme une citadelle au
milieu des bazars. La ville est sillonne par des eaux courantes. Le tombeau du Cheikh Abou
Yzid est au centre de la ville, prs du grand bazar. Le nom de ce saint personnage est
Thefour Ibn Issa. Son arrire-grand-pre appel Serouchan tait un gubre converti
l'Islamisme. Abou Yzid mourut en 261 (A. D. 874). La coupole qui surmonte aujourd'hui son
tombeau a t construite en 700 (1313) par le prince mogol Oldjatou Sultan Mohammed
Khoudabendh qui avait pour directeur spirituel le Cheikh Cheref Eddin, un des descendants

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d'Abou Yzid. On trouve une description de la ville actuelle de Bistham et une vue du tombeau
dans la Relation du voyage de S. M. Nassir Eddin Chah Mechhed Thran, 1286 (1870),
pages 88 89.
[16] Dameghan, capitale de la province de Qoums, se trouve sur la route de Nichapour
Rey. Cette ville, qui a peu d'eau et qui est moins grande que Bistham, est construite sur un
terrain rocailleux. Quelques-uns de ses quartiers sont en ruines; trois portes s'ouvrent dans le
mur de la ville. On y voit deux marchs situs l'un dans la partie haute, l'autre dans la partie
basse de la ville. Le revenu de leurs boutiques est consacr entretenir en bon tat les
caravansrails de Dihistan et d'Efravh et dfrayer les voyageurs. La grande mosque est au
centre de la ville. Les bains sont fort mal tenus et les citernes sont semblables celles de
Merw. Isthakhry, page 211. Mouqaddessy, page 256. Yaqout, traduction de M. Barbier de
Meynard, page 223.
[17] Abkhoury est une localit aujourd'hui dserte qui se trouve entre Qouchh et Ahouan
sur la grande route de Nichapour Rey. Les champs qui peuvent tre irrigus, sont
ensemencs par les habitants de Dameghan. Tchachtkharan est le nom d'un lieu maintenant
inhabit et qui est situ entre Ahouan et Simnan, la distance de trois fersengs de cette
dernire ville. Il y a Tchachtkharan une mine de cuivre. Un canal souterrain amne une
quantit d'eau suffisante pour permettre des habitants de Simnan de cultiver quelques pices
de terre. Voyage de S. M. Naub Eddin Chah Mechhed. Thran 1286 (1870), pages 6668.
Simnan, sur la grande route du Khorassan, possde une belle mosque btie au milieu du
bazar. L'eau est distribue de faon que chaque habitant la reoit son tour et la fait couler
dans des citernes. En venant de Rey on passe avant d'arriver Simnan par le village de
Simnan et dont le march est plus important que celui de cette dernire ville qui tait demi
ruine lorsque Yaqout la traversa au commencement du XIIIe sicle.
[18] Le nom de Levassan dsigne aujourd'hui un district situ sur la pente et au pied du
Demavend. Il est divis en deux cantons : le grand Levassan et le petit Levassan. Chacun
d'eux renferme de cinquante soixante villages.
[19] Qouhed, dont la prononciation vulgaire est Qouhh, est, dit Yaqout, le nom de deux
bourgs importants du district de Rey. Le premier est celui de Qouhed suprieur ou Qouhed
l'eau, ainsi nomm par ce que c'est l que se partagent les cours d'eau qui arrosent le
territoire de Rey. J'y ai pass en 617 (1220) avant l'invasion des Tartares. C'tait un vaste
bourg qui renfermait plusieurs caravansrails, un march et un beau couvent de soufis. L'autre
Qouhed infrieur ou Qouhed aux nes est situ un farsakh du premier, entre celui-ci et Rey. Il
m'a paru aussi riche et aussi peupl, et j'y ai remarqu un beau bazar. Yaqout, traduit par M.
Barbier de Meynard, page 463.
[20] Qazvin tait dj, l'poque des anciens rois de Perse, une place forte occupe par
une nombreuse garnison charge de protger le pays contre les incursions des Delmites et
les attaques des brigands. Elle portait, dit Ibn el Faqih, cit par Yaqout, le nom de Kechwin. Au
rapport d'Abou Ishaq el Isthakhry, Qazwin a un mille carr de superficie. Les habitants n'ont
d'autre eau que celle de la pluie ou des puits et celle qui leur est fournie par un petit canal
souterrain dont le superflu est insuffisant pour servir l'irrigation des terres. Malgr cette
scheresse, les vivres sont bon march et les fruits abondants, le raisin sec forme un
important article d'exportation.
Qazvin se compose de deux villes distinctes. La plus petite porte le nom de Chehristan et
est entoure d'une enceinte fortifie : une autre ville galement dfendue par un rempart
s'tend autour d'elle. On rencontre ensuite les jardins et les vergers, puis les champs cultivs.
Chapour Zoul Ektaf est, suivant Ibn el Faqih, le fondateur de cette cit intrieure qui porte
aujourd'hui le nom de Chehristan.
Lorsque le khalife Haroun er Rachid traversa la province du Djibal pour se rendre dans le
Khorassan, les habitants lui firent parvenir leurs dolances au sujet des maux que leur
faisaient endurer les Delmites leurs voisins. Ce prince se rendit Qazwin : il fit construire les
remparts qui la dfendent, et une mosque qui remplaa comme mosque cathdrale celle qui
avait t btie par Mohammed fils de Heddjadj (254 A. D. 868). Pendant son sjour Qazvin,
le khalife fut tmoin d'une alerte. Il entendit sonner la trompette d'alarme, il vit les habitants

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fermer leurs boutiques, courir aux armes et se porter prcipitamment la rencontre de


l'ennemi. Il fut pris de compassion et il abolit les impts l'exception d'une taxe de dix mille
dirhems.
Qazvin renferme des sanctuaires qui jouissent d'une grande renomme de saintet ; tous
les vux que l'on y forme sont exaucs : ce sont les mosques de Chalikan, de Chehristanek,
de Dhek et celle de Bab el Mouchabbak (la porte grille), adosse au mur d'enceinte. Une des
merveilles de Qazvin est la Maqourah de la grande mosque construite par l'mir Khoumar
Tach, affranchi du prince Bouyde Imad oud Daoulh Aboul Hassan Aly (338949). Elle est
surmonte d'une trs haute coupole qui a la forme d'un melon d'eau. On n'en voit de plus
grande et de plus belle ni dans les pays de l'Islamisme, ni dans les contres des infidles. On
remarque galement Qazvin le march aux chevaux qui se tient Restaq ech Char (la file
des magasins d'orge). On y voit, dit-on, paratre de suite les marques qui indiquent les
blessures de tout cheval qui est amen pour y tre vendu. Le cimetire de Bab el Mouchabbak
renferme les tombes de docteurs, de confesseurs de la foi et de personnages dont la vie a t
sainte et pure. On s'y rend pour prier, les nuits qui prcdent le vendredi. On voit alors des jets
lumineux s'lever des tombeaux et retomber terre. J'en fus, moi-mme, une nuit, le tmoin.
Je vis s'lancer d'un tombeau un globe ayant le volume d'une aiguire. Il s'leva en l'air plus
haut qu'une porte de flche ; sa lumire claira les environs. Une nombreuse assistance le
contempla comme moi et s'cria : Dieu est le plus grand ! et : Il n'y a de Dieu qu'Allah !
La couleur de ce globe lumineux n'tait point celle du feu : elle se rapprochait de celle de la
lune avec une teinte verdtre. Il retomba l'endroit d'o il s'tait lev.
Abou Ishaq el Isthakhry, page 211. Yaqout, traduction de M. Barbier de Meynard, pages
441 446. Zekeria Ibn Mohammed el Qazwiny, Aar oul bilad, dition de M. Wstenfeld,
Gttingen 1848, pages 290 294.
L'histoire de Qazvin a t crite par l'Imam Abou Abdallah Mohammed Ibn Yzid bin
Madjh (mort en 273886), par l'Imam Aboul Qasim Abdoul Kerim er Rafiy (6231226) et par
Abou Yaly Khalil el Qazwiny. Hamdallah Moustaufy a donn la fin de son Tarikhi Gouzidh
une notice sur sa ville natale. Elle a t traduite par M. Barbier de Meynard et insre dans le
Journal Asiatique, anne 1857. Les inscriptions qui constatent les travaux faits par Khoumar
Tach et donnent la liste des legs pieux institus par lui ont t recueillies par Hassan Aly Khan
et insres dans le Mirt oul bouldn Nassiry, Thran 1297, tome IV, pages 109 111. Les
chaussures fabriques Qazvin sont encore estimes en Perse. On les dsigne sous le nom
de Tchemouch .
[21] Abou Ishaq el Isthakhry, Ibn Haukal et Mouqaddessy ne mentionnent point le nom de
ces bourgs ou de ces districts. Yaqout ne donne au sujet de Bil que des renseignements fort
vagues. Selon Abou Saad, dit-il, Bil est le nom d'un bourg, et selon Abou Nasr, celui d'un
district tout entier de la province de Rey. Abdallah Ibn Hassan er Razy el Bily, connu par sa
dvotion asctique, et Abou Abdallah Mohammed el Bily el Mouaddil (l'arbitre), mort en 330
(941), y ont vu le jour. Yaqout, traduction de M. Barbier de Meynard, page 129.
Les deux villages de Bil et de Qebban qui dpendent de Qazvin n'en forment plus
aujourd'hui qu'un seul qui porte le nom de Bilqan.
[22] Le nom de ce bourg est orthographi Kharzevil, Harzevil ou Herzevil dans les
diffrents manuscrits que j'ai eus sous les yeux. Riza Qouly Khan, dans son Ferhengui
Nasairy, le mentionne sub voce Mendjil . Mendjil, dit-il, est une localit de la province de
Tarim. Le village de Harzevil en est tout prs. Il est renomm pour la puret de son climat,
l'abondance de ses eaux et le grand nombre des arbres qu'on y voit. Il est bti sur le penchant
d'une montagne et les maisons sont tages les unes au-dessus des autres. On lit dans
l'histoire de Chah Abbas laquelle Iskender Mounchy a donn le titre de Alem Aray que : en
l'heureuse anne de Younat Yil (l'anne du cheval, selon le cycle turc, qui correspond l'anne
10031694), Sa Majest s'arrta dans le Tarim et sjourna pendant quelques jours Mendjil
et Harzevil, bourg du Tarim, qui est bti sur la ponte d'une montagne. Les maisons sont
construites en tages les unes au-dessus des autres. Le village est entour d'un grand nombre
de jardins; des sources d'une eau limpide et agrable coulent du haut de la montagne et se
runissent dans un seul lit qui les conduit jusqu'au bas. Dans la saison du printemps

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l'abondance des fleurs et des plantes odorifrantes fait ressembler chacun de ces jardins aux
bosquets du paradis . Tarikhi Alem Aray Abbassy, manuscrit de mon cabinet, page 37.
[23] Marchand de lgumes et de comestibles.
[24] Tarim est le nom d'un vaste district dont les montagnes dominent Qazvin du ct du
Dilem; il est d'une grande fertilit, bien arros et couvert de villages florissants. 21 tait divis
en Tarim suprieur qui renfermait la forteresse de Badj ou de Tadj et cent villages, et en Tarim
infrieur o se trouvaient les villes de Chemiran et de Firouzbad. Dictionnaire gographique
de la Perse etc., traduit par M. Barbier de Meynard, page 392. Hassan Aly Khan Seny' oud
Daoulh donne dans son Mirt oul bouldn Nassiry des dtails sur l'histoire et la situation
actuelle de Tarim, tome Ier, 334 337.
[25] L'mir Abou Salih Djestan Ibn Ibrahim dont il sera question plus loin.
[26] Le Chah Roud et le Sepid Roud, dit Qazwiny, sont deux rivires qui prennent leur
source dans les montagnes de l'Azerbadjan. Le courant du Chah Roud est trs rapide et son lit
est sem de roches et couvert de cailloux. Le bruit de ses flots est effrayant et s'entend une
grande distance. Le Sepid Roud coule lentement et le volume de ses eaux est plus
considrable que celui du Chah Rond. On dit que le Chah Roud est le thtre de peu
d'accidents, malgr la violence de son courant et le bruit de ses vagues, tandis que les
catastrophes sont frquentes dans le Sepid Roud, bien que ses eaux coulent doucement et
silencieusement Les rives de ces deux rivires sont bordes par des montagnes; elles se
runissent la distance d'une journe de marche du Guilan et forment un grand fleuve qui
traverse cette province. Il fournit aux habitants l'eau potable et celle qui est ncessaire
l'irrigation de leurs terres. On a pratiqu, cet effet, un grand nombre de saignes. Le surplus
des eaux se dverse dans la mer Caspienne. Abou Zekeria el Qazwiny : Adjab el Makhlouqat,
Gttingen 1849, page 181.
On peut consulter sur le cours de ces deux rivires: Journal of a tour through Azerbidjan
and the shores of the Caspian, by the colonel Monteith. (Journal of the S. Geogr. Society,
1833, tome III, pages 13 17) et G. Melgunof, Das sdliche Ufer des karpischen Meeres,
Leipzig 1868, pages 247 248.
[27] La place forte de Chemiran est aussi dsigne par les gographes arabes sous le
nom de Semiran et de Semirem. Yaqout nous a conserv la description de cette forteresse
d'aprs le rcit de Mo'cir Ibn Mouhilhil. J'arrivai, dit cet crivain, dans la citadelle du roi du
Dilem, connue sous le nom de Semiran. Je n'ai rien vu de mieux, construit et de plus vaste,
parmi les rsidences royales, car on y compte plus de 2860 palais et maisons de diffrentes
dimensions. Son premier possesseur Mohammed ben Mussafir avait l'habitude, lorsqu'il voyait
un travail bien excut et solide, de s'informer du nom de l'ouvrier; il lui envoyait une somme
d'argent pour le capter et lui en promettait le double s'il voulait se rendre la cour. Lorsqu'il se
l'tait attach, il l'empchait de sortir de la citadelle pour le reste de ses jours. En outre, il
prenait les fils de ses propres sujets et les employait ces travaux. Le prince Bouyde Fakhr
oud Daoulh s'empara de cette place en 379 (989). Chemiran fut rase par les Ismaliens.
Yaqout qui en visita les ruines, dit qu'elles tmoignaient de l'importance de cette place.
Dictionnaire gographique de la Perse etc., page 319. Mouqaddessy dit que Chemiran tait la
citadelle de Salarvend, que l'on y voyait des lions en or et la reprsentation du soleil et de la
lune. Mouqaddessy, page 360.
[28] Djestan, fils d'Ibrahim, de la dynastie des Benou Salar, fut en 430 (1038) confirm par
Thogroul beik dans le gouvernement de Dilem et du Thabarestan : mais il se vit enlever le
Djourdjan qui fut donn par le sultan Seldjouqide Asfar, un des officiers de Menoutchehr.
[29] Serb, situe entre Ardebil et Tabriz, trois journes de marche de la premire de
ces deux villes, est traverse par la rivire qui porte son nom et qui prend sa source dans le
mont Silam. Le climat de Serb est froid. Son territoire produit en abondance du bl et d'autres
crales, mais les fruits et le raisin y sont rares. Dictionnaire gographique de la Perse, etc.,
page 306.

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[30] M. Barbier de Meynard, dans le Dictionnaire gographique, historique et littraire de


la Perse , a ajout la traduction de l'article consacr par Yaqout Tabriz, celle de la notice
de Hamdallah dans son Nouzhet oul Qouloub et dAhmed Razy dans .le Heft Iqlim. Ibn
Batoutah donne une curieuse description de cette ville au XIVe sicle. Cf. Voyage dIbn
Batoutah, traduits par C. Defrmery et le docteur B. R. Sanguinetti, Paris 1854, tome II, pages
129 et suivantes. Mohammed Hassan Khan Seny' oud Daoulh a rsum dans son Mirt oul
bouldn Nasairy tout ce que les gographes orientaux et les voyageurs modernes ont crit sur
cette ville. Mirt oul bouldn, tome I, page 337 419.
[31] Abou Mansour Vhssoudan Ibn Mohammed er Rawedy el Azdy fut le dernier prince
indpendant de la dynastie des Beni Salar ou Beni Moussafir qui gouvernait l'Azerbadjan
depuis l'anne 330 de l'Hgire (941).
Huit ans aprs le passage de Nassiri Khosrau, en 446 (1064), Thogroul beik marcha
contre Tabriz avant d'envahir les tats de l'empereur Michel.
A son approche, Abou Mansour se hta de lui envoyer des prsents et de lui faire sa
soumission. Il lui donna son fils en otage pour rpondre de sa fidlit et il fit rciter dans les
mosques de sa capitale la khouthbh au nom du sultan Seldjouqide. Ibn el Athir, Kamil fit
Tarikh, tome IX, page 410.
[32] Tous les annalistes orientaux mentionnent le violent tremblement de terre qui ruina la
plus grande partie de Tabriz en 434.
Soyoutby, dans l'opuscule qu'il a crit sous le titre de Kechfoul aoUsalh fi auatfil zehelh,
donne de cette catastrophe un court rcit qu'il a emprunt aux chroniques d'Ibn Kethir et de
Zeheby.
Ibn el Athir la raconte dans les termes suivantes : En cette anne 434, un violent
tremblement de terre branla la ville de Tabriz et dtruisit le chteau, les murs d'enceinte, les
maisons, les bazars et la plus grande partie du palais du gouvernement L'mir (Abou Mansour
Vhssoudan) qui se trouvait dans un jardin chappa la mort. On fit le dnombrement des
gens qui avaient pri et on reconnut que leur nombre s'levait prs de cinquante mille. L'mir
prit des vtements noirs pour tmoigner la douleur que lui faisait prouver une pareille
calamit.
Zeheby et Yafey rapportent que le clbre jurisconsulte Abou Zerr Abad el Herewy fut
enseveli sous les dcombres de sa maison. Il tait g de soixante-dix huit ans. Ce
tremblement de terre avait t prdit, dit le Qadhi Roukn Eddin, par l'astronome Abou Thahir
de Chiraz. L'mir Abou Mansour commena, sur l'avis de ce savant, la reconstruction de la ville
en 435, lorsque le soleil entrait dans le signe du Scorpion.
On trouve dans le divan du pote Qathran une pice de vers dans laquelle il fait la
description du bouleversement prouv par la ville.
[33] Les biographes persans ne sont pas d'accord sur le lieu de naissance d'Abou
Mansour Qathran el Djebely el Azhedy. On dsigne les villes de Tirmiz et d'Ourmiah. Il est plus
probable qu'il est originaire de la province du Djebel dans le Delein, ainsi que l'indique son
surnom. Il vcut Tabriz. Il fit, dit-on, le voyage de Balkh pour prsenter l'mir Ahmed Ibn
Qoumadj, gouverneur de cette ville pour le sultan Sindjar, un pome qu'il avait compos et qui
porte le titre de Qous Namih.
Le recueil des uvres potiques de Qathran se compose de huit mille distiques. Il a crit
un certain nombre d'odes la louange du prince Bouyde Azhed oud Daoulh, de Vhssoudan,
de l'mir Fazhloun et du sultan Memlan.
Qathran mourut en 465 (1072).
[34] Aboul Hassan Aly Ibn Mohammed tait originaire de la ville de Tirmiz. Le mot Mendjik
signifie un joueur de harpe. Mais lauteur de louvrage qui porte le titre de Ihia oul moulouk (ce
qui vivifie les rois) prtend que ce surnom fut donn ce pote parce quil naquit Mendjik
village situ lest de Tirmiz. Mendjik tait dou dune grande loquence et ses vers se font
remarquer par leur lgante facilit mais il avait un caractre violent et personne ntait labri

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de ses traits satiriques. Selon quelques biographes il aurait t le pote attitr des princes du
Saghanian, selon dautres, il aurait t attach la cour du sultan Mahmoud le Ghaznvide.
La plus grande partie de ses uvres ne nous est pas parvenue. Le temps a pargn une
ode la louange dAboul Mouzhaffer Ahmed de la dynastie des Saffrides, et deux autres dans
lesquelles il exalte les vertus du prince du Sistan, Thahir Ibn Ahmed.
[35] Oustad Abou Mansour Mohammed Ibn Ahmed Daqiqy naquit Balkh suivant
quelques-uns de ses biographes. Dautres auteurs disent quil vit le jour Samarkand. Il tait le
contemporain des derniers princes Samanides. Lmir Aboul Mouzhaffer Mouhtadj, gouverneur
de la province de Saghanian le combla de bienfaits. Il fut le pangyriste de ce prince. Il passa
ensuite au service de lmir Nasr, fils de Nassir oud Din Sebektekin puis celui du sultan
Mahmoud qui lui donna [ordre de mettre en vers lhistoire des anciens rois de Perse. Il crivit
sans beaucoup de mthode et sous le titre de Gouchtasp Namh lhistoire de ce roi. On a mis
lopinion que ce pome avait t crit par lordre du prince Samanide Nouh, fils de Mansour.
Daqiqy fut tu en 413 (1022) par un esclave turc dans une partie de dbauche. Ferdowsi
a insr dans son Chah Namh mille distiques emprunts au Gouchtasp Namh. Quelques
pices de vers consacres, les unes la louange de lmir Aboul Mouzhaffer Mouhtadj les
autres aux plaisirs du vin, sont parvenues jusqu nous.
[36] Merend, situe deux journes de Tabriz, tait lpoque de Mouqaddessy une ville
fortifie. En dehors de ses murs on voyait de nombreux vergers et un faubourg bien peuple la
grande mosque slevait au milieu des bazars.
Selon Belazory, le chteau et les fortifications de Merend ont t construits par Ibn el
Bayat et par son fils Mohammed. Ce dernier sy retrancha lorsquil se rvolta contre le khalife
Moutewekkil. Ce prince fit marcher contre lui des troupes commandes par Kutchuk Bogha qui
le fit prisonnier et rasa le chteau ainsi que les murailles de la ville.
Au XIIIe sicle, Merend, mine par les incursions des Kurdes, tait peu prs dserte.
[37] Khoy est une ville de l'Azerbadjan ; elle est fortifie et florissante. On y fabrique des
toffes qui portent le nom de Khoydjih. Yaqout, traduction de M. Barbier de Meynard, page
220.
Hamdallah Moustaufy dit dans son Nouzhet oul Qouloub que : Khoy est une ville de
moyenne grandeur; la circonfrence de son mur d'enceinte a six mille cinq cents pas. Le climat
est assez chaud. Son territoire est arros par un cours d'eau qui sort des montagnes de
Selmas et se jette dans l'Araxe .
[38] Abou Ishaq Isthakhry, Ibn Haukal et Mouqadessy mentionnent Berkery : bourg situ
entre Khoy et Ardjich .
[39] Van, au sud-est du lac auquel elle donne son nom, est une ancienne ville de la
province armnienne de Dotb. Les crivains armniens disent qu'elle portait autrefois les noms
de Vanapert et Vanagerd. Elle fut, si l'on s'en rapporte une ancienne tradition, fonde par la
reine Smiramis. Elle tomba en ruines et fut rebtie par le roi Van peu de temps avant
l'expdition d'Alexandre. Les princes Ardzouni y fixrent leur rsidence, et, au commencement
du XIe sicle, ils la cdrent, avec toutes leurs autres possessions, aux empereurs de
Constantinople. Elle passa ensuite sous la domination des Seldjouqides. Selon Yaqout, on
fabriquait Van d'excellents tapis. Saint-Martin : Mmoires sur lArmnie, Paris 1818, tome I,
page 147. Yaqout, tome IV, page 895.
[40] Vesthan (Osdan des crivains armniens) est le nom d'un district et d'une petite ville
situe sur le bord mridional du lac de Van. Le distinct de Vesthan fait partie de la province
armnienne de Rechdouni. Il est bien arros, couvert de pturages et abondant en fruits de
toutes sortes. Il renferme treize villages. La ville de Vesthan est six fersengs au sud-ouest de
Van : elle est entoure d'une enceinte crnele et dfendue par un chteau. Cf. Indjidjian,
Gographie universelle, Venise 1806, tome Ier, page 158. Taqouim oul bouldn, publi par M.
Reinaud et M. Mac Guckin de Slane, Paris 1840, page 396. Djihan Numa, Constantinople
1145 (1732), page 417.

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[41] Akhlath ou Khilath est situe dans une plaine. Elle est entoure de beaux vergers et
domine par un chteau en terre. La grande mosque s'lve au milieu des bazars. Elle est
traverse par un cours d'eau.
Khilath, dit Yaqout, est une ville de l'Armnie moyenne; elle est renomme par
l'abondance de ses fruits et de ses eaux. La rigueur du froid qui y svit en hiver est proverbiale.
Le lac qui se trouve dans son voisinage fournit un poisson appel tharrikh que l'on exporte
dans tous les pays. J'en ai vu Balkh, et on le transporte mme Ghaznh, bien que cette
ville soit quatre mois de marche de Khilath. Yaqout, Moudjem oul bouldn, tome II, pages
457458.
[42] Cet mir tait le troisime fils de Merwan ibn Rouchek, le fondateur de la dynastie
Kurde qui porte son nom et qui gouverna le Diar Bekr et le Bjezirh de 373 487 (981 1094).
Il monta sur le trne en 402 (1011) aprs le meurtre de ses deux frres Abou Aly Sayd et
Moumehhid oud Daoulh Mansour. Au commencement de son rgne, il tait tributaire de
l'empire de Byzance, mais quand le sultan Thogroul beik entra dans le Djezirh (446 [1064]) il
lui envoya une ambassade et il lui fit offrir un rubis clbre en Orient, qu'il avait achet d'un
prince Bouyde. Il se dclara son vassal et lui donna les assurances d'une inaltrable amiti.
Nasr oud Daoulh rgna paisiblement pendant cinquante-deux ans et mourut en 453 (1061)
l'ge de plus de quatre-vingts ans. Il eut pour ministres deux hommes d'tat clbres : Fakhr
oud Daoulh Abou Nasr Mohammed ibn Djehir et Aboul Qassim Ali ibn Hussen el Maghreby.
Tous les historiens orientaux parlent de son luxe, de ses gots littraires et de la gnrosit
avec laquelle il rcompensait les potes. Le titre de Nasr oud Daoulh (l'aide de l'empire) lui fut
accord par le khalife Qadir billah. Scheref Eddin : Histoire des Kourdes, publie par V.
Vliaminof-Zernof, Saint-Ptersbourg, 1860 1802, tome I, pages 19 20.
Tarikhi Mimedjdjim bachy, Constantinople, 1285 (1870), tome II, pages 514-615.
Ibn el Athir : Kamil fit Tarikh, tome IX passim et tome X, page 11.
L'histoire a conserv les noms des fils de Nasr oud Daoulh. L'un d'eux, l'mir Abou Harb
Souleyman, gouverna la province de Djezirh et fut tu en 447 (1055) par les Kurdes de Fenek.
[43] Akhlath a, en arabe, la signification de mlange, de runion d'hommes de diffrentes
races.
[44] Bidlis ou Bithlis, sept fersengs d'Akhlath, est situe dans une valle profonde
entoure de hautes montagnes. La chaleur y est trs grande en t et le froid trs rigoureux en
hiver. Les gographes orientaux prtendent qu'elle fut fonde par Alexandre.
Cheref Eddin, dans son Histoire des Kourdes, a consacr une longue notice sa ville
natale. Cf. Scheref Eddin Bidlissy, Cheref Namh ou Histoire des Kourdes, texte persan, publi
par V. Vliaminof-Zernof, Saint-Ptersbourg 1860, tome I, pages 334 340.
[45] Ce chteau est celui de Hisn Kef ou Hisn Kefa, appele aussi par les Arabes Ras el
Ghoul (la tte de l'ogre), qui domine la ville de ce nom. Elle est situe sur les bords du Tigre et
c'tait, au dire de Mouqaddessy, la place frontire du territoire de Meafarkn. Cette forteresse
est appele par Procope : les Persans lui donnaient le nom de Guilkerd. Elle devint en
629 (1231) la capitale d'une dynastie Kurde Eyyoubite qui rgna jusqu'en 930 (1523).
[46] Mesdjid Ouwes Qarany (la mosque d'Ouwes Qarany), est situe, dit el
Mouqaddessy, entre Arzen et Maaden, une journe de marche de chacune de ces deux
villes.
Ouwes Qarany, un des compagnons du Prophte, fut tu Siffin en combattant pour Aly.
D'autres auteurs prtendent qu'il mourut en Armnie ou dans le Sedjestan. El Qorthoby affirme
qu'il expira dans le dsert en se rendant de Mdine Damas. On montre son tombeau dans
cette dernire ville, dans le cimetire qui s'tend entre Bab el Djabih et Bab es Saghir.
Cf. Ibn el Athir, Kamil fit Tarikh, tome III, page 272. Ibn Batoutah, Voyages, tome I, pages
222 223.
[47] Arzen, Arzendjan, et selon la prononciation locale Arzenkan, est une ville prospre;
elle jouit d'une certaine renomme et le sjour en est agrable. On y trouve en abondance tous

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les biens de la terre et elle est bien peuple. Elle fait partie de l'Armnie et est situe entre les
frontires de l'empire grec et Akhlath, non loin d'Arzinet er Roum (Erzeroum). Les habitants
sont pour la plupart Armniens, mais il y a des Musulmans qui sont les notables de la ville.
A Arzen, on boit du vin et l'on se livre ouvertement et publiquement la dbauche.
Yaqout, Moudjem oul bouldn, tome I, page 205.
[48] Meafarkn est la ville la plus considrable du Diar Bekr. Elle fut conquise par les
Musulmans commands par Ayadh Ibn Ghanem, sous le khalifat d'Omar.
Les Arabes tablirent leur camp dans une plaine o jaillit une source qui porte le nom
dAn el Beidha (la source blanche). Cette ville capitula moyennant une ranon de 60.000
dinars. Chaque habitant parvenu l'ge viril dut payer deux dinars, deux boisseaux de bl, une
mesure (moudd) d'huile, une de vinaigre et une de miel.
Les gographes orientaux donnent peu de dtails sur la ville de Meafarkn qui fut la
capitale de la dynastie des Bni Merwan. Yaqout a insr une assez longue notice sur son
histoire avant la conqute arabe (Moudjem, tome IV, pages 703 707).
[49] Les gographes orientaux donnent peu de dtails sur la ville dAmid. Ils se bornent
dire quAmid est entoure de vergers et quelle est remarquable par ses fortifications
construites en pierres noires que le fer ne peut entamer et qui rsistent laction du feu. Le
rcit de Procope confirme lexactitude de la description de Nassiri Khosrau. Les murs dAmid
furent rpars par Justinien : Urbis Amidae muros, majorem ac minorem qui ob vetustatem
jam ruinae proximi videbantur, nova quadam substructione firmavit, itaque urbi secuntatem
praestitit Procopius, De Aedificiis Bonnae 1838, page 220.
Amid fut jusquen 1176 le sige du patriarche Jacobite Assemani, Bibliotheca orientalis,
Romae 1721, tome II.
Alp Arslan passa devant Amid en 463 (1070). Ce prince, frapp de la force de ses
remparts, les toucha de sa main quil porta ensuite sur son visage, comme pour sen attirer les
bndictions. Bar Hebraeus, Chronicon Syriacum, d. Bruns, Leipzig 1789, page 260
Les fortifications de Tortose taient construites. Daprs le systme adopt par les
ingnieurs grecs pour celles dAmid. M. G. Rey en a donn un dessin dans ses Monuments
de larchitecture des Croiss en Syrie , Paris 1871, in 4, page 73.
Aly el Herewy nous apprend dans son Livre des plerinages quAmid possdait cinq
mosques et que lon y vnrait le tombeau du Cheikh Saad. Il y fut lui mme lobjet d un
miracle d lintercession de ce saint personnage El Icharat ilaz ziarat, f 58 r.
[50] Harrn, ville principale de la province de Beni Modhar, est btie dans une valle
qu'entourent des montagnes qui s'tendent sur une longueur de deux journes de marche. Elle
est la distance d'un jour de Roh (Edesse) et de deux jours de Raqqa. Selon Mouqaddessy,
l'enceinte fortifie de Harrn est construite en pierres de taille, et elle rappelle par sa beaut
celle de Jrusalem. L'eau est amene dans la ville par des canaux en maonnerie. La grande
mosque est btie en pierres noires et blanches.
Ibn Haukal dit que Harrn tait une ville de Sabens ; ils y avaient leurs temples. De son
temps, ou voyait sur une colline un lieu d'adoration pour lequel ils avaient la plus grande
vnration et dont ils faisaient remonter la fondation Abraham.
Yaqout, tome II, pages 230232. Mouqaddessy, page 141. Ibn Haukal, pages 142145.
Cf. sur Harrn et les Sabens de cette ville Maoudi, Les prairies d'or, d. de M. Barbier de
Meynard, tome II, pages 6165 et tome VI passim.
[51] La ville dans laquelle Nassiri Khosrau s'est arrt pendant si peu de temps est, sans
aucun doute, celle de Roh ou Edesse.
Le nom de Qaroul, avec le changement si frquent de l en r dans les dialectes vulgaires
de l'Orient, me parat tre, ainsi que celui de Roh, une corruption du nom de Callirrho que
portait desse sous !a domination des Grecs.
[52] Coran, chap. CXIV.

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[53] Coran, chap. CXI.


[54] Seroudj, ville de la province de Diar Modhar, est a une journe de marche de Harrn
et la mme distance de Birh qui est situe au nord.
Les environs sont arross par de nombreux cours d'eau. Les vergers de cette ville
produisaient des grenades, des poires, des pches et des coings d'une saveur exquise.
Seroudj tait en ruines au XIVe sicle. Taqouim oul bouldn, pages 276277.
[55] Menbidj fut fonde, dit-on, par Kesra ou Chosros pendant la campagne qui se
termina par la soumission de la Syrie.
Ce prince btit dans cette ville un pyre auquel il donna le nom de Menbh. Menbidj est la
forme arabise de ces deux mots persans.
Cette ville s'lve dans une plaine trois fersengs, c'est--dire une journe de marche
de l'Euphrate; elle est dix fersengs ou deux jours de voyage d'Haleb. Elle tait entoure d'une
muraille en pierres de taille. L'eau y tait amene par des canaux fleur de terre, mais il y
avait, dans toutes les maisons, des puits qui fournissaient l'eau ncessaire aux besoins des
habitants. Les environs taient plants en mriers pour l'lve des vers soie. Le premier
gouverneur de Menbidj fut un descendant d'Ardeschir, fils de Babek, nomm Ibn Denyar. Celuici est l'aeul du clbre jurisconsulte Souleyman Ibn Mekhalid. Le khalife Haroun er Rachid
avait fait de Menbidj le chef-lieu d'un district de la province dAwassim qui formait les frontires
militaires de l'empire des Abbassides. Les fortifications et la plus grande partie de la ville taient
en ruines au XIIIe sicle.
Yaqout, Moudjem oul bouldn, tome IV, page 654656. Taqouim oul bouldn, pages 270
271. Ibn Djobar, dition de M. Wright. Leyde, 1852, page 250.
[56] Le prince qui gouvernait Haleb lorsque Nassiri Khosrau y arriva, tait Mouizz oud
Daoulh Abou Alwan Thimal Ibn Salih de la dynastie des Beni Mirdas qui tiraient leur origine de
la tribu arabe des Beni Kelab. Cette dynastie possda la ville d'Haleb de 414 (1023) 477
(1084).
Yaqout nous a donn dans son Dictionnaire gographique un extrait de la relation de
voyage qu'Ibn Bouthlan el-Mouthetabbib adressa Hilal Ibn el Mouhssin.
Nous partmes de Rotiafh, dit Ibn Bouthlan, et aprs quatre jours de marche nous
arrivmes Haleb. Cette ville est entoure d'une muraille en pierres blanches perce de six
portes. Non loin de cette enceinte se trouve le chteau; on voit dans sa partie la plus leve
une mosque et deux glises. L'une d'elles est construite sur l'emplacement du lieu o
Abraham offrait ses sacrifices Dieu. Au pied du chteau est la caverne o ce patriarche
abritait ses brebis .... Il y a Haleb une grande mosque, six glises et un petit hpital. Les
jugements des jurisconsultes d'Haleb sont bass sur les prescriptions de la doctrine des
Imamih. Les habitants boivent l'eau de la pluie qui est recueillie dans des citernes. La ville
est traverse par la rivire du Qoueq dont les eaux dbordent pendant l'hiver; en t, son lit
est sec. Au milieu de la ville on voit la maison d'Alwah, amante de Bohtory. Il n'y a Haleb
que peu de fruits, de lgumes et de vin. Ce que l'on on trouve est apport du pays de Roum.
Le Qas-sarih o se vendent les toffes est une des merveilles d'Haleb. Il se compose de
vingt boutiques o des commis vendent chaque jour des marchandises pour une valeur de
vingt mille dinars; il en est ainsi depuis vingt ans. Aujourd'hui il n'y a point dans cette ville un
seul btiment tombant en ruines.
Yaqout, Moudjem, tome II, pages 307308.
Hafiz Abrou, dans la notice qu'il a consacre Haleb, a rsum tous les renseignements
fournis par les auteurs qu'il avait sa disposition. Dans la ville s'lve, dit-il, un monticule fort
lev et de forme ronde: il a mille guez de circonfrence. On a bti au sommet un chteau-fort
entour d'un foss d'une grande profondeur. Dans le chteau se trouve le Maqam d'Ibrahim
(Abraham) o ce patriarche faisait traire ses brebis tous les vendredis et en distribuait le lait
aux pauvres. Ceux-ci s'criaient alors Haleb (il a trait) et ce nom a t donn la ville en
mmoire de ce fait.

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Il y a Haleb plusieurs mosques o lon rcite la khouthbh, et le nombre de celles o


l'on faisait la prire du vendredi s'levait soixante-quatre l'poque du sultan Barqouq (784
801 [13821398]).
Dans le collge qui porte le nom de Medresset oul Halawh (le collge des confitures)
on voit, prs du bassin, une pierre qui a la forme d'un sige et sur laquelle on remarque
quelques sculptures. Les Francs ont pour cette pierre une grande vnration, et ils ont offert
pour la possder des sommes considrables ; mais, les gouverneurs de la ville et ceux de la
Syrie n'ont jamais accord la permission de l'enlever. Une industrie particulire Haleb est
celle de la verrerie. Nulle part ailleurs, dans le monde entier, on ne voit de plus beaux objets en
verre. Quand on entre dans le bazar o on les vend, on ne peut se dterminer en sortir, tant
on est sduit par la beaut des vases qui sont dcors avec une lgance et un got
merveilleux. Les verreries d'Haleb sont transportes dans tous les pays pour tre offertes en
prsent.
L'histoire d'Haleb a t crite par Ibn Abi Thay Yahia el Haleby (6301232), par Kemal
oud din Abou Hafs Omar qui est plus connu sous le nom d'Ibn Adim (6601262), par le Qadi
Ala oud Din Aboul Hassan Aly el Djibriny (8431439) et par d'autres historiens qui ont ajout
des appendices aux annales rdiges par leurs prdcesseurs.
La biographie d'Ibn Bouthlan dont il est fait mention plus haut a t insre dans le
Namhi Danichveran. Thran, 1296 (1879), in f, pages 414428.
Tous les voyageurs europens qui, depuis le XVe sicle, ont travers le nord de la Syrie
ont donn une description d'Alep; mais, l'ouvrage le plus complet qui ait t crit sur cette ville
est d la plume du docteur Alexandre Russell : The natural history of Aleppo containing a
description of the city, and the principal natural productions in its neighbourhood, Londres
1794, 2 volumes in-4.
[57] Le rathl Dhahiry est celui qui est marqu du poinon du khalife d'Egypte, Ed Dhahir
li'izaz din illah qui rgna de 411 427 (10201035).
[58] Qinnisrin avait t jusquau IXe sicle de notre re une ville prospre et bien peuple.
Elle tait le chef lieu d'un district des frontires militaires de lempire des khalifes. Le voisinage
dHaleb hta sa dcadence Les Grecs en lanne 351 (A. D. 962) tentrent un coup de main
sur Haleb et massacrrent la population des faubourgs. Les habitants de Qinnisrin saisis de
frayeur migrrent, les uns en Msopotamie, les autres Haleb sur lordre qui leur fut donn
par Seyf ed Daoulh Aboul Hassan Aly Ibn Hamdan. Quelques mois avant sa mort, en 355
(965), ce prince, redoutant une attaque des Grecs quil tait impuissant repousser, se rendit
Qinnisrin quil rasa et dont il incendia les mosques. Cette ville ne se releva jamais de ce
dsastre, elle ne fut plus quun lieu de station pour les caravanes qui y payaient les droits dus
au fisc.
[59] Sermin, une journe de marche au sud dHaleb, possde un march et une
mosque ou lon fait la prire du vendredi. La population n'a dautre eau que celle de la pluie.
Les environs de cette ville sont bien cultivs et lon y voit une grande quantit doliviers. Les
habitants de Sermin embrassrent les doctrines des Ismaliens, ils furent massacrs lors de la
destruction de cette secte, et des turcomans et des Arabes vinrent s'tablir leur place dans la
ville. Yaqout, Moudjem, tome III, page 83 Hafiz Abrou
[60] Aboul Ala Ahmed ibn Abdallah el Tenoukhy el Ma'arry naquit Ma'arrah le 27 du mois
de Reby oul evvel 363 (22 dcembre 973). Il mourut dans cette ville au mois de Reby oul evvel
449 (Mai 1057).
Ibn Khallikan a crit la biographie de ce littrateur et il confirme quelques-uns des dtails
que Nassiri Khosrau nous donne sur sa manire de vivre. Cf. Kitab Ouefiat il Ayan, Boulaq,
1275 (1858), tome Ier, page 47, et la traduction de M. de Slane, Biographical dictionary, Paris
1842, in-4, tome 1er, pages 9498. M. Rieu a publi sur ce pote une tude qui porte le titre
de : De Abul Alae poetae arabici vita et carminibus secundum codices Leydanos et
Parisiensem commentatio. Bonnae 1843. On trouve galement une notice sur Aboul Ala en
tte du commentaire qui a t publi sous le titre de Tenwir ala siqth iz send
(Eclaircissements sur le livre des tincelles qui jaillissent du briquet). Caire 1282 (1865).

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Le titre exact de l'ouvrage dont parle Nassiri Khosrau est el foussoul ouel ghayat (les
divisions et les conclusions), et non pas foussoul oul ghayat. Cet ouvrage est un examen
critique des Sourh ou chapitres du Coran et des Ayh ou versets. Il se compose, au dire d'Ibn
el Djauzy qui en cite le titre, de trente cahiers.
Ajout : Sur ce mme site on pourra retrouver des extraits de pomes de al-Ma'ary. Un
ouvrage de cet auteur est encore disponible en franais de nos jours (2010), il est intitul
Lptre du pardon.
[61] Kouemat est le pluriel du diminutif du substantif arabe (butte, colline, minence).
Kouemat a donc le sens de petites buttes, petites collines. Malgr toutes mes recherches, je
n'ai pu trouver trace de cette localit dans aucun auteur oriental. Le nom de Komal figure dans
la liste alphabtique de tous les noms gographiques contenus dans la carte gnrale des
Pachaliks de Bagdad, Orfa et Hhaleb, dresse par M. Rousseau, mais il est donn un village
situ au-del d'Orfa sur la rive du Djulab.
Je crois donc qu'il faut substituer au mot de Kouemat ceux de Kafr Thab, village situ
entre Chezar et Ma'arrat en N'a'aman une distance de douze milles de chacune de ces deux
villes et qui avait quelque clbrit pour ses poteries, ses habitants taient originaires du
Ymen. Yaqout, tome IV, page 289. Taqouim oul bouldn, page 262.
[62] Le nom de Hamh, dit Hafiz Abrou, est mentionn dans les livres des Isralites. La
beaut et l'lgance de ses difices lui a fait donner en Syrie le surnom de Arous el bilad (la
fiance des pays). On vante sa prosprit et sa richesse. Hamah est entoure au nord-est par
l'Oronte, au sud et l'ouest s'lvent des montagnes. La ville btie sur une minence est
protge par une enceinte fortifie. On a construit devant les portes des ponts sur lesquels ou
franchit l'Oronte. Les marchs sont bien fournis; celui qui se trouve sur la colline dans l'intrieur
de la ville porte le nom de Souq el aala (le march haut); l'autre s'tend en dehors d'elle, sur les
bords de l'Oronte, et s'appelle Souq el esfel (le march bas). Le chteau est situ une
extrmit de la ville. Sa hauteur est telle qu'un bon archer peut seul atteindre avec sa flche le
sommet de ses murailles. La grande mosque est btie dans l'intrieur de la cit sur le point le
plus lev de la colline. On a tabli, sur le fleuve, le long de la ville des roues hydrauliques que
le courant fait tourner. Elles servent arroser les jardins et distribuer l'eau dans les maisons.
Leur diamtre est de prs de quarante guez.
[63] La source dont parle Nassiri Khosrau est le Fons sabbathicus, mentionne par
Josphe et que Titus visita dans sa marche d'Arcaea (Irqah) Raphanea (Barin). D'aprs
l'assertion de Josphe, la source cessait de couler le samedi. Au dire des Musulmans, elle
s'arrte le vendredi. Le Rvrend Samuel Lyde nous apprend (The Ansaryeh and Ismaelyeh, a
visit te the secret secte of Northern Syria, London 1853, page 250), qu'elle sort de dessous un
rocher calcaire et qu'elle jaillit des intervalles irrguliers, mais plus frquemment en t qu'en
hiver. L'eau se prcipite quelquefois avec tant de violence que le torrent form par elle est
assez puissant pour draciner les arbres qui se trouvent sur son passage. La source qui porte
le nom de Fewwaret ed Dir (la source jaillissante du couvent) est encore aujourd'hui un lieu de
plerinage trs frquent par les Chrtiens et par les Musulmans.
Les grands btiments dont parle Nassiri Khosrau sont ceux du couvent de Mar Djirdjis
(Saint Georges) occup par des moines grecs. Il s'lve dans la partie suprieure du Wadi
Rouwed une distance de vingt minutes de la source. Burckardt en a donn une description
dans la relation de son voyage en Syrie et en Palestine. Travels in Syria and the Holy Land,
London 1822, pages 169160.
[64] Cette plaine est celle de la Bouqeiya ou petite Biqa'a. Elle stend du nord-est au sudouest sur une longueur de trois lieues et sur une largeur dune lieue et demie. Elle est borne
au sud et lest par les derniers contreforts du Liban et par un plateau qui attend vers Kibleh.
Elle est ferme louest et au nord par une chane de collines qui se dtache des montagnes
occupes par les Ansarjehs. Au nord de cette chane de collines, souvre un dfil domin par
le chteau qui porte le nom de Hisn el Akrad (le chteau des Kurdes, le Crac des historiens
des Croisades. La plaine de la Bouqeiya se couvre de fleurs au printemps la terre y est d une
extrme fertilit Les pentes des montagnes qui lentourent sont couvertes de cultures et
doliviers. Les crivains du moyen ge nont point altr le nom de la Bouqeiya.

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Quant toute cette gent fut assemble et ils furent hbergs en la Boquie dessous le
Crac et lendemain s en retournrent a la Boquie dont il se estoient partis LEstoire de
Eracles empereur, dans les Historiens occidentaux des Croisades, publis par lAcadmie des
Inscriptions et Belles Lettres, tome II, page 404405.
Il avint einsi com il avoient devis que tuit sassemblrent en la terre de Triple et de
toutes parz vindrent en un leu qui a non la Boque
Noradin se demorait es parties de Triple, au leu que len appel la Bouchie Guillaume
de Tyr et ses continuateurs, texte franais publi par M. P. Paris, Paris 1880, tome II, pages
220 et 262.
Les

gographes

orientaux

signalent

labondance

des

narcisses

qui

croissent

spontanment au printemps dans les plaines de la Syrie. Yaqout, tome III, page 439, sub voce
Sayda. Une des les de la rade de Tripoli porte le nom de Djeziret el Nerdjes (Ile des narcisses)
.
[65] Irqah est un gros bourg avec un petit chteau fort, il est arros par un cours deau de
peu dimportance Selon el-Azizy, il fait partie du gouvernement de Damas et il est situ sur
lextrme limite nord de ce gouvernement, non loin de la cte. On compte douze milles dIrqah
Tripoli dans la direction du sud. Irqah est la distance de soixante six milles de Baalbek et
deux fersengs de la mer. Hafiz Abrou, dans la courte notice quil consacre cette petite ville,
dit quelle est aussi connue sous le nom de Medinet oul kelab (la ville des chiens). Cf.
Aboulfda, Taqouim el bouldn, pages 254255.
[66] La ville de Tripoli fut dtruite une premire fois par un tremblement de terre sous le
rgne de l'empereur Marcien (450466) : puis, une seconde fois, sous celui de Justinien en
550. Elle ouvrit ses portes aux Arabes en l'anne 638, et le khalife Moawih la repeupla en y
transplantant une colonie de Juifs. Elle fut prise d'assaut pendant, la guerre que Nicphore et
Tzimiscs firent en Syrie (966969). Depuis que l'empereur Basile avait mis le sige devant
cette ville en 995, elle tait occupe par une garnison la solde du khalife d'Egypte et dont le
chef relevait du gouverneur de Damas.
L'autorit civile et religieuse tait entre les mains des membres de la famille Ammar.
Lorsque Nassiri Khosrau passa par Tripoli, cette ville tait administre par Abou Thalib Ibn
Ammar qui mourut en 464 (1071) et eut pour successeur son neveu Djlal oul Moulk Aboul
Hassan Ammar qui dirigea la dfense de la place contre les croiss en 1109 (A. H. 503).
M. Quatremre, dans ses Mmoires sur lEgypte (Paris, 1811, tome II, page 506), a
donn la traduction d'un passage d'Ibn Ferat relatif la bibliothque fonde et entretenue par la
famille Ammar. Tous les crivains orientaux et occidentaux des XIe et XIIe sicles sont
unanimes vanter la prosprit de la ville et la fertilit de ses environs. Outre les fabriques de
papier dont parle Nassiri Khosrau, Tripoli possdait, comme toutes les villes de la cte, des
verreries. Dans le trait que Bomond VI, prince d'Antioche et comte de Tripoli, conclut le 1er
juin 1277 avec J. Contarini, doge de Venise, nous trouvons la stipulation suivante : Et si
Venicien trait verre briz de la ville, il est tenuz de payer le dhime. E. G. Rey: Recherches
gographiques et historiques sur la domination des Latins etc., Paris 1877, page 47.
[67] Qalmoun ou Qalamoun, une heure de marche au sud de Tripoli fait partie du district
de Koura el Tahta. C'est un village entour de vergers et dfendu par un petit chteau fort
Polybe parle d'une ville de Calamon situe au sud de Tripoli et qui fut dtruite par Antiochus.
Le rvrend W. Thomson, dans la relation de son voyage, signale comme Nassiri
Khosrau la source de Qalamoun et vante lexcellente qualit de son eau W. Thomson
Bibliotheca sacra, New York, 1848, vol V, n XX, pages 910
Qalamoun est galement le nom d'une montagne aux environs de Damas.
[68] Je crois quil faut substituer le nom de Batroun celui de Tharaberzen qui se trouve
dans tous les manuscrits que j ai eus ma disposition. Le nom de Tharaberzen s applique
une place forte qui relevait d Antioche, les Arabes lont corrompu et en ont fait Darbessak ;
cette dernire dnomination est galement employe par les historiens des Croisades.

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Batroun (la Sethoron des crivains du moyen ge) se trouve au sud de Tripoli la
distance indique par Nassiri Khosrau. Cest la Botrys de lantiquit, fonde, selon Mnandre,
par le roi de Tyr, Ithobaal, qui en fit une place de guerre pour arrter les incursions des
montagnards du Liban. Cette ville, qui tait le sige d un vque, fut renverse par un
tremblement de terre en 550 aprs Jsus-Christ.
Edrissy est le seul gographe arabe qui fasse mention de Bathroun place forte, situe, ditil, cinq milles du cap dEl Hadjar.
[69] Djobel est lancienne Byblos, la Giblet des historiens des Croisades.
Djobel, dit Edrissy, est une jolie ville situe sur le bord de la mer. Elle est entoure de
bonnes murailles, de vergers et de vignobles. Le mouillage y est bon. On ny trouve point deau
courante, mais seulement de leau de puits. De Djobal Bathroun, ville forte, on compte cinq
milles Edrissy, Gographie, traduite par M. Jaubert, tome I, page 356.
Djobel a la forme d un trapze appuy la mer. Son port assez vaste est form dune
haie dtermine par deux pointes du mage et par deux jetes aux extrmits desquelles se
voient encore les traces des tours qui dfendaient jadis la passe. L'enceinte fortifie tait
perce au nord d une porte qui s ouvrait sur la route de Tripoli. Une autre, souvrant dans la
partie orientale, tait commande par le chteau. Le plan gnral de la ville btie en
amphithtre, forme un vaste trapze d'une longueur de 300 mtres sur une largeur de 250.
Sur trois de ses cts, Giblet tait munie de remparts le quatrime tait appuy la mer. G.
Rey, Monuments de larchitecture militaire des Croiss en Syrie, Paris 1671, pages 217219
[70] Beyrouth avait t choisie pour rsidence par Hrode Agrippa, elle fut embellie par ce
prince qui y fit construire un amphithtre, des bains, des portiques et un thtre. Sous
Justinien, un violent tremblement de terre ruina tous les difices publics, et il ne resta, dit
Agathias, de tous ces magnifiques palais que les fondations. Beyrouth ne se releva pas de
cette catastrophe. Elle tomba au pouvoir des Arabes en l'an 17 de l'Hgire (688).
Un historien arabe du XVe sicle, Salih Ibn Yahia qui appartenait la famille des mirs de
la province du Gharb dont Beyrouth est le chef-lieu, a crit l'histoire de cette ville sous le titre
de Akhbar Beyrouth (Annales de Beyrouth). Il donne au commencement de son ouvrage
quelques dtails sur les dbris antiques que l'on voyait aux environs. Beyrouth, dit-il, est une
ville dont l'origine remonte une haute antiquit. Nous en trouvons la preuve dans les ruines
que l'on y rencontre encore. On a fait entrer dans la construction de la muraille qui l'entoure un
grand nombre de colonnes de marbre et de granit ; l'on sait ce que la mise en uvre de cette
dernire matire cotait de peines et de travail aux anciens On remarque galement un
grand nombre de colonnes de granit dans la mer o on les a places pour servir de fondations
des murs qui trois fois ont t abattus par la violence des flots et reconstruite trois fois La
grande quantit de marbres et de dbris de constructions antiques que l'on met au jour dans
les jardins qui entourent la ville donne une ide de ltendue qu'elle occupait autrefois. Cet
espace est de deux milles : il commence au hameau de Qadouqiss l'ouest de la ville et il se
termine au champ de Haql el Qicha. L'aqueduc qui amenait les eaux la ville tait
admirablement construit. Il partait dArar, localit du Kesrouan, et il avait une longueur de
douze milles. M. Guys a donn les dtails les plus exacts et les plus complets sur les
colonnes et les pierres antiques que l'on rencontre aux environs de Beyrouth Relation d'un
sjour de plusieurs annes Beyrout et dans le Liban (1824-1838). Paris 1847, tomes I et II.
[71] Il est facile de reconnatre cette description le granit qui est dsign par les
crivains arabes sous le nom d'el mani.
[72] Tous les auteurs orientaux et les historiens occidentaux des Croisades sont
unanimes vanter les fortifications de Sour, la beaut de son port (mina), la prosprit de son
commerce et de son industrie, et la richesse des habitants.
El Mouqaddessy nous apprend que lon exportait de cette ville du sucre, des verroteries,
des verres travaills au tour et des objets de fantaisie. Guillaume de Tyr parle des verreries de
Sour que l'on exportait dans tous les pays. (Willermi Tyriensis archiepiscopi historia, lib. XIII,
cap. III, dition publie par l'Acadmie des Inscriptions et Belles-Lettres, page 558). Benjamin
de Tudle vante galement le sucre et la beaut des vases en verre fabriqus Tyr (Voyages,
traduits par J. P. Baratier, Amsterdam 1734, page 72). Ibn Djobar nous apprend que les

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grandes voies et les petites mes de la ville taient plus propres que celles d'Acre ; les maisons
plus grandes et mieux disposes Le mme voyageur nous a donn une description du mina ou
port, et je ne crois point inutile d'insrer ici la traduction de ce passage. Il servira faire
comprendre ce que Nassiri Khosrau dit du port ou mina de Saint-Jean d'Acre.
Les fortifications de Sour, dit Ibn Djobar, sont merveilleuses. Les murailles de la ville
sont perces de deux portes; l'une sur la terre ferme, l'autre sur la mer qui entoure la ville de
trois cts. On arrive la porte de terre aprs avoir franchi trois ou quatre poternes protges
chacune par un Betirh (barbacane) qui fait corps avec elle. La porte de la mer est flanque de
deux tours : elle donne accs dans le port dont on ne voit le pareil dans aucune autre ville
maritime. Il est entour de trois cts par les murailles de la ville, et il est ferm sur le
quatrime par un mle dont les pierres sont relies avec du ciment. Les navires entrent dans le
port et jettent l'ancre le long de ce mle. Une grande chane tendue entre les deux tours interdit
l'entre et la sortie aux btiments qui n'attendraient pas pour manuvrer qu'elle fut leve. Il y a,
dans ces tours, des gardiens et des employs sous les yeux desquels tous les btiments
doivent passer Le port d'Acre est dispos d'aprs le mme systme et il a, peu prs, la
mme configuration; mais il ne peut, comme celui de Tyr, abriter de grands navires. Ceux-ci
sont obligs de mouiller au large, et les petits vaisseaux peuvent seuls entrer dans le mina. En
un mot, le port de Sour est plus complet, plus beau et plus sr. Ibn Djobar, page 308. Cf. De
Bertou : Essai sur la topographie de Tyr, Paris 1843, et Recherches sur ta topographie de Tyr,
par P. A. Poulain de Bossay, dans le Bulletin de la Socit de Gographie, Fvrier 1861.
[73] Le spectacle des navires rangs cte cte
au fond du port dAcre a suggr
Nassiri Khosrau la comparaison dont il se sert dans ce passage de sa relation. Nous la
retrouverons plus loin dans la description du bassin ou taient remises les bateaux de parade du
khalife Mostansser billah.
Akka, dit Mouqaddessy, dont Yaqout et Abou Zekeria el Qazwiny ont copi le rcit, est
une grande ville bien fortifie On voit dans lenceinte de la principale mosque, enceinte qui est
trs vaste, un bois doliviers dont les fruits fournissent une quantit dhuile plus que suffisante
pour lclairage de la mosque. Les fortifications dAkka navaient pas jusqu larrive dIbn
Touloun, une grande importance. Ce prince ayant vu Sour un port entour de fortes
murailles, voulut doter Akka du mme avantage. Il runit tous les architectes du pays et leur
communiqua son projet. Ils lui rpondirent unanimement que personne ne se chargerait plus,
maintenant, de faire une construction dans leau. On lui cita, plus tard, le nom de mon aeul
Abou Bekr el Benna, en ajoutant que nul autre que lui ne serait capable d entreprendre un
pareil travail. Ibn Touloun crivit au gouverneur de Jrusalem de lui envoyer mon aeul
Lorsquil fut arriv, Ibn Touloun lui fit part de son projet ; mon aeul le trouva praticable et
demanda quon lui fournit de grosses poutres de bois de sycomore. Il les rangea dans leau,
lune ct de lautre, en leur donnant la forme d une tour carre. Il les relia fortement entre
elles, en ayant soin de laisser une grande ouverture du ct de louest. Il commena alors
asseoir sur ces poutres une construction en pierres et en mortier. Il divisa son travail en cinq
parties qu'il rejoignit l'une l'autre par de gros piliers pour les consolider. Les poutres
s'enfonaient dans l'eau mesure qu'elles taient charges. Quand Abou Bekr el Benna se fut
assur que cet appareil reposait sur le sable, il l'abandonna pendant une anne pour lui donner
le temps d'acqurir une parfaite stabilit. Il reprit ensuite les travaux, en ayant soin d'tablir une
trs grande cohsion entre toutes les parties de son uvre, et il la rattacha l'ancienne
muraille qui se trouvait dans l'intrieur du port. Il jeta une arche au-dessus de l'ouverture.
Chaque soir, les navires entrent dans ce mina et on tend une chane comme cela se pratique
Sour. Mon aeul reut du sultan, en rcompense de ce travail, mille dinars, des vtements
d'honneur et des chevaux, et son nom est inscrit sur les murs qu'il construisit. Mouqaddessy,
pages 162163.
Les Grecs avaient tent des coups de main sur Acre en l'an 16 de l'Hgire (636),
lorsquAmr Ibn el Ass tait en Syrie, et sous le khalifat de Moawih Ibn Abou Sofian. Ce prince
avait, avant son expdition contre Chypre, fait restaurer les murs et les difices de la ville. Elle
fut reconstruite et embellie par le khalife Omeyyade Hicham Ibn Abd el Melik et par le khalife
Abbasside Mouqtadir billah. Yaqout, tome III, pages 707708.
[74] Cette source du Buf tait un lieu sacr pour les isralites, les chrtiens et les
musulmans; on s'y rendait en plerinage. Les musulmans y avaient construit une mosque

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ddie Aly, fils d'Abou Thalib. Sous la domination latine, les Francs convertirent en chapelle
la partie qui regardait l'orient. Ibn Djobar, page 307. Yaqout : Moudjem oul bouldn, tome III,
page 768769. Qazwiny : Adjab el Makhlouqat, page 190.
[75] Berwh est un petit village peupl de musulmans et de chrtiens du rite grec et situ
l'est de Saint-Jean d'Acre, non loin d'une colline qui porte le nom de Tell Berwh.
[76] Damoun est un grand village situ sur une colline qui, sans tre trs leve,
domine toute la plaine de Saint Jean d'Acre Beaucoup de pierres de taille, dapparence
antique, places autour des aires ou encastres dans des maisons modernes, des citernes et
des caveaux pratiqus dans le roc, et les vestiges dun difice presquentirement ras,
attestent que, Damoun a succd a une ville plus ancienne. Gurin, Description
gographique, historique et archologique de la Palestine, IIIe partie, Galile, tome Ier, pages
424425.
Zoul Kifl Becher est le fils du patriarche Ayyoub (Job), il reut le don de prophtie. Cf.
Qisss oul Enbia d'Ibn Ishaq Ahmed e aaleby, Caire 1295 (1878), pages 129-130.
[77] Abillin est probablement la ville de Zabulon dtruite par Cestius. Un village s'leva
sur les ruines de la ville antique dont il ne reste plus aujourdhui que des fts de colonnes, des
citernes, des caveaux et des tombeaux creuss dans le roc sur les flancs de la colline.
Gurin, Description de la Palatine, IIIe partie, Galile, tome Ier, page 420.
Houd est le patriarche Heber de la Bible. Dieu l'envoya vers le peuple de Ad qui,
persvrant dans son incrdulit, fut dtruit par un vent brlant. Selon la tradition musulmane
la plus accrdite, le tombeau de Houd se trouverait Mirbath, prs de Hadermaut, dans le
Ymen. Cf. Coran, chap. XI, vers 5163. Aly el Herewy, fol 91
[78] Ouzer est probablement le prophte Esdras.
[79] Ce village est aujourdhui ruin et dsert : L'emplacement est maintenant envahi par
un fourr presqu'inextricable de hautes broussailles qui en rendent trs difficile l'examen On
distingue a et l les arasements de nombreuses maisons dmolies, plusieurs tronons de
colonnes dplaces, restes dun difice dtruit, l'un des jambages d'une belle porte ayant peut
tre appartenu galement ce monument, et les assises infrieures d une sorte de tour
carre, mesurant neuf mtres sur chaque face et construite avec des blocs gigantesques
qu'aucun ciment n'unit entre eux Sur les premires pentes d'une colline voisine, une belle
vote cintre en magnifiques pierres de taille jonche de ses dbris une construction
rectangulaire trs rgulirement btie, quelle couronnait autrefois et par laquelle on
descendait, comme par une espce de puits, dans une chambre spulcrale dont lentre est
actuellement obstrue par un amas de grosses pierres. Il mest dsigne par mon guide sous le
nom de Oualy Neby Hazour. A en juger par les restes de la vote, il parat dpoque romaine.
La chambre spulcrale nanmoins est peut tre plus ancienne. Gurin, Description de la
Palestine, IIIe partie, Galile, tome II, pages 117 118. Il me parat hors de doute que cest
cette chambre spulcrale qui fut montre notre voyageur comme renfermant les tombeaux de
Choueb et de sa fille.
[80] Le village dArbil slve sur lemplacement de l'ancienne ville dArbela ; on le dsigne
aussi sous le nom d'Arbed ou dIrbid.
Yaqout, dans son Dictionnaire gographique, dit quErbed est un village de la province
dOurdounn (Jourdain), peu de distance de la ville de Thabarih, droite de la route qui se
dirige vers louest. On y voit le tombeau de la mre de Mose, fils dImran, et ceux de quatre
des fils de Jacob que l'on suppose tre Dan, Issadjar, Zabulon et Kad Moudjem oul bouldn,
tome Ier, page 184 Cf. Robinson, Biblical researches in Palestine etc., New York,1838, tome II,
pages 378, 198 199 et tome III, page 343.
[81] Le lac de Tibriade a, selon les gographes orientaux, cinq fersengs de longueur sur
cinq de largeur. Ses bords ne sont pas, comme ceux d'autres lacs, couverts de roseaux et de
taillis. L'eau du lac qui est trs douce s'tend, dit-on, sous la couche de roches sur laquelle est
btie la ville. En effet, lorsque l'on creuse des puits, on la trouve la profondeur de dix guez,

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et, quelle que soit la quantit que l'on tire, elle ne diminue jamais. L'eau de ces puits a la mme
saveur que celle du lac.
On raconte qu'un prince monta dans une barque et se fit conduire au milieu du lac pour en
mesurer la profondeur. On jeta une corde, l'extrmit de laquelle on avait fix un objet trs
lourd. Elle n'atteignit point le fond. On attacha alors une autre corde la premire et l'on arriva
une profondeur de quatre mille guez. On ne fut point assur d'avoir touch le fond. On mit
alors au bout de la corde la pierre d'un moulin bras au-dessous de laquelle on attacha une
pice d'toffe blanche que l'on remplit d'ufs. La corde plongea plus de quatre mille guez :
lorsqu'on la retira, tous les ufs taient intacts et la couleur blanche de l'toffe n'avait subi
aucune altration. On reconnut ainsi qu'elle n'tait pas alle jusqu'au fond.
Au milieu du lac se trouve un rocher dans lequel on a pratiqu une excavation recouverte
d'une pierre. Les gens du pays prtendent que c'est le tombeau de Souleyman, fils de Daoud,
que le salut repose sur eux deux! Sur la rive, on voit galement un tombeau que lon assure
tre celui de Lokman et l'on dit que, lorsque lon s'y rend en plerinage quarante jours de suite,
on reoit le don de la sagesse. Selon une tradition orientale, l'absorption des eaux du lac sera
le signe de la venue de l'Antchrist. D'autres docteurs prtendent que le lac sera mis sec par
les peuples de Gog et de Magog. Cf. Mouqaddessy, page 159, Yaqout, tome Ier, page 515,
Hafiz Abrou.
[82] Tibriade, dit Mouqaddessy, est une ville de la province d'Ourdounn et du district de
la valle de Kana'an. Elle est btie sur une bande de terre trs troite qui s'tend sur la
longueur d'un ferseng. Le sjour en est fort triste, car il s'y dgage en t des miasmes
pestilentiels qui engendrent de nombreuses maladies. Elle est, d'un bout l'autre, traverse par
le bazar. Les cimetires se trouvent sur le flanc de la montagne. La mosque o l'on fait la
prire du vendredi s'lve dans le bazar; elle est belle et soutenue par des colonnes de pierres
jointes par du ciment; le sol est exhauss par une couche de cailloux.
D'aprs un dicton populaire, les habitants de Tibriade passent deux mois de l'anne
danser cause de l'agitation que provoque la piqre des puces; deux mois se dchirer la
peau cause des punaises qui les dvorent; deux mois jouer du bton, allusion aux
baguettes dont ils se servent pour loigner les gupes de leurs mets et de leurs plats sucrs.
Ils sont nus pendant deux mois cause de l'extrme chaleur qui les accable, et ils passent
deux mois jouer du zoummarah (flte en roseau), allusion aux cannes sucre qu'ils sucent.
Enfin pendant deux autres mois ils barbotent dans la boue dont la ville est remplie.
La grande chausse conduisant Damas est au bas de Tibriade. Il y a trois journes de
marche de Tibriade Damas et la mme distance jusqu' Jrusalem. On compte deux tapes
de Tibriade Akkh.
On visite Tibriade les tombeaux de Lokman, d'Abou Obedah ibn el Djerrah et de sa
femme. On y voit galement une Bource appele Source de Jsus, et c'est dans cette ville
qu'est l'glise leve sur le lieu o Jsus appela lui les pcheurs et les foulons.
Hafiz Abrou dit qu'il y a Tibriade des scorpions dont la piqre est mortelle comme celle
des scorpions d'Ahwaz. Mouqaddessy, page 161. Aly el Herewy, Kitab ouz Ziarat, fos 1416.
Yaqout, tome III, pages 509 513. Hafiz Abrou, article Thabarih .
[83] Le territoire de Thabarih porte le nom dArdh el Hammam (terre des bains).
Edrissy dans sa Gographie nous donne les noms de ces sources thermales. Il en
compte six dans lintrieur de la ville Gographie tome Ier, page 147
Aly el Herewy fait mention de thermes situs lorient de Thabarih dans une valle du
canton dEl Houssenyh. La construction en tait attribue Salomon. Leau jaillissait au milieu
de ldifice en douze jets (chacun deux gurissait une maladie particulire. Leau tait limpide,
dune odeur agrable et extrmement chaude ; elle se dversait dans un bassin dans lequel se
baignaient les malades qui taient guris des affections chroniques et rhumatismales Kitab ez
Ziarat, fos 16 et 17. Ces thermes taient de construction romaine. Les inscriptions latines qui
sy trouvaient ntaient plus lisibles la fin du XVIe sicle Aquae salubres et medicinales
quarum virtutem Romani in lapide literis descnptam reliquerunt quis tempus corrosit et

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consumpsit nec possum de eis plenam intelligentiam habere. F Bonifacii Stephani ord. Min.
Obs. et Stagni Ep. liber de perenni cultu Terrae Sanctae, Venetiis 1875, pages 268269.
[84] Un auteur moderne, le cheikh Abdoul Ghany el Nabloussy, nous a laisse la relation
d'un voyage qu'il fit en 1101 (1689) de Damas Jrusalem et Hbron. Il visita les bords de la
Mer Morte : Cette mer, dit-il, est l'objet de rcits merveilleux. J'en ai consign quelques-uns
dans mon ouvrage qui a pour titre Les histoires du temps concernant les dynasties passes
et les rois disparus . J'y ai parl des pierres qui sont rejetes par cette mer : elles ont la forme
d'un melon deau et sont de deux espces, on les appelle pierre des Juifs Cette mer produit
aussi la substance nomme Hammar.
Cest le seul endroit du monde o on la trouve. Les gens du pays nous racontrent que,
pendant l'hiver, on entend s lever de la mer des bruits violents et des grondements qui
ressemblent a ceux du tonnerre Ce phnomne leur apprend que des clats se sont produits
dans la couche de bitume et que des morceaux en ont t rejets hors de leau Ils se rendent
alors sur le rivage pour les recueillir. Ce bitume porte le nom de Qafr el Yohoud . LImam,
lhabile mdecin, le cheikh Youssouf, fils d'Ismayl, fils d Elias, originaire de Khoy, plus connu
sous le nom del Koutouby el Baghdady (le libraire ou le bibliothcaire de Bagdad) dit dans son
ouvrage intitul Matires qu'un mdecin ne peut ignorer : que ce bitume est de deux
espces l'une est recueillie sur le rivage o elle est apporte par les flots, l'autre provient des
fouilles que l'on fait non loin du bord. On dbarrasse cette dernire espce, au moyen du feu et
de l'eau chaude, du gravier et de la terre qui y est mle, comme on spare la cire du miel.
Ainsi purifi, ce bitume a une couleur fonce et des reflets brillants et son odeur se rapproche
de celle du goudron de l'Iraq. Quant celui qui est rejet par la mer, il est pesant et dur. On le
falsifie en le mlant avec de la poix Celui que l'on extrait de la terre est de meilleure qualit
que celui que lon ramasse sur le sol Ces deux espces sont chaudes et sches au
troisime degr. Les habitants du pays les adoucissent en y mlant de lhuile, et ils en frottent
les vignes pour les prserver des ravages des vers. Cette substance les dtruit partout o ils
se trouvent, mme dans les puits et les citernes, ainsi que les vermisseaux qui se rencontrent
dans l'eau.
El Hadhret el ounssih fir rihlet il qoudssih, manuscrit de mon cabinet, fos 78-80.
[85] Mouqaddessy nous apprend galement (page 180) que l'on fabriquait Thabarih,
avec une espce de joncs qui croissaient sur les bords du lac, des nattes d'une extrme
finesse Edrissy nous donne aussi le mme renseignement : Les nattes que l'on appelle
semmh sont dune beaut qu'il est difficile de surpasser. Gographie, tome Ier, page 347.
Il y avait, au XIe sicle, Thabarih comme Tripoli et Damas d'importantes fabriques
de papier.
[86] Cette tradition est dnue de fondement. Abou Horera ed Doussy, un des
compagnons du Prophte, mourut Aqiq en l'anne 67 de l'Hgire (A. D. 676). Son corps fut
transport a Mdine et enterr dans le cimetire de Baqy. Cf. Yzz oud Din Aly Ibn el Athir,
Assad oul ghabh fi ma'arifet is sehabh. Caire 1280 (1863), tome V, pages 315317.
[87] Kafar Kanna est, selon la tradition qui s'est perptue en Galile, le village o notre
Seigneur Jsus-Christ changea l'eau en vin. Il est situ sur une des routes qui partent de
Tibriade, et une heure et demie de marche de Nazareth. Il est bti sur une minence qui se
relie aux collines qui entourent Nazareth. Le monastre dont parle Nassiri Khosrau est
probablement l'glise dont on voit encore aujourd'hui les ruines. On montre aussi Kafar Kanna
l'emplacement de la maison de Saint Barthlmy. Tous les voyageurs et tous les plerins qui
ont visit la Palestine et la Galile, depuis l'auteur de l'itinraire de Bordeaux Jrusalem en
333 jusqu' ceux du XIXe sicle ont donn une courte description de Cana. Cf. Robinson,
Biblical researches, tome II, pages 346347, et de Vogu, Les glises de la Terre Sainte,
Paris, 1860, pages 365.
Aly el Herewy nous apprend que les musulmans allaient visiter Kafar Kanna le tombeau
de Younis et celui de son fils. Kitab ez Ziarat, manuscrit de mon cabinet, f 15, v.
[88] Hafa est l'ancienne ville phnicienne de Sycaminum Oppidum Sycaminum nomine,
de Caesarea Ptolemaidem pergentibus super mare, propter montem Carmelum Ephe dicitur.

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Eusebii Pamphili episcopi Caesariensis Onomasticon... edideiunt F. Larsow et G. Parthey,


Berlin, 1862, page 229.
Benjamin de Tudle estime trois parasanges la distance qui spare Hafa de Saint Jean
d'Acre. Guillaume de Tyr (L IX ch 13, p 384) et Jacques de Vitry (Gesta Dei per Francos, page
1067) attribuent par erreur Hafa le nom de Porfiria. Au dire de Yaqout (Moudjem el bouldn,
tome III, page 381), Hafa tait fortifie. Gondefry (Godefroid de Bouillon) s'en empara en
l'anne 494 (1100). Au XIIe sicle cette ville servait de port Thabarih qui est la distance de
trois journes de marche : de grands navires venaient jeter l'ancre au pied du mont Carmel.
Edrissy, traduction de M. Jaubert, tome I, page 348.
[89] Kounessh (la petite glise) est l'ancienne ville de Capharnam (Guillaume de Tyr, l.
X, ch. 26, page 440 ; Jacques de Vitry, Gesta Dei per Francos, page 1071). Elle slevait au
pied du mont Carmel un peu au nord dAthlith (Castellum peregrinorum) La colline sur laquelle
elle tait btie, porte encore aujourd'hui le nom de Tell Kounesseh. Gurin, De ora Palestrinae
a promontorio Carmelo usque ad urbem Joppen etc. Paris 1836, page 28.
[90] Le Wadi oul Temassih ou la valle des Crocodiles est traverse par un cours d'eau
qui porte le nom de Nahr Zerqa on Nahr oul Temissih. La ville de Crocodilon, mentionne par
Pline et par Strabon, s levait sur le bord de la mer. Jacques de Vitry parle de ces crocodiles
In fluvio Nili plus quam alio inveniuntur crocodili... in flumine autem Caesareae Palestinae
similiter habitant. L LXXXVI, page 1103, dans le Gesta Dei per Francos. Cf. Pococke,
Description de lOrient. Paris, 17721775, tome III, page 173. Les eaux du Nahr Zerqa taient
amenes Qassarih par un aqueduc qui est aujourd'hui presque entirement couvert par le
sable.
[91] Qassarih ( de Strabon, Caesarea Stiatonis de Ptolme) fut
fonde par Hrode qui y leva de magnifiques monuments. Cette ville, qui parvint un haut
degr de splendeur sous la domination romaine, reut sous Vespasien le nom de Colonia
prima Flavia Augusta Caesarea . Elle s'appela Metropolis Palestinae primae , lorsque le
christianisme devint la religion de l'empire. Les Arabes sen emparrent aprs un sige de sept
ans et y firent un norme butin.
Mouqaddessy dit que sur la cte de la mer de Roum, il n'y a pas de ville plus belle, plus
abondante en tous biens que Qassarih. Elle est extrmement bien fortifie ; son faubourg qui
est trs florissant est aussi entour d'une forte enceinte. L'eau est fournie aux habitants par des
puits et des citernes. La mosque est belle (page 174).
Godefroy de Bouillon s'empara de Csare en 1101, aprs quinze jours de sige. Les
Croiss y trouvrent d'immenses richesses. Les Gnois eurent dans leur part de butin le vase
en verre que lon a cru tre en meraude et qui avait servi, dit-on, la Sainte Cne.
Edrissy (trad. de M Jaubert, tome I, page 348) et Benjamin de Tudle (d. de Baratier,
page 76) parlent de Csare comme dune ville trs importante. Saint Louis la fortifia en 1251 ;
elle fut prise en 661 (1265) par Melik ed Dahir Bibars qui la ruina de fond en comble. Elle ne
sest pas releve depuis cette poque. Cf. V Gurin De ora Palestinae a promontorio Carmelo
usque ad urbem Joppen pertinente etc. Paris 1856, pages 47 61
[92] Kafar Sallam et Kafar Saba sont deux localits bien distinctes. La premire tait,
comme on l'a vu plus haut, situe sur le bord de la mer, tandis que Kafar Saba se trouve dans
l'intrieur des terres la distance de six milles de la cte. Mouqaddessy nous apprend que ce
village est bti prs de la grande route qui conduisait la Mekke. Kafar Saba, dit Josphe, est
maintenant appel Antipatris. Ce n'est plus aujourd'hui qu'un pauvre village dont les maisons
sont construites en terre. Mouqaddessy donne, dans sa Gographie (page 177), de curieux
dtails sur Kafar Sallam qui tait abandonn par sa population au XIe sicle. Kafar Sallam,
dit-il, est un gros bourg bien peupl et situ sur le territoire de Qassarih. La principale
mosque se trouve sur le bord de la grande route. Aux environs de Kafar Sallam, le long de la
mer, s'lvent des ribath o lon fait des signaux d'alarme en sonnant de la trompette. C'est l
que viennent aborder les navires et les barques des Grecs avec des prisonniers musulmans
qui sont vendus par trois au prix de cent dinars. Dans chaque ribath se trouvent des gens qui
connaissent la langue grecque, et qui se portent la rencontre de ces navires avec toutes
sortes de provisions. Ds que les btiments sont en vue, on sonne la trompette d'alarme. Si on

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les aperoit pendant la nuit, on allume un feu sur la tour du ribath; pendant le jour, la fume
sert de signal. Entre le bourg et ces ribath, il y a un certain nombre de tours fort hautes
occupes par des gens prposs leur garde. Ds qu'une tour place prs d'un ribath a allum
son feu, celle qui est plus loin imite son exemple, et ainsi de suite. En moins d'une heure, la
trompette a retenti dans le bourg, les tambours ont rsonn et les crieurs publics ont donn
l'indication du ribath. Aussitt la population sort en armes et les gens de la campagne se
runissent en troupes. Alors a lieu le rachat des prisonniers; les uns procdent par change,
homme pour homme, les autres achtent argent comptant ou par obligation scelle. Les villes
de la cte de Syrie, o s'lvent de semblables ribath et o l'on rachte les prisonniers, sont :
Ghazzah, Mimas, Asqalan, Mahouz Azdoud, Mahouz Youbna, Jaffa et Arssouf.
En 1064, Siegfried, archevque de Mayence, les vques d'Utrecht, de Bamberg et de
Ratisbonne qui conduisaient Jrusalem une caravane de plusieurs milliers de plerins
allemands, furent assigs pendant plusieurs jours dans Kafar Sallam par des Arabes
bdouins; ils durent leur dlivrance au gouverneur de Ramlh.
Multi divites et pauperes cum Mongentino archiepiscopo, Traiactensi episcopo,
Bambergenst episcopo et Radisbonensi episcopo, post transitum Sancti Martini, Hierusalem
VII milibus perseverunt... Arabitae vero, fama pecuniae congregati multosque predictorum in
parasceve occidentes cum non sustinuerunt, in quoddam castellum vacuum Cavar Salim
nomine (Kafar Sallam) nostri fugerunt. Mariani Scotti Chronicon, apud Pertz, Monumenta
Germaniae historica, tome V, page 556.
[93] Ramlh, capitale de la province de Filastin, a t, disent les auteurs orientaux, la
capitale de David, de Salomon et de Roboam.
Cette ville dt sa splendeur Souleyman, fils d'Abdel Melik, qui reut de son frre, le
khalife Welid, le gouvernement de la province de Filastin. Il abandonna la ville de Loudd pour
tablir sa rsidence Ramlh. Il y fit btir un palais, l'difice qui porte le nom de Dar es
Sahbaghin (l'htel des Teinturiers) et il jeta les fondements de la grande mosque. Souleyman
voulut faire Ramlh des travaux qui auraient rappel ceux qu'Abdel Melik, son pre, avait
faits dans le temple de Jrusalem et Welid, son frre, dans la mosque de Damas.
Un auteur moderne, Aboul Berekat el Behary, a donn la description des ruines de la
grande mosque de Ramlh, et l'numration des tombeaux des saints personnages que les
musulmans visitent dans cette ville. Berekat oul ouns li zair il Qouds (les bndictions de la
frquentation assidue [des saints] pour le plerin de Jrusalem), Calcutta 1282 (1865), pages
4044.
Le rcit de Nassiri Khosrau concorde avec la description que donnent Mouqaddessy
(page 164) et Edrissy (tome Ier, page 339 de la traduction de M. Jaubert). Cf. Robinson,
Biblical researches etc., tome II, pages 230241.
[94] En l'anne 425 (1033), le sol de l'Egypte et celui de la Syrie furent branls par de
frquentes secousses de tremblement de terre. Partout les difices et les maisons
s'croulrent, et un grand nombre de cratures humaines trouva la mort sous leurs dcombres.
Un tiers de la ville de Ramlh fut abattu ; la grande mosque devint un monceau de ruines.
La population migra hors de la ville et campa pendant huit jours dans la campagne.
Soyouthi, Kechf ous salssalh, manuscrit de mon cabinet, page 18.
[95]

Il faut au mot de Khatoun substituer celui de Lathroun ou de Nathroun qui est le nom

d'uu village aujourd'hui en ruines. C'est le Castellum Emmaus de Saint Jrme, le Castrum
boni latronis des voyageurs du moyen ge et des historiens des Croisades. Ce village tait
situ sur une colline au pied d'un chteau-fort dont les ruines se voient encore et qui avait t
construit pour dfendre la route de Jrusalem.
[96] Le village de Qariet el Anab (le village des Raisins) est bti sur la pente des collines
qui bordent le Wadi Aly l'entre des montagnes de Jude. C'est l'ancien village de Kiryath
Yearim. Les Latins y avaient construit pendant la priode de leur domination une glise sous le
vocable de Saint Jrmie, on croyait que ce prophte avait reu le jour dans ce village que l'on
supposait tre l'ancienne Anathoth.

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[97] On dsigne, sous le nom de Mauqaf, les stations des lieux saints de la Mekke et
celles du mont Arafat, ainsi que le temps que l'on passe les visiter selon les prescriptions
des rites.
[98] Les manuscrits que j'ai eus ma disposition portent Samirh au lieu de Sahirh. Ce
dernier nom dsigne un terrain uni au pied du mont des Oliviers, o le khalife Omar tablit son
camp lorsqu'il vint assiger Jrusalem et o il tablit un mousallah ou oratoire. D'aprs une
tradition rapporte par Ibn Abbas, c'est dans la plaine de Sahirh que doit avoir lieu la
rsurrection des hommes. La terre de cette plaine est blanche et l'on ne peut y rpandre le
sang. Moudjir ed-Din qui donne l'tymologie de ce mot de Sahirh parle, comme Nassiri
Khosrau, du cimetire rserv aux musulmans et o reposent les corps de personnages qui,
pendant leur vie, ont t rputs pour leur saintet. Mouqaddessy, page 172. Moudjir ed-Din,
Histoire de Jrusalem et d'Hbron, Caire 1283 (1866), page 412.
[99] Les monuments antiques qui se trouvent dans la valle de Josaphat sont, partir du
nord, le tombeau de la Vierge, ceux d'Absalon et de Zacharie, puis les spulcres de Josaphat
et de Jacques; enfin, dans la valle suprieure du Cdron, au nord et au nord-ouest de
Jrusalem, on remarque les tombeaux des Juges, celui de Simon le Juste et la catacombe de
la reine Hlne d'Adiabne. Le dernier monument dont parle Nassiri Khosrau est connu sous le
nom de tombeau d'Absalon. Les gens du peuple rap pellent encore aujourd'hui Thanthourh
Firaoun (le bonnet de Pharaon).
[100] Bereket ech Chah Bourhan ed-Din Ibrahim el Qarary a rapport, dans son manuel
du plerin Jrusalem, intitul Bath en noufous ila Zaret il Qouds el mahrous (l'incitateur des
esprits au plerinage de Jrusalem la bien garde), toutes les traditions relatives An Selwan
(la fontaine de Silo), une des quatre sources saintes aux yeux des musulmans. Les docteurs
musulmans prtendent que cette source vient de dessous la roche de la Sakhrah et que, tous
les ans, les eaux du puits de Zemzem vont se mler aux siennes. Le village de Silo tait
considr au Xe sicle comme un faubourg de Jrusalem. Tous les voyageurs du moyen-ge
ont dcrit les deux bassins (Natatoria Siloe) creuss dans le roc. Les maisons et les jardins qui
les bordaient, et dont parle aussi Mouqaddessy, avaient disparu l'poque o Jean de
Wurtzbourg visita Jrusalem. Les fondations pieuses avaient t tablies par le khalife Omar
pour les malades de Jrusalem.

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