Le Bon Chauffage Au Bon Endroit
Le Bon Chauffage Au Bon Endroit
Le Bon Chauffage Au Bon Endroit
au bon endroit
energie-environnement.ch
services cantonaux de l’énergie et de l’environnement
Cette brochure s’adresse à tous ceux qui doivent
prendre des décisions concernant le chauffage,
que ce soit pour leur propre bâtiment, pour des
bâtiments dont ils ont la responsabilité, ou pour
planifier une stratégie énergétique au niveau de
leur collectivité. Elle ne remplace pas les nombreux
documents et prospectus explicatifs ou techniques
produits par la Confédération, les services cantonaux,
les hautes-écoles, les associations professionnelles
et les fabricants. Elle a plutôt pour rôle de les éclairer,
en reformulant ce qui est important à considérer
du point de vue de l’énergie et de l’environnement,
et en insistant sur l’importance du lieu où est implanté
le bâtiment qui a besoin de chaleur. Elle vise aussi
à faire prendre conscience que le choix d’un chauffage
doit sortir de la vision individuelle, car il s’inscrit
dans une problématique commune, à prendre
en compte dans l’aménagement du territoire
et la conception des bâtiments.
4 Le contexte
6 Pour une stratégie géographique du chauffage
8 La planification énergétique territoriale du chauffage
10 Le MoPEC et les standards Minergie
11 Les besoins de chaleur et le CECB
12 L’énergie de chauffage par personne
13 Les impacts sur l’environnement et la santé
Le bon chauffage
au bon endroit
Cette brochure est éditée par energie-environnement.ch,
plate-forme d’information des services cantonaux de l’énergie et de l’environnement.
Texte : Communication in Science, Pierre-André Magnin et Mirko Saam.
Graphisme et illustration : Cédric Siegenthaler.
Octobre 2012 v5
Qu’il faille utiliser les énergies renouvelables, c’est une
évidence ! Nos ancêtres les ont toujours maîtrisées. Puis
il y a eu ce siècle d’énergie facile, et sa consommation
irraisonnée de charbon, de mazout et de gaz naturel.
Aujourd’hui on reprend la maîtrise de notre futur en
réapprivoisant le renouvelable, mais avec de nouveaux
besoins et, surtout, avec de nouveaux savoirs.
Pour une stratégie géographique du chauffage 6
La planification énergétique territoriale du chauffage 8
Le MoPEC et les standards Minergie 10
Les besoins de chaleur et le CECB 11
L’énergie de chauffage par personne 12
Les impacts sur l’environnement et la santé 13
Le contexte
voies respiratoires sont affectées par La pollution de l’air en Suisse s’est consi-
les particules fines (PM10), les oxydes dérablement réduite depuis le milieu des
d’azote, l’ozone et le dioxyde de soufre. années 1980, bien qu’il y ait davantage
Le système cardiovasculaire par les par- de véhicules et de chauffages. On doit
ticules très fines (>PM2,5), les oxydes ce progrès non seulement à un renfor-
d’azote et le monoxyde de carbone. Les cement de la législation et des contrôles,
particules de suie, le benzène, les hydro- mais aussi aux améliorations techniques
carbures aromatiques polycycliques (moteurs, chaudières et processus indus-
(HAP) sont toxiques à partir de doses triels), à une désulfuration des carbu-
infimes, et ont des effets cancérogènes. rants et des combustibles, à une baisse
de la consommation du mazout au profit
En Suisse, c’est l’Ordonnance fédérale du gaz naturel, et, enfin, à des taxes et
sur la protection de l’air (OPair) qui dicte à des subventions. Notre atmosphère
les valeurs limites que ces polluants ne bénéficie aussi des mesures prises dans
doivent pas dépasser dans l’air ambiant les pays voisins – et de la délocalisation
(immissions) ou à la sortie d’une instal- d’industries polluantes vers l’Asie. Mais
lation de chauffage (émissions). Et c’est si l’air est globalement moins pollué qu’il
aux cantons de les faire respecter. Ainsi, y a 25 ans, on peine toujours à faire res-
chaque deux ans, une chaudière doit pecter les valeurs limites pour l’ozone, les
être inspectée par un ramoneur ou un oxydes d’azote et les poussières fines.
technicien qui contrôle le brûleur et les
gaz de combustion. Dans les régions où La loi fédérale sur la protection des eaux
la pollution de l’air est déjà forte, notam- (LEaux) concerne aussi les installations
ment à cause du trafic motorisé, les exi- de chauffage. Elle évite qu’on enterre
gences peuvent même être plus strictes une citerne à mazout trop près d’un
que l’OPair. captage d’eau potable (zones « S »). Ou
qu’on mette en danger une nappe sou-
terraine d’eau potable en installant une
sonde géothermique verticale pour une
pompe à chaleur.
À considérer
avant de choisir
une solution de
chauffage Le bon chauffage au bon endroit 17
À propos de rentabilité
Au moment de choisir une installation Si on considère uniquement les coûts
de chauffage, on peut se demander d’investissement, le chauffage le meilleur
quel système est – économiquement marché est un poêle à bois. Mais pour
parlant – le plus rentable sur le long une solution qui maintienne automa-
terme. La réponse la plus honnête tiquement une température constante
consiste à dire qu’on le saura dans dans les locaux, le système le moins cher
25 ans. Pour répondre en effet, à l’investissement est le chauffage élec-
il faudrait prévoir l’évolution des coûts trique (radiateurs électriques ou nattes
de l’énergie et des taux d’intérêt chauffantes au sol) parce qu’il n’a pas
hypothécaire. besoin d’un circuit d’eau de chauffage.
C’est malheureusement une mauvaise
technologie pour l’environnement, d’une
Pour le mazout et le gaz, l’état des gise- part parce qu’au coeur de l’hiver, une
ments et l’évolution de la demande mon- grande part de l’électricité importée est
diale laissent penser que les prix vont produite avec des centrales à mazout, au
avoir une tendance générale à la hausse, gaz ou au charbon ; et d’autre part parce
même s’ils peuvent connaître des baisses qu’on peut produire trois à cinq fois plus
temporaires. Et pour l’électricité aussi, de chaleur avec la même électricité en
en raison de la fermeture planifiée des utilisant des pompes à chaleur. C’est la
centrales nucléaires en Suisse et ailleurs, raison pour laquelle la plupart des can-
et de l’accroissement de la demande en tons interdisent les nouveaux chauffa-
Europe. ges électriques (sauf cas spéciaux) et
se préparent à remplacer les anciennes
En fait, l’expérience a montré que les coûts installations.
des combustibles (bois, gaz, mazout) et
de l’électricité dépendent de facteurs Pour le « chauffage central », c’est-à-dire
qui varient au cours des ans : demande, avec une distribution de la chaleur par
offre, subventions, taxes… sans comp- un réseau d’eau chaude vers des radia-
ter les évènements catastrophiques et teurs ou des chauffages au sol, la chau-
géopolitiques qui peuvent entraîner une dière à gaz est actuellement la moins
baisse d’approvisionnement et agir sur chère, parce qu’elle est techniquement
les prix. D’où l’importance de diminuer plus simple qu’une chaudière à mazout
nos besoins de chaleur – et notre dépen- ou à bois avec sa réserve de combusti-
dance – en pensant en priorité à l’isola- ble, ou qu’une pompe à chaleur. Il est
tion du bâtiment, à sa capacité d’utiliser aussi plus facile d’étendre un réseau de
passivement le rayonnement du soleil, gaz qu’un réseau de chauffage à dis-
et à la quantité d’énergie qu’il faut par tance qui demande une double conduite
habitant pour être chauffé – une donnée enterrée et très bien isolée.
qui est trop rarement prise en compte
actuellement.
18 Le bon chauffage au bon endroit - À considérer avant de choisir une solution de chauffage
La chaudière à gaz est actuellement en Quelle que soit la solution de chauffage
tête des ventes pour les habitations col- vers laquelle on se tourne, il vaut la peine
lectives neuves ou rénovées, alors que la de s’informer d’abord auprès d’un spé-
pompe à chaleur a la préférence pour les cialiste neutre qui ne soit pas le représen-
maisons individuelles. Cela s’explique en tant d’une marque ou d’un agent énergé-
partie parce que le réseau de gaz s’étend tique (bois, gaz, mazout…). Si on bâtit du
surtout dans les lieux les plus densément neuf, les solutions liées à l’architecture
peuplés. Mais l’explication tient aussi – bonne isolation, gains solaires à travers
dans le fait qu’une bonne partie des bâti- les fenêtres, stockage de la chaleur et de
ments dans lequels on installe le gaz sont la fraîcheur dans la masse du bâtiment
habités par des locataires et que ce sont – sont toujours meilleures que celles qui
eux qui paient (avec leurs charges) le passent par des installations techniques :
combustible et les frais d’entretien. Alors la simplicité est un gage de rentabilité.
qu’une maison individuelle est habitée On veillera aussi à choisir une installa-
le plus souvent par son propriétaire, qui tion dont la puissance soit parfaitement
peut tenir compte non seulement du adaptée aux besoins du bâtiment, et à la
coût de l’investissement, mais aussi des faire mettre en place par une entreprise
prix de l’énergie et de l’entretien sur le qui puisse optimiser son fonctionnement
long terme. et la suivre au fil du temps – et offrir, dans
l’idéal, une « garantie de performance ».
Mais pourquoi se concentrer unique- Il est important que le technicien soit
ment sur la rentabilité financière, alors capable de bien régler l’installation, et
qu’on n’en parle jamais pour une belle d’en expliquer les réglages à ceux qui
voiture, une piscine, ou l’ameublement vont l’utiliser. De mauvais paramètres
d’un appartement ? Ainsi, de plus en introduits sur un tableau de commande
plus de propriétaires – individu, société peuvent entraîner du gaspillage pendant
ou collectivité – choisissent aussi le plusieurs années. •
chauffage et l’isolation de leur bâtiment
selon des critères environnementaux.
Parce qu’ils désirent émettre peu de www.garantie-de-performance.ch
polluants et le moins de CO2 possible,
ils isolent davantage que les normes
légales, ajoutent des capteurs solaires,
se raccordent à un réseau de chauffage
à distance, ou recourent à un spécia-
liste de la thermique du bâtiment pour
rechercher une solution technique origi-
nale avec les énergies renouvelables de
leur région.
Le bon chauffage au bon endroit - À considérer avant de choisir une solution de chauffage 19
4 à 8 mois de chauffage,
mais 12 mois d’eau chaude
Avec l’amélioration de l’isolation des Par contre, la période de production
bâtiments, la part d’énergie dévolue d’eau chaude pour la cuisine et la salle
à l’eau chaude ne cesse de croître de bains (eau chaude sanitaire) est la
– justement parce que celle du même pour tous les bâtiments : 12 mois
chauffage diminue spectaculairement. par an.
Dans un bâtiment Minergie, par
exemple, la production d’eau chaude À la sortie du robinet, l’eau chaude sani-
représente environ 50% des besoins taire doit avoir au moins 50°C pour éviter
de chaleur, alors qu’elle compte pour que des microorganismes pathogènes se
moins de 20% dans un bâtiment développent dans les conduites. Il lui faut
typique des années 1970, qui donc atteindre toute l’année 55-60°C au
consomme 4 à 5 fois plus d’énergie sortir du chauffe-eau, ou davantage si
au total. elle doit parcourir un long chemin dans
une tuyauterie mal isolée.
20 Le bon chauffage au bon endroit - À considérer avant de choisir une solution de chauffage
dégageant ni pollution, ni CO2 ; s’il est Le choix des robinets et des pommeaux
relié à un réseau de chauffage à distance, de douche a une grande influence sur
il contribue à la baisse des besoins de la quantité d’eau chaude (et froide)
chaleur de l’ensemble. consommée. Une étiquette-énergie per-
met désormais de comparer les disposi-
À l’exception des petits systèmes à gaz tifs les plus efficaces d’après leur débit.
qui s’enclenchent au moment où le De même, en choisissant un lavabo ou
robinet s’ouvre, l’eau chaude sanitaire une baignoire, on se renseignera sur le
est généralement produite dans un volume d’eau qu’il faut y verser pour faire
gros cylindre bien isolé qu’on appelle la vaisselle ou se baigner. •
« chauffe-eau », « ballon », « bouilleur »
ou « boiler ». Ce cylindre sert à la fois
de marmite et de thermos de stockage www.swissolar.ch
(accumulateur isolé). À l’intérieur, il peut www.pac.ch
renfermer un ou plusieurs échangeurs www.etiquetteenergie.ch
de chaleur. Le plus simple est une résis-
tance électrique, dont l’efficacité énergé-
tique est très mauvaise – d’où la tendance
à en restreindre ou interdire l’usage. Si le
chauffe-eau est associé à une chaudière
ou à une pompe à chaleur, c’est un ser-
pentin d’eau de chauffage qui transmet
indirectement sa chaleur à l’eau potable.
Et lorsqu’il y a des capteurs solaires ther-
miques, le chauffe-eau comporte deux
serpentins (on dit qu’il est « bivalent ») :
un premier, en bas, qui amène la cha-
leur des capteurs, et un second, en haut,
qui achève de monter la température de
l’eau avec la chaudière ou la pompe à
chaleur (appoint de chaleur).
Le bon chauffage au bon endroit - À considérer avant de choisir une solution de chauffage 21
Une bonne isolation donne davantage
de choix pour le chauffage
Un bâtiment bien isolé peut se On recommande d’isoler les bâtiments
contenter d’un chauffage à basse neufs et rénovés par l’extérieur, à l’ex-
température (30-35°C). Il offre ainsi ception de ceux dont les façades ont un
deux grands avantages à son instal- intérêt historique ou patrimonial. Parce
lation de chauffage : elle subit moins que l’isolation par l’extérieur n’a que
de pertes d’énergie, notamment sur le des avantages sur le plan thermique :
parcours de la tuyauterie ; et elle peut elle maintient la masse du bâtiment au
profiter avec une efficacité maximale chaud en hiver et au frais en été, lui
de sources de chaleur renouvelables, permettant de mieux compenser les
que se soit en captant le soleil hivernal variations météorologiques et de moins
ou en soutirant de la chaleur de l’envi- solliciter son installation de chauffage
ronnement avec une pompe à chaleur. (et de climatisation). Par rapport à l’iso-
lation intérieure, elle évite les problèmes
de condensation d’humidité dans le
En Suisse, la moyenne d’âge des bâti- matériau isolant et dans les murs (ce qui
ments est de plus de 45 ans et leur durée réduit la performance d’isolation) ; et –
de vie dépasse largement 100 ans. Plus surtout – elle évite les pertes de chaleur
de la moitié sont mal isolés, au niveau par les « ponts thermiques ».
des murs, du toit, du plancher et des
fenêtres ; ils sont pour la plupart chauffés Les ponts thermiques sont des passages
au mazout. Lorsque la chaudière prend privilégiés pour la chaleur. Ce sont les
de l’âge, beaucoup de propriétaires se zones extérieures du bâtiment qu’une
demandent s’il ne faudrait pas opter isolation par l’intérieur ne parvient pas
pour un chauffage plus économique et à couvrir, telles les extrémités des dalles
plus écologique. prises dans la façade, les paliers de porte
ou les embrasures de fenêtre. On les
La mesure la plus efficace sur le plan de repère facilement durant les nuits froides
l’énergie et de l’environnement est l’iso- avec une caméra thermique.
lation du bâtiment et le changement de
fenêtres. Car la demande d’énergie va Laine de verre, laine de roche, laine de
baisser de manière beaucoup plus spec- bois, plaques de polystyrène expansé,
taculaire qu’en ajoutant des panneaux de polyuréthane, de chanvre, de paille…
solaires ou une pompe à chaleur à un Les différents matériaux d’isolation du
bâtiment qui reste en l’état. marché ont des performances variables,
mais il n’y a pas de miracle : même le
plus résistant au transfert de chaleur doit
avoir une épaisseur minimale de 16 cm
pour être conforme au MoPEC* (équiva-
lent à environ 20 cm de laine de verre).
Contrairement à ce que disent les publi-
cités, les isolants multicouches minces
* Voir page 10 ne permettent pas d’isoler efficacement.
22 Le bon chauffage au bon endroit - À considérer avant de choisir une solution de chauffage
Seuls les nouveaux matériaux à base Dans un bâtiment, on isole bien sûr les
d’aérogel (2 à 3 fois plus isolants que la façades et le toit (plat ou pentu), mais
laine de verre) et les « PIV-panneaux iso- aussi certains murs, plafonds et plan-
lants sous vide » (4 à 6 fois plus isolants cher qui séparent des locaux chauffés
que la laine de verre) offrent actuelle- de locaux non chauffés (garage, grenier,
ment une bonne isolation pour une fai- cave) ou peu chauffés (atelier, réduit,
ble épaisseur. Mais ces matériaux sont garde-manger).
encore très chers et peu écologiques.
De surcroît, les PIV ne doivent pas être Si le toit est plat, il faut envisager de le
découpés, ni percés. « végétaliser », c’est-à-dire de l’isoler, de
l’étanchéifier, de le couvrir de gravier et
Dans le choix du matériau isolant, on de terre, et d’y planter des espèces sau-
peut privilégier sa performance d’isola- vages indigènes. La végétalisation permet
tion en fonction de son épaisseur, son de limiter la surchauffe estivale du bâti-
prix, sa durée de vie ou encore son ment, de ralentir l’écoulement des eaux
impact environnemental (lors de sa fabri- de pluie (moins de risques d’inondation),
cation, de son transport et de son élimi- et de rafraîchir le climat urbain – sans
nation). Mais il n’existe pas de matériau oublier ses effets positifs sur la survie de
idéal. Ceux qui sont annoncés comme la nature en milieu habité.
naturels (chanvre, laine de mouton, laine
de bois, etc.) sont souvent traités contre Avant d’effectuer des travaux, il est très
les insectes, la moisissure et l’incendie. important de s’intéresser à la « valeur U »
Le mieux est donc de se fier aux normes prévue pour les façades, le toit ou les
officielles, plutôt qu’aux déclarations fenêtres à double ou triple-vitrage. Plus
commerciales. la valeur U est petite, et moins l’élément
laissera perdre de chaleur lorsque le froid
sévira dehors ; il résistera aussi d’autant
mieux à la pénétration de la chaleur
durant la canicule. On aura d’ailleurs
toujours intérêt à se demander si on peut
atteindre une valeur U plus petite que
les exigences légales, car cette valeur est
directement liée à la facture de chauf-
fage et aux nuisances à l’environnement
(CO2 et polluants de l’air). •
Subventions :
www.leprogrammebatiments.ch
Le bon chauffage au bon endroit - À considérer avant de choisir une solution de chauffage 23
Le confort thermique et l’aération
Le confort ressenti dans une pièce Un bâtiment bien isolé, et muni de fenê-
ne dépend pas seulement de tres étanches et isolantes à double ou
la température de l’air indiquée par triple-vitrage, offre une ambiance très
le thermomètre. Il est aussi tributaire homogène au niveau des températures :
des températures des parois, du sol les murs extérieurs sont quasiment à la
et du plafond, car le corps humain température indiquée par le thermomè-
y est très sensible. L’humidité tre, et les vitres n’ont que deux ou trois
ambiante, les polluants intérieurs degrés de moins. Lorsqu’on est entouré
et les courants d’air jouent aussi de surfaces et de meubles aux mêmes
un rôle important. températures, on peut se sentir à l’aise à
19°C – même près des fenêtres.
En hiver, si l’atmosphère est « crue » dans Isoler un ancien bâtiment et changer ses
un bâtiment mal isolé, c’est justement fenêtres permet donc des économies
parce que les vitres et les murs qui don- d’énergie non seulement parce qu’on
nent sur l’extérieur peuvent avoir une réduit les pertes de chaleur, mais aussi
température bien inférieure à 20°C, parce qu’on remonte la température des
même si le thermomètre indique 24°C au vitrages et des murs qui donnent sur l’ex-
centre de la pièce. Par exemple, lorsqu’il térieur, si bien que les occupants peu-
fait 0°C au dehors, la surface intérieure vent se sentir à l’aise à des températures
d’un simple vitrage n’est qu’à environ moins élevées.
5°C, ce qui se ressent désagréablement
si on est assis près de la fenêtre. De plus, Vivre à des températures plus basses en
la basse température des parois et des hiver règle aussi en partie le problème de
vitrages entraîne d’imperceptibles mou- sécheresse de l’air, car l’humidité de l’air
vements d’air qui accroissent le sentiment et sa température sont liées. Si l’humidité
d’inconfort – sans parler de l’air froid qui d’une pièce chauffée à 25°C est à 30%
s’insinue directement par les défauts de – ce qui est déjà trop sec pour une per-
jointure des fenêtres et des portes. sonne ayant des difficultés respiratoires –
le fait de descendre la température à 20°C
permet de remonter l’humidité à 45%, et
donc d’accroître le sentiment de confort.
24 Le bon chauffage au bon endroit - À considérer avant de choisir une solution de chauffage
Dans les anciens bâtiments, l’installation Lorsque l’aération reste limitée au méca-
d’aération est généralement succinte : nisme d’extraction, on peut opter pour
des grilles d‘extraction tirent l’air vicié au des fenêtres dont le cadre est muni d’un
niveau de la cuisine, des WC et de la salle clapet d’aération. Et si on ne prévoit pas
de bains par simple effet « cheminée » ou de nouvelles entrées d’air, il faut informer
avec un extracteur mécanique. L’air neuf les occupants qu’ils doivent prendre l’ha-
qui le remplace pénètre à l’intérieur par bitude d’aérer les locaux plusieurs fois
les défauts de jointure des fenêtres et de par jour, mais quelques minutes seule-
la porte. Ce système peut gaspiller beau- ment pour ne pas refroidir les murs, le
coup d’énergie, car on ne contrôle ni la sol et les meubles.
quantité d’air chaud qui est évacuée, ni
celle d’air froid qui entre. L’air entrant peut être tempéré en pas-
sant par un « puits canadien » (appelé
Lorsqu’on remplace les vieilles fenêtres aussi « puits provençal »), c’est-à-dire
d’un bâtiment par des fenêtres moder- être conduit sur plusieurs dizaines de
nes – et donc étanches – on coupe mètres dans une canalisation enterrée
les entrées d’air. S’il n’y a pas d’autres entre 1,5 et 2 m sous terre, afin d’être
apports, l’évacuation se fait mal et l’humi- réchauffé (en hiver) ou rafraîchi (en été),
dité s’accumule. En hiver, si le bâtiment avant d’arriver dans le bâtiment.
n’est pas bien isolé, l’humidité condense
sur les murs les plus froids, favorisant le En matière d’énergie de chauffage, de
développement des moisissures. confort et d’hygiène, l’aération est un
élément très important. Son flux doit
Un changement de fenêtres devrait donc être adapté aux nombres de personnes
être pensé conjointement à l’aération. et à leurs activités. Une aération trop
L’idéal sur le plan du confort et de l’éner- importante gaspille non seulement de
gie est une aération dite « à double flux », l’énergie, mais peut assécher désagréa-
comportant un échangeur de chaleur qui blement l’air intérieur durant les grands
récupère la chaleur de l’air sortant pour la froids ; elle peut aussi provoquer du bruit
transmettre à l’air entrant – elle réduit les et des courants d’air incommodants. •
pertes jusqu’à 90% par rapport à l’entrée
d’air froid. C’est l’un des éléments-clés
des maisons Minergie.
Le bon chauffage au bon endroit - À considérer avant de choisir une solution de chauffage 25
Quitter le chauffage électrique
Dans la plupart des cantons, Le chauffage électrique des locaux peut
le chauffage électrique est interdit être « direct », c’est-à-dire réalisé à l’aide
dans les constructions neuves, de radiateurs à résistance qui convertis-
ou soumis à de fortes restrictions. sent directement le courant en chaleur
Parce que l’électricité est une (petits radiateurs très chauds, convec-
énergie précieuse qui trouve un teurs qui élèvent la température de l’air
meilleur emploi pour faire fonctionner qui les traverse, accumulateurs qui dif-
des appareils, des lampes ou des fusent lentement leur chaleur) ou à l’aide
véhicules. Et parce qu’avec l’électricité de « nattes chauffantes », à savoir des
nécessaire à un seul bâtiment, on peut fils métalliques intégrés dans la chappe.
en servir 3 ou 4 autres (dans le même Chauffé de la sorte, le bâtiment n’a
état d’isolation), s’ils sont équipés pas besoin de chaufferie, ni de chemi-
de pompes à chaleur. née, ni de tuyaux de chauffage (réseau
hydraulique).
26 Le bon chauffage au bon endroit - À considérer avant de choisir une solution de chauffage
qui entourent les pièces, ou un chauf- Le problème auquel font face les pro-
fage par le sol – c’est l’idéal mais ce n’est priétaires de chauffage électrique révèle
pas évident à réaliser sur toute les sur- l’intérêt d’une vision territoriale du chauf-
faces de plancher. Il existe notamment fage, plutôt que de laisser chaque bâti-
une technique de « rainurage » qui crée ment face à un choix individuel : « gaz ?
un long sillon tortueux dans le béton ou mazout ? bois ? pompe à chaleur ? ». Par
le carrelage. On y dépose ensuite un exemple, il est plus rationnel d’installer
serpentin (tuyau de chauffage) puis le une seule centrale CCF (couplage cha-
tout est noyé sous une chape de béton leur-force) à bois ou à gaz naturel pour
d’environ 2 cm d’épaisseur. tout un quartier – en tandem avec des
pompes à chaleur – plutôt que d’équiper
Avant de remplacer le chauffage élec- chaque immeuble avec sa chaudière. La
trique, l’idéal est bien sûr d’isoler le bâti- collectivité est aussi gagnante sur le total
ment, de remplacer ses vieilles fenêtres des émissions de CO2, même si la cen-
et de mettre en place un système d’aéra- trale en dégage beaucoup. Gobalement
tion qui récupère la chaleur de l’air rejeté aussi, l’ensemble polluera moins. •
à l’extérieur. Ces travaux permettent déjà
de diviser par deux ou trois la consom-
mation d’électricité.
Le bon chauffage au bon endroit - À considérer avant de choisir une solution de chauffage 27
On ne devrait plus avoir besoin de justifier la nécessité
d’employer l’énergie solaire, ni d’expliquer que la
technologie est mûre et fonctionne parfaitement. Parce que
tous les fabricants de chaudières et de pompes à chaleur
proposent des solutions standard avec des capteurs solaires.
Et la règle est très simple : le solaire fonctionne quand il y
a du soleil ; quand il n’y en a pas, on peut quand même en
profiter si on a su stocker sa chaleur. Sinon on est condamné
à brûler des combustibles ou à utiliser de l’électricité.
Sources de chaleur passives 30
Capteurs solaires thermiques pour l’eau chaude 32
Capteurs solaires thermiques pour le chauffage et l’eau chaude 34
Pompes à chaleur (PAC) : 36
• Géothermie et PAC « sol-eau » 38
• PAC « eau-eau » 40
• PAC « air-eau » 42
Chaleur à distance (CAD) / réseau de chauffage 44
Mieux utiliser les combustibles : le couplage chaleur-force (CCF) 46
Bois 48
Gaz naturel (non renouvelable) et biogaz (renouvelable) 52
Mazout 54
Les systèmes
de chauffage
• Dans toutes les situations géographi- • Si les capteurs sont munis de la cer-
ques, en plaine comme en altitude. Et tification « Solar Keymark », et, dans
n’importe où : sur un pan de toit, sur l’idéal, si l’installateur peut produire
un toit plat, en remplacement d’une une « Garantie de performance ».
partie de la couverture du toit, sous ou
devant un balcon, en façade, sur un • Si le circuit de liquide caloporteur et le
garage, sur un talus, dans un jardin… chauffe-eau sont bien isolés.
pourvu que les capteurs puissent
recevoir directement le soleil. • Si on ne gaspille pas l’eau chaude :
Les orientations les plus favorables robinets et pommeaux de douche
sont entre le Sud-Est et le Sud-Ouest. économes ; baignoire isolée et de
Quand on s’écarte davantage du faible volume pour prendre de longs
Sud, le rendement baisse, mais il est bains avec peu d’eau.
encore possible d’aller jusqu’à l’Est
et l’Ouest, surtout avec des capteurs- • Si on peut utiliser l’excès de cha-
tube sous vide. L’inclinaison des leur produit durant la belle-saison :
capteurs sur la hauteur détermine leur machines à laver le linge et la vaisselle
performance au cours de la saison. Si branchées sur l’eau chaude.
on cherche la performance hivernale,
ils doivent regarder idéalement le Sud/ • Si l’installation est régulièrement sui-
Sud-Ouest, être dressés entre 45 et vie, et si on ne laisse pas le chauffe-
60°, et éviter l’accumulation de neige. eau s’entartrer.
Pour une maison familiale bien isolée, Pour les sondes et les géostructures
un seul forage entre 120 et 150 m suffit énergétiques qui ne descendent pas en
généralement. On y enfile et on y scelle dessous de 200 m, la température du
une sonde géothermique verticale, autre- sol est plus fraîche que celle de l’air en
ment dit un double-tuyau qui descend et été. L’installation peut donc aussi servir à
remonte, et dans lequel circule un liquide refroidir le bâtiment durant l’été (géocoo-
caloporteur (eau + sel ou antigel) qui va ling), en faisant tourner uniquement la
se charger de chaleur en profondeur pompe du liquide caloporteur. Du même
pour la ramener à la surface. Si on ne coup, elle recharge le sous-sol avec la
chaleur de la surface. •
PAC « eau-eau »
Cette installation de chauffage fonc- L’eau peut aussi provenir d’un lac ou
tionne selon le même principe que la d’une rivière. La présence d’organismes
PAC « sol-eau » à sonde géothermique, aquatiques (algues et mollusques) et de
à la différence que le circuit est géné- sédiments en suspension nécessite des
ralement ouvert : il puise directement filtres et de l’entretien pour éviter un
de l’eau dans une nappe souterraine, encrassement du circuit de pompage.
un lac ou une rivière, puis l’amène à
la PAC qui prélève sa chaleur, avant de On peut aussi se servir des rejets de
rejeter l’eau refroidie. chaleur des eaux usées tièdes qui cir-
culent dans les égouts, ou des eaux de
rejet des stations d’épuration et des sites
Pour tirer l’eau d’une nappe souterraine, industriels. Dans ces cas, l’eau ne passe
il faut creuser un puits de captage (géné- pas directement dans le circuit qui va à
ralement entre 5 et 30 m de profondeur), la PAC : la chaleur est prélevée indirecte-
et y installer une pompe immergée qui va ment par un échangeur de chaleur.
pousser l’eau depuis le bas vers la sur-
face. Après le passage dans la pompe à Une autre technique, qui utilise aussi des
chaleur, l’eau refroidie est infiltrée dans échangeurs de chaleur, consiste à des-
le terrain, mais à un autre endroit que le servir plusieurs bâtiments par un grand
captage afin de ne pas refroidir la source circuit d’eau pompée puis rejetée dans
de chaleur. la profondeur d’un lac ou d’une nappe
phréatique souterraine. Comme l’eau du
Le pompage dans une nappe souterraine circuit reste toute l’année aux mêmes
est toujours délicat. Parce que le forage températures, des pompes à chaleur
perce des couches géologiques qui ser- peuvent y prélever des calories en hiver,
vent de filtre naturel : on crée alors un et, en été, des circuits de rafraîchisse-
lien direct entre la surface et la nappe, ment peuvent climatiser les locaux. Étant
par où peuvent s’infiltrer les polluants donné qu il n’y a pas de contact direct
de la surface. Le forage peut aussi créer entre les installations des bâtiments et
des connexions entre des nappes d’eau l’eau du circuit, on minimise les risques
qui étaient indépendantes jusqu’ici : cela de pollution.
pourrait changer le régime de pression
d’une source d’eau potable, ou modifier Les PAC « eau-eau » peuvent avoir un
la quantité de chaleur disponible pour excellent rendement énergétique, car la
d’autres pompes à chaleur implantées source de chaleur est rapidement renou-
dans les environs. vellée. Comme toutes les PAC, l’instal-
lation fonctionne idéalement en tandem
avec des capteurs solaires. •
PAC « air-eau »
Comme elle soutire la chaleur direc- Par rapport aux PAC qui soutirent la cha-
tement dans l’air extérieur, cette PAC leur du sol ou de l’eau, la PAC « air-eau »
est moins chère à installer que les PAC profite mal du tarif de nuit de l’électricité,
« sol-eau » ou « eau-eau ». Son rende- car c’est justement pendant la nuit qu’il
ment peut être très bon en mi-saison, fait le plus froid et que son rendement
mais il devient mauvais au coeur de est le moins bon.
l’hiver, car la température de l’air
extérieur est la plus froide justement Les PAC « air-eau » se divisent en plu-
au moment où le bâtiment a le plus sieurs familles :
besoin de chaleur. C’est pourquoi on la
déconseille pour des bâtiments situés • Les modèles compacts à installer
trop haut en altitude ou dans un climat dans la chaufferie du bâtiment (il faut
très froid, comme c’est le cas dans alors une entrée d’air et une sortie
certaines vallées du Jura. d’air refroidi, ainsi qu’une évacuation
pour l’eau de condensation).
• S’il est intégré dans la planification • Si ses conduites sont très bien isolées
énergétique territoriale. et si ses pompes de circulation ont un
très bon rendement (classe A).
• S’il remplace des installations polluan-
tes et/ou émettrices de CO2 (mazout, • Si, par son abondance de chaleur
gaz, chauffage électrique, bois) et à distribuer, il ne démotive pas le
permet un gain d’énergie sur l’ensem- processus d’assainissement des
ble du réseau. bâtiments (meilleure isolation) et
leur équipement avec des capteurs
• S’il permet de valoriser des rejets de solaires.
chaleur produits dans tous les cas
(rejets industriels, UIOM).
www.chauffage-a-distance.ch
• Si la densité de bâtiments raccordés www.swisscontracting.ch
est grande.
• Si elle est intégrée dans la planifica- • Si, par nécessité d’utiliser ou de ven-
tion énergétique territoriale. dre sa chaleur, elle ne décourage pas
l’isolation du (des) bâtiment(s) et la
• Si sa chaleur et son électricité sont pose de capteurs solaires.
utilisées intégralement.
• Si les conduites qui passent dans • Si l’air qui alimente le foyer provient
des locaux non chauffés sont bien de l’extérieur.
isolées et si les pompes de circulation
de l’eau de chauffage sont efficaces • Si la cheminée est assez haute pour
(classe A). que la fumée ne dérange pas les
voisins.
• Si les radiateurs sont équipés de van-
nes thermostatiques. • Si la cheminée est munie d’un filtre
à particules (même s’il n’est pas
• Si, en cas de remplacement de chau- obligatoire).
dière, on vérifie que la distribution de
chaleur dans le circuit hydraulique est • Si on y brûle uniquement du bois sec,
bien équilibrée. non traité et tempéré, en procédant
à l’allumage par dessus pour éviter
• Si on ne laisse pas le chauffe-eau la production de poussières fines
s’entartrer. (fumée).
• Si le bâtiment ne peut pas être bien • Si les conduites qui passent dans des
isolé et nécessite un chauffage à locaux non chauffés sont bien isolées,
haute température (dans ce cas, le et si les pompes de circulation sont
système de condensation des fumées efficaces (classe A).
ne sera efficace qu’en entre-saison).
• Si les radiateurs sont équipés de van-
• Si elle brûle du mazout de qualité nes thermostatiques.
ECO et que l’entreprise qui l’installe
peut produire une « Garantie de • Si des capteurs solaires thermiques
performance ». participent à la production d’eau
chaude sanitaire (et au chauffage).
• Si, en cas de remplacement de chau-
dière, on vérifie que la distribution de • Si on ne laisse pas le chauffe-eau
chaleur dans le circuit hydraulique est s’entartrer.
bien équilibrée.
• Si l’installation est régulièrement sui-
• Si l’eau de condensation (un litre vie, et si la chaudière et la cheminée
par litre de mazout) passe par un sont inspectées tous les 2 ans.
système de neutralisation de l’acidité
avant d’être rejeté aux égouts (obliga-
toire pour les chaudières de plus de www.mazout.ch
200 kW).