History - Spectrum
History - Spectrum
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DIVISION DE LA PROSPECTIVE ET DE DEPARTMENT OF PROSPECTIVE
LA PLANIFICATION STRATEGIQUE AND STRATEGIC PLANNING
DOCUMENT DE TRAVAIL
Février 2009
SOMMAIRE
SOMMAIRE I
LISTE DES ACRONYMES III
RESUME EXECUTIF IV
DECLARATION DU GOUVERNEMENT VIII
INTRODUCTION 1
Fondements de la vision 1
Le processus d’élaboration 2
Le processus de validation et d’adoption 3
PREMIERE PARTIE. CONTEXTE DE DEVELOPPEMENT 5
I.1. ASPECTS CONTEXTUELS 6
I.1.1. Economique et social 6
I.1.2. Humain et Culturel 6
1.1.3. Politique et administratif 7
I.2 DEFIS DE DEVELOPPEMENT 7
I.2.1 Défi de l’unité nationale et de la démocratisation 7
I.2.2 Défi démographique 8
I.2.3 Défi de la croissance économique et de l’emploi 8
I.2.4 Défi du développement urbain et de l’aménagement du territoire 9
I.2.5 Défi de la gouvernance 10
I.3. ENJEUX DE DEVELOPPEMENT 11
I.3.1. Formation du capital humain 11
I.3.2. Répartition de la Richesse 11
I.3.3. La maîtrise de l’espace 11
I.3.4. Insertion internationale et attraction des Investissements Directs Etrangers 11
1.3.5. La Participation politique 12
DEUXIEME PARTIE. FORMULATION DE LA VISION 13
II.1 LES SCENARII 14
II.1.1 Les thématiques/Hypothèses prospectives 14
II.1.2 Le scénario de référence : émergence et rayonnement du Cameroun 15
II.1.3 Les scénarios alternatifs 15
II.2 LA VISION 16
II.3 LES OBJECTIFS GENERAUX 17
II.3.1 Réduire la pauvreté à un niveau socialement acceptable 17
II.3.2 Accéder au statut des pays à revenu intermédiaire 17
II.3.3 Devenir un Nouveau Pays Industrialisé 18
II.3.4 Consolider le processus démocratique et renforcer l’unité nationale 18
II.4 LES OBJECTIFS SPEFICIQUES 18
II.4.1 Objectifs macroéconomiques 18
II.4.2 Objectifs socio démographiques 21
II.4.3 Objectifs sectoriels 21
II.5 LES CIBLES DES OBJECTIFS DE LA VISION 24
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TROISIEME PARTIE. STRATEGIES DE MISE EN ŒUVRE DE LA VISION 32
III.1 STRATEGIE D’INTEGRATION NATIONALE ET DE CONSOLIDATION DU PROCESSUS
DEMOCRATIQUE 33
III.1.1 L’intégration nationale 33
III.1.2 La consolidation du processus démocratique 34
III.2 STRATEGIE D’AMENAGEMENT DU TERRITOIRE 35
III.3 STRATEGIE D’INDUSTRIALISATION 36
III.3.1 La promotion du secteur manufacturier 36
III.3.2 Le développement des infrastructures d’appui à l’industrialisation 38
III.3.3 Le développement social 40
III.4 STRATEGIE D’INTEGRATION REGIONALE ET D’INSERTION INTERNATIONALE 41
III.4.1 Stratégie d’intégration régionale 41
III.4.2 Stratégie d’insertion internationale 41
III.5 LE ROLE ECONOMIQUE DE L’ETAT ET LA STRATEGIE DE PARTENARIAT 42
III.5.1 Le rôle économique de l’Etat 42
III.5.2. Le partenariat avec le secteur privé 43
III.5.3. Partenariat avec la société civile 44
III.5.4. Partenariat avec les Partenaires Techniques et Financiers 44
III.6 STRATEGIE DE LA GOUVERNANCE 45
QUATRIEME PARTIE. FINANCEMENT DE LA VISION 46
IV.I. RESSOURCES POTENTIELLES 47
IV.2 MOBILISATION DES RESSOURCES 47
IV.2.I Les stratégies de mobilisation pour l’Etat 47
IV.2.I Les stratégies de mobilisation pour le secteur privé et les ménages 48
IV.3 CADRES DE REFERENCE DE L’UTILISATION DES RESSOURCES 50
IV.3.1 Problématique de l’utilisation des ressources globales 50
IV.3.2 Rationalisation des allocations de ressources publiques 50
CINQUIEME PARTIE. LES MENACES, RISQUES ET HYPOTHEQUES 51
V.1 AU NIVEAU INSTITUTIONNEL ET POLITIQUE 52
V.2 AU NIVEAU SOCIOLOGIQUE ET SOCIAL 54
V.2.1 Au niveau sociologique 54
V.2.2 Au niveau social 55
V.3 AU NIVEAU ECONOMIQUE 56
V.3.1 La problématique de la monnaie 56
V.3.2 Les changements climatiques et autres menaces environnementales 56
V.5 AU NIVEAU INTERNATIONAL 57
ANNEXES 59
Annexe 1 : Variables et indicateurs retenus 59
Annexe 2 : Evolution de quelques indicateurs des pays émergents pris comme référence 60
Annexe 3 : Phases empiriques d’un processus de développement industriel 63
Annexe 4 : Equipe de rédaction 62
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LISTE DES ACRONYMES
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RESUME EXECUTIF
L’approche normative a été utilisée pour «formuler une vision volontariste du développement à long terme du
Cameroun». Cet exercice vise à donner un ancrage de long terme au Document de Stratégie de Réduction de la
Pauvreté (DSRP) en cours de révision. Il s’agit de fonder les stratégies du nouveau DSRP sur un cap reflétant
les aspirations profondes des camerounais avec un horizon suffisamment long pour anticiper les changements
structurels de la société. Ces changements se perçoivent à travers cinq facteurs qui, en même temps qu’ils
justifient l’exercice de formulation de la vision à long terme, constituent les défis de celle-ci. Après les avoir
examinés, le document aborde la formulation de la vision, ses stratégies de mise en œuvre et les menaces,
risques et hypothèques qui y sont attachés.
1. Les enjeux
Le premier défi est celui de la consolidation du processus démocratique et du renforcement de l’unité nationale.
Le Cameroun est construit sur une mosaïque ethnique et linguistique sur laquelle se superposent d’autres
facteurs de divergence (religion, politique, corporation, etc.). La construction d’un Etat – Nation sur cette
hétérogénéité s’est souvent heurtée à certaines forces centrifuges et à des velléités de replis identitaires. Malgré
les progrès réalisés en la matière, la consolidation des acquis en matière d’intégration nationale, de paix, de
justice, de cohésion sociale et de démocratisation demeure un défi. Au niveau politique en particulier, la
consolidation du processus démocratique pose l’enjeu de l’existence d’un Etat de droit, de la promotion et du
respect des libertés individuelles et collectives, de la séparation des pouvoirs, de l’émergence d’une société civile
forte et responsable et de la participation de tous les segments de la société à la gestion de la cité.
Le deuxième défi est celui de la croissance économique et de l’emploi. Malgré la reprise amorcée à la suite de la
dévaluation du franc CFA en 1994, la croissance reste fragile tant dans sa dynamique que dans ses effets
attendus sur l’amélioration des conditions de vie. Une analyse de ses sources montre qu’elle est à plus de 50%,
le fait des Ménages et Entrepreneurs Individuels, secteur regroupant en majorité des unités exerçant dans
l’informel (agriculture et commerce notamment), et dont le caractère structurellement erratique des performances
ne saurait garantir une croissance soutenue. Le pays est en effet confronté à la difficulté de se doter d’un secteur
industriel compétitif, en raison notamment de sa mauvaise insertion dans l’économie mondiale et de la faiblesse
des capacités opérationnelles au niveau national. A ce problème s’ajoute celui de la répartition de la richesse
créée ; la part rémunérant le capital n’ayant cessé de grignoter celle réservée aux revenus salariaux et autres
cotisations sociales. L’interpellation concerne donc une croissance forte et équitablement répartie.
Le troisième défi est d’ordre socio démographique. La vigueur démographique qui caractérise la population
camerounaise a accentué le poids de la population à charge (jeunes et vieux) et modifié sa répartition spatiale.
La forte proportion des jeunes accroît les besoins en infrastructures et services sociaux, notamment dans les
secteurs de l’éducation et de la santé. Elle génère une importante main d’œuvre que le système économique ne
peut absorber et qui de ce fait, est contrainte de se recycler dans des activités informelles, mal rémunérées et
sans adéquation avec leur formation. Pour la vision, le défi est de faire de la population du Cameroun un facteur
moteur de son développement à travers une croissance démographique maîtrisée, la formation du capital
humain et l’allongement de l’espérance de vie.
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s’agit d’anticiper le développement indispensable des villes, grands centres de consommation et réserves de
facteurs nécessaires à tout essor industriel.
Le dernier défi est celui de la gouvernance. Il renvoie à une utilisation efficiente et efficace du potentiel et des
ressources humaines, matérielles et financières dont dispose le pays pour son développement. Ce défi
conditionne la bonne intégration du Cameroun dans l’économie mondiale.
La Vision du Cameroun à l’horizon 25-30 ans est la suivante : «LE CAMEROUN : UN PAYS EMERGENT,
DEMOCRATIQUE ET UNI DANS SA DIVERSITE». Elle s’appuie sur les résultats des études rétrospectives,
le recensement des besoins et aspirations des populations et les ambitions des politiques. En particulier, elle
systématise les aspirations et visions exprimées par les différents acteurs et se résume comme suit :
• une nation unie, solidaire et jouissant d’un environnement de paix et de sécurité ;
• une démocratie réelle, forte et juste ;
• une administration décentralisée et au service du développement ;
• une économie prospère et dotée d’infrastructures performantes ;
• une économie basée sur l’intégration sous-régionale et régionale ainsi que sur l’insertion internationale;
• une démographie à croissance maîtrisée ;
• Une Nation favorisant l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions
électives autant que leur égalité professionnelle ;
• une femme au rôle social renforcé et économiquement autonome ;
• une famille stable et harmonieuse ;
• un accès de tous aux services sociaux de base de qualité ;
• une justice indépendante et accessible à tous ;
• un niveau de pauvreté, d’analphabétisme et d’exclusion sociale résiduel ;
• une culture camerounaise affirmée dans son unité plurielle, attrayante et exportable au plan international
;
• un niveau de chômage et de sous-emplois résiduel ;
• une jeunesse bien formée exaltant le mérite et l’expertise nationale ;
• une allocation équitable de ressources entre villes et campagnes et entre les régions du pays.
La vision retient comme objectif global devenir un pays émergent à l’horizon de 25-30 ans, qui est aussi celui
nécessaire à l’avènement d’une génération nouvelle. Celui-ci intègre un ensemble d’objectifs intermédiaires qui
sont : (i) la réduction de la pauvreté ; (ii) l’atteinte du stade de pays à revenus intermédiaires et ensuite, (iii)
l’atteinte du stade de Nouveau Pays Industrialisé et (iv) la consolidation du processus démocratique et de l’unité
nationale dans le respect de la diversité qui caractérise le pays.
La réduction de la pauvreté consistera à la ramener à un niveau résiduel socialement tolérable par, d’une part,
une croissance forte, soutenue et créatrice d’emplois, et, d’autre part, par une intensification, une généralisation
et une amélioration des services sociaux (santé, éducation, logement, formation, eau, électricité, voies de
communication, etc.). Le stade de pays à revenus intermédiaires concrétisera l’objectif de doubler au moins le
revenu moyen pour faire passer le pays de la classe des pays à faible revenu à celle des pays à revenu
intermédiaire à travers une accélération de la croissance qui devra atteindre les deux chiffres d’ici 2017 et se
maintenir à ce niveau pendant un nombre d’années suffisant. L’ambition du Cameroun est au plan industriel de
faire passer son économie de la phase primaire à la phase de deuxième import substitution avec une production
manufacturière contribuant à plus de 23% du PIB, contre 11% actuellement et un secteur secondaire dans son
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ensemble (y compris les industries extractives) représentant plus de 40 % du PIB. A l’émergence qui est le stade
final de cette vision, l’économie camerounaise sera intégrée à l’économie mondiale aussi bien d'un point de vue
commercial (exportations importantes) que financier (ouverture des marchés financiers locaux aux capitaux
extérieurs).
L’unité et la démocratie à renforcer et à consolider au Cameroun sont celles qui émergent d’une conscience et
d’une analyse perspicace de l’histoire du pays et de celle des autres peuples du monde. La vision d’une nation
unie et solidaire repose sur la préservation de la paix et de la solidarité nationale. L’unité nationale qui doit être
une construction permanente et volontariste se rapporte à un processus d’unification des différentes
composantes de la société (régions, provinces, ethnies, cultures, générations, sexe, classe sociale, classes
intellectuelles, civiles et militaires, corporations, opinions et religions, etc.). La paix et la démocratie tirent leurs
fondements de la liberté, de l’égalité et de la souveraineté du peuple camerounais.
Ces objectifs intermédiaires se déclinent en objectifs sectoriels soutenus par un ensemble d’indicateurs
spécifiques avec des cibles. La détermination des cibles s’est appuyée sur l’expérience de pays ayant réussi leur
émergence.
Dans le domaine macro économique, la vision retient la nécessité d’accélérer la croissance au moyen de
l’intensification des activités sylvo agro pastorales et piscicoles et d’un saut technologique industriel avec un
accent sur la valorisation des matières premières locales. Elle envisage une modification de la structure de
l’économie qui devra passer d’une dominance des activités primaires (agriculture et extraction) et tertiaires
informelles à un stade où le secteur secondaire sera prépondérant, le primaire intensif et le tertiaire
professionnel, spécialisé et créateur d’emplois décents. Pour y parvenir, la Vision retient l’accélération de
l’investissement comme moteur de la croissance. Le développement de l’industrie et une politique commerciale
ambitieuse devront entraîner progressivement une modification de la structure du commerce extérieur vers une
intégration plus vigoureuse dans les échanges régionaux et mondiaux.
Dans le domaine socio démographique, les objectifs sont de faire de la population l’acteur principal de son
propre développement à travers une politique volontariste de création d’emplois décents, d’accroître l’espérance
moyenne de vie en améliorant les conditions de vie à travers une généralisation de l’offre et de la qualité des
services sociaux, de maîtriser l’accroissement de la population en tenant compte des exigences de la croissance
économique, de réduire les écarts entre les riches et les pauvres par l’amélioration du partage des fruits de la
croissance économique, et d’accroître la solidarité nationale et la protection sociale des couches vulnérables.
Dans le secteur rural, une révolution agricole est visée. Elle devra aboutir à une hausse de la productivité à
travers l’intensification des activités et le changement d’échelle des exploitations agricoles.
Dans le domaine industriel, la Vision retient de faire de l’essor industriel le moteur du développement du pays.
Elle se fixe comme objectifs de faire émerger un secteur manufacturier compétitif nécessaire pour générer des
ressources, soutenir la croissance, l’emploi, les exportations et l’intégration à l’économie mondiale. Cet essor
industriel s’appuiera sur le développement des infrastructures, l’allègement des coûts des facteurs et la
promotion de nouveaux modes de financement.
Pour parvenir aux résultats escomptés, un ensemble de stratégies globales d’opérationnalisation de la vision est
envisagé. En termes de phasage, le pays visera dans un premier temps à jeter les bases d’une croissance forte
grâce à d’importants investissements dans les infrastructures et à la modernisation rapide de l’appareil de
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production, en accompagnant cet effort d’une amélioration significative du climat des affaires et de la
gouvernance ainsi que d’une volonté affirmée de donner à cette croissance un contenu riche en emplois. En
second lieu, le pays se focalisera sur les voies et moyens de maintenir la croissance à un rythme élevé, de
réaliser même avec retard les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) et de mobiliser largement la
collectivité nationale dans la lutte contre les effets des changements climatiques. La troisième phase sera celle
au bout de laquelle le pays devra avoir atteint le stade de pays émergent, ouvert sur le monde et s’appuyant sur
une structure de production et d’exportation à dominance industrielle. Il jouira alors d’une croissance de qualité,
reposant sur les acquis des deux premières phases, tirée par l’intensification des échanges régionaux et
internationaux et bénéficiant de l’avènement d’un système financier enfin capable de mobiliser à l’intérieur
comme à l’extérieur les financements nécessaires pour soutenir la demande de consommation comme celle
d’investissement.
Ces phases seront soutenues par une stratégie d’industrialisation ambitieuse, une stratégie d’intégration
nationale et de consolidation du processus démocratique, une stratégie de promotion du secteur privé, une
stratégie de gouvernance et de bonne gestion avec en toile de fond une stratégie d’allocation des ressources,
une stratégie d’intégration sous régionale, régionale et internationale, une stratégie de partenariat et d’aide au
développement, et une stratégie de financement du développement.
La réalisation des ambitions fixées et l’atteinte des objectifs ainsi arrêtés nécessitent de maîtriser certains
facteurs institutionnels, politiques, sociologiques et internationaux qui se présentent comme des menaces, des
risques et des hypothèques à la vision.
Au niveau politique et institutionnel, il s’agit des questions de transitions politiques, de participation, de justice
sociale, de gestion du double héritage francophone et anglophone, et d’équilibre des pouvoirs. Au niveau
sociologique, ce sont les comportements induits par la fragmentation sociologique qu’il faudra juguler. Au plan
international, c’est la mondialisation avec sa cohorte de contraintes qu’il faut anticiper ainsi que la grandissante
influence de l’économie nigériane.
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DECLARATION DU GOUVERNEMENT
Le Gouvernement a entrepris, en participation avec la société civile, le secteur privé et les partenaires au
développement la formulation d’une vision à long terme pour le développement du Cameroun dans un horizon de
25 – 30 ans. Cette opération signale une réorientation qualitative majeure dans l’histoire économique de notre
pays au cours de ces vingt dernières années.
Jusqu’en 1985 en effet et pendant deux décennies de croissance régulière, l’économie camerounaise a
enregistré des taux de croissance réels de l’ordre de 7%. L’Etat assurait l’essentiel des missions, même dans les
secteurs productifs et l’économie s’appuyait sur les plans quinquennaux comme outil de pilotage à court et à
moyen termes du développement sur la base des perspectives à long terme.
Avec la crise qui se déclare en 1985, le Gouvernement entreprend des mesures de relance économique et
réalise, avec l’appui des bailleurs de fonds, des programmes de stabilisation et d’ajustement structurel qui ont
entraîné la mise en veilleuse des réflexions sur le moyen et le long terme. Le Cameroun va ainsi exécuter de
manière satisfaisante une longue thérapie qui prendra de multiples contours successifs avant d’aboutir, en 2006,
à l’atteinte du Point d’Achèvement de l’Initiative Pays Pauvres Très Endettés (PPTE) qui se traduit par une
remise substantielle de sa dette.
La croissance retrouvée depuis les lendemains de la dévaluation n’a cependant pas atteint une vigueur durable
susceptible de réduire la pauvreté dans un terme proche. A l’évidence, la multiplicité des cadres de référence de
l’action économique fonctionnant sans une vision commune et cohérente constitue l’une des lacunes majeures
de notre politique économique. Il s’en suit d’importants dysfonctionnements, une absence d’arbitrage rationnel
dans la sélection des programmes, un déséquilibre dans l’aménagement régional, un impact de l’investissement
public fortement réduit et une faible appropriation d’outils d’évaluation, de coordination et de réorientation des
appuis financiers extérieurs.
Le Cameroun, pour renforcer la reprise économique amorcée depuis une décennie et l’asseoir durablement, doit
donc inscrire à nouveau ses politiques de développement dans une perspective plus large et plus globale. D’où
la nécessité de se doter d’une Vision Prospective, préalable à toute stratégie nationale de développement à long
terme. A la suite d’une démarche participative associant toutes les forces de la Nation et fondée sur les Grandes
Ambitions du Chef de l’Etat, les études structurelles du système, les aspirations des populations camerounaises
et les engagements internationaux souscrits par le Gouvernement, il s’est dégagé une vision partagée du
Développement au Cameroun.
Cette vision propose des réponses aux aspirations profondes des camerounais sur un horizon suffisamment long
pour anticiper les changements structurels de la société. L’évolution proposée fait face à quatre défis majeurs : la
croissance économique qui reste végétative, la vigueur démographique, l’urbanisation explosive et la
gouvernance insuffisante. Ces défis ont permis de définir les objectifs sectoriels et des indicateurs spécifiques en
prenant comme base de référence quatre pays qui ont, à un moment de leur histoire présenté une architecture
économique analogue à celle du Cameroun : l’Indonésie, la Malaisie, le Maroc et la Tunisie.
La Vision qui en a découlé a retenu comme objectif principal: Devenir un pays émergent à l’horizon 2035, en
suivant quatre objectifs fondamentaux:
1. L’éradication de la pauvreté, en la ramenant à moins de 10% par une croissance accélérée et créatrice
d’emplois et une politique ambitieuse de redistribution des revenus à travers notamment l’intensification,
la généralisation et l’amélioration des services sociaux (santé, éducation, formation, eau, électricité,
voies de communication, …).
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2. Le stade de pays à revenus intermédiaires visera à multiplier le revenu moyen par la consolidation, sur
une durée suffisamment longue, du rythme de croissance qui devrait atteindre 10% d’ici 2017, grâce
notamment à une diversification plus poussée des activités économiques.
3. Le stade de Nouveau Pays Industrialisé qui verra le passage de la phase d’économie primaire à la
phase de deuxième import substitution avec une production manufacturière contribuant à plus de 23%
du PIB.
4. Le stade de pays émergent qui consacrera notre intégration à l'économie mondiale sur le plan
commercial (exportations importantes) et financier (ouverture des marchés financiers aux capitaux
extérieurs).
Cette vision s’appuie sur un cadre de référence bâti sur quatre axes d’action :
- Dans le domaine sectoriel, il sera urgent et indispensable, pour résoudre la crise alimentaire et faire du
Cameroun le grenier de l’Afrique Centrale, d’intensifier les activités sylvo-agro-pastorales et piscicoles et de
passer à une structuration plus professionnelle du monde rural, dominée par les grandes et moyennes
exploitations. Le développement de l’exploitation des ressources du sous-sol devrait attirer en priorité les
investissements directs étrangers et permettre ici et là l’acquisition de nouvelles technologies. Le développement
de l’industrie et une politique commerciale ambitieuse entraîneront la prédominance du secteur secondaire, avec
un primaire intensif et un tertiaire professionnel, spécialisé et fournisseur d’emplois décents. Concomitamment
devrait apparaître une modification de la structure du commerce extérieur vers une intégration moins timide dans
les échanges mondiaux.
- Dans le domaine socio démographique, les objectifs sont de faire de la population l’acteur principal de son
propre développement à travers une politique volontariste de création d’emplois décents, d’accroître l’espérance
moyenne de vie en améliorant les conditions de vie à travers une généralisation de l’offre et de la qualité des
services sociaux, de maîtriser l’accroissement de la population en tenant compte des exigences de la croissance
économique, de réduire les écarts entre les riches et les pauvres par l’amélioration du partage des fruits de la
croissance économique, et d’accroître la solidarité nationale et la protection sociale des couches vulnérables.
Ces axes d’actions seront soutenus par une stratégie d’industrialisation ambitieuse, une stratégie de promotion
du secteur privé, une stratégie de gouvernance avec en toile de fond une stratégie d’allocation des ressources,
une stratégie d’intégration sous régionale, régionale et internationale, et une stratégie de partenariat et d’aide au
développement.
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La réalisation d’une telle Vision nécessite cependant la maîtrise de certaines menaces, risques et hypothèques
tels que les transitions politiques, la stabilité sociale et les hétérogénéités régionales du développement, les
effets érosifs de la mondialisation et les effets de marée de l’économie nigériane.
S’agissant de l’opérationnalisation de cette vision, la philosophie fondamentale reste la Déclaration de Paris qui
stipule que chaque pays se doit définir de manière autonome sa propre politique de développement, les
Partenaires ne venant qu’en appui de manière judicieuse et disciplinée. De ce fait, la chaîne de toutes les
opérations : diagnostic, orientations stratégiques, planification, programmation, exécution et suivi évaluation
devraient se faire de manière concertée et conjointe.
Cette vision constitue ainsi le cadre de référence qui doit inspirer les politiques sectorielles et régionales, les
stratégies nationales, les plans de développement et la coopération.
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INTRODUCTION
Fondements de la vision
La croissance retrouvée depuis les lendemains de la dévaluation du Franc CFA en 1994 n’a cependant pas
atteint une vigueur durable et elle reste insuffisante pour atteindre les OMD. De toute évidence, la multiplicité des
cadres de référence de l’action économique qui fonctionnent sans une vision commune et cohérente, fondée sur
les enjeux bien identifiés, un algorithme partagé et une stratégie globale, constitue l’une des lacunes majeures
de la politique économique. Il s’en suit des dysfonctionnements importants, une rationalisation insuffisante dans
la sélection des programmes, un déséquilibre dans l’aménagement régional, un impact de l’investissement public
fortement réduit et une faible appropriation d’outils d’évaluation, de coordination et de réorientation des appuis
financiers extérieurs.
Le Cameroun, pour renforcer la reprise économique amorcée depuis une décennie et l’asseoir durablement, doit
donc inscrire à nouveau ses politiques de développement dans une perspective plus large et plus globale. D’où
la nécessité de se doter d’une Vision Prospective, préalable à toute stratégie nationale de développement à long
terme.
La vision prospective du développement propose à un horizon donné, un avenir construit sans qu’il ne s’agisse
d’une anticipation du futur somme toute difficile à cerner. Sa formulation prend en compte les acquis et les
potentialités, et les moule dans les défis et les aspirations, pour décliner l’avenir souhaité, sans qu’il s’agisse
d’une simple projection des tendances. Il s’agit de construire ou d’imaginer le futur le plus souhaitable, en se
fixant des objectifs de développement propres à satisfaire les aspirations partagées des populations et les défis
des gouvernants.
Dans le contexte du Cameroun, la vision du développement à long terme représente ce que les camerounais et
leurs dirigeants souhaitent pour eux et les prochaines générations, à l’horizon de 25-30 ans. Il s’est agi de
circonscrire dans un cadre stratégique, logique et cohérent, les aspirations profondes des camerounais et les
ambitions des dirigeants ; il a été également question de construire un consensus autour d’un minimum de
valeurs partagées et d’objectifs communs acceptés.
L’horizon de 25-30 ans qui a été choisi correspond au temps de doublement de la population du Cameroun. Au-
delà de l’aspect démographique, le choix de l’horizon a également été guidé par le souci de considérer une
période suffisante pour les changements structurels. C’est le temps nécessaire à un changement de génération.
La vision ainsi formulée est plus l’expression d’une volonté qu’un simple acte technique. Elle constitue un pari
sur l’avenir, pour lequel des objectifs ont été préalablement fixés et des stratégies adoptées en conséquence.
L’amélioration de l’avenir des camerounais passe par leurs capacités à assumer leur identité et leur condition, au
lieu d’avoir à les subir passivement.
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Une approche participative a été mise en œuvre pendant le processus d’élaboration et d’adoption de la vision.
Elle s’est appuyée sur les organes institutionnels existants. Sa validation et son adoption ont été faites par
étapes progressives, partant de cadres techniques restreints vers une appropriation de plus en plus élargie.
Les travaux de formulation de la vision de développement à long terme ont effectivement démarré au début de
l’année 2006 avec l’organisation d’un séminaire de formation d’une vingtaine de cadres du Ministère de la
Planification, de la Programmation du Développement et de l’Aménagement du Territoire (MINPLAPDAT) en
formulation de la vision animée par les experts de l’Institut des Futurs Africains (IFA).
Deux approches méthodologiques existent pour mener la réflexion sur le développement à long terme d’un pays,
à savoir la démarche exploratoire et l’approche normative. L’approche dite normative, semblable à une
planification à long terme, consiste d’emblée à se fixer les objectifs de long terme et ensuite les décliner en
stratégies puis en programmes et projets sur la base d’un diagnostic effectué. L’approche exploratoire consiste à
formuler la vision de développement à long terme d’un pays à l’issue de la construction de plusieurs scénarios
plausibles ; la vision découle dans ce cas du scénario à la fois probable et souhaitable pour le pays1.
La démarche mise en place au Cameroun emprunte aux deux approches, avec une prédominance des aspects
normatifs moins consommateurs de ressources en temps, effectifs, matériels et financiers. Elle a été articulée
autour de trois séquences.
1. La construction de la base d’informations : C’est la séquence qui a permis de disposer des éléments
d’information sur le système. Elle comprend (i) les études rétrospectives ; (ii) la collecte et l’analyse des
aspirations des populations et ; (iii) l’analyse du jeu des acteurs. Le document de synthèse des études
rétrospectives présente l’analyse du système camerounais suivant six grands axes : Institutions et diversité socio
culturelle ; Evolution macroéconomique ; Développement social ; Développement rural et environnement ;
Industries, Commerce, Services, Infrastructures et Développement technologique ; Coopération et échanges.
Le rapport de synthèse des besoins et aspirations des populations camerounaises résulte ainsi d’une lecture
orientée de certains documents sources. Son élaboration a permis d’extraire les éléments ressortant (i) soit des
besoins des populations tels qu’elles-mêmes les ont exprimés, (ii) soit des orientations qu’elles souhaitent voir
prendre les pouvoirs publics.
L’analyse du jeu des acteurs qui s’est basée sur la méthode MACTOR2 a permis de compléter la construction de
la base d’informations par une analyse portant sur les centres intérêts, les champs de compétition, les attitudes
vis-à-vis du développement du Cameroun et les rapports d’influences des acteurs internes et externes du
système.
2. L’exploration des scénarios alternatifs et la formalisation des projets d’avenir des acteurs : Elle a
porté sur (i) l’identification des questions et des facteurs clés, (ii) l’analyse structurelle de ceux-ci et, (iii) la
construction des scénarios globaux alternatifs et contrastés des futurs possibles du pays. Cet exercice, bien que
sommaire a été effectué suivant la méthode MICMAC3 développée par Michel Godet. De manière normative,
trois scénarios
1 Selon l’IFA qui appuie les pays africains dans ce processus, 18 mois au moins sont nécessaires pour élaborer une vision selon la
démarche exploratoire
2 Méthode ACTeurs, Objectifs, Rapports de force (MACTOR)
3 Cette méthode offre la possibilité de décrire un système à l'aide d'une matrice mettant en relation tous ses éléments constitutifs (voir
Michel Godet (1997) : Manuel de Prospective Stratégique. Tome 2 - Dunod. ou www.cnam.fr/lipsor pour plus de détails.
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globaux ont été retenus pour poursuivre l’exercice dans un contexte bien réaliste qui prend en compte les
hypothèses évidentes de statu quo, de dégradation ou d’amélioration.
La détermination de la vision : Les travaux des deux premières séquences ont conduit à une vision
volontariste ainsi qu’il suit :
i- la vision a été formulée comme une réponse aux défis identifiés dans les études rétrospectives, aux
aspirations et besoins des populations et aux ambitions des politiques pour le peuple camerounais. Elle
projette une image du Cameroun qui se redresse, rayonne et émerge dans un horizon de 25-30 ans.
ii- les objectifs (globaux et sectoriels) de la vision à long terme résultent des caractéristiques des pays émergents
et des engagements internationaux souscrits par le Cameroun (OMD, NEPAD, etc.). Le choix des
caractéristiques de pays émergents s’est appuyé sur quelques indicateurs clés calculés sur un échantillon de
quatre pays pris comme références à savoir la Tunisie, l’Indonésie, le Maroc et la Malaisie. La série
d’indicateurs retenue pour illustrer l’ensemble d’objectifs a fait l’objet d’une analyse pour proposer les cibles
intermédiaires.
iii- les stratégies d’opérationnalisation de la vision ont été élaborées en fonction des défis à relever, des enjeux
fondamentaux qu’ils drainent et à la lumière des stratégies mises en œuvre dans les pays émergents pris
comme référence. Elles tiennent également compte des potentialités du pays et de ses facteurs structurants
révélés par l’analyse rétrospective.
iv- l’approche normative ayant fait l’économie d’une analyse structurelle qui auraient permis de dégager des
scénarios exploratoires, il est apparu indispensable d’établir une liste de facteurs qui peuvent devenir
radicalement rédhibitoires pour l’atteinte des objectifs de la vision. Ces facteurs qui se présentent comme des
incertitudes et des menaces ont été analysés suivant quatre axes : (i) institutionnel et politique (ii)
sociologique et social, (iii) économique et ; (iv) international.
L’élaboration et l’adoption de la vision ont impliqué l’ensemble des acteurs : Gouvernement, secteur privé,
société civile et partenaires au développement. Le processus mis en place distingue clairement les deux étapes
de la validation et d’adoption.
Pour la validation :
• le draft élaboré par la Division de la Prospective et de la Planification Stratégique (DPPS) du Ministère de
l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire (MINEPAT) a été relu au cours d’un
atelier de finalisation ;
• le document issu de cet atelier de relecture a été transmis aux départements ministériels, aux universités
d’Etat et à certaines organisations de la société civile et du secteur privé pour solliciter d’elles des
contributions et des observations en termes d’améliorations à apporter au document. Ce document a
également été mis en ligne sur le site Internet du MINEPAT (www.minepat.cm.org) et par voie de presse,
toute personne intéressée à la problématique du développement du pays a été invitée à examiner le
document et à formuler des propositions.
• les contributions reçues tant de la part des ministères, des OSC, du secteur privé que de Cabinets
d’Etudes et autres personnes individuelles ont été examinées par un Groupe de Travail Technique ad hoc
d’une quinzaine de personnes placé sous la coordination du Secrétaire Général du MINEPAT. Ce groupe,
qui a restructuré et enrichi le document initial, comprenait des universitaires et des représentants de
certains départements ministériels (MINESUP, MINFI, et MINPMEESA). Les comptes- rendus des travaux
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de ce groupe ont été régulièrement adressés au Ministre de l’Economie, de la Planification et de
l’Aménagement du Territoire qui, en retour a pu ainsi donner aux travaux du Groupe les inflexions qu’il
jugeait nécessaires.
• le document amélioré, issu des travaux du Groupe de Travail Technique, a ensuite été soumis à l’examen
et à la validation nationale au cours d’un atelier de consultation où toutes les sensibilités socio politiques
nationales et les partenaires techniques et financiers étaient représentés.
S’agissant de l’adoption :
• les Services du Premier Ministre, Chef du Gouvernement, qui avaient déjà recommandé au MINEPAT
d’accélérer l’élaboration d’une vision stratégique de développement à long terme pour soutenir la vision
stratégique du partenariat d’aide au développement ont été régulièrement informés du déroulement des
travaux, notamment lors de ceux du Comité paritaire d’évaluation des partenariats d’aide au
développement et lors des réunions mensuelles du Comité Interministériel de supervision de la mise en
œuvre du DSRP.
• le document validé au niveau national a été examiné par le Comité Interministériel de supervision de la
mise en œuvre du DSRP et adopté par cette instance au cours de sa session du … La Déclaration du
Premier Ministre, Chef du Gouvernement annexée à ce document consacre cette adoption.
Ainsi, le présent document se présente comme un document consensuel de référence qui fixe les orientations du
développement à long terme du Cameroun en vue d’assurer une plus grande lisibilité aux politiques et stratégies
de développement. Il est la source d’inspiration et le point d’ancrage du DSRP en cours de révision. Les objectifs
de développement à long terme ainsi que les stratégies pour y parvenir seront diffusés sous forme de thèmes
phares et accrocheurs pour susciter l’adhésion de toutes les populations à cet idéal commun.
En effet, la vision formulée met en vitrine un pays d’accomplissement intégral de chacun et de tous. Elle permet
de refuser la fatalité et de s’approprier un rêve stimulant, qui est suffisamment exaltant pour mobiliser les
camerounais et leurs partenaires.
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P REMIERE PARTIE .
C ONTEXTE DE D EVELOPPEMENT
Cette partie introductive poursuit deux objectifs. Le premier est de présenter l’évolution du système Cameroun et
d’en dégager les facteurs structurants. Le deuxième objectif est présenter les défis et les enjeux qui justifient
l’intérêt d’un tel exercice pour le développement du Cameroun.
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I.1. ASPECTS CONTEXTUELS
Les facteurs structurants ayant fondé l’évolution du Cameroun depuis l’indépendance peuvent être regroupés
selon trois dimensions : (i) Economique et social ; (ii) Humain et Culturel ; (iii) Politique et administratif.
Dès l’indépendance, la philosophie économique s’aligne sur la vision politique dont elle se présente comme le
versant. Le désir de bâtir rapidement une Nation a pour corollaire la prise du contrôle de l’économie par l’Etat. Il
s’agit de rendre le pays moins dépendant en remplaçant les importations par la production locale, asseoir une
autosuffisance alimentaire et sortir le pays de l’économie de traite.
Les quatre premiers plans quinquennaux (1961-1980) réalisent leur objectif le plus important qui était le
doublement du revenu par tête en 20 ans. En 1980, de nouveaux objectifs à long terme sont fixés pour l’an 2000.
Il s’agit alors de diversifier l’appareil de production, de réaliser un développement endogène et de faciliter l’accès
de tous aux équipements sociaux de base (santé, eau potable et électricité pour tous, enseignement primaire
gratuit et obligatoire pour tous les enfants de moins de 14 ans, etc.).
Le cinquième plan (1981-1985) sera malheureusement le dernier à être mis en œuvre. A partir de 1986,
l’avènement de la crise économique, l’effondrement du revenu global qui s’en est suivi et l’urgence d’un retour à
la stabilité macroéconomique oblige à mettre entre parenthèse la mise en œuvre du cinquième Plan et à
suspendre depuis lors l’élaboration des Plans Quinquennaux au profit des programmes d’ajustement structurel,
bénéficiant de l’appui de la communauté et financière internationale. L’Etat limite désormais son rôle économique
à la régulation et confie le rôle moteur de la croissance au secteur privé.
Les différents programmes de redressement et l’ajustement monétaire intervenu en janvier 1994 aboutissent à
une reprise de la croissance dont les effets sur les conditions de vie restent mitigés. Les ressources budgétaires
générées par la croissance sont essentiellement consacrées au paiement de la dette extérieure. L’éligibilité du
Cameroun à l’Initiative PPTE en mai 2000, le franchissement du point de décision en octobre de la même année
et l’atteinte du point d’achèvement en avril 2006 permettent de libérer d’importantes ressources destinées à la
lutte contre la pauvreté. La croissance économique demeure cependant faible et n’est pas significativement
différente de celle de la population.
L’une des principales causes de cette situation est la mauvaise insertion du Cameroun dans l’économie
internationale. En effet, à l’image des autres pays d’Afrique noire, le Cameroun se trouve incapable de
promouvoir une industrie locale du fait de la concurrence étrangère dont l’antériorité a créé des avantages
difficilement réversibles. Sa production se limite dès lors aux matières premières (pétrole, mines, cultures
pérennes, …), aux activités dont les coûts de transport à l’importation sont très élevés (cimenterie, brasseries,
boulangerie, etc.), aux petites industries à faible économie d’échelle et aux activités de bouts de filières
(réparations, commerce, BTP, etc.).
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représentent plus de la moitié de celle-ci. Ce dynamisme entretient une urbanisation rapide et mal maîtrisée et
exerce une très forte pression sur les infrastructures sociales et sur le marché de l’emploi.
Les nombreuses stratégies mises en œuvre par les pouvoirs publics pour répondre aux diverses demandes ont
abouti à d’importants progrès, en particulier dans les domaines de l’éducation et de la santé. Cependant, les
longues années de récession ont affaibli les capacités opérationnelles ainsi qu’en témoignent la dégradation du
capital humain, le délitement du secteur social, l’importante paupérisation du pays et au final, la dégradation de
l’espérance de vie.
Le Cameroun s’est bâti sur un ensemble de communautés qui, nonobstant leur indéniable identité
anthropologique et leur proximité culturelle, n’avaient jamais fonctionné dans le cadre d’une entité explicite. Il se
caractérise par une sociologie très diversifiée, avec une superposition de particularités ethniques, religieuses,
régionales et linguistiques. Cette hétérogénéité s’est aggravée du fait d’avoir été successivement sous tutelle
des pays aux systèmes d’administration différents (Allemagne, Angleterre, France).
Les tentatives des pouvoirs publics de construire une Nation unitaire sur cette hétérogénéité ont développé une
profonde désarticulation entre l’Etat et la sociologie locale. Cette extériorité sociologique est caractéristique d’un
Etat dont le mode de fonctionnement, le profil des agents et l’idéologie ne sont ni le reflet de la configuration
générale du pays, ni la synthèse d’une organisation sociale endogène, ni le résultat d’un ensemble de croyances
et de schèmes mentaux locaux. Elle est marquée par les faits suivants : (i) la bipartition de la société ; (ii) les
difficultés du processus démocratique ; (iii) les difficultés d’opérationnalisation d’une justice indépendante et ; (iv)
les difficultés de mise en œuvre d’une planification régionale.
Au niveau opérationnel, de multiples faiblesses des capacités ont empêché le Cameroun d’optimiser ses
aptitudes et ses potentialités pour trouver des solutions adéquates et s’organiser en conséquence. Parmi ces
difficultés, figurent en bonne place : (i) le mimétisme ; (ii) la profusion des cadres et des structures ; (iii) la faible
réactivité du système sociopolitique ; (iv) l’inertie des services publics et ; (v) la corruption et les comportements
déviants.
L’exercice de formulation d’une vision de développement à long terme se justifie au regard d’un certain nombre
de facteurs. En effet, obtenir une croissance suffisante pour réduire la pauvreté ne sera possible que si certains
défis majeurs sont relevés : l’unité nationale, la démocratisation, la maîtrise démographique, le développement
urbain et de l’aménagement du Territoire et enfin la gouvernance.
Le Cameroun est en construction depuis plus d’un siècle et indépendant depuis plus de cinquante ans. La
recherche de l’unité nationale a toujours été au centre des préoccupations de l’Etat. La multiplicité des centres
d’influence plus ou moins autonomes parfois adossés à la grande diversité sociologique qui caractérise le pays,
apparaît comme un danger virtuel pour la construction de la jeune Nation. Malgré les turbulences et l’instabilité
qu’a connues depuis lors l’évolution du monde, la construction de l’Etat Nation s’est faite de manière
particulièrement déterminée. Les camerounais ont pu, au fil des années, construire avec habileté, une
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cohabitation originale entre les systèmes francophone et anglophone et assurer leur arrimage aux réalités
locales. Nourries par l’histoire, la législation et des institutions communes ainsi que par la volonté de vivre et de
bâtir ensemble une nation, l’unité et la cohésion ont enregistré des avancées importantes qui confèrent au pays,
l’image d’un îlot de paix dans une Afrique tourmentée.
Malgré ce chemin louable, certains événements de ces dernières années ont mis en évidence la fragilité qui
caractérise encore cet édifice. A la faveur de l’adoption des lois sur les libertés d’association, il a été vécu des
divergences réelles avec l’expression quelquefois brutale des identités primaires ainsi qu’une résurgence des
tensions conflictuelles voire irrédentistes. Par ailleurs, le processus démocratique, malgré des avancées
notables, rencontre encore des difficultés parmi lesquelles la crise de la participation n’est pas la moindre.
L’un des défis majeurs du Cameroun reste donc celui de consolider l’unité nationale et la démocratie dans la paix
et le respect de l’Etat de droit. Ceci suppose, d’une part l’existence d’un Etat de droit, la promotion et le respect
des libertés individuelles et collectives, la séparation des pouvoirs et l’émergence d’une société civile forte et
responsable, et d’autre part, l’existence d’un Etat proactif et fort, capable de contenir les forces centrifuges et de
renforcer la solidarité nationale. Ce défi appelle à une gestion participative et décentralisée de la cité avec la
participation de tous les segments de la population.
La population camerounaise s’accroît au rythme moyen de 2,8 % par an, soit un doublement après 25 ans. Une
telle évolution s’accompagne d’importants changements dans la structure de la population, avec notamment la
proportion des moins de 20 ans qui est passée de moins de 45% à près de 50% entre 1992 et 2004. L’âge
médian a reculé de près de deux (02) ans, amplifiant la représentativité des jeunes à charge.
Bien qu’une population importante soit un facteur essentiel de développement, dans un environnement marqué
par une productivité faible, un tel niveau de croissance de la population, conjugué à l’importance de la population
à charge, exerce une forte pression sur les services sociaux (santé, éducation, etc.), les infrastructures
physiques et sur l’environnement. La résorption de cette pression nécessite des ponctions de plus en plus
importantes sur le secteur productif, limitant ainsi son expansion.
Le défi démographique dans le cadre de la présente vision ne porte pas sur une politique de réduction de la
natalité mais se décline en la nécessité de faire passer la population de son caractère de ressource potentielle à
celui de ressource réelle pour le développement du pays à travers la formation du capital humain.
Au lendemain de son indépendance, le Cameroun a axé son développement économique sur l’application d’une
série de plans quinquennaux. Leur mise en œuvre, jugée satisfaisante, s’est déroulée dans un contexte
international favorable. Elle a permis le doublement du revenu par tête entre 1960 et 1980, des améliorations
substantielles des conditions de vie et le développement de plusieurs infrastructures comme support de l’activité
économique et de la promotion sociale. La crise économique survenue au milieu des années 80 a sérieusement
entamé ce potentiel. Malgré la reprise de la croissance, ses effets persistent. Pour y faire face, le Gouvernement,
avec l’aide de ses partenaires, a entrepris des réformes dont les résultats se mesurent, notamment au plan
macro économique, en termes d’amélioration de la discipline budgétaire, de maîtrise de l’inflation et de
diversification de l’économie.
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Dans le domaine social, les nombreux efforts qui y ont été concentrés ont permis de freiner la tendance à la
paupérisation. Cependant, la croissance positive de la dernière décennie (environ 3,5% par an), n’a pas permis
d’avancer au rythme nécessaire pour l’atteinte des OMD face à une croissance de la population de 2,8%. Le
Cameroun aura même eu au cours de cette période, une croissance économique (3,5%) inférieure à la moyenne
(5,8%) des Etats africains au sud du Sahara. De plus, le contenu emploi de la croissance est resté très faible,
entraînant une aggravation du sous emploi et du chômage.
Les causes fondamentales de ces performances en demi teinte se perçoivent aussi bien au niveau de la
structure de production que de celle de la répartition des richesses. La faible productivité qui caractérise
l’ensemble de l’appareil de production, les multiples problèmes de gouvernance observés aussi bien au niveau
de l’Etat qu’à celui des entreprises, l’inadéquation des ressources humaines, la faible capacité d’innovation,
l’insuffisance des infrastructures d’accompagnement et bien d’autres facteurs ont régulièrement affecté les
performances du système productif. Par ailleurs, dans la répartition de la valeur ajoutée, la part revenant aux
actionnaires et propriétaires des entreprises dans le secteur structuré a progressivement augmenté au détriment
de celle des salariés. Cette évolution a davantage favorisé l’expansion du secteur informel (agriculture de
subsistance, commerce et petits services) et accentué la précarité de l’emploi. L’une des conséquences
majeures est la faiblesse du secteur industriel qui doit en plus faire face à la concurrence extérieure induite par la
mondialisation.
En matière économique, le défi est donc celui de la mutation du secteur informel vers le secteur structuré, à
travers un développement significatif du secteur productif en général et du secteur industriel en particulier. Il
s’agit aussi de relever le défi de la transformation des services en un outil efficace d’appui à l’industrialisation et
celui de la création d’emplois décents pour la grande majorité de la population active.
Comme déjà mentionné dans les paragraphes précédents, le taux élevé de croissance de la population
camerounaise exerce une forte pression sur les services sociaux de base, sur les infrastructures physiques et
sur l’environnement. Face à cette pression, plus importante en zone urbaine, les pouvoirs publics ont mis en
place des structures spécialisées de développement de l’habitat, des voiries et réseaux divers. La politique
d’aménagement du territoire a conduit à d’importantes réalisations telles que : (i) la construction des routes qui
permettent d’assurer la liaison de la plupart des villes d’une certaine importance et le désenclavement du
territoire ; (ii) l’implantation des services sociaux de base (l’éducation, l’adduction d’eau potable, l’électrification,
les hôpitaux et centres de santé, les télécommunications et les centres commerciaux) ; et (iii) l’aménagement
des zones frontalières.
Mais ces réalisations ont rapidement été débordées avec la crise économique. Les plans d’urbanisation sont
devenus peu opératoires, laissant libre cours à une urbanisation anarchique. Les villes se sont retrouvées
confrontées à de graves difficultés comme l’engorgement des réseaux linéaires (eau, électricité, routes),
l’insalubrité et la dégradation de l’environnement, l’habitat précaire, la montée du grand banditisme, la
prostitution, la désintégration des structures familiales et des liens sociaux, le chômage et l’insécurité.
Le défi posé par le développement urbain et l’aménagement du territoire est de celui de créer un espace
économique national intégré. Il s’agit non seulement de maîtriser le développement des villes et d’en faire des
centres de production et de consommation nécessaires à l’essor du secteur industriel, mais également de
promouvoir l’émergence des agglomérations périphériques, le développement des villes moyennes ou
secondaires capables de structurer les activités économiques dans l’espace urbain et de concourir au
développement des zones rurales environnantes.
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I.2.5 Défi de la gouvernance
De son état embryonnaire en 1960, l’administration camerounaise s’est progressivement développée et est
désormais présente sur toute l’étendue du territoire à travers ses infrastructures et ses services administratifs,
sociaux et économiques. Nourrie par le désir de bâtir une Nation, la gouvernance d’Etat a favorisé l’émergence
d’une fonction publique solide qui a contribué à asseoir des bases solides d’un développement économique et
social durant les trois premières décennies de l’indépendance.
Cependant, le système porte un certain nombre de défaillances inhérentes à son mode de construction et aux
défaillances de ses mécanismes d’auto régulation. Il reste prisonnier de ses pratiques et manifeste une faible
capacité de réaction et d’anticipation, ainsi que des insuffisances dans le suivi et l’évaluation qui l’empêchent de
s’adapter aux exigences de la gestion moderne et aux évolutions permanentes qui caractérisent le monde. Sur le
plan administratif, les défaillances se perçoivent à travers le mode de recrutement et de dévolution des postes, la
négligence des agents publics, l’indifférence vis-à-vis des biens publics, la corruption et le détournement des
compétences, la confusion des rôles, l’inertie des services, la lourdeur des procédures, la profusion et le
cloisonnement des institutions, les choix peu rationnels dans l’affectation des ressources publiques.
Sur le plan économique, les problèmes de gouvernance ont considérablement contribué à faire du Cameroun, un
pays perçu comme à risque d’investissement élevé. Son mauvais positionnement dans les classements
internationaux, l’absence des cadres incitatifs ainsi que les nombreuses insuffisances technologiques contribuent
à altérer davantage l’attractivité du pays. En ce qui concerne le secteur privé, les problèmes de gouvernance se
manifestent par les mauvais choix des investissements, les problèmes d’héritage, la défiance vis-à-vis de l’Etat,
une transparence insuffisante dans la publication des comptes et bilans d’activités, la prédominance de la
logique d’affinités primaires dans les modes de recrutement et d’association, l’incapacité de s’associer pour
réaliser des investissements d’envergure.
Le défi de la gouvernance revient donc à surmonter tous ces écueils, notamment à rendre le système plus
flexible et plus proactif, à réduire la corruption et les multiples rigidités administratives, à améliorer l’image de
marque et la crédibilité du pays aux yeux des partenaires et à ajuster les choix techniques à l’environnement
national. Il s’agit notamment d’inscrire l’action dans de nouveaux schémas tels que la prospective, la
gouvernance électronique et la décentralisation en application du principe de subsidiarité.
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I.3. ENJEUX DE DEVELOPPEMENT
Avec le taux de croissance démographique actuel, la population du Cameroun pourrait atteindre 40 millions
d’habitants en 2035, avec une forte proportion de jeunes. Cette population se présente comme un atout
incontestable à condition d’être bien formée, bien nourrie et en bonne santé, faute de quoi elle peut devenir un
lourd handicap.
L’enjeu de la formation du capital humain va ainsi consister d’une part à doter cette population d’un bon état de santé,
d’éducation, de connaissances et d’aptitude professionnelle ; et d’autre part à faciliter son insertion dans le marché de
l’emploi et contenir la fuite des cerveaux. Concernant le domaine de l’éducation il en découle ainsi la nécessité : (i)
d’assurer un accès universel à l’éducation, à l’apprentissage et à la formation professionnelle ; (ii) d’améliorer
l’efficacité interne et la régulation de l’ensemble du système scolaire et universitaire ; (iii) d’améliorer la valeur et la
pertinence des formations professionnelles au regard des exigences du marché du travail.
La concentration des richesses se manifeste par des écarts considérables entre les plus riches et les plus
pauvres. Elle se manifeste également sur le plan géographique, par une tendance à la concentration des
activités, des revenus et des populations dans certaines zones présentant un avantage comparatif. Elle induit par
ailleurs un phénomène d’exclusion des groupes vulnérables ou marginalisés, dont les femmes, les personnes
âgées, les jeunes et les personnes vivant avec un handicap.
Ces écarts pouvant menacer la cohésion sociale, l’enjeu est d’assurer une juste répartition des gains de la
croissance sans brider les énergies et de mettre en œuvre une politique d’aménagement du territoire qui tienne
compte des gains potentiels à court, moyen et long terme, et de la nécessité d’une participation équitable de
toutes les régions au développement du pays
Le Cameroun en développement aura tendance à se structurer autour de quelques pôles qui vont concentrer
l’essentiel des activités. Ce déséquilibre s’exprimera à trois niveaux : (i) entre les villes et les campagnes (les
premières bénéficiant des commodités dont les campagnes sont largement dépourvues) ; (ii) entre les régions
pour des raisons économiques, démographiques, géographiques ou politiques ; (iii) entre les régions centrales et
les zones frontalières car ces dernières sont mal articulées aux réseaux nationaux ou satellisées par des
puissances voisines.
L’enjeu ici porte sur la nécessité de concilier, d’une part, le développement harmonieux, juste et équitable de
toutes les zones, d’autre part les impératifs d’efficacité économique qui privilégient les réalisations les plus
économiquement rentables.
Dans un environnement où les pays développés ont, à travers une industrie très compétitive, confisqué les
segments les plus productifs des principales filières internationales de production, confinant les économies
périphériques dans les activités primaires et secondaires, les IDE sont directifs et se limitent dans l’exploitation
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des matières premières pour les industries occidentales et dans les services qui sont de simples relais de
grandes multinationales.
L’enjeu consiste à capter des capitaux pour développer un secteur secondaire visant à satisfaire le marché
national et à renforcer les exportations des biens manufacturés dont le potentiel de croissance est plus élevé.
Le processus politique et les opérations électorales récentes semblent de plus en plus désintéresser une marge
importante de la population. Cette défiance qui s’illustre par les faibles taux de participation aux opérations
électorales est de nature à remettre en cause la légitimité des dirigeants élus et à favoriser des modes
d’expressions moins compatibles avec la paix indispensable au progrès économique et social.
L’enjeu est ici de changer cette situation et de sortir de cette démocratie mimétique, dépourvue de profondeur,
pour une véritable démocratie où chaque citoyen participe et choisit en fonction de sa vision personnelle du
monde et de ses intérêts bien compris.
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D EUXIEME PARTIE .
F ORMULATION DE LA VISION
Cette partie présente la Vision de la Nation à l’horizon de 25-30 ans, formulée à partir des aspirations des
populations, des ambitions des politiques, des engagements souscrits envers la Communauté internationale et
des études rétrospectives réalisées. Elle présente également les objectifs généraux et sectoriels qui en
découlent et un ensemble d’indicateurs avec des cibles.
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II.1 LES SCENARII
La synthèse des études rétrospectives a permis de dégager quatre thématiques prospectives qui ont servi de
base à la construction des scénarios : l’intégration et la cohabitation des différents segments sociologiques, le
contexte géopolitique mondial et africain, les nouvelles bases de la gouvernance et le développement
économique et social.
Chaque thème comporte des incertitudes sur lesquelles un jeu d’hypothèses a permis d’arriver à de multiples
scénarios parmi lesquels trois ont été retenus.
Le Cameroun est construit sur une multitude de segments sociologiques. Cette diversité peut, si elle est mal
gérée, entraîner la désagrégation du pays, mais elle peut également être source de richesse et de dynamisme
novateur. Sur cette question, les incertitudes portent sur l’avenir des dynamiques et repères identitaires, l’état de
la cohésion sociale, la solidarité nationale, la promotion du genre, le développement équilibré du territoire,
l’évolution de la justice, la nature et le rôle de l’Etat, l’avenir du processus démocratique, la question de la
sécurité, l’émergence et le développement des forces centrifuges, etc.
L’évolution politique, sociale et économique du Cameroun est tributaire de l’évolution géopolitique mondiale et
africaine. Sa marge de manœuvre par rapport aux institutions internationales et aux grandes puissances (France,
Royaume Uni, Allemagne, Etats Unis, Chine, Japon , …) est souvent très étroite. Dans ce contexte, l’évolution du
Cameroun ne peut être dissociée de celle de cet environnement extérieur d’où la nécessité de les incorporer
dans les stratégies nationales. Leur méconnaissance expose davantage le pays aux multiples incertitudes
attachées aux processus d’intégration régionale et sous régionale, aux pressions hégémoniques opposant
l’Europe, les USA et l’Asie, au pouvoir croissant des multinationales et à l’émergence des institutions comme
nouveaux pôles d’autorité.
La gouvernance au Cameroun est devenue une quête permanente, face à une ambiance administrative peu
soucieuse de résultats. Cette quête concerne à la fois la gouvernance politique, la gouvernance administrative
ainsi que la gouvernance économique et des entreprises. Elle vise ainsi à instaurer une gestion rigoureuse et
transparente nécessitant un leadership, une responsabilisation et une quête permanente d’efficacité capables de
renouveler les opportunités et d’optimiser l’allocation des ressources, de libérer les énergies et d’assurer une
redistribution équitable des richesses. La problématique porte ainsi sur la forme et la nature de la démocratie, la
participation, la transparence et surtout, la lutte contre la corruption qui peut oblitérer toute perspective de
développement et représenter une lourde hypothèque sur la paix et la stabilité du pays.
Face à la faible taille de son économie et à ses médiocres performances actuelles, à son caractère extraverti et
sa marginalisation, le Cameroun devra puiser dans son potentiel et dans les opportunités qu’offre la coopération
internationale les ressources nécessaires pour réussir le décollage économique et consolider le progrès social.
L’essor économique et le progrès social font face à des incertitudes majeures. Celles-ci portent notamment sur
Page 14
l’efficacité des politiques économiques et sociales, l’appropriation des technologies, la structure du commerce
extérieur, la recherche–développement, la couverture en services et en infrastructures sociales et économiques,
la formation du capital humain, la maîtrise de l’espace, le financement du développement, la maîtrise de la
monnaie, etc.
L’analyse des thématiques prospectives a permis de retenir trois scénarios. Le premier est l’envol de l’Afrique
en miniature. Dans ce scénario, l’horizon est un ciel rayonnant. Le dynamisme rythme le fonctionnement du
système. Le Cameroun a réussi sa percée et réalisé son unité nationale. La construction d’une Nation est
parachevée, la démocratie est consolidée ; l’Etat est fort et la justice est indépendante. L’économie
camerounaise est prospère, l’intégration sous régionale et régionale est effective. La pauvreté est résiduelle.
En marge du scénario de référence, deux autres scénarios ont été mis en évidence :
a) le piétinement : le Cameroun un géant aux pieds d’argile . C’est le scénario d’évolution d’un pays qui,
dans un prolongement de tendance, n’a pas réussi à juguler les principales pesanteurs sociales, économiques,
politiques et culturelles. Le Cameroun continue de faire étalage du contraste entre ses nombreuses ressources
et son niveau de développement. Le pays s’appuie cependant sur ce potentiel pour assurer la défense de son
identité mise à mal par la mondialisation. Son classement dans les diverses hiérarchies de valeurs économiques,
sociales et humaines est resté dans le même ordre. Sur le plan politique, les insuffisances sont récurrentes, les
institutions accusent encore d’importantes faiblesses.
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II.2 LA VISION
Un pays émergent. Le Cameroun est dans une ère de développement économique et social durable avec une
économie forte, diversifiée et compétitive. L’industrie manufacturière est prédominante (dans le PIB et les
exportations), l’intégration à l’économie mondiale est effective, le niveau de pauvreté est résiduel et le revenu par
tête le classe parmi les pays à revenu intermédiaire.
Un pays démocratique. Les institutions sont stables et la séparation des pouvoirs est réelle. La justice est
indépendante et repose sur une législation assainie et ajustée aux valeurs locales et au contexte économique.
L’Etat camerounais est fort, régalien, catalyseur du développement économique et social, et son autorité repose
sur la légitimité populaire de ses élus et la préférence au mérite dans le choix de ses cadres dirigeants. Il est
respectueux des libertés individuelles et collectives. L’administration est décentralisée, bien équipée et dispose
de ressources humaines motivées et compétentes.
Un pays uni dans sa diversité. L’unité et l’intégration nationales sont vécues dans le respect des différences
et des identités. Les valeurs telles que le patriotisme, le mérite, le respect de l’autorité, la paix, la solidarité,
l’intégrité, le travail et la fierté sont les références aux comportements individuels et collectifs. Le fonctionnement
de la société se fonde sur la concertation, le dialogue, la tolérance, le respect mutuel, le recours à la médiation
ou à la justice. La sécurité des biens et des personnes est assurée sur toute l’étendue du territoire.
La vision ainsi formulée systématise les aspirations et ambitions exprimées par les différents acteurs et se
résume comme suit :
9 une nation unie, solidaire et jouissant d’un environnement de paix et de sécurité ;
9 une démocratie réelle, forte et juste ;
9 une administration décentralisée et au service du développement ;
9 une économie prospère et dotée d’infrastructures performantes ;
9 une économie basée sur l’intégration sous-régionale et régionale ainsi que sur l’insertion internationale ;
9 une démographie à croissance maîtrisée ;
9 Une nation favorisant l'égal accès des Femmes et des Hommes aux mandats électoraux et fonctions
électives autant que leur égalité professionnelle ;
9 une femme au rôle social renforcé et économiquement autonome ;
9 une famille stable et harmonieuse ;
9 un accès de tous aux services sociaux de base de qualité ;
9 une justice indépendante et accessible à tous ;
9 un niveau de pauvreté, d’analphabétisme et d’exclusion social résiduel ;
9 une culture camerounaise affirmée dans son unité plurielle, attrayante et exportable au plan
international ;
9 un niveau de chômage et de sous-emploi résiduel ;
9 une jeunesse bien formée, exaltant le mérite et l’expertise nationale ;
9 une allocation équitable de ressources entre villes et campagnes et entre les régions du pays.
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II.3 LES OBJECTIFS GENERAUX
La volonté de devenir un pays émergent, démocratique et uni dans sa diversité intègre un certain nombre
d’objectifs dominants à savoir :
(i) réduire la pauvreté à un niveau socialement acceptable ;
(ii) atteindre le stade de pays à revenus intermédiaires ;
(iii) devenir un Nouveau Pays Industrialisé ;
(iv) consolider le processus démocratique et renforcer l’unité nationale.
Cependant, le sentier de croissance a accusé un retard sur les projections effectuées dans le cadrage
macroéconomique du DSRP, rendant désormais fort improbable l’atteinte de cet objectif en 2015. Entre 2001 et
2007, le taux de pauvreté est en effet demeuré pratiquement stable.
Eradiquer la pauvreté consistera à la ramener à un niveau résiduel socialement tolérable, c’est à dire inférieur à
10 %. De manière spécifique, il s’agira, au delà des politiques de croissance et d’emploi, d’intensifier et de
généraliser la disponibilité et la qualité des services de santé, d’éducation, de formation et des infrastructures
(énergie, routes, eau potable, etc.).
L'ambition du Cameroun de devenir un pays à revenu intermédiaire se décline par la nécessité pour le pays
d’accélérer et de conforter le rythme de croissance économique, en mettant l’accent sur ses atouts immédiats
(agriculture, extraction minière, …) et en veillant à une répartition moins inégalitaire desdits revenus.
4 La Banque Mondiale utilise le facteur de conversion de l’Atlas pour réduire l’impact des fluctuations des taux de change
sur les comparaisons de revenu national entre pays. Pour une année quelconque, ce facteur est la moyenne du taux de
change (ou du facteur de conversion retenu) pour l’année en cause et des taux de change des deux années précédentes,
compte tenu de l’écart d’inflation entre le pays concerné et les États-unis, le Japon, le Royaume-Uni et la zone euro.
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II.3.3 Devenir un Nouveau Pays Industrialisé
La principale caractéristique d’un Nouveau Pays Industrialisé (NPI) est une industrialisation rapide par une
évolution accélérée du secteur manufacturier, et un développement harmonieux du domaine des services
notamment dans ses composantes commerce, transport et tourisme
Dans la perspective de devenir un nouveau Pays Industrialisé, la vision retient ainsi comme objectifs spécifiques
d’atteindre une croissance de qualité, marquée par une large diversification des sources de la croissance,
l’intégration plus dense des différentes branches d’activités, l’accroissement sensible du poids des produits issus
de l’industrie manufacturière dans le PIB et dans les exportations, le développement des services et notamment
des services financiers capables de mobiliser les ressources financières nécessaires pour accroître la demande
intérieure en général et la demande de capitaux d’investissements en particulier.
L’ambition du Cameroun est de renforcer les idéaux de paix, de liberté, de justice, de progrès social et de
solidarité nationale. Le sentiment de l’appartenance à une même Nation doit transparaître dans les
comportements individuels et collectifs.
Cette partie décline les objectifs généraux ci-dessus développés en objectifs spécifiques dans les domaines
macro économique, socio démographique et sectoriel.
Les objectifs macroéconomiques sont orientés pour donner à l’économie camerounaise l’architecture propre aux
pays émergents, en ce qui concerne notamment la productivité, les structures de production, l’emploi,
l’investissement, la technologie et les échanges commerciaux. Il s’agira, plus spécifiquement, d’atteindre les
objectifs suivants :
Le Cameroun a pu, au cours des dernières années et moyennant des sacrifices importants consentis par sa
population, restaurer ses grands équilibres macro-économiques et notamment l’équilibre de ses finances
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publiques. L’expérience en Afrique montre que les pays connaissant un large déficit budgétaire sont en bute à
des chocs intérieurs à répétition (comme par exemple une pluviométrie irrégulière ou des conflits armés) et
également à des chocs extérieurs (par exemple la volatilité des marchés internationaux de produits agricoles).
L’un des objectifs majeurs de la Vision est précisément de réduire la vulnérabilité du pays aux chocs intérieurs et
extérieurs. Les politiques spécifiques mises en œuvre à cet effet et ci-après déclinées obéissent naturellement
au souci constant de préserver la stabilité du cadre macro économique. Il s’agira en particulier : (i) de préserver
la viabilité des finances publiques et de l’endettement extérieur ; (ii) de combattre les pressions inflationnistes,
nourries ces dernières années principalement par la hausse des prix du pétrole et une production alimentaire
insuffisante ; (iii) de contenir les déséquilibres de la balance des paiements ; (iv) de veiller plus que par le passé
à l’évolution du taux de change effectif réel de notre monnaie et donc à la compétitivité internationale de notre
économie, menacée par l’appréciation de notre monnaie actuellement arrimée à l’Euro.
Les principales crises dont souffre actuellement l’économie camerounaise (crise alimentaire, crise énergétique,
crise de croissance, crise de l’emploi, etc...) illustrent à souhait le mal fondamental de cette économie, à savoir :
(i) la faible productivité globale qui caractérise l’ensemble de son appareil de production ; (ii) les coûts élevés
d’investissement dans le secondaire ; (iii) la faible intégration de l’industrie aux autres secteurs. Le coût élevé
d’accès aux branches et segments d’activités à forte économie d’échelle draine préférentiellement l’épargne
privée vers de petites activités de bouts de filières que sont l’agriculture de subsistance, les petits services et le
commerce.
Au stade de pays émergent, le Cameroun a su redéployer son effort vers des secteurs dynamiques et mettre à
niveau ses entreprises, améliorant par conséquent sa productivité globale. La formation généralisée des
ressources humaines aura en particulier permis d’augmenter la productivité des campagnes et d’apporter une
réponse durable à la crise alimentaire, profitant par ailleurs de l’augmentation importante de la taille des
exploitations agricoles, du développement de la mécanisation, de l’usage de semences à fort rendement et de
l’utilisation améliorée des produits phytosanitaires.
La chaîne de production du Cameroun comprend, d’une part, des activités de début de chaîne comme
l’agriculture et les activités extractives, d’autre part des activités de bout de chaîne telles que le commerce et les
services. Le niveau intermédiaire consacré à l’industrie et porteur de croissance est pratiquement absent.
Au stade émergent, le Cameroun a réussi à surmonter tous les écueils à son industrialisation. Un noyau
industriel est apparu et s’impose de plus en plus comme le moteur de la croissance, fournissant à toute
l’économie les moyens de production nécessaires pour croître, en valorisant notamment avec diligence les
résultats de la recherche. Ayant opté pour le renforcement continu de ce noyau industriel et poussant à
l’intégration plus large des différentes branches d’activités; le pays dispose désormais d’un matelas économique
qui permet d’amortir plus aisément tous les chocs intérieurs et extérieurs.
L’emploi au Cameroun est constitué à 80-90% des activités informelles, composées de petits agriculteurs aux
techniques archaïques sur de petites exploitations, d’autre part, d’un secteur tertiaire constitué de personnes peu
qualifiées ou exerçant des activités sans rapport avec leur formation.
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Le stade de pays émergent présentera une typologie différente, où l’emploi devra être décent et l’adéquation
formation/emploi assurée. La mise en œuvre du plan directeur de développement des PME aura servi de base à
cette évolution, plaçant ainsi la petite et moyenne entreprise au centre de la stratégie nationale de création
d’emplois. Un cadre global incitatif à la création d’emplois a été mis en place et évitera des formes marginales de
travail ; le système d’apprentissage et d’insertion professionnelle a été refondé et rendu réellement opérationnel
et l’élargissement du système de sécurité sociale renforcera la confiance des travailleurs en l’avenir de leur pays.
La faiblesse de l’investissement, réduit à 17,4% du PIB, pose une hypothèque majeure sur la croissance et le
développement à long terme du pays. Elle concerne tant les investissements publics que privés et ne permet pas
au pays de tirer profit des nombreux atouts qui lui sont généralement reconnus.
Au stade de pays émergent, le Cameroun offre le visage d’un pays attractif ayant su valoriser sa position
stratégique de carrefour naturel des échanges au fond du Golfe de Guinée, ouvert au monde et relié au reste de
l’Afrique. Il aura entre-temps investi massivement dans le secteur de l’énergie et de l’eau et résolu durablement
ses difficultés dans ce secteur ; il aura également investi avec méthode des sommes importantes pour densifier
et moderniser ses routes, ponts, ports et aéroports, ses réseaux de chemin de fer et de télécommunications, les
TIC, les interconnexions électriques et les pipelines. Stimulé par ces investissements publics dans les
infrastructures, le secteur privé se sera aussi attelé avec détermination à moderniser son appareil de production,
permettant ainsi de porter le taux global d’investissement aux alentours de 30 %.
La faiblesse de l’investissement reflète la difficulté du pays à mobiliser l’épargne intérieure et extérieure. Cette
faiblesse tire sa source dans : (i) le caractère résiduel de l’investissement public ; (ii) la mobilisation insuffisante
et la mauvaise canalisation de l’épargne locale ; (iii) la faible attractivité qu’offre le pays aux Investissements
Directs Etrangers.
Le Cameroun émergent est essentiellement marqué par un système financier très dynamique et diversifié, qui
sait collecter efficacement l’épargne éparpillée des ménages et la draine préférentiellement vers des secteurs à
forte rentabilité. Un partenariat financier et des dispositions institutionnelles particulièrement incitatrices attirent,
sur le marché financier local, les capitaux internationaux. La maîtrise de la dépense publique trouve son
expression achevée dans l’investissement public, nettement amélioré en volume et en qualité.
Les importations portent pratiquement sur tous les produits de consommation alors que les exportations se
réduisent au pétrole, qui en représente plus de la moitié et à une poignée de produits de rente. Cette structure
rend les importations peu flexibles et les recettes d’exportations trop volatiles, d’où une économie trop tributaire
de la conjoncture internationale.
A son stade émergent, le solde des échanges commerciaux portant sur les produits manufacturés est moins
défavorable et leur grand nombre à l’exportation leur donne une importante souplesse. Les produits naturels sont
toujours recherchés et exploités, mais la prospection économique porte davantage sur la conquête des filières
internationales de production et la capture des segments productifs où le pays affirme une certaine hégémonie
régionale, voire mondiale.
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8. Promouvoir la mutation et la professionnalisation des services
Le poids du secteur des services dans la structure économique du pays est important. Il a repésenté au cours
des dernières années près de 40% du PIB et a contribué à plus de 60% à sa croissance 5. Il en fourmirait près de
33% de la main d’œuvre occupée mais malheuresement employée dans une large proportion dans le secteur
informel. Ainsi structuré, le domaine des services ne peut durablement se développer car ses évolutions
répondent davantage à des besoins conjonturels qu’à une perspective de développement pouvant porter ses
grandes branches d’activités (commerce, transport, tourisme, télécommunication, services financiers et
immobiliers, l’administration) à des niveaux de productivité à même de soutenir la compétitivité de l’économie.
Le Cameroun émergent est caractérisé par un secteur de services occupant une place importante dans le
système structuré, répondant davantage à des économies d’échelle, plus en adéquation avec le reste de
l’appareil producuctif et tourné vers le monde, notamment par les transactions financières et le tourisme.
La population jeune est très importante et pèse sur la population active, compromettant les capacités d’épargne
et d’investissements productifs. La jeunesse présente cependant de grandes espérances si elle est bien formée.
A l’horizon de la Vision, cette population présente un niveau de formation élevé qui fournit une main-d’œuvre
qualifiée, générant d’importants revenus par tête. La croissance démographique est maîtrisée et est davantage
compatible avec la croissance économique, assurant ainsi la convergence entre la population et le
développement.
Les infrastructures et les services sociaux sont accessibles et délivrent des prestations de qualité comparable à
tout camerounais quel que soit le lieu où il se trouve sur le territoire national. Avec la sécurité sociale élargie, une
dynamique politique de redistribution des revenus et la promotion des populations vulnérables, la qualité de la
vie est meilleure et son espérance plus longue.
Les infrastructures qui facilitent l’activité, accroissent le volume de production et impulsent le progrès social
présentent d’importants retards et une grande partie de la population n’y a pas accès.
Dans le cadre de la mise en œuvre de la Vision, le développement des infrastructures est étroitement encadré
par les objectifs économiques et contribue ainsi plus efficacement à l’émergence d’un espace économique
national intégré et à la transformation du Cameroun en principal carrefour des échanges en Afrique Centrale. Un
effort d’investissement important et continu est fourni pour l’entretien, la réhabilitation et la densification des
infrastructures de communication, énergétiques et de télécommunications et pour l’amélioration de la
gouvernance et des capacités institutionnelles de gestion du secteur. A l’horizon 2035, les retards sont presque
tous rattrapés, les agents économiques ont accès à des infrastructures de qualité, le secteur est un des grands
pourvoyeurs d’emplois et le système devient capable de générer une offre qui suit la demande. Les
2. Développement rural
Le monde rural joue depuis l’indépendance un rôle de premier plan dans l’économie nationale. L'âge d'or des
années 70 reposait sur le dynamisme des cultures de rente (café, caco, banane, thé, coton, …) et la bonne
tenue des cours mondiaux. Il occupe encore près de 75% de la population active camerounaise et c’est de lui
que dépend l'approvisionnement des centres urbains en produits alimentaires.
Mais l’agriculture est confrontée à d’importantes difficultés: accès à la terre, à l’eau et aux financements ;
prédominance des exploitations familiales de petite taille, rendements faibles, techniques de production
archaïques, association de cultures et d’importantes pertes après récolte, faible diffusion des fruits de la
recherche.
A l’horizon de la vision, ces faiblesses sont largement comblées. Le secteur rural a résolument mis le cap sur
l’intensification des activités sylvo agro pastorales et piscicoles, avec pour résultats visibles un bond de
productivité. La configuration du secteur est surtout marquée par de grandes et moyennes exploitations utilisant
un puissant appareil productif, avec notamment l’usage des machines, de l’irrigation et des intrants appropriés. A
la faveur de diverses incitations, les petits paysans se sont regroupés en coopératives et autres formes
d’organisations professionnelles efficaces, capables de leur faciliter l’accès aux intrants, aux résultats de la
recherche agricole, au crédit et à la commercialisation de leurs productions. L’emploi est essentiellement le fait
de formations diplômantes et les paysans ou fermiers sont devenus des exploitants agricoles professionnels,
d’une moyenne d’âge plus jeune, tournés vers l’avenir et non de simples producteurs pour la subsistance.
3. Industries et services
Au Cameroun, l’industrie se limite à quelques activités : transformation des produits primaires, opérations de
finissage, petite transformation. En outre, les plus grandes unités se présentent généralement comme de petites
enclaves technologiques n’ayant pratiquement aucun rapport d’échanges avec leurs voisines.
Le Cameroun émergent a réussi à surmonter ces entraves qui empêchent la greffe d’un noyau industriel et il a pu
s’imposer dans quelques secteurs. Son industrie présente ainsi : (i) des performances améliorées basées sur
une plus grande maîtrise des pratiques technologiques ; (ii) des activités diversifiées formant désormais un
intense réseau d’échanges intérieurs ; (iii) une grande compétitivité liée à une intensité différenciée des secteurs
en fonction de la compétitivité comparative vis-à-vis de l’extérieur.
Dans le domaine des services, une attention particulière sera portée sur la promotion du tourisme. Il s’agira de
mettre en valeur le grand potentiel touristique du Cameroun et de faire du pays une vraie destination touristique
pour accroître la contribution de l’industrie touristique dans l’économie nationale. L’accent sera principalement
porté d’une part sur la mise en place d’un cadre institutionnel et réglementaire propice à la promotion du
tourisme camerounais et d’autre part à l’amélioration de la qualité de l’offre touristique. Celle-ci se fera à travers :
(i) une meilleure connaissance des zones d’intérêt touristique ; (ii) la valorisation des sites et zones d’intérêt
touristique ; (iii) l’aménagement des sites touristiques et (iv) la promotion de la destination Cameroun.
La qualité des services financiers devra également être développée pour que les banques puissent être de
véritables structures d’accompagnement et de conseil auprès des entreprises. Elles devront par ailleurs assurer
une meilleure couverture du territoire national et développer leur capacité d’innovation financière pour proposer
des produits et des services plus efficaces et adaptés aux réalités économiques et sociales du pays.
Page 22
La mise en relation des objectifs généraux avec les objectifs sectoriels se résume dans le tableau ci-après.
Page 23
II.5 LES CIBLES DES OBJECTIFS DE LA VISION
Les objectifs généraux et sectoriels ci-dessus présentés ont donné lieu à l’identification et au choix d’un certain
nombre d'indicateurs. Les cibles ont été arrêtées à partir d’un échantillon de pays dont les caractéristiques
actuelles correspondent à celles visées par la vision à l’horizon de 25-35 ans. Cette partie présente les cibles
retenues pour les principaux indicateurs par domaine.
La détermination des cibles s’est appuyée sur l’expérience de quatre pays : Indonésie, Malaisie, Maroc, Tunisie. Ces
derniers, représentatifs des régions du monde, ont des potentialités naturelles et humaines variées. Ils ont connu
jusqu’au début des années 80 une évolution similaire à celle du Cameroun. La démarcation actuelle s’est produite durant
les vingt cinq dernières années.
Les critères utilisés dans ce choix ont porté sur les potentialités naturelles, le niveau de développement industriel et
humain, et la similarité de leurs systèmes productifs à celui du Cameroun à un moment donné. L’ampleur et le rythme
d’évolution économique de ces pays peuvent valablement servir de référence au Cameroun pour son décollage.
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♦ Structure sectorielle de la production. La contribution du secteur manufacturier devra voir sa
performance exploser pour s’établir à 23% du Produit Intérieur Brut contre une contribution actuelle de
10% seulement. Le secteur primaire qui continuera de croître grâce à des gains substantiels de
productivité issus de la mécanisation et de l’intensification de ses activités verra sa contribution
diminuer de 44% à 15% en raison de l’essor observé dans le secondaire.
♦ L’investissement et le développement technologique sont les facteurs éssentiels pour induire une
mutation structurelle de l’économie décrite dans le paragraphe précédent. L’ampleur de ceux-ci exige
une croisance de la part de l’investissement dans le PIB de 1,3 point chaque année pour pouvoir
soutenir des taux de croissance à deux chiffres. Le taux d’investissement passerait ainsi de son niveau
actuel de 17,4 à 30,3% en 2025 avant de s’établir et se stabiliser à un taux compris entre 25 % et 29 %
en 2035.
♦ Structure sectorielle du commerce extérieur. Les cibles portent sur l’augmentation de la part des
produits manufacturiers dans les exportations et la réduction concommitante de celle relative au pétrole et
aux matières primaires agricoles. La contribution des produits sylvo agro pastoraux et piscicoles aux
exportations passeraient ainsi de 20,5% à moins de 10% en 2035 au profit des produits manufacturiers.
Le Cameroun devra renforcer l’éducation et la formation des ressources humaines dans le domaine de la santé,
des sciences et des techniques notamment. Il s’agira, notamment dans le secteur de la santé, de passer de 7
médecins pour 100 000 habitants à 70 médecins pour 100 000 habitants. Des progrès semblables devront être
réalisés dans la formation des enseignants dans tous les cycles et dans la formation des ingénieurs (TIC, Génie
Civil, pétrochimie, mines, génie des procédés, agronomes, industries animales, …).
Pour améliorer l'employabilité des jeunes, le Cameroun doit impérativement relever, dans les niveaux secondaire
et supérieur, la proportion des élèves dans les filières scientifiques et technologiques. De 5% actuellement, leur
proportion doit passer à 30% à l'horizon de la vision. Pour rendre cet objectif vraisemblable, des actions
audacieuses doivent être prises dans le sens de l'orientation précoce des enfants, et le recours à des formes
innovantes de transmission des connaissances ainsi que la formation continue.
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♦ L’espérance de vie au Cameroun en 2035 devra s’établir à près de 70 ans partant de son niveau
actuel de 50 ans. Il sera question de réduire la mortalité générale. Le problème de la mortalité
maternelle devra faire l’objet d’un suivi particulier pour la ramener à moins de 200 décès pour 1000
naissances vivantes contre 669 actuellement. La maîtrise de la fécondité suppose aussi la réduction du
risque de décès chez les enfants. Des progrès doivent également être faits en matière de couverture
vaccinale et de lutte contre les maladies diarrhéiques par une extension de l’offre de l’eau potable à
toutes les populations, surtout dans les zones rurales. Le taux de couverture vaccinale sera relevé de
75 à 95%.
II.5.4 Infrastructures
♦ Le linéaire routier bitumé. Il s’agira de multiplier la fraction du réseau routier bitumé, soit une
évolution de 10 % actuellement à 32% à l’horizon de la vision. Le caractère volontariste de cette cible
illustre l’importance à accorder au développement des infrastructures comme supports indispensables
à l’industrialisation.
♦ L’indice d’accès numérique : En 2002, cet indice qui mesure la capacité globale des individus à
accéder et à utiliser les technologies de l’information et de la Communication (il s’agit d’une synthèse
de huit variables regroupées en cinq catégories) a été estimé à 0,16 pour le Cameroun ; ce qui classait
le pays dans la dernière catégorie à savoir celle des pays à accès faible. La cible à l’horizon 25-30 ans
est de passer à la catégorie d’accès moyen avec un indice d’accès numérique situé entre 0,4et 0,5. En
matière de téléphonie, il s’agira de quintupler le nombre de lignes téléphoniques et accroître la
couverture des réseaux de téléphonie mobile
♦ L’accès à l’eau potable. Le taux d’accès à l’eau potable devra être relevé de 50 à 75 %. Ceci
correspond à d’importants investissements pour résorber les insuffisances qualitatives actuelles et
agrandir les capacités de stockage et de traitement. La priorité sera accordée à la réalisation
d’adductions d’eau potable en réseaux. La construction des puits et forages interviendra en
complément.
♦ Qualité de l'habitat: Il s’agira réduire de manière significative la proportion des ménages des villes
vivant dans un habitat précaire, celle-ci devra passer de 76,4% à 20% à l'horizon de la Vision. Ceci
nécessitera d'importants investissements pour augmenter l'offre de logement décents pour le grand
nombre.
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TABLEAU RECAPITULATIF DES CIBLES PAR INDICATEUR
N.B : Ce tableau propre à l’approche normative retenue présente l’image du Cameroun émergent à l’horizon de
25-30 ans
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CAMEROUN VISION 2035 : ETAPES INDICATIVES DE MISE EN OEUVRE
Défis Phase I : 2010 -2019 Phase II : 2020 – 2027 Phase III : 2028 – 2035
Objectif global : Moderniser l’économie et accélérer sa croissance Objectif global : Atteindre le niveau de pays à revenu Objectif global : Devenir un nouveau pays industrialisé et
intermédiaire (revenu/hab. compris entre 3 706 et 11 455 $ en un pays émergent (part du secteur secondaire à plus de
valeur de 2007) 40 % du PIB)
Objectifs spécifiques : Objectifs spécifiques : Objectifs spécifiques :
1. Accroître fortement la productivité globale de 1. Consolider la croissance et la rendre durable ; 1. Promouvoir une croissance de qualité
l’économie camerounaise de façon à résoudre les crises 2. Elargir la redistribution des revenus 2. Porter la valeur ajoutée manufacturière à près
sectorielles urgentes (crises alimentaire et énergétique, crises 3. Intensifier la protection de l’environnement et la de 25% du PIB et la valeur des produits
du système financier et de l’emploi) lutte contre les effets des changements manufacturés à plus de 50% des exportations;
2. Relever fortement le taux d’investissement pour atteindre un climatiques 3. Renforcer les échanges et l’ouverture vers
taux de croissance économique à deux chiffres ; l’extérieur
3. réduire la pauvreté à un taux inférieur à 25% 4. Ramener le taux résiduel de pauvreté à moins
4. Améliorer le climat des affaires, la gouvernance des affaires de 10 % et l’espérance de vie à la naissance à
publiques et des entreprises plus de 65 ans
CROISSANCE Axe 1 : Accroître la productivité et accélérer la Axe 1 : Maintenir une croissance forte et Axe 1 : Densifier la croissance et
ECONOMIQUE croissance diversifier les l’industrialisation
1.1 Investir massivement dans les infrastructures (énergie, activités économiques de l’économie
routes & ponts, ports, télécoms, eau) ; 1.1 Développer de nouvelles infrastructures 1.1 Renforcer la densité des infrastructures pour
1.2 Moderniser l’appareil de production • à fort impact technologique : rail, télécoms consolider le rôle du Cameroun comme hub
• Jeter les bases d’une agriculture (au sens large) intensive • pour faire du Cameroun un carrefour des régional des transports
(Intensifier la recherche-développement agricole, …) échanges en Afrique Centrale: autoroutes, 1.2 Renforcer l’intégration du tissu économique
• Relancer les produits de base et les productions de niches aéroports, ports, pipelines pétrolier et gazier, national
• Développer l’industrie extractive (bauxite, fer, nickel, cobalt) interconnexions électriques, etc. • intégration verticale des filières
• Mettre globalement à niveau les entreprises et impulser le • Renforcer les infrastructures de communication et • intégration horizontale des branches
développement intégré des filières de production de télécommunication régionale 1.3 Poursuivre l’intégration économique régionale
• Mettre en œuvre des programmes spécifiques de • Améliorer l’efficience du marché unique en
compétitivité pour certaines filières (Bois, TIC, tourisme) 1.2 Intensifier la mécanisation agricole et développer Afrique Centrale
1.3 Renforcer l’efficacité des investissements sur les l’irrigation • Renforcer la part des produits manufacturés dans
ressources humaines • Stimuler le développement des grandes et les exportations vers l’Afrique Centrale
• Revisiter les cartes éducative et sanitaire (notamment la moyennes exploitations agricoles ; • Contribuer au renforcement des institutions, et
distribution efficace des investissements); • Intensifier l’irrigation, notamment dans la partie des mécanismes de convergence et d’intégration
• Assurer le développement des filières d’enseignement septentrionale ; africaine (intégration économique et monétaire)
• technique et technologique • Renforcer les capacités de financement du monde • Renforcer la solidarité régionale
Mettre à niveau les programmes d’enseignement/formation rural 1.4 Renforcer et diversifier les échanges
• Elaborer des programmes d’investissement conformes ; 1.3 Intensifier la transformation industrielle de produits internationaux
1.4 Mobiliser les financements et mettre le système financier d’origine locale, notamment à travers : • Intensifier le commerce des marchandises
au service du développement • Les industries agroalimentaires • Intensifier le commerce des services et
• Promouvoir les Investissements Directs Etrangers (IDE) ; • La métallurgie aluminium et acier notamment le tourisme
• Œuvrer à l’élargissement de l’assiette fiscale par une • L’industrie du bâtiment 1.5 Consolider le renforcement des ressources
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Défis Phase I : 2010 -2019 Phase II : 2020 – 2027 Phase III : 2028 – 2035
fiscalité modérée, juste et équitable • Les industries des produits dérivés du pétrole humaines
• Développer les banques de proximité et les Institutions Diversifier les institutions de recherche
•
financières spécialisées pour mobiliser plus efficacement 1.4 Renforcer les capacités du système d’éducation, de 1.6 Renforcer la capacité du système financier à
l’épargne nationale ; formation et de recherche à : mobiliser les ressources extérieures
• Créer un cadre adapté au financement du secteur rural ; • Assurer la production d’une masse critique nécessaires au financement de la demande
• Créer un cadre adapté au financement des PME ; d’ouvriers spécialisés (OS) et d’agents intérieure globale, notamment l’investissement
• Développer une stratégie appropriée pour mieux capitaliser d’encadrement moyen
les ressources de la diaspora ; • Promouvoir l’émergence de l’économie du savoir
• Contrôler et contenir l’appréciation de la monnaie ;
1.5 Approfondir l’intégration régionale et diversifier les 1.5 Accroître la part des exportations hors pétrole
• Organiser la prospection des marchés à
échanges l’exportation ;
• Conclure et mettre en œuvre un APE régional complet et • Promouvoir les investissements privés nationaux
équilibré ; dans les secteurs d’exportation ;
• Œuvrer à l’édification du marché commun en Afrique • Promouvoir les IDE dans les secteurs non
Centrale pétroliers ;
• Exploiter avec méthode l’Initiative Aide au commerce, • Maîtriser les circuits de commercialisation
notamment les opportunités offertes par l’AGOA ; • Renforcer la maîtrise de la normalisation
• Développer le partenariat économique avec le Nigeria
• Développer les échanges avec les pays émergents du Sud 1.6 Accélérer l’essor du marché financier
(notamment Brésil, Chine, Inde, Corée du Sud
1.7 Renforcer l’intégration régionale et l’insertion
internationale
• Développer de nouvelles formes de partenariat
DEMOGRAPHIE ET Axe 2 : Promouvoir l’emploi et améliorer les revenus Axe 2 : Elargir la politique de redistribution des Axe 2 : Consolider la redistribution des revenus
revenus et
DEVELOPPEMENT 2.1 Mettre les PME au centre de la stratégie de création et renforcer l’aménagement du territoire l’inclusion sociale
SOCIAL
d’emplois : réaliser le plan directeur de développement des 2.1 Renforcer le développement des PMI/PME ; 2.1 Consolider le développement des PMI/PME
PME (Faciliter création PME, FSD/PME, FAGACE, etc…);
2.2 Créer un cadre global incitatif pour la création d’emplois
• Incitations administratives et fiscales en faveur de l’emploi ; 2.2 Préserver le cadre incitatif pour la création d’emplois 2.2 Consolider le cadre incitatif pour la création
• Opérationnalisation de la stratégie HIMO ;
décents ; d’emplois décents
• Refonte du système d’apprentissage & d’insertion ;
• Rationalisation et réorientation des programmes
spécifiques de création d’emplois (femmes, jeunes, 2.3 Densifier davantage les infrastructures sociales ; 2.3 Renforcer les mécanismes de redistribution
handicapés);
2.3 Réactiver la politique de revenus et les mécanismes de
redistribution
• Dégeler la gestion du SMIG et de l’échelle globale des 2.4 Elargir le système de sécurité sociale ; 2.4 Elargir et consolider la sécurité et la protection
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Défis Phase I : 2010 -2019 Phase II : 2020 – 2027 Phase III : 2028 – 2035
salaires ; sociale
• Revaloriser la grille des salaires des métiers techniques ; 2.5 Renforcer les dispositifs de lutte contre l’exclusion
2.4 Renforcer le développement social
sociale ; 2.5 Poursuivre la lutte contre l’exclusion sociale et
• Améliorer l’accessibilité aux services sociaux de qualité sur renforcer l’égalité de genre
toute l’étendue du territoire ;
• Promouvoir la prise en charge, l’insertion sociale et
l’intégration dans les circuits économiques des femmes,
des jeunes et autres populations vulnérables
DEVELOPPEMENT URBAIN 2.5 Mettre en place un dispositif légal et réglementaire 2.6 Mettre en œuvre une politique de développement urbain 2.6 Consolider l’appareil de production et de
ET
AMENAGEMENT DU d’aménagement du territoire (schéma national et schémas maîtrisé (aires métropolitaines, villes nouvelles, villes consommation des pôles de croissance pour
régionaux d’aménagement du territoire, normes accompagner significativement le développement
TERRITOIRE secondaires)
d’équipement, plans d’occupation des sols, etc.) ; des zones environnantes ;
2.6 Lancer de grands programmes d’amélioration de l’habitat 2.7 Consolider la maîtrise du développement des villes ;
2.7 Favoriser la complémentarité et la solidarité entre les
dans une perspective de maîtrise de l’urbanisation ;
2.7 Réaliser les programmes d’aménagement des zones grandes villes, les villes moyennes et les campagnes
frontalières (y compris les marchés frontaliers). 2.8 Renforcer les bases d’une territorialisation du
développement (pôles de développement)
GOUVERNANCE Axe 3 : Etablir un bon climat des affaires et une bonne Axe 3 : Consolider le climat des affaires et la Axe 3 : Préserver le climat des affaires et la
gouvernance, renforcer la gestion stratégique de l’Etat gouvernance, Protéger l’environnement et gouvernance, approfondir la décentralisation
intensifier
3.1 Bonne gouvernance et climat des affaires la lutte contre les effets des changements 3.1 Préserver la gouvernance
climatiques
• Consolider la stabilité du cadre macro-économique ; 3.1 Consolider la gouvernance et le climat des affaires • Promouvoir le mérite et la responsabilisation des
• Veiller à la viabilité de l’endettement publique ; • Renforcer le dispositif d’attraction des IDE gestionnaires
• Intensifier la lutte contre la corruption ; • Préserver la stabilité du cadre maco-économique • Elargir le système judicaire notamment en ce qui
• Mettre en place le nouveau régime financier de l’Etat ; • Améliorer les capacités de l’Etat à anticiper les concerne le droit commercial
• Améliorer le fonctionnement du système judiciaire ; évolutions conjoncturelles et structurelles
• Renforcer la sécurité des personnes et des biens sur toute (intelligence économique et veille technologique) 3.2 Approfondir la décentralisation
l’étendue du territoire ; • Renforcer les principes de gestion axée sur les
• Renforcer la gouvernance des entreprises (publication des résultats • Renforcer les capacités des collectivités
comptes, protection des actionnaires minoritaires, etc) ; • Améliorer l’image et la crédibilité du pays territoriales et des services déconcentrées de
• Approfondir la décentralisation (élargir l’application l’Etat ;
3.2 Gestion stratégique de l’Etat du principe de subsidiarité) 3.3 Renforcer le climat des affaires
• Achever la réforme de la fonction publique (profil de 3.2 Intensifier la lutte contre les effets des changements
carrière, profil des postes de travail, mérites individuels, • Préserver l’image de marque et la crédibilité du
etc) ; climatiques pays ;
• Achever la réforme des finances publiques ; • Protéger et gérer durablement les écosystèmes
forestiers ;
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Défis Phase I : 2010 -2019 Phase II : 2020 – 2027 Phase III : 2028 – 2035
• Renforcer la planification stratégique ; • Lutter contre la désertification ;
• Renforcer les mécanismes de régulation économiques ; • Promouvoir les projets régionaux : Bassin du Niger,
• Renforcer le partenariat Etat / secteur privé ; Bassin du Lac Tchad
• Renforcer la protection de l’espace économique national
(contre la fraude, la contrebande, …) ;
• Raffermir la mise en œuvre de la décentralisation ;
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T ROISIEME PARTIE .
S TRATEGIES DE MISE EN ŒUVRE DE LA VISION
Cette partie traite des stratégies globales envisagées pour parvenir à la vision formulée. Plus que des stratégies,
il s’agit davantage des orientations fondamentales dans certains aspects majeurs du développement
économique, social et culturel qui confèrent à la vision volontariste un caractère réaliste et devront guider les
stratégies séquentielles globales et sectorielles à mettre en œuvre. Ces stratégies répondent ainsi aux défis et
enjeux énoncés et se positionnent de façon transversale à ceux-ci. Les sept stratégies identifiées pour répondre
à ces défis portent sur : (i) l’intégration nationale ; (ii) l’industrialisation ; (iii) la gouvernance ; (iv) la coopération
régionale et l’insertion internationale ; (v) le nouveau rôle de l’Etat et le partenariat.
Industrialisation
Coopération régionale et
insertion internationale
Gouvernance
Nouveau rôle de l’Etat et
partenariat et partenariat
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III.1 STRATEGIE D’INTEGRATION NATIONALE ET DE
CONSOLIDATION DU PROCESSUS DEMOCRATIQUE
Le développement du Cameroun nécessite la mobilisation efficiente de toutes les énergies dans un cadre de
cohabitation harmonieux. Elle exige donc le renforcement de l’intégration nationale et la consolidation du
processus démocratique.
L’unité et la cohésion puisent leur essence à la fois dans l’émotion naturelle de tout groupe partageant le hasard
de la géographie et dans les éléments objectifs qui nourrissent la volonté de vivre et de vaincre ensemble toutes
les adversités et de réussir un projet de société largement partagé. Il s’agit de partager et de vivre les valeurs
identitaires naturelles et construites, ce qui nécessite la moblisation de chaque citoyen pour une meilleure et
fructueuse rencontre avec les autres. Plusieurs axes devront être déclinés en stratégies opérationnelles dans
l’optique de l’intégration nationale.
- l’intégration et la mobilisation nationales ;
- la promotion des valeurs communes ;
- la participation de toutes les catégories ou groupes sociaux aux processus de prise de décision ;
- la lutte contre les forces centrifuges ;
- la solidarité et la redistribution équitable des richesses ;
- le développement équilibré et harmonieux du territoire ;
- la mobilisation citoyenne et le réarmement moral ;
- La communication sociale.
2. La promotion des valeurs communes : il s’agira d’expliciter ces valeurs en les démarquant de leurs
variantes négatives et de les articuler comme éléments de la construction de la Nation. Les camerounais devront
s’approprier leurs propres valeurs de manière à se reconnaître eux-mêmes et à s’ouvrir aux autres pour un
enrichissement mutuel. L’un des axes de cette stratégie devra être la sauvegarde de l’identité nationale
notamment à travers la promotion du patrimoine culturel national et l’introduction des arts et des langues
nationales dans les programmes scolaires. La stratégie s’appuiera également sur la réappropriation du passé
historique commun.
3. La participation effective et efficace de tous les groupes : La participation de toutes les populations est
le gage indispensable de la réussite de tout projet de société. Plus que jamais, les populations seront associées
à la gestion des affaires publiques afin de garantir l’appropriation et la convergence des actions dans le sens du
développement pour tous. Il s’agira de lever tous les obstacles (économiques, sociologiques, sociaux, politiques,
culturels, …) suceptibles d’entraver la participation effective d’un citoyen ou d’une catégorie sociale à l’œuvre de
construction nationale. Les stratégies envisagées dans ce contexte porteront sur la promotion des partenariats
entre l’Etat, le secteur privé et la société civile et sur la prise en compte des groupes marginaux (Populations
marginales) ou habituellement marginalisés (femmes, enfants, handicapés, personnes agées, …).
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4. La lutte contre les forces centrifuges : il s’agira de décourager et d’éradiquer les loyautés primaires
d’essence diverses (ethnique, religieuse, linguistique, etc.) manifestement opposées à la loi et à la cohabitation.
En plus, il conviendra d’envisager une veille permanente à l’égard des regroupements susceptibles d’entretenir
une ambiance de tension et remettre en cause l’unité nationale.
5. La solidarité et la redistribution équitable des richesses : . Tout en récompensant les différents mérites des
uns et des autres, le principe de la contribution progressive aux charges collectives devra guider l’élaboration des
politiques de développement. Le principal point d’ancrage de ce principe sera le développement, integré, solidaire, et
durable à travers une stratégie cohérente d’aménagement du territoire. Celle-ci devra non seulement assurer une
allocation équitable et harmonieuse des ressources, mais également permettre de bâtir un espace économique et
social intégré à travers le développement des chaînes de complémentarité et de solidarité entre les régions et entre
les pôles de développement urbain. Par ailleurs, la lutte contre les discriminations sociales sera intensifiée et
l’approche vulnérable intégrée dans toutes les politiques de développement afin de récupérer en permanence les
segments sociaux vulnérables ou marginalisés par la croissance.
7. La communication sociale : Les stratégies d’intégration nationale devront reposer sur un volet
communicationnel fort et efficace. En matière de communication, on recherchera dans l’immédiat à (i) renforcer
les capacités de la presse pour qu’elle informe et constitue un outil d’aide à la décision (notamment par la
création d’un institut de sondage) ; (ii) développer et soutenir la presse privée (renforcement des capacités,
régulation et financement) ; (iii) assurer la couverture intégrale du territoire national par les médias publics. Par
ailleurs les forums de dialogue, de débats et d’expression seront encouragés pour favoriser les échanges et la
confrontation des idées.
Le renforcement de la transparence des opérations électorales sera visé à travers l’application effective des
textes réglementaires et des lois votées , la mise en œuvre de la décentralisation, le renforcement des organes
en charge de l’organisation des élections et la séparation effective des trois pouvoirs.
Pour le processus démocratique, la participation conditionne non seulement, la crédibilité et la légitimité des
dirigeants élus, mais également le succès des projets qu’ils portent. Les actions visant à améliorer les taux de
participation de tous les camerounais en âge de voter aux opérations électorales seront engagées. Ces actions
intégreront notamment la question du vote des camerounais de l’étranger afin de permettre à tout citoyen de
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participer et de contribuer au processus démocratique. L’un des volets importants de la consolidation du
processus démocratique sera la promotion de l’accession des femmes aux mandats éléctoraux.
L’existence d’un Etat de droit est au départ même d’une justice crédible et équitable, indépendante et
transparente, compétente et accessible. Sa mise en place passe par le respect des textes et règles édictées
pour codifier les relations entre les individus et les différents segments qui constituent la nation. Ce respect
commence par celui de la loi fondamentale. En faisant du droit un instrument priviligié de régulation et de
l’organisation politique et sociale, l’Etat de droit subordonne le principe de légitimité au respect de la légalité. Il
justifie ainsi le rôle croissant des juridictions dans le pays, l’indépendance effective du pouvoir judiciaire et la
garantie du respect des droits humains.
Le respect des droits humains est l’autre facette de l’Etat de droit et apparaît comme le socle ultime de
l’organisation juridique. L’Etat doit sur l’ensemble du territoire, offrir à tous les citoyens et aux étrangers, toutes
les garanties juridiques, administratives, politiques, économiques et sociales nécessaires à la jouissance
effective des droits qui leur sont reconnus. Outre l’existence des garanties, la promotion des droits humains
nécessite une citoyennété éclairée à travers la sensibilisation et l’éducation de masse. Il s’agit de vulgariser les
textes à travers leur traduction en langues nationales, confectionner les documents explicatifs pour cibler les
populations rurales et insérer l’éducation aux droits humains dans les programmes d’enseignement.
La lutte contre la corruption qui se présente désormais comme l’illustration majeure du dysfonctionnement social
devra être intensifiée. La stratégie de lutte à mettre en œuvre pour éradiquer ce fléau s’articule autour de la
promotion des valeurs traditionnelles d’intégrité, de probité et de mérite, du renforcement de la repression des
délits économiques, de l’adaptation de la législation et de la simplification des procédures, sources de la
corruption fonctionnelle.
La territorialisation du développement aura pour orientation principale la promotion des pôles de croissance et de
développement à même d’être des locomotives pour le développement des régions. En exploitant les vocations
différenciées des espaces, ces pôles s’ancreront aux autres régions autour des notions de complémentarité et de
solidarité, notamment entre les grandes métropoles, les villes secondaires et les campagnes.
L’aménagement du territoire s’appuiera également sur une organisation locale des bassins d’emplois à travers la
promotion des dynamiques sociales et des diverses autres formes de valorisation des potentialités locales. Sans
préjudice pour le rôle de l’Etat en tant que garant de l’équité territoriale et des principales orientations nationales,
des contrats de partenariat au développement Etat/régions, Etat/communes, Régions/Communes seront
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instaurés. Ils déclineront au plan opérationnel les rôles respectifs de l’Etat et des collectivités territoriales
décentralisées dans la mise en œuvre des plans de développement régionaux et locaux ainsi que leurs
contributions au développement durable, à la protection de l’environnement et des écosystèmes et à la lutte
contre les effets des changements climatiques.
Cette spatialisation des politiques de développement sera soutenue entre autres par la mise en place d’un
dispositif légal et réglementaire d’aménagement du territoire (loi d’orientation, schéma directeur d’aménagement,
mise en place d’un observatoire d’aménagement du territoire).
L’ambition de devenir un pays émergent requiert dans le secteur industriel que le Cameroun atteigne le statut de
Nouveau Pays Industrialisé (NPI), ce qui impliquerait que la part de la production manufacturière dans le PIB soit
de l’ordre de 23 à 24 % (Confère Cibles de la vision) et que l’exportation de produits manufacturés prenne une
place plus importante dans la structure des échanges extérieurs au détriment des produits primaires.
L’industrialisation, qui est le socle et la pierre angulaire de la vision de développement à long terme du
Cameroun reposera ainsi sur les trois axes fondamentaux suivants : la promotion du secteur manufacturier ; (ii)
le développement des infrastructures et ; (iii) la formation du capital humain.
Sur le moyen terme, la stratégie industrielle mettra l’accent sur l’industrialisation par la promotion des
exportations à travers la transformation et la valorisation des matières premières. Pour cela, les stratégies
viseront à améliorer la productivité des entreprises et à promouvoir la densification du tissu national des
entreprises. A ce titre, le développement du secteur de l’industrie reposera sur six principaux axes :
- La révolution agricole ;
- Le développement des industries extractives ;
- La promotion des PME/PMI et la mise à niveau des entreprises ;
- La compétitivité des filières à fort potentiel de croissance et de création d’emplois;
- L’amélioration du climat des affaires ;
- Le développement de la recherche et l’innovation et de la normalisation technique.
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2. Le développement des industries extractives : le Cameroun dispose d’importantes ressources naturelles
peu exploitées jusqu’à présent en dehors du pétrole. Pour accélérer son industrialisation, le pays compte
intensifier l’exploration puis l’exploitation desdites ressources, en attirant dans ces activités à haute intensité
capitalistique et technologique l’investissement direct étranger. La priorité sera mise au départ sur les filières
hydrocarbures (pétrole et gaz), bauxite – alumine - aluminium, fer - acier et nickel - cobalt dans lesquelles les
initiatives en cours devront rapidement se concrétiser dans de grands projets structurants.
3. La promotion des PME/PMI et la mise à niveau des entreprises: La promotion des PME/PMI couplée à la
mise à niveau globale des entreprises sera le principal axe de la politique de modernisation de l’appareil productif, de
dynamisation et de revitalisation du secteur privé et de création d’emplois décents. La mise à niveau, le regroupement
et le renforcement des PME/PMI constitueront en effet désormais le second volet dans tout grand projet de partenariat
Etat/secteur privé : il comprendra notamment des engagements contractuels pour assurer la participation des
entreprises locales (essentiellement les PME/PMI) à la réalisation du projet à hauteur au moins du tiers du coût global
de l’investissement, ainsi que des dispositions réglementaires particulières et des appuis spécifiques selon les cas. Il
s’agit entre autres de l’assistance aux PME/PMI dans les efforts de renforcement de leurs capacités managériales et
technologiques, la mise sur pied d’un réseau organisé de PME/PMI (promotion des clusters), la création d’une
structure de garantie du crédit pour le financement. Ces appuis spécifiques seront accompagnés par l’adoption de
mesures portant sur l’aménagement d’un environnement propice au développement des PME/PMI telles que
l’institutionnalisation de la sous-traitance.
Pour atteindre les objectifs d’industrialisation, la promotion des projets industriels passera par : (i) l’amélioration
de l’attractivité du pays pour attirer plus d’investissements directs étrangers ; (ii) la promotion des instruments de
mobilisation de l’épargne nationale et de canalisation de cette épargne vers le financement des industries en
général et des PME/PMI en particulier; (iii) la sécurisation des investissements et ; (iv) la maîtrise de l’ensemble
des risques industriels et environnementaux.
5. L’amélioration du climat des affaires : Il s’agit de l’un des objectifs majeurs de la stratégie de gouvernance.
Il intègre plusieurs aspects liés notamment au rôle de l’Etat (orientation, partenariat, sécurité, gouvernance
économique, liberté…), au système judiciaire (crédibilité, rapidité, accessibilité et spécialisation) ; aux procédures
administratives et coûts de création ou de fermeture d’une entreprise (nombre de procédures, durée, frais, facilité
dans l’octroi des licences, …). ; à la fiscalité ; aux procédures d’embauche et de licenciement ; aux procédures et
coûts de transfert de propriété ; à la facilité de financement (accès au crédit), à la protection des investisseurs ;
aux procédures et coûts d’importation et d’exportation. D’autres facteurs d’attractivité du pays sont liés à la
disponibilité des infrastructures et services d’appui (communications, télécommunications, énergie, …) et au
capital humain du pays.
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l’utilisation des résultats de la recherche par les entreprises; (ii) promouvoir, accompagner et dynamiser la
Recherche-développement nationale en renforçant les institutions de recherche, en encourageant les entreprises
à innover davantage et en développant des partenariats étroits entre les centres de recherches et les
entreprises ; (iii) promouvoir l’utilisation des matériaux locaux ; (iv) développer et appliquer une réglementation
technique adéquate.
Par ailleurs, il sera envisagé des actions en faveur la promotion la sensibilisation des entreprises à la
normalisation et au contrôle de la qualité et à la mise en place d’un système national d’accréditation et de
certification des produits.
Comme l’ensemble des infrastructures, les infrastructures de communications (routes, ouvrages d’art, ports,
aéroports, voies ferrées, gares, …) et de télécommunications constituent des supports physiques
d’accompagnement de la production qui sont à la fois des facteurs de production et générateurs de richesse et
d’emplois.
En matière de routes, l’objectif majeur affiché à travers la vision est de porter la proportion actuelle de 10% du
réseau routier bitumé à plus de 30% (Confère Cibles de la Vision). S’agissant des infrastructures ferroviaires,
l’objectif à court et moyen terme est d’améliorer l’état du réseau ferré existant. A long terme, il s’agira de bâtir un
nouveau réseau de chemin de fer obéissant aux normes modernes, électrifié et réellement capable
d’accompagner à la fois le développement des industries extractives, l’intégration de l’espace économique
national et le processus d’intégration régionale. Pour ce qui concerne la façade maritime du Cameroun, l’option
est de tirer au maximum profit de la position géographique stratégique du pays en développant et modernisant
l’ensemble des ports en un système cohérent et intégré, susceptible de renforcer fortement l’attractivité du pays.
Les ports en eaux profondes de Kribi et Limbé seront ainsi construits tandis que le port de Douala sera
modernisé et verra sa capacité d’accueil renforcée.
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- le développement de l’approche de partenariat Public/privé ;
- l’intensification des partenariats avec les investisseurs privés nationaux et étrangers.
Concernant les télécommunications, l’objectif est d’améliorer l’accès numérique au travers de stratégies
appropriées en termes de développement des réseaux, d’appropriation et de vulgarisation des TIC. Il s’agira de
s’appuyer sur l’apport des services des télécommunications pour relever durablement le décollage industriel du
pays. Les orientations stratégiques porteront essentiellement sur :
- la mise en place d’un cadre institutionnel et stratégique approprié ;
- l’élaboration et la mise en place d’un cadre légal et règlementaire sous-tendant le commerce
électronique, qui s’inspire des bonnes pratiques des pays développés notamment en matière de
taxation, d’informations et de contrats ;
- la libéralisation des TIC et le renforcement de la concurrence dans ce secteur ;
- le développement des infrastructures appropriées en termes de débit des réseaux, de connectivité,
de sécurisation des transactions ;
- le développement d’une industrie de logiciels et des centres de télétraitement ;
- le renforcement des capacités de régulation ;
- l’adoption des incitations pour favoriser le développement de l’entreprenariat dans les TIC ;
- le développement d’une masse critique de compétences à travers la mise en place des formations
professionnelles adéquates, en vue d’assurer la maîtrise nationale des technologies utilisées dans
le secteur.
La situation de la production de l’énergie au Cameroun se caractérise par un déséquilibre entre une offre instable
et inégale d’une part, et une demande croissante d’autre part. Le développement industriel préconisé à travers la
vision nécessite une production et une distribution énergétique adéquate qui est un intrant commun à toutes les
entreprises et un facteur essentiel du fonctionnement de l’économie et d’amélioration des conditions de vie des
populations. Le rattrapage du déficit énergétique portera ainsi sur les axes suivants : (i) l’accroissement de la
production d’électricité en s’appuyant en priorité sur la valorisation du potentiel hydroélectrique et gazier du pays;
(ii) l’intensification de l’exploration et une meilleure valorisation des ressources pétrolières ; (iii) la valorisation des
énergies alternatives et ; (iv) l’extension et la modernisation des installations et équipements de transport et de
distribution. Par ailleurs, le secteur de l’énergie sera l’un des principaux champs d’expression du partenariat
Etat/secteur privé.
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œuvre du plan stratégique de développement gazier s’appuiera au départ sur l’utilisation du gaz pour la
production d’électricité, à travers notamment la réalisation du projet de centrale thermique à gaz de Kribi et la
conversion de certaines centrales à fuel lourd en centrale à gaz. D’autres utilisations du gaz seront développées.
A terme, il s’agira pour notre pays de diversifier les sources de production d’électricité en disposant de capacités
thermiques (gaz & fuel lourd) représentant environ un tiers des capacités totales de production d’électricité.
3. la valorisation des énergies alternatives : La production hydro électrique dans de grandes centrales sera
complétée par le développement des mini centrales hydroélectriques et par la valorisation des autres types
d’énergie et notamment des énergies renouvelables telles que les énergies solaires et éoliennes pour lesquelles
le pays dispose de réelles potentialités. Des mesures incitatives à cet effet seront prises, notamment pour
l’approvisionnement en services énergétiques des régions rurales isolées et des zones frontalières.
Dans l’optique de l’industrialisation, la stratégie de développement social visera à développer le capital humain et
à améliorer le niveau de développement humain. Elle permettra le relèvement des indicateurs d’espérance de vie
à la naissance, de santé, d’éducation, d’emploi et de participation à la vie sociale.
La stratégie de développement social portera ainsi sur : (i) l’amélioration du système de sécurité sociale à travers
l’élargissement progressif de sa couverture des risques sociaux et son extension également progressive à toutes
les couches de la population, en veillant toutefois constamment à préserver l’équilibre financier du système et à
pérenniser ses acquis ; (ii) une plus grande performance du système éducatif par, l’amélioration qualitative et
quantitative de l’offre scolaire notamment la facilitation de l’accès et de la qualité à l’éducation primaire pour les
couches pauvres de la population, la professionnalisation des enseignements et leur adaptation aux besoins de
l’emploi ; (iii) l’amélioration de l’offre des services et prestations de santé ; (iii) le renforcement du rôle social de la
femme et de son autonomie financière ainsi que ceux des autres groupes marginaux ou marginalisés et ; (iv) la
mise en œuvre d’une politique volontariste d’appui à la création d’emplois décents impliquant l’amélioration du
dispositif d’insertion professionnelle et la refonte du système d’apprentissage.
Par ailleurs, le renforcement des ressources humaines mettra un accent sur la formation technique et
professionnelle. A cet effet, le développement des écoles de formations spécialisées et des centres de formation
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professionnelle modernes sera renforcé. L’accent sera également mis sur le partenariat avec le milieu
professionnel et sur l’orientation des élèves, particulièrement des jeunes filles, dans les filières scientifiques et
techniques.
L’intégration sous régionale et régionale est depuis l’indépendance l’un des piliers de la politique extérieure du
Cameroun. Pour la vision, ce choix procède de la nécessité de construire un ensemble homogène et structuré
pour relever avec les pays frères le pari du développement et affronter en coopération les défis de l’intégration
dans la sphère mondiale. Pour le décollage industriel, l’objectif est de créer un marché sous régional unique
permettant de mieux résister aux chocs extérieurs, de profiter des économies d’échelle pour intensifier les
échanges intra-régionaux, de bénéficier des avantages d’une spécialisation locale et de mener certains projets
communs en évitant des gaspillages et des redondances. L’intégration régionale constitue ainsi l’option
stratégique choisie par le Cameroun pour réussir son insertion dans l’économie mondiale
La stratégie d’intégration régionale sera axée autour du renforcement et de la rationnalisation des intitutions et
des mécanismes de convergence et d’intégration (politique, économique et monétaire) en Afrique en
commençant par l’Afrique Centrale, la suppression de toutes les entraves aux échanges intra-régionaux afin
d’aboutir à un espace économique unique et intégré, la mise en place de politiques communes dans les
principaux domaines de la vie économique et sociale pour éviter de créer des distorsions et des déséquilibres
préjudiciables à la cohésion régionale, la concertation voire la mise en commun des moyens pour la défense des
intérêts communs au plan international (APE, OMC, ONU, …) et la solidarité sous régionale.
La stratégie d’intégration internationale vise d’une part à répondre au défi d’anticipation et d’adaptation face aux
évolutions géopolitiques et stratégiques mondiales et d’autre part à tirer le meilleur parti de la mondialisation et
sa cohorte de facteurs de risques et d’incertitudes pour l’avenir. L’évolution économique du Cameroun ne
pouvant plus être dissociée de celle du reste du monde, il convient d’anticiper le positionnement dans la
compétition économique entre les trois principaux ensembles économiques au Monde à savoir l’Amérique du
Nord, l’Europe et l’Asie du Sud-Est, tout en tenant compte de l’irruption de plus en plus affirmée de nouveaux
pays émergents sur la scène économique et diplomatique internationale.
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La stratégie d’insertion internationale sera ainsi portée par les pilliers qui fondent la diplomatie et les relations
extérieures dans un monde de plus en plus multi-polaire, pour permettre au pays de tirer profit de sa position
stratégique dans le Golfe de Guinée et de son rôle de jonction entre le Nigeria et l’Afrique centrale dans le
positionnement géostratégique des puissances industrielles autour du Golfe de Guinée.
La politique de développement décrite dans la Vision sera mise en œuvre dans un contexte d’affirmation du rôle
stratégique de l’Etat et de mobilisation des divers partenariats, notamment avec le secteur privé local, la société
civile et les Partenaires techniques et financiers internationaux.
2. la régulation économique : il s’agit pour l’Etat de concevoir, mettre en œuvre et suivre l’appareil
institutionnel et le dispositif légal et réglementaire qui encadrent l’action de tous les opérateurs et dont le champs
porte notamment sur la concurrence, la norme, l’organisation du travail, les mécanismes du commerce extérieur,
etc, dans le but de garantir le bon fonctionnement du système économique.
2. l’appui et l’intervention : Modulés selon les cas, les appuis de l’Etat viseront à accompagner le secteur privé
dans le cadre d’un partenariat fertile. Ces appuis consisteront à lever les blocages opérationnels à travers : (i)
des appuis financiers, directs par le biais des subventions, ou indirects par l’offre de garantie auprès des
partenaires financiers ; (ii) l’encadrement et l’accompagnement technique ; (iii) l’appui à la promotion notamment
à travers l’organisation des foires de promotion et ; (iv) l’information économique et sociale. L’action de l’Etat
portera également sur une participation directe dans la production en fonction des circonstances, notamment
dans le partenariat avec le secteur privé national ou étranger (prise de participations dans les investissements
structurants).
Le nouveau paradigme économique de l’Etat ainsi décliné nécessitera une modernisation et une évolution des
mécanismes, des instruments et des capacités opérationnelles de l’administration publique. L’avènement d’un
Etat flexible, agile et opportuniste suppose en effet le renforcement des institutions, l’existence de cadres et de
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mécanismes incitatifs au sein de la fonction publique qui promeuvent la compétition dans l’accès aux postes de
responsabilité, récompensent le mérite, la compétence et l’efficacité, encouragent l’initiative et favorisent la
participation.
Le partenariat avec les secteurs privés national et étranger est l’une des articulations majeures du nouveau rôle
économique de l’Etat préconisé à travers la vision de développement à long terme. Au plan interne, une réforme
importante du cadre législatif a été entreprise et le partenariat Etat/secteur privé est actuellement régi par un
cadre juridique articulé autour de la loi N°2006/012 du 29 décembre 2006 fixant le régime général des contrats
de partenariat. De nombreux cadres de concertation au plus haut niveau sont opérationnels pour impliquer le
secteur privé dans la définition et la mise en œuvre de la politique nationale de développement.
La promotion du secteur privé sera articulée autour de la promotion des formes appropriées de partenariat
public-privé – telles que les contrats de gérance, les joint-ventures, les opérations de leasing, les concessions,
l’affermage, les contrats de type Build-Operate and Transfer (BOT) ou de type Build-Own and Operate (BOO) –
afin d’intéresser les investisseurs privés nationaux ou étrangers à la réalisation et/ou à la gestion des projets de
industriels et d’infrastructures.
Dans le cadre de la vision, cette orientation du partenariat sera renforcée autour des trois axes suivants : (i)
concertation et dialogue ; (ii) promotion des entreprises et notamment des PME/PMI ; (iii) participation dans les
secteurs stratégiques et les grands projets structurants.
1. Concertation et dialogue : La mise en place et le fonctionnement effectif des cadres de concertation entre
l’Etat et le secteur privé seront assurés pour établir une relation de collaboration construite et plus féconde. Leur
efficacité sera renforcée par le suivi de l’effectivité de la mise en œuvre de leurs recommandations. Le secteur
privé, moteur de la croissance sera ainsi associé dans les choix et les orientations économiques pour une
meilleure appropriation et une synergie indispensable pour atteindre les objectifs de la vision de développement
à long terme.
2. Promotion des entreprises et notamment des PME/PMI : La promotion des PME/PMI vise en particulier
la densification du réseau d’entreprises nationales, l’amélioration de leur compétitivité afin de relever le défi de
mutation du secteur informel et de résorption du sous emploi. Cet appui portera sur : (i) des dispositions
réglementaires et institutionnelles favorables à l’émergence et le développement des entreprises
(l’implémentation de la charte des investissements et des codes sectoriels, simplification des procédures,
création des institutions et des modes appropriés de financement, institution de la sous-traitance, le
développement des infrastructures des normes et de l’assurance qualité, …) et ; (ii) des appuis opérationnels en
termes de subventions et d’accompagnement technique (actions de promotion de l'entreprenariat, appropriation
des technologies, remise à niveau, …).
3. Participation dans les secteurs stratégiques et les grands projets structurants : Face à l’ampleur des
besoins du pays notamment en infrastructures de transport, d’énergie, de logement, d’éducation, de santé et de
tourisme, et vu le coût élevé des investissements à réaliser dans ces domaines, les prises de participation de
l’Etat dans les secteurs stratégiques et les grands projets sera le troisième axe de développement du partenariat
Etat/secteur privé.
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III.5.3. Partenariat avec la société civile
En tant que partenaire stratégique de l’Etat, la société civile sera mobilisée suivant les quatre fonctions qui lui
sont dévouées : (i) offre de services sociaux pour la lutte contre la pauvreté et la promotion sociale, notamment
des groupes marginalisés ; (ii) autorité morale pour la sauvegarde et la promotion du patrimoine culturel national,
la promotion des valeurs communes, la lutte contre les forces centrifuges ; (iii) creuset de participation et de
mobilisation sociale pour l’intégration des forces productives et la démocratisation dans un contexte de
décentralisation; (iv) activité de veille pour la défense des droits humains en général, et notamment ceux des
travailleurs, des femmes, des enfants, des minorités, etc. et pour l’élargissement du processus de
démocratisation.
Dans un contexte d’ouverture et d’intégration de plus en plus large de l’ensemble de la communauté humaine, la
stratégie de partenariat international visera à assurer l’insertion effective du Cameroun dans la sphère
internationale et se présente comme une nécessité pour affronter, de concert avec l’ensemble de la communauté
internationale les défis qui interpellent l’ensemble de la planète. Dans le cadre de la Vision, la stratégie de
partenariat avec les Partenaires Techniques et Financiers (PTF) s’articulera autour de deux axes : (i)
l’amélioration de l’efficacité de l’aide et des relations de coopération au développement existantes ; (ii) la
diversification et le développement de nouvelles formes de partenariat. D’une manière générale, il sera question
de revoir, élargir et améliorer la nature et la portée de la contribution des partenaires extérieurs au processus de
développement du Cameroun.
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III.6 STRATEGIE DE LA GOUVERNANCE
2. l’amélioration du système judiciaire : il s’agira de renforcer les effectifs du personnel, créer de nouvelles
juridictions, adapter les mécanismes et les procédures au contexte sociologique pour accroître la vitesse de
traitement des dossiers, de prononcé des verdicts et l’exécution des décisions de justice. Elle devra également
s’élargir sur les terrains nouveaux de l’arbitrage, qui deviennent le mode favori, pour les milieux d’affaires
internationaux de règlement des différends.
3. La culture démocratique : son renforcement passera dans un premier temps par la mise en place effective
d’organes institutionnels et l’adoption de mécanismes de régulation encore plus fiables, opérationnels et
transparents. Ceux-ci permettront progressivement une meilleure participation des différents acteurs aux
processus électoraux, une amélioration de la qualité des débats politiques.
4. La décentralisation : déjà prévue dans la Constitution de 1996, sa mise en œuvre effective permettra de
libérer les énergies au plan local et d’assurer une meilleure proximité entre les choix politiques et les décisions
opérationnelles. Au vu des résultats auxquels aboutira le processus actuel de décentralisation, une nouvelle
impulsion pourra être donnée à mi-parcours de la période de la Vision à travers un élargissement de l’application
du principe de subsidiarité. Il apparaît cependant nécessaire d’intensifier les actions de renforcement des
capacités des Collectivités Territoriales Décentralisées et des services déconcentrés de l’Etat, pour se donner les
meilleures chances de réussite de cette politique.
5. Le renforcement des capacités opérationnelles de l’Etat : Ce renforcement portera aussi bien sur la
gestion stratégique du développement, les outils et instruments de pilotage, les mécanismes et procédures
administratifs, la rénovation des modes de recrutement et de gestion des ressources humaines, la réforme de
l’ingénierie financière de l’Etat, l’introduction de la gestion axée sur les résultats afin de doter l’Etat de capacités
et de moyens appropriés pour lui permettre d’assumer ses rôles dans le nouveau paradigme défini à travers la
présente vision.
6. La gouvernance d’entreprise : Au moment où l’on insiste sur les méfaits de la corruption dans le climat des
affaires et la compétitivité des entreprises, il sera question de revisiter le rôle de l’entreprise et entreprendre des
mesures incitatives pour encourager celles-ci à s’organiser pour combattre et atténuer ce fléau. Il sera par
ailleurs important de veiller à la qualité et à l’application effective des normes comptables et d’amener les
entreprises camerounaises à appliquer les principes transparence et de publicité de leurs comptes.
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Q UATRIEME PARTIE .
FINANCEMENT DE LA VISION
Page 46
IV.I. RESSOURCES POTENTIELLES
La réalisation de la Vision exige l’exploration et la mobilisation de toutes les sources de financement pour réduire
la vulnérabilité aux chocs internes et externes. En effet, les sources potentielles de financement sont variées et
présentent chacune des caractéristiques particulières selon les principaux acteurs institutionnels que sont l’Etat,
le secteur privé et les ménages.
1. Pour l’Etat : les principales sources de financement sont les recettes fiscales et non fiscales, les
revenus des placements, les emprunts publics sur le marché national et international et l’Aide Publique
au Développement (Prêts et Dons). La coopération décentralisée en plein essor constitue une source
supplémentaire de financement pour les collectivités territoriales décentralisées.
2. Pour le secteur privé : Les ressources potentielles sont constituées de l’épargne des entreprises, du
financement bancaire, des marchés financiers nationaux, régionaux et internationaux, de l’épargne des
ménages et des associations en joint venture (IDE).
3. Pour les ménages : les revenus du travail, les prestations sociales, les transferts de la diaspora, les
revenus financiers et les emprunts auprès du secteur financier forment les principales sources de
financement.
Parmi les ressources potentielles, un accent particulier sera porté sur l’épargne nationale (publique et privée),
dont le taux reste encore plafonné autour de 15%. En particulier, l’épargne publique qui constitue un puissant
instrument de politique économique, à travers son recyclage en investissements productifs, pourra connaître une
évolution à la hausse avec la réalisation prochaine des projets miniers annoncés qui pourront dégager
d’importantes royalties à l’Etat. Quant aux transferts de la diaspora, leur volume devra s’accélérer avec le
développement des TIC et la diffusion de la monnaie immatérielle, au regard de l’effectif sans cesse croissant de
cette diaspora.
Les appuis dans le cadre du partenariat resteront fortement tributaires des engagements internationaux, du
dynamisme et de l’habilité de la diplomatie et de la coopération, ainsi que des événements conjoncturels comme
des crises économiques, politiques ou sociales. L’évolution des IDE qui constituent une source d’impulsion de la
croissance économique, tant par l’apport des capitaux que par le transfert de technologies et l’accès aux
marchés de l’exportation sera essentiellement tributaire de l’attractivité globale du pays. Ce sont ces
caractéristiques qui guideront les modalités de mobilisation de chaque type de ressource.
Les mécanismes de mobilisation seront adaptés aux spécificités de chaque source de financement et de chaque
acteur institutionnel.
Pour l’Etat en particulier, la mobilisation efficace des ressources potentielles passera par : (i) une politique fiscale
adéquate ; (ii) une stratégie appropriée d’accroissement des recettes non fiscales ; (iii) une politique
d’endettement ambitieuse mais prudente ; (iv) l’amélioration de l’attrait des IDE et ; (v) un élargissement et une
amélioration du partenariat pour l’APD.
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1. La politique fiscale : Expression organisée de la solidarité nationale, la politique fiscale restera soumise au
principe de la progressivité, mettant ainsi à contribution chaque citoyen en fonction de ses revenus. (ceux qui ont
reçu le plus de la nature ou de la collectivité contribuent davantage au maintien de celle-ci). Son principal axe
sera l’élargissement de l’assiette fiscale par une fiscalité modérée, juste et équitable qui n’handicape pas le
développement du secteur productif et l’épanouissement des ménages mais permet en même temps à l’Etat de
remplir ses missions.
2. Les recettes non fiscales : Pour accroître ses recettes non fiscales (royalties, rentes, redevances
domaniales), l’Etat tablera essentiellement sur la mise en valeur des ressources naturelles du sol et du sous-sol.
4. L’attrait des Investissements Directs Etrangers (IDE) : Malgré la crise financière internationale les
opportunités d’attrait des capitaux étrangers demeurent réelles. La volonté des partenaires étrangers à venir
investir au Cameroun demeure importante en raison de sa stabilité politique et sociale, de sa position
géostratégique dans le Golfe de Guinée et des importantes réformes structurelles qui ont abouti à l’atteinte du
point d’achèvement de l’initiative PPTE. Déjà, plusieurs investisseurs originaires de pays différents ont manifesté
leur intention d’investir au Cameroun dans divers secteurs tels que l’agro-industrie, l’industrie, les mines, le
secteur rural. L’amélioration de l’attractivité du pays sera donc une quête permanente. L’amélioration des
infrastructures, le partenariat efficace Etat / secteur privé, le renforcement de la gouvernance, du système
judiciaire et de la sécurité des biens et personnes en seront les leviers principaux.
Par ailleurs, l’accélération de l’intégration sous régionale contribuera à capitaliser les importantes possibilités qui
se présentent pour le Cameroun. Elles portent notamment sur la mise en œuvre des chantiers régionaux tels que
la Transafricaine, les routes internationales, les interconnexions électriques. La proximité du grand marché
Nigérian offre l’opportunité d’un important débouché facilement accessible pour l’implantation des industries au
Cameroun.
5. L’Aide Publique au Développement : Sous toutes ses formes, la contribution de l’APD au financement de
l’économie et au développement du pays a toujours été importante, notamment dans les secteurs sociaux et
dans la réalisation des grands travaux d’infrastructures. Pour cette catégorie de ressources, l’accent sera mis,
d’une part, comme mentionné dans la stratégie de partenariat, sur l’élargissement des partenaires et l’exploration
de nouvelles formes de partenariat et d’autre part sur l’amélioration de l’efficacité de l’aide selon les termes de la
Déclaration de Paris.
Une meilleure mobilisation des sources de financement du secteur privé et des ménages requiert préalablement
une amélioration en qualité et en quantité des financements possibles. Elle pose en particulier le problème de la
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productivité des entreprises et de la qualité du système bancaire, aussi bien dans sa couverture du territoire
national que dans la diversification et la pertinence des services financiers proposés. La stratégie à mettre en
œuvre pour la mobilisation de l’épargne nationale consistera à améliorer sa collecte et à la rendre plus rentable.
Elle comprend trois axes, à savoir la promotion des banques de proximité, des marchés financiers locaux et des
institutions financières spécialisées. Une meilleure gouvernance d’entreprise favorisera la canalisation de cette
épargne vers l’investissement productif.
1. Les banques de proximité : L’implantation des banques dans les grands centres urbains et les conditions
d’ouverture d’un compte limitent l’accès de petits épargnants au secteur financier structuré. Ces facteurs
favorisent le développement de la finance informelle qui assure un meilleur quadrillage du territoire, mais souffre
d’importantes insuffisances telles que le manque de professionnalisme, la faible pérennité de l’activité, un mode
de gestion opaque, un excès de concentration sur les mêmes segments de marché suscitant une concurrence
corrosive et une mauvaise canalisation des flux financiers. La stratégie consistera à mieux les encadrer par un
dispositif institutionnel adapté et à répartir les segments de marché de manière à élargir la base géographique et
sectorielle de leurs activités. Le système sera alors encadré par des institutions faîtières pour : (i) fédérer des
initiatives coopératives collectant des ressources de groupes d’opérateurs organisées (GIC, coopératives, etc.)
et ; (ii) encadrer les multiples associations mutualistes qu’on retrouve aussi bien au sein de l’administration que
dans les autres secteurs.
2. les marchés financiers locaux : La bourse nationale des valeurs mobilières est importante pour attirer les
capitaux privés notamment étrangers, et permet de collecter l’épargne longue pour l’orienter directement vers le
financement des investissements à moyen et long terme. De plus, elle permet aux entreprises de renforcer leurs
fonds propres par appel public à l’épargne, ce qui les met à l’abri de la rigidité des banques classiques. La
stratégie de mobilisation de cette source de financement s’élargira aux marchés de la sous-région, en s’appuyant
notamment sur les institutions de financement du développement.
4. Les ressources de la diaspora : Les transferts de la diaspora constituent la deuxième source de devises
étrangères des pays en développement, après les exportations, mais bien avant les flux d’investissements
étrangers directs et le montant total de l’aide publique au développement6. Au Cameroun, malgré l’absence de
statistiques, l’importance des ressources de la diaspora peut être appréhendée par comparaison : les fonds
envoyés de la France vers le Maroc ont atteint 9% du Produit intérieur brut (PIB) du pays et 7 fois et demie le
montant de l’aide publique au développement. Tandis que le Sénégal a été destinataire de 19% de son PIB ; le
Mali a reçu 11% du PIB et 80% de l’APD, et les Comores 24% du PIB. Ces fonds présentent cependant une
imprévisibilité aussi bien sur le volume que sur la régularité qui perturbent les économies bénéficiaires, d’où la
nécessité de canaliser rationnellement ces flux financiers.
6 Selon les résultats de deux études menées conjointement par la Banque africaine de développement (BAD) et le ministère français de
l’Economie et des finances en 2005 et 2006
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La stratégie devrait à cet effet s’appuyer sur : (i) la création d’un cadre de dialogue permanent entre le
Gouvernement et la Diaspora commerciale ; (ii) la création d’une institution spécialisée pour la Diaspora ; (iii) la
gestion efficace de la question de la double nationalité ; (iv) une campagne de renforcement du patriotisme de la
diaspora camerounaise ; (v) une diplomatie d’encadrement et de protection de cette diaspora : statistiques,
informations, appuis consulaires ; (vi) l’amélioration des systèmes bancaires pour faciliter les transferts de fonds
et l’octroi de crédits et ; (vii) la possibilité d’ouverture aux souscriptions aux bons de trésor.
L’atteinte des objectifs que se fixe la vision de développement du Cameroun est subordonnée à la mise en
œuvre effective des programmes et projets d’investissement qui en découleront. Cette mise en œuvre se fait à
travers un outil opérationnel de moyen terme comme cadre de référence des politiques du Gouvernement.
Cet outil doit permettre au Cameroun d’avoir une réelle maîtrise de ses priorités et être approprié par l’ensemble
des acteurs. Il sera le lieu de convergence de toutes les actions de développement autour duquel s’exerce la
coordination de l’ensemble des ressources. Pour ce faire, le cadre de référence doit être une stratégie nationale
de développement : (i) appropriée et partagée par l’ensemble des acteurs nationaux ; (ii) réaliste notamment au
sens du financement possible et ; (iii) qui s’impose à tous les partenaires au développement.
C’est à travers ce cadre que l’Etat précisera à chaque période son rôle d’orientation stratégique qui devra se
décliner en stratégies sectorielles et thématiques à implémenter par le budget de l’Etat.
La rationalisation des allocations reposera sur une programmation des actions et une allocation optimale des
ressources budgétaires à moyen terme (3 ou 5 ans). Au niveau central, il sera question de procéder le plus
exhaustivement possible à une bonne estimation des ressources budgétaires attendues et d’allouer de manière
optimale les ressources budgétaires selon les priorités de la période suivant les critères de lisibilité et de
pertinence clairement établis.
Au niveau ministériel, une affectation prioritaire des ressources aux projets retenus dans la stratégie sera faite
dans une approche de budget programme. La budgétisation doit se caler sur la première année de la
programmation budgétaire à moyen terme, afin que de manière progressive, les pouvoirs publics impulsent
l’action des opérateurs économiques.
La rationalisation de l’allocation des ressources passe également par la mise en place d’un véritable cadre de
suivi – évaluation, ce qui donne la possibilité de réorienter les activités et d’éviter des discontinuités dans l’action
de l’Etat. Le suivi – évaluation sera concrétisé par l’élaboration en fin d’exercice, au niveau des ministères ou des
agences d’exécution, des rapports d’exécution du budget et d’évaluation des Programmes et des stratégies.
Dans ces rapports, l’accent doit être mis sur l’écart entre la planification, la programmation, la budgétisation, les
engagements et les réalisations effectives dans une approche de gestion axée sur les résultats.
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C INQUIEME PARTIE .
L ES MENACES , RISQUES ET HYPOTHEQUES
L’objectif de devenir un pays émergent, démocratique et uni dans sa diversité à l’horizon de 25-30 ans est sujet à
un ensemble de risques et d’incertitudes susceptibles de le rendre rédhibitoire. Il peut s’agir de situations
incertaines, de dangers plus ou moins prévisibles, de paris risqués, ou d’autres hypothèques.
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V.1 AU NIVEAU INSTITUTIONNEL ET POLITIQUE
Les leviers de l’Etat démocratique moderne auquel aspirent les camerounais sont : le renforcement des acquis
de la bonne gouvernance, de la décentralisation, des élections libres et transparentes, de la réduction de
l’insécurité, de l’équité et de la juste répartition des fruits de la croissance.
Le défi de la démocratisation pour lequel le Cameroun a fait quelques avancées reste une préoccupation
essentielle. Plusieurs facteurs peuvent ébranler ces quelques acquis.
La question de la transition politique. Depuis son indépendance, le Cameroun a connu une seule transition
politique à la tête de l’Etat, qui s’est faite de manière pacifique et exceptionnelle. Les prochaines transitions
devraient, selon la Constitution, résulter d’élections. Les éventuelles dérives et des contestations qui ont jusqu’ici
toujours suivi la tenue des élections au Cameroun, ne sont pas à négliger. Le risque d’une instabilité de nature à
remettre en cause la continuité des institutions républicaines au cours du processus de transition politique existe.
Il pourrait constituer un point critique pour le processus démocratique et pour le développement.
L’indépendance du pouvoir judiciaire. Dans le contexte actuel où le Président de la République nomme les
magistrats et préside le Conseil Supérieur de la Magistrature, il est difficile, de concilier l’aspiration d’une justice
indépendante et accessible à tous exprimée par les populations avec l’organisation administrative actuelle. En
effet, les magistrats forment un corps de fonctionnaires dont les modalités de recrutement obéissent aux mêmes
canons que les autres agents publics. Ils n’ont donc pas d’onction populaire et ne jouissent pas d’une légitimité
identique à celle des députés ou du Président qui sont élus.
A l’image de certains pays, deux voies différentes et quelquefois complémentaires sont possibles : soit l’élection
des juges, soit le système de jury où les magistrats n’ont qu’un rôle technique de gestionnaires des débats. Au
regard des coûts économiques, de la sociologie, du niveau bas de la connaissance par les citoyens du droit
positif qui est venu se superposer au droit traditionnel, il paraît difficile d’appliquer ces méthodes au Cameroun.
Cette apparente contradiction entre les nécessités opérationnelles et les exigences de la démocratie pourrait
également constituer une menace pour la vision vue sous l’angle de la séparation des pouvoirs.
La justice sociale. Les exigences d’égalité et d’équité sont généralement antagoniques. La discrimination
positive conduit à avantager une ou plusieurs communautés données, pénalisées par un retard ou une faiblesse
particulière qui les empêcherait de compétir dans les mêmes conditions que les autres. Dans une nation
segmentée au niveau sociologique, la discrimination positive vise à inhiber des pulsions centrifuges des
communautés qui s’appuieraient sur une faible représentativité pour justifier des comportements revendicatifs et
entraîner des désordres civils. Ce principe est unanimement accepté dans sa formulation générale, mais sa
déclinaison opérationnelle donne régulièrement lieu à des interprétations différentes, car elle s’oppose de fait au
principe d’égalité et va à contre sens des exigences de performances.
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Une clé de répartition dynamique entre les deux exigences s’impose à long terme : une fraction devrait obéir au
principe de justice, une autre au principe d’équité, celle-ci s’amenuisant au fil du temps suivant une formule
consensuelle. Sinon, le risque est grand de voir des revendications irrédentistes se multiplier et entraver la bonne
marche du pays ve
rs l’atteinte de son objectif de long terme.
La participation étant devenue l’une des clés de réussite de toute initiative de développement, réaliser la vision
de développement du Cameroun dépendra de la manière par laquelle les populations dans leur ensemble seront
associées aux mécanismes de gestion. La nécessité d’entreprendre des stratégies pour valoriser nos langues
nationales pour leur donner un statut de dignité, puis d’envisager des organisations même péri-administratives
qui les utilisent et permettent à toute la population de participer aux débats sur le développement se perçoit dans
cette perspective.
La décentralisation : Avec l’adoption et la promulgation de la loi n° 96/06 du 18 janvier 1996 portant révision de
la Constitution du 02 juin 1972, la République du Cameroun est devenu un Etat unitaire décentralisé. Ce mode
d’organisation administrative reconnaît aux collectivités territoriales que sont les régions et les communes,
l’autonomie administrative et financière pour la gestion des intérêts régionaux et locaux, avec pour mission de
promouvoir le développement économique, social, sanitaire, éducatif, culturel et sportif de leurs circonscriptions
respectives. Dès lors, la problématique de la décentralisation présente plus d’un défi à relever : le développement
local, la gouvernance et la participation des populations, le pouvoir des élus locaux, etc.
→ Le défi du développement local est connexe à celui de l’aménagement du territoire qui pose la
problématique de la mobilisation différenciée des espaces et de la réalisation d’un territoire économique
intégré.
→ Le défi de la participation, comme mentionné ci-dessus, interpelle la gestion des langues nationales, la
mobilisation sociale et la place de la société civile (voir stratégie de partenariat) aux côtés de l’Etat.
→ Le défi de la démocratisation mis en rapport avec la décentralisation renvoie à la question du pouvoir
des élus locaux qui est appelé à ce renforcer. Cette perspective nouvelle est susceptible d’apporter des
bouleversements dans les modes de gestion et dans la répartition des pouvoirs au niveau national. Si la
décentralisation rapproche le pouvoir du citoyen, et permet par conséquent au citoyen d’intervenir dans
les débats, elle porte les germes d’accentuation de replis identitaires, de déséquilibres, et de
désagrégation et de remise en cause de l’unicité du territoire.
Page 53
V.2 AU NIVEAU SOCIOLOGIQUE ET SOCIAL
De nombreux facteurs qui trouvent leurs origines dans la sociologie se présentent comme des menaces à la
cohésion nationale et au développement économique du pays. Les autres sont des incidences inopinées du
développement économique dont les manifestations sont criardes dans certains pays.
La fragmentation sociologique. Au regard de la forte diversité sociologique qui compose le Cameroun, une
faible domestication des forces sociologiques peut entraîner des dérives telles que la crispation politique, la
recrudescence des dérives irrédentistes et le développement des réseaux d’allégeance. Ces deniers sont
notamment les sectes et les lobbies tribaux qui engendrent des maux tels que le népotisme, le tribalisme, le
clientélisme et sont susceptibles de bloquer la dynamique du système. Une vigilance de tous les temps doit
permettre de réduire sensiblement ce risque dont les éléments annonciateurs de sa présence sont déjà
perceptibles.
La logique familiale contre la logique d’efficacité économique. Les liens ethniques, tribaux et familiaux
déteignent régulièrement sur la gestion des affaires même lorsqu’ils vont à l’encontre de l’efficacité et de la
performance. La logique des relations entretient ainsi l’inefficacité et l’inertie et la tendance s’observe aussi bien
dans le secteur privé que public où les nominations et même les affectations semblent de plus en plus aller à
l’encontre du principe de la recherche de résultats et de la préservation de l’intégration nationale. Le dynamisme
indispensable pour atteindre les ambitieux objectifs de la Vision s’en trouve alors gravement menacé si rien ne
change.
L’esprit d’initiative commune et de copropriété. Aux rangs des conditions requises pour créer des activités
importantes capables de bénéficier des économies d’échelle figurent l’esprit d’entreprise et l’esprit d’association.
Au Cameroun, les Sociétés Anonymes masquent souvent des entreprises familiales, réduisant considérablement
les possibilités de recyclage optimum de l’épargne. En l’absence d’un véritable esprit d’association, les petits
épargnants destinent leurs épargnes aux micros projets individuels ou familiaux qui constituent le secteur
informel. Dans ce secteur naissent et meurent de micros entreprises selon un cycle dont la fréquence est de
courte durée. De plus, les activités informelles échappent au contrôle de l’Etat, fragilisent les structures
économiques formelles et sont génératrices d’une baisse sensible de la productivité de l’économie. Cette
absence du réflexe de regroupement en économie s’aggrave par la méconnaissance et l’absence d’une
législation favorable à la copropriété.
Rôle de la Diaspora. Le Cameroun n’échappe pas à l’accentuation des phénomènes migratoires qui
caractérisent l’époque actuelle. Autant concerné par l’immigration sur son territoire des ressortissants d’autres
pays, il connaît un important mouvement migratoire de ses citoyens vers les autres pays. Bien que l’on ne
dispose pas de statistiques sur la qualité et l’ampleur de ce phénomène, il est évident qu’il concerne en grande
partie des personnes en âge de travailler ou des étudiants. La France compte 30 000 immigrés d'origine
camerounaise ou de nationalité camerounaise, et sachant que ce chiffre n'inclus pas les descendants de
camerounais nés en France.
Dans le contexte actuel, la diaspora se présente comme un potentiel de financement énorme qu’on ne peut
négliger. Les transferts de fonds des migrants dépassent de loin, dans certains cas, le montant de l’Aide publique
au développement (APD) et le volume des Investissements directs étrangers (IDE). En plus de ces transferts
monétaires directs, la diaspora présente plusieurs autres atouts. Elle est à même de servir :
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- sur le plan économique, de relais à la promotion des productions nationales et donc à la conquête des
marchés extérieurs ;
- sur le plan de la coopération, d’élite à même de participer au renforcement des capacités nationales sur
des thématiques nouvelles et dans les négociations internationales ;
- sur le plan politique, de relais pour l’amélioration de l’image de marque du pays ; ses positions
conditionnant souvent considérablement celle des puissances extérieures.
Bien que pouvant ainsi s’inscrire dans le cadre d’échanges interféconds, l’émigration s’apparente davantage
dans le cadre du Cameroun, à une fuite des cerveaux qui hypothèque sérieusement les ambitions
développement puisqu’elle sèvre le pays d’une partie du capital humain pour laquelle le pays a consacré
d’importantes ressources pour la formation. De plus, sa mobilisation se heurte à plusieurs contraintes dont
certaines sont relatives à la question de sa participation aux échéances électorales (vote des camerounais de
l’étranger) et à la problématique de la double nationalité.
L’histoire du capitalisme révèle que cette philosophie économique basée sur le mérite et l’individualisme a
souvent généré des tensions et des calamités sociales qui apparaissent comme des revers inéluctables de la
médaille dont l’essor industriel est l’autre facette. C’est ainsi que des inégalités criardes sont régulièrement
observées dans certaines sociétés pourtant considérées comme évoluées :
- Le développement des bidonvilles : A coté des grattes ciel et des quartiers luxurieux, se développent
des zones d’habitations précaires où règnent la promiscuité, l’insalubrité, la délinquance, l’insécurité et
bien d’autres calamités.
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contexte actuel où les enjeux écologiques prennent une importance particulière avec la menace visible
que constituent les changements climatiques. Le Cameroun, pays à moitié sahélien ressent déjà les
effets néfastes de l’avancée du désert, l’augmentation des amplitudes thermiques, l’instabilité des
saisons, etc.
Le maintien de cette relation entre l’Euro et le franc CFA s’inscrira à long terme dans la problématique générale
de l’intégration régionale et de l’insertion économique internationale. En effet, pour assurer l’intégration
monétaire africaine dans, il est envisagé la création de trois institutions financières 8 avec comme objectif est de
parvenir, vers les années 2020, à une monnaie commune continentale. De même, cette question tient également
une place importante dans le cadre des négociations des Accords de Partenariat Economiques (APE), même si
elle n’apparaît qu’en filigrane.
Ainsi, l’appropriation d’une monnaie continentale dans quelques années, aussi hypothétique soit-elle, doit être
incorporée comme une hypothèse. En tout état de cause, elle confirme le choix clair et définitif des autorités
camerounaises de privilégier les monnaies transnationales à une monnaie nationale.
Par ailleurs, le Cameroun devra développer des stratégies appropriées pour faire face aux autres menaces telles
que la déforestation, les pertes en biodiversité, les pollutions atmosphérique, marines, l’accumulation des
déchets ménagers, les catastrophes industrielles, les marées noires, la dégradation des ressources en eau,
dégradation des sols, le volcanisme, les émanations de gaz toxiques, les glissements de terrains, les
éboulements de rochers et les inondations.
La mise sous tutelle idéologique. Dans le contexte actuel de la mondialisation, le pilotage de la société
mondiale est désormais l’apanage d’Institutions Internationales telles que la Banque Mondiale, le FMI, l’OMC,
l’ONU, la FIFA, l’OHADA, etc. Ces institutions édictent des règles assorties de conditionnalités qui s’imposent à
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tous. Le Cameroun, qui reste relativement endetté, est tenu de respecter celles-ci même s’ils ne participent pas
de ses intérêts vitaux.
L’influence de l’économie nigériane. Le Cameroun et le Nigeria partagent une frontière maritime et terrestre
de près de 1.500 kilomètres. Des conflits sociaux et politiques, parfois militaires y surviennent de mainère
sporadiques. Une bataille plus insidieuse, profonde et inévitable a cours entre les deux voisins : la bataille
économique. Favorisé par sa taille démographique et géographique, le Nigeria n’a cessé d’infléchir la balance de
son coté, à cause d’un manque d’anticipation et même de réaction du Cameroun. Les importations
camerounaises du Nigéria en 1960 representaient moins de 1% ; elles sont passées à 13% en 2003 ; en 2005,
elle atteint 27% et place désormais le grand voisin au premier rang des fournisseurs du Cameroun devant la
France.
De même, le Nigeria est en concurrence directe avec le Cameroun pour l’attrait des capitaux internationaux. Ces
derniers recherchent les meilleures économies d’échelle. Comme le Cameroun et le Nigeria ont pratiquement le
même niveau de développement, la population joue alors un rôle décisif. Il découle de cette logique que le plus
petit pays, en terme d’effectif de la population sera privé des possibilités d’installation des usines de taille
internationale qui préféreront s’installer sur le plus grand marché.
De par la combinaison de ces deux facteurs, le Cameroun vit avec l’influence de l’économie du Nigeria et court le
risque de ne plus pouvoir élaborer une politique économique autonome. Toutes choses qui hypothéqueraient
gravement l’atteinte des objectifs de la Vision si rien n’est entrepris pour renverser la tendance.
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ANNEXES
Critères de choix :
‐ Indicateurs synthétiques () 16‐ Structure de la main d’œuvre (Parts du
‐ Privilégier les indicateurs qualitatifs (poids, primaire, du secondaire et du tertiaire)
taux, proportion,...) au détriment des 17‐ Structure de la rémunération des facteurs de
indicateurs de volume pour éliminer production, partage de la Valeur Ajoutée
l’aspect taille et privilégier l’aspect (Part des taxes, des salaires, des dividendes)
structure 18‐ Taux de mécanisation agricole (Nombre de
‐ Assurer une représentativité sectorielle tracteurs par hectare de terre cultivée)
(couvrir tous les secteurs) 19‐ Proportion de la terre arable exploitée
20‐ Part des dépenses publiques allouées à la
Liste des variables retenues recherche développement
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Annexe 2 : Evolution de quelques indicateurs des pays émergents pris comme
référence (Maroc, Tunisie, Indonésie, Malaisie)
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Années 1960 1975 1985 1990 1995 2000 2003
Maroc 29,22 37,84 44,81 48,39 52,00 55,46 57,42
Taux d'urbanisation Tunisie 36,04 49,85 53,84 57,95 61,95 65,52 67,39
Indonésie 14,59 19,36 26,15 30,59 35,60 40,99 44,10
Malaisie 26,60 37,65 45,91 49,82 53,74 57,42 59,44
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Annexe 3 : Phases empiriques d’un processus de développement industriel
Phases du développement 1 2 3 4 5
Exportation des Première Première Deuxième Deuxième
industriel
biens primaires import-substitution export-substitution import-substitution export-substitution
Structure
commerce / production
a) Matières primaires Exportations Exportations Exportations réduites Importations Importations
c) Produits manufacturés lourds Importations Importations Importations Substitution par les Exportations (substitution des
biens domestiques produits manufacturés légers)
Mesure : …< 11% 11 % <…< 17% 17 % <…< 23% 23 % <…< 24% 24 % <…
« Manufacturing share /GDP »
L’importation des produits L’exportation des matières Le pays dispose peu de matières
premières et les importe par
Le pays substitue l’exportation
conséquent. Le pays substitue
Commentaires manufacturés légers est premières est substituée des produits industriels légers
l’importation des biens manufacturés
substituée par la production par les produits par les produits industriels
lourds par la production locale. Les
locale. manufacturés légers. lourds.
principaux produits exportés sont les
biens manufacturés légers.
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Annexe 4 : Equipe de rédaction
Les travaux de formulation de la vision de développement à long terme du Cameroun ont démarré au début de l’année
2006, sous l’autorité du Ministre d’Etat, Ministre de la Planification, de la Programmation du Développement et de
l’Aménagement du Territoire Monsieur KODOCK Augustin Frédéric, avec l’organisation d’un séminaire de formation
d’une vingtaine de cadres du MINPLAPDAT, animé par des experts de l’Institut des Futurs Africains.
L’élaboration du document de base s’est effectuée à partir de l’année 2007, sous la coordination de Roger MBASSA
NDINE, Docteur en Sciences Economiques et de Gestion, Secrétaire Général dudit Ministère, par l’équipe constituée de
ses collaborateurs suivants :
Cette élaboration s’est intensifiée au cours de l’année 2008 sous la supervision du Ministre de l’Economie, de la
Planification et de l’Aménagement du Territoire, Monsieur MOTAZE Louis Paul qui a donné une impulsion décisive à ce
travail.
En septembre 2008, l’équipe de rédaction, toujours placée sous la présidence de Monsieur MBASSA NDINE Roger,
s’est élargie aux personnalités suivantes :
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- Mme SECKE POUKA Marie Louise Secrétaire Général du MINPMEESA
- M. ABOUEM A BOULL Julien Serge Inspecteur principal du Trésor, Directeur du Trésor au MINFI
L’équipe de rédaction élargie, formalisée sous la dénomination de Groupe de Travail Technique ad hoc, a reçu des
contributions d’horizons divers qu’il a intégrées autant que possible. Ces contributions provenaient de :
Enfin le document portant la vision a ensuite été examiné en février 2009 au cours d’un atelier de consultation nationale,
placé sous le très haut patronage du Président de la République, Chef de l’Etat, Son Excellence Paul BIYA, ouvert par le
Premier Ministre, Chef du Gouvernement, Son Excellence INONI Ephraïm, et clôturé par le Ministre de l’Economie, de la
Planification et de l’Aménagement du Territoire, Monsieur MOTAZE Louis Paul.
Ledit document « Cameroun-Vision 2035 » se présente ainsi comme une œuvre collective.
Nous tenons à remercier sincèrement tous ceux qui ont contribué à son élaboration.
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