Cours 5
Cours 5
Cours 5
Spatialité
Dimensionalité non dimensionalité
Horizontalité verticalité superficie volume
Vaste/x
épais/mince
Perspectivité latéralité
long/court large/étroit
c. La structuration sémique du lexique peut être conçue selon les deux axes
sémiques : PARADIGMATIQUE ET SYNTAGMATIQUE
L’analyse sémique met en évidence la configuration d’un sémème à l’intérieur
d’un ensemble de composants. Les sémèmes s’organisent pour établir des relations
sémantiques entre eux en fonction des deux axes de structuration du lexique :
paradigmatique et syntagmatique.
Au niveau PARADIGMATIQUE on arrive à une organisation du contenu
sémantique en fonction de quelques facteurs :
- 1. Le degré de couverture entre sémèmes/vs/lexèmes correspondant :
si deux ou plusieurs sémèmes différents sont recouverts par un même lexème alors on a
affaire à des rapports naturels caractéristiques au lexique : la POLYSEMIE et
l’HOMONYMIE
Ex. CHAT (Polysème /vs/homonyme)
Polysèmes
I. A. ZOOL. Genre de mammifères carnivores de la famille des Félidés comprenant le lion, le tigre, la
panthère, le lynx, etc. Nom sc. felis. Chat laret, chat sauvage, chat-cervier (v. aussi chat-pard*, chat-tig B.
Lang. cour. Chat de gouttière, chat domestique. Petit animal domestique carnassier, à pelage de couleur
variée souvent noir ou gris, se nourrissant de souris, de petites proies, et de la nourriture servie par ses
maîtres. Chat noir, gris, tigré; petit chat, mère-chatte; chat angora, chartreux, persan, siamois;
miaulement, ronronnement de chat. Un joli chat noir avec de grands yeux verts (CHAMPFLEURY, Les
Aventures de Mlle Mariette, 1853, p. 72) :re*) :
C. P. métaph. [Appliqué à une pers. et surtout à une femme] 1. Personne dont certains traits physiques et
moraux évoquent le chat ou la chatte. Les femmes, ces chattes de velours …
Spécialement
a) Littér. et fam. Chat fourré (p. réf. au manteau d'hermine porté par les juges de Cours d'appel). Juge,
magistrat :
b) Arg. [P. réf. au mot greffier désignant le chat en arg.] Greffier; concierge de prison.
2. Exclamations familières traduisant l'affection, la tendresse ou la compassion. Mon, ma [petit(e), pauvre,
gros(se)] chat(te).
3. Emploi adj.a) [En parlant d'une pers. ou de son attitude] Qui a des manières douces et insinuantes. Un
air chat; une mine chatte; des façons chattes :
b) [Appliqué à un style] Ce style si chat, si gentil
II. Expr. ou loc. fig., fam. ou proverbialesA. Expr. comportant une compar. implicite ou explicite
1. Courir comme un chat maigre. Courir très vite.2. Écrire comme un chat. Écrire mal, au moyen de petites
lettres illisibles :
3. Faire une toilette de chat. Se laver de façon très sommaire.4. S'entendre, vivre comme chien et chat. Se
quereller, vivre en ennemis. Le temps n'est plus où la noblesse et la bourgeoisie vivaient entre elles comme
chien et chat (SANDEAU, Sacs et parchemins, 1851, p. 17).5. Passer comme un chat sur la braise. Aller
très vite et, au fig., passer rapidement sur un fait douteux (cf. A. FRANCE, La Rôtisserie de la Reine
Pédauque, 1893, p. 319).6. Jouer au chat et à la souris. S'épier, se guetter par jeu en reculant toujours
l'instant de la rencontre.
B. Loc. proverbiales1. À bon chat bon rat. Toute défense doit être à la mesure de l'attaque (cf.
VILLIERS DE L'ISLE-ADAM, Contes cruels, Les Brigands à M. Henri Roujon, 1883, p. 251).2. Chat
échaudé craint l'eau froide. Toute expérience malheureuse doit servir de leçon de prudence.
3. Quand le chat n'est pas là, les souris dansent. Quand l'autorité supérieure est absente, les subalternes en
profitent (cf. BALZAC, Eugénie Grandet, 1834, p. 104).4. La nuit, tous les chats sont gris. L'obscurité
efface toutes les différences entre les personnes ou entre les choses (cf. NODIER, La Fée aux Miettes,
1831, p. 162). 5. N'éveillez pas le chat qui dort. Ne réveillez pas une histoire ancienne qui pourrait vous
nuire (cf. GOURMONT, Esthétique de la lang. fr., 1899, p. 281).
C. Autres expr. usuelles1. Acheter (vendre) chat en poche. Conclure un marché sans voir (ou montrer)
l'objet de la vente. Je ne suis pas de ces gens qui, comme on dit, conseillent d'acheter chat en poche...
Venez par ici... Vous les examinerez tout à votre aise (SUE, Atar Gull, 1831, p. 6). Cf. aussi acheter, (ex.
16).2. Appeler un chat un chat (allus. littér. à BOILEAU, Sat., I, 52 : J'appelle un chat un chat et Rolet un
fripon). Dire les choses de manière franche :
3. [P. réf. aux larcins habituels du chat] Avoir d'autres chats à fouetter. Avoir d'autres préoccupations, des
problèmes plus graves à débattre. Ils ont d'autres chats à fouetter que de s'occuper des cinquante mille
amourettes de Paris (BALZAC, Splendeurs et misères des courtisanes, 1844, p. 123). Il n'y a pas de quoi
fouetter un chat. Ceci n'est qu'une bagatelle pour laquelle il est inutile de se donner du mal.4. Avoir un chat
dans la gorge. Être enroué, ne plus pouvoir parler ou chanter. Pauvre petite! Elle aura eu un chat dans le
gosier au moment de faire son trille (G. SAND, La Comtesse de Rudolstadt, t. 1, 1844, p. 7).5. C'est le
chat! [qui l'a fait]. Réponse ironique faite à une personne refusant d'endosser la responsabilité d'un méfait
lorsque l'on est certain de sa culpabilité :
6. Donner sa langue au chat. Renoncer à découvrir la clef d'une énigme, d'une charade, etc. Une fois, deux
fois, trois fois, donnez-vous votre langue au chat? (E. et J. DE GONCOURT, Charles Demailly, 1860, p.
227).7. Emporter le chat. Sortir d'un lieu sans dire au revoir (cf. MÉRIMÉE, Lettres à Francisque Michel,
1870, p. 45).8. Jeter le chat aux jambes de qqn. Rejeter la responsabilité d'une faute sur lui.
9. [P. réf. à l'habitude de laisser le chat à la maison quand on s'absente pour une courte durée] Pas un chat
(Il n'y a). Il n'y a absolument personne. Six heures moins un quart. Il n'y a plus un chat dans les bureaux
(STENDHAL, Lucien Leuwen, t. 2, 1836, p. 349).10. [P. allus. à la fable (LA FONTAINE, Le Singe et le
Rat, livre IX, fable 17)] Tirer les marrons du feu avec la patte du chat. Se servir d'un intermédiaire pour
qu'il effectue des tâches que l'on craint de faire soi-même (cf. BRILLAT-SAVARIN, Physiol. du goût, 1825,
p. 162)
.III. [P. anal. avec I] Emplois techn.A. [P. anal. avec l'aspect physique du chat]1. [Avec les
moustaches] ICHTYOL.a) Chat marin. Espèce de phoque.b) Poisson(-)chat. Un poisson-chat lisse et noir,
dressant, de chaque côté de sa tête moustachue, deux petits glaives translucides (GENEVOIX, Raboliot,
1925, p. 20).2. [Avec l'œil]a) MINÉR. Œil-de-chat. Variété de chrysobéryl présentant des reflets
chatoyants. L'œil-de-chat d'un gris verdâtre, strié de veines concentriques qui paraissent remuer
(HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 59).
b) PEINT. Or de chat. Or massif, utilisé pour dorer les statuettes. Synon. or de Judée, or mosaïque. L'or et
l'argent des chats (...) poudre éclatante des roches micacées ou talqueuses (G. SAND, Nouvelles lettres
d'un voyageur, 1876, p. 97).3. [Avec la langue] PÂTISS. Langue de chat. Petit gâteau sec.
4. [Avec les griffes]a) ARTILL. Instrument dont l'extrémité munie de griffes sert à visiter l'âme d'une pièce
à canon.b) MAR. et PÊCHE. Chat ou chatte. Grappin muni de quatre griffes servant soit à retirer les filets
du fond de la mer, soit à draguer un cordage ou une chaîne d'ancre.
Spéc. Trou du chat (p. compar. avec une chatière). Espace rectangulaire ménagé dans la hune pour
donner passage aux haubans, aux étais et aux gabiers (cf. J. GALOPIN, Cours de lang. mar., Matelotage et
technol., 1925, p. 58, 79).
5. [Avec la queue]
a) Chat à neuf queues. Fouet à neuf lanières dont on se servait autrefois dans l'armée anglaise pour corriger
les soldats et les marins. P. ext., mod. et pop., martinet :
b) Queue de chat. Petit nuage blanc ayant un peu l'aspect d'une queue de chat. Rem.
B. [P. anal. avec certains attributs du chat, ses goûts, son mode de vie]
1. BOTANIQUEa) Herbe au(x) chat(s). [P. réf. à l'attirance exercée par cette plante sur les chats] Herbe
au chat ou menthe de chat. Variété de népéta appelée cataire ou chataire. Nom sc. nepeta cataria (cf.
cataire2) :
Nom commun de la valériane officinale, à fleurs blanches odoriférantes.b) Pied-de-chat. Plante
herbacée de la famille des composées à l'aspect blanc duveteux. Nom sc. antennaria. Ils soupèrent, assis en
rond sur les pieds de chat, les pensées (POURRAT, Gaspard des Montagnes, Le Pavillon des amourettes,
1930, p. 272).2. CHORÉGR. [P. réf. à l'agilité du chat] Saut de chat. Suite de sauts latéraux s'effectuant les
jambes écartées et repliées.3. JEUX (d'enfants)a) Le chat. Poursuite au cours de laquelle celui qui est
rattrapé devient le poursuivant (ou chat). b) Chat perché. Jeu d'équilibre et de poursuite au cours duquel le
dernier joueur à s'être perché après un signal donné par le « chat » devient lui-même le chat et tente
d'attraper l'un de ceux qui ont pied à terre. c) Le chat et la souris. Jeu consistant en une poursuite autour
d'un cercle de joueurs où le joueur désigné (la souris) désigne le chat en le frappant dans le dos; le chat
doit alors suivre rigoureusement la trace de la souris qui serpente entre les bras levés des joueurs.d) Le chat
et le rat :C'est un piquet planté dans la terre, auquel se trouvent attachées deux cordes; le rat tient l'une de
ces cordes et le chat l'autre. Ils ont les yeux bandés; le chat est armé d'une trique, et tâche de rencontrer le
rat, qui dresse l'oreille et l'évite tant qu'il peut. Ils tournent ainsi sur la pointe des pieds, et donnent le
spectacle de leur finesse à toute la compagnie.
C. Arg. [Sans doute par rencontre homon. avec chas] Sexe de la femme.
Homonyme
CHAT2, CHATTE, subst.
A. Vx. Chat ou chatte. Petit bâtiment servant au chargement et au déchargement des navires dans les
ports (synon. allège) ou au cabotage le long des côtes (synon. chasse-marée).
B. Mod., au masc. Yacht à voiles utilisé dans les régates en raison de sa rapidité.
j. CHAMP SYNTAGMATIQUE
Il s’établit selon l’axe syntagmatique. Par exemple le champ du mot idée peut
être fait à partir des environnements dans lesquels ce mot apparaît. Les oppositions
singulier/vs/ pluriel, transitivité /vs/intransitivité, déterminé/vs/non déterminé seront
pertinentes pour préciser le sens de ce mot dans les contextes : avoir une idée, avoir une
idée de qqch( connaître un peu la situation) /vs/ se faire des idées (être inquiet).
C’est pareil pour un verbe tel passer analysé par J. Dubois. Les deux sémèmes
essentiels de passer sont mouvement dans l’espace et mouvement du temps avec leur
raffinement respectif. Ils sont régis par des traits, syntaxiques contextuels :
combinaison avec zéro (les voitures ne cessent de passer, le café passe les jours
passent) ;
Combinaison avec un inf. , adv. attribut (il passe lentement, il passera te
prendre, il est passé capitaine)
Construction indissociable (passer aux ordres, il passe à la radio, etc.)
SÈME, linguistique
L'identification des traits minimaux
Cette même technique, certains structuralistes ont ensuite tenté de l'appliquer à l'analyse
sémantique des morphèmes – en particulier des morphèmes lexicaux appelés lexèmes. De
même que les phonèmes, caractérisables en termes de traits distinctifs (aperture, nasalité,
etc.), permettent d'opposer deux morphèmes différents constituant une paire minimale
(comme tu /du ou tu /ta), de même il devrait être possible d'identifier des traits
sémantiques oppositifs en opérant des commutations entre lexèmes sur le plan du sens.
On travaille ainsi sur des paires minimales de mots dont la différence de sens est réputée
tenir à l'opposition entre deux traits sémantiques. Par exemple en français, « aboyer » et
« miauler » constituent une paire minimale : ils partagent un trait commun, ils sont une
« manifestation sonore buccale » correspondant à « crier », et s'opposent par les traits
« émise par le chien » /« émise par le chat » ; mais « aboyer » s'oppose également à
« mordre », ce qui permet de dégager un trait commun, « animal », et deux traits
différentiels, « activité de la bouche consistant à produire un son » /« activité de la
bouche consistant à saisir et serrer avec les dents ».
Ces traits minimaux, sorte d'atomes sémantiques, ont été appelés « sèmes » par des
linguistes français comme Bernard Pottier ou Algirdas-Julien Greimas, qui ont ainsi établi
les principes de l'analyse sémique, dite aussi analyse componentielle. Dans cette
perspective, le sème se définit comme l'unité minimale de signification non susceptible
de réalisation indépendante, contrairement au morphème, qui constitue un signe
linguistique autonome. Le sème ne se réalise jamais qu'au sein d'une configuration
sémantique, c'est-à-dire d'un faisceau de sèmes qui caractérise le sens du morphème et
que l'on appelle sémème. Considérons, par exemple, deux morphèmes lexicaux parmi
ceux qui participent du champ sémantique des « sièges ». À chacun correspond un
sémème constitué par une somme de sèmes :
chaise = « sans bras » + « avec dossier » + « pour asseoir » + « une personne »,
canapé = « avec bras » + « avec dossier » + « pour asseoir » + « plusieurs personnes ».
On appelle « archisémème » l'ensemble des sèmes communs contenu dans le sémème de
tous les lexèmes considérés : ici il s'agit du sème « pour asseoir », qui peut être exprimé
par le terme générique « siège ».
[...]
Études du lexique
I Lexique et vocabulaire
Lexique : ensemble des formes connues de façon active ou passive par un locuteur
donné.
Vocabulaire : uniquement les formes connues activement par l'énonciateur.
Les vocabulaires sont aussi appelés des jargons. Ils sont utilisés dans un champ donné
par un groupe social particulier. Le lexème devient alors un marqueur sociolinguistique.
Il existe des milliers d'unités lexicales, mais personne ne connaît la totalité de la langue
française. Le vocabulaire courant, appelé vocabulaire fondamental, oscille entre 7000 et
8000 formes pour un locuteur donné.
On ne dispose pas tous de la même batterie lexicale mais tout le monde partage un
vocabulaire général.
Il existe deux types d'opposition dans les lexiques :
vocabulaire actif / vocabulaire passif
Le vocabulaire passif correspond aux termes dont le locuteur connaît la définition mais
qu'il n'utilise pratiquement pas, comme par exemple lexème pour un non linguiste.
Le vocabulaire actif correspond aux unités connues et employées par le locuteur.
vocabulaire fondamental / vocabulaire spécialisé
Certains termes spécialisés peuvent rentrer dans le vocabulaire courant (idiotie,
imbécillité), alors certains termes courants peuvent se spécialiser dans certains
vocabulaires techniques (souris)
et
la description de la chose : tradition encyclopédique (Larousse)
Historique de la lexicographie française à travers les siècles :
alors que
les dictionnaires encyclopédiques décrivent souvent les vocabulaires spécialisés.
Voir la partie du site consacrée aux dictionnaires.
S chaise + + + -
É fauteuil + + + +
tabouret + + - -
M
È
M canapé + - + ø
Hyperonymie / hyponymie
L'hyperonyme est un terme dont le sens inclut les sens d'autres termes : ses
hyponymes.
Les co-hyponymes sont dans un rapport d'inclusion par rapport à un tout :
l'hyperonyme.
ex. mouche est un hyponyme de insecte (son signifié renvoie à un type de...)
Les hyperonymes sont aussi appelés archisémèmes ou archilexèmes.
Pantonymie
Le phénomène consistant à désigner une notion en remontant jusqu'à un hyperonyme
maximal est appelé pantonymie. En cela, des unités lexicales comme "truc", "machin",
"chose", "bidule", qui permettent de renvoyer à des personnes, à des objets, ou à des
notions plus abstraites sont considérées comme des pantonymes.
Passe moi le truc là
Chose est venu me voir hier.
Ne me parlez pas de ce machin a dit De Gaulle à propos de la Société des Nations.
Synonymie
Il s'agit de co-hyponymes qui peuvent se commuter dans un même contexte sur l'axe
syntagmatique et qui ont un nombre important de sèmes en commun. C'est le cas pour
élève et étudiant :
Antonymie
Les antonymes sont des co-hyponymes qui ont des sens opposés car ils contiennent les
mêmes sèmes avec des valeurs positives et négatives inversées.
antonymes stricts bipolaires
mort / vivant
antonymes sériels
o scalaires (graduels)
non cycliques
cycliques réversibles
Les antonymes ont en fait un caractère très synonymique car ils ont un hyperonyme
commun et contiennent les mêmes sèmes (même si leurs polarités sont inversées).
Il arrive d'ailleurs qu'une forme lexicale soit son propre antonyme, c'est le cas pour :
hôte / hôte :
1. invité
2. celui qui invite
louer / louer :
3. à quelqu'un
4. de quelqu'un
guérir / guérir :
5. se remettre d'une maladie
6. rendre la santé à quelqu'un
Polysémie
La polysémie correspond à la propriété qu'ont certaines unités lexicales d'avoir plusieurs
sens :
Katz et Fodor proposent une analyse sémique du sémème "canard" sous forme
d'arborescence dans la tradition générative transformationnelle :
C'est la mise en discours qui permettra de désambiguïser et de rendre les unités lexicales
monosémiques. De polysémique en langue, le lexème devient monosémique en parole :
Il est très rare qu'une unité lexicale soit complètement monosémique en langue, sauf pour
certains lexèmes faisant partie d'un vocabulaire très spécialisé :
hadron = particule chimique susceptible d'interaction forte.
Dans les autres cas, même si l'ambiguïté reste possible au moment de l'énonciation :
Qu'est-ce que c'est que tous ces canards ? (dit devant un lac en écoutant de la
musique)
La plupart du temps, le lexème polysémique passe en discours et se monosémise :
Oh j'ai vu un canard ! (monosémie)
Oh j'ai entendu un canard ! (animal ou fausse note d'un instrument à cuivre ou à
vent)
J'étudie les canards de Lorenz le biologiste. (animal)
J'étudie les canards de Louis Armstrong le saxophoniste. (plutôt les fausses notes
que les animaux dans son jardin).
J'ai aperçu un canard (l'animal et pas le journal à cause de l'instantanéité du procès
apercevoir).
Le réseau qui s'établit entre certaines unités lexicales au moment de la contextualisation
sera appelé isotopie. Par exemple :
- entre canard et biologiste, il existe une isotopie animale,
- alors qu'entre canard et saxophoniste, l'isotopie est musicale.
C'est donc le phénomène isotopique qui fait que le lexème se monosémise en discours.
Homonymie
Il ne faut pas confondre la polysémie avec l'homonymie qui correspond à des sémèmes
qui se prononcent et s'orthographient de la même façon mais qui n'ont aucun sème en
commun.
Il n'y a pas de lien logique entre deux homonymes. Ils viennent, la plupart du temps,
d'étymons différents et ne peuvent pas apparaître dans le même contexte.
Exemple : avocat
1. homme de loi, conseiller juridique et défenseur (du latin advocatus)
2. fruit de l'avocatier (de l'espagnol avocado)
Cependant le critère étymologique n'est pas forcément le plus fiable. Du point de vue
diachronique, il arrive qu'un polysème se transforme en deux homonymes.
C'est le cas d'un terme comme grève qui aujourd'hui renvoie à deux sens bien différents :
1. bord de l'eau
2. action sociale
On a oublié que ces deux lexèmes ont une origine commune. Au siècle dernier, les
ouvriers arrêtaient le travail et se réunissaient en masse sur la Place de Grève au bord de
la Seine à Paris, devenue depuis la Place de l'Hôtel de Ville. On disait alors que les
ouvriers faisaient grève. L'expression est restée mais l'origine en a été oubliée.
Il en va de même pour la forme voler :
1. se déplacer dans l'air
2. s'emparer d'un bien qui ne vous appartient pas
Or, on a oublié que le second sens provient à l'origine du premier. Au douzième siècle,
voler signifiait pour un faucon qu'il poursuivait un petit oiseau pour le chasser.
Aujourd'hui les locuteurs francophones ne reconnaissent aucun sème commun à ces deux
emplois qui donnent lieu à deux entrées différentes dans les dictionnaires.
Les parfaits homonymes ont pour propriété d'être à la fois homophones et
homographes :
Les homophones ne sont pas de parfaits homonymes s'ils ne sont pas homographes et
vice versa :
Un vers de la terre
Sur un ver de terre
Dans un verre de terre
Voilà trois ---- bien terre à terre.
Paronymie
Les paronymes sont des lexèmes dotés d'une similitude formelle mais qui sont
sémantiquement distincts.
consommer / consumer
induire / enduire
Cette ressemblance des formes a des conséquences sémantiques. La distinction de sens
n'est plus aussi accusée et il y a une tendance latente à une sorte de fusion allant vers un
polysème.
Ainsi,
un jour ouvrable
n'est pas un jour où les magasins sont ouverts, comme le pensent la plupart des gens,
mais un jour où on travaille ; ouvrable a la même origine que ouvrage, le verbe ouvrer
(travailler, en ancien français).
V Liens logiques
Ils existe des relations logico-sémantiques entre les sémèmes. Il en existe quatre types
principaux :
relation analogique (ressemblance / identification)
relation topologique (spatiale)
relation chronologique (causatif / consécutif)
relation implicative (extensif / restrictif)
Ces relations sont marquées par une terminologie venant de la rhétorique. La relation
analogique est appelée MÉTAPHORE. On regroupe les trois autres sous l'appellation de
MÉTONYMIE : procédé consistant à prendre un mot pour un autre auquel il est lié par
un rapport logique de contiguïté.
Il existe plusieurs sortes de rapports logiques:
MÉTABOLE (implication non nécessaire)
Cette relation s'établit de façon aléatoire : pourquoi un canard désignerait-il une fausse
note plutôt qu'un corbeau.
Ce zèbre-là,
Cet oiseau-là,
Des gorilles (gardes du corps)
Chose désignée par ce qui l'implique (on désigne l'effet par le nom de sa
cause)
Un Picasso,
Un blaireau (le poil de l'animal engendre la brosse)
o RELATION TOPOLOGIQUE SYNECDOQUE : Type de métonymie
consistant à utiliser la partie pour le tout (ou le tout pour la partie).
(relation topologique)
Vous le masque, approchez !
Les pieds noirs
Les peaux rouges
Ils n'ont plus de toit.
Holonymie / Méronymie
La logique topologique est très empirique. Toutes ces implicitations sont aléatoires. Seuls
certains virtuèmes sont sélectionnés.
Il s'agit d'un rapport de subordination sur l'axe paradigmatique. Il se distingue en cela de
la métonymie stricte qui relève, selon Jakobson, d'un rapport de coordination entre deux
notions sur l'axe syntagmatique (cause à effet, matière à objet).
o RESTRICTION DE SENS
Benjamin Lee Whorf reprend empiriquement cette hypothèse à travers l'étude du hopi,
langue amérindienne qui n'a pas de marqueurs morphologiques temporels. Le temps n'est
pas envisagé dans son déroulement et le mot jour n'a pas de pluriel. Au lieu de :
Il est resté dix jours.
un Hopi dira :
Il est resté jusqu'au dixième jour.
Selon lui le fait que le temps n'est marqué que par des représentations aspectuelles et
modales implique que le peuple hopi vit dans un éternel présent.
On peut donc résumer l'hypothèse Sapir-Whorf en deux grands points :
De même, les Inuits ont toute une série de mots pour renvoyer aux diverses
variétés de blanc que peut prendre la neige.
KNIGHT CHEVALIER
signifie originairement celui qui est lié signifie celui qui est à cheval
(le vassal).
Les Germains considéraient le chevalier Les Gallo-Romains ayant subi la
de l'intérieur, selon sa fonction, comme conquête des Germains voyaient de
un serviteur attaché au roi, dont il porte l'extérieur les vassaux du roi. N'ayant pas
les armes. de tradition féodale, ils ont appréhendé
le personnage du chevalier à travers son
activité et non sa fonction.
Par ailleurs, les francophones voient en une chaise et un fauteuil deux meubles bien
distincts, alors que pour les anglophones armchair, tout comme wheelchair (chaise
roulante), est un hyponyme de chair (chaise).
Toutefois, cette idée de vision du monde construite par la langue est contestable à
plusieurs niveaux :
Du point de vue diachronique, le fait que le mot boucher vient à l'origine de bouc,
viande qui ne se vend plus dans les boucheries n'a pas entraîné de changement
lexical, ni de vision erronée de la profession.
De plus, cette hypothèse est éliminée par la possibilité même de traduction d'une
langue à l'autre, malgré les difficultés.
En ce qui concerne l'analyse du lexique, on est donc passé d'une analyse sémique discrète
en langue à un repérage notionnel en continu effectué par l'énonciateur.
Vous retrouverez des notions liées à la lexicologie et à la sémantique dans Le petit glossaire du
sémanticien.
de L'espace virtuel de l'Equipe Sémantique des Textes sous la direction de François Rastier.
© Henriette Gezundhajt, Département d'études françaises, Université de Toronto, Université York à Toronto, 1998-2016
Toute reproduction sans autorisation, sous format électronique ou sur papier, et toute utilisation commerciale sont totalement interdites.
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Volume XXII - n°3 (2017). Coordonné par François Laurent
Repères pour l'étude
Playlist de 7 vidéos à propos de l'ouvrage de François Rastier Créer, Image, Langage,
Virtuel
FRANÇOIS RASTIER
Une playlist de 7 vidéos où François Rastier répond aux questions de Frédéric Pierron à
propos de son dernier livre, Créer, Image, Langage, Virtuel, Paris-Madrid, Casimiro,
2016 : 1. Créer, Image, Langage, Virtuel 7:01 2. La notion d'œuvre 7:13 3. Créer ou
produire 4:35 4. L'œuvre par elle-même 5:21 5. Littérature nationale : un mythe ? 7:30 6.
Virtuel, pixel, data 17:14 7. Critique de la déconstruction 10 :32
analyse de texte, Analyse sémique, arts, communication, composantes sémantiques,
composantes textuelles, corpus, création artistique, critique, culture, médias,
méthodologie
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Repères pour l'étude
Vie et œuvre d’A. J. Greimas (1917-1992)
THOMAS F. BRODEN
En cette année où nous marquons le centenaire de la naissance d’A. J. Greimas, nous
proposons deux textes destinés à appuyer les recherches sur les travaux du linguiste,
sémioticien, mythologue et (en lituanien) journaliste : une brève chronologie de sa vie et
une bibliographie choisie de ses publications. Fruits anticipés de notre biographie
intellectuelle de Greimas en préparation en anglais , nous voudrions que ces documents
contribuent à relancer l’intérêt pour son œuvre et aident à ouvrir des perspectives au-delà
des textes et des modèles les mieux connus de lui.
A. J. Greimas, linguistics, linguistique, Lithuania, Lituanie, mythologie, mythology,
semantics, sémantique, semiotics, sémiotique, structuralism, structuralisme
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Dits et inédits
La Perception sémantique
PHILIPPE GRÉA
La motivation qui guide le présent ouvrage consiste à examiner quelques-unes des
relations qui peuvent s’établir entre une approche philosophique de type
phénoménologique et un ensemble d’observations et de théories linguistiques qui
s’intéressent à des strates de la signification qui ne sont pas de nature logico-
analytique.Dans cette optique, cet ouvrage se veut une contribution à l’examen et
l’approfondissement de la notion de forme sémantique. Cette dernière ne va pas de soi
puisqu’elle met en rapport des choses que l’on tient généralement pour opposées : le
sensible et la perception d’un côté avec le terme de « forme », l’intelligible et la pensée
de l’autre avec le terme de « sémantique ». Cependant, la forme sémantique est dotée
d’une systématicité propre et se soumet à un système de contraintes que l’on peut
expliciter.Pour le montrer, nous nous appuyons sur deux cadres théoriques : la Cognitive
Grammar de Langacker et la Sémantique Interprétative de Rastier. Malgré leurs
divergences, nous montrons que les deux dispositifs ont en commun le fait de cibler un
même niveau sémantique qui précède (et rend possible) la question de la donation d’une
valeur de vérité, un niveau où opèrent des notions telles que forme, fond, cohérence
fonctionnelle.
État de choses, hypothèse de la constance, molécule sémique, nominalisation, pluralité,
profilage, proverbe, schématicité, transposabilité
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Dits et inédits
La polis d’Hannah Arendt : un paradigme d’irréalité ?
LEONORE BAZINEK
Le livre d’Hannah Arendt, The Human Condition, publié pour la première fois en 1958,
est devenu très vite un livre culte du vivre ensemble. L’effet de fascination que dégage cet
ouvrage entrave l’interrogation de ses fondements théoriques. Le présent article entend
entreprendre une telle investigation. Il défend que l’exposé arendtien de la conditio
humana est finalement inspiré par Arthur Moeller van den Bruck. Il le démontre par
l’examen des citations pertinentes qui révèlent l’utopie antihumaniste commune aux deux
auteurs.
Aristote, condition humaine, Fritz Schachermeyr, Hannah Arendt, national-socialisme,
philosophie, polis, sens de l’histoire
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Parutions et trésors
Traduction et implicites idéologiques
ASTRID GUILLAUME
Comment l’idéologie s’inscrit-elle dans la langue et quelles en sont les manifestations au
niveau linguistique, sémantique et sémiotique ? Comment l’idéologie investit-elle les
divers aspects de la culture (politique, sociétés, littérature, arts, cinéma, droit, sciences,
techniques, etc.) et comment s’articule-t-elle avec ces aspects culturels ? Comment le
transfert de l’idéologie s’opère-t-il entre les langues et les cultures et quel rôle joue le
traducteur-médiateur dans ce transfert interculturel ?
idéologie, intercultural, interculturel, linguistics, linguistique, sémiotique des cultures,
sémiotraductologie, TAO, traduction et cinéma, traduction et droit, traduction et
humanisme, traduction et internet, traduction et politique, traduction et science,
traduction et technologie, traduction et théâtre, transfer of meaning, transferts du sens,
translation and internet, translation and law, translation and science, translation and
technology
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tanière , nom féminin
Sens 1
Zoologie
Antre, abri d'un animal sauvage.
Synonyme : abri
Traduction anglais : lair, den
Sens 2
Figuré
Refuge.
Synonyme : refuge
tanière
nom féminin
(ancien français tainiere, du latin populaire taxonaria, du gaulois taxo, blaireau)
Définitions
Synonymes
Difficultés
terrier
nom masculin
(de terre)
Définitions
Synonymes
Abri souterrain creusé par un animal dans la terre pour lui servir de gîte ou d'abri.
Chien dressé pour la chasse des animaux habitant des terriers (renards, blaireaux,
lapins).
Synonyme de censier.
La chaumière est une maison rurale traditionnelle de l'Europe septentrionale et occidentale, qui
tire son nom de sa toiture recouverte de chaume (paille de blé ou de seigle, tiges de roseaux selon le cas).
On la trouve principalement dans les pays du nord et du nord ouest de l'Europe : Îles Britanniques, Pays-
Bas, Allemagne, Danemark, ainsi que dans le nord-ouest de la France, essentiellement en Normandie et,
dans une moindre mesure, en Bretagne. Il existe cependant des régions plus méridionales où elle est
présente dans un espace limité, comme la Camargue, la Brière, ou à des endroits ou une présence historique
est attestée, comme autrefois au Québec, principalement pour les bâtiments de ferme, héritage datant de
l'époque de la Nouvelle-France encore présent au début du XXe siècle1.
La chaumière, habitat rural, agricole, modeste, voire pauvre, fait surgir, chez les peintres et les
artistes en général, d'une part, et dans l'inconscient collectif, d'autre part, des images pittoresques.
La chaumière est une maison couverte de chaume. Bien que le vocable soit utilisé dans
certains cas rares pour désigner une maison luxueuse, il peut désigner tout au contraire
une simple chaumine ou une cabane recouverte de chaume2.
Si le terme chaumière n'est pas antérieur au XVIIe siècle, il évince celui de chaumine, en
usage auparavant3.
Mots en rapport avec fumaison : fumage,
Mots en rapport avec maison : baraque, cabane, masure, hutte, bâtiment, édifice,
bâtisse, construction, immeuble, monument, building, gratte-ciel, chez-soi, foyer, toit,
cottage, chartreuse, villa, établissement, entreprise, usine, firme, institution, fabrique,
manufacture, industrie, magasin, comptoir, banque, é,
Mots en rapport avec maisonnette : cabane, masure, chaumière, cabanon, cahute, hutte,
case, mas, chalet, loge, abri, fermette,