2002 Nov Dec 258 259 NT19 Ballerini
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2002 Nov Dec 258 259 NT19 Ballerini
Production d'éthanol
à partir de biomasse
Daniel Ballerini
microorganismes capables de fermenter les sucres en Schizosaccharomyces apparaissent comme les levures les
éthanol. plus résistantes.
Le rendement en éthanol, généralement considéré comme la
valeur maximale que l'on peut atteindre en fermentation • La température
alcoolique est égal à 94,7 % du rendement théorique. C'est La viabilité des cellules de levures est affectée par des
le rendement de Pasteur qui aboutit à la production de 48,4 g températures élevées (> 35 °C). On observe aussi que la
d'éthanol à partir de 100 g de glucose. température maximale de croissance de S. cerevisiae
diminue lorsque la teneur en éthanol dans le milieu de culture
Les microorganismes augmente et que pour des concentrations identiques en
éthanol dans le milieu, la productivité spécifique en éthanol
Les microorganismes les plus connus, capables de transfor- augmente avec la température.
mer les sucres en éthanol, tels que le glucose et le saccha-
rose, sont des levures dont les plus performantes • L'oxygène
appartiennent aux genres Saccharomyces (S. cerevisiae, L'influence de l'oxygène est multiple. Une légère aération du
S. uvarum ou carlsbergensis, S. bayanus), Schizosaccharo- milieu favorise le renouvellement des cellules de
myces (S. pombe) et Kluyveromyces (K. fragilis). Certaines de microorganismes. On observe encore que le rendement en
ces souches présentent des propriétés intéressantes : éthanol est sensiblement amélioré en présence d'une
S. uvarum est floculante tandis que S. pombe est thermoto- microaération. En revanche, une trop forte aération orientera
lérante et osmotolérante. préférentiellement le métabolisme vers la production de
On connaît aussi de nombreuses espèces bactériennes biomasse. Enfin l'apport d'oxygène en faible quantité
produisant de l'éthanol à partir de sucres. Parmi celles-ci, augmente la tolérance des souches à des teneurs élevées en
Zymomonas mobilis, la bactérie utilisée dans la fabrication éthanol.
du pulque mexicain à partir de jus d'agave, se détache
nettement au vu de ses performances. • Le pH
Les résultats relatifs au taux de croissance spécifique (h-1) et Les incidences du pH sur la fermentation éthanolique ont
à la productivité spécifique en éthanol [g. éthanol. déjà été abordées dans un paragraphe précédent.
(g. biomasse)-1.h-1] démontrent la supériorité de Zymomo-
nas mobilis. En revanche, les souches de Saccharomyces • Les éléments minéraux
apparaissent comme plus résistantes aux fortes teneurs en Comme source d'azote, les souches productrices d'éthanol
éthanol. Certaines espèces sont en effet capables de se utilisent, dans un ordre préférentiel, l'azote provenant des
développer en présence de concentrations en alcool allant aminoacides, l'azote ammoniacal et enfin l'azote de l'urée.
jusqu'à 12 % (v/v), de survivre à 15 % (v/v) et de fermenter Parmi les autres macroéléments, les plus importants sont le
les sucres pour aboutir à des teneurs en éthanol pouvant phosphore, le potassium et le magnésium.
dépasser 12 % (v/v).
Les vitesses de fermentation des levures sont pratiquement • Le gaz carbonique
indépendantes des variations de pH dans l'intervalle L'effet inhibiteur du gaz carbonique sur la croissance et
3,5-6 alors que l'optimum de pH pour Z. mobilis se l'activité fermentaire a été démontré pour des concentrations
situe entre 5 et 7. Cette différence de comportement relativement importantes en CO2 dissous.
entraîne des répercussions importantes au niveau des
fermentations industrielles, essentiellement en ce qui
concerne leur protection contre les contaminations. En Les substrats de fermentation
effet, la croissance des principaux contaminants des
fermentations alcooliques est sévèrement réprimée lorsque Les principaux substrats de fermentation peuvent être
le pH est inférieur à 5. De ce fait, si l'acidité du milieu classés en trois grandes catégories :
(pH = 4) protège naturellement la culture des levures de ces - les plantes amylacées : blé, maïs et des tubercules tels que
contaminations, ce n'est pas du tout le cas des le manioc, la pomme de terre ;
fermentations avec Z. mobilis qui devront être réalisées dans - les plantes sucrières : betteraves sucrières et canne à
des conditions de stérilité. sucre ;
Enfin, si Zymomonas fermente correctement le glucose ou le - la biomasse lignocellulosique pour laquelle les essais ne
fructose dans des milieux synthétiques, ses performances sont encore qu'au stade pilote ou préindustriel.
diminuent nettement en présence de substrats industriels. Les rendements en éthanol ramenés à l'hectare cultivé avec
Avec les mélasses ou les jus de canne à sucre ou de chacune de ces différentes plantes sont regroupés dans le
betterave, la production de levanes et de sorbitol par tableau I. Ils font apparaître des différences significatives,
Zymomonas abaisse le rendement éthanol qui ne dépassera avec les plus fortes valeurs obtenues avec la canne à
pas 88 % de la valeur théorique. sucre.
objectifs fixés tout en minimisant la formation de composés sensiblement diminuée en utilisant des systèmes continus
de dégradation des sucres. avec plusieurs réacteurs en cascade (figure 4). Les
Des actions de recherche doivent encore porter sur productivités en éthanol passent de 2-3 g.l-1.h-1 en batch à
l'amélioration de l'activité des enzymes, les cellulases, afin 10-20 g.l-1.h-1 en continu. Les plus grosses unités de
de réduire le coût de l'hydrolyse enzymatique. Un autre production d'éthanol fonctionnent généralement en continu.
verrou technologique du procédé concerne la fermentation D'autres améliorations aux procédés peuvent être apportées
alcoolique des pentoses qui n'est toujours pas vraiment en utilisant des cellules immobilisées ou des levures
applicable à l'échelle industrielle. Ce dernier point impose de floculantes, ou bien encore en éliminant l'éthanol synthétisé
développer de nouvelles souches capables de démontrer au fur et à mesure de sa production (extraction sous vide,
des performances voisines de celles démontrées sur pervaporation). Cependant, ces améliorations techniques
glucose par Saccharomyces cerevisiae. potentielles se traduisent aussi par une augmentation des
coûts. De ce fait, peu d'entre elles sont mises en œuvre à
Les procédés l'échelle industrielle à l'heure actuelle.
les produits pétroliers, toujours en vigueur, à hauteur de attractifs les biocarburants en apportant un bilan CO2
50,23 /hL (329,50 F/hL) pour l'éthanol. favorable.