EMMANUEL MOUNIER - Lurol, Gerard
EMMANUEL MOUNIER - Lurol, Gerard
EMMANUEL MOUNIER - Lurol, Gerard
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Emmanuel MOUNIER
1.
Genèse de la personne
Collection Crise et Anthropologie de la relation
dirigée par Marie-Louise Martinez
Déjà paru
Gérard LUROL
Emmanuel MOUNIER
1.
Genèse de la personne
à Frédérique
à Anne et à Emmanuelle
Gérard Lural
Avaut-propos
« Le spirituel, c'est-à-dire le
personnel: nous sommes avec cette
équation au cœur .de l'affirmation
chrétienne.
Elle équivaut à cette autre équation:
l'homme réel, c'est-à-dire l'homme
personnel. »
Emmanuel Mounier, Feu la chrétienté.
Oeuvres, tome III, pp. 588-589.
De 1930 à 1960 trois visions des hommes et du monde se sont
partagé la scène philosophique en France: l'existentialisme, le
marxisme et le personnalisme. Ces trois courants de pensée
sont vécus actuellement comme n'étant plus à l'ordre du jour
et certes, ils nous parlent d'une époque qui n'est plus la nôtre.
18
d'une civilisation à naître et à inventer, dont le visage ne
serait pas connu d'avance, qui constituerait en quelque sorte
l'insul des uns et des autres, en pleine égalité humaine.
19
Cela suppose, puisqu'en Europe c'est à l'individu « post-
moderne)} que nous en sommes, d'aller creuser sous lui: là
nous trouvons toute une « géologie sous les géographies)}
selon le mot de Péguy, toute une généalogie et toute une
histoire qui conduisent à quelque chose de plus essentiel qu'un
consensus juridico-politique : cela nous conduit en effet à une
trempe dans nos sources communes et non uniformes
d'humanité. Celles-ci sont bien plus profondes que nos racines
familiales privées et que nos racines locales, départementales,
régionales et nationales publiques: elles datent de notre
origine, seul lieu d'identification humaine possible.
20
contemporaines avant une réévaluation des pensées
contemporaines à l'aune de la Personne. C'est engager un
travail à nouveaux frais. Il est immense, à la mesure de
l'homme. C'est le prix à payer pour être selon un mot de Jean
Lacroix« contemporain de sa propre pensée ».
21
Anciens et des Modernes, celles d'une vision théocentrique et
d'une vision anthropocentrique de ['univers.
22
Dans ce premier volume, nous le suivons dès Grenoble
étudiant et disciple de Jacques Chevalier qui a très tôt
reconnu en lui quelqu'un avec qui il faudrait"compter, qui, dé
son propre aveu, Mounier présent, ne parlait pas de la même
façon4. Or, dès Grenoble, à 22 ans, dans un texte qui n'a
jamais été publié complètement - pourquoi? - Mounier est
allé comprendre au lieu même de la constitution occidentale
du sujet, chez Descartes, comment un théocentrisme exacerbé
appelait un anthropocentrisme non moins exacerbé et
réciproquement.
23
la manière dont il procèdera dans la fondation et la direction
de la revue Esprit. Nous verrons ainsi comment Mounier a
décidé la création de la revue et ce qui a emporté sa décision.
24
Première partie
30
L'étudiant
31
trop lisses »13,il n'en demeure pas moins qu'il aura acquis près
de Chevalier à Grenoble, sinon quelques-unes de ses idées
maîtresses, du moins une «impulsion »14et une méthode de
recherche qui oriente sa réflexion à l'opposé de toute
construction systématique et artificielle, loin, comme il l'a dit
lui-même dans le premier article qu'il ait écrit à propos -
précisément - de Jacques Chevalier, en date du 3 avril 1926 :
loin, donc, «de cette science conceptuelle qui construit
l'univers avec ses formes vides »15. Chevalier apprend à
Mounier « un réalisme fécond qui tient compte de l'individuel
et de notre personne »16, qui permet une attitude de
recherche: «J'ai donné, fait dire Mounier à son professeur, le
sentiment qu'il y a toujours quelque chose à chercher, voilà
ma méthode »17.
32
Le « maître », paternel, qu'est à cette époque Chevalier pour
Mounier, a lui-même un maître en la personne de Bergson.
Descartes, Pascal - ces «maîtres de la pensée française»
comme aimait à le dire Chevalier - Bergson mais aussi Maine
de Biran, sont en train de constituer la première armature
philosophique du jeune Mounier qui, le 23 juin 1927, à
22 ans, présente avec succès son Diplôme d'Études
Supérieures intitulé: « Le conflit de l'anthropocentrisme et du
théocentrisme dans la philosophie de Descartes. » Ce travail
de synthèse du disciple de Chevalier est aussi la première
œuvre philosophique, peu connue, d'Emmanuel Mounier.
Nous lirons les trames de l'ensemble de ces apprentissages
philosophiques grenoblois: elles constituent le premier
creuset, important, de sa pensée, et ferons le point concernant
Mounier et Chevalier.
33
Mounier à Paris
La difficile première année
38
lettre avait pris le relief, déjà, de «cette défaillance
démultipliée de l'infini dans nos âmes )}29.C'est à Pascal
encore que Mounier songe après la conversation avec cet ami
de Georges: «Plus on vit, plus on vit près de Pascal: cette
inquiétude divine des âmes inassouvies, il n'y a que cela qui
compte )}30.
39
laquelle il pensait «comme à un immense paquet» qu'il
pourrait enfin rejeter et à « une porte qui va s'ouvrir» : « être
agrégé, en somme, je m'en L.. n'être plus agrégatif, voilà ce
qui m'intéresse »33,Il ressent plus vivement encore son deuil,
songe aux questions du péché, de la faute, de la responsabilité
sans avoir encore l'esprit assez libre pour y penser: il s'était
senti coupable de n'avoir pas davantage «forcé les
confidences» de son ami après avoir appris d'un autre de ses
camarades, le lendemain de l'enterrement de Georges, que
celui-ci avait senti la mort venir depuis le mois de juin 1927.
« Nous vivions ces derniers temps, avait-il écrit à sa sœur le
10janvier 1928, dans un silence qui disait, d'un côté: "Je
comprends tout ce qui se' passe", et de l'autre: "Je sais que tu
me comprends, mais épargne-moi la peine de parler." » «Je
prends des remords de n'avoir pas plus forcé les confidences,
mais cela lui aurait été pénible, et pour moi cela aurait rendu
cette mort plus déchirante encore... Dieu a eu pitié de cette
pauvre tristesse impuissante que la vie brisait à chaque
contact »34, C'est à Jean Guitton, avec qui il correspond
pendant toute cette période, qu'il parle de « cette vision, cette
amitié de sympathie que donnent les deuils» et qu'il confie
son impression « avec une de ces certitudes qui sont par-delà
les âmes» que son ami lui a « laissé un ensemble d'héritages
spirituels}) : «Je sens que je n'ai pas le droit d'ordonner ma
vie comme si la sienne n'avait pas été brisée, ni de laisser
retomber des choses qui furent trop haut pour ne pas
maintenir leur vol »35,
40
vision du monde et ses engagements publics et même, que sa
vision du monde est tout juste en train de prendre après Pascal
des couleurs bergsoniennes, Mounier, sans le savoir, creuse en
lui, à travers la mort de son ami, le terreau qui un jour sera
porteur de la décision d'Esprit. Cette vie brisée à 22 ans par la
tristesse, cette vie de Georges Barthélémy qui, avec cet autre
ami venant le confier à Mounier, voulait montrer aux hommes'
ce qu'il y a de « tragique, banal et inaperçu dans leurs vies les
plus quotidiennes », rend présent dans sa mort même ce
projet, le rend concret aux yeux de Mounier qui le ressent dès
lors, par l'intermédiaire d'un autre, comme un appel:
«Je n'ai pas le droit d'ordonner ma vie comme si... »
41
sentons une nouvelle histoire intervenir dans notre dialogue...
Peut-être faut-il nous envier cette paternité tâtonnante, ce
dialogue inexprimé, plus beau que jeux habituels »37.
42
le ciel et la terre »39.
43
première prise d'autonomie, une « autre partie» de soi-même
qui émerge... en même temps que l'acte de reconnaissance du
travail réalisé grâce à, sous l'égide de, et qui œuvre dans ce
premier pas... comme s'il cherchait déjà cette « autonomie
sans séparation» et cette « harmonie qui ne soit pas
conformisme» dont il parlera en mars 193042. Mounier,
depuis le début de l'année universitaire, est davantage « maître
de son homme» 43: il enseigne en effet à Sainte-Geneviève à
Versailles un après-midi par semaine et a obtenu une bourse
de doctorat pour un an. Surtout, en décembre 1928, dès sa
lecture de Péguy, il a pris contact avec Jacques Maritain,
probablement à propos de son désir, précisément, d'écrire sur
Péguy44, que Maritain connaît bien45, et autour de qui va se
nouer .bientôt leur amitié.
44
retard, depuis un siècle, sur toutes les sciences VOIsmes»,
notamment la «sociologie, qui n'est à mon sens quJune
préparation à la morale ». Dès lors, il s'agissait d'abord .de
« définir une méthode propre à l'objet moral» en accentuant
d'emblée «comme instrument de travail l'étude, définie à
plusieurs reprises par M. Bergson, de lignes de fait
convergeant vers une idée résultante ». Il s'agissait ensuite de
définir expérimentalement «l'ordre moral, ses limites et sa
nature ». Sur ce point, il voulait travailler aux deux limites:
celle qui sépare l'ordre moral de l'ordre biologique, celle qui
sépare l'ordre moral de l'ordre religieux. «Tout spécialement
intéressé par cette seconde frontière... j'attends des résultats
d'intérêt capital d'une étude comparée de la pensée morale et
de la pensée religieuse dans les collectivités d'une part, chez
les fortes individualités religieuses d'autre part.» Aussi
prenait-il comme « matière d'étude: la psychologie, le droit et
plus précisément l'histoire du droit et de la coutume, l'histoire
du sentiment et de la pensée religieuse, la linguistique ».
45
mystiques aussi bien que vers un approfondissement de la
relation «intérieur-extérieur» ou de la communion avec
l'ensemble historique du «tissu» humain. Or, tout se passe
comme si Mounier ne voulait « lâcher» aucune de ces voies
sans savoir comment les articuler les unes avec les autres.
46
15 novembre, Marcel, l'autre fils de Péguy, lui offre sa
collaboration pour le projet d'écriture du livre sur Péguy; le
17 novembre, il rencontre Jean Baruzi, spécialiste de saint
Jean de la Croix, pour lui parler de son projet de thèse sur
Jean des Anges dont lui avait parlé Jacques Chevalier. Ce
mystique espagnol, né en 1536, mort en 1609, à la biographie
mal connue, a écrit des textes publiés en espagnol sous le titre
général d'« Obras », comportant un certain nombre de
fragments apocryphes qui, à ma connaissance, ne sont
aujourd'hui pas davantage éclaircis qu'ils ne l'étaient alors. Ce
projet aurait nécessité de longues recherches et un séjour
prolongé en Espagne: pour ces raisons, Baruzi dissuade
Mounier de ce projet de thèse. Par contre «devant ces
réserves, je dis à Baruzi mon premier projet: faire une
deuxième thèse sur Jean des Anges et une thèse principale
philosophique sur une grande question mystique, autour du
problème de la personnalité, du renoncement, de la
« théopathie »52.A la surprise de Mounier, Baruzi accepte:
« il faudrait voir, par une enquête chez les grands mystiques,
ce qu'ils entendent quand ils parlent d'une Présence qui se
substitue à leur personnalité ». Nous voyons que l'idée s'est
précisée: c'est la personnalité du mystique qui intéresse
Mounier. Il semble que la recherche sur la thèse aille en tout
cas dans le sens d'un approfondissement de l'intériorisation:
la voie biranienne du contact avec « la vie de l'Esprit» plutôt
que la voie bergsonienne des tendances antagonistes et
complémentaires d'individuation et d'association.
47
« Le Roseau d'Or» qu'il dirigeait chez Desclée de Brouwer-
que Marcel Péguy - devant traiter de la pensée politique et
sociale de son père, Georges Izard, et lui-même - qui s'était
chargé de «la vision des hommes et du monde» chez Péguy,
ainsi que d'écrire la préface du livre qui serait ainsi consacré à
«La Pensée de Charles Péguy» - lui remettraient leurs
manuscrits « aux dernières heures de décembre ».
48
Or, dans le même temps, Chevalier et Delacroix conseillaient
à Mounier de faire une grande thèse sur Jean des Anges,
pendant que Laporte et Baruzi, sur le même sujet, lui en
conseillaient une petite. C'est le «rapport sur les projets de
thèse adressé à M. le Directeur de la Fondation Thiers », le
22 mars 1930, qui donne une idée plus complète du travail de
Mounier et nous ,permet ainsi de suivre son cheminement.
Travail de la thèse et écriture du livre sur Péguy, à un jour
près, ont donc eu lieu simultanément.
49
morale et des «crises de l'action, inséparables» et dans ces
crises de se demander quelle était la «réalité morale
féconde », étant admis désormais que la moralité est «le
rapport intérieur et libre d'un homme à ses actes ».
50
qui avait été semé dans l'angoisse et l'agonie est allé rejoindre
l'antique terreau de la misère humaine pour remonter en
solidarité à l'appel du Dieu des Écritures médité avec Pouget
et qui met l'homme debout. Si bien que la méthode
blondélienne d'immanence associée à la doctrine de
transcendance: prendre les âmes où elles sont, comme elles
sont... avait pris l'étoffe avec Péguy de l'humanité souffrante.
Le «tissu », se consolidant avec Pouget, prenait sa couleur
avec Péguy: Mounier retrouve la lumière et se « libère de son
adolescence» comme il le dira à 1. Chevaliet1. «Où chercher
le réel? » s'était demandé ce dernier en 192762.Au titre du
livre de Chevalier, Mounier désormais répond dans «La
pensée de Charles Péguy »63: ce n'est pas là où la pensée est
toute faite, ni là où l'esprit est asservi, ni là où il s'asservit,
mais « au cœur de la misère» où, pour remonter la pente de la
détresse, l'aventure à courir de l'esprit ainsi incarné est
accompagnée de la main d'une enfant« cette petite espérance
qui n'a l'air de rien du tout, cette petite fille espérance,
Immortelle »64. C'est «un regard inventé pour une autre
lumière »65qui, « au bord de l'avenir, mais en plein cœur du
présent »66 permet d'avancer. Mounier est libre,
intérieurement, par rapport à lui-même. Le livre est dédié à la
mémoire de Georges Barthélémy, l'exergue est de Pascal, la
charpente du livre est pascalienne: misère et grandeur... le
contenu de la pensée de Péguy est, nous le verrons,
bergsonien mais là où précisément Bergson, « par une sorte de
réserve universitaire et peut-être aussi en grand seigneur de la
pensée »67n'est pas allé: sur la place publique.
51
était reté68. «Personne ne pressent encore la durée, ni ne
mesure l'ampleur, ni ne discerne l'originalité de cette crise
(qui a éclaté de l'autre côté de l'océan) et la France paraît
préservée par son isolement et son équilibre intérieur. Notre
économie vit encore en circuit fermé à l'abri de ses barrières
douanières. L'opinion voit dans la crise qui frappe les États-
Unis et dont elle croit qu'elle épargnera notre pays, la
confirmation de sa conviction que l'économie américaine,
fondée sur le crédit et l'incitation à la consommation, ne
repose pas sur des bases saines, à la différence de la nôtre. La
tendance s'inverse à partir des derniers mois de 1931 ». On
n'en parle même pas chez Maritain à Meudon le
2 décembre 1929 alors que le krach vient d'avoir lieu et alors
qu'il y a là Nabokoff, Du Bos, Gabriel Marcel, etc.
52
donc, où n'avoir «plus qu'une philosophie» et devenir
«semblables à ces petits», se laisser guider par l'espérance
«le regard inventé pour une autre lumière» et tourné vers
l'avenir, s'articulent
à «lier sa manière de philosopher à la
prise de conscience d'une crise de civilisation» 70 et où,
comme le lui dit Maritain à propos de Péguy, les philosophies
sont considérées comme des «cultures, plus que comme des
systèmes d'idées» 71. C'est cette liaison, capitale pour l'œuvre
ultérieure de Mounier, qui se fait en lui au moment où il écrit
son Péguy: c'est que Péguy le «réconcilie avec tout ce que
porte la terre »72.
53
possible. Ainsi s'explicite aussi le point de départ de la thèse
de Mounier: «J'estimais qu'il n'est d'autre définition de la
moralité que le rapport intérieur et libre d'un homme à ses
actes» 73.
54
« l'individualisme» c'est-à-dire chez les « fortes individualités
morales », «points privilégiés» où se «replie en quelque
sorte» la «spiritualité» lors, précisément encore, de ces
mêmes époques?
56
central serait ici plutôt celui de la «personnalité », selon
l'orientation que nous connaissons par ailleurs de sa recherche
antérieure d'un thème pour sa thèse initiale, « tournant autour
du problème de la personnalité, du renoncement, de la
théopathie» même si elle était alors envisagée sous l'angle
d'une «grande question mystique »82comme il l'avait dit à
Baruzi.
57
des idées morales, sont arrivés à poursuivre en eux... sous la
conduite d'une psychologie ébauchée par un freudisme
hâtivement assimilé et surtout par une logique interne à leur
attitude... une ombre sans contenu ni forme, et finalement, par
un nihilisme passé dans la pratique, à épuiser l'individu dans
un nouveau conformisme de la sensation passagère, plus
pittoresque sans doute, mais plus élémentaire encore que le
conformisme intellectuel qu'ils combattaient ». Mounier parle
ici des surréalistes. Ce qui importe ici c'est la prise en
considération que fait Mounier de littérateurs contemporains
hors du champ - « classique» - de ses investigations
philosophiques et le fait qu'il devient attentif à ce qui se passe
autour de lui dans les différents courants de son temps, signe
du déclenchement péguyste de prise en considération du
temporel.
58
et la psychologie qu'elle se traduit en nous, comme d'ailleurs
le travail de l'intelligence, par un effort sur des résistances ».
59
se dégagera, je l'espère, d'études parallèles aux premières sur
des rapports de l'effort individuel avec la morale collective et
l'esprit religieux. »
60
Si donc Mounier situe le lieu fécond de la réalité morale sans
pouvoir trouver encore le nom de ce lieu, il y a, me semble-t-
il, une raison majeure - et suffisante- à cela: c'est que la
personne même de Mounier éclôt. Ce n'est pas, en effet, au
moment où il vit de l'intérieur, « le rapport libre d'un homme à
ses actes », au moment où l'espace s'en dégage en lui qu'il
peut en connaître réflexivement le nom. Il le vit de manière
privée, au cœur et dans le secret de lui-même, et ne peut ainsi,
à ce moment-là, en connaître la « formule» qui, elle, une fois
dégagée, pourra devenir publique et faire ainsi le lien avec
l'extérieur.
61
même »91qui est le même point où elle ne se trouve que si elle
se donne, est aussi le même point où « le libre développement
de l'individu» se solidarise avec «son consentement au
milieu extérieur »92.Mounier, vivant cette transformation en
lui-même, est au bord de la «fécondité morale de
l'expérience »93 mystique, c'est-à-dire de la fondation d'une
nouvelle forme de spiritualité et d'articulation de celle-ci
avec les données contemporaines du monde extérieur. Il vit
une troisième conversion et ne peut donc en connaître la
« formule », le code, le nom: cette expérience intime ne peut
encore être publique.
62
Le lien en tout cas est situé: « une harmonie qui ne soit pas
conformisme, une autonomie qui ne soit pas séparation ». TI
nous faudra aller rechercher dans l'air du temps, voir si et où
la « formule» se trouve et tenter de percevoir le climat des
années 30.
63
Cet approfondissement de soi jusqu'aux principes qui nous
font hommes, chacun le mène pour son compte sur ces deux
chemins, souvent enchevêtrés, de la contemplation et du
travail »96.
64
Alors que son livre sur Péguy ne paraîtra qu'en février 1931100,
Mounier apprend que, « second d'une liste supplémentaire et
deux démissions étant improbaples »101,il n'entrera pas à la
Fondation Thiers. Les trois candidats philosophes, dont lui,
ont été rejetés par le directeur, M. Rebelliau.
65
d'intéresser Mounier: comme il le disait à J. Chevalier, il
constituera, lorsque la «formule» 4e la personne sera
trouvée, ses premières et « solides fondations
psychologiques ». A lire le plan de travail de Mounier sur la
personnalité, nous sommes, au fond, en présence de la
première trame de ce qui constituera plus tard son Traité du
Caractère. C'est le même mouvement qui s'y trouvera inscrit:
des « approches» biotypologiques, structurelles et
caractérologiques du « mystère personnel »104 aux
«provocations de l'ambiance» géopsychologique, sociale,
familiale, historique et psychologique, de celles-ci à celles de
«l'ambiance corporelle », des «puissances d'ébranlement»
émotives à « l'accueil vital» et à la « lutte pour le réel» et la
«maîtrise de l'action », d'une dramatique d'autrui et d'une
dialectique de « l'affirmation du moi» à une « dramatique de
l'intelligence)} il ouvrira encore en effet à une
«caractérologie de l'acte moral» et à une méditation sur la
vocation et « la vie spirituelle dans les limites du caractère ».
66
pour l'homme. Personne, au surplus, ne traite objectivement
de l'homme. Mais comme il est coutumier de déguiser son
parti-pris sous un vêtement scientifique, nous préférons
déclarer à visage ouvert que notre science, pour être une
science honnête, n'en est pas moins une science
combattante» 105.
67
sagesse gui trouva un jour une fissure jusque dans l'âme
composée de M. Teste:
« ôtez toute chose quej'y voie »106.
68
Deuxième partie
Emmanuel Mounier,
Un penseur français: Jacques Chevalier,
La Vie Catholique, 3 avri11926.
Si Jacques Chevalier présentait la philosophie comme
l'alliance d'une sagesse et d'un «effort pour parvenir à la
représentation vraie des choses »108,ilIa considérait avant tout
comme une méthode - citant le Descartes des Regulae:
« diriger l'esprit de manière qu'il porte des jugements solides
et vrais sur tous les objets qui se présentent» -, dont le but
consiste à « mener au vrai dans chaque domaine, dénoncer les
illusions des sens et de l'imagination, les erreurs de
raisQnnement, les postulats inavoués et les sophismes» sans
que toutefois la philosophie puisse prétendre atteindre la
connaissance complète des choses car « toujours le réel nous
échappe par quelque endroit ». Cependant, si cette
connaissance est « partielle» et « limitée », elle est cependant
« véritable» et « réelle» :
74
l'expérience interne et l'expérience externe en sachant que
toutes recherches expérimentales impliquent en fin de compte
une métaphysique, tel était donc l'enseignement
philosophique de Jacques Chevalier.
Descartes
Descartes, «ce cavalier français qui partit d'un si bon pas »110
comme avait dit Péguy, cité par Chevalier, était présenté
d'abord dans sa vie avant d'être présenté dans ses œuvres.
L'homme sensible, le timide, le fabuliste et le poète, l'ami
75
d'Hélène et le père de Francine, l'homme qui écrit des lettres à
Elisabeth, qui se laisse convaincre au voyage par la jeune
reine Christine de Suède, le soldat, le gentilhomme poitevin,
le confident du cardinal de Bérulle et du Père Mersenne, le
pèlerin de Lorette, l'homme enfin qui mourut prématurément,
loin de ceux de son pays et de sa foi et qui sut allier en sa vie
«cette parfaite générosité... à l'humilité la plus grande, et qui
porte naturellement les généreux à faire de grandes
choses »1ll. Chevalier brossait ensuite un tableau de l'état des
sciences du temps de Descartes de même qu'il dressera dans
son «Pascal» un tableau du «paganisme renaissant et du
renouveau de la vie catholique », ce qui, à lire les deux, donne
un panorama du début du dix-septième siècle. Chevalier
présentait le Descartes scientifique en insistant sur ses
qualités de simplification, de systématisation et d'ordre qui lui
ont fait créer la géométrie analytique et la physique
mathématique. Surtout, Chevalier s'interrogeait sur la
méthode cartésienne, celle qui consiste à tout déduire selon
un mode de démonstration rigoureuse de premiers principes
une fois reconnus vrais, en insistant sur l'intuition qu'avait
Descartes «qu'un seul succès de sa méthode en garantit le
succès universel et que le monde physique tout entier relève
de l'intelligibilité mathématique »1\2,et sur sa propre tentative
d'expUquer tous les phénomènes physiques par des raisons
mathématiques. Intuition géniale, tentative audacieuse.
« Cette intuition nous apparaît de plus en plus comme l'organe
même de la connaissance... l'acte propre de l'intelligence,
prise à son point le plus haut et dans son épanouissement
suprême, puisque l'intelligence complète, c'est la faculté de
pénétrer à l'intérieur de son objet pour le lire, c'est le pouvoir
de le contempler du dedans... L'intuition rationnelle apparaît
avec un caractère double, qui suffit à la définir: c'est une
connaissance immédiate et c'est une connaissance réelle...
d'où l'humilité de celui qui l'éprouve, humilité qui est à la fois
le fruit et la marque de l'intuition vraie113.Par là, c'est-à-dire
76
en discernant, «derrière les démarches de l'intelligence qui
raisonne, l'acte simple de l'intelligence qui voit », Descartes a
fondé la méthode et tracé sa véritable voie à l'intelligence
humaine. Voilà pour l'intuition rationnelle. Tentative
audacieuse qui fait pour Chevalier que Descartes n'a pas vu
aussi clairement que les purs intuitifs, comme Pascal par
exemple, les limites de l'intuition rationnelle et l'humilité
qu'elle commande: d'une part l'évidence de l'intuition « n'est
pas affaire de science mais plutôt de croyance, Descartes
rejette la croyance en matière de connaissance rationnelle »114,
d'autre part l'expérience « n'intervient nulle part comme partie
constitutive de la méthode... et « ne devient intelligible que du
moment où elle a été déduite des premiers principes ». Et
ainsi, «c'est toujours l'esprit qui est roi: s'il se soumet en
quelque manière au réel, c'est afin de plier le réel à ses
principes »1l5.Là est la coupure avec Pascal pour qui «la
dernière démarche de la raison est de reconnaître qu'il y a une
infinité de choses qui la surpassent» (pensées, 267).
77
possession du premier principe cherché »116,ce n'est pas parce
que Descartes aurait déduit l'être de sa pensée comme
l'objectait Gassendi en lui faisant supposer la majeure d'un
syllogisme: «Celui qui pense est », mais parce qu'il y a
«aperception immédiate du lien qui existe, que je sens en
moi-même, entre ma pensée et mon être »117,
78
Dieu, c'est la durée tout entière qui se trouve incluse, et que
cet acte est par soi, c'est-à-dire procède d'une puissance d'être
tellement «immense et incompréhensible» qu'elle le
reproduit, pour ainsi dire, continuellement »122.
79
positive, comme entre l'entendement humain et l'entendement.
divin, entre notre entendement et notre vouloir, une cloison
étanche, un dualisme ou une hétérogénéité qui lui permet,
sans doute, de les concilier en les juxtaposant, mais qui
semble interdire tout mouvement de la pensée pour passer
d'un domaine à un autre».
80
ailleurs « elles-mêmes que la traduction, en termes discursifs,
de l'intuition mystérieuse, et par là éminemment réelle, qu'il
pense avoir reçue de l'Esprit de vérité le délivrant du malus
spiritus de ses songes, dans son poêle, en la fameuse nuit de la
Saint-Martin 1619 »128,
81
naturellement assuré qu'elle séduit la raison: elle envahit de
rêves la pensée la plus timide et peu à peu lui donne
l'impression que rien n'est impossible sur cette terre, où nous
serons bientôt "comme maître et possesseur de la nature" ;
parce qu'il a su semer l'espérance, le monde a aimé «ce
cavalier français qui partit d'un si bon pas» (Péguy, «note sur
Monsieur Descartes », cité par Chevalier, «Descartes»
p. 25)...» Mais il partit d'un si bon pas parce qu'une foi
profonde avait écarté de son âme toute inquiétude, parce qu'il
était aussi sûr de sa destinée éternelle que de sa victoire ici-
bas. En mettant les vérités de la religion "les premières en sa
créance", il sait ce qui l'attend au terme de son voyage, et
devant un horizon sans mystère il se donne le droit de tourner
ses yeux vers les choses; son regard tranquille s'est alors posé
sur l'univers, et il ne l'a pas trouvé trop grand pour lui. »
82
Pascal
83
«Nul génie ne fut plus personnel que Pascal: mais sa
personnalité n'est pas faite de repliement égoïste sur soi; elle
nous présente la vivante synthèse de tout ce qui s'agitait
autour de lui. en arrière et en avant de lui »136.
.
84
tous »142.Comme il l'avait fait pour Descartes, Chevalier
ensuite présentait l'homme, en insistant sur le fait, comme il
le dira encore dans «Cadences» en 1938, que «pour
apprécier un tel homme, il faut décidément renoncer à tout
parti-pris, s'affranchir des vaines querelles et se libérer de
l'esprit de système, selon l'exemple même qu'il nous a
donné », car, nous dit-il, «je ne prends point cela par système,
mais par la manière dont le cœur de l'homme est fait »143...
«son écriture... nous révèle... l'activité foudroyante d'une
pensée qui allie la fougue et la logique si étroitement qu'elles
sont indiscernables... et partout, ce nombre... ces résonances,
ce coloris, ce rythme, nés des antithèses, qui apparentent la
forme de Pascal au clair-obscur des Vénitiens et de
Rembrandt, les Pensées aux béatitudes de César Franckl44:
rythme ternaire comme la Trinité des Personnes divines, en
qui se réconcilient l'unité et la diversité. Cette forme, c'est
tout Pascal. Derrière les idées et le verbe qu'il manie, on sent
le frémissement de l'homme... De Pascal plus que de tout
autre il est vrai de dire que l'homme explique l'œuvre, et que
pour comprendre l'une il faut retrouver l'autre »145. De
l'homme, Chevalier retenait principalement deux traits: il
n'affirmait jamais au-delà de ce qu'il savait et cette attitude se
retrouve chez lui en mathématique et en physique aussi bien
qu'en exégèse si bien que jamais il ne fut tenté, comme par
tempérament, de combler les lacunes de l'expérience ou d'en
prolonger abusivement les données par des' théories ou des
concepts; par ailleurs, il préférait « la chasse à la prise et le
combat à la victoire... la recherche à la possession» si bien
que le propre de la raison chez lui réside davantage dans le
fait de « voir le problème où il se pose, le mystère où il est»
et non de les résoudre en les supprimant. Soumettre la raison
au fait, c'est toute sa méthode. Pour Chevalier, si l'on veut
comprendre un système (méthode de «ceux qui font de
fausses fenêtres pour la symétrie »146comme le disait Pascal
lui-même), il convient de suivre « cet ordre du cœur ou de la
85
charité, qui fait voir toujours la fin et qui y ramène
toujours »147:
« Le cœur a son ordre; l'esprit a le sien, qui est par principe et
démonstration, le cœur en a un autre. On ne prouve pas qu'on
doit être aimé, en exposant l'ordre des causes de l'amour, cela
serait ridicule. »
86
et s'unifie dans l'axe et l'ordre du cœur. Si telle était la fin que
se proposait Pascal, les moyens dont il a disposé relèvent,
montre Chevalier, de toute son expérience de savant,
d'homme, de chrétien.
87
reste, et la manière de l'utiliser pour parvenir au vrai, au bien,
à la béatitude».
88
convaincantes, qu'ils se trompaient dans les leurs »157.
89
la plus simple; méthode d'immanence... en ce sens qu'elle
cherche dans l'homme son point d'attache intérieur... mais non
point doctrine d'immanencel63 car elle ne trouve pas en
l'homme, ou dans la nature, le principe et l'achèvement de la
foi. Chez Pascal, s'il est rationnel d'affirmer Dieu, tout
inconcevable qu'il soit, comme il ne l'est pas moins d'affirmer
l'infini mathématique ou l'existence du vide, tout
inconcevables qu'ils soient, c'est parce que le propre de la
raison est de se soumettre aux faits: la raison logique est alors
subordonnée à la «raison des effets» et nos conceptions au
réel.
90
qui n'est qu'une image et qu'un effet de l'union ineffable de
deux natures dans la seule personne d'un Homme-Dieu »165.
91
conscience que « nous sommes incapables de savoir
certainement et d'ignorer absolument »168,Pascal montrait
« les puissances trompeuses » qui dupaient la raison: les sens,
l'imagination, la coutume, l'amour de soi, les contradictions
de la condition de l'homme qui le font tout à la fois crédule et
incrédule, timide et téméraire, dépendant et désireux
d'indépendance, la vanité des sciences et de la philosophie où
sur la question du souverain bien, de l'âme, des corps, tous
diffèrent. «Et quand cela serait Vrai, nous n'estimons pas que
toute la philosophie - la science des choses extérieures»
(fragment 67) - vaille une heure de peine» (fragment 79).
Enfin le divertissement [« Tout le malheur des hommes vient
d'une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos,
dans une chambre» (fragment 139)], cause dont la raison est
que «les hommes n'ayant pu guérir la mort, la misère,
l'ignorance, ils se sont avisés, pour se rendre heureux, de n'y
point penser» (fragment 168), et la justice humaine où nos
lois établies sont tenues pour justes «parce qu'elles sont
établies »169.Dès lors, si mœurs et coutumes varient, si elles
manifestent partout confusion et contrariété, contre les demi-
savants qui concluent de là qu'il n'y a point de morale, le
peuple a raison qui persiste à affirmer qu'il y a un bien et un
mal, que le juste est à distinguer de l'injuste et Pascal se range
à son avis « mais d'après une pensée de derrière la tête: car
cette justice, ce n'est pas dans l'homme mais en Dieu qu'il la
faut chercher »170et cette justice « c'est la fin de l'homme, sa
véritable nature »171,car rien ne peut le satisfaire que l'infinité
et que la justice infinie.
92
explication mécanique du monde et de la vie, sans penser qu'il
puisse y avoir une cause ou une fin à ce mécanisme: si le
mécanisme est vrai dans son ordre, cet ordre n'est que le signe
d'une réalité supérieure qui en rend compte, rien en tout cas
n'interdit de le penser.
C'est ainsi que chez Pascal «la nature est une image de la
grâce}) (fragment 675) où si rien n'est changé en elle par cette
considération, tout est renouvelé cependant par le sens de la
grâce, comme la transformation opérée par le soleil: le
paysage n'a pas changé et pourtant, ce n'est pas le même.
Ainsi en est-il de la grandeur de l'homme par rapport à sa
misère: Pascal « entre en effroi}) en voyant « l'aveuglement et
la misère de l'homme, en regardant tout l'univers muet, et
l'homme sans lumière, abandonné à lui-même, et comme
égaré dans ce recoin de l'univers, sans savoir qui l'y a mis, ce
qu'il y est venu faire, ce qu'il deviendra en mesurant,
incapable
.
de toute connaissance })173.Or, considéré selon sa
fin, l'homme est grand et incomparable: «il est donc
misérable, puis qu'il l'est ; mais il est bien grand, puisqu'il le
connaît}) (fragment 416) C'est la pensée qui fait l'homme,
capable de voir que sa misère résulte d'une « capacité infinie
et vide })174, d'une aspiration jamais satisfaite que seul l'Infini
peut combler: la disproportion de l'une à l'autre, si elle fait
d'autant ressortir la misère, fait aussi d'autant ressortir la
grandeur - c'est une loi de la nature, c'est un rythme: «la
nature de l'homme n'est pas d'aller toujours, elle a ses allées et
venues... La nature agit par progrès, itus et reditus. Elle passe
et revient, puis va plus loin, puis deux fois moins, puis plus
que jamais, etc. })(fragment 355). La misère est ainsi le signe
de notre grandeur: tel est l'homme, en présence de ces
contrariétés étonnantes qui sont dans sa nature, de demeurer
dans l'indifférence, s'il a tant soit peu de raison: «,connaissant
ce qu'il est, il doit nécessairement souhaiter de connaître aussi
d'où il vient et où il va, d'autant que de la répon,se à ces
93
questions dépendent toutes nos actions, toutes nos pensées, le
règlement entier de notre vie... La véritable religion sera celle
qui lui rendra raison de ces étonnantes contrariétés
(fragment 430) et qui, par~là même, lui dévoilera le secret de
l7S
sa destinée)} .
Rien, jamais, nulle part, n'a été dit d'approchant et que peut
faire là-dessus un homme de sens et de bonne foi sinon de
reconnaître que, s'il y a une religion véritable, celle-ci doit
l'être et qu'elle doit être crue, pour peu qu'elle ait des preuves
convaincantes ?177
Or, dit l'incrédule, c'est incompréhensible.
94
est incompréhensible ne laisse pas d'être» : ainsi le nombre
infini, ainsi un espace infmi égal au fini »178.Dès lors, sur un
sujet « où il y va de lui-même et de son tout », il ne saurait
être question ici de se divertir mais de trouver un
éclaircissement: en un mot, il faut prendre parti... faire acte
de volonté, sans quoi aucune preuve ne sera convaincante car
nulle preuve ne forcera quiconque ne le veut pas à faire cet
acte de reconnaissance. Et avant qu'il n'engage le fameux
argument du pari, Pascal amène à la nécessité de parier,
moment précis où l'indifférent est engagé, où il ne peut plus
être indifférent. Ce que montre Chevalier, c'est que Pascal
admet que la raison ne peut rien déterminer par voie
démonstrative et que si la foi dépendait de semblables
démonstrations, elle serait réservée aux sages, ce qui n'est pas.
Le libertin dit que par raison il est impossible de dire si Dieu
est ou n'est pas: Pascal l'admet, mais lui demande de ne point
blâmer de fausseté ceux qui ont fait ce choix. Le libertin
répond alors qu'il ne les blâme pas d'avoir fait ce choix mais
qu'il les blâme d'avoir fait un choix: le juste est de ne point
parier. Le mot décisif de Pascal surgit alors: «Oui, mais il
faut parier.. cela n'est pas volontaire, vous êtes
embarqués »179.
95
car « si vous gagnez, vous gagnez tout; si vous perdez, vous
ne perdez rien» : quand il y a l'infini à gagner, c'est-à-dire
« une infinité de vie infiniment heureuse... infini à la fois de
durée et de degré» et le fini à hasarder, il n'y a pas à hésiter.
L'incrédule ne peut rien qu'il y ait au moins une chance pour
que l'Infini soit: au point où nous en sommes, Pascal a déjà
établi que Dieu n'est pas impossible et que si quelque religion
est vraie, c'est la chrétienne, héritière de la juive. L'incrédule
pourrait encore objecter: il est incertain que je gagne, mais il
est certain que je hasarde. Tout joueur fait ainsi, répond
Pascal: il hasarde avec certitude pour gagner avec incertitude
et c'est agir avec raison que d'agir ainsi, tous les hommes font
de même, sinon il ne faudrait rien faire du tout: ni voyager, ni
batailler.. .
96
d'humilité, de joie, de confiance, d'amour» (fragment 556),
c'est le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob,
non des philosophes et des savants, le Dieu de Jésus-Christ
dont parle Pascal dans le mémorial trouvé sur lui à sa mort en
signe de ce qui s'était passé pour lui le lundi
23 novembre 1654, date de sa conversion définitive.
97
toutes autour de Jésus-Christ: «Il a été prédit », «Il est
venu », «Il vit éternellement »186qui constituent autant de
faits à sentir et percevoir par le cœur qui « ouvre le secret» en
perçoit le sens et les fait « voir ensemble» : la force de ces
preuves réside en effet dans leur convergence, leur « concert »
comme dit Pascal, qui exclut le hasard et ne saurait résulter
d'un art humain. Or, c'est le cœur qui perçoit cet
enchaînement, parce qu'il rapporte tout à l'unique nécessaire
comme à la fin à quoi toutes les choses tendent »187.
98
«Console-toi, tu ne me chercherais pas, si tu ne m'avais
trouvé. Je pensais à toi dans mon agonie, j'ai versé telles
gouttes de sang pour toi...
C'est mon affaire que ta conversion; ne crains point, et prie
avec confiance comme pour moi.
... Je t'aime plus ardemment que tu n'as aimé tes souillures... »
Et l'âme de répondre: « Seigneur, je vous donne tout! »
99
cette méthode que lui, Pascal, offrait. Il engageait ainsi, le
premier des temps modernes, sous sa responsabilité propre et
avec ses risques propres, de toute la faiblesse de son corps
mais de toute la force de son intelligence et de son cœur, un
dialogue aux avant-postes auxquels Mounier était déjà
sensible.
«Mais que chacun cherche Dieu selon ses goûts et par ses
moyens propres» (saint PaulY95.
100
signés, fin prêts. Naturellement, nous n'avons trouvé ni argent
ni articles »197.
101
nous étonner.
Bergson
102
Apprenons donc à voir comment Mounier y fut amené par la
situation que Chevalier fait à Bergson au sein des contextes
philosophiques et scientifiques qui lui étaient contemporains.
Régnaient alors «l'empirisme de Mill, complété par
l'évolutionnisme de Spencer »206qui faisaient de l'homme
«une simple pièce du déterminisme naturel ». Mais «Mill ne
réussit pas à expliquer comment, dans l'hypothèsé
phénoméniste; peuvent être sauvegardées la liberté, l'unité,
l'identité et la personne, non plus que la valeur de la
raison »207.Quant à lui, Spencer «échouait à retracer le
mouvement évolutif lui-même, dans sa genèse, dans son
progrès, à plus forte raison dans son principe même ». A cet
empirisme anglais manquait ainsi une méthaphysique que se
chargèrent de lui trouver les penseurs idéalistes allemands
post-kantiens. Fichte, puis Schelling après Hegel,
Schopenhauer et Hartmann attribuèrent à la connaissance
humaine le privilège de la création du monde de l'expérience,
« dans sa matière aussi bien que dans sa forme »208.
103
Cependant on aurait pu découvrir des idées moins visibles
mais plus profondes et plus fécondes qui montraient, par
exemple avec Claude Bernard dans son «Introduction à la
médecine expérimentale », que le déterminisme scientifique
« n'est pas un fait, mais un principe d'ordre et de raison qui
commande... l'hypothèse, et dont l'énoncé pourrait être le
suivant: pour l'homme de science, tout se passe comme si,
certaines conditions étant réalisées, certains phénomènes
devaient se produire nécessairement »212.
104
Face à cet anthropocentrisme impersonnel, une autre tendance
philosophique, théocentrique, se voulait «restauratrice de la
personnalité, en l'homme et en Dieu ». Dès le début du siècle, ,
105
l'unité mais elle veut s'en saisir non seulement comme
possible mais comme réelle: le mécanisme a besoin d'une fin.
« Les vraies raisons des choses, ce sont les fins.» Mais
comment expliquer la finalité elle-même sinon dans un acte
de volonté libre? A l'idéalisme matérialiste se substitue ainsi
un réalisme spiritualiste « aux yeux duquel tout être est une
force et toute force une pensée qui tend à une conscience de
plus en plus complète d'elle-même »219.
106
refusant pour ce faire le positivisme comtien et toute
conception anthropocentrique et impersonnelle de l'univers;
d'autre part voulant non pas construire un univers illusoire
mais retrouver l'univers réel et se situant transversalement aux
recherches de Ravaisson, Lachelier et Boutroux, en voulant
instaurer une métaphysique positive, Bergson se met dans une
ligne métaphysique que Maine de Biran avait ouverte.
107
pour rien contre la science de Zénon: c'est qu'« à la
différence de la science, la conscience saisit le mouvement en
lui-même, dans sa réalité intérieure, concrète et qualitative, en
écartant les symboles spatiaux interposés entre la réalité et
nous »227.
108
fragments du moi alors qu'ils ne sont que des expressions ».
Les empiristes comme les idéalistes sont victimes de. cette
illusion et ne saisissent ainsi que des ombres au lieu du réel
dans son essence originale. C'est ainsi que philosopher ou
établir une métaphysique positive consistera à «réveiller,
derrière notre faculté de concevoir, notre faculté de
percevoir »233et à « invertir la direction habituelle de travail
de la pensée, à aller de la réalité aux concepts et de l'intuition
à l'analyse ». Il faut donc dépasser le concept, le transcender
pour arriver à l'intuition: plus qu'une inversion, en même
temps qu'une conversion, il s'agit d'un «dépassement de la
nature et de l'habitude».
110
L'acte libre est donc un pur fait qui n'est régi par aucune loi,
immédiatement saisi par la conscience, vécu et perçu du
dedans, irrépétable. «Notre vie intérieure n'est pas une
mathématique mais une histoire »243.Reste que les actes libres
sont rares, car nous avons tendance à vivre pour le monde
extérieur, à être agis plus qu'à agir. «Agir librement, c'est
reprendre possession de soi, c'est se replacer dans la durée. »
Or, cette durée intérieure n'est pas une succession d'instants
mais une unité indivisible: c'est une continuité. Ce que
j'appelle «mon présent », c'est à la fois mon passé qui se
prolonge en moi et l'avenir dans lequel je me prolonge. Pour
qu'il y ait continuité il faut qu'il y ait en moi quelque chose
«qui ne meurt pas à chaque instant pour renaître l'instant
après »244,il faut une mémoire. «L'unité de notre moi est une
continuité dans le temps: notre conscience est une
mémoire.» Notre personne est donc «durée, conscience,
c'est-à-dire mémoire et liberté »245,mais «mémoire dans une
matière »246.Et si, à un esprit pur, son passé serait toujours
présent tout entier, ce dont il convient alors de se rendre
compte, c'est de l'oubli. L'oubli apparaît ainsi comme «la
marque de la matérialité sur notre esprit, comme l'usure en est
la marque sur notre corps» ~ mais cet oubli est exigé
également par la destination de l'exercice de notre pensée,
c'est-à-dire l'action: «pour agir dans le présent, il faut faire
un choix entre les souvenirs »247.Autrement dit, la conscience
n'embrasse pas «toute l'histoire passée de la personne
consciente dans un présent perpétuel» mais n'en éclaire que
«la partie utile pour l'action immédiatement présente »,
« l'action est la loi fondamentale de la vie ».
111
disait jadis »248.
112
comme seule la matière est mesurable, elle s'efforce de tout
réduire à la matière; il lui est alors difficile de « faire entrer
dans ses cadres la vraie nature de -la vie et la signification du
mouvement évolutif qui la constitue »152.Partout où il y a
mouvement, intention, imprévisibilité et durée, c'est-à-dire
partout où il y a vie, l'intelligence substitue des symboles
artificiels, après quoi elle s'efforce en vain de reconstruire le
réel tel qu'il est. S'il est vrai que l'intelligence est accordée
ainsi avec la matière, n'auraient-elles pas été engendrées « par
la même détente d'un même élan de vie, qui a tout à la fois
intellectualisé l'esprit et matérialisé les choses »253?
113
qu'à du mécanique» en ce qu'elle manifeste un « principe de
direction »256. Toute l'évolution de l'univers se manifeste
comme s'il y avait double mouvement, de descente et de
montée: «la matière est la réalité qui descend, la vie et la
conscience sont la réalité qui monte, ou qui remonte le
courant »257.La loi de dégradation d'énergie découverte par
Cournot nous apprend que l'énergie utilisable va sans cesse en
diminuant, elle ,se conserve en quantité mais la qualité en
serait dissipée: avec l'équivalent calorique du mouvement
d'un poids tombé, nous ne ferons jamais remonter ce poids au
point d'où il est tombé.
114
c'est donc, en quelque sorte, se recréer soi-même. » La vie se
présente ainsi comme l'inverse de la matière: elle est de
l'action qui se fait, se développe, s'enrichit au lieu d'une action
qui se défait, se dégrade et s'use.
115
directement à une problématique de réconciliation de deux
tendances considérées comme antagonistes: la subordination
nécessaire de .l'individu à la société et la liberté nécessaire de
l'individu pour qu'il puisse y avoir progression de cette
société. Cette œuvre de réconciliation apparaissait d'autant
plus urgente que J. Chevalier insistait sur le fait que «notre
civilisation, notre science, notre intelligence même, calquées
sur la matérialité, risquent de s'abîmer dans une chute
irrémédiable »267et que pour éviter cette chute, « il faut, par
.
un effort incessant... remonter vers l'esprit ».
116
avec les années, qui lui apportent une plénitude de plus en
plus riche »269.
117
Quel cogito?
Emmanuel Mounier,
Lettre à sa sœur, décembre 1926.
Œuvres - tome IV - pp. 422/423.
122
Qu'a-t-il atteint avec sa méthode? Où s'est situé pour lui le
lieu de résolution du conflit entre l'anthropocentrisme et le
théocentrisme? C'est ce qu'il convient d'examiner maintenant
en suivant le texte de Mounier74.
123
panthéisme le plus dissolvant ». En effet, «en se cherchant
dans ce qui n'est déjà plus lui-même, et noyé dans les milieux
matériels: social, biologique, physique où il plonge, l'homme
poursuit une recherche vaine, et voit son individualité se
dissiper... dans l'universelle homogénéitédu mécanisme ». '
124
l'espèce ou à la société, limité dans sa raison comme dans son
vouloir. Enfin et «plus encore, la Réforme faisait de lui un
jouet entre les mains de Dieu ».
125
C'est ainsi que dès cette «Introduction », Mounier situe
« l'homme personnel et libre »,« la personne humaine »,
comme le lieu par où se relient l'homme et Dieu, l'homme et
l'univers, l'homme et l'homme.
C'est parce que chez lui « l'ordre humain appelle l'ordre divin,
et l'ordre divin, de son côté, conditionne l'ordre' humain »28S,
que Descartes se situe dans la ligne de cette recherche de
l'humanisme chrétien. Quel e~t l'intérêt spécifique de sa
recherche et quels enseignements Mounier va-t-il en tirer?
Tels maintenant sont, liés, les objets de notre analyse.
126
détacher de l'apparence et retrouver en lui Dieu, c'est-à-dire la
source de son être? »286.Chez Descartes, les « deux phases de
cette dialectique» semblent opérantes, du moins opératoires.
En effet, au cours du «recueillement» qui consiste à passer
«du monde au moi, à la recherche de l'Etre », l'originalité de
Descartes a consisté à faire de l'intuition de son existence,
révélée au cœur du doute, «le premier principe de la
philosophie entière »287.Mounier reprend la question du
Gassendi des «DeUxièmes Objections », à savoir si le passage
du je au je suis, « de l'expérience philosophale de la pensée à
l'existence substantielle du moi pensant, en un mot de
l'idéalisme au réalisme spirituel »288est ou non légitime. La
réponse de Mounier est celle. que, nous l'avons vu, faisait
Chevalier: il montre en effet que le cogito ne nous livre pas la
Pensée comme une. abstraction séparée et impersonnelle... le
cogito le met en contact avec sa pensée, c'est-à-dire avec une
réalité individuelle de prime abord appropriée. Il ne s'agit
donc pas de déduire l'Être de la Pensée mais de découvrir
« l'intuition indivisible du lien de sa pensée et de son être». Et
ce qui fera plus tard dire à Jean Lacroix que «s'il faut
remonter au doute cartésien comme à l'origine nécessaire de
tout personnalisme, c'est qu'il est... l'avènement même de la
personne289, a sans doute son origine dans la conclusion
provisoire que fait Mounier à l'étude de la première phase de
la « dialectique» cartésienne: « Un premier fait est acquis:
j'existe d'une existence plus que philosophale et cette
existence est le principe de toute réflexion ultérieure »290.
S'il est clair que cette existence est «plus que philosophale »,
il s'agit ici de l'existence du «je », du sujet cartésien. Rien ne
nous dit encore ce que c'est que ce «je» qui existe ainsi. Il n'y
a pas là avènemeht de la personne, mais constat de fait d'une
existence d'un sujet. Nous ne sommes pas en mesure
cependant de savoir, au point où nous en sommes, si
l' «avènement de la personne» implique nécessairement le
127
sujet cartésien chez Mounier. Quoi qu'il en soit donc,
revenons à son texte.
128
La philosophie cartésienne apparaît ainsi à Mounier comme le
« couronnement des efforts de la Renaissance chrétienne pour
relier l'homme à Dieu par lé dedans »295: il y a là un
.
mouvement d'intériorisation de la part de Descartes lié à une
démarche de conversion engagée sous sa responsabilité
propre. Mounier insiste en fait sur l'expérience propre de
Descartes, sur ce qu'a représenté pour lui l'articulation de sa
réalité de sujet existant et libre avec la réalité de l'infinité de
Dieu en lui vécue «dans l'appréhension même de la
pensée» 296.
129
joindre.
130
suffisance, le sur-homme de Descartes est bien près, malgré
lui, de devenir inhumain »314.En sommes-nous donc ramenés,
sous prétexte du plein emploi de notre raison, à une morale
naturaliste ou individualiste? Non, car, de nouveau, Descartes
fait appel à Dieu, «comme au principe sans lequel elle
s'effondrerait tout entière»: principe de non action, Dieu
reste, là encore, un garant tout-puissant.
131
certitude d'un fait qui s'impose à nous: il reste inconnu dans
sa nature et dans ses intentions... Il n'est guère traité de lui
qu'à un point de vue positiviste, comme auteur de toute
existence et garant de toute connaissance, sans que la
philosophie ait à le connaître en lui-même et pour lui-
même ». D'autre part, «Descartes n'a pas eu au moindre degré
le sentiment de l'insertion, mieux, de la présence réelle de
l'infini dans les choses créées. Dans ce monde où tout est
actuel, clair, taylorisé... rien d'inachevé, par suite nulle
aspiration ». «S'il n'est pas tout à fait juste », en étant
renvoyés ainsi d'un théocentrisme à un anthropocentrisme et
d'un anthropocentrisme à un théocentrisme, « de parler d'une
double tendance dans la philosophie de Descartes... » « ... qui
ne saurait tolérer une métaphysique à double entrée », c'est
parce que « ces deux aspects de la métaphysique cartésienne
ne sont que l'envers et l'endroit d'une même doctrine centrale,
la doctrine de la transcendance absolue de Dieu »317.La
solidarité de ces deux aspects exclut donc « toute
interprétation de la philosophie de Descartes qui tendrait à
supprimer l'un des deux termes », mais cette force est en
même temps une faiblesse «parce que ce principe interne de
division devait, un jour ou l'autre, entraîner la rupture du
système ». Il ne s'agira donc jamais pour Mounier de
reprocher à Descartes le rationalisme et l'idéalisme modernes
qui, dira-t-il dans « le Personnalisme» en 1949 : « dissolvent
dans l'idée l'existence concrète ». Ce serait oublier «le
caractère décisoire et la richesse complexe du cogito. Acte
d'un sujet autant qu'intuition d'une intelligence, il est
l'affirmation d'un être qui brise les cheminements
interminables de l'idée et se pose avec autorité dans
l'existence »318.
132
Par contre, c'est dans la nature de la relation de l'homme à
Dieu et de Dieu à l'homme que Mounier perçoit chez
Descartes un «extrincésisme presque absolu »320,où semble
être ignorée une dimension autre que spatiale. Créé par Dieu,
l'homme cartésien « se satisfait dans le fini pourvu qu'il rende
hommage à l'infini »321: alors que Dieu semble être là pour lui
assurer « en lui et hors de lui, une sécurité d'où il peut à l'aise
le contempler, l'adorer et lui rendre grâce dans sa béatitude »,
lui-même se comporte en « fidèle vassal passant une charte
spirituelle avec son Seigneur pour assurer ses droits tout en
accomplissant sa soumission ». Dieu est «centre
d'impulsion... et non pas centre de convergence, principe et
non fin »322.Dans ces conditions, la relation de l'homme à
Dieu ressemble davantage à une sorte de contrat mutuel de
non-ingérence passé entre deux puissances étrangères l'une à
l'autre: «on comprend, dit Mounier, que toute cette science
sereine et sans au-delà ait paru à Pascal inutile et incertaine et
pénible et indigne d'une heure de peine. » Dans cette « sorte
de géométrie à deux dimensions d'où la troisième est
absente »323,l'homme cartésien, à la différence du pascalien,
« ne songe trop, ni au péché, ni au sacrifice, ni à la mort »324.
C'est, au fond, pour n'avoir pas compris la relation d'un Dieu-
amour à un homme libre et d'un homme consentant à un Dieu-
amour réalisant entre eux «une communion dans laquelle,
loin de se perdre, ils se trouvent »325,qu'il y a déséquilibre
dans le système cartésien.
133
nulle part chez soi, ni dans l'univers qui l'écrase, ni même en
lui où il ne trouve, malgré sa grandeur, que contradiction et
inquiétude »326.Il y a bien « une opposition invincible entre
Dieu et nous »327,mais celle-ci n'est pas une séparation
radicale de deux forces étrangères car Dieu est « une volonté
aimante, qui atteint les cœurs »328 et il a envoyé son
Médiateur. La relation de l'homme à Dieu dans ces conditions
ne peut fonctionner comme un lien extérieur: s'il y a conflit
entre l'homme et Dieu, c'est un « conflit de la nature et de la
grâce »329,où la volonté de Dieu appelle celle de l'homme et
où la volonté de l'homme cherchant celle de Dieu l'a « déjà
trouvée» en la cherchant. Cette relation-là, Mounier en tout
cas ne la prend point « par système, mais par la manière dont
le cœur de l'homme est fait », cette phrase des Pensées qu'il
mettra, nous l'avons dit, en exergue de « La Pensée de Charles
Péguy». Mais il s'agit là, dira Mounier plus tard, citant
Kierkegaard, « de la vérité du christianisme qui a quelque
chose de commun avec l'ortie: la subjectivité s'y pique mais
ne la saisit pas. C'est ce que Pascal entendait quand ilIa disait
incompréhensible, bien que raisonnable... Un destin intérieur
semblait vouer les Pensées à rester éternellement dispersées.
Ne définissent-elles pas le cheminement philosophique
comme une digression perpétuelle qui éloigne à chaque
instant de la fin pour y ramener toujours? »330; en somme,
« même propos de fond entre Pascal et Mounier »331.
134
de Biran lui-même «un véritable fait psychologique et non
pas de foi seulement »333.Si Bergson fut surtout sensible chez
Maine de Biran au « grand métaphysicien », il avait bien vu
que le centre fécond résidait chez lui dans les rapports d'une
psychologie et d'une métaphysique, rapports .
auxquels
s'intéressait également Jacques Chevalief34.
135
Le cogito biranien
Or, «il n'y a de fait pour nous, dit Maine de Biran, qu'autant
que nous avons le sentiment de notre existence individuelle et
celui de quelque chose, objet ou modification, qui concourt
avec cette existence et est distinct ou séparé d'elle. Sans ce
sentiment d'existence individuelle que nous appelons en
psychologie conscitince... il n'y a point de fait qu'on puisse
dire connu car un fait n'est rien s'il n'est pas connu, c'est-à-dire
136
s'il n'y a pas un sujet individuel pennanent qui connaît »337;
soit: ici le terrain psychologique semble clair; il est avoué,
reconnu comme tel. En fait, nous entrons là dans les
problèmes spécifiques d'une époque qu'il serait fastidieux de
reprendre dans le détail. Rappelons seulement que Biran se
confrontait à deux types de théories: les unes avec Condillac
- Traité des sensations et Essai sur l'origine des
connaissances - les autres principalement avec Locke et son
Essai sur l'entendement. Disons très rapidement que, pour
Maine de Biran, le fait primitif du psychisme ne peut être un
élément du découpage mental, comme le pensait Locke.
Celui-ci en effet est « embarrassé lorsqu'il s'agit d'assigner la
cause d'une existence réelle quelconque et de dire en quoi
consiste la convenance de nos idées avec quelque modèle réel
donné hors de nous, lorsque nous n'avons et ne connaissons
que des idées »338.Mais il ne peut être non plus, comme le
pensait Condillac, un simple résidu de l'analyse logique. Son
principe est celui d'une sensation passive; or, s'il déduit très
bien de son principe tout ce qui y est, il ne peut en déduire ce
qui n'y est pas. Ainsi, «les opérations actives de l'esprit
humain n'entrent en aucune manière dans son système de la
génération des facultés, et les titres nominaux attention,
réflexion, comparaison s'y trouvent, mais les actes mêmes que
nous caractérisons ainsi, en nous appuyant sur le témoignage
du sens intime en sont tout à fait exclus »339.Aussi Maine de
Biran, rejetant dos à dos Locke et Condillac, se place à un
troisième point de vue qui relie en lui leurs principes opposés
d'idéation et de sensation. C'est que ce fait primitif ne peut
qu'être une expérience, au sein de laquelle un sens personnel
est donné à l'existence appréhendée comme un acte. Cette
expérience se découvre d'abord dans la double critique des
« idéologues» quand Maine de Biran dénonce en eux la
mécanique mentale consistant à dissoudre l'existence concrète
en de pseudo-éléments de la pensée: «un être qui y serait
réduit, non seulement ne saurait acquérir aucune idée d'objets
137
extérieurs à lui, mais de plus n'aurait aucune conscience de
son être propre sensitif... il ne serait point une personne
individuelle et ne pourrait jamais dire Moi »340. Cette
expérience alors enveloppe « l'aperception » du sujet par lui-
même, le Je suis. C'est ici que nous retrouvons la critique
biranienne du cogito cartésien, qui va éclairer par ailleurs sa
conception du fait primitif de sens intime.
138
l'existence sur l'essence, une spatialité du corps antérieur à la
spatialité objective, une présence de l'extérieur au sein même
de la cause de soi, une cause de soi qui est en même temps
cause du corps. Il y a quelque chose de plus originaire que la
pensée même dont nous sommes certains, et c'est ce qu'elle
implique: le sujet en train de s'exercer dans son effort même
de penser. Pour Biran, le sujet atteint par Descartes n'est pas
celui-là, c'est un sujet fictif, c'est le sujet-qui-pense et non le
sujet existant, le sujet originel sans lequel sa pensée elle-
même ne serait pas possible: tout un «pré-monde» dira
Merleau-Ponty qui est en-deçà de la réflexivité, de toute
coupure sujet-objet et qu'il suffit précisément de penser pour
le faire disparaître. Toute ontologie comme toute psychologie
passe d'abord par cette «réalité phénoménique »342: tout
cogito ne peut prendre sens qu'à partir de cet état préalable
d'irréflexion, d' « intuition immédiate passive »343qui ne peut
qu'être aperçue, car toute saisie perceptive qui serait déjà
connaissance de cet originel serait une réintrusion d'un moi
étranger et pourtant concerné dans la conscience que cette
sensibilité a d'elle-même. Or il n'est pas facile de parler d'une
aperception qui ne s'aperçoit pas. Psychologiquement, malgré
des imprécisions certaines, cela permet cependant à Biran de
faire des descriptions intéressantes qui feront dire à Mounier
plus tard qu'il peut à juste titre être considéré comme le
«précurseur moderne du personnalisme français tant il a
remarquablement éclairé les racines de la personne et sa Z6ne
d'émergence »344,
139
par lui-même est dans le même acte mise en relation avec ce
qui n'est pas lui, sans quoi le sujet resterait « inéluctablement
enfermé en lui-même »345.C'est dans ce cadre que peut alors
se comprendre le fait primitif de sens intime comme «le
sentiment d'action d'un effort voulu, inséparable d'une
résistance organique et d'une sensation musculaire dont le moi
serait cause ». Quant à l'innéité, il est alors facile de
comprendre qu'elle était fondée sur une non perception de
tout ce qu'une expérience et une action peuvent amener dans
la prise de conscience du sujet. En ce sens le cogito de
Descartes ne se trouverait pas nié, mais élargi.
140
Sans aller pour l'instant jusque-là, c'est bien cependant aux
premiers éléments d'une psychologie du corps que nous
sommes renvoyés. La symbolique de l'individualité du moi ne
commence en effet pour Biran que lorsque celui-ci peut se
distinguer, comme sujet de l'effort, d'un terme qui résiste:
c'est «l'aperception interne du moi qui se connaît en se
distinguant du terme résistant »350.La conscience de l'effort
s'opère donc à la rencontre d'une décision et de
renseignements sur la réaction dé l'organisme. Ce n'est pas
plus un fait purement intérieur qu'un fait purement extérieur,
mais le rapport antithétique originaire du «Je» à ce qui n'est
pas lui. Or, s'il y a en moi un « continu résistant »351,c'est qu'il
existe en quelque sorte une étendue intérieure du corps. Le
corps est un lieu, un milieu: celui de toutes les impressions
internes. Si bien que nous ne pouvons pas en prendre une
connaissance complète, que ce soit de l'intérieur ou de
l'extérieur. Pour habiter son corps et en même temps le
connaître, il faudrait être à la fois soi-même et autrui. Or, c'est
bien, comme le soulignera Merleau-Ponty, une tentative
générale pour fonder en droit « la dualité primitive du dedans
et du dehors »352à laquelle nous assistons chez Biran. Ainsi,
dit Biran lui-même, « le moi ne peut se connaître que dans un
rapport immédiat à quelque impression qui. le modifie et,
réciproquement, l'objet ne peut être conçu que sous le rapport
au sujet qui perçoit ou qui sent. De là le titre... de dualité
primitive... pour, caractériser le fait de conscience »353.Ainsi,
Biran a voulu restituer au cogito son sens plein, avec
conscience du mouvement dès son affirmation. Mais si ce
n'est pas parce que j'ai dit «je pense» que je suis une
substance dont l'essence est de penser, ce n'est pas non plus
parce que je découvre un moi agissant expérimenté dans
l'effort musculaire que je comprends ce qui le fait penser. En
reviendrions-nous alors à la problématique kantienne de la
causalité? Non, répond Biran. Si nous nous demandons,
141
comme Kant, quel est « indépendamment de ses perceptions
et de ses pensées, ce moi qui sent, qui pense et qui a la
conscience de son sentir et de son penser... }),« la réponse à
cette question se trouve dans le sens intime; c'est la chose
même qu'on demande, quoiqu'on la sache parfaitement... On
demande ce qu'on sait, et on ne sait pas ce qu'on demande })354.
142
titre trouver en Biran un « Pascal du Romantisme », d'autant
plus que la foi se présente à lui au cœur même de cette
expérience et advient de telle sorte qu'elle transforme jusqu'au
sentiment de l'effort et, par là, l'obstacle lui-même. Le moi qui
se saisit primitivement dans son rapport à l'obstacle, en
situation d'effort, convertit l'obstacle en instrument en
invertissant cette activité en passivité à l'égard d'une réalité
qui le dépasse. Autrement dit, la foi que découvre
progressivement Maine de Biran devient en même temps un
fait psychologique à saisir en tant que tel:
«J'entends maintenant », dit Mounier dans son àrtic1e, «la
communication intérieure d'un Esprit supérieur à nous qui
nous parle, que nous entendons au-dedans, qui vivifie et
seconde notre esprit sans se confondre avec lui... Cette
communication intime de l'Esprit avec notre esprit propre,
quand nous savons l'appeler ou lui préparer une demeure au-
dedans, est un véritable fait psychologique et non pas de foi
seulement »358.
143
il est dit que « si la vie spirituelle... est une vie transcendante
sur laquelle le psychologue refuse toute compétence directe
(qu'il l'admette ou qu'il la nie), elle n'est pas une vie séparée
et n'écrit son histoire visible qu'avec les matériaux que lui
dispense le composé humain. Elle reçoit de lui des limites, des
conditions d'exercice, des visages dont la connaissance
contribue à la situer dans notre réalité globale et, par-là
même, à lui conquérir une liberté non chimérique »362.
144
passivité à l'activité, que « la pensée est dialogue »363et qu'il y
a une « dramatique de l'intelligence »364à travers laquelle le
jugement conquiert ses choix, «dramatique qui met en jeu
toute l'expression du composé humain, depuis l'instinct
inconscient jusqu'à la fine pointe de l'esprit »365,Si le cogito
cartésien représente bien l'affirmation absolue, «l'intuition
décisive dont la force partout présente viendra à chaque
moment briser l'inertie des puissances de suspension »366,
Mounier lui reprochera toujours « de n'avoir pas suffisamment
accroché cette puissance d'affirmation à la chair même de
notre personne »367: le dualisme cartésien du corps et de
l'esprit, s'il a exorcisé à l'époque où il eut lieu, le verbalisme
des «vertus» et des «puissances », n'en a pas moins
« empoisonné la psychologie, comme il a empoisonné toutes
les valeurs modernes de civilisation »368,
145
sur l'appui de l'homme extérieur, l'homme extérieur ne tient
debout que par la force de l'homme intérieur »370,Nous
pouvons aller jusqu'à dire que la «dualité primitive» du
dedans et du dehors que constitue pour Biran le fait primitif
de sens intime sera pour Mounier le lieu originaire de
sustentation de sa recherche psychologique. Est-ce orienter la
pensée philosophique «vers une sorte de psychagogie de la
vie intérieure »371? Il faudrait alors dire, comme le montrera
Mounier, qu'il y a une intériorité de l'homme qui n'est pas
fuite du réel ni complaisance de soi mais « reprise de soi» en
même temps qu'interrogation et étonnement372et que c'est une
intériorité sans laquelle il n'est pas de réalisme complet. Au
reste, en ce qui concerne Biran, le fait primitif de sens intime
ne fut pas vécu ni conçu dans un solipsisme originel. Mounier
ne l'oubliera plus, qui dira que «de toutes les réalités de
l'univers, la personne est la seule qui soit proprement
communicable, qui soit vers autrui et même en autrui, vers le
monde et dans le monde, avant d'être en soi... Ce fait primitif
a été dégagé par Maine de Biran dans notre liaison avec le
monde, et par les existentialistes contemporains dans notre
liaison avec autrui »373.Dès lors, Maine de Biran se trouvera,
entre Pascal et Kierkegaard, à la souche de son «arbre
existentialiste )), l'existentialisme étant perçu comme «une
réaction de la philosophie de l'homme contre l'excès de la
philosophie des idées et de la philosophie des choses ))374:
Biran sera campé là pour avoir «affirmé l'autorité de
l'existence engagée dans l'effort contre l'aplatissement de
l'homme par les philosophies sensualistes du XVIIIe siècle )).
A travers Maine de Biran, Mounier se situe donc au lieu à la
fois psychologique et métaphysique d'où le cogito pouvait être
approfondi de l'intérieur.
146
perception qu'il en a eue. Or, c'est bien une démarche
d'intériorisation que Mounier va vivre à Paris en 1927/1928,
en même temps que d'approfondissement,comme si à travers
ce qu'il était allé rejoindre en Biran il s'y était en.quelque sorte
préparé.
Mounier et Chevalier
147
« maître».
148
pouvaient être que division entre nous, là même où régnait
l'unité. Spontanément, nous avons trouvé le silence
préférable. Je puis le rompre aujourd'hui où tout est brisé
devant vous sauf la misère, qui dit dans le silence des mots
que nous ne connaissons plus... Maintenant que vous n'êtes
plus rien... jeretrouve, derrière tout ce qui nous a séparés, ce
que rien ne brise, un lien noué une fois dans la fidélité. Je ne
l'avais jamais oublié. Mais il y a des souvenirs qu'on ne peut
rejoindre que dans l'Éternité, ou l'extrême misère... puis-je ne
pas avoir un regret? Cette ferveur que j'ai eue sous votre
direction, vous n'y étiez pas étranger. Comment n'avez-vous
pas gardé ce beau rôle d'éveilleur d'âmes, qui eût suffi à votre
gloire, et à votre joie ?379De cette question, vingt-deux ans
plus tard, de Mounier à Chevalier, tout est dit: la fidélité au
« maître» et la rupture. De même, au moment où Mounier
quitte Grenoble pour Paris, en un sens, tout est fait.
149
personne », cela voulait-il dire d'abord que Chevalier l'avait
reconnu, lui, Mounier, personnellement.
Et, plus loin: « il y a dans l'individu quelque chose qui est au-
dessous de la société, et quelque chose qui est au-dessus
d'elle. Le premier élément, qui tient à notre moi égoïste, doit
être sacrifié à la société, ou plus exactement au prochain,
parce que, dans ce cas, la société représente et incarne un
principe supérieur à l'individu, principe d'où elle tire son
autorité et sa valeur. Mais le second élément, qui est la
béatitude et la vertu, ne peut dans aucun cas être sacrifié à la
société: celle-ci, au contraire, a pour fin dernière d'en garantir
l'existence chez tous ses membres, en sorte que la personne
150
peut être justement regardée comme la fin de la société. Fin
en soi? fin dernière? Non. La fin unique et suprême, c'est la
vérité. La personne n'est fin qu'en tant qu'elle se subordonne à
la vérité, et la société n'est légitime et nécessaire qu'en tant
qu'elle est un moyen, et un moyen indispensable, pour
atteindre cette fin »382.
151
scientistes et évolutionnistes; en lui doivent se trouver toutes
les perfections de la personnalité, sans aucun des défauts ni
des limitations qu'elle revêt chez l'homme »384.
152
métaphysique ni de religion »388.
153
expérimenté cette intime présence de Dieu en l'âme... qui vit
en lui et de lui sans sortir de soi, mais sans s'absorber en lui,
et qui n'est vraiment elle-même qu'en s'unissant à lui »392.
154
classique dont le «réalisme spiritualiste» bergsonien était
resté idéaliste et moraliste. Connaissant bien - comme
Bergson - le monde anglo-saxon, que Mounier ne connaîtra
que très peu, attiré par les mystiques espagnols et détestant la
mystique luthérienne, pascalien, résolument anti-kantien,
Chevalier fut peut-être un dernier classique vivant au début du
XX. siècle. Sa langue en effet était celle, superbe, d'un
classique du XVII" siècle et c'est avec. eUe qu'il parlait de
Bergson, son maître. Or, c'est avec son « style» d'abord, que
Mounier rompra: Péguy, nous le verrons, l'en déboutera. Le
choix de Péguy et à travers lui celui du sens de la misère et de
la réconciliation « avec tout ce que porte la terre })39S
sortira en
même temps Mounier de la carrière universitaire et de
l'influence de Chevalier. Le « style}) de Mounier deviendra
dès lors plus existentiel, d'une musicalité moins distanciée,
plus proche en somme des êtres, des situations et des choses.
155
rendra de nouveau réellement « libre» que lorsque Chevalier
sera, lui, réellement prisonnier: c'est en prison en effet qu'il
écrira une «Histoire de la pensée »397étonnamment informée
et digne des meilleurs en ce domaine. Le tragique du penseur
est qu'il ait en 1940 confondu moralité et ordre moral, plus
exactement ordre moral spirituel et ordre moral social. Son
individualisme éthique, si elle le préparait moins à
comprendre les émergences collectives que celles des
«grandes individualités », ne méritait pourtant pas cela: sa
pensée, bergsonienne, ne l'y prédisposait pas. Une confusion
des valeurs s'est opérée dans ce croisement insidieux entre des
valeurs de recherche de vérité et un ordre social et politique
qui s'avèrera faux; injuste et corrompu. Chevalier fut emporté,
là, dans la tourmente d'un effondrement affectif et spirituel
qui fut en même temps le sien - non seulement il a perdu son
père en 1938, mais aussi une fille début janvier 1940 - et
celui d'une classe d'hommes qui avaient fait leur temps,
appartenaient désormais à un passé révolu et ne pouvaient
plus de toute manière ni économiquement, ni socialement, ni
politiquement représenter un quelConque avenir.
156
différentes qu'il ne lui avait paru.
157
Une lumière nouvelle
162
-en particulier Saint Jean de la Croix et les deux Sainte-
Thérèse. Ce travail se ralentira quelque peu en 1932 avec le
lancement d'Esprit puis s'arrêtera. définitivement avec la mort
du Père Pouget en février 1933. De ce travail nous ne savons
aujourd'hui que ce qu'en a laissé Mounier sur des fiches. Deux
lettres envoyées par le Père Pouget à L. Husson, datant toutes
deux d'août 1915, concernent les rapports de la philosophie et
de la théologie. On y sent bien ce qui devait plaire à Mounier
et qu'a bien souligné J. Guitton: «la prudence de la vieille
paysannerie... devenue de l'esprit critique )}411 mais bien plus
encore, cette conception qu'avait le Père Pouget de la Bible:
« livre tout concret... en dehors de tout système
philosophique... bloc naturel où l'étude par des analyses
minutieuses et patientes découvre toujours quelque chose de
nouveau )}412.En fait le Père Pouget, malgré sa mise à pied en
-
1905413pour son enseignement scripturaire sans doute à
cause de ses recherches d'alors sur la géologie de la Bible qui
pouvaient vraisemblablement être incriminées de
concordisme, à moins que ce ne soit dû au non-conformisme
du chercheur qui perçait souvent sous la carapace
fonctionnelle de l'enseignant. restait dans l'espérance qui lui
avait été commune avec Loisy: fonder une critique de la
Bible permettant de découvrir un passage entre «la routine
qui se prend pour la tradition et la nouveauté qui se prend
pour la vérité )}414.Rejeter dos à dos un conservatisme fixiste
qui ne tiendrait aucun compte des méthodes et des
découvertes scientifiques et resterait à la lettre des Écritures,
et un modernisme historiciste qui à l'inverse se servirait des
méthodes et des découvertes scientifiques pour rejeter dans le
mythe, la fabulation et la légende l'ensemble des Écritures:
c'était en somme une méthode de prudence mais d'ouverture.
163
considérée sous deux aspects: le recueil des écrits tenus pour
sacrés par les communautés juives et chrétiennes et un livre
« inspiré» par l'Esprit-Saint.
164
critique aient été correctement établis, échelonnés dans le
temps, il devient possible d'étudier l~ développement des
idées, des croyances et des institutions. Ce qui intéresse alors
le critique est de savoir si le postérieur est conforme à
l'antérieur, s'il n'y a pas eu majoration ou corruption, s'il y a eu
développement. «Tout se passait en effet à ses yeux, dit .
J. Guitton comme si dans tous les domaines, et
particulièrement au cours de la Révolution, Dieu avait d'abord
confié à l'homme certaines semences de pensées, qui s'étaient
explicitées par la suite et qui avaient pris forme. Dieu,
pensait-il, appelle l'homme à l'ouvrage: il lui offre des
données, dont l'homme tire, selon son travail, des vues de plus
en plus riches »417.
165
modèles « beaucoup plus proches de la vie de l'esprit »421que
le schéma mécanique d'un certain évolutionnisme ou que le
schéma logique de la dialectique hégélienne, il convient donc
de penser que l'enseignement du Père Pouget à ce propos aura
porté ses fruits, d'autant que cette notion de développement
portait en elle de quoi faire saisir «la relation secrète de
l'intérieur et de l'historique» comme l'a souligné J. Guitton422.
Mais, avant de revenir sur le type d'influence qu'il a pu
s'exercer en 1930 chez Mounier, poursuivons la démarche du
Père Pouget.
166
« philosophiques» du peuple d'Israël, etc.
167
vis des incroyants: « faire voir les choses que l'on a en
commun et voir si on ne pourrait pas en mettre encore plus en
commun »425,attitude qui sera si prégnante chez Mounier.
168
sa divinité427~ restitués à travers la mentalité juive, ces
passages sont des prémisses qui faisaient dire au Père Pouget
que «les plus beaux passages pauliniens ou johanniques ne
nous apprenaient rien que nous ne sachions déjà. C'est plûs
abondant et mieux dit: voilà tout »428. Ceci ne signifie
aucunement que le Père Pouget déduisait de sa critique
biblique sa foi en hi divinité de Jésus. L'une des premières
fiches de Mounier concerne un passage de Marc429où il est
dit: « faites pénitence et croyez à l'Évangile », et Mounier a
noté: « non faites pénitence comme on traduit ordinairement,
mais changez complètement de mentalité. Il y a là le Noùs qui
compte en grec. » Autrement dit, sans ce changement complet
de mentalité, de noein, les motifs suffisants à la croyance ne
seront précisément pas perçus ~ au contraire, avec cette
métanoia, ils le seront. Ce qui signifie en fait qu'il y a
interprétation: les conclusions tirées des faits supposent une
philosophie. L'important était de ne pas faire intervenir de
postulats philosophiques dans la présentation même des faits
et de ne pas faire ainsi que le problème soit déjà résolu au
moment où l'on croyait le poser.
169
discours mathématique construit son propre objet, tandis que
les autres sciences reçoivent le leur des objets concrets offerts
par l'expérience. Ce n'est donc pas le discours mathématique
qui peut enserrer les structures et comportements individuels.
Qu'il s'agisse de l'ordre biologique, de l'ordre social ou de
l'ordre mo"ral, la méthode des mathématiques ne peut qu'ef-
fleurer le contenu du réel. Aussi, quand il s'agit de fixer les
conditions effectives du travail scientifique ou historique, la
connaissance du singulier est-elle à la base de tout.
170
qui étaient celles-là même de Bergson, avec toute sa
différenciation de la qualité et de la quantité.
171
«donnée immédiate de la conscience », ce que Blondel refu-
sait précisément au nom de sa critique du dualisme436.
172
lumière supérieure qui mérite toute sa confiance ».
Il ne s'agissait donc pas de réitérer ou de compléter la
théologie scolastique de saint Thomas qui était « une science
dont les principes propres sont les articles de foi» qui «ne
prétendait nullement prouver... la vérité des articles de foi...
mais essayait seulement de faire voir qu'ils n'étaient pas
opposés à la raison »441,mais de revenir par-delà cette
théologie scolastique à une théologie naturelle nous mettant
en présence des rapports mystérieux de Dieu aux hommes, à
travers les données historiques fournies par sa critique
biblique, et aussi les données de l'histoire de l'Église
constituant aussi le développement de l'intervention divine qui
ne se manifeste pas seulement dans la période de sa
préparation et de sa constitution.
173
place à occuper d'une interrogation sur l'événement.
Dieu pour le Père Pouget était ainsi non pas une donnée. de la
foi mais une de ses conditions sine qua non. Cependant ce
Dieu de la raison laisse son intimité inaccessible à notre
raison. C'est là que le Père Pouget revenait aux Écritures pour
y recueillir des sources de connaissance sur le mystère de
l'être divin: il y trouvait que Dieu était un et trois, ce qui
précisément faisait mystère, là précisément où la logique était
dépassée. Si Dieu était Personne, il l'était donc à sa manière,
dont nous ne pouvons nous faire aucune représentation. Cette
croyance en Dieu devait par ailleurs donner quelque lumière
nouvelle sur la morale.
174
réflexion par une sorte de théologie de ce monde moral, où il
montrait que c'était le Christ qui élevait le monde moral en s'y
plaçant au centre et à la tête par son incamation445,et que par
sa mort et sa Résurrection, il offrait aux hommes les moyens
de réparer leurs manquements à la loi qui leur est propre.
175
changement radical de « mentalité» : Mounier a noté sur une
de ses fiches ce commentaire de l'Évangile de Matthieu
-
- V, 18 « la révolution, c'est que toute la loi et les prophètes
sont suspendus au Commandement de Charité» et encore:
Matthieu - V, 17 - « la loi est tellement peu un précepte que
le Christ l'aurait violée». C'est encore la conversion
pascalienne, mais aussi bien ce changement radical de
« mentalité» va retrouver en Mounier les accents péguystes
d'un monde habitué, à ressaisir sur le registre de sa créativité,
d'une histoire à re-muer en événement, ce qui ne sera pas
contradictoire avec la métaphysique de rÉvolution créatrice
que le Père Pouget empruntait plus directement: «j'ai l'idée,
disait-il, que la création, c'est une réalité qui tend toujours
plus haut, mais qui par elle-même s'affaisserait, s'il n'y avait
pas en elle une force infinie agissant d'une manière
instantanée. Je me figure que le monde cherche sans cesse à
retomber dans le néant, mais qu'il se soutient quand même par
une sorte de vibration que lui imprime la puissance
divine »447.Cela s'appliquait par conséquent aussi aux êtres du
«monde moral », aux hommes :« Nous sommes une vibration
instantanée qui se répète. Cela, Bergson l'a bien vu et l'a bien
dit »448.Cela signifiait pour lui que nous sommes une énergie
en acte, mais corollairement une énergie d'une fondamentale
incomplétude en regard à l'infinitude de nos aspirations.
176
baptêmes qui seront à chaque fois des «changements de
mentalité », des conversions, dans le même axe vital de la
même fidélité. Nous voudrions seulement avoir rendu
tangible le fait qu'il n'est pas impossible de penser que le Père
Pouget ait mis Mounier sur la voie d'un dépassement possible
par ce que toute sa critique biblique, sa philosophie et sa
théologie indiquaient: nous ne sommes pas des êtres
immobiles et abstraits, mais des êtres moralement
développables, donc à développer, rendus co-créateurs ainsi
d'une œuvre divine inachevée, inachèvement en quoi
prendrait sens et œuvrerait notre liberté dans le tissu d'une
histoire commune. Quant à la lecture des Écritures, le fin mot
revient à Bergson, disant au Père Pouget : « Que ne tirerait-on
pas, mon père, de l'examen des textes de l'Écriture si on les
laissait parler et témoigner pour eux-mêmes, comme vous le
faites, sans se laisser guider par un a priori! »450.
177
Péguy
178
méditation a-t-il mené Mounier autrement encore dans
l'approfondissement de la personne, de quelle manière ou
dans quelle mesure? Tels sont les points que nous devons
maintenant éclaircir en notant ce à quoi Mounier fut sensible
en lisant Péguy457.
179
à l'étreinte de la réalité »460.C'est donc au creuset du bergso~
nisme qu'il faut voir jaillir la pensée de Péguy. En tout cas,
Mounier prend à son compte ce que dit Péguy dans sa « note
sur M. Bergson»: «La philosophie bergsonienne veut que
l'on pense sur mesure et que l'on ne pense pas tout fait »461.
180
Sincérité, certes, n'est pas vérité, mais cette sincérité qui est
«un recreusement surplace, une révision toujours en
œuvre »465,à travers quoi èhaque grand philosophe «remet
tout en cause, à son compte, à ses frais, à ses risques »466,est
souci de vérité, le reste ne lui appartient plus, il n'est pas
possesseur et juge de vérité.
181
Seule la mémoire permet en quelque sorte de recommencer la
vie ~l'histoire est une description d'événements morts.
182
destinée» .
183
C'est ainsi que Mounier en arrive, avec Péguy, à condamner le
moralisme. Les moralistes sont «ceux qui, l'âme vide,
pratiquent la formule par inertie, paresse ou intérêt: en un
mot, les politiciens de la vie spirituelle - plus simplement
encore les pharisiens »478.Ce sont des « professionnels de la
vertu» qui refusent « tout contact avec les âmes impures» 479.
La morale devient ainsi une propriété où l'on amasse des
vertus en avare: « La morale intéressée et mensongère qui
n'est que le transport, dans la vie spirituelle, des principes
d'économie bourgeoise »480.La société des moralistes est ce
que dans les « Deux sources de la. morale et de la religion»
Bergson appellera en 1932 une «société close» qui vit sur
des ordres morts. Or, «à quoi bon la pureté si la pureté est
creuse »481et qu'est-ce qu'un ordre, si celui-ci est mort, si ce
n'est un désordre? C'est ainsi que l'ordre véritable apparaîtra
toujours aux moralistes comme un désordre, mais « un fatras
vivant vaut mieux qu'un ordre mort »482.
184
pas selon la mémoire, qu'ils engendrent ainsi des politiciens
incapables de vivre au niveau de leur mystique corres-
pondante en s'y référant d'autant plus qu'elle n'est plus
signifiante pour .eux, qu'ils deviennent alors des moralistes
avares engrangeant des vertus mortes, caisses d'épargne et de
prévoyance de leur moralité ad vitam aeternam, véritables
sépulcres où se corrompt la vie spirituelle en inscription
sociale. .
185
paroles éternelles: le spirituel a besoin du temporel pour
s'entendre et se transmettre. Le temps est alors «l'hôte
responsable de l'éternité », «singulière situation. Le plus ne
suffit pas. Il faut y ajouter le moins» (Note conjointe sur
M. Descartes, IX, 200).
186
l'indépendance du surnaturel... Il y a donc un salut
possible »493.Bergson avait enseigné à Péguy «que c'est par la
pointe de l'action que l'esprit s'engage dans la matière...
Pousser l'action jusqu'au bout, par loyauté, puis s'en remettre à
Dieu pour l'issue: nous rejoignons le code péguyste du bon
combat »494.Pour que le temporel soit sauvé de la déchéance,
« il doit participer lui-même à son salut »495mais il ne peut le
faire en étant fermé sur sa loi de dégradation.
187
Le 6 avril1930, Mounier qui vient rechercher les manuscrits
de La pensée de Charles Péguy laissés pour seconde lecture à
Maritain le 23 mars précédent, s'entend dire: « Votre partie
est excellente maintenant. Je suis très content de votre avant-
propos: vous dites ce qu'il faut et très juste, cela situe très
bien l'ouvrage. J'ai vu plus encore à seconde lecture tout le
bien que votre livre pourra faire, en plus de son intérêt
historique. Il y a vraiment une très riche substance spirituelle
soo
da ns votre P eguy...»
' .
Les difficultés qui comptent pour lui ne sont pas celles d'une
chapelle, d'une école ou d'une caste, elles sont les mêmes qui
comptent pour tous et chacun peut dans la sienne reconnaître
son humanité... D'emblée, il s'était établi dans le don qu'il
nous révèle comme le seul climat respirable à l'esprit et au
cœur. C'est un des rares créateurs, depuis la Renaissance, qui
soutienne le souci non de produire, mais de servir... Il
rejoignit les sources de lui-même sans contrainte, en
gambadant, comme la petite espérance, le long de la route..,
188
« La misère est passée, avec son cortège de grandeurs. Voilà
la clé. Quiconque ne ressentira d'abord la misère comme une
présence et une brûlure en soi nous fera des objections' vaines
et des polémiques à faux », lira-t-on dans 1'« Avant-Propos»
intitulé « Plaidoyer pour l'enfance d'un siècle» de
«Révolution personnaliste et communautaire })503en 1935. Il
s'agit, toujours, de Pascal... mais, cette fois, en plein
xxe siècle.
189
Notes du premier tome
Avant-Propos
L'étudiant
10. Lettre du 8 février 1926 à Francisque Gay, Oeuvres tome IV,-
p.420.
11. Jacques Chevalier: «Descartes», Librairie Plon, Paris, 1921.
12. Lettre du 8 février 1926 à Francisque Gay, Oeuvres, tome IV,
p.420.
13. Lettre à Jacques Leftancq, Oeuvres, tom~ IV, p. 418.
14. « Je suis toujours sous votre signe et sous votre impulsion. L'esprit
que vous m'avez insufflé creuse en moi et grandit. » Lettre à Jacques
Chevalier, du 16 mai 1929, Oeuvres, tome IV, p. 446.
15. ln article de Mounier paru dans la Vie catholique du 3 avril 1926
sous le titre « Un penseur ftançais : Jacques Chevalier ».
16. idem.
17. ibidem.
18. Dans une lettr~ à Chevalier qui, à ma connaissance, n'a pas eu de
réponse, la dernière lettre que Mounier lui ait adressé après douze
ans de silence mutuel, le 13 mars 1946, alors que ce dernier est en
prison. Mounier lui écrit:
« Comment n'avez-vous pas gardé ce beau rôle d'éveilleur d'âmes,
qui eût suffi à votre gloire, et à votre joie?» (in Oeuvres, t. IV,
p. 804.)
Dans la même lettre, il lui dit aussi:
« Maintenant, vous êtes seul: sans votre classe, sans honneurs, sans
visage public, hors du bonheur. Vous êtes, tout simplement. Si vous
pensez que l'on puisse vous aider dans cette solitude, ceux qui vous
doivent quelque chose d'un peu intime, comme moi, sont prêts à le
faire. Comment, je ne sais. Mais dites-le, si cette lettre vous retient
un moment. » (In Oeuvres, 1. IV, p. 805.)
19. ln article pré-cité de Mounier, dans La Vie Catholique du 3 avril
194
1926.
20. Ce groupe était composé d'étudiants d'universités différentes qui
soutenaient entre eux une correspondance d'échanges réciproques
des résultats de leurs recherches et travaux personnels. Il y avait là
Léon Husson, Henri Gouhier, Gabriel Madinier, André Fugier,
André Latreille... Ils étaient une trentaine au total.
21. Esprit. décembre 1950, p. 944.
22. Lettre du 8 janvier 1928 à sa sœur, Oeuvres, tome IV, p, 430.
23. Lettre du 25 août à Jacques Lefrancq, Oeuvres, tome IV, p. 416.
Mounier à Paris
La difficile première année
24. Oeuvres, tome IV, p. 428.
25. Oeuvres, tome IV, pp. 433-434.
26. Oeuvres, tome IV, p. 436.
27. Lettre du 8 janvier 1928, Oeuvres, tome IV, p. 429.
28. Lettre à sa sœur de décembre 1926, Oeuvres, tome IV, p. 424.
29. Lettre à sa sœur du 12 janvier 1928, Oeuvres, tome IV, p. 430.
30. Lettre du 27 mars 1928 à sa sœur, Oeuvres, tome IV, p. 431.
31. Lettre du 28 janvier 1928 à sa sœur, Oeuvres, tome IV, p. 431.
32. Lettre du 25 mai 1928 à 1. Chevalier, Oeuvres, tome IV, p. 434.
33. Lettre du 10 juin 1928 à sa sœur, Oeuvres, tome IV, pp. 434-435.
34. Lettre du 10 janvier 1928 à sa sœur, Oeuvres, tome IV, p. 430.
35. Lettre du 10 août 1928 à Jean Guitton, reproduite en partie dans le
Bulletin des Amis d'Emmanuel Mounier, n° 49, p. 9 et en partie dans
« Mounier et sa génération », in Oeuvres, tome IV, p.436. Le
passage cité ici se trouve en p. 9 du bulletin. Le suivant se trouve à
la p. 436 des Oeuvres, tome IV.
36. ln L'espoir des désespérés, Oeuvres, tome IV.
37. Entretiens X, Oeuvres, tome IV, pp. 671-672.
38. Comme il l'écrira plus tard dans Personnalisme et christianisme,
Oeuvres, tome I, p. 737.
39. Lettre du 6 novembre 1928 à Renée Barbe, Oeuvres, tome IV,
p.439.
Premier projet de thèse et découverte de Péguy
40. Lettre à Jéromine Martinaggi du 1er avril 1941, Oeuvres, tome IV,
p.452.
41. Lettre du 11 mai 1929 à Jacques Chevalier, Oeuvres, tome IV,
p. 446. C'est moi qui souligne.
42. Dans son rapport sur les projets de thèse adressé au directeur de la
195
Fondation Thiers, Oeuvres, tome IV, p. 466.
43. Lettre du 13 septembre 1928 à sa sœur, Oeuvres, tome IV,
pp. 438-439.
44. Il n'y a aucune lettre ou note l'attestant. Il est cependant facile de
l'inférer car Mounier a écrit dans ses carnets (Entretiens Il) à la
date du 17 septembre 1928 ce qui s'est passé à la première réunion à
laquelle il a participé chez Maritain à Meudon. (Oeuvres, tome IV,
p. 442.) Au reste, c'est dit explicitement par Mme Mounier dans une
note au bas de page concernant cette première réunion: « Jacques
Maritain organisait alors, tous les mois, des rencontres d'intellectuels
et d'artistes. E. Mounier, qui avait pris contact avec lui à propos de
Péguy, participa régulièrement à ces réunions, de fin 1928 à 1933. »
45. Jacques Maritain. né en 1882, a connu Péguy en 1901, puis l'a
rencontré souvent après 1903 chez sa mère, Geneviève Favre, dont
Péguy disait qu'elle était « la bonté même» et chez qui il déjeunait le
jeudi avec elle, son fils et souvent Psichari, petit-fils de Renan.
46. Lettre à Jéromine Martinaggi du 1erfévrier 1929, Oeuvres, tome IV,
p.2.
47. Oeuvres, tome IV, p. 464, ainsi que les citations suivantes.
48. Ce n'est pas qu'il n'avait pas trouvé de sujet de thèse et que, « obligé
de faire autre chose, il a fondé Esprit », comme a pu le dire Jean
Guitton sur France-Culture - dans l'émission « Profils perdus» du
12janvier 1989 (cf note 2) - mais parce qu'un mouvement de fond
qui lui fut propre l'a conduit jusque-Ià. Si Mounier avait pu être
admis à la Fondation Thiers, il est probable que cela ne l'aurait
nullement empêché de créer Esprit.
49. Lettre à sa sœur du 5 octobre 1929, Oeuvres, tome IV, p. 449.
50. Lettre à sa sœur du 4 novembre 1929, Oeuvres, tome IV, p. 451.
51. Lettre à sa sœur du 5 novembre 1929, Oeuvres, tome IV, p. 452.
52. Entretiens Il du 15 novembre 1929, Oeuvres, tome IV, p. 453.
53. Lettre de Mounier à Maritain du 26 novembre 1929 in
Maritain/Mounier, 1929-1939, présenté par Jacques Petit, Ed.
Desclée de Brouwer, 1973, coll. «Les grandes corespondances ».
54. Entretiens 11, Oeuvres, tome IV, pp. 459-461.
55. « Témoignage sur la jeunesse de Mounier (1926) » dans Écrire
comme on se souvient, Fayard, 1974,p. 211. Reproduit dans le
bulletin des amis dIE. Mounier n° 49, p. 2.
56. Entretiens Il, 23 mars 1930, Oeuvres, tome IV, p. 467.
57. Rapport sur les projets de thèse adressé à M. le Directeur de la
Fondation Thiers, du 22 mars 1930, Oeuvres, tome IV, pp. 463 à
467, ici p. 465.
58. C'est moi qui souligne ainsi qu'à la phrase suivante.
196
59. Lettre du 7 novembre 1930 à 1. Chevalier, Oeuvres, tome IV,
p.47i.
60. Lettre du 18 mai 1930 à Jéromine Martinaggi.
61. «Mon Péguy, qui me libère de mon adolescence... », Lettre du 7
novembre 1930, Oeuvres, tome IV, p. 472.
62. Où chercher le réel?, Ed. Blond & Gay, 1927.
63. Les chapitres dans La pensée de Charles Péguy, librairie Plon,
1931, coll. «Le Roseau d'Or» de la première partie écrite par
Mounier: «La Vision des hommes et du monde» s'intitule: «La
dénonciation de la pensée toute faite », «L'asservissement de
l'esprit », «Au cœur de la misère: la déchéance du monde et
l'incarnation de l'esprit », «Le salut par l'espérance ». L'ensemble du
texte a été reproduit dans Oeuvres, tome I, pp. 13 à 125.
64. ln Porche du mystère de la deuxième vertu, tome V, p. 333. (Péguy,
Oeuvres poétiques complètes, Pléïade, 1957, p. 533), cité par
Mounier in Oeuvres, tome I, p. 117.
65. ln Eve yu, p. 137 (Péguy, «Oeuvres poétiques complètes» - op.
cit., p. 944), cité par Mounier in Oeuvres, tome l, p. 125. Mounier
termine cette première partie de « La pensée de Charles Péguy» par
cette « phrase» de Péguy.
66. Mounier in Oeuvres, tome I, p. 117.
67. Mounier in « Péguy, médiateur de Bergson », voir l'exergue 2 du
chapitre suivant dans ce texte.
68. Colloque organisé à Dourdan les 30/31 octobre et 1er novembre
1982 par « l'Association des amis d'Emmanuel Mounier », à
l'occasion donc du cinquantenaire. L'objectif de ce colloque était
d'approfondir l'histoire du personnalisme et ses tâches de demain.
Les textes des conférenciers ont été réunis sous forme d'un ouvrage
paru aux éd. du Seuil en janvier 1985 sous le titre « Le
personnalisme d'Emmanuel Mounier - hier et demain pour un -
cinquantenaire ». Cf ici, p. 22.
69. Lettre du 1eravril 1941 à Jéromine Martinaggi, Oeuvres, tome IV,
p.476.
70. Jean Lacroix in Le Monde du 23 mars 1960 : «Le dixième
anniversaire de la mort du fondateur d'Esprit ». Article reproduit
dans le Bulletin des Amis d'Emmanuel Mounier, n° 16/17, p. 13.
71. Entretiens U (du 20 février 1930) : «Je crois qu'il (péguy)
considérait les philosophies comme des cultures plus que comme
des systèmes d'idées, et qu'elles valaient à ses yeux par ce qu'elles
charriaient: toutes, de ce point de vue, apportaient quelque chose. »
Oeuvres, t. IV, p. 460.
72. Cf L'exergue 1 du chapitre suivant.
197
Du second projet de thèse à «la meilleure manière de vivre »...
73. Oeuvres, tome IV, p. 465.
74. Oeuvres, tome IV, p. 103 in La pensée de Charles Péguy.
75. Jacques Chevalier, in Bergson et le père Pouget, op. cit., p. 70 : au
cours de la rencontre du 12 février 1933 relatée par 1. Chevalier,
Pouget dit à Bergson: quand je pense qu'on a voulu nous enchaîner
à Aristote!
Bergson: Ah ! mon père, comme je suis heureux de vous entendre
dire cela!
Pouget : Eh oui! Les Grecs construisaient le réel. Ce qui leur
manquait, Monsieur Chevalier l'a montré dans son livre sur « La
notion du nécessaire chez Aristote», c'est l'idée de création ».
(Le livre de Chevalier mentionné par Pouget fut édité en 1915 aux
éd. Rey à Lyon et aux éd. Alcan à Paris la même année avec le titre:
« La notion du nécessaire chez Aristote et chez ses prédécesseurs,
particulièrement chez Platon »).
76. « Rapport sur les projets de thèse... », Oeuvres, tome IV, p. 465.
77. Oeuvres, tome IV, p. 464.
78. Oeuvres, tome IV, p. 465.
79. C'est Mounier qui souligne.
80. Oeuvres, tome IV, p. 466.
81. Article cité du 3 avril 1926, voir note 11.
82. Entretiens Il, cités, 15 novembre 1929, Oeuvres, tome IV,
pp. 453-454.
83. Rapport sur les projets de thèse... Oeuvres, tome IV, p. 465 ainsi
que les citations suivantes.
84. Idem, p. 466.
85. Ibidem, p. 465 ainsi que les suivantes.
86. Rapport sur les projets de thèse... Oeuvres, tome IV, p. 466 ainsi
que les suivantes.
87. C'est moi qui souligne.
88. C'est moi qui souligne.
89. Ibidem, p. 467 ainsi que les suivantes.
90. Péguy « Note conjointe sur M. Descartes», tome IX, p. 70 in
«Oeuvres en prose, 1909/1914 », Bibliothèque de la Pléïade, éd.
1957, pp. 1308/9. Cité par Mounier dans La pensée de Charles
Péguy, op. cit., in Oeuvres, t. I, p. 117.
91. Ce sont les termes mêmes du rapport sur les projets de thèse.
Oeuvres, tome IV, p. 466.
92. Idem, p. 465.
93. Idem, p. 467.
94. Entretiens II du 17 décembre 1929, p. 454.
198
95. Entretiens Ill, Oeuvres, tome IV, pp. 470-471. C'est moi qui
souligne.
96. ln Refaire la Renaissance in Oeuvres, tome I, pp. 163-164.
97. ln « Introduction aux existentialismes» in Oeuvres, tome III,
p. 471.
98. Lettre du 7 novembre 1930 à 1. Chevalier, in Oeuvres, tome IV,
p. 471. C'est moi qui souligne.
99. Idem.
100. Pour des raisons de surcharge de la maison d'édition et aussi parce
que les photos de Péguy qu'il voulait y insérer avaient été mal
agrandies et retouchées et qu'il s'avérait par conséquent nécessaire
de les refaire.
101. Lettre du 28 novembre 1930 à 1. Martinaggi, Oeuvres, tome IV,
p.472.
102. Lettre du 27février 1931 à J. Martinaggi, Oeuvres, tome IV, p. 474.
103. Lettre du 27 mars 1931 à 1. Chevalier, Oeuvres, tome IV, p. 474.
104. Traité du caractère, Oeuvres, tome II, ainsi que toutes les citations
suivantes.
105. Traité du caractère, Oeuvres, tome II, p. 7.
106. Idem, Oeuvres, tome II, pp. 748-749.
107. Lettre du 19 janvier 1943 à Jacques Leftancq, lettre signée
« E. Leclercq », Oeuvres, tome IV, p. 770.
Descartes
110. Charles Péguy, note sur M. Descartes, publiée par la Nouvelle revue
du let juillet 1919, citée par 1. Chevalier dans son Descartes, pp.
24/25.
111. Descartes, op. cit., pp. 93/94.
199
112. Descartes, op. cit., p. 147.
113. idem, pp. 189/190/191. Les mots soulignés le sont par J. Chevalier
dans le passage cite.
114. idem, p. 192, ainsi que la citation suivante.
115. Cadences, librairie Plon 1938, p. 68 ainsi que la citation suivante.
116. Descartes, op. cit., p. 213.
117. idem, p. 217.
118. idem, p. 218. C'est moi qui souligne.
119. idem, p. 224.
120. idem, p. 250/251.
121. idem, p. 297.
122. idem, p. 303.
123. idem, p. 323, ainsi que la citation suivante.
124. ibidem, p. 327.
125. C'est moi qui souligne.
126. idem, p. 342, ainsi que la citation suivante.
127. Toutes ces citations proviennent de Descartes, op. ci!., pp. 346/347
ainsi que la suivante.
128. Cadences, op. cit. p. 72.
129. Descartes, op. ci!. p. 187.
130. Dans la thèse de l'École Pratique des Hautes Études, entreprise sous
la direction d'Étienne Gilson et à lui dédiée sous le titre: La pensée
religieuse de Descartes, éditée en 1924 à La Librairie Philosophique
J. Vrin. Ici, pp. 313/314.
Pascal
131. Pascal, op. cit., p. 7.
132. idem, p. 7.
133. Notice sur la philosophie, écrite à l'occasion de l'exposition de San
Francisco, pour la collection « La science française» chez Larousse
en 1915, p. 15. Le mot« sentiment» était souligné par Bergson.
134. Pascal, op. ci!., p. 8, note 1.
135. idem, p. 9, ainsi que la citation suivante.
136. idem, p. 11.
137. idem, p. 20.
138. idem, p. 24.
139. idem, p. 25.
140. idem, p. 12.
141. Plus de la moitié des maisons religieuses d'hommes, existant à Paris
dans les années 1920, ainsi que les 2/3 des couvents de religieuses et
le plus grand nombre des communautés de filles séculières ont été
200
fondées entre 1600 et 1650.
142. Pascal op. cit., pp. 42/43.
143. Mounier retiendra profondément cette phrase et ce n'est pas un
hasard si c'est elle qu'il mettra en exergue de son livre sur Péguy.
144. Les Béatitudes de César Franck feront impression sur Mounier qui
était musicien (il jouait du piano), à un point tel que, le soir même
de la mort de Georges Barthélémy en janvier 1926, il ira écouter
cette œuvre: « ... J'avais oublié de vous dire, je crois, que le sofr où
je l'ai mis en bière, alors que tout autre spectacle m'eût été
insupportable, je suis allé aux Béatitudes de César Franck...J'y suis
allé comme à une prière. Vous dire ce que j'ai senti et compris, en
trois heures de temps, me serait impossible. Comme en une extase,
avec l'âme à nu comme elle l'était ce soir-là, j'ai senti passer tout le
problème humain, j'ai eu je vous le dis sans phrases, comme une
hallucination du divin. Le père Franck m'avait passé ce qu'il était allé
décrocher par delà les étoiles» (Lettre à Jacques Chevalier, du 25
janvier 1928, in Oeuvres, tome IV, p. 431).
145. Cadences, op. cit., pp. 76 à 79, ainsi que les citations suivantes.
146. Pensées (27).
147 Pascal, op. cit., p. 172.
148. Pascal, Pensées, 283.
149. Pascal, op. cit., p. 174. C'est moi qui souligne.
150. Pascal, Pensées, 430.
151. Pascal, op. cit., p. 178.
152. idem, p. 186.
153. Pascal, Pensées, p. 61.
154. Pascal, op. cit., p. 189.
155. Indispensable en effet car si «l'esprit de géométrie» démontre,
prouve et conclut, « l'esprit de finesse », lui, « perçoit d'une vue sur
les principes et l'ordre, et il convainc» (Pascal, op. cit., p. 192).
C'est l'esprit de finesse qui discerne.
156. Pascal, op. cit., p. 194, ainsi que la citation suivante.
157. Pascal cité par Chevalierin op. cit., p. 195.
158. op. cit., p. 196.
159. idem, p. 202.
160. idem, p. 203.
161. Pascal, Discours sur les preuves de Moïse, fin.
162. Pascal, op. cit., p. 203.
163. idem, p. 204.
164. Pascal, cité par 1. Chevalier in op. cit., p. 208.
165. Pascal, entretien avec M. de Saci, IV, 54, p. 160.
166. Voltaire (Lettres à La Condomine du 22 juin 1734 et celle au
201
P. Tournemine, jésuite, de 1735) et Sainte-Beuve (Port-Royal,
tome III, p. 402) pensaient que le fondement de l'Apologie était la
considération de notre « double nature ». Chevalier souligne qu'il
serait au reste plus juste de dire avec Filleau de la Chaise: « double
et unique tout ensemble» cf Pascal, op. cit., p. 209, note 1.
167. L'édition des Pensées par Jacques Chevalier paraîtra en effet chez
Gabalda en 1925. Une autre édition paraîtra en 1936 chez
Flammarion dans la collection « Les grands cœurs». Il fera
également paraItre à la N.R.F. une édition de « L'œuvre de Pascal ».
Ceci permet de penser qu'en 1924 et 1925, Mounier a connu
Chevalier alors qu'il était en pleine élaboration d'une part de son
plan de l'Apologie pascalienne, d'autre part en train d'écrire son
ouvrage sur Bergson qui paraîtra en 1926.
168. Pascal, cité par Chevalier, in op. cit., p. 217.
169. Chevalier insiste ici sur le fait que ce n'est pas parce que Pascal a dit
cela qu'il n'a pas pensé que la force n'était pas nécessaire pour faire
triompher la justice ni qu'elle n'était pas légitime si elle s'appuyait sur
la justice. Il l'a même dit avec ce mode que Cournot appelait
« ftappé en médaille» :
« La justice sans la force est impuissante; la force sans la justice est
tyrannique. Il faut donc mettre ensemble la justice et la force; et
pour cela faire que ce qui est juste soit fort, ou que ce qui est fort
soit juste» (298) cf Pascal, op. cit., p. 236.
170. op. cit., p. 242.
171. idem, p. 244.
172. idem, p. 247.
173. Pa~cal, cité par Chevalier, in op. cit., p. 250.
174. op. cit., p. 253.
175. idem, p. 261.
176. Pascal, Entretien XIII, 333 ; 524.
177. op. cit., p. 270/271.
178. idem, p. 271. Chevalier, au passage, pense que Pascal a exagéré ce
qu'il y a d'incompréhensible et de choquant pour la raison dans le
péché originel. Il revient plusieurs fois sur ce sujet dans son Pascal.
Pascal, s'il fut influencé par le jansénisme, n'était pas janséniste:
«conçoit-on un Pascal favorisant l'espérance chez des hommes
voués, quoi qu'ils fassent, à la réprobation éternelle, et leur
conseillant la pratique d'habitudes parfaitement vaines et inefficaces,
qui ne serviraient qu'à créer en eux l'illusion... et non pas, comme il
l'entend, à les « disposer à la grâce»? Je ne puis oublier... que
l'admirable fragment 550 commence par ces mots: « J'aime tous les
hommes comme mes frères, parce qu'ils sont tous rachetés. » Cette
202
phrase semble rayée dans le manuscrit: elle l'est bien légèrement,
d'un trait vertical, et l'a été par qui? Je ne sais pas. Mais il reste que
Pascal l'avait écrite: ce que n'eût jamais fait un janséniste» (pp.
300/301/302, note 3.)
179. Pascal, cité par Chevalier, op. cit., p. 278. C'est moi qui souligne.
180. op. cit., p. 283.
181. C'est le fameux « Abêtissez-vous », qui a tellement choqué et
scandalisé depuis Port-Royal (qui n'a osé le reproduire), en passant
par Victor Cousin qui l'a publié avec horreur en 1842 (date de la
première publication des manuscrits de Pascal), jusqu'à aujourd'hui.
Il est étonnant à cet égard que ce passage ait dû subir autant de
contresens.
182. op. cit., p. 303.
183. idem, p. 306, ainsi que la citation suivante.
Notons que d'une manière générale, pour les hébreux, on pense avec
le cœur, non avec la tête.
184. idem, p. 309. C'est moi qui souligne.
185. idem. p. 310. C'est Chevalier qui souligne.
186. idem, p. 311/312.
187. idem. p. 320. C'est Chevalier qui souligne.
188. idem, pp. 323/324.
189. Luc, XI, 13.
190. op. ch., p. 325.
191. idem. p. 328, ainsi que la citation suivante. 1. Chevalier renvoie à la
célèbre parole de saint Augustin in Colifessions, Livre ill,
chapitre 6.
192. idem, pp. 345/346.
193. Cadences, op. cit., p. 89 ainsi que la citation suivante.
194. « peut-être le contact plus intime que je viens de prendre avec votre
groupe et votre esprit m'a-t-il fortifié, s'il est possible, dans
l'assurance que je vous devrai toutes mes années à venir...
Peut-être aussi vous ai-je démontré par le fait l'heureuse influence de
nos notes en certaines heures où le découragement nous tente... »
écrivait Mounier à son professeur le 8 décembre 1925. Oeuvres,
tome IV, p. 420.
195. Le 7 mai 1926, Oeuvres, tome IV, p. 421.
196. Oeuvres, tome IV, p. 421.
197. Jean Guitton, « Témoignage sur la jeunesse de Mounier (1926) »,
extrait de « Écrire comme on se souvient» éd. Fayard, 1974,
pp. 211-221, reproduit dans Bulletin des Amis d'E. Mounier n° 49,
p.5.
198. C'est Lucien Guissard qui le note: « Lui aussi était tout ardeur et
203
charité. Je suis certain qu'il a eu sur la formation spirituelle, je dirai
mystique, de Mounier, une influence décisive» (in Mounier,
Éditions Universitaires, Paris, 1962, p. 10).
Mounier ira le voir, en 1941, sur sa demande, alors qu'il était
Monseigneur Guerry, secrétaire à la Conférence des cardinaux et
archevêques, et y retrouvera «la compréhension fervente et
généreuse» qu'il lui avait connue à Grenoble (in Oeuvres, tome IV,
p. 689).
199. Dans un article intitulé « Un témoin et un guide: Emmanuel
Mounier », premier chapitre de Emmanuel Mounier ou le combat
du juste (Frères du Monde, éd. Ducros, 1968), Jean Lacroix dit,
p. 22 : «Mounier au fond est moins attiré par la philosophie elle-
même que par l'enseignement... il veut enseigner la philosophie en
vue d'un apostolat. »
200. Lucien Guissard, in op. cit., p. 10.
201. Lucien Guissard, in chapitre 2 intitulé: «Le chrétien MounieD>,
p. 51 de l'ouvrage collectif de Frères du Monde signalé dans la
note 92 précédente.
202. Oeuvres, tome III, p. 70.
203. Oeuvres, tome III, p. 7 1.
204. Oeuvres, tome IV, p. 428.
Bergson
205. Bergson de 1. Chevalier, op. cit., p. 2.
Bergson avait lui-même « entièrement revu, annoté, corrigé et
complété de sa main en 1925 » le livre de Chevalier. C'est Chevalier
qui le dit dans la note 2, p. 77, de « Bergson et le père Pouget »,
librairie Plon, Paris, 1954.
206. idem, p. 3.
207. idem, p. 4.
208. idem, p. 6, ainsi que la citation suivante.
209. idem, p. 7, ainsi que la citation suivante.
210. idem, p. 8.
211. idem, p. 10.
212. idem, p. Il.
213. idem, p. 12.
214. idem, p. 13, ainsi que les citations suivantes.
215. idem, p. 14, ainsi que les citations suivantes.
216. in« La philosophie », pp. 15/16.
217. Journal, 20 décembre 1823. Nous verrons combien et pourquoi
Mounier sera intéressé par Maine de Biran.
204
218. «Bergson », op. cit., pp. 21/22.
219. idem, p. 26.
220. idem, p. 28.
221. idem, p. 29.
222. idem, p. 30, ainsi que les citations suivantes.
223. idem, p. 3 l, ainsi que la citation suivante.
224. idem, p. 33, ainsi que les citations suivantes.
225. idem, p. 34.
226. idem, p. 57.
227. idem, p. 76.
228. .idem, p. 77.
229. idem, p. 83.
230. Bergson, Introduction à la métaphysique, p. 3.
231. Bergson, op. cit., p. 86, ainsi que citation suivante: Nous
comprenons du même coup l'insistance de Chevalier sur l'intuition
chez Descartes, sur l'intuition chez Pascal: sans être semblables,
elles étaient en provenance directe de l'analyse bergsonienne,
méthodologiquement du moins.
232. Bergson, Introduction à la métaphysique, p. 4. C'est moi qui
souligne.
233. Bergson de J. Chevalier, op. cit., p. 92, ainsi que la citation suivante.
234. idem, p. 94.
235. Lettre à Hoffding, p. 160, citée en appendice du livre de Harald
Hoffding sur « La philosophie de Bergson », traduction française
Paris, Alcan, 1916.
236. Bergson de 1. Chevalier, op. cit., p. 102.
237. idem, p. 112.
238. idem, p. 114.
239. idem, p. 115.
240. idem, p. 122.
241. idem, p. 124.
242. Bergson, in Essai sur les données immédiates de la conscience,
p.176.
243. Bergson, op. cit., p. 127, ainsi que la citation suivante.
244. idem, p. 147, ainsi que la citation suivante. p. 148.
245. idem, p. 148.
246. idem, p. 151, ainsi que la citation suivante.
247. idem, p. 152, ainsi que les citations suivantes.
248. Bergs.on, op. cit., p. 152.
249. Brocà avait montré que chez les aphasiques, c'est-à-dire les
personnes qui manifestent des troubles graves dans leur manière de
parler (comme si la relation ne se faisait plus entre le signe et la
205
chose signifiée) la troisième circonvolution frontale gauche du
cerveau était atteinte. S'il y a lésion de cette circonvolution, il y a
troubles du langage, parfois même perte de parole. C'est donc dans
cette circonvolution que réside la faculté de parler. Dans son « cours
de psychologie à Clermont », Bergson professait:
« n y aurait beaucoup à dire sur la localisation cérébrale. Les
nombreux travaux des physiologistes sur ce point ne s'accordent
pas, et il n'est pas encore absolument démontré que pour le langage
même on soit arrivé à des résultats définitifs (...) On localise
l'instrument matériel de l'âme, sans lequel le fait psychologique
n'aurait pas lieu, mais on ne localise pas le fait psychologique lui-
même. » (Cours de psychologie à Clermont, p. 16.)
Voir Henri Hude : Bergson II, éd. Universitaires, coll. Philosophie
européenne, ici p. 17.
250. Bergson, op. cit., pp. 156/157, ainsi que les citations suivantes.
251. idem, p. 163, ainsi que la citation suivante.
252. idem, p. 163.
253. idem, p. 201.
254. idem, p. 211.
255. idem, p. 212.
256. idem, p. 213.
257. idem, p. 230.
258. idem, p. 233.
259. Bergson, Évolution créatrice, p. 283.
260. Bergson, in Énergie spirituelle, p. 24.
261. Bergson, de 1. Chevalier, op. cit., p. 23
262. Bergson, inÉvolution créatrice, p. 281.
263. C'est moi qui souligne.
264. Bergson, de 1. Chevalier, op. cit., pp. 279/280.
265. Études, 20 novembre 1911, p. 481. Les cours que Bergson a donnés
au Collège de France entre 1900 et 1914, qui comportent un cours
sur les théories de la personnalité et un cours sur les méthodes en
psychologie, ont été édités (aux P.U.F. dans la collection
Épiméthée) par Henri Hude. Les traces en ont été gardées par les
notes du Docteur Ch. Blondel. En s'interrogeant sur les raisons pour
lesquelles Bergson a entrepris les recherches sur la personnalité,
Henri Hude établit qu'elles assument une fonction critique en
répondant à une question méthodologique préalable sur
l'authenticité des expériences mystiques. Les recherches de Bergson
ont porté, semble-t-il, en grande partie sur les phénomènes de
dédoublement de la personnalité (cf « Mélanges », pp. 860-861 et
1081-1084).
206
Voir Henri Hude, Bergson II, éd. Universitaires, coll. Philosophie
européenne, pp. 153/155.
266. C'est moi qui souligne.
267. Bergson de 1. Chevalier, op. cit., p. 297.
268. idem, p. 300 ainsi que les citations suivantes.
269. Oeuvres, tome IV, pp. 421/422. C'est moi qui souligne.
Quel cogito?
Ni théocentrisme, ni anthropocentrisme
270. Oeuvres, tome IV, p. 464.
271. Lettre à Madeleine Mounier de décembre 1926, Oeuvres, tome IV,
pp. 422/423, ainsi que la citation suivante.
272. L'expression est de H. Bremond in « Histoire littéraire du sentiment
religieux tome I, p. 10. Mounier le lisait en décembre 1926 « comme
travaux d'approche» (Oeuvres, tome IV, p. 423) et s'en servira dans
son diplôme (dès la première page).
273. Comme il l'écrit également à sa sœur. Oeuvres, tome IV, p. 423.
274. Je signale au passage que ce texte est fort méconnu: un seul
exemplaire complet se trouve à la bibliothèque de Châtenay-
Malabry. Un extrait de l'introduction, et des extraits de sa
conclusion ont été publiés dans le no 47 (pp. 2 à 13) du Bulletin des
Amis d'B. Mounier. Une partie de la conclusion a été publiée dans
les Études philosophiques (1966, n° 3, juillet-septembre, pp. 312 à
324.
275. Diplôme d'Études Supérieures, inédit, p.S. Nous utiliserons
désormais pour le désigner l'abréviation D.E.S.
276. idem, p. 5, ainsi que les deux citations suivantes.
277. idem, p. 6, ainsi que les citations suivantes.
278. idem, p. 13.
279. idem, p. 9.
280. idem, p. 8, ainsi que les citations suivantes.
281. idem, p. 13, ainsi que les citations suivantes.
282. idem, p. 8. C'est moi qui souligne ainsi qu'à la citation suivante.
283. idem, p. 9, ainsi que les citations suivantes.
284. idem, p. 9, ainsi que la citation suivante.
285. idem, p. 24.
286. idem, p. 25, ainsi que les citations suivantes.
287. idem, p. 26.
288. idem, p. 26bis (sic) ainsi que les citations suivantes.
289. Jean Lacroix, in Marxisme, existentialisme, personnalisme,
éd. PUP., 1966, p. 79.
207
290. D.E.S. p. 26 bis. C'est moi qui souligne.
291. idem, p. 27, ainsi que la citation suivante.
292. idem, p. 28.
293. idem, p. 29.
294. idem, p. 33, ainsi que la citation suivante.
295. idem, p. 35.
296. idem, p. 43.
297. idem, p. 48.
298. Réponses aux Zeobjections, IX, p. 1 10.
299. A Morus, lettre du 5 février 1649, V, p. 270.
300. D.E. S., p. 56
301. A Man de Gott, VIII, 353
302. D.E. S., p. 57.
303. idem, p. 59.
304. idem, p. 61.
305. idem, p. 59, ainsi que les citations suivantes.
306. idem, p. 62.
307. idem, p. 65.
308. idem, p. 68.
309. idem, p. 71.
310. idem, p. 75.
311. idem, p. 76, ainsi que la citation suivante.
312. Traité des passions, tome II, pp. 85, 147.
313. D.E.S., p. 77.
314. idem, p. 78, ainsi que la citation suivante.
315. idem, p. 90, ainsi que la citation suivante.
316. idem, p. 89, ainsi que les citations suivantes où c'est Mounier qui
souligne.
317. idem, p. 90, ainsi que les citations suivantes.
318. Le personnalisme éd. P.U.F., coll. «Que sais-je?» in Oeuvres,
tome III, p. 435.
319. idem, p. 345.
320. D.E. S., p. 87.
321. idem, p. 88, ainsi que les citations suivantes.
322. idem, p. 89.
323. idem, p. 90.
324. idem, p. 87.
325. idem, p. 89.
326. idem, p. 88.
327. Pascal, Pensées, fragment 470.
328. D.E. S.,p. ~8.
329. Titre du dernier paragraphe du D.E.S. de Mounier.
208
330. in Introduction aux existentialismes, Oeuvres, tome III, p. 81.
331. Etienne Borne. in «Mounier », 00. Seghers, 1972, coll.
« Philosophes de tous les temps », p. 62.
332. in Bergson de Chevalier, op. cit., p. 16.
333. in« Journal» en date du 20 décembre 1823.
334. Chevalier s'y intéressait de près: ces rapports se trouvent
explicitement formulés et reformulés dans toute son œuvre, depuis
Les leçons de philosophie alors qu'il était professeur d'enseignement
secondaire aux lycées de Châteauroux puis de Lyon (Leçons qui
seront éditées sous ce titre chez Arthaud en 1943), à La vie morale
et l'au-delà (éd. Flammarion, Paris, 1938) en passant par L'habitude
(éd. Boivin, 1929), La vie de l'esprit (00. Arthaud, 1937), L'idée et
le réel (éd. Arthaud, 1932) et Sainte Thérèse et la vie mystique (éd.
Denoël, 1934). L'une des premières dissertations que Mounier ait eu
à rédiger sous l'égide de Chevalier à l'Université de Grenoble avait
pour thème: Psychologie et Métaphysique. Elle date de décembre
1924 et se trouve à la bibliothèque de Châtenay-Malabry, telle
qu'elle avait été écrite par Mounier et annotée par Chevalier.
Le cogito biranien
335. « Rapports des sciences naturelles avec la psychologie ou la science
des facultés de l'esprit humain» (1812) in édition des «Oeuvres
choisies» de Maine de Biran par Henri Gouhier, parue chez Aubier
Montaigne, Paris, collection « Bibliothèque philosophique », en
1942.
336. Maine de Biran in Essai sur les fondements de la psychologie
(1812). Nous utiliserons la même édition signalée précédemment
des« Oeuvres choisies », ici, p. 128.
337. Essai sur lesfondements, op. cit., p. 78.
338. «Rapports des sciences naturelles avec la psychologie... », in op.
cit., p, 166.
339. Essai sur lesfondements op. cit., p. 104.
340. idem, p. 68, C'est moi qui souligne le terme «personne
individuelle» Maine de Biran souligne: moi.
341. Dans son cours de 1947/48 à l'École normale supérieure. Des notes
de ce cours ont été recueillies et rédigées par Jean Deprun puis
publiées chez Vrin en 1968 sous le titre: « L'union de l'âme et du
corps chez Malebranche, Biran et Bergson. » La remarque faite ici
se trouve à la page 63 de ce recueil. Au reste, nous suivons ici
d'assez près son analyse.
342. Note sur l'idée de l'existence, 00. Tisserand, tome 14, p. 174.
209
343. Mémoire sur les perceptions obscures, éd. Tisserand, tome IV,
p.29.
-
344. Le personnali5me, tome III, p. 436.
345. in Traité du Caractère, Oeuvres, tome II, p. 576 ainsi que citation
suivante.
346. Le Personnalisme, Oeuvres, tome III, p. 436.
347. Introduction aux existentialismes, Oeuvres, tome III, p. 71.
348. Article cité: «A propos d'une thèse... », p. 2.
349. Le personnalisme, p. 447.
350. Essai sur les fondements de la psychologie, op. cil., 1re partie,
section II, chapitre l, Tisserand, tome VIII, pp. 183/184. .
351. idem, 1re partie, section II, chapitre 3, Tisserand, tome VIII,
pp. 208-209.
352. Merleau-Ponty, op. cil., p. 61.
353. Essai sur les fondements de la psychologie, op. cil., p. 82, in
« Oeuvres choisies », Gouhier, op. cil.
354. Notes sur la philosophie de Kant, Oeuvres choisies, Gouhier, op.
cil., pp. 227/228.
355. Traité du caractère, Oeuvres, tome II, p. 577.
356. Traité du caractère, Oeuvres, tome II, p. 116, ainsi, p. 115, que la
citation suivante.
357. « A propos d'une thèse... », art. cil., p. 2.
358. idem, p. 3 ainsi que la citation suivante.
359. Nouveaux essais d'anthropologie, IIr partie, in « Oeuvres
choisies », op. cit., Gouthier, p. 310.
360. idem, p. 311. C'est moi qui souligne.
361. Intitulé: La vie spirituelle dons les limites du caractère.
362. Traité du caractère, Oeuvres, tome II, p. 681. C'est moi qui
souligne.
363. idem, p. 661.
364. idem, p. 664.
365. idem, p. 675.
366. idem, p. 674.
367. idem, p. 675.
368. idem, p. 115.
J'en profite ici pour faire le point utle dernière fois des positions de
Mounier à l'égard de Descartes. Cette accusation contre le système
cartésièn reviendra sous la plume de Mounier tout au long de ses
écrits. Mais il rendra à Descartes ce qui était à Descartes et aux
cartésiens ce qui était aux cartésiens. Mounier signalera, dans
plusieurs de ses notes, que Descartes lui-même mourut au moment
où il renonçait à ce dualisme, en particulier dans ses Lettres à la
210
princesse Elizabeth, où il écrit que la distinction de l'âme et du corps
ne supprime pas « la notion de l'union que chacun éprouve toujours
en soi-même sans philosopher: à savoir qu'il est une seule personne,
qui a ensemble un corps et une pensée ». «Aussi convient-il de
distinguer la descendance d'une grande philosophie de la
prolifération de ses éléments systématiques dont elle reste toutefois
responsable d'une sorte de responsabilité secrète, qui semble tenir à
la responsabilité morale» (note de Mounier, n° 36, dans
Personnalisme et christianisme, Oeuvres, tome I, p. 909.
369. Personnalisme et Christianisme, Oeuvres, tome I, p. 113.
370. Qu'est-ce que le personnalisme? Oeuvres, tome III, p. 220. C'est
moi qui souligne.
371. Verdenal, Histoire de la philosophie, Châtelet, tome VI, p. 49.
372. Qu'est-ce que le personnalisme? Oeuvres, tome III, p. 220.
373. Qu'est-ce que le personnalisme? Oeuvres, tome III, p.209.
374. Introduction aux existentialismes, Oeuvres, tome III, pp. 70/74.
375. à Paris, au Congrès de l'École des Parents en décembre 1932, dans
une étude sur «La vie intérieure », remaniée et reproduite sous le
titre: « La vie intérieure et la formation de la personnalité» dans:
La vie morale et l'au-delà, .00. Flammarion, Paris, 1938. Ici,
pp. 101-102.
Mounier et Chevalier
376. « Leçons de philosophie », tome I et II, éd. Arthaud, Grenoble,
1946. Ces leçons étaient constituées de notes prises par les élèves
lors des leçons professées par Chevalier aux Lycées de Châteauroux
et de Lyon. Ces leçons ont été partiellement reprises par lui à la
Faculté des Lettres de Grenoble.
377. C'est l'expression employée par Paul Fraisse, le Président de
l'Association des Amis d'E. Mounier, lorsque je lui demandais, pour
une émission de France-Culture, ce qu'il répondrait s'il n'avait qu'un
mot à dire caractérisant Mounier quarante ans après sa mort
(émission du 19 janvier 1989 dans la série «Profils perdus»:
Emmanuel Mounier 1932-1950). C'est la réponse qu'il avait faite
également dans le n° d'Esprit de décembre 1950, consacré à
Emmanuel Mounier.
378. Lettre reproduite in Oeuvres, tome IV, p. 804.
379. idem, cf également ici même note 18.
380. Chevalier note dans son journal, en date du 22 novembre 1926, à
propos de Mounier: « Il échappe au double péril de la dispersion et
de l'ascétisme que me signale Guitton chez la plupart des jeunes, et
211
surtout à cette redoutable assurance qui s'imagine à vingt ans d'avoir
fait le tour des problèmes, qui a tout vu, tout compris, tout arrêté.
Je communique à Mounier mon intention de réunir lui et quelques-
uns de ses camarades pour redresser tout cela et les former.
J'attends beaucoup de lui» (reproduit dans le n° d'Esprit de
décembre 1950 consacré à Emmanuel Mounier, p. 943).
381. Dans un cours prononcé à la Semaine Sociale de Grenoble en 1923 :
«Faux et vrai individualisme », reproduit dans La vie morale et
l'au-delà, op. cit., p. 60.
382. idem, p. 82.
383. idem, p. 83.
384. Dans« La vie intérieure », conférence donnée au Congrès de l'École
des Parents à Paris en décembre 1932. Reproduite et remaniée dans
La vie morale et l'au-delà, ch. IV, ici pp. 85-86 (voir note 475 ici-
même).
385. idem, p. 92.
386. idem, p. 93.
387. idem, p. 95.
388. idem, p. 96.
389. idem, pp. 96 à 98. On eût aimé que Chevalier puisse en 1940
appliquer à lui-même ses propres principes...
390. idem, p. 99.
391. idem, p. 103/104.
392. idem, p. 106.
393. idem, p. 108.
394. idem, p. 104 ainsi que la citation swvante.
395. Mounier in La pensée de Charles Péguy, Oeuvres, tome I, p. 15.
396. . Son père, le général Georges Chevalier (1854-1938) avait été
directeur du Génie au ministère de la Guerre, de 1910 à 1917, ce
qui, avec sa mort en 1938, peut expliquer bien des choses - pas tout
-
cependant de l'acceptation, faite à Pétain lui-même, par Jacques
Chevalier, de son poste de Secrétaire général à l'instruction
publique, en septembre 1940 puis, en février 1941, de Secrétaire
d'État à la Famille (les Nazis ne voulaient plus de lui à l'instruction
publique et avaient contraint Pétain à le changer de poste).
397. «Histoire de la Pensée », éd. Flammarion, 4 tomes. Les quatre
tomes se découpaient ainsi :
1. La pensée antique, 1955.
2. La pensée chrétienne, 1956.
3. La pensée moderne de Descartes à Kant, 1961.
4 La pensée moderne de Hegel à nos jours, 1963. (La rédaction
de ce dernier tome a été reprise par L. Husson après la mort de
212
Jacques Chevalier, survenue le 19 avril 1962.)
Les quatre tomes réédités par les éditions Universitaires aujourd'hui
disparues ne recouvrent hélas que les deux premiers tomes des
éditions Flammarion.
398. En ce qui concerne Mounier, voir surtout: «Pôle politique et pôle
prophétique. Théorie de l'engagement» dans Le personnalisme, in
Oeuvres, tome IIL pp. 503-506.
)}
En ce qui concerne Péguy, c'est tout le rapport entre la « mystique
et la « politique ». Mounier en parle dans La pensée de Charles
Péguy, in Oeuvres, tome I, pp. 59 à 7 1.
399. Lettre du 23 août 1933 à Jacques Leftancq, in Oeuvres, tome IV,
p.418.
400. Le Traité du Caractère et L'affrontement chrétien sont les deux
livres d'Emmanuel Mounier qu'il a écrit à Dieulefit, dans la Drôme,
en 1943 et 1944. Le Traité du Caractère avait été commencé en
prison en 1942 à Clermont-Ferrand et à Lyon. Il constitue le tome II
des Oeuvres. L'affrontement chrétien, paru en 1945 à Neuchâtel en
Suisse aux éditions de La Baconnière dans la collection «Les
cahiers du Rhône », puis en 1948 simultanément à Neuchâtel, La
Baconnière et à Paris, éditions du Seuil, dans la même collection. Il
se trouve dans Oeuvres, tome Ill, pp. 7 à 66. « Le personnalisme»
paraîtra en 1949, juste avant la mort de Mounier, aux P.U.F. dans la
collection « Que sais-je? » reproduit in Oeuvres, tome III, pp. 427
à 525.
Péguy
452. Mounier in La pensée de Charles Péguy, Oeuvres, tome I, p. 20
ainsi que les citations suivantes.
453. idem, p. 21 ainsi que la citation, suivante.
454. idem, p. 23.
455. idem, p. 27.
456. Mounier, op. cit., Oeuvres, tome I, p. 28 ainsi que les citations
216
suivantes.
457. TIy a eu bien d'autres lectures de Péguy depuis celle de Mounier.
Mais c'est à cette lecture que je m'attache ici, car ce qui m'importe,
outre Mounier lui-même, c'est la perception de l'évolution, à travers
celle de Mounier, de la thématique de la Personne et de la
Communauté.
458. Mounier, op. cit., Oeuvres, tome I, p. 29 ainsi que les citations
suivantes.
459. Mounier, op. cit., Oeuvres, tome I, p. 31.
460. Péguy, Note sur M Bergson IX, 51.
461. Péguy, Note sur M Bergson IX, 20/21.
462. Mounier, La pensée de Charles Péguy, Oeuvres, tome II, p. 37.
463. idem, p. 40 ainsi que les citations suivantes.
464. Péguy, Un nouveau théologien XIII, 174.
465. Mounier, op. ch., Oeuvres, tome 1.
466. idem, p. 44.
467. idem, p. 59 ainsi que les citations suivantes. L'exergue est tirée de
Caliban parle de Guéhenno.
468. Mounier, op. cit., Oeuvres, tome I, p. 60 ainsi que la citation
suivante.
469. idem, p. 66.
470. Mounier, op. ch., Oeuvres, tome I, p, 60.
471. idem, p. 72.
472. idem, p. 73 ainsi que les citations suivantes.
473. idem, p. 74, ainsi que la citation suivante.
474. Mounier, op. cit., Oeuvres, tome I, p. 77.
475. idem, p. 78.
476. idem, p. 79.
477. idem, p. 80.
478. Mounier, op. cit., Oeuvres, tome I, p. 83.
479. idem, p. 84.
480. idem, p. 85.
481. idem, p. 87.
482. idem, p. 86, citant Péguy dans De la situation faite à l'histoire
(III, 207).
483. Péguy in « L'argent suite» (XIV, 9).
484. Mounier, op. cit., Oeuvres, tome I, p. 92.
485. idem, p. 93, ainsi que les citations suivantes.
486. idem, p. 95.
487. Mounier, op. cit., Oeuvres, tome I, p. 99.
488. idem, p. 101 ainsi que la citation suivante.
489. idem, p. 103 ainsi que les citations suivantes.
217
490. idem, p. 104.
491. idem, p. 108.
492. idem, P. 109.
493. idem, p. 111.
494. idem, p. 112.
495. idem, p. 113.
496. idem, p. 114.
497. idem, p. 119.
498. ibidem, p. 118.
499. Péguy in« Ève », VII, 137, op. cit., p. 944.
500. Entretiens Il, Oeuvres, tome IV, pp. 467/468.
501. Maritain, Primauté du spirituel, Plon, 1927, coll. Le Roseau d'or.
502. Mounier, Oeuvres, tome I, pp. 15/16.
503. Mounier, Révolution personnaliste et commUliautaire, éd.
Montaigne, coll. Esprit, Paris 1935. Reproduit dans Oeuvres,
tome I, pp. 129 à 416, ici p. 133.
218
Bibliographie
Cette bibliographie n'a aucune prétention à l'exhaustivité. Elle tâche
seulement de rendre compte soit des ouvrages et des études que nous
avons cités en cours de texte, soit d'ouvrages généraux ou spécifiques
concernant le personnalisme ou les notions de personne et de communauté.
-
I Œuvres d'Emmanuel Mounier
La plupart des œuvres d'Emmanuel Mounier ont été réunies aux éditions du
Seuil par les soins de Madame Paulette Mounier en quatre volumes ainsi
répartis:
Tome 1 : - Oeuvres, 1931/1939 (paru en 1969).
- Contribution à La Pensée de Charles Péguy, lib. Plon, 1931.
-Révolution
1934.
personna/iste et communautaire, éd. Montaigne,
221
Tome 2 : - Traité du Caractère, paru en 1961, ouvrage de Mounier paru
aux éditions du Seuil en 1946.
222
En Livre de Poche, il est par ailleurs possible de trouver les œuvres
suivantes d'Emmanuel Mounier:
-Le Traité du Caractère, éd. du Seuil, coll. Points, n° 56
- Communisme, anarchie et personnalisme, éd. du Seuil,
coll. Points Politique, n° 3
- L'affrontement chrétien, éd. du Seuil, coll. Livre de Vie, n° 54
- L'engagement de la foi, éd. du Seuil, coll. Livre de Vie,
n° 87-88
- Malraux, Camus, Sartre, Bemanos. L'espoir des désespérés,
éd. du Seuil, coll. Points, n° 3
- Introduction aux existentialismes, éd. Gallimard, coll. Idées,
n° 14
Le Bulletin publie également des lettres inédites de Mounier, ainsi que des
lettres de ses correspondants, des articles et des passages d'études
consacrées à son œuvre.
223
Mounier, le samedi 27 avril 1985 au Foyer International d'Accueil
de Paris, 30, rue Cabanis, 75014 Paris. Parmi les interventions ont
eu lieu notamment celles de :
. Hubert Hausemer (Luxembourg) : « La vocation de la
personne. »
. Jacques Le Goff(Quimper): La pensée de l'action.
er
* Signalonsaussi le Colloque des 30/31 octobre et 1 novembre 1982 au
V.V.F. de Dourdan, pour approfondir les tâches du personnalisme pour
demain et son histoire. Intervenants:
- en ce qui concerne la fondation d'Esprit: Paulette Mounier, René
Rémond, M. de Gandillac, D. de Rougemont. J Lacroix,
1. Madaule, B. d'Astorg, L. Dulong, E. Humeau, PA Touchard;
- en ce qui concerne les options du personnalisme depuis 50 ans :
A. Dumas, A. Mandouze, J W. Lapierre, J HeIleman,
D. de Rougemont, P. Mourner, J-M. Domenach, E. Borne;
- en ce qui concerne le personnalisme d'aujourd'hui et de demain:
l-M. Domenach, M. Da Penha Villela-Petit, P. Zoghbi,
E. de Giorgia, l Wright;
- en ce qui concerne les exigences du personnalisme dans le monde
d'aujourd'hui: H. Bartoli, P. Ricoeur, P. Thibaud, F. Garrigue,
P. Fraisse.
Le texte de l'ensemble de ces interventions a été édité aux éd. du Seuil en
1985 sous le titre: Le personnalisme d'Emmanuel Mounier, hier et
demain. Pour un cinquantenaire.
224
qu'enfin une partie de la conclusion a été publiée dans les « Études
philosophiques}} n° 3, juillet/septembre 1966 (pp. 319-324)
225
ll. Ouvrages cités ici autres que les œuvres
d'Emmanuel Mounier
Avant-propos
226
Jean LACROIX: « Le dixième anniversaire de la mort du fondateur
d'Esprit, article du Monde du 23 mars 1960reproduit dans le Bulletin
des Amis d'E. Mounier n° 96/97, p. 13.
Jean-Louis LOUBET DEL BAYLE: Les non-conformistes des années
1930, éd. du Seuil, Paris, 1969.
Par ailleurs:
Le n° spécial de la revue Esprit de décembre 1950 consacré à
Emmanuel Mourner.
- Le livre du cinquantenaire de la fondation d'Esprit, déjà cité:
Le personnalisme d'Emmanuel Mounier - hier et demain pour un -
cinquantenaire, éd. du Seuil, Paris, 1985.
227
-particulièrement
La notion du nécessaire chez Aristote et chez ses prédécesseurs,
chez Platon. Ce livre de Chevalier, mentionné
par Pouget, fut édité en 1915 aux éd. Rey à Lyon et aux éd. Alcan
à Paris la même année.
Je signale également:
-Où chercher le réel?, éd. Blond & Gay, 1927.
-LParis,
'habitude. Essai de métaphysique scientifique, éd. Boivin et Cie,
1929.
-La vie morale et l'au-delà, éd. Flammarion, Paris, 1938.
- Histoire de la pensée, éd. Flammarion, 4 tomes:
1. La pensée antique, 1955.
2. La pensée chrétienne, 1956.
.
228
Notons également l'ouvrage collectif intitulé Henri Bergson aux éditions
de la Baconnière en 1941 et La philosophie de Bergson . de Harald
Hôtfding, traduction ftançaise, éd. Alcan, Paris, 1916.
Quel cogito?
229
- Nouveaux essais d'anthropologie (3e partie).
- Mémoire sur les perceptions obscures tome IV.
- Note sur l'idée d'existence tome XIV.
- Chez M. Merleau-Ponty: L'union de l'âme et du corps chez
Malebranche, Biran et Bergson, notes prises au cours de Maurice
Merleau-Ponty à l'École Normale Supérieure (1947/1948) recueillies et
rédigées par Jean Depren, Paris, Librairie Philosophique, 1. Vrin, 1968,
Bibliothèque d'histoire de la philosophie.
Le Père Pouget
A) Travaux du Père Pouget
B) Maurice BLONDEL:
-
L'Action, essai d'une critique de la vie et d'une science de la
pratique, éd. Alcan, Paris, 1893, communément appelée
« l'Action de 1893» pour ne pas la confondre avec le texte de
« l'Action » pam en deux tomes:
. L'Action, tome 1 : Le problème des causes secondes et le
pur Agir, éd. Alcan, Paris, 1936.
. L'Action, tome 2 : L'action humaine et les conditions de
son aboutissement, éd. Alcan, Paris, 1937.
C'est le second volume qui fut la reprise partielle de la thèse de
1893.
- « Le problème de la philosophie catholique », Cahiers de la
Nouvelle Journée, n° 20, éd. Blond &Gay, Paris, 1932.
- La Pensée, tome 1 : La genèse de la pensée et les paliers de
son ascension spontanée, éd. Alcan, Paris, 1934.
- La Pensée, tome 2 : Les responsabilités de la pensée et la
possibilité de son achèvement, éd. Alcan, Paris, 1935.
- L'être et les êtres:' Essai d'ontologie concrète et intégrale,
éd. Alcan, Paris, 1935.
231
* concernant l'œuvre et la pensée de Maurice Blondel, j'ai fait référence aux
textes suivants:
Paul ARCHAMBAULT: « Vers un réalisme intégral. L'œuvre
philosophique de Maurice Blondel in Cahiers de la Nouvelle
Journée, 1928.
-
H. DUMERY: La philosophie de l'action, essai sur
l'intellectualisme blondélien - avec une préface
de Maurice Blondel, éd. Aubier-Montaigne, 1948.
(A la fin' de cet ouvrage, se trouve pour la
première fois une bibliographie analytique
complète des « ouvrages et publications diverses
de Maurice l!londel ».)
- «Blondel et la philosophie contemporaine », in
Études blondéliennes, fasc. 2, P.u.F., 1952.
- Blondel et la religion, P.U.F., 1954.
- Raison et religion dans la philosophie de l'action,
éd. du Seuil, Paris, 1963.
C. TRESMONT ANT : Introduction à la métaphysique de Maurice
Blondel, éd. du Seuil, Paris, 1963.
Péguy
A) L'œuvre de Péguy
J'ai principalement utilisé les:
- Oeuvres poétiques complètes, éd. Gallimard, BibI. N.R.F. de
la Pléiade, 1957.
- Oeuvres en prose (1898/1908), éd. Gallimard, BibI. N.R.F.
de la Pléiade, 1957.
- Oeuvres en prose (1909/1914), éd. Gallimard, BibI. N.R.F.
de la Pléiade, 1957.
Notamment:
«Note sur M Descartes» (publiée par La Nouvelle Revue
Française du 1erjuillet 1919), « Porche du mystère de la deuxième
vertu », « Eve », « Un nouveau théologien », « L'argent-suite »,
«Clio », «Note conjointe sur M Descartes », « De la situation
232
faite à l'histoire ».
rai utilisé directement le 8' cahier de la ISe série du 21 avril 1914
des Cahiers de la Quinzaine: « Note sur M Bergson et la
philosophie bergsonienne ».
TIest hors de question d'indiquer ici tous les livres parus, les études éditées
ou non, etc. mais ceux que j'ai lus et dont je me suis ou non servi dans le
.
présent texte.
P. ARNAUD: Le. personnalisme et la crise politique et morale des
XX' siècle. Vie et Œuvre d'Emmanuel Mounier, 1905-1950, Diplôme
d'Études Supérieures présenté à la Faculté des Lettres et des Sciences
Humaines d'Aix; octobre 1965. Ce texte n'a été publié à Nanterre qu'en
mai 1988.
M.-E. BEL Y : Le Christ d'Emmanuel Mounier in Philosophies en quête du
Christ (sous la dir. De Pierre Gire), coll. Jésus et Jésus-Christ, n° 52,
éd. Desclée, Paris, 1991
E. BORNE: Mounier, éd. Seghers, coll. Philosophes de tous les temps,
1972.
H. CRAIGNE, R. COUSSO, J..M. DOMENACH, L. GUISSARD,
233
J. LACROIX, G. NGANGO, P. TAP: Emmanuel Mounier ou le combat
dujuste, éd. Frères du Monde, Ducroc, Bordeaux, 1968.
H. CHAIGNE : «Le personnalisme de Mounier: I - Petite introduction
par les textes. II - Pour lire Mounier» in Le personnalisme, un
chantier ouvert, supplément à Vers la vie nouvelle, n° 6, Juillet 1981.
J. CHARPENTREAU, L. ROCHER: L'Esthétique personnaliste
d'Emmanuel Mounier in les Éditions Ouvrières, coll. La Vie Nouvelle,
1966.
J CONILH: - Emmanuel Mounier, éd. P.UF., coll. SUP., Paris, 1966.
-
Emmanuel Mounier et le mouvement Esprit, histoire d'un
engagement 1932-1944 in Politique Autrement, Juillet
1989 : «Le personnalisme d'E. Mounier. I - Histoire d'un
engagement» .
J-M. DOMENACH: - Emmanuel Mounier, éd. du Seuil,
coll. Microcosmes, Écrivains de toujours, 1972.
- Ma rencontre avec Mounier in L'engagement en
questions, les années d'après-guerre, in Politique
Autrement, Juillet 1989: «Le personnalisme
d'E. Mounier. I - Histoire d'un engagement ».
P. GANNE : Introduction â la lecture d'Emmanuel Mounier - Cultures et
foi, 5, rue Sainte-Hélène, 69000 Lyon.
L. GUISSARD : Mounier, éd. Universitaires, coll. classiques du
x.xe siècle, Paris, 1962.
H. HAUSEMER: Qu'est-ce qu'une personne? La contribution du
personnalisme d'Emmanuel Mounier (1905-1950) in Institut Grand
Ducal, section des Sciences Morales et Politiques, 1994
G. LUROL: - Mounier et le surréalisme in revue Esprit, Juin 1972.
- Pour une genèse de la thématique de la personne chez
Emmanuel Mounier. Mémoire de maîtrise de philosophie,
Faculté des Lettres, Paris, 1970, 207 p, inédit (se trouve
à la bibliothèque de Châtenay).
Genèse de la Personne chez Emmanuel Mounier. Thèse
de doctorat 3e cycle, Université de Paris X, Nanterre,
1985, tomes II et II, 604 p. - inédit (se trouve à la
bibliothèque de Châtenay et, en microfilms, dans les
universités).
A ce tèxte fut décerné en 1986 le prix Emmanuel
Mounier par l'Association des Amis d'E. Mounier
,:conjointement à l'ouvrage d'Attilio DANESE: Unitâ et
234
pluralità, Mounier e il ritorno alla persona, 1984, Città
Nuova Editrice, Roma, ricerche/16.
- Articles publiés dans la revue Entre 5 et 7 en 1986 :
. nOs 9 et 10 - Retour à nos sources.
. n° Il - Pourquoi s'intéresser à Mounier?
- Article publié dans la Revue de 1'U.F.C.v. : Le
personnalisme de Mounier, avri11990.
- Mounier L Genèse de la personne,
Universitaires, Paris, 1990.
éditions
235
IV. Ouvrages et études concernant le personnalisme
et spécifiquement la notion de personne
236
I-L. BRACKELAIRE: La personne et la société. Principes et
changements de l'identité et de la responsabilité, éd. De Boeck-
Université, Bruxelles, 1995.
M. BUBER: - Le problème de l 'homme, éd. Aubier, 1980.
- Je et Tu, éd. Aubier, 1992
- Le chemin de l'homme, éd. du Rocher, 1995.
F. CHIRP AZ : « La personne» - Bulletin du centre protestant
. d'études,
Genève, octobre 1982.
P. CORMIER: Généalogie de la personne, éd. Critérion, coll. Idées, 1994.
A. DANESE: - Unità et Pluralità. Mounier e il ritomo alla persona,
1984, Città nuova editrice, Roma, Ricerche/16.
A ce texte fut décerné en 1986 le prix Emmanuel.
Mounier par l'Association des Amis d'E. Mounier,
conjointement à ma thèse de doctorat 3e cycle (voir plus
haut).
- La questione personalista. Mounier e Maritain nel
debattito per un nuovo umanesimo, 1986, Città Nuova
Editrice, Roma, Ricerche/21.
A. DANESE et G.-P. DI NICOLA: Éthique et personnalisme, éd. Ciaco,
Louvain-la-Neuve, 1989 (Ces deux auteurs dirigent avec talent dep1Ùs
1991 la revue trimestrielle Prospettiva Persona).
F. DOLTO, L. DUMONT, G. PERCHERON, P. RICOEUR, F. VARELA,
I-P. VERNANT, P. VEYNE:« Sur l'individu », Colloque de Royaumont,
éd. du Seuil, 1987.
H. DUMERY: - Regards sur la philosophie contemporaine,
éd. Casterman. 1957, Tournai, Paris.
-
«La personne - qui» in Du banal au merveilleux.
Mélanges offerts à Lucien Jerphagnon, Les Cahiers de
Fontenay, 1989.
y. GOBRY : La personne, éd. P.U.F., coll. Initiation philosophique, Paris,
1961.
G. GUSDORF : Mémoire et personne, éd. PUP, 1993.
H. HAUSEMER : «La dialectique de la personne» in Le personnalisme,
un chantier ouvert, supplément à Vers la vie nouvelle, J1Ùllet1981
F. JACQUES: - Différence et subjectivité, éd. Aubier, 1982.
-
Écrits anthropologiques. Philosophie de l'esprit et
237
cognition, éd. L'Harmattan, coll. Crise et anthropologie
de la relation, Paris, 2000.
J. LACROIX: - Personne et amour, Lyon, éd. Construire, 1942, Paris
Copyright, 1955, Paris, éd. du Seuil, 1956.
- -
Le sens du dialogue Neuchâtel éd. de la Baconnière,
1944, coll. Être et penser, 1969, 5e édition. Cahiers de
philosophie, n° 9.
-
Marxisme, existentialisme, personnalisme, présence de
l'éternité dans le temps, P.UF., coll. Bibliothèque de
philosophie contemporaine, Paris, 1949, 4e éd. en 1960.
-
Le personnalisme comme anti-idéologie, éd. P.UF.,
coll. S.UP., Paris, 1972.
- Le désir et les désirs, éd. P.UF., Paris, 1975.
- Le Personnalisme, Sources-Fondements-Actualités,
éd. Chronique Sociale, coll. « Synthèse », Lyon, 1981.
P.-L. LANDSBERG: Problèmes du personnalisme, éd. du Seuil, Paris,
1952.
F. LAPLANTINE: Je, Nous, les autres. Être humain au-delà des
appartenances, éd. Le Pommier, 1999.
G. LE GAUFEY :Anatomie de la troisième personne, éd. EPEL, 1998.
G. LEMONE : - Tempo della persona e sapienza del possibile Valori,
politica, diritto in Emmanuel Mounier, Collana di saggi e
testi deU'Istituto di Filosofia deI diritto dell'Università
-
degli studi di Napoli Sez. « Saggi », 8, Napoli: Edizioni
Scientifiche Italiane, 1988.
- La questione personalista, Roma, 1986.
- Il ritorno della « persona », Napoli, 1987.
1. LESTAVEL: -Introduction aux personnalismes, éd. de la Vie
Nouvelle, 1961, document hélas devenu introuvable.
- Pour une révision et un renouveau du personnalisme.
Mounier au péril du temps, 1986, Document inédit,
appartenant à la Vie Nouvelle.
- « Cent ans de théories et de réalisations
communautaires» in Revue Approches, cahier n° 64.
G. LUROL : - «Personnalisme et' individualisme contemporains ».
Revue Entre 5 et 7, n° 12, 1986.
- « Présence du personnalisme» in Du personnalisme au
fédéralisme européen, en hommage à Denis de
238
Rougemont, 00. du Centre Européen de la Culture,
Genève, 1989.
- « Renaissance de la Personne» in Revue Approches,
cahier n° 64, 1989. J'avais organisé ce numéro avec:
J. des témoignages d'Etienne BORNE, Jean-Marie
DOMENACR et Jean LESTAVEL, que j'avais
recueillis et diffusés au cours de l'année 1989 sur
France Culture dans le cadre de l'émission « Les
chemins de la connaissance »
2. des articles:
- de Jean LESTA VEL : « Cent ans de théories et de
réalisations communautaires»
)}
- de Gérard LUROL : « Renaissance de la personne
- de Paulette MOUNIER: « Les débuts de la revue
Esprit»
- de Paul RICOEUR: « Approches de la personne )}
3. des interviews:
- de Marie-Etiennette BEL Y: « Mounier chrétien et
philosophe )}
- d'Olivier MONGIN : « Et Esprit? »
4. des échanges à propos de « Aujourd'hui, la
communauté. ..» avec Anne DVNAND, Françoise
DURIBREDX. Thierry GOSSET, Bruno JARRY,.
Reba NASSAR et Florent SCHMIT
5. des adresses d'associations se réclamant du
personnalisme
- Qu'est-ce qu'une personne? in Revue de l'Aumônerie
Nationale des Centres et Services d'Éducation
Spécialisée, 1991
- La personne, un être responsable in Revue de
l'Aumônerie Nationale des Centres et Services
d'Éducation Spécialisée, 1993
- La personne face à la loi in Revue de l'Aumônerie
Nationale des Centres et Services d'Éducation
Spécialisée, 1993
- Les sens, expression de la personne in Revue
Recherches, Handicaps et Vie Chrétienne, n° 79,1994
- La personne corps et âme in Revue Croissance de
l'Église, n° 117, 1996
- Le rassemblement de soi in Revue Croissance de l'Église,
n° 120, 1996
239
. Personne et communauté à l'école in Les Cahiers de
l'I.S.P. n° 27, 1998
. Szljet et personne, essai de positionnement du problème
in La Nouvelle Revue de l'A.I.S., éd. du Centre National
de Suresnes, n° 5, 1999
* Signalons ici les deux séries d'émissions radio que j'ai, en 1989,
consacrées à Emmanuel Mounier et à son œuvre sur France-culture:
- une première série de deux fois une heure dans « Profils perdus» :
. le 12 janvier 1989 : Emmanuel Mounier (1905/1932),
. le 19janvier 1989 : EmmanuelMounier(1932/1950),
- une seconde série de 5 fois 18 minutes dans « Les chemins de la
connaissance» :
du 22 au 25 mai 1989 : «Une philosophie de la personne:
Emmanuel Mounier»
MALET: Personne et amour dans la théologie trinitaire de saint Thomas
d'Aquin, Vrin, 1956.
M.-L. MARTINEZ: Vers la réduction de la violence à l'école.
Contribution à l'étude de quelques concepts pour une anthropologie
relationnelle de la personne en philosophie de l'éducation,
éd. Septentrion, Presses Universitaires de Lille, 1997
P. MOUNIER: - « Les débuts de la revue Esprit» in revues Esprit, mars-
avril 1990 et Approches, cahier. n° 64 intitulé
«Renaissance de la personne », 4e trimestre 1989.
- «Témoignage. » in Du personnalisme au fédéralisme
européen, en hommage à Denis de Rougemont, éd. du
Centre Européen de la Culture, Genève, 1989.
G. W. MORGAN: The human predicament Dissolution and wholeness, .
Brown University Press. Providence, 1968 ;
et notamment: «Dissolution of the person », pp. 61-76, et« Wholeness
and the person» p. 320/329.
J.-L. NANCY: La communauté désœuvrée, Christian Bourgeois éditeur,
1986.
M. NEDONCELLE: - La réciprocité des consciences, essai sur la
nature de la personne, éd. Aubier-Montaigne,
1942.
- La personne humaine et la nature, éd. P.U.F.,
coll. Nouvelle Encyclopédie philosophique,
240
Paris, 1943.
- Introduction et Notes pour Oeuvres
philosophiques de Newman (trad.
S. Jankélévitch), Aubier, Paris, 1945.
- Maurice Blondel et les équivoques du
personnalisme in Teoresi, 5, 1950, pp. 123/132.
- {( La philosophie de l'action et les philosophies
de la personne », in Les Études philosophiques
n° 7, 1952, pp. 387/389.
Vers une philosophie de l'amour et de la
personne, éd. Aubier, Paris, 1957 (épuisé).
- Conscience et logos, Horizons et méthodes
d'une philosophie personnaliste, éd. de l'Épi,
1961.
- Personne humaine et Nature, étude logique et
métaphysique, éd. Aubier, Paris, 1963.
- « Le masque et la personne: du théâtre à la
vie », Bulletin de l'Association G. Budé,
pp. 21-31, n° 1, 4e série, mars 1968.
- Explorations personnalistes, éd. Aubier-
Montaigne, coll. Philosophie de l'Esprit, Paris,
1970.
S. NOV AES (sous la dir.) : Biomédecine et devenir de la personne, éd. du
Seuil, 1991.
PIAT : La personne humaine, éd. Alcan, Bibliothèque de Philosophie
contemporaine, Paris, 1987.
C. RENOUVIER: Le personnalisme, 00. Alcan, Paris, 1903.
S. RESNIK: Personne et psychose. Études sur le langage du corps,
éd. Petite Bibliothèque Payot, 1978.
P. RICOEUR: - {(Meurt le personnalisme, revient la personne », dans la
revue Esprit, janvier 1983.
- {( Individu et identité personnelle », in Sur l'individu, éd.
du Seuil, Paris, 1987.
- « Approches de la personne », dans les revues Esprit,
mars-avril 1990 et Approches, cahier n° 64 intitulé
{(Renaissance de la personne », 4e trimestre 1989.
- Soi-même comme un autre éd. du Seuil, Paris, 1990.
D. DE ROUGEMONT: - « Grammaire de la personne », revue Hic et
Nunc nos3-4,juillet 1933.
241
- Politique de la personne, éd. Je sers, Paris,
1934, rééd. remaniée, 1946.
- Penser avec les mains, éd. Albin Michel, Paris,
1936, rééd. Gallimard, colI. « Idées », 1972.
- L'amour et l'Occident, éd. Plon, Paris, 1939,
rééd. en 10/]8 en 1964, éd. définitive 1974.
- L'aventure occidentale de l'homme, éd. Albin-
Michel, 1957, rééd. éd. Sauret, Monaco, 1972.
- Comme toi-même, éd. Albin Michel, ]961,
rééd. sous le titre «Les mythes de l'amour »,
éd. Gallimard, coll. « Idées », Paris, ]965.
1. STORK: Le primat de l'individuation, PUF, 1998.
P. TEILHARD DE CHARDIN : - « Esquisse d'un univers personnel »,
4 mai ] 936, reproduit in Oeuvres de
Pierre Teilhard de Chardin, t. 6
- L'énergie humaine, éd. du Seuil,
Paris, ]962, pp. 67 à] 14.
T. TODOROV : - Nous et les autres. La réflexion française sur la
diversité humaine, éd. du Seuil, 1989.
-Les abus de mémoire, éd. Arléa, 1995.
- La vie commune. Essai d'anthropologie générale,
éd. du Seuil, 1995
- Le jardin imparfait. La pensée humaniste en France,
éd. Grasset, 1998.
F. TURLOT : Idéalisme dialectique et personnalisme; essai sur la
philosophie d'Hamelin, éd. Vrin, Librairie philosophique, Paris, 1976.
S. TZITZIS : Qu'est-ce que lapersonne ?, éd. Armand Colin, 1999
H. de VARINE : L'initiative communautaire, recherche et
expérimentation, éd. MNES, PUF Lyon, ]99].
M. ZUNDEL: - Recherche de la Personne, Oeuvre Saint-Augustin et
Desclée de Brouwer, Paris, 1938, 2e éd. Desclée, Paris,
1990.
-
Je est un autre, éd. Anne Sigier (Québec), 1971, 2e éd.
1986.
- Supplément à Vers la Vie Nouvelle de juillet] 981 intitulé
« Le Personnalisme, un chantier ouvert».
]
- Supplément à Vers la Vie Nouvelle de mai 987 intitulé
« La Personne aujourd'hui, une lecture personnaliste de
242
quelques problèmes contemporains».
- Retour à la personne in Trajets, Documents 38, Cahiers
Universitaires Catholiques (Catholiques de l'Enseigne-
ment Public), été 1998.
- Présence de la personne, identité, citoyenneté, sens, éd.
La Vie Nouvelle, décembre 1998.
- Nous n'avons pas établi ici le listing de tous les articles de
la Revue Esprit concernant Mounier, la Personne ou le
personnalisme. Cette liste serait longue et irait des articles
de 1. Plaquevent en 1933 et de P.-L. Landsberg en 1934 à
celui de P. Ricoeur en 1983 en passant par exemple par
ceux de p.. Caussat en 1972 et M. Dariaki en 1981.
Revue des Sciences Humaines n° 213 : «Penser la communauté », ISH,
1989.
Cahiers Jésus Caritas n° 239: «De l'individu à la personne », 1990.
Cahiers Pour Croire Aujourd'hui n° 85 : «Le désir d'identité », PUF,
septembre 1991.
Les Cahiers de l'Institut Catholique de Lyon, n° 30: «Sommes et cycles
XIIe-XIVe siècles », Actes des Colloques de Lyon, 1998-1999, Institut
Catholique de Lyon, 1999.
243
Index des noms cités
Bien entendu, le nom d'Emmanuel Mounier, partout présent dans cet
ouvrage, ne figure pas dans cet index. Par contre, y figurent les
pseudonymes qu'il a utilisés.
248
GUITTON (1.) : 32, 37, 38, 40, 46, I-AC1{OIX (J.) : 21, 101, 127, 197,
48, 100, 162, 163, 164, 165, 166, 204,207,224,227,234,238
175, 195, 196, 203, 211, 213, 214, I-AFONTAINE: 214
215,216,225,226,230,231
I-AMACCHIA : 235
GUSDORF (G.): 237 I-APIERRE (J.-W.) : 224
I-API-ANTINE (F.) : 238
HALÉVY (D.) : 233
I-APORTE : 49
HARTMANN: 103
I-ATREII-I-E (A.) : 195
HAUSEMER (H.): 9, 224, 234,
237 I-ECI-ERCQ(E.)(pseud. MOUNIER) :
199
HEGEl.: 103,212,228
I-ECI-ERCQ (p.) : 29
HEI-I-EMAN (1.) : 224
U~FRANCQ (1.): 30, 100, 194,
HENRY (A.) : 233 195,199,213
HOFFDING(H.): 205
I-E GOFF (I.) : 224
HORACE: 214 I-EffiNIZ : 79
RUDE (H.) : 206,207,229 I-EMONE (G.) : 238
HUMEAU (E.) : 224
I-ESTA VEl. (J.) : 9,238,239
HUSSON (I..) : 163, 172, 195,212,
I-OCKE : 137, 138
216,231
I-OISY: 161,162,163,214,230
ISAAC: 97 I-OUBET del BAnE (I.-L):
227,236
IZARD (G.) : 47,48,226,233
LUROL (G.): 226,234, 236, 238,
IZARD (P.) : 236 239
I-UTHER : 124
JACOB: 97
JACQUES (F.): 237
MADAULE (1.) : 224
JANET (p.) : 215,226
MADINIER(G.): 195
JANKÉI-ÉVITCH (S.) : 214,232,
241 MAINE de BIRAN : 33,40,45,64,
105, 107, 119, 134, 135, 136, 137,
JANKÉI-ÉVITCH (V.) : 229 138, 139, 140, 141, 142, 143, 144,
JANKÉI-ÉVITCH (V.) : 229 145, 146, 147, 153, 204, 209, 225,
JARRY (B.) : 239 229,236,230
JAURÈS: 31,48,233 MAI.,EBRANCHE: 30, 31, 79,
JEAN des ANGES: 47,49, 50, 60, 209,230
61,63,67,147 MAI.,ET : 240
JERPHAGNON (I..) : 237 MAI.,RAUX : 223
JÉSUS (voir Christ) MAN de GOTT : 208
MANDOUZE (A.) : 224
KANT : 56, 89, 142, 210, 212, 228, MANTZOURANIS (1.) : 236
229 MARAIS (M.-N'. du) : 235
KIERKEGAARD: 63, 64, 134,
MARC (A.) : 233,236
140, 146
MARCEL (G.) : 52
I-ABERTHONNIÈRE : 214,230 MARITAIN (1.) :6, 18,23,44,47,
48, 52, 53, 63, 148, 155, 188, 196,
I-ACHEUER : 105, 107 218,227,235,237
249
MARTI (S.) : 236 PÉGUY (M.) : 47,48,233
MARTIN (J.-M.) : 9,193 PÉGUY (P.): 46
MARTINAGGI (J.): 50, 52, 65, PERCHERON (G.) : 237
195, 196, 197, 199 PÉRIER (E.) : 91
MARTINEZ (M.-L.) ; 9, 13,240 PÉTAIN: 32,66,155,212
MELCHIORRE: 235 PETIT (J.) : 196,227
MERLEAU.PONTY (M.): 138, PETIT (J.-F.) : 235
139,141,210,230
PlAT: 241
MERSENNE: 76,80 PIE X : 162
MILL: 103 PLAQUEVENT (1.) : 243
MOïSE: 201 PLATON: 54,74,75,99, 198, 214,
MOIX (C.) : 235 228
MONGIN (O.) : 239 POLITZER (G.) : 229
MONTAIGNE: 90 PONS: 193
MORGAN (G.W.) : 240 PORTAL (M.) : 214,230
MORUS (A.): 208 POSSENTI : 235
MOUNIER (F.) : 41 POUGET (père): 23, 37, 43, 45,
MOUNIER (M.) : 29, 116,207,213 46, 51, 54, 56, 147, 157, 159, 161,
MOUNIER (p.): 9, 29, 196, 221, 162, 163, 164, 166, 167, 168, 169,
224,225,231,236,239 170, 171, 172, 173, 174, 175, 176,
177, 186, 198, 204, 213, 214, 215,
NABOKOFF : 52 216,226,227,228,230,231
NANCY (J.-L.) : 240 PSI CHARI : 196
NASSAR (H.) : 239
NÉDONCELLE (M.) : 232,240 RABELAIS: 148
NEWMAN: 133,165,166,175,214, RAVAISSON : 105, 107
232,241 REBELLIAU : 65
NGANGO (G.) : 234 REMBRANDT: 85
NICOLA (G.-P. di) : 237 RÉMOND (R.) : 51,224
NICOLE: 91 RENAN: 57,103,107,196
NOV AES (S.) : 241 RENOUVIER (C.) : 104,106,241
RESNIK (S.) : 241
PASCAL: 31,33,38,39,40,41,51,
59,64,75,76,77,80,83,84,85,86, RICOEUR (p.): 9, 30, 193, 222,
87,88,89,90,91,92,93,95,96,97, 224,226,237,239,241,243
98,99, 100, 101, 102, 133, 134, 140, RIGOBELLO : 235
143, 146, 172, 174, 189, 199, 200, ROBINET (A.) : 233
201, 202, 203, 205, 208, 214, 215,
ROCHER (L.) : 234
227,228
ROUGEMONT (D. de): 224,
PÉGUY (C.) : 20,23,25,4\ 44, 45,
236,239,240,241
46,47,48,49,50,51,52,53,59,61,
65, 69, 75, 81, 82, 107, 134, 155, ROUSSEAU (J.-1.) : 56
156, 157, 159, 167, 177, 178, 179,
180, 181, 182, 184, 185, 186, 187, SACI (M. de) : 90,201
188, 189, 195, 196, 197, 198, 199, SAINT AUGUSTIN: 86, 124,
201, 212, 213, 216, 217, 218, 221, 171,203,242
232,233,227
250
SAINT BERNARD: 46 TAINE: 103,107
SAINTE BEUVE : 202 TAP (p.) : 234
SAINT JEAN : 164 TEILHARD DE CHARDIN: 242
SAINT JEAN DE LA CROIX: THARAUD (l et l) : 233
47, 163 TIllBAUD (p.) : 224
SAINT LUC: 167,215 TODOROV (T.) : 242
SAINT MARC : 169,215 TOUCHARD (PA) : 224
SAINT MATTillEU: 175, 176, TOURNEMINE: 202
215 TRESMONTANT (C.) : 215,232
SAINT PAUL: 86,100,214 TURLOT (F.): 242
SAINTE THÉRÈSE DE LA TZITZIS (S.) : 242
CROIX: 163,209
SAINTE THERESE DE VARELA (F.) : 237
L'ENFANT JESUS: 163 VARINE (H. de) : 242
SAINT THOMAS D'AQUIN: VERDENAL : 2ll
171,173,240
VERNANT (l-P.) : 237
SAINT VINCENT DE PAUL :
33, 101, 161, 162
VEYNE (P.) : 237
SARTRE: 223 VILLELA-PETIT (M. de): 224
SCHELER: 18,23,148 VINCENT (M.) (SaintVincentde
SCHELLING: 103 Paul): 162
SCHMIT (F.) : 9,239 VOLTAIRE: 201
SCHOPENHAUER: 103
SILVE (Mlle) : 46 WINOCK (M.) : 227
SOCRATE: 22,75 WRIGHT (J.) : 224
SPENCER: 103
SPINOZA (B. de) : 79 ZÉNON D'ÉLÉE : 107,108
STORK (J.) : 242 ZOGHBI (P.) : 224
SURATI : 235 ZUNDEL (M.) : 242
251
Table des Matières
LIMINAIRE .......................................................... 13
AVANT-PROPOS .......................................................... 17
PREMIÈRE PARTIE
GENÈSE D'EMMANUEL MOUNIER DE 1905 à 1932
Mounier à Grenoble .......................................................... 29
L'enfant ....... 29
L'étudiant ..... 31
DEUXIÈME PARTIE
"LE SOUCI D'UNE PHILOSOPHIE HUMAINE"
L'enseignement de Jacques Chevalier ............................. 73
Descartes ............ 75
Pascal . ..... ..... ....... .. ...... 83
Bergson ................. 102
Dernières parutions