La Delegation Judiciaire

Télécharger au format doc, pdf ou txt
Télécharger au format doc, pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 8

LA COMMISSION ROGATOIRE

ET
LA DELEGATION JUDICIAIRE.

I) - GÉNÉRALITÉS.
Le juge d’instruction n’a ni le temps, ni les moyens d’effectuer seul tous les actes
d’instruction. Lorsqu’il se trouve dans l’impossibilité de procéder lui-même à certains actes, il
peut se faire aider dans sa tâche par le moyen des « commissions rogatoires » ou « délégations
judiciaires » (article 72, alinéa 4 du code de procédure pénale ; articles 142 et suivants ).
a) - définition : la commission rogatoire ou délégation judiciaire est une forme de réquisition
par laquelle, le juge d’instruction (généralement) délègue ses pouvoirs à un autre magistrat
(commission rogatoire) ou à un officier de police judiciaire (délégation judiciaire) pour
accomplir à sa place un ou plusieurs actes d’information déterminés.
b) - caractéristiques, la commission rogatoire ou délégation judiciaire :
- est une délégation de pouvoirs pour une mission bien définie ;
Exemple : si elle prescrit une perquisition dans les bureaux d’une société, l’officier de police
judiciaire ne doit pas, à cette occasion, opérer dans les locaux servant à l’habitation.
- ne peut prescrire que des actes d’instruction se rattachant directement aux faits ayant motivé
l’ouverture de l’information (article 143, alinéa 2 du code de procédure pénale),
Exemple : pour une affaire d’abus de confiance, le juge d’instruction ne peut pas la délivrer
aux fins d’effectuer une perquisition en vue de rechercher des armes que l’inculpé pourrait
éventuellement détenir à son domicile.
- est écrite et doit :
 indiquer la nature de l’infraction, objet des poursuites (article 143
alinéa 1 CPP) ;
Exemple : vol, attentat aux mœurs, meurtre, etc.)
- être datée ;
- être signée par le juge d’instruction ;
- être revêtue de son sceau ;
- désigner par sa fonction le magistrat ou l’officier de police judiciaire délégué ;
- préciser la mission qui lui est confiée ;
- fixer, éventuellement, le délai dans lequel les pièces afférentes à l’exécution de la
commission rogatoire doivent être adressées au juge d’instruction.
Lorsque la commission rogatoire ou la délégation judiciaire prescrit des opérations
simultanées à effectuer en différents points du territoire, elle peut être adressée aux juges
d’instruction et officier de police judiciaire sous forme de reproduction (photocopie) ou de
copie intégrale de l’original, portant la mention expresse de la diffusion suivie de la signature
du juge d’instruction mandant.
S’il y a urgence, la commission rogatoire ou la délégation judiciaire peut être diffusée aux
services de police et de gendarmerie par tous moyens (téléphone, télégramme, radio). Le
télégramme ou le message doit préciser les mentions essentielles de l’original et spécialement
la nature de l’inculpation, le nom et la qualité du magistrat mandant (article 148 CPP).
II) - QUI PEUT DÉLIVRER UNE COMMISSION ROGATOIRE OU UNE DÉLÉGATION JUDICIAIRE.
a) - le juge d’instruction : c’est la règle générale.
b) - la chambre d’accusation : lorsqu’elle fait procéder à des suppléments d’information par un
de ses membres ou un juge d’instruction qu’elle délègue (article 198 du code de procédure
pénale).
c) - le président de la cour d’assises : lorsqu’il ordonne des actes d’instruction pour
information incomplète ou éléments nouveaux (article 265 CPP).
d) - toute juridiction de jugement : lorsqu’elle veut faire entendre par un juge du lieu de
détention un condamné incarcéré hors du siège de la juridiction de jugement (article 683
CCP).
III) - DESTINATAIRES DE LA COMMISSION ROGATOIRE OU DE LA DÉLÉGATION JUDICIAIRE.
a) - dans son ressort (ressort du tribunal régional auquel appartient le juge d’instruction qui
délivre la commission rogatoire ou la délégation judiciaire).
Le juge d’instruction peut délivrer :
1 - une commission rogatoire à un magistrat, c’est à dire (art. 142, alinéa 1 CPP) :
- à tout juge du tribunal régional,
- à tout juge de paix du ressort de ce tribunal.
2/ - une délégation judiciaire à un OPJ (art. 142, alinéa 1 du CPP) :
- à tout officier de police judiciaire dans le ressort du tribunal régional.
b) - hors de son ressort (hors de son ressort, le juge d’instruction ne peut délivrer une
commission rogatoire qu’au juge d’instruction dans le ressort duquel les actes sont à
effectuer).
- il peut délivrer à un autre juge d’instruction une commission rogatoire.
Ce dernier peut SUBDELEGUER dans son ressort :
- un magistrat,
- un officier de police judiciaire, sous forme de délégation judiciaire.
NOTA : en matière de crimes et délits contre la sûreté de l’état, et s’il y a urgence, le juge
d’instruction peut donner délégation judiciaire directement à tout officier de police judiciaire
qui pourra exercer ses fonctions sur tout le territoire de la République.
L’officier de police judiciaire, qui, après en avoir avisé le procureur de la République, ne sera
pas tenu de demander une subdélégation au juge d’instruction territorialement compétent
(article 142, alinéas 2 et 3 du code de procédure pénale).
IV) - COMPÉTENCE DE L’OFFICIER DE POLICE JUDICIAIRE.
Pour qu’il puisse exécuter la délégation judiciaire, l’officier de police judiciaire doit être
compétent à trois points de vue :
a) - en raison des actes à accomplir (compétence « ratione materae »)
* il peut accomplir tout acte d’information, EXCEPTE :

- l’interrogatoire ou la confrontation de l’inculpé (le pouvoir de procéder à des interrogatoires


et confrontations de l’inculpé ne peut être délégué qu’à des magistrats, MAIS JAMAIS à des
officiers de police judiciaire) ;
- l’audition de la partie civile (qui est entendue sur sa demande, doit renoncer expressément à
l’assistance de son conseil, sinon l’officier de police judiciaire en réfère au juge mandant.
Cette demande et cette renonciation doivent apparaître dans la déposition – la partie civile ne
prête pas serment) sauf sur sa demande expresse.
+ la délégation judiciaire est dite « particulière » (elle est susceptible d’être confiée même
simultanément à la gendarmerie et à la police, pourvu qu’elle comporte des vérifications
nettement distinctes ou des opérations à effectuer en des lieux différents):
- lorsque la délégation porte sur des actes précis à effectuer.
+ la délégation judiciaire est dite « générale » :
- lorsque la délégation porte sur « tous actes utiles à la manifestation de la vérité ».
Cependant, ces actes sont limités à ceux se rattachant directement à la répression de
l’infraction visée aux poursuites. exemple : serait nulle une délégation judiciaire ayant pour
objet de procéder à une enquête au sujet d’actes de prostitution susceptibles d’être perpétrés
dans divers hôtels d’une ville, sans qu’une infraction déterminée fasse l’objet de poursuites.
b) - en raison des personnes (compétence « ratione personae »).
Il est compétent à l’égard de toutes personnes, SAUF (articles 639 à 643 CPP) :
- les membres du gouvernement,
- les représentants des puissances étrangères.
c) - en raison des lieux « ratione loci » où les actes doivent être effectués.
Il peut opérer dans toute sa circonscription habituelle.
En cas d’urgence, un officier de police judiciaire peut exécuter une délégation judiciaire sur
tout le territoire du ressort du tribunal régional auquel il est rattaché.
exemple : actes d’information à poursuivre hors de sa circonscription et qui ne sauraient être
différés sans nuire au résultat des investigations, actes à effectuer sur instructions particulières
du magistrat mandant.
S’il y a urgence en matière de crimes et délits contre la sûreté de l’état, l’officier de police
judiciaire peut procéder, sans subdélégation, sur toute l’étendue du territoire national, aux
opérations limitativement prescrites par ce magistrat.
L’officier de police judiciaire commis doit tenir informé le procureur de la République dans le
ressort duquel il opère.
V) - ACTES QUI PEUVENT ÊTRE EFFECTUÉS SUR DÉLÉGATION JUDICIAIRE PAR UN OPJ.
L’OFFICIER DE POLICE JUDICIAIRE commis, exerce, dans les limites de la délégation
judiciaire, tous les pouvoirs du juge d’instruction (les magistrats accomplissent les mêmes
actes sur commission rogatoire, mais ils peuvent, en outre, recevoir délégation pour procéder à
l’interrogatoire ou à la confrontation de l’inculpé). Un OPJ peut recevoir une délégation
judiciaire pour procéder aux actes suivants :
- constatations,
- perquisitions et saisies,
- auditions de témoins,
- enquêtes de personnalité.
L’officier de police judiciaire exécute la délégation judiciaire :
- sous l’autorité du juge d’instruction qui doit vérifier les éléments d’information recueillis
(article 72 alinéa 5 du code de procédure pénale),
- sous le contrôle du président de la chambre d’accusation (article 211 CPP).
En conséquence, l’officier de police judiciaire doit tenir le juge mandant au courant de son
activité, lui signaler ses difficultés et, si besoin, solliciter des instructions.
a) - constatations (les constatations sont rapportées de façon aussi précise que possible dans le
procès-verbal d’ensemble résumant toutes les opérations effectuées en exécution de la
délégation judiciaire).
Il est rare qu’une délégation prescrive d’effectuer des constatations, puisque celles-ci ont, en
principe été faites avant l’ouverture de l’information.
Des opérations de constat peuvent cependant intervenir :
- dans le cas d’un crime ou délit flagrant, lorsqu’une délégation est délivrée dès le début de
l’enquête (cas où une information est ouverte dans un temps très proche de celui de la
commission de l’infraction ; cas coïncidant avec la présence simultanée du procureur de la
République et du juge d’instruction sur les lieux du crime ou délit flagrant) ;
- dans le cas d’un crime ou délit non flagrant lorsque l’officier de police judiciaire se fait
délivrer une délégation judiciaire pour procéder à l’exécution ;
- lorsque l’exécution d’une délégation oblige l’officier de police judiciaire à reprendre
l’enquête entièrement y compris les opérations de constat.
Les constatations sont faites dans les conditions analogues de la procédure de crime ou délit
flagrant.
Cas particuliers : constatations à effectuer sur délégation judiciaire chez l’inculpé.
Dans ce cas, les constatations doivent obligatoirement être faites selon le cas (articles 49 à 51
et 86 du code de procédure pénale) :
- en présence de la personne elle-même ;
- en présence du représentant qu’elle a désigné, si elle ne peut y assister ;
- à défaut, de deux témoin requis.
Au cours de l’opération, l’officier de police judiciaire doit absolument s’abstenir de poser la
moindre question à l’inculpé en présence duquel il procède au constat.
Exemple : l’officier de police judiciaire constatant un adultère sur délégation judiciaire ne doit
poser aucune question aux inculpés autre que celle relative à leur identité.
b) - perquisitions et saisies.
Les perquisitions et saisies sont effectuées dans des conditions analogues à celles qui
s’imposent au juge d’instruction opérant personnellement.
Si la perquisition doit être effectuée au domicile d’une personne astreinte au secret
professionnel, l’officier de police judiciaire doit en référer au juge d’instruction avant tout
commencement d’exécution (articles 49 à 52 et 85 à 88 du code de procédure pénale).
ATTENTION : L’OFFICIER DE POLICE JUDICIAIRE exécutant une délégation judiciaire
doit s’éviter de poser toute question sur les objets saisis vis-à vis de l’inculpé présent à la
perquisition. Les objets lui sont présentés seulement pour paraphe et non pour explication (si
l’inculpé déclare spontanément reconnaître l’objet saisi à son domicile, l’Officier de Police
Judiciaire doit rapporter cette déclaration telle quelle au procès-verbal de perquisition. Il ne
doit être posé aucune question ni demande d’explications).
Les articles 142 à 148 du code de procédure pénale ne contiennent aucune disposition
expresse analogue à celui de l’article 54, alinéa 1 du code de procédure pénale (qui prévoit
dans le cas de crime ou délit flagrant d’entendre toute personne susceptible de fournir des
renseignements sur les objets saisis).
Les objets saisis doivent être immédiatement inventoriés et placés sous scellés, l’article 88,
alinéa 3 du code de procédure pénale admettant seulement que ces scellés peuvent ne pas être
fermés (ce qui permet d’examiner l’objet sans avoir à briser le scellé).
Cas particuliers.
Saisie de papiers et de documents : l’obligation au secret est encore plus rigoureuse que dans
la procédure de crime ou délit flagrant, en ce sens que l’Officier de Police Judiciaire effectuant
la perquisition a seul qualité, avec les personnes dont l’assistance est requise par la loi, pour
prendre connaissance des documents avant de procéder à leur saisie (article 88 du code de
procédure pénale).
En attendant que la jurisprudence précise la portée exacte des « nécessités de l’information »
visées par l’article 88 du code de procédure pénale, l’officier de police judiciaire ne doit pas
hésiter à demander des instructions au juge d’instruction mandant, chaque fois que la
communication d’un document provenant d’une perquisition lui paraît s’imposer d’urgence
pour la bonne exécution d’une délégation judiciaire.
Il faut, en effet, tenir compte de ce que les droits de la défense sont plus étendus dans la phase
« information judiciaire » que dans la « phase police judiciaire ».
Saisie incidente (effectuée par l’officier de police judiciaire territorialement compétent).
Les textes en la matière disposent qu’il y a impossibilité légale à saisir des objets autres que
ceux concernant l’affaire pour laquelle l’instruction judiciaire a été ouverte.
Ainsi, si les objets découverts sont d’origine frauduleuse et proviennent ou concernent des
faits qui :
- n’entrent pas dans la définition de la flagrance et ne font pas l’objet
d’une information judiciaire, l’Officier de Police Judiciaire procède à leur saisie dans le cadre
d’une enquête préliminaire, avec l’autorisation expresse, écrite de la main de la personne chez
qui la perquisition a lieu ;

- entrent dans la définition de la flagrance ou dont la détention constitue le délit continu de


recel, et qui ne fait pas l’objet d’une information judiciaire, l’officier de police judiciaire
procède à leur saisie dans le cadre d’une enquête de crime ou délit flagrant ;
- font l’objet d’une information judiciaire, l’Officier de Police Judiciaire informe le magistrat
instructeur et procède à leur saisie dans le cadre de la délégation judiciaire qu’il lui délivre.
- Auditions de témoins (les procès-verbaux d’auditions sont soumis aux règles de forme
imposées au juge d’instruction lorsqu’il instrumente personnellement - articles 95 et 96 du
code de procédure pénale).
1/ - l’audition d’un simple témoin :
L’officier de police judiciaire opère dans les conditions analogues à celles qui s’imposent au
juge d’instruction instrumentant personnellement.
Tout témoin régulièrement cité (citation écrite, signée et revêtue du sceau de l’officier de
police judiciaire), pour être entendu au cours de l’exécution d’une délégation judiciaire, est
tenu :
- de comparaître,
- de prêter serment (SAUF cas prévus à l’article 317 du CPP)
- et de déposer, sauf s’il est lié au secret professionnel.
Si le témoin ne satisfait pas à cette obligation, avis en est donné au magistrat mandant qui
peut, sur réquisitions du procureur de la République le contraindre à comparaître par la force
publique et le condamner à une amende (en cas d’excuse reconnue valable, le témoin pourra
être déchargé de cette peine par le juge d’instruction après réquisition du procureur de la
République). La condamnation est susceptible d’appel dans les trois jours devant la chambre
d’accusation (article 145 du code de procédure pénale).
Si le témoin comparaît, mais refuse de prêter serment ou de déposer, l’officier de police
judiciaire se borne à recueillir sa déclaration de refus et à la transmettre au juge mandant.
2/ - audition d’une personne nommément visée par une plainte avec constitution de partie
civile.
En principe, cette audition incombe au juge d’instruction.
Toutefois, si une délégation judiciaire prescrit d’entendre une personne visée par une plainte
avec constitution de partie civile (ce qui suppose que le juge d’instruction ne l’a pas encore
inculpé), l’officier de police judiciaire doit (article 94 du code de procédure pénale) :
- convoquer la personne comme témoin ;
- lui donner connaissance de la plainte ;
- l’avertir de ce qu’elle peut refuser d’être entendue comme témoin, afin de bénéficier des
garanties de la défense ;
- constater son acceptation ou son refus d’être entendue comme témoin ;
- recevoir sa déposition en cas d’acceptation ou clore le procès-verbal en mentionnant son
refus.

3/ - audition d’une personne contre laquelle il existe des indices graves et concordants.
Cette question se présentera surtout dans le cas d’une commission rogatoire délivrée à
l’occasion d’une information ouverte contre « X ». –
Conduite à tenir par l’officier de police judiciaire lors de l’audition d’une personne en
exécution d’une délégation judiciaire.
3.1. il n’y a que de simples soupçons (impressions, rumeurs, indications vagues ou
imprécises).
son audition :
ne les confirme pas : l’officier de police judiciaire poursuit l’audition jusqu’à son terme, et
s’il y a lieu, demande une prolongation de garde à vue ;
amène des aveux : l’officier de police judiciaire relève les aveux et poursuit l’audition pour en
vérifier la consistance et la sincérité ; il peut procéder à des confrontations, perquisitions, etc.,
pour corroborer par d’autres indices celui de l’aveu, s’il paraît à lui seul insuffisant pour
motiver une inculpation.
3.2. il y a probabilité de culpabilité résultant de témoignages ou de constatations antérieurs à
l’audition et déjà consignés dans la procédure (les éléments recueillis peuvent constituer des
indices graves, mais pas suffisamment concordants pour établir une participation quasi-
certaine à l’infraction).
son audition :
ne les confirme pas : l’officier de police judiciaire poursuit l’audition jusqu’à son terme et s’il
y a lieu, demande une prolongation de garde à vue ;
- amène des aveux : l’officier de police judiciaire enregistre les aveux et demande des
instructions au juge mandant.
33. il y a une certitude de culpabilité résultant d’une part de témoignages ou constatations
(traces, empreintes) et d’autre part, de la découverte d’un objet, moyen ou produit de
l’infraction : ces éléments constituent par leur pluralité et leur précision des indices graves et
concordants qui établissent de façon quasi-certaine que la personne a participé à l’infraction).
L’OFFICIER DE POLICE JUDICIAIRE demande des instructions au juge mandant.
VI) - MESURES DE GARDE À VUE QUI PEUVENT ÊTRE PRISES POUR L’EXÉCUTION D’UNE
DÉLÉGATION JUDICIAIRE.
Des mesures de garde à vue (mesures portant atteinte à la liberté individuelle consistant en la
possibilité de maintenir à sa disposition, pour la poursuite d’investigations judiciaires des
personnes qui ne sont pas encore inculpées et qui ne font pas l’objet d’un titre de détention)
peuvent être prises par l’officier de police judiciaire chargé de l’exécution d’une délégation
judiciaire à l’encontre de (article 146 alinéa 1 du code de procédure pénale) :
- personnes qu’il soupçonne d’avoir participé au crime ou délit sans toutefois avoir réuni des
indices graves et concordants prouvant leur culpabilité ;
- témoins apparemment hors de cause, mais qui se montrent réticents à dire ce qu’ils savent ou
dont il faut craindre qu’ils ne paraissent ou n’entravent la vérité.
Toutes ces personnes peuvent être retenues pour être entendues d’une façon approfondie et
pour permettre les vérifications et les confrontations nécessaires.
Par contre, à partir du moment où des indices graves et concordants de participation aux faits
sont réunis contre une personne, celle-ci ne doit plus être gardée à vue au delà du temps
nécessaire à sa conduite devant le magistrat instructeur.
La garde à vue pour les nécessités de l’exécution de la délégation judiciaire est, par ailleurs,
soumise aux mêmes règles que dans l’enquête de flagrant délit.
Le délai de garde à vue est de 48 h. avec prolongation possible jusqu’à 96 h. Les mentions
relatives à la garde à vue doivent figurer sur le procès-verbal et sur le registre de garde à vue.
Les personnes gardées à vue à l’encontre desquelles des indices graves et concordants de
participation aux faits incriminés ne sont pas réunis, ne peuvent être déposées dans la chambre
de sûreté. Elles peuvent être retenues dans un local de garde à vue.
Les délais sont doublés en ce qui concerne les crimes et délits contre la sûreté de l’état, ou
pour tous les crimes et délits commis en période d’état d’urgence, de siège ou d’application de
l’article 52 de la constitution.
Les différences ne portent que sur quelques points : ce n’est qu’à titre exceptionnel qu’une
autorisation de prolongation de garde à vue peut être accordée par décision motivée sans que
la personne soit d’abord présentée au juge d’instruction dans le ressort duquel se poursuit
l’exécution de la délégation judiciaire (ce n’est pas forcément le juge mandant - article 146
alinéa 3 du code de procédure pénale).
VII) - DÉLAI D’EXÉCUTION D’UNE DÉLÉGATION JUDICIAIRE.
Le juge d’instruction fixe le délai dans lequel les procès-verbaux dressés par l’Officier de
Police Judiciaire doivent lui être transmis. A défaut, les procès-verbaux lui sont adressés dès la
fin des opérations.
Lorsque l’exécution d’une délégation judiciaire exige une longue durée, l’officier de police
judiciaire peut, après entente avec le magistrat mandant, adresser ses procès-verbaux au fur et
à mesure de leur établissement, sans attendre la fin des opérations.
NOTA : le délai court non pas à la date à laquelle l’Officier de Police Judiciaire reçoit la
délégation judiciaire, mais à celle du dernier acte de l’exécution d’une délégation judiciaire.
VIII) - LES RÉQUISITIONS DU JUGE D’INSTRUCTION (une réquisition est une injonction faite
par une autorité pour l’exécution d’un acte déterminé).
Lorsqu’une information est ouverte, la police judiciaire exécute non seulement les délégations
des juridictions, mais défère aussi à leurs réquisitions (article 14 alinéa 2 CPP).
C’est ainsi que le juge d’instruction peut charger par simple réquisition des OPJ ou APJ de
procéder à des vérifications fragmentaires, voire à une enquête de « curriculum vitae » dans le
but de contrôler l’exactitude des déclarations faites par l’inculpé sur sa vie passée (cette
enquête revêt un caractère moins « social » et moins « descriptif » que l’enquête de
personnalité qui, elle, ne peut être confiée qu’à des agents spécialement habilités ou à des
officiers de police judiciaire agissant sur délégation judiciaire). De plus, le juge d’instruction
doit requérir :
a) - la force publique pour assurer :
- l’extraction d’un détenu de la maison d’arrêt et sa conduite au cabinet d’instruction,
- le service d’ordre à l’occasion d’un transport de justice (pour des constatations, une
perquisition, une reconstitution).
b) - les particuliers pour assurer :
- l’exécution de certains travaux au cours d’un transport de justice (exemple: serrurier,
terrassier, fossoyeur, etc.)
La réquisition est toujours faite par écrit. Elle porte la signature et le sceau du juge.
Remarques importantes.
Lorsqu’une information est ouverte, le rôle des officiers de police judiciaire doit se
circonscrire à l’exécution des délégations ou réquisitions du juge d’instruction, ainsi que le
prévoit expressément l’article 14, alinéa 2 du code de procédure pénale.
Si un autre service de police judiciaire est rogatoirement commis, les officiers de police
judiciaire de gendarmerie lui facilitent éventuellement l’exécution de sa mission dans toute la
mesure de leurs moyens (prêt de local pour la garde à vue, mesures conservatoires ou avis
demandés par fiches ou messages, déclenchement de barrages routiers, etc.).
En l’occurrence, ils ne seraient toutefois habilités à effectuer aucune opération devant entraîner
l’établissement d’un acte de procédure (auditions ou confrontations de témoins, perquisitions, etc.),
sauf, bien entendu, réquisition ou délégation judiciaire du juge d’instruction. S’ils passaient outre, les
procès-verbaux qu’ils se verraient tenus de dresser, seraient inévitablement entachés de nullité.

Vous aimerez peut-être aussi