Intégration de La Méthode ABCDE Dans Le Bilan D'une Victime

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Intégration de la méthode ABCDE

dans le bilan d’une victime

Introduction :

L’évaluation ABCDE est un concept créé en 1976 par un groupe de travail du « Collège
Américain de Chirurgie » qui cherchait un moyen simple et efficace d’évaluation d’une victime
traumatisée, par des médecins non habitués à la prise en charge des blessés graves.

Toute l’approche est centrée autour des besoins physiologiques de la victime sur le principe
du « traiter en premier ce qui tue en premier » en suivant le parcours de l’oxygène.
En effet, la vie dépend de l’interdépendance des différentes fonctions de l’organisme et de
leur capacité à produire l’énergie nécessaire à leur bon fonctionnement ; le composant
indispensable à cette production d’énergie étant l’oxygène.

Le bilan s’articule en 4 phases :


➢ Le bilan circonstanciel qui permet d’apprécier la situation et d’en évaluer les risques.
➢ Le bilan primaire qui a pour but de rechercher une détresse vitale menaçant
immédiatement ou à très court terme la vie de la victime.
➢ Le bilan secondaire qui permet de compléter et d’affiner les données des deux
précédents bilans.
➢ La surveillance qui permet de suivre l’évolution de l’état de la victime et de contrôler
l’efficacité des gestes de secours effectués.

Le tableau en annexe précise les éléments à rechercher ainsi que les différents
signes de gravité.

I. Le bilan circonstanciel :

Objectif : agir en toute sécurité et orienter la prise en charge de la victime

Avant de commencer tout examen de la victime, il consiste en l’observation de la scène de


l’intervention et au recueil des informations concernant la ou les victimes et leur environnement. Il
s’agit d’une photo panoramique de la situation répondant aux questions suivantes (Bilan 3S):
➢ Sécurité : Existe-t-il un danger ?
➢ Scène : Que s’est-il passé ?
➢ Situation : Les informations initiales en ma possession sont-elles correctes ?

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II. Le bilan primaire :

Objectif : déceler rapidement une menace vitale.

Chez toute victime, la priorité pour les intervenants est l’identification et la prise en charge
rapide des lésions pouvant menacer la vie.
Le bilan primaire débute par une observation globale, à la recherche d’une hémorragie
visible entrainant immédiatement une technique d'arrêt du saignement.
Les items A, B, C, D et E sont ensuite successivement appréciés. Pour chaque item, les
gestes de survie adaptés sont initiés en cas de détresse vitale, avant de passer à l’item suivant.

À l’issue de cette appréciation initiale rapide des fonctions vitales, le chef


d’agrès doit catégoriser la victime en « Urgence absolue » ou « Urgence relative »
selon l’existence ou non d’une détresse vitale.
Pour toute victime en Urgence absolue, le chef d’agrès doit contacter
immédiatement le CRRA 15 pour demander un renfort médical.

A. « Airway » : Libération des voies aériennes et stabilisation de la colonne


cervicale

Objectif : maintenir en permanence la liberté des voies aériennes et la protection du


rachis cervical.

Les voies aériennes supérieures du patient sont évaluées pour vérifier qu’elles sont libres,
c’est-à-dire dégagées, protégées et qu’aucun risque d’obstruction n’est présent. Le but ici est
d’assurer un apport efficace d’oxygène aux poumons de la victime de façon à maintenir son
métabolisme.

Une victime qui parle correctement a les voies aériennes libres et perméables.

Les gestes à pratiquer de façon urgente sont :


➢ En cas de suffocation complète : claques dans le dos puis manœuvre de Heimlich
➢ En cas d’obstacle externe : relâchement d’un lien si constrictif autour du cou
(Corde, cravate), retrait d’un casque intégral
➢ En cas de ronflement ou d’apnée : Libération des Voies Aériennes adaptée
➢ En cas d'inconscience : Libération des Voies Aériennes adaptée
➢ En présence d’un corps étranger visible : extraction digitale.
➢ Si les VAS sont menacées par des liquides (sang, vomissures) : aspiration
➢ Stabilisation de la colonne cervicale, s’assurer du respect de l’axe tête cou tronc en
cas de suspicion de traumatisme.

B. « Breathing » : Ventilation

Objectif : s'assurer de l'efficacité de la respiration.

Une fois les voies aériennes de la victime dégagées, le mouvement ventilatoire


(soulèvement du thorax) doit être ample, régulier et symétrique. On s'assure ainsi que la victime
utilise l'oxygène de façon efficace.

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Les gestes à pratiquer de façon urgente sont :
➢ Pas de ventilation : débuter immédiatement les insufflations à l’aide d’un ballon
auto remplisseur raccordé à une source d’O 2 en fonction de l’âge.
➢ Ventilation inefficace (amplitude faible associée à une fréquence lente < 10 mvt/mn
ou rapide >40 mvt/mn avec des sueurs et/ou une cyanose) : faire une ventilation
assistée avec O2 (insufflations lors des mouvements inspiratoires).
➢ Signes de détresse respiratoire, mise sous O2 en fonction de l’âge :
o Amplitude faible,
o Fréquence lente ou rapide (voir tableau de synthèse),
o Sueur et/ou cyanose.
➢ Position d’attente adaptée.

C. « Circulation and Bleeding » : Circulation et saignement

Objectif : Rechercher les signes d’une défaillance circulatoire.

Une oxygénation adéquate des globules rouges n’est utile que s’ils perfusent efficacement
les tissus et les organes. Lors du bilan primaire, l’intervenant doit avant tout détecter et contrôler
une hémorragie externe. Il apprécie ensuite l’état circulatoire de la victime.
La présence d'une détresse circulatoire doit faire rechercher une possible hémorragie
interne. Les « boites à sang » (Thorax, abdomen, bassin, cuisses) doivent être observées et
palpées.

Les gestes à pratiquer de façon urgente sont :


➢ ACR : réaliser une RCP.
➢ Contrôler l’efficacité de la technique d’arrêt du saignement
➢ Signes de détresse circulatoire : position d'attente adaptée et mise sous O² quelle
que soit la saturation.

D. « Disability » : Déficit neurologique

Objectif : évaluer la fonction cérébrale et le système nerveux central

Après avoir évalué et, dans la mesure du possible, corrigé les facteurs déterminant l’apport
d’oxygène et sa distribution aux tissus, l’étape suivante est d’évaluer la fonction cérébrale, qui est
une mesure indirecte de l’oxygénation du cerveau.
L’appréciation de l'état de conscience est réalisée en quelques secondes à l'aide du « score
de Glasgow ».
L'appréciation de l'état neurologique est complétée par l'examen des pupilles.

Les gestes à pratiquer de façon urgente sont :


➢ Si score de Glasgow inférieur ou égal à 8 dans un contexte non traumatique et / ou
de convulsions répétitives dans un contexte non traumatique : Réaliser une
glycémie capillaire.
➢ Glasgow inférieur ou égal à 8 qui respire : PLS
➢ Signes de détresse neurologique : mise sous O² quelle que soit la saturation.

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E. « Expose » : Environnement et Exposition du patient

Au cours de son bilan, le sapeur-pompier doit rapidement écarter les vêtements de la


victime, afin d’exposer les lésions éventuelles pouvant engager le pronostic vital.
Sur le terrain, il importe de n’exposer que les parties essentielles afin de ne pas induire ou
majorer une hypothermie (on découvre, on regarde, on recouvre).
C’est dans l’ambulance, au chaud et à l’abri des regards, que le déshabillage pourra être
poursuivi, de façon adaptée à la situation clinique.

Les gestes à pratiquer de façon urgente sont :


➢ Couvrir la victime de façon adaptée.

III. Le bilan secondaire

Objectif : effectuer un bilan détaillé des atteintes présentées

Le bilan secondaire est effectué après le bilan primaire. Il permet d’identifier les lésions qui
n’ont pas été reconnues pendant le bilan primaire, en faisant un examen région par région.
Comme un examen bien conduit aura déjà identifié toutes les lésions menaçant la vie,
l’examen secondaire est par définition consacré à des problèmes moins graves.
Le bilan secondaire comporte la mesure des constantes vitales, l’interrogatoire (OPQRST et
SAMPLER) ainsi que l’examen complet de la victime. L’ordre de réalisation dépend de la situation
rencontrée.
Il se termine par les soins définitifs et la préparation du transport.

1) Mesure des constantes :


Si le bilan primaire permet une appréciation des constantes vitales, ces dernières seront
mesurées précisément lors du bilan secondaire. Il faut systématiquement mesurer :
➢ La fréquence ventilatoire sur 1 minute
➢ La pression artérielle (aux 2 bras si douleur thoracique)
➢ La fréquence cardiaque sur 1 minute

Selon les circonstances, il convient de mesurer :


➢ La température corporelle
➢ La glycémie (si non réalisée pendant le bilan primaire)
➢ L’HbCO : si suspicion d’intoxication au CO ou d’inhalation de fumée

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2) L’interrogatoire :

Il a pour but de compléter les signes généraux de la détresse puis de rechercher les signes
particuliers des différentes pathologies ou atteintes lésionnelles envisagées lors de l’examen de la
victime.

Le SAMPLER (plus complet que le MATH) fait office d’historique :


➢ Symptômes ressentis par la victime et signes associés
➢ Allergies
➢ Médicaments
➢ Passé médico-chirurgical : ATCD médicaux et chirurgicaux
➢ Last meal (dernier repas)
➢ Evénements ayant entraîné la situation d’urgence
➢ Risques : ATCD familiaux (maladies), facteurs aggravants (Obésité, sédentarité, …),
toxiques (Alcool, stupéfiants, tabagisme).

L’OPQRST, inclut dans le « S » du SAMPLER, permet de « quantifier » la douleur :


➢ Origine : Début de l’épisode
➢ Provoqué par
➢ Qualité de la douleur
➢ Région douloureuse
➢ Sévérité : EVN
➢ Temps

3) Examen complet :

Examen de la « tête aux pieds »


➢ Tête
➢ Cou
➢ Thorax
➢ Abdomen
➢ Dos
➢ Membres supérieurs (motricité/sensibilité/pouls)
➢ Membres inférieurs (motricité/sensibilité/pouls)

Pour chacune de ces régions anatomiques, l’évaluation se compose des actions suivantes :
➢ Regarder
➢ Palper
➢ Écouter
➢ Sentir

4) Soins définitifs et préparation pour le transport :

➢ Pose du collier cervical si suspicion de lésion de la colonne (utilisation de


l'algorithme d'immobilisation)
➢ Immobilisation des fractures
➢ Immobilisation du rachis dans le MID
➢ Pansement des plaies et brûlures.

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IV. Surveillance

Objectif : adapter la conduite à tenir en fonction de l’évolution de la victime et vérifier


que les objectifs sont atteints

La surveillance doit être permanente et d’autant plus stricte qu’il existe un potentiel
d’aggravation (cinétique importante, intoxication médicamenteuse).

De façon générale, le sapeur-pompier doit durant cette phase :


➢ Parler à la victime, en lui expliquant ce qui se passe pour la réconforter
➢ Rechercher une modification de ses plaintes
➢ Réévaluer l'ABCDE :
▪ Réévaluer la qualité de la fonction respiratoire et circulatoire
▪ Réévaluer l’aspect de sa peau et de ses conjonctives
▪ Réévaluer son état de conscience
▪ Contrôler l’évolution des signes particuliers relevés lors du bilan

Une attention particulière doit être apportée après les opérations de brancardage, avant le
début du transport et pendant celui-ci, car ces étapes peuvent être génératrices d’aggravation
pour la victime.

Un relevé des paramètres vitaux (fréquence respiratoire, SpO2, fréquence cardiaque,


pression artérielle, score de Glasgow, EVN) doit être effectué :
➢ Avant le début du transport
➢ Pendant le transport au maximum toutes les 10 minutes
➢ Avant de confier la victime à l’Infirmier d’Accueil et d’Orientation du service des
urgences, afin de lui transmettre un état actualisé du bilan

En cas d’aggravation de l’état de la victime, le chef d’agrès doit recontacter sans délai la
régulation médicale quelle que soit la distance qui le sépare de l’hôpital de destination.

Conclusion :

L’ABCDE est un processus dynamique, l’intervenant n’attend pas la fin de l’examen pour
agir.
On traite en premier ce qui tue en premier.

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Bilan primaire Signe de gravité Bilan secondaire

Airway
Maintenir en
permanence la Appréciation de la liberté des Liberté des voies aériennes
liberté des voies voies aériennes. inadéquate ou menacée
aériennes (et
protection du
rachis cervical si
trauma).

Gasps

Exposition du thorax Fréquence respiratoire :


- adulte, enfant, nourrisson :
Fréquence respiratoire : > 40 ou < 10 mvt/mn
- apprécié sur 10 secondes - nouveau-né à la naissance
- amplitude < 20 mvt/mn Évaluation de la
- rythme Amplitude faible. fréquence respiratoire
Rythme irrégulier
Breathing - symétrie sur 1 minute :
Aptitude à compter < 5 - Fréquence
Objectif : Recherche : chiffres - Amplitude
s’assurer de - difficulté à parler - Régularité
- sueurs Signes d’accompagnements :
l’efficacité de la
respiration et - cyanose - battement des ailes du nez
maintenir une - tirage - tirage
SpO2 ≥ à 94% - balancement thoraco- - bruits anormaux
abdominal - balancement thoraco-
- bruits respiratoires abdominal, Mesure de la saturation
- signes d’épuisement - cyanose pulsée en oxygène
respiratoire - sueurs, moiteur
- somnolence
Aspect de la peau : Saturation en O2 < 94 %
Hématome, emphysème, plaie malgré l’apport d’O2 au
masque HC

Hémorragie externe
significative
ACR Évaluation de la
Fréquence cardiaque fréquence cardiaque sur
Fréquence cardiaque /min :
- pouls : apprécié sur 10 1 minute:
> 100
secondes - Fréquence
< 60
- amplitude - Amplitude
Circulation - rythme
Amplitude : mal frappé
- Régularité
Rythme irrégulier
Objectif : détecter Recherche : Coloration de la peau et Etat de la peau
précocement les - sueurs muqueuses : - Couleur
signes - température cutanée - pâleur - Humidité
d’hémorragie - coloration des muqueuses - TRC > à 2 secondes - température corporelle
interne.
- temps de recoloration
Signes d’accompagnement :
capillaire TRC
- marbrures
- marbrures
- sensation de soif
- soif Mesure de la pression
- extrémités froides des
artérielle
membres
- sueurs abondantes et
persistantes

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Appréciation du score de Score de Glasgow < 13
Glasgow. Si GCS ≤ 8, Évaluation de la
Pupilles : Asymétrie,
Glycémie capillaire. conscience par le calcul
Aréactive
Disability du score de Glasgow.
Analyse des pupilles : Altération de la réponse
Objectif : évaluer la - réactivité motrice ou sensitive Mesure de la glycémie
fonction cérébrale et - symétrie capillaire
Signes d’accompagnement :
le système nerveux - diamètre
- perte de connaissance
central Recherche d’épisode de
- agitation
Appréciation de la motricité convulsions ou perte de
- convulsion
et de la sensibilité des connaissance
quatre membres. FAST

Traumatisme pénétrant de la
tête, cou, tronc et partie
proximale des membres
Lutter contre l'hypothermie.
Amputation ou sub-
amputation de membre.
Dégager les vêtements pour
Exposition vérifier l'état cutané et
Brûlures chez le nourrisson,
l’absence de lésions puis
> 20% chez l’adulte, > 10%
recouvrir.
chez l’enfant.

Température > à 40°C ou <


à 35 °C

Symptômes
Allergies
Médicaments
Passé médico-chirurgical
Last Meal
Evénement
Risques
Interrogatoire
Origine
Provoqué par
Qualité de la douleur
Région douloureuse
Sévérité
Temps

VERSION CREATION ET/OU MODIFICATION REDACTION VERIFICATION VALIDATION


1.3 Création novembre 2019 Par : Equipe projet SUAP Par : LTN CRESPI Par : Med-CDT CHARVET
Date dernière modification : 10/10/20 Christophe Karine

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