Pirenne Fin Moyen-Age t2

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peuples et civilisations, histoire générale

publiée sous la direction de


Louis Halphen et Philippe Sagnac
————

Henri Pirenne - Augustin Renaudet


Édouard Perroy - Marcel Handelsman
Louis Halphen

La fin du Moyen âge


Tome II
L’annonce des temps nouveaux
(1453-1492)

Presses Universitaires de France, Paris, 1931

Un document produit en version numérique par Jean-Marc Simonet, bénévole,


Courriel : [email protected]

Dans le cadre de la collection: "Les classiques des sciences sociales"


Site web : http://classiques.uqac.ca/

Une collection développée en collaboration avec la Bibliothèque


Paul-Émile-Boulet de l'Université du Québec à Chicoutimi
Site web : http://bibliotheque.uqac.ca/
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Cette édition électronique a été réalisée par Jean-Marc Simonet, ancien pro-
fesseur des Universités, bénévole.
Courriel : [email protected]

À partir de :

H. Pirenne, A. Renaudet,
É. Perroy, M. Handelsman,
L. Halphen

La fin du moyen âge


Tome II
L’annonce des temps nouveaux
(1453-1492)

Presses Universitaires de France, Paris,


1931, 324 pages.

Polices de caractères utilisées :


Pour le texte: Times New Roman, 14 et 12 points.
Pour les notes de bas de page : Times New Roman, 10 points.

Édition électronique réalisée avec le traitement de textes Microsoft Word 2004


pour Macintosh.

Mise en page sur papier format : LETTRE US, 8.5’’ x 11’’)

Édition numérique réalisée le 23 février 2011 à Chicoutimi, Ville de Saguenay,


Québec.

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Table des matières

Chapitre premier. — L’Église et l’Empire dans la seconde moitié du


XVe siècle.
I. La décadence de la papauté, de Nicolas V à l’avènement d’Alexandre VI.
— II. Le déclin des anciennes hérésies. — III. Les tentatives de réforme
dans l’Église régulière et séculière. — IV. Le nouvel aspect de l’institution
pontificale. — V. L’Empire au temps de Frédéric III de Habsbourg. —
Bibliographie.

Chapitre II. — La monarchie française après la guerre de Cent Ans.


I. Les réformes de Charles VII. — II. Louis XI et les dernières coalitions
féodales (1461-1473). — III. La lutte contre Charles le Téméraire et le dé-
membrement de l’État bourguignon (1473-1482). — IV. La politique espa-
gnole de Louis XI. — V. Le gouvernement de Louis XI. — VI. Le gouver-
nement royal au lendemain de la mort de Louis XI (1483-1492). —
Bibliographie.

Chapitre III. — La monarchie anglaise au temps de la guerre des


deux roses et l’avènement d’Henri Tudor.
I. Les débuts de la guerre civile (1450-1461). — II. La dynastie des York
(1461-1485). — III. Le début des Tudor. — IV. L’Écosse au XVe siècle. —
Bibliographie.

Chapitre IV. — Les royaumes espagnols à l’avènement des Rois Ca-


tholiques.
I. Jean II d’Aragon et la révolution catalane (1461-1472). — II. Le mariage
de Ferdinand d’Aragon et d’Isabelle de Castille. — III. Les débuts de Ferdi-
nand et d’Isabelle en Castille et en Aragon (1474-1492). — IV. La prise de
Grenade. — Bibliographie.

Chapitre V. — Les États italiens à la veille des guerres d’Italie.


I. Le royaume de Naples et la question napolitaine. — II. L’État pontifical.
— III. Les républiques et les duchés du nord. — Bibliographie.

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Chapitre VI. — La monarchie polonaise et le monde oriental.


I. Casimir IV Jagellon et la conquête de la basse Vistule. — II. La mainmise
polonaise sur la Bohême. — III. La mainmise polonaise sur la Hongrie. —
IV. L’orientation nouvelle de l’État polonais à la fin du XVe siècle et la
Scandinavie. — V. Les pays russes. — VI. L’arrière-plan asiatique. —
Bibliographie.

Chapitre VII. — L’Empire ottoman et les peuples musulmans du bas-


sin de la Méditerranée.
I. L’achèvement des conquêtes ottomanes. — II. L’organisation de l’Empire
ottoman. — III. Les pays islamiques de la Méditerranée en dehors de
l’Empire ottoman. — Bibliographie.

Chapitre VIII. — Les nouvelles tendances économiques.


I. Les progrès du capitalisme. — II. Les nouvelles conditions du travail in-
dustriel. — III. Les nouveaux centres commerciaux. — IV. La découverte
des nouvelles routes maritimes. — Bibliographie.

Chapitre IX. — La préparation de la Réforme.


I. La décadence finale de la scolastique. — II. La préparation des syn-
thèses humanistes. — III. Les synthèses florentines : Marsile Fi-
cin. — IV. Les synthèses florentines : Pic de la Mirandole. — V.
Humanisme platonicien et science positive à Florence ; les dé-
buts de Léonard de Vinci. — VI. L’humanisme italien et la Fran-
ce. — VII. Le rayonnement de l’humanisme italien.

Chapitre X. — La préparation de la Renaissance.


I. L’humanisme et les lettres en Italie. — II. L’humanisme et les lettres hors
d’Italie. — III. L’architecture gothique et classique. — IV. L’évolution de la
sculpture. — V. L’évolution de la peinture aux Pays-Bas, en Allemagne et
en France. — VI. L’évolution de la peinture en Italie. — Bibliographie.

Conclusion

Supplément bibliographique

Index

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

On doit à M. Pirenne le chapitre VIII, sur l’histoire économique et


sociale. — Tout ce qui concerne l’histoire religieuse, intellectuelle et
artistique est de M. Renaudet, ainsi que la Conclusion. — M. Han-
delsman a fourni, en majeure partie, la substance des § 1 à 5 du cha-
pitre VI, 1 et 2 du chapitre VII. — M. Perroy a préparé du reste du vo-
lume une rédaction qui a été remaniée et complétée par M. Halphen.

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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Table des matières

Chapitre premier

L’Église et l’Empire
dans la seconde moitié du XVe siècle 1

Pendant la période qui s’écoule entre la fin de la guerre de Cent


Ans et le prélude des guerres d’Italie, entre la prise de Constantinople
par les Ottomans et le premier voyage de Colomb, entre la défaite des
conciles et l’avènement d’Alexandre VI, le monde occidental semblé
chercher un équilibre nouveau. Mais nulle part les problèmes que pose
cet effort n’apparaissent plus pressants que dans l’Église. Les papes,
oublieux de leur mission catholique, tentent avant tout — on le verra
en un chapitre ultérieur — de fonder, au centre de la péninsule, p001 un
État, qui de plus en plus étroitement se mêle à la politique des puis-
sances séculières et aux conflits de leurs intérêts ; ils semblent sacri-
fier à des ambitions de grandeur temporelle leurs devoirs de pasteurs,
et la cour de Rome offre trop souvent à la chrétienté un spectacle de
scandale. Réclamée par les assemblées œcuméniques, plusieurs fois
esquivée par le Saint-Siège, la réforme de l’Église, dans son chef et
dans ses membres, apparaît comme de plus en plus urgente. Sans ra-
jeunir beaucoup leurs doctrines, les écoles hérétiques maintiennent
leur protestation contre ses enseignements, et les rigoristes, qui, sans
grand résultat, s’efforcent de restaurer la vie religieuse dans le clergé,
atteignent souvent et parfois dépassent les limites extrêmes de
l’orthodoxie. Le magistère de l’Église romaine s’affaiblit de jour en
jour dans le monde chrétien, cependant que l’Empire achève de perdre
le peu qui lui reste de prestige. L’ancien ordre catholique, fondé sur la

1
OUVRAGES D’ENSEMBLE À CONSULTER.

—6—
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

double autorité de Pierre et de César, a subi, depuis deux siècles, trop


d’assauts : il cesse de s’imposer, dans le domaine des faits et de
l’esprit.

I. — La décadence de la papauté, de Nicolas V


à l’avènement d’Alexandre VI 2
Le Saint-Siège, après la défaite des conciles, n’avait recouvré
qu’une puissance affaiblie. Il ne parvenait pas même à soulever contre
les Turcs, maîtres de Byzance, les peuples chrétiens. Un congrès, en
mars 1454, avait inutilement réuni à Rome, p002 sous la présidence de
Nicolas V, les représentants des États d’Italie. On n’y avait pris aucu-
ne décision sur la croisade, et le pape se contenta d’entrer, le 25 fé-
vrier 1455, trois semaines avant sa mort, dans la grande ligue conclue
quelques mois auparavant 3 entre les princes italiens contre tout dan-
ger d’invasion.
La débilité du Saint-Siège se manifesta sous Calixte III. L’ancien
cardinal espagnol Alphonse Borja — ou Borgia, pour laisser à son
nom la forme italienne qui devait prévaloir dans la suite — détestait
l’islam et ne tolérait pas la présence des Turcs à Constantinople. Dès
son avènement, il prêchait la guerre sainte ; il envoyait des légats dans
tous les pays de la chrétienté, il vendait les terres d’Église, les objets
précieux rassemblés par son prédécesseur, construisait en hâte des ga-
lères. Mais Charles VII et Henri VI étaient absorbés par d’autres sou-
cis ; l’empereur ne manifesta aucun intérêt à l’entreprise ; le clergé
allemand refusa toute contribution. Ni l’armée de terre que Philippe le
Bon avait promis de lever, ni la flotte que devaient équiper Alphonse
d’Aragon et le roi de Portugal, ne se réunirent jamais ; les navires du
pape faillirent être incendiés au port de Civitavecchia ; les légats rem-
plirent mollement leur mission. Les seize galères du cardinal Scaram-
po ne prirent la mer que dans l’été de 1456, et ne dépassèrent pas
Rhodes. Seuls, les peuples directement en danger menaient contre les
Turcs une lutte héroïque, sans attendre les secours des Latins. On ver-
ra comment, en juillet 1456, les Hongrois de Jean Hunyadi contraigni-
rent Mohammed II à lever le siège de Belgrade et comment, juste un

2
OUVRAGES À CONSULTER.
3
Sur cette ligue, voir notre 1re partie, p. 478.

—7—
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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

an après, Skander-beg sut infliger aux troupes ottomanes une défaite


écrasante dans la plaine d’Alessio. Mais ces prouesses lointaines
n’émouvaient en Occident ni les princes, ni les nations, ni les Églises.
Si Charles VII finissait par autoriser la levée d’une décime sur le cler-
gé français, l’Université de Paris interjetait appel au concile général ;
les deniers reçus dans le royaume permirent d’armer une flotte contre
les Anglais. En mars 1457, la diète de Francfort, énumérant les griefs
de l’Empire contre le Saint-Siège, semblait le menacer d’un nouveau
schisme. En vain Calixte, qui haïssait la doctrine conciliaire, la faisait
réfuter par la plume d’Enea Silvio Piccolomini et proclamait la néces-
sité pour le pape de posséder richesse et puissance. Lui-même se dis-
créditait par p003 les titres et bénéfices prodigués à sa famille dont nul
n’ignorait la corruption, aux aventuriers espagnols que Rome exécrait.
On affirmait qu’il destinait à l’un de ses neveux, Pierre Borgia, Cons-
tantinople ou Chypre ; du moins, le 27 juin 1458, prétendit-il lui attri-
buer Naples. Ce fut son dernier acte politique ; il mourut le 6 août sui-
vant.
Enea Silvio Piccolomini, le 19 août, devint le pape Pie II. Cet hu-
maniste converti, cet habile homme qui avait, à temps pour son ambi-
tion, désavoué le libéralisme conciliaire, aimait la gloire comme un
disciple de Pétrarque, et l’autorité comme Eugène ou Calixte. Il ne tint
à peu près nul compte de la capitulation par laquelle le conclave im-
posait au futur élu l’engagement de gouverner en plein accord avec les
cardinaux et de réformer la cour de Rome. Il entendait ne pas partager
le pouvoir et ne pas poser de questions épineuses. Mais la dignité du
siège apostolique exigeait qu’on n’abandonnât pas la croisade : en oc-
tobre 1458, le pape convoquait à Mantoue, pour le 1er juin de l’année
suivante, un congrès de tous les princes chrétiens. Cette fois encore,
leur indifférence apparut avec scandale. Plusieurs mois Pie II et les
délégués de Hongrie, d’Albanie, de Bosnie, de Morée, d’Épire, atten-
dirent les Occidentaux. Si le nouveau roi de Naples, Ferdinand, qu’il
avait reconnu, envoya des ambassadeurs, ni le roi de France, ni
l’empereur, ni les principaux souverains d’Europe ne furent représen-
tés. Le duc de Bourgogne fit porter à l’assemblée des promesses va-
gues. Le duc de Milan, François Sforza et le vicaire de Rimini, Sigis-
mond Malatesta, s’y rencontrèrent avec les députés des républiques
italiennes. Le 26 septembre, Pie II ouvrit les débats, avec une élo-
quence trop apprêtée. On résolut pourtant d’attaquer les Turcs sur ter-

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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

re comme sur mer et d’imposer une décime aux clercs et aux laïques.
Mais le pape, comme on le verra 4 , avait écarté les droits de l’Angevin
René au trône de Naples, et, devant l’assemblée, flétri la Pragmatique
de Bourges : le gouvernement français refusa tout concours.
L’Angleterre se déroba. Toutefois les princes et les villes d’Italie pri-
rent l’engagement d’équiper une flotte, l’empereur de lever une ar-
mée. Pie II, le 14 janvier 1460, proclama la croisade.
Quatre jours plus tard, la bulle Exsecrabilis interdisait tout appel
au concile général, Aussitôt le Parlement de Paris se pourvut devant
une assemblée œcuménique, dont Charles VII p004 annonçait la pro-
chaine réunion dans le royaume. Excommunié après de graves conflits
avec le cardinal de Cues, le duc d’Autriche Sigismond se préparait à
comparaître devant elle. En Allemagne, les princes ne songeaient qu’à
leurs conflits avec Frédéric III, qui disputait la Bohême à Georges de
Podiébrad, l’Autriche et la Styrie à ses cousins Albert et Sigismond, la
Hongrie au fils de Jean Hunyadi, Mathias Corvin. Les deux diètes inu-
tiles de Nuremberg et de Vienne témoignèrent au cardinal Bessarion
et à Pie II qu’on ne pouvait rien attendre de l’Allemagne. Bien vaine-
ment le pape, en une longue épître composée selon les règles de la
rhétorique humaniste, adjurait Mohammed II de se convertir à
l’Évangile. Lorsque le souverain pontife prêchait la guerre sainte, les
chrétiens lui reprochaient de dépenser pour les Aragonais de Naples
les sommes destinées à la guerre turque.
Pie II espérait du moins étouffer l’esprit bâlois. Du dauphin Louis,
en mauvais termes avec Charles VII, il obtenait la promesse d’annuler
la Pragmatique ; à peine roi, Louis XI en notifiait, à Rome, le 27 no-
vembre 1461, l’abolition ; mais le gallicanisme des magistrats et fonc-
tionnaires royaux subsistait, prêt à maintenir vigoureusement en Fran-
ce l’autorité de l’État sur l’Église. L’abrogation, le 31 mars 1462, des
Compactata d’Iihlava risquait de rouvrir dangereusement, entre Rome
et la Bohême, une lutte où le catholicisme avait été déjà vaincu. La
destruction systématique par Pie II de l’œuvre de réforme tentée par
les conciles ne pouvait lui assurer que des succès sans lendemain.
Quand, à l’automne de 1463, l’horizon parut moins sombre en Ita-
lie, Pie II, pour réveiller la torpeur du monde chrétien, voulut prendre

4
Voir-ci-dessous, p., 97.

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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

lui-même le commandement de la croisade. Louis XI en repoussa le


projet ; Philippe de Bourgogne et Venise finirent par y adhérer. Une
nouvelle assemblée, en septembre, réunit les délégués des villes et des
États italiens. Le pape sollicita de nouvelles promesses ; Skander-beg
et Mathias Corvin appelaient les armées d’Occident. Mais le duc de
Bourgogne et les villes italiennes avaient déjà cessé leurs préparatifs.
Arrivé le 19 juillet 1464 à Ancône, Pie II attendit en vain la flotte vé-
nitienne. Il y mourut dans l’amertume d’un immense échec, le 14
août.
Ce ne fut pas le pontificat de son successeur Paul II, élu six jours
plus tard, qui put relever beaucoup le prestige de la papauté. Ce Véni-
tien — de son nom Pierre Barbo — aussi p005 autoritaire que son oncle
Eugène IV, n’observa pas plus que Pie II les constitutions imposées
par le Sacré Collège et gouverna seul. Assez médiocre d’intelligence,
peu cultivé, fort vaniteux, il menait à Rome une vie de faste, dans le
« palais de Venise », qu’achevait pour lui Rossellino. Il crut nécessai-
re d’apparaître aux yeux des Romains en prince plutôt qu’en pontife ;
mais il abandonna le projet de croisade, et, renonçant au rôle de chef
que son prédécesseur avait revendiqué dans la lutte contre l’infidèle, il
délégua le soin de combattre les Turcs au roi de Hongrie. Une fois en-
core, les États italiens marchandèrent leur aide et finalement
s’abstinrent ; ni Louis XI ni Philippe le Bon ne s’émurent ; Skander-
beg vint inutilement solliciter des secours : après les derniers efforts
d’une résistance héroïque, sa mort, le 17 janvier 1468, livra l’Albanie
aux musulmans. Bientôt, Georges de Podiébrad ayant refusé
d’admettre l’abolition des Compactata, Paul II, au printemps 1467,
détourna contre la Bohême les forces des peuples chrétiens ; le prince
auquel il confia la mission de la reconquérir au catholicisme fut préci-
sément le roi de Hongrie, d’abord désigné pour commander la croisa-
de contre l’Islam.
Pendant plusieurs années la papauté parut tout entière absorbée par
le souci de ses intérêts temporels. Lorsque la nouvelle se fut répandue
que Mohammed II venait d’enlever aux Vénitiens, le 12 juillet 1470,
Nègrepont, l’antique Chalcis, dans l’île d’Eubée, Paul II reparla de la
croisade, s’occupa de réorganiser la ligne italienne contre les Turcs ;
un nouveau pacte fut conclu par ses soins à Rome, le 22 décembre
1470 ; mais les effets en furent nuls, et quand il mourut subitement,

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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

sept mois plus tard (26 juillet 1471), les intérêts généraux de la chré-
tienté semblaient oubliés.
Le cardinal François de la Rovère, le 22 août, devint le pape Six-
te IV ; ce frère mineur aimait le luxe et vivait librement. Ses neveux,
Pierre Riario et Julien de la Rovère, âgés à peine de vingt-cinq et
vingt-huit ans, furent, dès son avènement, admis au Sacré Collège.
Les biens du premier, mort en février 1474, passèrent à son frère Jé-
rôme, devenu seigneur d’Imola, et fiancé avec Catherine Sforza, fille
naturelle du duc de Milan. Selon l’usage, Sixte avait, en avril 1472,
par une encyclique, invité les fidèles à s’armer pour la cause de
l’Évangile, et manifesté un zèle que les prélats de la cour romaine ne
prirent guère au sérieux. La mission des légats envoyés à travers
l’Europe fut stérile : Bessarion, découragé, mourait à Ravenne p006 le
18 novembre 1472 ; l’Espagne n’écouta pas Rodrigue Borgia : si le
cardinal Barbo put réconcilier Hongrois et Polonais, il n’obtint aucun
subside de la diète d’Augsbourg. Une flotte de galères pontificales,
vénitiennes et napolitaines, échoua devant Adalia ; affaiblie par la dé-
fection de Naples, elle se contenta de piller Smyrne.
Mais, avec plus de suite et d’énergie, Sixte IV s’efforçait de trans-
former l’État ecclésiastique en monarchie italienne. Les pèlerins ve-
nus en 1475 pour le jubilé s’émerveillèrent d’assister, dans la capitale
du monde chrétien, à des fêtes profanes dont l’éclat rappelait les Cé-
sars plus que les apôtres. La politique du pape ignora désormais tout
scrupule. L’assassinat de Galéas-Marie Sforza, duc de Milan, dans
l’église Saint-Étienne, le 26 décembre 1476, ne parut pas l’émouvoir,
et ce fut à Rome, en 1477, dans son propre entourage, que se prépara
contre les Médicis la conjuration des Pazzi. Sixte IV ne les découra-
gea pas ; on verra même 5 qu’il ne réprouva pas leurs projets, n’eut
pas un mot de blâme à l’adresse des meurtriers de Julien, que sa seule
pensée fut d’excommunier Laurent, qui leur avait échappé, et de met-
tre Florence en interdit, sous prétexte de venger la mort de
l’archevêque François Salviati, leur complice. Attaquée par l’armée
pontificale, la république toscane dénonça dans un manifeste solennel
aux peuples chrétiens les trahisons et les violences du pape. Milan,
Venise, la France prirent parti contre lui ; le 15 septembre 1478, le
clergé gallican, assemblé à Orléans, le sommait de convoquer le
5
Ci-après, p. 110.

— 11 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

concile et refusait de lui payer la moindre somme tant qu’il porterait


les armes contre les fidèles. Il fallut l’entrée des Turcs à Otrante, le 11
août 1480, pour que Sixte IV, après avoir un moment admis la pensée
d’une fuite à Avignon, acceptât de se réconcilier avec Florence 6 . Une
fois encore ; le congrès des États italiens se réunit ; une encyclique, le
8 août 1481, appela tous les souverains à la guerre sainte ; mais dès
qu’Otrante fut reprise, le pape cessa de parler de la croisade pour ne
plus s’occuper que de politique italienne.
Plus encore que Paul II, il avait suivi les méthodes en honneur chez
les princes séculiers, usé, selon l’opportunité, de la force ou de la ruse,
et recouru aux armes spirituelles pour seconder l’action des temporel-
les. Jamais encore un pape n’avait, avec p007 une pareille inconscience,
oublié son rôle de vicaire du Christ. Mais, tandis que les Églises na-
tionales protestaient contre les taxes accrues et que, malgré la bulle de
Pie II, Florence et Venise renforçaient par leurs appels la tradition
conciliaire, le Saint-Siège, en dépit de ses efforts diplomatiques ou
guerriers, n’apparaissait pas capable d’imposer son autorité aux États
de la péninsule. Du moins, comme devait l’écrire Machiavel trente ans
plus tard, la papauté, trop débile pour soumettre l’Italie, restait assez
forte pour entretenir les querelles qui en perpétuaient les divisions et
la faiblesse.
Le cardinal génois Jean-Baptiste Cibo fut élu le 29 août 1484.
Avant de recevoir les ordres, Innocent VIII avait eu, de diverses fem-
mes, plusieurs fils, que d’ailleurs, une fois pape, il reconnut publi-
quement. Il ne tenta pas de lutter contre le désordre de la cour romaine
et contribua même à l’aggraver fortement en multipliant, dans un des-
sein de fiscalité, le nombre des charges vénales. C’est ainsi que, pour
remplir les caisses de l’Église, il porta de six à vingt-quatre, puis à
trente, le collège des secrétaires de son palais, en obligeant les nou-
veaux promus à des versements dont le total dépassa 62.000 écus
d’or ; c’est ainsi encore qu’il eut l’idée de créer à sa chancellerie un
collège de « plombeurs » assujettis à un premier paiement de 500 du-
cats d’or : innovations qui, par contre-coup, abaissèrent le niveau in-
tellectuel et moral des nouveaux fonctionnaires et stimulèrent leur
cupidité, chacun d’eux voulant rentrer dans les frais qu’il avait dû su-
bir. Un des historiens les plus favorables aux papes du XVe siècle, L.
6
Sur tous ces événements, voir ci-dessous, p. 111.

— 12 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

von Pastor, a dû reconnaître la profonde corruption de tout l’entourage


pontifical à cette époque, hauts dignitaires ou simples employés de la
curie. Il n’était pas jusqu’à la nomination des membres du Sacré Col-
lège qui ne donnât lieu aux pires trafics et compromissions. On se
croirait revenu au Xe siècle, au temps des Jean XI et des Jean XII ;
parmi les cardinaux qu’il crée, en 1489, Innocent VIII ne craint pas de
comprendre Laurent Cibo, bâtard d’un de ses frères, et un fils de Lau-
rent de Médicis, Jean, à peine âgé de treize ans. Ainsi désignés, les
princes de l’Église ne s’imposaient nulle contrainte. Le cas de Rodri-
gue Borgia n’est malheureusement pas isolé.
C’est à lui qu’au lendemain de la mort d’Innocent (25 juillet 1492),
un conclave déshonoré par des marchandages publics remit, le 11 août
1492, la dignité pontificale. Il devenait à soixante-et-un ans le pape
Alexandre VI. Personne n’a jamais p008 dit qu’il crût à l’Évangile.
Sans mœurs et sans scrupules, d’ailleurs intelligent et cultivé, il avait,
sous Paul II, eu d’une Romaine, Vannozza de’ Cattanei, plusieurs en-
fants : Jean, duc de Gandia, mort tragiquement en 1497 ; César, à pei-
ne âgé de seize ans, qui reçut, dès l’élection d’Alexandre, archevêché
espagnol de Valence ; Lucrèce, fiancée à Jean Sforza, seigneur de Pe-
saro. Julie Farnèse, fille d’un Orsini, était la maîtresse en titre. Mais
l’avènement de ce pape, dont le pontificat ouvrait dans l’histoire de
l’Église une période critique, ne paraît avoir provoqué, tant la cour
romaine avait habitué le monde chrétien au scandale, aucune émotion.

II. — Le déclin des anciennes hérésies 7


Le Saint-Siège n’avait jamais accepté de bon gré la capitulation de
l’assemblée de Bâle en face des hérésies de Bohême. Pie II y rouvrit
la guerre religieuse. Peu enclin, par tempérament, à la persécution, il
tenait à ce qu’on oubliât son passé. Ancien défenseur de la doctrine
conciliaire, il travaillait à la détruire ; autrefois approbateur des Com-
pactata d’Iihlava, il entendait les annuler : après plusieurs années de
pourparlers inutiles avec Georges de Podiébrad, qui, en 1457, avait
succédé comme roi de Bohême à Ladislas le Posthume, il déclara, le
31 mars 1462, le traité aboli ; une nouvelle croisade commença.

7
OUVRAGES À CONSULTER.

— 13 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Podiébrad soutint héroïquement la lutte qu’il aurait voulu éviter.


En vain Paul II, le 29 décembre 1466, lança contre lui
l’excommunication majeure et délia ses sujets du serment de fidélité ;
en vain fit-il appel, contre la Bohême, à Mathias p009 Corvin, dont les
troupes eussent été plus utiles pour contenir les Turcs sur le Danube :
la supériorité militaire des Tchèques se manifestait avec éclat. Lors-
que Podiébrad, en 1471, mourut prématurément, la Bohême était sau-
vée de l’anarchie et de l’invasion ; l’Église schismatique tenait Rome
en échec. Les papes, découragés par l’inutilité de leurs efforts, et de
plus en plus absorbés par leurs intérêts italiens, n’attendaient plus que
d’un hasard heureux le rétablissement du catholicisme à Prague.
Le fils de Casimir de Pologne, Ladislas Jagellon, élu par la diète,
se montra inégal à Podiébrad. Sixte IV voulut profiter de sa faiblesse :
des négociations s’engagèrent. Mais dès que les Comptactata furent
remis en question, les villes s’agitèrent ; Prague, le 24 septembre
1483, se souleva. Ladislas sollicita le secours de la Pologne, de la Ba-
vière, de Mathias : Rome exhorta les princes allemands à
l’intervention. Ils ne bougèrent pas, et le roi, composant avec la révol-
te, dut accorder aux habitants de la capitale une amnistie qui discrédi-
tait son autorité. Les catholiques de Bohême sentirent leur faiblesse ;
mais les utraquistes ne souhaitaient que la paix. Signée à la diète de
Kutna Hora, en 1485, elle réalisait la plus chère pensée de Podiébrad.
Les Compactata devinrent loi organique du royaume ; utraquistes et
catholiques jouiraient des mêmes droits et des mêmes franchises ; les
deux Églises conserveraient les cures qu’elles occupaient régulière-
ment ; les habitants resteraient libres de suivre le culte de leur choix.
Le traité était conclu pour une durée de trente-et-un ans : on devait, en
1512, le déclarer perpétuel.
Il fut, en somme, bien observé ; catholiques et utraquistes vécurent,
sinon toujours en bonne intelligence, du moins sans conflits ; le Saint-
Siège avait oublié les Tchèques : la période des guerres hussites se
terminait par sa défaite. Le pacte de Kutna Hora, introduisait dans le
monde moderne un principe que Rome condamnait. Pour la première
fois, et sans son aveu, l’autorité civile contraignait deux confessions
rivales à se respecter mutuellement : l’État accordait sa protection et
le bénéfice de ses lois aux hérétiques aussi bien qu’aux orthodoxes. Le
principe médiéval de l’unité dans la foi subissait, en ces dernières an-
nées du XVe siècle, une grave humiliation.

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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Elle se trouvait d’ailleurs compensée par la faiblesse de l’Église


dissidente que Rome n’avait pu abattre. L’utraquisme bohème avait
depuis longtemps perdu toute force de propagande. p010 Fondé sur le
libre examen, il semblait en redouter l’usage. L’Église de Prague, de-
puis la disparition de premiers amis et disciples de Hus, n’avait pas
produit un penseur capable de dominer les esprits et les consciences.
Jean de Rokyçany, qui l’avait longtemps guidée, n’était, malgré la pu-
reté de sa vie, malgré le prestige que lui valaient tant de luttes et
d’épreuves hardiment soutenues, qu’un théologien médiocre et timo-
ré : il conservait la pure tradition évangélique de Hus, mais reculait
avec horreur devant l’hérésie. Le calice accordé aux laïques n’était
plus qu’un symbole vide : car la libre recherche de la vérité, le droit et
le devoir pour chaque fidèle d’examiner sa croyance et de fonder en
lui-même la foi profonde, effrayaient les Calixtins. Trop débile pour
maintenir l’esprit de ses origines, l’utraquisme se résignait à n’être
qu’un catholicisme en rupture, sur quelques points de discipline et de
liturgie, avec les autorités régulières. Garanti par des privilèges solen-
nels et professé par la masse de la nation, il devenait à son tour exclu-
sif et intolérant. On lui restait fidèle par tradition et par orgueil natio-
nal ; mais il n’était plus capable d’alimenter la passion religieuse qui
avait soulevé les premières générations hussites. Les prêtres, appau-
vris, tombés sous la tutelle seigneuriale, difficilement recrutés, et, de-
puis la mort de Jean de Rokyçany et des premiers évêques reconnus
par le concile de Bâle, en lutte avec des difficultés presque insurmon-
tables, pour arracher à la complaisance de quelque prélat romain une
ordination qui seule à leurs yeux maintenait le lien mystique entre eux
et les apôtres, donnaient un spectacle attristant de médiocrité intellec-
tuelle et morale. Le consistoire déplorait la corruption et l’ignorance
du clergé, la ruine de la discipline, l’indifférence des fidèles. Rome
n’avait pas vaincu : mais la prédication et le martyre de Hus
n’aboutissaient qu’à une Réforme manquée.
Son esprit et l’esprit de Wyclif subsistaient pourtant chez les in-
nombrables groupes religieux qui, depuis la disparition des Taborites,
se multipliaient en Bohême, et finirent par se fondre dans la grande
association des Frères de la Loi du Christ, aussi appelée l’« Unité bo-
hème ». Bien qu’elle désavouât prudemment tout compromis avec le
Tabor, elle comprenait plus d’un élément qui en venait, et sans doute
elle s’entendait sur plus d’un point avec les Églises vaudoises. Pierre

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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Chelčicky était mort, entre 1455 et 1457, presque oublié ; mais ses
livres avaient converti quelques élèves de Jean de Rokyçany ; ils fon-
dèrent à Chelčice, puis à Kunvald, l’« Unité des frères » (Unitas fra-
trum), p011 où entrèrent divers Picards et Vaudois, : un neveu de Roky-
çany, Grégoire, l’organisa. Le synode, tenu à Kunvald en 1459 ou
1460, écarta les doctrinaires qui niaient la présence réelle, et régla
quelques questions de discipline. Les Frères, sans condamner la pro-
priété individuelle, voyaient dans la pauvreté volontaire le signe de la
perfection chrétienne. Les prêtres n’exerçaient que des fonctions spiri-
tuelles et devaient gagner leur pain par le travail ; un gouverneur et
une gouvernante, comme les diacres de l’Église primitive, adminis-
traient le temporel. Les fidèles s’exhortaient et se surveillaient mutuel-
lement ; l’Unité se réservait le droit de chasser les pécheurs endurcis.
Étrangers à tout dogmatisme, les Frères admettaient qu’on pût être
sauvé même dans la confession romaine : ils n’entendaient pas rompre
avec l’Église utraquiste et se contentaient d’en épurer la liturgie, de
simplifier la messe en supprimant l’élévation et l’adoration de Saint-
Sacrement.
L’utraquisme officiel écartait les réformateurs indépendants. Jean
de Rokyçany laissa persécuter les Frères. On arrêtait à Prague, en
1461, Grégoire et quelques compagnons, comme vaudois et taborites :
le prédicateur, mis à la torture, entra en extase et eut une vision. Bien-
tôt, sur l’intervention de Rokyçany, le roi laissa les Frères s’établir à
Litic : leurs progrès ne s’interrompirent plus. Disséminés à travers la
Bohême, fréquemment réunis en synodes, leurs groupes constituaient
peu à peu des Églises, qui durent résoudre le problème de l’ordination.
Elles la refusèrent des prélats romains et pensèrent à se tourner vers
les Grecs ; mais chez eux encore, la simonie corrompait le don divin.
Elles finirent par s’adresser aux Vaudois, dont les évêques disaient se
rattacher, par une tradition ininterrompue, aux apôtres. L’accord fut
conclu, en 1467, à l’assemblée de Lhota. Une nouvelle persécution ne
prit fin, en 1471, que par la mort de Podiébrad et de Rokyçany. Ladi-
slas ne veilla pas énergiquement à l’exécution des lois qui, frappant
les Picards, atteignaient les Frères. De même, les mesures que vota la
diète de 1473 furent mal exécutées. Jusqu’à la fin du siècle, ils purent
mener une propagande que favorisait la décadence rapide de
l’utraquisme. Les femmes adhéraient volontiers à l’Unité bohême : les
nobles s’en trouvaient écartés par la règle, encore sévèrement appli-

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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

quée en 1479, qui leur imposait de renoncer à leurs titres, à leur rang,
à leurs fonctions. Pourtant les Frères, en Bohême et en Moravie,
comptaient des protecteurs dans les plus hautes familles. En 1490,
sous p012 l’influence de Procope de Jindrichovhradec et de Jean Kle-
novsky, le synode de Brandys autorisa l’admission des nobles. Les
intransigeants protestèrent ; mais, en 1494, à Rychnov, on leur donna
tort ; un nouveau synode, l’année suivante, condamna ceux des écrits
de Chelčieky et de Grégoire qui ne répondaient plus aux besoins du
temps. Les Frères ne reconnaissaient dorénavant d’autre docteur que
le Christ.
Tandis que l’utraquisme déjà s’affaiblissait, quelques hérésies, vi-
goureuses encore au XIVe siècle, achevaient de disparaître, Le catha-
risme, en 1453, ne subsistait plus qu’en Bosnie. Élu en 1444, le roi
Étienne Thomaš Ostojić reçut de Rome, après la chute de Constanti-
nople, une partie des fonds destinés à la croisade ; il reprit la persécu-
tion des hérétiques. Son fils, Étienne Thomašević, le fit tuer en 1461
et lui succéda. Il acheta chèrement l’alliance hongroise : encouragé
par Pie II, il crut pouvoir braver les Turcs et maltraiter les Cathares.
En 1463, Mohammed II envahissait la Bosnie : Étienne, prisonnier,
périt. L’Herzégovine, défendue par Etienne Vukčić, résista longtemps
encore. Les Cathares adoptèrent bientôt l’islam : la secte, qui avait
tenu tant d’années Rome en échec, s’évanouit obscurément.
Les Fraticelles se défendaient encore dans les Marches. En 1467,
Paul II y envoyait un nouvel inquisiteur, Bertoldo de Callepio, fran-
ciscain de l’Observance ; quelques bûchers s’allumèrent. Quatre ans
plus tard, un autre observant, Thomas de Starchio, traquait, à Piombi-
no et sur les côtes de Toscane, les derniers suspects, dont les vestiges
bientôt s’effacèrent. Les Flagellants avaient réapparu, en 1453 et
1454, dans quelques bourgs de Thuringe, Aschersleben, Sondershau-
sen, Sangerhausen. Vingt-deux d’entre eux, en 1454, moururent sur le
bûcher ; de nouvelles exécutions, en 1481, en Anhalt, achevèrent de
les disperser ; vers la fin du siècle, ils étaient oubliés. Les Béghards
hérétiques ne comptaient plus. Pourtant, en 1463, le synode de Cons-
tance, en 1491, le synode de Bamberg, déploraient l’activité des Frè-
res du Libre Esprit, qui devaient, lors de la Réforme, contribuer pour
une part assez importante à la propagation du luthéranisme.

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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Malgré la défaite et la disparition des Fraticelles, les espérances


joachimites n’étaient pas étouffées. Vers 1466, à Cheb (Eger), sur les
confins de la Franconie et de la Bohême, deux laïcs de noble naissan-
ce, Janko et Louis de Würzburg, assimilaient le pape, les cardinaux et
les prélats à l’Antéchrist p013 et à ses membres ; ils condamnaient les
indulgences et les cérémonies ecclésiastiques, mais annonçaient que
bientôt l’oint du Seigneur ramènerait les fidèles au bercail, que tous
les prêtres périraient et que seuls les ordres mendiants seraient épar-
gnés. Ces doctrines se propagèrent assez vite ; Georges de Podiébrad
sembla les favoriser ; l’autorité épiscopale de Ratisbonne réduisit ra-
pidement la secte au silence. Mais, à Florence, en 1476, un ermite,
vénéré pour son dévouement aux malades les plus contagieux dans le
lazaret de Volterra, annonçait, au nom de l’apôtre Jean et de l’ange
Raphaël, le prochain déchaînement de la colère divine. En 1491, à
Rome, un mystérieux visionnaire prophétisait encore de terribles ca-
lamités.
En France, le gouvernement royal, vers le milieu du siècle, laissait
les Vaudois en repos, et ne secondait pas l’Inquisition affaiblie et mé-
prisée. Aux remontrances de Sixte IV, Louis XI répondit, le 18 mai
1478, par une ordonnance qui déclarait tous ses sujets du Dauphiné
bons catholiques, dénonçait les abus et les fraudes du Saint-Office, et
lui interdisait tout procès.
L’Inquisition pourtant s’efforçait de confondre la cause des Vau-
dois avec celle des sorciers, dont la persécution, dans les dernières
années du XVe siècle, reprit avec une violence accrue. Innocent VIII,
par la bulle Summis desiderantes affectibus, ordonnait, en 1484, de les
traquer ; l’année suivante, dans le seul district de Worms, quatre-
vingt-cinq sorcières mouraient sur le bûcher ; deux dominicains, Jacob
Sprengrer et Henri Kraemer, dit Institoris, pour résumer et défendre
toute la pratique inquisitoriale en la matière, publiaient à Strasbourg,
en 1487, le Marteau des sorcières (Malleus maleficarum). Avec la
complaisance de Charles VIII, les franciscains se remirent en campa-
gne contre les Vaudois du Dauphiné ; l’archevêque d’Embrun, en
juin-juillet 1486, les somma de se soumettre ou de quitter le pays, et,
comme ils n’obéissaient pas, les frappa d’excommunication. Alors
Innocent VIII résolut d’en finir avec l’hérésie. A défaut de la guerre
sainte contre les Turcs, sans cesse différée, il prêcha, en 1488, la croi-
sade contre les Vaudois des Alpes. L’archidiacre de Crémone, Albert

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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

de Capitanei, délégué du pape, obtint le concours du Parlement de


Grenoble. Une armée, commandée par Hugues de La Palu, pénétra, en
mars 1489, dans les hautes régions dauphinoises, châtia toute résistan-
ce par de tels massacres que les populations de l’Argentière se soumi-
rent sans lutte. Les habitants de Vallouise, réfugiés dans les p014 caver-
nes d’Ayguefroide, y périrent enfumés par La Palu. Charles VIII et
l’archevêque d’Embrun se partagèrent les dépouilles, et l’hérésie fut
affaiblie pour longtemps dans les Alpes françaises.
Le duc Amédée IX de Savoie, bientôt vénéré comme un saint et
béatifié dès 1477 par Innocent VIII, avait tenté, non sans quelques
succès, de convertir les Vaudois. En 1475, trois ans après sa mort, la
régente Yolande, sœur de Louis XI, entreprit contre eux une guerre
d’extermination, que les conseils pressants du roi, malgré Sixte IV,
interrompirent. Louis XI disparu, la persécution recommença sous
Charles Ier de Savoie ; les inquisiteurs sévirent contre les communau-
tés des villes, et bientôt s’efforcèrent de réduire les Églises des mon-
tagnes. Mais quand les croisés qui avaient ravagé le haut Dauphiné
tentèrent de passer en Piémont, leurs bandes furent anéanties au val
d’Angrogne, et Charles dut traiter avec les hérétiques. Cependant, en
Calabre et dans les Pouilles, ils continuaient de professer, presque
sans contrainte, leurs doctrines : l’Inquisition avait perdu toute activité
dans le royaume de Naples. Ils observaient d’ailleurs une prudente
réserve, laissaient baptiser les enfants par le clergé, payaient exacte-
ment la dîme ; mais leurs églises recevaient chaque année la visite des
missionnaires ou « barbes », qui, généralement, voyageaient par cou-
ples, un ancien ou reggitore accompagné d’un plus jeune, le coadiuto-
re. Ainsi, par les côtes orientales de l’Italie et par les territoires véni-
tiens et lombards, s’établissait, malgré la surveillance ecclésiastique,
un contact permanent entre les communautés du Royaume et du Pié-
mont.
En Allemagne, où la lutte contre les hussites avait longtemps ab-
sorbé toutes les forces de l’Inquisition, les Vaudois subsistaient jusque
dans les domaines des Habsbourg. En 1467, aux confins de l’Autriche
et de la Moravie, une véritable Église, sous la conduite de l’évêque
Étienne, inquiétait les autorités catholiques. On brûla l’évêque à
Vienne ; les fidèles se cachèrent en Moravie, se réfugièrent en Bran-
debourg, où une nouvelle persécution ne parvint pas à les disperser.

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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Mais souvent, sans doute, les communautés vaudoises se fondirent


avec les groupes qui suivaient la tradition hussite.
Ce qu’en effet on appela dès lors l’hérésie bohême confondait en
une synthèse imparfaite, mais singulièrement dangereuse pour
l’orthodoxie, des idées qui, empruntées à l’idéalisme apostolique des
pauvres de Lyon et à l’évangélisme affectueux p015 de Jean Hus, à la
critique scripturaire de Wyclif et au radicalisme biblique des Tabori-
tes, constituaient contre le gouvernement de l’Église romaine un impi-
toyable réquisitoire et n’ouvraient devant les peuples d’autre voie de
salut que celle du retour aux institutions et à l’esprit des premiers
temps chrétiens. Les Lollards anglais, malgré la persécution, conti-
nuaient de former de petites communautés silencieuses et secrètes. En
Silésie, en Saxe, en Bavière, en Franconie, les prélats traquaient de
nombreux suspects, chez lesquels il est difficile de démêler la part des
traditions vaudoises et des nouveautés hussites. Les mêmes doctrines
confuses subsistaient dans le royaume de Pologne, qui, pendant les
premières guerres de religion, avait soutenu la Bohême contre les
croisés. Elles subsistaient chez les Hongrois, unis aux Tchèques de-
puis 1490 sous le gouvernement de Ladislas. On dénonçait, depuis le
premier tiers du siècle, leur présence en Aragon et en Catalogne. Aux
Pays-Bas, en Bourgogne, en France, l’hérésie bohême était fréquem-
ment constatée. Le 30 juillet 1484, à Paris, le sorbonniste Jean Laillier
scandalisait la Faculté de théologie par la hardiesse de ses thèses. Il
niait la primauté de Pierre et de l’Église de Rome, tournait en moque-
rie les décrétales ; il rejetait les commandements de l’Église, le célibat
sacerdotal, dénonçait les canonisations simoniaques, et concluait avec
Wyclif et les Vaudois que, depuis saint Sylvestre, l’Église romaine
n’est pas l’Église du Christ, mais de « César et d’argent ». Il se rétrac-
ta, non sans avoir déclaré qu’il avait suivi l’opinion du réformateur
d’Oxford. Quelques années après, à Notre-Dame, le 3 juin 1491, un
prêtre, Jean Langlois, négateur de la présence réelle, bousculait le cé-
lébrant, renversait le calice et piétinait les hosties ; il mourut le 21
juin, sur le bûcher.
Mais c’est en Allemagne et aux Pays-Bas que les doctrines suspec-
tes, malgré les autorités ecclésiastiques, se conservaient les plus viva-
ces. Jean Ruchrat de Wesel, professeur à l’Université d’Erfurt, avait, à
l’occasion du jubilé de 1450, attaqué les indulgences. Il ne tarda pas à
repousser la tradition et les Pères, à ne plus chercher la vérité, comme

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Wyclif et Hus, que dans les textes de l’Évangile. Sa critique le


conduisit à supprimer du symbole, comme les Grecs, le mot Filioque ;
il tirait des épîtres de Paul la doctrine de la prédestination. « Je mépri-
se, disait-il, l’Église et les conciles ; j’aime le Christ. » Pourtant
l’archevêque de Mayence, Dietrich d’Isenburg, ne le poursuivit pas
avant 1479 ; les dominicains exigèrent de lui p016 une rétractation qu’il
finit par prononcer. On brûla devant lui ses livres ; on l’enferma chez
les Frères Prêcheurs de Mayence, où il mourut en 1481. Jean Pupper
de Goch, qui enseignait, au nom du pur Évangile, une sorte de quié-
tisme, mourut en 1475 sans être inquiété. Jean Wessel Gansfort, formé
par les Frères de la Vie Commune et les dominicains de Cologne, par
les maîtres de Heidelberg et de Paris qui le convertirent à
l’ockhamisme, aidait, en 1477, l’électeur palatin Philippe à restaurer
l’Université de Heidelberg et se retirait en 1479, à Groningue, où il
mourut deux ans plus tard. Dans ses Mélanges théologiques (Farrago
rerum theologicarum), qui ne furent pas imprimés de son vivant, il
mettait en doute la valeur des œuvres, fondait le salut sur la foi seule,
condamnait les indulgences, interprétait spirituellement le dogme du
Purgatoire, admettait que le concile peut errer comme le pape en ma-
tière de foi, ne fondait l’autorité que sur l’Écriture, et, bien avant Lu-
ther, qui reconnut envers lui sa dette, affirmait que l’Église du Christ
subit une nouvelle captivité de Babylone. Mais le discrédit du clergé
officiel était si profond, son pouvoir de contrainte si affaibli, que les
opinions de Wessel ne paraissent pas avoir inquiété les contempo-
rains ; ils l’appelèrent « la lumière du monde ». L’archevêque
d’Utrecht, David de Bourgogne, le protégeait contre les attaques des
dominicains ; il lui confia la surveillance d’un couvent de religieuses
et le droit de se retirer, aussi souvent qu’il lui plairait, au monastère
windeshémien du Mont-Sainte-Agnès, où Thomas de Kempen avait
écrit.

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III. — Les tentatives de réforme


de l’Église régulière et séculière 8

Cependant se poursuivait un travail de réforme, vigoureux et mé-


thodique chez les moines, incertain et sans vues générales chez les
séculiers.
La restauration de l’ordre bénédictin, inaugurée par la congrégation
de Bursfeld, ne s’était pas interrompue. Depuis la fin p017 des guerres
anglaises, Cluny avait retrouvé sa règle. En 1458, l’abbé Jean de
Bourbon publia des statuts qui rétablirent la discipline primitive à la
maison-mère et dans les prieurés soumis à sa direction. Jacques
d’Amboise, qui lui succéda en 1481, continua son œuvre. Le couvent
de Marmoutier, près de Tours, se réformait en 1466, la congrégation
de Fontevrault en 1474. Trois ans plus tard, Pierre Dumas, abbé de
Chezal-Benoist, au diocèse de Bourges, y restaurait la règle à l’aide de
quelques missionnaires clunisiens, et, sur le modèle de Sainte-Justine
de Padoue, fondait en 1491 une congrégation française, d’où devait
sortir au XVIIe siècle celle de Saint-Maur. Semblable travail
s’accomplissait parmi les moines blancs de Cîteaux. En 1487, l’abbé
Jean de Cirey obtint une bulle qui le pressait d’agir ; il réorganisa, en
1493, les études au collège, parisien de Saint-Bernard ; le 15 février
1494, il publia des statuts de réforme, bientôt imposés à tous les cou-
vents cisterciens.
Les missionnaires windeshémiens ne ralentissaient pas leurs ef-
forts. Quand Jean Busch mourut en 1479, ils avaient répandu les cons-
titutions de Florent Radewijns et l’esprit de Gérard De Groote dans
seize évêchés des Pays-Bas et d’Allemagne. En 1496, Windesheim
commandait une centaine d’abbayes, dont vingt environ peuplées de
religieuses. Les chanoines réguliers hollandais allaient tenter bientôt
de s’établir en France, à Château-Landon, à Livry, à Saint-Victor de
Paris.

8
OUVRAGES À CONSULTER.

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Malgré la bulle d’union signée le 2 février 1456 par Calixte III, les
querelles des Frères Mineurs ne s’apaisaient pas, et les conventuels
refusaient d’admettre les observants aux élections. Pie II, le 11 octo-
bre 1458, rendit à ceux-ci leur autonomie et s’efforça d’apaiser les
conflits qui, en France, discréditaient les uns et les autres. Sixte IV,
ancien frère mineur, négligea la réforme des conventuels, et, par la
bulle Dum fructus uberes, le 28 février 1472, leur accorda le droit
d’accepter des héritages. La bulle qui reçut le nom de Mare magnum
(1474) et la Bulla aurea (1479) définirent avec ampleur, souvent au
détriment des séculiers, les privilèges de l’ordre. Cependant, parmi les
p018 Observants, on distinguait ceux de la Famille, qui gardaient leur
indépendance complète, et ceux de la Communauté, souvent appelés,
tant en France que dans les provinces de Cologne et de Saxe, les Colé-
tans — du nom de sainte Colette, réformatrice des Clarisses —, et qui,
pour éviter le schisme, acceptaient l’autorité des supérieurs conven-
tuels. François de Paule, novice en 1449 dans un couvent calabrais de
Frères Mineurs, avait, dès 1452, recherché la solitude, afin de suivre
plus exactement le Christ et les apôtres. Il réunit, en 1454, à Cosenza,
quelques compagnons séduits par la vie ascétique. Vingt ans plus tard,
Sixte IV le nomma général d’un nouvel ordre, soumis à la stricte obli-
gation du carême perpétuel. Appelé en France par Louis XI en 1482,
François fondait en 1491 les deux couvents d’Amboise et de Montils-
lès-Tours ; en 1494, les Minimes ouvraient à Passy, près de Paris, le
monastère de Nigeon. Chez les Frères Prêcheurs, la réforme se main-
tenait dans la congrégation de Lombardie, dont le couvent florentin de
Saint-Marc, sous le prieur Jérôme Savonarole, se séparait en 1493,
pour devenir la maison-mère de la congrégation toscane. Jean
d’Uytenhove créait, en 1464, avec l’approbation du ministre général
Auribelli, une congrégation hollandaise, qui, d’abord établie à La
Haye, Haarlem, Zutphen, Zwolle et Kalkar, atteignit la Saxe par Mag-
debourg, pénétra en Flandre par Gand et Lille, en Bretagne par Nan-
tes, Guérande et Rennes, en Savoie par Chambéry. L’esprit des Frères
Prêcheurs s’y conciliait avec l’esprit de Windesheim. Un mystique,
lecteur de saint Bernard, Jean de Staupitz qui devait, au cloître
d’Erfurt, guider la conscience de Luther, imposa la régularité chez les
Augustins de Saxe et de Thuringe.
Le clergé séculier continuait de tenir médiocrement son rôle. Les
curés des paroisses urbaines, souvent choisis parmi les docteurs des

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Facultés de théologie, ou parmi les cadets de famille noble, candidats


aux évêchés et aux commendes, résidaient peu. Les prêtres inférieurs,
le clergé des campagnes, ne recevaient qu’une préparation insuffisante
et paresseuse. L’exemple des prélats risquait souvent de démoraliser
les uns et les autres. Pourtant, en France, en Allemagne, à la fin du
e
XV siècle, quelques-uns, comme Louis d’Amboise, évêque d’Albi
(1474-1503), s’appliquent à remplir exactement leurs devoirs. Sans
beaucoup d’ensemble, on tente de relever la discipline. Les prédica-
teurs qui s’efforcent de corriger les réguliers adressent également
leurs exhortations véhémentes aux séculiers. Le p019 franciscain obser-
vant Olivier Maillard, le dominicain Jean Clerée, affilié à la congréga-
tion de Hollande, le clunisien Jean Raulin, d’abord maître de Navarre,
dénoncent tous les désordres de l’Église et, dans un langage ardent,
souvent trivial, somment prêtres et moines de s’amender. Les Frères
de la Vie Commune poursuivent dans leurs écoles d’Allemagne et des
Pays-Bas, un apostolat inlassable. En France, l’œuvre la plus impor-
tante fut accomplie par un de leurs amis, Jean Standonck. Né à Mali-
nes, élève, à Gouda, des Frères, étudiant à Louvain et à Paris, boursier
de Sorbonne, proviseur en 1483 du collège de Montaigu, il conciliait
la tradition mystique de Gérard De Groote et de Windesheim, à la-
quelle il devait sa formation première, avec le franciscanisme ascéti-
que et douloureux du fondateur des Minimes, qu’il avait introduits à
Paris. Comme saint Antonin de Florence et Gerson, il avait entrepris
la restauration de l’enseignement clérical ; il créa dans son collège, en
1491, une communauté d’étudiants pauvres, soumis à la règle la plus
dure, véritable séminaire de prêtres et de moines réformés. En 1493,
dans une commission de prélats et de docteurs, réunis à Tours par
Charles VIII afin de corriger les abus de la cléricature, il réclamait la
convocation périodique des synodes diocésains et des conciles provin-
ciaux, le rétablissement de la résidence obligatoire, la restriction des
dépenses « par lesquelles les biens ecclésiastiques sont consumés
contre Dieu et raison », la simplification des tribunaux diocésains « où
trop de promoteurs pillent le pauvre peuple », où, tandis que des cen-
sures et des excommunications abusives frappent des innocents, le
produit des amendes est « butiné » entre l’évêque et les archidiacres.
Comme la réforme du clergé n’était possible qu’à condition d’en
mieux choisir les chefs, il demandait le rétablissement des élections
canoniques et des libres collations, « sans aucune suspection ou note
de simonie ». On devait enfin examiner plus sérieusement les candi-

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

dats à la prêtrise : on ne nommerait plus « gens sans vertu, sans lettres,


vicieulx, infames, non congneuz, non deuement titulés », et les prélats
n’exigeraient plus « argent en telle quantité » pour conférer les ordres.
Cette œuvre de réforme demeura précaire. Des difficultés presque
insurmontables qu’elle rencontrait, l’échec d’un Nicolas de Cues porte
témoignage. Le rénovateur de la philosophie catholique avait été
contraint de quitter Brixen. Il s’y était usé contre l’inertie des sécu-
liers, le mauvais vouloir des moines, soutenus par les puissances laï-
ques, par le duc Sigismond p020 d’Autriche, protecteur d’un candidat
non agréé du Saint-Siège. Très autoritaire, le cardinal exigeait comme
prince-évêque le pouvoir temporel ; ses contestations avec le Habs-
bourg s’aggravèrent : il dut, en 1457, se retirer à Cortina d’Ampezzo.
L’année suivante, au congrès de Mantoue, il sollicitait l’intervention
de Calixte III ; en 1460, après avoir menacé d’interdit les domaines
autrichiens, il était prisonnier à Brüneck, et n’obtint la liberté qu’après
avoir renoncé par écrit à ses prétentions. Mais, de sa solitude
d’Ampezzo, il proclamait la nullité d’un acte imposé par la force ; il
risqua de provoquer entre le Saint-Siège et les princes allemands les
plus graves conflits ; bientôt, vaincu, il dut chercher refuge en cour de
Rome. Ainsi le désordre, avec la complicité du pouvoir temporel, se
maintenait dans l’Église. Les moines déréglés haïssaient les rigoristes.
La querelle inapaisable des Observants et des Conventuels diminuait
le prestige des Frères Mineurs. Chez les dominicains, les relâchés
s’appliquaient à diffamer les congrégations de Hollande ou de Lom-
bardie. Les Cordeliers et les Jacobins de Paris, qui dirigeaient deux
des plus hautes écoles théologiques de la chrétienté, n’observaient au-
cune discipline. Le collège parisien de Cluny, le couvent de Saint-
Martin-des-Champs, attristaient Jean Raulin par leur décadence. Les
querelles s’exaspéraient entre séculiers et réguliers, et le clergé des
paroisses de plus en plus s’irritait de voir les Mendiants envahir le mi-
nistère des âmes. Les registres d’officialité ne conservent aucun indice
de son relèvement.
Cependant les rigoristes foulaient un terrain dangereux et parfois
côtoyaient l’hérésie. L’œuvre de Jean Standonck s’inspirait de la for-
mule de Gérard De Groote : « réformer les clercs par un meilleur usa-
ge de la pauvreté » (reformatio clericorum per meliorem paupertatis
usum). Wyclif admettait ce programme ; Hussites et Vaudois ne
l’auraient pas désavoué ; l’urgence de ramener l’Église à l’indigence

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

apostolique avait été proclamée par les Fraticelles ; un moine de


Marmoutier, contradicteur de Standonck, put mettre en garde la com-
mission de Tours contre l’hérésie de Dolcino. Comme le scotiste
Maillard, l’ockhamiste Raulin ou le thomiste Clerée, le proviseur de
Montaigu, formé en Sorbonne à l’orthodoxie la plus stricte, restait
inattaquable, même quand il s’élevait contre ces colporteurs
d’indulgences « qui déçoivent le simple peuple ». Mais, en Toscane et
en Lombardie, Jérôme Savonarole, son contemporain et émule, incli-
nait vers la tradition apocalyptique de Joachim de Flore. Né à Ferrare
p021 en 1452, novice aux dominicains de Bologne, il était, en 1481,
entré à San Marco de Florence. Scolastique et thomiste, il fut d’abord
peu écouté. Pourtant, de 1486 à 1489, il prêcha dans les villes lombar-
des, où son éloquence tragique émut violemment les âmes. Laurent le
Magnifique le rappelait alors à Florence : en 1490, il devenait prieur
de San Marco. Bientôt, subjugué par une inspiration irrésistible, il se
sentit prophète, et, devant des foules terrifiées, annonça les catastro-
phes qui menaçaient l’Église, si elle ne revenait pas à l’humilité des
premiers jours, les peuples chrétiens, si le scandale de leur luxe et
leurs mœurs offensait longtemps encore l’esprit de pauvreté ; désor-
mais, il osait juger et condamner la Rome d’Alexandre VI.

IV. — Le nouvel aspect de l’institution pontificale 9


L’autorité morale des papes était gravement atteinte. Ils n’en
continuaient pas moins à se réclamer des doctrines professées par
Grégoire VII et Boniface VIII. Pie II écrivait encore :
Le Christ n’a-t-il pas dit aux Apôtres qu’il les faisait pêcheurs d’hommes, ou,
pour parler plus exactement, maîtres des hommes ? Or les maîtres des hommes le
sont de tout ce qui appartient à l’homme. Il est indispensable, à l’époque ou nous
vivons, que les pontifes romains soient riches... L’éclat et la richesse importent à
qui commande... Ceux qui veulent réduire le pape a la pauvreté veulent la ruine de
la religion.

« Ne savez-vous pas, demandait Paul II, que nous portons tous les
droits dans notre poitrine ? »
Mais, proclamées à Rome de façon hautaine, enseignées par les or-
dres mendiants, ces maximes n’étaient plus désormais admises des

9
OUVRAGES À CONSULTER.

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

gouvernements ; dans les hautes écoles, la plupart p022 des théologiens


séculiers et un grand nombre de canonistes les repoussaient. À Paris,
le chapitre et l’Université, fidèles aux souvenirs de Constance et de
Bâle, affirment en toute occasion la suprématie du concile œcuméni-
que. Aux États généraux de 1484, les députés du clergé demandent le
maintien de la Pragmatique. La même année, un professeur à la Fa-
culté de décret, chanoine de Notre-Dame et conseiller au Parlement,
Cosme Guymier, en donne une édition glosée que réimpriment à plu-
sieurs reprises les ateliers parisiens. On y lit :
Il existe trois cas dans lesquels le concile est supérieur au pape et le pape obli-
gé d’obéir. Le concile a premièrement le droit de le condamner et déposer pour
hérésie : en matière de foi le pape ne peut rien résoudre contre les décisions de
cette assemblée. Secondement, elle est supérieure au pape quand il importe de
terminer un schisme. Elle l’est en troisième lieu lorsqu’il s’agit de réformer
l’Église dans la tête et dans les membres.

Quant au gouvernement, sans doute avait-il, dès 1462, désavoué


officiellement la doctrine de Constance ; dans les conseils prévalait
l’opinion des hauts dignitaires ecclésiastiques, pourvus par la faveur
pontificale, et qui, sous couleur de fidélité au Saint-Siège,
s’acharnaient à défendre les abus dont ils profitaient. Mais les Parle-
ments ne cessaient de maintenir avec vigueur l’autorité de l’État sur
les clercs français, et depuis octobre 1472, Louis XI avait réglé sur les
bases d’un concordat le partage avec Rome des nominations aux béné-
fices ; solution toute empirique, propre à satisfaire les deux pouvoirs
rivaux, mais mal conciliable avec les prétentions autoritaires des ca-
nonistes fidèles à l’esprit de Grégoire VII et de Boniface VIII.
En Allemagne, le traité de 1448 avait aboli la plupart des disposi-
tions empruntées par la Pragmatique de 1439 aux décrets de Bâle. Le
faible empereur Frédéric III s’était, par deux fois, humilié en présence
des papes ; mais les légats pontificaux avaient pu souvent constater le
mécontentement hostile des diètes impériales et des assemblées du
clergé. A Francfort, en 1457, on avait pu entendre des paroles mena-
çantes et prophétiques :
Cette nation, autrefois libre et puissante, est maintenant appauvrie et réduite à
l’état de servage. Mais les grands de l’Empire ont résolu de secouer le joug et de
reconquérir leur ancienne indépendance ; et, s’ils persistent dans leur dessein, ce
ne sera pas un faible coup porté à la cour de Rome. p023

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Excommunié, faute d’avoir payé les annates, Dietrich d’Isenburg,


archevêque de Mayence, déclarait, en 1461, devant la diète : « L’appel
au concile est le seul moyen de défense qui nous reste contre la tyran-
nie du Saint-Siège. » Laïques ou clercs, les princes allemands étaient
unanimes à considérer l’absolutisme romain comme la ruine de la
chrétienté.
On eût aisément noté pareille désaffection et pareille méfiance en
Angleterre et en Écosse, en Espagne ou en Pologne. Quant aux États
italiens, ils connaissaient trop la manière à la fois brutale et cauteleuse
de la Curie ; le pape, depuis Paul II, ressemblait trop aux princes laï-
ques, pour ne pas risquer d’être parfois traité sans plus d’égards que
l’un d’eux. Les deux puissantes républiques, Florence et Venise,
avaient, à quelques années de distance, dénoncé l’hypocrisie d’une
politique de rapine qui usait d’armes sacrées, et solennellement pro-
clamé leur volonté de recourir contre le Saint-Siège au concile, légi-
slateur souverain de l’Église.

V. — L’Empire au temps de Frédéric III de Habsbourg 10


L’idée impériale, la haute doctrine soutenue par Dante, est égale-
ment bien déchue. L’histoire de l’Empire, au cours de ce siècle agité,
n’a été qu’une suite de reculades et de misères. Si les papes se sont
montrés hors d’état de conduire les chrétiens à la croisade, de prévenir
la chute de Constantinople, de réparer le désastre où s’est effondré
l’Empire d’Orient, ni Venceslas ni Sigismond n’ont su, pas plus dans
leurs domaines que dans le reste de l’Allemagne, abattre l’hérésie
hussite ; les croisades organisées contre la Bohême ont l’une après
l’autre échoué p024 lamentablement. L’Empire manifeste avec éclat sa
faiblesse lorsque, vers 1460 les électeurs, en lutte ouverte contre Fré-
déric III presque dès le lendemain, de son couronnement, projettent de
le déposer, pour lui substituer Georges de Podiébrad, roi de Bohême.
Ainsi, comme l’écrit dès 1454 Enea Silvio Piccolomini, après les diè-
tes de Ratisbonne et de Francfort, « la chrétienté n’a plus de chef
qu’elle respecte ni à qui elle veuille obéir ; les titres d’empereur et de
souverain pontife ne représentent plus pour elle que des noms sans

10
OUVRAGES À CONSULTER.

— 28 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

réalité, et ceux qui les portent ne sont plus à ses yeux que de vaines
images ».
De la couronne impériale qu’il a cru devoir, par une sorte
d’archaïsme, aller se faire imposer à Rome par le pape en 1452, Fré-
déric III ne tire aucun bénéfice : il n’est plus qu’un Habsbourg, dont
l’horizon ne dépasse guère les limites des possessions familiales, cette
Autriche qui tend à devenir le noyau d’un puissant État au cœur de
l’Europe centrale. A peine se montre-t-il aux diètes où, sans jamais
pouvoir aboutir, les princes germaniques discutent périodiquement de
la réforme de l’Empire. Pendant vingt-sept ans, Frédéric s’abstient
même tout à fait d’y paraître, et quand il se décide à venir les présider,
comme à Ratisbonne en 1471 ou à Nuremberg en 1480, son rôle est à
peu près nul.
Personnellement, c’est d’ailleurs un incapable, qui ne récolte
qu’affronts et humiliations. N’appartenant pas à la branche aînée des
Habsbourg, il est, dans sa propre famille, comme un parent pauvre
qu’on traite sans ménagements. L’Autriche même lui échappe
d’abord : avec la Bohême et la Hongrie, elle constitue le lot dévolu au
fils d’Albert II, Ladislas dit le Posthume, né en février 1440, quatre
mois après la mort de son père. La dignité impériale est devenue si
peu de chose entre ses mains débiles qu’il n’est pas en mesure de dis-
puter utilement à la petite noblesse autrichienne la tutelle de l’enfant.
Ladislas mort en novembre 1457, la force lui manque encore p025 pour
s’emparer de l’Autriche entière : il doit se résigner, en janvier 1458, à
un partage déshonorant qui laisse à son frère Albert la Haute-
Autriche, avec le titre d’archiduc, à son cousin Sigismond de Tirol un
tiers de la Basse-Autriche, et maintient Vienne dans l’indivision. Au
même moment, ses prétentions à la couronne de Bohême sont écartées
par la noblesse tchèque, qui élit l’un des siens, Georges de Podiébrad ;
ni Frédéric, pour qui cependant s’est prononcée la Moravie, ni Albert
de Saxe, beau-frère du dernier roi, qui compte sur l’appui de la Silé-
sie, ne peuvent faire triompher leur candidature. Une seule campagne,
menée avec vigueur dans les plaines autrichiennes suffit, en octobre
1458, pour mettre l’empereur à la raison ; l’année suivante, le Saxon
se laisse acheter une renonciation à ses droits ; en janvier 1460, le
dernier rempart de la résistance, Breslau, ouvre ses portes à Podié-
brad : la couronne de Bohême est perdue pour les Habsbourg.

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Semblable infortune attend Frédéric en Hongrie, où, le 28 janvier


1458, la noblesse a choisi pour roi Mathias Corvin, le fils de Jean Hu-
nyadi. Là encore, l’empereur, confiant dans ses droits, n’accepte pas
sans protester l’élection qui l’évincé ; il compte sur Pie II qui, avant
son avènement, lui a servi de secrétaire ; il profite d’une campagne
contre les Turcs, où Mathias s’est engagé, pour s’aboucher avec un
groupe de mécontents et obtenir d’eux, le 17 février 1459, son élec-
tion à la couronne de saint Étienne, comme légitime héritier de Ladi-
slas. Cette imprudente bravade provoque un retour offensif de Mathias
et l’invasion de l’Autriche ; comme suprême humiliation, Frédéric,
dans l’affolement de la défaite, doit faire appel à Podiébrad, son an-
cien rival, et, en août, à l’entrevue de Brno, lui acheter chèrement son
concours. Peine inutile : bientôt, Podiébrad déserte son allié d’un ins-
tant, se réconcilie avec Mathias, maintenant victorieux des insurgés
hongrois ; et Frédéric, abandonné de tous, est contraint d’accepter, en
juillet 1463, une paix humiliante qui consacre sa renonciation au trône
de Hongrie.
Ces échecs répétés ébranlent son autorité jusque dans ses propres
domaines. Singulière figure que ce chef de maison constamment trahi
et tenu en échec par les siens ! Ruinées par les invasions étrangères,
écrasées d’impôts, les populations autrichiennes ne cachent pas leur
mécontentement : les nobles conspirent contre l’empereur ; son frère,
l’archiduc Albert, les soutient, s’allie en février 1461 à Podiébrad et, à
la tête de contingents p026 venus de Bohême, paraît devant Vienne.
Pour se tirer de ce mauvais pas, il faut qu’une fois de plus Frédéric
achète la défection du souverain de Prague ; un armistice est signé en-
tre les deux Habsbourg en septembre 1463. Fort heureusement pour
l’empereur, la mort le débarrasse, deux mois plus tard, de son frère, et
ce coup du hasard lui permet enfin de rassembler la majeure partie des
territoires habsbourgeois.
Seul dans la famille des Habsbourg, le duc Sigismond de Tirol au-
rait pu lui barrer la route ; mais ce n’était pas un bien dangereux rival.
Engagé alors dans un conflit de juridiction avec l’évêque de Brixen,
l’impérieux Nicolas de Cues, protégé du pape Pie II, il se voit frappé
d’interdit, et il faut, en 1464 la mort de l’évêque et de Pie II lui-même
pour le délivrer de ces graves soucis. D’ailleurs, Sigismond a d’autres
préoccupations ; les Suisses menacent ses possessions sur le Rhin et,
après de désastreuses campagnes, il en est réduit, en 1461, à leur

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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

abandonner la Thurgovie. Il a, en outre, de tels besoins d’argent qu’en


1469 il va être réduit à mettre en gage son landgraviat de Haute-
Alsace 11 . Un aussi pauvre sire n’est pas pour l’empereur un bien
grand embarras : Frédéric peut en toute quiétude attendre sa mort,
qu’il escompte déjà de très loin (car Sigismond, né en 1427, est encore
jeune), pour achever le regroupement des possessions familiales.
Il a déjà fort à faire, au surplus, pour tenir en mains celles qui, dès
maintenant, lui sont échues. Quelques années à peine après la mort de
son frère Albert, sa faiblesse grandissante, sa mauvaise administration
provoquent partout des troubles, que des voisins exploitent avec com-
plaisance. En 1466, les nobles et les bourgeois d’Autriche révoltés
font appel aux Tchèques qui menacent une fois de plus les domaines
habsbourgeois ; au début de 1468, l’empereur, inquiété par une nou-
velle invasion, achète l’alliance de Mathias Corvin. Mais si l’ordre,
avec l’aide des troupes hongroises, se rétablit à Vienne, les autres
provinces continuent à s’agiter. Pendant qu’à la fin de 1468, Frédéric
va à Rome en pèlerinage se prosterner aux pieds du pape, les paysans
de Styrie se révoltent. Trieste chasse ses fonctionnaires autrichiens ; le
roi de Hongrie Mathias Corvin, toujours à l’affût des bonnes occa-
sions, encourage la rébellion. Plus on va et plus la situation s’aggrave
pour l’empereur : en 1477, une double invasion tchèque et hongroise
le menace ; p027 de nouveaux impôts, levés en hâte pour parer au dan-
ger, rallument un peu partout la guerre civile ; pour comble de mal-
heur, dès 1479, les Turcs font leur apparition en Styrie, où ils ravagent
les campagnes ; enfin, à peine le roi de Hongrie a-t-il conclu, en 1481,
un armistice avec les Ottomans, qu’il se retourne contre Frédéric et
envahit ses possessions. La conquête méthodique de l’Autriche par les
troupes hongroises se poursuit sans interruption les années suivantes ;
en 1485, toute la Basse-Autriche, à deux ou trois châteaux près, est
entre les mains de Mathias, qui s’installe à Vienne. C’est là que la
mort vient le surprendre le 6 avril 1490. Une fois de plus, Frédéric III
ne doit ainsi son salut qu’à l’opportune disparition d’un adversaire
redoutable. Il n’intervient même pas en personne : il confie à son fils
Maximilien, appelé de Flandre, où le jeune homme séjourne depuis
longtemps, la mission d’aller réoccuper Vienne et attend l’événement
accompli pour y faire lui-même sa rentrée au mois d’août.

11
Voir ci-dessous, p. 44.

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Dans tout cela, nul souci, si minime soit-il, de maintenir les droits
de l’Empire. Si Frédéric a une préoccupation en tête, c’est uniquement
celle de ménager l’avenir de sa famille et, durant les dernières années
de son règne, toute sa politique se résume en ce double programme :
faire conclure à son fils Maximilien un mariage avantageux et lui
transmettre la Couronne impériale. On verra 12 comment, là encore,
l’occasion le servit à souhait, l’héritière de Charles le Téméraire, Ma-
rie de Bourgogne, menacée à la fois par Louis XI et par une révolte
des villes flamandes, n’ayant vu d’autre moyen, pour s’assurer un pro-
tecteur, que d’épouser, en 1477, le fils de l’empereur, à qui le Témé-
raire lui-même l’avait fiancée peu de temps avant de mourir. Quelques
années plus tard, la diplomatie de Maximilien réussissait à gagner les
princes allemands et à transformer les électeurs rhénans — les arche-
vêques de Mayence et de Cologne entre autres — en clients des Habs-
bourg : grâce à quoi, le 16 février 1486, il était élu roi des Romains, à
la diète de Francfort. Les vœux de Frédéric étaient comblés. Il put
s’éteindre le 19 août 1493, à l’âge de soixante-dix-sept ans, avec la
pleine conscience d’avoir, en dépit de son inertie, préparé la grandeur
de sa maison.
Mais qu’on était donc loin désormais de la vieille tradition impé-
riale, de cette tradition qu’au temps où il se rendait à p028 Rome pour
son couronnement, Frédéric III avait eu encore l’illusion fugitive de
ranimer ! A la fin du XVe siècle, il subsiste un empereur, on continue à
parler d’un Saint Empire romain germanique — et de longtemps on ne
cessera d’en parler — mais l’idée impériale est bien morte. Ce qu’on
persiste à appeler Empire n’est plus qu’un État germanique, que son
souverain va s’employer à transformer en une monarchie comme les
autres, à l’heure même où, en Italie, la papauté, plus accaparée que
jamais par le soin de ses intérêts temporels, se détourne chaque jour
davantage de la direction morale et religieuse du monde. p029

12
Voir ci-dessous, p. 48.

— 32 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Table des matières

Bibliographie du chapitre premier


L’Église et l’Empire dans la seconde moitié du XVe siècle

OUVRAGES D’ENSEMBLE À CONSULTER. — Sur l’histoire des papes dans la seconde


moitié du XVe siècle, le livre fondamental est celui de Ludwig von Pastor,
Geschichte der Päpste seit dem Ausgang des Mittelalters, t. I à III (Fribourg-
en-Brisgau, 1886-1895, in-8° ; 5e-7e éd., 1924-1925), traduction française,
sans les documents, par Furcy-Raynaud : Histoire des papes depuis la fin du
moyen âge, t. II à V (Paris, 1888-1898, in-8°). L’ouvrage est écrit du point de
vue catholique. — Sur l’histoire générale de l’Église, l’absence d’un grand
ouvrage d’ensemble est, pour cette période, particulièrement regrettable ; on
ne peut guère indiquer jusqu’ici que des manuels relativement sommaires, tels
que F. Mourret, Histoire générale de l’Église, t. V (Paris, 1916, in-8°), et
A. Dufourcq, L’avenir du christianisme, 1re partie ; Histoire moderne de
l’Église, t. VII (Paris, 1914, in-12 ; 4e éd., 1925). Y ajouter les t. VII, 2e partie
et VIII, 1re partie (Paris, 1916-1917, 2 vol. in-8°) de l’Histoire des conciles de
Hefele, dans la version française de dom Leclercq, qui y a ajouté d’assez
nombreuses notes complémentaires ou rectificatives ; mais, même sous cette
nouvelle forme, l’ouvrage qui a plus de cinquante ans de date, est aujourd’hui
d’une insuffisance notoire. Quelques vues rapides, dans Gustav Schnürer, Kir-
che und Kultur im Mittelalter, t. III (Paderborn, 1929, in-8°) ; résumé commo-
de dans A.-C. Flick, The decline of the medieval Church (Londres, 1930, 2
vol. in-8o).
Sur les pays d’Empire, on trouvera d’utiles aperçus au tome Ier de
J. Janssen, Geschichte des deutschen Volkes beim Ausgang des Mittelalters
(Fribourg-en-Brigau, 1878, in-8° ; 19e-20e édition revue par L. von Pastor,
1913), traduction d’après la 14e édition, par G.-A. Heinrich et Mme E. Paris,
sous le titre : L’Allemagne et la Réforme, t. I (Paris, 1887, in-8°) ; mais c’est
seulement avec le règne de Maximilien que débute l’essentiel du livre. Le
grand manuel d’histoire d’Allemagne publié en 1891-1892 par Bruno Geb-
hardt, et depuis lors plusieurs fois, refondu entièrement, en est aujourd’hui à
sa 7e édition : Gebhardts Handbuch der deutschen Geschichte, refondu tous la
direction de Robert Holtzmann, en 2 volumes. Voir le t. I (Stuttgart, Berlin et
Leipzig, 1930, in-8°). On y trouvera un très bref résumé avec des renvois aux
travaux modernes les plus importants.

— 33 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

I. La décadence de la papauté, de Nicolas V


à l’avènement d’Alexandre VI
OUVRAGES À CONSULTER. —Aux ouvrages indiqués à la note précédente, et sur-
tout à l’ouvrage fondamental de L. von Pastor, ajouter K. Pleyel, Die Politik
Nikolaus V (Stuttgart, 1927, in-8o) ; G. Voigt, Enea Silvio de’ Piccolomini als
Papst Pius II und sein Zeitalter (Berlin, 1856-1863, 3 vol. in-80) ; Will. Boul-
ting, Aeneas Sylvius (Enea Silvio de’ Piccolomini-Pius II), orator, man of let-
ters, statesman and poet (Londres, 1908, in-80) ; Cecilia M. Ady, Pius II (Ae-
neas Silvius Piccolomini), the humanist pope (Londres, 1913, in-8°) ; W.
Schürmeyer, Das Kardinalskollegium unter Pius II (Berlin, 1914, in-8°, fasc.
122 des « Historische Studien » publ. par E. Ehering) ; H. Prutz, Pius II Rüs-
tungen zum Turkenkrieg (Munich, 1912, in-8o ; brochure de 63 p., extraite des
« Sitzungsberichte der Kgl. Bayerischen Akademie der Wissenschaften, Philo-
log.-historische Klasse ») ; G.-B. Picotti, La pubblicazione e i pimi effetti della
« Exsecrabilis » di Pio II, dans l’Archivio della R. Società romana di storia
patria, t. XXXVII (1924), p. 5-56 ; Chr. Lucius, Pius II und Ludwig XI von
Frankreich, 1461-1462 (Heidelberg, 1913, in-8°, fasc. 41 des « Heidelberger
Abhandlungen zur mittleren und neueren Geschieht » ») ; C. von Hötler, Don
Rodrigo de Borja (Papst Alexander VI) und seine Söhne (Vienne, 1889, in-8°).
— Sur l’organisation de la curie romaine, voir W. von Hofmann, Forschungen
zur Geschichte der kurialen Behörden vom Schisma bis zur Reformation (Ro-
me, 1914, 2 vol. in-8°, fasc. 12 et 13 de la « Bibliothek des preussischen histo-
rischen instituts in Rom »).

II. Le déclin des anciennes hérésies


OUVRAGES À CONSULTER. — Pour l’histoire religieuse de la Bohême, outre les
ouvrages indiqués dans notre 1re partie, p. 331 et 332, voir Ernest Denis, Fin
de l’indépendance bohême ; t. I : Georges de Podiébrad, les Jagellons (Paris,
1890, in-8°, réimprimé sans changement, 1930), et, plus récent, Rod. Urbanek,
Českê déjiny [Histoire tchèque], 3e partie, t. I et II : Věk Poděbradsky
[L’époque de Podiébrad] (Prague, 1915-1916, 2 volumes in-8°). — Pour la
survivance ou l’affaiblissement des hérésies, on se reportera à la bibliographie
de la 1re partie, p. 374. Quelques indications pour la France dans l’ouvrage
d’A. Renaudet, Préréforme et humanisme à Paris pendant les premières guer-
res d’Italie, 1494-1517 (Paris, 1916, in-8°, « Bibliothèque de l’Institut fran-
çais de Florence », série I, t. VI). Pour les Pays-Bas, voir A. Hyma, The Chris-
tian Renaissance a history of the Devotio moderna (New-York et Londres,
1925, in-8°) ; J. Huizinga, Herjstij der middeleeuwen, et trad. allemande, citée
p. 499 de notre 1re partie. Pour l’Allemagne, voir A. Hauck, Kirchengeschich-
te Deutschlands, t. V, 2e partie (citée ibid., p. 21). Pour l’Angleterre, outre W.-
W. Capes, The English Church in the XIVth and XVth centuries (cité ibid., p.

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

21), voir J. Gairdner, Lollardy and the Reformation in England (Londres,


1908-1913, 4 vol., in-8°). Sur la sorcellerie, voir les ouvrages indiqués dans
notre 1re partie, p. 374.

III. Les tentatives de réforme dans l’Église régulière et séculière


OUVRAGES À CONSULTER. — Outre les ouvrages cités 1re partie, p. 378, voir, pour
la France, A. Renaudet, Préréforme et humanisme, cité p. 9, et P. Caillet, La
décadence de l’ordre de Cluny au XVe siècle et la tentative de réforme de
l’abbé Jean de Bourbon, dans la Bibliothèque de l’école des Chartes, t.
LXXXIX (1928), p. 183-234 ; A. Samouillan, Olivier Maillard, sa prédica-
tion et son temps (Toulouse et Paris, 1891, in-8°) ; sur Standonck, Marcel Go-
det, La congrégation de Montaigu, 1490-1580 (Paris, 1912 in-8°j fasc. 198 de
la « Bibliothèque de l’École des Hautes Études, Sciences historiques et philo-
logiques ») ; sur Staupitz, H. Strohl, L’évolution religieuse de Luthers jus-
qu’en 1515 (Strasbourg, 1922, in-8°, de la coll. des « Études d’histoire et de
philosophie religieuse publiées par la Faculté de théologie protestante » de
Strasbourg) ; Ernst Wolf, Staupitz und Luther, ein Beitrag zur Theologie des
Johann von Staupitz und deren Bedeutung für Luthers theologischen Werde-
gang (Leipzig, 1927, in-8°) ; sur les échecs de Nicolas de Cues, E. Vansteen-
berghe, livre cité 1re partie, p. 522 ; sur Savonarole, Pasquale Villari, La storia
di Girolamo Savonarola e dei suoi tempi (Florence, 1859-1861, 2 vol. in-8° ;
3e éd., 1910) ; Joseph Schnitzer, Savonarola (Munich, 1924, 2 vol. in-8°).

IV. Le nouvel aspect de l’institution pontificale


OUVRAGES À CONSULTER. — Les mêmes que p. 1, n. 1 et p. 2, n. 1 ; consulter, en
outre, F. Rocquain, La cour de Rome et l’esprit de réforme avant Luther, t. III
(Paris, 1897, in-8°). Pour la France et son attitude en face de la politique pon-
tificale, voir Noël Valois, Histoire de la Pragmatique sanction de Bourges
sous Charles VII (Paris, 1906, in-8o) ; J. Combet, Louis XI et le Saint-Siège
(Paris, 1903, in-8°) ; P. Imbart de la Tour, Les origines de la Réforme, t. II
(Paris, 1909, in-8°) ; A. Renaudet, Préréforme et humanisme à Paris, cité p. 9.
Pour l’attitude des empereurs, voir V. von Kraus, Deutsche Geschichte im
Ausgange des Mittelalters, t. I, cité p. 24 ; pour l’Angleterre, W. Capes, The
English Church in the XIVth and XVth centuries, cité 1re partie, p. 21 ; pour
l’Italie, les ouvrages cités ci-dessous, p. 93 et suiv.

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

V. L’Empire au temps de Frédéric III de Habsbourg


OUVRAGES À CONSULTER. — Outre le résumé du Gebhardts Handbuch der deuts-
chen Geschichte, 7e éd., publiée par R. Holtzmann (cité p. 1), voir V. von
Kraus et K. Kaser, Deutsche Geschichte im Ausgangedes Mittelalters, 1438-
1519 (Stuttgart, 1888-1912, 2 vol, in-8°, de la « Bibliothek deutscher Ges-
chichte », publ. par H. von Zwiedineck-Südenhorst), t. I, par V. von Kraus ;
A. Bachmann, Deustche Reichsgeschichte im Zeitalter Friedrichs III und Max
I (Leipzig, 1884-1894, 2 vol. in-8°), pour la période 1461-1486 ; H. Ulmann,
Kaiser Maximilian I (Stuttgart, 1884-1891, 2 vol. in-8°), le t. I ; A. Huber,
Geschichte Œsterreichs (citée 1re partie, p. 398), t. Ill (1888) ; M. Vancsa,
Geschichte Nieder- und Oberœsterreichs (citée ibid., p. 398), t. II (1927). —
Parmi les nombreux travaux de détail, citons ceux de A. Bachmann, Die ers-
ten Versuche zu einer römischen Königs- waht unter Friedrich III, dans les
Forschungen zur deutschen Geschichte, t. XVII (1877), p. 277-330 ; W. Bec-
ker, Ueber die Theilnahme der Städte an den Reichsversammlungen unter
Friedrich III, 1440-1493 (Bonn, 1891, in-8°, dissertation) ; C. Küffner, Der
Reichstag von Nürnberg, 1480 (Heidelberg, 1882, in-8o, dissertation) ; A.
Hoffmann, Kaiser Friedrichs III Beziehungen su Ungarn in den Jahren 1458-
1464 (Breslau, 1887, in-8°, dissertation) ; Heinrich Ulmann, Kaiser Friedrich
III gegenüber der Frage der Könisgswahl, 1481-1488, dans la Historische
Zeitschrift, t. LXXXIV (1900), p. 410-429, article rectifiant les travaux anté-
rieurs, entre autres un article du même, Die Wahl Maximilians I, dans les
Forschungen zur deutschen Geschichte, t. XXII (1882), p. 131-158. — Sur
l’intervention de Mathias Corvin, voir W. Fraknoi, Hunyadi Matyas (Buda-
pest, 1890, in-8°), en langue hongroise, trad. en allemand sous le titre : Mat-
thias Corvinus, König von Ungarn (Fribourg-en-Brisgau ; 1891, in-8°) ; sur la
Bohême et Georges de Podiébrad, voir les ouvrages cités p. 398 de notre 1re
partie ; sur la politique des Habsbourg en Suisse, dans les pays rhénans et dans
l’État bourguignon, les ouvrages indiqués ci-dessous, p. 42 et 43.

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Table des matières

Chapitre II

La monarchie française
après la guerre de Cent Ans 13

Au sortir de la guerre de Cent Ans, la France n’est plus que ruines.


L’invasion étrangère, les luttes entre Armagnacs et Bourguignons, les
ravages des compagnies et des Écorcheurs, les épidémies l’ont épui-
sée. Les campagnes sont à l’abandon : parmi les paysans, seuls ou
presque seuls ont échappé aux massacres ceux qui ont couru se réfu-
gier au pied des châteaux ou des villes fortifiées ; la lande ou la forêt a
reconquis d’immenses espaces de plaines, jadis en plein rendement et
maintenant désertés. Les villes ont été elles-mêmes profondément at-
teintes : l’insécurité des routes et la décadence des grandes foires de
jadis les ont privées de leurs débouchés naturels. L’Église a plus souf-
fert encore : les couvents sont vides, les bâtiments délabrés ; les reve-
nus des moines sont réduits à presque rien, et l’indiscipline fait dans
leurs rangs des progrès inquiétants. Au sein du bas clergé, le dérègle-
ment confine au scandale : l’état de guerre prolongé a condamné au
vagabondage un grand nombre de clercs campagnards ; plus d’un, dit-
on, s’est fait brigand. Quant aux prélats, bien rares sont ceux qui of-
frent aux fidèles un spectacle édifiant : les meilleurs résistent malai-
sément à l’ambition d’accumuler les bénéfices et de se pousser dans la
carrière des honneurs sans souci des vertus chrétiennes. Aussi, parmi
les laïcs, celles-ci apparaissent-elles de plus en plus délaissées au pro-
fit des pires superstitions ; la sorcellerie, la magie, le culte du diable
font de rapides progrès, non seulement chez les paysans, mais jusque
dans les hautes classes de la société. Le procès de Gilles de Rais, un
baron breton, ancien compagnon de Jeanne d’Arc, criminel et magi-

13
OUVRAGES D’ENSEMBLE À CONSULTER.

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

cien, p030 mis à mort en 1440, en a révélé long sur ce chapitre. Enfin,
exception faite de quelques grandes familles, qui ont trouvé
l’occasion, dans la tourmente, d’arrondir leurs possessions, c’en est
fini de la féodalité française, naguère encore si brillante : ses châteaux
croulent ; ses revenus, déjà écornés par les frais de guerre, par les ran-
çons qu’il a fallu payer, ne lui permettent plus, avec renchérissement
de la vie et l’abaissement du pouvoir d’achat de la monnaie, de faire
face aux dépenses les plus urgentes. Il lui faut hypothéquer, souvent
même vendre ses terres, que les bourgeois s’arrachent pour devenir
seigneurs à leur tour ; il lui faut surtout s’effacer devant les officiers
du roi, de plus en plus arrogants et prévaricateurs. Car, au milieu de
l’universel désarroi, seul le pouvoir royal compte encore, et c’est au-
tour de la monarchie et à son profit qu’avec Charles VII et Louis XI
va s’opérer la reconstitution du pays.

I. — Les réformes de Charles VII 14


Avant toute autre chose, le roi avait besoin d’une véritable armée.
Aussitôt la conquête de l’Ile-de-France assurée, et au lendemain mê-
me de la trêve de 1444, le gouvernement de Charles VII y avait par-
tiellement pourvu en décidant d’opérer parmi les routiers un tri sévère,
afin de constituer, au moyen des p031 meilleurs d’entre eux, le noyau
d’une armée permanente qui pût tenir tête aux Anglais. Dès 1445, une
vingtaine de compagnies de cavalerie, dites « de grande ordonnance »,
étaient ainsi organisées, comptant chacune cent « lances », à raison de
six hommes par « lance », et toutes assujetties à la plus stricte disci-
pline ; ces compagnies furent envoyées en garnison dans diverses pro-
vinces du royaume, où les villes durent assurer le paiement régulier de
leurs soldes et pourvoir à leur entretien. On prévoyait que, dans les cas
graves, des levées temporaires de compagnies dites « de petite ordon-
nance » viendraient, avec les effectifs féodaux du ban et de l’arrière-
ban, compléter leurs cadres. On ne pensait alors qu’à la lutte contre
l’Anglais et les mesures prises n’étaient que provisoires ; mais, par la
force des choses, les « compagnies de grande ordonnance » survécu-
rent. On avait songé aussi à leur adjoindre des compagnies de fantas-
sins, et c’est à ce dessein qu’avait répondu la création, en 1448, d’une

14
OUVRAGES À CONSULTER.

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

milice de « francs archers », recrutés parmi les bourgeois. Chaque vil-


le du royaume était tenue d’en équiper un certain nombre qui, sans
renoncer à leurs occupations du temps de paix, étaient astreints à des
exercices réguliers ; ils recevaient en compensation une petite solde et
bénéficiaient de l’exemption des tailles : d’où leur nom. Mais, en fait,
l’expérience fut peu p032 heureuse : attirés surtout par la perspective
d’une franchise d’impôts, ces miliciens n’avaient ni goût militaire ni
discipline, et l’institution tomba vite en décadence. Quant à l’artillerie,
qui avait déjà joué un rôle de quelque importance vers la fin de la
guerre franco-anglaise, elle reçut un commencement d’organisation.
Deux ingénieurs fameux, les frères Jean et Gaspard Bureau, dont il
faut néanmoins se garder d’exagérer le rôle, entourés des meilleurs
spécialistes du temps, reçurent mission de construire des bouches à
feu et d’en perfectionner la technique, en attendant que, sous le règne
suivant, on se préoccupât de créer des « bandes » ou régiments
d’artilleurs.
Mais une réforme d’ensemble supposait avant tout de bonnes fi-
nances, et c’est ce qui avait le plus manqué jusqu’alors. A dire vrai, la
royauté, dans les moments de crise, n’avait vécu que d’expédients :
elle avait dû demander à ses sujets le vote de taxes exceptionnelles,
taxes directes ou « tailles », taxes indirectes sur les transactions com-
merciales ou « aides ». Chaque année ou presque avait ramené la né-
cessité de taxes de ce genre, entraînant pour le souverain l’obligation
de réunir les « députés » du royaume et de négocier avec eux. Pendant
la première moitié du XVe siècle, ces assemblées d’« États », comme
on disait, avaient été d’une variété extrême. Rarement le roi convo-
quait d’un seul coup les représentants de tous ses domaines : ce qu’on
nommait les « États généraux » n’était d’ordinaire, et selon les besoins
du moment, que la réunion de délégués d’un groupe de provinces,
ceux de « langue d’oïl » pour les provinces du centre, de « langue
d’oc » pour les domaines royaux, encore restreints, du midi ; puis, au
fur et à mesure des conquêtes, on y avait ajouté ceux d’entre Loire et
Seine, puis ceux d’outre-Seine. De plus, chaque province, souvent
aussi chaque bailliage, avait ses « États », qu’on réunissait chaque fois
que le besoin s’en faisait sentir et auxquels on demandait, concur-
remment ou non avec les « États généraux », de voter les subsides né-
cessaires ou d’en régler la répartition ; et les grands vassaux, à leur
tour, les princes apanages, ne se faisaient pas faute d’imiter cette pra-

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

tique à l’intérieur de leurs fiefs. Ces multiples assemblées n’étaient


toutes, d’ailleurs, que des machines à voter l’impôt. Aussitôt le subsi-
de accordé, on se dépêchait de les dissoudre, sans prêter l’oreille à
leurs vœux et sans s’inquiéter de leurs doléances. Les populations,
tout entières au souci de leurs intérêts locaux, désireuses de restrein-
dre au minimum les lourdes dépenses qu’occasionnait p033 l’envoi de
délégués, et habituées à la longue au retour périodique de l’impôt, fi-
nissaient par s’incliner devant la volonté d’une monarchie qu’ils ju-
geaient de droit divin. Aussi, avant même le milieu du XVe siècle,
l’institution des États est-elle sur son déclin. Parmi les assemblées res-
treintes, seuls les « États de langue d’oc » montrent encore quelque
activité ; mais les États dits généraux perdent peu à peu de leur impor-
tance, et, depuis 1440 environ, on n’en trouve plus que des mentions
clairsemées. Dès ce moment, le roi se sent assez puissant pour fixer
lui-même le montant des tailles, sans se soucier des réactions de
l’opinion populaire.
Le gouvernement central prend alors directement en main la réor-
ganisation des finances. La taille, fixée par lui chaque année, et sou-
vent aggravée de suppléments ou « crues », se lève dans tout le
royaume, même dans les apanages et les grands fiefs ; seule la Bour-
gogne, à la faveur du traité d’Arras, en est exemptée. Cet impôt fon-
cier, qui, sauf dans quelques provinces du midi, est une taxe person-
nelle, frappant non la condition des terres, mais celle des personnes,
forme la base des finances royales ; à la fin du règne de Charles VII, il
produit 1.750.000 livres. Les oppositions, d’où qu’elles viennent,
même de grands vassaux comme le sire d’Albret, les comtes de Foix
et d’Armagnac, sont rigoureusement réprimées. Le mécanisme de per-
ception est amélioré. Chacune des cinq « généralités » de Languedoc,
de Guyenne, de Normandie, d’outre-Seine-et-Yonne et de Languedoïl,
est divisée en un certain nombre d’« élections », où deux « élus », un
greffier, un procureur et des receveurs assurent le recouvrement. A
Paris, les « généraux conseillers sur les aides » forment une cour sou-
veraine qui règle toutes les contestations. La levée des aides, fixées en
principe à Un sou par livre sur toutes les marchandises, est confiée à
des fermiers d’impôts, dont la manière forte n’est pas sans provoquer
bien des difficultés ; aussi, le roi substitue-t-il parfois aux aides une
taxe forfaitaire appelée « équivalent ». La « gabelle » complète les
ressources normales dont il dispose. La forme et la valeur en diffère

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

suivant les provinces : il est des régions où le roi se réserve le mono-


pole du sel, dont les gardiens de ses « greniers » assurent la vente à
son profit ; il en est d’autres où il se borne à prélever un impôt de va-
leur variable. Dans ses grandes lignes, ce système fiscal devait subsis-
ter jusqu’à la Révolution.
La bonne marche de la justice se trouve assurée par le Parlement
p034 de Paris, rouvert en 1436 et réorganisé par les ordonnances royales
de 1446 et de 1454 ; malgré ses velléités d’indépendance, il travaille
d’une façon efficace à consolider l’œuvre de la monarchie en étendant
sa suprématie judiciaire sur tous les fiefs de la couronne. En même
temps, la création de cours analogues à Grenoble, à Toulouse, à Bor-
deaux, tout en rapprochant la justice royale des justiciables, contribue
à affirmer le caractère purement judiciaire du travail qui lui est dévo-
lu.
Dans sa tâche gouvernementale, Charles VII est assisté par un per-
sonnel bien dressé de bureaucrates, recrutés dans la bourgeoisie, et qui
sont le plus sûr appui de la monarchie. Si trop souvent ses maîtresses,
une Agnès Sorel, une Antoinette de Villequier, donnent le ton à la
cour, si des gentilshommes comme Pierre de Brézé ou Jean de Bueil
forment son entourage immédiat, la véritable puissance politique ap-
partient aux ministres bourgeois qui accaparent les charges : Jean Bu-
reau est trésorier de France, maître des comptes, prévôt des marchands
et maire de Bordeaux. La fortune fabuleuse d’un Jacques Cœur est un
signe du temps. Ce brasseur d’affaires, qui avait commencé sa carrière
en fabriquant de la fausse monnaie, cherche tous les débouchés possi-
bles à son activité débordante. De ses comptoirs de Montpellier et de
Marseille, on l’a vu lancer une véritable flotte commerciale vers le
Levant, pratiquer le commerce des épices et des soieries comme celui
des esclaves ou le trafic des armes avec les Musulmans ; en France, il
exploite des mines et des greniers à sel Son crédit n’a cessé de grandir
à la cour où il a obtenu des chargea importantes : commissaire aux
États de Languedoc, visiteur dès gabelles, il a été nommé en 1440 ar-
gentier du roi, puis en 1442 membre du conseil royal ; il participe au
gouvernement à, l’égal des plus grands princes, et Charles VII est son
débiteur. Mais sa fortune, trop rapide, dure peu : dès 1451, ses nom-
breux ennemis le font arrêter et, deux ans plus tard, il est condamné
pour malversations. Il n’était peut-être pas plus malhonnête que beau-
coup d’autres, mais sa hardiesse excessive l’avait perdu. Sa chute est

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

d’ailleurs une exception : la plupart des conseillers bourgeois de Char-


les VII restent en place, et leur influence paraît solidement assise.
Ainsi secondé, le roi de France reprend en Europe figure de très
grand prince. Il intervient dans les affaires d’Allemagne et d’Italie.
Dans son royaume, les rebelles sont sévèrement punis. Le comte
Jean V d’Armagnac, accusé d’inceste et de trahison, p035 est poursuivi,
banni, et voit ses biens confisqués après un long procès (1455-1460).
Son beau-frère Jean II, duc d’Alençon, accusé de tractations suspectes
avec l’Angleterre, subit un sort semblable : en 1458, il est jeté en pri-
son et ses domaines sont réunis à la couronne. Mais Charles VII
s’attaque surtout au duc de Bourgogne, Philippe le Bon, dont il
contrecarre la politique partout où il le peut, en Suisse, en Allemagne,
dans les pays rhénans, tandis qu’en dépit du traité d’Arras, ses offi-
ciers multiplient, à l’intérieur du duché, interventions, sommations,
convocations devant le Parlement de Paris. Entre les deux puissances,
la guerre est inévitable ; elle est seulement retardée par la mort du roi
(22 juillet 1461) et l’avènement de son fils Louis.

II. — Louis XI et les dernières coalitions féodales


(1051-1473) 15
Né le 3 juillet 1423, le nouveau roi de France avait déjà un long
passé. Il est superflu de refaire ici son portrait, si souvent tracé depuis
Commynes. Ambitieux, vindicatif, tortueux, cruel à l’occasion, mais
d’une habileté qui le classe parmi les princes les plus remarquables de
son époque, dévot, sachant plier lorsque les faits tournaient contre lui,
il était depuis des années impatient de gouverner. p036
A seize ans, au début de 1440, il s’était laissé mettre à la tête de la
Praguerie, dans l’espoir de renverser son père. Celui-ci, depuis lors,
n’avait cessé de se méfier de lui et avait réservé ses faveurs à son plus
jeune fils, Charles. Méfiance justifiée, puisque, dès 1446, Louis avait
essayé de soulever l’Agenais, puis avait tramé un complot contre les
gens de l’entourage du roi, notamment contre Pierre de Brézé. En
1447, le jeune ambitieux s’était retiré en Dauphiné, bien décidé à y
revendiquer les droits que lui donnait son titre de dauphin et à y faire

15
OUVRAGES À CONSULTER.

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

l’apprentissage du gouvernement. Servi par quelques conseillers sans


scrupules, qui formèrent le noyau de sa future cour royale, il avait
agrandi les limites de sa province aux dépens de la Savoie et des terri-
toires pontificaux, ramené la noblesse dauphinoise à l’obéissance, do-
té le pays d’une administration bien agencée, mais tatillonne et tyran-
nique, complété enfin ses réformes par la fondation, à Valence, d’une
Université, qui devait sans doute, dans sa pensée, aider à affranchir le
Dauphiné de toute influence du dehors. Prenant même ouvertement
parti contre son père, il avait, bravant sa volonté, épousé la fille du
duc de Savoie, s’était allié aux pires ennemis de la couronne de Fran-
ce, aux Sforza entre autres, puis, croyant p037 ses jours en danger,
s’était enfui en Flandre, où il était allé, en 1456, se placer sous la pro-
tection du duc de Bourgogne. Retiré dans le château de Genappe en
Brabant, mis à sa disposition par le duc, avec une belle rente annuelle
de 36.000 livres, il y avait, rongeant son frein, épié l’heure où il pour-
rait enfin accéder au trône. C’est là que, le 17 juillet 1461, était venue
le rejoindre la nouvelle de la mort prochaine de son père. Quelques
jours après, il était roi.
Si Philippe le Bon avait cru trouver en lui un allié, il se trompait.
Le nouveau roi avait pu venir lui demander protection dans un instant
de détresse ; mais il n’était pas homme à écouter autre chose que les
intérêts du moment, et son esprit de jalouse indépendance n’allait pas
tarder à s’affirmer sur le trône comme il s’était affirmé sans cesse au-
paravant. Il commença par disgracier Antoine de Chabannes, Pierre de
Brézé et tous les conseillers préférés de son père, pour leur substituer
l’équipe d’hommes dévoués mais obscurs qui l’avaient suivi en Dau-
phiné et en Flandre. Il n’apporta d’ailleurs aucun parti pris dans ses
choix : car il avait le don de découvrir et de s’attacher les serviteurs
les plus utiles. Il les recruta dans tous les milieux, aussi bien dans
l’aristocratie que dans la bourgeoisie ou dans la basse roture,
n’hésitant même pas à s’adresser à des hommes tarés : pourvu qu’ils
fussent bon travailleurs, rien ne les empêchait de parvenir aux plus
hautes fonctions. Il donna des postes de confiance à des Italiens, à des
Allemands, à des Suisses, à des Écossais ; il sut débaucher les meil-
leurs serviteurs de ses vassaux ou de ses ennemis, tel Philippe de
Commynes, l’homme de confiance du duc de Bourgogne, qui passa à
son service en 1472. De tous, il exigea un dévouement absolu et un
travail sans relâche, les comblant au surplus de pensions, les gorgeant

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

de richesses quand leur zèle répondait à son attente, et les châtiant


avec une dureté sans égale et sans considération pour leur rang quand
ils trahissaient sa confiance : l’emprisonnement du cardinal Balue, qui
dura onze ans (1469-1480), l’exécution sommaire de Charles de Me-
lun, en 1468, celles du connétable de Saint-Pol et du duc de Nemours,
en 1475 et 1477, sont restés légendaires.
Ses premiers actes ne furent pas tous heureux. A trop vouloir em-
ployer la manière forte, à trop vouloir assouvir ses rancunes, il mé-
contenta beaucoup de gens, et notamment les grands vassaux ; le cler-
gé gallican ne lui pardonna pas d’avoir, dès novembre 1461, aboli la
Pragmatique sanction, dans l’espoir de p038 soutirer des avantages plus
substantiels au pape Pie II ; certains conseillers bannis, comme Odet
d’Aydie, allèrent se réfugier auprès du duc de Bretagne et l’excitèrent
à la révolte ; à l’égard de la maison de Bourgogne enfin, faisant sou-
dain volte-face, il reprit, un peu trop tôt, la politique de son père, dans
l’espoir d’effacer l’humiliation du traité d’Arras. Il n’eut de cesse
qu’il n’eût ressaisi la Picardie ; à force d’intrigues, il contraignit Phi-
lippe le Bon à lui revendre les villes de la Somme (1463) ; mais, pour
se procurer les quatre cent mille écus nécessaires, il dut recourir à
l’augmentation des tailles, à des impôts nouveaux, à des emprunts for-
cés, soulevant ainsi contre lui le mécontentement du peuple, à qui l’on
avait imprudemment fait espérer des allégements d’impôts. Excellente
occasion pour les grands de tenter, sous couleur de « bien public »,
une révolte contre un roi dont le gouvernement s’annonçait oppressif à
l’excès.
L’âme de cette « ligue du bien public », comme elle s’intitula elle-
même, fut le fils du vieux duc de Bourgogne, le comte de Charolais,
Charles le Téméraire, qui était devenu dès ce moment le véritable
maître de l’État bourguignon. Il s’entendit avec le duc de Bretagne
François II, que Louis XI s’était aliéné en tentant d’intervenir dans les
affaires de son duché. Jean II de Bourbon, les princes d’Armagnac et
d’Anjou se joignirent à eux et prirent pour chef nominal le frère du
roi, Charles de France, duc de Berry, alors héritier présomptif de la
couronné. C’était un pauvre personnage, chétif et faible, qui fut toute
sa vie le jouet des ambitions d’autrui. Le duc de Bourbon donna, en
mars 1465, le signal du soulèvement. Le roi marcha aussitôt contre
lui, occupa le Berry, d’où Charles de France s’était enfui, et se jeta sur
le Bourbonnais ; mais il dut rebrousser chemin à l’annonce que deux

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

armées, bretonne et bourguignonne, se dirigeaient sur Paris. La ren-


contre eut lieu le 16 juillet à Montlhéry ; la bataille resta indécise,
mais les Bourguignons gardèrent l’avantage du terrain. Se bornant
d’abord, pour parer au plus pressé, à mettre Paris en état de défense,
Louis XI courut chercher des renforts en Normandie ; puis les défec-
tions qui se multipliaient dans la noblesse lui donnèrent à réfléchir et
il entra en pourparlers avec les rebelles : par les traités signés à
Conflans, au confluent de la Seine et de la Marne, et à Saint-Maur-
des-Fossés au mois d’octobre 1465, il acceptait toutes leurs demandes,
comblait d’honneur les principaux d’entre eux, rendait sans compen-
sation les villes de la Somme au Téméraire, p039 donnait la Normandie
en apanage à son frère. Entre la Bretagne hostile et la Picardie bour-
guignonne, le nouvel apanage devait compléter l’encerclement de la
royauté par la féodalité victorieuse.
Cette paix n’était pas plus tôt signée que Louis s’empressait de la
violer. Profitant d’une brouille survenue entre le duc de Bretagne et
Charles de France, il envahit la Normandie en décembre 1465 et la
réincorpora au domaine royal. Ses légistes furent chargés de démon-
trer qu’il s’agissait d’une province juridiquement inaliénable. Puis il
prépara la reconquête de la Picardie. Le Téméraire, qui venait en juin
1467 de succéder à son père dans le duché de Bourgogne et les Pays-
Bas, et qui devait faire face en même temps à une menace de guerre
avec Liège, était dans le moment hors d’état d’intervenir. Louis en
profita pour écraser facilement une nouvelle coalition féodale, repous-
ser les troupes bretonnes qui avaient envahi la Normandie et imposer,
le 10 septembre 1468, la paix d’Ancenis au duc François II.
La guerre cependant était inévitable avec le Bourguignon. Louis
crut pouvoir la retarder par un coup d’audace : il proposa une entrevue
à son adversaire et partit à sa rencontre. L’entrevue eut lieu sur les ter-
res du duc, à Péronne, au mois d’octobre 1468. Mais le Téméraire, qui
avait contre le roi bien des sujets de plaintes et que venait d’exaspérer
la nouvelle de ses intrigues avec les Liégeois, retint l’imprudent dans
une demi-captivité jusqu’à ce qu’il l’eût amené à signer un traité aux
termes duquel il renonçait à toute suzeraineté sur la Flandre et
s’engageait à céder la Champagne à Charles de France. Louis se vit
même imposer, de surcroît, l’humiliation d’accompagner l’armée
bourguignonne devant Liège révoltée pour y assister au châtiment des
habitants, ses alliés d’ancienne date. Mais le triomphe du Téméraire

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

ne fut pas de longue durée : à peine rendu à la liberté, Louis renia ses
engagements, amena son frère Charles à accepter comme apanage, au
lieu de la proche Normandie, la lointaine Guyenne ; puis, pour rendre
inutile l’alliance conclue par le Téméraire avec la maison d’York,
s’employa — et avec succès — à réconcilier Marguerite d’Anjou et
Warwick, à les lancer contre Édouard IV, enfin à faire restaurer Henri
VI de Lancastre sur son trône. Après quoi, il obtint d’une assemblée
de prélats, de seigneurs et d’officiers, réunis à Tours au mois de no-
vembre 1470, une déclaration solennelle de nullité des engagements
pris tant à Conflans qu’à p040 Péronne sous l’action de la contrainte et
ouvrit sans délai les hostilités.
Se jetant en janvier suivant sur la Picardie, ses troupes prirent d’un
élan Amiens, Saint-Quentin, Montdidier et Roye. En présence de cette
attaque brusquée, la grande coalition féodale se reforma aussitôt.
Bourgogne, Bretagne, Armagnac et Foix se retrouvèrent groupés au-
tour de Charles de France, à qui le duché de Guyenne ne suffisait pas,
et que le Téméraire cherchait à s’attacher plus étroitement en lui fai-
sant épouser sa fille unique. Mais Charles de France tomba presque
aussitôt malade ; dans la nuit du 24 au 25 mai 1472, il passa de vie à
trépas, ce qui permit à Louis de remettre la main sur son apanage. Le
Téméraire n’en prit pas moins l’offensive le 14 juin, accusant le roi de
France, en un manifeste retentissant, d’avoir causé la mort de son frè-
re ; il s’empara de Nesle, de Roye, et mit le siège devant Beauvais, où
il se heurta en vain pendant plusieurs semaines (juin-juillet) à la résis-
tance acharnée d’une population dont la légende de Jeanne Hachette
devait perpétuer le souvenir ; il se vengea de cet échec en saccageant
trois mois durant le pays de Caux (août-octobre) et dut finalement
conclure à Compiègne avec le roi, le 3 novembre, une trêve de cinq
mois qui, à son expiration, fut renouvelée aussitôt pour un an.
Cependant Louis XI achevait de disloquer la coalition en
l’attaquant en ses points faibles : il lui suffit d’envahir la Bretagne
pour contraindre le duc François II à déposer les armes (15 octobre) ;
le duc d’Alençon, accusé d’avoir voulu livrer des domaines au Témé-
raire, fut jeté en prison ; le comte Jean V d’Armagnac, assiégé dans
Lectoure, dut ouvrir les portes de la ville aux troupes royales (6 mars
1473). Pris dans une bagarre, il périt misérablement sous les coups
d’un archer de l’armée victorieuse. La coalition avait vécu, et le roi

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

allait pouvoir se retourner, toutes forces réunies, contre le duc de


Bourgogne, désormais isolé.

III. — La lutte contre Charles le Téméraire


et le démembrement de l’État bourguignon (1473-1482) 16

La lutte de ce côté s’annonçait dure, car, s’il manquait de pondéra-


tion et se laissait trop aisément emporter par son esprit p041 chiméri-
que, s’il était, en outre, médiocre administrateur et plus médiocre gé-
néral encore, si enfin son caractère hargneux, défiant, colérique, et sa
cruauté le rendaient odieux à la plupart de ceux qui l’approchaient,
Charles le Téméraire avait pour lui une obstination sans égale dans la
poursuite de ses desseins. De dix ans plus jeune que le roi de France
— il était né le 10 novembre 1433 — il en imposait à tous par la rigi-
dité absolue de ses mœurs, qui étonnait une société profondément dis-
solue, et aussi par sa puissance de travail et par son ambition même,
qui donnait l’illusion d’un grand esprit, quand on ne remarquait pas
l’inconsistance de ses projets.
C’est d’abord vers les pays de la Meuse qu’il avait cherché à
s’étendre. Déjà en 1443 son père Philippe le Bon avait tenté dans ces
parages de mettre la main sur le Luxembourg ; mais il s’y était bientôt
heurté à la royauté française, qui, après avoir soutenu à l’encontre du
Bourguignon les droits de la maison de Bohême, avait fini par acheter
pour lui-même ceux de la duchesse de Saxe et avait chargé le bailli de
Vermandois d’y exercer le pouvoir en son nom (1458). Déjà aussi
Philippe le Bon p042 avait cherché à s’immiscer dans les affaires de la
principauté épiscopale de Liège en faisant nommer à l’évêché, en
1456, son neveu Louis de Bourbon, un jeune homme de dix-sept ans.
Il s’était heurté, là encore, à la politique du roi de France : Charles VII
d’abord, puis Louis XI avaient encouragé les Liégeois à refuser le
prince-évêque que le duc de Bourgogne voulait leur imposer et à ap-
peler pour gouverner leur ville le margrave Marc de Bade. Le Témé-
raire avait juré d’en finir : dès le mois de décembre 1465, à l’issue de
la guerre du Bien public, il avait réussi à dicter aux Liégeois un traité

16
OUVRAGES À CONSULTER.

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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

aux termes duquel ils devaient reconnaître son autorité, livrer leurs
places fortes et payer tribut ; au mois d’août 1466, il avait détruit de
fond en comble la ville de Dinant, leur alliée, provoquant ainsi dans la
cité épiscopale une nouvelle révolte des chefs du parti populaire, les
« vrais Liégeois », que le gouvernement du roi de France ne cessait de
soutenir en sous-main. Battus à Brusthem en octobre 1467, ceux-ci
étaient rentrés victorieusement dans Liège l’année d’après, en avaient
chassé les Bourguignons et avaient fait leur évêque prisonnier. C’était
le p043 moment où le roi de France était imprudemment allé à la ren-
contre de son rival à Péronne, et l’on se rappelle comment le Témérai-
re avait, pour se venger, emmené son prisonnier assister au châtiment
de la ville rebelle : sous ses yeux, il en avait fait le siège ; il l’avait
forcé à chevaucher à ses côtés lorsque, le 30 octobre 1468, il y avait
pénétré en vainqueur ; après avoir donné congé à son hôte, il y avait
fait mettre le feu pour venir à bout des dernières résistances ; et sans
plus tarder, il avait prononcé l’annexion de la principauté à ses États.
Dans tous les Pays-Bas, Charles le Téméraire avait poursuivi ses
intrigues ; il était à l’affût des moindres occasions de pêcher en eau
trouble. En 1473, la mort du duc de Gueldre Arnold lui avait ainsi
permis de s’emparer de cette province. Mais il ne lui suffisait pas
d’arrondir ses domaines : il voulait être maître chez lui. En 1470, il
avait institué à Malines une Chambre des comptes et un Parlement
ayant juridiction l’un et l’autre sur l’ensemble de ses territoires sep-
tentrionaux ; en 1474, il avait pareillement institué à Beaune et à Dôle
deux Parlements pour ses États de l’est — duché de Bourgogne pro-
prement dit, comté de Bourgogne (la future Franche-Comté), Charo-
lais, Maçonnais, — et n’y avait plus toléré désormais l’ingérence, des
justices étrangères. Puis, sans même prendre le loisir de consolider ses
premiers succès, il avait rêvé de réunir entre eux ses deux groupes de
possessions, Pays-Bas d’une part, duché et comté de Bourgogne de
l’autre, de façon à ressusciter à son profit l’ancienne Lotharingie des
temps carolingiens. En mai 1469, il avait été assez heureux pour se
faire céder, moyennant 50.000 florins, à titre de gage — mais de gage
pratiquement difficile à reprendre — par le duc Sigismond de Tirol,
qui était accablé de dettes, la Haute-Alsace, que Louis XI, sollicité
d’abord, avait eu le tort de laisser échapper. Il y avait envoyé un
« grand bailli » à poigne, Pierre de Hagenbach, qui tout de suite avait
étendu ses visées sur les villes libres de Mulhouse et de Colmar. Qua-

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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

tre ans après, il avait envahi la Lorraine, sous prétexte que le duc René
II était un ami du roi de France et, par le traité de Nancy (15 octobre
1473), s’était fait livrer les principales places fortes du pays et garantir
le libre passage pour ses troupes.
La tête avait commencé à lui tourner. Allié depuis 1465 au duc
Louis IX de Bavière, au comte Palatin, à l’archevêque de Cologne ;
ayant bon gré mal gré, depuis 1468, gagné à sa cause Venise, Milan,
la duchesse de Savoie, le duc d’Anjou ; p044 ayant obtenu en mariage,
cette même année, Marguerite d’York, sœur du roi d’Angleterre
Édouard IV, que Louis XI avait commis l’imprudence de s’aliéner en
accueillant dans son royaume les Lancastre exilés et en négociant se-
crètement avec Warwick, il n’avait plus dès lors entrevu de bornes à
ses ambitions. Une fille, Marie, lui était née : aux conférences de Trê-
ves (30 septembre-25 novembre 1473), il avait offert à l’empereur
Frédéric III de la marier à son fils Maximilien, mais demandé, en
contre-partie, à être personnellement élu roi des Romains, ce qui reve-
nait à exiger pour lui-même la succession impériale. Au pis aller, il se
fût contenté du titre de « roi de Bourgogne », pourvu que l’empereur
lui eût fait abandon des évêchés rhénans, de la Lorraine et de la Sa-
voie. Peine perdue : Frédéric avait traîné les négociations en longueur,
sans faire droit à ses demandes.
Cependant, la diplomatie du roi de France ne restait pas inactive.
Silencieusement, mystérieusement, mais sans relâche, elle s’employait
à semer le terrain d’embûches sous les pas de son adversaire et à ré-
concilier, pour les lancer contre lui, tous les ennemis que ses intrigues,
ses coups de force et son insatiable ambition ne cessaient de lui susci-
ter. Aux abords du Rhin, notamment, la politique du Bourguignon
avait tout de suite soulevé les plus vives alarmes. Dès mars 1473, Bâ-
le, Mulhouse, Colmar, Strasbourg, l’évêque de cette ville ainsi que
celui de Bâle, enfin le margrave de Bade s’unissaient entre eux pour
lui barrer la route sur le fleuve. Ce fut ce qu’on appela la « Basse
Union ». U n an après, presque jour pour jour (mars 1474), la révolte
éclatait en Haute-Alsace ; au début de mai, le bailli Pierre de Hagen-
bach était arrêté, puis mis à mort. Événement d’autant plus grave que
le duc Sigismond de Tirol, qui veillait, venait de se réconcilier avec
les Suisses, ses ennemis de toujours, sur l’hostilité desquels le Témé-
raire avait jusqu’alors constamment misé. Inquiets pour leur propre
sécurité des progrès du Bourguignon, et d’ailleurs directement gênés

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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

par ces progrès mêmes dans leurs projets d’expansion vers le nord et
vers l’ouest, une partie des cantons, ceux de Berne, de Soleure, de Lu-
cerne, de Fribourg, de Bâle, étaient tout prêts d’avance à changer
d’attitude ; dans les cantons orientaux, Zurich, Zug, Schwiz, Unter-
walden, Uri, Glaris, qui ne craignaient rien de la Bourgogne, l’argent
de Louis XI avait fait le reste, si bien que le 30 mars 1474, à Constan-
ce, entre le duc d’Autriche et la Suisse, un « arrangement perpétuel »
p045 (ewige Richtung) avait pu être conclu, aux termes duquel, moyen-
nant une pension de 10.000 florins payés par la France, le duc avait
reconnu aux cantons confédérés leur indépendance et leurs conquêtes,
en échange de leur alliance. Le lendemain (31 mars), un traité
d’alliance défensive était intervenu aussi entre les Suisses et la « Bas-
se Union » ; le rachat à frais communs de la Haute-Alsace avait été
décidé ; le 4 avril, Sigismond rompant avec le duc de Bourgogne,
avait accédé à la ligue, qu’on appela l’« Union de Constance » ; enfin
il avait notifié, le surlendemain, les dispositions prises pour le rachat
de l’Alsace.
Tout ceci aurait dû donner à réfléchir au Téméraire. Mais, au lieu
de parer au danger, il allait de l’avant. Au mois de juin 1474, à la nou-
velle que les sujets du prince-archevêque de Cologne, Robert de Wit-
telsbach, viennent de se révolter contre lui, il croit l’occasion favora-
ble pour recommencer sur le Rhin le coup qui lui a naguère si bien
réussi à Liège : il marche à l’improviste sur Neuss, une des villes sou-
levées contre l’archevêque, mais s’épuise sans succès durant plus
d’une année à en faire le siège, cependant que l’empereur et la diète
d’Empire, alarmés, promettent leur appui aux Suisses et, en même
temps que le roi de France, qui ne ménage pas son or, les pousse à en-
trer en guerre.
Ainsi encouragés, ceux-ci prennent en effet l’offensive à la fin de
1474 en liaison avec leurs alliés, le duc d’Autriche et le duc de Lor-
raine René II, qui vient le 15 août d’adhérer à son tour à l’Union de
Constance, et c’est pour le Téméraire le commencement de la débâcle.
En vain il a décidé son beau-frère, le roi Édouard IV, à opérer à Calais
un débarquement (4 juillet 1475). Celui-ci, après avoir quelque temps
attendu des renforts qu’il lui a promis mais que, toujours retenu de-
vant Neuss, il tarde à lui envoyer, consent, à l’entrevue de Picquigny,
sur la Somme, le 29 août 1475, à se laisser acheter par Louis XI la re-
traite de l’armée anglaise ; il se rembarque, tandis que le Bourgui-

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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

gnon, qui s’est résolu enfin, mais trop tard, à lever le siège de Neuss
(27 juin 1475), après avoir fait en hâte sa paix avec l’empereur (19
juin), se jette furieux sur la Lorraine. Le duc René II s’enfuit affolé.
Le 30 novembre 1475, Nancy ouvre ses portes au Téméraire. Sans
délai, celui-ci se précipite à la rencontre des Suisses, dont une partie
déjà a forcé les frontières de « la Comté » de Bourgogne ; mais il se
laisse surprendre le 2 mars 1476, par l’armée des conférés sous les
murs de Grandson, au bord du lac de Neufchâtel. Défaite cuisante,
qu’il veut p046 aussitôt venger. Or, pas plus aux Pays-Bas qu’en Bour-
gogne, ses sujets, excédés de ses perpétuelles demandes d’argent, ne
veulent lui fournir de subsides. Ramassant, tant bien que mal, une
troupe d’aventuriers et de mercenaires, il marche fébrilement sur Ber-
ne. Les Suisses, reformés, bien payés par Louis XI, lui infligent de-
vant Morat, le 22 juin, une nouvelle et décisive défaite. Ce double
succès redonne courage aux autres coalisés. Les Lorrains se soulè-
vent ; leur duc René rentre dans Nancy (7 octobre). La rage au cœur,
le duc de Bourgogne vient mettre le siège devant la ville. Pour la troi-
sième fois une solide armée de piquiers suisses, accourus en hâte, met
en déroute la cavalerie bourguignonne, sous les murs mêmes de la ca-
pitale lorraine ; mais cette fois, le duc est parmi les morts (5 janvier
1477).
Alors seulement, avec l’ouverture de la succession de Bourgogne,
s’engagea pour Louis XI la partie finale. Une fois le Téméraire dispa-
ru, qu’allait-il advenir de ses immenses territoires, dont l’héritière
était une jeune princesse de vingt ans à peine ? Nombreux étaient les
candidats prêts à dépecer ces domaines. C’était d’abord René II de
Lorraine, qui, au lendemain de la victoire de Nancy, ne manqua pas
d’envahir la Bourgogne ; c’était Sigismond, c’étaient les Suisses qui
réclamaient la Comté. Dans les Pays-Bas, centre de la puissance bour-
guignonne, la principauté de Liège reprenait son indépendance, tandis
que les villes de Flandre, de Brabant, de Hainaut et de Hollande profi-
taient de l’éclipsé du pouvoir ducal pour remettre en vigueur leurs an-
ciennes franchises et forçaient la duchesse Marie à signer, le 11 fé-
vrier, le « grand privilège », qui abolissait les institutions centrales
créées par son grand-père et son père. Peut-être en prenant sous sa
protection la jeune fille et en l’unissant à l’héritier du trône de France,
Louis aurait-il pu préparer l’absorption graduelle des territoires bour-
guignons par la monarchie ; mais il espérait profiter du mécontente-

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

ment des bourgeoisies des Pays-Bas pour les rallier à sa cause, et,
malgré les conseils de prudence que lui donnait un Commynes, il se
crut capable de réussir tout de suite. Il acheta, à beaux deniers comp-
tants, le désintéressement de René II, de Sigismond et des Suisses ;
puis, sans déclaration de guerre, sans autre justification que le droit
d’un souverain à confisquer les biens de son vassal félon, il lança ses
armées à la conquête.
En fait, la tâche se révéla beaucoup moins simple qu’il ne le pen-
sait. Georges de la Trémoïlle, sire de Craon, et un transfuge, p047 le
prince d’Orange, Jean de Chalon, obtinrent d’abord assez aisément, à
force de largesses et de promesses, la soumission des deux Bourgo-
gnes (le duché et « la Comté ») ; mais la brutalité et les « grandes pil-
leries » du premier y provoquèrent presque aussitôt une révolte géné-
rale dont on ne vint à bout qu’au prix d’une seconde campagne, très
dure celle-là. Jean de Chalon, repassé au parti bourguignon, et qui
s’était fait un des meneurs des insurgés, put échapper : on dut se
contenter de le pendre en effigie ; mais si l’attitude ferme des repré-
sentants du roi amena assez vite la pacification du duché, il fallut des
années pour obtenir celle de la Comté ; ce fut seulement la destruction
de Dôle, en 1481, qui marqua de ce côté la fin de la lutte. Dans le
nord, Louis XI, qui avait pris lui-même le commandement de ses ar-
mées, se heurta à des difficultés plus grandes encore : les villes
d’Artois durent être assiégées une à une, et, à Arras, les habitants
marquèrent une telle obstination, même après leur défaite, qu’en 1479,
le roi ne vit d’autre moyen d’en finir que de les expulser en masse, de
changer le nom de leur cité en celui de « Franchise » et de la repeupler
en y appelant des artisans de toutes les bonnes villes du royaume. En
Flandre, où il essaya d’abord de parvenir au but par la diplomatie, son
échec fut complet, malgré l’appui que lui prêtèrent les Gantois en ré-
volte : pour mettre du définitif entre eux et leur adversaire, en même
temps que pour s’assurer un protecteur, les conseillers de Marie se
hâtèrent d’offrir sa main au fils de l’empereur, Maximilien (19 août
1477), dont les contingents germaniques étaient pour eux un appoint
sérieux. Les troupes françaises vinrent brûler diverses places du Hai-
naut, comme Avesnes, en massacrèrent les habitants, s’emparèrent de
quelques villes de la Flandre méridionale ; mais la bataille indécise de
Guinegate, près de Saint-Omer, le 7 août 1479, arrêta leurs progrès. Il
était clair que par les armes on ne pouvait espérer aller beaucoup plus

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

loin : une fois de plus, Louis XI s’en remit à la diplomatie pour es-
sayer de consolider ses conquêtes. Le hasard l’y aida : Marie de Bour-
gogne étant morte inopinément d’un accident de chasse, en mars
1482, sans laisser d’autres héritiers que deux enfants en .bas âge, Phi-
lippe et Marguerite, les Flamands, qui détestaient Maximilien, ne
consentirent qu’avec peine à le reconnaître comme tuteur de son fils,
leur « prince naturel ». Au surplus, ils exigeaient la paix avec la Fran-
ce et ils finirent par contraindre Maximilien à accepter le traité
d’Arras (23 décembre 1482), en vertu duquel le p048 duché de Bourgo-
gne restait à la France, la jeune Marguerite étant fiancée au dauphin
Charles et lui apportant en dot l’Artois et la Comté de Bourgogne.
Ainsi, le péril bourguignon était conjuré et le roi de France était le
principal bénéficiaire de la ruine de son ennemi. Le duc René II avait
repris possession de la Lorraine, Sigismond de l’Alsace, et le spectre
de la « Lotharingie » semblait écarté. Cependant, une grave question
restait posée : la Flandre, le Hainaut, le Brabant, le Luxembourg, la
Hollande, la Frise continuaient à former, aux frontières septentrionales
du royaume, un ensemble de territoires compact, solidement lié ; et si
la maison de Bourgogne était déchue, celle d’Autriche paraissait prête
maintenant à prendre sa place. Pendant de longues années, la monar-
chie française allait avoir à compter avec la dynastie burgundo-
habsbourgeoise des Pays-Bas.

IV. — La politique italienne et espagnole


de Louis XI 17
La lutte à mort entreprise par Louis XI pour assurer la ruine de
l’État bourguignon fut loin de l’absorber tout entier. Peu p049 de di-
plomaties, vers la fin du moyen âge, se montrèrent aussi actives et
aussi compliquées que la sienne ; toujours en mal d’intrigues, de pro-
jets de mariage ou d’alliances, il suivait de près dans toute l’Europe
occidentale les moindres événements et ne perdait pas une occasion de
peser sur eux pour les orienter au gré de ses désirs. L’argent dont,
malgré ses habitudes de parcimonie, il savait être prodigue quand il
s’agissait de s’assurer les concours utiles, lui permettait d’intervenir
d’une manière efficace dans la politique de ses voisins.

17
OUVRAGES À CONSULTER.

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Il échoua, il est vrai, dans ses tentatives d’annexion de la Savoie,


où son mariage avec l’une des filles du duc Louis, en 1451, puis sur-
tout celui de sa propre sœur, Yolande, avec l’héritier présomptif, de-
venu depuis lors le duc Amédée IX (1465-1472), semblaient lui avoir
ouvert d’heureuses perspectives. Amédée était un épileptique ; il avait
fallu l’enfermer et donner la régence à sa femme, qui avait fort à faire
pour tenir tête aux révoltes, dans un pays depuis longtemps en proie à,
l’anarchie et aux guerres civiles. N’était-ce pas l’occasion propice
d’une intervention française ? Le roi l’espérait ; mais il se trouva
qu’Yolande était douée d’une fermeté virile et que, pour échapper à
l’influence de son frère, après la mort de son mari (1472) et durant la
minorité de son fils Philibert Ier, au nom de qui elle continuait à gou-
verner, elle n’hésita pas à entrer dans l’alliance de Charles le Témérai-
re. Elle ne tarda pas à s’en repentir : se méfiant d’elle, le duc de Bour-
gogne, après sa défaite de Morat (22 juin 1476), la fit brusquement
arrêter et enfermer au château de Rouvres, près de Dijon. Elle dût im-
plorer le secours du roi de France pour obtenir de vive force, en sep-
tembre suivant, son élargissement ; et Louis XI sut si bien gagner à
prix d’argent la noblesse savoyarde qu’il se trouva dès lors le vrai
maître du duché.
Sur l’autre versant des Alpes, il eut pour alliés les Sforza de Milan,
surtout le duc François, mort en 1466 ; il les protégea contre les pré-
tentions des Orléans, toujours prêts à réclamer l’héritage des Visconti,
leur céda ses droits sur Gênes, les aida à conquérir Asti 18 . En 1479, à
la mort du duc Galéas, qui avait tenté de le trahir, il fut l’instigateur de
la révolution qui, on le verra, valut à Ludovic le More la régence pen-
dant la minorité de son neveu Jean-Galéas. Si Venise lui fit grise mi-
ne, il n’eut pas d’alliés plus dévoués que Florence ; par ses intrigues,
p050 il sut, en 1478, protéger les Médicis contre l’attaque du pape Sixte
IV et empêcher la maison d’Anjou de reprendre Naples. Par cette ha-
bile diplomatie, Louis, en un sens, s’est trouvé préparer les guerres
d’Italie, mais on ne saurait le tenir à aucun degré pour responsable des
folles équipées où se perdront ses successeurs.
Du côté de l’Espagne, il ne fit pas toujours montre d’une égale
prudence et connut de durs réveils. On verra, dans un autre chapitre 19 ,

18
Voir ci-dessous, p. 107.
19
Voir ci-dessous, p. 82.

— 54 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

comment il crut bon d’intervenir dans la révolte qui, depuis 1461,


mettait aux prises le roi Jean II d’Aragon et ses sujets catalans ; com-
ment il négocia successivement avec les deux partis, ne cherchant
qu’à travailler pour son compte ; comment, d’abord protecteur des
révoltés, il vendit ensuite son appui à Jean II, qui le paya de la cession
du Roussillon et de la Cerdagne (1462) ; les vains efforts qu’il fit alors
pour pousser au trône de Catalogne un prince angevin, sans autre ré-
sultat que de réconcilier Jean II et ses sujets dans une commune haine
contre les Français. Dans le Roussillon, qu’il avait fait occuper dès
1463, sa domination oppressive et tyrannique provoqua, en 1472, un
formidable soulèvement, qu’il fallut deux ans d’une guerre sauvage
pour dompter ; les troupes françaises durent reprendre Perpignan de
vive force (10 mars 1475), et même l’habile administration du « vice-
roi » Boffile de Juge ne suffit pas à effacer les rancunes que le roi
avait accumulées contre lui : pas plus en Cerdagne qu’en Roussillon,
il ne put jamais compter que sur une fidélité précaire.
Par surcroît, sa politique aragonaise lui aliéna pour toujours
l’opinion au sud des Pyrénées et y rendit les Français odieux. Lors-
qu’à la mort de Jean II d’Aragon, en 1479, la Navarre, que ce dernier
avait occupée, se trouva passer entre les mains du jeune comte de Foix
François-Phœbus, sous la régence de la princesse Madeleine de Fran-
ce, Louis XI ne put, malgré ce succès apparent, empêcher les habitants
du petit royaume de prêter l’oreille aux avances castillanes 20 . Quand,
en 1483, François-Phœbus eut prématurément cessé de vivre et que
son royaume fut échu à sa sœur Catherine, devenue peu après l’épouse
d’un baron gascon, Jean d’Albret, la situation ne se trouva pas sensi-
blement améliorée. Le nouveau roi ne disposa p051 jamais que d’un
semblant d’autorité, et la Navarre regarda de plus en plus du côté de la
Castille. Celle-ci, à son tour, se sentant menacée, cessa d’être pour la
France l’alliée fidèle qu’elle avait été depuis de longues années. En
dépit des intrigues compliquées de Louis XI, son roi Henri IV se rap-
procha de Jean II d’Aragon ; on verra plus loin comment sa sœur et
héritière Isabelle épousa en 1469 le prince héritier d’Aragon Ferdi-
nand, si bien que, lorsqu’Henri IV mourut en 1474, elle se trouva ré-

20
Sur la succession de Navarre en 1479 et les événements qui en résultèrent,
voir ci-dessous, p. 89.

— 55 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

unir sur sa tête les deux couronnes d’Aragon et de Castille. C’était


pour la politique du roi de France une sévère leçon.

V. — Le gouvernement de Louis XI 21

Cette politique, d’ailleurs, avait un tort grave : elle coûtait cher.


Aussi, pour l’imposer à ses sujets et la financer, Louis XI se vit-il
amené à tendre à l’extrême tous les ressorts du gouvernement.
Convaincu du caractère divin du pouvoir royal, il p052 entendait se fai-
re obéir sans réplique. Comme Philippe le Bel, qu’il rappelle par plus
d’un trait, il savait au besoin flatter l’opinion publique. Des États gé-
néraux furent par lui convoqués à Tours en 1468 pour appuyer les dé-
cisions qu’il comptait arrêter touchant l’apanage de son frère Charles ;
il consulta fréquemment des assemblées de notables pour élaborer les
réformes administratives ou, comme en 1470, après Péronne, pour se
faire délier des engagements qu’il avait pris ; mais ce n’étaient que
comédies. En fait, il était et voulait être maître absolu. Dans un pays
qui n’était pas encore entièrement délivré des ravages des routiers ni
des guerres privées, les populations s’en remettaient à lui aveuglément
du soin de rétablir ou de maintenir l’ordre.
Il acheva de mater les grandes maisons princières. Il y avait long-
temps que celle de Bourbon était hors de cause : le duc Jean II, dont
les possessions comprenaient le Bourbonnais, l’Auvergne, le Forez et
le Beaujolais, était depuis 1465 un allié docile ; en 1474, le mariage
d’Anne de France, la fille préférée du roi avec un cadet de sa maison,
Pierre de Bourbon, sire de Beaujeu, fit plus intimes encore les rap-
ports des deux familles. De la maison d’Orléans, contre laquelle il
nourrissait une haine particulière, Louis XI pensa assurer l’extinction
en obligeant, en 1476, le duc Louis à épouser une autre de ses filles,
Jeanne, qui n’était pas seulement contrefaite, mais hors d’état d’avoir
des enfants. « Il me semble que les enfants qu’ils auront ensemble,
écrivait-il au moment des noces, ne leur coûteront guère à nourrir ! »
L’extinction de la maison d’Anjou fut assurée d’une manière moins
scandaleuse. Le vieux roi René, en plus de ses droits chimériques sur

21
OUVRAGES À CONSULTER.

— 56 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Naples, la Sicile et le royaume de Jérusalem, possédait l’Anjou, la


Provence le Barrois, et gouvernait la Lorraine au nom de son petit-fils
René II, à qui il voulait abandonner toutes ses possessions. Mais à
peine René venait-il d’expirer, en 1480, que Louis XI occupait le Bar-
rois et l’Anjou ; quant à la Provence, il la donna à un autre prince de
la même maison, Charles du Maine, qui mourut presque aussitôt sans
postérité (1481) : ainsi put être réalisée à peu de frais la réunion au
domaine royal à la fois du Maine et de la Provence, qui, pas plus que
le Barrois, n’en avaient jamais fait partie. Seul de tous les chefs de
maisons princières, le duc François II de Bretagne devait rester pour le
roi jusqu’au bout, avec Charles le Téméraire, un ennemi irréconcilia-
ble. p053
Nul cependant n’est plus en état de contrecarrer l’autorité du sou-
verain ni de son conseil, ouvert désormais à de simples hobereaux
parvenus, tels le sire du Lau, Imbert de Batarnay, le sire de Commy-
nes, celui du Lude, ou bien des hommes de loi comme Bourré ou
Cousinot ; et de plus en plus le roi, qui veut exercer une justice expé-
ditive, surtout à l’occasion des crimes de lèse-majesté, qu’il invente au
besoin pour avoir prétexte à poursuivre ses ennemis, soustrait les cau-
ses délicates à la juridiction du Parlement. Il les évoque devant son
conseil, où se développe une section spécialisée dans l’examen des
affaires judiciaires : peu à peu, elle jugera tous les procès intéressant
directement la couronne. Pareillement, le clergé est tenu en bride ;
sans doute Louis menace continuellement soit de rétablir, soit de sup-
primer la Pragmatique Sanction ; dans sa correspondance avec Rome,
il va jusqu’à l’insolence ; mais son seul but semble être d’intimider la
papauté, et non de défendre les « libertés » gallicanes. En fait, c’est lui
qui est le maître absolu de tous les bénéfices, le dispensateur des grâ-
ces. Tantôt il s’entend, à cet effet, avec le Saint-Siège, tantôt il
s’adresse directement aux chapitres et dicte les élections.
C’est dans les villes que Louis XI, le premier des rois bourgeois, le
seul des Valois, si l’on excepte Charles V, qui méprisât l’idéal cheva-
leresque et eût horreur de la guerre, trouva ses plus loyaux partisans ;
leur fidélité lui permit de lutter victorieusement contre la haute aristo-
cratie. Et cependant il exigea d’elles de lourds sacrifices : il limita
leurs libertés, leur imposa des maires et des échevins de son choix, les
écrasa d’emprunts forcés, de taxes extraordinaires, de réquisitions,

— 57 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

alla, comme on l’a vu 22 , pour repeupler Arras, après y avoir fait le


vide en 1479, jusqu’à exiger de toutes les villes du royaume un
contingent de « ménétriers » et d’artisans. Cette tentative échoua
d’ailleurs, parce qu’elles ne lui envoyèrent que la lie de leur popula-
tion, dont elles étaient trop heureuses de se débarrasser ; mais nul
exemple ne prouve mieux l’arbitraire royal. Pourtant les villes se dé-
veloppèrent. Orléans, Amiens virent leur commerce reprendre ; Tours
dut une grande prospérité au voisinage du château du Plessis, la rési-
dence préférée de Louis XI ; Lyon prit un merveilleux essor : c’est à
cette époque que, grâce à la politique protectionniste du roi, l’industrie
de la soie s’y installa p054 et qu’y furent fondées des foires, qui éclipsè-
rent bientôt celles de Genève.
Louis XI apporta tous ses soins à poursuivre l’œuvre
d’organisation militaire entamée par son père et, pour soutenir sa poli-
tique d’expansion, ne cessa d’augmenter les effectifs de son armée :
les compagnies d’ordonnance portées dès 1470 à 2.000 « lances »,
furent encore une fois accrues de près de 2.000 autres lances un peu
plus tard ; les compagnies de francs archers furent également dou-
blées, quoique, après les échecs de la campagne de Flandre, il eût fallu
licencier les contingents les plus indisciplinés ; une énorme artillerie,
la meilleure de l’Europe, fut organisée en trois « bandes » permanen-
tes, traînant avec elles un matériel compliqué, et dotées, à partir de
1479, d’un camp de manœuvres, également permanent, aux frontières
de la Flandre.
Aussi les revenus ordinaires de la couronne suffisaient-ils de moins
en moins à alimenter le budget royal. Chaque année la taille dut être
augmentée, au point d’atteindre finalement près de quatre millions de
livres — chiffre énorme pour l’époque — dans les dernières années
du règne. Les emprunts forcés aux commerçants et aux villes, les
taxes arbitraires sur les acquéreurs de fiefs, les confiscations et les
amendes allèrent se multipliant sans cesse. Elles rendirent de plus en
plus impopulaire un roi qui pourtant, par ailleurs, avait réussi de gran-
des choses.
les dernières années de Louis XI furent assombries encore par son
caractère tyrannique, sa défiance, que sa mauvaise santé aggrava de

22
Voir ci-dessus, p. 48.

— 58 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

jour en jour ; il s’enferma dans son château du Plessis-lèz-Tours, sujet


à des craintes maladives, à des obsessions, à la hantise de la mort pro-
chaine. Une atmosphère de cauchemar s’appesantissait sur sa cour, où
bien peu étaient admis : de tous, il se méfiait, il exigeait des garanties,
des otages, des serments sur ses reliques préférées, telle que la fameu-
se croix de Saint-Laud. Il se croyait empoisonné ou lépreux. Deux at-
taques d’hydropisie, en 1480 et en 1481, avaient définitivement ébran-
lé sa santé, et il ne cessait de s’enquérir de remèdes, cherchait à se
procurer philtres ou reliques, dont, dans sa dévotion superstitieuse, il
attendait la guérison. Il réclama même du pape et obtint l’envoi à son
chevet d’un saint, François de Paule, dans l’espoir d’un miracle. La
délivrance fut longue à venir. Il rendit enfin son âme à Dieu le 30 août
1483. p055

VI. — Le gouvernement royal au lendemain de la mort


de Louis XI (1483-1492) 23
Louis XI n’avait pas su faire aimer la royauté ; mais il est certain
qu’il l’avait rendue forte. On devait s’en apercevoir durant la période
qui suivit sa mort. Malgré la minorité de l’enfant de treize ans, Char-
les VIII, auquel il laissait le pouvoir, malgré toutes les rancunes ac-
cumulées contre la monarchie au cours d’un règne de vingt-deux ans
seulement, mais oppressif à l’extrême et fertile en initiatives auda-
cieuses, le régime ne fut pas, après lui, sérieusement mis en cause, ou
du moins le gouvernement put venir aisément à bout de la levée de
boucliers qui se produisit alors. On peut même dire qu’à plus d’un
égard, grâce à Anne de France, fille du défunt, et à son mari, Pierre de
Beaujeu, lieutenant-général du royaume depuis 1482, à qui la garde du
jeune roi avait été confiée par Louis XI sur son lit de mort, celui-ci se
survécut à lui-même. Sauf quelques conseillers par trop compromis,
qui furent soit exilés, comme Imbert de Batarnay ou Philippe de
Commynes, soit mis à mort, comme Olivier le Daim, l’équipe gou-
vernementale resta sous Pierre de Beaujeu ce qu’elle était avant 1483 ;
tout au plus, le régent et sa femme, avec qui il semble avoir exercé le
pouvoir en étroite collaboration, prirent-ils la précaution de jeter quel-

23
OUVRAGES À CONSULTER.

— 59 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

ques charges honorifiques en pâture à l’avidité des princes du sang et


des grands seigneurs.
Pour donner à l’opinion un semblant de satisfaction, il convoqua,
en janvier 1484, des États généraux à Tours. Cette assemblée, où pour
la première fois toutes les provinces furent p056 représentées et où,
pour la première fois aussi, les délégués, des villes et du commun fu-
rent officiellement qualifiés de députés du Tiers-État, fut plutôt une
brillante démonstration qu’une véritable et efficace assemblée politi-
que ; la monarchie y eut vite raison des velléités d’indépendance ma-
nifestées par quelques groupes isolés. Un assez grand nombre de dé-
putés souhaitaient, il est vrai, la périodicité des États, le droit de
consentir régulièrement l’impôt, l’admission de leurs délégués dans
les conseils du roi ; mais leurs porte-parole, parmi lesquels Philippe
Pot, seigneur de La Roche-Nolay, se signala par sa vigoureuse élo-
quence, étaient tous plus ou moins gagnés à la cause des Beaujeu.
Aussi, lorsqu’après deux mois de vaines discussions, les députés eu-
rent consenti à voter un subside, dont le montant ne dépassa pas cette
fois 1.500.000 livres, le gouvernement royal se sentit assez fort pour
dissoudre l’assemblée sans même donner de réponse aux doléances
présentées. Pierre de Beaujeu se contenta de promettre, pour deux ans
plus tard, une nouvelle réunion, qui n’eut jamais lieu, et, en fait, resta
maître du gouvernement avec les hommes de confiance de Louis XI.
Il recommença à fixer le montant de la taille à sa guise, l’augmentant
si bien d’année en année que, sans jamais rejoindre le total impres-
sionnant où elle était parvenue vers la fin du règne de Louis XI, il finit
par l’élever à 2.300.000 livres en 1491. Les seuls résultats tangibles
des États de Tours furent quelques minimes concessions aux villes, à
qui l’on rendit certaines libertés municipales, aux commerçants, pour
qui on rétablit le libre-échange, aux grands seigneurs enfin, à qui l’on
consentit quelques restitutions : la maison d’Armagnac fut ; théori-
quement au moins, remise en possession de ses domaines, et le duc de
Lorraine recouvra le Barrois.
Si l’on ne put éviter une nouvelle coalition féodale en 1485, du
moins n’eut-on pas de peine à la rompre. Le chef, cette fois, en était le
jeune duc Louis d’Orléans, héritier présomptif de la couronne. Ce per-
sonnage remuant, qui venait d’entamer en cour de Rome des démar-
ches en vue de faire annuler son mariage avec l’impotente Jeanne de

— 60 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

France 24 , convoitait maintenant l’héritage du duc François II de Bre-


tagne ; il avait conclu alliance avec le roi des Romains Maximilien, en
même temps qu’avec Richard III d’Angleterre, et avait, de plus, lié
partie avec le comte de Foix. Mais les Beaujeu pouvaient p057 compter
sur les ducs de Bourbon et de Lorraine et sur la maison d’Albret, qui
tenait la Basse-Navarre. Aussi, quand le duc d’Orléans ouvrit les hos-
tilités, au mois de janvier 1485, qualifia-t-on tout de suite la guerre de
« guerre folle ». La disgrâce, puis la condamnation à mort et
l’exécution de Landois, conseiller de François II et âme de la coali-
tion, ainsi que l’avènement d’Henri VII en Angleterre, rompirent le
cercle des ennemis. L’année suivante, devant les menaces de réunion
de la Bretagne au domaine royal, la ligue ressuscita ; mais de judi-
cieuses distributions d’argent la désagrégèrent : le manque d’entente
entre seigneurs bretons donna aux troupes royales tout loisir de sou-
mettre la Guyenne et les Albret révoltés, d’intimider Maximilien en
allant occuper Saint-Omer, au mois de mai 1487, tandis que la diplo-
matie de Pierre de Beaujeu déclenchait une révolution en Flandre. A
la bataille de Saint-Aubin du Cormier, entre Fougères et Rennes, le 27
juillet 1488, Louis d’Orléans lui-même fut fait prisonnier, et tout peu
à peu rentra dans l’ordre.
La question de la succession bretonne passe alors au premier plan
de la politique européenne. Le duc François II laisse, en mourant, le 9
septembre 1488, son duché à sa fille Anne, et nombreux sont les pré-
tendants à la main de l’héritière : Alain d’Albret, Louis d’Orléans,
Maximilien. Entre Henri VII, Ferdinand le Catholique et l’empereur,
une coalition se noue, qui envoie à la duchesse des renforts pour lui
permettre de résister aux entreprises du roi de France, cependant que
les conseillers bretons de la jeune fille, suivant l’exemple donné dix
ans auparavant par les Flamands, se hâtent, pour se mettre à l’abri, de
conclure son mariage avec Maximilien (décembre 1490). Le gouver-
nement du roi de France riposte en déclarant nul le contrat passé par
sa vassale sans son acquiescement et envoie des troupes, qui comptent
Alain d’Albret dans leurs rangs, occuper Nantes et mettre le siège de-
vant Rennes ; en peu de temps, la malheureuse Anne de Bretagne est
contrainte de s’incliner devant la volonté royale et d’accepter Charles
VIII lui-même pour époux (décembre 1491).

24
Sur ce mariage, voir ci-dessus, p. 53.

— 61 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

La réunion de la Bretagne, qu’entraîna ce mariage, restait sans


doute provisoire et incomplète, en ce sens que le roi de France bénéfi-
ciait uniquement du titre ducal, sans pouvoir encore incorporer le pays
à son domaine ; mais c’était un grand point d’acquis, et qui allait per-
mettre de préparer par étapes la réunion définitive. p058
Le roi de France avait ainsi recouvré, et bien au delà, le terrain
perdu pendant la tourmente de la guerre de Cent Ans. La rapidité et la
facilité avec laquelle, malgré la minorité du souverain, le gouverne-
ment avait pu déjouer les manœuvres des seigneurs et préparer
l’annexion du duché breton, montrent assez le progrès accompli. Mais
ce qui, frappe avant tout quand on compare la France de Louis XI et
de son successeur à celle du XIVe siècle, c’est l’immense changement
qui s’est produit dans le régime politique : la royauté n’a désormais
plus rien ou presque plus rien de féodal ; à quelques seigneuries près,
elle n’est pas seulement redevenue maîtresse du sol, elle s’est assuré
une autorité administrative et judiciaire, des ressources financières, un
personnel gouvernemental, une armée, qui lui donnent déjà l’allure
d’une royauté moderne. p059

Table des matières

Bibliographie du chapitre II
La monarchie française après la guerre de Cent Ans

OUVRAGES D’ENSEMBLE À CONSULTER. — Charles Petit-Dutaillis, Charles VII,


Louis XI et les premières années de Charles VIII (Paris, 1902, in-8°, t. IV, 2e
partie, de l’Histoire de France, publ. par E. Lavisse).

I. Les réformes de Charles VII


OUVRAGES À CONSULTER. — Outre le livre de Petit-Dutaillis, cité à la note précé-
dente, on retiendra l’œuvre consciencieuse de G. du Fresne de Beaucourt, His-
toire de Charles VII (Paris, 1881-1891, 6 vol. in-8°) ; mais elle ne touche guè-
re à l’histoire de l’organisation gouvernementale. De ce point de vue, rappe-
lons d’abord les manuels généraux, notamment P. Viollet, Histoire des institu-
tions politiques et administratives de la France, t. III (Paris, 1903, in-8°), A.
Esmein, Cours élémentaire d’histoire du droit français (Paris, 1892, in-8° ;
14e éd., revue par R. Génestal, 1921), J. Declareuil, Histoire générale du droit

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

français des origines à 1789 (Paris, 1925, in-8°), et E. Chénon, Histoire géné-
rale du droit français public et privé, des origines à 1815, t. I (Paris, 1926, in-
8°), où l’on trouvera de nombreuses références aux textes et aux travaux de
détail ; mais on consultera surtout Noël Valois, Le conseil du roi aux XIVe,
XVe et XVIe siècles (Paris, 1888, in-8°) ; Félix Aubert, Histoire du Parlement
de Paris de l’origine à François Ier, t. I (Paris, 1894, in-8°) ; É. Maugis, His-
toire du Parlement de Paris, de l’avènement des rois Valois à la mort de Hen-
ri IV (Paris, 1913-1916, 3 vol. in-8°), t. I et III ; Borrelli de Serres, Recherches
sur divers services publics du XIIIe au XVIIe siècle, t. III : Notices relatives
aux XIVe et XVe siècles (Paris, 1910, in-8°), important pour l’histoire financiè-
re surtout ; E. Jacqueton, Documents relatifs à l’administration financière en
France, de Charles VII à François Ier (Paris, 1891, in-8°, dans la « Collection
de textes, pour servir à l’étude et à l’enseignement de l’histoire »), commode
recueil de documents choisis ; E. Perroy, La fiscalité royale en Beaujolais,
aux XIVe et XVe siècles, dans le Moyen âge, 2e série, t. XXIX (1928), p. 5-47 ;
A. Spont, La taille en Languedoc, de 1450 à 1515, dans les Annales du midi, t.
II (1890), p. 365-384 et 478-513 ; du même, L’équivalent aux aides en Lan-
guedoc au XVe siècle, dans le même volume, p. 425-481 ; G. Dupont-Ferrier,
Études sur les institutions financières de la France à la fin du moyen âge, t. I :
Les élections et leur personnel (Paris, 1930, in-8°). — Sur Jacques Cœur, Mlle
L. Guiraud, Recherches et conclusions nouvelles sur le prétendu rôle de Jac-
ques Cœur, dans les Mémoires de la Société archéologique de Montpellier, 2e
série, t. II (1900), p. 1 à 169, et à part (Paris, 1900, in-8°) ; H. Prutz, Jacques
Cœur von Bourges (Berlin, 1911, in-8°, fasc. 93 des « Historische Studien »,
publ. par E. Ebering).
Sur l’administration des provinces, voir G. Dupont-Ferrier, Les officiers
royaux des bailliages et sénéchaussées et les institutions monarchiques loca-
les en France à la fin du moyen âge (Paris, 1902, in-8°, fasc. 145 de la « Bi-
bliothèque de l’École des Hautes Études, sciences historiques et philologi-
ques ») ; sur l’administration royale en Languedoc, P. Dognon, Les institu-
tions politiques et administratives du pays de Languedoc, du XIIIe siècle aux
guerres de religion (Toulouse et Paris, 1896, in-8°, fasc. 4 de la « Bibliothè-
que méridionale », publ. par la Faculté des lettres de Toulouse, 2e série).
Sur les assemblées d’États, G. Picot, Histoire des États généraux, t. I (Paris,
1872, in-8° ; 2e éd. améliorée, 1888, in-12) ; Ant. Thomas, Les États généraux
sous Charles VII, dans la Revue historique, t. XL (1889), p. 55-89. — Sur les
États provinciaux, Antoine Thomas, Les États provinciaux de la France cen-
trale sous Charles VII (Paris, 1879-1880 2 vol. in-8°) ; P. Dognon, ouvrage ci-
té ci-dessus et, du même, Quo modo tres status linguae occitaneae ineunte
XVo saeculo inter se convenire assueverint (Paris, 1896, in-8°) ; A. Dussert,
Les États du Dauphiné de la guerre de Cent Ans aux guerres de religion
(Grenoble, 1915, in-8°), thèse reproduite dans le Bulletin de l’Académie del-
phinale, ann. 1922-1923 ; A. Le Sourd, Essai sur les États du Vivarais (Paris,
1926, in-8o) ; H. Prentout, Les États provinciaux de Normandie (Caen, 1925-
1927, 3 vol. in-8°).

— 63 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Sur les francs archers, A. Spont, La milice des francs archers, dans la Re-
vue des questions historiques, t. I (1987), p. 441-489. — Sur la marine, Ch. de
La Roncière, Histoire de la marine française, t. II (Paris, 1900, in-8° ; 2e éd.,
1914).

II. Louis XI et les dernières coalitions féodales (1461-1473)


OUVRAGES À CONSULTER. — On manque encore d’une bonne histoire du règne de
Louis XI. Le meilleur résumé est celui de Petit-Dutaillis, cité p. 30, n. 1. On
doit, en outre, à Pierre Champion (Louis XI. Le dauphin, le roi, Paris, 1927, 2
vol. in-8° ; 2e éd., 1929 ; fasc. 33 et 34 de la « Bibliothèque du XVe siècle »)
un brillant portrait, très documenté, mais parfois sujet à retouches. En rappro-
cher l’étude antérieure d’A. Gaudilhon, Contribution à l’histoire de la vie pri-
vée et de la cour de Louis XI (Bourges, 1906, in-8o ; extr. des Mémoires de la
Société historique du Cher, 4e série, t. XX, 1905, et t. XXI, 1906). Pour la
connaissance de l’homme, rien ne vaut la lecture des Mémoires de Philippe de
Commynes, dont les deux meilleures éditions sont celles de B. de Mandrot
(Paris, 1901-1903, 2 vol. in-8o de la « Collection de textes pour servir à
l’étude et à l’enseignement de l’histoire ») et de J. Calmette et G. Durville
(Paris, 1924-1925, 3 vol. in-16, des « Classiques de l’histoire de France au
moyen âge »). Il yfaut joindre le recueil des Lettres de Louis XI, publ. par
E. Charavay, J. Vaesen et B. de Mandrot (Paris, 1883-1909, 11 Vol. in-8°, pu-
blic de la « Société de l’histoire de France »), et les Dépêches des ambassa-
deurs milanais en France sous Louis XI et François Sforza, publ. par B. de
Mandrot et Ch. Samaran (Paris, 191G-1923, 4 vol. in-8°, public. de la même
société).
Sur Louis XI avant son avènement voir M. Thibaut, La jeunesse de Louis
XI, 1423-1445 (Paris, 1907, in-8°), à compléter avec le Catalogue des actes du
dauphin Louis II, devenu le roi de France Louis XI, d’E. Pilot de Thorey
(Grenoble, 1899-1911, 2 vol. in-8o, publ. par l’« Académie delphinale »).
Sur la vie et l’entourage du roi, outre les volumes de Gandilhon et de
P. Champion cités ci-dessus, voir, entre autres, B. de Mandrot, Ymbert de Ba-
tarnay, seigneur du Bouchage (Paris. 1886, in-8°) ; A. de Reilhac, Jean de
Reilhac (Paris, 1886-1888, 3 vol. in-4°) ; H. Forgeot, Jean Balue, cardinal
d’Angers (Paris, 1895, in-8o, fasc. 106 de la « Bibliothèque de l’École des
Hautes Études, sciences historiques et philologiques ») ; F. Pasquier, Un favo-
ri de Louis XI, Boffile de Juge (Albi, 1914, in-8o, fasc. 10 des « Publications
de la Société des sciences, arts et belles-lettres du Tarn ») ; E. Cosneau, Le
connétable de Richemont (Paris, 1886, in-8°) ; J. Vaesen, Notice sur Jean
Bourré, dans la Bibliothèque de l’École des Chartes, t. XLIII (1882), p. 433-
473 ; G. Bricard, Un serviteur et compère de Louis XI, Jean Bourré, seigneur
du Plessis (Paris, 1893, in-8°) ; H. de Chabannes, Histoire de la maison de
Chabannes (Paris, 1891-1898, 9 vol. in-4°) ; sur Philippe de Commynes, voir
les préfaces des deux éditions des Mémoires, citées plus haut et les travaux di-

— 64 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

vers auxquels elles renvoient.


L’histoire des coalitions féodales a été renouvelée par l’ouvrage de
H. Stein, Charles de France, frère de Louis XI (Paris, 1921, in-8°, t. X des
« Mémoires et documents publiés par la Société de l’École des Chartes »).
Voir aussi Ch. Samaran, La maison d’Armagnac au XVe siècle et les dernières
luttes de la féodalité dans le midi de la France (Paris, 1907, in-8°, t. VII de la
même collection) ; B. de Mandrot, Jacques d’Armagnac, duc de Nemours,
1433-1477, dans la Revue historique, t. XLIII (1890), p. 274-316, et t. XLIV
(1890), p. 241-312 ; Ch. Anchier, Charles Ier de Melun, dans la revue Le
moyen âge, 2e série, t. I (1892), p. 80-87 et 108-110 ; Henri Courteault, Gas-
ton IV, comte de Foix, vicomte souverain de Béarn, prince de Navarre (1423-
1472). Étude historique sur le midi de la France et le nord de l’Espagne au
XVe siècle (Toulouse, 1895, in-8°, fasc. 3 de la « Bibliothèque méridionale »
de la Faculté des lettres de Toulouse, 2e série) ; J. de Jaurgain, Deux comtes de
Comminges béarnais du XVe siècle : Jean de Lescun et Odet d’Aydie (Paris,
1919, in-8°) ; Antoine Dupuy, Histoire de la réunion de la Bretagne à la
France (Paris, 1880, 2 vol., in-8°), t. I ; A. de la Borderie, Histoire de Breta-
gne (Rennes et Paris, 1896-1914, 6 vol. in-8°), t. IV ; B.-A. Pocquet du Haut-
Jussé, François II duc de Bretagne et l’Angleterre (Paris, 1928, in-8o, thèse de
doctorat et fasc. 9 des « Mémoires do la Société d’histoire et d’archéologie de
Bretagne ») ; J. Calmette et G. Périnelle, Louis XI et l’Anglelerre, 1461-1483
(Paris, 1930, in-8°, fasc. 11 des « Mémoires et documents publiés par la So-
ciété de l’École des Chartes »), paru en 1931.

III. La lutte contre Charles le Téméraire et le démembrement


de l’État bourguignon (1473-1482)
OUVRAGES À CONSULTER. — L’ouvrage de J. Foster Kirk, History of Charles the
Bold, duke of Burgundy (Londres, 1863-1868, 3 vol. in-8°), dont les deux
premiers tomes seulement ont été traduits par Ch.-F. O’Squarr, sous le titre :
Histoire de Charles le Téméraire (Paris, 1866, 3 vol. in-8°), seule étude
d’ensemble sur le Téméraire, depuis l’Histoire des ducs de Bourgogne de la
maison de Valois, d’A. de Barante (Paris, 1824-1826, 12 vol. in-8o), est très
vieilli. On s’orientera à l’aide de Ch. Petit-Dutaillis, ouvrage cité p. 30, et de
H. Pirenne, Histoire de Belgique, t. II : Du commencement du XIVe siècle à la
mort de Charles le Téméraire (Bruxelles, 1902, in-8° ; 3e éd., revue, 1922) et,
pour la suite, le t. III : De la mort de Charles le Téméraire à l’arrivée du duc
d’Albe dans les Pays-Bas (Bruxelles, 1907, in-8° ; 3e éd., revue, 1923), qu’on
complétera, pour la bibliographie, avec la Bibliographie de l’histoire de Bel-
gique du même auteur, 3e éd. (Bruxelles, 1931, in-8o). On trouvera, dans ce
dernier ouvrage, l’indication de tous les travaux à retenir sur la politique de
Charles le Téméraire dans les Pays-Bas.
Sur sa politique de conquêtes, les Dépêches des ambassadeurs milanais sur
les campagnes de Charles le Hardi, de 1474 à 1477, publ. par F. de Gingins la

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Sarraz (Paris et Genève, 1858, 2 vol., in-8°), constituent une source excep-
tionnellement importante. — Sur les affaires d’Alsace, L. Stouff, Les origines
de l’annexion de la Haute Alsace à la Bourgogne en 1469 (Dijon et Paris,
1900, in-8o, fasc. 3-4 de la Revue bourguignonne d’enseignement supérieur, t.
X) ; du même, Les possessions bourguignonnes dans la vallée du Rhin sous
Charles le Téméraire, dans les Annales de l’est, t. XVIII (1904), p. 1-29, avec
un document annexe, p. 30-86 ; Ch. Nerlinger, Pierre de Hagenbach et la do-
mination bourguignonne en Alsace (Nancy, 1890, in-8°) ; H. Witte, Zur Ges-
chichte der burgundischen Herrschaft am Oberrhein, 1469-1743, dans la
Zeitschrift für die Geschichte des Oberrheins, nouv. série, t. I (1886) ; du
même, Der Zusammenbruch der burgundischen Herrschaft am Oberrhein,
même revue, t. II (1887).
Sur les affaires de Suisse, E. Toutey, Charles le Téméraire et la ligue de
Constance (Paris, 1902, in-8°) ; B. de Mandrot, Les relations de Charles VII
et de Louis XI, rois de France, avec les cantons suisses, dans le Jahrbuch für
schweizerische Geschichte, t. V (1880) et t. VI (1881), et à part (Zurich, 1881,
in-80) ; Ed. Rott, Histoire de la représentation diplomatique de la France au-
près des cantons suisses, t. I 1430-1559 (Berne et Paris, 1900, in-8°) ;
K. Stettler, Ritter Niklaus von Diesbach, Schultheiss von Bern, 1430-1475
(Berne, 1924, in-8°, dissertation) ; K. Hoch et A. de Mandrot, Morat et Char-
les le Téméraire (Neuchâtel, 1876, in-8°) ; G. Ochsenbein, Die Urkunden der
Belagerung und Schlacht von Murten (Fribourg, 1876, in-4o) ; P. de Vallière,
Morat ; le siège et la bataille de 1476 (Lausanne, 1926, in-80) ; H. Delbrück,
Geschichte der Kriegkunst im Rahmen der politischen Geschichte, t. III (Ber-
lin, 1907, in-8o ; 2 éd., 1923) et cf., du même, Die Perserkriege und die Bur-
gunderkriege (Berlin, 1887, in-8o). Voir enfin les histoires générales de la
Suisse de Dierauer, t. II, et de Gagliardi, t. I, citées dans la 1re partie, p. 460, n.
1.
Sur les rapports avec l’Empire et sur l’affaire de Neuss, A. Bachmann,
Deutsche Reichsgeschichte im Zeitalter Friedrichs III (cité p. 24), t. II ;
Fr. Lindner, Die Zusammenkunft Kaisers Friedrich III mit Karl dem Kühnen
von Burgund (Greifswald, 1876, in-8o, dissertation). ; H.-E. Moltzer, Frie-
drich III und Karl der Kühne in Trier, 1473 (Groningue, 1891, in-8o) ;
F. Schmitz, Der Neusser Krieg (Bonn 1896, in-8o, dissertation et fasc. 2 des
« Rheinische Geschichtsblätter ») ; G. Kallen, Die Belagerung von Neuss
durch Karl den Kühne (Neuss, 1925, brochure in-8° de 67 p.) ; H. Diemar,
Die Entstehung des deutschen Reichskrieges gegen Herzog Karl den Kühnen
von Burgund (Marburg, 1896, in-8o, dissertation). — Sur les affaires de Lor-
raine, les études de H. Witte, Zur Geschichte der Burgunderkriege, dans la
Zeitschrift für die Geschichte des Oberrheins, nouv. série, t. VI (1891), VII
(1892), VIII (1893), IX (1894), X (1895) ; du même, Lothringen und Burgun-
der, dans le Jahrbuch der Gesellchaft für lothringische Geschichte, t. II à IV
(1890-1892) ; A. Beriet, Charles le Téméraire et René de Lorraine, dans les
Mémoires de la Société bourguignonne de géographie et d’histoire, t. VIII
(1892), p. 297-393, t. IX (1893), p. 1 à 120, et tirage à part (Dijon, 1892, in-

— 66 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

8o) ; Chr. Pfister, Histoire de Nancy, t. I (Paris, 1902, in-4°). — Sur


l’intervention d’Edouard IV d’Angleterre, se reporter au livré de J. Calmette et
G. Périnelle, Louis XI et l’Angleterre, cité p. 37.
Sur la succession de Bourgogne, K. Rausch, Die burgundische Heirat
Maximilians I (Vienne, 1880, in-8o) ; H. Ulmann, Kaiser Maximilian I (cité p.
24), t. I ; J. Calmette et G. Périnelle, livre cité. — Sur l’administration bour-
guignonne, J. Billioud, Les États de Bourgogne aux XIVe et XVe siècles (Di-
jon, 1922, in-8o, publication de l’Académie de Dijon) ; E. Lameere, Le Grand
conseil des ducs de Bourgogne de la maison de Valois (Bruxelles, 1900, in-
8°). Sur le régime bourguignon en Artois, Ch. Hirschauer, Les Etats d’Artois
de leurs origines à l’occupation française, 1340-1640 (Paris, 1923, 2 vol. in-
8°).

IV. La politique italienne et espagnole de Louis XI


OUVRAGES À CONSULTER. — Outre la livre de Ch. Petit-Dutaillis indiqué p. 30,
voir, sur la politique italienne de Louis XI, P.-M. Perret, Histoire des relations
de la France avec Venise, du XIIIe siècle à l’avènement de Charles VIII (Paris,
1896( 2 vol. in-8°), qui est souvent, en réalité, une histoire des relations de la
France avec toute l’Italie du nord ; pour les affaires de Savoie, A. Dina, Iolan-
da, duchessa di Savoia e la ribellione sabauda del 1471 (Alba, 1893, in-8o) ;
F. Gabotto, Lo stato Sabaudo da Amedeo VIIl ad Emanuele Filiberto, 1487-
1496 (Turin et Rome, 1892-1893, 2 vol. in-8o) ; pour les rapports avec Milan,
voir ci-dessous la bibliographie de la p. 106, n. 1, en particulier les travaux de
P. Ghinzoni et d’A. Sorbelli ; pour les rapports avec les Médicis, B. Buser,
Die Beziehungen der Mediceer zu Frankreich während der Jahre 1434-1494,
in ihrem Zusammenhang mit den allgemeinen Verhältnissen Italiens (Leipzig,
1879, in-8°) ; pour les rapports avec les papes, J. Combet, Louis XI et le Saint-
Siège (Paris, 1903, in-8°) ; Chr. Lucius. Pius II und Ludwig XI, cité p. 2 ; H.
Forgeot, Jean Balue, cardinal d’Angers, cité p, 36.
Sur la politique espagnole de Louis XI, J. Catmette, Louis XI, Jean II et la
révolution catalane, 1461-1473 (Toulouse et Paris, 1903, in-8o, fasc. 8 de la
« Bibliothèque méridionale » publ. par la Faculté des lettres de Toulouse, 2e
série ; paru dès 1902, Toulouse, in-8°, comme thèse de doctorat) ; F. Pasquier,
La domination française en Cerdagne sous Louis XI, dans le Bulletin histori-
que et philologique du Comité des travaux historiques, ann. 1895, p. 391-422 ;
du même, Un favori de Louis XI : Bolfille de Juge, comte de Castres, vice-roi
de Roussillon (Albi, 1914, in-8°, fasc. 10 des « Archives historiques de
l’Albigeois ») ; P. Boissonnade, Histoire de la réunion de la Navarre à la Cas-
tille. Essai sur les relations des princes de Foix-Albret avec la France et
l’Espagne, 1479-1521 (Paris, 1893, in-8°) ; H. Gourteault, Gaston IV, comte
de Foix, cité p. 37 ; G. Daumet, Étude sur l’alliance de la France et de la Ca-
slille aux XIVe et XVe siècles (Paris, 1898, in-8o, fasc. 118 de la « Bibliothèque
de l’École des Hautes Études, sciences historiques et philologiques »).

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

V. Le gouvernement de Louis XI
OUVRAGES À CONSULTER. — Outre le livre déjà cité (p. 30), de Ch. Petit-Dutaillii
voir R. Doucet, Le gouvernement de Louis XI, dans la Revue des cours et
conférences, t. XXIV (1922-1923) et t. XXV (1923-1924), environ 75 pages
en tout. — Sur les rapports avec les grandes maisons princières, citons
A. Lecoy de La Marche, Le roi René, sa vie, son administration, ses travaux
artistiques et littéraires (Paris, 1875, 2 vol. in-8°) ; du même, Louis XI et la
succession de la Provence, dans la Revue des questions historiques, t. XLIII
(1888), p. 127-157, et, sur cette même question, V.-L. Bourrilly et R. Busquet,
La Provence au moyen âge, 1112-1481 (Paris, 1924, in-4°, extrait de « Les
Bouches » du-Rhône, encyclopédie départementale », publ. par P. Masson, t.
II, Paris et Marseille, 1924, in-4°, p. 303-752) ; R. de Maulde La Clavière,
Histoire de Louis XII, 1re partie : Louis d’Orléans, 1462-1498 (Paris, 1889-
1891, 3 vol. in-8o), t. I et II ; J.-C. Tauzin, Louis XI et la Gascogne, dans la
Revue des questions historiques, t. LIX (1896), p. 403-441 ; A. Luchaire,
Alain le Grand, sire d’Albret (Paris, 1877, in-8°), et les volumes de
H. Courteault, B. de Mandrot, Ch. Samaran, A. Dupuy et Pocquet du Haut-
Jussé, cités p. 37. — Sur les rapports avec les villes, Henri Sée, Louis XI et les
villes (Paris, 1891, in-8°), à compléter avec les études ultérieures, notamment
L. Caillet, Études sur les relations de la commune de Lyon avec Charles VII et
Louis XI (Paris et Lyon, 1909 » in-8°, fasc. 21 des « Annales de l’Université
de Lyon », nouvelle série, II) ; pour l’affaire d’Arras, Th. Boutiot, Louis XI et
la ville d’Arras (Troyes, 1867, 78 p. in-8D) et, parmi les travaux de détail les
plus récents, H. Stein, Les habitants d’Évreux et le repeuplement d’Arras en
1479, dans la Bibliothèque de l’École des Chartes, t. LXXXIV (1923), p. 284-
297. — Sur l’organisation administrative, les mêmes publications générales
que pour l’époque de Charles VII : voir ci-dessus, p. 31, n. 1. — Sur les rap-
ports avec le clergé, Noël Valois, Histoire de la Pragmatique sanction de
Bourges (Paris, 1906, in-8°) ; Ch. Samaran, Un diplomate français du XVe
siècle ; Jean de Bilhères-Lagraulas, cardinal de Saint-Denis (Paris, 1921,
in-8°, fasc. 26 de la « Bibliothèque du XVe siècle » ; extr. de la revue Le moyen
âge, 2e série, t. XXII, 1920) ; M.-R. Rey, Louis XI et les États pontificaux de
France (Grenoble, 1899, in-8°). Y joindre la correspondance significative pu-
bliée par J. Lesellier, Une curieuse correspondance inédite entre Louis XI et
Sixte IV, dans les Mélanges d’archéologie et d’histoire, publ. par l’École fran-
çaise de Rome, t. XLV (1928), p. 21-37.

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

VI. Le gouvernement royal au lendemain de la mort de Louis XI


(1483-1492)
OUVRAGES À CONSULTER. — En dehors du livre d’ensemble de Ch. Petit-
Dutaillis, cité p. 30, et de celui de P. Pélicier, Essai sur le gouvernement de la
dame de Beaujeu, 1483-1491 (Paris, 1882, in-8o), vieilli et souvent contesta-
ble, voir J.-S.-C. Bridge, A history of France from the death of Louis XI ; t.
Ier : Reign of Charles VIII, regency of Anne of Beaujeu, 1483-1493 (Oxford,
1921, in-8o), qui constitue un utile résumé. Y joindre les ouvrages d’Antoine
Dupuy, A. de la Borderie et B. Pecquet du Haut-Jussé, cités p, 37. Le rôle du
duc d’Orléans a été étudié par R. de Maulde, Histoire de Louis XII (cité p. 52),
t. II ; du même auteur, Procédures politiques du règne de Louis XII (Paris,
1885, in-4o, dans la « Collection de documents inédits sur l’histoire ds Fran-
ce »), l’introduction. Dans la même collection, on consultera, édités par A.
Bernier, les Procès-verbaux... du conseil de régence de Charles VIII (Paris,
1836, in-4o) et le Journal des États généraux de 1484, par Jehan Masselin
(Paris, 1835, in-4°) ; voir, en outre, sur ces États généraux, l’ouvrage de G. Pi-
cot, cité p, 32. Enfin, sur l’organisation gouvernementale, N. Valois, Le
conseil du roi et le grand conseil dans la première année du règne de Charles
VIII, dans la Bibliothèque de l’École des Chartes, t. XLIII (1882), p. 594-625,
et t. XLIV (1883), p. 137-168 et 419-444.

— 69 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Table des matières

Chapitre III

La monarchie anglaise au temps de la guerre


des deux roses et l’avènement d’Henri Tudor 25

L’Angleterre avait longtemps porté sans défaillance le poids de la


guerre de Cent Ans, et, tant qu’elle avait été victorieuse, la dynastie
des Lancastre, quoique issue d’une révolution, avait pu se maintenir
aisément. Mais il avait suffi que le vent tournât, pour que tout fût
changé aussitôt : les échecs accumulés avaient rendu la guerre intolé-
rable, la dynastie impopulaire. Au moment où il eût fallu au gouver-
nement un homme de tête et d’énergie, la royauté s’était trouvée prise
au dépourvu : Bedford était mort en 1435, Beaufort et Gloucester p060
avaient disparu à leur tour, ce dernier depuis peu (1447), et personne
dans l’entourage des Lancastre ne s’était rencontré qui fût en état de
tenir leur rôle et de réagir d’une façon efficace contre le décourage-
ment consécutif à une lutte dont on n’apercevait plus soudain que la
stérilité et les charges. Moins atteinte que la France dans sa richesse
matérielle, l’Angleterre allait subir le contre-coup de ses défaites : la
guerre continentale n’était pas encore liquidée que déjà la guerre civi-
le avait éclaté sur son sol.

I. — Les débuts de la guerre civile (1450-1461) 26


De profonds changements s’étaient peu à peu opérés dans l’état so-
cial du royaume, qui avaient fini par en compromettre l’équilibre poli-
tique. Pendant bien des années, la grande profiteuse de la guerre avait
été la haute noblesse du pays, qui s’était gorgée du produit des pilla-

25
OUVRAGES D’ENSEMBLE À CONSULTER.
26
OUVRAGES À CONSULTER.

— 70 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

ges, des rançons, des confiscations, et avait vendu son concours mili-
taire à fort prix. D’imprudentes constitutions d’apanages aidant, la
fortune territoriale de l’Angleterre s’était trouvée à la longue concen-
trée entre les mains d’un très petit nombre de familles féodales, quatre
ou cinq tout au plus, dont plusieurs voisines du trône p061 par la nais-
sance, et qui étaient devenues les arbitres des destinées anglaises.
C’est de plus en plus dans leur clientèle que vivait la petite aristocra-
tie, autrefois si attachée à la royauté, et dont les membres avaient
maintenant pris l’habitude de s’enrôler sous la bannière et, comme on
disait, « sous la livrée » (livery) de ses grands vassaux. Les chefs du
haut baronnage pensaient d’ailleurs beaucoup moins au pays qu’à
eux-mêmes. Sans cesse en guerre entre eux, ils se disputaient les vas-
tes héritages. Dans le nord, les Percy, comtes de Northumberland, fi-
dèles lancastriens, et les Neville, comtes de Westmorland, alliés à la
maison d’York, étaient en lutte ouverte : en 1453, ils en viennent aux
mains, et la bataille qu’ils se livrent à Stamford Bridge, près d’York,
marque, selon beaucoup d’historiens, le début de la guerre civile.
Depuis la peste noire et le vote des statuts des travailleurs,
l’agriculture était en pleine crise : la main-d’œuvre s’était raréfiée ; le
vieux système manorial, qui en procurait à bon compte, était en voie
de disparition. Si les cours de manoir subsistaient comme base de la
vie rurale, le servage avait presque partout fait place à la libre tenure,
les corvées et les prestations à un système de fermage à long bail, plus
favorable aux tenanciers qu’aux propriétaires. Même désarroi dans le
commerce et l’industrie. Le développement de l’industrie drapière
dans le royaume avait permis de substituer l’exportation des draps ou-
vrés à celle de la laine brute ; mais le traité d’Arras, en 1435, avait
entraîné la fermeture du marché flamand, par l’intermédiaire duquel
s’écoulait presque toute la production des métiers anglais. Or, au mê-
me moment, la perte de la Guyenne avait pour conséquence le déclin
du commerce avec le sud-ouest de la France : c’était, pour la prospéri-
té économique de l’Angleterre un rude coup.
L’équilibre moral n’était pas moins compromis. L’Église était
peuplée de prélats qui, de plus en plus tournés vers la politique,
avaient fini par perdre contact avec leur clergé. Beaufort, après lui
Kemp, réalisent déjà le type du cardinal d’État dont, au siècle suivant,
Wolsey sera l’exemple le plus éclatant. Ceux des évêques dont la pen-
sée restait tournée vers les choses de la religion, versaient parfois dans

— 71 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

l’hérésie, tel Reginald Pecock, évêque de Chichester, ennemi des Lol-


lards, défenseur des privilèges et des possessions du clergé, qui se
laissa entraîner à de telles erreurs, qu’il dut, en 1457, abandonner la
mitre. Les monastères se dépeuplaient, s’appauvrissaient. p062 La plu-
part des abbayes et des prieurés d’Angleterre dépendaient d’ordres
français ; or la guerre avait excité le sentiment national contre tout ce
qui, de près ou de loin, touchait à la France ; elle avait, en outre, sépa-
ré les moines anglais de leurs chefs hiérarchiques et favorisé ainsi
l’indiscipline dans leurs maisons.
Plus que jamais, dans de telles conjonctures, un gouvernement
énergique eût été nécessaire pour prévenir décomposition et rébel-
lions. Mais Henri VI n’avait aucune des qualités requises pour
l’accomplissement d’une œuvre de grande envergure. Faible, hésitant
et pieux, il détestait la guerre. Il avait épousé une Française, Margueri-
te d’Anjou, femme énergique et ambitieuse, mais dont l’orgueil et le
favoritisme excitèrent des haines inexpiables. Enfin il était mal entou-
ré ; l’incapable Suffolk, l’auteur du mariage royal, agissait en ministre
tout-puissant ; on le tenait pour responsable de l’abandon du Maine et
des désastres de Normandie. Mais Marguerite se refusa toujours obs-
tinément à se séparer de l’impopulaire ministre, malgré les troubles
que provoquait son gouvernement.
Dès le début de 1450, la situation apparaissait extrêmement tendue.
Au mois de janvier, l’évêque de Chichester, Moleyns, fut assassiné,
peut-être à l’instigation de Suffolk. Au Parlement qui fut réuni quel-
ques jours plus tard, la colère du peuple éclata : mis en accusation,
Suffolk fut condamné à mort ; dans l’espoir de le sauver, le roi se hâta
de l’expédier à Calais ; mais, sur sa route, le 2 mai, il fut arrêté par un
vaisseau de guerre et assassiné. Et tout de suite, ce fut un déchaîne-
ment des vieilles haines féodales. Le plus puissant des barons, le duc
d’York, Richard, se trouvait, depuis 1448, exilé comme gouverneur
d’Irlande ; il lui fut d’autant plus aisé de se créer des partisans que
certains voyaient en lui le successeur possible du roi. Car Henri VI,
qui n’avait pas d’enfants, risquait d’être le dernier des Lancastre et la
question dynastique était posée. Mais au nom du duc d’York, qui re-
présentait la descendance légitime d’Édouard III, certains opposaient
celui du comte de Dorset, un Beaufort, qui représentait une ligne plus
proche, quoique bâtarde. Suffolk mort, le comte de Dorset devint
l’homme le plus influent à la cour. Créé duc de Somerset, il fut chargé

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

de la guerre en Normandie. La lutte entre barons et favoris, entre York


et Somerset, parut bientôt inévitable : une révolte populaire la précipi-
ta.
En juin 1450, un obscur personnage du comté de Kent, p063 Jack
Cade, souleva les populations contre le mauvais gouvernement du roi.
Il se fit passer pour un membre de la grande famille anti-lancastrienne
des Mortimer, et arriva ainsi à grouper autour de lui de nombreux par-
tisans. Le mouvement qui éclata dans la même région que la révolte
de 1381, eut cette fois un tout autre caractère : bourgeois et petits ho-
bereaux y prirent part, et il semble même qu’en plus d’un endroit, sei-
gneurs et monastères, voire même officiers royaux aient procédé à la
levée de leurs tenanciers pour aider à la révolte. Au bout de quelques
jours, l’émeute, qui avait gagné le Kent, le Surrey et le Sussex, défer-
lait sous les murs de Londres. Après une escarmouche malheureuse, le
roi s’enfuit. Les portes de la ville furent ouvertes aux rebelles, qui,
trois journées durant, du 3 au 5 juillet, s’y livrèrent au pillage et pro-
cédèrent à des exécutions sommaires. Ceci fait, ils s’en prirent aux
officiers prévaricateurs et aux collecteurs d’impôts, réclamèrent la
constitution d’un gouvernement fort sous la direction d’un conseil des
barons, mais se montrèrent incapables de formuler un programme pré-
cis ; si bien que lorsqu’un petit groupe de prélats vint offrir sa média-
tion, ils se laissèrent endormir par de vagues promesses et se dispersè-
rent ensuite sans pousser plus loin leurs avantages. Cade lui-même fut
assassiné le 12 juillet, et sa disparition passa presque inaperçue.
Sa révolte avait été attribuée par la cour aux machinations du duc
d’York. Pour prévenir une vengeance, celui-ci, quittant son gouver-
nement d’Irlande, débarqua en Angleterre, et, malgré les efforts vio-
lents tentés pour l’arrêter, courut à la rencontre du roi pour lui dicter
ses conditions. Henri céda d’abord sur toute la ligne : le duc Richard
reçut un plein pardon, et le Parlement, qui fut aussitôt convoqué (no-
vembre 1450), fut le docile instrument de sa politique. Les députés
exigèrent le renvoi des mauvais conseillers du roi, et une pétition fut
même présentée, réclamant pour le duc d’York le titre d’héritier de la
couronne. Néanmoins le duc de Somerset, qui n’avait jamais été sé-
rieusement inquiété, resta en place avec ses créatures. Aussi, furieux
d’avoir été joué et privé du fruit de sa victoire, York leva une armée,
et, en février 1452, marcha de nouveau sur Londres. Il eut la faiblesse

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

d’entrer en négociations et de demander encore une fois son pardon,


qu’Henri s’empressa de lui accorder.
La perte de la Guyenne, que Somerset n’avait pu éviter, et la
conclusion, dans l’été 1452, d’une trêve politique, qui devait p064 per-
mettre de préparer une expédition de secours, avaient renforcé le pres-
tige de l’opposition, quand la venue au monde inopinée d’un fils
d’Henri VI, Édouard, vint peu après (octobre 1453) écarter définiti-
vement York du trône et le rejeter dans le rôle de chef de parti. Mais,
dans l’été, le roi fut atteint de la même maladie qui avait terrassé son
grand-père Charles VI de France, une folie tranquille, accompagnée
de paralysie et de prostration. Cette maladie laissait le champ libre aux
ambitions rivales de la reine Marguerite et du duc d’York, qui, pen-
dant les sept années suivantes, allaient se disputer le gouvernement en
des luttes aussi confuses que violentes. La reine ambitionnait le titre
de régente : les Yorkistes prévinrent ses manœuvres et, au mois de
mars 1454, obtinrent pour leur chef le titre de « protecteur du royau-
me » ; Somerset, accusé de trahison fut envoyé à la Tour de Londres,
et d’autres Lancastriens notoires, le « speaker » Thorpe et le duc
d’Exeter, furent arrêtés. Le beau-frère du régent, le comte de Salisbu-
ry, fut nommé chancelier, et le beau-frère de sa sœur, Bourchier, ar-
chevêque de Canterbury. Mais un souci imprévu de légalité empêcha
ce gouvernement de durer : le roi ayant recouvré ses facultés à la fin
de 1454, York lui céda la place, et Marguerite se retrouva maîtresse
du pouvoir ; elle tira de leurs prisons Somerset et Exeter et prépara la
ruine du « protecteur ».
York n’hésita plus à prendre les armes et à se rétablir par la violen-
ce ; parmi ses partisans se trouvaient des barons puissants, tels que
Salisbury et un nouveau venu, le jeune Richard Neville, bientôt comte
de Warwick qui, en quelques années, devait passer au premier plan de
la scène politique. À la bataille de Saint-Albans, au nord de Londres,
le 22 mai 1455, les Lancastriens furent mis en déroute. Pour la pre-
mière fois — et ce caractère devait s’affirmer au cours des rencontres
ultérieures — les vainqueurs s’acharnèrent contre les chefs du parti
ennemi et tirèrent d’eux une vengeance implacable : les ducs de So-
merset et d’Exeter, Lord Clifford, le comte de Stafford furent parmi
les victimes du combat. Maître du pouvoir, York réinstalla ses parti-
sans dans les postes importants et, le roi ayant eu une rechute, reprit le
titre et les fonctions de protecteur (octobre 1455). Il ne les exerça pas

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

longtemps : respectueux des formes constitutionnelles, il y renonça


spontanément, dès mars 1456, le roi étant, à cette date, revenu à la
santé.
Une fois encore, les ministres lancastriens furent rappelés ; p065
mais la paix resta précaire. Pendant trois ans, les partis s’observèrent ;
puis en 1459, la guerre reprit. Le 23 septembre, les deux partis en vin-
rent aux mains à Blore Heath, au nord-ouest de Stafford. Le combat
resta indécis, et les Yorkistes commirent la lourde faute de se disper-
ser peu après ; Marguerite en profita pour frapper un grand coup : au
Parlement de Coventry, au mois de novembre, les principaux chefs du
parti rebelle furent mis en accusation et ne durent leur salut qu’à la
fuite. York et ses partisans s’exilèrent en Irlande, tandis que Warwick
accueillait d’autres réfugiés à Calais ; enfin le petit prince Édouard, le
fils d’Henri VI, fut officiellement reconnu comme héritier du trône.
C’était une victoire pour les Lancastre, mais une victoire à la Pyrrhus,
car dès juin 1460, Warwick, l’homme de tête du parti, débarquait de
Calais, entrait à Londres et, le 10 juillet écrasait l’armée royale à Nor-
thampton. Une fois de plus, le roi était prisonnier. À cette nouvelle,
York accourut d’Irlande et démasquant maintenant ses batteries, ré-
clama le trône pour lui-même.
De fait, si elle se rattachait en ligne masculine au dernier fils
d’Édouard III, la maison d’York descendait par les femmes du duc de
Clarence, second fils du même roi, dont les droits avaient été sacrifiés
en 1399, lors de l’avènement des Lancastre. Mais, après le règne in-
contesté de trois princes de cette lignée, on n’eût sans doute point en-
tendu parler des droits de la maison d’York, si le duc Richard n’avait
jugé le maintien de la dynastie régnante incompatible avec ses ambi-
tions. Pourtant il ne crut pouvoir exiger un changement immédiat et
déclara accepter un compromis aux termes duquel Henri VI, tout en
restant sur le trône, déshériterait son propre fils et le désignerait per-
sonnellement pour son successeur. Prisonnier des Yorkistes, le roi dut
en passer par leurs conditions. Il n’en fut pas de même de sa femme,
la reine Marguerite : réfugiée dans le nord de l’Angleterre avec son
fils, elle leva une nouvelle armée et poursuivit la lutte avec un redou-
blement d’ardeur. Il s’en fallut même de peu qu’elle ne l’emportât :
car elle infligea à ses adversaires à Wakefield, au sud de Leeds, une
défaite qui leur coûta de nombreux morts, parmi lesquels le duc
d’York en personne (30 décembre). Mais les rebelles demeuraient

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

maîtres de Londres ;le roi était entre leurs mains ; et le duc défunt
laissait un fils de dix-neuf ans, Édouard, comte de March, déjà parfai-
tement en état de reprendre avec succès les prétentions paternelles. p066
Marguerite n’osa profiter du désarroi causé par la mort de Richard
d’York pour risquer une attaque brusquée sur la capitale. Elle hésita,
se replia vers le nord, se décida enfin à passer en Écosse pour s’y re-
faire une armée. Ce fut sa perte. Quand elle revint, il était trop tard : le
comte de March était déjà l’arbitre de la situation.

II. — La dynastie des York (1461-1485) 27


Ce jeune prince, qui devait orner ses armes de la rose blanche des
York pour l’opposer à la rose rouge des Lancastre — d’où le nom de
« guerre des deux roses » souvent donné à la guerre civile — n’était ni
un homme d’État ni un grand capitaine ; mais sa volonté tenace et son
ambition, cachées sous des dehors aimables, faisaient impression, et il
avait autour de lui d’habiles conseillers, tandis que le parti lancastrien
avait perdu avec Somerset son dernier chef et ne subsistait plus que
grâce à l’énergie de la reine Marguerite. Sans doute Warwick, jusque-
là tout puissant dans le clan yorkiste, voyait-il sans plaisir
l’avènement d’un jeune homme d’esprit indépendant ; mais il ne pou-
vait pas, du jour au lendemain, abandonner la cause à laquelle il s’était
dévoué.
Le nouveau duc d’York montra d’ailleurs de la décision : après
avoir battu quelques barons lancastriens et fait mettre à mort un chef
gallois redoutable, Owen Tudor, il envoya Warwick et le roi à la ren-
contre de Marguerite, qui arrivait d’Écosse. Le choc eut lieu encore
une fois à Saint-Albans, le 17 février 1461 ; l’avantage resta aux Lan-
castre, qui s’emparèrent de la personne du roi ; mais ils n’exploitèrent
pas leur succès, et, à l’approche d’une nouvelle armée yorkiste p067 se
replièrent aussitôt vers le nord du royaume. Édouard se jeta à la pour-
suite du roi fugitif, l’atteignit à Towton, au nord-est de Leeds, où il le
battit le 29 mars, et le força à passer la frontière pour se réfugier en
Écosse ; puis, sans plus attendre, il se fit couronner, en juin, sous le
nom d’Édouard IV, obtint la reconnaissance officielle du Parlement,

27
OUVRAGES À CONSULTER.

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

déclara usurpateurs les rois de la famille de Lancastre et abrogea d’un


trait de plume tous leurs édits. De nombreuses confiscations et
condamnations suivirent cette prise de pouvoir.
Il ne resta plus, après cela, qu’à en finir avec Henri VI et les der-
niers tenants des Lancastre. D’Écosse, la reine Marguerite n’avait pas
tardé à passer en France, où, par un traité conclu en juin 1462, Louis
XI s’était engagé à lui fournir argent et armes. En octobre suivant,
puis en mai 1463, elle tentait sans succès un débarquement sur les cô-
tes du Northumberland. Mais bientôt ses alliés l’abandonnaient un à
un : Louis XI à l’automne 1463, puis les Écossais. En avril 1464, ses
derniers partisans traînant le pauvre roi Henri avec eux, risquaient en-
core, dans l’extrême nord, une attaque désespérée. Les Yorkistes
n’eurent pas de peine à les écraser. Les rebelles furent mis à mort,
leurs châteaux confisqués ; leur roi, découvert dans la campagne où il
avait misérablement erré, fut enfermé à la Tour de Londres (juillet
1465).
Pour Édouard IV, toutes les difficultés ne sont pourtant pas élimi-
nées encore. En un sens, elles ne font que commencer, car, comme il
arrive d’ordinaire en pareil cas, le parti yorkiste se désagrège dès que
son triomphe est acquis. Warwick, à qui Édouard doit le trône et qui
va bientôt mériter le surnom de « faiseur de rois », est décidé à garder
l’influence suprême ; avec lui, la puissante famille des Neville se rue
aux honneurs : l’un de ses frères, Jean, est fait comte de Northumber-
land et s’enrichit des dépouilles des Percy ; un autre, Georges, déjà
évêque et chancelier, est promu à l’archevêché d’York. Mais Édouard
se fatigue vite de la tutelle des Neville ; dès 1463, il montre des signes
d’indépendance. Tandis que Warwick, soucieux de consolider la dy-
nastie par des alliances continentales, négocie le mariage du roi,
d’abord avec une princesse bourguignonne, puis avec une princesse
savoyarde, Édouard épouse secrètement une jeune veuve, Élisabeth
Woodville, d’une famille de moyenne aristocratie jusque-là fidèle aux
Lancastre (mai 1464).
Non seulement ce mariage rompt les projets diplomatiques p068 de
Warwick, mais il met au premier plan la famille de la reine, une famil-
le de petits hobereaux, sans fortune, ambitieux, avides d’honneurs ; le
fils de la reine devient duc de Norfolk, son frère est fait lord, ses
sœurs duchesse de Buckingham, comtesses d’Essex, de Kent et

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

d’Arundel ; son père enfin est nommé trésorier. L’envahissement de


cette bande affamée a pour Édouard IV les mêmes funestes effets que,
sous Richard II, l’ambition de ses demi-frères les Holland. Dans le
royaume, Woodville et Neville ne peuvent coexister ; il faut qu’une
des deux familles cède la place. Or Édouard penche pour les derniers
venus. Il refuse d’écouter Warwick, quand, de plus en plus convaincu
de la nécessité d’un rapprochement avec la France, celui-ci entreprend
de négocier une alliance avec Louis XI ; pour lui faire pièce, il se jette
dans l’alliance bourguignonne et fiance, puis marie sa sœur, Margue-
rite d’York, à Charles le Téméraire. Véritable défi, que Warwick et
ses partisans relèvent bientôt. En 1469, les conditions paraissent favo-
rables à un soulèvement : déjà le pays de Galles a été entraîné à la ré-
volte par un petit seigneur, Gaspard Tudor, comte de Pembroke, demi-
frère d’Henri VI, soudoyé par le roi de France ; en juin, dans le York-
shire éclate, sous la direction d’un certain Robin de Redesdale, une
rébellion qui rappelle de près celle de Jack Cade dans le comté de
Kent dix-neuf ans plus tôt. C’est le moment choisi par Warwick pour
tenter un coup d’État. De Calais, où il s’est retiré avec son frère
l’archevêque d’York, et d’où il a noué alliance avec le frère du roi,
Georges d’York, duc de Clarence, dont il fait son gendre, il débarque
dans le comté de Kent et marche sur Londres, dont il se rend maître
par surprise (juillet 1469). Il ne cherche pas encore à renverser
Édouard IV, mais veut seulement reconquérir sur ce roi qui lui doit le
trône l’influence perdue. Pris au dépourvu, Édouard est obligé d’en
passer par ses volontés et se voit retenu dans une semi-captivité.
Mais le succès de Warwick est fragile : pour faire pièce au « ty-
ran » et à ses favoris, les Woodville, il a été contraint de faciliter, dans
le nord et dans l’ouest, des soulèvements lancastriens ; une fois maître
du pouvoir, il est incapable de maîtriser l’opposition qu’il a lui-même
déchaînée et force lui est, au bout de quelques mois, de relâcher son
prisonnier, qui, instruit par l’expérience, sait rapidement se défaire de
son insolent protecteur. Édouard écrase les soulèvements provinciaux,
enlève aux Neville le comté de Northumberland pour le redonner aux
p069 Percy, qu’il détache ainsi du parti lancastrien, et oblige Warwick à
s’exiler de nouveau (mars 1470). Le « faiseur de rois » échoue devant
Calais qui, jusque-là, avait été son réduit, et doit se réfugier en Nor-
mandie, sous la protection du roi de France.

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

C’est alors que, grâce à l’habile diplomatie de ce dernier, se pro-


duit la plus étonnante volte-face de toute cette confuse histoire ; la ré-
conciliation de Warwick et des Lancastre. Unis dans leur commune
haine contre Édouard IV, Warwick et la reine Marguerite s’entendent,
sous les auspices de Louis XI, pour rétablir Henri VI. L’alliance est
scellée par le mariage de la seconde fille de Warwick avec le jeune
prince de Galles Édouard, héritier des Lancastre ; ainsi, ayant déjà
marié sa fille aînée à Clarence, fiancé son neveu à la fille aînée
d’Édouard IV, Warwick, quoiqu’il arrive, est certain de voir sa famille
monter sur le trône d’Angleterre. Son but semble donc atteint. En
quelques mois, une expédition se prépare ; le nouveau chef du parti
lancastrien débarque en Angleterre (septembre 1470), groupe autour
de lui tous les ennemis — et ils sont légion — que s’est faits la nou-
velle dynastie, entre à Londres, tire Henri VI de prison, le replace sur
le trône (6 octobre). Édouard, se sentant impuissant à combattre une
aussi foudroyante attaque, abandonné d’ailleurs par la population, qui
commence à se désintéresser de ces luttes dynastiques, se sauve en
toute hâte en Hollande, où il est sûr de trouver la protection de son
beau-frère le Téméraire. La situation apparaît soudain complètement
retournée.
Simple illusion ; car, en fait, Henri, affaibli par sa longue captivité,
n’est plus qu’un fantoche entre les mains de Warwick. Peut-être Mar-
guerite et surtout le jeune prince de Galles eussent-ils encore été ca-
pables de galvaniser et grouper autour d’eux quelques partisans ; mais
ils restèrent sur le continent, attendant que le nouveau régime fût
complètement rétabli. Ils laissèrent ainsi échapper une occasion peut-
être unique de tenter une revanche. Au surplus, entre le « faiseur de
rois » et les Lancastriens, il y avait trop d’anciennes haines pour per-
mettre un accord durable. En tout cas, seule une intervention immé-
diate eût eu quelques chances de succès ; or la lenteur des Lancas-
triens donna à Édouard IV le temps de se retourner et, aiguillonné par
le Téméraire, trop heureux de faire pièce à Louis XI, de préparer une
contre-attaque. Au mois de mars 1471, escorté d’une petite troupe, il
débarque dans le nord, p070 sous le prétexte, non pas de ressaisir la
couronne, mais de réclamer son héritage comme duc d’York ; c’était
reprendre la tactique qui avait si bien réussi à Henri de Lancastre en
1399. Le 18 mars, il entre à York, puis se dirige aussitôt vers le sud,
sans rencontrer de résistance sérieuse, car les deux grandes maisons

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

de la région, les Percy et les Neville, se jalousent et le laissent faire.


Arrivé à Londres le 11 avril, il s’assure aussitôt de la personne
d’Henri VI, tire de l’asile de Westminster la reine Élisabeth qui, pen-
dant son absence, a donné le jour à un fils, se réinstalle sur le trône.
Il s’en faut que tout soit fini. À l’annonce du succès d’Édouard,
Warwick accourt avec une armée. ; les deux adversaires se trouvent
face à face le 14 avril près de Barnet, aux portes de Londres ; mais
l’habile tactique d’Édouard provoque la déroute des Lancastriens et la
mort du « faiseur de rois ». C’est le moment que choisit Marguerite
pour débarquer avec son fils dans le Dorset et y rassembler les débris
de son parti. Une nouvelle campagne est nécessaire, qui aboutit, le 4
mai, à la bataille de Tewksbury, où la victoire des Yorkistes est cette
fois décisive : les principaux rebelles sont massacrés, le prince de Gal-
les mis à mort et sa mère emprisonnée ; et comme, pendant ce temps,
de nouveaux troubles ont éclaté dans le nord et à Londres même, que
tente d’enlever par surprise un Neville, venu de Calais, le comte de
Kent Guillaume de Fauconberg, Édouard décide d’employer la maniè-
re forte : il sévit impitoyablement contre tous les opposants, et le mal-
heureux Henri VI disparaît lui-même, probablement exécuté (21 mai
1471).
Désormais Édouard IV est le maître incontesté de l’Angleterre. Ses
longues luttes l’ont aguerri et ont fait de lui un prince méfiant et dur.
Il n’est pas populaire, et le pays de Galles, toujours troublé, le « bor-
der » écossais, où dominent les Percy, acceptent difficilement sa do-
mination ; mais le reste du royaume, fatigué de la guerre civile, se ré-
signe. Une dernière tentative lancastrienne dirigée en 1473 par le
comte d’Oxford, échoue piteusement. Toutefois le propre frère du roi,
Clarence, rentré en grâce après 1470, continue de comploter ; il entre
même ainsi en conflit avec son plus jeune frère, Gloucester. En 1478,
Édouard décide de se débarrasser de ce gêneur ; il le met en accusa-
tion devant le Parlement, le fait condamner à mort et confisque ses
immenses domaines.
Sa politique continentale est assez heureuse. Pour remplir les pro-
messes prodiguées au Téméraire, il songe à reprendre la lutte p071 sé-
culaire contre le roi de France ; mais ses goûts, maintenant qu’il se
sent mieux assis sur son trône, sont plutôt pacifiques ; aussi retarde-t-
il le plus possible ses préparatifs, sans se priver bien entendu des faci-

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

lités qu’ils lui donnent de réclamer régulièrement au Parlement le vote


de larges subsides. Quand enfin il débarque à Calais, le 4 juillet 1475,
le Téméraire est trop absorbé, comme on l’a vu 28 , par le siège de
Neuss pour venir à sa rencontre ; il se laisse distancer par Louis XI,
qui, le 29 août, à l’entrevue de Picquigny, sachant y mettre le prix,
achète la retraite de l’envahisseur : outre une somme de 75.000 écus,
dont 55.000 payés comptant, Édouard obtient, sa vie durant, une pen-
sion de 60.000 écus ; le dauphin Charles, âgé de cinq ans, est promis
en mariage à sa fille aînée, Élisabeth, qui en a neuf, et à laquelle le roi
de France s’engage à assigner un douaire d’un revenu minimum de
60.000 livres ; enfin, peu après, le roi d’Angleterre rend la liberté à la
veuve d’Henri VI, Marguerite d’Anjou, en échange d’une lourde ran-
çon de 50.000 écus.
Sans doute il en coûta à l’amour-propre anglais d’abandonner les
rêves de conquête en terre de France ; mais, la pension servie par
Louis XI, à laquelle, après 1478, vinrent s’ajouter les revenus des
biens enlevés au duc de Clarence, sans compter les emprunts forcés
levés sur ses grands vassaux, permirent dorénavant à Édouard de faire
face aux dépenses de l’État, sans demander d’impôts nouveaux au
Parlement. N’ayant plus à quémander de subsides, il put gouverner à
sa guise et prépara ainsi l’absolutisme des Tudor. Le seul côté faible
de son gouvernement fut sa politique extérieure. Tenu à des égards
envers le roi de France qui le payait, il ne put, dans la succession de
Bourgogne, jouer le rôle d’arbitre qui aurait dû être le sien : il se laissa
manœuvrer par Louis XI, hésita, en 1479, à se lier à Maximilien et fut,
en décembre 1482, la victime du traité d’Arras, car le mariage arrangé
entre sa fille et le dauphin y fut rompu pour permettre un rapproche-
ment franco-bourguignon 29 . L’affront fut vivement ressenti à Lon-
dres, et la guerre faillit même éclater. Le règne s’acheva cependant
peu après sans encombre, et quand le roi mourut prématurément le 9
avril 1483, usé par les excès, la dynastie yorkiste semblait consolidée.
Édouard avait su grouper autour de lui quelques conseillers p072 dé-
voués, tous issus de la petite noblesse, Stanley, Hastings, Howard,
John Russell ; c’est à eux que, sous la direction de la veuve du roi, fut
d’abord confiée la régence de son fils Édouard V alors âgé de douze

28
Voir ci-dessus, p. 46.
29
Sur ces événements, voir le chapitre précédent, p. 48.

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

ans. Mais un des frères du défunt, le duc de Gloucester, dévoila vite


son ambition : il s’empara des conseillers, enferma son royal neveu à
la Tour de Londres, contraignit la reine-mère à se réfugier à West-
minster et, après un semblant de « vote » populaire, se fit personnel-
lement couronner roi, le 26 juin, sous le nom de Richard III. Ses jeu-
nes neveux, déclarés bâtards, furent implacablement assassinés. Cette
inutile usurpation fut la ruine de la dynastie yorkiste. Dans sa hâte
d’affermir son pouvoir. Richard s’efforça, par tous les moyens,
d’exterminer ses ennemis, n’hésitant même pas, pour y mieux parve-
nir, à décimer sa propre maison, jusqu’à faire le vide autour de lui et à
se priver de tout successeur possible : car, son propre fils étant mort
en 1484, la maison d’York ne fut plus représentée que par la fille
d’Édouard IV, Élisabeth, qu’il tenta sans succès d’épouser.
Richard III a laissé le souvenir d’un ambitieux insatiable et d’un
tyran féroce ; il y a peut-être quelque exagération dans ces jugements,
qui émanent tous d’écrivains au service des Tudors ; mais il faut bien
reconnaître que si, à l’exemple de son prédécesseur, il réussit à se fai-
re obéir assez aisément des villes et des régions commerçantes, il
ameuta contre lui, en quelques mois, tous les anciens partisans des
Lancastre et tous les anciens protégés d’Édouard IV. Il n’en vint à
bout que par la terreur.
D’une première révolte, en octobre 1483, il triompha en faisant
procéder à l’exécution de son chef, le comte de Buckingham. Mais un
adversaire plus sérieux le menaçait : Henri Tudor, comte de Rich-
mond. Petit-fils d’Owen Tudor, mis à mort en 1460, neveu de Gaspard
qui, le dernier, avait défendu Henri VI en 1471, il appartenait par son
père à la turbulente noblesse galloise ; par sa mère, Jeanne de Beau-
fort, il était le dernier représentant de la famille de Lancastre. Sans
doute ses droits étaient on ne peut plus vagues : il les tenait seulement
de son ascendance féminine et représentait, par surcroît, une branche
bâtarde ; mais telle était la faiblesse de la maison royale, la monarchie
était tombée si bas dans l’estime publique, que, réfugié en Bretagne
depuis 1471, Henri Tudor avait pu néanmoins faire acte de prétendant
à l’avènement de Richard III et grouper autour de lui de nombreux
partisans. Il passe alors p073 en France où le gouvernement de Charles
VIII lui fait bon accueil ; il est rejoint peu après par quelques chefs
lancastriens. Le 1er août 1485, il s’embarque à Harfleur, cingle vers
l’ouest, pénètre dans le pays de Galles où il est sûr de trouver de nom-

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

breux appuis, puis marche vers les Midlands à la rencontre de Ri-


chard, qui est battu et tué, le 22 août, à la bataille de Bosworth, près
de Leicester.
C’est la fin de la dynastie des York, car la seule survivante de la
famille est Élisabeth, la fille d’Édouard IV : le comte de Richmond
qui, au lendemain de sa victoire, a marché sur Londres et s’y est fait
proclamer roi sous le nom d’Henri VII, l’épouse aussitôt, et clôt ainsi
le conflit des deux familles si longtemps rivales sous le signe des deux
roses : la rose rouges des Lancastre et la rose blanche des York.

III. — Le début des Tudor 30


Le succès rapide d’Henri VII s’explique par le fait que, depuis
1460, il n’y avait plus, en réalité, de partis politiques en Angleterre ; la
lutte des barons contre les prérogatives royales avait pris fin à la mort
du duc Richard d’York, et seules les ambitions rivales de quelques
grands personnages expliquent la continuation de la guerre civile :
Édouard IV, Marguerite d’Anjou, Warwick, Clarence, Gloucester se
sont battus pour obtenir le pouvoir suprême ; leurs partisans se sont
rués à la curée des honneurs ; mais l’ensemble du pays est resté indif-
férent à la lutte. Il en a souffert cruellement ; le désordre, la criminali-
té y ont augmenté dans de terribles proportions. C’est ce qui explique
que, par lassitude, par besoin de calme et de paix, bourgeois, gentry,
paysans aient fini par se rallier chaque fois sans opposition aux vain-
queurs. Ils en sont venus à souhaiter un gouvernement fort, se sont
soumis de leur plein gré à l’autorité royale, sans chercher à la contrô-
ler.
Tel est du moins alors l’état d’esprit des populations dans p074 les
provinces du sud-est, les plus riches du royaume, les plus intéressées
par conséquent au rétablissement de l’ordre. Il en est un peu autrement
en Cornouaille, dans le pays de Galles et dans les provinces du nord,
où le particularisme des populations celtiques, la persistance du régi-
me féodal, l’exemple d’indépendance donné par les voisins écossais
constituent tout un ensemble de conditions moins favorables aux in-
terventions du pouvoir royal : les taxes imposées par Henri VII y vont

30
OUVRAGES À CONSULTER.

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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

être difficilement acceptées et les soulèvements ne seront pas rares,


sous la conduite d’aventuriers et d’imposteurs qui se prétendront les
héritiers de la maison d’York et dont les intrigues étrangères soutien-
dront les efforts. C’est Lord Lovell qui, en 1480, tente de faire triom-
pher les droits de Marguerite de Bourgogne, sœur d’Édouard IV ;
c’est le comte de Northumberland qui est assassiné par les paysans du
nord, excédés des impôts, et dont le soulèvement se prolonge de 1487
à 1489 ; c’est la Cornouaille qui, en 1490, refuse de payer les taxes
destinées à la guerre contre l’Écosse. La révolte de l’agitateur Lambert
Simmel en Irlande (1490) est encouragée par les menées bourgui-
gnonnes ; celle de Perkin Warbeck dans le même pays (1483-1497)
reçoit l’appui de Maximilien, des Rois catholiques et de l’Écosse.
Mais, grâce à la fidélité des populations agricoles et commerçantes,
Henri VII vient à bout de tous les complots. Lorsqu’il a enfin écrasé
Perkin en 1497, son pouvoir est affermi au point que l’ambassadeur
milanais peut écrire : « Je répète que l’état présent est stable, même
pour les descendants du roi, puisqu’il n’y a personne pour aspirer au
trône ; avec la concorde intérieure, ils n’ont rien à craindre. » Et, de
son côté, l’envoyé espagnol écrit à son gouvernement : « Henri est
riche ; il a établi bon ordre en Angleterre et tient le peuple dans une
sujétion dont on n’avait encore jamais vu d’exemple. »
Qui aurait pu en effet, combattre la monarchie ? Le baronnage a été
décimé au cours des luttes dynastiques. Tandis que sous les premiers
Lancastre, les lords étaient au nombre de soixante-dix environ, il n’y
en avait plus qu’une trentaine sous Richard III ; dix-huit seulement
assistent au premier Parlement d’Henri VII. Pour regarnir les rangs de
l’aristocratie, les Tudor appellent aux honneurs des conseillers fidèles,
des membres de la gentry, et se créent ainsi une sûre clientèle. Privée
de ses chefs, l’opposition parlementaire est réduite à néant. Quel
contraste entre le rôle éminent joué par le Parlement p075 dans rétablis-
sement de la maison de Lancastre, et son asservissement pendant la
guerre des Deux Roses ! Pas une fois il n’a essayé de dominer, encore
moins de conduire la lutte. Toujours acquis d’avance au vainqueur, il
a entériné successivement toutes les révolutions. Aussi, comment
s’étonner si pendant le XVe siècle, les « libertés », loin de progresser,
ont plutôt tendance à s’amoindrir ? L’élection des chevaliers des com-
tés est restreinte par le gouvernement qui fait nommer qui il veut ; le
Parlement est une machine complaisante qui approuve sans opposition

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

les décisions royales ; les condamnations les plus violentes, pendant la


guerre civile, ont été portées par des Parlements de partisans dociles,
plus cruels parfois que le souverain en personne. D’ailleurs Henri peut
se passer du Parlement, sa politique pacifique et son administration
ordonnée mettant à l’aise ses finances ; en vingt-quatre ans de règne,
il ne le réunira que sept fois en tout. Sans doute le gouvernement royal
est souvent gêné par l’irrégularité des impôts directs : ni Édouard ni
Henri VII n’ont su, comme les Valois, rendre la taille permanente ;
elle reste en Angleterre une taxe votée pour une courte période par les
députés, et son instabilité même la rend d’autant plus impopulaire que
les méthodes de répartition et de levée ne s’améliorent pas. Pourtant
Henri VII est riche : les rébellions, les guerres, les confiscations lui
sont d’habiles prétextes pour regarnir ses coffres ; comme ses prédé-
cesseurs, il a souvent recours aux emprunts forcés sur la noblesse qui
n’a plus une vigueur suffisante pour résister à ses exigences.
En même temps il rend au pays la prospérité. Son règne voit
l’apogée de l’agriculture anglaise, qui, libérée des entraves du vilaina-
ge, va devenir rapidement florissante. C’est seulement au siècle sui-
vant que la multiplication des enclosures pèsera lourdement sur elle.
Les villes atteignent un développement inconnu jusqu’alors ; il n’en
est pas de meilleure preuve que les lois somptuaires, constamment
votées par les Parlements, et bien entendu inopérantes. C’est qu’Henri
VII est un roi bourgeois ; il sait que les villes sont ses plus fermes sou-
tiens, et il les protège. Continuant l’œuvre d’Édouard IV, qui avait fait
la paix avec la Hanse, il signe des traités de commerce avec la plupart
des nations européennes. Il s’attache à développer dans son propre
royaume la marine marchande, pour affranchir l’Angleterre du com-
merce étranger : des statuts votés en 1485 et 1489 pour réglementer le
commerce des vins français, posent p076 le principe, que plus tard re-
prendra Cromwell, suivant lequel les marchandises anglaises doivent
naviguer sous pavillon anglais.
Enfin, pour gouverner, les Tudor disposent d’une machine admi-
nistrative, compliquée mais efficace, qu’ils ont héritée de leurs prédé-
cesseurs et qu’aucune révolution n’a pu ébranler. L’administration de
la justice est assurée d’une façon particulièrement remarquable. Avec
le XVe siècle, l’accroissement du volume des affaires a nécessité la
multiplication incessante des cours de justice ; les anciens tribunaux,
« assises » à jurys locaux pour les causes criminelles, « banc du roi »

— 85 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

et « banc commun » pour les causes civiles, Parlement même, sont


rapidement débordés. Aussi voit-on chaque département ministériel
— chancellerie, amirauté, connétablie — se doubler peu à peu d’une
cour de justice à juridiction limitée ; mais, en même temps, pour déci-
der des points de droit dans les cas difficiles, les juges des différentes
cours organisent des réunions communes dans la « chambre » de
l’Échiquier. En outre, le Conseil du roi évoque, pour en connaître di-
rectement lui-même, un nombre de plus en plus grand d’affaires et
distribue une justice arbitraire, mais rapide ; et comme la criminalité,
du fait des guerres civiles, s’est extraordinairement développée, Henri
n’hésite pas à multiplier les juridictions exceptionnelles. Des cours
martiales sont même établies dans les provinces, comme le pays de
Galles, où les désordres sévissent à l’état endémique ; enfin, au cœur
du royaume, le roi étend, à partir de 1478, la compétence d’un tribu-
nal, suprême, né quelque trente ans plus tôt, la « Chambre étoilée »
(Star Chamber) ; composée de membres de son Conseil et de quel-
ques juges de profession, cette « Chambre » est désormais saisie de
tous les crimes politiques, de toutes les offenses graves contre la
royauté : elle deviendra un instrument redoutable de « despotisme »
entre les mains d’un Henri VIII.
L’Angleterre au temps du premier Tudor est donc déjà, elle aussi,
comme la France telle que l’a faite Louis XI, un État centralisé qui ne
rappelle plus que de loin l’Angleterre féodale des Lancastre. La mo-
narchie n’a plus à compter avec ces terribles coalitions de barons qui
naguère la faisaient encore trébucher à chaque pas. Le seul point noir
à l’horizon, c’est qu’elle n’est même pas maîtresse encore de toute la
grande île britannique, car l’Écosse lui échappe et demeure menaçan-
te. p077

IV. — L’Écosse au XVe siècle 31


Sans doute l’Écosse reste au XVe siècle un pays de bien faible im-
portance : non seulement il tient peu de place sur la carte, mais sa tur-
bulente population de montagnards, encore rudes et primitifs, compte
peu dans le monde. Dans le haut pays du nord (Highlands), les petits
chefs de clans passent leur temps à se faire, la guerre ; le bas pays

31
OUVRAGES À CONSULTER.

— 86 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

(Lowlands) renferme quelques villes minuscules, quelques médiocres


ports de pêche et de commerce, qui abritent une population misérable,
exposée sans cesse au brigandage ou, près des côtes, aux pirateries des
corsaires. La fondation d’une Université à Saint-Andrews, en 1413,
marque tout juste et bien vaguement encore, le début d’une ère de dé-
veloppement intellectuel. Dans son ensemble, l’Écosse est presque
ingouvernable. Son roi n’a guère d’autorité que dans le bas pays ; plus
au nord, c’est l’anarchie ; et, sur la côte nord-ouest et dans les Hébri-
des, ceux qu’on appelle « les seigneurs des Iles » se sont taillé une
principauté à peu près indépendante.
Depuis le milieu du XIVe siècle, la couronne est aux mains d’une
maison féodale alliée par les femmes aux Bruce, les « sénéchaux »
héréditaires du royaume — les Stewarts (d’où le nom de Stuart qu’on
a donné à la dynastie). Ses premiers représentants, Robert II (1371-
1390) et Robert III (1390-1416), se sont montrés impuissants à dé-
jouer les intrigues des seigneurs ; et, Robert III mort, il s’en est fallu
de peu que la royauté ne sombrât : le fils du défunt, Jacques Ier, était
prisonnier des Anglais, et c’était à qui s’emparerait de la régence.
Mais en 1424, Jacques est rentré, et la monarchie survit en dépit des
tourmentes : en 1436, pour avoir voulu user d’un régime de terreur,
Jacques Ier est assassiné ; pendant la minorité de son fils Jacques II, les
seigneurs, encore une fois, s’entre-battent pour s’assurer la régence ;
en 1452, le roi doit se débarrasser par de nouveaux massacres de la
tutelle indiscrète des Douglas ; p078 son fils Jacques III, qui lui succède
en 1460, passe son règne à lutter contre ses vassaux, pour finir, lui
aussi, assassiné (1488) et laisser à son successeur, Jacques IV, les
mêmes difficultés. L’annexion des Orcades et des Shetlands en 1468,
par suite du mariage de Jacques III avec Marguerite de Norvège, est le
seul succès durable qu’on puisse inscrire durant le XVe siècle à l’actif
de la dynastie royale.
Mais les conditions lamentables de la vie politique écossaise
n’empêchent pas le pays d’être pour l’Angleterre un voisin dangereux.
Non seulement les bandes de partisans qui dévastent l’Écosse violent
sans cesse les frontières anglaises, mais, par leur position même, les
Écossais sont les alliés rêvés de tous les ennemis de la dynastie, quelle
qu’elle soit, qui règne à Londres. De la France d’abord, à qui, au
temps de la guerre de Cent Ans, ils ne manquent pas d’envoyer sou-
vent des troupes. La conduite brillante de leurs contingents au combat

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

de Baugé en 1421, leur attitude courageuse sur le champ de bataille de


Verneuil (1424), prouvent qu’ils prenaient leur rôle d’alliés à cœur.
En 1436, le mariage du dauphin Louis — le futur Louis XI — avec
Marguerite d’Écosse, fille du roi Jacques Ier, avait rendu plus intime
encore le rapprochement des deux États. Sous Jacques III, ce n’est
plus seulement avec la France, c’est avec les partis anglais
d’opposition que les Écossais nouent alliance, sans toujours d’ailleurs
se mettre bien d’accord entre eux : au roi, qui soutient les Lancastre,
les grands seigneurs, alliés à Édouard IV, imposent en 1463 la recon-
naissance de la maison d’York ; et, à partir de 1481, les rois anglais
doivent, presque sans arrêt, se défendre contre les intrigues de leurs
voisins en organisant eux-mêmes en Écosse toute une série
d’expéditions de police.
Longtemps ce pays restera, pour la riche Angleterre, un voisin à
surveiller de près. p079

Table des matières

Bibliographie du chapitre III


La monarchie anglaise au temps de la guerre des deux roses
et l’avènement d’Henri Tudor

OUVRAGES D’ENSEMBLE À CONSULTER. — Pour toute la période étudiée ici, la


Political history of England, publiée sous la direction de W. Hunt et R.-L.
Poole, fournit un commode résumé des faits d’ordre politique : consulter le t.
IV, par C.-W. Oman, The history of England from the accession of Richard II
to the death of Richard III, 1377-1485 (Londres, 1906 in-8°), et le t. V, par
H.-A.-L. Fisher, The history of England from the accession of Henry VII to the
death of Henry VIII, 1485-1547 (Londres, 1910, in-8°). Le livre de J.-H. Ram-
say, Lancaster and York (Oxford, 1895, 2 vol. in-8°), t. II, est souvent sujet à
caution. L’Histoire de l’Angleterre, de H. Prentout (Paris, 1920, in-12 ; 2e éd.
en 2 vol., 1926, t. I), donne un bref résumé. Pour l’histoire constitutionnelle,
W. Stubbs, Constitutional history of England (citée dans notre 1re partie, p.
124), édition française, avec des études complémentaires et une bibliographie
mise à jour, par Ch. Petit-Dutaillis et G. Lefebvre, t. III (1927).
Sur l’état social et économique, W. Denton, England in the fifteenth century
(Londres, 1888, in-8°) ; R.-B. Mowat, The wars of the Roses (Londres, 1914,
in-8°) ; V.-B. Redstone, The social conditions of England during the wars of
the Roses, dans les Transactions of the Royal historical society, nouv. série, t.

— 88 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

XIV (1902J, p. 159-200 ; W. Cunningham, Growth of English industry and


commerce (Cambridge, 1890-1892, 2 vol. in-8° ; 5e éd. 1910), t. I ; A.-S.
Green, Town life in the fifteenth century (Londres, 1894, 2 vol. in-8°) ; H.-D.
Traill, Social England (Londres, 1984-1897, 6 vol. in-8o ; 2e éd., 1901-1904),
t. II ; G. Schanz, Englische Handelspolitik gegen Ende des Mittelalters (Leip-
zig, 1881, 2 vol. in-8°) ; F. Schulz, Die Hanse und England von Eduards III
bis zur Heinrichs VIII Zeit (Berlin, 1911, in-8°, fasc. 5 des « Ahbandungen zur
Verkehrs- und Seegeschichte »).
Une source capitale pour l’histoire de cette période est la collection des
Paston Letters, documents relatifs à une famille de petite noblesse du Norfolk.
Elle a été éditée par J. Gairdner (Londres, 1872-1875, 3 vol. in-12 ; 3e éd.
augmentée, 1904, 6 vol. in-8o), dont, les préfaces constituent un guide très
précieux pour l’étude de toute l’Angleterre à cette époque.

I. Les débuts de la guerre civile (1450-1461)


OUVRAGES À CONSULTER. — Il n’existe pas de bonne biographie d’Henri VI. Le
Henry VI de M.-E. Christie (Londres, 1922, in-8o), est un livre de vulgarisa-
tion, écrit de seconde main ; quant à M.-A. Hookham, The life and times of
Margaret of Anjou (Londres, 1872, 2 vol. in-8°), c’est un ouvrage peu sûr. Les
meilleurs guides sont donc ceux qui ont été relevés à la note précédente. On
devra, pour tous les personnages de premier plan, consulter les notices du Dic-
tionary of national biography. — Sur le soulèvement de 1450, citons, entre
beaucoup d’autres, les études de G. Kriehn, The English rising of 1450 (Stras-
bourg, 1892, in-8°), de J. Gairdner, Jack Cade’s rebellion, dans la Fortnightly
review (1878), t. XIV, p. 422-455, et de H. Hall, An episode of mediaeval nihi-
lism, dans Antiquary, t. XII (1895), p. 57 61 et 118-121.
Sur les conditions sociales et économiques de la guerre des Deux Roses,
Outre les livres de Cunningham et Ashlev cités 1re partie, p. 233, voir T.-W.
Page, The end of villainage in England (New-York, 1900, in-8°, publication
de l’« American economic Association »), et W. Haward, Economic aspects of
the war of the Roses in East Anglia, dans l’English historical review, t. XLI
(1926), p. 170-189 ; R.-H. Tawney, The agrarian problem in the XVIth century
(Londres, 1912, in-8°), qui permet d’utiles comparaisons avec l’époque anté-
rieure ; F.-G. Davenport, The decay of villainage in East Anglia, dans les
Transactions of the Royal historical Society, nouv. série, t. XIV (1900), p.
123-141 ; H.-T. Evans, Wales and the wars of the Roses (Cambridge, 1915,
in-8°).
Sur l’Église, J. Gairdner, Lollardy and the Reformation in England (Lon-
dres, 1908-1913, 4 vol. in-8°), t. I ; l’édition du Repressor de Pecock par C.
Babington (Londres, I860, 2 vol. in-8°), l’introduction ; R. Graham, The En-
glish province of the order of Cluny in the fifteenth century, dans les Transac-
tions of the Royal historical Society, V série, t. VII (1924), p. 98-130, repro-
duit par l’auteur dans ses English ecclesiastical studies (Londres 1929, in-8o),
p. 62-90.

— 89 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

II. La dynastie des York (1461-1485)


OUVRAGES À CONSULTER. — Peu d’ouvrages sur l’ensemble de la période des
York, en dehors de ceux qui ont été signalés p. 60. Le règne d’Édouard IV a
été négligé par les historiens jusqu’à l’ouvrage récent de C.-L. Scofield, The
life and reign of Edward the fourth (Londres, 1923, 2 vol. in-8°). Sur War-
wick, la biographie classique de C. Oman, Warwick the kingmaker (Londres,
1891, in-8°), est complétée par celle de W. Bensemann, Richard Nevil, der
Königmacher, 1428-1471 (Strasbourg, 1898, in-8°). Pour l’histoire extérieure,
J. Calmette et G. Périnelle, Louis XI, et l’Angleterre (cité p. 37), très riche, par
surcroît, en détails nouveaux sur l’histoire intérieure du royaume anglais au
temps d’Édouard IV.
La meilleure étude sur le dernier roi de la dynastie est celle de J. Gairdner,
A history of the life and reign of Richard III (Londres, 1878, in-8° ; 3e éd.
Cambridge 1898). Les tentatives de réhabilitation par A.-O. Legge, The unpo-
pular king, Richard III (Londres, 1885, 2 vol. in-8°), et surtout par C.-B.
Markham, Richard III (Londres, 1906, in-8°), ne résistent pas à l’examen.

III. Le début des Tudor


OUVRAGES À CONSULTER. — Aux livres généraux indiqués p. 60, joindre la brève
biographie de J. Gairdner, Henry VII (Londres, 1889, in-8°), utilement com-
plétée par A.-F. Pollard, The reign of Henry VII from contemporary sources
(Londres, 1913-1914, 3 vol. in-8°), recueil de documents avec introduction
historique. Voir aussi W. Busch, England unter den Tudors (Stuttgart, 1892,
in-8o), t. I seul paru. Sur les institutions, J.-F. Baldwin, The king’s council in
England during the middle ages (Oxford, 1913, in-8°), et les articles réunis
dans les Tudors studies presented to A.-F. Pollard (Londres 1926, in-8°). Sur
l’état de l’Angleterre en 1492, voir le t. VIII de la présente Histoire, par H.
Hauser et A. Renaudet, p. 16-20.

IV. L’Écosse au XVe siècle


OUVRAGES À CONSULTER. — Le petit manuel de R.-S. Rait, History of Scotland
(Glasgow, 1924, in-8°), ne remplace pas les ouvrages classiques de P.-H.
Brown, History of Scotland (Cambridge, 1899-1903, 3 vol. in-8°), t. I, et de
A. Lang, A history of Scotland (Edimbourg, 1900-1907, 4 vol. in-8°), t. I ; voir
aussi V. Teulet, Relations politiques de la France avec l’Écosse (Bordeaux et
Paris, 1862, 5 vol. in-8o), et, pour l’histoire économique et sociale, les trop ra-
pides indications données par J. Mackinnon, The social and industrial history
of Scotland from the earliest times to the Union (Londres, 1920, in-8o).

— 90 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Table des matières

Chapitre IV

Les royaumes espagnols à l’avènement


des Rois Catholiques 32

Dans la péninsule ibérique, les changements, s’ils sont moins pro-


fonds peut-être, sont plus apparents que dans les deux grands royau-
mes de France et d’Angleterre. Il est alors beaucoup trop tôt pour par-
ler d’une véritable unification de l’Espagne ; il y a, il y aura long-
temps encore des Espagnes. Mais si ces Espagnes restent assez féoda-
les d’allure, si elles ont peine à triompher de l’anarchie qui les ronge,
il n’en est pas moins vrai qu’elles tendent de plus en plus à se rappro-
cher, et c’est pendant la seconde moitié du XVe siècle que va se réali-
ser l’union personnelle des deux couronnes d’Aragon et de Castille,
prélude d’une union durable d’où sortira la grande Espagne unifiée
des temps modernes.

I. — Jean II d’Aragon et la révolution catalane


(1461-1472) 33
Au milieu du XVe siècle, Castille et Aragon sont encore face, à fa-
ce, et tous deux sont en proie à la guerre civile, l’Aragon surtout. Le
roi Alphonse V le Magnanime, qui meurt en 1458, p080 laisse après lui
un lourd héritage. À l’Aragon, il a réuni, outre la Sicile et la Sardai-
gne, le royaume de Naples facilement conquis sur les derniers Ange-
vins ; l’Orient même, nous le verrons 34 , a tenté son ambition, comme
celle de tous ses prédécesseurs sur le trône sicilien ; mais, à ses rêves

32
OUVRAGES D’ENSEMBLE À CONSULTER.
33
OUVRAGES À CONSULTER.
34
Voir ci-dessous, p. 95.

— 91 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

de grandeur, il a trop souvent sacrifié les intérêts espagnols, dont, de-


puis nombre d’années, il a abandonné le soin à son frère Jean, son
successeur désigné : car il n’a point d’enfants. Or Jean, à qui la cou-
ronne est dévolue en l’année 1458, où il devient le roi Jean II, est un
prince tenace, mais maladroit et détesté : fourbe, mesquin, avare, sen-
suel, ses défauts lui aliènent ses sujets. Bien avant son avènement, il
s’est brouillé à mort avec son fils Charles, prince de Viane, qu’il a eu
de sa première femme, la reine Blanche de Navarre, en se refusant, au
décès de celle-ci (1441), à lui laisser prendre possession du trône na-
varrais, quoique le prince de Viane en soit l’héritier normal. Il l’a tra-
qué, emprisonné, forcé à fuir l’Espagne, déshérité ; en 1457, il a obte-
nu des Cortès de Navarre une proclamation de déchéance et, depuis sa
propre accession au trône d’Aragon, il s’obstine à lui dénier toute au-
torité à l’intérieur de l’un ou l’autre des deux royaumes. Obstination
grave, qui va déchaîner la tempête.
La tradition voulait en effet qu’en Catalogne et dans ses annexes
de Cerdagne, de Roussillon et des Baléares, la royauté aragonaise dé-
léguât ses pouvoirs à un lieutenant-général qui, de droit, était le fils
aîné (primogenit) du souverain. Charles ayant débarqué à Barcelone
en mars 1460 pour revendiquer la lieutenance et y ayant reçu un ac-
cueil enthousiaste, Jean II ne tarde pas à le faire arrêter (décembre), et
voilà aussitôt la Catalogne en feu. La province était dotée d’une semi-
autonomie : elle avait ses Cortès particulières, réunies obligatoirement
tous les trois ans au moins, et dans le sein desquelles se recrutait par
voie d’élection une commission exécutive permanente, la « Députa-
tion » ou conseil général (on disait, pour faire court, le « Général »),
chargé de prendre toutes les mesures urgentes nécessaires au maintien
des franchises et de l’ordre public. À la nouvelle de l’arrestation de
Charles, le « Général » ordonne la mobilisation de l’armée et de la
flotte, organise la résistance ; il oblige ainsi le roi à remettre son fils
en liberté (21 juin 1461). Celui-ci, bien entendu, en profite pour se
chercher des alliés : il négocie avec le roi de Castille p081 Henri IV,
avec le dauphin Louis, autre fils rebelle, quand la mort vient prématu-
rément le surprendre (23 septembre 1461).
La disparition du prince de Viane déplace le problème sans le sup-
primer, car les Catalans se retrouvent dressés contre le roi d’Aragon
derrière son second fils Ferdinand, l’enfant de sa seconde femme,
Jeanne Enriquez ; et bientôt Jean II n’a d’autre ressource que

— 92 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

d’écouter les offres du nouveau roi de France Louis XI, qui, après
avoir, comme dauphin, soutenu l’infant Charles, après avoir, même
depuis son avènement, aidé en sous-main les Catalans révoltés,
n’hésite pas maintenant à proposer contre eux son alliance au souve-
rain malheureux. Au début de mai 1462, il a avec lui une entrevue à
Sauveterre, aux frontières de la Navarre et du Béarn ; le 9, leur allian-
ce est scellée à Bayonne, et comme l’Aragonais se trouve sans res-
sources, il engage à son partenaire, en échange d’une armée de se-
cours, ses deux provinces de Roussillon et de Cerdagne. Aussitôt dé-
noncé comme une trahison, ce pacte qui aboutit, sans le consentement
des Cortès, à l’aliénation de deux des plus riches dépendances de la
Catalogne, amène dans ce pays un redoublement de fureur. Le 11 juin,
le « Général » prononce la déposition du roi indigne ; eu égard sans
doute à son âge (Jean avait soixante-cinq ans et était presque aveugle),
il se contente de le faire étroitement surveiller dans Urgel, tandis que
sa femme et son fils sont assiégés dans Gérone. Il faut l’arrivée des
troupes françaises, que commande le comte Gaston IV de Foix, pour
forcer les rebelles à lâcher prise ; mais, après avoir inutilement bloqué
Barcelone pendant un mois, les Français, décimés par la maladie, doi-
vent en octobre se replier sur Saragosse, puis sur la Cerdagne et le
Roussillon. S’ils se dédommagent en procédant sans délai à
l’occupation des deux provinces et en proclamant, dès le 2 mars 1463,
leur réunion à la couronne de France, ils laissent Jean II, sans défense,
à la merci des insurgés.
Celui-ci paraît perdu, car les événements qui viennent de se dérou-
ler n’ont pas donné aux Catalans la moindre envie de revenir sur la
décision qu’ils ont prise au mois de juin précédent de se soustraire à
son obédience. Ils songent un moment à se donner au roi de Castille
Henri IV, qui revendiquait à la fois leur province et le royaume navar-
rais ; mais ces prétentions sont écartées par le roi de France, qu’elles
gênent, et qui, s’imposant comme arbitre, se borne, par sentence du 23
avril, 1463, à attribuer au Castillan le petit canton d’Estella, en Navar-
re. p092 Puis, par une nouvelle volte-face, Louis XI s’offre aussitôt lui-
même comme protecteur aux Catalans, faisant, valoir qu’entre eux « il
n’y a pas de montagnes » ; mais cette offre indiscrète est immédiate-
ment écartée, et c’est à un candidat moins dangereux, le connétable de
Portugal, Pierre, que les rebelles décident de se confier : petit-fils par
son père du roi Jean Ier de Portugal et par sa mère du comte Jacques

— 93 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

d’Urgel, le candidat évincé lors du compromis de Caspe, en 1412,


Pierre, a des droits à produire sur la couronne d’Aragon, et il prend
effectivement le titre de roi à dater d’octobre 1463. En janvier suivant,
il fait son entrée dans Barcelone. Contre lui, Jean II doit continuer la
lutte, et, comme son nouvel adversaire est totalement dépourvu
d’énergie, cette lutte tourne souvent à son avantage : il envahit la pro-
vince d’Urgel, entre dans Lérida en juillet 1466, et a même réussi à
gagner à sa cause une partie de l’entourage du Portugais, quand celui-
ci meurt soudain, en avril 1468.
Si les insurgés ne désarment pas, ils commencent visiblement à
faiblir. Ils ne dédaignent plus l’appui de la France ; ils offrent la cou-
ronne à René d’Anjou, lequel, non content de faire valoir sans succès
ses droits sur le royaume de Naples, accepte ce second trône, qui,
comme l’autre, reste à conquérir à la pointe de l’épée ; et, songeant
déjà à s’approprier l’héritage angevin, Louis XI assure de son
concours le nouveau candidat. Au début de 1467, celui-ci délègue à
Barcelone son fils Jean de Calabre en qualité de lieutenant-général ;
mais il est trop tard ; le vent a tourné, et le vieux roi d’Aragon est en-
fin presque maître de la situation. Une flotte, qu’il a recrutée à Valen-
ce, Barcelone sous un blocus rigoureux ; Jean de Calabre échoue tient
devant Gérone. En vain fait-il appel au roi de France et au comte de
Foix : les faibles contingents qu’on lui envoie ne lui permettent pas
d’éviter les désastres. D’ailleurs Louis XI, fort occupé par la Bourgo-
gne et la Bretagne, n’a plus le loisir de songer aux annexions lointai-
nes. Le fils du roi René, abandonné à ses propres moyens, s’en va le-
ver des troupes en Provence ; mais quand il revient, le 16 décembre
1470, il est terrassé par une mort subite.
L’Aragonais n’a plus dès lors qu’à porter le coup de grâce à
l’insurrection. Il a minutieusement préparé son offensive : dès avril
1470, aux Cortès d’Aragon, il a justifié sa politique et réclamé la
soumission des rebelles ; de l’Italie, inquiète des manœuvres angevi-
nes, il a reçu des promesses de secours ; p083 en novembre 1471, il
conclut une alliance offensive avec le roi de Naples et le duc de Bour-
gogne. Pendant l’hiver qui suit, il fait tomber une à une les places de
Catalogne ; le 12 octobre 1472, Barcelone, épuisée par un long siège,
capitule et, le 17, le roi y fait son entrée solennelle. Après dix ans
d’une lutte sans merci, il a la sagesse d’oublier ses haines, et par une
politique de large amnistie arrive à restaurer l’ordre et la paix.

— 94 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

À cette date de 1472, la situation est donc enfin rétablie, et sans


trop de dommages, dans le royaume d’Aragon. La Catalogne, qui
semblait à la veille de s’en détacher, est revenue à de meilleurs senti-
ments, et la seule perte sérieuse qu’elle ait subie est celle de la Cerda-
gne et du Roussillon que le roi de France se refuse énergiquement à
évacuer. Les troupes de Jean II y rentreront un moment, au début de
1473, mais sans pouvoir ensuite tenir tête à un retour offensif des
Français. Perte douloureuse, heureusement déjà compensée, et au-
delà, par les belles perspectives que, du côté de la Castille, une habile
diplomatie ouvre dès maintenant aux ambitions aragonaises.

II. — Le mariage de Ferdinand d’Aragon et


d’Isabelle de Castille 35
Depuis près d’un siècle qu’il était aux mains de la dynastie de
Trastamare, le royaume de Castille n’avait joué qu’un rôle effacé dans
la politique européenne. Ses souverains, montés sur le trône à la suite
d’une révolution, n’étaient arrivés ni à p084 s’y maintenir solidement ni
à y gagner le moindre prestige. L’aristocratie, groupée en clans ri-
vaux, tenait en tutelle cette lignée de rois, dont la faiblesse et
l’inaction semblaient héréditaires. L’incapable Henri III, mort le 21
juillet 1454, avait transmis à son fils Henri IV, avec un pays déchiré
par les factions, un caractère faible et versatile. Sensuel et volage.
Henri IV s’était laissé dominer par des favorites, tandis que la reine
Jeanne, fille d’Alphonse V de Portugal, le payait de retour par des in-
fidélités qui avaient bientôt été la fable de l’Europe. La noblesse, met-
tant à profit ces querelles de ménage, s’était divisée en deux camps :
les uns, l’archevêque de Séville en tête, soutenaient le roi ; les autres,
sous la conduite du marquis de Villena, avaient pris le parti de la rei-
ne. Aussi, après quelques années, qui n’avaient pas été sans éclat, où
Henri avait pu renouveler l’alliance traditionnelle avec la France, faire
épouser à son ancien rival Jean d’Aragon une princesse castillane,
Jeanne Enriquez, et où il avait par surcroît signé une paix avantageuse
avec Alphonse le Magnanime, la Castille avait-elle traversé une nou-
velle période de troubles, que le roi d’Aragon Jean II s’était, naturel-

35
OUVRAGES À CONSULTER.

— 95 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

lement, empressé d’entretenir avec soin quand il ne les provoquait pas


lui-même en sous-main.
Ce qui avait aggravé encore la situation, c’est qu’Henri IV — Hen-
ri IV l’Impuissant, comme on l’avait surnommé par dérision — à près
de quarante ans (il était né en janvier 1425), n’avait pas d’enfants et
que d’avance sa succession déchaînait les convoitises. Or, en 1462, la
reine Jeanne avait donné le jour à une fille, elle-même prénommée
Jeanne, dont la rumeur publique avait aussitôt, non sans de bonnes
raisons, attribué la paternité à un certain Beltran de la Cueva, le grand-
maître de l’ordre de Saint-Jacques. Flétrie sous le nom de « la Beltra-
neja » (la fille de Beltran), Jeanne avait été déclarée indigne du trône
par les plus chauds défenseurs de la reine qui, désireux avant tout de
pêcher en eau trouble, avaient préféré imposer comme prince héritier
le propre frère du roi, l’infant Alphonse (janvier 1465), puis, se révol-
tant ouvertement, le proclamer lui-même roi, sans plus attendre, à la
place du souverain légitime (5 juin 1465) — tandis qu’Henri IV, le
mari trompé, s’obstinait, au contraire, par un étrange renversement des
rôles, à vouloir faire de la Beltraneja l’héritière de son nom et de son
trône.
Par bonheur pour Henri IV, l’infant Alphonse était mort p085 inopi-
nément en juillet 1468 ; mais, à la candidature de la Beltraneja, les
nobles castillans révoltés avaient aussitôt opposé celle de l’infante
Isabelle, sœur du roi, alors dans sa dix-neuvième année, et dont le
vieux roi d’Aragon, qui avait déjà une combinaison toute prête, sou-
haitait fort le succès. Ne rêvait-il pas, en effet, saisissant au bond la
merveilleuse occasion qui s’offrait à lui, de mettre la main sur la Cas-
tille en faisant épouser à son fils Ferdinand la jeune princesse, son aî-
née d’un an à peine, qui devait, en cas de succès, recueillir l’héritage
castillan ?
Alors les événements se précipitent : l’Aragonais n’a pas de peine
à fomenter à la cour d’Henri IV une révolte en faveur d’Isabelle ; le
19 septembre 1468, le roi de Castille est contraint de prononcer la dé-
chéance de la Beltraneja ; moins de six mois après, les fiançailles de
l’héritier du trône d’Aragon avec Isabelle, reconnue héritière du trône
de Castille, sont officiellement notifiées ; le 17 octobre 1469, en dépit
des manœuvres de Louis XI, surpris, mais un peu tard, par ce dange-
reux rapprochement, le mariage des deux jeunes gens est célébré en

— 96 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

grande pompe. Dépité, furieux, le roi de France songe encore à rache-


ter son échec en faisant annuler par Henri IV ses décisions antérieu-
res : il finit, à force d’insistance, par l’amener en effet à déshériter
Isabelle, à reconnaître derechef la Beltraneja pour son héritière, et —
malice suprême — à lui fiancer son propre frère, le duc Charles de
Guyenne (26 octobre 1470). Peine perdue : le pays est pour Isabelle,
et la mort du duc de Guyenne, en mai 1472 vient, au surplus, détruire
les derniers espoirs français. L’année suivante, Henri IV se réconcilie
avec sa sœur, et, quand il meurt, le 11 décembre 1474, Isabelle et Fer-
dinand, les deux « rois catholiques », sont reconnus conjointement en
Castille.

III. — Les débuts de Ferdinand et d’Isabelle en Castille


et en Aragon (1474-1492) 36
Ce n’était pas impunément toutefois que depuis tant d’années le
pays avait vécu dans l’anarchie. En 1474, quand Isabelle p086 succéda
à son frère, elle trouva un royaume encore tout meurtri par les luttes
dont elle était finalement la bénéficiaire, et il allait falloir toute son
énergie, qui était grande, et celle de son mari, qui ne l’était pas moins,
pour rétablir l’ordre et pacifier les esprits.
Ceci n’alla pas sans heurts, même entre les deux époux. Impatient
de commander, Ferdinand réclamait pour lui-même la couronne, fai-
sant valoir qu’il était, en ligne masculine, le plus direct descendant des
Trastamare, puisque le compromis de Caspe, en 1412, avait eu pour
résultat d’amener un Trastamare de la branche cadette sur le trône
d’Aragon. Mais les partisans d’Isabelle, tenant pour conforme aux
coutumes du pays la succession en ligne féminine, se refusèrent à voir
en Ferdinand autre chose que le mari et le conseiller de celle qui était
à leurs yeux leur seul souverain légitime, et ce fut leur thèse qui
triompha.
Il fallut compter aussi avec les partisans attardés de la Beltraneja,
auxquels vinrent se joindre les mécontents de toute espèce : ceux
qu’irritait la politique autoritaire de la reine et surtout les ambitieux
déçus, comme le marquis de Villena, qui eût souhaité être nommé

36
OUVRAGES À CONSULTER.

— 97 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

grand-maître de l’ordre de Saint-Jacques, ou comme l’archevêque de


Tolède, Alphonse de Acuna Carrillo, jaloux de l’influence de son rival
le cardinal Gonzalez de Mendoza. Ces agitateurs incorrigibles firent
appel au roi de Portugal Alphonse V, qui, au mois de mai 1475, entrait
en Castille, épousait la Beltraneja et usurpait le trône. Décontenancés
par cette attaque soudaine, les Rois Catholiques ne purent empêcher
Alphonse de s’emparer de Zamora, de Toro et de quelques autres pla-
ces, au nord-ouest de la Castille ; ils ne purent davantage arrêter une
armée française, que Louis XI, trop heureux de venger son échec dans
l’affaire du mariage d’Isabelle, envoyait dans le Guipuzcoa au secours
du Portugais. Mais, le premier moment de surprise passé, Ferdinand et
Isabelle retrouvèrent leur sang-froid. Parcourant les provinces pour
réchauffer le zèle de leurs partisans, recrutant des renforts en Aragon,
obtenant des Cortès, réunies à Medina del Campo, p087 la levée
d’importants subsides, ils eurent tôt fait d’organiser là défense. Une
bataille livrée sous les murs de Toro le 1er mars 1476 tourna à leur
avantage. Alphonse V, découragé, se replia sur le Portugal, tandis que
les troupes françaises repassaient les Pyrénées. Au début de 1477, tou-
tes les places castillanes étaient reconquises. Le 9 octobre 1478,
Louis XI abandonnait son allié et signait à Saint-Jean-de-Luz une paix
avec Ferdinand : il obtenait des Rois Catholiques l’abandon de
l’alliance qu’ils avaient entre temps conclue avec Maximilien
d’Autriche et réservait formellement ses droits sur le Roussillon et la
Cerdagne. L’année suivante, Alphonse V de Portugal, obligé de faire
face à une révolte de son fils Jean, devait traiter à son tour : par
l’accord d’Alcoçobes, signé en août, il renonçait à toute prétention sur
la Castille ; peu après la Beltraneja prenait le voile dans un couvent de
Coïmbre et disparaissait de la scène politique.
Cependant Ferdinand et Isabelle mataient la noblesse et, comme
les dynasties de France et d’Angleterre, s’employaient à substituer
l’autorité monarchique à l’anarchie féodale qui avait failli entraîner la
Castille à sa ruine. Dans toutes les provinces, c’était à qui, parmi les
nobles, aurait châteaux, villes, honneurs ; au moment le plus critique,
lorsqu’en 1476 le roi allait, devant Toro, livrer bataille à son rival por-
tugais, des émeutes avaient éclaté à Ségovie ; la charge de grand-
maître de Saint-Jacques, qui assurait à son détenteur des revenus
considérables et faisait de lui le premier personnage de l’État après le
roi, était entre seigneurs l’objet de compétitions sans fin. Au décès du

— 98 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

grand-maître Rodrigue Manrique, en novembre 1476, la reine n’hésite


pas à suspendre l’élection de son successeur et à accorder d’autorité
l’investiture à l’homme de son choix, Alphonse de Cardenas, tout en
restreignant les privilèges attachés à l’office. Dans les provinces, elle
et son mari ont recours pareillement à la manière forte ; ils mènent
une guerre sans merci contre les hobereaux rebelles et font tomber un
à un leurs châteaux. En Galice, où se sont réfugiés les derniers parti-
sans de la Beltraneja, et qui reste un foyer d’intrigues, les Rois Catho-
liques installent en 1478 un tribunal d’exception, qui fonctionne sans
relâche pour rétablir l’ordre ; des assemblées locales de délégués des
villes sont réunies en 1480, qui sont chargées de veiller à la reddition
des forteresses rebelles et, six ans plus tard, il suffit de la venue dans
le pays des deux souverains pour triompher des dernières résistances.
p088

En même temps, la Castille et l’Aragon cessent d’être ennemis et


même d’être étrangers l’un à l’autre : le 19 janvier 1479, la mort du
roi Jean II fait sans difficulté entrer Ferdinand en possession du trône
aragonais, que son père a réussi à consolider après avoir triomphé de
la révolution catalane ; et le vaste ensemble des territoires soumis à
son influence se complète encore d’un troisième royaume, celui de
Navarre, qu’on peut considérer comme une manière de protectorat
castillan ou aragonais.
Depuis un demi-siècle, en effet, que le sort de la Navarre était lié à
celui de l’Aragon, les deux pays avaient fini par ne plus pouvoir aisé-
ment être dissociés. Sans doute Jean II ne s’y était installé que comme
mari de la reine Blanche, sa première femme, décédée en 1441 ; il ne
s’y était maintenu dans la suite que par la violence et au mépris des
droits des trois enfants nés de cette union : Charles de Viane, une fille
prénommée Blanche comme sa mère et une seconde fille, Léonore,
mariée au comte de Foix Gaston IV ; mais, reconnue finalement héri-
tière de la couronne, Léonore avait, dans les dernières années de la vie
de son père, participé à l’administration du pays et y avait fait souche
royale. De son mari Gaston de Foix, mort en 1472, elle avait eu un
fils, Gaston, à qui le roi de France Louis XI avait cru habile d’unir sa
sœur Madeleine ; mais le jeune homme avait devancé ses parents dans
la tombe. Du moins avait-il laissé un fils, François-Phœbus, au nom
duquel Léonore d’abord, puis — celle-ci étant morte dès le 12 février

— 99 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

1479, trois semaines après son père Jean II — Madeleine de France


avaient exercé le pouvoir dans le royaume navarrais.
Avec cette dernière, on aurait pu croire que, selon le calcul évi-
demment fait par Louis XI, l’influence française allait l’emporter ; et
il en eût été ainsi sans doute si le roi Ferdinand n’eût veillé. Déjà,
avant la mort de son père, il était, à plusieurs reprises, et notamment
en 1476, intervenu activement dans les affaires du pays à l’occasion
des luttes entre partisans et adversaires de Léonore et de sa descen-
dance ; il avait même, sous couleur d’arbitrer leurs différends, envoyé
des troupes castillanes y occuper quelques châteaux : il n’eut garde,
dans la suite, de relâcher sa surveillance. Il sut imposer ses protégés
au petit roi François-Phœbus, un enfant de onze ans à peine, et le tenir
en étroite tutelle ; puis, François-Phœbus étant mort soudain en 1483,
il sut déjouer une fois encore les manœuvres p089 des Beaujeu, qui, fi-
dèles à la politique de Louis XI, s’étaient hâtés de fournir comme
époux à Catherine, sœur et héritière du défunt, un seigneur gascon, le
vicomte de Tartas Jean d’Albret, fils du sire d’Albret Alain le Grand,
d’une vieille famille depuis longtemps dévouée à la cause française :
mettant à profit, dès 1485, de nouvelles compétitions à l’intérieur du
royaume, Ferdinand le fit occuper militairement, et n’attendit plus dès
lors qu’une occasion favorable pour en briguer personnellement la
couronne et en proclamer l’annexion. Ce sera chose faite en 1512.

IV. — La prise de Grenade 37


Si le Portugal continue, à la fin du XVe siècle, à vivre d’une vie sé-
parée, il n’en est plus de même de la dernière bande de territoire enco-
re occupée vers 1450 par les musulmans dans le sud-est de la péninsu-
le, autour de Grenade. La reprise de cette province sur les Infidèles —
dernier acte, longtemps différé, de la reconquista — devait non seu-
lement justifier le surnom glorieux de « rois catholiques » donné à
Ferdinand et à Isabelle, mais sceller d’une façon solennelle l’union
des royaumes espagnols.
À vrai dire, le royaume de Grenade n’avait pu se maintenir aussi
tard qu’à la faveur de la faiblesse des Castillans. Depuis bien des an-

37
OUVRAGES À CONSULTER.

— 100 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

nées, il payait tribut à Madrid ; son indépendance, souvent menacée,


avait toujours été sauvée par les embarras où étaient plongés ses voi-
sins ; mais de perpétuels incidents de frontière entretenaient un état
d’hostilité latente qui devait tôt ou tard aboutir à une rupture définiti-
ve. En 1478 encore, l’émir de Grenade, Moulaï Abou’l-Hasân, de-
mandait et obtenait de Ferdinand, alors fort occupé avec le Portugal,
une trêve de trois ans, moyennant le paiement du tribut traditionnel. À
l’expiration de la trêve, au mois de décembre 1481, les musulmans
entraient en campagne et emportaient d’assaut la petite place frontière
de Zahara, dans la haute vallée du Guadalete ; p090 Ferdinand, qui se
proposait alors de rentrer en Aragon, décida de prendre sa revanche et
passa l’hiver à faire ses préparatifs. Il semble bien que, dès ce mo-
ment, il ait résolu d’en finir avec l’indépendance de Grenade et de
mener la lutte jusqu’à soumission totale.
La conquête n’offrait pas grandes difficultés. Le royaume musul-
man, affaibli par deux siècles de contact avec ses voisins chrétiens,
était en pleine décadence ; les révoltes y étaient constantes, et l’émir
devait tenir tête sans cesse à de nouveaux prétendants. En 1482, les
habitants de Grenade rejetèrent l’autorité d’Abou’l-Hasân et acclamè-
rent à sa place un de ses fils, Abou Abdallah Mohammed, le « Boab-
dil » des historiens espagnols 38 ; puis, Abou Abdallah ayant été fait
prisonnier l’année suivante par les Castillans et n’ayant obtenu sa libé-
ration que contre une alliance avec les Rois Catholiques, ils lui préfé-
rèrent un autre de ses frères, Zagal, dont l’autorité fut bientôt recon-
nue dans une grande partie du royaume. Venir à bout d’un État aussi
divisé, aussi peu fidèle à ses émirs, semblait un jeu. Mais pendant des
années Ferdinand et Isabelle reculèrent devant l’effort décisif. Fidèles
aux vieilles pratiques médiévales, ils se contentèrent jusqu’en 1485
d’entreprendre, chaque printemps, de brèves campagnes en territoire
musulman pour y enlever quelques places fortes et y installer de fai-
bles garnisons, que les contre-attaques ennemies balayaient ensuite
sans peine. C’est seulement en 1486 qu’ils se résolurent à des opéra-
tions de plus large envergure. Ferdinand porta tout son effort sur la
région de Malaga, où il entra en août. Peu après, l’un des deux chefs
musulmans, Zagal, faisait sa soumission. Il ne restait plus qu’à
s’emparer de Grenade, où Abou Abdallah s’était réfugié. Une premiè-

38
Par suite de la corruption d’Abou Abdallah en Aboabdillah.

— 101 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

re tentative, en 1490, dut être abandonnée, à la suite de soulèvements


qui éclatèrent dans les territoires précédemment conquis. Le siège ne
fut entrepris qu’en avril 1491. Désormais Ferdinand et Isabelle, qui
était venue le rejoindre, étaient bien décidés à ne plus lâcher prise et à
rester sous les murs de la cité jusqu’à la reddition. Pendant que le blo-
cus s’organisait, une ville nouvelle était construite pour loger l’armée
assiégeante ; on lui donna le nom symbolique de Santa Fe, « la sainte
Foi ». En même temps, le roi négociait avec les chefs musulmans pour
les amener à se soumettre. Voyant tout espoir perdu, Abou Abdallah
capitula le 25 novembre. p091
Du coup, l’ancien royaume de Grenade passa sous l’autorité des
Rois Catholiques, qui ne se contentèrent pas de promettre aux habi-
tants le respect de leur vie, mais s’engagèrent à maintenir leurs cou-
tumes, leurs institutions, leur langue et leur religion. Seuls, la présence
d’un gouverneur chrétien et le paiement d’un lourd tribut annuel de-
vaient leur rappeler la perte de leur indépendance. Mais, en fait, la ci-
vilisation musulmane d’Espagne avait vécu : les vainqueurs, malgré
les promesses de Ferdinand, ne pouvaient respecter des institutions
qu’ils haïssaient. En peu d’années, ils allaient procéder, de gré ou de
force, à la christianisation de la province de Grenade, et compléter
ainsi, sur un point essentiel, l’œuvre de rapprochement de ces Espa-
gnes, qui déjà tendaient, en dépit de la diversité des langues et des ins-
titutions, à n’être plus, grâce à eux, qu’un seul et même État. p092

Table des matières

Bibliographie du chapitre IV
Les royaumes espagnols à l’avènement des Rois Catholiques

OUVRAGES D’ENSEMBLE À CONSULTER. — Outre les histoires générales d’Espagne


citées p. 156 de notre 1re Partie, spécialement le t. III de la Historia de España
d’A. Ballesteros, le t. II de R. Altamira et le t. II de Merriman, on consultera
V. Balaguer, Los Reyes Catolicos (Madrid, 1892, 2 vol.in-4°), dans la Historia
general de España, publ. par la « Real Academia de la historia » ; cette collec-
tion offre malheureusement une lacune pour la période 1406-1479.

— 102 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

I. Jean II d’Aragon et la révolution catalane (1461-1472)


OUVRAGES À CONSULTER. — Le règne de Jean II et l’intervention française en
Aragon ont fait l’objet des travaux de Joseph Calmotte, Louis XI, Jean II et la
révolution catalane, cité p. 49 ; G. Desdevises du Dezert, Don Carlos
d’Aragon, prince de Viane. Étude sur l’Espagne du nord au XVe siècle (Paris,
1889, in-8°), œuvre solide, à laquelle ajoutent peu F. Ruano Prieto, Don Juan
II de Aragón y el principe de Viana (Bilbao, 1897, in-8°), et F. Almarche-
Vasquez, Don Carlos de Viana (Barcelone, 1907, in-8°) ; F. Pasquier, La do-
mination française en Cerdagne, et, du même, Boffille de Juge, cités p. 49 ; H.
Courteault, Gaston IV, comte de Foix, cité p. 37.

II. Le mariage de Ferdinand d’Aragon et d’Isabelle de Castille


OUVRAGES À CONSULTER. — Sur Henri IV, de bonnes vues d’ensemble, quoique
un peu succinctes, ont été présentées en divers articles par J. Palanco Ramero,
sous le titre de La monarquia castettana en tiempo de Enrique IV, dans la Ri-
vista del centra de estudios historicos de Granada, t. II (1912), p. 195-222 et
295-306 ; La nobleza en tiempo de Enrique IV, au t. III (1913), p. 33-53 ; Es-
tudios del reinado de Enrique IV, au même volume, p. 97-104, 206-216, et t.
IV (1914), p. 44-56. Sur Beltran de la Cueva, A. Rodriguez Villa, Bosquejo
histórico de D. Beltran de la Cueva, tercer duque de Albuquerque (Madrid,
1881, in-8°). Sur l’union avec l’Aragon, on consultera J.-B. Sitges, Enrique IV
y la excelente señora llamada vulgarmente Doña Juana la Beltraneja (Ma-
drid, 1912, in-8°) ; G. Daumet, Étude sur l’alliance de la France et de la Cas-
tille au XIVe et au XVe siècle, cité p. 49 ; J. Calmette, Le projet de mariage
bourguignon-napolilain en 1474, dans la Bibliothèque de l’École des Chartes,
t. LXXII (1911), p. 459-472 ; du même, L’origine bourguignonne de
l’alliance austro-espagnole, dans le Bulletin de la Société des amis de
l’Université de Dijon, ann. 1904-1905 ; E. Dürr, Karl der Kühne und der Urs-
prung des habsburgisch-spanischen Imperiums, dans la Historische Zeits-
chrift, t. CXIII (1914), p. 22-55 ; du même, Ludwig XI, die aragonesisch-
castilianische Heirat und Karl der Kühne, dans les Mitteilungen des Instituts
für österreichische Geschichtsforschung, t. XXXV (1914), p. 297-332. — Sur
la question de Navarre, voir P. Boissonnade, Histoire de la réunion de la Na-
varre à la Castille, cité p. 49 ; F. Ruano Pietro, Anexión del reino de Navarra
en tiempo del Rey Catolico (Madrid, 1899, in-8o).

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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

III. Les débuts de Ferdinand et d’Isabelle en Castille et en Aragon


(1474-1492)
OUVRAGES À CONSULTER. — Outre le solide ouvrage de V. Balaguer cité en tête
de ce chapitre, et en dehors de l’utile manuel de J. Mariéjol, L’Espagne sous
Ferdinand et Isabelle (Paris, 1892, in-8°, de la « Bibliothèque d’histoire illus-
trée », publ. par Zeller et Vast), voir le livre ancien de W.-H. Prescott, History
of the reign of Ferdinand and Isabella the Catholic (Londres, 1838, 2 vol. in-
8° ; nouv. éd., 1887), et le médiocre essai de Jane Dieulafoy, Isabelle la
Grande, reine de Castille (Paris, 1920, in-8°). Sur la politique extérieure de
l’Espagne au temps des Rois Catholiques, voir J. Calmette, La fin de la domi-
nation française en Roussillon au XVe siècle, dans le Bulletin de la Société
agricole, scientifique et littéraire des Pyrénées Orientales, t. XLIII (1902), p.
161-192 ; du même, La France et l’Espagne à la fin du XVe siècle, dans la Re-
vue des Pyrénées, ann. 1904 ; du même, La politique espagnole dans la crise
de l’indépendance bretonne, dans la Revue historique, t. CXVII (1914), p.
168-182, ainsi que les ouvrages de G. Daumet et de P. Boissonnade, cités p.
49.

IV. La prise de Grenade


OUVRAGES À CONSULTER. — Sur la fin de la « reconquista », l’ouvrage capital est
celui de V. Balaguer, Las guerras de Granada (Madrid, 1898, in-8°), tiré de
son étude d’ensemble sur les Rois Catholiques, citée p. 80, n. 1 ; on consultera
aussi les études de M. Gaspar Remiro, Entrada de las Reyes catolicos en Gra-
nada al tiempo de su renditión, dans la Revista del Centra de estudios histori-
cos de Granada, t. I (1911), p. 7-24 ; du même, Granada en poder de los Re-
yes catolicos, años 1492-1494 (Grenade, 1912, in-8o) ; du même, Fernando II
de Aragon y V de Castilla en la reconquista del reino moro de Granada (Sa-
ragosse, 1919, brochure, in-8°).

— 104 —
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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Table des matières

Chapitre V

Les États italiens à la veille


des guerres d’Italie 39

L’Italie est bien moins avancée que l’Espagne dans son évolution
politique ; elle reste, dans la seconde moitié du XVe siècle, extrême-
ment morcelée, et entre les États, petits ou grands, qui la composent,
les luttes sont encore vives. Quelques traits nouveaux apparaissent
cependant. D’abord, sauf Venise, tous les États italiens sont mainte-
nant de véritables monarchies, avec ou sans le nom. Sans doute l’État
napolitain est le seul qui soit officiellement qualifié de royaume ;
mais, au mot près, le régime que connaissent Milan, Florence, Rome
même, n’en diffère essentiellement à aucun degré ; les Sforza, les
Médicis ou les papes gouvernent selon les mêmes méthodes et avec
les mêmes tendances à l’absolutisme que les souverains qui règnent à
Naples. Tous déjà se complaisent au jeu subtil et dangereux des com-
binaisons diplomatiques, des ligues et des contre-ligues. Tour à tour
ils en bénéficient et en pâtissent. Les liens qu’ils nouent entre eux sont
maintenant plus étendus qu’autrefois ; en 1454, après la réconciliation
de Milan et de Venise, solennellement consacrée à Lodi, le 9 avril,
tous les États d’Italie, faisant trêve un moment à leurs querelles en
présence du péril ottoman, se sont trouvés d’accord, on l’a vu 40 , pour
se fondre en une vaste ligue d’entr’aide mutuelle destinée à organiser
et à mener à bonne fin la lutte contre l’ennemi commun, qui est aussi
l’ennemi de la chrétienté, et ce beau geste semble présager une Italie
nouvelle. Mais p093 presque aussitôt après, les scissions recommen-
cent, les appels à l’étranger se multiplient, des alliances particulières

39
OUVRAGES À CONSULTER.
40
Voir 1re Partie, p. 478.

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

sont conclues, avec des princes français surtout, et l’on voit poindre à
l’horizon le spectre de ces funestes « guerres d’Italie », qui pèseront si
lourdement sur l’avenir de l’Europe.

I. — Le royaume de Naples
et la question napolitaine 41
Ce qui complique beaucoup la situation, c’est que, dans plusieurs
États, la transmission du pouvoir donne lieu à des difficultés inextri-
cables. C’est le cas du royaume de Naples, depuis si longtemps dispu-
té entre des maisons et des influences rivales.
Au milieu du XVe siècle, il est, depuis 1442, en la possession p094 du
roi d’Aragon Alphonse le Magnanime, dont la position personnelle est
très forte. Ayant trouvé dans son héritage l’île de Sicile, il a pu re-
constituer intégralement l’ensemble territorial jadis connu sous le nom
de « royaume de Sicile » ; maître, en outre, de la Sardaigne, sa double
royauté, aragonaise et napolitaine, lui assure dans le bassin occidental
de la Méditerranée une situation hors pair. Le Saint-Siège a dû, bon
gré mal gré, abandonnant la cause angevine, reconnaître son usurpa-
tion ; les princes et les républiques recherchent son alliance. Présent à
Rome lorsque l’empereur Frédéric y vient se faire couronner en 1452,
il écrase de son faste le pauvre et faible successeur des Otton et des
Hohenstaufen ; et, dans une Italie où le luxe et le goût des arts ont déjà
été poussés très loin, sa cour éclipse toutes les autres.
Grâce à lui, le royaume de Naples traverse une période de véritable
splendeur, qui, à des yeux non avertis, en masque les faiblesses. Avant
même qu’on ne reparle sérieusement de croisade contre les Ottomans,
Alphonse suit de près les événements balkaniques, dont il est impos-
sible à un roi de Naples de se désintéresser ; il a son plan à lui, il veut
voler au secours de l’Empire byzantin moribond et établir son protec-
torat sur le Bosphore. Une fois le Turc installé à Constantinople, il est
d’abord seul à préparer une contre-attaque, où il entrevoit gloire et
profits : il rêve de grouper sous sa bannière les derniers défenseurs de
la chrétienté dans les Balkans, de prendre en personne le commande-
ment d’une croisade qui permettra de laver la souillure que l’islam a

41
OUVRAGES À CONSULTER.

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

infligée à l’Europe et lui assurera, par surcroît, à lui-même, en Médi-


terranée orientale, un vaste complément de son empire de Méditerra-
née occidentale. D’autre part, s’il n’adhère, semble-t-il, qu’à contre-
cœur et avec des réserves à la ligue italienne de 1454, de peur de ne
pas s’y voir ménager une place digne de lui, il finit par occuper dans
l’Italie centrale une position dominante. En 1455, l’avènement de Ca-
lixte III sur le trône de saint Pierre semble mettre la papauté elle-
même à sa discrétion. Ancien précepteur de son fils naturel Ferdinand,
ce pape espagnol n’a rien, pense-t-il, à lui refuser, et il agit en consé-
quence. Il prend plus que jamais en mains l’organisation de la croisa-
de, prétend la faire conduire, à son défaut, par le comte Jacques Picci-
nino, simple condottiere à son service. Pendant quelques mois, on a
l’illusion que l’Italie est tout entière derrière lui.
Mais ses préparatifs traînent en longueur, et, dès 1456, p095 les
Turcs peuvent victorieusement pousser jusqu’à l’Adriatique. En outre,
les princes italiens, jaloux, marquent peu d’empressement à s’enrôler.
Le pape lui-même finit par se lasser : il réclame pour un de ses neveux
le commandement de la croisade et se sépare avec éclat d’Alphonse.
De dépit, en 1457, celui-ci déclare renoncer à l’entreprise ; et, quand il
meurt, le 27 juin 1458, la royauté napolitaine est déjà nettement sur le
déclin.
Les temps de gloire sont révolus. La succession d’Alphonse est
morcelée : ses domaines héréditaires, qui ne comprennent pas seule-
ment le royaume d’Aragon et ses annexes espagnoles, mais aussi la
Sardaigne et la Sicile même, passent, comme on l’a vu 42 , à son frère
Jean, tandis que ses conquêtes personnelles, c’est-à-dire le royaume
de Naples proprement dit, réduit à l’Italie du sud, sont transmises, de
par sa volonté, à son bâtard légitimé Ferdinand, celui que les Italiens
prennent l’habitude d’appeler Ferrand Ier (Ferrante). Ce morcellement
est une première cause de faiblesse, qu’aggrave la médiocrité du suc-
cesseur napolitain d’Alphonse. Il ne lui ressemble guère : c’est un in-
capable, sans courage, froidement cruel et vindicatif. Commynes dira
de lui qu’« en faisant bonne chère, il prenait et trahissait les gens ».
D’avance, il s’est rendu odieux à la noblesse napolitaine, toujours ins-
table et prête à écouter les offres du dehors. Aussi se déclare-t-elle
d’abord pour le prince héritier d’Aragon, ce Charles, prince de Viane,
42
Voir ci-dessus, p. 8.

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

qui, exilé d’Espagne par le roi Jean II, se trouve justement tout près de
là, en Sicile. Heureusement pour Ferdinand, l’infant Charles préfère
courir ses chances de l’autre côté des mers et quitte bientôt les parages
de Naples pour Barcelone, où nous l’avons vu disputer la Catalogne à
son père 43 .
Mais, parmi les adversaires du bâtard aragonais, il ne manque pas
de gens qui pensent à la maison d’Anjou, l’éternelle rivale des Espa-
gnols en Italie. N’est-ce pas pour celui qu’on continue à appeler « le
roi René », bien qu’il ne possède plus de royaume depuis qu’en 1442
Alphonse lui a enlevé celui de Naples, l’occasion de prendre enfin sa
revanche ? Ainsi en jugent une partie des barons napolitains et le pape
Calixte III, qui, sous prétexte qu’Alphonse n’a pas laissé de légitime
héritier, entend disposer souverainement d’une couronne dont le titu-
laire est, p096 en droit, vassal du Saint-Siège. Sur ces entrefaites, Calix-
te meurt (6 août 1458) ; et, à Rome, le vent tourne : le nouveau pape,
Pie II, circonvenu par le duc de Milan, François Sforza, qu’alarment
les empiétements des Français en Italie, se rallie à Ferdinand et, en sa
qualité de suzerain du royaume de Naples, lui en accorde l’investiture
le 10 novembre 1458. Mais, si la papauté change d’attitude, les parti-
sans de la maison d’Anjou restent nombreux dans l’Italie du sud, et le
roi de France Charles VII incite le roi René, peu disposé à tenter de
nouveau l’aventure en personne, à y expédier son fils, le duc de Lor-
raine Jean, qui continue à porter le titre de « duc de Calabre », réservé
à Naples au prince héritier, tout comme René lui-même continue à
porter celui de roi.
Justement, depuis le mois de mai 1458, Jean d’Anjou se trouve à
Gênes, en qualité de lieutenant du roi de France Charles VII, à qui le
parti génois le plus fort a décidé, de guerre lasse, d’attribuer la sei-
gneurie de la cité. Excellente base de départ pour tenter un débarque-
ment dans l’Italie du sud. Les barons napolitains sont en grand nom-
bre acquis au jeune homme. Né en 1426, il est alors dans toute la force
de l’âge ; brillant chef de guerre, qui a déjà fourni ses preuves de bra-
voure et de sang-froid, il est un adversaire dangereux pour un person-
nage comme Ferdinand. L’attitude de celui-ci est piteuse : il ne sait
que solliciter les concours des autres membres de la ligue italienne, et
presque partout il essuie des refus ; seuls le duc de Milan François
43
Voir ibid.

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Sforza et le pape promettent leur aide. Mais Piccinino passe à


l’ennemi, et Ferdinand se croit perdu. À Sarno, non loin du Vésuve, il
se heurte, le 7 juillet 1460, aux troupes de l’Angevin qui, après avoir
débarqué à l’embouchure du Volturne, se dirige vers le sud ; il attaque
sans préparation suffisante, et tout de suite est mis en déroute ; la plu-
part de ses soldats sont faits prisonniers, tandis qu’il s’enfuit lui-même
au galop.
Il n’est sauvé que parce que, le 9 mars 1461, une nouvelle révolte
qui éclate à Gênes et en chasse les Français, compromet la position de
Jean d’Anjou, et qu’au mois d’août suivant, il reçoit de Skander-beg,
reconnaissant des services rendus naguère à son pays par le roi Al-
phonse, un secours inespéré sous la forme d’un corps de deux à trois
mille hommes conduits par le chef albanais lui-même. Jean d’Anjou
lutte quelque temps encore avec courage ; mais le succès a changé de
camp : le 18 août 1462, Ferdinand bat ses ennemis dans la plaine de
p097 Troia, au sud-ouest de Foggia, et cette victoire, qui renverse la si-
tuation, amène, un an après, Piccinino à résipiscence. Le vide se fait
autour de l’Angevin, qui, en septembre 1463. doit se retrancher dans
l’île d’Ischia. Il y tient encore quelques mois, puis, au printemps de
1464, se rembarque définitivement pour la Provence.
Ferdinand d’Aragon garde donc son trône. Il s’y croit même assez
solidement assis pour tirer de la trahison passée de Piccinino une tar-
dive mais soudaine vengeance : sans avertissement il le fait tout à
coup arrêter et mettre à mort, le 14 juin 1465. Ces manières brutales
achèvent de lui aliéner l’opinion publique et de lui enlever tout presti-
ge ; car on le sait, dans le fond, entièrement dénué de caractère. On le
voit bien quand, au mois d’août 1480, il suffit d’un débarquement im-
prévu d’un corps turc à Otrante, de la prise de la ville, au bout de
quinze jours de siège, et du massacre de la population, pour qu’il per-
de aussitôt la tête. Sans doute l’on ignore où s’arrêtera l’envahisseur,
et les atrocités qu’il a commises, dit-on, sont terrifiantes ; mais, au
lieu d’agir, le roi de Naples passe son temps à se lamenter, à implorer
l’aide du pape, celle de toutes les cités, de tous les princes de la pénin-
sule ; il va même jusqu’à communiquer son affolement à Sixte IV, qui
ne parle de rien moins que de fuir Rome pour aller mettre la papauté à
l’abri par delà les monts. Son inaction permet aux Turcs de rester pai-
siblement treize mois à Otrante, jusqu’au jour où, en juillet 1481, on
se décide à profiter du désarroi que la mort de Mohammed II, surve-

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

nue en mai, a mis dans leurs rangs, pour tenter enfin de les déloger.
Une armée et une flotte sont mobilisées à grands frais par le pape.
Ferdinand envoie pour sa part quelques navires, et il ne faut pas, sem-
ble-t-il, un gros effort pour obtenir, le 10 septembre, la capitulation
des Turcs.
Dans ces conditions, on ne peut être surpris de voir combien la
place tenue par Ferdinand dans la politique italienne va diminuant de
jour en jour. Il se laisse maintenant manœuvrer par son cousin Ferdi-
nand le Catholique et par la reine Isabelle, qui, dans les conflits dont
l’Italie est le théâtre, s’essaient à reprendre pour eux-mêmes, comme
chefs de la maison aragonaise et maîtres de la Sicile et de la Sardai-
gne, le rôle dirigeant joué naguère par Alphonse le Magnanime en sa
qualité de roi de Naples. Il n’est plus davantage de taille à tenir tête au
pape. Quand, dans l’été 1484, à Sixte IV, trop engagé dans d’âpres p098
conflits avec Florence, puis Venise, pour risquer une nouvelle brouil-
le, succède le Génois Innocent VIII, Ferdinand est tout de suite à sa
merci. Quelques mois à peine se sont écoulés que déjà le Souverain
Pontife le prend de haut avec lui : rappelant au roi de Naples sa situa-
tion de vassal et de tributaire du Saint-Siège, il lui réclame le verse-
ment du cens annuel, depuis quelque temps impayé, et favorise un
nouveau soulèvement de la faction angevine de la noblesse napolitai-
ne. Bientôt tout le royaume est en feu ; sous la conduite du prince
d’Altamura, de Jérôme et d’Antoine de San Severino, la révolte, long-
temps latente, éclate au mois d’octobre 1485. Elle gagne vite du ter-
rain. Innocent VIII prend officiellement parti pour les rebelles par une
bulle du 14 octobre, qu’il fait afficher dix jours plus tard aux portes de
Saint-Pierre.
Cette mesure achève de décontenancer Ferdinand. En vain, le Ca-
tholique donne ordre à la flotte espagnole d’appareiller pour aller lui
prêter main-forte ; en vain il multiplie les démarches diplomatiques en
sa faveur, faute de pouvoir intervenir plus activement à une heure où
la guerre de Grenade semble devoir s’intensifier : le roi de Naples,
autour de qui les défections se font nombreuses et qui voit bientôt Ve-
nise et Gênes se joindre contre lui au pape, serait hors d’état de ripos-
ter aux attaques si Milan, Florence et Sienne ne décidaient de se ran-
ger à ses côtés et si, par chance, Innocent VIII ne devait au même
moment tenir tête, dans Rome, à une nouvelle révolte des Orsini.
Après avoir inutilement pressé l’arrivée en Italie du nouveau préten-

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

dant angevin, le duc René II de Lorraine, petit-fils du roi René, le pa-


pe se décide à signer, le 11 août 1486, une paix que Ferdinand est trop
heureux d’accepter : il s’y engage à payer au Saint-Siège le cens an-
nuel, que le pontife lui réclamait depuis près de deux ans, et à accor-
der amnistie pleine et entière aux rebelles napolitains — ce qui ne
l’empêche pas, quelques mois après, de procéder traîtreusement à leur
arrestation, à leur mise en jugement et, la curie romaine s’étant permis
de protester, à leur exécution en masse (1487).
L’autorité de Ferdinand, qui ne se maintient plus désormais que
par la terreur, risque d’être balayée à la moindre tourmente. Or, ni au-
dedans ni au-dehors, les ennemis ne lui manquent. Momentanément
écrasée, la faction angevine reste vivace dans le royaume. Si le roi
René est mort depuis 1480, devancé dans la tombe par son fils, le duc
de Calabre et de Lorraine Jean p099 mort en 1470, et par son frère,
Charles, comte du Maine, disparu à son tour en 1473, les prétentions
angevines sur Naples ont encore un porte-parole en la personne de ce
René II de Lorraine dont nous venons de voir que le pape Inno-
cent VIII avait en vain attendu l’arrivée en 1486. Petit-fils du roi René
par sa mère Yolande, c’était, heureusement pour Ferdinand, un
concurrent peu redoutable, plus prompt, comme on l’a dit, à promettre
qu’à agir ; mais il n’était pas le seul à tourner vers Naples des regards
de convoitise. Il fallait compter encore avec le roi de France lui-
même. Sans doute, Louis XI, malgré les sollicitations de Sixte IV,
avait eu la sagesse de ne pas faire valoir, après la mort du roi René, les
prétendus droits que certains lui reconnaissaient sur la succession ita-
lienne des Angevins, à raison du testament par lequel le comte Charles
du Maine l’avait institué son légataire universel ; mais, de ces mêmes
droits, son fils Charles VIII, qui était dans d’autres dispositions
d’esprit, était fortement tenté de se prévaloir : c’est par la conquête du
royaume de Naples qu’avant même la mort de Ferdinand, survenue le
25 janvier 1494, allaient commencer les guerres d’Italie.

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

II. — L’État pontifical 44


On a déjà vu avec quelle attention les papes suivaient, de Rome,
l’évolution des événements dont l’Italie méridionale était le théâtre et
le rôle actif qu’ils n’avaient cessé d’y jouer. Plus que jamais, en effet,
dans la seconde moitié du p100 XVe siècle, ils avaient leur politique, qui
ne se différenciait, ni dans ses buts ni dans ses moyens, de la politique
d’aucun des autres princes de la péninsule ; plus que jamais, dans leur
désir croissant d’asseoir sur des bases solides leur domination tempo-
relle, ils s’employaient à faire de l’État de saint Pierre une monarchie
comme toutes les autres et où l’élément religieux finissait par tenir
une place de plus en plus restreinte.
Un de leurs premiers soucis, au lendemain de la crise du Grand
Schisme, avait été de réparer, dans le domaine temporel comme dans
le domaine spirituel, les ruines accumulées au cours de tant d’années
de désordre. Aussi, comme les rois de France, comme les rois
d’Angleterre, à la même époque, s’étaient-ils appliqués d’abord à re-
constituer leur État. Rude tâche, que compliquait encore la répartition
géographique de leurs domaines. On se rappelle que ceux-ci barraient
le centre de l’Italie en diagonale d’une mer à l’autre ; autour de Rome
la Campagne et la province Maritime, plus au nord la Tuscie,
l’Ombrie et le duché de Spolète s’interposaient entre le royaume de
Naples et les possessions florentines, tandis que, vers le nord-est, la
marche d’Ancône et la Romagne atteignaient, aux embouchures du
Pô, les possessions vénitiennes. Mais, sur cet ensemble de territoires
mal groupés, le pape, au milieu du XVe siècle n’exerçait plus qu’une
autorité nominale et il ne gouvernait plus directement qu’une faible
partie des provinces qui y étaient englobées. Villes et seigneurs
s’étaient en grand nombre affranchis de toute sujétion, et plus d’un
aventurier avait imité leur exemple. Les grandes familles s’étaient
rendues pratiquement indépendantes : les Colonna, dans la Sabine, les
Caetani dans la Campagne romaine, les Orsini et les Farnèse en Tus-
cie, les Malatesta à Rimini, les Ordelaffi à Forlì, les Manfredi à Faen-
za et Imola. Soit par l’extension qu’ils avaient donnée à leurs domai-
nes, soit en usurpant la tyrannie dans les villes, soit en arrachant le

44
OUVRAGES À CONSULTER.

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

titre de vicaire de l’Église à la faiblesse des papes, pour se le transmet-


tre ensuite héréditairement, presque tous étaient parvenus à s’assurer
une force et une autorité redoutables ; tous rivalisaient d’indiscipline
et d’arrogance.
À cette situation intolérable, le Saint-Siège, dans toute la seconde
moitié du XVe siècle, cherche d’autant plus ardemment à porter remè-
de qu’avec l’aggravation du népotisme, qu’entraîne l’évolution même
de la papauté, telle que nous p101 l’avons retracée plus haut 45 , il faut
donner en pâture aux membres de la famille de chaque pontife, non
seulement des honneurs religieux et des places lucratives dans le Sa-
cré-Collège, mais aussi des terres, des charges administratives, des
commandements militaires ; le Patrimoine et ses annexes doivent
fournir à des neveux cupides les ressources qu’ils réclament. Les Bor-
gia sous Calixte III, plus encore les représentants de la famille de la
Rovère sous Sixte IV, se montrent d’une insatiable avidité. Le Souve-
rain Pontife serait vite dans l’impossibilité de les satisfaire s’il
n’arrivait d’abord à ressaisir les titres et les terres usurpés.
C’est cette nécessité primordiale qui, pendant la seconde moitié du
e
XV siècle, commande pour une bonne part la politique temporelle des
papes. On peut même dire que tout le reste s’y subordonne ; car, s’ils
se trouvent entraînés dans les conflits qui mettent alors les autres États
italiens aux prises, c’est le plus souvent parce que les intrigues des
princes, l’ambition des condottieri, désireux de se tailler des princi-
pautés dans les contrées mal défendues, remettent en question à tout
moment l’œuvre entreprise. Ne voit-on pas, par exemple, sous Calix-
te III, Alphonse de Naples, brouillé avec le Saint-Siège, lancer en
1455 son condottiere Jacques Piccinino sur Sienne et l’Ombrie, d’où
Pie II, à son avènement, a toutes les peines du monde à le déloger ?
En 1460, pendant que le pape est à Mantoue, présidant le congrès qui
doit aviser au salut de l’Italie 46 , Piccinino envahit la Sabine, manque
d’emporter Tivoli, puis Rome, dont une révolution, qui vient d’y écla-
ter d’accord avec lui, s’apprête à lui ouvrir les portes. Au même mo-
ment, Sigismond Malatesta, vicaire pontifical à Rimini, fait la loi dans
les Marches. Type achevé de la Renaissance italienne, à la fois mécè-
ne éclairé et homme de guerre d’une cruauté terrifiante, bienfaiteur

45
Voir ci-dessus, p. 2-9.
46
Voir ci-dessus, p. 4.

— 113 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

des églises, quoique affichant bien haut son athéisme et scandalisant


les fidèles par ses sacrilèges, ce singulier personnage est de toutes les
intrigues : brouillé depuis 1457 avec le roi de Naples, il aurait, sans
l’intervention de Calixte III, mené la lutte contre le Magnanime ;
mais, peu après, le voilà qui ouvre les hostilités contre Frédéric de
Montefeltro, comte d’Urbin, et contre Piccinino. À la fin de 1460,
c’est au pape lui-même qu’il s’attaque : il intervient à main armée
dans une querelle p102 qui, en territoire pontifical, se trouve mettre
alors aux prises les villes d’Ancône et d’Iesi.
Trois années de la vie de Pie II sont occupées par la lutte contre ce
turbulent ennemi. Le 25 décembre 1460, il lance contre lui une bulle
d’excommunication. Mais le vicaire de Rimini se rit des foudres pon-
tificales ; Venise et Florence restent neutres ; le duc de Milan François
Sforza refuse, lui aussi, d’entrer en campagne. Malatesta n’a pas de
peine, le 2 juillet 1461, à mettre en déroute les troupes pontificales,
laissées à elles-mêmes. Pendant que, sous la direction du cardinal Ni-
colas de Cues, se poursuit le procès canonique contre l’« hérétique »,
Sigismond s’abouche, pour continuer la guerre, avec Borso d’Este,
seigneur de Modène, et Taddeo Manfredi, seigneur d’Imola ; il va, dit-
on, jusqu’à demander le concours des forces turques en faisant propo-
ser à Mohammed II un partage de l’Italie. Pie II riposte par une nou-
velle sentence : le 27 avril 1462, la bulle Discipula veritatis déclare
Malatesta déchu de son vicariat de Rimini et dénoue ses sujets de leur
serment de fidélité ; à Rome, son effigie, portant l’inscription : « roi
des traîtres, ennemi de Dieu et des hommes » est publiquement brûlée.
Mais, de rien de tout cela, l’intéressé n’a cure et il riposte en
s’emparant de Sinigaglia à mi-chemin entre Fano et Ancône.
Bientôt pourtant la fortune se retourne contre lui. Le 12 août 1462,
il est battu près de Sinigaglia par les troupes pontificales, auxquelles
le comte d’Urbin, Frédéric de Montefeltro est venu prêter son appui,
et c’est le commencement de la déroute. Les places des Marches et de
la Romagne retombent une à une aux mains du pape, qui repousse
avec obstination toutes les tentatives faites par Milan, par Florence,
par le roi de France, en faveur du rétablissement de la paix. Cepen-
dant, le 23 août 1463, le frère de Sigismond, Dominique-Novello Ma-
latesta, seigneur de Césène, qui avait, lui aussi, pris les armes contre le
pape, obtient sa rentrée en grâce moyennant paiement d’une lourde
indemnité de guerre et restitution de toutes les places qu’il a usurpées

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

depuis le pontificat d’Eugène IV. Pendant ce temps, l’armée pontifica-


le menace Rimini, et, sous la direction du cardinal de Teano, entre
dans Fano le 25 septembre. Il faut l’aggravation de la menace ottoma-
ne, pour décider Pie II à accepter enfin la soumission du vicaire de
Rimini. Le 13 novembre, le tyran s’humilie à Saint-Pierre, abjure ses
hérésies, renonce à toutes ses possessions, sauf la ville de Rimini et sa
banlieue, qu’il ne conserve même qu’à titre viager. Pie II p103 sort donc
victorieux de cette longue lutte. Mais que le vicaire du Christ ait dû
consacrer tant, d’années, tant de ressources, tant de talent à combattre
un seigneur de rang modeste, simple délégué de son gouvernement
dans un des territoires de ses États, c’est un symptôme qui mérite
d’être retenu.
Car le cas de Sigismond Malatesta, s’il est le plus célèbre de tous,
est cependant loin d’être un cas unique, et Pie II n’est pas, tant s’en
faut, le seul pape qui ait eu à s’employer de la sorte dans la lutte
contre les petits seigneurs de ses domaines. Un an après son élection,
le pape Paul II lance, en 1465, l’excommunication contre la famille
des Anguillara, qui, par d’habiles usurpations, s’est peu à peu emparée
au nord-ouest de Rome des terres qui autrefois avaient fait la puissan-
ce des seigneurs de Vico, et ils s’y conduisent en véritables brigands.
Des chefs de la famille, Deifobo et François, l’un est fait prisonnier,
l’autre doit s’enfuir. Leurs possessions sont annexées au territoire
pontifical. La même année, à la mort de Dominique-Novello Malates-
ta, seigneur de Césène, Paul II écarte les candidats à sa succession et
prononce l’annexion de la seigneurie. Par des efforts incessants, il ar-
rive ainsi à se débarrasser progressivement des ennemis de son pou-
voir temporel à l’intérieur de ses propres domaines ; mais la lutte ré-
clame une vigilance qui se concilie mal avec les autres devoirs, plus
hauts, qui normalement incombent à un Souverain Pontife. Car cette
lutte est un recommencement perpétuel. C’est ainsi que la mort de Si-
gismond Malatesta, en octobre 1468, rallume une querelle mal éteinte.
En vain Paul II réclame l’exécution du traité conclu en novembre
1463, aux termes duquel la seigneurie de Rimini doit lui faire retour :
le neveu de Sigismond, Robert Malatesta, à qui il a eu la naïveté de
confier la mission de recevoir en son nom livraison de la ville, refuse
de s’en dessaisir et, avec l’aide de Frédéric d’Urbin, protégé par Veni-
se, repousse, avec de lourdes pertes, en août 1469, les troupes que le

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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

pape a envoyées contre lui. Finalement, il demeure maître de Rimini,


et c’est pour la papauté un nouvel et cuisant échec.
Elle ne s’en attache qu’avec plus d’acharnement encore, au temps
de Sixte IV, à l’œuvre de reconquête et d’unification. L’ambition des
neveux du pape, Jérôme Riario et Jean de la Rovère, l’y pousse au
surplus sans répit. Réconcilié avec le comte d’Urbin Frédéric, à qui il
décerne le titre ducal, le pape marie Jean de la Rovère à la fille de
Frédéric et pourvoit son neveu en lui donnant le vicariat de Sinigaglia
et de Mondavio. p104 Cette politique familiale l’aide à consolider son
autorité dans les Marches et la Romagne, bien que, malgré la mort de
Robert, les Malatesta restent maîtres de Rimini et que la commune
libre d’Ancône maintienne son indépendance. Sixte IV poursuit la
même œuvre en Ombrie, où, en 1474, il soumet successivement Todi,
puis Spolète, puis Città di Castello. Mais, dans le Patrimoine et à Ro-
me même, il lui faut tenir tête, en 1484, à un redoutable soulèvement
des Colonna. Son neveu Jérôme Riario et les Orsini sont à ses côtés
dans cette lutte sanglante, qu’il ne lui est pas donné de mener à bonne
fin. Il meurt le 12 août, comme Jérôme Riario et Virginio Orsini, sont
en train d’assiéger le château de Paliano, au nord-ouest d’Anagni, et
sa mort assure aux Colonna une éclatante revanche.
Néanmoins on peut dire que, vers la fin du XVe siècle, dans tout
l’État de saint Pierre, la monarchie pontificale l’emporte. À Rome, les
émeutes, si fréquentes encore un demi-siècle avant, n’ont plus aucune
chance de succès : Sixte IV ne fut jamais sérieusement inquiété dans
la Ville Éternelle ; et les Orsini, lorsqu’ils ourdirent, en 1486, un
complot contre Innocent VIII, furent durement châtiés. L’autonomie
communale a disparu ; la charge de sénateur est entre les mains du
pape ; les fonctionnaires municipaux, nommés par lui, sont devenus
de dociles agents d’exécution. Tout doit obéir à la curie, et la curie au
pape. Car Pie II et, après lui, Sixte IV ont facilement enrayé les tenta-
tives de gouvernement oligarchique esquissées par le Sacré-Collège ;
s’ils ont dû, à l’instar de certains papes d’Avignon, signer, au concla-
ve qui les a élus, de véritables capitulations entre les mains des cardi-
naux, ils n’ont rien eu de plus pressé, aussitôt intronisés, que
d’annuler leurs promesses et de proclamer, une fois de plus,
l’absolutisme du pouvoir pontifical.

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Au service de leur autorité temporelle, les papes mettent les res-


sources matérielles que leur vaut leur magistère ecclésiastique ; et
c’est pourquoi, loin de se réformer et de faire cesser les abus dont, de-
puis des siècles, la chrétienté se plaint, on voit la cour romaine aggra-
ver de jour en jour ses exigences fiscales. Elle fait argent de tout :
« provisions » et « commendes » récompensent ses protégés ; les taxes
sur les bénéfices, les décimes incessamment levées pour une croisade
sans cesse différée remplissent ses coffres ; il n’est pas jusqu’aux jubi-
lés, qui tous les vingt-cinq ans amènent à Rome la foule des pèlerins,
qui ne soient pour la papauté l’occasion de fructueuses opérations fi-
nancières. La construction des grands sanctuaires, où triomphe p105 la
magnificence pontificale, s’opère à coup d’indulgences, de quêtes fai-
tes dans toute la chrétienté ; les opérations militaires sont elles-mêmes
souvent financées avec le produit des ventes d’indulgences. Et cette
confusion du spirituel et du temporel, si funeste à la papauté du point
de vue religieux, a pour résultat de lui fournir les moyens d’une poli-
tique de splendeur qui la place dès ce moment au premier rang des
puissances italiennes.

III. — Les républiques et les duchés du nord 47


Quatre puissances, dès le milieu du XVe siècle, dominent dans
l’Italie du nord : la Savoie, le duché de Milan, Venise et Florence.
À vrai dire, le duché de Savoie ne joue encore qu’un rôle secondai-
re dans l’histoire d’Italie ; son centre de gravité est de l’autre côté des
monts, où il englobe un morceau du Valais, atteint le Bugey et la
Bresse. Le Piémont ne lui appartient pas p106 en entier ; on y remarque
des enclaves importantes, comme le marquisat de Saluces, gagné à
l’influence française, celui de Montferrat, le comté d’Asti, que le duc
d’Orléans possède en sa qualité d’héritier des Visconti. D’ailleurs,
embarrassée par des troubles intérieurs, la maison de Savoie n’est pas
encore de taille à intervenir activement dans la politique italienne.
Sous le duc Louis (1461-1465), beau-frère du roi de France, une ré-
volte d’un fils cadet, Philippe de Bresse, n’est réprimée qu’avec l’aide
du Valois, qui fait enfermer le mécontent dans le château de Loches.
Et ni le duc Amédée IX (1465-1472), ni, encore moins, après la mort

47
OUVRAGES À CONSULTER.

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

de ce dernier, la duchesse Yolande, propre sœur de Louis XI, ne peu-


vent empêcher la France d’exercer une sorte de tutelle sur leurs États
qu’en prenant part contre le roi aux coalitions féodales et en s’alliant
avec Charles le Téméraire.
Tout autre est la situation de Milan, qu’un heureux condottiere,
François Sforza, possède sans conteste, malgré les prétentions de la
maison d’Orléans, que Louis XI abaisse à plaisir. Maître de la Lom-
bardie, Sforza étend son protectorat sur les petits seigneurs du voisi-
nage, les Gonzague, marquis de Mantoue, les Este de Ferrare, de Mo-
dène et de Reggio, à qui l’empereur, en 1452, a donné le titre ducal.
L’exercice du pouvoir a assagi l’ancien condottiere : il gouverne paci-
fiquement, recherche l’amitié de Florence, et surtout celle du roi de
France, que celui-ci, pour faire pièce aux ambitions des Orléans, lui
accorde volontiers. Ayant trouvé, à son avènement, la ville de Gênes
en pleine révolte contre la domination française, que Jean d’Anjou a
tenté d’y rétablir à la fin du règne de Charles VII 48 , et jugeant impos-
sible de l’y réinstaller, Louis XI fait abandon de ses droits à son « bon
ami » de Milan, qui, dès le mois de décembre 1463, réussit à soumet-
tre la cité ligurienne et à l’incorporer à ses États. Fructueuse annexion,
qui le lie plus fortement que jamais au roi de France. Aussi, lorsqu’en
1465 p107 éclate la guerre du Bien Public, lui dépêche-t-il des secours
sous le commandement de son fils Galéas-Marie ; et c’est en France
que le jeune prince apprend, le 8 mars 1466, la mort de son père et son
propre avènement.
Le nouveau duc continue à se dire l’allié de Louis XI, dont il épou-
se même, en 1468, la belle-sœur, Bonne de Savoie ; mais il use fort
mal du pouvoir. Dissolu, cruel, avide, il passe à juste titre, dans un
monde pourtant blasé, pour un abominable tyran. Ne l’accuse-t-on pas
d’avoir fait empoisonner sa mère, dont il craint l’influence ? et ne se
livre-t-il pas, à tout propos, à d’odieuses et inutiles cruautés ?
L’agitation contre son gouvernement, qui prend naissance à Gênes,
s’étend bientôt à Milan. Deux jeunes exaltés, nourris de la lecture du
Catilina de Salluste, André Lampugnani et Jérôme Olgiati, forment
contre le duc un complot et, le 26 décembre 1476, l’assassinent dans
l’église Saint-Étienne. La dynastie des Sforza serait perdue sans
l’énergie de Bonne de Savoie, qui, au nom de son fils Jean-Galéas,
48
Voir ci-dessus, p. 97.

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

encore enfant, prend aussitôt la régence. Mais les trois frères du duc
défunt, Marie, Ludovic, surnommé le More à cause de son teint basa-
né, et Ascanio, un homme d’Église, se voient avec tristesse éloignés
du pouvoir. Ils réclament leur dû et menacent la régente de lancer
contre elle un condottiere redoutable, alors au service de Venise, Ro-
bert de San Séverino. La médiation du marquis de Mantoue, en février
1477, retarde la crise, et, quelques mois plus tard, les trois conjurés
sont contraints de s’exiler. Mais aussitôt, de Pise, Ludovic, le plus ac-
tif des trois frères, invite les Génois à se soulever, et déchaîne effecti-
vement dans leur cité la guerre civile ; par d’alléchantes promesses, il
obtient l’appui de Louis XI ; enfin, le 7 septembre 1479, il entre
triomphalement à Milan, où la duchesse doit accepter de partager le
pouvoir avec lui. L’année suivante, en novembre, après avoir fait dé-
capiter les conseillers de la régence, il écarte Bonne, se proclame tu-
teur de son neveu et gouverne désormais en maître absolu, avec la
complicité tacite du pape Sixte IV, qui, comme pour légitimer son
usurpation, accorde, en mars 1484, le chapeau de cardinal à Ascanio,
antérieurement (1479) promu à l’évêché de Pavie.
Les visées du duc de Milan, pour la réalisation desquelles il ne ces-
se de chercher, au moins jusqu’à l’avènement de Ludovic, l’appui de
la France, se heurtent à l’est, et au sud, à deux grandes républiques
marchandes qui, peu à peu, se sont p108 muées en puissances territoria-
les. Venise a gardé, avec la suprématie sur mer, son gouvernement
oligarchique. Toute tentative d’usurpation ou de tyrannie y est sévè-
rement réprimée par le tout-puissant Conseil des Dix. Le doge Fran-
çois Foscari avait vu son fils Jacques, suspect de prévarication et
d’assassinat, emprisonné, puis relégué à Candie en 1451 ; lui-même,
six ans plus tard, fut déposé. Les hommes d’affaires qui président au
gouvernement de la Sérénissime République, songent surtout à en
maintenir la puissance matérielle ; aussi, après la mort d’Alphonse
d’Aragon, prennent-ils, sans succès d’ailleurs, la direction de la guerre
contre les Turcs. Leur colonie de Nègrepont tombe en 1470 ; peu
après, leurs comptoirs d’Albanie disparaissent ; lassés de la lutte, ils
préfèrent traiter avec le sultan en 1479. L’année suivante, quand les
Ottomans traversent la mer Ionienne pour aller surprendre Otrante, la
flotte vénitienne ne fait rien pour les arrêter ; elle laisse le roi de Na-
ples se défendre par ses propres moyens. La République ne néglige
pas, pour autant, le soin de ses propres intérêts et ne renonce pas aux

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

conquêtes lointaines. En 1472, elle force le dernier roi de Chypre à


épouser une noble vénitienne, Catherine Cornaro ; à la mort du souve-
rain, l’année, d’après, elle tente d’établir son protectorat sur l’île ; il
s’ensuit une longue lutte avec les Aragonais de Naples. Finalement, en
1489, la reine Catherine Cornaro est rapatriée à Venise, et Chypre an-
nexée. Mais c’est plutôt en Italie même que Venise songe maintenant
à asseoir sa domination ; elle tourne des regards de convoitise vers la
Lombardie et la Romagne, et les intrigues avec les cours de Milan, de
Florence, de Naples et de Rome l’intéressent plus que la croisade.
Florence enfin présente le spectacle unique d’une monarchie bour-
geoise, aussi forte que la tyrannie d’un Sforza, et néanmoins exclusi-
vement fondée sur la richesse d’une maison de banque. Cosme de
Médicis, sans aucun titre, sans aucun pouvoir défini, y est le maître ;
toutes les places sont données à ses protégés, la politique extérieure
est dans ses mains. Ami de la France, des Sforza, du pape, spectateur
impartial de la lutte entre Angevins et Aragonais, il s’applique surtout
à maintenir la paix ; aussi, quand il meurt à l’âge de soixante-quinze
ans, le 1er août 1464, ses admirateurs lui donnent-ils le titre de Père de
la Patrie. Son fils Pierre prend aussitôt sa place. C’est un impotent,
vieilli prématurément par la goutte. Les grandes familles, jalouses,
croient le moment venu de se débarrasser des Médicis. p109 Mais, en
1466, une conjuration dont les Pitti et les Acciaiuoli sont l’âme est
vite déjouée : quelques condamnations judicieuses suffisent pour réta-
blir l’ordre. La domination des Médicis est si bien assise que, lorsque
Pierre meurt à son tour, le 2 décembre 1469, ses deux fils, Laurent et
Julien, âgés seulement de vingt et un et de seize ans, lui succèdent
sans difficulté : la Seigneurie admet de ne rien décider sans l’avis des
deux frères ; en fait, c’est l’aîné qui, continuant la prudente tradition
de sa famille, sans réclamer titres ni honneurs, prend en main le gou-
vernement de la République.
Il se trouve déjà assez puissant pour engager Florence dans des en-
treprises moins profitables à l’État qu’à sa famille ; telle fut
l’expédition cruellement menée en 1472 contre Volterra, où la banque
Médicis avait d’importants intérêts dans les mines d’alun, récemment
découvertes. Sixte IV avait approuvé l’entreprise ; mais l’année sui-
vante, lorsque Laurent voulut acheter au duc de Milan la seigneurie
d’Imola, convoitée par un des neveux du pape, Jérôme Riario, il rom-
pit avec lui. Riario l’emporta ; mais, du coup, la banque Médicis, jus-

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

qu’alors « dépositaire générale » des fonds de la « sainte Église ro-


maine », fut mise à l’index ; et en 1474, la gestion des deniers pontifi-
caux fut confiée à une banque florentine concurrente, celle des Pazzi,
à qui Sixte IV avait emprunté la somme nécessaire pour conclure
l’achat d’Imola en faveur de son neveu Jérôme. Laurent de Médicis
essaie, en 1476, de se venger en confisquant une partie du capital des
Pazzi : il n’aboutit qu’à liguer contre lui-même tous ses ennemis. La
tension va croissant au cours de l’année 1477 entre Sixte IV et Lau-
rent, et, naturellement, Jérôme Riario pousse de tout son pouvoir à la
rupture. Entre lui et François Pazzi, le chef de la maison Pazzi à Ro-
me, un complot s’organise contre l’ennemi commun ; nombreux sont
ceux qui acceptent d’y participer, et le pape en personne laisse claire-
ment entendre qu’il y est tout acquis. Les deux frères Médicis, Julien
et Laurent, doivent être assassinés à la première occasion. Elle se pré-
sente au printemps 1478, lors des réceptions et des cérémonies don-
nées pour fêter la venue à Florence d’un des petits-neveux du pape,
Raphaël Sansoni, cardinal malgré ses dix-huit ans. Le 26 avril, dans la
cathédrale, pendant la célébration de la messe, les conjurés poignar-
dent Julien ; mais son frère Laurent parvient à se sauver : le coup est
manqué. Ameutée par les partisans des Médicis, la foule se précipite
sur les meurtriers ; Sansoni est jeté en prison ; François Pazzi p110 est
pendu, ainsi que l’archevêque de Florence, François Salviati, soup-
çonné à juste titre de complicité dans le meurtre, et leurs deux corps
sont ensuite horriblement mutilés par la populace.
Fait inouï : Sixte IV, devant l’échec partiel du double assassinat
dont il a été l’instigateur et le conseiller, s’acharne contre Laurent.
Pour venger le meurtre de l’archevêque, il excommunie le Médicis, le
traite de « fils d’iniquité », d’« enfant de perdition », met la ville de
Florence en interdit. La guerre est déclarée ; Ferdinand de Naples
promet son appui, le duc d’Urbin Frédéric prend le commandement
des troupes pontificales et, dans l’été de 1478, occupe la région de
Sienne. Laurent isolé, sans alliance, ne se décourage pas ; il compte
sur les ressources de sa diplomatie pour dissocier la coalition de ses
ennemis. En mars 1480, il s’en va lui-même à Naples rencontrer le roi
Ferdinand ; il le détache de l’alliance avec la papauté, et signe avec lui
un traité d’amitié. Quelques mois plus tard, en août, le débarquement
inopiné des Turcs à Otrante force le pape à lâcher prise. Moyennant
une soumission publique, Laurent obtient sa rentrée en grâce et

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l’annulation des sentences portées contre lui. Au surplus, la conjura-


tion des Pazzi et la guerre contre Sixte IV n’a point ébranlé dans leur
ville le crédit des Médicis ; bien au contraire, leur popularité n’a fait
qu’augmenter. Laurent, bientôt surnommé le Magnifique par les Flo-
rentins, est plus puissant qu’un roi, et Commynes admire le paradoxe
vivant qu’est ce grand bourgeois, ce financier, qui « conduit la cité »
de Florence « presque comme seigneur ».
Mais en 1492, à l’époque où meurt Laurent, Florence n’éclipse pas
encore les autres États italiens. Milan, Venise, la papauté, tiennent à
jouer leur rôle et, si possible, à étendre leur influence. De là
d’incessantes manœuvres où s’entrechoquent les ambitions ; et la
conjuration des Pazzi nous a montré une fois de plus que le Saint-
Siège y joue son rôle sans hésiter à mettre son pouvoir spirituel au
service de ses ambitions politiques, même les moins nobles. Des
conflits même médiocres suffisent à déchaîner des guerres où les di-
vers États de la péninsule s’affrontent ; la seule idée qui puisse les
unir est celle de la résistance nécessaire à l’impérialisme vénitien. Une
querelle éclate en 1481 entre Venise et Ferrare au sujet du commerce
du sel dont la République veut détenir le monopole. Bientôt Ferrare
obtient l’appui de Naples, de Florence, de Milan, contre Venise, que
soutiennent le pape Sixte IV, les Génois, révoltés contre Ludovic le
More, et le marquis de Montferrat. De part et d’autre, p111 on s’assure
le concours d’un bon condottiere : Robert de San Severino dans le
camp de Venise, le duc d’Urbin Frédéric dans le camp adverse ; et la
guerre qui commence au printemps 1482, pour se prolonger pendant
plus de deux ans, entraîne l’invasion des États pontificaux par les
troupes napolitaines, qui s’avancent jusqu’aux portes de Rome, et la
prise de Città di Castello par les Florentins. En 1483, Sixte IV, inquiet
des succès de Venise, qui menace divers territoires ferrarais, revendi-
qués par le Saint-Siège, change de camp, jette l’interdit sur la Répu-
blique. Elle ne se défend pas avec moins d’énergie ; la paix, enfin
conclue, le 7 août 1484, à Bagnolo, près de Brescia, laisse à Venise
une partie de ses conquêtes, la Polésine et Rovigo.
Non seulement ces luttes stériles épuisent l’Italie, mais l’étranger
est à tout moment sollicité par les belligérants eux-mêmes de
s’immiscer dans les affaires de la péninsule. En 1483, pendant la
« guerre de Ferrare », Venise, en danger, n’a pas hésité à offrir au roi
de France Charles VIII, héritier des prétentions angevines, de l’aider à

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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

conquérir le royaume de Naples ; au duc d’Orléans, elle a pareillement


promis son appui en vue de la conquête du duché de Milan, tandis que
d’Espagne, la diplomatie de Ferdinand le Catholique intervenait acti-
vement en faveur des uns ou des autres. Sans doute, ni la France ni
l’Espagne ne songent encore à s’emparer de l’Italie. Louis XI n’a été,
pour les États ultramontains, qu’un protecteur éclairé, soucieux de ne
pas s’engager à fond ; il a cherché à maintenir l’équilibre entre les par-
tis rivaux et s’est posé souvent en médiateur de leurs querelles. Il
n’aurait tenu qu’à Charles VIII de poursuivre cette sage politique.
Mais les conflits qui déchirent la péninsule rendent une intervention
armée tentante : il y à là un péril que les Italiens ne discerneront que
lorsqu’il sera trop tard pour le conjurer. p112

Table des matières

Bibliographie du chapitre V
Les États italiens à la veille des guerres d’Italie

OUVRAGES À CONSULTER. — C. Cipolla, Storia delle signorie itatiane dal 1313 al


1530, et P. Orsi, Signorie e principati, cités p. 156 de notre 1re partie. On y
joindra L. Pastor, Geschichte der Päpste, citée p. 1 (t. III de la dernière édition
allemande et t. III à V de la traduction française), où a été souvent poussée fort
loin l’étude des affaires italiennes (même celles du royaume de Naples ou de
l’Italie du nord) auxquelles la papauté s’est trouvée mêlée.

I. Le royaume de Naples et la question napolitaine


OUVRAGES À CONSULTER. — Outre les ouvrages généraux cités à la note précé-
dente, ceux de Cipolla et de L. Pastor surtout, voir, sur la puissance napolitai-
ne au temps d’Alphonse le Magnanime, F. Cerone, La politica orientale di Al-
fonso d’Aragona, dans l’Archivio storico per la provincie napoletane, t.
XXVII (1902), p. 3-93, 380-456, 555-634, 774-852, et t. XXVIII (1903), p.
154-212 ; tirage à part (Naples, 19031 in-8°), du même, Alfonso il Magnanime
ed Abù Omer Othman, dans l’Archivio storico per la Sicilia orientale, t.
XXXVIII (1913), p. 185-220 ; P. Cruz Navarro, Alfonso V de Aragón en el
imperio de Oriente (Valence, 1908, in-8°, de 43 pages) ; C. Marinesco, Alfon-
se V d’Aragon et de Naples, et l’Albanie de Scanderbeg (Paris, 1923, in-8°, de
135 pages, extrait des Mélanges de l’École roumaine en France, année 1923) ;
P. Gentile, La politica interna di Alfonso d’Aragona nel regno di Napoli dal

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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

1443 al 1450 (Montcassin, 1909, in-8°) ; F. Faraglia, Storia della lotta fra Al-
fonso V d’Aragona e Renato d’Angio (Lanciano, 1908, in-8°) ; G. Soranzo, La
lega italica, 1454-1456 (Milan, [1924], in-8°, t. I de la 5e série des « Pubblica-
zioni della Università cattolica del Sacro Cuore »), spécialement le chapitre V
intitulé Niccolò V e Alfonso il Magnanimo di fronte alla lega (p. 59-122). Sur
la cour de Naples au temps d’Alphonse, quelques détails dans A.-A. Messer,
Contribution à l’histoire des Aragonais de Naples. Le « Codice aragonese »
(Dijon, 1909, in-8°, comme thèse, puis Paris, 1912, in-8°, comme fasc. 17 de
la « Bibliothèque du XVe siècle »), p. XXIII-LXXXI.
Sur le règne de Ferdinand, à défaut de travaux d’ensemble, on consultera
les ouvrages de E. Nunzianti, I primi anni di Ferdinando d’Aragona e
l’invasione di Giovanni d’Angiò, 1458-1464 (Naples, 1898, in-8°), d’abord
paru sous forme d’articles dans les t. XVII à XXIII, années 1892 à 1898 de
l’Archivio storico per la provincie napoletane ; P. Egidi, La politica del regno
di Napoli negli ultimi mesi dell’anno 1480, dans la même revue, t. XXXV
(1910), p. 697-773 ; J. Calmette, La politique espagnole dans la guerre de
Ferrare (1482-1484), dans la Revue historique, t. XCII (1906), p. 225-253 ;
du même, La politique espagnole dans l’affaire des barons napolitains (1485-
1492), dans la même revue, t. CX (1912), p. 225-246. Ajoutons qu’on trouve-
ra d’utiles détails et des documents nouveaux sur la politique de Ferdinand,
spécialement au cours des années 1458-1460, dans l’ouvrage précité d’A.-A.
Messer.
Sur l’attitude de la royauté française dans les affaires de Naples au temps de
Louis XI et durant les premières années du règne de Charles VIII, bornons-
nous ici à renvoyer à H.-F. Delaborde, L’expédition de Charles VIII en Italie.
Histoire diplomatique et militaire (Paris, 1888, in-4°) : la première moitié de
ce livre est consacrée aux antécédents de l’expédition de Charles VIII ; si les
idées générales ont été très contestées et sont en effet fort sujettes à caution,
on y trouve un commode résumé des faits essentiels.

II. L’État pontifical


OUVRAGES À CONSULTER. — Aux ouvrages généraux sur l’histoire de l’Église,
cités p. 1 et 2, qui tous consacrent — celui de L. Pastor en particulier — de
longs développements à la politique temporelle des papes, il convient
d’ajouter Jean Guiraud, L’État pontifical après le grand schisme. Étude de
géographie politique (Paris, 1895, in 8°, comme thèse, et Paris, 1896, in-8°,
comme fasc. 173 de la « Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de
Rome ») : F. Gregorovius, Geschichte der Stadt Rom im Mittelalter, t. VII
(Stuttgart, 1871, in-8° ; 8e édition, 1907) ; Luciano Banchi, Il Piccinino nello
stato di Siena e la lega italien, 1455-1456, dans l’Archivio storico italiano, 4e
série, t. IV (1879), p. 44-58 et 225-245 ; du même, Ultime relazioni dei Senesi
con papa Callisto III, dans le même recueil, t. V (1880), p. 427-446 ;
E. Hutton, Sigismondo Pandolfo Malatesta (Londres, 1906, in-8°) ;

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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

G. Soranzo, Pio II e la politica italiana nella lotta contro i Malatesta, 1457-


1463 (Padoue, 1911, in-8°) ; E. Frantz, Sixtus IV und die Republik Florenz
(Ratisbonne, 1880, in-8o) ; E. Piva, La guerra di Ferrara del 1482, l’alleanza
tra i Veneziani e Sisto IV (Padoue, 1893-1894, in-8°) ; du même, Origine e
conclusione della pace e dell’ alleanza fra i Veneziani e Sisto IV, dans le Nuo-
vo archivio veneto, t. I (1901), p. 35-70 ; du même, L’opposizione diplomatica
di Venezia alle mire di Sisto IV su Pesaro e ai tentativi di crociata contro i
Turchi, dans la même revue, t. V (1903), p. 49-1004, 422-466, et t. VI (1904),
p. 132-172.

III. Les républiques et les duchés du nord


Ouvrages à consulter. — Outre les livres généraux cités p. 93, voir, sur la Savoie,
F. Gabotto, Lo stato sabaudo da Amedeo VIII ad Emanuele Filiberto, 1467-
1496 (Turin et Rome, 1892-1895, 3 vol. in-8°). — Pour Milan, à défaut d’un
travail d’ensemble sur les Sforza et en dehors de l’ouvrage vieilli d’E. Rubieri,
Francesco I Sforza (Florence, 1879, in-8°), on consultera P. Ghinzoni, Ga-
leazzo Maria Sforza e Luigi XI, dans l’Archivio storico lombardo, 2e série, t. II
(1885), p. 23-32 ; du même, Galeazzo Maria Sforza e il regno di Cipro, dans
le même recueil, 1re série, t. VI (1879), p. 721-745 ; E. Dürr, Galeazzo Maria
Sforza und seine Stellung zu den Burgunderkriegen, dans la Basler Zeitschrift
für Geschichte und Altertumskunde, t. X (1911), p. 259-414 ; E. Casanova,
L’uccisione di Galeazzo Maria Sforza dans l’Archivio storico lombardo, 3e sé-
rie, t. XII (1899), p. 299-332. Sur l’affaire de l’occupation française à Gênes
et de la cession de la ville au duc de Milan, A. Sorbelli, Francesco Sforza a
Geneva (1458-1466 ). Saggio sulla politica italiana di Luigi XI (Bologne,
1901, in-8°).
Sur Venise, Kretschmayr, Geschichte von Venedig, t. II (Gotha, 1920, in-8°,
coll. Heeren et Ukert) ; P.-M. Perret, Histoire des relations de la France avec
Venise, du XIIIe siècle à l’avènement de Charles VIII (Paris, 1896, 2 vol. in-
8°), le t. II ; pour la guerre de Ferrare, les études d’E. Piva indiquées p. 100 et
J. Calmette, La politique espagnole dans la guerre de Ferrare (1482-1484),
dans la Revue historique, t. XCII (1906), p. 225-253 ; pour la politique de Ve-
nise en Orient, W. Miller, The Latins in Levant : a history of Frankish Greece
(Londres, 1908, in-8°), traduction grecque augmentée par Sp. Lampros,
στορία τ ς Φραγκοκρατίας ν λλάδι (Athènes, 1909-1910, 2 vol. in-8° ;
2e éd. en cours de publication par fascicules) ; du même, Essays on the Latin
Orient (Cambridge, 1921, in-8°).
Le seul ouvrage d’ensemble sur Florence dans la seconde moitié du XVe
siècle, en attendant que la Geschichte von Florenz de Davidsohn ait atteint
cette période, reste celui de F. Perrens, Histoire de Florence depuis la domina-
tion des Médicis jusqu’à la chute de la République (Paris, 1883-1886, 6 vol.
in-8°), t. I à III. utiles aperçus dans R. Caggese, Firenze dalla decadenza di
Roma al Risorgimento d’Italia, t. II (Florence, 1913, in-12). Les petits ouvra-

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

ges d’A. Garsia, Il Magnifico e la Rinascenza (Florence, 1923, in-8°), et d’Ed.


Rho, Lorenzo il Magnifico (Bari, 1926, in-16), n’ont pas remplacé les biogra-
phies plus anciennes de Laurent, dues à A. Reumont, Lorenzo de’ Medici il
Magnifico (Leipzig, 1874, 2 vol. in-8°), et de B. Buser, Lorenzo de’ Medici
als italienischer Staatsmann (Leipzig, 1879, in-8°) ; du même, Die Beziehun-
gen der Mediceer zu Frankreich während der Jahre 1434-1404 in ihrem Zu-
sammenhang mit den allgemeinen Verhältnissen Italiens (Leipzig, 1879, in-
8°) ; E. Frantz, Sixtus IV und die Republik Florenz, cité p. 100.
Sur l’origine des guerres d’Italie, le livre déjà cité (p. 94) de F. Delaborde,
L’expédition de Charles VIII en Italie, demande à être sévèrement contrôlé ;
voir à ce sujet les réserves de J. Vaesen, L’expédition de Charles VIII en Ita-
lie, dans la Revue des questions historiques, t. XLV (1889), p. 574-587 ; R. de
Maulde La Clavière, Histoire de Louis XII ; 1re partie : Louis d’Orléans (Paris,
1889-1891, 3 vol. in-8°), ainsi que le volume suivant de la présente histoire
générale, Les débuts de l’âge moderne.

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Table des matières

Chapitre VI

La monarchie polonaise et le monde oriental 49

La Pologne semble s’acheminer, dans la seconde moitié du XVe


siècle, vers un avenir plein de grandeur. Autour de son roi, l’union se
fait : une monarchie solide se constitue sur les bords de la Vistule, et
la force d’attraction en est telle que l’on peut croire un moment à la
formation d’une sorte d’empire de l’Europe orientale, englobant dans
son sein à la fois la Hongrie et la Bohême, et dont le Jagellon de Polo-
gne serait le chef suprême. Cet espoir sera déçu ; mais, en attendant, il
est certain que les progrès continus de la Pologne ont pour résultat de
faire d’elle, aux confins des pays russes et asiatiques, une des puissan-
ces directrices de l’Europe nouvelle.

I. — Casimir IV Jagellon et la conquête


de la basse Vistule 50
Pour y parvenir, la Pologne devait avant toute autre chose s’assurer
un accès à la mer, en conquérant la vallée de la basse Vistule sur les
chevaliers de l’Ordre teutonique, toujours installés p113 en Prusse et en
Poméranie orientale, de part et d’autre du fleuve.
Depuis la paix de 1435, qui avait ruiné leur prestige, ceux-ci ne se
faisaient plus obéir qu’à grand’peine de leurs sujets. Les villes et les
seigneurs avaient fini par constituer entre eux pour la défense de leurs
intérêts, une « ligue prussienne » qui, de guerre lasse, se résolut, au
début de 1454, à invoquer le secours du souverain de la Pologne. Oc-
casion inespérée, que le roi Casimir IV Jagellon ne devait pas laisser
échapper. Dès le 6 mars 1454, il répondit à leur demande en promul-

49
OUVRAGES D’ENSEMBLE À CONSULTER.
50
OUVRAGES À CONSULTER.

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

guant un acte d’incorporation de toutes les terres prussiennes à ses


États et en accordant aux sujets de l’Ordre teutonique les libertés et
privilèges dont jouissaient les habitants de la Pologne. Il y ajoutait la
promesse d’une complète autonomie administrative. Et aussitôt il se
mit en mesure de réaliser l’annexion de la Prusse par la force des ar-
mes.
Difficile entreprise, qui fut gênée dès le début, en Pologne même,
par les revendications de la noblesse de la Pologne du nord ou Grande
Pologne, sur le concours de laquelle le roi avait surtout fait fonds. Se
sentant indispensable au succès de la guerre, elle profita de l’occasion
pour réclamer de nouveaux privilèges, que Casimir dut lui accorder :
par un acte de septembre 1454, il s’engagea à soumettre au vote pré-
alable de leurs assemblées ou « diétines » le texte des ordonnances
royales, à assurer une marche plus régulière de la justice, enfin à re-
cruter exclusivement sur place les titulaires des charges publiques.
Mais ces larges concessions ne suffirent pas à donner à l’armée polo-
naise l’entrain qui lui manquait, et elle se laissa battre presque aussitôt
à Chojnice, sur les confins de la Poméranie.
Pour faire pièce à la haute noblesse de la Petite Pologne (la Polo-
gne de Cracovie), dont l’opposition ne désarmait pas, Casimir essaya
de se concilier dans cette région l’appui de la petite noblesse en pro-
mulguant, aux mois de novembre et de décembre 1454, à Nieszawa,
sur la Vistule, en amont de Torún (Thorn), une série de privilèges —
restés célèbres sous le nom des Statuts de Nieszawa — en vertu des-
quels, limitant son propre pouvoir en même temps que celui de la hau-
te noblesse, il faisait des diétines provinciales le rouage essentiel du
gouvernement.
Non moins résolument, il entreprit une refonte complète de son
armée : sans renoncer à recourir à la noblesse polonaise, il recruta des
mercenaires, s’appuya sur les seigneurs et les p114 habitants des gran-
des villes de Prusse, Danzig en tête ; et, ayant, à prix d’or, gagné à sa
cause quelques-uns des chefs de l’armée teutonique, il reprit avec vi-
gueur l’offensive en territoire prussien. En 1457, le château, puis, en
1460, la ville même de Marienburg (Malborg) tombent au pouvoir des
Polonais, et le prestige du roi remonte. Il en profite pour régler
d’autorité un certain nombre de questions pendantes avec la Lituanie,
qui, n’ayant pris aucune part active à la campagne contre les Teutoni-

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

ques, voit écarter, en 1462, au profit de la Pologne ses prétentions sur


le duché de Belz (au sud de la Volhynie) et sur une partie de la Mazo-
vie, près du confluent du Bug et de la Vistule. Il en profite aussi pour
ressaisir, en Pologne même, une partie de ses prérogatives souverai-
nes, comme lorsque vers 1460 il s’attribue le droit de disposer person-
nellement des bénéfices ecclésiastiques vacants. Aussi se sent-il assez
fort pour rejeter l’une après l’autre toutes les tentatives de médiation
qu’au lendemain de la prise de Marienburg l’Ordre teutonique essaie
de faire jouer en sa faveur, celles du Danemark, comme celles de
l’empereur, de l’électeur de Brandebourg, du pape, des Autrichiens ou
du roi de Bohême. Disposant d’une excellente armée, peu nombreuse
mais bien équipée et admirablement commandée par un chef de pre-
mier ordre, Pierre Dunin, Casimir est résolu à ne pas abandonner en si
bonne voie une entreprise que le succès est en train de couronner.
En 1464, il est assez heureux pour détacher des Teutoniques
l’évêque de Warmie ou Ermeland, tandis que ses troupes occupent
Puck (Putzig), au nord-ouest de la baie de Danzig, et, en Prusse Orien-
tale, Soldau ; en 1465, Nowe, sur la Vistule, est conquise, et dès 1466
toute la Poméranie orientale et une partie de la rive droite de la basse
Vistule sont aux mains des Polonais. Alors seulement Casimir consent
à écouter les envoyés du pape Paul II et à entamer des pourparlers de
paix à Thorn. Un traité est signé dans cette ville, en octobre 1466. aux
termes duquel l’Ordre teutonique cède à la Pologne toute la portion
occidentale de ses territoires, englobant sur la rive gauche de la Vistu-
le la Poméranie tout entière avec le port de Danzig et, sur la rive droi-
te, les villes de Marienburg, Stuhm (Sztum), Kulm (Chelmno), Elbing
et Christburg, ainsi que l’évêché de Warmie ; les chevaliers teutoni-
ques conservent le reste de la Prusse orientale, mais comme fief de la
Pologne et avec obligation pour leurs grands-maîtres d’aller en per-
sonne, dans les six mois suivant leur élection, prêter serment de fidéli-
té au roi. p115 En revanche, celui-ci garantit à ses nouveaux sujets, dans
les territoires annexés, le maintien de leurs anciens privilèges et leur
autonomie administrative.
De fait, cette longue lutte contre l’Ordre teutonique n’aboutissait
pas à des résultats absolument décisifs, puisque l’Ordre n’était ni sup-
primé ni transféré en Podolie, comme Casimir en avait eu l’idée un
moment, dans l’espoir d’en faire une sentinelle avancée contre les Ta-
tars ; mais, au bout d’un siècle et demi, la Pologne rentrait enfin en

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

possession de l’embouchure de la Vistule, seule issue possible pour


son commerce depuis que les progrès des Turcs lui barraient les deux
grandes artères fluviales du Dniestr et du Dniepr.
Un autre résultat était également acquis : assuré de la reconnais-
sance de la noblesse de Grande Pologne, particulièrement exposée na-
guère aux attaques des Teutoniques, et fort de ses victoires, Casimir
avait désormais assez d’autorité pour décider souverainement en ma-
tière de politique extérieure, ce qui allait lui permettre de faire aussi-
tôt, tant en Bohême qu’en Hongrie, une politique dynastique, dont il
ne devait pas tarder à récolter les fruits.

II. — La mainmise polonaise sur la Bohême 51 .


Depuis quelques années la situation était plus confuse que jamais
en Bohême. À la mort d’Albert de Habsbourg, en 1439, le pouvoir
avait passé, on se le rappelle 52 , à son fils Ladislas le Posthume ; mais
ce n’était qu’un enfant et, même avant sa mort, survenue inopinément
en 1457, on peut bien dire p116 que le trône était vacant. Retenu à ce
moment par sa lutte contre l’Ordre teutonique, le roi de Pologne
n’avait pu d’abord intervenir. Il avait ainsi laissé le champ libre à
Georges de Podiébrad, ce seigneur tchèque dont nous avons déjà vu le
rôle considérable dans les affaires de son pays 53 ; et celui-ci en avait
profité pour s’attribuer la couronne (1458).
Grand homme d’État, plein de sagesse et de mesure, instruit par
une longue expérience, sachant avec une habileté peu commune
concilier les intérêts en apparence les plus opposés, Georges de Po-
diébrad paraissait seul à cette date capable de ramener l’ordre dans un
pays ruiné par les conflits politiques et les longues guerres religieuses.
Tout en se soumettant au pape et quoique très éloigné lui-même de
tout radicalisme religieux, il s’était montré prêt à respecter les droits
des partisans de la doctrine hussite. Accueilli avec enthousiasme par
le peuple tchèque, qui avait salué en lui son premier roi « national », il
était parvenu d’abord à apaiser les inquiétudes des villes allemandes

51
OUVRAGES À CONSULTER.
52
Voir notre 1re Partie, p. 899.
53
Voir 1re Partie, p. 399.

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

de Silésie, de Moravie et de Lusace, à l’exception de Breslau où les


catholiques s’étaient tout de suite déclarés contre lui ; il était aussi
parvenu à gagner l’alliance de l’électeur de Saxe et celle de
l’empereur. Très moderne d’esprit, rêvant même déjà d’un groupe-
ment de toutes les nations, il semblait en voie de réussir, quand il
s’était heurté soudain à une opposition irréductible de la papauté.
Avec Pie II, la rupture avait pu être évitée ; mais dès l’avènement de
Paul II (1464), la situation s’était tendue à l’extrême ; le nouveau pape
ayant en vain réclamé de Georges de Podiébrad une soumission sans
réserve aux directions religieuses du Saint-Siège, un procès en hérésie
lui avait été intenté à Rome au début d’août 1465 ; une sentence
d’excommunication avait suivi de près et, le 8 décembre de la même
année, les Tchèques avaient été solennellement déliés par le Souverain
Pontife de leur serment de fidélité.
II eût été loisible alors au roi de Pologne d’annexer immédiatement
la Silésie et la Lusace, car Breslau, dont un nonce apostolique assurait
le gouvernement, était prêt à se donner à lui ; il eût même pu sans
doute prendre la couronne de Bohême, que, soutenus par la papauté,
une partie des Tchèques révoltés lui offraient ; il préféra attendre son
heure et se contenta d’offrir sa médiation (1467-1468). Les choses en
étaient là quand tout p117 à coup, au mois de mai 1469, la nouvelle se
répandit que Mathias Corvin, le nouveau souverain de la Hongrie, qui
avait envahi le pays tchèque l’été précédent, venait d’être élu roi de
Bohême avec l’appui du pape. Presque aussitôt la fraction adverse de
la noblesse tchèque acclame le fils du roi Casimir de Pologne, le jeune
Ladislas (ou Vladislav), un enfant de treize ans, comme prince héri-
tier, tout en maintenant Podiébrad au pouvoir sa vie durant ; et, cette
fois, Casimir se fait fort d’obtenir la réconciliation de Podiébrad re-
pentant avec l’Église. L’opposition irréductible de Paul II, qui se refu-
se même à approuver la paix de Thorn, intervenue trois ans plus tôt
entre le roi de Pologne et les Teutoniques, amène l’échec de ce projet.
Les négociations traînaient entre Casimir et la curie romaine,
quand la mort subite de Georges de Podiébrad, le 22 mars 1471, vint
reposer en des termes nouveaux le problème de la succession royale
en Bohême : contre Ladislas Jagellon, le fils de Casimir, on ne pouvait
plus faire valoir, en effet, aucune des raisons d’ordre religieux qui
avaient précédemment décidé les adversaires de Podiébrad. Élu roi au
mois de mai, Ladislas, alors dans sa quinzième année, doit seulement

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

prêter serment de respecter les « dix-neuf articles » qui garantissent


les privilèges de la Bohême, ainsi que les Compactata d’Iihlava et les
divers accords conclus précédemment avec le Saint-Siège ; moyen-
nant quoi, l’accord se fait sur son nom, et Mathias Corvin n’a plus
qu’à se replier en hâte sur la Hongrie, où le roi de Pologne a, juste à
point, excité contre lui une révolte dangereuse.
La ténacité de Casimir est récompensée : sans prendre pour lui-
même la couronne de Bohême, il a réussi à la placer sur la tête de son
fils, un enfant, dont il compte bien diriger de loin la politique. Sans
doute, la tâche s’annonce difficile, car la guerre civile a fait là-bas son
œuvre. À la faveur des luttes, la noblesse tchèque a repris des habitu-
des d’indépendance qui rendent souvent illusoire l’exercice du pou-
voir royal. On prête aux seigneurs de ce temps cette réplique (qui rap-
pelle de près celle que la légende attribue à un interlocuteur de Hu-
gues Capet) : « Tu es notre roi, mais nous, nous sommes tes sei-
gneurs. » Entre les différentes classes de la société — nobles, bour-
geois, paysans, — les oppositions sont devenues très vives et la situa-
tion économique n’est pas moins grave que l’ébranlement intellectuel,
conséquence de tant de guerres religieuses. L’Université de Prague, si
brillante au début du XVe siècle, est en partie ruinée. p118
Mais la Bohême est un pays de ressources : ses richesses naturel-
les, surtout les nouvelles mines d’argent qu’on y découvre alors, vont
lui permettre de se relever rapidement ; les esprits vont se ressaisir et,
en cette fin du XVe siècle, la science juridique, pour citer ce seul
exemple, atteindra à Prague un développement admirable ; le pays va
se couvrir d’une splendide parure d’églises, de châteaux et monu-
ments de tous genres d’un style nouveau qui, du gothique, mène peu à
peu vers le style de la Renaissance ; l’organisation politique elle-
même va se moderniser dans le sens d’une sorte de parlementarisme
nobiliaire, analogue à ce qu’il sera plus tard en Pologne. Comme dans
le reste de l’Europe, sous l’égide de la Pologne, des temps nouveaux
s’annoncent en pays tchèque.

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

III. — La mainmise polonaise sur la Hongrie 54


En Hongrie, le roi Casimir poursuit pareillement et, en fin de
compte, avec le même succès, sa politique d’expansion.
Après la mort héroïque de Ladislas Jagellon à Varna, en 1444, la
Hongrie avait, on s’en souvient 55 , repris pour roi son jeune rival, La-
dislas V le Posthume, en confiant la régence à Jean Hunyadi.
S’appuyant sur la petite noblesse, alors en lutte ouverte avec les gran-
des familles, celui-ci sut arrêter la marche victorieuse des Turcs qui,
remontant le Danube sous le commandement de Mohammed II en
personne, vinrent brusquement menacer Belgrade, au début de juillet
1456. Sentinelle avancée de la Hongrie, la ville ne dut son salut qu’à
l’énergie du régent, à qui la prédication enflammée du franciscain ca-
labrais Jean de Capistrano sut, en outre, procurer le concours d’une
armée improvisée de croisés de tous rangs ; et, le 21 juillet, la victoire
d’Hunyadi fut si éclatante que son autorité semblait incontestable
quand il lut emporté (11 août 1456) par l’épidémie qui, au lendemain
du combat, ravagea l’armée hongroise victorieuse.
Malgré le prestige dont la bataille de Belgrade avait entouré p119 la
famille Hunyadi, ce ne fut pas sans peine que les partisans de Mathias
Hunyadi, le fils de Jean, finirent par l’emporter au milieu des compéti-
tions et des luttes qui suivirent la mort du régent et bientôt celle du roi
Ladislas lui-même (1457) : élu roi en dépit de son tout jeune âge, Ma-
thias, à qui la présence d’un corbeau dans ses armes devait valoir le
surnom de Corvin, dut employer une partie de son temps à déjouer les
intrigues des magnats en cherchant un appui dans la petite noblesse ; il
créa une armée permanente de mercenaires, recrutée surtout parmi les
anciens partisans de Ladislas le Posthume, et réussit à se libérer, sous
le rapport financier, de la tutelle des diètes, grâce à l’institution de
nouveaux impôts, levés avec une ponctualité implacable par une bu-
reaucratie nouvelle. Il en résulta pour lui une liberté d’allure qui lui
permit de gouverner en autocrate un royaume depuis longtemps voué
à l’anarchie. Il fut, par surcroît, en mesure de tenir tête victorieuse-

54
OUVRAGES À CONSULTER.
55
Voir 1re Partie, p. 399.

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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

ment aux attaques des Turcs, tant aux frontières de Serbie qu’à celles
de Moldavie, de profiter même de leur invasion en Bosnie, en 1463,
pour s’emparer et annexer à son royaume tout le nord de cette provin-
ce, y compris Jajce, la capitale. Enfin et surtout il put intervenir acti-
vement, ainsi qu’on l’a déjà vu 56 , dans les affaires de Bohême, après
la rupture de la papauté avec Georges de Podiébrad (1469), et s’y faire
un moment reconnaître comme roi par la faction papiste. Ce fut cette
intervention, d’ailleurs malheureuse en fin de compte, qui amena le
roi de Pologne Casimir à s’immiscer, lui aussi, dans la politique de la
Hongrie, à y soutenir, en 1471, une révolte des magnats et à y envoyer
son second fils — son homonyme — le prince Casimir, alors âgé de
treize ans, y disputer à Mathias la couronne.
L’expédition du prince Casimir en Hongrie (1471-1472) eut pour
résultat de forcer Mathias à lâcher prise en Bohême, sans compromet-
tre néanmoins d’une manière grave son autorité dans son propre pays.
En 1472, il était de nouveau maître, ou à peu près, de la situation, for-
çait les troupes polonaises à se retirer et pouvait même susciter au roi
de Pologne toutes sortes de difficultés sur ses frontières orientales.
L’état d’hostilité entre les deux rois devait se prolonger jusqu’en
1478, et la paix d’Olmütz (1479) devait valoir à la Hongrie la Mora-
vie, la Silésie et la Lusace, arrachées à la faiblesse de Ladislas. p120
Dès 1477, d’autre part, Mathias était déjà assez sûr de lui-même pour
envahir les États autrichiens, entrer à plusieurs reprises dans Vienne,
dont il s’emparait définitivement en 1485, soumettre la Styrie, prépa-
rer enfin son propre avènement à l’Empire, tout en suscitant autour de
lui un beau mouvement intellectuel et artistique qui allait lui survivre
en Hongrie.
Mais, du point de vue politique, son œuvre était éphémère, car il ne
sut pas fonder de dynastie, et sa mort (6 avril 1490) fournit au roi de
Pologne, qui veillait, l’occasion tant attendue d’une intervention déci-
sive. Faire écarter la candidature de Jean Corvin, fils naturel du dé-
funt, fut chose facile ; car pour les magnats hongrois, tout ce qui rap-
pelait Mathias était devenu synonyme de « tyrannie ». Souhaitant un
roi malléable, ils jetèrent leur dévolu sur l’aîné des fils de Casimir de
Pologne, ce Ladislas qui depuis 1471, régnait déjà sur la Bohême. Ce
choix ne répondait d’ailleurs pas entièrement aux vœux de Casimir
56
Ci-dessus, p. 118.

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lui-même, car il préférait éviter, fût-ce au profit d’un de ses fils, le


cumul des couronnes tchèque et hongroise ; aussi, son second fils, le
prince Casimir, le rival malchanceux de Mathias Corvin, étant mort
entre temps, s’employa-t-il à faire reconnaître de préférence son troi-
sième fils Jean-Albert, alors dans la force de l’âge (il était né en
1459). Les deux frères furent élus tous deux à quelques semaines
d’intervalle, Jean-Albert en juin par les représentants de la moyenne
noblesse, Ladislas en juillet par les magnats ; et, après deux ans de
lutte, ce fut au profit du second que le conflit fut résolu (1492).
Solution malencontreuse pour l’avenir de la royauté hongroise,
puisque Ladislas allait se trouver, en Hongrie comme en Bohême, pri-
sonnier de l’aristocratie ; solution décevante aussi en un sens pour le
roi Casimir, qui voyait ses préférences sacrifiées ; mais solution qui,
malgré tout, faisait pour un temps de la Hongrie un satellite de la Po-
logne et accroissait encore le rôle dévolu à ce dernier pays dans la po-
litique de l’Europe centrale et orientale.

IV. — L’orientation nouvelle de l’État polonais


à la fin du XVe siècle et la Scandinavie 57 .
La politique suivie par Casimir eut pour résultat de transformer
profondément le rôle que jouait l’État polonais en Europe. p121
Ce qui frappe avant tout désormais, c’est la place de plus en plus
restreinte que les intérêts propres de la Lituanie tiennent dans ses pré-
occupations politiques. En prenant la couronne de Pologne, Casimir
n’a pas pour autant renoncé à gouverner directement le duché litua-
nien ; mais il est visible que sa politique est beaucoup plus polonaise
que lituanienne. Il a interrompu la marche vers l’est inaugurée par ses
prédécesseurs sur le trône de Vilno. Il laisse se poursuivre aux frontiè-
res orientales de ses États la formation de l’empire moscovite. Bien
loin de prendre position contre son chef, le grand-duc Ivan III, Casi-
mir songe un moment à l’enrôler dans les rangs d’une armée de croi-
sade qu’il voudrait organiser contre les Infidèles, ce qui n’empêche
pas Ivan de multiplier contre lui les intrigues à l’intérieur de la Polo-

57
OUVRAGES À CONSULTER.

— 135 —
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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

gne elle-même. C’est que Casimir a cessé de regarder surtout vers


l’Orient, pour concentrer son attention sur l’Occident et la Baltique.
Le hasard veut qu’au moment même où la conquête de la mer Noi-
re par les Turcs coupe à la Pologne ses débouchés vers le sud, la dé-
cadence des Hanséates et la rupture de l’Union de Kalmar lui laissent
le champ libre dans la Baltique. Dans la seconde moitié du XVe siècle,
si la Norvège reste danoise, la lutte entre Danois et Suédois bat son
plein : le roi Christian Ier d’Oldenbourg, qui semblait avoir triomphé
en 1453 du séparatisme suédois, est en fait sans autorité à Stockholm,
où, à partir de 1467, son rival Charles Knutson (Charles VIII), puis,
après p122 la mort de celui-ci (1470), un autre noble suédois, Sten Stu-
re, le supplantent. En 1471, Christian, qui a mobilisé toute une armée
pour tenter une revanche, subit personnellement à Brunkeberg, sous
les murs de la capitale suédoise, une défaite écrasante qui, pour bien
des années, marque la fin de l’union du Danemark et de la Suède : ce
n’est pas avant 1497 que son fils Jean, qui lui succédera en 1481, ten-
tera un nouvel et stérile effort pour en refaire une réalité ; et cette lutte
sans cesse renaissante, funeste au commerce Scandinave, est pour les
Polonais une chance inespérée.
Ils en profitent pour réorganiser leur régime économique en fonc-
tion des débouchés nouveaux qui s’offrent à eux. La Pologne devient
un pays grand producteur de céréales, ce qui entraîne à la fois une
transformation dans les conditions de vie des classes paysannes, qu’on
cherche à attacher définitivement à la glèbe, la création de vastes en-
trepôts de blé en vue du commerce d’exportation et, sur les bords de la
Baltique, le développement de ports bien outillés, Danzig en tête. La
prépondérance économique dans l’État polonais passe alors nettement,
et de plus en plus, de la Petite Pologne à la Grande et aux pays rive-
rains de la Baltique ; de plus en plus aussi la petite noblesse profite de
l’enrichissement du pays et voit croître son influence dans les conseils
du gouvernement.
En même temps qu’elle s’enrichit en se tournant résolument vers la
Baltique et vers l’Europe occidentale, la Pologne acquiert des préoc-
cupations et des goûts intellectuels nouveaux. À la cour royale, au
château de Wawel à Cracovie, Allemands, Tchèques, Hongrois, Ita-
liens se coudoient ; les hôtes illustres ne manquent pas, tel Philippe
Buonaccorsi, qui, en 1473, est choisi comme précepteur des fils du

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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

roi. La jeunesse polonaise fréquente les Universités de l’Occident, et


celle de Cracovie devient elle-même, à leur image, un vrai centre de
culture humaniste, où les œuvres de Pétrarque ne sont pas lues et
commentées avec un soin moins jaloux que Tite Live ou les grands
philosophes. La science politique y est également en honneur : c’est
en 1475 ou 1476 que Stanislas Ostrorog écrit son Monumentum pro
reipublicae ordinatione, où il érige en système l’idée de l’État souve-
rain, représenté par un monarque absolu, et où il réclame l’égalité de
tous devant les charges financières. Enfin, l’idée nationale achève de
prendre conscience d’elle-même dans les œuvres des historiens : en
1480, le chanoine Jean Dlugosz, dit Longinus, termine à Cracovie sa
grande histoire de Pologne p123 (Historiae Polonicae libri XII), la pre-
mière où le passé du pays soit exposé d’ensemble, du point de vue na-
tional.
L’État polono-lituanien devient ainsi aux confins des pays russes et
asiatiques, un foyer de civilisation européenne, qui finira par rayonner
sur ces pays eux-mêmes.

V. — Les pays russes 58


On n’en est pas là encore et, jusqu’à nouvel ordre, la Pologne reste
à l’extrême pointe de la civilisation européenne.
La Russie, en effet, n’est encore que très faiblement touchée par les
idées occidentales. Et pourtant celles-ci commencent à s’y infiltrer
dans le dernier quart du XVe siècle, à mesure que se réalise
l’unification des provinces centrales au profit de la principauté mos-
covite 59 . Très ralenti après la mort de Dmitri Donskoï, en 1389, du
fait tant de la politique lituanienne que de la médiocrité des deux pre-
miers successeurs de Dmitri, ses fils et petit-fils Vasili Ier et Vasili II
« l’Aveugle », le « rassemblement » des terres russes a repris en effet
à vive allure sous son arrière-petit-fils Ivan III (1462-1505), dont on a
vu que le roi de Pologne Casimir IV ne cherche guère à entraver la
politique. Ivan peut donc sans obstacle mettre définitivement la main,
en 1471, sur la grande république de Novgorod, bien déchue de sa

58
OUVRAGES À CONSULTER.
59
Sur la formation de la Russie, jusqu’en 1380 environ, voir notre 1re Partie, p.
217-223.

— 137 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

splendeur passée depuis qu’au XVe siècle l’aristocratie p124 de la ville,


les boyards, ont entrepris de disputer le gouvernement de l’État aux
éléments les plus actifs de la population ; il peut, en 1485, détruire
pareillement au profit de Moscou l’indépendance du duché de Tver,
depuis longtemps déchiré par des luttes intestines, mais que, jusqu’au
règne de Casimir, la protection de la Lituanie avait, comme Novgorod
— traditionnellement cliente des grands-ducs lituaniens — mis à
l’abri de ses convoitises ; il étend son influence jusqu’en Crimée, jus-
qu’à Kazan, sur la Volga ; et ce n’est pas tout à fait à tort qu’il
s’intitule déjà fièrement « seigneur de toutes les Russies ».
Or, à mesure que sa puissance territoriale augmente, Ivan attire de
plus en plus sur lui les regards de l’Europe. La papauté n’est pas la
dernière, en Occident, à lui faire des avances ; et dès 1472 Sixte IV se
réjouit comme d’un succès d’être parvenu à lui donner pour épouse
Zoé Paléologue, seconde fille de Thomas Paléologue, le dernier des-
pote de Morée. Vivant depuis de longues années à Rome, où elle
s’était réfugiée après la perte de la Morée par son père, Zoé devait,
dans la pensée du pape, aider à la réconciliation des Russes avec
l’Église romaine. C’était une illusion, et un rapprochement avec le
Saint-Siège était loin de la pensée d’Ivan ; mais son mariage eut pour
conséquence d’amener à Moscou nombre de Grecs et surtout
d’Italiens, parmi lesquels des artisans ou des artistes, souvent de va-
leur, qu’on qualifia tous indistinctement de Friazines, c’est-à-dire
« Francs ». On les verra, à dater de 1475, sur l’ordre du grand-duc, qui
ne cesse d’en recruter en Italie même, couvrir Moscou — notamment
au Kreml (ou Kremlin) — de somptueux édifices, où s’insinuent peu à
peu la technique et la décoration occidentales 60 . Mais ce n’est là en-
core de la part du grand-duc de Moscou qu’une adhésion très relative
aux idées d’Occident : le programme architectural qu’il fixe aux Fria-
zines reste essentiellement celui de ses ancêtres et, pour le fond des
choses, il demeure beaucoup plus près des Asiatiques, ses voisins, que
des Occidentaux.
À l’est et au sud de la principauté de Moscou, les États tatars de
Russie ne représentent plus, pour leur part, qu’une civilisation asiati-
que en pleine décadence. L’ancien Kiptchak du temps de la splendeur
mongole, le domaine de la « Horde d’Or », qui couvrait tout le sud-est
60
Sur leur œuvre, voir ci-dessous, p. 215.

— 138 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

de la Russie, de la mer Noire et du Caucase jusqu’au fleuve Oural,


débordant même sur l’Asie p125 occidentale jusqu’aux steppes du nord-
est de l’Aral, s’est depuis longtemps fractionné. Le khan de la Horde
d’Or, dont la capitale est toujours Saraï sur la basse Volga, n’a plus
autorité que sur une très faible fraction de cet important groupe de ter-
ritoires, et depuis les coups que, des confins asiatiques, lui a portés
Timour à la fin du XIVe siècle, ce qui subsiste de cet État autrefois si
brillant n’est qu’un pays ruiné, en pleine anarchie, dont des princes
rivaux et impuissants se disputent le gouvernement. Il n’est plus ques-
tion, bien entendu, que le souverain de Moscou leur prête hommage et
leur paie tribut, comme il l’a fait longtemps : le Kiptchak sera, au
contraire, pour Ivan III, dès le début du XVIe siècle, une proie facile.
De la Horde d’Or se sont détachés successivement les territoires
voisins de la mer d’Azov, avec ceux de la région comprise entre la
Volga et le fleuve Oural, l’ancienne Grande Bulgarie, dont le
confluent de la Kama et de la Volga est le centre vital, enfin le pays
d’Astrakhan : les premiers constituent depuis les environs de 1420 le
khanat de Crimée, où règne la famille Guéraï, qui s’y maintiendra jus-
qu’à la fin du XVIIIe siècle ; les seconds forment depuis 1438 le khanat
de Kazan ; le pays d’Astrakhan est depuis 1466 le siège d’un troisiè-
me khanat de faible importance, qui durera jusqu’au milieu du XVIe
siècle. Ils n’ont plus, à la fin du XVe, qu’une indépendance précaire : le
khan de Crimée a dû reconnaître, en 1475, la suzeraineté du sultan de
Constantinople ; celui de Kazan tombe peu à peu dans la vassalité du
prince de Moscou ; celui d’Astrakhan traîne une existence misérable
et va, lui aussi, passer sous la domination du souverain moscovite.
Ainsi, d’un bout à l’autre de la plaine russe, c’est maintenant la
poussée de l’Occident qui est la plus forte, et l’Asie, à son tour, finira
par être atteinte.

— 139 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

VI. — L’arrière-plan asiatique 61


Dès maintenant, elle semble épuisée. Après l’offensive de Timour,
après celle des Ottomans, la force d’expansion des peuples asiatiques
est provisoirement tarie. p126
En Perse et en Transoxiane, les dernières dynasties timourides
achèvent de mourir, tandis que, dans le Turkestan oriental, agonisent
pareillement les derniers descendants de Djagataï, le second fils de
Gengis-khan. En Chine, la dynastie des Ming, qui, dans le premier
quart du XVe siècle, au temps de l’empereur Yong-lo (1403-1424), a
vécu des années de gloire, est déjà sur le déclin : refoulée dès 1428
hors de l’Indochine par les Annamites, qui peu à peu étendent leur
domination sur la majeure partie de la péninsule, puis en 1453 hors de
la Mongolie par les Oïrat, la Chine traverse une de ces périodes de
repliement sur elle-même comme il en est tant au cours de son histoire
plusieurs fois millénaire. Mais si elle laisse les nomades de Mongolie
libres de leurs mouvements, ceux-ci — quoique à nouveau groupés,
dans les dernières années du XVe siècle, sous l’hégémonie d’un prince
de la descendance de Gengis-khan, le « grand khan » Dayan, — sont
cependant hors d’état de reprendre à leur compte la politique de large
expansion du lointain ancêtre dont leur chef se réclame.
L’impression d’isolement, de repliement, est bien entendu plus for-
te encore si l’on passe de Mongolie ou de Chine au Japon ou aux In-
des. Le Japon est tellement divisé, le pouvoir de ses empereurs et
même celui de leurs « maires du palais » ou chogoun — quoique le
chogounats soit pratiquement héréditaire, et depuis longtemps déjà,
dans la famille des Achikaga — est à ce point discuté, ou même sim-
plement annihilé, qu’il ne saurait être question de conquêtes ou
d’expansion. Entre les grands seigneurs ou daïmio qui se partagent les
provinces, les guerres sont perpétuelles et terribles. Au cours de la
fameuse « guerre d’Onin », qui dura dix ans, de 1467 à 1477, on parle
d’un seigneur, Yamana Sozen, surnommé le Moine rouge, qui aurait
été capable, au dire des chroniqueurs, d’aligner plus de cinquante mil-

61
OUVRAGES À CONSULTER.

— 140 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

le guerriers, dont quarante mille vassaux, et de son rival Katsoumoto,


qui pouvait lui en opposer plus de soixante mille. p127
Aux Indes, c’est l’émiettement des royaumes musulmans, comme
des autres. Dans le nord, le royaume de Delhi est en pleine décompo-
sition ; dans le Dekkan, l’empire constitue au cours des XIVe - XVe siè-
cles par la dynastie iranienne des Bahmanides, se fractionne à partir
de 1482, en cinq sultanats rivaux : Berar, Golconde, Bidar, Bijapour,
Ahmadnagar. C’est à nouveau, d’un bout à l’autre de l’immense pé-
ninsule, un pullulement de principautés, dont les chefs ne semblent
avoir d’autre rêve que de s’entre-dévorer.
L’Europe pourrait presque se désintéresser du continent asiatique
si les Ottomans n’étaient campés sur son sol, prêts à lui rappeler à tout
moment les forces redoutables qu’elle recèle encore. p128

Table des matières

Bibliographie du chapitre VI
La monarchie polonaise et le monde oriental

OUVRAGES D’ENSEMBLE À CONSULTER. — Les mêmes, en général, que pour le


chap. VIII du livre I (1re Partie, p. 199, n. 1).

I. Casimir IV Jagellon et la conquête de la basse Vistule


OUVRAGES À CONSULTER. — Outre les livres d’ensemble sur la Pologne médiéva-
le rappelés n. 1, voir F. Papée, Polska i Litwa na przelomie wieków średnich
[La Pologne et la Lituanie au tournant de l’histoire du moyen âge], t. Ier (Cra-
covie, 1903,in-8°) ; P. Simson, Geschichte der Stadt Danzig (Danzig, 1913-
1918, 4 vol. in-8°) K. Tymieniecki, Upadek rzadów krzyzackich na Pomorzu
[La débâcle du régime de l’Ordre en Poméranie], dans Pomorze i ziemia
Chelminska w przeszlości [La Poméranie et la guerre de Chelm dans le passé]
(Poznan, 1927, in-8°) ; W. Sobieski, Walka o Pomorze [La lutte pour la Pomé-
ranie] (Poznan, 1928 ; in-8°) ; A. Vetulani, Lenno pruskie [Le fief prussien]
(Cracovie, 1930, in-8°, publ. de l’Académie polonaise) ; A. Klodzinski, W
sprawie przymlejów nieszatvskich z. r. 1454 [La question des privilèges de
Nieszawa] » dans les Studja historyczne ku czci W. Zakrzewskiego [Études
historiques offertes à W. Zakrzewski] (Cracovie, 1908, in-8°).

— 141 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

II. La mainmise polonaise sur la Bohême


OUVRAGES À CONSULTER. — Outre les livres d’Urbanek, České déjiny (cité p. 9) ;
d’A. Bachmann, Geschichte Böhmens, t. II (Gotha, 1905, in-8°, dans la coll.
Heeren et Ukert), et d’E. Denis, Fin de l’indépendance bohême, t I : Georges
de Podièbrad, les Jagellons, cité p. 9, consulter J. Goll, Čechy a Prusy ve
stredoveku [La Bohême et la Prusse au moyen âge] (Prague, 1897, in-8°) ;
Zd.-W. Tobolka, Styki krále českého Iiriho s králem polskym Kazimirem [Les
rapports entre le roi de Bohême Georges et le roi de Pologne Casimir], dans
Časopis Česketto Muséa. ann. 1898 ; Zd. Nejedly, Volba kràle Vladislava II v.
1471 [L’élection du roi Ladislas II en 1471], dans Česky Časopis historicky,
ann. 1905, p. 38-54 et 160-173 ; Prochaska, Kazimierz Jagielonczyk i Jerzik
Czéski [Casimir Jagellon et Georges le Tchèque] dans Przeglad historyczny, t.
XVII, (1913), p. 1-37 et 129-170 ; R. Urbanek, Konec Ladislava Pohrobka
[La fin de Ladislas le Posthume] (Prague, 1924, in-8°) ! du même, Hussitsky
kral [Un roi hussite] (Prague, 1926, in-8°), livre de vulgarisation sur Georges
de Podièbrad ; J. Kapras, Un ancêtre de la Société des Nations (Prague, 1924,
brochure in-8°), fait de Georges de Podiébrad un précurseur de l’œuvre de la
Société des Nations.

III. La mainmise polonaise sur la Hongrie


OUVRAGES À CONSULTER. — Outre les histoires de Hongrie citées 1re Partie, p.
199, n. 1, consulter surtout V. Fraknoi, Hunyadi Máty s [Mathias Hunyadi]
(Budapest, 1890, in-8°) ; Z. Tóth, Máty s Kiral idegen zsoldos sarege
[L’année des mercenaires étrangers du roi Mathias] (Budapest, 1925, in-8o) ;
A. Prochaska, Wyprawa św. Kazimierza na Wegry [L’expédition de saint Ca-
simir en Hongrie], dans l’Ateneum wilenskie, ann. 1923,1.1, p. 10-28, et t. II,
p. 117-139.

IV. L’orientation nouvelle de l’État polonais à la fin du XVe siècle


et la Scandinavie
OUVRAGES À CONSULTER. — Outre les ouvrages cités p. 113, consulter, sur la
Pologne, Jan Rutkowski, Histoire économique de la Pologne avant les parta-
ges (Paris, 1927, in-8o, fasc. 1 de la « Bibliothèque polonaise », publiée par
l’Institut d’études slaves de Paris) ; R. Pilât, Historja literatury polskiej w me-
kach średnich [Histoire de. la littérature polonaise au moyen âge], publ. sous
la direction de L. Bernacki, t. II (Varsovie, 1926, in-8°) ; J. Ptaśnik, Kultura
wloska wieków średnich w Polsce [La civilisation italienne du moyen âge en
Pologne] (Varsovie, 1922, in-8°) ; K. Morawski, Historja Uniwersytetu jagie-
lońskiego [Histoire de l’Université jagelonienne], t. I et II (Cracovie, 1900, 2

— 142 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

vol. in-8°) ; Bobrzynski-Smolka, Jan Dlugosz (Cracovie, 1893, in-4°) ; J. Da-


browski, Jan Dlugosz. Bitwa Grunwaldzka [Jean Dlugosz et la bataille de
Grunwald] (Cracovie, in-12, fasc. 31 de la « Biblioteka narodowa »).
Sur les pays Scandinaves, les tomes II (par Erslev) et III (par H. Heise) de
la Danmarks riges historie, publ. par Steenstrup, Erslev, Heise, etc. (Copen-
hague, s. d., 6 vol. in-8°) ; le t. III de A. Friis, A. Linvald et M. Mackeprang,
Det Dantske Folk i Oldtiden (Copenhague, 1926-1929, 8 vol. in-8o) ; le t, III
de la Norges historie fremslillet for det norske folk [Histoire de Norvège expo-
sée au peuple norvégien], publ. par A. Bugge, Hertzberg, A. Johnson, etc.
(Christiania,1917, in-8°) ; le t. III de la Sveriges historia till vâra dagar [His-
toire de Suède jusqu’à nos jours], publ. par E. Hildebrand et L. Stavenow
(Stockholm, 1927, in-8°) ; Kr. Erslev, Danmarks historie under dronning
Margrethe og Erik af Pommern, t. II : Erik af Pommern, hans Kampf for Sön-
derjylland og Kalmarunionens Oplösning [Histoire de Danemark sous la reine
Marguerite et Éric de Poméranie, t. II : Éric de Poméranie, sa lutte pour le
Slesvig et la dissolution de l’union de Kalmar] (Copenhague, 1901, in-8°) ;
O.-A. Johnsen, Norgesveldets Undergang [Le déclin de la puissance norvé-
gienne] (Oslo, 1924, in-8°), qui concerne la période 1319-1537.

V. Les pays russes


OUVRAGES À CONSULTER. — Aux histoires générales de Russie citées dans notre
1re Partie, p. 217, spécialement celles de Klioutchevsky et de Platonov, tradui-
tes l’une en anglais et en allemand, l’autre (plus sommaire) en français, join-
dre A.-E. Presniakov, Obrazovanié vélikorousskavo Gosourdarstva [La for-
mation de l’État grand-russien] (Petrograd, 1918, in-8°) ; F. Koneczny, Gene-
za uroszczen Iwana III do Rusi Litewskiej [Les origines des pretentious d’Ivan
III sur la Ruthénie lituanienne] (Vilno, 1926, in-8°) ; Sawwa, Moskovskie tzari
i vizantiiskie vazilevsy [Les tsars moscovites et les empereurs de Byzance]
(Kharkov, 1901, in-8°) ; H. Uebersberger, Œsterreich und Russland seit dem
Ende des XV Jahrhunderts, t. I (Vienne et Leipzig, 1905, in-8o) ; Louis Réau,
L’art russe des origines à Pierre le Grand (Paris, 1921, in-8°), en particulier
le chapitre intitulé : Le Kreml italien de Moscou (p. 231-248) ; sur le mariage
d’Ivan III, le P. Pierling, Le mariage d’un tsar au Vatican : Ivan III et Zoé Pa-
léologue, dans la Revue des questions historiques, ann. 1887, p. 353-397 ; et,
du même, La Russie et le Saint-Siège, I (Paris, 1906, in-8°). — Sur les Tatars
de Russie, voir la consciencieuse compilation de Howorth, History of the
Mongols (citée 1re Partie, p. 176), t. II ; et le livre vieilli de J. von Hammer-
Purgstall, Geschichte der Goldenen Horde in Kiptschack,das ist der Mongolen
in Russland (Budapest, 1840, in-8°). Sur le khanat de Crimée, voir les ouvra-
ges indiqués ci-dessous, p. 130. Consulter, en outre, l’Encyclopédie de l’Islam
(Paris et Leyde, 4 vol. in-4° en cours de publication depuis 1907), qui renfer-
me nombre d’articles utiles et munis de bibliographies.

— 143 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

VI. L’arrière-plan asiatique


OUVRAGES À CONSULTER. — Bornons-nous ici à renvoyer à René Grousset, His-
toire de l’Extrême-Orient (Paris, 1929, 2 vol. in-8°, fasc. 39 et 40 des « Anna-
les du Musée Guimet ; Bibliothèque d’études » ; du même, Les civilisations de
l’Orient, t. I à IV (Paris, 1929-1931, 4 vol. in-8°) ; Mundoch et Yamataga,
History of Japan (Kobé et Yokohama, 1903-1925, 3 vol. in-8°), t. I ; pour les
dynasties timourides, L. Bouvat, L’empire mongol, 2e phase : Timour et les
Timourides (Paris, 1927, in-8°, t. VIII, 3e partie, de l’« Histoire du monde »
publiée par E. Cavaignac) ; pour la Perse, P.-M. Sykes, History of Persia, t. II
(Londres, 1917, in-8o ; 2e éd., 1921) ; pour l’Inde, Ishwari Prasad History of
mediaeval India (Allahabad, 1925, in-8° ; 2e éd., 1928), trad. française par H.
de Saugy, sous le titre : L’Inde du VIIe au XVIe siècle (Paris, 1930, in-8°, t.
VIII, 1re partie de l’« Histoire du monde », publ. par E. Cavaignac), et la
Cambridge history of India, t. III : Turks and Afghans (Cambridge, 1921, in-
8°). Il est commode, pour les dynasties musulmanes, de se reporter aux résu-
més, chronologiques et généalogiques de Stanley Lane Poole, The Mohamma-
dan dynasties (Londres, 1893, in-12 ; réimpression, Paris, 1925), et d’E. de
Zambaur, Manuel de généalogie et de chronologie pour l’histoire de l’Islam
(Hanovre, 1927, in-4o) ; mais les erreurs n’y sont pas rares, l’Encyclopédie de
l’Islam (citée p. 124) reste ici fort utile à consulter.

— 144 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Table des matières

Chapitre VII

L’Empire ottoman et les peuples musulmans


du bassin de la Méditerranée 62

La prise de Constantinople, le 29 mai 1453, n’avait pas, du point


de vue territorial, sensiblement modifié la situation de l’Empire otto-
man ; mais, du point de vue politique, ce fut le signal d’un change-
ment considérable dans les pays de la Méditerranée orientale. Le sul-
tan Mohammed II n’était plus seulement le chef suprême des musul-
mans, un chef qui pouvait, comme tel, réclamer la suprématie sur tous
les autres princes du monde islamique d’Afrique ou d’Asie ; il deve-
nait, du fait de son installation sur la rive européenne du Bosphore, le
successeur des empereurs byzantins, par conséquent le chef désigné
de tous les Grecs de Morée ou d’Asie Mineure, en même temps que
de tous les Slaves des Balkans et des pays danubiens. Maître des Dé-
troits, il faisait de la mer Noire une mer turque ; il barrait la route aux
Génois et aux Vénitiens, qui allaient se trouver pour toujours éliminés
des pays d’Europe orientale, où ils avaient multiplié leurs comptoirs et
leurs entrepôts. C’était bien, cette fois, une prise de possession défini-
tive de l’Orient européen par l’Asie, et, de Constantinople, les Osman-
lis allaient pouvoir organiser un gouvernement stable pour les peuples
divers sur lesquels ils avaient la prétention de régner. p129

62
OUVRAGES D’ENSEMBLE A CONSULTER.

— 145 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

I. — L’achèvement des conquêtes ottomanes 63


Après son entrée à Constantinople, le sultan Mohammed n’avait
pas ralenti ses efforts. Dans toutes les directions les conquêtes furent
poursuivies avec acharnement, les troupes turques revenant inlassa-
blement à la charge jusqu’au succès définitif. Les îles de l’Archipel
furent soumises sans trop de peine, en particulier, Lemnos, Imbros,
Thasos et Samothrace en 1456, puis, en 1462, Mytilène, en 1470 Né-
grepont (l’Eubée). La seule résistance sérieuse vint de Rhodes, où les
Turcs se heurtèrent à l’héroïsme des chevaliers de l’ordre de l’Hôpital,
qui y étaient installés depuis le début du XIVe siècle. Sommé une pre-
mière fois de payer tribut en 1455, leur grand maître s’y refusa ; rien
ne put fléchir sa fière obstination, qui brava et finalement repoussa au
début de l’été 1480 une violente attaque contre sa capitale. Elle lui dut
d’échapper plus de quarante ans encore à la domination turque. p130
Dans la Grèce continentale, Mohammed sut habilement mettre à
profit les divisions entre les princes et les « despotes » jaloux les uns
des autres, qui s’y disputaient l’autorité. Athènes fut occupée partiel-
lement dès 1456 et en totalité à dater de 1458 ; Mantinée et Tégée
succombèrent ; puis Corinthe. Quelques années plus tard, la domina-
tion turque était installée dans presque toute la Morée.
En Albanie, il fallut compter avec l’indomptable énergie de Skan-
der-beg, que Calixte III appelait l’« Athlète du Christ ». Contre lui, on
dut mobiliser des forces considérables et soutenir une terrible guerre.
Battu près de Bérat, fin juin 1455, Skander-beg prenait une éclatante
revanche en juillet 1457, dans la plaine d’Alessio, jusqu’où les troupes
du sultan s’étaient imprudemment aventurées. En 1461, Mohammed
concluait avec lui une trêve de dix ans, mais le chef albanais la rom-
pait dès la fin de 1462, à l’instigation du pape et des princes chrétiens
d’Occident qui reparlaient de croisade, ce qui ne les empêcha pas de
l’abandonner peu après, au lendemain de la mort de Pie II, (1464) et
de le laisser sans secours au moment où, en mai 1466, le sultan se jeta,
à la tête d’une forte armée, à l’attaque de sa capitale, Kroja. Des mois
durant, la place tint bon ; en décembre, Skander-beg résolut de courir

63
OUVRAGES À CONSULTER.

— 146 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

jusqu’à Rome pour implorer de l’aide : il n’en rapporta que de


l’argent, des vivres et des munitions, réussit cependant à battre les
Turcs et à dégager Kroja, mais dut finalement se réfugier dans la co-
lonie vénitienne d’Alessio, où la mort vint le prendre, le 17 janvier
1468. Sa disparition laissa le champ libre aux armées du sultan, qui
purent dès lors, en quelques années, achever la conquête et la soumis-
sion d’un pays où la domination turque devait rester implantée jus-
qu’au début du XXe siècle.
Dans les pays serbes, l’anarchie politique rendait beaucoup plus ai-
sés les progrès des Ottomans. Les Serbes étaient répartis entre trois
États ou principautés : la Serbie proprement dite, gouvernée par le
« despote » Georges Branković, la Bosnie, sous des princes de la fa-
mille des Kotromanić (en dernier lieu, Étienne Tomaš et, à partir de
1461, son fils Étienne Tomašević), enfin le « duché de saint Sava » ou
Herzégovine, en possession depuis 1443 d’Étienne Vukčić. Non seu-
lement les trois souverains se combattaient entre eux, mais les mem-
bres de chacune des trois familles régnantes s’entre-déchiraient et les
luttes religieuses mettaient aux prises leurs sujets, les uns catholiques,
les autres orthodoxes, les autres p131 adeptes de l’hérésie cathare. Par
surcroît, les Serbes étaient tiraillés entre les influences rivales de leurs
voisins, Croates et Hongrois. Les petits princes du Monténégro (ou
pays de Zêta), de la famille Crnojević, bien protégés par leurs âpres
montagnes, étaient presque les seuls princes serbes qui fussent, au
moment de la prise de Constantinople, parvenus à sauvegarder leur
indépendance.
Pour Mohammed, la conquête des pays serbes ne devait, dans ces
conditions, présenter aucune difficulté grave. Avant la fin de 1453,
Georges Branković était contraint de reprendre le paiement du tribut
établi sous Mourad, ce qui n’empêchait pas le sultan, l’année suivante,
de tenter, sans succès d’ailleurs, un coup de main sur Semendria, puis,
en juillet 1455, de s’emparer, dans le sud, du riche district minier de
Novobrdo, à l’est de Pristina. Mais à ce moment, il hésitait encore,
semble-t-il, entre une attaque à fond contre la Serbie et une offensive
contre la Hongrie, sa voisine. En juillet 1456, il se jetait brusquement
sur Belgrade, alors rattachée à la Hongrie, et l’on a vu 64 la défaite
sanglante que lui avait valu cette audacieuse tentative. Il se vengeait
64
Voir ci-dessus, p.119.

— 147 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

aussitôt de cet échec sur la Serbie septentrionale, et la mort de Geor-


ges Branković survenue à peu de temps de là (24 décembre 1456) ne
tardait pas à lui livrer le pays. En juin 1459, Semendria était prise, et
ni les campagnes victorieuses du roi de Hongrie Mathias Corvin, ni
les incursions des Valaques et des Moldaves ne purent sauver les Ser-
bes. La Bosnie fut conquise à son tour en 1463 ; la capitale Jajce, sur
le Verbas, n’échappa aux Turcs que pour tomber, on se le rappelle 65 ,
aux mains des Hongrois. Quant à l’Herzégovine, elle fut aussi oc-
cupée pièce à pièce, au cours des années 1465-1466, si bien qu’à la
mort du duc Étienne Vukčić en 1466, ses fils n’eurent même plus la
force de jouer activement le rôle de prétendants. Dispersés, réduits à
s’exiler au delà du Danube ou en Albanie, à se réfugier jusque dans
les couvents, les princes et les seigneurs serbes furent obligés
d’abandonner aux conquérants leur patrie, qui, des siècles durant, al-
lait demeurer une des marches avancées de la Turquie en territoire
européen.
Entre les Balkans et les Alpes de Transylvanie, la principauté de
Valachie formait une zone neutre que Turcs et Hongrois se dispu-
taient. Au moment de l’entrée de Mohammed dans Constantinople,
l’influence hongroise y était prépondérante, mais p132 le prince dut se
résoudre presque aussitôt à payer, lui aussi, tribut au sultan victorieux,
tout en se promettant de secouer le joug au plus tôt. Depuis 1456, le
pouvoir était aux mains de Vlad IV, le fils de Vlad III le Diable, mort
dix ans plus tôt. Son énergie farouche s’alliait à une atroce cruauté qui
devait lui valoir le surnom de Vlad « l’Empaleur ». Dans un pays en
pleine anarchie, il rétablit l’ordre par la terreur, n’hésitant pas, dit-on,
à faire exécuter vingt mille de ses sujets pour obtenir l’obéissance.
Après quoi, il osa tenir tête à Mohammed, reçut avec hauteur la de-
mande d’un contingent annuel de cinq cents soldats, riposta en faisant
empaler les envoyés du sultan et, quand, en 1462, ce dernier tenta de
l’aller châtier en envahissant ses États, lui infligea une défaite reten-
tissante. Mohammed se vengea néanmoins en suscitant à Vlad un rival
en la personne de son propre frère, Radou le Bel, que le prince de
Moldavie aida à s’emparer du trône.
Ce prince, depuis 1457, était Étienne IV dit le Grand, de la dynas-
tie des Mouchate. Pas plus que Vlad l’Empaleur, il n’était disposé à
65
Voir p. 120.

— 148 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

subir le joug turc et, comme lui, se refusait à payer le tribut que Mo-
hammed avait voulu imposer en 1456 à la principauté moldave. Il
poussa même l’audace jusqu’à s’emparer par surprise, en 1465, du
port turc de Kilia, sur le bas Danube ; puis, regrettant d’avoir prêté la
main à l’élévation au trône valaque de Radou, l’homme des Turcs,
devenu son mortel ennemi, il s’employa à le renverser et réussit à lui
faire substituer, en 1473, un de ses propres clients, Laïote Basaraba.
Celui-ci n’eut d’ailleurs rien de plus pressé que de reconnaître la suze-
raineté du sultan et de lui apporter le concours de ses troupes quand
Mohammed, à la fin de 1474, se décida à jeter en Moldavie une puis-
sante armée pour mettre Étienne à la raison. L’audace et l’habileté du
prince moldave lui permirent de repousser les envahisseurs au mois de
janvier 1475, puis, à nouveau, en 1476, d’aller en Valachie détrôner
Laïote Basaraba. Mais il était à bout de forces.
Peu après, le sultan Mohammed étant mort (1481) et ayant été
remplacé par son fils, Bayézid (Bajazet), la pression turque se fit plus
énergique : en 1484, le port de Kilia fut repris ; la Moldavie même fut
bientôt directement menacée, et Étienne, qui avait besoin de secours à
tout prix, se vit réduit à aller prêter hommage au roi de Pologne Casi-
mir (1485). Mais il était trop tard : obligé au même moment de faire
face aux attaques des Tatars de Russie, Casimir lui envoya de si mai-
gres renforts p133 — quatre mille hommes tout au plus — que, de fu-
reur, Étienne passa dans le camp des ennemis de la Pologne. Il devait
lutter encore plusieurs années avec l’énergie du désespoir, pour éviter
à son pays la suprême humiliation : la soumission aux Turcs, qu’il fi-
nira, en 1504, par conseiller à son fils en mourant.
Entre temps, la domination ottomane s’était étendue à la Crimée :
dès le 6 juin 1475, dans le sud-est de la péninsule, le port génois de
Caffa, attaqué par mer, succombait, et Mohammed faisait reconnaître
sa suzeraineté par les Tatars de la Horde de Crimée. Leur khan, Men-
guèli Guéraï, à qui une velléité d’indépendance valait peu après une
détention de plusieurs mois à Constantinople, était obligé finalement
de plier devant l’autorité du sultan (1478-1479) et faisait de ses États,
face à la Horde d’Or et à la Pologne, l’avant-garde de la puissance ot-
tomane au nord de la mer Noire.
Maître de cette mer, atteignant l’Adriatique et le Danube, dominant
même une partie de la rive gauche de ce fleuve, l’Empire ottoman

— 149 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

peut déjà, vers la fin du XVe siècle, menacer directement la Pologne, la


Hongrie, l’Autriche, inquiéter enfin, par delà ce pays, l’Europe centra-
le tout entière. Sur le continent asiatique, le sultan a chassé de son trô-
ne, en 1462, le dernier empereur grec de Trébizonde, David Comnè-
ne ; il a pareillement conquis et réuni à ses États, en 1471, la dernière
principauté seldjoucide, la Karamanie ou principauté de Koniah, de-
puis longtemps astreinte à lui payer tribut. De la chaîne Pontique et de
l’Anti-Taurus, à l’est, jusqu’aux Alpes Dinariques et de Transylvanie,
à l’ouest, il est désormais en mesure de faire la loi dans tout le bassin
oriental de la Méditerranée et de dire son mot dans la politique euro-
péenne.

II. — L’organisation de l’Empire ottoman 66


Dès ce moment, le nouvel empire apparaît solidement organisé. p134
Son seul défaut grave est l’absence d’une régie précise de succession
au trône. On s’en aperçoit lors de la mort de Mohammed II, le 3 mai
1481 : c’est à qui de ses deux fils, Bayézid et Djem, arrivera le pre-
mier dans la capitale. Dans cette course de vitesse, Bayézid l’emporte,
mais, menacé par son frère, doit d’abord se débarrasser de lui ; et il ne
se sent en sécurité, ou à peu près, que lorsqu’il a obtenu, en vertu d’un
accord paradoxal avec le grand-maître des Hospitaliers de Rhodes,
Pierre d’Aubusson, l’envoi en France, pour y être gardé à vue, de son
rival battu et en fuite, puis surtout — paradoxe plus grand encore —
quand, en vertu d’un nouvel accord, Djem a été, en 1489, amené à
Rome pour être confié à la garde du pape Innocent VIII.
Mais, pour le reste, l’organisation de l’Empire ottoman est de
beaucoup supérieure à celle des États voisins. Dans une série
d’ordonnances (kanoun), Mohammed II l’a d’étapes en étapes régle-
mentée par le détail. Le sultan, chef de l’État, en même temps que
chef de l’Église musulmane, réunit entre ses mains tous les pouvoirs,
militaire, législatif et administratif, judiciaire et financier ; il est le
chef suprême de l’armée, laquelle englobe tous les hommes valides
composant le peuple ottoman, car tous sont pour la vie soldats dès leur
quatorzième année. Ils ne sont, en revanche, assujettis à aucun impôt.

66
OUVRAGES À CONSULTER.

— 150 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Selon la vieille règle de l’islam, les « infidèles », tenus en état de de-


mi-servage, sont seuls astreints au paiement de la capitation.
Le sultan turc est le maître absolu de ses sujets. Il dispose de leur
vie et attribue souverainement toutes les charges, tous les emplois. Il
est assisté par un conseil ou divan de quatre ministres, dont le plus
haut placé est le grand vizir. L’empire est subdivisé en gouvernements
ou sandjak, ayant chacun à sa tête un gouverneur, qui porte le vieux
titre honorifique turc de beg, devenu bey dans le dialecte osmanli, et
qu’on nomme pour cette raison sandjakbey : on compte quarante
sandjak pour l’Asie et trente-six pour l’Europe. Dans certains cas,
plusieurs sandjak sont groupés sous l’autorité supérieure d’un gouver-
neur général (beylerbey) ; en outre, dans chacun d’entre eux, des chefs
militaires ou sou-bachi sont délégués au commandement des troupes.
Enfin le sultan confie dans les provinces des missions spéciales de
contrôle à des inspecteurs, sortes de missi dominici ou
d’« enquêteurs », munis de pouvoirs étendus.
La paix, imposée par un régime de terreur, se substitue progressi-
vement à l’anarchie féodale dont souffraient une grande partie des
pays conquis jusqu’au moment de leur soumission. p135 Les cultiva-
teurs ont été maintenus sur leurs terres ; les grands propriétaires, écra-
sés d’impôts, désertent leurs domaines ou se convertissent à l’islam
pour échapper aux charges fiscales qui grèvent les biens des « infidè-
les ». D’ailleurs les chrétiens jouissent d’une réelle tolérance dans la
pratique de leur religion et sont jugés selon leur code dans un esprit de
loyale équité.
L’armée est l’objet de tous les soins du sultan. Aux contingents
fournis par les levées normales des hommes valides de la nation,
s’ajoute depuis le XIVe siècle une infanterie d’élite, les iénitchéri
(« nouvelle milice »), dont le nom a été francisé en janissaires, origi-
nairement recrutés de force parmi les jeunes gens des peuples chré-
tiens soumis à la domination ottomane. Cette sorte de garde impériale,
dotée de privilèges spéciaux, bien équipée, bien disciplinée, est deve-
nue dès la fin du XVe siècle un merveilleux instrument de combat. Le
sultan possède une marine moderne, créée sur le modèle de la marine
vénitienne ; elle lui assure la maîtrise de la mer Noire, quoique sa for-
ce offensive et ses moyens d’attaque restent encore insuffisants.

— 151 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Le sultan n’a pas seulement pour lui cet inépuisable réservoir de


soldats que constitue le peuple ottoman ; il possède, pour les mettre en
action, d’immenses ressources financières, qu’il doit pour une part à
ses domaines, pour une beaucoup plus large part encore au produit de
la capitation et des tributs, payés, comme on l’a vu, l’un par les sujets
« infidèles », l’autre par les peuples vassaux. Son trésor (khazna) est,
de cette façon, alimenté si régulièrement qu’il peut, à son tour, faire
face avec ponctualité à la solde des fonctionnaires, aux dépenses de
l’État et de l’armée. Il peut aussi se payer le luxe d’une vie de cour
imposante, qui tend à rappeler celle des empereurs byzantins, aux-
quels il a succédé sur le Bosphore ; il a repris à son compte quelque
chose de leur ancienne étiquette, de leur faste ; il se plaît, comme eux,
à décorer sa capitale d’édifices religieux et de palais somptueux, dans
la tradition de ceux que ses derniers prédécesseurs avaient élevés en
grand nombre à Brousse, sur la terre d’Asie ; il y emploie sans lésiner
les meilleurs artistes turcs, persans et grecs. Pour la foule, dont il
s’isole de plus en plus, il devient une sorte de « dieu terrestre »,
qu’elle est prête à suivre aveuglément ; en même temps que, pour
l’Europe orientale et centrale, il n’est plus seulement un objet de ter-
reur, mais aussi un modèle d’ordre, dont l’influence va sans cesse
croissant à mesure que ses armées progressent dans la direction du
nord et du nord-ouest. p136

III. — Les pays islamiques de la Méditerranée


en dehors de l’Empire ottoman 67
Il manque encore au sultan de Constantinople quelque chose
d’essentiel à sa gloire. Comme tous les chefs d’État de l’islam dans le
passé, il aspire au titre de calife, qui doit faire de lui le chef de la
communauté islamique tout entière. Mais les « villes saintes » lui
échappent, et, sans même parler de l’Arabie ni de l’Iran, la grande
masse des pays musulmans échelonnés en bordure de la Méditerranée,
du golfe d’Alexandrette au détroit de Gibraltar, restent jusqu’alors
étrangers à son empire. Il n’est pas difficile cependant de prévoir que
tôt ou tard ils succomberont, car ils sont tous minés par l’anarchie et
mûrs pour la conquête.

67
OUVRAGES À CONSULTER.

— 152 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Le Maghreb en fournit une preuve saisissante. Ses grands royau-


mes n’ont jamais pu se relever des coups que leur ont portés au XIe
siècle les bandes sauvages des Hilal d’Arabie 68 . De grandes villes
comme Kairouan ou Bougie, d’autres encore dont on ne connaît mê-
me plus l’emplacement, ont perdu toute importance. Trois capitales
subsistent, sièges de royaumes instables : à Fez règne la dynastie des
Mérînides ; à Tlemcen, p137 celle des Zeïyamdes ou Abd-el-Wâdides ;
à Tunis, les Hafsides. Mais, dans chacun de ces royaumes,
l’infiltration des Bédouins s’est poursuivie, d’est en ouest, à travers
tout le Maghreb, dévastant le pays et substituant à l’organisation des
Berbères sédentaires l’anarchie des nomades. Sous l’influence des
Bédouins, les Berbères eux-mêmes se sont transformés, adoptant peu
à peu la langue et le costume des Arabes ; ils retournent au nomadis-
me destructeur. Les oppositions de races, entre Bédouins et Berbères,
comme les conflits entre cultivateurs et nomades, s’accusent de plus
en plus.
Aussi l’histoire de ces royaumes n’est-elle, à la fin du moyen âge,
qu’une suite ininterrompue de guerres, de révoltes et de crimes. Les
souverains de Fez, de Tlemcen, de Tunis passent leur temps à lutter
sans succès contre les tribus dissidentes, les prétendants au trône, les
administrateurs infidèles, ce qui ne les empêche pas de partir en guer-
re les uns contre les autres, de chercher à s’arracher mutuellement vil-
les ou territoires et de se disputer l’hégémonie. Pendant une partie du
e
XIV siècle, les Mérînides de Fez semblent les maîtres ; ils piétinent le
pays de Tlemcen, le Maghreb central et réduisent les Zeïyanides en
vassalité ; l’un d’eux, Abou’l-Hasân, s’avance même en 1347 jusqu’à
Tunis et s’empare de la ville. Mais il ne peut s’y maintenir, et cette
tentative imprudente marque en réalité pour sa dynastie le commen-
cement de la décadence. Au début du XVe siècle l’hégémonie semble
d’abord devoir passer aux Hafsides, qui ont pour eux, entre autres, le
prestige du titre califal. Le calife Abou Fâris entre à Tlemcen en 1430,
impose sa suzeraineté au sultan, fait du Mérînide un tributaire. Mais
ces vastes empires s’écroulent comme châteaux de cartes parce que,
en réalité, d’un bout à l’autre de l’Afrique du nord, pendant le XVe siè-
cle, aucun prince n’est obéi chez lui. C’est le chaos, sauf peut-être en

68
Sur cette invasion, voir L. Halphen, Les Barbares (t. V de la présente Histoire
générale), p. 374 de la 2e édition.

— 153 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Tunisie, où les Hafsides paraissent un peu plus maîtres de la situation.


Partout ailleurs, l’autorité du souverain est illusoire ; le pays se frac-
tionne en une poussière d’émirats ou de principautés rivales ; les villes
du littoral se constituent en républiques indépendantes, qui se livrent à
la piraterie, provoquant, par leurs pillages sur les côtes de la péninsule
ibérique, des représailles dont l’indépendance des habitants commen-
ce à pâtir : en 1415, les Portugais s’emparent de Ceuta ; en 1458, ils
s’installent à quelques kilomètres plus à l’ouest, à Ksar-es-Seghir,
puis en 1471 à Arzila, sur la côte atlantique ; ils font, cette même an-
née, reconnaître leur suzeraineté sur Tanger, et, une trentaine p138
d’années après, les villes du littoral algérien vont subir à leur tour les
attaques des troupes espagnoles.
Cette décadence politique des royaumes maghrébins se double
d’une égale décadence de la civilisation, que l’histoire artistique de
l’Afrique du nord permet de suivre aisément. Après une période de
grande splendeur dans là première moitié du XIVe siècle, au Maroc
surtout, l’art, dans la Berbérie entière, est en régression. Au XVe siècle,
c’est presque le néant : au Maroc et dans le Maghreb central, il faut
descendre jusqu’au XVIe siècle pour rencontrer des monuments dignes
d’une mention ; en Tunisie, on sait seulement qu’Abou Fâris, le plus
glorieux calife du XVe siècle, a élevé une mosquée, dont on n’a plus
trace et une médersa, également disparue, qu’a achevée son petit-fils
Othmân (1435-1487), constructeur lui-même d’une seconde médersa,
à Tunis. Pour des princes musulmans, toujours jaloux de manifester
leur puissance par le nombre et l’éclat de leurs constructions, cette
stérilité est l’indice irrécusable d’une décadence qui se précipite.
En Égypte, le recul est peut-être moins net à première vue. À la
dynastie des Mamelouks d’origine turque — les Mamelouks Bahrites
— qui s’était maintenue depuis le milieu du XIIIe siècle et qui, en
1261, avait réussi à rétablir au Caire, à ses côtés, un semblant de cali-
fat abbasside, s’est substituée, en 1382, avec un certain Barkouk, une
nouvelle lignée, celle des sultans Bordjites, en majorité d’origine cir-
cassienne et issus d’une autre milice d’esclaves, casernés dans les
tours (bordj) de la citadelle du Caire. Mais les sultans Bordjites se
montrent incapables de perpétuer le pouvoir dans une même famille.
Les coups d’État, les complots, les assassinats et les abdications se
succèdent à une cadence inquiétante : du mois de janvier 1421 au
mois d’avril 1422, quatre souverains ont occupé tour à tour le pou-

— 154 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

voir ; en 1438, le sultan Yousouf n’a pu s’y maintenir plus de trois


mois ; en 1453, le sultan Othmân est renversé au bout d’un mois et
demi seulement ; un autre, en 1461, l’est au bout de quatre mois, et,
d’octobre 1467 à janvier 1468, on ne voit pas moins de trois sultans
passer sur le trône. Dans ces conditions, l’autorité suprême ne peut
qu’aller s’affaiblissant. Ces sultans circassiens sont même, à tout
prendre, plutôt des chefs de parti que de véritables monarques. Pous-
sés au pouvoir par un clan, ils ne s’y maintiennent qu’en flattant
l’ambition de l’oligarchie militaire, seule en état de dicter sa volonté.
À chaque mort, les partisans du sultan défunt tentent p139 de gouverner
au nom de son fils, mais quelque émir plus ambitieux finit toujours,
tôt ou tard, par usurper le trône, encore qu’à la fin du XVe siècle on
observe une tendance à la stabilité politique : Kâït-bey, fait sultan à la
fin de janvier 1468, réussira ce tour de force de durer jusqu’en 1496 ;
mais, après lui, l’anarchie sévira à nouveau de plus belle.
La faiblesse des Mamelouks est d’autant plus grave que l’Égypte
demeure un pays riche, dont la prospérité ne peut manquer d’exciter la
convoitise des Ottomans. Les droits élevés que le sultan prélève sur
les marchandises d’Orient, dont les Européens viennent prendre li-
vraison au port d’Alexandrie, suffisent pour une large part à alimenter
son budget et à payer le luxe effréné de sa cour. À la différence des
princes maghrébins, il peut continuer à affirmer sa magnificence par
de multiples et somptueuses constructions, qui pour la plupart dépas-
sent en splendeur celles des âges précédents. Les monuments des sul-
tans bordjites du XVe siècle sont encore aujourd’hui parmi les plus
beaux du Caire : on en doit notamment toute une série à ce Kâït-bey
qui réussit à se maintenir sur le trône de 1468 à 1496. Damas même
lui fut redevable d’une jolie mosquée funéraire où se manifeste le goût
raffiné des artistes musulmans de cette époque.
En fait cependant, malgré sa brillante façade, l’Égypte est à la veil-
le d’une ruine, que les Ottomans vont se charger de précipiter. En
1453, le sultan Achraf Inâl a eu, dit-on, la naïveté de faire pavoiser les
rues du Caire à la nouvelle de la chute de Constantinople ; mais, entre
ses successeurs et les Ottomans, il y a déjà eu bien des heurts. Dès
1463, leurs politiques se sont entre-choquées en Karamanie, où le
gouvernement du Caire et celui de Constantinople ont chacun soutenu
un prétendant différent ; la tension est devenue telle au cours des an-
nées suivantes qu’à la mort du sultan turc Mohammed II, tout le mon-

— 155 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

de s’attendait à la guerre. Le sultan Kâït-bey commet l’imprudence


d’accueillir Djem au Caire quand, au lendemain de la défaite que son
frère Bayézid lui a infligée, en 1481, dans la plaine d’Yéni-Chéhir, au
nord-est de Brousse, il cherche hors de l’empire ottoman protection
contre son rival victorieux. Raison de plus pour Bayézid de reprendre
contre l’Égypte les projets de son père. Aux frontières de Cilicie, les
incidents se multiplient au cours des années qui suivent et, de 1485 à
1491, de part et d’autre de cette frontière, les armées égyptiennes et
ottomanes sont aux prises. L’Égypte tient bon, et p140 les circonstances
lui permettront de durer quelque vingt-cinq ans encore ; mais, avant
que le XVe siècle ne soit clos, on peut déjà prévoir qu’elle ne saurait
beaucoup tarder à succomber finalement. p141

Table des matières

Bibliographie du chapitre VII


L’empire ottoman et les peuples musulmans
du bassin de la Méditerranée

OUVRAGES D’ENSEMBLE A CONSULTER. — N. Jorga, Geschichte des osmanischen


Reiches (Gotha, 1908-1913, 5 Vol. in-8°, de l’« Allgemeine Staatengeschite »,
fondée par Heeren et Ukert), t. II (1909). En langue française, on ne voit à ci-
ter que le manuel élémentaire d’A. de La Jonquière, Histoire de l’empire ot-
toman depuis les origines jusqu’à nos jours (Paris, 1881, in-12 ; 2e éd., 1914,
2 vol.) : ce n’est pour la période ici i abordée qu’un médiocre résumé du livre
périmé de Hammer-Purgstall, Geschichte des osmanischen Reiches (1827-
1834), traduit en français en 18 volumes (1835-1843). Quoiqu’il s’arrête en
principe à la prise de Constantinople, le tome IV de la Cambridge medieval
history, intitulé The Eastern Roman Empire (Cambridge, 1923, in-8°),
contient deux chapitres de W. Miller, qui prolongent l’histoire de la Grèce et
des pays balkaniques sous le régime ottoman jusqu’en 1483 pour les Balkans
et jusqu’en 1571 pour les pays grecs et les îles de l’Egée. Ils sont accompa-
gnés d’utiles et riches bibliographies, l’Encyclopédie de l’Islam (citée p. 124),
renferme d’excellents articles, à consulter tant pour l’histoire des Ottomans
que pour celle des autres peuples islamiques.

— 156 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

I. L’achèvement des conquêtes ottomanes


OUVRAGES À CONSULTER. — Outre les ouvrages généraux indiqués p. 129 (no-
tamment de nombreux articles de l’Encyclopédie de l’Islam), voir, sur la
conquête de la Grèce et des îles de l’Egée, W. Miller, The Latins in Levant et
Essays on the Latin Orient, cités p. 106.—Sur la conquête de l’Albanie, outre
le livre vieilli de C. Paganel, Histoire de Scanderbeg, ou Turcs et chrétiens au
XVe siècle (Paris. 1855, in-8ô), voir J. Pisko, Skanderbeg. Historische Studie
(Vienne, 1894, in-8°). — Sur la conquête des pays serbes, C. Jireček, Ges-
chichte der Serben, t. II (Gptha, 1918, in-8°, de l’« Allgemeine Staatenges-
chichte », fondée par Heeren et Ukert) ; C. Mijatović, Despot Džuradž Bran-
ković. [Le despote Georges Branković] (Belgrade, 1880-1882, 2 vol. in-8° ; 2e
éd. du t. I, 1907) ; V. Klaić, Geschichte Bosniens von den ältesten Zeiten bis
zum Verfalle des Königreiches (Leipzig, 1885, in-8°) ; L. von Thalloczy, Bos-
nyak és szerb élets nemzedékrojzi tanubmanyok [Études biographiques et gé-
néalogiques sur la Bosnie et la Serbie] (Vienne, 1909, in-8°) ; S. Radonić, Za-
padna Evropa i bautanski narodi prema turtzim ou prvoj polovini XV veku
[L’Europe occidentale et les peuples balkaniques en face des Turcs au XVe
siècle] (Novy Sad, 1906, in-8°). — Sur les conquêtes en Moldavie et Vala-
chie, voir N. Jorga, Geschichte des rumänischen Volkes, t. I (Gotha, 1905, in-
8°, de l’« Allgemeine Staatengeschichte » fondée par Heeren et Ukert) ; Bog-
dan, Vlad Tepes [Vlad l’Empaleur] (Jassy, s. d., in-8°) ; J. Ursu, Stefan cel
mare [Étienne le Grand] (Bucarest, 1925, in-8o) ; R. Rosetti, Stephen the
Great of Moldavia and the Turkish invasions, 1457-1507, dans la Slavonic
Review, t. VI (1927), p. 87-103. — Sur la soumission de la Crimée, Kolan-
kovski, ouvr. cité, 1re partie, p. 409, et en outre, Smirnov, Krimskoie khanstvo
pod verchovenstvom Ottomanskoi Porty do natchala XVIII veka (Le khanat de
Crimée sous la souveraineté de la Porte ottomane jusqu’au commencement du
e
XVIII siècle] (Saint-Pétersbourg, 1887, in-8°) ; K. Pulaski, Stosunki z Mengli
Girejem [Les rapports avec Menguèli Guéraï] (Crajeovie, 1881, in-8°) ; F.
Koneczny, Sprawy z mengli Gerejem. [Les démêlés avec Menguèli Guéraï],
dans l’Ateneum Wilenskie, ann. 1927, fasc. 12, p. 138-189 ; fasc. 13, p. 287-
348. — Sur la fin de l’empire de Trébizonde, outre l’ouvrage classique, mais
vieilli de J.-P. Fallnjerayer, Geschichte des Kaiserthums von Trapezunt (Mu-
nich, 1827, in-8°), voir W. Miller, Trebizond, the last Greek Empire (Londres,
1926, in-8°). — Sur la fin de la principauté de Karamahie, bornons-nous à
renvoyer à l’article de J.-H. Kramers, Karaman Oghlu, dans l’Encyclopédie de
l’Islam, t. II, p. 792-797, où l’on trouvera la référence à l’ouvrage capital de
Khalil Edhem Bey, paru en langue turque en 1911-1912.

II. L’organisation de l’Empire ottoman


OUVRAGES À CONSULTER. — À l’ouvrage de N. Jorga et à l’Encyclopédie de
l’Islam, indiqués p. 129, n. 1, joindre, sur la question de succession,
L. Thuasne, Djem-sultan, fils de Mohammed II, frère de Bayézid II (1459-

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

1495). Étude sur la question d’Orient à la fin du XVe siècle (Paris, 1892, in-
8°). Sur l’organisation de l’empire, le seul ouvrage d’ensemble reste encore
aujourd’hui celui de J. von Hammer-Purgstall, Des osmanischen Reichs
Staatsverfassung und Staatsverwaltung (Vienne, 1815, 2 vol. in-8°), mais il
n’est plus au courant. Pour la civilisation, voir le Manuel d’art musulman de
H. Saladin et G. Migeon ; t. I ; L’architecture, par H. Saladin (Paris, 1907, in-
8°), en attendant le volume qui sera consacré à l’architecture ottomane dans la
refonte de ce même manuel.

III. Les pays islamiques de la Méditerranée


en dehors de l’Empire ottoman
OUVRAGES À CONSULTER. — Ch.-A. Julien, Histoire de l’Afrique du nord (Paris,
1931, in-8°), qui, à un copieux résumé, joint une abondante bibliographie.
Voir aussi, pour l’Algérie, S. Gsell, G. Marçais, G. Yver, Histoire de l’Algérie
(Paris, 1927, in-12, de la collection « Les vieilles provinces de France »), très
rapide, mais suggestif. Pour le XIVe siècle, consulter Georges Marçais, Les
Arabes en Berbérie du onzième au quatorzième siècle (Constantine et Paris,
1913, in-8°) ; sur l’histoire du Maroc au XVe siècle, Aug. Cour, La dynastie
marocaine des Beni Wattas, 1420-1554 (Constantine, 1920, in-8°), et, du mê-
me, L’établissement des dynasties des chérifs au Maroc et leur rivalité avec
les Turcs de la Régence d’Alger, 1509-1830 (Paris, 1904, in-8°, fasc. 29 des
« Publications de l’École des Lettres d’Alger »), l’Introduction (p. 1-52). On
se reportera utilement aussi à de nombreux articles de l’Encyclopédie de
l’Islam, citée p. 124. Pour l’art, voir Georges Marçais, Manuel d’art musul-
man. L’architecture : Tunisie, Algérie, Maroc, Espagne, Sicile, t. II : Du XIIIe
au XIXe siècle (Paris, 1927, in-8°), où l’on trouvera toute la documentation et,
par surcroît, d’excellents aperçus historiques.
Sur l’Égypte, outre le vieux livre de Gustav Weil, Geschichte der Chalifen
(Mannheim et Stuttgart, 1846-1862, 5 vol. in-8°), t. V : Geschichte der Abasi-
denchalifats in Egypten, 2e partie (1862), outre le bref résume de S. Lane-
Poole, A history of Egypt in the middle ages (Londres, 1901, in-8° ; 2e éd.,
1924), et le résumé, plus bref encore, de Cl. Huart, dans son Histoire des Ara-
bes (Paris, 1912-1913, 2 vol. in-8o), t. II., p. 59-72, voir les articles de
l’Encyclopédie de l’Islam (en particulier les articles Égypte et Caire) ; mais
une bonne histoire de l’Égypte médiévale fait encore défaut. Une histoire gé-
nérale d’Égypte, en plusieurs volumes, depuis l’antiquité jusqu’à nos jours,
doit commencer de paraître prochainement sous la direction de G. Hanotaux.
Le volume de moyen âge a été confié à Ch. de La Roncière. Sur la Syrie, voir
le rapide ouvrage du P.-H. Lammens, La Syrie, précis historique, t. II
(Beyrouth, 1921, in-8°). Sur l’art, H. Saladin, Manuel d’art musulman, I :
L’architecture (Paris, 1907, in-8o).

— 158 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Table des matières

Chapitre VIII

Les nouvelles tendances économiques 69

La première moitié du XVe siècle qui, à l’envisager du côté reli-


gieux, politique et intellectuel apparaît comme une époque de crise ou,
pour mieux dire, comme une époque de transformation profonde, se
présente tout autrement dans le domaine économique : rien n’y an-
nonce encore que l’Europe est à la veille d’une orientation inattendue
du mouvement commercial et que la découverte de mondes nouveaux
va faire passer, des côtes de la Baltique et de la Méditerranée, l’axe de
son équilibre économique à celles de l’océan Atlantique, en même
temps qu’elle y modifiera les conditions de l’existence journalière et
entraînera pour le développement du capitalisme, de l’industrie, du
régime du travail et de l’organisation monétaire, les plus graves
conséquences.
Sans doute de 1380 à 1450, l’Europe a changé puisqu’elle a vécu.
Mais les changements que l’on y observe n’ont, pour ainsi parler,
qu’une importance quantitative. Le mouvement continue dans la ligne
qu’il suivait. S’il progresse, c’est dans le même sens. Rien ne permet
encore de prévoir la direction toute différente qu’il prendra cinquante
ans plus tard. Les événements politiques les plus considérables ont, en
quelque sorte, passé par-dessus lui sans l’atteindre. L’appauvris-
sement de la France et de l’Angleterre par la guerre de Cent Ans,
l’anarchie croissante de l’Italie et de l’Allemagne, la formation de
l’État bourguignon, l’affermissement des royaumes espagnols n’ont
exercé sur l’économie générale que des répercussions passagères, sans
en altérer le système en rien d’essentiel. On aurait pu croire que

69
OUVRAGES D’ENSEMBLE À CONSULTER.

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

l’expansion de la Pologne qui, après sa victoire sur l’Ordre teutonique


(1410) s’avance au nord jusqu’aux rives de la Baltique, p142 de même
qu’elle s’avançait déjà au sud jusqu’à celles de la mer Noire, destinait
ce pays au rôle d’intermédiaire entre l’Europe et l’Asie. Des possibili-
tés qui se sont offertes à elle, aucune ne s’est réalisée. La poussée des
Turcs dans le bassin de la mer Noire les a presque aussitôt dissipées,
fermant aux Slaves la voie qui venait de s’ouvrir devant eux. Jusqu’à
la prise de Constantinople en 1453, la Méditerranée, si proche qu’elle
soit de la catastrophe, n’est pas encore sérieusement atteinte par
l’approche menaçante des barbares. L’Italie conserve l’avance qu’elle
avait prise depuis le XIIIe siècle sur l’Europe septentrionale, sans que
personne puisse encore se douter que son déclin est tout proche. Dans
l’autre mer intérieure qui baigne les pays du nord, aucun indice de
changement ne se remarque. La Hanse, comme par le passé, y domi-
ne. Impossible de deviner qu’elle cédera bientôt la place à
l’Angleterre et à la Hollande.
Au milieu du XVe siècle, les choses changent. La fermeture des
routes d’Asie et de la Méditerranée, orientale, du fait des conquêtes
turques, oblige l’Europe à chercher dans de nouvelles directions les
moyens d’assurer son équilibre économique. La Méditerranée cesse
d’être la grande artère commerciale qu’elle avait été depuis
l’antiquité ; et les peuples établis sur ses rives perdent insensiblement
le monopole de fait que les circonstances leur avaient valu. Une révo-
lution se prépare, dont on ne peut encore qu’entrevoir les premiers
symptômes.

I. — Les progrès du capitalisme 70


Ce qu’on aperçoit d’abord de plus frappant et de plus neuf p143 au
milieu de la stabilité générale, de l’équilibre économique de la pre-
mière moitié du XVe siècle, c’est la diffusion croissante du commerce
capitaliste. De ses deux foyers principaux, Venise au sud et Bruges au
nord, il pénètre de plus en plus dans l’Europe continentale. Les mé-
thodes dont les Italiens ont été les initiateurs en matière de crédit, de
tenue des livres, de correspondance, deviennent pratiques courantes
dans le monde des affaires. Les Allemands qui s’y sont initiés aux

70
OUVRAGES À CONSULTER.

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

bords de l’Adriatique, dans leur Fondaco dei Tedeschi, en répandent


l’emploi chez leurs compatriotes. L’Allemagne du sud, dont les rap-
ports sont particulièrement étroits avec la ville des lagunes, atteste,
dès la fin du XIVe siècle, une remarquable vitalité. La grande compa-
gnie fondée vers 1380 par Joseph Hompys à Ravensburg, et qui est
appelée dans les textes Societas magna Alemaniae ou, plus au long,
Societas Humpis ex oppido Ravensburg, quae communiter dicitur ma-
gna societas mercatorum altioris Alemaniae, étend ses opérations à
toute l’Europe. Elle possède, à la fin du XVe siècle, des filiales ou des
comptoirs : en Italie, à Gênes et à Milan ; en Espagne, à Barcelone, à
Saragosse et à Valence ; en France, à Lyon, à Avignon, à Marseille ;
dans les Pays-Bas, à Bruges puis à Anvers ; en Suisse, à Berne et à
Genève ; en Allemagne, à Cologne, à Nuremberg ; elle en a à Vienne
et à Pest. Son capital représente au moins une dizaine de millions de
nos jours, et le commerce auquel elle s’adonne, tant par terre que par
mer, est exclusivement le commerce de gros. Une telle organisation,
un siècle plus tôt, n’aurait été possible qu’en Italie. Mais les connais-
sances techniques qu’elle exige de ses chefs et de son personnel, ainsi
que les moyens de correspondance qu’elle suppose ; se sont mainte-
nant répandus partout et partout ouvrent carrière à l’esprit
d’entreprise. Si le commerce local demeure asservi à la réglementa-
tion minutieuse des corporations de métiers et au protectionnisme
étroit de l’économie urbaine, le grand commerce leur échappe et
n’obéit qu’à l’individualisme capitaliste, dont les marchands et les
banquiers italiens du XIIIe siècle avaient déjà fourni tant d’exemples. À
l’époque où nous sommes, d’ailleurs, ils y restent passés maîtres. Les
Alberti ont succédé à Florence aux Peruzzi et aux Bardi, pour être
remplacés eux-mêmes, vers 1450, par les Médicis, « la plus grant mai-
son de marchandise », dit Philippe de Commynes, « que je croy qui
jamais ait esté au monde ».
Le développement du capitalisme est en outre favorisé par la puis-
sance grandissante des États monarchiques. En France p144 et en An-
gleterre, la couronne s’était adressée au XIIIe et au XIVe siècle, en ses
besoins d’argent, à des banquiers italiens. Mais voici qu’à côté de ces
Italiens, des financiers nationaux se mettent au service de l’État et font
leurs affaires en même temps que les siennes. Un des conseillers du
duc de Bourgogne dans les Pays-Bas, Pierre Bladelin, gère si habile-
ment le trésor de son maître qu’il y gagne des sommes énormes.

— 161 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

L’exemple plus célèbre de Jacques Cœur, en France, montre en pleine


lumière comment le pouvoir royal a contribué à la formation d’une
grande fortune. Parti de rien, et riche seulement d’intelligence et
d’énergie, Cœur s’était associé à un groupe d’entrepreneurs à qui
Charles VII avait donné le bail de la frappe des monnaies. La compa-
gnie était assez mêlée ; mais le commerce des métaux précieux, pour
qui ne s’embarrassait pas de trop grands scrupules, se prêtait si admi-
rablement à la spéculation ! Au bout de quelques années, Cœur avait
accumulé de plantureux bénéfices en exportant de l’argent en Orient
et en important de l’or en France. On le voit dès lors augmenter har-
diment le chiffre de ses affaires. Il prend à ferme du roi les mines do-
maniales du Lyonnais et du Beaujolais, où il attire des mineurs alle-
mands. Devenu « argentier », c’est-à-dire banquier de la cour, il prête
à cette luxueuse cliente à des taux qui varient de 12 pour 100 à 50
pour 100. En véritable capitaliste, il emploie les gains qu’il réalise au
développement de ses entreprises ou dans des participations à celles
d’autrui. On évalue, avec quelque exagération peut-être, au nombre de
trois cents le nombre de ses factoreries éparpillées par tout l’Occident,
de Famagouste à Bruges et à Londres. La nature de ses opérations est
manifestement spéculative ; on l’accuse de ruiner les marchands hon-
nêtes. Son immense richesse fait scandale. Elle devait causer sa chute.
Accusé d’avoir altéré les monnaies et contrefait le poinçon royal, il fut
banni du royaume et se retira dans l’île de Chypre, laissant une fortu-
ne évaluée à vingt-deux millions de francs-or, un palais à Bourges,
des hôtels à Paris, à Tours, à Montpellier et une trentaine de seigneu-
ries.
Avec plus d’éclat, le sort de Jacques Cœur fut, nous le savons, ce-
lui de bien d’autres. L’histoire du XVe siècle abonde en hommes nou-
veaux qui, comme lui, fondèrent leur prospérité sur la spéculation, le
monopole, l’abus du crédit. Beaucoup de ces fortunes trop rapidement
échafaudées et souvent par des moyens douteux, sombrèrent d’ailleurs
dans la faillite ou dans la condamnation judiciaire. Mais elles illus-
trent d’une p145 manière frappante l’essor que prend le capitalisme au
nord des Alpes. Il est évident que, dans la poursuite de la fortune, on
ne s’embarrasse plus guère de la morale traditionnelle. La rupture est
éclatante entre les enseignements de la théologie, sa condamnation du
prêt à intérêt, sa doctrine du juste prix, son assimilation de l’amour du
gain avec l’avarice, et les agissements du monde des affaires. Entre

— 162 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

l’esprit qui les anime et celui dont s’inspire encore la petite bourgeoi-
sie groupée dans ces corporations de métier qui s’acharnent à interdire
la concurrence, le monopole, la hausse des prix, l’accaparement des
matières premières, il n’y a plus rien de commun. Mais il devient bien
difficile d’échapper aux atteintes du capital. On a beau multiplier les
règlements industriels, enserrer la vente, l’achat, la production dans
les mailles d’une législation de plus en plus minutieuse, comment em-
pêcher les grands marchands, les exportateurs, les courtiers qui trafi-
quent entre eux des matières premières et des blés, exploitent les mi-
nes, contrôlent le commerce des laines, ont la haute main sur la navi-
gation, de faire monter sans cesse le prix de l’existence ? Dans une
société où les moyens de circulation se multiplient et où la puissance
de l’argent se développe, le protectionnisme de l’économie urbaine ne
peut évidemment plus offrir qu’une digue bien fragile à la poussée du
dehors. La liberté qui s’épanouit dans le domaine des grandes affaires
est en dehors de ses atteintes, et la résistance qu’il s’obstine à lui op-
poser est condamnée d’avance. Au surplus, la recrudescence de ré-
glementation économique dont s’empreint d’une façon si frappante la
législation municipale au XVe siècle n’aboutit elle-même qu’à ce mo-
nopole qu’elle était destinée à rendre impossible.

II. — Les nouvelles conditions du travail industriel 71


En effet, pour protéger leur situation, les artisans des métiers ne
voient de remède que dans un exclusivisme croissant. p146 Chaque
corporation s’entoure de barrières toujours plus impénétrables.
L’admission y devient de plus en plus difficile. On la subordonne à
des droits d’entrée, à la confection de chefs-d’œuvre, à des conditions
de résidence, d’apprentissage, etc., qui finissent par réserver chaque
profession à un petit nombre de maîtres, qui la transmettent à leurs
enfants. Dans chaque ville, l’industrie locale devient ainsi un privilège
restreint à un consortium de patrons héréditaires. Le compagnon ne
peut plus guère espérer d’arriver à la maîtrise et commence à se dé-
grader à la condition de prolétaire. La réglementation qui, au XIIIe siè-
cle, avait permis l’épanouissement robuste d’une classe de petits tra-
vailleurs indépendants, unis dans le sentiment de l’honneur et de la

71
OUVRAGES À CONSULTER.

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

loyauté professionnels, aboutit finalement à livrer la bourgeoisie à


l’exploitation de quelques artisans qu’elle avantage au détriment de la
masse. Déjà des plaintes se font entendre contre ce monopole d’autant
plus choquant qu’il est légal. En France, dès la fin du XIVe siècle, en
Allemagne sous le règne de Sigismond, de bons esprits commencent à
se demander si l’existence des métiers n’est pas plus nuisible qu’utile
et s’il n’y aurait pas lieu de les abolir dans l’intérêt du bien public.
Mais il faudrait pour les renverser, entrer en lutte avec ces artisans
privilégiés qui ont en mains le pouvoir municipal ou que le pouvoir
municipal prend sous sa protection. D’ailleurs, si les compagnons et
les apprentis souffrent de leur monopole, c’est lui qui les fait vivre, et
le régime patriarcal des petits ateliers n’est pas propre à favoriser un
mouvement de révolte, dont on ne trouve que de rares exemples.
Si les artisans qui travaillent pour le marché local souffrent ainsi
des progrès du commerce capitaliste, que dire de ceux qui travaillent
pour l’exportation ? Depuis toujours, on l’a vu plus haut, leur situation
économique avait dépendu du p147 trafic international. L’extension de
celui-ci ne pouvait donc manquer de se répercuter sur elle. On s’en
aperçoit sans peine si l’on jette un coup d’œil sur la plus grande indus-
trie du moyen âge, la draperie des Pays-Bas. Jusque vers le milieu du
e
XIV siècle, elle avait réussi à conserver le monopole de la fourniture
de l’Europe en étoffes de luxe, grâce à la supériorité de sa technique et
à l’avantage qu’elle possédait de s’approvisionner par le port de Bru-
ges des laines fines d’Angleterre et d’y trouver en tout temps des mar-
chands en gros pour l’achat de ses produits. Mais il est visible qu’aux
environs de 1350, elle commence à manifester des symptômes de dé-
clin. Tout d’abord, la laine que les villes anglaises se mettent à travail-
ler elles-mêmes se fait plus rare et par conséquent plus chère. Il en
résulte une hausse du prix des draps qui rend naturellement leur écou-
lement plus difficile. Les petites villes de Flandre en profitent pour
chercher à supplanter les grandes cités manufacturières.
D’interminables contestations éclatent entre elles et leurs puissantes
voisines qui les accusent de concurrence déloyale et de contrefaçon.
Celles-ci invoquent, leurs privilèges, auxquels les autres opposent le
droit naturel et le droit commun, « d’après lesquels chacun peut loya-
lement gagner son pain par son labeur ». Le conflit qui s’engage révè-
le nettement qu’à la conception économique restrictive de l’économie
urbaine commence à s’opposer un esprit nouveau qui est, à vrai dire,

— 164 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

cet esprit de liberté dont s’inspire le commerce capitaliste. Gand, Bru-


ges et Ypres ont beau chercher à justifier le maintien de leur monopo-
le industriel, il est clair qu’ils ne visent qu’à conserver, par des argu-
ments tirés du passé, une situation qui leur échappe. C’est ce que ne
manquent pas de faire observer les gens de Poperinghe, en 1373, lors
du procès qui leur a été intenté devant le conseil du comte pour leur
interdire la fabrication d’étoffes d’exportation :
Les Yprois ne peuvent invoquer l’intérêt général du pays en faveur de leur
draperie. Celui-ci réside dans la diffusion de l’industrie. La Flandre serait plus
riche si les petites villes comme Poperinghe, Dixmude, Furnes, Bergues, drapaient
autant qu’Ypres. Quand même la draperie de Poperinghe ferait tort à celle
d’Ypres, ce ne serait pas une raison pour violer la liberté naturelle au profit du
droit urbain. Le bien de tous doit avoir le pas sur le bien d’un seul.

Que pouvaient répondre à de telles paroles les grandes villes p148


privilégiées ? Manifestement leur cause n’intéressait plus qu’elles-
mêmes. Rien ne pouvait empêcher les marchands d’acheter les draps
des petites villes s’ils y trouvaient leur avantage. Pour se tirer
d’affaire, elles auraient dû modifier leur technique, abaisser les salai-
res des artisans ou augmenter le nombre des heures de travail. Il n’y
fallait pas penser. Depuis la chute du patriciat, c’étaient précisément
les artisans de la draperie qui avaient en Flandre la haute main sur le
gouvernement municipal. Comment eût-il été possible qu’ils se dé-
pouillassent eux-mêmes des avantages économiques pour lesquels ils
avaient si longtemps et si obstinément combattu ? Leur conduite ne
pouvait être que ce qu’elle fut. Fatalement, croyant ainsi retenir la
prospérité qui leur échappait, ils en étaient réduits à se cantonner dans
un exclusivisme ou, si l’on veut, dans un protectionnisme suranné, et à
opposer au droit commun leur droit particulier. Dans leur outrecui-
dance, les Yprois vont jusqu’à comparer leur ville à Rome et à Cons-
tantinople, et à revendiquer pour elle les prérogatives que lui valent
son administration plus perfectionnée et ses artisans plus expérimentés
que ceux des villes secondaires.
Si cette supériorité était réelle, elle s’imposerait d’elle-même à la
concurrence des rivaux en face desquels elle cherche vainement à se
retrancher dans le privilège. Or, contre le privilège des grandes villes,
tout le monde est d’accord : petites villes et marchands étrangers. Le
commerce capitaliste fait nécessairement cause commune avec les ad-

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

versaires des beati possidentes qui prétendent lui imposer leurs prix et
leurs modes de fabrication. Quoiqu’elle fasse, la draperie des grandes
villes voit donc lui échapper les marchés sur lesquels elle a si long-
temps régné sans conteste. Ses efforts pour retenir la fortune ne ser-
vent qu’à l’éloigner davantage. On observe, dès la fin du XIVe siècle,
que ses produits ne présentent plus cette qualité irréprochable qui les
distinguait jadis. La clientèle ne va plus à leurs marques. Le « pli »
caractéristique qui recommandait aux acheteurs, comme le ferait de
nos jours une étiquette de brevet, les draps d’Ypres, de Bruges ou de
Gand, n’attire plus les commandes. L’exportation diminue. Dans le
bassin de la Méditerranée, la draperie florentine l’emporte décidément
sur la draperie flamande, tandis que dans le nord, les draps des petites
villes alimentent de plus en plus le trafic et que déjà, à côté d’eux, les
draps d’Angleterre préludent à la vogue dont on les voit jouir au XVe
siècle. p149
La décadence de la draperie flamande et brabançonne est donc le
résultat de la prédominance croissante du commerce capitaliste. Elle
n’a pas su s’adapter, figée qu’elle était dans le système réglementaire
de l’économie urbaine, aux conditions nouvelles du marché interna-
tional qui la faisait vivre. La prédominance prise au XIVe siècle par les
artisans de la laine dans les grandes villes a encore accéléré sa chute.
Ils ont vainement espéré imposer leurs intérêts de producteurs au capi-
talisme. À l’abri de leurs atteintes, celui-ci s’est détourné d’eux. Pour
venir à bout de la liberté commerciale dont s’inspiraient les mar-
chands des compagnies d’exportation, il eût fallu une force dont les
villes étaient dépourvues. L’État la possédera plus tard et pourra réus-
sir là où elles ont échoué. Au XVe et au XVIe siècle, l’organisation ur-
baine de l’industrie médiévale s’effondre sous la pression de la pous-
sée capitaliste devenue trop générale et trop puissante pour supporter
plus longtemps son emprise.
Ce serait donc une erreur complète que d’expliquer, comme on l’a
fait trop longtemps, le déclin des grandes villes flamandes à la fin du
moyen âge par les troubles civils dont elles ont été le théâtre. Ceux-ci
en sont bien plutôt le résultat que la cause. On a exagéré aussi
l’importance de l’émigration d’un certain nombre de tisserands fla-
mands en Angleterre. On sait aujourd’hui que leur action a été négli-
geable sur le développement de la draperie dans ce pays. Il semble
d’ailleurs que ce soit surtout vers Florence que se portèrent, à la fin du

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

e
XIV siècle, les ouvriers sans travail du bassin de l’Escaut. Les archi-
ves florentines conservent encore les statuts, rédigés en langue fla-
mande, des gildes qu’ils y formèrent.
Au surplus, ce n’est pas la draperie, c’est seulement la draperie ur-
baine ou, en d’autres termes, la draperie privilégiée, qui est mortelle-
ment atteinte au moment où s’ouvre le XVe siècle. D’abord dans les
grandes villes, puis dans les villes secondaires, son organisation cor-
porative l’oblige à céder la place à une concurrente qui dès le début
s’est développée conformément à l’évolution économique : la draperie
rurale. Durant le XIVe siècle, les grandes villes, on l’a vu, avaient em-
pêché par la force, les paysans de leurs alentours, de s’adonner au tra-
vail de la laine. Elles s’étaient même fait octroyer par les comtes des
privilèges consacrant leur monopole industriel dans un périmètre plus
ou moins étendu autour de leurs murailles. Mais dès le premier quart
du XVe siècle, il leur faut tolérer une concurrence que tout favorise
parce qu’elle répond aux conditions p150 nouvelles du mouvement
économique. Plus rien chez cette nouvelle venue qui rappelle la ré-
glementation surannée de la draperie urbaine. Elle se développe, dès
l’origine, dans la liberté. Les paysans qui la pratiquent ne sont pas
groupés en corporations. Ils traitent directement avec les entrepre-
neurs capitalistes qui les approvisionnent de laine et exportent leurs
produits. Renonçant à la laine anglaise devenue trop rare et trop chère,
ils mettent en œuvre la laine que l’Espagne commence à expédier à
Bruges et en confectionnent des tissus légers et à bas prix qui supplan-
tent rapidement, dans le commerce les draps démodés des grandes vil-
les. Sous l’influence de la liberté et du capitalisme, l’industrie qui de-
puis trois siècles s’était concentrée dans les villes, émigré donc vers
les campagnes. Une classe ouvrière se forme, très différente de celle
des artisans privilégiés du moyen âge. Et ce n’est pas seulement dans
la draperie que l’on constate ce phénomène. On le remarque aussi
dans les industries extractives, qui, par leur nature même, échappent
au contrôle urbain et qui prennent alors un essor plus grand, comme
par exemple la houillerie liégeoise et, dans l’Allemagne du sud,
l’exploitation des mines métalliques.

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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

III. — Les nouveaux centres commerciaux 72


Il va de soi que l’organisation commerciale a subi, elle aussi, le
contre-coup de la poussée capitaliste. Si en Italie, Venise et Gênes,
grâce au monopole du commerce du Levant, peuvent continuer à ré-
gler à leur guise le trafic des étrangers dans leurs murs, à Bruges, au
contraire, dont la prospérité découle essentiellement de sa qualité de
rendez-vous international de marchands, on observe dès le milieu, du
e
XV siècle, et avec une rapidité croissante, qu’une évolution différente
s’accomplit. Sans doute, l’ensablement progressif du port a contribué
à détourner de lui sa clientèle exotique. Mais la raison principale du
déclin doit être cherchée dans l’incapacité de la ville à s’adapter au
nouvel ordre des choses. Comme les villes drapières, elle n’a pas su
renoncer en temps voulu à ses privilèges. Elle a prétendu continuer à
soumettre le mouvement d’affaires dont elle était le centre à ses vieux
droits d’étape, de courtage, de péages de toutes sortes dont profitaient
ses bourgeois. Elle n’a pas p151 compris que ces privilèges, irrémédia-
blement démodés ne constituaient plus que des entraves à l’exercice
du commerce, et elle s’imagina de bonne foi, en exigeant leur stricte
application traiter les étrangers « en toute honnesteté, raison, faveur et
justice ». Mais comment aurait-elle pu les obliger à la fréquenter mal-
gré eux ? Ils s’y étaient établis jadis parce que, dans une Europe à cir-
culation restreinte et pauvre encore en bons ports, ils y avaient trouvé
des conditions plus avantageuses que partout ailleurs. Aujourd’hui
rien ne les empêchait d’émigrer dans un milieu plus propice à la « na-
turelle liberté » des marchands. Dès la fin du siècle, il est visible
qu’ils l’abandonnent. Malgré ses protestations, ils établissent des « en-
trepôts libres » à Middelburg, à Veere, à Utrecht, à Amsterdam, à Ma-
lines. Ils fréquentent en même temps de plus en plus les foires de
Berg-op-Zoom et d’Anvers.
C’est surtout Anvers qui les attire, moins par la sécurité de son port
que par la libéralité qui les y accueille. Ici, en effet, se manifeste
l’esprit nouveau indispensable au progrès commercial. Aucunes res-
trictions tracassières. Les étrangers peuvent trafiquer à leur guise. Les
professions de courtier et de changeur sont accessibles à chacun. Rien

72
OUVRAGES À CONSULTER.

— 168 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

ne s’oppose au libre développement des affaires. Dès 1460 apparaît


aux bords de l’Escaut la première bourse internationale de commerce
qui ait existé en Europe. En somme, entre Bruges et Anvers, c’est le
même contraste qu’entre la draperie urbaine et la draperie rurale, entre
le privilège et la liberté. Les uns après les autres, Italiens, Hanséates,
Anglais, Portugais et Espagnols quittent les rives de la Reye et les hô-
tels qu’ils y ont fait construire pour se transporter dans la ville rivale,
qui prélude dès lors à la grandeur que va bientôt lui valoir la décou-
verte d’un monde nouveau.
De même, en effet, que la prise de Constantinople par les Turcs n’a
point mis fin brusquement à la prospérité de Venise et de Gênes, de
même les découvertes des Portugais et des Espagnols n’ont point pro-
voqué la fortune d’Anvers. Elle leur est antérieure et il n’y faut voir
qu’une conséquence du développement économique de l’Europe.
C’est parce qu’elle existait déjà que le port de l’Escaut est devenu au
e
XVI siècle le grand marché des épices et le confluent des courants
commerciaux venus des Indes et de l’Amérique. p152

IV. — La découverte des nouvelles routes maritimes 73


Les découvertes des Portugais le long de la côte d’Afrique n’ont en
somme, jusqu’au milieu du XVe siècle, guère intéressé que les géogra-
phes. On sait suffisamment d’ailleurs, qu’au début, elles étaient com-
plètement étrangères à toute idée d’expansion économique. Non seu-
lement le Portugal n’avait aucun besoin de débouchés extérieurs, mais
le peu d’importance de son commerce et de sa navigation ne le desti-
nait en rien au rôle extraordinaire qui lui est échu. Ce sont des consi-
dérations d’apostolat chrétien et la curiosité d’un esprit supérieur qui
ont poussé Henri le Navigateur (1394-1460) à diriger vers l’Afrique
des expéditions qui devaient finalement aboutir à la côte de Malabar
et détourner le commerce des épices de la Méditerranée pour
l’orienter, par le cap de Bonne-Espérance, vers les rivages de
l’Atlantique. On peut considérer l’expédition des Portugais contre
Ceuta en 1415, sorte de croisade nationale contre l’islam, comme
l’ouverture mystique de l’étonnante épopée qui s’acheva en entreprise
commerciale.

73
OUVRAGES À CONSULTER.

— 169 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Il semble bien qu’en longeant la côte d’Afrique durant la première


moitié du XVe siècle, les marins de l’Algarve ne songeaient encore
qu’à découvrir un bras de mer qui leur permît d’attaquer par le sud les
musulmans du Maroc et d’arriver peut-être aux mystérieuses régions
orientales où le « prêtre Jean » avait fondé, croyait-on, un royaume
chrétien. Les progrès furent très lents à l’origine, entravés qu’ils
étaient par la terreur d’une mer inconnue et d’un climat réputé inhabi-
table. La découverte des îles Madère en 1418-1420, semble avoir été
un événement fortuit et sans rapports avec la circumnavigation de
l’Afrique. Celle-ci débute en 1434, année où, pour la première fois, le
cap Bojador fut dépassé. En 1437 on atteignit les îles Açores, indi-
quées sur d’anciens portulans italiens. Onze ans plus tard, en 1448, un
établissement permanent était p153 installé, sous la protection d’un fort,
dans la baie d’Arguin. À la mort d’Henri le Navigateur, en 1460, les
Portugais s’étaient avancés jusqu’à Sierra-Leone et jusqu’à l’archipel
du cap Vert. Si les côtes du Rio de Oro et du Sénégal étaient recon-
nues, si quelques voyageurs avaient même poussé à l’intérieur de la
Sénégambie, l’exploration du golfe de Guinée était encore à peine en-
tamée, et les Portugais ne s’y étaient lancés qu’avec timidité.
Des considérations commerciales commencèrent bientôt à agir
pour les pousser plus énergiquement vers le sud. Contre toute attente,
ils avaient reconnu que les contrées explorées par eux étaient habitées.
Ils en avaient rapporté des esclaves, de la poudre d’or, des produits
insoupçonnés. Déjà, en 1441, les Brugeois s’étonnaient de voir dans la
cargaison des bateaux venus de Lisbonne, des singes, des lions, des
perroquets, et, quelques années plus tard, des marchandises étaient
embarquées dans leur ville à destination du golfe de Guinée. Dès
1454, le pape avait défendu de naviguer sur les côtes d’Afrique depuis
le cap Bon jusqu’à l’extrémité de la Guinée, sans l’autorisation du roi
de Portugal, protégeant ainsi l’expansion portugaise contre toute
concurrence. Alphonse V, en 1469, affermait pour six ans le commer-
ce de la côte occidentale d’Afrique à Fernand Gomez, moyennant
l’obligation d’explorer, chaque année, trois cents lieues de côtes à par-
tir de Sierra-Leone. En 1473, les Cortès constataient que ces régions
fournissaient aux marchands des bénéfices considérables.
Nul doute désormais qu’il suffira de doubler le continent noir pour
arriver à ces merveilleux pays, d’où les Vénitiens tirent les épices par
l’intermédiaire de l’Égypte. Les travaux du géographe de Nuremberg,

— 170 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Martin Behaim, qui est venu s’établir à Lisbonne, confirment cet es-
poir, que renforcent des récits de moines abyssins et des renseigne-
ments fournis par des indigènes. La tentative de Diego Cam, chargé
en 1482 de s’avancer aussi loin que possible dans le sud, n’aboutit
guère qu’à la découverte de l’embouchure du Congo. Mais en 1485,
Barthélémy Diaz contournait le cap de Bonne-Espérance et revenait
après avoir vu la côte africaine se diriger vers le nord. En même temps
on apprenait de Pierre de Covilham et d’Alphonse de Païva, envoyés
au Caire pour reconnaître la route des Indes, l’existence de la côte de
Malabar et sa situation exacte vis-à-vis de l’Afrique orientale. On sa-
vait désormais avec certitude qu’il suffirait, pour réussir, de pousser
plus loin dans la p154 direction entrevue par Diaz. Le roi Emmanuel
chargea un officier de sa maison, Vasco de Gama, de cette suprême
entreprise. Ses quatre navires mirent à la voile le 8 juillet 1497. Plus
de deux ans s’écoulèrent avant qu’ils reparussent dans le Tage, ayant
touché Calicut et Cannanore. Le but était atteint. Six ans plus tôt
(1492), Christophe Colomb espérant y aboutir par l’Ouest, avait abor-
dé à Cuba et, cherchant les Indes, avait trouvé l’Amérique. Un nou-
veau monde s’ouvrait à l’Europe. p155

Table des matières

Bibliographie du chapitre VIII


Les nouvelles tendances économiques

OUVRAGES D’ENSEMBLE À CONSULTER. — Les mêmes que dans la 1re Partie, p. 12,
surtout l’Allgemeine Wirtschaftsgeschichte de J. Kulischer (1928), qui renvoie
aux livres de détail, et P. Boissonnade, Le travail dans l’Europe chrétienne ; y
joindre W. Sombart, Der moderne Kapitalismus (Leipzig, 1902, 2 vol. in-8° ;
éd. remaniée, 1924-1927, 3 tomes en 6 volumes) ; H. Pirenne, Les périodes de
l’histoire sociale du capitalisme, dans le Bulletin de l’Académie royale de
Belgique, classe des Lettres, 1914, p. 258-299.

I. Les progrès du capitalisme


OUVRAGES À CONSULTER. — Aux ouvrages généraux indiqués à la note précéden-
te ; ajouter, sur les maisons de banque italiennes, O. Meltzing, Das Bankhaus
der Medici und seine Vorläufer (Iéna, 1906, in-8°), et maint détail rétrospectif

— 171 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

dans le livre de R. Ehrenberg, Das Zeitalter der Fugger (Iéna, 1896,2 vol. in-
8o), le t. I ; — : sur les progrès du capitalisme en Europe centrale, Aloys
Schulte, Geschichte des mittelalterlichen Handels und Verkehrs zwischen
Westdeutschland und Italien (Leipzig, 1900, 2 vol. in-8o) ; du même, Die
grosse Ravensburger Gesellschaft, 1380-1530 (Leipzig,1923, 3 vol.in-8« ) ;
— sur Jacques Cœur, Mlle L. Guiraud, Recherches et conclusions nouvelles
sur le prétendu rôle de Jacques Cœur, dans les Mémoires de la Société ar-
chéologique de Montpellier, ann. 1900, p, 1-169, et à part (Paris, 1900, in-8o) ;
Borrelli de Serres, Recherches sur divers services publics (cité p. 31), t. III
(1910) ; H. Prutz, Jacques Cœur von Bourges (Berlin, 1911, in-8°, fasc. 93
des « Historische Studien », publ. par E. Ebering), insuffisant ; R. Bouvier, Un
financier colonial au XVe siècle : Jacques Cœur (Paris, 1928, in-4°), simple
esquisse ; — sur le commerce de l’argent, G. Bigwood, Le régime juridique et
économique du commerce de l’argent dans la Belgique du moyen âge (Bruxel-
les, 1921-1922, 2 vol. in-8o, de la collection des « Mémoires publiés par
l’Académie royale de Belgique », classe des Lettres, collection in-8°, 2e série,
t. XIV, 1re et 2e parties).

II. Les nouvelles conditions du travail industriel


OUVRAGES À CONSULTER. — Outre les volumes généraux indiqués p. 142, voir,
pour les Pays-Bas, H. Pirenne, Histoire de Belgique, t. II et III (Bruxelles,
1902-1907, 2 vol. in-8° ; 3e éd., 1922-1923) ; sur la draperie, G. Espinas et
E. Coornaert, cités p. 233 de notre 1re Partie ; G. des Marez, L’organisation du
travail à Bruxelles au XVe siècle (Bruxelles, 1904, in-8°, collection des
« Mémoires couronnés par l’Académie royale de Belgique », t. LXV) ; —
pour l’Italie, A. Doren, Studien aus der Florentiner Wirtschaftsgeschichte, t.
I : Die florentiner Wollentuchindustrie von XIV bis zum XVI. Jahrhundert
(Stuttgart, 1901, m-8°) ; t. II : Das florentiner Zunftwesen bis zum XIV. Jahr.
(Stuttgart et Berlin, 1908, in-8 ») ; Georges Renard, Histoire du travail à Flo-
rence (Paris, 1913, 2 vol. in-8°) ; — sur les corporations en France, E. Martin
Saint-Léon, Histoire des corporations de métiers (Paris, 1897, in-8° ; 3e éd.
1922) ; R. Eberstadt, Das französische Gewerberecht in Frankreich von XIII.
Jahrhundert bis 1581 (Leipzig, 1899, in-8°, de la collection des « Staats- und
sozialwissenschaftliche Forschungen » publ. par G. Schmoller) ; H. Hauser,
Ouvriers du temps passé, XVe-XVIe siècles (Paris, 1899, in-8°) ; — pour
l’Angleterre, surtout W. Cunningham, The growth of English industry, cité p.
233 de notre 1re Partie, et L. Brentano, Eine Geschichte der wirtschaftlichen
Entwicklung Englands, t. I (Iéna, 1927, in-8°), qui s’arrête à la fin du XVe siè-
cle ; — pour l’Allemagne, citons seulement Th. von Inama Sternegg, Deuts-
che Wirtschaftsgeschichte, 3e partie, t. Il (Leipzig, 1901, in-8°), mais les tra-
vaux de détail abondent. J. Kulischer dans l’ouvrage cité p. 142, n. 1, relève
les plus importants.

— 172 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

III. Les nouveaux centres commerciaux


OUVRAGES À CONSULTER. — Qu’il suffise ici de renvoyer à J. Kulischer, Allge-
meine Wirtschaftsgeschichte, citée p. 142, où l’on trouvera les renvois aux
travaux de détail.

IV. La découverte des nouvelles routes maritimes


OUVRAGES À CONSULTER. — Ch. De Lannoy et H. van der Linden, Histoire de
l’expansion coloniale des peuples européens, t. I (Bruxelles, 1907, in-8°) ;
C.-R. Beazley, Prince Henry the Navigator (Londres, 1895, in-8°) ; Ch. de La
Roncière, La découverte de l’Afrique au moyen âge. Cartographes et explora-
teurs (Le Caire, 1925-1927, 3 vol. in-folio, t. V, VI et XIII des « Mémoires de
la Société royale de géographie d’Égypte »), relatif principalement à la péné-
tration du continent africain par les routes de caravanes ; L. Gallois, Carto-
graphie et géographie médiévales, dans les Annales de géographie, t. XXXIV
(1926), p. 193-209 ; et se reporter, pour le surplus, au volume suivant de la
présente Histoire générale, Les débuts de l’âge moderne, par H. Hauser et A.
Renaudet, p. 53 et suiv.

— 173 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Table des matières

Chapitre IX

La préparation de la Réforme 74

L’Église, dans la seconde moitié du XVe siècle, n’avait, pas plus


qu’à l’époque de Dante ou lors du Schisme et des conciles, choisi
parmi les doctrines théologiques ou philosophiques celle qu’elle en-
tendait autoriser. Malgré cette inappréciable liberté, aucun des scolas-
tiques de ce temps ne laissa une œuvre originale ; la mystique elle-
même, dans les congrégations les plus sévères, languit. L’humanisme
seul désormais sembla compter dans l’histoire de l’esprit. Laurent
Valla venait d’instituer une méthode critique et rationaliste, qu’il avait
essayée sur les domaines les plus défendus. Nicolas de Cues venait de
concilier le positivisme ockhamiste, héritage abandonné des écoles
médiévales, le rationalisme grec, retrouvé par les continuateurs de Pé-
trarque, et la tradition mystique mal soutenue par les moines.
L’humanisme désormais put se croire capable d’organiser, en de nou-
velles synthèses, les connaissances qu’il avait acquises du monde phy-
sique et spirituel. Ce travail s’accomplit à Florence, par les soins de
Marsile Ficin et de Pic de la Mirandole.
Mais Pétrarque n’avait pas en vain légué à sa postérité la plus har-
die l’à peu près de son romantisme. L’effort des maîtres florentins
n’aboutit qu’à des spéculations séduisantes et confuses, sans originali-
té réelle ; à une sorte de philosophie de l’enthousiasme, en régression
évidente sur l’ockhamisme du XIVe siècle et la doctrine cusienne. Déjà
sans doute Léonard de Vinci, continuateur des maîtres parisiens et du
cardinal de Brixen, pratiquait p156 les sciences expérimentales avec
l’intelligence la plus nette de leurs méthodes, la divination la plus cer-

74
OUVRAGES D’ENSEMBLE À CONSULTER.

— 174 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

taine de leur pouvoir et de leur avenir. Pourtant les synthèses florenti-


nes, largement accueillantes à la mystique, devaient exercer une in-
fluence plus immédiate. Le premier humanisme français, avec Lefèvre
d’Étaples, se montrait prêt à la recevoir. Si le jeune moine hollandais
qui s’appelle Érasme est déjà l’élève authentique de Laurent Valla, il
lui faudra chercher sa voie longtemps encore. En Allemagne, la cultu-
re scientifique et positive de Nuremberg, le rationalisme d’un Pirc-
kheimer, ne contre-balancent pas le mysticisme érudit, à la florentine,
d’un Trithème ou d’un Reuchlin. Jean Colet, à Oxford, est l’ami de
Ficin et de Pic.
Dans cette confusion intellectuelle du XVe siècle finissant, rien
n’apparaît qui annonce véritablement la Réforme, sauf peut-être le
besoin universellement ressenti d’une libre interprétation du dogme, et
cette sorte de fatalité interne qui porte immédiatement tout penseur
chrétien, dès qu’il s’y essaie, aux confins de l’hérésie. L’exégèse mo-
derne, rationaliste, historique et philologique, instituée par Laurent
Valla, bientôt redoutable aux mains d’un Érasme ou d’un Luther, n’est
encore qu’une arme dont on connaît mal le maniement.

I. — La décadence finale de la scolastique 75


La décadence de la scolastique se poursuivait désormais d’un
mouvement irrésistible. Les anciens, vers le milieu du siècle, parais-
saient l’emporter sur les modernes. Saint Antonin, archevêque de Flo-
rence, maintint jusqu’en 1459 le prestige du thomisme, que rajeunit en
Sorbonne, de 1470 à 1480, l’enseignement de Jean Heynlin de Stein ;
les Mineurs parisiens publiaient, en 1473, les commentaires de Scot
sur le Livre des Sentences ; Louis XI, le 1er mars 1474, prohibait le
nominalisme ockhamiste. Mais, l’édit rapporté le 30 avril 1481, les
modernes p157 reconquirent à Paris la Sorbonne et la plupart des collè-
ges. Thomas Bricot, pénitencier de Notre-Dame, et Georges de
Bruxelles, rédigèrent alors, sur la philosophie d’Aristote et le Livre
des Sentences, un ensemble de commentaires, arides et sans génie,
fréquemment réimprimés à Paris, à Lyon, à Bâle, à Venise, et que Ra-
belais inscrit parmi les auteurs grotesques de la librairie Saint-Victor.
Gabriel Biel professait avec éclat l’ockhamisme aux Universités alle-

75
OUVRAGES À CONSULTER.

— 175 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

mandes, particulièrement à Tübingen, et mourait en 1495. Jean Heyn-


lin s’était, depuis 1487, retiré à la Chartreuse de Bâle ; le thomisme
restait la doctrine officielle des Frères Prêcheurs ; ils se bornaient
d’ailleurs à gloser la Somme, plus activement, semble-t-il, à Rome, à
Cologne, à Strasbourg qu’à Paris, où le désordre du couvent des Jaco-
bins affaiblissait les études. Les Cordeliers défendaient la doctrine de
Scot : un des leurs, Étienne Pillet, surnommé Brûlefer, l’avait profes-
sée à Paris jusque vers 1490 ; un séculier, Pierre Tateret, y continua
son effort ; les Mineurs de Venise et de Cologne imprimaient l’œuvre
entière du Docteur subtil. Mais, comme les continuateurs d’Ockham
et de Buridan, thomistes ou scotistes ajoutaient peu de chose à la pen-
sée qu’ils interprétaient. Chez les dominicains de Cologne, de Stras-
bourg ou de Rome, le thomisme appauvri se réduisait à une dogmati-
que étroite et dure. Les disciples de Scot goûtaient surtout chez lui
l’ingéniosité abstraite de ses argumentations. Les terministes culti-
vaient passionnément la logique formelle. Les uns et les autres mépri-
saient trop l’élégance du discours pour veiller à l’exactitude de leur
syntaxe ; ils exagérèrent la rudesse barbare du style parisien. Les aver-
roïstes, à Padoue, ne renouvelaient pas leur interprétation d’Aristote :
mais, au déclin du siècle, Nicoletto Vernia de Chieti maintint assez
énergiquement les théories de la matière éternelle et de l’intellect uni-
que pour que, parmi les humanistes, héritiers de l’esprit de Pétrarque,
Ermolao Barbaro, Marsile Ficin, Pic de la Mirandole jugeassent né-
cessaire de le réfuter.
La réaction mystique, appelée par la stérilité religieuse de
l’ockhamisme, et que ne décourageaient ni l’irrationalisme de Scot ni
le rationalisme de saint Thomas, persistait. Mais, depuis l’auteur in-
connu de l’Imitation, depuis Pierre d’Ailly ou Gerson, ni Windesheim
ni l’école française n’avaient produit aucune œuvre vigoureuse. On
relisait, sans doute, l’Imitation, activement réimprimée, les traités
pieux de saint Bernard et des Victorins ; les progrès des moines Win-
deshémiens aidèrent à la diffusion p158 de la littérature dévote issue de
leurs couvents et des maisons de la Vie commune. Seul Denys Ryc-
kel, mort en 1471 chez les Chartreux de Ruremonde, ajouta le récit de
sa propre expérience au témoignage des maîtres anciens. Jean de
Staupitz, réformateur des Augustins de Saxe et de Thuringe, pratiqua
les écrits d’Eckhart, de Tauler et de Seuse ; directeur de conscience
actif et pénétrant, il publia peu. Le Windeshémien Jean Mombaer de

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Bruxelles avait composé une Roseraie d’exercices spirituels (Rosetum


exercitiorum spiritualium), imprimée plusieurs fois contre son gré de-
puis 1491. Ce cours de morale ascétique et de vie contemplative tire
sa substance de saint Augustin, de saint Bernard, des Victorins et des
écrivains de la congrégation : l’originalité de l’auteur consiste à ensei-
gner l’art de la méditation suivant une méthode pratique et artificielle
qui, d’avance, paraît annoncer Ignace de Loyola. Mais le courant mys-
tique allait, dans une large mesure, être capté par l’humanisme,

II. — La préparation des synthèses humanistes 76


La plupart des savants qui avaient continué l’œuvre et maintenu la
tradition de Pétrarque disparurent dans les dix années qui suivirent le
milieu du siècle. Poggio Bracciolini, depuis 1453, habitait Florence,
chancelier de la Seigneurie. En 1459, il se retira dans la villa du Val
d’Arno pour se préparer, disait-il, à une vie meilleure : le 2 novembre,
on l’ensevelissait à Santa Croce. Guarino mourait l’année suivante, à
Vérone. Seul Filelfo leur survécut encore assez longtemps. Un voyage
triomphal, en 1453, au cours duquel il fut reçu magnifiquement par
Nicolas V et Alphonse de Naples, lui donna l’illusion d’une maîtrise
qu’il ne possédait pas ; car, n’étant à nul égard un véritable philolo-
gue, il prolongeait vainement l’autorité d’une école déclinante. Il
composait, en l’honneur des ducs de Milan, une médiocre et banale
épopée, la Sphortiade, qui, en 1461, s’arrêtait au XIe chant. Il croyait,
dans son orgueil, dispenser aux princes l’immortalité ; il répondait à
leurs faveurs en flatteries, p159 en poèmes de circonstance, plats et vi-
des, de forme indigente et de sentiment bas, qu’il recueillit dans les
dix livres de ses Odes ; il diffamait savamment qui reconnaissait mal
son génie. Il continua, jusqu’en 1474, de professer à Milan ; il reprit
alors sa vie errante ; on devait l’entendre encore à Rome et à Florence.
L’initiateur de l’humanisme critique, Laurent Valla, termina dans
la Ville éternelle son existence orageuse. Nicolas V l’avait appelé au
service de la Curie ; Calixte III le nomma pénitencier apostolique et
chanoine du Latran. Rallié sans doute au simple évangélisme vers le-
quel l’orientait l’exégèse de ses Notes sur le Nouveau Testament (An-
notationes in Novum Testamentum), il mourut le 1er août 1457. Il lais-

76
OUVRAGES À CONSULTER.

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

sait, à Naples ou à Rome, peu de véritables élèves. Ceux qui furent


séduits par son irrévérence n’avaient pas reçu en partage la vigueur de
son esprit ; et pendant un demi-siècle, les humanistes allaient reculer
devant les hardiesses dont il leur avait montré l’exemple et les métho-
des. Le véritable successeur de Laurent Valla fut Érasme, qui, en
1505, publiait à Paris les Annotationes, et par là préludait à son édition
princeps du Nouveau Testament et à la fondation de l’exégèse moder-
ne. La disparition de l’auteur des Elegantiae et des Disputationes dia-
lecticae, la médiocrité de ses rares continuateurs, provoquèrent bien-
tôt, en Italie, l’abandon de cette critique audacieuse qui rejoignait
d’une part l’agnosticisme ockhamiste, de l’autre les écoles hérétiques.
L’avenir immédiat semblait appartenir à une autre manière de philo-
sopher. La maîtrise intellectuelle que, sous Pie II, Nicolas de Cues put
exercer à Rome, en témoigna.
Enea Silvio Piccolomini restait, sur le trône apostolique, un pétrar-
quiste. Au déclin de l’âge, il se remémorait volontiers les grands évé-
nements qu’il avait parfois conduits. Dans les dernières années de Ca-
lixte III, il terminait son Histoire de Bohême et son Histoire de
l’empereur Frédéric, où il exposait en beau latin et avec un réel souci
de vérité les querelles hussites et le médiocre gouvernement de
l’Allemagne. Il n’acheva toutefois pas cette histoire universelle —
Historia rerum ubique gestarum locorumque descriptio — connue
sous le nom de Cosmographie, qu’il projetait. Ses Commentaires
(Commentarii rerum memorabilium) nous conservent ses mémoires,
assez brefs avant son pontificat, amplement détaillés jusqu’à l’année
1463. Il n’y résista guère à la tentation de grandir son propre rôle, ju-
gea les hommes et les choses avec peu d’indulgence ; l’œuvre mani-
feste pourtant une personnalité vigoureuse, une p160 intelligence hau-
taine, une sensibilité vibrante aux grands spectacles de la nature et de
l’histoire. Mais ce lettré de marque sentait moins que Nicolas V le be-
soin de s’entourer de lettrés. Il dirigeait activement la diplomatie pon-
tificale et surveillait l’administration de l’Église ; il s’acharnait à pré-
parer une croisade qui n’eut jamais lieu, et ses derniers écrits furent
d’éloquentes exhortations aux princes chrétiens, qui ne les écoutèrent
pas. Il considérait désormais l’humanisme, dont il était l’un des maî-
tres, en pape et en politique. Il avait su y reconnaître une des forces
qui permettaient de mener le jeu du monde ; Cosme l’avait mise au
service de sa maison ; il la mit au service du Saint-Siège. Cependant il

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

se méfiait, plus que Nicolas V, des hardiesses critiques d’un Laurent


Valla. Sans doute, comme Nicolas de Cues, jugeait-il plus souhaitable
que l’humanisme s’efforçât d’offrir aux intelligences inquiètes, en
quelque synthèse originale et hardie de la science grecque et de
l’Évangile, la plus haute interprétation d’un christianisme élargi. Le
cardinal de Brixen, obligé de se réfugier à sa cour, devint alors, ainsi
que certains l’affirmèrent, le vice-pape.
Mais si ce mathématicien se montrait, moins que Laurent Valla,
convaincu de l’impuissance de la raison à construire une philosophie
première ; si ce cardinal ne pouvait, aussi hardiment que l’humaniste,
dénoncer les contre-sens de la Vulgate ou les erreurs des théologiens,
il n’avait jamais condamné ses audaces ; métaphysicien et mystique, il
ne craignait pas de se hasarder aussi librement aux extrêmes limites de
l’orthodoxie traditionnelle. Il achevait à Rome, en 1464, le De apice
theoriae, où il définissait, avec une vigueur nouvelle, la notion de la
puissance divine ; comme Pie II, il appelait de ses vœux la croisade ;
mais il eût volontiers réconcilié toutes les religions sous le signe du
Christ et, dans le culte du même Dieu, tous les hommes de bonne vo-
lonté. Depuis que, au lendemain de la chute de Constantinople, il avait
en 1453 rédigé le traité De la paix dans la foi (De pace fidei), sous la
diversité des formes confessionnelles il semblait chercher ce credo
commun à toutes les familles humaines, entrevu au XIIIe siècle par le
rédacteur anonyme du Conte des trois anneaux. Il le concevait sous la
forme d’un christianisme métaphysique et simplifié.
Désireux surtout de sauvegarder l’essence philosophique du dog-
me, il admet d’importantes concessions sur les observances extérieu-
res. « On doit premièrement », dit saint Paul, qui mène le débat,
« montrer que la foi, et non les œuvres, procure le salut p161 de l’âme.
Si l’on reconnaît ce principe, la variété des rites ne nous troublera
plus. Ils ont été institués et reçus comme signes sensibles de la vérité.
Ils changent, mais non la vérité qu’ils signifient ». C’est la foi qui
sauve, justification et don gratuit auquel les œuvres n’assurent aucun
droit. De même, il réduit le rôle dès sacrements dans la vie chrétienne.
S’il maintient la présence réelle et la transsubstantiation, il affirme
pourtant que, sans recevoir l’Eucharistie, le croyant, par la foi, se
nourrit spirituellement du Christ. S’il attribue au baptême la vertu
d’effacer le péché, il ne dit rien de la pénitence. Il attache peu de prix
aux autres sacrements, déclare souhaitable un accord sur le mariage et

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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

sur l’ordre ; de la hiérarchie romaine il néglige de parler. Le cardinal


de Brixen, qui avait si énergiquement soutenu la cause d’Eugène IV
contre les Bâlois, n’écrivit pas un mot, dans le De pace fidei, sur le
pape ou l’Église. Par cette indifférence finale au gouvernement autori-
taire des esprits et des consciences, par ce désir d’assimiler le christia-
nisme à la religion naturelle, autant que par une tendance irrésistible à
traduire le dogme en propositions métaphysiques, sa croyance, auprès
des doctrines qui, un siècle plus tard, prévalurent à Trente, apparaît
singulièrement indépendante et hardie.
Nicolas de Cues mourut à Todi, en Ombrie, le 11 août 1464. Il
avait appartenu à l’Allemagne par la forme de son génie, proche des
mystiques du XIVe siècle et de maître Eckhart ; à l’Italie par la culture
humaniste, la science du grec, la connaissance approfondie des philo-
sophies antiques. Mais son influence, en raison du caractère abstrait et
difficile de ses livres, ne répondit pas au prix de son labeur. Il n’avait
pas professé dans les Universités, qui l’ignorèrent. C’est en Allema-
gne, où son passage du libéralisme conciliaire à l’absolutisme pontifi-
cal avait provoqué de vives rancunes, où son activité réformatrice
avait rencontré tant d’obstacles, que sa pensée obtint le moins de cré-
dit. On négligea sa philosophie, qui ne vécut guère en dehors de quel-
ques couvents de haute Bavière et du Tirol ; son enseignement scienti-
fique se conserva, fort discuté, chez les physiciens, les astronomes, les
cosmographes de Nuremberg. Mais, en Italie, son influence apparaît
plus vigoureuse. Son œuvre de savant facilita le labeur génial de Léo-
nard de Vinci ; et, sans aucun doute, son œuvre de philosophe orienta
vers de libres synthèses, métaphysiques et mystiques, chrétiennes de
nom, alexandrines et néoplatoniciennes en réalité, souvent proches de
l’hérésie — et par là, hostile à la mystique et à la p162 métaphysique,
Laurent Valla tint sa revanche — l’effort de reconstruction que
l’humanisme italien, désormais adulte, allait essayer.
Cet effort se trouvait stimulé par les querelles qui, mettant aux pri-
ses les partisans de Platon et d’Aristote, achevaient d’initier les esprits
à l’intelligence exacte des systèmes. Georges de Trébizonde avait, en
1404, écrit sous le titre de Comparaison de Platon et d’Aristote
(Comparatio Platonis et Aristotelis), une violente diatribe contre Pla-
ton. Bessarion répondit en 1469 par ses quatre livres Contre les ca-
lomniateurs de Platon (In calumniatorem Platonis) ; il revenait, dans
un bref traité, sur la question de savoir si la nature agit consciemment,

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

et cherchait un accord entre les opinions contradictoires de Platon et


d’Aristote. Georges, en l470, lui répliqua par des Notes (Annotatio-
nes), dont Nicolas Perotto, l’année suivante, releva les erreurs. Ce-
pendant Théodore Gazès, qui, depuis la mort de Nicolas V, vivait tan-
tôt à Rome et tantôt à Naples ou dans son abbaye de Piro, près de Po-
licastro, écrivit contre le platonicien Jean Argyropoulos, établi depuis
1456 à Florence, où il enseignait, suivant l’esprit de Bessarion, la
conciliation de deux systèmes. Les défenseurs d’Aristote voulurent
alors déférer le procès à l’Université de Paris, gardienne de
l’orthodoxie scolastique. André de Trébizonde, fils de Georges, sou-
mettait en 1470 les Annotationes au jugement de quelques docteurs, et
sollicitait une condamnation solennelle du platonisme. Bessarion, de
son côté, transmettait à la Sorbonne la défense de Perotto. La mort du
cardinal de Nicée, le 18 novembre 1472, mit fin à ces polémiques,
bruyantes, parfois ridicules, mais non point stériles. Elles achevaient
de révéler aux modernes le platonisme où déjà Pétrarque avait pensé
deviner la philosophie de l’avenir. Comme l’autorité d’Aristote soute-
nait alors les systèmes qui paraissaient hostiles au progrès de la pen-
sée — thomisme, scotisme, ockhamisme, averroïsme padouan, — les
esprits les plus capables d’effort scientifique et personnel se tour-
naient vers Platon. La découverte du platonisme secondait l’influence
du cardinal de Brixen ; en dépit de Laurent Valla, le développement
du libre examen allait aboutir au triomphe de philosophies religieuses
et mystiques d’inspiration, à qui d’ailleurs l’exemple du cardinal de
Brixen assurait, dès l’origine, en face de l’orthodoxie catholique, une
indépendance très hardie.
Elles ne furent pas conçues à Rome. Vers l’époque où mourait le
cardinal de Cues, une Académie s’y fondait : mais on y suivait p163
sans trop de vigueur les enseignements de Laurent Valla. Professeur
d’éloquence latine à l’Université, le Calabrais Pomponio Leto, des-
cendant illégitime des San Severino, avait été son élève. Il rassemblait
dans sa maison du Quirinal divers savants, qui se plaisaient à discuter
de lettres et de doctrine. Le plus illustre était alors Barthélemy Sacchi,
plus connu sous le nom latinisé de Platina, qui rappelait son bourg na-
tal de Piadena près de Crémone ; précepteur des fils de Ludovic de
Gonzague, il avait, à Florence, écouté Argyropoulos, et gagné l’amitié
de Cosme. Ces académiciens bornaient leur ambition à ressusciter,
parmi les ruines de Rome, l’esprit de la cité antique. Chaque année, le

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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

20 mars, ils commémoraient la fondation de la Ville Éternelle. Com-


me Pétrarque, ils méprisaient le monde moderne, et n’étaient pas loin
de penser que, depuis les anciens, toute grandeur et toute noblesse
avait disparu. Le souvenir de Cola di Rienzo ne s’était jamais perdu ;
Étienne Porcari, en 1453, s’efforçait d’appeler, comme lui, Rome à la
liberté, invoquait à son exemple Tite Live et Cicéron. Les académi-
ciens ne songeaient pas à renverser le pape ; mais le rétablissement
des vertus civiques de Rome républicaine leur paraissait incompatible,
autant qu’à Gémiste Pléthon la résurrection de la Grèce antique, avec
la morale d’humilité que Machiavel, un demi-siècle plus tard, allait
accuser d’avoir toujours, dans l’histoire, favorisé le triomphe de la
violence et la défaite du droit. Comme Gémiste en Grèce, ils parais-
sent avoir, dans une certaine mesure, rêvé de rajeunir quelques rites et
quelques symboles du paganisme. Pomponio portait le titre de ponti-
fex maximus, d’autres celui de sacerdotes. Ils négligeaient sans doute
les pratiques de l’Église ; certains leur reprochaient de nier l’existence
de Dieu et l’âme immortelle. On ne saurait toutefois admettre qu’une
société encouragée par Bessarion professât l’incroyance. Plus vrai-
semblablement elle accordait les thèses métaphysiques et morales des
stoïciens avec ce christianisme primitif et sans dogme où Laurent Val-
la s’était arrêté. Les membres de l’Académie romaine semblent avoir
pris l’habitude d’en rechercher l’âme dans les Catacombes, aux cime-
tières de Saint-Calixte et de Sainte-Priscille, où diverses inscriptions
rappellent leur passage.
Ils se trouvèrent bientôt en conflit avec l’autorité pontificale.
Paul II, comme au début du siècle Jean Dominici, ne voulait reconnaî-
tre dans l’humanisme qu’un danger pour la religion. Dès son avène-
ment, il supprimait à la Curie le collège des abréviateurs, p164 peuplé
de latinistes ; Platina, privé de son office, démontra, dans un bref trai-
té, l’urgence du concile ; quatre mois de prison punirent cette hardies-
se. On inculpa, en 1468, les académiciens de tenter une conspiration
pour rétablir la république et le paganisme. Venise, où il avait cherché
refuge, livra Pomponio, qui fut jeté aux geôles du château Saint-Ange,
avec Platina et une vingtaine de suspects. Les prisonniers ne résistè-
rent pas à la torture. Pomponio se déchargeait de toute responsabilité
sur Philippe Buonaccorsi, alors en fuite. Platina s’avilit jusqu’à pro-
mettre de jouer le rôle de délateur. Paul II finit par leur rendre au prin-
temps de 1469 la liberté : mais l’Académie supprimée ne se reconsti-

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

tua que deux ans plus tard, après sa mort. La querelle du platonisme et
de l’aristotélisme, où Bessarion et Nicolas Perotto se mêlaient active-
ment, absorbait alors, et jusqu’à la fin de 1472, l’attention des savants
romains. Pomponio reprit, à l’Université, ses leçons ; l’Académie cé-
lébra de nouveau ses rites à demi païens ; mais elle se souciait peu dé-
sormais d’offrir aux esprits un enseignement religieux ou moral. Du
moins les humanistes romains continuaient-ils l’œuvre philologique
de Laurent Valla. Inutilement, de 1474 à 1476, Filelfo vieilli tenta de
ranimer parmi eux la tradition éloquente de l’humanisme pétrarquiste.
Ils s’appliquaient, avec Nicolas Perotto, à fixer la lecture correcte et
l’interprétation exacte des textes classiques, à développer les sciences
naissantes de l’archéologie et de l’épigraphie, à retrouver, en même
temps que le sens des œuvres littéraires, le sens des institutions et jus-
qu’à la topographie de l’ancienne Rome. Quand Sixte IV, en 1475,
ouvrit au public la Bibliothèque vaticane, Platina en reçut la surveil-
lance. Il venait d’achever ses Vies des papes (Vitae pontificum), où les
pages consacrées à Nicolas V et Pie II contrastent avec celles où il
donne à ses rancunes contre Paul II libre carrière. Il vécut jusqu’en
1481, classant dans les archives pontificales les titres de ces droits
qu’il avait niés.
L’œuvre de restauration intellectuelle ne s’accomplit pas à Naples.
L’humanisme, durant le séjour de Laurent Valla, y avait pris le carac-
tère d’une doctrine critique fondée sur la philologie. Mais, après son
retour à Rome, d’autres influences prévalurent. C’est chez Antoine
Beccadelli que l’Académie, protégée par Alphonse d’Aragon, étudia
les lettres, l’histoire, la philosophie, les sciences naturelles. Jean Pon-
tano, qu’à sa mort, en 1471, elle choisit pour le remplacer, fut avant
tout le plus parfait poète latin qu’ait formé l’humanisme du XVe siècle.
p165 Né près de Spolète en 1426, il était, en 1447, entré au service
d’Alphonse ; diplomate, il négocia la réconciliation de Ferdinand Ier et
d’Innocent VIII ; chancelier du royaume en 1486, après la conspira-
tion des barons, il devait, en 1495, recevoir Charles VIII et lui prêter
serment. Cet opportuniste, disposé à servir le plus fort, soucieux de
ses intérêts et de ses plaisirs, apparaît comme un maître de la poésie
intime et familière, réaliste ou savante, voluptueuse ou mélancolique.
Ses traités moraux ne renouvellent pas les lieux communs pétrarquis-
tes ; il dédaigne tout l’effort de l’humanisme pour instituer une
connaissance critique de la pensée gréco-latine. Seul héritage qu’il ait

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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

voulu recueillir de Laurent Valla, son ironie à l’égard du catholicisme


officiel apparaît dans un dialogue imité de Lucien, et publié en 1491,
le Charon. Les superstitions qu’il y dénonce se distinguent assez mal
de certaines croyances romaines. Il rit des ex-voto, affirme que la grâ-
ce ne s’obtient pas à force de pratiques dévotes, ou de dons aux égli-
ses, et ne prend pas au sérieux les indulgences. Ni Érasme ni Alphon-
se de Valdés ne devaient oublier ces libres propos.
Le travail de restauration intellectuelle ne put s’accomplir à Veni-
se, parce que l’humanisme, au rebours du courant qui entraînait la
pensée italienne vers Platon, y tenta un effort, d’ailleurs vigoureux,
pour restaurer la connaissance exacte de l’aristotélisme. Ermolao Bar-
baro, né d’une famille patricienne, avait entendu à Rome les leçons de
Pomponio. La querelle d’Aristote et de Platon, le parallèle tant de fois
institué entre leurs doctrines, la conciliation qu’en essayait, après Bes-
sarion, Jean Argyropoulos, lui donnèrent l’occasion de s’initier mé-
thodiquement aux études philosophiques. Chargé de diverses missions
et ambassades, il trouva le temps d’accomplir une œuvre capitale. Il se
fit l’exégète d’Aristote. Non content de traduire sa Rhétorique et ses
œuvres dialectiques, les commentaires de Themistios et de Dioscori-
de, il s’était efforcé de retrouver, au moyen d’un examen critique des
textes interprétés selon la méthode des philologues, et à l’aide des
glossateurs anciens, son exacte doctrine. À l’Université de Padoue,
puis à Venise dans son palais de la Giudecca, tandis qu’Alde Manuce
fondait l’imprimerie destinée à multiplier les œuvres des philosophes
et des poètes, il professa les leçons qui, bientôt rédigées, offrirent aux
modernes une interprétation généralement claire et correcte de
l’aristotélisme. Mais il ne créa nulle synthèse nouvelle, et se contenta
d’opposer, au péripatétisme p166 scolastique, fondé sur les versions
arabes et dominicaines du moyen âge, un Aristote plus exactement
compris. Chrétien et homme d’Église, il menait, contre les averroïstes
de Padoue, un combat sans merci ; il obtint la rétractation de Nicoletto
Vernia ; mais il se bornait à démontrer, assez artificiellement, l’accord
idéal d’Aristote et de Platon.
Si les humanistes apprirent de lui à mieux comprendre un système
dont ils se détournaient depuis un siècle, sa pensée personnelle ne lui
survécut guère ; il avait apporté peu d’arguments nouveaux à la conci-
liation tentée avant lui par Bessarion. D’autre part, vainqueur de
l’averroïsme, il contribuait malgré lui à le renforcer. Pour combattre

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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

les Arabes, il avait imprudemment allégué Alexandre d’Aphrodisias,


qui n’atténue pas les doctrines d’Aristote sur l’éternité du monde et
sur l’intellect unique et universel. Les Padouans citèrent moins Aver-
roès, mais étudièrent Alexandre, au nom duquel s’accomplit dès le
début du XVIe siècle la renaissance vigoureuse d’une école dont le rô-
le, dans l’histoire de l’esprit humain, n’était pas terminé. De même,
quand, après avoir accepté d’Innocent VIII, en mars 1491, contre la
volonté de la République, le titre de patriarche d’Aquilée et de cardi-
nal de Saint-Marc, il dut s’exiler à Rome, et consacra les trois derniè-
res années de sa vie à rétablir, dans ses Corrections à Pline (Castiga-
tiones Plinianae), le texte de Pline l’Ancien, il rendit aux partisans
d’une conception matérialiste du monde, aux adversaires du spiritua-
lisme chrétien ou platonicien, un nouveau service. L’Histoire naturel-
le allait offrir d’innombrables arguments aux libertins du XVIe et du
e
XVII siècle.

À Florence, où Laurent et Julien Médicis avaient, en 1469, après le


médiocre intermède de Pierre le Goutteux, recueilli l’héritage intellec-
tuel et moral de Cosme, où Laurent, seul maître depuis la conspiration
des Pazzi et l’assassinat de Julien, se révélait comme le plus habile
politique de l’Italie contemporaine, où, poète et artiste lui-même, il
accordait une délicate et magnifique protection aux poètes et aux artis-
tes, l’humanisme avait pris peu d’intérêt à l’œuvre critique de Laurent
Valla. Mais nulle part on n’étudiait plus passionnément les philoso-
phies helléniques. Jean Argyropoulos, traducteur d’Aristote qu’il
s’efforçait de concilier avec Platon, donnait au Studio, de 1456 à
1471, des leçons attentivement suivies. Démètrios Chalcondylas lui
succédait en 1475 ; Constantin Lascaris, qui avait enseigné le grec à
Milan, à Naples et à Messine, obtint p167 en 1491 la chaire de Chal-
condylas. Le retour de Filelfo, réconcilié avec Florence et rappelé en
1481 par Laurent, passa presque inaperçu ; héritier d’une tradition dé-
clinante, le vieil humaniste mourut le 31 juillet. Mais deux maîtres,
également aptes au jeu des idées pures, Marsile Ficin et Pic de la Mi-
randole, avaient recueilli l’héritage métaphysique et mystique du car-
dinal de Cues, et fondaient alors une école à laquelle une influence
vigoureuse était réservée en Italie et dans toute l’Europe.

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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

III. — Les synthèses florentines : Marsile Ficin 77


Dès ses premiers entretiens avec Gémiste, Cosme, d’ailleurs éclec-
tique en philosophie, avait conçu le dessein de rénover à Florence le
culte intellectuel de Platon. Vers la fin de sa vie, il confia cette tâche à
Marsile Ficin. Né en 1433, à Figline, dans le Val d’Arno, fils du mé-
decin Diotifeci, et connu sous le nom familier de Ficino, il avait étudié
l’éloquence et la philosophie à Pise et à Florence ; chez les physiciens
de Bologne, il se préparait à suivre la profession de son père. Cosme
le rappela, et voulut qu’il se consacrât désormais à l’exégèse de Pla-
ton. Dès 1456, Ficin, dans ses Institutions platoniciennes (Institutio-
nes platonicae), résumait, à l’aide surtout des auteurs latins, la doctri-
ne du philosophe. Il poursuivait son enquête ; l’année suivante, un
traité Du plaisir (De voluptate) confrontait les théories antiques du
souverain bien. Pour mieux se familiariser avec la physique et la mo-
rale d’Épicure, il commentait Lucrèce ; pour connaître plus exacte-
ment les idées religieuses de la Grèce, il traduisait en latin les hymnes
orphiques et homériques, la Théogonie d’Hésiode ; pour mieux enten-
dre Platon, il traduisait Proclos. En 1463, Cosme lui demandait la ver-
sion de tous les dialogues platoniciens, et sans doute alors lui donnait
une villa près de Careggi et une maison à Florence. Le travail ne fut
terminé qu’en 1477 ; p168 Cosme, avant de mourir, avait pu lire le Phi-
lèbe. Ainsi se prolongeaient, pour Marsile Ficin, les années
d’apprentissage. L’étude des philosophes antiques l’avait peu à peu
détourné du dogme chrétien. Quoique sa nature l’inclinât vers une
conception religieuse et mystique du monde, il ne revint à la foi
qu’après l’avoir étayée d’un système personnel de métaphysique.
Alors seulement, en 1473, sur les instances de Laurent, il prit les or-
dres sacrés.
Il rédigeait, entre 1469 et 1474, son livre le plus important, la
Théologie platonicienne de l’immortalité de l’âme (Theologia plato-
nica de immortalitate animarum), auquel il apporta en 1478 quelques
retouches ; il écrivait, en 1474, le traité De la religion chrétienne (De
christiana religione). Afin de lutter contre le matérialisme averroïste,
si répandu à Florence dès l’époque de Dante, et que professait alors,

77
OUVRAGES À CONSULTER.

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

sans beaucoup s’en cacher, le poète Louis Pulci, auteur du Morgante


maggiore, il tentait, selon l’exemple donné par le cardinal de Brixen
dans le traité de la Paix dans la foi (De pace fidei), de définir une reli-
gion naturelle dont les dogmes pussent imposer leur évidence aux fi-
dèles de toutes les confessions. Mais cette « docte religion »
s’adressait avant tout aux savants. Nicolas de Cues affirme d’abord le
Dieu biblique, et l’introduit dans une métaphysique néoplatonicienne ;
Ficin affirme d’abord le Dieu de Platon et de Proclos ; il n’introduit le
Christ que dans une métaphysique où son rôle n’est pas nécessaire. Le
cardinal de Brixen se hasarde aux limites extrêmes de l’orthodoxie et
les franchit parfois. Malgré l’adhésion de Ficin au credo catholique, sa
doctrine, tout entière hétérodoxe, repose sur des bases établies hors du
christianisme : les éléments à l’aide desquels il construit son système
du monde sont empruntés aux philosophies de la Grèce et de l’Orient.
Il recommence, dans la Florence médicéenne, l’effort des gnostiques
et rajeunit artificiellement les hérésies de Basilide et de Valentin.
Selon le modèle néoplatonicien, il fonde sa métaphysique sur
l’idée d’une échelle d’êtres, qui émanent de Dieu, unité suprême et
suprême intelligence, et s’abaissent jusqu’à la matière passive et mul-
tiple. Le premier degré est celui des anges, pures intelligences, qui
correspondent aux êtres divins de Proclos ; les âmes, rationnelles et
immortelles, leur sont inférieures ; on descend ensuite au monde des
formes, principes actifs d’où les corps tirent leur nature et ses lois ; on
atteint enfin la matière. Il existe une âme du monde, les douze âmes
des p169 éléments et des sphères, et, parmi les âmes innombrables des
êtres qui peuplent les sphères, celles des hommes, douées d’une vo-
lonté libre. Mais déjà, dans l’agencement du système, apparaissent
quelques vices de construction. Ficin n’ose suivre la logique de sa
doctrine jusqu’au point où la conciliation avec le dogme souffre de
graves difficultés. La théorie de l’émanation, d’après laquelle chaque
degré de créatures reçoit son être des créatures qui appartiennent au
degré supérieur, exigerait que l’âme humaine, comme les autres âmes
rationnelles, ne procédât de Dieu que par l’intermédiaire des anges. Or
cette affirmation heurterait les croyances chrétiennes ; Ficin affirme
que l’âme humaine est créée immédiatement par Dieu, et reçoit de lui
la lumière intellectuelle. De même, s’il attribue à la terre, au feu, à
l’eau, une âme rationnelle, incorruptible, immortelle, il ne concède
aux bêtes qu’une âme mortelle et corruptible. De même encore, si, en

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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

toute occasion, à l’exemple des spiritualistes antiques, il tient le corps


pour une geôle et un obstacle à la perfection de l’esprit, la logique in-
terne de la doctrine postule sans doute l’immortalité de l’âme et la
mortalité de tous les éléments physiques ; elle ne pouvait le conduire à
professer que l’âme, délivrée du corps et remontée aux régions éthé-
rées, s’y revêtira un jour de sa chair pour être avec elle récompensée
ou punie. Ici encore, le souci de ne pas heurter le dogme oblige Ficin à
contredire ses principes.
Comme les platoniciens, il enseigne que l’âme humaine est libre de
se ravaler jusqu’à la matière ou de s’élever jusqu’à Dieu. Elle peut,
dès cette vie, échapper à la domination des éléments physiques, éloi-
gner d’elle toutes les causes morales de trouble, reconquérir le calme,
et, dans cette œuvre d’apaisement, la musique joue son rôle. Une fois
affranchie de toutes ses misères, elle passe de la contemplation de la
nature à celle des idées, et de là remonte jusqu’à Dieu. Ficin avait
commenté le Banquet de Platon, en un écrit qu’il aimait à intituler le
Livre de l’amour. Mais la dialectique platonicienne qui, de degré en
degré, conduit l’âme humaine de l’amour des beautés naturelles à ce-
lui des idées et de Dieu, aboutit, chez le penseur florentin, à la mysti-
que. Hanté par un sentiment presque maladif de surnaturel, attentif à
toutes les rencontres où il croyait en saisir une manifestation, indul-
gent même sinon à l’astrologie, du moins à la magie et aux arts pro-
phétiques, mal conciliables pourtant avec sa foi, il affirmait par expé-
rience personnelle la vertu de la connaissance intuitive, et sans doute
p170 plus d’une fois avait éprouvé en pur mystique le sentiment de la
présence divine. « Dieu se porte », écrit-il dans une lettre, « à la ren-
contre de l’âme qui le cherche ; il la régénère, la réforme à la ressem-
blance de l’ange, et la convertit en lui-même. » Cette mystique, chez
Ficin, n’est, pas plus que sa philosophie, exclusivement chrétienne par
ses origines ; elle ne paraît rien conserver du moyen âge. À la diffé-
rence de Nicolas de Cues, héritier de toutes les écoles qui se sont suc-
cédé depuis le pseudo-Denys jusqu’à l’Imitation, il est avant tout
l’élève de Proclos, et plus encore de Plotin, qu’il traduisit de 1484 à
1486. Peu importe que, d’après lui, les ouvrages de l’Aréopagite aient
révélé aux néoplatoniciens, avec l’Évangile, le sens profond du plato-
nisme. En réalité, la mystique de Ficin, comme sa philosophie, vient
de la Grèce alexandrine. La méditation chrétienne de Denys lui a sans
doute permis d’interpréter la méditation alexandrine de Plotin ; mais

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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

avec une égale curiosité il interroge les auteurs des Livres herméti-
ques, où la théologie de l’antique Égypte s’est, vers la fin du IIIe siècle,
artificiellement accordée avec la sagesse grecque en une synthèse
étrangère à l’Évangile. Ainsi, s’achève par une mystique moins chré-
tienne qu’alexandrine et orientale, couronnement d’une dialectique
platonicienne de l’amour, la philosophie de Marsile Ficin.
Il en dégage cette religion naturelle, dont il recherche, comme Ni-
colas de Cues, les dogmes simplifiés. Elle se réduit aux affirmations
fondamentales d’un spiritualisme platonicien et mystique : Dieu ;
l’ordre du monde conçu sous la forme d’une série harmonieuse
d’émanations divines, le retour de l’âme vers son créateur qui
l’appelle et qui l’aime. Nulle croyance mieux que le christianisme ne
s’accorde avec ces postulats, qui, depuis Platon, Denys l’Aréopagite et
les néoplatoniciens, se sont formulés avec une netteté croissante, et
s’imposent à l’esprit humain. Pourtant il apparaît aisément que, dans
cette conciliation, certains éléments essentiels de la théologie chré-
tienne sont sacrifiés. Le dogme du péché originel, qui d’ailleurs tient
dans le système une place restreinte, peut ne pas apparaître contraire à
la théorie de l’émanation des libres créatures humaines ; il n’en résulte
pas et reste à démontrer. Le rôle rédempteur du Christ n’y contredit
pas, sans en résulter plus nécessairement. De même, si Ficin n’écarte
ni le ministère de l’Église ni son culte, ils ne lui sont pas indispensa-
bles. Visiblement, il accorde à l’Évangile moins d’attention qu’à Pro-
clos ; il n’admet saint Paul que dans la mesure où les p171 modernes,
instruits par son disciple, Denys l’Aréopagite, peuvent interpréter la
théologie de la grâce dans le sens de la mystique néoplatonicienne.
Mais les sombres doctrines pauliniennes de la chute, de la damnation,
du petit nombre des élus ont peu de prise sur son intelligence. Ce qu’il
cherche dans la religion, c’est la joie sereine d’une âme pacifiée que
rien de trouble ; la crainte du juge céleste, l’horreur du péché, tous les
sentiments qui, dans quelques années, vont torturer Luther au cloître
d’Erfurt, Ignace de Loyola dans la retraite de Manrèse, lui sont étran-
gers. Comme sa philosophie, sa piété s’inspire de la sagesse grecque,
et l’Église n’y eût qu’à grand’peine reconnu le catholicisme tradition-
nel.
La métaphysique alexandrine de Marsile Ficin n’ébranla jamais
l’incroyance du poète Louis Pulci. Elle enthousiasmait du moins les
académiciens de Florence, qui, sous la protection de Laurent le Ma-

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

gnifique, se réunissaient dans la maison de Careggi. Des inscriptions


riches de sens moral et religieux ornaient les murs de la grande salle
où Ficin présidait leurs assemblées. On se plaisait à marquer les res-
semblances de son caractère et de celui que les anciens attribuaient à
Platon : même tempérament mélancolique, et même conversation en-
jouée, mêmes habitudes sobres et austères, même dédain du monde et
de ses richesses, même conception de la philosophie, dispensatrice de
félicités spirituelles. Comme jadis au jardin d’Acadèmos, on soutenait
à Careggi des controverses métaphysiques, morales ou littéraires ; un
banquet réunissait parfois les amis du maître, qui, le repas fini, disser-
taient tour à tour sur quelque théorie obscure du système platonicien,
de même que chez Agathon, jadis, Phèdre, Pausanias, Eryximaque,
Aristophane, Socrate et Diotime de Mantinée avaient l’un après
l’autre discouru sur l’amour.

IV. — Les synthèses florentines : Pic de la Mirandole 78


Parmi les savants qui, à Careggi, fréquentaient l’Académie platoni-
cienne, nul n’inspirait plus d’admiration que Jean Pic p172 de la Miran-
dole. « L’esprit de Dieu et l’esprit du siècle », écrivait alors le savant
juif Jean Alamanni, son ami et peut-être son maître, « ne produiraient
pas tous les cent ans une aussi haute intelligence ». Ce jeune prince,
qui, possédé par un désir dantesque d’excellence, voulut connaître
toute la science de l’Orient et de l’Occident, devait laisser, par sa
beauté, sa grâce, ses aventures amoureuses, sa conversion, son en-
thousiasme de poète et sa piété mystique, par la brièveté même de sa
vie active et tourmentée, le souvenir mélancolique d’un être de génie
qui n’a pas rempli son destin.
Fils de Jean-François Pico et de Julie Boiardo, il naquit, en 1463,
d’une antique famille qui régnait à la Mirandole, petit comté de
l’Émilie. Dès 1477, à Bologne, il étudiait le droit canon : il passait, en
1479, à Ferrare, et de là probablement, en 1482, à Padoue ; il y enten-
dit Ermolao. Les écoles de l’Italie du nord lui avaient enseigné
l’Aristote arabe, antichrétien, des averroïstes et l’Aristote, plus exac-
tement interprété, mais sollicité vers un accord savant avec l’Évangile,
de l’humanisme helléniste. À Florence, où il vint en 1484, Ficin lui

78
OUVRAGES À CONSULTER.

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

révéla Platon et ses interprètes sans le convertir. Dès lors, sans doute,
désira-t-il réconcilier Aristote et sa conception scientifique et positive
du monde avec le mysticisme platonicien, reprendre, avec une pensée
plus vigoureuse et une information plus vaste, l’effort tenté par Bessa-
rion et Ermolao ; construire, à la manière de Nicolas de Cues, une
synthèse de la science positive, de l’hypothèse métaphysique et de
l’intuition mystique.
Il élargit son enquête. Ficin n’avait connu les philosophies orienta-
les que par l’intermédiaire d’Alexandrie. Pic apprit à fond l’hébreu ; il
suivit les leçons d’israélites florentins, Jean Alamanni, Élie Del Medi-
co ; il s’instruisit de la spéculation juive et de la Kabbale ; en même
temps, afin de lire dans l’original le Coran et ses commentateurs, il
étudia l’arabe. À la différence de Ficin et des héritiers de Pétrarque, il
connaissait fort bien la scolastique ; et, s’il se repentait d’avoir consa-
cré trop de temps aux docteurs des derniers siècles, il n’entendait pas
les abandonner au mépris des rhéteurs. « Nous vivrons toujours »,
écrit-il en leur nom, le 3 juin 1485, à Ermolao, « non pas dans les éco-
les de grammairiens et des pédagogues, mais dans les réunions p173 des
sages, où l’on ne dispute ni de la mère d’Andromaque ni des fils de
Niobé, mais des premiers principes des choses humaines et divines ».
« Les grammairiens, disait-il encore, m’irritent, qui, pour avoir dé-
couvert deux étymologies, conçoivent un tel orgueil qu’ils prennent en
mépris tous les philosophes. » Aussi, de juillet 1485 à mars 1486,
vint-il, curiosité insolite chez un humaniste italien, écouter à Paris les
successeurs et les exégètes de ces maîtres dont il ne dédaignait pas
l’effort. Il n’y resta guère : Tateret et Bricot ne pouvaient satisfaire le
goût qui l’entraînait vers la spéculation métaphysique et mystique.
Rentré en Italie, il conçut le dessein de se montrer dans une dispute
solennelle. Ainsi Filelfo, en 1460, avait devant le doge et la Seigneu-
rie de Venise, résolu trente-deux problèmes. Retiré à la Fratta près de
Pérouse, il formula neuf cents propositions, qui embrassaient tout le
domaine de la philosophie ou de la théologie et furent publiées en dé-
cembre ; il offrit de les soutenir à Rome contre tout venant, et de dé-
frayer les contradicteurs qui viendraient des pays les plus éloignés. La
dispute n’eut pas lieu : les théologiens s’étaient inquiétés ; dès mars
1487 une première commission réunie par Innocent VIII censurait
treize thèses, en interdisait le débat public. Pic rédigea bientôt une
Apologie. Mais, en juin, le tribunal d’Inquisition se constituait. « Ce

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

jeune homme, disait le pape, désire mal finir : il veut qu’on le brûle
quelque jour. » Le 31 juillet, pour éviter le procès, Pic se soumit ; il
acheva secrètement d’imprimer son livre et s’enfuit en France. Aussi-
tôt, le 4 août, une bulle d’Innocent VIII condamnait les treize proposi-
tions, le déclarait hérétique, ordonnait aux princes chrétiens de le sai-
sir. On l’avait cru en Espagne : un bref enjoignit à Ferdinand et Isabel-
le d’exiger par tous les moyens sa rétractation. Arrêté en Bresse, remis
par le duc de Savoie aux autorités françaises, Pic était, dans les pre-
miers jours de 1488 prisonnier au donjon de Vincennes.
Une fois de plus il apparaissait que, sur les traces du cardinal de
Cues, l’humanisme italien ne pouvait s’essayer à l’interprétation du
dogme sans atteindre et dépasser les limites extrêmes de l’orthodoxie.
Ficin, pour ne pas heurter de front la doctrine officielle, avait pru-
demment infléchi à l’occasion la logique de son système. Pic n’avait
pas pris ces précautions, et certaines de ses thèses risquaient
d’ébranler la théologie catholique, mal remise encore de redoutables
secousses. Il bouleversait l’apologétique p174 traditionnelle : « Nulle
science, affirmait-il, ne conduit plus sûrement à la foi que la Kabba-
le. » Sans doute pensait-il par là faciliter la réconciliation d’Israël avec
le Christ. Or jamais l’Église n’avait reconnu dans les spéculations jui-
ves que de confuses erreurs, et elle pouvait craindre, non sans raison,
que la Kabbale ne reconduisît les fidèles de la Trinité chrétienne au
monothéisme de Moïse. De même, il désapprouvait la condamnation
d’Origène ; il restait par là dans la logique de l’Académie florentine,
car nul disciple de l’Évangile et de la pensée grecque n’avait mieux
répondu par avance à l’inquiétude religieuse de Ficin. De même, il ne
voyait dans la Bible que symboles et légendes ; sa conception toute
platonicienne de Dieu s’accommodait assez mal de trois personnes, et
ne laissait au Verbe qu’un rôle subordonné ; il adoptait en partie la
métempsychose pythagoricienne. Non content d’affirmer que
l’immortalité de l’âme ne peut se démontrer qu’à l’aide du Phédon,
que le spectacle de l’univers prouve l’éternité du monde, il essayait à
son tour une explication personnelle et à demi rationaliste du credo
catholique. La présence réelle rencontrait à Florence d’innombrables
négateurs. Savonarole, en 1497, dans ses prédications sur Ézéchiel,
allait accuser les prêtres eux-mêmes de ne pas y croire. Beaucoup de
fidèles, du moins, doutaient de la transsubstantiation. Pic de la Miran-
dole, après Wyclif, trente ans avant Luther, affirme que l’eucharistie

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

se comprend plus aisément sans la transformation des substances.


Mais lorsque, discutant, le dogme des peines et des récompenses
d’outre-tombe, il refusait d’admettre que le péché, commis dans le
temps, méritât un châtiment éternel, il dépassait les écoles hérétiques
et parlait en pur rationaliste, instruit par les moralistes païens. Il
s’élevait enfin contre les pratiques traditionnelles de la dévotion ro-
maine : il condamnait la vénération des croix et des images ; il se
trouvait ainsi d’accord avec les Wycléfites, et sinon avec Jean Hus lui-
même, du moins avec une partie importante de sa postérité.
Innocent VIII eût voulu obtenir des théologiens de Paris une
condamnation sévère ; mais les maîtres de Sorbonne et de Navarre
s’entendaient mal avec les Dominicains de Rome ; les princes, le
conseil royal, l’orateur du duc de Milan, soutenaient le prisonnier au-
près de Charles VIII. La Faculté interdit simplement la diffusion de
l’Apologie. Pic fut reconduit à la frontière, et Charles VIII sollicita sa
grâce auprès du pape. De retour, en juin 1488, à Florence, il y retrou-
va les encouragements p175 de Ficin, la protection de Laurent. Bientôt
il achevait, en mars 1489, son œuvre principale, le Livre septuple, ex-
posé des sept aspects de la création (Heptaplus, de septiformi sex die-
rum enarratione).
Le livre est un commentaire de la Genèse. Prenant les versets mot
par mot, Pic à l’aide de la Kabbale et des philosophes juifs en tire une
septuple interprétation, et ce commentaire l’amène à exposer le sys-
tème philosophique auquel il s’est arrêté. Il reconnaît, dans le Cos-
mos, le monde de l’intelligence, où résident avec Dieu, premier mo-
teur et premier principe, les anges, créatures purement intellectuelles ;
le monde céleste, composé de l’empyrée et des sphères, mû par des
intelligences éternelles, mais selon des lois qu’elles n’ont pas conçues
et que seule comprend l’intelligence divine ; le monde physique de la
matière, soit inerte, soit animée, dépourvue toutefois de raison.
L’homme, en marge de ces trois univers, forme un monde à part, qui
reçoit des trois autres les éléments divers de sa nature, ni complète-
ment terrestre ni complètement céleste ; son libre arbitre lui permet de
se modeler sur l’exemplaire vers lequel il se sent attiré ; de se ravaler
jusqu’au niveau de la bête ou de la matière inerte, de s’élever jusqu’au
niveau des intelligences qui mènent les sphères, et, plus haut encore,
jusqu’à la pleine lumière d’intelligence et d’amour où vivent les an-
ges.

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Ainsi, comme Ficin, Pic se contentait de mettre en œuvre des ma-


tériaux empruntés aux philosophies antiques et orientales, soit direc-
tement, soit par l’intermédiaire hasardeux des kabbalistes. On trouve-
rait aisément chez lui le même à peu près que chez Ficin ; du moins,
mort à trente et un ans, n’eut-il jamais le loisir d’achever l’élaboration
de son système ni d’en préparer l’exposé méthodique. Sa pensée reste
encore plus étrangère au christianisme. Comme Ficin, il prend hors du
dogme le point de départ de sa spéculation. La doctrine de Ficin rap-
pelle les hérésies gnostiques ; Pic se tient presque constamment à
l’écart de la théologie catholique ou hétérodoxe. L’homme tel qu’il le
définit, en qui se retrouvent les trois éléments dont se constitue le
monde, ne ressemble guère à l’homme spirituel et matériel des Pères
et des docteurs ; Dieu ne l’a créé ni mortel ni immortel : c’est par un
effort de sa libre volonté que, développant les principes célestes de sa
nature, il mérite de participer à l’immortalité des êtres célestes. Le
corps n’est qu’une prison, un obstacle à la perfection spirituelle ; et, si
la logique du système admet conditionnellement l’immortalité p176 de
l’âme, elle ne s’accommode pas de la résurrection de la chair, que Fi-
cin admet seulement par un acte de foi. De même l’homme peut se
laisser déchoir au niveau de la bête ou de la matière ; il suit, en ce cas,
la destinée du monde physique où il a choisi son modèle, et, comme
lui, subit la loi de la mort et de la corruption. Le système exige
l’anéantissement du méchant : il n’accueille pas les peines et les châ-
timents d’outre-tombe, et moins encore leur éternité.
Sur cette métaphysique incertaine, Pic édifiait une morale de carac-
tère religieux, d’inspiration ascétique et mystique. Pourtant, dans ses
poésies latines et ses sonnets toscans, il avait chanté la joie de vivre et
la splendeur de l’univers ; le culte de la beauté lui ouvrait une des
voies par où l’individu se rend éternel. Encore en 1486, lorsqu’il rédi-
geait les neuf cents thèses, ses aventures amoureuses avaient mené
grand bruit à Florence. Mais l’épreuve de sa condamnation et de sa
captivité, la lassitude des joies terrestres, l’évolution naturelle de sa
pensée le conduisirent à une vue plus sombre de la destinée humaine.
Tandis que Ficin garde une conception optimiste et sereine du monde,
pénétré de divin jusqu’en ses derniers éléments, et cherche avant tout
dans la religion le calme équilibre d’une âme pacifiée, Pic ressent plus
vivement la tristesse chrétienne ; il oppose la nature au surnaturel, la
chair à l’esprit. Des réalités matérielles aux idées les plus sublimes,

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Ficin aisément s’élève par cette dialectique de l’amour que Platon ex-
pose dans le Banquet. Nul passage ne conduit Pic de la terre au ciel ;
l’univers physique n’offre que misère et dérision : qui veut contempler
les vérités éternelles doit rompre avec lui tout contact. De la sorte, s’il
se permet avec le dogme toutes libertés, son éthique douloureuse, qui
glorifie l’ascétisme, unique chemin de perfection, s’accorde avec la
plus haute morale des chrétiens. Sans doute, cette condamnation des
choses créées apparaît-elle, comme sa philosophie, d’origine alexan-
drine et orientale ; mais la règle qu’il s’imposa dès lors prit la forme
catholique. « Le comte de la Mirandole », écrit Laurent de Médicis en
1489, « est parmi nous. Il vit très saintement, comme un religieux. Il
récite l’office ordinaire des prêtres, observe les jeûnes et les plus
grandes abstinences : il vit avec peu de serviteurs et sans pompe. »
Chez Pic, comme chez Ficin, la méditation qui achève d’émanciper
les éléments célestes de la nature humaine conduit à la mystique. Lui-
même, comme Ficin, paraît en avoir réalisé l’expérience : mais, bien
que ses méthodes p177 de vie intérieure lui aient été enseignées par les
Alexandrins et les Orientaux plus que par les maîtres du moyen âge, il
accepte plus complètement que Ficin d’imposer à son élan vers Dieu
la discipline de la piété romaine.
Il voulait ardemment rester en communion avec l’Église. Malgré la
diplomatie de Laurent, les censures pontificales qui l’avaient atteint ne
devaient être levées que le 18 juin 1493, par Alexandre VI. Du moins,
depuis 1490, travaillait-il à définir plus complètement sa doctrine reli-
gieuse, à l’accorder avec le dogme. Il n’eut que le temps de publier la
première partie de l’ouvrage qu’il méditait.
Comme Ficin, comme Nicolas de Cues, Pic recherche, dans le De
ente et uno (De l’être et de l’unité), le credo naturel où doivent com-
munier toutes les familles humaines. Il le réduit à un spiritualisme
néoplatonicien, qu’il interprète selon le pessimisme profond de sa
pensée. Mais les analogies hasardeuses qu’il y découvre avec la foi
catholique ne manquent pas d’efficacité chrétienne. La doctrine du
péché et de la chute, peu concevable pour Ficin qui l’introduit arbitrai-
rement dans son système, s’impose comme évidente à Pic de la Mi-
randole. Presque superflu pour Ficin, le rôle rédempteur et douloureux
du Christ lui redevient indispensable. Plus que Ficin il goûte
l’Évangile, et particulièrement la métaphysique alexandrine de saint
Jean, qui, apôtre de l’amour, professa la religion de l’esprit. Il admire

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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

saint Paul ; il aime dans les Épîtres cette doctrine de la grâce, que le
système de Ficin ne met pas en lumière. Tandis que Ficin ne sait pas
ou ne veut pas abîmer la misère de la créature en face de l’infaillible
justice, Pic, vers la fin de sa courte vie, s’exalte dans une recherche
désespérée de la perfection. Mieux que Ficin, guide intellectuel d’un
petit nombre d’initiés, il entend la croyance des simples. À côté de la
science et de la contemplation, il connaît un plus modeste chemin vers
Dieu, l’humble amour et l’imitation du Christ. Loin de dédaigner les
hommes et de les abandonner à leurs ténèbres, il voudrait cultiver en
eux toutes les forces spirituelles qui assurent leur relèvement ; sa cha-
rité, qui distribue les aumônes, veut répandre l’espérance et la foi. « À
peine aurai-je terminé certaines œuvres auxquelles je travaille », dit-il
à son ami Jérôme Benivieni, « je donnerai mes biens aux pauvres, et,
le crucifix à la main, pieds nus, j’irai prêcher le Christ par les villes,
les campagnes et les bourgs. »
Pourtant, ce christianisme ardent reste essentiellement hérétique,
p178 et sur bien des points. Pic ne s’entend avec l’Église que dans le
silence. Il n’a jamais dit nettement s’il croyait à ces peines éternelles
de l’enfer qu’il rejetait dans ses neuf cents thèses. Il n’a jamais dit net-
tement s’il adhérait à la transsubstantiation. Il professe la croyance en
esprit et en vérité qu’il a tirée du quatrième Évangile : essentiellement
indifférente au dogme, elle évite de le contredire ; indifférente aux
rites et aux formes du culte, elle ne s’y associe que par habitude et
pour ne pas troubler les simples. Peu sacerdotale comme la foi de Fi-
cin, elle se passe aisément de l’action du prêtre. Sur l’Église, dont Pic
a entendu Savonarole, devant le chapitre général des Frères Prêcheurs,
tenu en 1482 à Reggio d’Émilie, déplorer la corruption et la ruine, le
fidèle comptera peu désormais ; il tentera de se sauver par ses propres
forces, par la méditation de l’Évangile et la recherche du Dieu sensi-
ble au cœur. Plus que Ficin, qui également écoutait les sermons tragi-
ques de Santa Maria del Fiore, Pic de la Mirandole pouvait s’entendre
avec le grand dominicain ; et sans doute, s’il eût vécu, il ne l’eût pas,
comme Ficin, renié après son martyre. Malgré la faiblesse de son édi-
fice métaphysique d’ailleurs inachevé, Pic se faisait l’apôtre d’une
conception personnelle du christianisme, à la fois profondément reli-
gieuse et singulièrement libre, qui, en cette fin du XVe siècle, répondait
aux besoins des savants comme des humbles.

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

V. — Humanisme platonicien
et science positive à Florence ;
les débuts de Léonard de Vinci 79
À Florence, les deux pensées, parentes et dissemblables, de Pic et
de Ficin, donnaient le ton à l’humanisme. Christophe Landino, de Pra-
tovecchio dans le Casentin, élève de Charles Marsuppini, avait, en
1443, composé sous le titre de Xandra, p179 un recueil de vers
d’amour. Depuis 1458, il professait au Studio la poésie et l’éloquence.
Humaniste à l’ancienne manière de Filelfo, de Poggio Bracciolini, de
Pétrarque, il n’avait jamais pris la peine de s’exercer aux méthodes
exactes enseignées par Laurent Valla. Il se plaisait encore à recher-
cher, dans les œuvres des poètes, un enseignement allégorique et mo-
ral : il conservait pour la Divine comédie une vénération qui, parmi les
modernes, pouvait sembler archaïque. Du moins subit-il fortement
l’influence de Ficin ; il publiait, en 1487, les Disputes des Camaldules
(Camaldulenses disputationes). Dans la solitude du haut Casentin, au
couvent des Camaldules, Laurent et Julien de Médicis, Léon-Baptiste
Alberti, Alamanno Rinuccini, Pierre et Donato Acciaiuoli, Marsile
Ficin, Landino et quelques autres, mènent d’élégantes discussions. Le
premier jour, contre Alberti, Laurent soutient la supériorité de la vie
active sur la contemplative, qui d’ailleurs la règle et la modère ; le
lendemain Alberti et Ficin discourent du souverain bien et des voies
qui conduisent l’homme à la vision de Dieu ; les deux derniers jours,
Alberti démontre comment Virgile, racontant les voyages et les com-
bats d’Énée, décrit l’âme qui lutte contre les vices et parvient à la
contemplation de l’essence divine. Ainsi Landino, avec un art délicat,
vulgarisait la pensée de Ficin. De même, dans le dialogue De l’âme
(De anima), il résumait d’après lui les preuves de l’immortalité, réfu-
tait les averroïstes. L’influence de Ficin et de Pic s’exerçait sur le gé-
nie d’Ange Politien lui-même. L’auteur applaudi de l’Orfeo et des
Stanze per la giostra était, dès 1488, entré en relations étroites avec
Pic, et, sur ses conseils, étudiait les philosophes, qu’il avait jusque-là
négligés. Depuis 1480, il enseignait au Studio ; il y avait commenté
les Sylves de Stace, l’Institution oratoire de Quintilien, Virgile et Ho-
mère ; on l’avait entendu préluder en vers à l’explication des poètes.

79
OUVRAGES À CONSULTER.

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Mais ses Miscellaneae, publiées en 1489, étaient d’un savant en même


temps que d’un artiste. En 1491, il exposa l’Éthique d’Aristote ; en
1493, les Premières analytiques. Ses leçons, plus claires que profon-
des, n’opposaient pas Aristote à Platon, et, dans une certaine mesure,
s’accordaient avec la pensée de l’Académie florentine ; lui-même,
malgré son relâchement, allait, comme Pic, être violemment troublé
par Savonarole ; lorsqu’il mourut, âgé de quarante ans, le 20 septem-
bre 1494, il voulut qu’on l’ensevelît à San Marco dans la robe blanche
de saint Dominique.
L’humanisme philosophique de Ficin et de Pic de la Mirandole p180
n’aurait pas enthousiasmé Florence, et bientôt les écoles lettrées
d’Europe, si, malgré l’à peu près de ses doctrines, il n’eût été riche
d’une poésie religieuse, qui lui permettait d’émouvoir les âmes por-
tées à la vie intérieure et d’obtenir un durable ascendant sur des artis-
tes et des poètes. Pourtant si, par l’autorité qui lui fut reconnue, il
compte dans l’histoire de l’esprit, il contribua médiocrement au pro-
grès de la pensée. La critique de Laurent Valla, les efforts de plusieurs
générations pour comprendre exactement la philosophie grecque,
s’affranchir de la scolastique et de l’averroïsme, l’exemple audacieux
de Nicolas de Cues, n’aboutissaient qu’à fonder, sous le signe de Pla-
ton et des alexandrins, un syncrétisme métaphysique et religieux où
revivaient les tendances de vieilles et de récentes hérésies. Laurent
Valla avait affirmé le devoir de ne rien admettre dont on ne pût appor-
ter la preuve, et jugé vaine l’ambition de saisir les essences dernières.
Nicolas de Cues, de son côté, ne s’était hasardé à dépasser
l’exploration scientifique du réel, qu’en tenant compte de cette criti-
que de la connaissance, qui, formulée par les ockhamistes parisiens
comme par Laurent Valla, démontrait l’impossibilité de rien atteindre,
hors des prises de l’expérience, à l’aide de la raison. C’était par delà la
raison, à l’aide du principe de l’identité des contradictoires dans l’être
absolu, qu’il avait essayé de construire son système d’hypothèses di-
vines. Marsile Ficin et Pic de la Mirandole se contentaient de restau-
rer, sans grande originalité et non sans adjonctions discutables, le
néoplatonisme. Ils se montraient inégaux à Nicolas de Cues et à Lau-
rent Valla. Les ockhamistes parisiens, lointains ancêtres de la physi-
que moderne, avaient laissé l’exemple de méthodes moins décevantes.
Mais leur pensée et les enseignements du cardinal de Brixen se
conservaient dans une petite école de savants. L’astronome florentin

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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Paul Toscanelli avait recueilli ce double héritage. Léonard de Vinci


achevait alors de se former. Fils d’un notaire de San Miniato al Te-
desco, il était né en 1452 dans le village dont il immortalisa le nom.
De bonne heure inscrit à la corporation des peintres, il manifesta bien-
tôt, sculpteur, architecte, poète et musicien, philosophe et savant, son
universelle maîtrise, satisfit le grand désir d’excellence dont
l’Alighieri s’accuse en chrétien pénitent, et bien au-delà du rêve
d’Alberti, réalisa, par sa beauté comme par son génie, ce type éclatant
d’humanité parfaite dont Pétrarque n’entrevoyait que l’ombre illusoire
dans le passé romain. Appelé, en 1483, de Florence à p181 Milan par
Ludovic le More, il y poursuivait l’étude de toutes les sciences, ma-
thématiques, astronomie, physique, médecine, anatomie, botanique,
géologie. Il entreprenait dès 1489, dans ses cahiers manuscrits, de dé-
finir pour lui-même leurs méthodes et leurs buts, de saisir et
d’interpréter, à la lumière de leur certitude, les lois de cette nature
dont son effort d’artiste essayait de fixer les aspects et les jeux. Bien
mieux que la métaphysique de Ficin ou de Pic de la Mirandole, sa ma-
thématique universelle et son enquête positive répondaient à l’appel
de Laurent Valla. Pourtant, bien plus que le savoir longtemps secret
de Léonard, la mystique de l’Académie florentine devait agir, dans la
péninsule et dans l’Europe occidentale, sur les générations inquiètes
du XVe siècle finissant.

VI. — L’humanisme italien et la France 80


Elle agit, avec évidence, sur l’humanisme français.
Déjà s’était révélée à Paris l’œuvre littéraire et philosophique des
humanistes italiens. Longtemps après la mort tragique de Jean de
Montreuil, et tandis qu’à la cour de Charles VII et dans le haut clergé,
on comptait bon nombre d’esprits curieux de la culture ultramontaine,
l’Université de Paris restait fermée aux nouvelles doctrines. Enfin, le
19 janvier 1458, elle confiait une chaire à Grégoire de Città di Castel-
lo, qui d’ailleurs ne l’occupa qu’un an et demi. Le véritable introduc-
teur de l’humanisme italien à Paris fut Guillaume Fichet.

80
OUVRAGES À CONSULTER.

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Né en 1433 dans la vallée savoyarde du Faucigny, boursier dans un


collège d’Avignon, il y apprit à goûter les poètes anciens et les écrits
philosophiques et religieux de Pétrarque ; en 1461, il entrait dans la
société de Sorbonne, et sept ans après recevait le doctorat. Il partagea
dès lors son activité entre p182 les anciennes et les nouvelles études. Au
collège Saint-Bernard, puis à la Sorbonne, il enseigna la logique et la
philosophie selon les contradicteurs d’Ockham, et, devant de nom-
breux élèves dont plusieurs avaient son âge, il commenta les auteurs
classiques. En 1470, au retour d’une mission diplomatique dans le du-
ché de Milan, il introduisit, d’accord avec Heynlin de Stein,
l’imprimerie en Sorbonne. Ulrich Gering de Constance et Michel Fri-
burger de Colmar y établirent leurs presses, d’où sortaient, dès les
trois premières années, les œuvres de Salluste, de Floras, de Valère
Maxime, le De officiis de Cicéron, et le livre le plus important qui eût
produit jusque-là, en Italie, l’humanisme orienté vers la philologie et
la linguistique, les Elegantiae de Laurent Valla. Bessarion et André de
Trébizonde portaient alors devant l’Université la querelle d’Aristote et
de Platon. Fichet, héritier de l’esprit de Pétrarque, se trouva d’accord
avec le cardinal de Nicée pour souhaiter le réveil du platonisme ; très
hostile à la sécheresse de l’école nominaliste, il ne le jugeait pas in-
compatible avec la dogmatique thomiste, enseignée par Heynlin.
Fichet, dans l’été de 1472, suivit Bessarion en Italie. Nommé ca-
mérier et pénitencier par Sixte IV, il ne revint plus en France. Un Tri-
nitaire flamand, né en 1433 à Calonne sur la Lys, Robert Gaguin,
poursuivit son œuvre d’éducateur de l’esprit français. Il avait, dès
1465, visité l’Italie ; sa vie fut partagée entre les affaires de son ordre,
qui, en 1473, l’élisait général, celles de la Faculté de Décret dont il
recevait, en 1483, le décanat ; les missions à l’étranger et les ambas-
sades, l’enseignement et la pratique des lettres. Poète français et latin,
il avait la même aversion que Fichet pour la scolastique terministe. On
vit alors se former à Paris un petit groupe d’amis de l’antiquité : hauts
officiers de la couronne, parlementaires, prélats, dont quelques Ita-
liens, comme Ange Cato, archevêque de Vienne, qui bientôt allait
prier Commynes de rédiger ses Mémoires sur le règne de Louis XI ;
maîtres de l’Université, venus pour la plupart des Pays-Bas, Martin et
Gilles de Delft, les Brugeois Jean et Charles Fernand. Cette première
école fut essentiellement pétrarquiste. Elle affirmait avec enthousias-
me la grandeur du passé gréco-romain ; elle voulait rapprendre, avec

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

le latin classique, l’art d’exprimer toute pensée en un langage élégant


et clair, propre à l’analyse comme à la démonstration ; elle désirait
aussi retrouver la science des anciens, leur théorie du monde et de p183
l’homme, avec l’espoir et la certitude de concilier, en une harmonie
supérieure, et sous le signe d’un platonisme cicéronien, la doctrine des
sages et la mystique des ascètes.
Des Italiens qui vinrent chercher fortune en France, elle reçut un
faible secours. Philippe Beroaldo qui, de 1476 à 1480 commenta la
Pharsale devant les étudiants parisiens, et donna, chez Gering, une
édition de Virgile, enseignait prudemment, sans trop contredire les
scolastiques, un humanisme pétrarquiste. Le Véronais Paul Emili, le
Vénitien Jérôme Balbi, Cornelio Vitelli de Cortone et Fausto Andreli-
ni de Forlì, qui arrivèrent de 1483 à 1486, appartenaient à l’école, dé-
sormais dépassée, de Poggio et de Filelfo. S’ils aidèrent les Français à
retrouver l’usage du latin correct, ils ne surent leur révéler ni la criti-
que de Laurent Valla ni les synthèses florentines. Emili devint bientôt
historiographe royal ; Vitelli ne fit que passer ; Andrelini et Balbi
scandalisèrent l’Université par leurs querelles ; en 1491, Balbi, trop
suspect d’indifférence religieuse pour plaire à Paris, dut prendre la
fuite ; Andrelini, poète abondant et médiocre, manquait de doctrine
autant que de personnalité. Pourtant, le pétrarquisme des humanistes
français aimait à suivre le travail philosophique des écoles italiennes.
Dès 1470 paraissaient en Sorbonne, dans le latin de Léonard Bruni,
les Lettres apocryphes de Platon ; Gilles de Delft entreprit de publier
les versions modernes d’Aristote ; en 1489, l’Éthique, traduite par
Jean Argyropoulos ; en 1490, la Politique d’après la version de Bruni.
Déjà, dépassant le pétrarquisme, les Parisiens, que l’irrévérence de
Valla eût sans doute inquiétés, se montraient curieux du néoplatonis-
me florentin. Ils avaient pu connaître à l’Université, en 1485-1486,
Pic de la Mirandole, et suivre, deux ans plus tard, son procès ; Robert
Gaguin correspondait avec Marsile Ficin. Jacques Lefèvre d’Étaples
allait prendre avec la spéculation italienne un contact plus intime.
Né dans ce port de Picardie vers le milieu du siècle, il étudia peut-
être au Collège du cardinal Lemoine ; maître ès arts, il ne fut jamais
docteur en théologie, et chercha longtemps sa voie : contrairement à
l’usage parisien, il attendit la quarantaine pour publier son premier
livre. En désaccord avec l’école de Fichet et de Gaguin, il préférait les
nominalistes à saint Thomas. Dans l’œuvre accomplie par

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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

l’humanisme italien, la restauration des philosophies helléniques


l’intéressait avant p184 tout ; ses scrupules de chrétien le détournaient
de la poésie antique. S’il reçut de Paul Emili quelques leçons, il
n’écrivit jamais qu’un latin peu correct et sans élégance ; de bonne
heure il apprit du Spartiate Georges Hermonyme les éléments du grec.
Il avait, en 1490, achevé une Introduction à la Métaphysique
d’Aristote ; six courts chapitres exposaient les notions essentielles des
six premiers livres, les seuls qu’on lût à Paris. L’ouvrage, qui ne fut
pas imprimé d’abord, diffère profondément des manuels scolastiques ;
il manifeste, malgré sa sécheresse et sa brièveté, un besoin nouveau de
précision et de justesse, le désir d’écarter les commentateurs inutiles,
d’expliquer Aristote par Aristote, et les systèmes philosophiques à
l’aide de leurs thèses fondamentales. L’année suivante, la lecture des
Contemplations de Raymond Lull lui imposa pour longtemps
l’ascendant de ce génie à la fois raisonneur et mystique. Quelques
mois il désira la solitude et le silence d’un couvent réformé. Déjà se
marquaient les tendances profondes de son esprit. Il ne conservait plus
de l’école nominaliste que certaines habitudes critiques et dialecti-
ques. Mal instruit sans doute de l’œuvre des physiciens ockhamistes,
peu habile aux méthodes d’observation positive qu’ils avaient prati-
quées, c’était aux traités d’Aristote que Lefèvre demandait une théorie
scientifique du monde ; moins hardi par là et moins moderne que Bu-
ridan, Marsile d’Inghen ou Albert de Saxe. Mais, loin d’admettre
comme définitive la condamnation prononcée par Guillaume
d’Ockham et ses élèves contre la métaphysique, le rationalisme mys-
tique de Lull l’aidait à dépasser l’ockhamisme, à réintégrer dans
l’effort philosophique la spéculation sur les causes premières ; il se
sentait prêt à compléter, comme Gerson, l’empirisme nominaliste, par
une doctrine d’intuition et d’amour divin. Il la cherchait volontiers
auprès de Pic de la Mirandole, dont il lut sans doute alors
l’Heptaplus : il goûta ce mysticisme néoplatonicien et oriental, qui, à
la fois savant et humble, mais déjà si faiblement orthodoxe et romain,
concilie l’esprit de la gnose et l’esprit de l’Imitation. C’est alors qu’il
prit la décision de partir pour l’Italie. La pensée de Pic de la Mirando-
le l’y attirait d’abord, et, à un moindre degré, l’aristotélisme exact et
chrétien d’Ermolao Barbaro.
Il vit, dans l’hiver de 1491-1492, Bologne, et peut-être Venise,
d’où une sentence d’exil bannissait Ermolao. Il connut à Florence

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Marsile Ficin, assista peut-être à quelques réunions p185 de Careggi,


admira le génie d’Ange Politien ; mais Pic de la Mirandole fut sans
doute celui qu’il questionna le plus passionnément. À Rome, il put
enfin rencontrer Ermolao ; il ne paraît pas avoir cherché à connaître
Pomponio Leto, dont l’enthousiasme païen sans doute lui eût déplu.
De retour en France, il enseigna, au Collège du cardinal Lemoine, la
philosophie. Plus sûr de ses méthodes, mieux affermi dans ses vues
générales, il expliquait à la manière d’Ermolao, devant les étudiants,
le texte d’Aristote ; mais, sous la conduite de Ficin et de Pic, il appro-
fondissait, pour la satisfaction intime de ses besoins religieux, les
théories platoniciennes et alexandrines. Il rompit alors sa longue ré-
serve et, dans une double série d’ouvrages, commença d’exposer une
doctrine qui s’adressait d’une part aux débutants, de l’autre aux ini-
tiés.
Avant la fin de l’année, pour compléter son enseignement de pro-
fesseur, il imprima des Paraphrases sur la Physique d’Aristote. Très
clairement il disait, dans la préface, sa volonté de rompre avec les
glossateurs scolastiques et leurs procédés de dispute. Après avoir
brièvement résumé les notions essentielles de la physique péripatéti-
cienne, il commente le texte, chapitre par chapitre, explique en un
langage exact les termes difficiles et les théories obscures ; aux der-
nières pages du livre, deux dialogues résument la conception aristoté-
licienne de l’univers matériel. Ainsi Lefèvre inaugurait en France un
nouvel enseignement de la philosophie ; comme Ermolao Barbaro, il
le fondait sur l’étude critique et historique des doctrines, et la lecture
attentive des exégètes anciens. En 1494, rééditant ces Paraphrases, il
y joignait l’Introduction à la Métaphysique, rédigée en 1490, et quatre
nouveaux dialogues, où se développait un exposé vivant de la philo-
sophie première d’Aristote. Le 17 juin de la même année, son Ars mo-
ralis résumait avec précision les dix livres de l’Éthique à Nicomaque.
Mais ces manuels laissaient entrevoir une pensée active et inquiète.
Les conversations de Careggi n’avaient pas converti Lefèvre au plato-
nisme ; Aristote restait pour lui, comme pour Dante, le maître de ceux
qui savent ; comme Ermolao, il le conciliait avec les chrétiens. « Tou-
te sa doctrine de la nature sensible, écrivait-il alors, tend vers le mon-
de divin, et, partant des éléments qui tombent sous l’expérience,
conduit aux essences intelligibles. Il existe, dans toute la philosophie
d’Aristote, des correspondances secrètes, analogues au sens du tou-

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

cher, p186 répandu à travers tout le corps ; sans elles, ainsi que le corps
sans le toucher, toute cette philosophie est vaine et sans vie. »
Ainsi, pour Lefèvre d’Étaples, une théorie rationaliste de l’univers
demeure incomplète et stérile. Comme Pic de là Mirandole et comme
Ficin, mais sans cesser de tirer sa doctrine exotérique des livres
d’Aristote, interprétés selon les méthodes d’Ermolao Barbaro, il re-
cherche une connaissance plus cachée. Le traité de Magie naturelle,
qu’il écrivit en 1493 et ne publia jamais, pouvait obtenir l’approbation
de Ficin et de Pic ; le premier, avait, dans son traité de la Vie triple
(De triplici vita), exposé d’après les platoniciens l’influence des astres
sur la destinée humaine ; l’autre admettait, à l’exemple des pythagori-
ciens et des kabbalistes, les propriétés merveilleuses des nombres.
Dans son désir de prolonger le rationalisme aristotélicien par une mys-
tique, Lefèvre s’adressait, comme ses amis florentins, aux doctrines
religieuses de l’Orient. Le 3 juillet 1494, il publiait, traduits par Ficin,
les Livres hermétiques, soit l’ensemble des discours et dialogues qui
composent le Livre de la puissance et de la sagesse divines (De potes-
tate et sapientia Dei), également intitulés Pimander, et attribués à
Mercure Trismégiste ; par delà le monde des apparences, clairement
décrit par Aristote, ces écrits encore ignorés des Parisiens ouvraient
sur l’infini des vues mystérieuses, où la théologie de l’antique Égypte
s’accordait artificiellement à la métaphysique d’Alexandrie.

VII. — Le rayonnement de l’humanisme italien 81


L’introduction de l’humanisme aux Pays-Bas et en Allemagne
avait été l’œuvre de quelques maîtres, qui, instruits p187 par les Frères
de la Vie Commune et les savants Italiens, tentèrent de concilier la
tradition de Gérard De Groote et l’esprit de l’Imitation avec la sagesse
et la raison antiques.
Connu sous le nom latin d’Agricola, Rodolphe Husnian était né le
17 février 1444 près de Groningue. Élève des Frères, des Universités
d’Erfurt, de Cologne et de Paris, il passa onze ans à Pavie et à Ferrare,
non sans revenir parfois en France et aux Pays-Bas. De 1480 à 1484
secrétaire municipal de Groningue, il enseigna quelques mois les let-

81
OUVRAGES À CONSULTER.

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

tres anciennes à Heidelberg, et mourut le 4 octobre 1485. Pétrarque


eut peu de lecteurs plus enthousiastes. Comme lui, Rodolphe Agricola
pensait trouver chez les orateurs, les poètes, les philosophes antiques,
une connaissance du monde assez complète pour permettre à l’esprit
humain d’écarter les guides qu’il avait suivis pendant les trois derniers
siècles. Comme Pétrarque, il jugeait barbares les écoles modernes, que
d’ailleurs il avait plus profondément étudiées. Mais il lisait trop Lau-
rent Valla, dont il imitait, dans son traité de l’Invention dialectique
(De inventione dialectica), les Dialecticae disputationes, pour se
contenter de la rhétorique pétrarquiste ; et sur les ruines du péripaté-
tisme scolastique, détruit par Laurent Valla, ce n’était pas le platonis-
me florentin, mais la philosophie savante et p188 mystique de Nicolas
de Cues qu’il eût édifiée. Car, plus proche du cardinal de Brixen que
des humanistes purement italiens, il avait adopté son programme en-
cyclopédique d’études, s’était rendu familière l’histoire naturelle et la
médecine, et ne croyait pas qu’on dût s’en tenir au savoir gréco-
romain. « Les anciens, disait-il, ne connaissaient pas le but véritable
de la vie, ou ne l’entrevoyaient qu’à travers un nuage... On doit mon-
ter plus haut, parvenir jusqu’aux Saintes Écritures : ce sont elles qui
dissipent toute obscurité et mettent à l’abri de toute illusion... » Il
mourut avant d’avoir pleinement développé sa doctrine. Outre le De
inventione dialectica, il laissait, avec quelques traductions d’Isocrate
et de Lucien, le petit traité De l’organisation des études (De formando
studio), écrit en 1484 lorsque, retenu à Groningue, il avait décliné la
direction des écoles d’Anvers. On savait du moins que, pour lui com-
me pour Nicolas de Cues, dont il avait maintenu la tradition, les lettres
restaurées devaient servir de prélude à la restauration de la pensée phi-
losophique et de la vie religieuse.
Rodolphe Agricola n’avait presque pas enseigné : Alexandre de
Heek (Hegius), qui apprit de lui, à quarante ans, le grec, fut avant tout,
jusque vers la fin du siècle, un pédagogue. Westphalien, né en 1435,
élève des Frères de la Vie Commune, il dirigea, de 1469 à 1474, le
gymnase de Wesel, de 1475 à 1483, l’école abbatiale d’Emmerich,
puis à Deventer, jusqu’en 1498, l’école de Saint-Lebwin, la plus im-
portante que les disciples de Gérard De Groote eussent fondée aux
Pays-Bas. Il simplifia les méthodes, corrigea les manuels, mit les clas-
siques en honneur, instruisit à Saint-Lebwin, toute une génération de
lettrés et de savants : Mutianus Rufus, Hermann Busch, Jean Faber,

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Jean Murmell, Gérard Geldenhouwer, Érasme. Son humanisme abou-


tissait à une mystique. Il voyait avec joie ses meilleurs élèves entrer
dans les ordres les plus rigoureux ; lui-même, vers la fin de sa carriè-
re, devint prêtre. Il menait une vie simple et presque ascétique, distri-
buant aux écoliers pauvres ce qu’il recevait des plus riches ; à sa mort,
en 1498, il ne laissa que ses habits et ses livres. Un autre Westphalien,
Rodolphe Langen, né à Münster en 1438, étudiait à Erfurt en même
temps qu’Agricola. Chanoine de sa ville natale, il visita l’Italie deux
fois, en 1465 et en 1486. Il conçut alors le projet d’ouvrir à Münster,
selon l’esprit de Saint-Lebwin, une école, qui fondée en 1498, allait
devenir, pour l’Allemagne du nord-ouest le principal centre des études
classiques. Plus tard, en 1505, p189 il devait entrer dans la congrégation
bénédictine de Bursfeld. Antoine Vrye, de Soest en Westphalie, ami
de Langen et d’Agricola, dirigea diverses écoles à Emmerich, à Kem-
pen, Amsterdam et Alkmaar.
Rodolphe Agricole, Alexandre de Heek, Rodolphe Langen, Antoi-
ne Vrye, se rencontraient souvent, près de Groningue, au prieuré cis-
tercien d’Adwerth ; abbé de 1449 à 1485, Henri de Rees y attirait sa-
vants et lettrés. Cette petite académie, où l’on cultivait le souvenir de
Gérard De Groote et de Nicolas de Cues, où l’on admirait l’œuvre lit-
téraire et philosophique des humanistes italiens, inclinait volontiers
vers une conception ascétique et mystique de la religion traditionnelle.
Pourtant la pensée, affranchie par la tradition presque antisacerdotale
de Gérard De Groote, par la philosophie presque hétérodoxe de Nico-
las de Cues, s’y montrait singulièrement libre. On y reconnaissait pour
chef Jean Wessel Gansfort. Ni Rodolphe Agricola, ni Alexandre de
Heek, liés avec lui d’une étroite amitié, ni Rodolphe Lang, ne semblè-
rent prendre ombrage de ses attaques contre saint Thomas ou de ses
opinions singulières en théologie : ils reconnaissaient en lui l’héritier
de Gérard De Groote et du savoir antique. Ainsi l’humanisme, aux
Pays-Bas comme à Florence, se portait volontiers aux confins de
l’hérésie.
Érasme, dont se formait alors la libre intelligence, ressemble à ces
maîtres et diffère d’eux : il dut moins à leur enseignement qu’à ses
lectures. Né à Rotterdam le 26 octobre 1466 ou 1469, petit écolier à
Gouda, enfant de chœur à la cathédrale d’Utrecht, il était entré, vers
1475, à Saint-Lebwin de Deventer. Il y avait entendu quelques leçons
d’Alexandre de Heek, entrevu Rodolphe Agricola ; puis, il avait perdu

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

trois ans à Bois-le-Duc, dans une école de la Vie Commune où


l’humanisme était encore ignoré. Des tuteurs sans conscience le solli-
citaient de renoncer au monde : il fut, en 1487, novice au couvent de
Steyn. Il y trouva peu d’encouragement à l’étude, et, parmi des com-
pagnons médiocres, se dégoûta bientôt des pratiques claustrales, peu
propres à satisfaire ce besoin de religion personnelle et intime qui de-
vait inspirer toute son œuvre théologique, et peut-être, à son insu, lui
venait de la tradition de Gérard De Groote et de Ruysbroeck. Cepen-
dant il étudiait les auteurs antiques et les humanistes italiens. Très
ignorant de la philosophie scolastique, que les Frères de la Vie Com-
mune ne lui avaient pas enseignée, et qu’il ne prit jamais la peine
d’approfondir, il connaissait admirablement déjà les poètes p190 latins.
Étranger à la mystique, dédaigneux du latin de saint Bernard, indiffé-
rent à tout écrivain chrétien autre que saint Jérôme, la pensée de Nico-
las de Cues lui demeurait étrangère ; il était uniquement l’élève dès
savants italiens, et surtout du fondateur de l’école critique, Laurent
Valla. Dès dix-huit ans, il avait résumé ses Elegantiae. Il imitait le De
voluptate dans un petit traité Du mépris du monde (De contemptu
mundi) ; s’il y développait quelques arguments banals, empruntés aux
livres d’édification windeshémienne, sur les périls de la vie du siècle,
il assimilait la profession régulière à l’abstinence qu’Épicure enseigne
comme conclusion rationnelle d’un juste calcul des plaisirs et des pei-
nes. Il tournait en dérision les pédagogues des derniers siècles ; il re-
prochait aux gothiques d’ignorer volontairement l’expérience morale
dont les œuvres des anciens conservent le dépôt. Dès 1486, il ébau-
chait le plan et la rédaction du livre des Antibarbares, qui, abandonné
et repris plusieurs fois, ne parut pas avant 1520, mais recelait déjà le
secret de ses dédains et de ses colères. Ordonné prêtre en 1492, il de-
venait secrétaire de l’évêque de Cambrai, Henri de Bergues ; il quittait
le cloître, et rêvait dès lors d’un voyage en Italie.
À l’école de Laurent Valla, il n’avait pas appris seulement
l’irrespect. La méthode critique à laquelle il s’exerçait déjà, était le
seul et le sûr moyen de parvenir à la vérité. En Italie, les efforts de
Laurent Valla n’avaient paru abolir le passé que pour permettre la
construction de ces doctrines syncrétiques, érudites et discutables, où
s’étaient complu, à la suite de Nicolas de Cues, les platoniciens de
Florence. Érasme, esprit italien, comme Michelet a su l’apercevoir et
le dire, se préparait maintenant, après trente ans d’intervalle, à recueil-

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lir l’héritage critique de Laurent Valla. Ne se trouvant empêché par


aucun besoin métaphysique ou mystique, il était capable d’appliquer
sans trouble aux questions morales et religieuses les méthodes que,
parmi les Italiens, seul Léonard de Vinci, dans d’autres domaines, sa-
vait manier avec la sûreté du génie. Si une évidente indifférence à la
mystique ou à la philosophie première semblait l’exposer moins qu’un
autre au péril des systèmes hasardeux, son humanisme critique et déjà
rationaliste risquait d’être conduit fort loin par ce libre examen des
dogmes et des institutions, qui, essayé déjà par Laurent Valla, rappro-
chait les écoles savantes des sectes hérétiques.
Comme les Pays-Bas et la Westphalie, l’Alsace était devenue, pour
la culture nouvelle, une terre d’élection. L’école dirigée p191 à Sélestat
de 1441 à 1447 par Louis Dringenberg, disciple lui aussi des Frères de
la Vie Commune, et après lui par Kraft Hotman de Utenheim, comp-
tait près de huit cents élèves. Elle forma quelques-uns des maîtres de
l’humanisme allemand. À Strasbourg, Jean Geiler de Kaisersberg,
prédicateur de la cathédrale, chrétien et humaniste, réunissait une élite
de savants. Jacques Wimpfeling, né à Sélestat en 1450, avant tout pé-
dagogue, suivit l’exemple d’Alexandre de Heek, et s’efforça de ré-
former, selon le modèle offert par les Pays-Bas, les méthodes
d’enseignement. Il avait étudié à Fribourg en 1463, à Heidelberg de
1469 à 1483 ; avant de revenir, en 1498, à Strasbourg où il devait pas-
ser le reste de sa vie, il fut quinze ans prédicateur à Spire. Il tenta,
comme Enea Silvio, d’attirer la noblesse et les princes vers les études
classiques.
Aux Universités des pays rhénans se développait l’enseignement
des lettres. Un maître de Cologne, Ortwin de Graes, que les auteurs
des Epistolae obscurorum virorum 82 devaient si injustement couvrir
de ridicule, introduisait à côté du thomisme les lettres antiques. À Hei-
delberg, le chancelier de l’Université, Jean Dalberg, évêque de Worms
en 1482, encourageait les études nouvelles, en réunissait les amis dans
sa maison. Il présidait la Société littéraire du Rhin, fondée à Mayence
par Conrad Celtes, où se retrouvaient théologiens, philosophes, méde-
cins et mathématiciens, grammairiens et poètes. Ulrich Zäsi de Cons-
tance, élève de Tübingen, secrétaire municipal de Fribourg en 1491,

82
Voir dans le t. VIII de la présente Histoire, Les débuts de l’âge moderne, la
Renaissance et la Réforme, par H. Hauser et A. Renaudet, p. 139.

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

n’avait pas encore commencé les recherchés qui devaient le conduire


à restaurer la science du droit. Mais, à Bâle, Jean Heynlin de Stein,
introducteur avec Fichet de l’imprimerie en Sorbonne, achevait sa car-
rière de théologien thomiste, ami de la culture antique. Retiré depuis
1487 à la Chartreuse, il préparait chez Jean Amerbach la publication
des Pères de l’Église, saint Augustin, saint Ambroise, saint Jérôme, et
commentait divers traités de Cicéron. Le Strasbourgeois Sébastien
Brant, né en 1457, élève de Dringenberg, avait étudié le droit à Bâle,
et, depuis 1489), l’y enseignait en humaniste. Les savants de Heidel-
berg entretenaient d’étroites relations avec l’abbaye de Sponheim, di-
rigée, dans les dernières années, du siècle, par Jean de Trittenheim,
qui, né en 1462 dans ce bourg voisin de Trêves, illustrait alors le nom
p192 latinisé de Trithemius. Cet élève de Rodolphe Agricola savait la
scolastique, les classiques latins et grecs, l’hébreu, les mathématiques,
l’astronomie, la physique, la chimie et la médecine. Il avait ouvert
dans son abbaye une bibliothèque, fréquentée par les érudits
d’Allemagne et de tous les pays d’Europe. Ses œuvres pédagogiques,
son traité de la Vraie méthode d’étude (De vera studiorum ratione),
défendaient la cause des humanités ; son recueil des Auteurs ecclé-
siastiques (Scriptores ecclesiastici) facilitaient l’accès de la patrolo-
gie, alors si négligée. Il allait, en un catalogue des hommes célèbres
de l’Allemagne, ébaucher la première histoire littéraire de son pays. Il
avait écrit sur la théologie pratique, la discipline conventuelle, et de-
vait plus tard cultiver ces sciences occultes que Ficin et Pic de la Mi-
randole n’avaient pas dédaignées. À la cour de Stuttgart vivait Jean
Reuchlin. Né à Pforzheim en 1455, il avait fréquenté les écoles de
Fribourg, de Paris, d’Orléans, de Poitiers, de Tübingen. Docteur en
droit, il savait à fond le grec ; dès 1475, à Bâle, il composait, pour
Jean Amerbach, son Lexique abrégé (Vocabularius breviloquus). En-
tré au service de Jean-Eberhard, duc de Wurtemberg, il visita l’Italie
en 1487 et 1490. Il y connut Ermolao, Ficin, Pic de la Mirandole. Bien
que l’Allemagne ne manquât pas de théologiens capables de lire
l’hébreu, il allait en fonder la grammaire scientifique. Mais Nicolas de
Cues et les penseurs florentins l’avaient attiré vers les doctrines qui
semblaient offrir à la métaphysique des secours mystérieux. Reuchlin
étudiait la Kabbale, dont il devait, en 1496 définir l’esprit dans son
traité du Verbe mirifique (De verbo mirifico). Ainsi, en Allemagne
comme aux Pays-Bas, les humanistes, malgré leur souci d’éviter tout
désaccord avec l’Église, et en raison même de la profondeur de leur

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

sentiment religieux, se trouvaient fatalement conduits aux extrêmes


limites de l’orthodoxie.
Le goût des sciences exactes, qu’avait pratiquées Nicolas de Cues,
se développait à Nuremberg. Jean Müller, appelé du nom de sa ville
natale, Königsberg en Basse-Franconie, Regiomontanus, avait écouté
à Vienne Georges de Peurbach, astronome et mathématicien ; il y pu-
blia sur les planètes un livre qui devait retenir l’attention de Copernic,
et un traité sur les éclipses de lune. Peurbach mort en 1461, Regio-
montanus appelé en Italie par Bessarion, y apprit le grec, professa
dans diverses universités, fit à Viterbe d’importantes observations as-
tronomiques et termina en 1463, dans p193 le cloître de San Giorgio
Maggiore, à Venise, un ouvrage qui servit de base à la trigonométrie
moderne. Il revint à Vienne, en 1468, riche de toute la science ma-
thématique de l’antiquité. Trois ans après, il s’établit à Nuremberg.
« J’ai choisi cette ville, écrivait-il, pour ma résidence perpétuelle. J’y
trouve sans peine les instruments indispensables à l’astronomie ; il
m’y est facile de nouer des relations avec les savants de tous les pays,
car Nuremberg, grâce aux voyages interrompus de ses marchands,
peut être considérée comme le centre de l’Europe. » Il y fonda bientôt
la plus haute école de mathématiques, d’astronomie, de cartographie.
Elle forma le navigateur et le cosmographe Martin Behaim, qui prit
personnellement part aux grands voyages de découverte, et dès 1492,
indiquait sur son globe terrestre la route suivie six ans après par Vasco
de Gama pour doubler le cap de Bonne-Espérance et atteindre les In-
des. Évêque de Ratisbonne, appelé à Rome par Sixte IV afin de prépa-
rer la réforme du calendrier, Regiomontanus y mourut en 1476, lais-
sant le souvenir d’un savant universel.
Les élèves continuèrent l’œuvre du maître, et pendant longtemps,
aucune Université ne put rivaliser avec Nuremberg pour
l’enseignement des sciences exactes. Elles imposaient leur discipline
aux esprits les plus naturellement tournés vers les lettres et les arts.
Albert Dürer sut à fond la géométrie et l’astronomie. D’autre part, au-
cune ville allemande ne cultivait les études antiques dans un esprit
plus libre. De véritables dynasties de patriciens les encourageaient.
Après Jean Pirckheimer, son fils Willibald, né en 1470, fut un des plus
généreux mécènes. Il ne devait pas revenir avant 1495 d’un séjour de
sept ans aux universités italiennes. Philologue, mathématicien, ora-
teur, diplomate et militaire, il parut alors suivre de loin les traces de

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Léonard, exceller dans tous les domaines de la pensée et de l’action.


Conrad Peutinger, élève de Rome, de Padoue, et de Bologne, admira-
teur de Pomponio Leto, de Pic et d’Ange Politien, était, en 1493, syn-
dic de la ville d’Augsbourg ; il y stimulait déjà puissamment ces étu-
des d’histoire romaine et d’archéologie où ses travaux laissèrent des
traces ineffaçables. Mais déjà Pirchkeimer, obéissant à l’appel qui en-
traînait l’humanisme aux dernières limites de l’orthodoxie, ne dissi-
mulait guère son désaccord avec le catholicisme. Il avait lu, il édita
plus tard divers ouvrages des Pères et des écrivains apostoliques. Il se
détournait avec mépris de la théologie médiévale : non seulement il en
jugeait le langage barbare, p194 mais il en rejetait l’esprit. Il dédaignait
les mystiques autant que les raisonneurs. Tandis que l’humanisme
rhénan continuait à se garder des poètes et des païens, il leur accordait
toute confiance ; lui-même, sensuel et passionné, inclinait vers une
conception du monde qui eût réhabilité la vie humaine, et donné pour
but et pour règle à l’individu de développer librement toutes ses puis-
sances. Il conciliait ce paganisme intime avec l’évangélisme simplifié
de Laurent Valla, et se trouvait en désaccord avec l’éthique et la dog-
matique de l’Église.
Au-delà du monde germanique, le savoir italien s’introduisait len-
tement à Prague, où il rénovait la science du droit ; en Pologne, à la
cour de Casimir IV, où Philippe Buonaccorsi, l’un des académiciens
de Rome échappés à la persécution de Paul II, put devenir, en 1473,
secrétaire du roi et précepteur du prince héritier ; à l’Université de
Cracovie, où l’on étudiait Pétrarque, les poètes et les philosophes an-
ciens. Mathias Corvin, roi de Hongrie, fut l’ami de Laurent le Magni-
fique ; sa bibliothèque, riche de manuscrits antiques, accueillit les tra-
vaux des érudits modernes. En Espagne, l’humanisme s’infiltrait à
l’Université d’Alcalà. Mais, en ces divers pays, il restait
d’introduction trop récente pour se porter à de grandes hardiesses.
L’Angleterre devait offrir un autre spectacle. La culture humaniste,
après de lents débuts, finissait par y triompher. Cornelio Vitelli, que
Paris ne retint pas, reçut, vers 1486, une chaire à Oxford. Guillaume
Grocyn, qui l’entendit sans doute à New College, alla bientôt, en
1489-1490, compléter ses études en Italie, auprès de Chalcondylas et
d’Ange Politien. De retour à Oxford, en 1490, il professa publique-
ment le grec. Plus jeune que Grocyn, Jean Colet, fils du lord-maire de
Londres, était à vingt-sept ans, en 1483, parti pour l’Italie. Il y ren-

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

contra Ficin, Pic de la Mirandole, Savonarole ; il y lut Platon et Plotin,


mais surtout la Bible et les Pères, saint Jérôme, Origène, Denys
l’Aréopagite. Sous l’influence de ces lectures, des conversations de
Pic, des prédications de Savonarole, se formait en lui un christianisme
éclairé, purifié, à la fois très simplement évangélique et porté vers la
mystique, assez indifférent à la hiérarchie romaine, à l’action sacerdo-
tale, et qu’il accordait avec une sympathie peu dissimulée pour les
hardiesses critiques de Wyclif et la piété des Lollards.
Ainsi l’humanisme, en Angleterre, comme en Italie, en France, aux
Pays-Bas ou en Allemagne, se portait, comme par une sorte de logi-
que interne, à la rencontre de l’hérésie. p195

Table des matières

Bibliographie du chapitre IX
La préparation de la Réforme

OUVRAGES D’ENSEMBLE À CONSULTER. — Il n’existe pas d’ouvrage où la question


des origines de la Réforme au XVe siècle soit étudiée d’ensemble. Le livre de
Rocquain, La cour de Rome et l’esprit de réforme avant Luther, t. III (Paris,
1897, in-8°), a vieilli. On se reportera aux livres consacrés à l’histoire généra-
le de l’Église, de la papauté, des conciles (par G. Schnürer, A. Dufourcq, L.
Pastor, Hefele), cités p. 1, aux histoires de la scolastique, de la science, de la
morale, de la mystique (par Ueberweg, De Wulf, Gilson, Bréhier, Prantl,
Werner, Duhem, Dittrich, Hyma) cités dans notre 1re Partie, p. 30, 249, 253,
259, 379, et aux livres de Voigt et Rossi (cités ibid., p. 249 et 508) sur
l’humanisme.

I. La décadence finale de la scolastique


OUVRAGES À CONSULTER. — Les livres de Prantl, Werner, De Wulf, cités dans la
1re Partie, p. 253, et A. Renaudet, Préréforme et humanisme à Paris pendant
les premières guerres d’Italie, 1494-1517 (Paris, 1916, in-8o, « Bibliothèque
de l’Institut français de Florence », série I, t. VII). Sur Denys Ryckel, voir
A. Mougel, Dionysius der Karthäuser, sein Leben, sein Wirken, eine Neuaus-
gabe seiner Werke (Mülheim, 1898, in-8°) ; sur Staupitz, voir Ernst Wolf,
Staupitz und Luther, cité p. 18 ; sur J. Mombaer, P. Debongnie, Jean Mom-
baer de Bruxelles, abbé de Livry, ses écrits et ses réformes (Louvain et Tou-

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

louse, 1928, in-8o ; « Recueil des travaux de l’Université de Louvain », 2e sé-


rie, fasc. 11).

II. La préparation des synthèses humanistes


OUVRAGES À CONSULTER. — Les ouvrages relatifs à Poggio, Valla, Enea Silvio,
Nicolas de Cues, ont été cités p. 508, 517, 522 et 529 de la 1re Partie ; sur
l’Académie romaine, Pomponio Leto, Platina, sur l’humanisme napolitain et
Pontano, faute de travaux réellement importants, on trouvera d’excellents ré-
sumés dans le livre de V. Rossi, cité p 508 de la 1re Partie ; sans préjudice de
Burckhardt, cité ibid., p. 249 ; outre Rossi, on peut encore utiliser, sur Ermo-
lao Barbaro, Apostolo Zeno, Dissertazioni vossiane (Venise, 1752-1753, 2
vol. in-4°), t. II, p. 348-403.

III. Les synthèses florentines : Marsile Ficin


OUVRAGES À CONSULTER. — Outre les livres de V. Rossi et Ph. Monnier,
F. Fiorentino, F. Olgiati, G. Saitta, E. Cassirer, cités p. 508 et 522 de la 1re
Partie, voir Arnaldo Della Torre, Storia dell’ Accademia platonica di Firenze
(Florence, 1902, in-8°, de la collection des « Pubblicazioni del R. Istituto di
Studi superiori in Firenze ») ; Giuseppe Saitta, La filosofia di Marsilio Ficino
(Messine, 1923, in-8°) ; Ivan Pusino, Ficinos und Picos religiös-
philosophische Anschaungen, dans la Zeitschrift für Kirchengeschickte, t.
XLIV (1925), p. 504-543.

IV. Les synthèses florentines : Pic de la Mirandole


OUVRAGES À CONSULTER. — Aux ouvrages indiqués p. 157, 159 et 168, ajouter
A. Liebert, Giovanni Pico della Mirandola, ausgewählte Schriften, übersetzt
und eingeleitet (Iena, 1905, in-8°) ; Giovanni Semprini, Giovanni Pico della
Mirandola, la fenice degli ingegni (Todi [1921], in-16) ; Ivan Pusino, Zur
Quellenkritik für eine Biographie Picos, dans la Zeitschrift für Kirchenges-
chichte, t. XLV (1927), p. 370-382. — Sur les voyages de Pic en France et sa
captivité à Vincennes, voir Léon Dorez et Louis Thuasne, Pic de la Mirandole
en France (Paris, 1897, in-12, de la « Bibliothèque littéraire de la Renaissan-
ce »).

V. Humanisme platonicien et science positive à Florence ;


les débuts de Léonard de Vinci
OUVRAGES À CONSULTER. — Outre les livres de V. Rossi, Ph. Monnier,
F. Fiorentino, F. Olgiati, G. Saitta, E. Cassirer, A. Della Torre, cités p. 508 et

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

522 de la 1re Partie et p. 168 du présent volume, voir E. Solmi, Leonardo (Flo-
rence, 1900, in-8° ; 2e éd. augmentée, 1907), avec une excellente bibliographie
critique. Voir aussi P. Richter, Leonardo da Vinci (Londres, 1880, in-8°) ;
Eug. Müntz, Léonard de Vinci, l’artiste, le penseur, le savant (Paris, 1899, in-
8°) ; G. Gronau, Léonard de Vinci (Londres, 1902, in-8o) ; E. Mac Curdy,
Leonardo da Vinci (Londres, 1904, in-8o ; 2e éd. 1907) ; W. von Seidlitz, Leo-
nardo da Vinci, der Wendepunkt der Renaissance (Berlin, 1909, 2 vol. in-8°) ;
Gabriel Séailles, Léonard de Vinci, l’artiste et le savant (Paris, 1892, in-8o ; 2e
éd., 1906). Voir également le volume suivant de cette collection, Les débuts
de l’âge moderne, la Renaissance et la Réforme, p. 101-104, sur la pensée
scientifique de Léonard de Vinci.

VI. L’humanisme italien et la France


OUVRAGES À CONSULTER. — Louis Delaruelle, Une vie d’humaniste au XVe siè-
cle, Grégoire Tifernas, dans les Mélanges d’archéologie et d’histoire publiés
par l’École française de Rome, t. XIX (1899), p. 9-33 ; Jules Philippe, Guil-
laume Fichet, sa vie et son œuvre (Annecy, 1892, in-8°) ; Roberti Gaguini
epistolae et orationes, publ. par Louis Thuasne, avec une notice biographique
(Paris, 1903, 2 vol. in-12) ; P. S. Allen, Hieronymus Balbus in Paris, dans
l’English historical Review, t. XVII (1902), p. 416-428 ; Karl-Heinrich Graf,
Jacobus Faber Stapulensis, ein Beitrag zur Geschichte der Reformation in
Frankreich, dans la Zeitschrift für die historische Theologie, ann. 1852, p. 3-
86 et 165-237 ; J. Clerval, De Judoci Clichtovei Neoportuensis doctoris Pari-
siensis et Carnotensis canonici vita et operibus (Paris, 1894, in-8o) ;
A. Renaudet, Préréforme et humanisme à Paris, cité p. 157.

VII. Le rayonnement de l’humanisme italien


OUVRAGES À CONSULTER. — Sur l’humanisme aux Pays Bas, outre les ouvrages
de Bonet-Maury, Gérard Groote, un précurseur de la Réforme au XIVe siècle,
d’après des documents inédits (Paris, 1878, in-8,0), et d’A. Hyma, The Chris-
tian Renaissance, a history of the Devotio moderna (New-York et Londres,
1925, in-8°), voir A. Bessert, De Rodolpho Agricola frisio, litterarum in Ger-
mania restitutore (Paris, 1865, in-8°) ; Félix Nève, La Renaissance des lettres
et l’essor de l’érudition ancienne en Belgique (Louvain, 1890, in-8°) ; P.-S.
Allen, The age of Erasmus (Oxford, 1919, in-8°) ; P. Mestwerdt, Die Anfänge
des Erasmus. Humanismus und Devotio moderna (Leipzig, 1917, in-8° ; coll.
des « Studien zur Kultur und Geschichte der Reformation »).—Sur les débuts
d’Ésrame, outre les ouvrages cités de P.-S. Allen et de P. Mestwerdt, voir sur-
tout l’admirable édition de sa correspondance, publiée par P.-S. Allen et H.-
M. Allen : Opus epistolarum Desiderii Erasmi Roterodami, denuo recognitum
et auctum (Oxford, 1906-1928, 7 vol. in-8°), qui conduit le lecteur jusqu’à la
fin de 1528 ; le 1er volume embrasse la période 1484-1514. Ajouter : A. Rich-

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

ter, Erasmus-Studien (Dresde, 1891, in-8°) ; A. Renaudet, Érasme, sa vie et


son œuvre jusqu’en 1517, d’après sa correspondance, dans la Revue histori-
que, t. CXI (1912), p. 225-262 et CXII (1913), p. 241-274 ; Preserved Smith,
Erasmus, a study of his life, ideals and place in history (New-York et Lon-
dres, 1923, in-8°) ; J. B. Pineau, Érasme, sa pensée religieuse (Paris, 1924, in-
8°) ; J. Huizinga, Erasmus (New-York, 1924, in-8°).
Sur l’humanisme en Allemagne, on doit toujours se reporter au tableau
d’ensemble dressé par J. Janssen, Geschichte des deutschen Volkes beim Aus-
gang des Mittelalters (Fribourg-en-Brisgau, 1878,-1893, 8 vol. in-8° ; 19e-20e
éd. revue par L. von Pastor, Fribourg, 1913-1917), traduction française par C.
A. Heinrich et E. Paris, sur la 14e éd. sous ce titre : L’Allemagne et la Réforme
(Paris, 1887-1914,9 vol. in-8°), le t. I ; Charles Schmidt, Histoire littéraire de
l’Alsace à la fin du XVe siècle (Paris, 1879, 2 vol ; in-8°) ; Jos. Knepper, Ja-
cob Wimpfeling, 1450-1528, (Fribourg-en-Brisgau, 1902, in-8°) ; Ludwig
Geiger, Johann Reuchlin, sein Leben und seine Werke (Leipzig, 1871, in-8°).
Sur l’école scientifique de Nuremberg, bon résumé dans le livre de L. Gallois,
Les géographes allemands de la Renaissance (Paris, 1890, in-8°).
Sur l’humanisme en Hongrie, voir O. de Hevesy, La bibliothèque du roi
Mathias Corvin (Paris, 1923, in-8°, et les études publiées dans la revue Corvi-
na, rivista di scienze, lettere ed arti della Società ungherese-italiana Mattia
Corvino, qui paraît à Budapest depuis 1921 ; — sur l’humanisme en Pologne,
les ouvrages de Ptasnik et Morawski cités p. 122, et J. Ptnasnik, Cracovia im-
pressorum XV et XVI seculorum (Lwów, 1922, in-4°).
Sur l’humanisme en Angleterre, voir l’ouvrage classique de F. Seebohm,
The Oxford reformers, John Colet, Erasmus and Thomas More, being a histo-
ry of their fellow-work (Londres, 1867, in-8° ; 4e éd. 1911) ; T.-E. Bridgett,
Life and writings of sir Thomas More (Londres, 1891, in-8°) ; W.-H. Hutton,
Life and writings of sir Thomas More (Londres, 1891, in-8°) ; indications uti-
les dans l’ouvrage de J. Delcourt, Essai sur la langue de Thomas More
d’après ses ouvrages anglais (Montpellier, 1913, in-8°).

— 215 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Table des matières

Chapitre X

La préparation de la Renaissance 83

Plus nettement que la Réforme, ce qu’il est convenu d’appeler la


Renaissance du XVIe siècle semble s’annoncer dans l’Europe occiden-
tale. Sans doute, les lettres continuent d’hésiter entre la tradition mé-
diévale et la tradition gréco-romaine ; pourtant, en Italie, se multi-
plient déjà les œuvres raffinées, d’ailleurs plus plaisantes que graves,
d’une école plus brillante que vigoureuse, mais instruite par les an-
ciens. Ce sont les sculpteurs et les peintres qui, aux Pays-Bas, en Al-
lemagne, en France et magnifiquement en Italie, ont le mieux exprimé
l’âme profonde de ces générations inquiètes ; dans les ateliers de la
péninsule, ils savent accorder le réalisme, éveillé dès les débuts du
e
XIV siècle, avec une admiration intelligente et passionnée pour
l’antique. À la maîtrise du savoir et de la doctrine humaniste se joint,
en Italie, une éclatante maîtrise dans les lettres et les arts. Ainsi se
prépare la primauté que les premières décades du XVIe siècle devaient
reconnaître à Florence, Rome Venise ou Milan, et qui marqua la Re-
naissance d’une empreinte italienne et classique.

I. — L’humanisme et les lettres en Italie 84


La Divine comédie, en plein triomphe de l’humanisme, conserve à
Florence d’innombrables lecteurs ; elle ne cesse p196 d’émouvoir les
âmes religieuses et les artistes. Parmi les académiciens et dans
l’entourage de Laurent le Magnifique, Landino se fit l’exégète de
l’œuvre dantesque : il donnait, en 1481, une édition, illustrée par Bot-

83
OUVRAGES D’ENSEMBLE À CONSULTER.
84
OUVRAGES À CONSULTER.

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

ticelli, des trois cantiques, et soumettait à la Seigneurie le manuscrit


d’un mémorable commentaire. Mais, de même que six ans plus tard,
dans ses Camaldulenses disputationes, il exposa les allégories de
l’Énéide, il ne savait que rechercher dans la Comédie un jeu de sym-
boles platoniciens. Ni Ficin, ni Pic de la Mirandole n’estimaient gran-
dement la doctrine dantesque. Déjà un poète formé par l’humanisme
avait tenté d’exprimer, sous la fiction du voyage d’outre-tombe, une
philosophie plus rare. Mathieu Palmieri, de 1459 à 1464, composait sa
Città di vita (Cité de vie). Guidé comme Énée par la Sibylle de
Cumes, il avait pu visiter les Champs-Élysées, immédiatement situés
sous la sphère des étoiles fixes. Là résident les anges qui, lors de la
lutte entre le ciel et Satan, ne furent ni fidèles ni révoltés. Le Créateur
les envoie, par manière d’épreuve, animer les corps humains. Ils des-
cendent à travers les sept sphères des planètes, dont ils reçoivent les
influences ; à travers les trois sphères des éléments, où ils revêtent une
chair capable de douleur. Deux voies s’offrent sur terre au choix de
leur libre arbitre. S’ils suivent le conseil de l’esprit pervers, ils vont, à
travers les dix-huit séjours des vices, à la perdition. Un autre chemin
les conduit, par la pratique de la vertu, à la béatitude éternelle.
L’humaniste visionnaire décrit les dix sphères célestes, les royaumes
du bien et du mal : avant Ficin, avant Pic, il suit hardiment Origène et
les néoplatoniciens. Mais leur exemple n’avait pas encore donné
confiance à la libre spéculation. Le livre, déposé à l’Arte de’Notai, ne
fut, selon la volonté de Palmieri, ouvert qu’en 1475, après sa mort, et
les théologiens ne tardèrent pas à le condamner.
Plus volontiers que Dante, les poètes imitaient Pétrarque. Notaire à
Florence de 1456 à 1486, Bastien Foresi écrit, pour exalter la mémoire
de Cosme, les vingt-trois chapitres en p197 tierce rime d’un Triomphe
de la vertu (Trionfo della Virtù). Le Décameron demeure un modèle
pour les narrateurs. Masuccio de Salerne, vers 1460, rédige à Naples
ses Contes, et présente en 1476 à Ippolita Sforza, son Novellino.
L’ironie florentine fait place chez lui à la colère et à la haine, lorsqu’il
met en scène prêtres et moines ; ses récits présentent souvent un ca-
ractère tragique et brutal. Le Bolonais Sabbatino degli Arienti, secré-
taire pendant vingt ans d’André Bentivoglio, avait achevé, en 1478,
pour Hercule d’Este, soixante et une nouvelles imprimées en 1483 à
Bologne. Le souvenir de Boccace en fournit le cadre. Dans l’été de
1475, dames, chevaliers et lettrés, réunis aux bains de la Porretta,

— 217 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

charment leurs loisirs par des récits. L’imitation, d’ailleurs gauche et


assez prolixe, du Décameron y est sensible, bien que, l’auteur ami des
anecdotes, des bons mots, des plaisanteries, mette volontiers en scène
d’illustres contemporains.
Le théâtre religieux continuait d’obtenir un succès éclatant. Les
« représentations sacrées » (sacre rappresentazioni) passionnaient le
public florentin ; elles conservaient à Rome un caractère cyclique. Dé-
jà les poètes formés par l’étude de l’antiquité gréco-romaine prenaient
un vif intérêt à cette renaissance du drame chrétien. Si Feo Belcari
compose avant 1470 un Saint Jean au désert, Bernard Pulci, Laurent
le Magnifique lui-même comptent parmi les auteurs du répertoire
pieux. Pareillement la poésie savante allait vigoureusement renouveler
le roman chevaleresque, en pleine faveur grâce à la fécondité d’André
de Barberino, et l’art populaire, dru et toujours jeune, des cantastorie
toscans.
C’est à Florence que les lettres italiennes, sous l’influence de la
culture antique et de l’humanisme triomphant, allaient produire leurs
œuvres les plus parfaites. Le Magnifique avait pu, dans son enfance,
entendre Poggio ; un prélat humaniste, Gentile Becchi d’Urbino, lui
enseigna les lettres antiques. Mais il dut sans doute la richesse de sa
culture intellectuelle à la fréquentation affectueuse de Ficin et de Lan-
dino. L’auteur des Camaldulenses disputationes, l’éditeur de la Divine
comédie, lui apprit sans doute à goûter la poésie érudite et philosophi-
que. Marsile Ficin lui enseigna les doctrines de Platon et de ses inter-
prètes. Laurent se plaisait à dire que, hors de cette discipline, on ne
peut être ni chrétien ni citoyen. Cependant, la bibliothèque des Médi-
cis accueillait les manuscrits que Politien rapportait de Ferrare, de Pa-
doue, de Venise, que Lascaris p198 avait acquis en Orient. Le palais de
la Via Larga, la villa de Careggi, abritaient, admirables musées, les
marbres antiques, les bronzes de Donatello et de Verrocchio. Capable
de discuter avec les philosophes et les poètes, Laurent connaissait aus-
si la technique de l’architecte, du peintre et du sculpteur. Il aimait les
fêtes, la pompe des spectacles, le luxe des costumes, tempéré par un
sens exquis de l’élégance. Il excellait aux exercices du corps, se plai-
sait aux tournois et aux parties de chasse. Il fut poète et sut dire en
vers les joies et les tristesses de sa vie éclatante et pensive.

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Il avait, de très bonne heure, commencé, selon la tradition de Pé-


trarque et de Dante, à écrire des sonnets et des canzoni, qui plus tard
annotés par lui-même, composent l’histoire tout idéale et fantastique
de ses amours. La lecture de Platon, commenté par Ficin, lui permit de
renouveler, de rajeunir, de soumettre au culte spirituel de la beauté
abstraite, le thème de la passion courtoise, créatrice de noblesse et de
vertu. L’écho des vers adressés à Laure se rencontre d’ailleurs sans
cesse dans son Canzoniere. Le caractère conventionnel de la doctrine,
l’abus d’incitations trop évidentes, ne l’empêchent pas de révéler par-
fois le talent d’un artiste délicat, sensible également au réel et au sym-
bole. D’une inspiration plus pauvre, de forme abstraite et sèche, un
poème philosophique écrit, vers 1474, l’Altercazione (le Débat), ré-
sume une discussion soutenue, contre Ficin, dans la villa de Careggi
sur la félicité. Également dominées par la théorie platonicienne de
l’amour, qui, peu à peu affranchi de la jalousie et de l’espérance,
s’élève jusqu’à la contemplation de son objet transfiguré, les Selve
d’amore (Sylves d’amour) offrirent surtout à Laurent l’occasion
d’évoquer, en octaves faciles et coulants, la splendeur sereine de la
nature, ou d’animer d’une vie gracieuse, après Ovide, quelques scènes
mythologiques. Le souvenir du Ninfale fiesolano de Boccace revit
dans une petite pièce en octaves, l’Ambra, dont le paysage de Poggio
a Caiano suggéra les allégories. Mais Laurent ne cultivait pas seule-
ment la poésie savante. Sa Chasse au faucon (Caccia col falcone) of-
frait quelques tableaux d’un vif réalisme. Ses chansons de danse, dont
Squarcialupi composait la musique, illustraient les thèmes familiers de
la lyrique populaire avec une grâce élégante qui n’en altéra pas la
simplicité. Le Magnifique est l’un des joyeux auteurs de ces Chants
carnavalesques où s’exprime, avec peu de retenue, l’invitation à rire
sans p199 attendre le lendemain. Il se plaît à montrer, dans les Beoni, le
défilé des buveurs, qui vont goûter à Rifredi le vin nouveau. Mais en
même temps, pour une représentation sacrée, il versifie, un Saint Jean
et saint Paul, où s’affrontent Constantin et l’empereur Julien, et dans
ses Laudi pétrarquistes et platoniciennes, il exalte le culte catholique
des saints et de la Vierge.
Nul artiste du style, dans l’entourage de Laurent, n’égalait Ange
Politien. C’est vers 1470 qu’Ange Ambrogini vint de Montepulciano
présenter au palais de Via Larga le second livre de l’Iliade, traduit en
vers latins. Chancelier de Laurent, dès 1471, à l’âge de dix-sept ans, il

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

composait en toscan, pour le cardinal François de Gonzague, la Fable


d’Orphée. Premier essai encore bref et sec d’un talent précoce et faci-
le ; mais les souvenirs de Virgile et d’Ovide, les réminiscences de Pé-
trarque, donnent à ce petit drame le relief et l’éclat de la tragédie clas-
sique. Politien n’attendait la gloire que de ses commentaires savants et
de ses poésies latines, et, plus sincère que Pétrarque, il méprisait les
pièces de vers en langue vulgaire dont il recevait la commande ou
qu’il écrivait par passe-temps. Plus volontiers, il continuait sa version
de l’Iliade, se divertissait à des épigrammes latines et grecques, médi-
tait d’admirables élégies où la pure latinité ne se montre pas indigne
d’Ovide ou de Tibulle, où la pénétrante mélancolie rappelle Pétrarque
et une élégance exquise la poésie alexandrine. Le 28 janvier 1475, Ju-
lien avait, dans un tournoi florentin, obtenu la victoire ; alors furent
commencées en son honneur les Stanze per la giostra (Stances pour la
joute), que le poignard des Pazzi, le 26 avril 1478, interrompit au mi-
lieu du second livre. Le poète eût voulu célébrer la passion du triom-
phateur pour Simonetta Cattaneo, dont quelques vers de Laurent dé-
plorent la mort prématurée. Il ne put que raconter une chasse à travers
la campagne toscane, et comment Julien, blessé d’une flèche par
l’Amour, sent naître et grandir dans son cœur un désir véhément
d’excellence. Pour renouveler ce thème assez banal, il suit Boccace et
Pétrarque, le Ninfale Fiesolano et le Canzoniere, Virgile, Horace,
Ovide et Dante : mais, parmi tant de savoir classique et de souvenirs
littéraires, son goût de la composition, du style, des paysages clairs et
lumineux, ne se trouve pas accablé ; malgré la disproportion évidente
entre la solennité de la forme et la petitesse du sujet, l’œuvre, éclatan-
te et sobre, manifeste le génie d’un élégiaque et d’un descriptif, ému
avant tout par la beauté plastique des êtres humains et la splendeur de
la nature. Ainsi p200 Politien rajeunissait la poésie courtoise et lui
communiquait la grandeur de l’art antique.
Mais, à Florence même, un écrivain formé dans l’entourage de
Cosme avait déjà renouvelé la vieille épopée médiévale. Les trois fils
de Jacques di Francesco Pulci et de Brigitte de’ Bardi cultivaient la
poésie savante. Luc, l’aîné qui, après de malheureuses opérations de
banque, mourut à trente-huit ans dans les prisons de Rome, en avril
1470, avait offert, en 1465, à Laurent, un Driadeo d’amore, imité du
Ninfale fiesolano. Le plus jeune, Bernard, avait traduit assez mal en
tierce rime les Bucoliques de Virgile, écrit des sonnets amoureux, un

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

poème en octaves sur la Passion, quelques pièces pour les représenta-


tions sacrées. Le second, Louis, né en 1432, fut un des amis les plus
chers de Laurent, vers lequel l’attirait une certaine ressemblance de
caractère. Chargé, à plusieurs reprises, de missions politiques et de
commandements militaires, il mourut à Padoue en novembre 1484.
Dans ses lettres, pour la plupart adressées au Magnifique, apparaît un
sens très vif du ridicule, un don naturel d’observation, et, sous des ap-
parences joyeuses, quelque penchant à la mélancolie. Les instances de
Lucrèce Tornabuoni, mère de Laurent, le décidèrent, en 1460, à com-
mencer le Morgante maggiore.
Les vingt-trois premiers chants, terminés en 1470, parurent en
1481 ; les vingt derniers l’année suivante. L’auteur n’avait pas pris la
peine d’inventer la trame de sa fiction ; il suivit quelques versifica-
teurs obscurs du XIVe et du XVe siècles. Avec le géant converti, Mor-
gant, son écuyer, Roland, après diverses prouesses, prend Babylone et
contraint les infidèles à lever le siège de Paris ; il meurt à Roncevaux ;
Charlemagne le venge sur Ganelon. Les entreprises de Renaud, cousin
de Roland, ses démêlés avec l’empereur, sa campagne en Perse avec
Olivier pour délivrer Roland prisonnier, ses aventures amoureuses,
tiennent une large place dans l’œuvre où l’on chercherait en vain
quelque unité. À considérer la matière et la disposition, le Morgante
diffère peu des poèmes destinés à l’amusement du public. Mais l’art
est d’un admirateur des poètes latins, qui fréquemment imite Pétrar-
que, et plus souvent encore la Divine comédie ; qui sait en quelques
mots évoquer une scène, conduit avec aisance une conversation, avec
esprit et verve un échange d’invectives. Il intervient dans le récit, ré-
pond à ses adversaires et les attaque ; il est le premier à rire des in-
croyables aventures qu’il raconte ; p201 la bonne humeur des cantasto-
rie se transforme dans son œuvre en perpétuelle moquerie ; la bouf-
fonnerie s’y mêle au terrible. Selon la tradition italienne, Charlemagne
apparaît comme un fantoche sans vouloir et sans autorité ; Renaud
comme un brouillon vantard et d’ailleurs aimable ; Roland lui-même
devient un peu comique ; les géants divertissent par leur sottise sur-
humaine ; l’honnête et loyal Morgant lui-même est outrecuidant et
vorace ; le demi-géant Margutte a tous les vices de Panurge et
n’excelle qu’aux mauvais tours. Les amours de Roland ou de Renaud
servent uniquement d’intermèdes, et le poète se soucie peu d’analyser
la passion. Pourtant, malgré son manque de sérieux, il n’a pas voulu

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

tourner en dérision cette chevalerie dont Laurent et Julien, dans une


ville de banque et de négoce, aimaient à restaurer la splendeur ; il
s’émeut à redire, après tant d’autres, la mort de Roland. Mais l’âme de
la vieille épopée chrétienne lui est étrangère ; et, bien qu’il affirme
volontiers l’unique vérité de la foi romaine, son évidente incroyance
s’échappe fréquemment en allusions ironiques et en propos irrévé-
rents.
Mathieu-Marie Boiardo, né probablement près de Reggio d’Émilie,
dans le petit fief de Scandiano, fut l’élève, à Ferrare, de son oncle, Ti-
te-Vespasien Strozzi, humaniste et poète. Devenu comte de Scandia-
no, il y passa, de 1459 à 1469, les plus belles années de sa vie, rece-
vant dans son palais une société élégante et joyeuse. En 1471, il ac-
compagnait à Rome Borso d’Este, qui venait y recevoir de Paul II le
titre ducal. Il tint, à la cour de Ferrare, l’un des premiers rangs, fut
chargé d’ambassades et de hautes fonctions, et mourut à Reggio, le 19
décembre 1494. Il laissait la réputation d’un excellent administrateur,
d’un homme dominé par le sentiment du devoir, enclin à l’indulgence
et à la douceur. Il avait composé des églogues latines à l’imitation de
Virgile et de Pétrarque, traduit en toscan Hérodote, la Cyropédie,
l’Âne de Lucien, l’Âne d’or d’Apulée, les Vies de Cornelius Nepos. Il
composait cependant un Canzoniere dont la forme, empruntée à Pé-
trarque, met en valeur une richesse profonde de pensée et de senti-
ment. Entre 1471 et 1472, cinq églogues toscanes évoquèrent la vie
pastorale dans la plaine du Pô. Cinq autres, écrites, entre la fin de
1482 et l’été de 1483, célèbrent, en assez froides allégories, les victoi-
res de Ferrare sur Venise et de Naples sur les Turcs. Cependant, au
palais de Ferrare, au palais de Schifanoia dont Cosme Tura venait
d’achever les fresques, le poète organisait p202 les fêtes de la cour
d’Este. Il avait tiré du Timon de Lucien un drame en tierce rime. Il
composait, de 1470 à 1482, les soixante premiers chants du Roland
amoureux (Orlando innamorato) ; il ne put conduire la troisième par-
tie que jusqu’à la vingt-cinquième stance du chant IX.
Le cycle carolingien s’y fondit avec le breton. L’amour, comme
dans les romans de la Table Ronde, et non plus la rivalité des familles
ou le désir de conquérir des royaumes, pousse aux aventures les che-
valiers. Pour l’amour d’Angélique, fille de Galafron, roi du Catay, Ro-
land et Renaud assiègent avec Agricano, roi des Tartares, le. château
d’Abraccà. Sacripant, roi des Circassiens, le défend pour l’amour

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

d’Angélique. La puissance de l’amour la pousse, depuis qu’elle a,


dans la forêt de l’Ardenne, bu l’eau d’une fontaine enchantée, à re-
chercher Renaud. Les grandes entreprises des Sarrasins contre les
Francs et contre Paris, si prolixement narrées dans les chansons de
geste, et que Pulci contait en souriant, offrent le cadre où se déroulent
de fantastiques histoires. Le titre même de l’œuvre marque de façon
éclatante la transformation, selon la manière bretonne, du vieux cycle
français. Les thèmes transmis par le moyen âge s’enrichissent
d’emprunts aux anciens et aux modernes. Pulci se contente de suivre
le canevas offert par les rimeurs qui l’ont précédé ; Boiardo enchaîne
les épisodes avec une vigueur ignorée du Florentin, et l’œuvre rappel-
le, par son équilibre vigoureux, l’épopée antique plus que les conteurs
médiévaux. L’accent du Canzoniere se retrouve dans les scènes
d’amour et la description des paysages. Comme Pulci, le poète adresse
fréquemment la parole au lecteur, et s’égaie des prouesses inouïes
qu’il relate sur la foi de l’archevêque Turpin ou de quelque auteur
grave. Les personnages comiques ne manquent pas ; mais il ne leur
prête ni parler trivial ni attitudes grotesques. Plus qu’à l’ami de Lau-
rent le Magnifique, la chevalerie lui reste chère, et il craindrait
d’abaisser les héros des anciens temps. Malgré sa gaucherie amoureu-
se, Roland demeure le plus noble des paladins. Converti par lui au
christianisme, le sarrasin Brandimart représente, avec sa grave cour-
toisie, l’idéal viril de Boiardo. Roger, descendant d’Alexandre et
d’Hector, personnifie le courage sensible à la beauté. Marfise offre le
type, ébauché déjà par Virgile, de la guerrière, orgueilleuse, robuste,
insensible ; Angélique, dont les intrigues mènent l’action, ne suit que
sa légère fantaisie. Comme Pulci, Boiardo consacre peu d’effort p203 à
l’analyse des caractères : plus psychologue, mais comme lui, conteur
avant tout, et en même temps, ce que Pulci ne fut jamais, poète élé-
giaque et lyrique.
L’académie napolitaine, dans les dernières années qui précédèrent
la campagne de Charles VIII, vantait les poésies latines de Pontano. Il
existait pourtant, en dialecte local, un répertoire assez riche de farces,
et une poésie amoureuse ou satirique. Quelques poètes s’essayaient en
toscan à des genres plus élevés. Pierre-Jacques De Jennaro imitait
médiocrement Dante et Pétrarque, dont le Canzoniere imposait son
style et sa manière à Jules Pierleoni, à François Galiota, qui, chargé
d’accompagner François de Paule au Plessis-lès-Tours, accomplit le

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

pèlerinage de Vaucluse ; à Jean-Antoine Petrucci qui, prisonnier avec


les barons conspirateurs, périt sur l’échafaud en 1486, après avoir dit
en vers désespérés la misère de la condition humaine. Benoît Gareth,
venu de Barcelone vers 1467, devait illustrer, en 1506, par la publica-
tion d’un recueil de vers amoureux, le nom italianisé de Cariteo. Mais,
seul parmi les poètes napolitains de ce temps, Sannazar sut concevoir
et réaliser une œuvre vigoureuse et neuve.
Jacques Sannazzaro naquit, le 28 juillet 1458, d’une antique famil-
le venue en 1380 de la plaine lombarde, et qui possédait châteaux et
domaines en Lucanie et dans la Terre de Labour. Après une jeunesse
passée en partie à la campagne, il devint l’un des chefs de l’Académie,
familier de Pontano, et tint à la cour l’un des premiers rangs. Comme
Boiardo à Ferrare, il organisait spectacles et divertissements. Pour
l’infant don Frédéric, il composa ses Gliommeri, monologues en vers,
où se mêlent allusions aux faits-divers de la vie mondaine, réflexions
moqueuses à l’adresse des uns et des autres, proverbes et sentences,
allusions ironiques aux croyances populaires. Il écrivait, en l’honneur
de la famille royale, diverses pièces allégoriques et pompeuses, com-
me le Triomphe de la Renommée (Trionfo della Fama). Il achevait du
moins, avant 1481, l’œuvre qui, après avoir circulé manuscrite pen-
dant vingt ans, finit par être imprimée à Venise en 1502, et fonda son
renom européen, l’Arcadie. Cette pastorale, où pour la première fois,
depuis l’Ameto de Boccace, les récits en prose interrompent les vers
de l’idylle, évoque la vie des bergers arcadiens qui seuls, disait Virgi-
le, connurent l’art du chant. Le poète a fui parmi eux les tristesses
d’un amour déçu ; elles l’y suivent, tandis qu’il se mêle à leurs fêtes et
devient le confident de leurs joies et de p204 leurs douleurs. Ainsi se
développe, dans ce cadre irréel, un roman riche de souvenirs et de
confessions ; les personnages, selon une vieille tradition que n’avaient
écartée ni Dante ni Pétrarque, figurent quelques amis du poète, et l’on
retrouve parmi eux Cariteo et Pontano. Les imitations directes et les
réminiscences de Virgile, d’Ovide, de Théocrite, d’Horace, de Cal-
purnius et de Némésien, de Boccace et de Pétrarque, s’y fondent en
une heureuse harmonie, sans que toutefois Sannazar sache, comme
Politien, se libérer assez complètement de ses modèles et donner
l’impression de l’originalité ; il ne réussit pas à dissimuler la surabon-
dance d’une érudition qui d’ailleurs charmait les contemporains. Mais
il décrit la nature en poète et en artiste ; l’œuvre entière, d’une mélan-

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

colie pénétrante, exprime assez bien cette lassitude, ce besoin de re-


cueillement et de silence, qui portaient de nombreux humanistes à re-
cevoir comme un bienfait l’enseignement mystique de l’Académie
florentine.

II. — L’humanisme et les lettres hors d’Italie 85


Le premier réveil de la culture antique, la première révélation de
l’Italie sous Charles V et Charles VI, n’avaient pas suffi à produire en
France un renouveau littéraire. Les débuts de l’humanisme, contrariés
par les deuils d’une triste époque, p205 y furent trop lents et trop hési-
tants. Il avait fallu attendre les efforts de Guillaume Fichet pour que la
science italienne s’introduisît à l’Université de Paris. Il fallut attendre
la campagne de Charles VIII pour que le contact s’établît entre les let-
tres italiennes et les lettres françaises.
La bourgeoisie, que la guerre et l’incertitude du lendemain avaient
faite dure et positive, ne prenait plus aucun intérêt au poème épique et
au roman de chevalerie. Elle préférait la nouvelle en prose, le réalisme
âpre et mordant du poème satirique : Antoine de la Salle achevait, en
1459, le Petit Jehan de Sainctré. En même temps se multipliaient les
chansons, de pensée fréquemment brutale et d’expression vulgaire,
écrites pour les bourgeois et que répéta la foule. Mais la poésie popu-
laire, sous Charles VII, jaillit avec une brusque abondance, et, par le
génie de François Villon, atteignit au plus haut lyrisme.
Les croyances qui avaient soutenu Dante restaient vivaces ; mais
l’affaiblissement même de la conscience religieuse semblait les avoir
privées de leur vertu consolante et ne laissait subsister que l’horreur
physique de la chair anéantie. Dans un monde où s’opposaient en
d’âpres contrastes un luxe éclatant et d’atroces misères, la mort appa-
raît comme la fin nécessairement imposée aux joies insolentes des
grands pour la revanche des petits. Peintres et sculpteurs se plaisaient
à l’évocation de la Danse macabre : François Villon fut le poète de la
mort. Parisien, élevé par un chapelain de Saint-Benoît le Betourné,
maître ès arts en 1452, il fréquenta les truands de la capitale ; larron,
ruffian et meurtrier lui-même, il erra longuement à travers le royaume,

85
OUVRAGES À CONSULTER.

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

put, grâce, à diverses chances, éviter la corde, et vers 1470, avant la


quarantaine, disparut sans laisser de traces. Il a dit, en son Grand et
son Petit Testament, les inquiétudes et les plaisirs de sa brève et triste
existence ; mais il trouva, pour ses remords et sa mélancolie, une ex-
pression inoubliable à force de sobriété poignante et désespérée.
Le public urbain montrait pour la représentation des mystères un
goût toujours plus vif. De véritables cycles, comme à Rome, se consti-
tuèrent. Arnoul Gréban avait fait jouer, avant 1452, sa Passion ; il y
ajoutait, quelques années plus tard, les Actes des Apôtres. Bientôt, les
Mystères du vieux Testament formèrent à l’histoire chrétienne un vas-
te préambule. On représenta, vers 1455, à Angers, la Résurrection,
œuvre en vingt mille vers de Jean Michel, médecin du roi. Il remania
la Passion de Gréban, y introduisit de nombreuses scènes familières
ou p206 tragiques ; ainsi rajeunie, elle obtint à Lyon, en 1486, un succès
éclatant.
Le théâtre comique se développe avec le religieux. Composées,
comme les mystères, dans une intention édifiante, les moralités re-
cueillent autant d’applaudissements. Diverses corporations se réser-
vent le soin de représenter des œuvres profanes et plaisantes : à Paris,
la Basoche, où se retrouvaient les clercs des procureurs au Châtelet et
au Parlement ; les Enfants sans souci, appelés encore les Sots, dont le
chaperon s’ornait de grelots et d’oreilles d’âne, et qui gouvernés par le
Prince des Sots et Mère Sotte, se recrutaient surtout parmi les écoliers.
Les basochiens jouaient des moralités et des farces, les sots des so-
ties ; ils ne tardèrent pas à mettre en commun leur répertoire. Généra-
lement joyeuse, parfois tragique, la moralité laissait apparaître une
intention édifiante ; les auteurs anonymes et bouffons des farces ne
cherchaient qu’à provoquer l’éclat de rire, étalaient sans vergogne les
misères et les tares des diverses classes, n’oubliaient pas les gens
d’Église et se gaussaient des cocus. Toute cette plate production ne
mérite guère qu’on s’y arrête. Pourtant la Farce de maistre Pathelin
créa, vers 1470, un type inégalable d’avocat retors et filou.
Vers les dernières années du XVe siècle, la poésie toute formelle
qui avait diverti la noblesse contemporaine de Charles V, maintenant,
cultivée à la cour chevaleresque et cérémonieuse de Bourgogne, fait
parade d’une fécondité stérile dans ces Chambres de Rhétorique où
s’évertuent Georges Chastellain, historiographe de Philippe le Bon,

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Pierre Michaut et Olivier de la Marche, l’un secrétaire et l’autre


écuyer de Charles le Téméraire, et Jean Molinet, chanoine de Valen-
ciennes. Le goût de l’allégorie, de l’abstraction, de la mythologie,
s’épanouit en une extravagante et pédantesque floraison de poèmes
compliqués, où n’apparut jamais une émotion sincère ni une idée per-
sonnelle. Les « grands rhétoriqueurs » furent bientôt imités, à Mou-
lins, par Jean Robertet, pensionné des Bourbons ; en Bretagne, par
Jean Meschinot, gentilhomme de François II. Lettré, d’esprit exact,
Louis XI goûta peu leur manière ; elle ne devait triompher qu’auprès
de Charles VIII et de Louis XII. Georges Chastellain sut du moins,
dans sa Chronique des ducs de Bourgogne, manifester, malgré son
style déclamatoire, un honnête désir d’impartialité et quelque intelli-
gence des événements.
Ainsi, malgré l’exception géniale de Villon, les lettres françaises,
e
p207 dans la seconde moitié du XV siècle, laissent une impression de
vide et de médiocrité. Du monde intellectuel et moral des siècles pas-
sés, il ne subsistait que des ruines ; mal connue et de trop rares initiés,
l’antiquité ne pouvait encore inspirer une Renaissance ; nul ne lisait
habituellement les poètes italiens. Pourtant, un Philippe de Commynes
se montrait déjà capable de dominer les problèmes les plus compli-
qués de l’histoire contemporaine et de la politique. Né vers 1447, héri-
tier d’une ancienne et noble famille, envoyé en 1464 à la cour de Phi-
lippe le Bon, son parrain, il servit Charles le Téméraire, et pour lui,
remplit des missions à Calais, en Bretagne, en Castille. Le 8 août
1472, ce chambellan du duc bourguignon passait à la France. Conseil-
ler de Louis XI, prince de Talmont et baron d’Argenton, il devint un
des agents les plus fidèles d’une politique détestée. À l’avènement de
Charles VIII, il se jeta dans la cabale du duc d’Orléans, perdit ses of-
fices, fut oublié cinq mois, en 1488, dans une cage de fer au château
de Loches, subit une longue détention à la Conciergerie. La sentence
du 24 mars 1489 lui avait imposé dix ans d’exil ; il reçut pourtant, en
décembre, des lettres d’abolition, et tandis qu’il soutenait
d’innombrables procès contre toutes les victimes du règne précédent,
il put rentrer à la cour et retrouver, en 1490, sa place au Conseil. Il
allait, après avoir discrètement combattu le projet napolitain, accom-
pagner Charles VIII en Italie. De 1489 à 1491, il avait, dans les six
premiers livres de ses Mémoires, écrit la chronique de Louis XI. Plus
de vingt ans avant que Machiavel ne composât le livre du Prince, il

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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

glorifia, chez les rois et les diplomates du XVe siècle, la dissimulation,


le mensonge, et sans aucun scrupule de morale, même purement hu-
maine, professa que la fin justifie les moyens. Chez ce catholique,
l’idéal d’un monde chrétien, fondé sur la fidélité au serment et régi
par l’esprit de l’Évangile, est bien mort. Mélanchthon qui, dans son
plan d’études, inscrivit Commynes à côté de Salluste et de César,
comprit exactement son génie. Observateur froid et sagace, il a voulu
communiquer les résultats de son expérience aux hommes d’État ; il
raconte pour expliquer et juger : dans les drames historiques dont il fut
témoin, il se plaît à démêler les intérêts, les passions, les idées ; il étu-
die l’âme de ceux qu’il a vus mener le jeu du monde, Édouard III,
Charles le Téméraire, Louis XI. Il tire des événements les règles abs-
traites et générales d’une politique essentiellement réaliste, qui n’obéit
qu’à la raison d’État. p208 Chez Commynes, l’intelligence française, au
moment de prendre définitivement contact avec la tradition gréco-
latine, rénovée par l’Italie, atteint déjà sa pleine maturité.
Les poètes espagnols continuaient de pratiquer les œuvres des an-
ciens et des maîtres toscans. Auteur d’un drame sur la naissance du
Sauveur, mais avant tout poète allégorique et moral, Gomez Manrique
reste jusqu’à sa mort, en 1490, l’élève de Pétrarque et de Boccace.
Georges Manrique, son neveu, mort de bonne heure, en 1479, écrivit
des vers faciles et brillants, et, en 1476, un chef-d’œuvre, ses Stances
sur la mort de son père (Coplas por la muerte de su padre). L’histoire
continuait de tenter les écrivains : Diego Enriquez del Castillo, ra-
contait dans une chronique le règne d’Henri IV ; Alphonse de Palen-
cia, qui avait vu l’Italie, passé quelques années au service de Bessa-
rion, connu Georges de Trébizonde, sans d’ailleurs apprendre le grec,
et qui, pour traduire Plutarque et Josèphe en castillan, suivit les ver-
sions humanistes, rédigeait en latin une Histoire d’Espagne (Gesta
hispanensia). D’autre part, Jean de Lucena, s’efforçait de plier la lan-
gue vulgaire à l’expression de la pensée philosophique ; dans son Li-
vre de la vie heureuse (Libro de vida beata), en 1463, il imita
d’ailleurs exactement le dialogue De felicitate vitae de Barthélemy
Fazio. En revanche, le roman de chevalerie conserve tout son attrait.
L’Amadis de Gaule, qui rappelle le Lancelot français, déjà connu de
Lopez de Ayala, subit divers remaniements, castillans et portugais,
jusqu’à la rédaction définitive publiée à Saragosse en 1508. Le théâtre
religieux se développait lentement en Castille et en Aragon ; le théâtre

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

comique ne tenait encore, dans la vie littéraire de l’Espagne, qu’un


rôle effacé.
L’effort des écrivains anglais, après la fin de la guerre de Cent
Ans, semble peu actif. Les auteurs de mystères imitent fréquemment
la France, avec une émotion parfois plus grave et un plus vigoureux
effort d’art. Les moralités, souvent froides, scolastiques, médiocre-
ment plaisantes, se multiplient. Pendant la guerre des Deux Roses, Sir
John Fortescue écrit son bref traité sur la différence d’une monarchie
absolue avec une monarchie contrôlée, et pour la première fois essaie
la prose anglaise aux plus hauts débats de la politique. Introduite par
Guillaume Caxton, traducteur de romans français, à l’abbaye de
Westminster, l’imprimerie ne paraît guère servir qu’à prolonger le
crédit d’Hector, d’Arthur ou des Fils Aymon. Caxton, sans doute, ad-
mire les Contes de Canterbury ; mais il faudra p209 l’avènement de
l’humanisme et un contact plus étroit avec l’Italie pour que l’œuvre de
Chaucer soit comprise et continuée.
En Allemagne, tandis que la chanson populaire obtient un succès
grandissant, les drames sacrés constituent, comme en France ou en
Angleterre, des véritables cycles. Le mystère de Tegernsee, fréquem-
ment applaudi, évoque, en tableaux d’une saisissante ampleur,
l’avènement et la chute de l’Antéchrist. Les bourgeois goûtent vive-
ment les poésies d’inspiration morale et politique, tels que le Livre de
la vertu, de Conrad Vintler, imprimé pour la première fois en 1486, ou
le Miroir du gouvernement à la cour des princes. Mais parmi ces li-
vres sentencieux, l’œuvre d’un humaniste, la Nef des fous (Narrens-
chiff), publiée en 1494 par Sébastien Brant, occupe le premier rang ; le
maître strasbourgeois, d’après un vieux thème du moyen âge, se plai-
sait à réunir, sur la nef conduite par la Folie, les représentants les plus
divers de la sottise humaine. Par là s’établit le contact entre la littéra-
ture populaire de langue nationale et la culture savante
qu’empruntaient les lettrés à l’Italie.

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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

III. — L’architecture gothique et classique 86


L’architecture gothique n’épuisait pas encore sa fécondité. Le style
flamboyant triomphait en France, dans les cathédrales lentement
achevées, dans quelques églises nouvelles. En Bretagne s’élève, entre
1424 et 1467, la nef de Quimper, et l’on continue les travaux de Nan-
tes. À Bordeaux les clochers de Pey-Berland et de Saint-Michel sont
construits de 1440 p210 et de 1464 à 1492. Les ducs de Bourbon font
bâtir à Moulins, entre 1468 et 1505, l’élégante chapelle de leur châ-
teau. On commence à Paris Saint-Gervais et la tour de Saint-Jacques-
la-Boucherie. L’architecture civile se conforme aux modèles établis
dans la première moitié du siècle.
En Angleterre, le style perpendiculaire, sous les premiers Tudors,
atteint à la perfection de sa technique savante et froide. Les nervures
compliquées des voûtes laissent descendre des clefs de pierre fouillées
comme des ivoires. La chapelle de la Vierge, terminée vers 1460, à la
cathédrale de Winchester, une partie de la cathédrale d’York, la cha-
pelle d’Henri VII à Westminster, la tour de Magdalen College
d’Oxford, manifestent le triomphe d’une discipline géométrique tem-
pérée de fantaisie.
Les architectes allemands ne renouvellent pas la manière assez
monotone et pauvre qu’ils ont adoptée depuis quelques décades ; aux
Pays-Bas se maintient le contraste entre le riche décor des édifices
civils et l’uniforme sévérité des églises. En 1463, Mathieu de Layens
achève l’Hôtel de ville de Louvain, somptueuse châsse que pare une
ornementation surchargée. Le style flamboyant s’épanouit en Espa-
gne.
On poursuit lentement la construction du dôme de Milan. Jean-
Galéas, en 1481, écrit en vain au conseil de Strasbourg afin d’appeler
le maître d’œuvre de la cathédrale. Un architecte de Gratz, Jean
Nexemperger, vient en 1483 avec quelques aides : il abandonne le
chantier en 1485. Deux ans plus tard, le lanternon élevé à la croisée du
transept s’écroulait. Après un concours ouvert en 1490, trois Italiens,
Jean-Jacques Dolcebuono, Jean-Antoine Amadeo, François di Gior-

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OUVRAGES À CONSULTER.

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gio, dirigèrent le travail. Ainsi s’élevait péniblement cette église qui


ne devait pas être consacrée avant 1577, et qui tire son effet théâtral
des marbres éclatants de ses clochetons et de la façade. Le caractère
germanique y domine ; on y retrouve des réminiscences de Bamberg,
de Ratisbonne, d’Ulm et de Prague ; mais, sur le transept un couron-
nement octogone semble emprunté à l’architecture lombarde. Cepen-
dant on travaillait à San Petronio de Bologne. Quelques influences de
l’art nouveau apparaissent dans les églises gothiques alors achevées à
Naples, et se mêlent, jusque dans les Abruzzes et dans les parties mé-
ridionales de l’État romain, à des formules espagnoles : la cathédrale
de Messine rappelle p211 quelques souvenirs de Valence. Venise culti-
vait les traditions originales qui déjà s’étaient définies à San Giovanni
e Paolo, à la Cà d’oro, au palais ducal. On terminait, en 1478, San Mi-
chele de Murano. Le style vénitien de la première moitié du siècle
triomphait à Padoue, aux innombrables palais de Vicence ; par les cô-
tes de l’Adriatique, il atteignait Ancône, où il inspirait le portail de
l’hôpital San Francesco ; par la Dalmatie, il se portait à la rencontre de
ce monde oriental auquel il devait une part de son originalité.
Léon-Baptiste Alberti se révélait, après Brunelleschi, le second
créateur de l’architecture moderne. Il ne devait jamais réaliser le pro-
jet grandiose et sommaire qu’il avait conçu pour la reconstruction de
la basilique vaticane. Les travaux, commencés en 1452 par son élève
Rossellino, s’arrêtèrent trois ans plus tard à la mort de Nicolas V.
Mais ce fut sous l’inspiration du maître que Rossellino bâtit à Rome,
après 1455, le palais de Saint-Marc, plus tard nommé Palais de Veni-
se, fastueuse résidence du cardinal Pierre Barbo. Profondément diffé-
rent de la demeure que Michelozzo achevait alors pour Cosme,
l’édifice fut clos de murs robustes, dont les rares ouvertures contras-
taient avec les larges baies de la demeure florentine, et ceint de ces
créneaux et mâchicoulis que remplaçaient, via Larga, des corniches
classiques. Les deux étages du portique dont s’encadre la cour inté-
rieure posent sur de graves arcades romaines, que soutiennent des pi-
liers robustes à colonnes conjuguées. Bientôt, chargé de reconstruire
la façade florentine de Santa Maria Novella le maître y adapta le plan
qu’il avait autrefois conçu à Rimini pour le Temple des Malatesta, et
sut en coloriste ménager les effets des marbres divers. Sant’ Andrea
de Mantoue commencée en 1472, créa le modèle qui fit oublier aux
architectes modernes les basiliques florentines de Brunelleschi. Au

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niveau du léger plafond dont s’abritait la grande nef de Santo Spirito,


il porta le cintre d’un berceau de pierre. Les fines colonnes et les élé-
gantes arcatures de San Lorenzo durent céder la place à une épaisse
maçonnerie. Les bas-côtés avaient disparu ; mais des chapelles pro-
fondes se creusaient entre les piliers massifs, et leurs voûtes romaines
épaulèrent alternativement avec eux la poussée centrale. La coupole,
assez directement imitée du Panthéon, et pour laquelle il avait rejeté la
section octogonale admise par Brunelleschi, ne couronna le transept
qu’au XVIIe siècle. La coupole de l’Annunziata, qu’Antoine p212 Ma-
netti en 1481, terminait à Florence d’après ses dessins, a subi égale-
ment de fâcheuses retouches.
Michelozzo, achevait, en 1460, la construction du palais médicéen.
À Sant’ Eustorgio de Milan, dans une chapelle construite pour les Por-
tinari, il développait, en 1462, la formule trouvée par Brunelleschi à la
chapelle des Pazzi. Il mourut, comme Alberti, en 1472. Antoine Ma-
netti terminait San Lorenzo, en 1460, et Santo Spirito, dont Salvi
d’Andréa, en 1481, construisit sur le transept, et d’après le projet de
Brunelleschi, la légère coupole.
L’œuvre de Brunelleschi, d’Alberti et de Michelozzo fut continuée,
dans les dernières années du XVe siècle, par deux Florentins, Julien de
Maiano et Julien de San Gallo. Le premier, au palais de Poggio Reale,
résidence, aujourd’hui détruite, des rois de Naples, s’était efforcé
d’accomplir la transformation, à laquelle les trois grands maîtres
avaient travaillé, du château féodal en un palais, qui, ouvert sur la vil-
le et la campagne, distribue autour de cours élégantes ses apparte-
ments vastes et lumineux. En 1474, il construisit le dôme de Faenza. Il
avait tenté de voûter une église construite sur le type de la basilique
romaine et le plan de Santo Spirito, sans renoncer, comme Alberti, à
la disposition en trois nefs, à l’usage des colonnes antiques. Pour ré-
soudre le problème, il remplaça le berceau continu par plusieurs calot-
tes, portant sur des piliers qui, ornés de pilastres romains, alternent
avec les colonnes. À la basilique de Loreto, commencée dès 1470, il
adopta ce dispositif ; mais en même temps, comme Alberti à
l’Annunziata, il élevait, au-dessus du maître-autel, une coupole
contre-butée par trois absides aux chapelles rayonnantes. Il mourut en
1490. Julien de San Gallo, qui devait lui survivre jusqu’en 1516, suivit
d’abord la manière de Brunelleschi : à Prato, où la petite église en
croix grecque de la Madonna delle Carceri dressa sur un tambour à

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quatre pans sa légère coupole ; à la sacristie de Santo Spirito, où de


1489 à 1492, Simon del Pollaiuolo, dit le Cronaca, travaillait avec lui ;
au palais florentin de la famille Gondi, terminé vers 1491. Depuis
1489, il collaborait avec Benoît de Maiano au palais Strozzi, que le
Cronaca devait continuer jusque vers 1507 et ceindre d’une corniche
classique. Un aspect massif et cyclopéen rappelle le palais Pitti, la
cour intérieure, avec son portique aux gracieuses colonnes, l’art de
Michelozzo. Mais bientôt Julien de San Gallo, p213 devenu romain,
allait évoluer vers la manière d’Alberti.
Au Vatican, de 1473 à 1481, le Florentin Jean de’Dolci construisait
la chapelle rectangulaire de Sixte IV, assez médiocre asile de tant
d’œuvres géniales, Innocent VIII élevait le pavillon destiné à
l’habitation particulière des papes. Mais les architectes du nord
conservaient une jalouse indépendance. Les Vénitiens admettaient, à
côté des formes imposées par la vivace tradition des siècles passés,
quelques nouveautés antiques. Le plan et le dessin des palais ne chan-
gent pas ; mais l’arc en plein cintre se substitue à l’arc brisé, et l’on
voit apparaître les frises décorées de guirlandes, les médaillons en
marbre de couleur. Dès 1467, dans la cour du palais ducal, l’arc Fos-
cari opposait, au gothique fleuri et surchargé de la Porta della Carta,
la netteté romaine de ses lignes et de son ornementation. En 1483,
l’art imité des anciens triomphe, non sans exubérance, aux façades
élevées par Antoine Rizzo sur la cour intérieure du palais. Une élé-
gance plus sobre embellissait, dès 1481, le palais Vendramin. Dans les
églises le berceau remplace avantageusement la voûte gothique, main-
tenue à force de tirants de fer ou de charpentes. L’excellent sculpteur
Pierre Solari de Carona, dit le Lombard, qui a terminé en 1480 la
Scuola di San Marco, élève, en 1489, Santa Maria dei Miracoli. La
façade de San Zaccaria, dont les travaux durèrent de 1458 à 1515,
œuvre d’Antoine Gambello et de Mauro Coducci, est d’un style grave
et sobre. L’inconnu qui, pour la Seigneurie de Vérone, bâtit entre
1476 et 1493 la Loggia del Consiglio, longtemps attribuée à fra Gio-
condo, atteignit, sans rien sacrifier du pittoresque vénitien, la simplici-
té sereine des Toscans.
Le Florentin Antoine Averlino, surnommé le Filarete, qui avait
construit en 1456, à Milan, l’Ospedale Maggiore, avec sa vaste cour
entourée de légères arcades, ne forma pas d’école. L’architecture nou-
velle admit bientôt une surabondance d’ornements et statues ; elle at-

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teignit sa plus éclatante magnificence à la Chartreuse de Pavie, dont la


façade fut commencée, en 1473, par Guiniforte Solari, et décorée par
Jean-Antoine Amadeo, Christophe et Antoine Mantegazza. L’église,
par sa disposition générale, rappelle les traditions du moyen âge.
Mais, à la façade, le luxe inouï de l’ornementation contraste avec la
sobriété florentine. L’emploi de la terre cuite, déjà essayé avec un
grand succès par Filarete, permit de multiplier aux arcades des cloîtres
la décoration la plus vivante et la plus variée. Cependant se formait
l’architecte qui allait p214 dominer les premières années du XVIe siècle.
Donato Bramante, né à Fermignano, près d’Urbino, en 1444, avait
d’abord étudié la peinture : appelé à Milan par Ludovic le More, il y
vécut de 1476 à 1499. C’est alors qu’il reconstruisit, en 1478, l’église
de San Satiro, avec sa fausse abside en trompe-l’œil, et la sacristie oc-
togone ajoutée en 1485. À l’église dominicaine de Santa Maria delle
Grazie, en 1492, il conserva, comme Julien de San Gallo, la division
en trois nefs ; il remplaça comme lui la voûte par une série de calottes
que portent des piliers antiques ; à la croisée il bâtit, sur un tambour à
huit pans, une coupole plus étrange que belle. La façade fut conçue
d’après les modèles florentins. Mais déjà il admettait, à la façade de
l’église d’Abbiategrasso, l’arc de triomphe introduit dans
l’architecture religieuse par Alberti ; il allait peu à peu se rapprocher
du style classique, vers lequel Julien de San Gallo s’acheminait éga-
lement.
L’architecture des maîtres italiens s’imposait dans le royaume
hongrois et s’introduisait jusque dans la lointaine Russie. Ivan III, en
1474, appelait à Moscou Ridolfo Fieravante de Bologne, qui, ingé-
nieur, architecte, médailliste, illustre sous le surnom d’Aristote, avait,
à Venise, consolidé le campanile, et travaillait à Milan pour François
Sforza. Le grand-duc, dix ans plus tard, demandait encore en Hongrie,
à Venise, des architectes italiens. En 1488 vint de Milan Pierre-
Antoine Solari, dont le père avait imaginé la façade de la Chartreuse
de Pavie. Ces maîtres du nord bâtirent, au Kreml de Moscou, palais et
églises. Il n’y a pas lieu de s’étonner si les murailles de la forteresse,
élevées de 1485 à 1508, rappellent le château milanais des Sforza ; si
le Palais à Facettes, élevé de 1487 à 1491, rappelle le palais ferrarais
des Diamants ; si même l’Ouspensky Sobor — la cathédrale de la
Dormition, — construite par Fieravante de 1475 à 1479, cherche à

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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

concilier une décoration tout italienne et le plan byzantin prescrit par


Ivan III.

IV. — L’évolution de la sculpture 87

L’atelier de Champmol, près de Dijon, travaillait lentement au


tombeau de Jean Sans-Peur. Jean de la Huerta laissa terminés, p215 en
1463, les pleurants et les anges. De 1463 à 1470, Antoine Le Moitu-
rier, neveu de Jacques Morel, tailla les deux images de Jean et de
Marguerite de Bavière, selon les formules de Claus de Werve. Le maî-
tre de Souvigny avait sculpté, à la cathédrale d’Aix, un groupe de
sainte Anne, de la Vierge et de l’Enfant : il décora, dans la cathédrale
d’Angers, le tombeau du roi René : il mourut en septembre 1459.
Mais Charles le Téméraire se désintéressait des artistes, qui travail-
laient maintenant pour les bourgeois enrichis ou les communautés re-
ligieuses. Entre 1477 et 1483, Philippe Pot, sieur de la Roche-Nolay,
grand sénéchal de Bourgogne, se fit élever un monument funéraire
dans l’église abbatiale de Cîteaux. Renouvelant le thème traditionnel
des pleureurs, l’artiste inconnu fit peser à leurs épaules la dalle sur
laquelle, mains jointes, le chevalier repose dans son armure. Au Saint-
Sépulcre de l’hôpital de Tonnerre, l’école se montrait capable encore
de traduire en termes pittoresques l’émotion sacrée. Pourtant elle
s’affaiblissait à force de traiter, selon des formules toujours pareilles,
les mêmes sujets. Elle multipliait les Vierges dont le visage, parfois
vulgaire, conserve une expression banale de tendresse et de simplicité,
les figures larmoyantes dont la désolation maniérée semble indéfini-
ment répéter une plainte conventionnelle. Moins habiles à rendre les
sentiments, la sculpture força les attitudes ; les draperies plus lourdes
et compliquées s’agitèrent en vain.
Les enseignements bourguignons n’avaient pas été acceptés de tout
le royaume. Ni la Vierge de Notre-Dame du Marturet à Riom, ni les
statues qui, dans la Sainte-Chapelle de Châteaudun, ornent la tombe
de Dunois et de Marie d’Harcourt, ne procèdent de l’école dijonnaise.
Mais elle ne resta pas sans agir sur le développement de l’art populai-

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OUVRAGES À CONSULTER.

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re. La piété franciscaine attirait de plus en plus vers le culte de la


Vierge la dévotion catholique ; les mystères mettaient en scène la lé-
gende du Christ, de la Vierge et des saints. Pour les confréries p216
pieuses des villes et des bourgades, le ciseau du sculpteur évoqua les
épisodes les plus humains et pitoyables du drame de la Rédemption :
la mise au tombeau, la Vierge tenant sur ses genoux le corps doulou-
reux du crucifié. Une mesure apprise dans les ateliers parisiens tempé-
ra la véhémence bourguignonne. Les confréries ont très souvent
commandé les ensembles décoratifs qui se déploient aux portails et
aux façades des églises récemment achevées, Saint-Wulfran
d’Abbeville, Notre-Dame d’Alençon, la Trinité de Vendôme, la ca-
thédrale de Coutances, la cathédrale de Nantes ; un réalisme sans en-
traves n’y rajeunit pas toujours très heureusement les traditions du
e
XIII siècle. Les innombrables images de saints et de saintes, patrons
des métiers et des associations religieuses, trahissent fréquemment
une facture peu inspirée.

Laurent Ghiberti était mort à Florence, le 1er décembre 1455. Do-


natello, revenu de l’Italie du nord, travailla quelque temps à la cathé-
drale de Sienne. Il fondait, en octobre 1457, un saint Jean-Baptiste
desséché par les jeûnes, et taillait dans le bois, vers 1460, pour le bap-
tistère de Florence, une dure et sèche image de sainte Madeleine.
Après la consécration du maître-autel de San Lorenzo, il y travailla
pour Cosme à deux ambons décorés de bas-reliefs de bronze. Il avait
entrepris de conter le drame de la Passion : il en put achever seule-
ment quelques scènes, où le plus âpre réalisme donne un accent de
vérité incomparable au tragique de l’émotion. Divers élèves, et parti-
culièrement Bertoldo di Giovanni, dont Michel-Ange devait recevoir
les leçons, achevèrent le reste d’après ses dessins. Il mourut à Floren-
ce le 13 décembre 1466.
Luc della Robbia de 1456 à 1454, exécutait en l’église florentine
de Santa Trinita, l’admirable tombeau de l’évêque Benozzo Federighi.
Il sculpta dans le marbre l’image couchée ; la terre cuite n’intervient
que pour l’entourer d’une guirlande fleurie. Pourtant, à la pierre dure,
il continuait de préférer l’émail polychrome ; il en décorait à
l’Impruneta, entre 1452 et 1456, le tabernacle de la chapelle de la
Croix ; à San Miniato de 1459 à 1466, la chapelle construite pour la

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sépulture, du cardinal Jacques de Portugal ; à Santa Croce, la voûte et


les murs de la chapelle des Pazzi. Son activité se ralentit vers 1471 ; il
mourut très âgé, en 1482.
L’enseignement des maîtres se transmettait sans défaillance. Élève
de Donatello, Didier de Settignano, qui disparut p217 en 1464, avait
aimé avant tout la douceur souriante. Le tombeau de Charles Marsup-
pini, érigé en 1455 à Santa Croce, diffère du monument de Bruni par
la surabondance de la fantaisie ornementale, par l’élégance recherchée
du sarcophage qui supporte le lit de parade où le poète, couronné de
lauriers, s’est endormi, par la grâce des enfants qui veillent sur son
repos. La même élégance embellit à San Lorenzo le tabernacle de la
chapelle du Sacrement.
Antoine Rossellino, plus jeune sans doute que son frère, exécutait
en 1461, à San Miniato, le tombeau du cardinal portugais, dans la
chapelle du couvent napolitain de Monte Oliveto un bas-relief pitto-
resque de la Nativité, et, en 1478, à Santa Croce, sa dernière œuvre, la
Madonna del Latte. Le Saint Sébastien de la collégiale d’Empoli an-
nonce déjà, par la beauté vigoureuse de son modelé, l’un des Captifs
de Michel-Ange. Né en 1442, collaborateur de Didier et d’Antoine
Rossellino, Benoît de Maiano unit au charme du premier plus de pro-
fondeur, et posséda mieux qu’Antoine le sens de la composition. Entre
1476 et 1478, aidé de son frère Julien, il exécutait, au Palais de la Sei-
gneurie, le portail monumental de la salle de l’Audience ; vers 1480 il
achevait, pour la chaire de Santa Croce, les bas-reliefs qui racontent la
vie de saint François. Il allait alors travailler à Naples et à Loreto. De
1490 date, dans le bas-côté droit de Santa Maria del Fiore, le buste de
Giotto, dont Politien rédigea l’épigraphe ; de l’année suivante, le tom-
beau de Philippe Strozzi dans la chapelle qu’il avait fondée à Santa
Maria Novella.
Mino de Fiesole, originaire en réalité de Poppi dans le Casentino,
et qui avait évidemment subi l’influence de Didier, chercha de bonne
heure fortune à Rome, où, en 1463, Pie II lui commandait, pour la ba-
silique de Saint-Pierre, la chaire de la bénédiction pontificale. Rentré à
Florence après la mort du pape, il sculpta le tombeau de l’évêque Sa-
lutati à la cathédrale de Fiesole, et, à la Badia, termina, en 1481, le
monument plusieurs fois interrompu du comte Hugues ; il exécutait en
même temps à Santa Croce, avec une élégance un peu superficielle, le

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tabernacle de la chapelle médicéenne. Le cardinal Barbo lui comman-


da le tombeau de son oncle Paul II, et lui associa un sculpteur venu de
Traù en Dalmatie, Jean Duknović, — Giovanni Dalmata, — élève des
ateliers lombards et Vénitiens. Ils conçurent un monument qui, par sa
grandeur, la recherche et l’abondance de sa décoration plastique et
dramatique, p218 dépassait les plus vastes efforts des maîtres du XVe
siècle. Sur un soubassement orné de figures et de bas-reliefs, le sarco-
phage monumental portait la statue gisante ; il s’encadrait de hautes
colonnes et de pilastres, que couronnait un entablement où Mino avait
sculpté le Jugement dernier, Dieu entouré d’apôtres et d’anges, et Paul
II à genoux. Mais de ce tombeau ne subsistent que de vigoureux des-
sins. Mathieu Civitali suivait alors à Lucques le style d’Antoine Ros-
sellino. Cependant André della Robbia, qui avait appris de son oncle
Luc, l’art de la terre cuite émaillée, achevait, de 1463 à 1466, à la fa-
çade de l’Hôpital des Innocents, les médaillons vite devenus populai-
res des enfants trouvés. Il multiplia, surtout dans le Casentino, au
sanctuaire de la Verna, où les Franciscains l’avaient appelé, les Ma-
dones agenouillées ou assises, les couronnements de la Vierge, les
adorations de l’Enfant ; dans ces tableaux en reliefs, sa grâce senti-
mentale se mélangeait d’une certaine puérilité.
Un maître, après Donatello, sut animer le bronze. Né en 1435, An-
dré di Cione prit de bonne heure le nom de l’orfèvre Verrocchio dont
il avait suivi les enseignements. Peintre et architecte en même temps
que sculpteur, il se forma dans l’entourage de Cosme, dont le simple
tombeau, dallage à dessins géométriques, fut sa première œuvre. En
1469, Laurent le chargeait des sépultures de son père et de son oncle,
Pierre le Goutteux et Jean. Il manifesta dans ce travail sa science déjà
profonde de la décoration, en adaptant à la technique du bronze divers
motifs du monument de Marsuppini. Le David du Bargello vers 1475,
l’Enfant au dauphin dans la cour du Palazzo Vecchio, en 1476, procé-
daient encore de Donatello ; le sourire dédaigneux et mélancolique du
David annoncé une génération moins rude et plus raffinée. Le monu-
ment du juriste Nicolas Forteguerri, qu’il commençait à Pistoia en
1474, ne fut jamais terminé ; mais, en 1483, à la façade postérieure
d’Or San Michèle, son Incrédulité de saint Thomas montrait une
science accomplie du geste, des attitudes, de la draperie, l’intelligence
de l’émotion dramatique, et malgré quelque dureté, une largeur de sty-
le qui annonce le XVIe siècle. Cependant, chargé par Venise d’élever la

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statue équestre du condottiere Barthélemy Colleone de Bergame, il en


préparait la fonte, quand il mourut en juin 1488. Érigée en 1495 de-
vant San Giovanni e Paolo, l’œuvre l’emporte par l’effet pittoresque
sur le Gattamelata, qui lui reste p219 supérieur parla solidité de la struc-
ture et la puissante exactitude du portrait.
La manière des ateliers toscans se répandait non sans résistance à
travers l’Italie. La sculpture, à Rome, restait presque complètement
florentine. Donatello y avait travaillé : Mino de Fiesole y débuta, et
bientôt y revînt. En 1493, un élève des orfèvres florentins, Antoine del
Pollaiuolo, qui avait travaillé au Baptistère, allait couler en bronze le
tombeau de Sixte IV : l’admirable effigie du pape, couché sur la dalle
funéraire, s’entoura des figures demi-nues, élégantes et gracieuses,
des arts libéraux et des vertus. Les Lombards avaient longtemps refu-
sé d’admettre la maîtrise florentine. Dans la seconde moitié du siècle,
le chantier de la Chartreuse de Pavie rassemblait des maîtres, comme
les frères Cristophe et Antoine Mantegazza, décorateurs expressifs et
superficiels, en grande faveur auprès de François Sforza ; comme
Jean-Antoine Amadeo, qui semble également avoir préféré l’effet bril-
lant et dramatique à la perfection du détail. Il achevait alors les tom-
beaux des Colleoni de Bergame ; à la Chartreuse, il exécuta proba-
blement les médaillons à têtes d’empereurs romains et les bas-reliefs
consacrés à la vie du Christ, qui ornent le soubassement de la façade.
Mais un Florentin de génie allait tenter d’élever sur une place de Mi-
lan la statue équestre de François Sforza. Léonard de Vinci, appelé par
Ludovic le More, commençait en 1490, après de longues études, la
maquette du cheval et du cavalier ; il n’arriva jamais à fondre le co-
losse ; le plâtre, achevé en 1494, fut détruit, après 1501, par les mer-
cenaires de Louis XII. À Venise enfin, la tradition médiévale, se
conciliait avec le goût nouveau de l’antique. Le Véronais Antoine
Rizzo avait travaillé à l’Arc Foscari ; son Ève fortement modelée, et
qui semble trahir quelques réminiscences de l’art du nord, le rendit
célèbre dès avant 1475. Il achevait alors aux Frari le tombeau du doge
François Foscari ; il y répétait, avec une magnificence déjà un peu
lourde, la formule créée, au tombeau de Jean XXIII, par Donatello et
Michelozzo. Il s’en affranchit bientôt : dans la même église, pour le
doge Nicolas Tron, mort en 1473, il imaginait un type de mausolée
que les architectes vénitiens allaient après lui alléger et développer. À
mi-hauteur d’un arc gigantesque et triomphal, qui encadre dans son

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tympan l’image du Christ, trois consoles fixent à la muraille le sarco-


phage sur lequel dort le gisant. Séparée du Rédempteur par un étage
d’arcades où s’abritent p220 des vertus, il plaça debout, dans une niche,
la statue réaliste du mort, en grand costume d’apparat ; il la flanqua de
deux vertus debout dans des arches moins profondes : d’autres encore
s’adossèrent aux pilastres latéraux. Après l’incendie du 14 septembre
1482, chargé de rebâtir sur la cour intérieure toute une aile du palais
ducal, il se voua désormais à l’architecture. Pierre Solari de Carona,
surnommé le Lombard, s’était, sur les chantiers de Pavie, assimilé la
manière des Mantegazza. Au monument du doge Pierre Mocenigo,
mort en 1476, il suivit assez exactement, avec moins d’ampleur et
plus de sécheresse, le modèle créé par Rizzo. C’est alors qu’il cons-
truisit la Scuola di San Marco, Santa Maria de’Miràcoli, et devint ar-
chitecte à son tour.
Ouverte à l’art toscan depuis le temps déjà lointain où Masolino de
Panicale décorait, en 1426, la chapelle d’Ozor et le mausolée de Szé-
kes-Féjervár, la Hongrie accueillait triomphalement la sculpture flo-
rentine ; Laurent le Magnifique envoyait d’après Vasari, deux bronzes
de Verrocchio à Mathias Corvin, qui faisait décorer le palais de Bude
d’après les dessins de Benoît de Maiano.

V. — L’évolution de la peinture aux Pays-Bas,


en Allemagne et en France 88
Les peintres des Pays-Bas suivaient la tradition de leur vigoureuse
école. Roger de la Pasture était mort en 1464. Simon Marmion
d’Amiens, qui a laissé les portraits de Charles le Téméraire et
d’Isabelle de Bourbon mourut en 1489. Ce fut lui sans doute qui, à
Saint-Omer, sur le retable commandé avant 1473 par Guillaume Fil-
lastre, abbé du couvent de Saint-Bertin, raconta la vie du fondateur,
avec le souci flamand du détail pittoresque, une délicatesse de mini-
aturiste, et une fermeté de dessin qui trahit l’étude des Van Eyck.
En Hollande, sous l’influence des Flamands, s’ouvraient p221 de
nouveaux ateliers. Albert van Ouwater s’établissait à Haarlem en
1467 ; Gérard de Saint-Jean, dans les dernières années du siècle,

88
OUVRAGES À CONSULTER.

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continua son enseignement. Pourtant Thierry Bouts, né à Haarlem, ne


quittait pas Louvain, où il s’était établi avant le milieu du siècle et
mourut en 1475. Il y peignit, de 1464 à 1468, son polyptyque de la
Cène ; vers la fin de sa carrière, dans les panneaux de la légende de
l’empereur Otton, il tenta de grouper en de vastes ensembles, à la ma-
nière des fresquistes italiens, des personnages de grandeur naturelle,
dont les figures allongées, sévères, un peu raides, mais d’un grand sty-
le et d’un sentiment profond, rappellent à la fois Roger de la Pasture,
et par leur gravité silencieuse les créations récentes des peintres de
Haarlem. Hugues Van der Goes, probablement zélandais, apprit le
métier à Gand et à Bruges. C’est à Gand sans doute, avant 1476, qu’il
exécuta pour les Portinari de Florence son grand triptyque de
l’Adoration des bergers, conservé au musée des Offices, et, proba-
blement aussi, la Mort de la Vierge, que garde le Musée de Bruges.
Son sentiment vif et tendre des scènes religieuses s’exprime par les
moyens les plus variés d’un art savant et composite, où se retrouvent,
avec la tradition impérieuse des Van Eyck, diverses formules qui
viennent de Thierry Bouts ou des Hollandais. En 1481, rentrant d’un
voyage à Cologne, il se crut damné et tomba dans la folie : il mourut
l’année suivante au couvent de Rouge-Cloître.
Depuis la mort d’Étienne Lochner, en 1452, l’art des Pays-Bas
s’imposait dans les écoles allemandes. Le maître colonais de la Vie de
Marie demeure fidèle à l’inspiration religieuse de ses prédécesseurs ;
il emprunte son dessein à Roger de la Pasture, à Thierry Bouts, sans
les égaler. Dans le dernier tiers du siècle, le maître de la Sainte Famil-
le traite en réaliste le drame religieux et n’y cherche plus guère qu’un
prétexte pour ordonner autour des personnages sacrés la diversité des
types et des attitudes. Venu de la Haute Allemagne où peut-être de
régions du Rhin supérieur, le maître de l’Autel de saint Barthélemy
apparaît comme un coloriste précieux et violent. L’école franconien-
ne, à Bamberg et à Nuremberg, subit depuis le milieu du siècle
l’influence très forte des Flamands ; elle connaît l’Italie et particuliè-
rement Venise ; elle admire et suit Roger de la Pasture.
Un peintre d’origine allemande allait cultiver avec magnificence,
aux Pays-Bas, la tradition des frères Van Eyck. Jean p222 Memling, né
dans le pays de Mayence, semble avoir travaillé à Cologne et fut vrai-
semblablement à Bruxelles l’élève de Roger de la Pasture. Il habitait
Bruges en 1476 ; il y mourut le 11 août 1494. Sa première éducation

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

l’orientait vers une rêveuse mysticité ; l’exemple de Roger de la Pas-


ture ne l’en détourna pas : les réalistes flamands lui apprirent l’art
d’observer et d’exprimer la vie profonde des individus, ou de traduire
le charme intime des paysages et des intérieurs. Il peignit, en 1477, les
Sept douleurs de la Vierge ; en 1479, pour l’hôpital Saint-Jean de
Bruges, le Mariage mystique de sainte Catherine et une Adoration des
Mages commandée par le boursier Jean Floreins ; en 1484, le grand
triptyque de Saint Christophe, que le bourgmestre Guillaume Moreel
offrit à l’église Saint-Jacques ; en 1489, la famille de Jacques Floreins
aux pieds de la Vierge, et la Châsse de sainte Ursule. Sa dernière œu-
vre importante fut, en 1491, le polyptyque de la Passion, à Notre-
Dame de Lübeck. Bouts, vers la fin de sa carrière, et Hugues Van der
Goes, dans le triptyque des Portinari, avaient admirablement représen-
té des personnages de grandeur naturelle. Memling ne s’y hasarda
qu’une fois dans son Concert céleste, peint pour le buffet d’orgues de
Najera, et qui, à bien des égards, procède du polyptyque de Saint-
Bavon. De moindres proportions convenaient mieux à son talent ;
lorsque pour conter la légende de sainte Ursule, il dut animer des fou-
les, il emprunta ses procédés à la technique de la miniature. Ses figu-
res idéales, au front bombé, au nez long, aux tempes découvertes, dont
Hugues Van der Goes avait déjà créé le type aux volets du triptyque
florentin, semblent offrir un vivant commentaire de l’Imitation. Moins
solidement établis et gravés que les inégalables images où triomphe le
génie des Van Eyck, ses portraits émeuvent davantage par leur simpli-
cité pensive et recueillie. Ses paysages où les éléments réels
s’harmonisent au rêve et à la fantaisie du poète, rappellent à la fin Ro-
ger de la Pasture, le Maître de Flémalle et les enlumineurs du duc de
Berry. Peut-être cependant Memling, par une douceur trop exclusive-
ment recherchée, introduisit-il dans l’art des Pays-Bas le germe d’une
séduisante faiblesse.
Tandis que Gérard David, à Bruges, dès 1488, avec un dessin
moins dur et moins ferme, imitait dans son Histoire du juge prévari-
cateur, la stricte manière de Bouts, l’école de Cologne se rapprochait
insensiblement de la flamande. Si, à p223 Nuremberg, Michel Wohlge-
mut (1434-1519), continuateur de Jean Pleydenwurff, s’inspire de Ro-
ger de la Pasture, sans d’ailleurs imaginer des figures véritablement
expressives, les ateliers du haut Rhin, à Bâle, Colmar, Strasbourg ou
Mayence, accomplissent une œuvre plus originale. Il s’y forme plus

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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

de graveurs que de peintres. Le maître inconnu qui signe E. S. a cer-


tainement subi l’influence des Flamands et de Roger de la Pasture.
Martin Schongauer, fils d’un orfèvre originaire d’Augsbourg, s’établit
à Colmar vers 1445. S’il y reçut les leçons d’un peintre local, dessina-
teur passionné, qui, en des panneaux d’un réalisme parfois burlesque,
avait, en 1462, raconté l’histoire de la Passion, ce fut encore de Roger
de la Pasture que lui vinrent ses inspirations les plus hautes. La Vierge
au buisson de roses, peinte en 1473 pour Saint-Martin de Colmar, se
rattache par quelques côtés à la tradition colonaise ; mais, bien que
l’artiste se révèle moins peintre que graveur, le type du visage, le des-
sin des plis rappellent les Flandres. La série importante de ses plan-
ches permet de suivre l’évolution de sa manière, qui, d’abord sèche et
anguleuse, s’assouplit peu à peu ; la composition s’ordonne et
l’expression s’idéalise. Son grand Portement de croix put émouvoir
profondément Albert Dürer. Aussi fut-ce à Colmar qu’en 1491 le fils
de l’orfèvre nurembergeois, après son apprentissage chez Wohlgemut,
voulut chercher le contact d’un art plus haut ; mais Schongauer venait
alors de mourir.
Les miniaturistes parisiens maintenaient, avec plus ou moins de vi-
gueur, jusqu’à la fin du siècle, les traditions de Pol de Limbourg.
L’activité d’Enguerrand Quarton, après 1453, semble ralentir. Mais
Nicolas Froment, du diocèse d’Uzès, travaillait de 1461 à 1475 en
Avignon. Il peignit, vers 1461, la Résurrection de Lazare, brutale et
triste, que garde le musée des Offices. C’est vers 1475-1476 qu’il
termina le triptyque du Buisson ardent, conservé à la cathédrale
d’Aix. Diverses réminiscences italiennes, quelques souvenirs de
l’école rhénane, et plus évidemment encore, la tradition des frères Van
Eyck, se mêlent dans cette œuvre vigoureuse et dure. Jean Foucquet,
devenu en 1475 peintre attitré de Louis XI, mourait à Tours en no-
vembre 1481. De 1460 date le beau portrait de Guillaume Jouvenel
des Ursins, chancelier de France : œuvre italienne par le décor, plus
proche pourtant par l’exécution de la manière flamande que le groupe
d’Étienne Chevalier et de p224 saint Étienne. D’autres maîtres moins
illustres, à peu près contemporains de Foucquet, laissèrent quelques
œuvres d’un haut prix. Peut-être convient-il d’attribuer à Colin
d’Amiens, qui reçut plusieurs commandes de Louis XI, le portrait de
l’Homme au verre de vin. Le retable du palais de justice de Paris sem-
ble d’inspiration flamande. En Touraine, où les rois volontiers rési-

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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

daient, la tradition de Foucquet se maintint grâce à une école active de


peintres qui furent aussi des miniaturistes. Jean Bourdichon exécutait
dès 1490 un vaste polyptyque, malheureusement perdu : il allait bien-
tôt révéler dans ses miniatures, ses Heures du roi Ferdinand de Na-
ples, d’Anne de Bretagne, reine de France, un talent facile, ingénieux,
plus de virtuosité que d’esprit créateur. Alors se formait Jean Perréal,
qui, sous Louis XII et pendant les premières années de François Ier
passa pour l’égal des plus grands ; alors se forma dans le Bourbon-
nais, sur le chemin de Touraine en Bourgogne, à Moulins où l’on
composait les admirables vitraux de la chapelle ducale, une école vi-
goureuse : première œuvre attribuée au maître de Moulins, la Nativité
peinte pour le cardinal Jean Rolin, évêque d’Autun, est antérieure à
1483.

VI. — L’évolution de la peinture en Italie 89


Fra Angelico mourut à Rome en 1455. André del Castagno dispa-
rut deux ans plus tard. Il venait d’achever, dans le réfectoire p225 de
Sant’Apollonia, la première en date des grandes Cènes florentines du
siècle : il semble avoir créé la disposition traditionnelle des personna-
ges, sauf qu’il voulut isoler de l’autre côté de la table Judas en sa tra-
hison. Rien ne contraste avec la tendresse émue de l’Angelico plus
violemment que la rudesse farouche des apôtres d’André del Casta-
gno.
Philippe Lippi travaillait depuis 1452 au chœur du dôme de Prato.
Convaincu de faux en écriture, condamné par l’officialité florentine et
le pape Calixte IV en 1455, il enlevait deux ans plus tard une religieu-
se, Lucrèce Buti, dont il eut une fille et un fils, Filippino, héritier de
son talent. Pie II, sur l’intervention de Cosme, releva de leurs vœux le
moine et la nonne, leur permit de s’unir légitimement. Philippe mou-
rut en 1469. Il avait achevé en 1460 ses grandes fresques de Prato. À
l’exemple de Masaccio, il rejetait le décor conventionnel des p226 giot-
tesques, y substituait un intérieur d’église ou de palais. L’admirable
scène des funérailles de saint Étienne, où ce Carme en rupture de cou-
vent avait su trouver une inspiration grave et religieuse, compléta
l’enseignement de la chapelle Brancacci. Les jeunes peintres apprirent

89
OUVRAGES À CONSULTER.

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de lui comme de Masaccio l’art d’animer des personnages multiples,


unis par un même sentiment, que traduit la diversité des attitudes et
des visages, et d’équilibrer leurs groupes dans un milieu réel, ou l’air
circule, où se jouent la lumière et les ombres. Cependant avec la danse
de Salomé la fresque sacrée accueillait un élément sensuel dont elle
avait jusque-là repoussé la dissonance. Le Couronnement de la Vier-
ge, peint en 1467, reste, en dépit de quelques défaillances, une œuvre
capitale. Témoins longtemps immobiles du drame divin, les saints et
les anges forment pour la première fois, autour de la gloire où
s’accomplit le mystère, une guirlande qu’entraîne dans les profon-
deurs du ciel l’élan d’une allégresse passionnée.
Mais avant que les élèves de Philippe Lippi n’eussent développé
dans des compositions importantes l’esprit de ses leçons, les applau-
dissements éclectiques des amateurs florentins saluèrent les efforts
d’un artiste qui, jusque sous Laurent le Magnifique, maintint la tradi-
tion charmante et factice des vieux enlumineurs. Benozzo Gozzoli
n’avait été d’abord qu’un excellent élève de l’Angelico. Lentement, à
Pérouse, à Narni, se formait son talent personnel. De 1459 à 1463 il
décora la chapelle du palais des Médicis ; en 1464, à San Gimignano,
il peignit la vie de saint Augustin. Il commençait en 1468, à Pise, ses
fresques du Campo Santo, achevées en 1485. Il vécut encore jusqu’en
1497. Aux murs de l’étroit oratoire, en un paysage fantastique et styli-
sé, où les éléments empruntés aux collines de Fiesole, aux bois de cy-
près qui de Vincigliata montent vers Castel di Poggio, s’harmonisent
avec divers motifs de décoration orientale, Gozzoli déroula une caval-
cade qui rappelle à la fois les Milites Christi, évoqués par les frères
Van Eyck, et certaines scènes de chasse dessinées par les miniaturistes
persans ; elle lui offrit le prétexte de multiplier, dans l’or et le brocart
des costumes, étudiés avec la somptueuse minutie des vieux imagiers
et de Gentile de Fabriano, les portraits d’illustres Florentins, de Cos-
me et de sa famille, du patriarche de Jérusalem et de l’empereur Jean
Paléologue. Cet art composite se retrouve aux fresques de Pise, plus
familier lorsque, racontant les vendanges de Noé, le peintre évoque la
p227 vie rustique en Toscane, aussi magnifique pour illustrer le voyage
de la reine de Saba, également indifférent à l’unité d’action, égale-
ment enclin à traiter les plus vastes sujets selon le style de la miniatu-
re.

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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Trop peintres pour être séduits par cette imagerie un peu enfantine,
trop sculpteurs pour goûter les anatomies fréquemment pauvres et tri-
viales de Philippe Lippi, quelques maîtres ne se laissèrent pas émou-
voir par les fresques du palais médicéen et du dôme de Prato. Les frè-
res Antoine et Pierre del Pollaiuolo, nés en 1432 et 1443, avaient ap-
pris d’abord le métier d’orfèvre et le maniement du ciseau. Antoine
reçut les leçons de Ghiberti, de Donatello, de Paul Uccello ; Pierre
étudia sous Uccello et André del Castagno. Mais ils conservèrent la
passion des formes harmonieuses et de l’exacte plastique. Antoine,
plus encore que Pierre, semble avoir admiré la beauté du corps hu-
main ; ses petits panneaux des Œuvres d’Hercule atteignent au gran-
diose. Les Vertus, dessinées par Antoine, peintes par Pierre, en 1469,
au tribunal de la Mercatanzia de Florence, triomphent dans le calme
équilibre de leur force contenue. La plus importante composition de
deux frères, le Martyre de saint Sébastien, les montre indifférents à la
recherche de l’expression religieuse, préoccupés uniquement de suivre
avec précision le jeu des muscles et la ligne des attitudes. Également
indifférent à l’art de Lippi, un grand artiste, orfèvre et sculpteur com-
me eux, se révélait capable d’une pensée plus rare. Quelques années
avant de fondre son Incrédulité de saint Thomas, Verrocchio peignait
pour les Vallombrosiens de San Salvi son Baptême du Christ. Tandis
que les personnages de Jésus et du Précurseur sont traités avec une
exactitude minutieuse et une vigueur d’expression qui semblent pro-
céder des frères Van Eyck, le charme des deux anges agenouillés an-
nonce la grâce des figures créées par Léonard, et le paysage, à la fois
alpestre et oriental, trahit le désir de situer dans un monde merveilleux
de beauté et de rêve les scènes de l’histoire sacrée.
Ce fut avec Dominique Ghirlandaio que l’art de Philippe Lippi et
de Masaccio triompha. Domenico Bigordi, dit il Ghirlandaio , naquit
à Florence en 1449 ; il se forma dans l’atelier d’Alessio Baldovinetti.
Les fresques exécutées à Santa Trínita, de 1471 à 1497, par cet élève
d’André del Castagno n’existent plus. Il avait représenté, parmi
d’autres épisodes, la visite de la reine de Saba et, selon l’usage de
Gozzoli et de Lippi, mêlé aux personnages bibliques d’illustres
contemporains. Ses p228 figures d’évangélistes et de docteurs, à la voû-
te de la chapelle du cardinal portugais, dans la basilique de San Mini-
ato, sa Madone du Louvre, révèlent un peintre qui aime la transparen-
ce d’une lumière argentée, les expressions les plus mystérieuses et

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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

fuyantes du visage humain. Ghirlandaio apprit de lui le dessin et la


perspective ; mais il resta plus vigoureux et moins raffiné. Il admira
sans nul doute Gozzoli ; mais davantage il dut goûter les fresques de
Prato. En 1475, à San Gimignano, où il avait pu étudier les histoires
de saint Augustin, il décorait la chapelle, achevée par Julien de Maia-
no en l’honneur de sainte Fina. La scène des funérailles de la sainte
rappelle, de façon évidente, les funérailles du premier martyr. Bientôt,
au Vatican, il décorait la salle de la bibliothèque ; il put alors s’initier
à l’architecture des ruines romaines. Son éducation toscane et antique
était désormais achevée.
Au couvent franciscain d’Ognissanti de Florence, il peignit, en
1480, sa première Cène. Comme André del Castagno, il choisit le
moment où le Christ annonce aux douze la trahison prochaine ; mais
Judas reprenait sa place parmi la famille consternée. Le 27 octobre
1481, Sixte IV appelait Ghirlandaio à Rome, avec quelques maîtres
florentins ou étrangers, pour orner de fresques la chapelle achevée par
Jean de’Dolci. Sa Résurrection a disparu ; du moins, dans la Vocation
des Apôtres, la gravité des figures rappelle Masaccio ; les portraits
abondent, comme à la cathédrale de Prato ; le paysage à demi fantas-
tique rappelle Gozzoli ; mais le lac de Galilée y ouvre une austère
perspective. Revenu de Rome, le peintre, au Palazzo Vecchio, dans la
salle du conseil des Prieurs, réconciliait en humaniste la tradition
chrétienne et l’histoire antique. San Zanobi semble accueillir amica-
lement Brutus, Scévola, Camille, Decius, et Scipion l’Africain, évo-
qué sous l’aspect du jeune héros aimé des dieux, tel que Pétrarque
avait voulu le glorifier. En 1485, à Santa Trinita, sur la commande du
financier François Sassetti, six fresques racontèrent l’histoire de saint
François. L’artiste suivit, parfois de très près, comme dans la scène
des funérailles, l’inégalable modèle que Giotto lui offrait à Santa Cro-
ce : mais autour du pauvre d’Assise, quelques figures contemporaines
du Magnifique se pressent, anxieuses et recueillies, baignées de lu-
mière et d’ombres ; le portique de la sobre chapelle où se déroule la
liturgie laisse entrevoir la campagne et les monts toscans. Le miracle
de l’enfant ressuscité, la réception des premiers franciscains par Ho-
norius IV, p229 reçurent pour cadres les places et les palais de la Flo-
rence médicéenne ; parmi les spectateurs se montrèrent Laurent et ses
trois fils, Pierre, Jean et Julien, sous la conduite de Politien leur pré-
cepteur. À droite et à gauche de l’autel s’agenouillèrent, simples et

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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

véridiques images, le donateur et sa femme. Alors sans doute le pein-


tre exécuta, sur le retable de la chapelle, une Adoration des bergers,
où l’on retrouve et les types rustiques imaginés par Hugues Van der
Goes, et le paysage irréel où Gozzoli promenait la fantaisie de ses ca-
valcades, et la ville minutieusement gravée maison par maison que
Jean Van Eyck faisait apparaître, avec la fuite lointaine de son fleuve,
derrière le muet colloque de la Vierge et du chancelier Rolin, et les
ruines grandioses de Rome. Le même art composite se reconnaît dans
l’Adoration des mages à l’Hôpital des Innocents.
C’est de 1485 à 1490 qu’il conçut et réalisa, pour Jean Tornabuoni,
trésorier de Sixte IV, son œuvre capitale, les fresques du chœur de
Santa Maria Novella. La paroi du fond, au-dessus de la fenêtre gothi-
que dont lui-même dessina le vitrail, présente un Couronnement de la
Vierge, qui, avec ses deux étages de figures, peut rappeler les peintu-
res de Lippi à Spolète. Mais la décoration des murs latéraux, où Ghir-
landaio retraça la vie de la Vierge et de saint Jean-Baptiste, lui permit
de grouper, soit à l’air libre, parmi d’admirables architectures où revit
toute son érudition classique, soit dans les salles, ornées avec un luxe
austère, d’authentiques palais florentins, la plus rare et saisissante col-
lection de portraits : les Tornabuoni et les Albizzi, les chefs de
l’humanisme florentin, Marsile Ficin, Landino, Politien, Démètrios
Chalcondylas, parmi lesquels il n’hésita pas à présenter sa propre
image et celle de ses frères, David et Ridolfo. Rien ne reste à dire sur
l’élégance et la vérité de ces figures, sur la poésie noble et familière
de quelques épisodes, comme la naissance de la Vierge, du Précur-
seur, ou la Visitation. L’œuvre, d’ailleurs, manque à peu près complè-
tement de signification religieuse : malgré son génie et sa probité,
Ghirlandaio n’eut pas l’âme de Masaccio ni de fra Angelico. Du
moins les fresques du Baptême du Christ ou de la Prédication de saint
Jean-Baptiste ont-elles fixé l’ordonnance des vastes ensembles chers
aux maîtres du XVIe siècle. Il peignit encore, en 1491, d’une main
émue, pour Laurent Tornabuoni, la Visitation du Louvre. Mais le 11
janvier 1494, il mourait en pleine force. Dans son atelier p230 achevait
alors de se former le jeune homme de dix-neuf ans qui devait être Mi-
chel-Ange.
Un peu plus âgé que Ghirlandaio, mais destiné à lui survivre jus-
qu’en 1510, Sandro Filipepi, illustre sous le nom familier de Botticel-
li, était né à Florence en 1444. Il apprit la peinture auprès de Lippi ;

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Antoine Pollaiuolo, en 1467, lui enseigna la beauté plastique des my-


thes païens ; Verrocchio put lui apprendre son dessin strict et net de
sculpteur, lui communiquer un peu de la fantaisie ardente et discipli-
née qui encadrait d’un paysage merveilleux la scène exacte du Baptê-
me. Admis dans l’intimité de Laurent, Botticelli se lia d’amitié avec
Politien ; l’imagination tout alexandrine de l’humaniste s’accordait
avec sa propre vision de la nature. La curiosité de son esprit, la poésie
de son rêve, sa tendance à la préciosité l’éloignaient insensiblement de
Lippi. Dès 1470, Botticelli avait peint sa Judith, d’une allure si légère
et d’une grâce si mélancolique. Le Saint Sébastien de Berlin, plus
émouvant dans sa simple élégance que l’œuvre pénible et savante des
Pollaiuolo, date de 1473. L’année suivante, à Pise, il échouait dans
une tentative de collaboration avec Gozzoli, que désormais sans doute
il préférait au maître de Prato. La fable païenne l’attirait autant que la
légende biblique ; il avait peint, en 1474, l’Adoration des mages ; un
groupe de Mars et de Vénus répondit bientôt aux Stanze per la gios-
tra. Pour la villa de Castello fut, en 1477, achevée cette allégorie de la
Primavera, dont le sens, conforme à quelque allégorie de Politien,
garde une part de mystère, mais où sans doute se cache une allusion
mélancolique à la mort prématurée de Simonetta Cattaneo. La Pallas
qui dompte un centaure symbolisait, en 1480, le triomphe de Laurent
par l’esprit et les armes ; la Madone du Magnificat, le Saint Augustin
d’Ognissanti exprimèrent un sentiment profond de mysticité chrétien-
ne. Bientôt, avec Ghirlandaio, il travaillait à la Sixtine : la Jeunesse de
Moïse, le Châtiment de Coré, la Tentation du Christ, le montrèrent
assez insoucieux de l’unité dramatique recherchée par Lippi ; comme
Gozzoli, dont on retrouverait aisément, dans ces fresques, la verve
ingénieuse et rare, il juxtaposait parfois en un même cadre des épiso-
des successifs ; mais il ennoblissait, comme Ghirlandaio, de ruines
antiques ses paysages. Il avait déjà groupé, dans l’Adoration des ma-
ges, Cosme, ses fils et leurs amis ; prélats et seigneurs romains, artis-
tes et lettrés, assistèrent à la Purification du lépreux. Il saisissait,
mieux que Ghirlandaio, p231 le rythme et la grâce des attitudes, la plus
fugitive expression du visage humain.
Il semblait, après ce voyage, avoir acquis son équilibre définitif,
dominer toutes les ressources de son esprit et de son art. Un poème de
Politien lui inspirait, en 1482, pour la villa de Castello, sa Naissance
de Vénus. Les fresques exécutées en 1486 pour la villa Lemmi, à

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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

l’occasion du mariage de Laurent Tornabuoni et de Jeanne degli Al-


bizzi, mêlent aux figures allégoriques du Trivium et du Quadrivium,
que la fantaisie de Botticelli évoquait après André de Florence, de sai-
sissants portraits. La description que, dans son Traité de la peinture,
Léon-Baptiste Alberti avait, d’après Lucien, tentée d’un tableau
d’Apelle, lui inspira, en 1490, une petite composition toute en énig-
mes, la Calomnie. Mais la méditation de Dante, dont Politien et Lan-
dino ravivaient alors le culte, l’inclinait de plus en plus vers la peintu-
re religieuse. Déjà la grande édition que donna de la Divine comédie,
en 1481, l’auteur des Camaldulenses disputationes, contenait quel-
ques dessins du peintre. Il eût voulu illustrer l’ensemble des trois can-
tiques. Les prédications de Savonarole le ramenaient à un sévère ca-
tholicisme ; déjà l’Annonciation de 1489-1490 trahit une exaltation
presque douloureuse.
Moins compliqué, moins riche de secrets, mais plein de grâce et de
charme, se montrait l’art de Filippino Lippi. Âgé de douze ans à la
mort de son père, il fréquenta l’atelier de Botticelli, sans oublier les
enseignements de fra Filippo. Dès 1480, à la Badia de Florence,
l’Apparition de la Vierge devant saint Bernard donna la mesure de
son talent. Quatre ans plus tard, les moines du Carmine lui confiaient
la tâche redoutable de clore, dans la chapelle Brancacci, le cycle inter-
rompu depuis Masolino et Masaccio. En 1485, il avait complété la
Résurrection du fils de l’empereur par saint Pierre et saint Paul, dit
leur comparution devant le proconsul, la visite de Paul à Pierre dans
son cachot, l’évasion miraculeuse du chef des apôtres et sa cruci-
fixion. Ces œuvres légères, que baigne une atmosphère argentée,
manquent à coup sûr de vigueur dramatique, mais abondent en por-
traits rapides et vivants. En 1488, Mathias Corvin lui commandait
deux tableaux et l’appelait inutilement à la cour de Hongrie. L’année
suivante, les Frères Prêcheurs de Santa Maria sopra Minerva le char-
geait de peindre, avec l’Annonciation et l’Assomption, un Triomphe
de saint Thomas d’Aquin, où se manifesta quelque maniérisme. p232
Léonard de Vinci, depuis plusieurs années, n’habitait plus Floren-
ce, où, dans l’atelier de Verrocchio, il avait appris à peindre et sans
doute à sculpter. La légende lui attribua longtemps les deux anges
adolescents qui assistent au Baptême du Christ ; l’Annonciation des
Offices, déjà si riche de poésie, date de cet apprentissage. En 1478, la
Seigneurie lui commandait un retable qu’il n’acheva pas. Après

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l’échec de la conspiration des Pazzi, elle le désignait avec Botticelli


pour retracer, sur la façade du Bargello, les images des suppliciés. En
1481, il abandonnait une Adoration des bergers, destinée aux moines
de San Donato a Scopeto. Elle contient déjà toute sa puissance
d’observation divinatrice, toute sa science de la mise en scène, toute
sa virtuosité de dessinateur, et laisse déjà pressentir les jeux infinis de
son clair obscur. Ludovic le More l’appelait alors à Milan. Peut-être,
avant son départ, acheva-t-il la Vierge aux rochers du Louvre. Il élar-
git à la mesure de son rêve, il para d’une splendeur profonde et som-
bre le paysage à la fois réel et fantastique où Verrocchio situait le bap-
tême du Sauveur ; mais personne encore n’avait peint avec une aussi
savante justesse le corps délicat de l’enfant Jésus et du petit saint
Jean ; et l’expression mystérieuse de la Vierge, l’expression plus mys-
térieuse de l’ange, appartiennent au secret de son génie.
Arezzo, ville toscane, sur le chemin de Pérouse et d’Assise, eut,
dans la seconde moitié du XVe siècle, un peintre qui continua la tradi-
tion de Giotto et les efforts de l’Angelico. Pierre dei Franceschi, plus
communément appelé della Francesca, né à Borgo San Sepolcro vers
1406, fréquenta les ateliers florentins. Nicolas V lui confia pour le Va-
tican des travaux qui n’ont pas subsisté. Il achevait, en 1468, de trai-
ter, à San Francesco d’Arezzo, le sujet développé un siècle plus tôt, à
Santa Croce de Florence, par un médiocre giottesque, la Légende de la
sainte Croix. Il suivit Jacques de Voragine avec un mélange de sobre
élégance et de majesté, une science innée des nobles attitudes, une
entente profonde des paysages. À son école s’était instruit Michelozzo
ou Melozzo Ambrogi de Forlì, qui, né en 1438, travailla pour Sixte
IV. La fresque où Platina, nommé bibliothécaire de la Vaticane,
s’agenouille devant le pape, groupa d’admirables portraits dans
l’atmosphère exacte de la librairie. La vaste Ascension, terminée en
1480 pour l’église des Saints Apôtres, et dont les débris laissent une
impression de force et d’harmonie, révélait aux Romains l’art du rac-
courci, p233 déjà pratiqué, avant cette date, par Mantegna. L’artiste
peignit encore, à la coupole de Loreto, quelques figures de prophètes
et d’anges ; il mourut à Forlì en 1494
Entre Arezzo et Pérouse, dans la petite ville toscane de Cortone, où
déjà fra Angelico avait décoré une église, naquit, peu après 1441, Luc
Signorelli. Élève, comme Melozzo, de Pierre della Francesca, il colla-
borait aux fresques de San Francesco. À Florence, où sans doute il

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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

admira l’œuvre d’André del Castagno, il peignit, pour Laurent de Mé-


dicis, l’École de Pan ; cette seule composition mythologique où il se
soit essayé le montre capable de comprendre l’art grec, et de commu-
niquer aux figures antiques une mélancolie moderne. Il groupait der-
rière la Vierge et l’Enfant des bergers demi-nus, qui, dans un paysage
aux lignes simples et sévères, une lumière calme et transparente, sem-
blent s’exercer aux attitudes de la palestre : Michel-Ange ne devait
pas les oublier. Mais comme Ghirlandaio, la fresque attirait Signorelli.
À la sacristie de Loreto, il peignit des anges musiciens, les quatre
Évangélistes, les quatre Pères de l’Église, la vocation de saint Pierre,
l’incrédulité de saint Thomas, la conversion de saint Paul. Il imagina
des personnages gravement drapés, de style sculptural, et, dans la der-
nière scène, sut trouver des effets violents et dramatiques. À la Sixti-
ne, la grande composition qui retrace avec une robustesse un peu
lourde les derniers épisodes de la vie de Moïse, fut probablement exé-
cutée sur ses dessins par son élève Pierre Dei. C’est vers la fin du siè-
cle, à la cathédrale d’Orvieto, qu’il allait manifester pleinement son
génie tragique et proche de Buonarroti.
En Ombrie se développait une nouvelle école. Le premier peintre
qui, à Pérouse, créa des œuvres importantes, Fiorenzo di Lorenzo,
semble procéder de Gozzoli, et sans doute connut les premières œu-
vres de Ghirlandaio. Il eut peut-être pour élève le Pérugin. Pierre
Vannucci, né en 1446 à Città della Pieve, près du lac Trasimène, alla
de bonne heure aider, aux fresques d’Arezzo, Pierre della Francesca. Il
étudia peut-être chez Verrocchio, visita la chapelle Brancacci. En
1481, il travaillait, avec Botticelli et Ghirlandaio, à la Sixtine. Il pei-
gnit, sur le mur du fond, Moïse sauvé des eaux, la Naissance de Jésus,
l’Assomption, qui disparurent pour laisser place au Jugement dernier
de Michel-Ange. Du moins subsiste la Remise des clefs à saint Pierre,
si profondément différente des fresques de Ghirlandaio et de Botticel-
li. Peut-être, avant le séjour à Rome, p234 avait-il achevé la Madone du
Louvre, entourée de deux saints et de deux anges : les visages mon-
trent déjà cette expression de douceur rêveuse que sans cesse il allait
rechercher pour traduire le sentiment chrétien. À la Sixtine, un vaste
espace vide sépare le groupe sacré du fond de la scène, où deux arcs
de triomphe romains et un temple dont Brunelleschi eût goûté
l’architecture laissent apparaître, dans leur intervalle, un paysage aux
arbres grêles, stylisés selon une formule qui, d’atelier en atelier, sem-

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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

ble s’être transmise des frères Van Eyck aux maîtres du XVe siècle fi-
nissant. Les figures d’apôtres se conforment aux traditions iconogra-
phiques ; mais l’artiste a voulu surtout rendre manifeste leur émotion
grave et contenue. Plus discrètement que Botticelli et Ghirlandaio, il
mêle aux personnages bibliques des portraits contemporains, traités
d’ailleurs avec un incomparable talent. Des années qui suivirent son
retour datent de nombreuses madones et le Saint Sébastien du Louvre.
Le paysage encore conventionnel qu’il avait esquissé dans la chapelle
pontificale, se transformait en une exacte campagne ombrienne, avec
la mollesse de ses lignes onduleuses, la légèreté verdoyante de ses
feuillages, où manquent l’olivier et le cyprès florentins ; il la baignait
d’une lumière aérienne, transparente et dorée. Cependant Bernardin di
Betto, né à Pérouse en 1454, illustre sous le nom de Pinturicchio, avait
collaboré à ses fresques de la Sixtine, et sans doute presque entière-
ment peint le Voyage de Moïse et le Baptême du Christ. Dès 1494,
Innocent VIII lui confiait la décoration de quelques salles et loges au
palais du Vatican : il y préludait à son chef-d’œuvre, la décoration des
appartements Borgia. Proche du Pérugin par son amour de la nature
ombrienne, par le dessin et la couleur, son goût de l’anecdote et un
orientalisme auquel le maître de Pérouse devait rester étranger le rap-
prochent de Gozzoli.
Dans l’Italie du nord, les peintres, comme les sculpteurs et les ar-
chitectes, se dérobaient à la maîtrise florentine. Charles Crivelli, for-
mé à Venise et à Padoue, travailla presque uniquement, entre 1468 et
1494, dans les Marches, à la cathédrale d’Ascoli, à Massa près de
Fermo, à Camerino. Ce Byzantin précieux donne à ses panneaux, sur-
chargés de dorures, un relief d’orfèvrerie et rappelle les Siennois par
sa recherche du style et de l’effet rare, par son goût des vêtements
luxueux et des coiffures étranges, par ce qu’il y a de maniéré dans les
attitudes de ses personnages, par le type et la tendresse pensive p235 de
ses Vierges aux yeux en amande. Il aima les costumes et les tapis
orientaux, le décor somptueux et net de la vie aux pays de l’islam ; il
sut aussi, dans ses crucifixions, dans ses Pietà, dessinées avec une
précision douloureuse, exprimer toute l’émotion du drame chrétien.
C’est à Venise qu’Antonello de Messine, après avoir longuement
habité la Sicile et la Calabre, vint s’établir en 1474. Né vers 1430, il
avait appris la peinture dans les ateliers de Naples, en relation cons-
tante avec les maîtres flamands, dont il fut en réalité l’élève. Malgré

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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

quelque monotonie dans la présentation de ses modèles, parmi les-


quels on ne compte que des hommes, il excelle au premier rang des
portraitistes italiens du XVe siècle. Observateur aigu et pénétrant, selon
l’esprit des peintres du nord, il donne à ses figures une expression hé-
roïque et sculpturale, et par sa couleur, chaude et profonde, par son art
d’équilibrer la lumière et l’ombre, il annonce les grands Vénitiens.
Rentré à Messine, il y mourut en février 1479.
Les deux frères Bellini, fils de Jacques, fondèrent à Venise une
puissante école. Gentile naquit en 1429. Un voyage à Constantinople,
en 1479, où, sur la demande de Mohammed II, il fut envoyé comme le
plus habile peintre de sa patrie, lui permit de prendre un contact pro-
longé avec l’Orient. Il en étudia les types, les costumes, les paysages ;
son portrait du sultan rappelle la miniature persane. Il revint, riche de
dessins et d’esquisses, dont ses élèves tirèrent d’abondantes leçons. Il
conta, en observateur curieux du pittoresque local, d’innombrables
anecdotes vénitiennes. Son frère Jean, plus jeune d’un an, fut par ex-
cellence le peintre de la Madone ; il transforma la gravité lointaine de
la Vierge byzantine en douceur affectueuse et en noblesse familière.
Son art composite emprunta beaucoup ; Mantegna, qui fondait alors
l’école de Padoue, inspira ses Pietà. Il apprit d’Antonello les secrets
flamands et devint un admirable portraitiste, dont la pénétration,
l’exacte et sobre facture, se manifestent avec éclat dans l’effigie du
doge Léonard Loredan. La sainte conversation autour de la Madone
prit l’aspect d’un concert sacré. Devant le trône, où la Vierge assise
montre avec une joie mélancolique l’enfant destiné à souffrir pour les
hommes, des anges chantent ou jouent de divers instruments ; saints et
saintes, debout, écoutent en silence. Tandis que se développait cet art
calme et grandiose, Alvise Vivarini introduisait dans ses toiles reli-
gieuses quelques emprunts à la p236 technique d’Antonello et quelques
idées de Jean Bellini. Victor Carpaccio, né vers 1461, plus proche déjà
des décorateurs et des miniaturistes orientaux, acquérait ce goût du
détail et de la couleur ardente, qui devait se manifester avec éclat,
après 1496, dans sa Légende de sainte Ursule.
Padoue avait, au XIVe siècle, vu travailler Giotto ; Donatello y avait
fondu ses bas-reliefs de la basilique et dressé la statue équestre de
Gattamelata. Dans la seconde moitié du XVe siècle une école y appa-
rut, qui, avant tout sculpturale, curieuse de dessin, de relief et de pers-
pective, donna peu de soins à la couleur. François Squarcione (1394-

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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

1474), qui avait, dans sa maison, réuni un véritable musée, en fut


l’initiateur. S’il ne se montra pas très capable de création, de nom-
breux peintres apprirent chez lui un art hautain et savant.
André Mantegna naquit probablement en 1431, à Isola di Carturo,
entre Padoue et Vicence ; il dut sa formation à l’étude des œuvres de
Donatello : mais, plus que le grand Florentin, il s’enthousiasma pour
la sculpture antique. Dès le Saint Luc, peint pour Sainte-Justine de
Padoue en 1454, apparaît une recherche active de la noblesse des atti-
tudes et des draperies. Au couvent des Eremitani, la légende de saint
Jacques et de saint Christophe se déroula dans un décor de palais et
d’arcs de triomphe romains ; statues, bas-reliefs, bustes classiques
s’animèrent et revécurent. Il s’appliquait en même temps à résoudre
les plus difficiles problèmes de la perspective et du raccourci. Bientôt
devenu le beau-frère des Bellini, il allait exercer, sur le développe-
ment du plus jeune, une influence réelle : mais en même temps il prit,
au contact des Vénitiens, un goût nouveau de la couleur, et désormais
introduisit dans ses œuvres plus d’émotions et de sentiment. Alors fut
peinte, entre 1457 et 1459, pour San Zeno de Vérone, la Vierge à
l’Enfant, assise sur un trône entouré d’anges chanteurs et musiciens,
qui rappellent d’assez loin la cantoria de Luc della Robbia. Le pan-
neau du Calvaire, qui ornait l’un des volets de ce triptyque, montre
encore une fois comment l’artiste avait réussi, par la pensée et par
l’étude, à se faire le contemporain des anciens. Il concevait pourtant,
vers la même époque, ce Saint Georges debout, appuyé sur sa lance et
cuirassé, que Dürer certainement admira. Vers la fin de 1459, Mante-
gna passait au service des Gonzague. Entre 1465 et 1474, il décorait,
au vieux château de Mantoue, la Camera degli sposi. Avant que la
Florence médicéenne n’apparût au chœur de p237 Santa Maria Novella,
ses fresques avaient fixé l’image magnifique d’une cour princière. Les
histoires d’Orphée et d’Hercule, quelques médaillons où s’encadrent
des profils romains, décorent la grisaille du plafond ; au centre, une
baie circulaire, bordée d’un balustre de marbre, où se penchent en
riant des figures de femmes et de serviteurs, semble s’ouvrir sur un
ciel lumineux, parcouru de nuages légers. Ainsi Mantegna, au château
de Mantoue, annonçait Véronèse. Toujours en faveur auprès des Gon-
zague, il passa deux ans à Rome sous Innocent VIII, peignit dans la
chapelle du Belvédère des fresques disparues, consacra, en 1492, au
Triomphe de César quelques grandes toiles, où son érudition

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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

d’archéologue évoquait avec une étonnante exactitude la Rome païen-


ne. Cependant il perfectionnait sa technique, et cette science de la
perspective dont témoigne le Christ mort du musée Brera.
À Ferrare, où les princes de la famille d’Este réunissaient artistes et
poètes, où Boiardo rajeunissait la vieille épopée chevaleresque et fon-
dait le cycle breton avec le cycle de Charlemagne, Cosme Tura, dessi-
nateur sévère et coloriste excellent, déployait aux murs du palais ducal
ses triomphes mythologiques et les cortèges de ses fêtes de cour. Dans
les salles de Schifanoia, où, de 1465 à 1470, il célébrait avec l’aide de
François del Cossa les travaux et les jeux rustiques, sa verve familière
et joyeuse rappelle Gozzoli et Pinturicchio.
Une école milanaise se développait. Dans ses figures des Pères de
l’Église à Sant’Eustorgio, dans son Martyre de saint Sébastien au mu-
sée Brera, Vincent Foppa, né à Brescia entre 1427 et 1430, apparaît
proche de Squarcione et déjà capable de comprendre Mantegna. Le
meilleur élève de Foppa, Ambroise de Fossano, dit le Bergognone,
travaillait, entre 1488 et 1495, à la Chartreuse de Pavie. Ses calvaires,
ses images de saints manifestent les dons rares d’un artiste grave et
religieux, qui volontiers, comme les miniaturistes et fra Angelico, re-
hausse d’or ses images, mais possède une science impeccable du des-
sin. Déjà la peinture lombarde se renouvelait, grâce au génie de Léo-
nard. Il s’était établi, vers 1483, à la cour de Ludovic le More. Ses
études pour la statue équestre de François Sforza l’absorbèrent long-
temps. Vers 1494, à la demande d’une confrérie milanaise, il donnait,
de la Vierge aux rochers, la réplique, d’un accent moins vigoureux,
que conserve la National Gallery. Il travaillait déjà, dans le réfectoire
de Sainte-Marie-des-Grâces, à l’œuvre capitale de sa vie, la Cène,
achevée en 1497. p238

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Table des matières

Bibliographie du chapitre X
La préparation de la Renaissance

OUVRAGES D’ENSEMBLE À CONSULTER. — On reportera soit aux histoires généra-


les des diverses littératures (Rossi, Lanson, Bédier et Hazard, Fitzmaurice
Kelly, Gonzalez Palencia, Cambridge history of English literature) citées p.
249 et 508 de la 1re Partie et, pour l’Allemagne, à l’Histoire du peuple alle-
mand de Janssen, citée ici-même, p. 188, soit aux histoires de l’art et de la Re-
naissance dans les divers pays d’Europe (Müntz, Venturi, Réau et Dimier, Til-
ley) cités p. 276, 289, 546 de la 1re Partie. Vues d’ensemble suggestives dans
J. Burckhardt, Die Kultur der Renaissance cité p. 249 de la 1re Partie, et dont
il existe une traduction française.

I. L’humanisme et les lettres en Italie


OUVRAGES À CONSULTER. — Outre les ouvrages cités p. 106, voir, sur Laurent le
Magnifique, A. Reumont, Lorenzo de’ Medici il Magnifico (LeijKtg, 1874, 2
vol. in-8o). Il n’existe aucune œuvre d’ensemble sur Politien. L’essentiel, sur
les poèmes de Pulci et de Boiardo, se trouve dans le livre classique de Pio
Rajna, Le fonti dell’Orlando furioso (Florence, 1876, in-8° ; 2e éd. 1900) ;
voir également F. Foffano, Il poema cavalleresco, (Milan, 1905, in-8o) ; Ernst
Walser, Lebens und Glaubensprobleme aus dem Zeitalter der Renaissance ;
die Religion des Luigi Pulci ; ihre Quellen und ihre Bedeutung (Marburg,
1926, in-8°) ; Henri Hauvette, L’Arioste et la poésie chevaleresque à Ferrare
au début du XVIe siècle (Paris, 1927, in-8°, dans la « Bibliothèque littéraire de
la Renaissance »). — Sur Sannazar, voir E. Bellon, De Sannazari tita et ope-
ribus (Paris, 1895, in-8°) ; E. Carrara La poesia pastorale (Milan, 1905, in-8°,
dans la collection « Storia dei generi letterari italiani »).

II. L’humanisme et les lettres hors d’Italie


OUVRAGES À CONSULTER. — G. Lanson, Histoire illustrée de la littérature fran-
çaise, t. I, et Histoire de la littérature française illustrée, publiée sous la direc-
tion de J. Bédier et de P. Hazard, t. I, cités p. 249 de la 1re Partie ; les ouvrages
de Pietro Toldo (Contributo allo studio della novella francese),
W. Soederhjelm (La nouvelle française), P. Champion (Histoire poétique du
XVe siècle et Vie de Charles d’Orléans) cités ibid. p. 531 ; P. Champion,
François Villon, sa vie et son temps (Paris, 1913, 2 vol. in-8o) ; L. Petit de Jul-

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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

leville, Les mystères, cité ibid., et Répertoire du théâtre comique en France au


moyen âge (Paris, 1885, in-8°) ; Gustave Cohen, Le théâtre en France au
moyen âge ; I : Le théâtre religieux (Paris [1928], 80 p, petit in-8°) ; du même,
Histoire de la mise en scène dans le théâtre religieux français du moven âge
(Paris et Bruxelles, 1906, in-8° ; 2e éd. augmentée, 1926) ; G. Doutrepont, La
littérature française à la cour des ducs de Bourgogne (Paris, 1909, in-8°) ;
H. Guy, Histoire de la poésie française au XVIe siècle, t. I : Les grands rhéto-
riqueurs (Paris, 1910, in-8°) ; Kervyn de Lettenhove, Lettres et négociations
de Philippe de Commynes (Bruxelles, 1867-1874, 3 vol. in-8°) ; Philippe de
Commynes, Mémoires, édités par J. Calmette et G. Durville (Paris, 1924-
1925, 3 vol. in-8°, de la collection « Les classiques de l’histoire de France au
moyen âge ») ; V.-L. Bourrilly, Les idées politiques de Commynes, dans la
Revue d’histoire moderne et contemporaine, t. I (1899), p. 93-123 ; vue
d’ensemble sur la littérature française de la seconde moitié du XVe siècle dans
A. Tilley, The dawn of the French Renaissance (Cambridge, 1918, in-8°). —
Sur l’Espagne et l’Angleterre, voir 1re Partie, p. 249, n. 1. — Pour
l’Allemagne, outre J. Janssen, Geschichte des deutschen Volkes (cité p. 188),
et Ch. Schmidt, Histoire littéraire de l’Alsace (cité ibid.), voir Das Narrens-
chiff von Sebastian Brant, publ. par K. Gaedeke et Julius Tittmann (Leipzig,
1872, in-16).

III. L’architecture gothique et classique


OUVRAGES À CONSULTER. — Se reporter à la 1re Partie, p. 539-540. Ajouter, pour
la France, L. Palustre, La Renaissance en France (Paris, 1879-1889, 3 vol. in-
4o) ; C.-H. von Geymüller, Die Baukunst der Renaissance in Frankreich
(Stuttgart, 1898-1901, 2 vol. in-4°) ; W.-H. Ward, Architecture of the French
Renaissance (Londres, 1911, 2 vol. in-4°). —Pourl’Italie, outre E. Müntz,
M. Reymond, A. Venturi (t. VIII, 2e vol.), cités 1re Partie, p. 546, n. 1, voir
E. Müntz, Les arts à la cour des papes pendant le XVe et le XVIe siècle ; re-
cueil de documents inédits tirés des archives et des bibliothèques romaines
(Paris, 1878-1882, 5 vol. in-8°, fasc. 4, 9, 28 de la « Bibl. des Écoles françai-
ses d’Athènes et de Rome »), et E. Rodocanachi, Une cour princière au Vati-
can. Sixte IV, Innocent VIII, Alexandre VI Borgia (Paris, 1925, in-4°) ;
H. Semper, Bramante (Berlin, 1897, in-8o, coll. du Jahrbuch der königl.
preuss. Sammlungen ») ; H. von Geymüller, The school of Bramante (Lon-
dres, 1891, in-8°, dans les publications du « Royal Institute of British archi-
tects ») ; Marcel Reymond, Bramante et l’architecture italienne au XVIe siècle
(Paris, 1914, in-8°, coll. « Les grand« artistes ») ; Fr. Malaguzzi Valeri, La
corte di Ludovico il Mora, Bramante e Leonardo da Vinci (Milan, 1915, 2 vol.
in-8°). — Sur l’influence de l’architecture italienne en Russie, voir L. Réau,
L’art russe des origines à Pierre le Grand, cité p. 124.

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IV. L’évolution de la sculpture


OUVRAGES À CONSULTER. — Se reporter à la 1re Partie, p. 546-547, note. Ajouter,
pour la France, Paul Vitry, Michel Colombe et la sculpture française de son
temps (Paris, 1901, gr. in-8°) ; R. Koechlin et J.-J. Marquet de Vasselot, La
sculpture à Troyes et dans la Champagne méridionale au XVIe siècle ; essai
sur la transition de l’art gothique à l’italianisme (Paris, 1900, gr. in-8°) ; pour
l’Italie, outre l’ouvrage cité de Marcel Reymond, La sculpture florentine,
t. III : Seconde moitié du XVe siècle (Florence, 1899, in-4°), et, dans l’Histoire
de l’art, publ. sous la direction d’André Michel, t. IV : La Renaissance 1re par-
tie (1909), le chap. II (La sculpture italienne jusqu’à la mort de Michel-Ange),
par A. Michel ; D. Angeli, Mino da Fiesole (Florence, 1904, in-8°) ; H. Sem-
per, Andrea Verrocchio (Leipzig, 1878, in-8°) ; H. Mackowski, Verrocchio
(Bielefeld et Leipzig, 1901, in-8°, coll. des « Künstlermonographien ») ; Mar-
cel Reymond, Verrocchio (Paris, 1906, in-8°, coll. « Les maîtres de l’art »).

V. L’évolution de la peinture aux Pays-Bas, en Allemagne


et en France
OUVRAGES À CONSULTER. — Se reporter à la 1re Partie, n. 1 de la p. 553. Ajouter,
dans l’Histoire de l’art, publ. par A. Michel (citée p. 216), t. V, 1re partie
(1912), le chap, V (La peinture dans les Pays-Bas), par L. de Foucaud ; Louis
Réau, Les primitifs allemands, étude critique (Paris, (1910|, in-8°) :
M. Thausing, Albrecht Dürer, Geschichte seines Lebens und seiner Kunst
(Leipzig, 1876, in-8o ; 2e éd. 1884, 2 vol. in-8°) ; H. Knackfuss, Dürer (Biele-
feld et Leipzig, 1899, in-8°, coll. des « Künstlermonographien ») ;
H. Wölfflin, Die Kunst Albrecht Dürers (Munich, 1905, in-8°) ; A. Tilley, The
dawn of the French Renaissance (Cambridge, 1918, in-8°).

VI. L’évolution de la peinture en Italie


OUVRAGES À CONSULTER. — Se reporter à la 1re Partie, n. 1 de la p. 553, et voir,
dans l’Histoire de l’art publiée par A. Michel, t. IV, 1re partie (1909), le chap,
III (La peinture italienne), par A. Pératé ; dans la Storia dell’arte italiana
d’Adolfo Venturi, le t. VII : La pittura del Quattrocento (Milan, 1911-1915, 4
vol. in-4°) ; G. Soulier, Les influences orientales dans la peinture toscane (Pa-
ris, 1924, in-8°).
Ajouter, pour la peinture toscane, H. Stokes, Life of Benozzo Gozzoli (Lon-
dres, 1903, in-8°) ; Urbain Mengin, Benozzo Gozzoli (Paris, 1909, in-8°, coll.
« Les maîtres de l’art ») ; Maud Cruttwell, Antonio Pollaiuolo (Londres, 1907,
in-8°) ; Ernst Steinmann, Ghirlandaio (Bielefeld et Leipzig, 1897, in-8°, coll.
des « Kunstlermonograpaien ») ; H. Hauvette, Ghirlandaio (Paris, 1907, in-8°,
coll. « Les maîtres de l’art ») ; I.-B. Supino, Sandro Botticelli (Florence, 1900,
in-4°) ; Ch. Diehl, Botticelli (Paris, 1906, in-8°, coll. « Les maîtres de l’art ») ;

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

René Schneider, Botticelli (Paris, 1911, in-8°) ; Ad. Venturi, Il Botticelli in-
terprete di Dante (Florence, 1921, in-8°) ; I.-B. Supino, I due Lippi (Florence,
1905, in-8°) ; K. Witting, Piero della Francesca (Strasbourg, 1898, in-8°) ;
W.-G. Waters, Piero della Francesca (Londres, 1908, in-8°) ; A. Schmarsow,
Melozzo da Forlì (Berlin, 1886, in-8°) ; Maud Cruttwell, Luca Signorelli
(Londres, 1899, in-8°) ; Ad. Venturi, Luca Signorelli interprete di Dante (Flo-
rence, 1921, in-8°) ; du même, Luca Signorelli (Florence, 1922, in-4°) ; Jean
Alazard, Le portrait florentin de Botticelli à Bronzino (Paris, 1924, in-4°).
Pour la peinture ombrienne, voir B. Berenson, Central painters of the Re-
naissance (Londres, 1909, in-8°), trad. française, Les peintres de l’Italie cen-
trale, par L. Gillet (Paris, 1926, in-8°) ; Walter Bombe, Geschichte der peru-
giner Malerei bit zu Perugino und Pintoricchio (Berlin, 1912, in-4°, coll. des
« Italienische Forschungen ») ; du même, Perugino, des Meisters Gemälde
(Stuttgart, 1914, in-8°) ; Fr. C. Williamson, Pietro Vannucci called Perugino
(Londres, 1908, in-8°) ; Jean Alazard, Pérugin, biographie critique (Paris,
1927, in-8°, coll. des « Grands artistes » ; A. Schmarsow, Pinturicchio in Rom
(Stuttgart, 1880, in-8°) ; E. Steinmann, Pinturicchio (Bielefeld et Leipzig,
1898, in-8°, coll. des « Künstfermonographien ») ; Corrado Ricci, Pintoric-
chio (Paris, 1903, in-8°) ; A. Goffin, Pintoricchio (Paris, 1908, in-8°, coll.
« Les maîtres de l’art ») ; René Schneider, Pérouse (Paris, 1914, in-8°, collec-
tion des « Villes d’art célèbres >).
Pour les travaux de la Sixtine, voir E. Müntz, Les arts à la cour des papes
pendant le XVe et le XVIe siècle, cité p. 210 ; Ernst Steinmann, Die Sixtinische
Kapelle (Munich, 1901-1904, 2 vol. in-4o) ; Ad. Venturi, La Cappella Sistina
(Rome, 1926, in-8°) ; E. Steinmann, Rom in der Renaissance (Leipzig, 1902,
in-8°) ; E. Bertaux, Rome, t. II (Paris, 1905, in-8°, coll. des « Villes d’art ») ;
E. Rodocanachi, Une cour princière au Vatican pendant la Renaissance, cité
p. 210.
Sur les Vénitiens, les volumes cités dans la 1re Partie, p. 554, de
B. Berenson (The Venitian painters of the Renaissance), de Lionello Venturi
(Le origine della pittura veneziana) et de G. Gronau (Die Künstlerfamilie Bel-
lini) ; G. et L. Rosenthal. Vittore Carpaccio (Paris, 1906, in-8°, coll. les
« Grands artistes ») ; G. Ludwig et P. Molmenti, Vittore Carpaccio (Milan,
1906, in-8o).
Sur les écoles septentrionales, J. A. Crowe et J. B. Cavalcaselle, A history
of painting in North Italy (Londres, 1871, 2 vol. in-8°) ; B. Berenson, The
North Italian painters of the Renaissance (New-York et Londres, 1907, in-
8°) ; Gustave Grayer, L’art ferrarais (Paris, 1897, 2 vol. in-8o) ; H. Thode,
Mantegna (Bielefeld et Leipzig, 1897, in-8°, coll. des « Künstlermonogra-
phien ») ; Ch. Yriarte, Mantegna, sa vie, sa maison, son tombeau, son œuvre
dans les musées et les collections (Paris, 1901, in-8°) ; Fr. Knapp, Mantegna
(Stuttgart, 1901, in-8°, coll. des « Klassiker der Kunst »).
Sur Léonard, voir les livres cités p. 179, et G. Séailles, Léonard de Vinci
(Paris, 1903, in-8°, coll. « Les maîtres de l’art ») ; Woldemar von Seydlitz,
Leonardo da Vinci, der Wendepunkt der Renaissance (Berlin, 1909, 2 vol. in-

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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

8°) ; Osvald Siren, Leonardo da Vinci (Stockholm, 1911, in-8° ; trad. anglaise,
Londres, 1916, in-8°) ; Lionello Venturi, La critica e l’arte di Leonardo da
Vinci (Bologne, 1919, in-8°) ; Giovanni Poggi, Leonardo da Vinci ; la Vita di
Giorgio Vasari, nuovamente commentata (Florence, 1919 in-8°) ; Adolfo
Venturi, Leonardo da Vinci pittore (Bologne, 1920, in-8°) ; A. Schiaparelli,
Leonardo ritrattista (Milan, 1921, in-8°) ; Tristan Klingsor, Léonard de Vinci
(Paris, 1930, in-8°, coll. « Les maîtres de l’art ancien »).

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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Table des matières

Conclusion

Sans doute la tentative peut sembler vaine de marquer en quelques


pages le point où aboutit l’effort trouble et dispersé des deux siècles,
si chargés d’événements, auxquels ce livre est consacré. Quelques
idées, quelques faits essentiels retiennent pourtant l’attention.
Nous avons dû, à plusieurs reprises, signaler la lente destruction de
l’ordre chrétien, que Dante, lors de la descente d’Henri VII en Italie,
fondait encore sur la double autorité du Saint-Siège et de l’Empire.
Ces deux institutions n’offrent plus au monde moderne l’assise qui,
dès les dernières années du XIIIe siècle, commençait à se dérober.
La décadence du prestige pontifical se manifeste avec éclat dans le
temporel : conséquence ou châtiment des ambitions sans mesure
conçues par les grands papes du moyen âge, lorsqu’ils avaient préten-
du joindre, comme l’écrit Dante, la spada col pastorale, le glaive et la
crosse pastorale. Le Saint-Siège essayait alors de jouer une partie qu’il
ne pouvait gagner. Trop certainement les États laïques auraient fini
par échapper, de gré où non, à la domination d’un pouvoir spirituel
dont la force n’égalait pas l’orgueil. C’est pourquoi la papauté dut su-
bir les violences de Philippe le Bel, s’humilier avec Clément V devant
la monarchie capétienne, se plier, pendant l’exil d’Avignon, aux exi-
gences de la politique française, supporter l’épreuve du Grand Schis-
me, aggravée et prolongée à plaisir par les princes, et qui ne se termi-
na pas avant le jour où ils s’accordèrent pour y mettre fin. Si le Saint-
Siège proclame encore de façon hautaine les doctrines de Grégoire
VII et de Boniface VIII, il n’a pourtant jamais réussi et ne réussira ja-
mais à les faire admettre des gouvernements qui, de plus en plus, re-
jettent sa tutelle. Les ambitions temporelles n’ont abouti qu’à trans-
former le Patrimoine de saint Pierre en un État italien. Prince parmi
d’autres princes, le successeur p239 d’Innocent IV, en ces dernières an-

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

nées du XVe siècle, semble s’accommoder aisément d’une grandeur


diminuée.
Le déclin de son prestige n’apparaît guère moindre au spirituel.
Pour laisser quelques instants de côté les causes d’ordre proprement
religieux, dont on ne saurait atténuer la gravité, l’aversion des clercs
et des fidèles, en de nombreux pays chrétiens, répond à l’absolutisme
ecclésiastique instauré par les grands papes. Rome avait provoqué, par
ses abus d’autorité comme par les exigences de son fisc, la résistance
des clergés nationaux, à laquelle les gouvernements s’étaient associés.
Ainsi naquit la doctrine conciliaire et gallicane ; elle attribua au syno-
de universel le droit suprême d’enseigner et de commander, et, dans
l’Église catholique, ne voulut reconnaître qu’une fédération d’Églises,
toutes également représentées à ses assises générales, en possession de
leurs usages et de leurs franchises. Les gallicans, à Constance, à Bâle,
faillirent triompher ; les papes ont pu vaincre le concile avec l’appui
des princes laïques ; ils n’ont pu vaincre la doctrine conciliaire ni bri-
ser l’opposition permanente des Églises, bientôt encouragée par les
grands États.
En vain Henri VII a tenté d’imposer son autorité aux princes et aux
villes d’Italie ; en vain Louis de Bavière a très énergiquement soutenu
ses droits contre le sacerdoce, Charles IV affranchit les électeurs de
toute ingérence pontificale : malgré les services rendus par Sigismond,
lors de l’assemblée de Constance, à la cause de l’unité catholique,
l’Empire est encore plus affaibli que le Saint-Siège. Les princes alle-
mands respectent peu celui de leurs pairs qu’ils ont revêtu de la digni-
té impériale. Bien que fixée depuis un demi-siècle chez les Habs-
bourg, elle ne confère à Frédéric III aucun prestige en Allemagne ni
en Europe. Nul ne reconnaît en lui la magistrature à la fois romaine et
chrétienne qui, pour Dante, est le partage du successeur de César. Le
terme de Saint-Empire romain germanique n’a pas disparu du vocabu-
laire ; il n’exprime plus aucune réalité morale, politique ou territoriale.
L’Europe n’admet plus l’essence divine ni le rôle universel de
l’institution ; le particularisme des princes et des villes n’accepte pas
l’idée d’un État impérial d’Allemagne. Malgré le mariage de Maximi-
lien avec la fille du Téméraire, on ne saurait prévoir l’étonnante ac-
cumulation d’héritages, en vertu desquels Charles Quint pourra de
nouveau revendiquer des titres à la monarchie universelle. La résis-
tance de l’Europe, qui leur opposera la notion positive p240 et moderne

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

d’équilibre, l’échec du plus grand des Habsbourg, manifesteront dans


un demi-siècle l’irrémédiable déchéance de l’Empire.
La disparition de l’ordre idéal du monde laisse le champ libre à la
concurrence des États. Les uns, comme la France, vigoureusement
reconstituée par Louis XI, comme l’Angleterre, à laquelle les premiers
Tudors imposent un gouvernement autoritaire et centralisé, comme
l’Espagne, où le mariage de Ferdinand et d’Isabelle rapproche Aragon
et Castille, possèdent assez de ressources et de forces pour se disputer
la prééminence en Europe. D’autres, entre lesquels se divisent les pays
qui restent de simples expressions géographiques, Italie ou Allema-
gne, ne peuvent se permettre de si hautes ambitions : sauf Venise,
puissance orientale et coloniale, leur horizon ne dépasse guère le
monde germanique ou la péninsule. Mais déjà les rivalités ardentes
des États italiens ont plus d’une fois provoqué depuis deux siècles les
interventions étrangères. La Lombardie, Naples, ont depuis trop long-
temps attiré Allemands, Français, Hongrois, Aragonais ; une tradition
d’entreprises de magnificence en Italie va longtemps encore éblouir
les hommes qui dirigent la politique des grands royaumes. Vers les
extrémités de l’Europe chrétienne, la Pologne, la Hongrie,
s’organisent en États modernes. Les royaumes Scandinaves poursui-
vent leurs querelles obscures, les pays russes lentement sortent de la
barbarie. À l’Europe chrétienne, travaillée d’incessants conflits,
s’oppose l’Empire ottoman, qui, maître des Balkans, atteint
l’Adriatique et le Danube, et représente maintenant, avec une vigueur
nouvelle, l’Islam affaibli dans le Maghreb, en Égypte, en Perse, dans
les royaumes et les principautés innombrables de l’Inde. Au-delà,
l’existence confuse et silencieuse des masses chinoises, les guerres
civiles qui déchirent le Japon, restent inaperçues.
On peut se demander quelles rivalités véritables et profondes
s’expriment par cette concurrence des États européens. Sans doute,
elle traduit d’abord les ambitions dynastiques, égoïstes, souvent ab-
surdes et mesquines, de familles princières avides de terres et de ri-
chesses. Mais, derrière la façade souvent dérisoire qu’offrent les États,
devine-t-on l’existence de ce qu’on peut appeler des nations ? En
France, en Angleterre sans doute, où cent années de guerre ont permis
au sentiment national de se définir et d’éprouver sa vigueur ; en Espa-
gne, où la centralisation monarchique semble satisfaire, malgré le par-
ticularisme p241 castillan ou aragonais, la conscience, renforcée par la

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

lutte contre l’Islam, d’une certaine unité ethnique et spirituelle. Mais,


assurément, nulle idée nationale n’eût soutenu cet État flamand-
bourguignon, qui, sans la disparition de Charles le Téméraire, aurait
probablement grandi et prospéré le long des voies commerciales qui
unissent la mer du Nord à l’Italie. Et, d’autre part, il existe de vastes
pays où le sentiment national déjà s’est éveillé et pourtant n’imposera
pas avant longtemps la création d’un État unitaire et indépendant.
Dante et Pétrarque savent donner à l’âme italienne une expression
inoubliable ; on trouverait dans l’Empire, vers la fin du XVe siècle, et
notamment chez les humanistes, une idée confuse mais forte de
l’Allemagne, de son génie, de sa puissance ; et toutefois rien ne laisse
prévoir une Italie ou une Allemagne. D’ailleurs, dans certains États,
dont les progrès se justifient par la coïncidence de leur territoire avec
le domaine d’une nation, la politique des princes en trahit fréquem-
ment les intérêts permanents et réels. Les Valois, pendant plus de cin-
quante ans, vont égarer l’effort militaire et diplomatique de la France
à la recherche de conquêtes inutiles en Italie. De là, dans les grandes
affaires des États européens, un élément encore primitif, qui échappe
au calcul, à la prévision, et contraste avec le caractère déjà moderne
des plus puissants d’entre eux.

***

Le gouvernement des hommes s’exerce, dans l’Europe chrétienne,


selon des formes variées, dont la diversité se réduit à l’opposition de
deux types essentiels et de deux doctrines. La tradition impériale de
Rome, formulée dès le XIIIe siècle par les légistes languedociens et
français, soumet étroitement au prince, identifié avec l’État, les indi-
vidus et les collectivités. La tradition féodale maintient énergiquement
les droits des corps ecclésiastiques, des seigneuries, des bourgeoisies
urbaines. La coexistence des deux théories explique l’incohérence des
institutions. Le régime monarchique, autoritaire et centralisé, à la ro-
maine, ne fonctionne réellement que dans les États italiens, issus des
tyrannies médiévales ou de l’usurpation des chefs de bandes. Aucun
respect d’aucun droit établi n’y a gêné le fondateur, libre d’organiser
véritablement la concentration des pouvoirs entre les mains d’un seul
homme, qui, du haut p242 de son autorité sans limites, domine les par-
tis, les groupes d’intérêts, les rivalités de classe et arrive à ne repré-

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

senter que l’idée abstraite de l’État. Les royaumes de France et


d’Angleterre évoluent sans nul doute vers l’absolutisme. Les assem-
blées des trois ordres en France, les Parlements mêmes d’Angleterre,
ne semblent plus que survivances du passé. Et pourtant, c’est avec
peine que les deux grandes monarchies d’Occident se dégagent des
traditions médiévales, dont certaines conservent le plus haut prix et ne
périront pas.
Partout ailleurs, la transformation s’accomplit sur un rythme plus
lent. La royauté polonaise, malgré sa puissance apparente et dont té-
moignent d’importants succès, ne saura jamais imposer au particula-
risme féodal la discipline d’un État centralisé. Les héritiers du Témé-
raire devront compter avec les franchises provinciales et locales ;
avant un siècle, Philippe II se repentira de les avoir négligées. La
commune libre subsiste dans l’Empire, aux Pays-Bas, en Italie ; à Ve-
nise, elle est devenue capitale d’une puissante république maritime et
de terre ferme. La doctrine évidemment féodale qui a légitimé les
premiers progrès de seigneuries collectives et bourgeoises, évolue se-
lon les conceptions juridiques et morales que l’humanisme emprunte à
l’histoire consulaire de Rome ; et si de plus en plus on semble admet-
tre qu’un grand État ne peut se constituer qu’en monarchie, à la per-
sistance de ces formes républicaines est réservée pour l’avenir une
singulière fortune dans le domaine des idées et des faits.

***

Les principaux États européens tendent à créer autant d’unités éco-


nomiques. On ne saurait en douter pour la France, pour l’Angleterre,
pour l’Espagne, pour Venise, pour les Pays-Bas. Les progrès du capi-
talisme commercial, de plus en plus appliqué à la rénovation de
l’industrie, condamnent à disparaître la vieille économie urbaine et
facilitent la naissance d’une économie qu’il est convenu d’appeler na-
tionale, et qui a pour cadre les domaines territoriaux des États. Ces
diverses unités ne peuvent s’isoler les unes des autres : bien rares sont
les pays qui, dès cette époque, se suffiraient à eux-mêmes. Fortement
solidaires et déjà rivales, elles se disputent déjà la possession des mo-
nopoles et des marchés. Cependant, les gouvernements, désireux
d’accroître leurs ressources financières, p243 que de plus en plus ils
doivent attendre de l’impôt, ont pris l’habitude d’intervenir à la fois

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

pour stimuler la production industrielle et pour contrôler les échanges,


selon des conceptions déjà mercantilistes que très nettement un Louis
XI sait formuler. Les relations commerciales des grands États acquiè-
rent ainsi un aspect de guerre. De la sorte, les intérêts du négoce et de
l’industrie qui, depuis plusieurs siècles, dominaient l’activité politique
et militaire des cités italiennes ou flamandes, commencent à jouer,
dans les querelles européennes, un rôle de plus en plus important.
Mais tandis que s’ébauchent les traits essentiels de l’histoire écono-
mique des temps modernes, la carte des étapes commerciales va se
modifier profondément. La Méditerranée, depuis l’établissement des
Turcs au Levant, cesse d’être la grande voie des échanges entre
l’Occident et le monde oriental ; et bientôt la découverte de la route
maritime des Indes va déplacer vers l’Atlantique le trafic européen.
On peut se demander si les États, qui se renforcent à la fin du XVe
siècle, assurent au monde chrétien, sans cesse menacé par la guerre,
travaillé par les crises que provoquent les progrès du capitalisme et la
décadence des anciens métiers, quelque stabilité sociale. Déjà le XIVe
siècle avait vu éclater, en Flandre, en Italie, en Angleterre, en France,
des troubles redoutables, dont les causes essentielles subsistaient ag-
gravées. Il semble que le contraste de richesses trop rapidement acqui-
ses et de misères sans remèdes, l’hostilité croissante du prolétariat ur-
bain contre l’industrie capitaliste, entretiennent dans les grandes villes
commerciales et industrielles la possibilité constante de soulèvements
populaires, qui peuvent devenir singulièrement dangereux s’ils se
conjuguent avec l’émeute des paysans exaspérés par le poids des re-
devances féodales, des tailles et des gabelles. Toutefois — indice évi-
dent de la force nouvelle de l’État, et sans doute aussi d’une réelle
prospérité économique au déclin du moyen âge — ces luttes de classe,
auxquelles le monde occidental semblait toujours exposé, ne devaient
se déchaîner avec une réelle gravité que dans les pays où l’autorité
politique se trouvait naturellement débile ou affaiblie par les circons-
tances : soit en Espagne, lors de la révolte des Comuneros, soit dans
l’Empire, vers les dernières années de Maximilien, et surtout à la suite
de l’immense ébranlement provoqué par la Réforme luthérienne, p244

***

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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Si l’on tente de résumer l’évolution religieuse, intellectuelle et mo-


rale des temps qui viennent de s’écouler, il apparaît d’abord que la
décadence politique du Saint-Siège, la diminution de son autorité sur
les Églises, les luttes qu’il a soutenues contre elles, son impuissance à
réaliser l’union des Latins contre la menace des Turcs, le mauvais
gouvernement des papes, les scandales de leur cour, déterminent une
sensible et générale désaffection à l’égard de Rome. Sous l’orthodoxie
officielle des États, et bien que la croyance reste vive et dans
l’ensemble inébranlée, circule un courant ininterrompu de pensée hé-
rétique. Les Cathares sont oubliés, avec les Franciscains spirituels et
les Fraticelles ; mais les Vaudois professent toujours que l’Église tra-
hit l’Évangile, et les héritiers de Joachim de Flore n’ont pas renoncé à
l’espoir d’un renouveau du monde par l’intervention de l’Esprit. Wy-
clif et Jean Hus ont, l’un après l’autre, dit la nécessité de rendre aux
fidèles la Bible mal connue. Certaines affirmations de principes, cer-
taines règles de méthode sur lesquelles les hardiesses anciennes des
hérésies s’accordent avec la jeune science philologique et historique
des humanistes, se sont hautement produites, et les Réformateurs du
e
XVI siècle sans peine les recueilleront. Déjà leur efficacité redoutable
a pu se manifester ; tout un peuple a pu se soulever au nom de
l’Évangile, où il lisait la négation de l’enseignement des théologiens.
Pourtant l’effort de la Bohême n’a guère abouti qu’à une Réforme
manquée. L’Église utraquiste, avec qui Rome a dû composer, reste
faible, sans prestige de doctrine ou de vertu. La vigueur des vieilles
hérésies semble lentement s’épuiser ; les nouvelles n’ont pas réussi à
bouleverser le monde. Rien ne laisse véritablement prévoir en Europe
une révolution religieuse, à laquelle les conflits et les scandales du
Grand Schisme étaient plus propices. Même la rénovation de la vie
intellectuelle par l’humanisme, on le verra, ne semble pas la préparer
efficacement. Rien ne peut annoncer à l’Église catholique la venue,
cependant prochaine, d’un contradicteur assez puissant pour réveiller
la protestation traditionnelle ou récente des hérésies, accorder avec
l’esprit biblique des Lollards et l’évangélisme bohémien l’exégèse
philologique et historique des humanistes, et, plus haut encore que
Wyclif ou Jean Hus, parler au nom des p245 droits de la conscience
humaine et des légitimes griefs d’une nation.
En second lieu, la science positive, dont les maîtres d’Oxford et
Roger Bacon, dès le XIIIe siècle, devinaient l’avenir et définissaient les

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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

méthodes, a été publiquement pratiquée à Paris, vers le milieu du siè-


cle suivant, lorsque les ockhamistes, sans plus se soucier d’Aristote ni
de théologie, ont créé sur les bases du calcul et de l’observation la
physique moderne. Nul progrès toutefois ne devait être plus lent que
celui d’une étude objective et scientifique du monde. Les hommes du
moyen âge finissant ne possédaient pas encore les instruments néces-
saires à l’expérience et ne concevaient qu’avec peine l’art de la
conduire et de l’interpréter. Du moins, la tradition des professeurs
d’Oxford et de Paris, abandonnée au XVe siècle par leurs élèves, mais
recueillie par Nicolas de Cues, par les physiciens et les cosmographes
de Vienne et de Nuremberg, s’était transmise aux mathématiciens et
aux astronomes d’Italie. Tandis que, pour vérifier une de leurs hypo-
thèses, Colomb préparait son voyage, Léonard de Vinci dominait déjà
l’ensemble des disciplines expérimentales et, curieux d’applications
pratiques autant que de lois universelles, les cultivait en savant mo-
derne. Mais, sauf quelques isolés, nul ne mesurait encore exactement
la puissance que la science positive confère à l’homme sur le monde
ni la force de libération intellectuelle qu’elle contient.
Un troisième fait est le développement de l’humanisme, en Italie
d’abord avec Pétrarque, — tandis que la Grèce, à la veille de la chute
définitive de Byzance et d’une civilisation encore éblouissante, rede-
venait un foyer de haute culture, — puis en France, aux Pays-Bas, en
Allemagne, en Angleterre. Il révise la condamnation prononcée par
l’ascétisme médiéval contre la vie terrestre et l’effort de la créature
déchue ; il nie le bienfait de la contrainte qui pliait l’individu sous une
règle de réserve et de silence. À la révélation juive et chrétienne, il
oppose la révélation du génie humain qui, en Grèce, a par ses seules
forces institué la philosophie, le droit, la politique, la science et l’art.
Tout le labeur des philologues et des historiens, acharnés à découvrir
et comprendre l’antiquité, aboutit d’une part à stimuler la pensée ra-
tionaliste, de l’autre à réveiller ce qu’il est convenu d’appeler
l’individualisme moderne. Cependant, la révolution intellectuelle et
morale, que l’humanisme contient en germe, tarde à s’annoncer. Soit
timidité, soit qu’ils n’aient pas su acquérir pleine conscience p246 de
leur œuvre, philologues et historiens n’osent avouer ni s’avouer à eux-
mêmes qu’ils travaillent à diminuer le prestige de l’histoire sainte et
l’autorité du Livre sacré. Laurent Valla lui-même se borne à recom-
mencer, avec de plus sévères méthodes, l’effort critique des écoles

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

hétérodoxes ; et le fait qu’il inaugura, lointain précurseur, l’exégèse


biblique de la Réforme protestante, marque assez bien les limites où
se contient, vis-à-vis du christianisme, l’humanisme le plus hardi. Les
platoniciens de Florence, vers la fin du XVe siècle, sont heureux de
concilier, en un syncrétisme confus, l’Évangile et la métaphysique
d’Alexandrie. Philologues et historiens connaissent maintenant, avec
plus d’exactitude, la pensée antique et l’esprit des institutions grec-
ques et romaines. Ils n’osent encore se fier uniquement à la raison
grecque. Érasme, en dépit de son hellénisme, de son interprétation
philosophique du dogme, restera chrétien et catholique.

***

Le réveil des intelligences ne semble que faiblement stimulé par


les progrès, alors si rapides, de l’imprimerie 90 . Les Chinois avaient,
dès le Xe siècle, pratiqué l’impression xylographique, à l’aide de plan-
ches gravées en relief, et, dès la seconde moitié du XIVe siècle,
l’impression typographique au moyen de caractères mobiles. Les Eu-
ropéens ne devaient connaître ces deux procédés qu’après l’usage du
papier, également inventé en Chine, transmis, vers le milieu du VIIIe
siècle, aux Arabes, et des Arabes, dans le courant du XIIIe, à la Sicile,
l’Italie, et la Provence. Vers 1418 étaient apparues aux Pays-Bas des
estampes, gravées sur bois, que commentait brièvement une légende
gravée. Elle se développa bientôt aux marges de livres d’images, des-
tinés généralement aux lecteurs pieux. On tenta, peut-être à Stras-
bourg en 1439, en Hollande avant 1440, à Avignon et dans les Flan-
dres vers 1444-1446, de composer, avec des caractères mobiles, des
textes plus étendus. Depuis p247 qu’à Mayence, de 1450 à 1455, Jean
Gutenberg, avait dirigé l’atelier où il se ruina, et Pierre Schoiffer, plus
heureux, porté l’art typographique à la perfection dont témoigne le
Psautier de 1457 les presses, introduites en trente ans à Strasbourg, à

90
Sur l’origine de l’imprimerie, excellente mise au point dans l’ouvrage de
Ch. Mortet, Les origines et les débuts de l’imprimerie, d’après les recherches
les plus récentes (Paris, 1922, in-4°), auquel on peut ajouter celui de Gottfried
Zedier, Von Coster zu Gutenberg (Leipzig, 1921, in-4°). On y trouvera le ren-
voi aux grands répertoires d’incunables, celui de L. Hain, avec ses multiples
suppléments, par K. Bürger, W. A. Copinger et D. Reichling, aux travaux de
Mlle M. Pellechet, de K. Haebler, d’A. Claudin, sur les incunables et sur les
débuts de l’imprimerie en France.

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La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Bâle et à Nuremberg ; à Venise et Florence comme à Rome, à Lyon


comme à Paris, à Saragosse et à Séville comme à Londres, offraient
avec une abondance sans cesse accrue cette chose nouvelle qu’était le
livre imprimé. Pourtant les disciplines du passé bénéficiaient seules
dans une large mesure de la révolution technique triomphante qui
transformait les conditions matérielles des études.
Le souci de l’intérêt commercial portait en effet les industriels de
la typographie à publier avant tous les ouvrages les plus fréquemment
demandés pour la pratique des tribunaux ou l’enseignement officiel
des collèges, pour le ministère sacerdotal ou la direction des conscien-
ces, pour le divertissement mondain ou l’édification populaire. Dans
les dernières décades du XVe siècle, ils multiplient manuels de procé-
dure et manuels de confession, livres de classe et livres d’Heures,
abrégés et sommes, romans de chevalerie et traités pieux. Avec
l’appui des congrégations régulières, ils éditent les maîtres de la sco-
lastique et de la mystique, saint Thomas, Duns Scot, Guillaume
d’Ockham, saint Bernard et les Victorins, sans compter les glossateurs
les plus obscurs de Pierre Lombard. Ils aident les écoles à connaître
plus aisément et mieux les textes sur lesquels se fondent leurs doctri-
nes ; ils renforcent en elles la science et l’orgueil de leur tradition. En
revanche la presse, qui répand les collections et les traités de droit ca-
non, les Bibles, les gloses et postules rédigées au cours des derniers
siècles, les recueils patrologiques tout mêlés encore d’apocryphes, les
innombrables livrets en langue vulgaire par où s’entretiennent les dé-
votions romaines, le culte des saints et des reliques, l’habitude des pè-
lerinages et la vénération des sanctuaires consacrés, n’apporte à la
propagande hétérodoxe, demeurée presque uniquement orale et secrè-
te, qu’un faible concours. Aux esprits attirés par la science positive,
l’imprimerie ne restitue qu’assez lentement, en des volumes souvent
peu maniables, les traités des ockhamistes parisiens ou les œuvres
plus récentes de Nicolas de Cues. Les lettres classiques elles-mêmes
ne tirent pas encore de la typographie grand avantage. C’est un huma-
niste, Guillaume Fichet, qui a fondé en Sorbonne les premières pres-
ses parisiennes. Mais, après lui, les ateliers de la capitale délaissent
assez visiblement l’antiquité ; p248 et si Venise, Nuremberg, Bâle, se
montrent plus actives, c’est seulement en 1494 qu’Alde Manuce,
d’accord avec Pic de la Mirandole, ouvre sa librairie et forme le des-
sein d’éditer systématiquement, selon de strictes méthodes, les œuvres

— 271 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

des poètes et des philosophes grecs. Nul imprimeur ne se hasarde en-


core à vulgariser les hardiesses les plus téméraires des humanistes.
Pour publier les Notes de Laurent Valla sur le Nouveau Testament ou
son traité de la Donation de Constantin, il faudra Érasme et Ulrich de
Hutten. Dans les dernières années du siècle, l’imprimerie n’a pas don-
né aux théologiens, aux canonistes, aux scolastiques, l’occasion de
s’émouvoir. Elle est une arme qu’on saura formidable quand des gé-
nérations plus résolues auront appris à s’en servir. Car le premier
grand succès obtenu dans le monde moderne par un livre sera celui de
l’Éloge de la folie ; et la pleine puissance de la presse, pour détruire et
rebâtir, ne se manifestera vraiment qu’avec les Epistolae obscurorum
virorum et les grands traités de Luther.

***

Le monde latin, que troublent tant d’inquiétudes, vit dans un décor


dont les éléments sont empruntés aux siècles récents et à l’antiquité.
Comme les survivances du moyen âge y tiennent la plus large place,
ce décor offre encore, sauf en Italie, l’aspect gothique. La France,
l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Angleterre, continuent de bâtir, selon le
style médiéval, églises, hôtels de ville, hôtels et hôpitaux ; mais une
double renaissance s’accomplit, réaliste à la fois et classique, où abou-
tit l’évolution divergente de l’art chez les peuples d’Occident et en
Italie. Le monde chrétien se plaît à considérer sa propre image, évo-
quée, avec le relief et la vérité de la nature, par les sculpteurs français,
bourguignons ou florentins, Donatello ou Verrocchio, par les peintres
flamands ou italiens, les Van Eyck, Masaccio ou Ghirlandaio.
L’homme, dans la vérité de ses gestes, de ses attitudes, de ses émo-
tions, s’impose comme le plus digne sujet d’étude. Le réalisme
s’accorde ainsi avec la science positive, et, dans une certaine mesure,
avec l’esprit de l’humanisme. En même temps toutefois, les généra-
tions de la fin du moyen âge demandent une exaltation nouvelle à
l’image idéale de l’homme, non plus transfiguré, comme dans l’art du
e
XIII siècle, par les certitudes chrétiennes, mais tel qu’il vécut aux siè-
cles où les p249 humanistes veulent reconnaître toute la force et la no-
blesse de son génie. Et déjà peintres et sculpteurs, en Italie, travaillent
passionnément à la résurrection de l’antiquité ; pour embellir les villes
modernes de magnificence romaine, les architectes imitent la voûte en

— 272 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

plein cintre et la coupole, la colonne et le pilastre. Chez les gothiques


eux-mêmes, les plus belles réussites des maîtres d’œuvre traduisent
moins désormais l’élan de l’âme vers Dieu que la puissance de l’esprit
et le triomphe du calcul. Dans les lettres également, les mêmes survi-
vances médiévales, la persistance des formes et des idées transmises
par le moyen âge des thèmes les plus vides et les plus usés, comme
des plus riches d’émotion inépuisable, s’accompagnent d’un sembla-
ble et double enrichissement, grâce à l’observation curieuse et stricte
du réel, et à l’étude enthousiaste des œuvres où triomphe l’idéale
grandeur des anciens.

Ainsi, au moment où Colomb va révéler à l’Europe une humanité


ignorée, apparaissent les formes modernes de la politique et de
l’économie. L’esprit lentement se renouvelle. Déjà vivent les germes
d’une profonde restauration de la pensée religieuse, de la philosophie,
de la science positive, de l’art. Ces promesses d’un avenir encore in-
certain, l’histoire de la période qui s’ouvre avec les guerres d’Italie
montrera comment et dans quelle mesure elles furent tenues, au siècle
de la Réforme et de la Renaissance. p250

— 273 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Table des matières

Supplément bibliographique

Depuis la publication de la première partie de cet ouvrage (La désagrégation


du monde médiéval), quelques volumes ou articles importants ont paru, que nous
croyons utile de signaler ici. Nous en profitons pour réparer en même temps un
petit nombre d’omissions.

I. — HISTOIRE DE L’EMPIRE ET DE L’ÉGLISE


Alfred HESSEL, Jahrbücher des deutschen Reichs unier König Albrecht I. von
Habsburg (Munich, 1931, in-8°, de la collection des « Jahrbücher des deutschen
Reichs »). — Gustav PIRCHAN, Italien und Kaiser Karl IV. in der Zeit seiner zwei-
ten Romfahrt (Prague, 1930, 2 vol. in-8°, t. VI, 1 et 2, des « Quellen und Fors-
chungen aus dem Gebiete der Geschichte »).
A.-C. FLICK, The decline of medieval Church (Londres, 1930, 2 vol. in-8°),
résumé commode de l’histoire de l’Église de Boniface VIII à 1503, avec des bi-
bliographies succinctes. — G.-J. JORDAN, The inner history of the Great Schism
of the West. À problem in the Church unity (Londres, 1930, in-8°). — Sur
l’attitude de l’Écosse pendant la période conciliaire, l’introduction de
J.-H. BAXTER à la collection de documents intitulée Copiale prioralus Sancti An-
dree ; the letter book of James Haldenstone, prior of St. Andrews, 1418-1448
(Londres, 1930, in-8°, fasc. 31 des « St. Andrews University publications »).
Bon résumé, en une cinquantaine de pages, de la vie et du rôle de Pierre
d’Ailly au tome I de l’« Ymago mundi » de Pierre d’Ailly, texte latin et traduction
française, publ. par Edmond BURON (Paris, [1931], 3 vol. in-8°).

II. — HÉRÉSIES, INQUISITION


Jean GUIRAUD, L’inquisition médiévale (Paris, [1929], in-12, de la collection
« La vie chrétienne »).
En plus des œuvres de Wyclif publiées par la « Wyclif Society » (voir 1re
Partie, p. 103 et 327) et qui sont arrêtées au t. XXXV, ont paru les deux premiers
livres de la Summa de ente, édités par S. HARRISON THOMSON (Oxford, 1930, in-
8°).
Sur les hétérodoxes d’Espagne, ajouter le livre classique de M. MENÉNDEZ
o e
Y PELAYO, Historia de los heterodoxos españoles (Madrid, 1881, 3 vol. in-8 ; 2
éd., 1911-1918).

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

III. — FRANCE ET ANGLETERRE


Paul LEHUGEUR, Philippe le Long, roi de France (1316-1322). Le mécanisme
du gouvernement (Paris, 1931, in-8°), complétant un volume du même auteur paru
en 1897 (voir 1re Partie, p. 120). — F. BOCK, Some new documents illustrating the
early years of the hundred years war, 1353-1356, dans le Bulletin of the John
Rylands Library, t. XV (1931), p. 60-99, où sont mis en lumière de nouveaux et
importants documents sur les débuts de la guerre de Cent Ans ; et, pour la même
période, voir aussi E. DÉPREZ, La querelle de Bretagne, dans les Mémoires de la
Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, t. VII (1926), p. 25-60. — Ri-
chard A. NEWHALL, Henry V’s policy of conciliation in Normandy, 1417-1422,
dans les Anniversary essays in mediaeval history by students of Charles Homer
Haskins (New-York, 1929, in-8°), p. 205-229, qui complète le livre du même (cité
1re Partie, p. 434,n. 1) sur la conquête de la Normandie par Henri V d’Angleterre.
Sur la formation de l’Etat bourguignon, J. HUIZINGA a commencé la publi-
cation d’une série d’études intitulées L’État bourguignon, ses rapports avec la
France, et les origines d’une nationalité néerlandaise dans la revue Le moyen
âge, 3e série, t. I (1930), p. 171-193, et t. II (1931), p. 11-35.
Sur la politique de Louis XI dans ses rapports avec le Saint-Siège et l’Italie,
le livre de L.-H. LABANDE, Avignon au XVe siècle. Légation de Charles de Bour-
bon et du cardinal Julien de la Rovère (Paris ; 1920, in-8°, de la collection des
« Mémoires et documents historiques publiés par ordre du prince de Monaco »),
est riche en détails suggestifs.

IV. — ITALIE ET ESPAGNE


Sur l’État pontifical, H. OTTO, Benedikt XII als Reformator des Kirchenstaa-
tes, dans la Römische Quartalschrift, t. XXXVIII (1928), p. 59-110. — Paul PIUR,
Cola di Rienzo. Darstellung seines Lebens und seines Geistes (Vienne, 1930, in-
8°). — Sur la Savoie, F. COGNASSO, Amedeo VIII (Turin, 1930, 2 vol. in-8°). —
Sur la Sicile, E. HABERKERN, Der Kampf um Sizilien in den Jahren 1302-1337
(Berlin et Leipzig, 1921, in-8°, fasc. 67 des « Abhandlungen zur mittleren und
neueren Geschichte », publ. par G. von Below, H. Finke, F. Meinecke).
Sur l’histoire du royaume de Majorque, outre le livre d’A. LECOY DE LA
MARCHE, cité 1re Partie, p. 171, consulter, pour la période de 1324 à 1329,
A. STÖRMANN, Studien zur Geschichte des Königreichs Mallorka (Berlin et Leip-
zig, 1918, 92 p. in-8°, fasc. 66 de la même collection).
Sur la personne d’Henri IV de Castille, voir le curieux essai du Dr
G. MARAÑON, Ensayo biologico sobre Enrique IV de Castilla, dans le Boletin
della R. Academia de la historia, t. XCVI (1930), p. 11-93.

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

V. — PAYS SCANDINAVES
Sur l’union de Kalmar, G. CARLSON, Kalmarunionen till frågen om Rättsgil-
tigheten av 1397 års Unionsavtal, dans la Historisk Tidskrift, t. L (1930), p. 405-
481 ; — L. WEIBULL, Unionsmötet i Kalmar 1397, dans Scandia, t. III (1930), p.
185-222.

VI. — ASIE MONGOLE


Le vieil ouvrage de A.-C. Mouradja d’OHSSON, Histoire des Mongols depuis
Tchinguiz-khan jusqu’à Timour-bey ou Tamerlan (La Haye, 1834-1835, puis
Amsterdam 1852, 4 vol. in-8°), est encore aujourd’hui fort utile.
Sur les missions en pays mongol, Paul PELLIOT a commencé dans la Revue
de l’Orient chrétien, 3e série, t. III (1922-1923), p. 3-30, et t. IV (1924), p. 225-
335, sous le titre Les Mongols et la papauté, la publication d’une étude qui renou-
velle le sujet, mais n’a pas atteint encore la fin du XIIIe siècle.

VII. — HISTOIRE INTELLECTUELLE


Sur Dante, Francesco ERCOLE, Il pensiero politico di Dante (Milan, 1927-
1928, 2 vol ; in-16), — Bruno NARDI, Saggi di filosofia dantesca (Milan, 1930,
in-16).
Sur le théâtre en France aux XIVe et XVe siècles, Gustave COHEN, Le théâtre
au moyen âge ; II : Le théâtre profane (Paris, 1931, petit in-8°), qui fait suite au
volume du même auteur (cité 2e Partie, p. 205) sur le théâtre religieux.
Sur le mouvement de pensée au XVe siècle, Lynn THORNDIKE, Science and
thought in the fifteenth century. Studies in the history of medicine and surgery,
natural and mathematical science, philosophy and politics (New-York, 1929, in-
8°), série d’études détachées sur ce que l’auteur appelle la « prétendue » renais-
sance intellectuelle en Italie au XVe siècle. — Un bon aperçu du mouvement de
pensée à Byzance, tant à la fin du XIVe siècle qu’au xve, et de l’influence exercée
par Byzance sur l’humanisme naissant en Occident est donné par A.-A. VASILIEV,
History of the Byzantine Empire, t. II (Madison, 1929, in-8°), p. 403-444.
Sur l’œuvre scientifique de Pierre d’Ailly, voir le t.I du livre d’E. BURON,
cité p. 251.

VIII. — HISTOIRE DE L’ART


Parmi les volumes les plus récents, citons Jules DESTRÉE, Roger de la Pastu-
re, Van der Weyden (Paris et Bruxelles, 1930, 2 vol. in-4°) ; — C. GLASER, Les
peintres primitifs allemands du milieu du XIVe siècle à la fin du XVe (Ibid., 1931,
in-4°).

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Table des matières

Index 91

91
Les renvois sans indication de tomaison concernent la 1re partie (La désagré-
gation du monde médiéval) ; les renvois à la 2e partie (L’annonce des temps
nouveaux) sont précédés du chiffre II.

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Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Adria (royaume d’), 313-315, 423.


A
Adriatique (mer), 34, 63, 64, 197, 214,
Abaga, khan mongol de Perse, 180,
229, 326, 473 ; II, 96, 134, 212,
182.
241.
abasside (califat) du Caire, II, 139.
Adwerth (prieuré d’), en Frise, II, 190.
Abbeville (Somme), 505 ; II, 217.
Ægeri (lac d’), en Suisse, 462.
Abbiategrasso, bourg de Lombardie,
Afghanistan, 185.
II, 215.
Afghans, aux Indes, 185-186, 490.
Abd-el-Wâdides (dynastie des), à
Tlemcen, II, 138. Afrique 2 ; — découvertes des Portu-
gais, II, 153-154 ; — États musul-
Abou Abdallah Mohammed, ou
Boabdil, émir de Grenade, II, 91. mans de l’Afrique du nord, II, 129,
137-141.
Abou Fâris, calife de Tunis, II,
Agenais, pays d’Agen, 145 ; II, 37.
138,139.
Agnès de Bourgogne, duchesse de
Abou’l-Hasân, sultan de Fez, II, 138.
Bourbon, 549.
Abou Saïd, khan mongol de Perse,
Agricola (Rodolphe Husman, dit),
180, 230.
humaniste, II, 188-190, 193.
Abruzzes, 34, 61, 63, 76, 102, 379 ; II,
Ahmadnagar (sultanat d’), aux Indes,
211.
II, 128.
Acarnanie, 229.
Ahmed le Djélaïride, sultan de Bag-
Acciaiuoli, famille de financiers flo- dad, 489-492,
rentins, 97, 192, 230, 231 ; II, 110 ;
Aïas, port de Cilicie, 181, 190.
— Pierre et Donato, II, 180.
Aicelin (Hugues), cardinal, 42.
Achaïe, 59 ; — princes d’Achaïe, 158.
aides, impôt en France, 120, 121, 152,
Achikaga (famille des), au Japon,
425 ; II, 34.
184 ; II, 127.
Aïdin (émirat d’), 191, 194, 487.
Achraf Inâl, sultan d’Égypte, II, 140.
Açores, 484 ; II, 153. Aigues-Mortes, 100.
Aiguillon, sur la Garonne, 139.
Acquasparta (Mathieu d’), cardinal,
47. Aix en Provence, II, 216, 224.
Acre. — Voir : Saint-Jean d’Acre. Aix-la-Chapelle, 73, 277, 383, 388,
400.
Acuña Carillo (Alphonse de), arche-
vêque de Tolède, II, 87. Alâ ad-Dîn, émir de Karamân, 488.
Adalia (Satalie), port d’Asie Mineure, Alâ ad-Dîn, prince ottoman, 196.
193, 487 ; II, 7. Alâ ad-Dîn Kaïkobad Ier, sultan seld-
Adam (Guillaume), archevêque de joucide du Roûm, 195.
Sultanieh, 183. Alâ ed-Dîn, sultan de Delhi, 186.
Adamites (secte des), 240, 356. Alais (Gard), 424.
Aden, 229. Alamanni (Jean), savant juif, II, 173.
Adolphe de Nassau, roi des Romains, Albanie, 175, 197, 215, 471, 495,
65-66. 497 ; II, 4, 6, 109, 131, 132.

— 278 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Albano, bourg du Latium, 375. Albornoz (Gilles), cardinal, 93-


Albanzani (Donato degli), humaniste, 95,163-164.
513. Albret (sires d’), II, 34, 58 ; — Alain
Albergati, cardinal, 367. le Grand, II, 58, 90 ; — Jean, fils
Albéric, condottiere, 474. du précédent, II, 51, 90.
Alcalá de Henares (ordonnance de),
Albert de Bavière, comte de Hollande,
171.
423.
Alcalá (Université d’), II, 195.
Albert III de Habsbourg, duc
d’Autriche, 398. Alcoçobes (paix d’), II, 88.
Albert IV de Habsbourg, duc Aleman (Louis), cardinal, 365-369,
d’Autriche, fils du précédent, 398. 372, 523.
Albert V de Habsbourg, fils du précé- Alençon (Ome), II, 217.
dent. — Voir : Albert II, roi des Alençon (Jean II , duc d’), 443, 444,
Romains. 449 ; II, 36, 41.
Albert VI de Habsbourg, frère de Fré- Alep, 189, 491.
déric III, duc de Styrie, II, 5, 26, Alessio, ville d’Albanie , II, 3, 131.
27. Alexandre V, pape, 320-321, 469,
Albert II de Habsbourg, roi des Ro- 560.
mains (Albert V, comme duc Alexandre VI, pape, 546 ; II, 1, 8, 22,
d’Autriche), 376, 396, 398, 399, 178 ; — avant son pontificat (car-
417 ; II, 25, 116.
dinal Rodrigue Borgia), II, 7, 8.
Albert III de Mecklembourg, roi de Alexandre III, roi d’Écosse, 125.
Suède, 226, 402-403.
Alexandre d’Aphrodise, philosophe
Albert, duc de Saxe, II, 26. grec, II, 167.
Albert, électeur de Brandebourg, 370. Alexandre de Heek (Hegius), huma-
Albert le Grand, philosophe et théolo- niste, II, 189-190, 192.
gien, 254, 502, 525, 527-528. Alexandrette (golfe d’), 181, 190 ; II,
Albert de Saxe (ou de Helmstedt), 137.
philosophe, 259-262, 280, 500- Alexandrie, port d’Égypte, 112, 193,
501 ; II, 185. 194, 318 ; II, 140 ; — école philo-
Alberti, famille florentine, 534 ; II, sophique d’Alexandrie, 272 ; II,
144 ; — Antoine, 509 ; — Léon- 162, 171-173, 178, 181, 186, 247 ;
Baptiste, architecte et humaniste, — poésie alexandrine II, 200 ; 231.
509, 511, 532-533, 545-546, 552- Alexandrie, ville d’Italie, 160.
553 ; II, 180-181, 213-215, 232.
Algarve, province portugaise, II, 153.
Albi, 62, 103 ; II, 19.
Alghero, ville de Sardaigne, 174.
Albigeois, hérétiques, 47, 50, 63,326,
351, 357. — Voir : Cathares. Alighieri, famille florentine, 250. —
Voir : Dante.
Albizzi, famille florentine, 241, 476 ;
II, 230 ; — Jeanne, II, 232 ; — Ri- Aljubarrota (bataille d’), 484.
naldo, 476-477, 529.

— 279 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Alkmaar, ville de Hollande, 542 ; II, Alphonse III, roi de Portugal, 169,
190. Alphonse IV, roi de Portugal, 169,
Allemagne, état politique et expansion 171.
au XIIIe siècle, 8-9 ; — situation Alphonse V, roi de Portugal, 484 ; II,
économique à la fin du XIIIe siècle, 85, 87, 88, 154.
15,18 ; — conditions sociales, 21 ;
Alphonse de Cardenas, II, 88.
— et la Hanse, 224-227 ; — situa-
tion économique aux XIVe et XVe Alphonse de Palencia, écrivain espa-
siècles, 232, 242 ; II, 142, 144, 147, gnol, II, 109.
151 ; — sentiment national, II, Alpilles, 85.
242 ; — troubles sociaux, 244 ; — Alsace ; 65, 360, 380, 398, 400 ; II,
politique religieuse, 112, 321, 333, 27, 191 ; — landgraviat de Haute-
339, 343, 360, 368, 370-372, 369, Alsace, II, 27, 44, 45, 46, 49.
523, 529 ; II, 5, 23-24 ; — vie reli- Altamura (prince d’), II, 99.
gieuse et hérésies, 33-35, 62, 63,
Alvaro Pelayo, dominicain espagnol,
97, 101, 105-106,110, 116, 272,
116,
274, 326-327, 331, 333-334, 357,
359, 373-376, 380-383, 503-506, Alvastra, couvent en Suède, 117.
524-525, 539 ; II, 15-16, 18-20, Amadeo (Jean-Antoine), architecte et
24 ; — philosophie, humanisme, sculpteur italien, II, 211, 214, 220.
lettres et sciences, 287, 523, 539 ; Amauri de Bène, hérétique, 35.
II, 157-158, 162, 187-189, 192- Amboise, II, 19.
193, 195, 210 ; — art, 292, 296,
541, 542, 553, 556 ; II, 196, 222- Amboise (famille d’) : Jacques, abbé
224, 249. — Voir : Empire. de Cluny, II, 18 ; — Louis, évêque
d’Albi, IL 19.
Alpes, 34, 36, 61, 63, 94, 100, 104,
110, 326, 463 ; II, 14-15. Ambroise (saint), II, 192.
Alphonse, archevêque de Tolède. — Ambroise de Fossano, dit Il Bergo-
Voir : Acuña Carillo. gnone, peintre lombard, II, 238.
Alphonse III, roi d’Aragon, 39, 170, Ambrosienne (république) de Milan,
172. 478.
Alphonse IV, roi d’Aragon, 174. Amédée V, comte de Savoie, 68.
Alphonse V le Magnanime, roi Amédée VI, comte de Savoie (le
d’Aragon, 480, 482 ; II, 80-81, 85 ; « Comte vert »), 94, 104, 197.
— comme roi de Naples, 359, 366, Amédée Vil, comte de Savoie, 325.
369, 470-471, 475, 477, 478, 513, Amédée VIII, comté, puis duc de Sa-
516-517, 519-521, 529 ; II, 3, 95- voie, 369, 375 ;— devenu pape :
96, 97, 102, 109, 159, 165-166. voir Félix V.
Alphonse X le Sage, roi de Castille, Amédée IX, duc de Savoie, II, 15, 50,
11, 33, 168, 170, 288. 107.
Alphonse XI, roi de Castille, 166, 171, Amerbach (Jean), imprimeur bâlois,
288. II, 192-193.
Alphonse, infant de Castille, II, 85. Amérique, II, 152, 155.

— 280 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Amersfoort, ville de Hollande, 381. Angleterre, vers la fin du XIIIe siècle,


Amiens, 131, 133 ; II, 41, 54, 221 ; — 2, 7, 8, 10-11 ; — état économique
cathédrale, 290-293, 540, 544. et social, 15, 18, 19, 21, 23 ; —
rapports avec la France, 39, 41, 47,
Amsterdam, 226, 542 ; II, 152, 190.
53 ; — au début de la guerre de
Anagni, 44, 59, 172, 309 ; II, 105 ; — Cent Ans, 79, 93, 95, 113, 114,
(attentat d’), 51-52, 56. 119, 124-155, 169, 266 ; — politi-
Anatolie, 188, 190, 197, 487, 490, que économique et commerce, 225,
491, 495. 227, 230, 231, 233, 234, 236, 237,
Ancenis (traité d’), II, 40. 240, 243, 403 ; — soulèvement,
Aucône, 59, 270, 341, 375, 468, 512 ; des paysans (1381), 247, 430 ; II,
II, 5, 212. — Voir : Marche. 64 ; — aux derniers temps de la
guerre de Cent Ans, 342, 360, 421-
Andalousie, 163, 543.
449 ; — et les Pays-Bas, 451-458 ;
André III, roi de Hongrie, 42, 202. — et l’Espagne, 480, 481, 482 ; —
André de Hongrie, roi de Naples, mari et la question d’Orient, 487 ; —
de Jeanne Ire, 173, 208. après la guerre de Cent Ans, pen-
André di Cione, dit l’Orcagna, artiste dant la guerre des Deux Roses et
florentin, 293, 298, 304, 559. sous les Tudor, II, 33, 36, 60-79,
André de Florence, peintre, 304-305, 241, 243 ; — conditions économi-
544, 549 ; II, 232. ques et sociales au XVe siècle, II,
142, 143, 145, 148, 149, 150, 152,
André di Jacopo, de Barberino, écri- 243, 244 ; — sentiment national, II,
vain italien, 535 ; II, 198. 241 : — politique religieuse, 111,
André de Pise (dit Pisano), sculpteur 311, 313-314, 316-317, 321-322,
italien, 293, 297-298. 339, 343, 358, 361, 368, 369, 371-
André de Trébizonde, humaniste, II, 372, 374, 508 ; II, 24 ; — vie reli-
163, 183. gieuse et hérésies, 33, 107, 258,
Andrelini (Fausto), humaniste et poète 264, 327, 330, 336, 355 ; — Église
italien, II, 184. nationale, 111-112 ; — vie intellec-
tuelle, 287-288, 539 ; II, 195, 209-
Andrinople, 197, 495.
211, 246, et voir : Oxford (Univer-
Andronic II Paléologue, empereur sité d’), et Ockham (Guillaume
byzantin, 175, 192, 214. d’) ; — vie artistique, 292, 293,
Andronic III Paléologue, empereur 296,540, 541, 557 ; II, 211, 249.
byzantin, 192-193, 196, 214, 215. Angora (bataille d’), 491, 493.
Ange de Clareno, franciscain, 59, 60, Angoumois, 145.
98.
Anguillara (Deifobo et François), II,
Angelico (fra), peintre italien, 301, 104.
546, 559-561 ; II, 225-227, 230,
Anjou (comté, puis duché d’), 21, 39,
233-234, 238.
172, 439, 442, 449 ; II, 53.
Angers, 557 ; II, 206, 216.
Anjou (1re maison d’), à Naples, 12,
Angrogne, bourg du Piémont, II, 15. 39, 67, 74, 81,172-173, 467-470 ;
Anhalt, ville de Saxe, II, 13. — en Hongrie, 200-202, 205, 206 ;

— 281 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

— en Pologne, 209, 211. — Voir : Apostoliques (secte des), 60-61, 102.


Charles Ier, Charles II, Robert. Appenzell, canton suisse, 464.
Anjou (2e maison d’), en France, 440, Apulée, 524 ; II, 202.
444 ; II, 51, 53 ; — ses prétentions Aquasparta. — Voir : Acquasparta.
sur Naples, 314, 358, 468-471, 473,
517, 520 ; II, 4, 96-100, 109, 112, Aquila, ville d’Italie, 379.
241. — Voir : Charles, comte du Aquilée, ville d’Italie, II, 167.
Maine, Louis Ier, Louis II, Louis Aquitaine. — Voir : Guyenne,
III, Marguerite, René, Yolande. Arabes (philosophie et science), 36,
Annam (royaume d’), 178, 185 ; II, 252, 264, 270, 288, 525 ; II, 167,
127. 173 ; — art, 542-543 ; — emploi
annates, 90, 112, 322, 343, 371. du papier, II, 247.
Anne d’Auvergne, duchesse de Bour- Arabie, 229 ; II, 137.
bon, 547. Aragon, et la question de Sicile et de
Anne, duchesse de Bretagne et reine Naples, 11-12, 37, 39, 98, 134,
de France, II, 58, 225. 358 ; II, 5, 241 ; — sous la dynastie
Anne de France, fille de Louis XI, II, catalane, 47, 62,166,167,168, 170,
53, 56. 171-175, 191, 264, 270, 466, 467,
473 ; — sous les Trastamare, 478-
Anne de Savoie, impératrice de By- 480 ; — et l’hérésie, 33, 104 ; II,
zance, 193. 16 ; — et le Schisme, 311, 317,
Anne de Luxembourg, reine 321, 341, 365, 369 ; — art et litté-
d’Angleterre, 333, 431. rature, 296 ; II, 209 ; — en révolu-
Anselme (saint), 255. tion, II, 80-84 ; — sa politique es-
Ante promotionem (bulle), 48. pagnole, II, 86, 87, 89, 91, 241 ; —
sa politique italienne, II, 95, 96, 98.
Antequera, ville d’Andalousie, 481.
Aragon (Henri, infant d’), 481-482.
Antioche, 229.
Aragon (Jacques, infant d’), 174.
Anti-Taurus, II, 134.
Aral (mer d’), II, 126.
Antoine de Bourgogne, duc de Bra-
bant, 436, 454. Arc (Jeanne d’). — Voir : Jeanne.
Antoine de Bitonto, franciscain, 521. Arcadie, 191.
Antoine de Rhò, humaniste, 521. Archidiacre (1’). — Voir, : Baisi (Gui
de).
Antonello de Messine, peintre, II, 236,
237. Archipel (îles de 1’), 191 ; II, 130.
Antonin (saint), archevêque de Flo- Ardennes, 16, 82.
rence, 381, 383, 502, 517 ; II, 20, Arezzo, ville d’Italie, 68, 277, 469,
157. 510, 536 ; II, 233, 234.
Anvers, 228, 542, 555, 556 ; II, 144, Argentière (l’), ville des Hautes-
152, 189. Alpes, 104 ; II, 14.
Apelle, peintre grec, II, 232. Argenton (sire d’). — Voir : Commy-
Apennin, 77, 102, 270. nes.
Argoun, khan de Perse, 180.

— 282 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Argovie, canton suisse, 464. Arrier (Pierre), architecte, 291.


Arguin (baie d’), en Afrique, II, 154. Artevelde (Jacques van), 138, 236,
Argyropoulos (Jean), humaniste, II, 452 ; — (Philippe van), 241, 423.
163-164, 166-167, 184. artillerie, 137 ; II, 33, 55.
Arienti (Sabbatino degli), nouvelliste Artois, 123, 132 151, 287, 427, 451,
italien, II, 198. 453 ; II, 48, 49 ; — (Blanche d’),
Aristote, 31, 114, 254-255, 258-263, reine de Navarre, 168 ; — (Mahaut,
272, 280-281, 333, 501, 503, 510, comtesse d’), 134 ; — (Robert d’),
515, 516, 520, 524, 528, 530 ; II, 134, 452.
158, 163, 165-167, 173, 180, 183- Arundel (Thomas comte d’), 431,
188, 246. 432 ; — (comtesse d’) II, 69 ; —
Arlberg, 464. archevêque de Canterbury, 330-
331.
Arles, 365-366, 369, 372.
Arzila, ville du Maroc, II, 138.
Arles (royaume d’), 65, 67, 77.
Aschaffenburg, sur le Main, 63, 371,
Armagnac (comtes d’), 150, 321, 482 ;
523.
II, 34, 57 ; — Bertrand VII, conné-
table, 427, 435, 436, 437 ; — Jac- Aschersleben, ville de Thuringe, II,
ques, duc de Nemours, 557 ; II, 13.
38 ;— Jean IV, 449 ; — Jean V, Ascoli, ville d’Italie, II, 235.
449 ; II, 35, 39, 41. Asconius Pedianus, grammairien, 511.
armagnac (parti), 342, 358, 427-429, Ashikaga. — Voir : Achikaga.
435-437, 440, 442, 443, 482 ; II, Asle, village de Suède, 403.
30.
Assise, 270-271, 299-303, 379, 474 ;
Arménie, 102, 195, 270, 488, 489. II 233.
Arménie (Petite), royaume, 180, 181, Asti, 68, 426, 474 ; II, 50, 107.
190.
Aston, hérétique anglais, 330.
Arnauld de Corbie, chancelier de
France, 316. Astrabad, ville de Perse, 489.
Arnauld de Villeneuve, physicien et Astrakhan, II, 126.
homme d’État, 59. Asturies, 381.
Arno, fleuve, 237 ; — val d’Arno, Athènes, 175, 192, 285 ; II, 131.
511 ; II, 159, 168. Athos (couvent du mont), 216.
Arnolfo de Cambio, architecte, 293, Atlantique, 227, 231-232, 484 ; II,
297. 142, 153-154, 244.
Arpadiens, dynastie hongroise, 200- Attique, 192, 197, 497.
202. Aubriot (Hugues), prévôt de Paris,
Arras, 20 ; II, 48, 54 ; — paix signée à 148.
Arras (1415) 435 ; — traité d’Arras Aubusson (Pierre d’), II, 135.
(1435), 444-445, 457, 458 ; II, 34,
Augsbourg, 232, 388 ; II, 7, 194, 224.
36, 39, 62 ; — second traité
d’Arras (1482), 48, 72. Augustin (saint), 31, 107, 252, 278,
280, 297 329, 382, 504, 506, 510,

— 283 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

514, 524, 526, 529 ; II, 159, 192, 304, 547-548, 557 ; — imprimerie,
227. II, 247.
Augustins, ordre mendiant, 253, 258, Avila, ville de Castille, 296.
379, 509 ; II, 19, 159. Avis (ordre d’), 483.
Aunis, 138, 145, 151, 231. Aydie (Odet d’), II, 39.
Auray (bataille d’), 149. Ayguefroide (Hautes-Alpes), II, 15.
Auribelli (Martial), ministre général Ayouthia, capitale siamoise, 185.
de l’ordre dominicain, II, 19.
Azerbaïdjan, 180, 195, 489-491.
Auriol (Pierre), théologien, 257. Azincourt (bataille d’), 436, 449, 536.
Aurispa (Jean), humaniste, 517. Azov (mer d’), II, 126.
Ausculta fili (bulle), 48. Azzo de Correggio, 277.
Aussig. — Voir : Usti.
Autriche, 8, 34, 64, 82, 133, 226, 292,
325, 332, 341, 356, 357, 375, 381, B
396, 460-464, 506, 524 ; II, 5, 15, Bâber, conquérant de l’Inde, 493.
21, 25-28, 115, 121, 134 ; — (Bas- Bacon (Roger), 31, 252, 257, 260 ; II,
se), 398 ; II, 26 ; — (Haute), 398 ; 246.
II, 26-28 ; — maison d’Autriche : Baconthorp (Jean), théologien, 264.
voir Habsbourg.
Badby (Jean), hérétique, 331.
Autun, 110 ; II, 225.
Bade (margraves de), 388, 427 ; —
Auvergne, 21, 34, 151, 441 ; II, 53. Marc, II, 43, 45.
Auxerre, 290, 442, Badefol (Seguin de), 93.
Auxerrois, 444. Baena (Jean-Alphonse de), écrivain
Averlino (Antoine), dit Il Filarete, espagnol, 538.
architecte, II, 214. Bagdad, 180-183, 489-492.
Averroès, 252 ; II, 167. Bagnolo (paix de), II, 112.
averroïsme, averroïstes, 31, 35, 262- Bahmanides, dynastie dans l’Inde, II,
264, 271, 281, 503 ; II, 158, 163, 128.
167, 181.
Bahrites, dynastie égyptienne, II, 139.
Avesnes (Nord), II, 48 ; — (maison
Baisi (Gui de), dit l’Archidiacre, 28.
d’) : voir Hainaut.
Bajazet. — Voir : Bayézid.
Avignon, 55, 68, 73, 85, 104, 140,
146, 230, 277, 321, 366 ; II, 144, Balabân ou Balbân, sultan de Delhi,
182, 224 ; — siège de la cour pon- 186.
tificale, 1, 60, 73-75, 77-80, 84-85, Balaklava, en Crimée, 230.
92-96, 97-100, 102, 105, 107, 110- Balbeck, 491.
112, 115, 117, 161, 173, 231, 257, Balbi (Jérôme), humaniste, II, 184.
263, 281, 292, 301, 303, 310, 312-
318, 324, 341, 380, 468, 509 ; II, Baldovinetti (Alessio), peintre, II, 228,
105 ; — art, 101, 291, 295, 301- 229.

— 284 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Bâle, 274, 293 327, 360, 369, 380, Baroncelli (François), 163.
400, 465, 521 ; II, 45, 158, 192- Barrois, 443, 449 ; II, 53, 57.
193 ; — concile, 351, 359, 361- Bartolo de Sassoferrato, juriste, 521.
383, 392, 397, 447, 457, 458, 471,
523, 528 ; II, 5, 9, 11, 23, 162, Bartolo di Michele, orfèvre, 549.
240 ; — Université, 502 ; — vie re- Basaraba (Laïote), prince de Valachie,
ligieuse, 507 ; — art, 542 ; II, 224 ; II, 133.
— imprimerie, II, 248, 249. Basile (saint), 510, 511.
Baléares (îles), 62, 174, 175 ; II, 81. Basilicate, 98.
Balkans (États chrétiens des), 191, Basilide, hérétique, II, 169.
209, 211, 212-217, 223 ; — Basse-Union, II, 45-46.
conquis par les Turcs, 393, 418,
Batarnay (Imbert de), II, 54, 56.
485-487, 494-498 ; II, 95, 129-134,
241. Bauchant (Jacques), traducteur de
Sénèque, 286.
Ball (Jean), prédicateur lollard, 329-
330, 430. Baude (Henri), poète, 537.
Balliol (Jean), roi d’Écosse, 125. Baudouin II, empereur de Constanti-
nople, 192.
Baltique (mer), 8, 14 19, 102, 201,
210, 224-227, 231, 386, 401, 403, Baudricourt (Robert de), 443.
404 ; II, 122, 123, 142-143. Baugé (combat de), en Anjou, 442 ; II,
Balue (Jean), cardinal, II, 38. 79.
Bamberg, ville d’Allemagne, 296, Bautzen (Unter-), ville de Bohême,
383, 557 ; II, 13, 211, 222. 83.
Bannockburn (bataille de), 128. Bavière (maison et duché de), 34, 61,
133, 263, 321, 325, 369, 396, 453-
banquiers italiens, 121, 127, 230-231 ;
454, 456 ; II, 10, 16, 162. Voir :
II, 144-145.
Henri, Isabeau, Louis de Bavière
Bar-sur-Aube, 19. empereur, Louis IX ; branche de
Bar-sur-Seine, 444. Hollande, voir : Albert, Guillaume,
Barbaro (Ermolao), humaniste , II, Jacqueline, Jean ; — branche pala-
158, 166, 167, 173, 185-187, 193. tine, voir : Palatinat.
Barbo, famille vénitienne, 381 ; — Bayeux, 259, 448, 536.
cardinal Pierre : voir Paul II ; — Bayézid Ier (ou Bajazet), sultan des
cardinal Barbo, neveu du précé- Ottomans, 485-488, 490-491, 493,
dent, II, 218. 494.
Barcelone, 11, 19, 359, 467, 479, 480, Bayézid II (ou Bajazet), sultan, II,
542 ; II, 81-84, 96, 144, 204. 133, 135, 140.
Bardi, famille florentine, 230, 231, Bayonne, 146, 151, 153, 167, 448 ; II,
301 ; II, 144 ; — Brigitte, II, 201. 82.
Bari, ville d’Italie, 309, 511. Bayreuth, 396.
Barkouk, sultan d’Égypte, II, 139. Béarn, 536 ; II, 82.
Bamet (bataille de), II, 71.

— 285 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Béatrice, fille de Ferdinand Ier de Por- Behaim (Martin), géographe, II, 154,
tugal, 483. 194.
Beaucaire (sénéchaussée de), 39. Béla IV, roi de Hongrie, 202.
Beauce, 145, 429, 438, 444. Belcari (Feo), poète, 534 ; II, 198.
Beaufort (famille de), 432, 434, 435, Belgique, 457, 459.
446, 447 ; II, 63 ; — Edmond, Belgrade, 495 ; II, 3, 119, 132.
comte de Dorset, puis duc de So- Bellechose (Henri), peintre, 554.
merset, 447, 448 ; II, 63-65 ; —
Henri, évêque de Winchester, puis Bellini, famille de peintres vénitiens :
cardinal, 359, 391, 435, 446, 447, Jacques, 562-563 ; II, 236 ; —
514 ; II, 60, 62 ; — Jeanne, mère Gentile, fils du précédent, 563 ; II,
d’Henri VII, 637 ; — Thomas, duc 236-237 ; — Jean, frère de Gentile,
d’Exeter, 446 ; II, 65. 563 ; II, 236-237,
Beaujeu (Pierre de Bourbon, sire de), Bellinzona, ville du Tessin, 464.
II, 53, 56-58, 90. Belooser (duché de), en Russie, 220.
Beaujolais, 21, 449 ; II, 53, 145. Beltraneja (Jeanne de Castille, dite la),
Beaumarchais (Eustache de), 168. II, 85-88.
Beaune (Côte-d’Or), 541, 556 ; — Belz (duché de), en Rutbénie, 219 ; II,
(Parlement de), II, 44. 115.
Beauneveu (André), sculpteur, 295, Bénarès, 490.
547, 553, 554. Benci di Cione, architecte, 293,
Beauvais, 290, 443, 544 ; II, 41. Bénédictins, 116, 286, 380, 382 ; II,
Beauvaisis, 143, 246. 18.
Beauvoir (Simon de), archevêque de bénéfices (collation des), 87-89, 90-
Bourges, 42. 91 ; II, 105.
Beccadelli (Antoine), humaniste, 518, Benincasa (Jacques), 117.
521 ; II, 165. Benivieni (Jérôme), disciple de Savo-
Beccari (Antoine), poète, 285. narole, II, 178.
Becchi (Gentile), évêque d’Arezzo, II, Benoît XI (Nicolas Boccasini), pape,
198. 52, 59,
Béchyne, ville de Bohême, 357. Benoît XII (Jacques Fournier), pape,
78-79, 84, 85, 66, 91, 92, 102, 116,
Becket (Thomas), 108. 133, 183, 301.
Bedford (Jean, duc de), 435, 438-442, Benoît XIII (Pierre de Luna), antipa-
444, 446-447, 557 ; II, 60. pe, 312, 316-319, 321, 335, 341-
Bédouins, II, 138. 342, 359, 380, 427, 505.
Béghards, hérétiques, 33, 35, 63, 105- Benoît de Maiano, sculpteur, II, 213,
107, 274, 326-327, 331, 356, 376, 218, 221.
506 ; II, 13,
Bentivoglio, seigneurs de Bologne :
Béguines, 33, 35, 63, 105-106, 327, André, II, 198 ; — Jean, 474.
376.

— 286 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Benvenuto d’Imola, commentateur de Bertrand (Pierre), évêque d’Autun,


Dante, 532. 110.
Béotie, 497. Berwick, ville d’Écosse, 125.
Berar, sultanat, dans l’Inde, II, 128. Bessarabie, 413.
Berardi (Jean), de Tagliacozzo, évê- Bessarion (Jean), métropolite de Ni-
que de Tarente, 361. cée, cardinal, 368, 496, 515, 529 ;
Bérat, ville d’Albanie, II, 131, II, 5-6, 163-164, 166-167, 173,
183, 193, 209.
Berbères, II, 138.
Béthune (Pas-de-Calais), 259.
Berchuire (Pierre), bénédictin, 286.
Béthune (Robert de), comte de Flan-
Bergame, ville de Lombardie, 34, 160,
dre, 132, 452.
297, 474 ; II, 219-220.
Bétizac, officier du duc de Berry, 425.
Bergen, ville de Norvège, 225, 227,
405. Betto (Bernardino di). — Voir : Pintu-
ricchio.
Bergognone (II). — Voir : Ambroise
de Fossano. bey ou beg, titre honorifique ottoman,
II, 135,
Bergues (Nord), II, 148.
Beyrouth, 189.
Bergues (Henri de), évêque de Cam-
brai, 11,191. Béziers, 54, 59, 62, 98, 103, 424.
Berg-op-Zoom, ville du Brabant hol- Bhatnaïr, ville de l’Inde, 490.
landais, II, 152. Bibbiena, ville de Toscane, 534.
Bernard (saint), 32, 117, 262, 504, Bidar, sultanat aux Indes, II, 128.
505, 524 ; II, 19, 158-159, 191, Biel (Gabriel), théologien, II, 158,
248. Bien public (guerre du), II, 39, 43,
Bernard Délicieux, franciscain, 62, 98, 108.
271. Bigorre, 145.
Bernard Gui, inquisiteur, 62. Bijapour, sultanat aux Indes, II, 128.
Bernardin (saint) de Sienne, 279, 531. Bingen, ville sur le Rhin, 325 ; —
Berncastel, près de Trêves, 523. Union de Bingen, 391.
Berne, 65, 327, 387, 462-464, 542 ; II, Birger Persson, père de sainte Brigitte,
45, 47, 144. 117.
Beroaldo (Philippe), humaniste italien, Birmanie, 178.
II, 184. Biscaye, 166, 231, 232.
Berry, 441 ; II, 39. — Ducs ; voir Blackheath, bourg du Kent, 329.
Charles de France, Jean.
Bladelin (Pierre), II, 145.
Berti (Michel), fraticelle, 325,
Blanche, reine de Navarre, 483 ; II,
Bertino, sculpteur, 298. 81, 89.
Bertoldo de Callepio, franciscain, II, Blanche de Navarre, fille de la précé-
13. dente, 89.
Bertoldo di Giovanni, sculpteur, II, Bleu (fleuve), ou Yang-tseu-kiang
217. 187.

— 287 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Blois (comté de), 536. 513, 532, 536, 543, 550 ; II, 22,
Blois (Charles de), duc de Bretagne, 168, 173, 185, 194, 198, 211, 215.
138-139, 149. Bon (Zuan et Barthélémy), architectes
Blore Heath (bataille de), II, 66. vénitiens, 544.
Boabdil, émir de Grenade, II, 91. Bon (cap), II, 154.
Boccace, 36, 80, 250, 267-269, 278, Bonaventure (saint), 31, 252, 275,
284, 285-288, 508, 516, 530, 532- 280-281, 506, 524, 537.
535, 537-538, 561 ; II, 198-201, Bonaventure (Nicolas), architecte,
204-205, 209. 543.
Boccanegra (Jean), légat, 42. Boniface VIII, pape, 1, 10, 24, 32, 44-
Boèce, 518, 526. 56, 59, 61-62, 66, 68, 73-74, 76,
88, 109, 122, 131, 159, 172, 173,
Boellet (Colette), — Voir ; Colette
300, 323, 341 ; II, 239.
(sainte).
Boniface IX, pape, 314-317, 326, 388,
Bohême, 8, 34, 67, 200-212, 232, 272,
389.
278, 386-390, 398-399, 449, 536 ;
— sous les Jagellons, II, 5, 9, 10, Bonifacio, ville de Corse, 470.
24-27, 42, 113, 115-120, 160 ; — Bonimperto (Mathieu), évêque de
hérésies et guerres religieuses, 97, Novare, 380.
105, 240, 325-326, 331-338, 344- Bonn, sur le Rhin, 73.
353, 355-357, 359-367, 374, 376- Bonne de Savoie, duchesse de Milan,
378, 385, 391-397, 406, 412, 417, II, 108.
499 ; II, 5, 9-13, 15-16, 24, 160,
245 ; — art. 303. Bonne-Espérance (cap de), II, 153,
154, 194.
Böhmerwald, 383, 396.
Bordeaux, 53, 141, 146, 151, 153,
Böhmisch Brod. — Voir : Česki Brod. 232, 266, 290, 295, 448 ; II, 35,
Bohun, famille anglaise, 22, 210, 211.
Boiardo (Julie), II, 173. Bordjites, dynastie égyptienne, II, 139.
Boiardo (Mathieu-Marie), II, 202-204, Borel (François), inquisiteur, 104,
238. 325, 375.
boïars, 219-221, 411 ; II, 125. Borelli (Jean), moine franciscain, 32.
Bois-le-Duc, ville des Pays-Bas, 542 ; Borgia (famille), 546 ; II, 3, 102, 235 ;
II, 190. — Alphonse : voir Calixte III ; —
Bojador (cap), II, 153, cardinal Rodrigue : voir Alexandre
Bokhara, 493. VI ; — Jean, duc de Gandia, II, 9 ;
— César et Lucrèce II, 9 ; — Pier-
Boleslas le Pudique, roi de Pologne,
re, neveu du pape Calixte, II, 4.
200.
Borgo San Sepolcro, ville de Toscane,
Boleslas Ier, prince de Mazovie, 218.
II, 233.
Boleslas IV, prince de Mazovie, 419.
Borso d’Este, duc de Ferrare, II, 103,
Bologne, 28, 68, 76, 100, 161-165, 201.
251, 277, 297, 314, 320-321, 336,
360, 468, 472, 474, 475, 477, 512-

— 288 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Bosnie, 34, 63, 103, 197-198, 208, 216, 225 ; vie reliieuse et hérésies,
214, 326, 375, 486, 495 ; II, 4, 13, 34, 342, 357 ; II, 16.
120, 131. bourguignon (État), 421, 449-459 ; II,
Bosphore, 191, 196, 486 ; II, 95, 129, 41-49, 83, 242 ; — (parti), 342,
136. 358, 360, 427-429, 441, 442, 443,
Bosworth, ville d’Angleterre, II, 74. 470, 482, 505, 535 ; II, 30.
Botnie (golfe de), 8. Bourhân-ad-dîn, émir de Sivas, 490.
Botticelli (Alexandre Filipepi, dit), II, Bourré (Jean), II, 54.
197, 231-235. Bouts (Thierry), peintre flamand, II,
Boucicaut (Geoffroi) 317. 222-223.
Boucicaut (Jean de), 426, 474, 487. Bouvines (bataille de), 10,451.
bouddhisme, 179, 180, 182. Brabant (duché.de), 65, 106, 133, 227,
Bougie, port d’Algérie, 270 ; II, 137. 239, 243, 451, 454, 457 ; II,
38,47,49 ; — ducs : voir Antoine,
Boulogne (Pas-de-Calais), 140. Jean, Jeanne, Saint-Pol.
Bourbon (famille), 440, 449 ; II, 207, Bracciolini (Poggio), humaniste, 511-
211 ; — Blanche, reine de Castille, 512, 514, 516-518, 521-523, 529,
167 ;— Charles, duc de Bourbon, 533 ; II, 159, 180, 184, 198.
449, 549 ; — Jean Ier duc, 436,
Bradwardine (Thomas), théologien
449 ; — Jean II, duc, II, 18, 39, 53,
anglais, 262.
58 ; — Louis duc, 547 ; — Louis,
évêque de Liège, II, 43 ; — Marie, Bramante (Donato), architecte, II, 215.
547. Brancacci, famille napolitaine : Félix,
Bourbonnais, 21, 449 ; II, 39, 53, 225. 558 ; — le cardinal Thomas, 551 ;
— chapelle Brancacci, à Florence,
Bourchier (Thomas), archevêque de
558-559.
Canterbury, II, 65.
Brancović (Georges), prince de Ser-
Bourdichon (Jean), peintre, II, 225.
bie, 495, 497 ; II,. 131-132.
Bourges, 42, 442 ; II, 18, 145 ; —
Branda (cardinal), 394.
Pragmatique Sanction et assem-
blées diverses du clergé, 369, 371 ; Brandebourg (electorat ou margraviat
II, 4-5 ; — cathédrale et art, 290- de), 83, 201, 206, 207, 209, 211,
292, 541, 547, 554. 370, 387, 390, 391 ; II, 15, 115. —
Voir : Frédéric V de Hohenzollern.
Bourgogne (comté de). — Voir :
Franche-Comté. — Comte : voir Brandys, ville de Bohême, II, 13.
Otton. Branković (Vuk), prince serbe, 486.
Bourgogne (duché de), 34, 50, 51, Brant (Sébastien), humaniste alsacien,
134,145, 146, 149, 342, 441, 453, II, 192, 210.
460 ; II, 28, 34, 44, 47-49 ; — Brantingham (Thomas), 154.
ducs : voir Philippe de Rouvres,
Braque (Nicolas), 140.
Philippe le Hardi, Jean Sans Peur,
Philippe le Bon, Charles le Témé- Breda, ville des Pays-Bas, 542.
raire, Marie ; — cour et art, 292, Brembre (Nicolas), marchand de Lon-
296, 303, 547-549, 557 ; II, 215- dres, 234.

— 289 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Brême, 226, 327. Broederlam (Melchior), peintre fla-


Brenner (col du), 77. mand, 553, 554.
Brescia, 34, 68, 77, 162, 369, 372, Brousse, 195,197, 491 ; II, 136, 140.
388, 474 ; II, 12, 238. Bruce, dynastie écossaise, II, 78 ; —
Breslau, 105, 353, 542. David, roi d’Écosse, 133 ; —
Édouard, frère de Robert, 128 ; —
Bresse, II, 106 ; — (Philippe de), II,
Robert, roi d’Écosse, 125,126, 128
107.
Bruges, 108, 112, 151, 505 ; — trou-
Brest, 153.
bles sociaux, 132, 238-239, 246 ;
Bretagne (comté, puis duché de), 9 ; — centre commercial, 8, 154, 227,
— pendant la guerre de Cent Ans, 228, 230, 231, 234, 236, 237, 240,
138-139, 144,149, 151, 152, 231, 423 ; II, 144, 145, 148, 149, 151,
232, 426, 429, 442, 445 ; — et les 152, 154 ; — vie intellectuelle, II,
coalitions féodales, 449 ; II, 39, 40, 183 ; — art, 292, 542, 553, 555 ; II,
41 ; — annexée à la France, II, 58, 222-223.
73, 83 ; — châteaux, 540 ; —
Brûlefer (Etienne Pillet, dit), théolo-
ducs : voir Anne, Blois (Charles
gien, II, 158.
de), François Ier, François II, Jean
II, Jean III, Jean IV, Jean V. Brullino, couvent des Abruzzes, 116.
Brétigny (préliminaires de), 145. Brüneck, ville du Tirol, II, 21.
Breuilh (Ameilh du), archevêque de Brunelleschi (Philippe), architecte,
Toulouse, 318. 544-546, 549-551 ; II, 212-213,
Brézé (Pierre de), II, 35, 37, 38. 235.
Bruni (Léonard), humaniste, 510, 512-
Bricot (Thomas), théologien, 11,158,
513, 517-518, 529, 532, 549, 552 ;
74.
II, 184, 218.
Bridel (Jean), ou Hennequin de Bru-
Brunkeberg, bourg de Suède, II, 123.
ges, enlumineur, 305.
Brünn. — Voir : Brno.
Brie, 444.
Brunnen (pacte de), 462.
Brienne (famille de), 215 ; — (Raoul
de), connétable, 140. Brunswick, 227,382 ; — (Otton de),
Brigitte de Suède (sainte), 95, 117- 173, 467.
118. Brusthem (bataille de), II, 43.
Brignais (Rhône), 150. Bruxelles, 106, 187, 274-275, 327,
Brisach (Haut-Rhin), 341. 381, 542, 556 ; II, 158-159, 222.
Buch (pays de), en Gascogne, 149 ; —
Bristol, ville d’Angleterre, 136, 232,
le « captal » de Buch : voir Grailly.
233, 330.
Buckingham (comté de), II, 69. —
Brixen, ville du Tirol, 373, 524 ; II,
Comtes : voir Gloucester (Thomas,
20-27, 156, 161-163, 169, 181,
duc de) et Stafford (Henri, comte
189 ; — évêque : voir Nicolas de
de).
Cues.
Bucy (Simon de), 140.
Brno ou Brunn, ville de Moravie, 353,
364 ; II, 26.

— 290 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Bude, ville de Hongrie, 208, 363, Cabochiens 345, 428-429, 505.


418 ; II, 221. Cade (Jack), II, 64.
Bueil (Jean de), II, 35. Caen, 139, 437.
Bug, rivière, II, 115. Caetani (famille), 68 ; II, 101 ; — Be-
Bugey, II, 106. noît : voir Boniface VIII.
Bulgarie, 34, 197-198, 212-215, 486, Caffa, port de Crimée, 229, 230.
497 ; — (Grande), II, 126. Cigliari, ville de Sardaigne, 174.
Bulle d’or, 82, 83, 206. Cahorsins, banquiers, 230.
Buonaccorsi (Philippe), humaniste, II, Caïffa, ville de Syrie, 189.
123, 165, 195. Caire (le), 194, 489, 490 ; II, 139, 140,
Buonagrazia, franciscain, 60,99,102. 154.
Buonconvento, bourg de Toscane,69. Calabre, 34, 285 ; II, 15, 164, 236.
Burchiello (Domenico di Giovanni, Calabre (Charles, duc de), 297 ; —
dit), 534. (Jean de), fils de René d’Anjou, II,
Bureau de la Rivière, 148, 425. 83, 97-99, 107.
Bureau (Gaspard), II, 33 ; — (Jean), Calais, aux Anglais, 139-140, 145,
II, 33, 35. 151, 152, 154, 208, 234, 429, 432,
Burgos, 167, 296, 542. 436, 448 ; II, 63, 66 , 69, 70, 72 ;
— (traité de), 145-148, 151, 154.
Buridan (Jean), philosophe, 259-262,
280, 381, 500-501, 528 ; II, 158, Calci, village de Toscane, 325.
185. Calicut, ville de l’Inde, 155.
Burley (Simon de), 431. Calixte III (Alphonse Borgia), pape,
Bursfeld (congrégation bénédictine II, 3-4, 18, 21, 95-97, 102, 131,
de), 381-382, 524 ; II, 117, 190. 160, 226.
Busch (Hermann), humaniste, II, 189. Calixtins. — Voir : Utraquistes.
Busch (Jean), moine de Windesheim, Calonne-sur-la-Lys (Nord), II, 183.
382 ; II, 18. Calpurnius, II, 205.
Buti (Lucrèce), femme de Philippe Caltabelotta (paix de), 172.
Lippi, II, 226. Calvin, 356.
byzantin (Empire), sa déchéance au Cam (Diego), II, 154.
e
XIV siècle, 191-193, 195-197, 213-
Camaldules (ordre des), 509 ; II, 180.
216 ; — sa chute, 495-498 ; II, 24,
95, 129 ; — influence de Byzance Cambrai, 64, 316, 327, 451, 457, 505,
dans la pensée et dans l’art, 260, 555 ; II, 191.
289, 298, 300-302, 509, 540, 544, Cambridge (Edmond, comte de). —
562 ; II, 215, 235-236, 246. Voir : York (Edmond d’).
Camerino, ville des Marches, II, 235.
C Camin, ville de Poméranie, 327.
Caboche (Sinonnet le Coutelier, dit) Campagne romaine, 159, 469 ; II, 101.
428. Campionesi (les), sculpteurs, 297.

— 291 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Cannanore, ville de l’Inde, II, 155 Carvajal, cardinal, 371, 378.


Candie, ville de Crète, II, 109. Casentin, région de Toscane, II, 179,
Cantacuzène (Jean VI), empereur de 180, 218-219.
Constantinople, 193, 196, 215. Caserte, ville de Campanie, 517.
Canterbury, 31, 108, 253, 329-330, Casimir III, le Grand, roi de Pologne
359, 430, 436, 541 ; II, 65. 209-211, 218.
capitalisme, 20, 230-231 ; II, 143-146, Casimir IV Jagellon, roi de Pologne,
243. II, 10, 121-125, 133, 195, 418-420 ;
Capitanei (Albert dei), archidiacre de II, 113-121 ; — et l’Ordre teutoni-
Crémone, II, 14. que, II, 113-116 ; — et la Bohême,
376 ; II, 117-119 ; — et la Hongrie,
Capoue, 380.
II, 119-121.
Capranica (cardinal Dominique), 530.
Casimir de Pologne, fils du précédent,
Capreolus (Jean), théologien, 502. II, 120, 121.
Cap Vert (îles du), II, 154. Časlav, ville de Bohême, 392.
Caravaggio (bataille de), 478. Caspe (compromis de), 480, 481 ; II,
Carcassonne, 34, 62, 98, 103, 290, 83,87,
293. , Caspienne (mer), 181, 489.
Cardenas (Alphonse de), II, 88. Cassel (bataille de), 132, 246, 452.
cardinaux (collège des), 42-43, 52, 57- Castagno (André del), peintre, 561 ;
58, 85-87, 93, 95,101,110, 309- II, 225-226, 228-229, 234.
310, 319, 321-322, 341, 359, 365,
Castelfranco (entrevue de), 77.
384 ; II, 6, 8, 102, 105.
Castel di Poggio, près de Florence, II,
Careggi, près de Florence, II, 168,
227.
172, 186, 199.
Castello, villa près de Florence, II,
Carie, 487.
231, 232.
Carinthie, 64, 82, 398 ; — (Henri de),
Castiglione Olona, bourg de Lombar-
82-83.
die, 558.
Cariteo (Benoît Gareth, dit), II, 204-
Castille, à la fin du XIIIe siècle, 11 ; —
205.
au XIVe siècle, 150, 154, 157, 165-
Carlos. — Voir : Charles. 168, 288 ; — sous les Trastamare,
Carmagnola, condottiere, 474-475. 314, 431, 466, 480-483, 491 ; — et
Carmélites, 379. le Schisme, 309, 311, 314, 316,
Carmes, 264. 327, 379. 321, 341, 361, 368-369, 371 ; —
vie religieuse, 381 ; — son union
Carniole, 398.
avec l’Aragon, II, 50, 80, 84-90,
Carona, bourg de Lombardie, II, 214, 241 ; — vie intellectuelle, II, 208-
221. 209.
Carpaccio (Victor), peintre, II, 237. Castillo (Diego Enriquez del), écrivain
Carpathes (monts), 201. espagnol, II, 209.
Carpentras (Vaucluse), 277. Castillon (bataille de), 448.

— 292 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Castracani (Castruccio), 76, 77. Celtes (Conrad), humaniste allemand,


Castriota (Georges). — Voir : Skan- II, 192.
derbeg. Cenis (mont), 68.
Castro (Inès de), 169. Cent ans (guerre de), 1, 22, 90, 91,
catalane (compagnie), 175, 192. 119, 130-155, 236, 243, 421-450,
452, 456, 458 ; II, 30, 58, 59, 79,
Catalogne, 170, 292, 479, 480, 580 ;
143.
— en révolution, II, 51, 81-84, 96.
Cerda (Fernand de la), 11 ; — (infants
Cathares, hérétiques, 33-34, 62-63,
de la), 11, 166, 170.
103-104, 326, 357, 375 ; II, 13,
132, 245. Cerdagne, 174, 479 ; II, 81 ; —
conquise par les Français, II, 51,
Catherine de Bourgogne, femme de
82, 84, 88.
Philippe le Hardi, 547.
Cerroni (Jean), 163.
Catherine de France, reine
d’Angleterre, femme d’Henri V, Certaldo, bourg de Toscane, 267.
435, 438. Cervole (Arnaud de), 93.
Catherine de Lancastre, reine de Cas- César (Jules), 514 ; II, 208, 238.
tille, femme d’Henri III, 481. Césarée, ville de Syrie, 229.
Catherine de Sienne (sainte), 95, 96, Cesarini (Julien), cardinal, 359-364,
117-118, 276, 312, 380, 510. 366-368, 370, 396-397, 418.
Catherine (sainte) de Suède, 313. Cesena, ville de Romagne, 96,164 ; II,
Catherine Sforza, dame d’Imola, II, 6. 104, 105 ; — (Michel de), général
Cato (Ange), archevêque de Vienne en des Franciscains, 76-77.
Dauphiné, II, 183. Česki Brod, ou Böhmisch Brod, ville
Cattanei (Vannozza dei), II, 9. de Bohême (bataille de), 364, 397
Cattaneo (Simonetta), II, 200, 231. Ceuta, 484 ; II, 138,158.
Caucase, 489 ; II, 125. Chabannes (Antoine de), II, 38.
Cauchon (Pierre), évêque de Beauvais, Chah-Roukh, fils de Timour, 492,
443. 493.
Caux (pays de), II, 41. Chaise-Dieu (abbaye de la), 295.
Cavalca (Dominique), dominicain, Chalcondylas (Démètrios), humaniste,
275-, 304. II, 167, 168, 195, 230.
Cavalcanti (Guido), poète florentin, Chalon (Jean de), prince d’Orange, II,
251. 48.
Cavallini (Pierre), peintre, 299-300. Chambéry, II, 19.
Cavriana (paix de), 475. chambre apostolique, 86, 91-92.
Caxton (Guillaume), écrivain anglais, Champagne, 9, 64, 123, 144, 145, 151,
II, 209. 246, 265, 289, 292, 296, 429, 439,
441, 443, 444, 482 ; II, 40 ; — (foi-
Célestin V (Pierre de Murrone), pape,
res de), 19, 231 ; — (maréchal de),
43, 46, 50, 53, 57, 58, 62, 271.
143.
Célestins (ordre des), 58, 495.

— 293 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Champmol (Chartreuse de), près de artistique, 291, 295, 305 ; II, 205,
Dijon, 547-549 ; II, 215-216. 207.
Charlemagne, 535, 538-539 ; II, 201- Charles VI, roi de France, 421-429,
203, 238. 431-433, 435-438, 454, 474 ; II,
Charles d’Anjou, comte du Maine et 65 ; — et le Grand Schisme, 314-
duc de Calabre, II, 53, 100. 317. 340 ; — et la vie intellectuelle
Charles, comte de Valois, fils de Phi- ou artistique, 535, 547, 557 ; II,
lippe III, roi de France, 39, 47, 66, 205.
68, 122, 123, 134, 159, 172, 175, Charles VII, roi de France, avant son
191. avènement, 436-438, 440 ; — roi,
399, 421, 441-445, 447-449, 456,
Charles de France, duc de Berry, puis
458, 496 ; — ses réformes, II, 31-
de Guyenne, frère de Louis XI, roi
38, 53, 144 ; — et l’Italie, 481 ; II,
de France, II, 37, 39-41, 53, 86.
97, 107 ; — sa politique religieuse,
Charles le Téméraire, duc de Bourgo- 358-360, 364, 368, 369, 373 ; II, 3,
gne, 457 ; II, 28, 39-47, 69-71, 84, 4 ; — et la vie intellectuelle ou ar-
107, 208, 242, 243 ; — et la vie lit- tistique, 502 ; II, 182, 206.
téraire ou artistique, II, 207, 216,
Charles VIII, roi de France, avant son
221.
avènement, II, 49, 72 ; — roi, II,
Charles, duc d’Orléans. — Voir : Or- 56-59, 74, 100, 112 ; — sa politi-
léans. que religieuse, II, 14, 20 ; — et la
Charles Ier, duc de Savoie, II, 15. vie intellectuelle ou artistique, II,
Charles IV de Luxembourg, empepe- 175, 207, 208 ; — et l’expédition
reur, 1, 77, 79-84, 143, 151, 163, de Naples, II, 166, 204, 206, 208.
227, 277, 386, 453-454 ; II, 240 ; Charles Ier d’Anjou, roi de Naples, 1,
— et la Bohême, 205-207, 211, 6, 12, 21, 28, 159, 172, 214, 341.
223, 232, 331, 333, 338, 355, 393 ; Charles II d’Anjou, dit le Boiteux, roi
— et les hérésies, 97, 105, 106 ; — de Naples, 12, 39, 42, 43, 47, 51,
et l’art, 292, 303. 57, 60, 67,172-173.
Charles V ou Charles Quint, empe- Charles III de Durazzo (ou de Duras),
reur, II, 240. roi de Naples, 313-314,468.
Charles, prince de Viane, 483 ; II, 81- Charles II le Mauvais, roi de Navarre,
82, 89, 96. 140, 142-144, 148-149, 152, 167,
Charles IV le Bel, roi de France, 75, 168, 311, 482.
123, 131, 132, 168. Charles III de Noble, roi de Navarre,
Charles V, roi de France, avant son 482-483.
avènement, 1, 104, 106, 135, 140- Charles VIII, roi de Suède. — Voir :
145 ; — roi, 147-152, 421-425, Knutsson (Charles).
468 ; II, 55 ; — et l’Espagne, 167,
Charles d’Espagne, connétable de
232 ; — et l’État bourguignon, 453,
France, 140.
458 ; — et l’Église, 94-95, 110-
111, 310-312, 323 ; — et l’art de Charles de Melun, grand-maître
gouverner, 114, 260, 262, 286, d’hôtel de France, II, 38.
535 ; — et la vie intellectuelle ou

— 294 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Charles-Martel d’Anjou, roi de Hon- Chichman (Jean), prince de Bulgarie,


grie, 42, 202, 207. 486.
Charles-Robert d’Anjou, roi de Hon- Chieri, ville du Piémont, 103, 326.
grie, 202, 207, 214. Chieti, ville des Marches, 43.
Charolais (comté de), II, 39, 44 ; — Chiites (secte des), 180.
comte : voir Charles le Téméraire.
Chine, sous les Mongols, 176-182,
Chartier (Alain), poète, 536, 538-539. 229 ; — missionnaires, 182-183 ;
Chartres, 145, 292. — sous les Ming, 186-187, 491,
Chartreux, 352, 381, 506 ; II, 159. 493 ; II, 127, 241 ; — et
Chastellain (Georges), chroniqueur, II, l’imprimerie, II, 247.
207. Chinon, 443.
Chateaudun (Eure-et-Loire), II, 216. Chios, île, 191, 229, 487.
Château-Landon (Seine-et-Marne), II, Chiraz, ville de Perse, 180, 489.
18. Chi-tsou, empereur chinois, 177-178,
Châteauneuf-de-Randon (Lozère), 182.
151. chôgoun, au Japon, 184 ; II, 127.
Châtelet (le), à Paris, 424. Chojnice (bataille de), II, 114.
Châtillon (Jacques de), gouverneur de Chopinel. — Voir : Jean de Meung.
Flandre, 238. Christburg, ville de Prusse, II, 115.
Chaucer (Geoffroi), 287-288, 539 ; II, Christian d’Oldenbourg, roi de Dane-
209-210. mark, 407-408 ; II, 122-123.
Cheb (Eger), ville de Bohême, 83, Christine de Pisan, 147-148, 536, 539.
361-362, 387, 394, 396 ; II, 13. Christophe de Bavière, roi de Dane-
Chelčice, bourg de Bohême, 377. mark, 407.
Chelčicky (Pierre), hérétique bohé- Christus (Petrus), peintre flamand,
mien, 377 ; II, 11, 13. 556.
Chelm (ou Cholm), ville de Pologne, Chrysoloras (Manuel), humaniste,
219. 509-513.
Chelmno (ou Kulm), ville de Pologne, Chypre (royaume de), 56,112, 172,
sur la Vistule, 227 ; II ; 115. 189, 190, 193, 211, 229, 270, 487 ;
Cherbourg, 152, 482. II, 4, 109, 145.
Chevalier (Étienne), trésorier de Fran- Cibo (Laurent), cardinal, II, 8.
ce, 557-558 ; II, 224. Cicéron, 268, 278, 280, 284, 509-512,
Chezal-Benoist (Cher), monastère, II, 514-515, 518-519, 522, 535, 536 ;
18. II, 164, 183, 192.
Chichele, archevêque de Canterbury, Cimabue (Jean), peintre, 299,301.
359. Ciompi (révolte des), à Florence, 241,
Chichester (évêque de), II, 62, 63. 279, 476.
Chichman, prince bulgare, 213, 214. Cirencester (bataille de), 433.

— 295 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Cirey (Jean de), abbé de Cîteaux II, comme pape, 309-316, 325, 330,
18. 398, 422, 426, 469.
Cîteaux, ordre monastique, 32, 54, Clément VIII (Gilles Muñoz), antipa-
116-117, 253, 292, 381 ; II, 18, pe, 359.
190, 216. Clémentines, recueil des décrets de
Città della Pieve, bourg d’Ombrie, II, Clément V, 87.
234. Clerée (Jean), dominicain, II, 20-21.
Città di Castello, ville d’Ombrie, II, Clericis laïcos (bulle), 45, 48, 53, 126.
105, 112. Clermont (Robert de), 21.
Cividale, bourg du Frioul, 320. Clermont-Ferrand, 290.
Civitali (Mathieu), sculpteur, II, 219. Clèves (duché de), 65.
Civitavecchia, ville de la province de Clifford (Lord), II, 65.
Rome, II, 3.
Clisson (famille de), 139 ; — (Olivier
Clarence (duc de). — Voir : Georges de), connétable, 425, 426.
d’York, Lionel.
Clopinel. — Voir : Jean de Meung.
Clarisses, ordre monastique, 380 ; II,
19. Cluny, ordre monastique, 511, 541 ;
II,. 18, 21.
Claus de Werve, sculpteur, 548 ; II,
216. Coblence, 75, 383, 523.
Clémenges (Nicolas de), théologien, Cocherel (bataille de), 149.
287, 315, 323. Coducci (Mauro), architecte vénitien,
Clément IV, pape, 159. II, 214.
Clément V (Bertrand de Got), pape, et Coene (Jacques), peintre flamand,
le gouvernement de l’Église, 84-85, 553.
87, 89, 91, 92, 183 ; — décadence Cœur (Jacques), 541 ; II, 35, 145.
et réforme de l’Église sous son Coïmbre, ville du Portugal, 484.
pontificat, 32, 116-117, 252, 270 ; Col (Gontier), humaniste, 535.
— son attitude vis-à-vis des héré-
Colard de Laon, peintre, 554.
sies, 60-62, 327 ; — ses rapports
avec la France, 52-58, 295 ; II, Colet (Jean), théologien anglais, . II,
239 ; — avec l’Empire, 66-70, 72- 157, 195.
74 ; — avec l’Italie, 160, 173. Colétans, franciscains, II, 19.
Clément VI (Pierre Roger), pape, et le Colette (sainte), 312, 379 ; H, 19.
gouvernement de l’Église, 85-86, Colin d’Amiens, peintre, II, 225.
89, 92, 95, 116, 277, 295 ; — sa Colleone (Barthélémy), II, 219.
lutte contre les hérésies, 102, 107,
110, 263 ; — ses rapports avec Colleoni, famille de Bergame, II, 220.
l’Empire, 79-81 ; — avec les pays Colmar, 380 ; II, 44, 45, 183, 224.
méditerranéens, 162, 167, 172, 191. Cologne, et les empereurs, 134, 388 ;
Clément VII (Robert de Genève), pa- — ses archevêques, 42, 65, 73,
pe, comme cardinal, 95, 96 ; — 370, 387, 394, 459 ; II, 28, 46 ; —
activité commerciale, 225-227,

— 296 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

242 ; II, 144 ; — Université et en- condottieri, 157, 164, 466, 470, 471,
seignement, 259, 256, 272-274, 474 ; II, 95, 102, 107, 108, 111.
335, 337, 348, 380, 523, 525 ; II, Conflans (traité de), II, 39, 40.
17, 158, 188, 192 ; — hérésies, ré- confucianisme, en Chine, 182.
formes, 33, 62-63, 106, 326-327,
370, 383, 507 ; — art, 292, 296, Congo, fleuve, II, 154.
553, 556-557 ; II, 222-224. Coni, ville du Piémont, 375.
Colomb (Christophe), II, 1, 155, 246, Conrad II, archevêque de Mayence,
250. 325.
Colombini (Jean), écrivain ascétique, Conrad de Gelnhausen, théologien,
276. 312, 323.
Colonna (famille), 43, 47, 51, 52, 68, Conrad de Prusse, dominicain, 380.
159, 277, 360, 371, 469, 470 ; II, Conrad de Waldhausen, hérétique,
101, 105 ; — Jacques, cardinal, 105, 331-333.
46 ; — Jean, 51 ; — Jean, domini- Conseil des Dix, à Venise, 159 ; II,
cain, 538 ; — Odone, cardinal : 109.
voir Martin V ; — Pierre, cardinal,
Constance, 274, 322, 557 ; II, 13, 183,
46 ; — Sciarra, 51, 76, 77.
192 ; — concile de Constance, 339-
Côme, 77. 351, 359, 361, 365, 368-372, 375-
commendes, II, 105. 376, 379, 390, 415, 436, 505-506,
Commynes (Philippe de), chroni- 509-511 ; II, 23, 240 ; — traité de
queur, II, 36, 38, 54, 56, 111, 144, Constance, 463 ; — union de Cons-
183, 208, 209. tance, II, 45-46.
Comnène (David), empereur de Trébi- Constance (lac de), 464.
zonde, II, 134. Constance de Hohenstaufen, femme
Compagni (Dino), chroniqueur, 286 ; de Pierre III d’Aragon, 6.
compactata. — Voir : Iihlava. Constantin le Grand, II, 200 ; — (arc
compagnies d’ordonnance, II, 32, 55. de triomphe de), 545 ; — (basilique
de), 546 ; — (donation, de), 28,
compagnies (grandes), 85, 93, 149- 328, 520, 523, 531 ; II, 249.
150, 231 ; II, 31.
Constantin XI, empereur de Byzance,
Compiègne, 143, 438, 443 ; II, 41. 373, 498.
Compostelle (saint-Jacques de), 61. Constantin, fils d’Uroš II de Serbie,
Comtat-Venaissin, 34, 85. 214.
Comuneros (révolte des), II, 244. Constantinople, 2-3, 4, 63, 95, 191,
concile (théorie de la puissance du), 214-216, 368, 373, 378, 486-488,
100-102, 308, 312, 322-324, 358- 494, 496, 512-513, 523, 529 ; —
359, 361, 368, 370, 372, 374, 505, (empire latin de), 159, 191 ; —
509, 511, 523 ; II, 1-5, 8, 16-17, sous les Ottomans, 195, 471, 478,
23-24, 152, 162, 240 ; — conciles : 498 ; II, 1-2, 4, 13, 24, 95, 126,
voir Bâle, Constance, Ferrare, Flo- 129, 130, 132, 140, 143, 149, 152,
rence, Latran, Pise, Rome, Trente, 161, 236. — Voir : byzantin (Em-
Vienne. pire).

— 297 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Contarini, famille vénitienne, 544. Courtenay (Guillaume de) évêque de


Convenevole de Prato, humaniste, Londres, 108.
277. Courtrai, ville de Flandre, 542 ; —
Copenhague, 226, 227, 405. bataille, 50, 132, 239, 452.
Copernic, 261 ; II, 193. Cousinot, conseiller de Louis XI, II,
54.
Coquillart (Guillaume), 537.
Coutances (Manche), 113 ; II, 217.
Coran, 36 ; II, 173.
Coventry (Parlement de), II, 66.
Corbie (Somme), 312, 379.
Covilham (Pierre de), II, 154.
Corbières (chaîne des), 33.
Cowley (Middlessex), 331.
Cordes (Tarn), 103.
Cracovie, 105, 200, 209, 211, 222,
Cordoue (califat de), 165.
411, 416 ; II, 114, 123, 195 ; —
Corinthe, 192 ; II, 131 ; — (isthme Université, 210, 413 ; II, 123.
de), 497.
Cramaud (Simon de), patriarche
Cornaro (Catherine), reine de Chypre, d’Alexandrie, 318.
II, 109.
Craon (Georges de la Trémoïlle, sire
Cornelius Nepos, II, 202. de), II, 47.
Cornouaille, en Angleterre, II, 75. Cravant (bataille de), 442.
Corpus juris canonici, 87. Crécy (bataille de), 79, 83, 137, 139,
Corse, 103, 157, 159, 172, 173-174, 141, 142, 206, 246, 436, 452.
326, 470, 471. Crémone, 81, 474 ; 11,14, 164 ; —
Corsignano, bourg de Toscane, 530. (Henri de), canoniste, 49.
cortes de Castille, 169-170 ; II, 87 ; — Crète, 191, 229.
de Catalogne et d’Aragon, 170, Crimée, 102, 181, 229-230 ; II, 125,
480 ; II, 81-83 ; — de Navarre, II, 126, 134.
81 ; — de Portugal, II, 154.
Crivelli (Charles), peintre, II, 235-236.
Cortina d’Ampezzo (Tirol méridio-
nal), II, 21. Crnojević (famille), au Monténégro,
II, 133.
Cortone, ville de Toscane, 560 ; II,
Croatie, 34, 63, 104, 326, 357, 390,
184, 234.
486 ; II, 132.
Corvara, bourg des Abruzzes, 76.
Cuba, II, 155.
Corvin (Jean), II, 121.
Cues (Nicolas de). — Voir : Nicolas.
Corvin (Mathias). — Voir : Mathias.
Cueva (Beltran de la), II, 85.
Cosenza, ville de Calabre, 325 ; II, 19.
Cuignières (Pierre de), légiste, 110-
Cossa (François del), peintre, II, 238. 111.
Coucy (Enguerrand de), 426. Cujavie, 200.
Coulam, évêché aux Indes, 183. Cyclades, îles, 495.
Courlande, 226.
Courtenay (Catherine de), femme de
D
Charles de Valois, 192,

— 298 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Dabiša (Étienne), roi en Bosnie, 486. Daubenton (Jeanne), hérétique, 106.


Daïgo II, ou Go-Daïgo, empereur du Dauphiné, 34, 63, 65, 104, 134-135,
Japon, 184. 357, 375, 441, 445 ; II, 14-15, 37-
daïmio, seigneurs japonais, II, 127. 38.
Dalberg (Louis de), évêque de David de Bourgogne, archevêque
Worms, II, 192. d’Utrecht, II, 17.
Dalécarlie, 406. David (Gérard), peintre flamand, II,
223.
Dalmatie, 34, 63, 103-104, 209, 214,
326, 380, 390, 486 ; II, 212, 218. Dax (Landes), 151.
Damas, 189, 491 ; II, 140. Dayan, khan mongol, II, 127.
Damien (Pierre), 32. De Coninc (Pierre), tisserand de Bru-
ges, 238.
Damme, avant-port de Bruges, 228.
décrétales, 27, 74.
Dampierre (Gui de), comte de Flan-
dre, 132, 238, 452, 459. De Groote (Gérard), 381-383, 504 ; II,
18, 20-21, 188, 190.
Dandolo (André), doge de Venise,
159. Dei (Pierre), peintre, II, 234.
Danemark, et la Hanse, 211, 226-227 ; De Jennaro (Pierre-Jacques), poète, II,
— au temps de l’union de Kalmar, 204.
402-408 ; — à la fin du XVe siècle, Dekkan, plateau, 186 ; II, 128.
II, 115, 122-123, 241. Del Carretto (Ilaria), 550.
Dante Alighieri, sa vie, 264, 277, 300, Delft, 381.
499 ; — sa pensée philosophique et Del Giocolo (Pierre), poète, 533.
théologique, 31-32, 35, 62-63, 102,
117, 118, 250, 252-253, 267, 268, Delhi, ville de l’Inde, 185, 490, 492,
275, 278-280, 284, 499, 532 ; II, 493 ; — (royaume ou sultanat de),
156, 169, 173, 186, 197, 206 ; — sa 185, 490, 493 ; II, 128.
pensée politique, 27, 43, 58, 66, 68- Della Scala (ou Scaligeri), famille de
69, 71, 74-75, 112-113, 159, 228, Vérone, 158, 251, 297 ; — Can
270, 279, 514, 520, 532 ; II, 24, Grande, 297 ; — Mastino, 162.
239, 240, 242 ; — la Divine comé- Del Medico (Élie), savant juif, II, 173.
die, 32, 35, 101, 113, 250-252, 267, Démosthène, 514.
285-287, 304, 531-532, 535, 538,
Démotika, ville de Thrace, 216.
553, 560, 561 ; II, 180-181, 196-
201, 204-205, 232. Denis, roi de Portugal, 169.
Danube, 200, 213, 214, 357, 386, 409, Denys l’Aréopagite, ou le pseudo-
487, 495 ; II, 10, 119, 132-134, Denys, II, 171-172, 195.
241. Deschamps (Eustache), poète, 537.
Danzig, 201, 225, 542 ; II, 115, 123. Deschamps (Jean), architecte, 290.
Da Polenta, famille de Ravenne, 251. Des Mares (Jean), avocat, 424.
Daret (Jacques). — Voir : Flémalle. Despenser (famille des), 22, 129, 432 ;
Dardanelles, 196. — Hugues le Jeune, 129.

— 299 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Deutsch Brod. — Voir : Nemecki Dôle (Jura), II, 48 ; — (Parlement de),


Brod. II, 44.
Deventer, ville des Pays-Bas, 381, Domažlice ou Taus, en Bohême, 360,
383, 523 ; II, 189-190. 397.
Diaz (Barthélémy), II, 154-155. Dombes (les), 21, 449.
Didier de Settignano, sculpteur, II, Dominicains, 352, 560 ; II, 158, 180,
217-218. 215, 232 ; — et l’Inquisition, 62,
diète de l’Empire, 8, 66, 67, 206, 207, 327, 345, 375 ; II, 16-17 ; — leur
398, 399 ; II, 25, 28, 46. réforme, 116, 380 ; II, 19, 179 ; —
Dijon, 547-549, 554 ; II, 50, 215- 216. leurs doctrines théologiques, 31,
253-254, 256, 258-270, 272-273,
Dinant, ville de Belgique, 18, 227 ; II, 275, 304, 502, 504 ; II, 19, 21-22,
43. 158, 175.
Dinariques (Alpes), II, 134. Dominici (Jean), cardinal, 341, 359,
Diogène Laërce, 511. 380, 509 ; II, 164.
Dioscoride, II, 166. Dominique (saint), 341, 359, 380,
Diotifeci, médecin, II, 168. 509 ; II, 164.
Discipula veritatis (bulle), II, 103. Domrémy (Vosges), 443.
Dishypatos (Jean), diplomate, 366. Don, fleuve, 222.
divân, ou conseil des ministres en Donat, grammairien, 517.
Turquie, II, 135. Donatello, 500, 550-553, 561 ; II, 199,
Dixmude, ville de Flandre, II, 148. 217, 219-220, 228, 237, 249.
Djagataï, fils de Gengis-khan, et sa Donskoï (Dmitri), duc de Moscou,
descendance, 179, 187 ; II, 127. 221-223 ; II, 124.
Djélaïrides. — Voir : Ahmed. Dordogne, rivière, 448.,
Djem, fils de Mohammed II, II, Dordrecht, ville de Hollande, 293,
135,140. 542.
Djhilam, rivière de l’Inde, 490. Dormans (Guillaume et Jean de), 148.
Dlugosz (Jean), historien, II, 123. Dorpat, ville d’Esthonie, 225.
Dniepr, fleuve, II, 116. Dorset (comte de). — Voir : Beaufort
Dniestr, fleuve, II, 116. (Edmond de).
Dobroudja, 213. Dortmund, ville de Westphalie, 227.
Dobrotich, prince bulgare, 213. Douai (Nord), 18,19,132, 452, 453.
Döffingen, ville du Wurtemberg, 387. Douchan. — Voir : Dusan.
Dolcebuono (Jean-Jacques), architec- Douglas (comtes de), II, 78.
te, II, 211. Drama, ville de Macédoine, 197.
Dolci (Jean de’), architecte, II, 213, Dreux (comté de), 439.
229. Dreux (Bertrand de), légat pontifical,
Dolcino, hérétique, 61, 62 ; II, 21. 163.
Drina, rivière, 214.

— 300 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Dringenberg (Louis), humaniste alsa- Eckhart (Jean), 272-275, 499, 504-


cien, II, 192. 505, 507, 525, 527-528 ; II, 162.
Drontheim. — Voir : Trondhjem. Échiquier anglais, 127 ; II, 77.
Drouet de Dammartin, sculpteur, 547. Écluse (l’), ou Sluis, port de Zélande,
Dubois (Pierre), publiciste, 49,113. 138, 228.
Du Guesclin (Bertrand), 93, 148, 149, Écorcheurs, routiers, 399, 445 ; II, 30.
151, 167, 546. Écosse, 125-126, 128, 133, 136, 266,
Duccio di Buoninsegna, peintre, 301- 311, 321, 331, 341, 433, 442, 530 ;
303. II, 24, 67-68, 75, 78-79.
Duknović (Jean), ou Giovanni Dalma- Édesse, ville de Syrie, 520.
ta, sculpteur, II, 218-219. Edmond, comte de Cambridge, puis
Dumas (Pierre), abbé de Chezal- duc d’York, fils d’Édouard III
Benoist, II, 118. d’Angleterre, 150, 429.
Dumbleton, scolasrtique anglais, 262. Édouard, comte de March. — Voir :
Édouard IV d’Angleterre.
Duna, fleuve, 225.
Édouard, prince de Galles, dit le
Dunbar, ville d’Écosse, 125.
« Prince noir », fils d’Édouard III,
Dunin (Pierre), chef polonais, 11,115. 108, 141, 146, 150-151, 153-154,
Dunois, bâtard d’Orléans, 445, 448, 167, 266, 429.
449 ; II, 216. Édouard, prince de Galles, fils d’Henri
Duns Scot, 252-258, 260, 270-272, VI d’Angleterre, II, 65, 66, 70, 71.
280, 294, 500-504, 506 ; II, 157- Édouard Ier, roi d’Angleterre, 10, 45,
158, 163, 248. 46, 65, 125-127, 131,180, 238.
Durand (Guillaume) l’Ancien, évêque Édouard II, roi d’Angleterre, 119,
de Mende, 28. 127-132, 432.
Durand (Guillaume) le Jeune, évêque Édouard III, roi d’Angleterre, 1, 90,
de Mende, 115. 108, 111, 112, 130, 133-142, 145-
Durand de Saint-Pourçain, théologien, 148, 150, 153-155, 232, 233, 236,
256. 421, 429, 434-436, 452 ; II, 208.
Durazzo ou Duras (princes de), 173. Édouard IV, roi d’Angleterre, avant
— Voir : Charles III et Ladislas, son avènement (comte de March,
rois de Naples. puis duc d’York), II, 66-67 ; — roi,
Dürer (Albert), II, 194, 224, 237. II, 40, 45, 46, 68-76, 79.
Dušan (Étienne Uroš IV, dit), roi ser- Édouard V, roi d’Angleterre, II, 73.
be, 193, 215-216. Égée (mer), 190, 191, 193, 195, 215,
487.
E Eger. — Voir : Cheb.
Eberhart, comte de Wurtemberg, 387, Eggebeck, bourg du Slesvig, 404.
388. Église, à la fin du XIIIe siècle, 1, 6-7,
Èbre, fleuve d’Espagne, 480. 41-44 ; — son gouvernement et son
administration, 33, 60, 84-92, 99-

— 301 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

102, 106, 111, 325, 324, 328-329, Embrun (Hautes-Alpes), 104.


346, 349, 365, 372, 525 ; II, 3, 8, Émili (Paul), humaniste italien, II,
161-162 ; — son autorité, 3, 31, 98, 184-185.
101, 107-108, 112, 258, 270, 279, Émilie, 161 ; II, 173.
307, 325-326, 345, 351, 361-362,
368, 370 378-379, 499, 511, 514, Emmanuel, roi de Portugal, II, 155.
520-522 524 ; II, 2, 12, 16, 171, Emmerich, ville de Westphalie, II,
175, 178-179, 240 ; — décadence 189-190.
et réforme, 32, 118, 279, 300, 320- Empire, sous Rodolphe de Habsbourg,
321, 331, 345, 348-349, 355, 360, 1, 7-9, 12, 27, 43, 64-65 ; — jus-
367, 371-373, 378, 380-381, 383, qu’à la mort de Charles IV (1378),
523 ; II, 1, 4, 9-10, 20-23, 179 ; — 65-84, 88, 94, 203, 206 ; — jus-
opposition à l’Église, 59-61, 102, qu’au milieu du XVe siècle, 385-
268, 329, 334, 337, 353, 364, 376, 400, 403, 473 ; — et l’État bour-
522 ; II, 245. — Voir : Églises na- guignon, 451-465 ; — dans la se-
tionales, hérétiques, Rome, Saint- conde moitié du XVe siècle, II, 24-
Siège. 29, 35, 36 ; — son autorité, 1, 60,
Église (États de l’). — Voir : Pontifi- 110, 112-115, 279, 322, 333, 357,
cal (État). 360, 373, 532 ; II, 1, 24, 29, 240,
Églises nationales, 351, 374, 509 ; II, 244 ; — politique religieuse et rap-
3, 8-10, 240, 245 ; — et voir : An- ports avec le Saint-Siège, 112, 251,
gleterre, Bohême, France. 316, 321, 369 ; II, 2-3, 23.
Égypte, 180, 181,189-190, 193-194, Empoli, ville de Toscane, II, 218.
229, 265, 524 ; II, 139-141, 154, Engelbrektsson (Engelbrekt), 406.
171, 187, 241. Enriquez (Jeanne), femme de Jean II
Elbe, fleuve, 395. d’Aragon ; II, 82, 85.
Elbing, ville de Prusse, 226 ; II, 115. Éphèse (archevêque d’), 496.
électeurs de l’Empire, 65, 74, 75, 79, Éphrem (saint), 511.
206, 207, 387, 389-391, 393, 396- Épicure, épicuriens, 35 ; II, 168, 171.
399, 458 ; II, 25, 28, 46. Épire, 197, 214, 215, 229, 495 ; II, 4.
élections, divisions financières en Eppenstein (Gérard d’), archevêque de
France, 152 ; II, 34. Mayence, 66.
Élisabeth d’York, reine d’Angleterre, Érasme, 511, 518-519, 521 ; II, 157,
fille d’Édouard IV d’Angleterre, II, 160, 166, 189, 190, 247, 249.
72, 73, 74.
Érasme de Narni, dit Gattamelata,
Élisabeth, femme de Venceslas III, roi condottiere, 552.
de Bohême, 203.
Erfurt, ville de Thuringe, 106, 272,
Élisabeth de Luxembourg, femme 296, 326, 335, 372, 381, 396, 501 ;
d’Albert II de Habsbours, roi des II, 16, 172, 188-189.
Romains, 398-399.
Éric de Poméranie, roi de Danemark,
Elvas, ville du Portugal, 170. Suède et Norvège, 403-407, 415.
Embach, rivière d’Esthonie, 225.

— 302 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Ermeland, ou Warmie, région en Prus- Étienne, roi de Bosnie. — Voir : Kos-


se orientale (évêque d’), II, 115. tromanić, Ostoja, Ostojić, Tomaš,
Ertoghroul, chef légendaire des Otto- Tomasević, Tvrtko, Vukcić.
mans, 195. Étienne, roi de Serbie. — Voir :
Erzeroum, ville d’Arménie, 489. Dušan et Uroš.
Erzgebirge, 333. Étienne de Bonneval, architecte, 292.
Erzindjân, ville d’Arménie, 489. Étienne de Bourbon, dominicain, 268.
Escaut, 227, 450-451, 456, 457 ; II, Étolie, 229.
150, 152. Etsi de statu (bulle), 46.
Eschine, 510. Eubée, 487, 495 ; II, 6.
Eski-chéir ou Dorylée, en Asie Mineu- Eugène IV, pape, 360-372, 375-376,
re, 195. 379-381, 383-384, 400, 470-472,
Espagne, à la fin du XIIIe siècle, 2, 9, 475, 477, 511, 420, 529-530, 552,
11, 21, 39 ; — au XIVe siècle, 113, 560 ; II, 4, 6, 103.
157, 165-175 ; — jusqu’au milieu Euphrate, fleuve, 195, 488.
du XVe siècle, 466, 478-483 ; — Évangile éternel, 32, 61, 325 ; et voir :
dans la seconde moitié du XVe siè- Joachim de Flore.
cle, II, 51-52, 80-92, 96, 99, 112, Évreux, 290.
241, 244 ; — développement éco-
nomique, II, 144, 151, 152, 243 ; Évreux (Philippe d’), 168.
— vie religieuse et hérésies, 61-62, Ex debito (constitution), 88.
102, 116, 340, 343, 358, 372, 380 ; Exeter, 293. — Voir : Thomas de
II, 7, 24 ; — vie intellectuelle et lit- Beaufort.
téraire, 228, 537-539 ; II, 174, 195, Exsecrabilis (bulle), 89.
209 ; — art, 296 ; II, 211-212.
Extravagantes (décrétales), 87.
Essex, 430 ; — (comtesse d’), II, 69.
Exultat in gloria (encyclique), 67.
Este (famille d’), 77, 158, 160, 535 ;
Eymeric de Campo, théologien alle-
II, 107, 203, 238. — Voir : Borso,
mand, 523.
Hercule, Lionel, Nicolas III.
Eymeric (Nicolas), inquisiteur, 104.
Estella, ville de Navarre, II, 82.
Estouteville (Guillaume d’), cardinal,
373, 502. F
étape des laines, 154, 234. Faber (Jean), humaniste allemand, II,
États généraux, 10, 122, 124, 142-143, 189.
242-243, 424, 428, 438 ; II, 23, 33- Fabiano, inquisiteur, 103.
34, 53, 56-57, 243. Fabre (Catalan), inquisiteur, 104.
Étienne, évêque vaudois, II, 15. Fabriano, ville des Marches, 375,
Étienne IV le Grand, prince de Mol- 562 ; II, 227.
davie, II, 133. Faenza, ville d’Émilie, II, 101, 213.
Étienne, prince serbe. — Voir : Laza- Falkenstein (Zavich de), régent de
rević. Bohême, 200, 203.

— 303 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Falkirk, ville d’Ecosse, 126. Fermignano, bourg des Marches, II,


Falköping (bataille de), 403. 215.
Falsterbo, ville de Scanie, 227. Fermo, ville des Marches, II, 235.
Famagouste, ville dans l’île de Chy- Fernand. — Voir : Ferdinand.
pre, 190, 194 ; II, 145. Fernand (Charles et Jean), humanistes
Fano, ville des Marches, 164 ; II, 103. des Pays-Bas, II, 183.
Farinata degli Uberti, 513, 561. Ferrand, roi de Naples. — Voir : Fer-
dinand.
Farnèse (famille), II, 101 ; — Julie, II,
9. Ferrare, 34, 77, 158, 160, 285, 310,
471, 513 ; II, 21, 167, 173, 188,
Fars, province de Perse, 180, 489,
198, 202, 204, 215, 238 ; — ligue,
492.
162 ; — concile, 366-368, 496,
Fastolf (Jean), 443. 514, 523, 530, 532, 535 ; — guerre
Faucigny, région de la Savoie, II, 182. de Ferrare, II, 171-172 ; — palais
Fauconberg (bâtard de), II, 71. Schifanoia, II, 202, 238 ; — ducs
Fazio degli Uberti, poète, 285-286. de Ferrare : voir Borso, Hercule,
Lionel, Nicolas III.
Fazio (Barthélémy), humaniste, 521 ;
II, 209. Ferté-Milon (La) (Marne), 540, 547.
Federighi (Benozzo), évêque, II, 217. Fexhe, près de Liège, 243.
Félix V, antipape, 369-372, 375, 471, Fez, 543 ; II, 137-138.
523, 530, et voir : Amédée VIII de Fichet (Guillaume), humaniste, II,
Savoie. 182-184, 192, 206, 248.
Feltre, ville de Vénétie, 513. Fichtelgebirge, 333.
féodalité, 21-23, 39, 122-124, 129, Ficin (Marsile), II, 156-158, 168-187,
244-245 ; — sa ruine, II, 31, 59, 193, 195, 197-199, 230.
61-62, 75, 242. Fiera vante (Ridolfo), savant et archi-
Ferabrich, scolastique anglais, 262. tecte, II, 215.
Ferdinand Ier, roi d’Aragon, 321, 479- Fiesole, bourg de Toscane, 267, 380,
481. 560 ; II, 227.
Ferdinand II le Catholique, roi Figline, bourg de Toscane, II, 168.
d’Aragon, II, 52, 58, 82, 86-92, 98, Filarete (Il). — Voir : Averlino (An-
99, 112, 174, 241. toine).
Ferdinand IV, roi de Castille, 166. Filelfo (François), humaniste, 512-
Ferdinand ou Ferrand Ier, roi de Na- 513, 516-517, 522-523, 530, 532-
ples, II, 4, 84, 95-100, 111, 166, 533 ; II, 159-160, 165, 168, 174,
225. 180, 184.
Ferdinand Ier, roi de Portugal, 169, Fillastre (Guillaume), abbé de Saint-
483-484. Bertin, II, 221.
Ferentino, ville d’Italie (prov. de Ro- Fillastre (Guillaume), théologien, 318,
me), 51. 340.
Fillingham (Lincolnshire), 107.

— 304 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Finlande, 407. 164, 167-168, 173-175, 177, 179-


Finlande (golfe de), 219, 225. 182, 184-185, 187-188, 190-191,
193, 196, 205, 230-231, 247 ; —
Finstad, ville de Suède, 117 ;
vie littéraire, 267-268, 277, 283,
Fiorenzo di Lorenzo, peintre, II, 234. 286, 286, 534 ; II, 196-203, 248 ;
Fitz Alan (famille), 22. — art, 3, 59, 275, 292-293, 297-
Flagellants, secte hérétique, 106-107, 301, 303-305, 380, 500, 510, 533,
327, 376, 380 ; II, 13. 544-546, 549-552, 554, 558-562 ;
Flagiliosum scelus (bulle), 52. II, 19, 22, 159, 180, 196, 212-215,
217-223, 226-233, 237-238.
Flandre, à la fin du XIIIe siècle, 9, 8,
15, 18, 33 ; — et la politique fran- Flote (Pierre), 38, 40, 49-50.
co-anglaise, 41, 46, 47, 56, 126, Floyran (Esquiu de), 54.
131-132, 138, 150, 265, 314 ; — Foggia, ville des Pouilles, II, 98.
développement économique, 114, Foix (Ariège), 321, 536.
227, 233-236, 240, 277 ; — trou-
Foix (comtes de), 47, 442, 479, 482 ;
bles sociaux, 237-241, 245-246,
II, 34, 41, 57 ; — Catherine, II, 89 ;
423, 424, 430 ; II, 244 ; — et l’État
— François-Phœbus, II, 51, 89 ; —
bourguignon, 451-455 ; II, 28, 38,
Gaston III Phœbus, 536 ; — Gaston
40, 47-49, 55, 58, 70 ; — état éco-
IV, II, 82, 83, 89 ; — Gaston, fils
nomique au XVe siècle ; II, 148-
du précédent, II, 89.
151 ; — vie religieuse, 33, 63, 106,
311-312, 506 ; II, 19,183 ; art, 3, Foligno, ville d’Ombrie, 560.
550, 553, 556-557, 562 ; II, 221- Fondaco dei Tedeschi, II, 144.
225, 236, 249 ; — imprimerie, Fondi, ville de Campanie, 309, 310.
247 ; — comtes de Flandre : voir Font-du-Bosc, abbaye, 507.
Dampierre, Male, Nevers.
Fontevrault, abbaye, II, 18.
Flémalle (le Maître de), 556 ; II, 223.
Foppa (Vincent), peintre, II, 302.
Flensburg, ville du Slesvig, 404.
Foresi (Bastien), poète, II, 197.
Floreins, famille de Bruges : Jacques,
II, 223 ; —Jean, II, 223. Forez, 21, 449 ; II, 53.
Florence, au XIVe siècle, 47, 68-69, Forlì, ville de Romagne, 475 ; II, 101,
76-77, 80, 95, 96, 159, 162-164, 184, 234.
277, 279, 286 ; — commerce et Formigny (bataille de), 448.
banque, 18, 227, 230, 240, 267, Fortebraccio (Nicolas), condottiere,
279, 286, 534 ; — troubles sociaux 363.
237, 239 ; — sous les Médicis, Forteguerri (Nicolas), juriste, II, 219.
469-478, 516, 532 ; II, 109-112 ;
Fortescue (Jean), écrivain anglais, II,
— vie religieuse, 97, 117, 375, 380,
209.
383, 502, 571-572, 578, 584, 588 ;
II, 157, 179 ; — concile de Floren- Foscari (François), doge de Venise, II,
ce, 366, 368-369, 372, 511, 514- 109, 220 ; — Jacques, fils du pré-
515,-29, 532 ; — humanisme, 508- cédent, II, 109.
513, 515, 517-518, 520, 529-530, Fossanuova, abbaye dans le royaume
532 ; II, 156-157, 159-160, 163- de Naples, 292.

— 305 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

fouage, impôt en France, 424, 440. Francfort-sur-le-Main, 66, 311, 369,


Fougères (Ille-et-Vilaine), 448 ; II, 58. 386, 523, 530 ; II, 3, 23, 25, 28 ; —
diète de Francfort, 79, 391, 395,
Fouquet (Jean), peintre, 557-558 ; II,
398 ; II, 25, 28.
224-225.
Francfort sur l’Oder, 227.
Fournier (Jacques). — Voir : Benoît
XII. Franche-Comté, 34, 63, 65, 104, 453 ;
II, 44, 46-49. — Voir : Otton.
France, à la fin du XIIIe siècle, 1, 2, 8-
10 ; — état social et économique, Franchise, nom donné à Arras, II, 48.
15, 18-19, 21-25 ; — sous Philippe Franciscains, 59, 99, 101-103, 116,
le Bel, 37-41, 45-58 ; — sous les 286, 300, 303, 375-376, 378, 382-
premiers Valois, 77, 79, 85, 91, 93, 383 ; II, 18-21, 219, 229 ; — leur
95, 110-113, 119-124, 130-152, rôle comme inquisiteurs, 103-104,
231 ; — troubles sociaux, 242-243, 326 ; II, 14 ; — leur pensée théolo-
246-247 ; — jusqu’au milieu du gique et religieuse, 31, 254, 256,
e
XV siècle, 277, 287, 359, 391, 421- 257, 270-271, 294, 372, 502, 534 ;
430, 433, 435-445, 447-449 530, II, 20, 157-158 ; — les Spirituels,
536 ; — et l’État bourguignon, 32-33, 43, 58, 60-63, 74-76. 98-99,
450-455, 457-459 ; — politique 101-102, 105, 107, 109, 173, 254,
étrangère, 481, 487, 491 ; — après 257, 271 ; II, 245 ; — les Conven-
la guerre de Cent ans, II, 3, 30-59, tuels, 99-100, 102, 342 ; II, 18-19,
241-242 ; — et l’Angleterre, II, 62, 21 ; — les Franciscains de
63, 68, 69, 72, 73, 79, 80, 82, 85 ; l’Observance, 116, 378-379, 382,
— et l’Italie, 97, 100, 107-108 ; II, 383 ; II, 13, 18-21.
241-242 ; — évolution économique Franco de Pérouse, archevêque de
et sociale, II, 142, 144, 145, 147 ; Sultanieh, 183.
243-244 ; — et la papauté, 113, François d’Assise (saint), 74, 98, 109,
251, 339, 365, 529 ; II, 5, 7 ; — et 252, 256, 270-272, 276, 300-301,
le Grand Schisme, 309, 313-314, 375, 561 ; II, 218, 229.
316-317, 320-322, 324-325, 340-
343, 345, 358, 365, 368, 371 ; — François de Paule (saint), II, 19, 55,
Église gallicane, 110, 308, 316- 204.
318, 324, 351, 358, 359, 361, 369, François Ier, duc de Bretagne, 448.
373, 383, 505, 523, 530 ; II, 3, 7 ; François II, duc de Bretagne, II, 19,
— vie religieuse et hérésies, 33, 59, 39-41, 53, 57-58, 207-208.
63, 97, 100, 104, 116, 326, 357, François Ier, roi de France, II, 225.
375, 379, 380 ; II, 14, 16, 18-20,
François di Giorgio, architecte, II,
174, 188 ; — vie littéraire, 264-
211.
266, 287, 535-537 ; II, 205-211 ;
— humanisme, II, 182-187, 195, François d’Orléans, peintre, 554.
205, 206 ; — art, 289, 292-293, François di Vannozzo, poète, 285.
298, 541-542, 546, 548, 550, 553, François de Volterra, peintre, 304.
557, 562 ; II, 196, 210-211, 249. Franconie, 357, 361, 378, 386, 396,
Francesca (Pierre della), peintre, II, 557 ; II, 13, 16, 193, 222.
233-234. francs archers, II, 32.

— 306 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Fraticelles, franciscains schismatiques, Furmes, ville de Flandre, 292.


60, 62, 80, 98-99,101-102, 116,
163, 325, 328, 374-375, 378 ; II,
13, 21, 245. G
Fratta (La), près de Pérouse, II, 174. gabelle, impôt sur le sel, II, 34.
Frédéric le Beau, duc d’Autriche, roi Gaddi (Agnolo), peintre, 303.
des Romains, 73, 462. Gaddi (Taddeo), peintre, 303.
Frédéric II, duc d’Autriche, 161. Gaëte, 310, 321, 471, 517.
Frédéric IV, duc d’Autriche, 340-341, Gaguin (Robert), humaniste et poète,
390, 464. 536 ; II, 183-184.
Frédéric V de Hohenzollern, Ier com- Galéas. — Voir : Sforza, Visconti.
me électeur de Brandebourg, 390, Galice, 167, 381, 481 ; II, 88.
391, 393, 394, 397, 416, 417. Galicie, 210.
Frédéric II de Hohenstaufen, empe- Galilée, astronome et physicien, 261.
reur, 27, 36, 46, 67, 80, 225.
Galiota (François), poète, II, 204.
Frédéric III de Habsbourg, empereur,
Galles (pays de), 46, 125, 128, 136,
369-373, 399-400, 457, 464, 471,
331, 433, 435 ; II, 69, 71, 73, 74 ;
496, 530 ; II, 5, 23-29, 45, 160,
— (princes de) : voir Édouard.
240.
Gallipoli, 196, 197, 494.
Frédéric d’Aragon, roi de Naples, II,
204. Gama (Vasco de), II, 155, 194.
Frédéric II d’Aragon, roi de Sicile, 51, Gambello (Antoine), architecte, II,
59, 61, 68, 76, 172, 175. 214.
Frédéric III, roi de Sicile, 173, 467. Gamberelli. — Voir : Rossellino.
Frères bohêmes, II, 11-13. Gand, 138, 277, 380, 423, 452, 555 ;
II, 19, 48, 222-223, 227 ; — centre
Frères du Libre Esprit, 35, 63, 105-
industriel, 235-237, 240, 241 ; II,
106, 274, 326-327, 356, 376, 506 ;
148, 149.
II, 13.
Gand (Jean de). — Voir : Lancastre.
Frères de la Vie commune, 381-384,
504, 506, 507, 523, 525 ; II, 17, 20, Gange, fleuve, 490.
159, 189, 192. Garonne, fleuve, 139.
Freyssinières (Hautes-Alpes), 104. Gascogne, 231, 480.
Fribourg-en-Brisgau. 341, 501, 502 ; Gasparin de Barzizza, humaniste,
II, 192-193. 51.3, 517.
Fribourg, en Suisse, 293, 542 ; II,45. Gaston. — Voir : Foix.
Friburger (Michel), imprimeur, II, Gâtinais, 439.
183. Gattamelata. — Voir : Érasme de
Frise, 382 ; II, 49. Narni.
Froissart (Jean), chroniqueur, 134, Gautier le Lollard, hérétique, 106.
266, 287, 329, 454, 536-537. Gaveston (Pierre de), 127-128.
Froment (Nicolas), peintre, II, 234.

— 307 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Gazès (Théodore), humaniste, 515, Gering (Ulrich), imprimeur, II, 183-


530 ; II, 163. 184.
Geiler (Jean) de Kaisersberg, prédica- Gerlach Peters, mystique hollandais,
teur, II, 192. 504.
Geldenhouwer (Gérard), humaniste, Gérone, 292, 542 ; II, 82, 83.
II, 189. Gerson (Jean), 266, 287, 315, 320,
Gelée (Jacquemart), poète, 265. 324, 337, 340, 345, 348, 376 ; 499,
Gémiste (Georges), dit Gémiste Plé- 502, 505-508, 522, 535-536 ; II, 20,
thon, savant grec, 515, 519 ; II, 158, 185.
164, 168. Gessler (le bailli), 460.
Genappe, en Brabant, II, 38. Gévaudan, 151.
Général (le), conseil du gouvernement Ghazan, khan de Perse, 189.
catalan, 170 ; II, 80, 81. Gherardi (Jean), romancier, 533.
Gênes, au XIVe siècle, 68, 159, 160, Ghiberti (Laurent), 549-552, 560-561 ;
162 ; — politique orientale, 191, II, 217, 228.
193-195, 216 ; — au XVe siècle, Ghiljis, dynastie musulmane dans
426, 468, 471, 473-475 ; II, 50, 97, l’Inde, 186.
99, 107, 108, 111 ; — activité
commerciale, 11, 19, 228-230, Ghirlandaio (David), II, 230.
279 ; II, 129, 144, 151, 152 ; — Ghirlandaio (Dominique), 562 ; II,
mentions diverses, 270, 277, 314, 228-232, 234-235, 249.
517. Ghirlandaio (Ridolfo), II. 230.
Genève, 133 ; II, 55, 107, 144. Gibelins, 11, 28, 30, 51, 66, 73, 77-78,
Genève (lac de), 369, 372. 114, 158-160, 162, 251.
Gengis-khan, 179, 180, 183, 186, 188, Gibraltar (détroit de), 224, 231 ; II,
491 ; II, 127. 137.
Gentile de Fabriano, peintre, 562 ; II, Gilles Cantor, hérétique des Pays-Bas,
227. 327.
Gentile de Spolète, franciscain, 116. Gilles des Champs, théologien, 315.
Georges, tsar de Bulgarie. — Voir : Gilles de Delft, humaniste, II, 183-
Terterij. 184.
Georges de Bruxelles, théologien, II, Gilles de Rome, théologien, 49, 253,
158. 539.’
Georges de Trébizonde, humaniste, Giocondo (fra), architecte, II, 214.
515, 530 ; II, 163, 209. Giotto, 289, 293, 297, 299-304, 549,
Géorgie, 489, 491. 558-559, 562 ; II, 218, 229, 233,
Georges d’York, duc de Clarence, II, 237.
69-72, 74, 266. Girard (Laurent), financier, 558.
Gérard de Borgo San Donnino, mysti- Girard d’Orléans, peintre, 305.
que, 32. Glaris, canton suisse, 462-464 ; II, 45.
Gérard Eudes, franciscain, 101. Glendower (Owen), chef gallois, 433.

— 308 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Gloucester, ville d’Angleterre, 311 ; Grèce, 114,175,192, 215, 285, 495 ;


— Parlement, 311 ; — ducs : Hen- II, 131 ; — philosophie, lettres,
ri, comte de Stafford, II, 73, 74 ; — études grecques, 256, 280, 285,
Humphrey, 435, 446-447, 456 ; II, 515, 524, 529. 535 ; II, 156, 164,
60-61 ; — Richard : voir Richard 167-169, 171-173, 175-176, 181,
III d’Angleterre ; — Thomas, 184-185, 189, 193, 198, 208, 209,
d’abord comte de Buckingham, 246 ; — art, 296 ; II, 199, 234 ; —
429, 431, 439. confession grecque, 34, 360, 363,
Gniezno (archevêque de), 419. 366-367, 372, 511 ; II, 12,16. —
gnostiques, II, 176, 185. Voir : byzantin (Empire).
Grégoire VII, pape, 50, 373 ; II, 22-
Go-Daïgo. — Voir Daïgo II.
23, 239.
Goes (Hugues van der), peintre fla-
mand, II, 222-223, 230. Grégoire IX, pape, 30, 50, 58.
Grégoire X, pape, 42.
Golconde (sultanat de), dans l’Inde, II,
128. Grégoire XI (Pierre Roger), pape, 1,
88, 95-96, 102, 104-106, 108, 110,
Göllheim (bataille de), 66.
112, 116-118, 164, 172, 196, 308,
Gomez (Ferrand), II, 154. 327.
Gondi, famille florentine, II, 213. Grégoire XII, pape, 319-321, 326,
Gonzague (famille), 535 ; II, 107 ; — 334-336, 341, 360, 389, 390, 469.
François, cardinal, II, 200 ; — Grégoire de Città di Castello, huma-
Jean-François, marquis de Man- niste, II, 183.
toue, 513 ; — Ludovic, marquis de
Grégoire de Rimini, théologien, 258.
Mantoue, II, 164.
Grégoire de Rokyçany, théologien
Görlitz (Elisabeth de), 457 ; — (Jean
tchèque, II, 12.
de), 207.
Greifswald, ville de Poméranie, 225.
Göttingen, 381.
Grenade (royaume de), 11, 165, 166,
Goslar, ville d’Allemagne, .227.
480-482, 543 ; — conquis par les
Gotland (île de), 219, 225-227, 403. rois catholiques, II, 90-92, 99.
Gottlieben, château près de Constance, Grenoble (Parlement) de), II, 14,35.
346.
Grocyn (Guillaume), médecin et hu-
Gouda, ville de Hollande, 382 ; II, 20, maniste anglais, II, 195.
190.
Grodno (traité de), 416.
Gozzoli (Benozzo), peintre, 560-561 ;
Groenendael, couvent près de Bruxel-
II, 227-230, 235, 238.
les, 381-382, 506.
Grailly (Jean de), captal de Buch, 149.
Groningue, II, 17, 188-190.
Grandson (bataille de), II, 46.
Groote (Gérard de). — Voir : De
Gratz, ville de Styrie, II, 211. Groote.
Gréban (Arnoul), poète, 537 ; II, 206. Guarino de Vérone, humaniste, 513-
Greccia (La), couvent dans les Abruz- 514, 517, 521, 530 ; II, 159.
zes, 32. Grünwald (bataille de), 414.

— 309 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Guadalete, rivière, II, 90. Guinegate (bataille de), II, 48.


Gueldre, 382 ; — ducs de Gueldre, 65, Guines (Pas-de-Calais), 146, 151.
133 ; — Arnold II, duc, 44 ; — Guinigi (Paul), tvran de Lucques, 550.
Guillaume, duc, 423, 425, 454. Guinizelli (Gui), poète, 251.
Guédymin, grand-duc de Lituanie, Guipuzcoa, province espagnole, II, 87.
211, 218.
Gujarat, région de l’Inde, 490.
Guelfes, 11, 68, 74, 76-78, 100, 112,
158-160, 162, 251. Gutenberg (Jean Genfleisch, dit), II,
248.
Guéraï (famille), en Crimée, II, 126 ;
— (Menguèli), khan de Crimée, II, Guyenne, 10, 39, 41, 125, 126, 131,
134. 132,133, 312 ; — (principauté de),
sous le Prince Noir, 146, 150-151,
Guérande (Loire-Inférieure), II, 19 ; 154 ; — pendant la guerre de Cent
— traité, 149, 152. ans, 428, 431, 448 ; — (généralité
Guesclin (Du). — Voir : Du Guesclin. de), II, 34 ; — sous la domination
Guicciardini (Louis), florentin, 532. française, II, 40, 41, 58, 62, 64, 86.
Guidoriccio de Fogliano, condottiere, Guyenne (Louis, duc de), dauphin,
302. 427, 429, 435.
Guillaume II, comte de Hainaut, et IV, Guymier (Cosme), canoniste, II, 23.
comte de Hollande, 453. Guzman (Fernand Ruiz de), chroni-
Guillaume IV, comte de Hainaut, et queur, 538.
VI, comte de Hollande (de la mai- Guzman (Léonore de), 166-167.
son de Bavière), 454, 554.
Guillaume Adam, archevêque de Sul-
tanieh, 183. H
Guillaume de Bordes, archevêque Haarlem, 293, 383 ; II, 19, 222.
d’Embrun, 104. Habsbourg (maison de), au XIVe siè-
Guillaume de Cucuron, architecte, cle, 65, 75, 82-83, 203, 207-209 ;
291. jusqu’au milieu du XVe siècle, 375,
378, 385, 390, 399-400, 415 ; et la
Guillaume de Digulleville, théologien, Suisse, 462-465 ; — sous Frédéric
265, 539. III, II, 15, 21, 24-29 ; — installée
Guillaume de Habsbourg, 211. aux Pays-Bas, II, 48-49 ; — ambi-
Guillaume de Herle, peintre, 557. tions, II, 240-241. — Voir : Albert,
Guillaume de Hilderniss, hérétique, Frédéric d’Autriche, Frédéric III,
327. empereur, Guillaume, Leopold,
Maximilien, Rodolphe.
Guillaume de Moerbeke, traducteur
d’Aristote, 510. Hachette (Jeanne), II, 41.
Guillaume de Pise, sculpteur, 296. Hafiz, poète persan, 180.
Guillaume de Saint-Amour, théolo- Hafside, dynastie du Maghreb, II, 138.
gien, 383. Hagen (Jean), bénédictin, 381.
Guinée (golfe de), II, 154. Hagenbach (Pierre de), bailli
d’Alsace, II, 44, 45.

— 310 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Hainaut (comté de), 133, 423, 446, Helsingborg, ville de Scanie, 226,
451-456, 553 ; II, 47-49 ; — com- 227.
tes de la maison d’Avesnes : voir Hemsdonck, couvent en Hollande,
Guillaume II, Jean Ier, Marguerite. 382.
Hakon VII, roi de Norvège, 402. Henri d’Autriche, frère de Frédéric II
Halberstadt, ville de Saxe, 259, 382. d’Autriche, 161.
Haies (Robert), trésorier d’Angleterre, Henri, duc de Basse-Bavière, 78.
430. Henri de Carinthie, 82.
Halicz, ville de Galicie, 209, 218. Henri VII de Luxembourg, empereur,
Halys ou Kyzyl Irmak, fleuve d’Asie 7, 56, 66-70, 72-74, 77, 80, 82, 83,
Mineure, 488. 158, 160, 173, 206, 297, 462 ; II,
Hamah, ville de Syrie, 491. 239, 240.
Hambourg, 225, 226, 405. Henri II, roi d’Angleterre, 10.
Hampshire, 136. Henri III, roi d’Angleterre, 127,131,
Hanoï, 185. Henri IV duc de Lancastre, puis roi
d’Angleterre, 141, 317, 334, 413,
Hanse, formation et apogée, 8, 114,
427, 428, 432-434, 446 ; II, 71.
219, 224-227, 232, 242 ; — lutte
avec les Scandinaves, 401-407 ; — Henri V, roi d’Angleterre, 322, 331,
décadence, II, 76, 122, 144, 153. 342, 391, 434-438, 446.
Harcourt (famille d’), 138 ;— (Marie Henri VI, roi d’Angleterre, 368, 371,
d’), II, 216. 421, 438, 444, 446-448, 496, 557 ;
Hardewijk Blœmaert, hérétique,106. II, 3, 40, 63-71.
Henri VII Tudor, roi d’Angleterre :
harengs (journée des), 442.
comme comte de Richmond, II, 73-
Harfleur, 436 ; II, 74. 74 ; — roi d’Angleterre, II, 58, 74-
Haro (famille de), 166 ; — (Lope Diaz 77.
de), 166. Henri VIII, roi d’Angleterre, II, 77.
Hastings (Lord), II, 73. Henri II de Trastamare, roi de Castille,
Havelberg, ville du Brandebourg, 542. 150, 167-168, 311, 314, 480, 538.
Hawkwood (Jean), routier anglais, 95, Henri III, roi de Castille, 481, 538 ; II,
164, 468, 474. 85.
Hébrides (îles), II, 78. Henri IV, roi de Castille, 482 ; II, 52,
Hedvige, reine de Pologne, femme de 82, 85-86, 209.
Ladislas II Jagellon, 209, 211, 212, Henri, infant de Castille, 166.
409, 410, 413, 416. Henri II, roi de Chypre, 189.
Hedvige, fille de la précédente, 416, Henri III le Large, roi de Navarre,
Heidelberg, 260, 262, 326, 335, 337, 168.
341, 348, 501, 502, 523, 527 ; II, Henri IV, roi de Pologne, 200-201.
17, 188, 192.
Henri V, roi de Pologne, neveu du
Helmstedt, bourg de Saxe, 259. précédent, 201.
Henri de Gmünd, architecte, 543.

— 311 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Henri de Hesse, théologien, 312. Heytisbury (Guillaume), théologien


Henri de Langenstein, théologien, anglais, 262.
324. Hirsau, près Constance, 345.
Henri de Plauen, chef des troupes teu- Hita (l’archiprêtre de). — Voir : Ruiz.
toniques, 414. Hochheim, ville de Thuringe, 272.
Henri de Suse, cardinal d’Ostie, cano- Hoeck, bourg de Zélande, 228.
niste, 27-28. Holkot (Robert), théologien anglais,
Henri de Wilsen, moine hollandais, 258.
382. Hohenstaufen (maison de), 6, 10 ; II,
Henri le Navigateur, infant de Portu- 95. — Voir : Constance, Frédéric II
gal, 484 ; II, 153-154. empereur, Manfred.
Hérat, ville d’Afghanistan, 180, 489, Hohenzollern (famille de), 387. —
493. Voir : Frédéric V, électeur de
Hercule d’Este, duc de Ferrare, II, Brandebourg.
198. Hôjô Sadatoki, dictateur japonais,
hérétiques. — Voir : Apostoliques, 184.
Béghards, Cathares, Hus et Hussi- Hôjô Tokimouné, dictateur japonais,
tes, Lollards, Nicolaïtes, Utraquis- 184.
tes, Vaudois, Wyclif, etc. Holland, famille anglaise, II, 69.
Hereford (duc de), 432. — Voir : Hollande, 65, 106, 382, 423, 446, 451,
Henri IV d’Angleterre. 453-457, 547, 553-554 ; II, 18-19,
Hérelle (la), émeute à Rouen, 424. 21, 47, 49, 143, 157, 221, 222,247.
hermétiques (Livres). — Voir : Mer- Holstein (comtes de), 226, 404-405 ;
cure Trismégiste. — Adolphe, 407 ; — Gérard VI,
Hermannstadt. — Voir : Sibiu. 404.
Hermonyme (Georges), savant grec, Homère, 285, 514, 530 ; II, 180, 200.
II, 185. Hompys (Joseph), fondateur de la So-
Hérodote, II, 202. ciété Hompys, II, 144.
Herzégovine, ou duché de Saint-Sava, Homs, ville de Syrie, 189, 491.
II, 131, 132. Hongrie, à la fin du XIIIe siècle, 8, 42,
Hesdin (Pas-de-Calais), 436. 43, 47, 200-201 ; — sous la dynas-
tie d’Anjou, 150, 202-212, 214,
Hésiode, II, 168.
215, 218 ; — sous les Luxembourg,
Hesse, 386, 387. 353, 364, 385, 390-392, 398-399,
Highlands d’Écosse, II, 78. 409, 418, 486, 495, 512 ; — et les
Hilal, tribus arabes, II, 137. Habsbourg, II, 25-28 ; — sous les
Hildesheim, ville du Hanovre, 382- Jagellons, II, 113, 116, 118-121,
383. 241 ; — et les Ottomans, 112, 370 ;
II, 14, 6-7, 132, 139 ; — vie reli-
Heyulin de Stein (Jean), théologien,
gieuse hérésies, 34, 103-104, 106,
157-158, 183, 192.
325-327, 357 ; II, 13, 16 ; — et le
Grand Schisme, 311, 321 ; — arts

— 312 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

et lettres, 558 ; II, 195, 215, 221, logne, II, 119, 123, 195 ; — en An-
232. gleterre, 287-288, 539 ; II, 195,
Hong-wou (Tchou Youan-tchang), 209-210, 246 ; — en Espagne, 537-
empereur chinois, 187. 538 ; II, 209.
Honorius IV, pape, 39, 42-43, 60, 64 ; Humbert II, dauphin de Viennois, 112,
II, 229. 134, 191.
Horace, II, 200, 205. Humbert de Prouille, moine cistercien,
253.
Horde d’Or (la), 217-218, 220 ; II,
125-126. Huntingdon (comte de), 433.
Hospitaliers (ordre des), 53, 56,190, Hunyad, ville de Transylvanie, 496.
191, 491 ; II, 130, 135. Hunyadi (Jean), régent de Hongrie,
Hotman (Kraft), humaniste, II, 192. 399, 496-497 ; II, 3, 5, 25-26, 119.
Houska (Martin), hérétique bohémien, Hus (Jean), 3, 333-338, 343-350, 353-
356. 354, 357, 365, 377, 392-393, 499,
506, 520, 522 ; II, 11, 16, 175, 245.
Houlagou, khan de Perse, 180.
Husinec, village de Bohême, 333,
Houssaïn, émir au Turkestan, 188.
Hussites, 349-350, 356-357, 359-365,
Howard (Lord), II, 73.
375, 378, 380 ; II, 15, 21, 24,117,
Hradčany, citadelle de Prague, 353. 175 ; — guerres hussites, 391-397,
Hradiste, ville de Bohême, 354. — 406, 412, 417, 447. — Voir : Tabo-
Voir : Tabor. rites, Utraquistes.
Hué, ville d’Annam, 185. Hütten (Ulrich de), 249.
Hugues Aicelin, cardinal, 42. Huy, ville de Belgique, 296.
Hugues Capet, II, 118.
Hugues, comte de Toscane, 218. I
Hugues de Saint-Victor, théologien, Iaroslav (duché de), 220.
32, 506, 524 ; II, 158-159, 248.
Iça, moine syrien, 182.
humanisme, en Italie : chez Pétrarque
Iesi, ville des Marches, 375 ; II, 103.
et ses continuateurs, 274-286, 508-
517 ; — chez Laurent Valla, 517- Iihlava (compactata d’), 364, 378,
522 ; II, 160 ; — dans la seconde 397 ; II, 5-6, 9-10, 118.
moitié du XVe siècle, 11,159-160, Ile-de-France, 145, 149, 292, 296,
163-180, 246-247 ; — 439, 445 ; II, 31.
l’humanisme et le Saint-Siège, 529- Iles (seigneurs des), en Écosse, II, 78.
531 ; II, 160-161 ; — et les lettres Ili (prince de l’), 178.
italiennes, 531-534 ; II, 198-205 ;
— l’humanisme en France, 286- Ihnen (lac d’), 219.
287, 535-536 ; II, 182-187, 205- Imbros, île, II, 130.
207, 246 ; — aux Pays-Bas, II, Imitation, 504, 506-507 ; II, 158, 185,
187-191, 246 ; — en Allemagne, 188, 223.
523-524, 539 ; II, 191, 194, 210, Imola, ville de Romagne, 475 ; II, 6,
246 ; — en Bohême, Hongrie, Po- 101, 103, 110.

— 313 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Imperial (François), poète espagnol, Irlande, 10, 128, 154, 431, 432 ; II, 63,
538. 64, 66, 75.
imprimerie (débuts de l’), 247-249. Isabeau de Bavière, reine de France,
Impruneta (L’), bourg près de Floren- 423, 425, 427, 437, 557.
ce, II, 217. Isabelle de Bourbon, duchesse de
Inde, missionnaires chrétiens, 182- Bourgogne, 458 ; II, 221.
183 ; — sous les Afghans, 185- Isabelle de Portugal, duchesse de
186 ; — envahie par Timour, 489- Bourgogne, 555.
490 ; — au XVe siècle, 493 ; II, Isabelle de France, reine d’Angleterre
127-128, 242 ; — commerce et (femme d’Edouard II), 129, 131,
route des Indes, 229 ; II, 152, 154, 135.
194, 241. Isabelle de France, reine d’Angleterre
Indien (Océan), 181. (femme de Richard II), 432, 433.
Indochine, 178, 185 ; II, 127. Isabelle la Catholique, reine de Castil-
indulgences, 336,337, 348 ; II, 105- le, II, 52, 86-92, 98, 174, 241.
106. Ischia, île, II, 98.
Indus, fleuve, 490. Isenburg (Thierry d’), archevêque de
Ineffabilis amoris (bulle), 46. Mayence, II, 16, 24.
Ingeborg de Danemark, fille de Val- Isidore, métroplite de Kiev, 496.
demar IV, 402. Iskander-beg. — Voir : Skanderbeg.
Inn, rivière, 73. Islam, 2, 36, 112, 179-180, 182,187,
Innocent III, pape, 30, 58. 194, 252, 270, 489-490 ; — II, 3, 6,
Innocent IV, pape, 27, 50 ; II, 240. 13, 137-141, 236, 242.
Innocent VI, pape, 87, 89, 92, 93, 97, Isocrate, II, 189.
104, 116, 140, 163. Isola di Carturo (Vénétie), II, 237.
Innocent VII (Cosme Migliorati), pa- Isolani (Jacques), légat pontifical, 470.
pe, 317, 319, 334, 389, 469. Isotta de Rimini, 545.
Innocent VIII (Jean-Baptiste Cibo), Ispahan, 489.
pape, II, 8, 14, 15, 99-100, 105, Istrie, 34, 103, 398.
135, 166-167, 174-175, 214-215,
238. Italie, à la fin du XIIIe siècle, 2, 11, 18-
19, 21, 51, 57 ; —interventions im-
Inquisition, 33-34, 55, 63, 97-100, périales en Italie, 64, 66, 67-70, 73,
102-105, 325-327, 356, 375-376, 76-78, 80-81 ; II, 240 ; — et les
378, 521, 531 ; II, 14-15, 174. papes d’Avignon, 85, 88, 93-96 ;
Institoris. — Voir : Kraemer. — au XIVe s., 114, 156-165, 267,
Insulinde, 178. 279, 284, 308 ; et le Grand Schis-
Ioniennes (îles), 229. me, 308, 310, 315, 319-321, 339,
341, 343, 358, 360, 363, 365-366,
Iouriev (duché de), 220,
371-372 ; — jusqu’au milieu du
Irak, 180, 492. e
XV siècle, 388, 390-392, 400, 426,
Iran. — Voir : Perse. 451, 461, 466-478 ; — à la fin du

— 314 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

e
XV siècle, II, 93-112, 241 ; et la Jacques Ier, roi d’Aragon, 174.
monarchie française, 113 ; II, 33, Jacques II, roi d’Aragon, d’abord roi
49-51, 83, 242 ; — guerres d’Italie, de Sicile, 39, 59-60, 172 ; — règne
II, 51, 94, 100, 112, 241, 242, 250 ; en Aragon, 172, 173.
— évolution économique, 228-231, Jacques Ier, roi d’Écosse, II, 78, 79.
241 ; II, 142-144, 151-152, 244 ;
— vie religieuse et hérésies, 33, Jacques II, roi d’Écosse, II, 78.
35-36, 63, 98, 102, 106, 112, 116- Jacques III, roi d’Écosse, 433 ; II, 78.
117, 275, 279, 281, 284, 314, 321, Jacques Ier, roi de Majorque, 174.
325, 336, 345, 374, 379-380 ; II, 8- Jacques II, roi de Majorque, 174.
9, 13-15, 21-22 ; — vie intellec-
Jacques III, roi de Majorque, 135, 173.
tuelle, 268, 287, 503, 513, 515,
523, 530 ; II, 166, 173-174 ; — Jacques Ier, roi de Sicile. — Voir :
humanisme, 2, 276-284, 287, 508- Jacques II, roi d’Aragon.
522, 522-532 ; II, 159-184, 187, Jacques de Jüterbogk, chartreux, 372.
190-191, 193-195, 205-206, 208- Jacques de Montefiascone ou de la
210, 246-247 ; — vie littéraire, Marche, inquisiteur, 375.
250-252, 277, 279, 284, 286, 535- Jacques de Portugal, cardinal, II, 217-
539 ; II, 196-205, 208 ; — art, 3, 218, 229.
289, 292-293, 296, 303, 305, 500,
543-544, 553-554, 556, 562 ; II, Jacques de Střibro, théologien tchè-
196, 211-215, 217-220, 222, 224- que, 338-350.
238, 249. — Voir : Florence, Mi- Jacques de Varazze ou de Voragine,
lan, Naples, Rome, etc. 270 ; II, 233.
Ivan III, grand-duc de Moscou, II, Jacques de Viterbe, canoniste, 49.
115, 122, 124-127. Jagellon, duc de Lituanie, dit Ladislas.
Ivan Kalita, duc de Moscou, 221. — Voir : Ladislas II, roi de Polo-
gne.
Jagellon (dynastie des), en Lituanie,
J 212, 222 ; — en Pologne, 409-420 ;
Jaballaha (Mar), patriarche nestorien, II, 113-116, 121-124 ; — en Bo-
182. hême, II, 116-119 ; — en Hongrie,
Jacopino de Tradate, sculpteur, 553. II, 119-121. — Voir : Casimir, La-
Jacopone de Todi, poète et mystique, dislas.
59. Jajce, ville de Bosnie, II, 120, 132.
Jacqueline de Bavière, comtesse Janina, ville d’Épîre, 215, 495
de Hollande, 446, 455, 456. janissaires (ou iénitchéri), II, 136.
Jacquemart de Hainaut, peintre, 554. Janko de Würzburg, hérétique, II, 13.
Jacquemart de Hesdin, peintre, 554. Japon, 173, 184 ; II, 127, 241.
Jacquemart Gelée, poète, 265. Jaunpur, ville de l’Inde, 490.
Jacquerie (la), 143-144, 245-247. Java (île de), 178.
Jacques, comte d’Urgel, 479, 480 ; II, Jayme. — Voir : Jacques.
83. Jean, archevêque d’Okhrida, 216.

— 315 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Jean Ier, comte de Hainaut (de la mai- Jean XXII (Jacques Duèse), pape, 73-
son d’Avesnes), et comte de Hol- 78, 84, 86-90, 92, 97-102, 106,
lande (Jean II), 9, 65. 110, 112-113, 116, 133, 161, 172,
Jean de Bavière, comte palatin (Pala- 174, 182-183, 257, 263, 273-274,
tinat), 407. 295, 323, 327.
Jean II, duc d’Alençon. — Voir : Jean XXIII (Balthazar Cossa), pape,
Alençon. 321-322, 335-337, 339-342, 345-
346, 390, 469-470, 551 ; II, 220.
Jean, duc de Berry, 148, 291, 315-316,
422, 424, 425, 435, 436, 535, 541, Jean Sans-Terre, roi d’Angleterre, 10,
547, 554, 558 ; II, 223. 437, 451.
Jean Sans-Peur, duc de Bourgogne, Jean Ier, roi d’Aragon, 479.
318-319, 342, 361, 364, 427-429, Jean II, roi d’Aragon : comme infant
434-437, 455, 456, 487, 505-506, de Castille, 481, 483 ; — comme
548, 554 ; II, 215-216. roi d’Aragon, II, 51, 52, 81-86, 89,
Jean IV de Bourgogne, duc de Bra- 96.
bant, 455. Jean de Luxembourg, dit l’Aveugle,
Jean II, comte, puis duc de Bretagne, roi de Bohême, 67, 72-73, 77-79,
50, 126. 83, 105, 139, 162, 202-206, 209-
Jean III, duc de Bretagne, 138. 210, 266.
Jean Ier, roi de Castille, 311, 479-481,
Jean IV de Montfort, duc de Bretagne,
483.
138-139, 149, 152, 426.
Jean II, roi de Castille, 368-369, 371,
Jean V, duc de Bretagne, 437, 449.
481-482, 538.
Jean de Gand, duc de Lancastre. —
Jean, infant de Castille, 166.
Voir : Lancastre.
Jean, roi de Danemark, II, 123.
Jean, duc de Touraine, fils de Charles
VI, 436. Jean II le Bon, roi de France, 139-148,
231, 295, 305, 435, 438.
Jean V Paléologue, empereur de By-
zance, 94-95, 174, 193, 196-197, Jean Ier, roi de Portugal, 484 ; II, 83.
215, 486. Jean, infant de Portugal, II, 88.
Jean VI, empereur de Byzance. Voir : Jean (royaume légendaire du Prêtre),
Cantacuzène (Jean). II, 153.
Jean VII Paléologue, empereur de Jean-Albert, fils de Casimir IV
Byzance, 491. Jagellon, II, 121.
Jean VIII Paléologue, empereur de Jean-Alexandre, tsar de Bulgarie, 197.
Byzance, 360, 366, 368, 495-496, Jean Chrysostome (saint), 107, 511.
498, 523 ; II, 227.
Jean di Balduccio, sculpteur, 297.
Jean de Bavière évêque deLiège,455.
Jean de Beaumetz, peintre, 553-554.
Jean XI, pape, II, 8.
Jean de Capistrano, franciscain, 119,
Jean XII, pape, II, 8. 37.2, 375, 378-379 ; II, 119.
Jean XXI (Pierre d’Espagne), pape, Jean de Chlum, chevalier tchèque,
253, 260, 501. 344-346.

— 316 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Jean de Cologne, architecte, 542. Jean de Schweidnitz, inquisiteur, 105.


Jean de Dürbheim, évêque de Stras- Jean de Torquemada, théologien, oi 2.
bourg, 105. Jean de Vienne. — Voir : Vienne.
Jean de Florence ou Fiorentino, nou- Jean Ocko, archevêque de Prague,
velliste, 286. 105.
Jean de Fribourg, architecte, 543. Jean Scot Érigène, 524.
Jean de la Huerta, sculpteur, 548 ; 11, Jean-Eberhard, duc de Wurtemberg,
215. II, 193.
Jean de Jandun, philosophe, 25, 107, Jean-Henri de Luxembourg, duc de
109, 113, 263, 323, 503. Tirol, 206.
Jean de Jesenice, théologien tchèque, Jeanne d’Arc, 443-444, 445, 448 ; II,
338, 350, 352. 30.
Jean de la Croix (saint), 276. Jeanne de Boulogne, duchesse de Ber-
Jean de Liège, sculpteur, 295. ry, 547.
Jean de Loubières, architecte, 291. Jeanne, duchesse de Brabant, 453,
Jean de Luxembourg, capitaine bour- 454.
guignon, 443. Jeanne de Penthièvre, duchesse de
Jean di Martino, sculpteur, 552. Bretagne, 138.
Jean de Marville, sculpteur, 547. Jeanne de Portugal, reine de Castille,
II, 85.
Jean de Meung (Jean Chopinel ou
Clopinel), 250, 264-266, 286-287, Jeanne de Bourbon, reine de France,
536-539. 295.
Jean de Milan, peintre, 303, Jeanne de Navarre, reine de France,
femme de Philippe le Bel, 168,
Jean de Monte Corviuo, missionnaire
265.
franciscain, 183.
Jeanne Ire, reine de Naples, 85, 98,
Jean de Montreuil, humaniste, 287,
172-173, 267, 277, 309-310, 313,
535-536 ; II, 182.
467-468,
Jean d’Orléans, peintre, 305, 554.
Jeanne II, reine de Naples, 360, 470.
Jean de Paris, canoniste, 49.
Jeanne de France, reine de Navarre,
Jean de Pirna, hérétique, 105. fille de Louis X, 142, 168.
Jean de Pise, sculpteur, 296-297. Jeanne de France, fille de Louis XI, II,
Jean de Prato, moine, 514. 53, 57.
Jean de Pribram, théologien tchèque, Jenzenstein (Jean de), archevêque de
330. Prague, 387.
Jean de Rokyçany, théologien tchè- Jérôme (saint), II, 191-192, 195.
que, 338, 350, 367, 377, 395 ; II, Jérôme de Prague, 334, 337-338, 345,
11-12. 348-350, 392, 522.
Jean de Roupy, sculpteur, 547, Jérusalem, 229 ; II, 227 ; — (royaume
Jean de Ruysbroeck, architecte, 542. de), 189 ; II, 53.
Jean de San Miniato, moine, 509.

— 317 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Joachim de Flore, 32, 61, 102, 105, Kalkar, ville de Hollande, II, 19.
356, 374 ; II, 245. Kalmar (union de), 404-408 ; II, 122.
joachimisme, 60, 98, 105, 325, 328, Kama, rivière de Russie, II, 126.
374 ; II, 13, 21, Kampen, ville des Pays-Bas, 226.
Joinville (Jean de), 265-266. Karakoroum, ancienne capitale mon-
Jonas, métropolite de Moscou, 420. gole, 178, 187.
Josèphe, 557 ; II, 209. Karamân (émirat de) ou Karamanie,
Josselin (Morbihan), 541. en Asie Mineure, 194, 488 ; II, 134,
Jourdain de Séverac, missionnaire, 140.
183. Karasi (émirat de), en Asie Mineure,
Jouvenel des Ursins (Jean), avocat du 196.
roi et prévôt des marchands, 318, Karle (Guillaume), chef des « Jac-
425 ; — (Guillaume), chancelier de ques », 143.
France, II, 224. Kars, ville d’Arménie, 489.
Juge (Boffile de), gouverneur de Katsoumoto, guerrier japonais, II, 127.
Roussillon, II, 51. Kavala, ville de Macédoine, 197, 215.
Juifs, 20, 36, 98, 121, 210, 348, 391, Kazan, sur la Volga, 222, 412 ; II,
525, 539 ; II, 173,175-176. 125, 126.
Julien l’Apostat, II, 200. Kemp (Jean), archevêque et cardinal
Julien de Maiano, architecte, II, 213, d’York, 447 ; II, 62.
218, 229. Kempen, ville de l’Allemagne rhéna-
Julien de San Gallo, architecte, II, ne, II, 190.
213, 215. Kent (comté de), 136, 287,329,430 ;
Juliers (duc de), 133. II, 63-64 ; 69 ; — (comte de), 433 ;
Jungingen (Conrad de), grand-maître — (comtesse de), II, 69.
de l’Ordre teutonique, 403, 414. Kermiân, émirat seldjoucide, 194.
Juvénal, 530. Kert (dynastie des), en Perse, 180,
489.
K Kharezm (le), province au sud de la
Kabbale, 525 ; II, 173, 175-176, 187, mer d’Aral, 188.
193. Khiva, ville du Kharezm, 188.
Kaboul, ville d’Afghanistan, 490, 492. Khmer (Empire), 185.
Kachgarie, province du Turkestan, Khorassan, 180, 195, 489, 492, 493.
188. Kiel, ville du Holstein, 226.
Kaïdou, khan mongol, 178. Kiev, 218-221, 496.
Kaïkobad. — Voir : Alâ ad-Dîn. Kieystout, duc de Lituanie, 211.
Kairouan, ville de Tunisie, II, 137. Kilia, port sur le bas Danube, II, 133.
Kâït-bey, sultan d’Égypte, II, 140. Kiovie, province ruthène, 219.
Kalaoun, sultan d’Égypte, 189. Kiptchak (khanat de), 176, 179-181,
183 ; II, 125-126.

— 318 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Kirmân, province de Perse, 492. Kunovica, ville de Serbie, 497.


Klatovy, ville de Bohême, 352. Kunvald, ville de Bohême, II, 12.
Klenovsky (Jean), théologien tchèque, Kustendil ou Velbuid, ville de Bulga-
II, 13. rie, 215.
Kliasma, rivière russe, 220. Kutna Hora (ou Kuttenberg), ville de
Klokot, ville de Bohême, 356. Bohême, 349, 376 ; II, 10.
Knolles (Robert), 151.
Knutsson (Charles), 406-408 ; — roi L
de Suède, II, 122. Laconie, 191.
Kocka (Guillaume), théologien tchè- Ladislas Ier, roi de Bohême, dit le Pos-
que, 362. thume (Ladislas V, roi de Hongrie),
Königsberg, ville de Franconie, II, son règne en Bohême, 376, 399 ; II,
193. 9, 25-26, 116, 336, 357 ; — en
Königsberg, ville de Prusse, 225. Hongrie, 459 ; II, 119, 120.
Koniah, ancien Iconium, ville Ladislas II, roi de Bohême, fils de
d’Anatolie, 488 ; II, 134. Casimir IV Jagellon (Ladislas VI,
Koranda, théologien tchèque, 356. roi de Hongrie), II, 10, 12, 16, 118,
120, 121.
Korybut (Sigismond), duc de Lituanie,
Ladislas IV, roi de Hongrie, 42, 200.
393-395, 412, 415, 417, 419.
Ladislas V, roi de Hongrie. — Voir :
Kosovo (première bataille de), 198,
Ladislas Ier, roi de Bohême.
223, 485-487 ; — (seconde bataille
de), 497. Ladislas VI, roi de Hongrie. — Voir :
Ladislas II, roi de Bohême.
Kotromanić (famille des), en Bosnie,
214 ; II, 131 ; — Étienne, roi de Ladislas de Durazzo, roi de Naples,
Bosnie, 103. 317, 319, 321-322, 390, 468-470,
476.
Koubilaï ou Chi-tsou, empereur de
Chine, 177-178, 182. Ladislas IV le Bref ou Lokietek, roi de
Pologne, 201, 203, 209.
Koulikovo (bataille de), 222.
Ladislas V, roi de Pologne, ou Ladi-
Koutayah, ville d’Asie Mineure, 194.
slas II Jagellon, 393, 395, 409-416.
Kozi Hradec, ville de Bohême, 338.
Ladislas VI, roi de Pologne ou Ladi-
Kraemer (Henri), dit Institoris, II, 14. slas III Jagellon, dit Varnenczyk,
Kralove Hradec, ville de Bohême, roi de Pologne, 370, 399, 416-418,
352. 497 ; II, 119.
Kreml ou Kremlin, à Moscou, II, 125. La Ferté Milon (Marne), 540, 547.
Kroja, ville d’Albanie, 496 ; II, 131. Lagny (Seine-et-Marne), 19, 231.
Kruševac, ville de Serbie, 495. La Grange (Jean de), évêque
Ksar-es-Seghir, ville du Maroc, II, d’Amiens, cardinal, 547.
138. La Haye, 542 ; II, 19.
Kulm (ou Chelmno), ville de Pologne, La Hire (Étienne de Vignolles, dit),
sur la Vistule, 227 ; II, 115. 445.

— 319 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Lahn, rivière, 387. Latran (basilique du), à Rome, 47, 68 ;


Laiazzo. — Voir : Aïas. — (4e concile du), 45.
Laillier (Jean), théologien, II, 16. Lau (le sire du). — Voir : Batarnay.
La Mecque, 180. Laufenburg, ville de Souabe, 341.
La Mirandole. — Voir : Mirandole. Laure, 278, 283, 303 ; II, 199.
Lampugnani (André), II, 108. Laurent de Premierfaict, 287, 535-
536.
Lancastre (maison de), 330, 421, 432-
434, 438 ; — lutte avec la maison Lauria (Roger de), 172.
d’York, II, 40, 45, 60-73, 75, 77- Lausanne, 67, 292, 369, 372.
79 ; — comte : Thomas, 128-129 ; Lavaur (Tarn), 102.
— ducs : Henri, voir Henri IV, roi Layeng (Mathieu de), architecte, II,
d’Angleterre ; — Jean de Gand, 211.
108, 151, 154-155, 287, 314, 429-
432, 481, 483. Lazare, roi de Serbie, 197-198, 217,
486.
Landino (Christophe), humaniste, II,
179-180, 197-198, 230, 232. Lazarević (Étienne), prince serbe, 486,
495.
Lando (Michel), révolutionnaire flo-
rentin, 241. Leake (traité de), 128.
Landois, conseiller du duc de Breta- Le Bel (Jean), chroniqueur, 135.
gne, II, 58. Le Bouteillier (Jean), sculpteur, 295.
Langen (Rodolphe), II, 189-190. Le Coq (Robert), évêque de Laon,
Langlois (Jean), hérétique, II, 16. 142.
Langres (Haute-Marne), 511. Le Daim (Olivier), conseiller de Louis
XI, II, 56.
Langton (Gautier), trésorier
d’Angleterre 127 Lectoure (Gers), II, 41.
Languedoc, 29,’52, 140, 313, 424, Leeds, ville d’Angleterre, II, 66, 68.
425, 440-442 ; II, 242 ; — (États Lefèvre d’Étaples (Jacques), II, 157,
du), 142 ; II, 33-34, 35 ; — (géné- 184-187.
ralité de), II, 34 ; — hérésies, 33, légistes, 29, 38-39.
59, 61-63, 98, 100, 102-104. Legnaia, près de Florence, 561.
Languedoïl (États de), 142 ; II, 33 ; — Leicester, ville d’Angleterre, 330,
(généralité de), II, 34. 435 ; II, 74.
Laodicée, ville de Syrie, 189, 193, Leipzig (Université de), 335.
229.
Le Mans (Sarthe), 151, 426, 540.
Laon (Aisne), 443.
Lemberg. — Voir : Lwow.
Lara (famille de), 166.
Le Mercier (Jean), conseiller des ai-
La Rochelle, 146, 232. des, 425.
Lascaris (Constantin), II, 167, 198. Lemnos (île de), II, 130.
Latimer (Thomas), chevalier anglais, Lemoine (Jean), cardinal, 50.
330.

— 320 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Le Moiturier (Antoine), sculpteur, , II, Lincolnshire, 107.


216. Lindholm, ville du Slesvig, 403.
Léon X (Jean de Médicis), pape, II, 8, Lionel de Clarence, comte d’UIster,
219, 230. fils d’Édouard III d’Angleterre,
Léon VI, roi de Petite Arménie, 190. 154, 442 ; II, 66.
Léon, royaume, 33, 381 ; — ville, Lionel d’Este, duc de Ferrare, 513,
292, 296. 533.
Léonore, femme de Charles III de Lipany, ville de Bohême, 364, 397.
Navarre, 483. Lipe (Henri de), seigneur tchèque,
Léonore de Navarre, femme de Gaston 203.
IV de Foix, II, 89 Lippi (Philippe), peintre, 561-562 ; II,
Leopold Ier de Habsbourg, duc 226-232.
d’Autriche, 462. Lippi (Filippino), fils du précédent, II,
Leopold III de Habsbourg, duc 226, 232.
d’Autriche, 398, 399, 463. Lisbonne, 483, 555 ; II, 154 ; — Uni-
Le Riche (Enguerrand), architecte, versité, 169.
290. Lisieux (Calvados), 260.
Lerida, ville de Catalogne, II, 83. Lithuanie. — Voir : Lituanie.
Lesbos, île, 191. Litic, ville de Bohême, II, 12.
Leszek III le Noir, roi de Pologne, Lituanie, au XIVe siècle, 201, 209-212,
200. 218-220, 222, 337 ; — unie à la
Leto (Pomponio), humaniste, II, 164- Pologne, 409-415, 417-420, 433 ;
166, 186, 194. II, 115, 122, 125.
Leulinghem (conférences de), 432. Livonie, 212, 225, 413.
Levant (commerce du), 224, 229 ; II, Livry (Seine-et-Oise), II, 18.
35, 151, 244. Loches (Indre-et-Loire), 11,107,208.
Léventine ou Haut Tessin, 464. Lochner (Étienne), peintre, 557 ; II,
Lhota, ville de Bohême, II, 12. 222.
Liège (évêché et pays de), 277, 292, Lodi, ville de Lombardie, 333, 478,
556 ; — développement économi- 513 ; — paix et ligue qui y sont
que et social, 227, 239, 243 ; — et conclues, 478 ; II, 3, 93.
l’État bourguignon, 451, 455, 457 ; Logroño, ville de Vieille Castille, 167.
II, 40, 43-44, 46, 47. Loire, fleuve, 313, 437, 439, 440, 442,
Ligurie, 473. 443.
Lille, 132, 264, 452, 453 ; II, 19. Lollards (hérésie des), aux Pays-Bas,
Limassol, ville de Chypre, 190. 63, 106 ; — en Angleterre, 240,
Limbourg (duché de), 451, 453, 454, 330-331, 430, 433, 435 ; II, 16, 62
457 555. 195 245.
Limousin, 62,145,151,309,441,557. Lombardie, 68, 77, 80, SI, 158, 160,
206, 230, 277, 473, 474, 516 ; II,
Lincoln, 128, 330.
107, 100, 241 ; — vie religieuse et

— 321 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

hérésies, 34, 63, 97,104, 326, 380 ; Louis de Bavière, empereur, 73-81,
II, 15, 19, 21 ; — art, 297, 553 ; II, 83, 99-101, 106, 110-113, 133-134,
211, 214-215, 220-221, 238. 161, 173, 206, 257, 263, 273-274,
Lombards, banquiers italiens, 121, 453, 462 ; II, 240.
230. Louis VI, roi de France, 451.
Londres, 108-109, 126, 136, 145, 287, Louis IX (saint), roi de France, 9, 24,
330-331, 430, 487 ; II, 64-66, 68- 29, 33, 38, 40, 46, 74, 113, 122,
72, 195, 248 ; — activité économi- 131, 265, 373.
que, 225, 227, 230-232 ; II, 145. Louis X le Hutin, roi de France, 24,
Longueville (comté de), 149. 33, 113, 122-123, 142, 168, 265,
Lopez de Ayala, écrivain espagnol, 373.
537 ; II, 209. Louis XI, roi de France, avant son
Lopez de Mendoza (Iñigo), poète es- avènement, 399, 449, 465 ; II, 28,
pagnol, 538. 36-38, 79, 82 ; — gouvernement
royal et affaires de France, II, 31,
Lorédan (Léonard), doge de Venise,
38-57, 59, 77, 241 ; — Louis XI et
II, 236.
l’Angleterre, II, 68-72 ; — et
Lorenzetti (Ambroise et Pierre), pein- l’Espagne, II, 82-84, 86-90 ; — et
tre, 303-304. l’Italie, II, 15, 103, 107, 108, 112 ;
Lorenzo Monaco, peintre, 560. — politique et affaires religieuses,
Loreto, ville des Marches, II, 213, 218 II, 5-6, 14, 19, 23 ; — vie intellec-
234 tuelle et artistique sous son règne,
Lorraine, 34, 51, 64, 143, 445, 449, II, 157, 183, 208, 224-225.
459 ; II, 44-47, 49, 53, 97 ; — duc : Louis XII, roi de France, avant son
voir René II d’Anjou. avènement (duc d’Orléans), II,
Lorris (Loiret), 140. 208 ; — roi, II, 220.
Loschi (Antoine), humaniste, 516. Louis Ier le Grand, roi de Hongrie,
104, 205, 207-209, 210, 211, 267,
Lotharingie, 421, 451 ; II, 44, 49,
311, 390, 409, 413.
Louis Ier, duc d’Anjou, 148, 175, 313-
Louis (saint) de Toulouse, franciscain,
314, 422-423, 468.
302.
Louis II, duc d’Anjou, fils du précé-
Louis de Würzburg, hérétique, II, 13.
dent, 314, 317, 321, 426, 468-470,
479. Louvre (château du), 51, 147, 291,
295 305.
Louis III, duc d’Anjou, fils du précé-
dent, 449, 470. Louvain, 383, 556 ; II, 20, 211, 222.
Louis IX, duc de Bavière, II, 44. Lovell (Lord), II, 75.
Louis, duc d’Orléans, fils du roi Char- Lowlands d’Écosse, II, 78.
les V, 314-317, 319, 342, 505, 540, Loyola (Ignace de), 272 ; II, 159, 172.
547. Lubart, prince lituanien, 218.
Louis, duc d’Orléans. — Voir : Louis Lübeck, 8, 102, 225-227, 403, 405 ; II,
XII, roi de France. 173.
Louis, duc de Savoie, II, 50, 107. Lubovla (traité de), 415.

— 322 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Lucain, 538 ; II, 184. Luxembourg (Jean de), capitaine


Lucanie, région de l’Italie du sud, II, bourguignon, 443 ; — (Louis de),
204. connétable de Saint-Pol, II, 38 ; —
(Philippe de), comte de Saint-Pol et
Lucena (Jean de), écrivain espagnol,
II, 209. duc de Brabant, 457 ; — (Waleran
de), comte de Saint-Pol, 426.
Lucerne (canton de), 462-464 ; II, 45.
Lycie, 193.
Lucien, 513, 533 ; II, 166,189, 202-
203 232 Lydgate (Jean), poète anglais, 539.
Lydie 194 497.
Lucques, 76, 77, 106, 319, 468, 475,
476, 550 ; II, 219. Lyon, 9, 51, 56, 57, 65, 99,150, 270,
371, 441, 506, 548 ; II, 54-55
Lucrèce, 511, 533 ; II, 168.
144,158, 207, 248 ; — Pauvres de
Lude (le sire du), II, 54. Lyon : voir Vaudois.
Ludovic le More. — Voir : Sforza. Lyonnais, 104 ; II, 145.
Lull (Raimond), franciscain, 182, 252, Lyons (Richard), marchand de Lon-
270-272, 525 ; II, 185. dres, .234.
Luna (Alvaro de), comte de Santiste- Lwow ou Lemberg, ville de Galicie,
ban, 481-483 ; — (Alvaro de), 219.
écrivain, 538 ; — (Frédéric de),
479 ; — (Pierre de) : voir Benoît
XIII. M
Luneburg, ville du Hanovre, 405. Maaseyck, ville du Limbourg, 555.
Lunel (Hérault), 98. Macédoine, 191, 214-217, 495.
Lunigiana, région de Toscane, 251. Machaut (Guillaume de), poète, 266,
Lusace, 206, 386, 396 ; II, 117,120. 538.
Lusignan (dynastie de), 189, 190, 191. Machiavel, II, 8, 164, 208.
Luther, 274, 327-329, 355 ; II, 17, 19, Mâcon (Saône-et-Loire), 56.
157, 172, 175, 244, 249. Maçonnais, 444 ; II, 44.
Luxembourg (comté, puis, à dater de Madeleine de France, sœur de Louis
1354, duché de), 65, 82, 386, 427, XI, II, 51, 89.
451, 457, 459 ; II, 42, 49 ; — (mai- Madère, 484 ; II, 153.
son de), 67, 385 ; — comtes ou Madrid, 171.
ducs : Charles voir Charles IV, em-
pereur ; — Henri IV : voir Henri Magdebourg, 9, 106, 296, 327, 383 ;
VII, empereur ; — Jean l’Aveugle : II, 19.
voir Jean, roi de Bohême ; — Si- Maghreb, 2 ; II, 137-139, 241. —
gismond : voir Sigismond, empe- Voir : Maroc.
reur ; — Venceslas Ier : voir Vence- Magnus, roi de Suède, 226, 402.
slas, duc de Luxembourg ; — Ven- Maguelonne (Hérault), 62,
ceslas II : voir Venceslas, roi de
mahratte (Empire), 186.
Bohême et des Romains.
Mahomet le Prophète, 62.
Mahomet. — Voir : Mohammed.

— 323 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Maillard (Olivier), prédicateur fran- Malines, ville de Belgique, 292-293,


ciscain, II, 20-21. 542 ; II, 20, 44, 52.
Maillotins (révolte des), 424. Malmoe, ville de Scanie, 227.
Mainardino (Marsile). — Voir Marsile Malouet (Jean), peintre, 553-554.
de Padoue. Malpaghini (Jean), humaniste, 509-
Maine (comté du), 21, 39, 172, 439, 510.
442, 445, 447-449 ; II, 63. — Com- Maltépé, bourgade de Bithynie, sur la
te : voir Charles. mer de Marmara, 196.
Maitani (Laurent), architecte, 298. Malwa, région de l’Inde, 186, 490.
Maître de Flémalle — Voir : Flémalle. Mamaï, khan de la Horde d’Or, 222.
Maître de l’autel de saint Barthélémy, Mamelouks, en Égypte, 180, 181, 193,
II, 222. 489-491 ; II, 139-141 ; — aux In-
Maître de la Sainte Famille, II, 222. des, 185.
Maître de la vie de Marie, II, 222. Manche (la), mer, 231.
Maître de Moulins, II, 223. Mandchourie, 178.
Majella (mont), dans les Abruzzes, Mande (Henri), mystique hollandais,
102, 163. 504.
Majestas Carolina, 206. Manetti (Antoine), architecte, 212-
Majorque (royaume de), 135, 157, 213.
174-175, 182, 270. Manfred de Hohenstaufen, 6.
Malabar (côte de), II, 153, 154. Manfredi (famille), II, 101 ; — Tad-
Malaga, II, 91. deo, II, 103.
Malaspina, famille toscane, 251. Mangou-Timour, khan de Perse, 189.
Malatesta, famille de Rimini, 164, manichéenne (hérésie), 34, 50, 63.
319, 562 ; II, 101, 212 ; — Charles, Manilius, 511.
320, 341 ; — Dominique-Novello, Manrèse (monastère de), en Catalo-
II, 103-104 ; — Perfetto, 312 ; — gne, 296 ; II, 172.
Robert, II, 104-105 ; — Sigismond,
Manrique (Georges), poète espagnol,
II, 4 ; — Sigismond-Pandolfe, 545,
II, 209.
549.
Manrique (Gomez), poète espagnol,
Male (Louis de), comte de Flandre, 538 ; II, 209.
150, 423, 452-453 ; — (Marie de),
fille du précédent, 150. Manrique (Rodrigue), grand-maître de
Saint-Jacques, II, 88.
Malesset (Guy de), légat, 312.
Mantegazza (Antoine et Christophe),
Malestroit (Morbihan), 139.
architectes et sculpteurs, II, 214,
Malestroit (Gui de), chef de routiers, 220-221.
164. Mantegna (André), peintre, II, 234,
Malik an-Nâsir, sultan d’Égypte, 190. 236-238.
Malik Sarvar, sultan de Jaunpur, 490. Mantes (Seine-et-Oise), 140, 149.
Mantinée, II, 131.

— 324 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Mantoue, 277, 375, 379, 474, 475, Marguerite de Bourgogne, future du-
513-514, 530, 535 ; II, 4, 21, 102, chesse de Savoie, fille de Maximi-
107, 108, 212, 237-238. — Voir : lien d’Autriche, II, 48, 49.
Gonzague. Marguerite, duchesse de Tirol, 206.
Manuce (Alde) [Aldo Manuzio], im- Marguerite d’Anjou, reine
primeur vénitien, 11,166, 249. d’Angleterre, femme d’Henri VI,
Manuel II Paléologue, empereur de 447 ; II, 40, 63-72, 74.
Byzance, 486, 487, 493-495. Marguerite, reine de Danemark, Nor-
Manuel (ou Emmanuel), roi de Portu- vège et Suède, 402-406.
gal, II, 155. Marguerite de Norvège, reine
Manuel (Jean), écrivain espagnol. 288. d’Écosse, petite-fille d’Alexandre
Maramaldo (Louis), évêque de Bari, III d’Écosse, 125.
511. Marguerite de Norvège, reine
Marbach (ligue de), 388. d’Écosse, femme de Jacques III, II,
79.
Marc Eugenicos, archevêque
d’Éphèse, 496. Marguerite d’Écosse, reine de France,
Marcel (Étienne), 142-144, 242. femme de Louis XI, II, 79.
Marguerite, hérétique italienne, 60.
March (comte de) — Voir : Édouard
IV d’Angleterre, Mortimer. Marguerite la Porrette, hérétique, 63.
Marche (la), région de France, 21, Marie, duchesse de Bourgogne, fille
449. de Charles le Téméraire, II, 28, 45,
Marche (Olivier de la), écrivain fran- 47-48, 50, 240.
çais, II, 207. Marie de Valois, duchesse de Calabre,
297.
Marche d’Ancône, 159, 475 ; II, 101.
— Voir ; Marches. Marie, reine de Hongrie, 209, 211,
409, 413.
Marches (les), 34, 375, 470, 471, 475,
477 ; II, 13, 102, 103, 105, 235. Marie de Hongrie, reine de Naples,
200, 297.
Maremme (la), 68.
Marie d’Aragon, reine de Sicile, fille
Marguerite d’Avesnes, comtesse de
de Frédéric III, 467.
Hainaut, femme de l’empereur
Louis de Bavière, 453. Marienburg, ville de Prusse orientale,
414 ; II, 115.
Marguerite de Bourgogne, comtesse
de Hainaut et Hollande, femme de Marigny (Enguerrand de), 122.
Guillaume IV de Hainaut, 454. Marino, ville du Latium, 310.
Marguerite de Bavière, duchesse de Maritime (province), 469 ; II, 101.
Bourgogne, femme de Jean Sans- Maritza, rivière, 197, 213, 216, 217.
Peur, 454 ; II, 216. Mar Jaballaha III, patriarche nestorien,
Marguerite d’York, duchesse de 182.
Bourgogne, femme de Charles le Marko, roi de Serbie, 486.
Téméraire, II, 45, 75.
Marmara (mer de), 191, 491, 494.

— 325 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Marmion (Simon), peintre, II, 221. Mathias Corvin, roi de Hongrie, II, 5,
Marmousets (gouvernement des), 425- 9-10, 25-28, 118, 120-121, 132,
426. 195, 221, 232.
Marmoutier, couvent près de Tours, II Mathias de Janov, théologien tchèque,
18 21 332-333, 335, 377.
Maroc, 303, 484, 543, 561 ; II, 137- Mathias de Knin, théologien tchèque,
139, 153. — Voir : Maghreb. 334.
Marne, rivière, 445 ; II, 39. Mayence, 63, 66, 325, 327, 369, 386,
517 ; II, 16-17, 24, 28, 192, 222-
Marseille, 19, 94, 95, 98, 310 ; II, 35,
144. 223, 248 ;— (archevêque de), 73,
387, 388 ; II, 28.
Marsile d’Inghen, philosophe et théo-
Maximilien de Habsbourg, roi des
logien, 259-260, 262, 280, 500-
Romains, II, 28, 45, 48, 57-58, 72,
501, 527 ; II, 185.
75, 88, 240.
Marsile de Padoue (Marsilio Mainar-
Mazanderân, province de Perse, 489,
dino), philosophe, 75-77, 107, 109,
492.
112, 263, 264, 323.
Mazovie, province polonaise, 200,
Marsili (Louis), humaniste, 509.
201, 210, 211, 414 ; II, 115 ; —
Marsuppini (Charles), humaniste, princes : voir Boleslas.
532 ; II, 179, 218.
Méandre, fleuve, 194.
Martin IV, pape, 41.
Meaux (Seine-et-Marne), 143, 438.
Martin V, pape (Odon Colonna), 335,
Mecklembourg, 207, 403 ; — (Henri,
343-344, 351-353, 357-360, 375-
duc de), 402 ; — (Albert de), fils
376, 379, 384, 510, 550, 562.
du précédent, 402. — Voir : Albert
Martin l’aîné, roi d’Aragon, puis de III, roi de Suède.
Sicile, 317, 321, 467, 479.
Médicis (famille), 230, 231, 476-477 ;
Martin le jeune, roi de Sicile, 467, II, 7, 51, 109-111, 160, 230, 237.
483.
Médicis (Cosme de), 476-477, 511-
Martin de Delft, humaniste, II, 183. 512, 515-516, 529, 534, 546, 551,
Martinez (Alphonse), poète espagnol, 560 ; II, 109, 161, 164, 167-169,
538. 172, 197, 201, 212, 217, 219, 226-
Martini (Simon), peintre, 302-303. 227, 231.
Masaccio (Thomas Guidi, dit), pein- Médicis (Jean de), père du précédent,
tre, 301, 500, 559-562 ; II, 226- 476.
234, 249. Médicis (Jean de). — Voir : Léon X.
Masolino de Panicale, peintre, 558- Médicis (Julien de), frère de Laurent
561 ; II, 221, 231. le Magnifique, II, 7, 110, 160, 230,
Massa, ville des Marches, II, 235. 237.
Masuccio de Salerne, nouvelliste, II, Médicis (Julien de), fils de Laurent le
198. Magnifique, II, 230.
Mathelin (Jean), architecte, 540. Médicis (Laurent de), dit le Magnifi-
que, II, 7-8, 22, 110-111, 167, 176-

— 326 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

178, 180, 195, 197-203, 219, 221, Mercure Trismégiste, ouvrages qui lui
227, 229-231, 234. sont attribués, II, 187.
Médicis (Pierre Ier de), dit le Gout- Mérînide (dynastie), II, 137-138.
teux, II, 109-110, 167, 219. Meschinot (Jean), poète, II, 207.
Médicis (Pierre II de), fils de Laurent Mésopotamie, 489, 491.
le Magnifique, II, 230.
Messine, 12 ; II, 167, 211, 236.
Medina del Campo, ville de Vieille Metz, 33.
Castille, 311 ; II, 87.
Meulan (Seine-et-Oise), 149.
Méditerranée (mer), dominée par les
Angevins, 1 ; — par les Aragonais, Meuse, fleuve, 277, 450, 455-457 ; II,
157, 171, 175 ; — centre 42.
d’échanges commerciaux, 19, 224, Michaut (Pierre), poète, II, 207.
227, 229, 231, 484 ; — irruption Michel, duc de Lituanie, 419, 420.
des Ottomans, 485 ; II, 129, 134, Michel, duc de Tver, 222.
137 ; — hégémonie espagnole, II,
Michel VIII Paléologue, empereur de
95 ; — décadence commerciale, II,
Byzance. 192, 214, 496.
142, 143, 149, 153, 244 ; — éta-
blissement des Ottomans, II, 244. Michel IX Paléologue, empereur de
Bysance, 182, 192, 195.
Mehun-sur-Yèvre (Cher), 441, 541,
554. Michel, tsar de Bulgarie, 215.
Mélanchthon (Philippe), II, 208. Michel (Jean), médecin et auteur dra-
matique, II, 206.
Melk (congrégation bénédictine de),
381. Michel de Cesena, franciscain, 99-
102.
Melno, ville de Pologne, 415.
Michel de Nemecky Brod, théologien
Melozzo de Forlì, peintre, II, 233-234.
tchèque, 345-346, 348.
Melun (Seine-et-Marne), 438 ; —
Michel-Ange, 544, 548, 550-551 ; II,
(Charles de), II, 38.
217-218, 231, 234.
Memling (Jean), peintre, II, 222-223.
Michelozzi (Michelozzo), architecte,
Memmi (Lippo), peintre, 302. 546, 551, 560 ; II, 212-213, 220.
Mena (Jean de), poète espagnol, 538. Middelburg, ville de Zélande, 234 ; II,
Ménam, fleuve, 185. 152.
Mende (évêque de), 28. — Voir : Du- Midlands, région d’Angleterre, II, 74.
rand (Guillaume). Mies. — Voir : Střibro.
Mendiants (Ordres), 52, 328-329, 372, Mignot (Pierre), architecte, 543.
376, 382 ; II, 22. — Voir : Augus-
Milan, sous les Della Torre, 31, 34,
tins, Carmes, Dominicains, Fran-
68, 158 ; — sous les Visconti, 73,
ciscains.
76, 77, 80, 157, 160-162, 164, 174 ;
Mendoza (Gonzalez de), cardinal, II, 276-279, 281, 314, 363, 365, 373 ;
87. — duché, 388, 392, 464, 471, 473-
Mentéché (émirat de), en Asie Mineu- 475, 477 ; — république ambro-
re, 487. sienne, 478 ; — sous les Sforza,

— 327 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

478, 512-513, 516-517 ; II, 3-4, 7, Molai (Jacques de), grand-maître du


44, 50, 93, 97, 99,103, 106-112, Temple, 54, 57.
144, 159-160, 167, 175, 183, et Moldavie (principauté de), 213, 413 ;
voir : Sforza ; — art, 297, 543, II, 120, 132-134.
553 ; II, 6, 182, 196, 211, 214-215, Moleyns (Adam), évêque de Chiches-
220, 233, 238. ter, II, 63.
Milec de Kromeriž, théologien tchè- Molina (Marie de), reine de Castille,
que, 105, 331-332, 377. 166.
Minden, ville de Westphalie, 106, Molinet (Jean), poète, II, 207.
383.
Mombaer (Jean), écrivain mystique,
Ming (dynastie chinoise des), 187, II, 159.
493 ; II, 127.
Monastir, ville de Macédoine, 197.
Minimes, ordre monastique, II, 19-20.
Mondavio, bourg des Marches, II,
Mino de Fiesole, sculpteur, II, 218- 104.
220.
Mongolie, 182, 186 ; II, 127.
Minorque, 313.
Mongols, en Asie, 112,176-187,189,
Miramar (collège de), à Palma de Ma- 195, 229 ; — en Europe, 200, 305,
jorque, 182, 270. 484 ; — spécialement en Russie,
Miran-chah, fils de Timour, 492. 217-218, 220-223 ; II, 116, 125-
Mirandole (Jean Pic de la), II, 156- 126, 134.
158, 168, 172-180, 184-187, 193- Monikerede, port de Zélande, 228.
195, 197, 249, Mont-Athos (couvent du), 216.
Mirandole (Jean-François Pic de la), Mont-Saint-Michel, 308, 540.
II, 173.
Mont-Sainte-Agnès, couvent en Hol-
Mirčea, prince de Valachie, 486. lande, 504 ; II, 17.
Mirepoix (évêque de), 78. Montagne Noire (la), 33.
Misnie, région de la Saxe, 357. Montaigu (collège de), à Paris, II, 20-
missions en Asie, 182-183. 21.
Mladen Šubić, prince de Bosnie, 103. Mautauban (Tarn-et-Garonne), 34.
Mocenigo (Pierre), doge de Venise, II, Montdidier (Somme), II, 41.
221. Montecatini, bourg de Toscane, 160.
Modène, 76, 77, 161, 162, 477 ; II, Monte Corvino (Jean de), missionnai-
103, 107. re franciscain, 183.
Modhafféride (dynastie), 180, 489. Monte di Croce (Riccoldo de), mis-
Mohammed V, roi de Grenade, 543. sionnaire dominicain, 182.
Mohammed Ier, sultan ottoman, 494. Montefalco, ville d’Ombrie, 561.
Mohammed II, sultan ottoman, 497- Montefeltro (Frédéric de), comte, puis
498 ; II, 3, 5-6, 13, 98, 103, 119, duc d’Urbin, II, 102-104, 112.
129-136, 140, 236. Montefiascone, ville d’Ombrie, 163.

— 328 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Montepulciano, ville de Toscane, II, Mouchate (dynastie moldave des), II,


200. 133.
Montereau (Seine-et-Marne), 437, Moulaï Abou’l-Hasân, émir de Grena-
438, 440, 444, 445, 506, 548. de, II, 90-91.
Montferrat (marquis de), 158 ; II, 107, Moulins (Allier), II, 207, 211, 225 ; —
111. le Maître de Moulins, II, 223.
Montfort (Jean de). — Voir : Jean IV, Mourad Ier, sultan ottoman, 196-198,
duc de Bretagne. 485.
Montlhéry (bataille de), II, 39. Mourad II, sultan ottoman 494-495,
Montiel (château de), en Nouvelle 497-498.
Castille, 167. Moustafa, fils du sultan Bayézid Ier,
Montils-lès-Tours (Indre-et-Loire), II, 494.
19. Mugello, région de Toscane, 299, 532,
Montpellier, 59, 62, 98, 135, 149, 174, 559.
175, 277, 424, 548 ; II, 35, 145. — Mühldorf, ville de Haute-Bavière, 73,
Université, 29, 38. 74.
Montreuil (comté de), 146. Mulhouse (Haut-Rhin), II, 44, 45.
Morat (bataille de), II, 47, 50. Müller (Jean), dit Regiomontanus,
Moravie, 34, 337, 378, 386, 393-396 ; physicien et astronome, 527 ; II,
II, 12, 15, 26, 117, 120 ; — (Char- 193-194.
les de) : voir Charles IV, empe- Munich, 101-102.
reur ; — (Jean de), frère de Charles Munnikhuysen, couvent en Hollande,
IV, 83 ; — (Josse de), fils du pré- 381.
cédent, 387, 390. Münster, ville de Westphalie, 189,
Morée, 175, 191-192, 229, 471, 495, 227.
497 ; II, 41, 125, 129, 131. Murano, ville près de Venise, II, 212.
Moreel (Guillaume), bourgmestre de Murmell (Jean), humaniste allemand,
Bruges, II, 223. II, 189.
Morel (Jacques), sculpteur, 548 ; II, Murrone (ermitage du mont), dans les
216. Abruzzes, 43 ; — (Pierre de) —
Morgarten (bataille du), 462. Voir : Célestin V.
Morinaga, empereur du Japon, 184. Myra, port de Lycie, 193.
Mortimer (famille), 433 ; II, 64 ; — Mysie, 196.
Roger, comte de March, 129,135.
Morvan, 151.
N
Moscou (grand-duché de), 220-223,
412, 420 ; II, 122, 124-126, 215. Naefels, ville de Suisse (cant, de Gla-
ris), 463.
Moselle, rivière, 523.
Najera, ville de Vieille Castille, 167 ;
Moskva, rivière, 221. II, 223.
Mouça, fils du sultan Bayézid Ier, 494.

— 329 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Nakitchevan, archevêché en Arménie, Nemours (comté de), 482 ; — (Jac-


183. ques d’Armagnac, duc de), 557 ; II,
Namur (comté de), 451, 456. 38.
Nancy, 540 ; II, 44, 46, 47. Néopatras (duché de), 175.
Nankin, ville de Chine, 187. néoplatonisme, 272, 274, 525-526 ; II,
162, 171-172, 181, 184-185.
Nantes, 540 ; II, 19, 58,- 210, 217.
Népomucène. — Voir : Pomuk.
Naples (royaume de), sous les Ange-
vins, 6, 39, 56, 63, 69, 76, 81, 104, Népriadva, affluent du Don, 222.
156, 171-173, 189, 191, 206, 208, Nesle (Somme), II, 41.
309-310, 313-315, 319, 321, 325, Nestoriens (secte des), chez les Mon-
341, 358, 366, 369, 371, 423, 466- gols, 179, 180, 182.
471 ; — sous les Aragonais, 477, Neuchâtel (lac de), II, 46.
513, 517-518, 520, 529 ; II, 4-5, 7,
15, 51, 53, 81, 83, 93-101, 109, Neuss, ville des pays rhénans, II, 46,
111-112, 202, 208, 241 ; — vie re- 72.
ligieuse et intellectuelle, 36, 98, Neva, rivière de Russie, 227.
101, 104, 267-268, 277, 279, 508, Nevers, 449 ; — (Louis de), comte de
518 ; II, 160, 163, 165-167, 198 ; de Flandre, 132, 138, 236, 452 ; —
— art, 297-299, 301-302, 551, (Jean, comte de) : voir Jean Sans-
561 ; II, 211, 213, 218, 236. Peur, duc de Bourgogne.
Naprous Boneta, hérétique, 98. Nevski (Alexandre), duc de Moscou,
Narbonne, 34, 48, 59, 98-99, 102, 380. 221 ; — (Daniel), fils du précédent,
Narenta, fleuve d’Herzégovine, 214. 221 ; — (Georges), fils du précé-
dent, 221.
Narni, ville d’Ombrie, II, 227.
Neville (famille anglaise de), II, 62,
Narva, rivière d’Esthonie, 219. 68, 69, 71 ; — Alexandre, archevê-
Nassau (comte de), 133 ; — (Mathilde que d’York, 431 ; — Georges, ar-
de), 65. — Voir : Adolphe de Nas- chevêque d’York, II, 68, 69 ; —
sau, roi des Romains. Jean, duc de Northumberland, II,
Navarre, royaume, 9, 157, 168, 311, 68.
341, 466, 482-483 ; II, 51-52, 58, Nexemperger (Jean), architecte, II,
81, 82, 89-90 ; — collège de Na- 211.
varre, à Paris, 259, 504, 507 ; II, Nezarka, rivière en Bohême, 356.
20.
Niccoli (Nicolas), humaniste, 509,
Négrepont, II, 6,109, 130. — Voir : 517-519, 522, 529, 532.
Eubée.
Nice, 379.
Neissen (Berthold de), 73.
Nicée, 195, 196, 368, 515, 521 ; II,
Némania (dynastie des), en Serbie, 163, 183 ; — (empire de), 19,1,
213. 195, 214 ; — (métropolite de), 496.
Nemecki-Brod, ou Deutsch-Brod, Nicolaïtes, hérétiques, 356.
ville de Bohême, 394.
Nicolas III d’Este, duc de Ferrare, 94,
Nemesius, poète latin, II, 205. 553.

— 330 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Nicolas III, pape, 32. Niš, ville de Serbie, 197, 497.


Nicolas IV (Jérôme d’Ascoli), pape, Nocera, ville d’Ombrie, 314.
41, 42-43, 44, 60, 182. Nogaret (Guillaume de), 10, 39, 40,
Nicolas V (Thomas Parentucelli), pa- 50-56.
pe, 371-376, 378, 384, 400, 419, Nogayrol (Bertrand), architecte, 291.
472, 477, 478, 518, 521, 529, 531, Noire (mer), 181, 229, 497 ; II, 122,
545, 560 ; II, 3, 25, 159-161, 163, 125, 129, 143.
165, 212, 233.
nominalisme, 107, 502, 505, 525. —
Nicolas V (Pierre Rainalucci), antipa- Voir : Ockham, terminisme.
pe, 76-77, 100.
Nord (mer du), 8, 19, 224, 225, 457.
Nicolas d’Autrecourt, philosophe,
259, 263. Nordhausen, ville de Saxe, 106.
Nicolas de Bâle, hérétique, 327. Norfolk (duc de), 432 ; II, 69.
Nicolas de Buldersdorf, hérétique, Normandie, 9,10, 40, 138, 139, 141,
374. 149, 151, 152, 293, 379, 435-437,
439-441, 444-445, 448 ; II, 39, 40,
Nicolas de Clémanges, théologien, 63, 70 ; — (maréchal de), 143 ; —
507, 535. (généralité de), II, 34.
Nicolas de Cues, 373, 378, 382-384, Northampton (bataille de), II, 66.
500, 522-531 ; II, 5, 20-21, 27, 103,
156, 161-163, 168-169, 171, 173- Northumberland, II, 68 ; — (comte
174, 178, 181, 189-191, 193, 246- de), 433 ; II, 62, 68, 69, 75.
248. Norvège (royaume de), 225, 227, 230,
Nicolas de Mazen, bénédictin, 381. 402-404, 407 ; II, 122, 241.
Nicolas des Orbeaux, théologien, II, Norwich (évêque de), 423.
502. Novare, ville du Piémont, 61, 77, 380.
Nicolas de Pise ou Pisano, sculpteur, Novgorod, ville de Russie, 8, 219-
296-297, 300, 549-550. 222, 224, 225, 420 ; II, 124, 125.
Nicolas de Pistoia, missionnaire do- Novobrdo (mines de), en Serbie, II,
minicain, 183. 132.
Nicolas de Welmowice, théologien Nowe, ville de Pologne, sur la Vistule,
tchèque, 334. II, 115.
Nicomédie, ville de Bithynie, 195, Nuremberg, 74, 84, 232, 296, 380,
196. 394, 396, 400, 507, 557 ; II, 5, 25,
Nicopolis, ou Nikopol, ville de Bulga- 144, 154, 157, 162, 193-194, 222,
rie, 487. 224, 246, 248, 249 ; — (margrave
de), 390.
Nieszawa, ville de Pologne, II, 114. —
(Statuts de), II, 114. Nyborg, ville du Danemark, 405.
Nigeon, couvent à Passy, près Paris, Nyder (Jean), théologien, 380.
II, 19.
Nimègue, ville de Hollande, 542. O
Nikopol. — Voir : Nicopolis. Oberlahnstein, ville de Hesse, 387.

— 331 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Occleve (Thomas), poète anglais, 539. Orange (Jean de Chalon, prince d’), II,
Ockham (Guillaume d’), franciscain, 48.
76-77, 99-100, 102, 107, 109, 323 ; Orcades, îles, II, 79.
— philosophe et théologien, 100, Orcagna. — Voir : André di Cione.
256-259, 278, 280, 334, 499, 500- Orchies (Nord), 132, 452, 453.
503, 505, 526 ; II, 158, 183, 185,
248. Orchomène, ancienne ville de Béotie
192.
ockhamisme, 294, 501-502, 504, 506,
520, 522-523, 525, 535 ; II, 17, 21, Ordelaffi (famille), II, 101.
156-158, 160, 181, 183-185, 246, Oresme (Nicole), philosophe et théo-
248. logien, 114, 259-262, 280, 286,
Oder, fleuve, 105. 381, 500, 528.
Odoric de Pordenone, missionnaire, Orient, 113, 268, 270 ; — Empire
183. d’Orient, 360, 361, 363, 368, 373,
512, 523, 524, 529, 543, 554 ; II,
Œland, île de la Baltique, 407. 24, 169, 173, 176, 185, 199 ; — in-
Offredo (Apollinaire), théologien, fluence de l’art oriental, 299-301 ;
.502. II, 212, 227, 236, 237.
Oïrat (les), tribu de Mongolie, II, 127. Orient (Extrême-), 301.
Oise, rivière, 444, 445. Origène, II, 175, 195, 197.
Oka, rivière de Russie, 222. Orléans, 314, 439, 442-443 ; II, 7, 54,
Okhrida, ville de Macédoine, 215 ; — 193 ; — Université, 29.
(archevêque de), 216. Orléans (maison d’), 440 ; II, 50, 53,
Olaf, roi de Norvège, 402. 107, 112 ; — (Charles, duc d’),
Oldcastle (Jean), hérétique, 331. 427-428, 435, 436, 449, 474, 477,
536 ; — (Louis duc d’), frère de
Oldenbourg. — Voir : Christian
Charles VI, roi de France, et père
d’Oldenbourg, roi de Danemark.
du précédent, 425-427, 455, 474 ;
Oldjaïtou, khan mongol, 181, 183. — (Louis II, duc d’), fils de Char-
Olesnicki (Zbigniev), évêque do Cra- les d’Orléans, II, 53, 57, 58 ; —
covie, 415-420. (Philippe d’) frère de Jean le Bon,
Olgiati (Jérôme), II, 108. 146. — Voir : Visconti (Valentine).
Olguerd, duc de Lituanie, 211. Ormuz, ville de Perse, 181, 229.
Olieu (Pierre-Jean), franciscain spiri- Orphelins, secte tchèque, 395.
tuel, 59-61, 98-100. Orsenigo (Simon), architecte, 543.
Olivi (Pierre-Jean). — Voir : Olieu. Orsini (famille), 43, 68, 159, 371,
Olmütz, ville de Moravie, II, 120. 470 ; II, 99, 101, 105 ; — Giorda-
Ombrie, 68, 270, 380, 468, 469, 475, no, cardinal, 523 ; — Jean, cardi-
534, 560-562 ; II, 101, 102, 105, nal, 77 ; — Napoléon, cardinal, 53,
234. 101 ; — Virginio, II, 105.
Onin (guerre d’), II, 127. Orthez (Basses-Pyrénées), 536.
Ortlieb de Strasbourg, hérétique, 35.

— 332 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Ortwin de Graes, théologien, II, 192. Ourmiah, ville de l’Azerbaïdjan, 489,


Orvieto, ville d’Ombrie, 31, 164, 293, Ouzbeg, khan de Kiptchak, 183.
298, 302, 560-561 ; II, 234. Overyssel, province des Pays-Bas,
Osman ou Othmân, émir ottoman, 382.
196. Ovide, 530, 538 ; II, 199, 200, 205,
Osmanlis. — Voir : Ottomans. Oviedo, ville des Asturies, 296.
Osnabrück, ville de Westphalie, 106, Oxford, ville et Université, 107-109,
Ossola (val d’), 464. 254, 256, 293, 541 ; II, 211 ; —
Ostie (cardinal d’), 81. doctrines philosophiques, théologi-
ques et science, 31-32, 252-254,
Ostoja (Étienne), roi de Bosnie, 326.
256-257, 260, 262, 330, 331, 333-
Ostojić (Etienne-Thomas), roi de Bos- 334, 337, 501, 504, 522 ; II, 16,
nie, II, 13. 157, 195, 246.
Ostorog (Stanislas), juriste, II, 123^ Oxford (Jean de Vere, comte d’), II,
Othée, près de Liège, 455. 71.
Othmân, sultan d’Egypte, II, 139. Ozor, ville de Hongrie, II, 221.
Othmân, calife de Tunis, II, 139.
Othmân, émir ottoman. — Voir : Os- P
man.
Pace, sculpteur italien, 298.
Otrante, ville de Pouille, II, 7, 98, 109,
Paderborn, en Westphalie, 106.
111.
Padilla (Mario de), 167.
Ottokar II, roi de Bohême, 8, 200,
201, 203. Padoue, 277, 287, 388, 474, 477, 509,
513, 533 ; II, 198, 201 ; — Univer-
Ottomans (Turcs) ou Osmanlis, leurs
sité, 264, 503, 512-513, 523 ; II,
progrès au XIVe siècle, 2, 94, 95,
158, 163, 166-167, 173, 194 ; —
112, 176, 195-198, 215-217 ; —
congrégation de Sainte-Justine,
essais de croisade contre eux, 360,
381, 524 ; II, 19 ; — art, 300-301,
368, 370, 378, 391, 393, 399, 409,
552, 562 ; II, 212, 235-237.
418, 420, 458, 471, 478, 484, 515 ;
— jusqu’à la chute de de Constan- Païva (Alphonse de), II, 154.
tinople, 485-488, 490-491 ; — Pâlam, ville de l’Inde, 493.
leurs progrès jusqu’à la fin du XVe Palatinat (comte du), ou comte palatin,
siècle, II, 1, 2, 4, 6-7, 10,13-14, 26, 73, 82, 394, 459 ; II, 44. — Voir :
28, 93, 95, 98,103, 109, 111, 116, Jean de Bavière, Philippe, Robert
119-120, 126, 129-136, 140-141, du Palatinat, Rodolphe.
202, 241, 244, 245.
Palencia, ville de Castille, II, 209.
Otton, comte palatin de Bourgogne,
Paléologue (Démétrios), frère de Jean
65.
VIII, 496 ; — (Thomas), despote
Otton Ier, empereur, 7 ; II, 95. de Morée, II, 125 ; — (Zoé), fille
Oumour-beg, émir d’Aïdin, 191. du précédent, 11,125. — Voir :
Oural, fleuve, II, 125, 126. Andronic II, Andronic III, Jean V,
Ourkhân, émir ottoman, 196, 216.

— 333 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Jean VII, Jean VIII, Michel VIII, 263, 270, 272, 286-287, 311-312,
Michel IX, Manuel II, empereurs. 315-318, 320, 322-323,337, 358,
Palerme, 518. 361, 372, 381, 428, 499-500, 502,
504-506, 520, 522, 525 ; II, 3, 16-
Palestrina, ville du Latium, 47, 59,
18, 20-21, 23, 156-158, 163-165,
366.
174-175, 181-188, 192-193, 195,
Paliano, près d’Anagni, II, 105. 206-207, 246, 248.
Palma de Majorque, 182, 270. Parlement d’Angleterre, 10, 107-108,
Palmieri (Mathieu), poète, 532-533 ; 111, 125-129, 243, 284, 311, 330,
II, 197. 359, 430-432, 435, 446 ; II, 64, 66,
Palu (Hugues de la), II, 14-15. 68, 71-72, 75-76, 243.
Pamiers (évêque de), 47, 78. Parlements français, 111 ; II, 23 ; —
Pamir (plateau de), 492. de Paris, 9, 40-41, 131, 151, 318,
425, 439, 458, 459 ; II, 4, 23, 35,
Pampelune, ville de Navarre, 296,
54 ; — de Bordeaux, II, 35 ; — de
542.
Grenoble, II, 14, 35 ; — de Poi-
Pamphylie, 193. tiers, 442 ; — de Toulouse, II, 35.
Panagia, île de l’Archipel, 229. Parme, 32, 60, 76, 77,161,162, 277,
Pandolfini, famille florentine ; Agno- 279, 283, 474.
lo, 532 ; — villa Pandolfini, près de Pascal (Pierre), inquisiteur, 104.
Florence, 561.
Passavanti (Jacques), dominicain, 275,
Panicale, bourg de Toscane, 558. 304.
Papauté. — Voir : Église, Rome, Pastoralis cura (constitution), 70,82.
Saint-Siège.
Pasture (Roger de la), ou Roger van
papier (introduction du) en Occident, der Weyden, 556 ; II, 221-224.
247.
Patay (bataille de), 443.
Pardubice (Ernest de), archevêque de
Patrimoine de Saint-Pierre. — Voir :
Prague, 105, 338.
Pontifical (État).
Paris, 42, 47, 113, 123, 131, 142-144,
Paul (saint), 329, 354, 504, 529 ; II,
230, 241-242, 267, 270, 277, 424-
16, 161, 171-172, 178, 234.
425, 428, 435, 437-438, 441, 443,
445, 452, 487 ; II, 34, 39,145, 208 ; Paul II (Pierre Barbo), pape, 11,5-7,
— vie religieuse et hérésies, 32-33, 9,13, 22, 24, 104, 115, 117, 118
59, 62, 64, 100-101, 256, 258, 310, 164-165, 195, 202, 212, 219.
317-325, 342, 348, 505, 536 ; II, Paul de Venise, théologien, 502.
16, 18-21, 23, 158 ; — vie intellec- Paulet de Trinci, franciscain, 116.
tuelle, 521 ; II, 180, 183, 206-207, Pavie, 160, 297, 344, 358, 474, 509,
248, et voir : (Université de) ; — 512, 515, 521, 530 ; II, 188 ; —
art, 291-292, 295, 305, 535, 541, Chartreuse de Pavie, II, 214-215,
543, 547, 553, 557 ; II, 211, 224- 220, 238.
225.
paysans (révolte des), en Angleterre,
Paris (Université de), 9, 24, 29-30, 36, 245, 247, 430 ; II, 64 ; — en Flan-
75, 100-101, 107, 253, 256-260,

— 334 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

dre, 245-246 ; — en France : voir Pergame, ville de Mysie, 196.


Jacquerie. Pergolese (Paul), théologien, 502.
Pays-Bas, vie économique, 114, 225, Périgord, 145.
229, 242-243 ; II, 144, 145, 148, Périgueux (traité de), 131.
243 ; —- sous la domination bour-
guignonne, 450-459 ; II, 40, 44, Perkin Warbeck, agitateur anglais, II,
47 ; — libertés locales et provincia- 75.
les, II, 243 ; — vie religieuse, intel- Pernau, ville d’Esthonie, 225.
lectuelle, hérésies, 33, 103, 106, Péronne (entrevue de), II, 40, 41, 44,
274, 325-326, 381-383, 504-506, 53.
524 ; II, 16,18, 20,183, 187-193, Perotto (Nicolas), humaniste, 530 ; II.
195 ; — art, 292, 295, 542, 556- 163, 165.
557 ; II, 196, 211, 221-224, 247,
Pérouse, 43, 52, 99, 102, 164, 174,
249.
468, 474 ; — art, 293, 296 ; II, 227,
Pazzi (conspiration des), II, 7, 110- 233-235.
111, 200, 233 ; — (François), II,
Perpignan, 37, 62, 319-320, 341 ; II,
110.
51.
Pecham (Jean de), archevêque de Can-
Perréal (Jean), pointre, II, 225.
terbury, 31, 253.
Perrers (Alice), 154.
Pecock (Reginald), évêque de Chi-
chester, II, 62. Perse, sous les Mongols, 176, 179-
183, 186, 189, 229, 230 ; — sous
Pedro. — Voir : Pierre.
Timour et ses successeurs, 489,
Peïpous (lac), 219. 492 ; II, 127, 241 ; — art persan,
Pékin, 177-178, 181, 186 ; — (arche- 180-181 ; II, 227.
vêque de), 183. Persique (golfe), 181, 229.
Pellegrue (Arnaud de), cardinal, 68. Pérugin (Pierre Vannucci, dit le), II,
Péloponnèse, 229. — Voir : Morée. 234-235.
Pembroke (comte de), 128. Peruzzi, famille de banquiers floren-
Pendjab, province de l’Inde, 186. tins, 230-232, 301 ; II, 144.
Peñiscola, château dans la province de Pesaro, ville des Marches, II, 9.
Valence, 342, 359, 380. Pest, II, 144.
Penthièvre (Jeanne de), duchesse de peste noire, 142, 153, 235, 245.
Bretagne, 138. Pé-tchi-li, province chinoise, 187.
Péra, quartier de Constantinople, 229. Petit (Jean), théologien, conseiller du
Percy (famille), 433 ; II, 62, 68, 70, duc de Bourgogne, 318, 342, 428,
71. 505.
Pereiaslav (duché de), 220. Petra, couvent en Aragon, 381.
Pères de l’Église, 107, 333, 354, 381, Pétrarque, poète, 277-278, 283-284,
511, 524 ; II, 16, 176, 192-195, 533, 538, II, 197, 199-202, 204-
234. 205 ; — initiateur de l’humanisme,
Peretola, bourg près de Florence, 552. 2, 250, 263, 265, 267, 276-287,

— 335 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

293, 303, 499, 503, 508-524, 529- 131-132, 166, 168, 172, 180, 238,
533, 535-536, 561 ; II, 123, 156, 270, 290-291, 341, 452 ; II, 53,
158-159, 163-165, 180-184, 188, 239.
229 ; — ses idées politiques, 80, Philippe V le Long, roi de France,
94-95, 162, 163, 277-279 ; II, 242. 123, 168.
Petrucci (Jean-Antoine), poète, II, Philippe VI de Valois, roi de France,
204, 77-79, 101, 106, 110, 133-140,
Peurbach (Georges de), physicien et 150, 161, 168, 246, 295, 452.
astronome, 528 ; II, 194. Philippe, infant de Majorque, 173.
Peutinger (Conrad), humaniste, II, Philippe, régent de Majorque, 174.
194.
Philippe de Mézières, 114, 312, 486.
Pforzheim, ville de Wurtemberg, II, Philippopoli, ville de Roumélie, 197.
193.
Philpot (Jean), marchand de Londres,
Philadelphie, Église des Fraticelles, 234.
102, 325.
Phocée (aujourd’hui Phokia), port
Philibert Ier, duc de Savoie, II, 50. d’Asie Mineure, 191.
Philippe le Beau, archiduc d’Autriche, Phrygie, 195.
fils de Maximilien, II, 48.
Phya-Uthong, roi de Siam, 185.
Philippe, comte palatin, II, 17.
Piadena, bourg de Lombardie, II, 164.
Philippe Ier de Rouvres, duc de Bour-
gogne, 146. Piast, dynastie en Pologne, 200-201,
205, 209.
Philippe II le Hardi, duc de Bourgo-
gne, 145, 148, 150, 312, 315-316, Picardie, 151, 246, 287, 292, 439,
422-423, 425, 427, 453-454, 456, 441 ; II, 40, 41, 164.
547-548. Picards, hérétiques, 356 ; II, 12.
Philippe III le Bon, duc de Bourgogne, Piccinino (Nicolas), condottiere, 477 ;
361, 437-439, 442, 444, 449, 455- — (Jacques), II, 95, 97, 98, 102.
459, 496, 537, 555 ; II, 3-6, 36, 38, Piccolomini (Enea Silvio). — Voir :
39, 42-43, 207-208. Pie II.
Philippe de Savoie, prince d’Achaïe, Picquigny (entrevue de), II, 46, 12.
191. Pie II (Enea Silvio Piccolomini), pape,
Philippa de Hainaut, reine II, 4-6, 8-9, 13, 18, 22, 26-27, 39,
d’Angleterre, 266. 97,102-105, 117,131,160-161, 165,
Philippe II, roi d’Espagne, II, 243. 218, 226 ; — humaniste et protec-
Philippe II Auguste, roi de France, 9, teur de l’humanisme, 348, 356,
10, 131, 451, 453. 370-371, 378, 523, 530-531 ; II, 25,
192.
Philippe III le Hardi, roi de France, 9,
24, 28, 37, 168, 264, 295. Piémont, 34, 61, 63, 103-105, 158,
160, 310, 326, 375 ; II, 15, 106.
Philippe IV le Bel, roi de France, 1, 9,
20, 24, 37-41, 44-58, 62, 65-67, 71, Pierleoni (Jules), poète, 204.
74, 76, 110, 119-122, 124, 128, Pierre, connétable de Portugal, préten-
dant au trône d’Aragon, II, 83.

— 336 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Pierre III le Grand, roi d’Aragon, 6, Pinturicchio (Bernardino di Betto, dit),


12, 28, 170. II, 235, 238.
Pierre IV le Cérémonieux, roi Piombino, port de Toscane, II, 13.
d’Aragon, 311, 467, 479. Pirckheimer, famille de Nuremberg :
Pierre le Cruel, roi de Castille, 166- Jean, II, 194 ; — Willibald, II, 157,
169, 481. 194-195.
Pierre Ier de Lusignan, roi de Chypre, Piro (abbaye de), en Campanie, II,
112, 193-194. 163.
Pierre Ier, roi de Portugal, 169, 170. Pisan (Christine de), 147-148, 536.
Pierre, provincial des Célestins dans Pisanello, ou Victor Pisano, peintre,
l’Allemagne du nord, 326. 562.
Pierre, fils de Pierre, architecte, 292. Pise, 11, 68, 69, 77, 80, 81, 100,
Pierre d’Abano, philosophe, 264. 159,174, 227, 285, 380, 473, 474,
Pierre d’Ailly, théologien, 312, 315- 476 ; II, 108,168 ; — (concile de),
319-322, 335, 340, 390, 469, 505,
316, 318, 320, 322, 324, 327, 339-
509 ; — art, 289, 296-297, 300,
340, 342, 345-348, 376, 380, 502,
304, 549, 560 ; II, 227-228, 231.
505-506, 522, 535 ; II, 158.
Pistoia, 76, 77, 296-297 ; II, 219.
Pierre d’Auvergne, théologien, 253.
Pitti (famille), 545-546 ; II, 110.
Pierre d’Espagne, théologien. —
Voir : Jean XXI. Plaisance, 160, 478, 517.
Pierre Lombard, théologien, 258, 315 ; Plaisians (Guillaume de), 51.
II, 157, 158, 248. Plantagenets (dynastie des), 435.
Pierre de Luna. — Voir : Benoît XIII. Plaoul (Pierre), théologien, 318.
Pierre de Luxembourg, prédicateur, Platina (Barthélémy Sacchi, dit), hu-
312. maniste, II, 164-165, 233.
Pierre de Mantoue, théologien, 502. Platon, 255, 280, 281, 510, 512, 515-
Pierre de Mladenovice, théologien 516, 519-520, 524, 527, 532 ; II,
tchèque, 338. 163, 165-170, 173, 175, 177, 180-
181, 183-184, 187, 188, 191, 195,
Pierre del Monte, évêque de Brescia,
199-200, 205, 247.
372.
Plaute, 523, 530.
Pierre de Montereau, architecte, 289-
290. Plessis-lèz-Tours (Indre-et-Loire), II,
54-55, 204.
Pierre di Niccolò, sculpteur, 552.
Pléthon. — Voir : Gémiste.
Pierre de Ruffia, inquisiteur, 104.
Pleydenwurff (Jean), peintre, II, 224.
Pierre Martyr, inquisiteur, 297.
Pline l’Ancien, II, 167.
Pierrefonds (château), 540, 547.
Potin, II, 171, 195.
Pignerol, ville du Piémont, 103, 326.
Plutarque, 510, 533 : II, 209.
Pilato (Léonce), humaniste, 285.
Plzen ou Pilsen, ville de Bohême, 352,
Pilsen. — Voir : Plzen.
397.

— 337 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Pô, fleuve, II, 101, 202. 195 ; — hérésies, 105, 325-326,


Podiébrad (Georges de), régent, puis 332, 338, 345 ; II, 16.
roi de Bohême, 377-378, 399 ; II, Polybe. 530.
5-6, 9, 10, 12, 14, 25-27,117, 120. Poméranie, 106, 201, 326, 414 ; II,
Podolie, 219, 419 ; II, 116. 114,115 ; — Voir : Éric de Pomé-
Poggio a Caiano, bourg près de Flo- ranie, roi de Danemark.
rence, II, 199. Pomuk (Jean de), dit Népomucène,
Poisson (Pierre), architecte, 291. 387.
Poissy (Seine-et-Oise), 139, 547. ; Pontano (Jean), humaniste, II, 165-
166, 204-205.
Poitiers, 53, 56, 291, 502, 541 ; II,
193 ; — (bataille de), 141, 142, Ponthieu (comté de), 146, 148, 151.
246, 436 ; — (Parlement de), 442. Pontifical (État), ou État de saint Pier-
Poitou, 9, 141, 145, 148, 151, 286. re, 51, 54, 58, 76, 90, 93, 95, 113,
156-165, 364, 365, 369, 468-472,
Pol de Limbourg, miniaturiste 553,
478 ; II, 100-106, 112, 239.
554 ; II, 223-224.
Pontique (chaîne), II, 134.
Pole (Guillaume de la) : voir Suffolk ;
— (Michel de la), 431. Pontoise (Seine-et-Oise), 438, 445.
Polésine, région de l’Italie septentrio- Pont-Saint-Esprit (Gard), 93, 150.
nale, II, 112. Pontvallain (Sarthe), 151.
Policastro, ville de Campanie, II, 163. Ponza (bataille navale de), 471.
Politien (Ange), poète et humaniste, Poperinghe, ville de Belgique, 235 ;
II, 180, 186, 194-195, 198, 200- II, 148.
201, 218, 230-232. Poppi, ville de Toscane, II, 218.
Pollaiuolo (Antoine del), sculpteur et Porcari (Étienne), 373, 472 ; II, 164.
peintre, II, 220, 228, 231. Pordenone (Odoric de), missionnaire,
Pollaiuolo (Pierre del), sculpteur et 183.
peintre, II, 228. Porretta (Bains de la), dans l’Apennin
Pollaiuolo (Simon del), dit le Cronaca, toscan, II, 198.
architecte, II, 213. Portinari, famille florentine, II, 222-
poll-tax, impôt en Angleterre, 247, 223
430. Porto, ville du Latium, 341, 375.
Pologne (royaume de) au XIVe siècle, Portovenere, port de Ligurie, 319.
8, 200-212, 218, 232 ; —sous les
premiers Jagellons, 321, 390, 391, Portugal, 157, 166, 168-169, 231, 321,
393-395, 409-420, 512 ; — jusqu’à 429, 431, 481, 483-484 ; II, 3, 88,
la fin du XVe siècle, II, 10, 24, 113- 90, 209 ; — découvertes et conquê-
124, 134, 142, 241 ; — (Grande), tes, II, 138, 152-155.
200, 201, 203, 209-211 ; II, 114, Pot (Philippe), seigneur de la Roche-
116, 123 ; — (Petite), 200, 203, Nolay, II, 57, 216.
210, 211, 410, 411, 416 ; II, 114, Pouget (Bertrand du), cardinal, 76, 77,
123 ; — vie intellectuelle, II, 7, 161-162.

— 338 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Pouilles, région de l’Italie méridiona- provisions ecclésiastiques, 87-89 ; II,


le, 34, 102, 105, 325 ; II, 15. 105.
Pragelato, bourg du Piémont, 104. Prusse, 8, 205, 212, 225, 227, 325,
Pragmatique sanction, II, 38, 54. 413-415 ; II, 114-116. — Voir :
Prague, 80, 206, 232, 277, 387, 392- Teutonique (ordre).
397 ; II, 27 ; — Université, 105, Pskov, ville de Russie, 219, 420.
206, 333, 335-337, 349, 353, 377, Ptaček de Pirkstein, gouverneur tchè-
381, 413 ; II, 11, 118-119, 195 ; — que, 376-377.
vie religieuse et hérésies, 97, 105, Pucci (Antoine), florentin, 286.
335-338, 345, 349, 352-355, 361- Pucelle (Jean), miniaturiste, 304.
364, 367, 377-378 ; II, 10-12 ; —
art, 292, 442 ; II, 211. Puck, ou Putzig, port, sur la baie de
Danzig, II, 115."
Praguerie (la), 449 ; II, 37.
Pulci (Bernard), poète, II, 198, 201.
Prato, ville de Toscane, 551, 562 ; II,
213, 226, 228-229, 231, Pulci (Jacques), florentin, II, 201.
Pratovecchio, bourg de Toscane, II, Pulci (Louis), poète, II, 169, 172, 201-
179. 204.
Přémysl II, roi de Pologne, 201, 203. Pulci (Luc), poète, II, 201.
Přémyslides (dynastie des), en Bohê- Pupper (Jean) de Goch, théologien, II,
me, 200-203, 209. 17.
Presbourg, ville de Hongrie, 335. Purvey (Jean), hérétique, 330.
Prince Noir (le). — Voir ; Edouard, Putzig. — Voir : Puck.
prince de Galles. Puy-en-Velay (le), 62, 330, 424.
Priština, ville de Yougoslavie, 486 ; II, Pyrénées, 33, 277, 296, 435 ; II, 51 88
132. Pythagore, 524, 526, 528 ; II, 175,
Prizren, ville de Yougoslavie, 216, 187.
486.
Proclos, 524 ; II, 168. Q
Procope le Tondu, ou le Grand, tabori- Quarton (Enguerrand), peintre, 557 ;
te, 357, 362-364, 395, 396. II, 224.
Procope de Jindrichovhradec, théolo- Quatre-Cantons (lac des), 462.
gien tchèque, II, 13.
Quercia (Jacques della), sculpeur,
Procope de Plzen, théologien tchèque, 549-550.
338.
Quercy, 34, 145.
Properce, 530.
Quimper (Finistère), 540 ; II, 210.
Provence (comté de), 21, 56, 57, 60-
Quintilien, 511, 518, 533 ; II, 180.
63, 85, 93, 98, 102-104, 173, 251,
278, 313-314, 317, 375, 380, 468,
537, 557 ; II, 53, 81,247. R
Provins (Seine-et-Marne), 19, 231. Rabban Çauma, moine nestorien, 180
182

— 339 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Rabelais, 502 ; II, 158, 202. René Ier d’Anjou, roi de Naples, 369,
Racionz (paix de), 413. 371, 447, 449, 459, 470-471, 478,
557 ; II, 44, 53, 83, 96-97, 99, 100.
Radewijns (Florent), mystique, 381-
382 ; II, 18. René II d’Anjou, duc de Lorraine,
petit-fils du précédent, II, 4, 44-47,
Radolfzell, ville de Souabe, 341.
49, 53, 57-58, 99, 100, 216.
Radom, ville de Pologne, 411.
Rennes (Ille-et-Vilaine), 429 ; II, 19,
Radou le Bel, prince de Valachie, II, 58.
133.
Rense (diète de), 75, 79.
Raguse, 214, 215, 359, 380.
Repyngdon, évêque de Lincoln, 330.
Rahosy (diète hongroise de), 207.
réserves pontificales, 88-90, 111, 112,
Raimond de Capoue, dominicain, 380. 321-322, 343, 363, 371.
Raimond du Temple, architecte, 291. Rethel (Ardennes), 505.
Raimond de Turenne, chef de routiers, Reuchlin (Jean), humaniste, II, 157,
164, 315. 193.
Rais (Gilles de), II, 30. Reval, port d’Esthonie, 225.
Râma Kamheng, prince de Sokhotaï, Rex gloriae virtutum (bulle), 56.
185.
Reye ou Rye, rivière à Bruges, II, 152.
Rambaldoni (Victorin), de Feltre, hu-
Rhin (le), 9, 19, 33, 34, 63-64, 66,
maniste, 513-514.
277, 312, 360, 381, 386-387, 450,
Raoul de Presles, philosophe, 114. 463, 464, 557, 591 ; II, 27, 45, 46,
Raphaël, 546. 192, 194, 222, 224.
Ratisbonne, 292 ; II, 14, 25, 194, 211. Rhodes (île de), 190, 193 ; II, 3, 130,
Raulin (Jean), prédicateur, II, 20-21. 135 ; — (chevaliers de) : voir Hos-
Ravenne, 74, 251, 475, 509 ; II, 16. pitaliers (ordre des).
Ravensburg, ville de Souabe, II, 144. Rhône, fleuve, 85, 93, 149.
Ravy (Jean), sculpteur, 295. Riario (Jérôme), cardinal, II, 6.
Redesdale (Robin de), II, 69. Riario (Pierre), cardinal, II, 6.
Rees (Henri de), cistercien, II 190. Riasan (grand-duché de), 220-222.
Reformatio Sigismundi, 392. Ricasoli (Galeotto), florentin, 514.
Réforme protestante, 260, 501 ; II, 13, Ricci, famille florentine, 241.
247-250. Riccoldo de Monte di Croce, mission-
Reggio de Calabre, 69. naire dominicain, 182.
Reggio d’Émilie, 76, 77, 162 ; II, 107, Richard, comte de Warwick. — Voir :
179, 201. Warwick.
Regiomontanus. — Voir : Müller. Richard, duc d’York, 447 ; H, 63-67,
74.
Reichenau. — Voir : Rychnov.
Richard II, roi d’Angleterre, 108, 155,
Reims, 123, 266, 291, 295, 443.
317, 330, 333, 423, 426, 429-433 ;
Renaissance, 269, 276, 284, 289 ; II, II, 69.
102,119,196,250.

— 340 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Richard III, roi d’Angleterre, d’abord Rodolphe, comte palatin (Palatinat),


comte de Gloucester, II, 73 ; — roi, 65.
II, 57, 73-75. Rodolphe de Habsbourg, roi des Ro-
Richard de Saint-Victor, théologien, mains, 7, 9, 28, 42, 64-65, 73, 82,
32, 505-506 ; II, 158-159, 248. 200, 202, 461.
Richemont (Arthur de), connétable, Rodolphe IV de Habsbourg, duc
442, 444, 445. d’Autriche, 398.
Rienzo (Cola di), 80, 102, 162-163, Rodosto, ville de Thrace, 196.
277, 373 ; II, 164. Rodrigue d’Arevalo, théologien, 372.
Rieti, ville des Abruzzes, 32, 47. Rodrigue Manrique, grand-maître de
Riga, 225 : — (archevêque de), 212. Saint-Jacques, II, 88.
Rimini, 34, 164, 319, 321, 341, 545, Roger (Hugues), cardinal, 93.
549 ; II, 4, 101-105, 212. Rolin (Jean), évêque d’Autun, II, 235.
Rinuccini (Alamanno), florentin, II, Rolin (Jean), chancelier de Bourgo-
180. gne, 556 ; II, 230.
Rio del Oro, 484 ; II, 154. Romagne, 68, 76, 95, 102,161, 164,
Riom (Puy-de-Dôme), II, 216. 310, 468, 473-475 ; II, 101, 103,
Ripaille (Haute-Savoie), 372. 105.
Rizzo (Antoine), architecte et sculp- Romani principes (constitution), 70,
teur, II, 214, 220-221 82.
Robbia (Antoine della), sculpteur, II, Rome : antique, 114-115, 277, 282-
212. 283, 285, 293, 516-517, 335, 544-
Robbia (Luc della), sculpteur, 552 ; II, 546, 549, 551 ; II, 181, 189, 194,
217, 219, 237. 212, 229-231, 237-238, 242, 243 ;
— à la fin du XIIIe siècle, 43, 46-51,
Robert II, roi d’Écosse, II, 78. 270 ; — sous les papes d’Avignon,
Robert III, roi d’Écosse, fils du précé- 73, 76-77, 80-81, 93-96, 100, 102,
dent, II, 78. 104, 119, 162-164, 227, 277, 279 ;
Robert d’Anjou, roi de Naples, 67-70, — pendant le Grand Schisme, 308-
73, 76-79, 97, 100-101, 100-162, 310, 313-314, 373, 380, 392, 400,
173, 175, 267, 277, 297-298, 302, 468-470, 472, 477, 511, 512, 517-
469. 518 ; — concile (1412), 322 ; —
Robert du Palatinat, roi des Romains, dans la seconde moitié du XVe s.,
317, 320-321, 333, 387-389, 391, 523, 530, 534 ; II, 1, 6, 25, 27, 29,
473, 474. 93, 95, 97-105, 109, 112, 125, 131,
135, 149, 240 ; — magistère spiri-
Robert de Lorris, conseiller de Jean le
tuel de Rome, 31, 33-34, 97, 102-
Bon, 140.
103, 105, 107, 114, 327, 330-331,
Robertet (Jean), poète, II, 207. 333-338, 353, 356-357, 359-360,
Roccasecca, ville de Campanie, 470. 362-363, 365, 368, 373-374, 378,
Rochelle (la), 146, 232. 383, 520 ; II, 10-11. 13, 16, 195,
Rodez (Aveyron), 502, 548. 202 ; — cour de Rome, 31, 107,
111, 279, 312, 316, 317, 324, 328,

— 341 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

335, 341, 343-344, 350-351, 363- Roye (Somme), II, 41.


366, 369-371, 383, 510-511, 516- Ruchrath (Jean), de Wesel, théologien,
518, 529-530, 533 ; II, 2, 4-7, 9, 13, II, 16-17.
21-24, 28, 160, 163-165, 201-202, Rufus (Mutianus), humaniste alle-
211, 240, 245 ; — vie religieuse, mand, II, 189!
intellectuelle, littéraire, 34, 322,
501, 521, 529-531, 534-535 ; II, 14, Rügen, île, 327.
158, 161, 163-166, 174-175, 186, Ruiz (Jean), écrivain espagnol, 288,
194-195, 198, 206, 223, 229, 248 ; 538.
— art, 3, 289, 293, 297, 299-300, Ruremonde, ville des Pays-Bas, 502,
309, 373, 380, 500, 529, 545-546, 507 ; II, 158.
550-552, 558-562 ; II, 160, 212, Russell (Sir John), II, 73.
214, 218, 225, 229, 231-235, 238,
Russie, 212 , 213, 217-223, 337 ;
248.
II,124-126, 241.
Roosebeke, village de Belgique (Flan-
Rutebeuf (Jean), poète, 264.
dre occidentale), 241, 423-424.
Ruthénie, 210, 217-219, 413.
Ros (Richard), poète anglais, 539.
Rutland (comte de), 433.
Rossellino (Antoine Gamberelli, dit)
sculpteur, II, 218-219. Ruysbroeck (Jean), mystique, 106,
274-275, 381-382, 504-505, 507 ;
Rossellino (Bernard Gamberelli, dit),
II, 190.
architecte, 510, 546, 552 ; 11, 6,
212. Ryckel (Denys), ou Denys le Char-
treux, 502, 504 ; II, 159.
Rostock, ville du Mecklenbourg, 225,
403, 405, 542. Rychnov, ou Reichenau, ville de Bo-
hême, II, 13.
Rostov (duché de), 220, 222.
Rye. — Voir : Reye.
Rotterdam, II, 190.
Rouen, 111, 140, 241, 290-291, 295,
318, 424, 437, 443, 448, 540-541. S
Rouergue, 145, 151. Saad-ed-daoula, juif persan, 182.
Rouge (mer), 229. Saaz. — Voir : Žatec.
Rouge-Cloître, ou Rootklooster, cou- Sabine (la), région d’Italie, 47 ; II,
vent près de Bruxelles, II, 222. 101, 102.
Rourik (dynastie des), en Russie, 219. Sacchetti (Franco), nouvelliste, 286,
Roussillon, 175 ; II, 51, 81, 82, 84, 88. 532, 534.
Rouvres (Côte-d’Or), château, II, 50 ; Sacchi (Barthélémy). — Voir : Plati-
— (Philippe de) : voir Philippe Ier, na.
duc de Bourgogne. Sachsenhausen, 74, 99.
Rovere (famille de la), II, 102 ; — Sadatoki (Hôjô), dictateur japonais,
François : voir Sixte IV ; — Jean, 184.
II, 6, 104 ; — Julien, cardinal, II, 6. Sacré-collège. — Voir : cardinaux.
Rovigo, ville de Vénétie, II, 112. Saint-Albans (batailles de), II, 65, 67.

— 342 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Saint-Andrews (Université de), en Saint-Quentin (Aisne), 541 ; II, 41.


Écosse, II, 78. Saint-Sava (duché de). — Voir : Her-
Saint-Ange (Château), à Rome, 68, zégovine.
309, 310, 468. Saint-Sever (Landes), 151.
Saint-Aubin du Cormier (bataille de), Saint-Siège : autorité, 3, 31, 33, 104,
II, 58. 106, 113-114, 326, 328, 338, 372-
Saint-Bertrand de Comminges (Hte- 373, 383, 520, 532 ; II, 4, 22, 24,
Garonne), 60. 222, 240 ; — administration, 113,
Saint-Denis (basilique de), 290, 295, 117, 277, 320, 342, 350, 364-365,
507, 524, 546. 396, 511 ; II, 7-8, 29 ; — politique
et diplomatie, 110-112, 313, 333,
Saint-Flour (Cantal), 540.
350, 374, 523, 529 ; II, 1-9, 27 ; —
Saint-Gall (abbaye de), en Suisse, 464, résistance au Saint-Siège, 36, 59,
511. 97, 100-104, 108, 116, 257, 263,
Saint-Gothard (col du), 461. 274, 307-308, 323-324, 328, 337,
Saint-Jacques (bataille de), près de 343-345, 351, 364-366, 370-371,
Bâle, 400, 465. 378, 523-524, 530-531 ; II, 3, 8-10,
Saint-Jacques de Compostèlle (arche- 21, 23-24, 164, 240, 245 ; — vie
vêque de), 167. intellectuelle et art, 529-531, 545 ;
II, 160-161. — Voir également :
Saint-Jacques (ordre de) ; 482 ; II, 85,
Rome.
87, 88.
Saintonge, 145, 151.
Saint-Jean de Luz (traité de), II, 88.
Saisset (Bernard), évêque de Panders,
Saint-Jean-d’Acre, 42, 189, 191, 229.
47-48.
Saint-Junien (Haute-Vienne), 62.
Salin (paix de), 413.
Saint-Laud d’Angers (croix de), II, 55.
Salisbury, 330, 433 ; II, 65.
Saint-Martin-des-Champs, abbaye
Salle (Antoine de la), nouvelliste,
près de Paris, II, 21.
537 ; II, 206.
Saint-Maur-des-Fossés (traité de), II,
Salle (Bernardon de la), routier breton,
39.
468.
Saint-Nicolas-du-Port, près Nancy,
Salluste, II, 108, 183, 208.
540.
Salonique, 191, 215, 216, 495, 496.
Saint-Omer (Pas-de-Calais), II, 48, 58,
221. Saluces, ville du Piémont, 548 ; —
(marquis de), 158 ; II, 107.
Saint-Pierre de Rome (basilique de),
68, 76, 81, 94 ; II, 99, 103, et voir : Salutati (Coluccio), humaniste, 509-
Rome (art à). 514, 516, 518, 522, 529, 532.
Saint-Pol (Pas-de-Calais). — Comtes : Salutati, évêque de Fiesole, II, 218.
Philippe de Luxembourg, duc de Salvator mundi (bulle), 48.
Brabant, 457 ; — Waleran de Salviati (François), archevêque de
Luxembourg, 426 ; — connétable Florence, II, 7, 111.
(Louis de Luxembourg), II, 38.
Saint-Paul (hôtel), à Paris, 147.

— 343 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Salzbourg, ville d’Autriche, 383, 396, Saragosse, 321 ; II, 82, 144, 248 ; —
-524. (archevêque de), 480.
Samarcande, 187, 489, 492, 493. Saraï, capitale mongole sur la basse
Samogitie, province lituanienne, 211, Volga, 183, 222 ; II, 126.
411, 413, 414. Sardaigne, 157, 159, 172-174, 470,
Samos, île, 229. 471, 480 ; II, 81, 95, 96, 98.
Samothrace, île, II, 130. Sarno, ville de Campanie, II, 97.
Samsoun, port d’Asie Mineure, sur la Saroukhân, émirat d’Asie Mineure,
mer Noire, £88. 194, 487.
San Donato a Seopeto, couvent en Sarzana, ville de Toscane, 96, 529.
Toscane, II, 233 : Sassari, ville de Sardaigne, 174.
San Gargano (monastère de), dans la Sassetti (François), florentin, II, 229.
Pouille, 292. Satalie. — Voir : Adalia.
San Gimignano, ville de Toscane, Sauveterre-de-Béarn (Basses-
302 ; II, 227, 229. Pyrénées), II, 82.
San Miniato al Monte, près de Floren- Save, rivière, 215.
ce, II, 217-218, 229. Savoie (comté, puis duché de), 34,
San Miniato al Tedesco, ville de Tos- 104, 158, 311, 361, 363, 366, 369,
cane, 80 ; II, 182. 371-372, 375, 477 ; II, 19, 37, 45,
San Severino, famille napolitaine, II, 50, 106-107, 182 ; — Voir : Amé-
164 ; — Antoine, II, 99 ; — Jérô- dée V, Amédée VI, Amédée VIII,
me, II, 99 ; — Robert, II, 108, 112. Amédée IX, Anne, Bonne, Charles
Sancerre (Louis de), connétable de Ier, Louis, Philibert, Philippe, Yo-
France, 546. lande.
Sanche IV, roi de Castille, 11, 165- Savonarole (Jérôme), II, 19, 21-22,
166. 175, 179-180, 195, 232.
Sanche, roi de Majorque, 174. Savone, ville de Ligurie, 319, 426,
474.
Sanchez de Vercial (Clément), poète
espagnol, 538. Saxe (duché et électorat de), 34, 63,
sandjak, division administrative en 82, 203, 272, 325, 357, 382, 387,
389, 391, 396, 459 ; II, 16, 19, 26,
pays ottoman, 135.
117, 159 ; — (Albert de), II, 26 ;
Sangerhausen, ville de Thuringe, 376 ; — (duchesse de), H, 42.
II, 13.
Scandiano, bourg d’Émilie, II, 202.
Sannazar (Jacques), poète, II, 204-
Scandinaves (pays), et la Hanse, 224-
205.
227 ; — au temps de l’union de
Sano di Pietro, peintre, 562. Kalmar, 385, 401-409 ; — à la fin
Sansoni (Raphaël), cardinal, II, 110. du XVe siècle, II, 122-123, 241.
Santa-Fe, près de Grenade, II, 91. Scanie, province de Suède, 225, 227.
Santarem, ville du Portugal, 484. Scarampo (cardinal), 369 ; II, 3.
Santisteban (comte de), 481.

— 344 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Schaffhouse, sur le Rhin, 340-341, Senèque, 278, 280, 284, 286, 509,
464. 519, 522, 536.
Schifanoia, palais à Ferrare, II, 202, Senlis (Oise), 537.
238. Sens (Yonne), 55, 110.
Schisme d’Occident (Grand), 71, 153, Serbie, formation d’un empire, 213-
307-344, 390, 398, 400, 427, 455, 217 ; — rapports avec les Otto-
466, 468, 469, 486 ; II, 101, 239, mans, 196-198 ; — conquise par
245. les Ottomans, 485-487, 494, 495,
Schleswig. — Voir : Slesvig. 497 ; II, 133-134 ; — hérésies, 34,
Schmidt (Conrad), hérétique, 107, 103, 104.
327. Sérès, ville de Macédoine, 197, 215,
Schoiffer (Pierre), imprimeur, II, %’y 216.
8. Sercambi (Jean), nouvelliste, 286.
Schongauer (Martin),peintre, 11,224 Sermini (Gentile), nouvelliste, 534.
Schoonhoven, bourg de Hollande, Serminocci (Jacques), poète, 533.
382. Servius, grammairien, 518.
Schwarzburg (Günther de), 80. Sesia, rivière, 61.
Schweidnitz, ville de Silésie, 105. Seuse (Henri), ou Suso, mystique,
Schwiz, canton suisse, 461,463,464 ; 274.
II, 45r Séverac (Jourdain de), missionnaire,
Scipion l’Africain, 277 ; II, 229. J83.
Scrope (Richard), archevêque d’York, Séville, 538 ; lî, 85, 248.
433. Sforza (famille), 373, 512 ; II, 37, 50,
Scutari d’Asie, 196. 93, 109, 159 ; — Ascanio, cardinal,
Segarelli (Gérard), hérétique, 60-. 62. II, 108 ; — François duc de Milan,
363, 471, 475, 477, 478 ; II, 4, 50,
Ségovie, ville de Vieille-Castille, II,
97, 103, 107, 215, 220, 238 ; —
88
Galéas-Marie, duc de Milan II, 7,
Seine, 139, 436, 439, 445 ; II, 39 ; — 50, 108 ; — Jean-Galéas, fils du
(États d’outre), II, 33. précédent, II, 50, 108 ; — Ippolita,
seldjoucides (émirats), en Asie- II, 198 ; — Ludovic le More, duc
Mineure, 180, 191, 193-196, 485, de Milan, II, 50, 108, 111, 182,
487-488 ; II, 134. 220, 233, 233 ; — Marie, frère de
Sélestat (Bas-Rhin), II, 192. Galéas-Marie, II, 108 ; — Muzio
Selvapiana, près de Parme, 283. Attendorn, condottiere, père de
François, 470.
Semendria. — Voir : Smederevo.
Shetlands, îles, II, 79.
Sempach (bataille de), 398, 463.
shikken, titre japonais, 184.
sénateurs, à Rome, II, 105.
shôgoun. — Voir : chôgoun.
Sénégal, II, 154.
Shrewsbury, ville d’Angleterre, 433.
Sénégambie, II, 154.
Siam (royaume de), 185.

— 345 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Sibiu ou Hermannstadt, ville de Tran- Silésie, 200, 206, 209, 386, 393, 396,
sylvanie, 497. 417 ; II, 117, 120 ; — vie religieuse
Sicile (royaume de), 6, 11-12, 39, 41, et hérésies, 63, 105- 106, 332, 353,
47, 134, 157, 171-173, 192, 467, 357 ; II, 16, 26.
479 ; II, 53, 81, 95, 96, 98 ; — vie Silius Italicus, 511.
religieuse, intellectuelle et artisti- Simmel (Lambert), II, 75.
que, 36, 63, 98, 102, 104, 251, Simon de Beauvoir, archevêque de
517 ; II, 236, 247. Bourges, 42.
Sidon, ville de Syrie, 189, 229. Simon de Hesdin, humaniste, 286.
Siegfried, archevêque de Cologne, 65. Simon de Langres, dominicain, 116.
Sienne, 69, 81, 117, 164, 230, 469, Simon du Mans, architecte, 290.
475, 530-531, 534 ; II, 99, 102 ; —
vie religieuse, hérésies, vie intellec- Simon de Mortagne, architecte, 290.
tuelle, 97, 276, 379, 358, 375, 512- Simonide, fille d’Andronic II Paléolo-
513, 531 ; — art, 292-293, 296- gue, femme d’Uroš II de Serbie,
297, 301-304, 550-551, 558, 562 ; 214.
II, 217, 235. Sinigaglia, ville des Marches, II, 103,
Sierra-Leone, II, 154. 104.
Siewier (duché de), en Pologne, 222. Sinope, ville d’Asie Mineure, sur la
Siger de Brabant, philosophe, 31, 75, mer Noire, 488.
252, 263, 503. Sion, couvent en Hollande, 382.
Sigismond, duc de Lituanie. — Voir : Sis, ville de Cilicie, 190.
Korybut. Sistov, ville de Bulgarie, 487.
Sigismond de Habsbourg, duc de Ti- Sivas, ville d’Anatolie, 488, 490, 491.
rol, 465, 530 ; II, 5, 20-21, 26, 27, Sixte IV (François de la Rovère), pa-
44-47, 49. pe, II, 6-8, 10, 14, 15, 19, 51, 98
Sigismond de Luxembourg, empereur, 100, 102, 104-105, 108, 110-112,
207, 211, 390-398 ; II, 24, 147 ; — 165, 183, 194, 214, 220, 229-230,
politique religieuse, 321-322, 326, 233.
339-342, 344-347, 349-350, 352- Skander-beg ou Iskander-heg (Geor-
353, 357-358, 360, 362-364, 366- ges Castriota, dit), 497 ; II, 3, 5, 6,
367, 376, 536, 559 ; II, 24, 241 ; — 97, 131.
roi de Hongrie, 409, 417 ; — et les
Skanœr, ville de Scanie, 227.
pays slaves, 405, 409, 412-414,
416, 417 ; — et le conflit franco- Skoplje, ville de Macédoine, 214,216.
anglais, 436, 444 ; — et l’État Slavonie, 34, 63.
bourguignon, 456, 457 ; — et Slesvig (guerres du), 404, 405 ; —
l’Italie, 473, 475 ; — et les Bal- (Adolphe de), 407.
kans, 486-487. Slovaques, 357.
Signorelli (Luc), peintre, II, 234. Sluis. — Voir : Écluse (l’).
Si gratanler advertitis (bulle), 90. Sluter (Claus), sculpteur, 500, 547,
549, 551.

— 346 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Smederevo ou Semendria, capitale Soulaïmân, sultan ottoman, fils de


serbe, 495 ; II, 132. Bayézid Ier, 488, 493-494.
Smyrne, 191, 195, 491 ; II, 7. Souvigny (Allier), 547-548 ; II, 216.
Smolensk, 221. Soura, affluent de la Volga, 222.
Socrate, 515. Souzdal (duché de), en Russie, 220.
Soest, ville de Westphalie, 227 ; II, Sparte, 515 ; II, 185.
190. Spire, ville du Palatinat, 79, 386 ; II,
Sofia, 197, 494. 192 ; — (diète de), 67.
Sokhotaï (prince de), en Siam, 185. Spirituels. — Voir : Franciscains.
Solari (Guiniforte), architecte, II, 214. Spolète, 159,164, 474 ; II, 101,104,
Solari (Pierre), de Carona, architecte, 166, 230.
II, 214, 221. Sponheim, couvent près de Trêves, II,
Solari (Pierre-Antoine), architecte, II, 192.
215. Sprenger (Jacques), dominicain, II, 14.
Soldaia, ville de Crimée, 229, 230. Squarcialupi (Antoine), musicien, II,
Soldau, ville de Prusse, II, 115. 199.
Soleure, ville et canton suisse, 387, Squarcione (François), peintre, II,
463, 464 ; II, 45. 237-238.
Somerset (duc de). — Voir : Beaufort Stace, 511 ; II, 180.
(Edmond de). Stafford, II, 66. — Comte : voir Glou-
Somme, rivière, 139 ; II, 46 ; — (vil- cester (Henri, duc de).
les de la), 444, 457, 458 ; II, 39. Stamford Bridge (bataille de), II, 62.
Sondershausen, ville de Thuringe, II, Standonck (Jean), théologien, II, 20-
43. 21.
Song (dynastie des), en Chine, 177. Stanislas de Znaim, théologien tchè-
Sophie de Lituanie, femme de Ladi- que, 334, 336, 338.
slas V de Pologne, régent de Bo- Stanley (Lord) , II, 73.
hême, 352-353, 412, 416. Star Chamber, II, 77.
sorcellerie, 378 ; II, 14. Starodoub (duché de), 220.
Sorel (Agnès), 558 ; II, 35. starosta, fonctionnaire polonais, 203.
Soreth (Jean), carme, 379. Staupitz (Jean de), théologien alle-
Souabe, 65, 398 ; — ligue, 84, 386- mand, II, 19, 159.
388, 463 ; — vie religieuse, héré- Steyn, couvent en Hollande, 382 ; II,
sies, art, 33, 114, 325, 329, 380, 190.
557. Stirling, ville d’Écosse, 128.
sou-bachi, chef militaire ottoman, II, Stockholm, 225, 403, 407, 408 ; II,
135. 122.
Soulaïmân, ou Soliman, chef légendai- Strabon, 513.
re des Ottomans, 195.
Stralsund, ville de Poméranie, 225,
405, 542 ; — (traité de), 227,402.

— 347 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Strasbourg, 386, 388 ; II, 45 ; — vie Surrey (comté de), 257 ; II, 64.
religieuse, intellectuelle, artistique, Surrienne (François de), 448.
34, 105-106, 272-274, 327, 369, Suse, ville du Piémont, 104, 326.
507 ; II, 158, 192, 224, 247-248.
Suso. — Voir : Seuse.
Střibro (ou Mies), ville de Bohême,
396. Sussex (comté de), II, 64.
Strode, théologien anglais, 262. Sutledj, rivière, dans l’Inde, 490.
Strouma, fleuve de Macédoine, 215. Svatslav (Théodore), tsar bulgare,
213.
Stroumitsa, ville de Macédoine, 215.
Swidrigiellon, duc de Lituanie, 413,
Strozzi, famille florentine, 303, 553 ; 415, 417.
— Palla, 511, 529 ; — Philippe, II,
213, 128 ; — Tito Vespasiano, II, Swineshead, théologien, 262.
202. Sylvestre Ier, pape, 62, 520 ; II, 16.
Stuarts (dynastie des), en Écosse, II, Syrgiannès, conseiller d’Étienne
78. Dušan, 215.
Stuhm ou Sztum, ville de Prusse Syrie, 102, 188-190, 194, 229, 265,
orientale, II, 115. 489-491.
Sture (Sten), II, 123. Szegedin (paix de), 418, 497.
Stury (Richard), chevalier anglais, Székes-Féjervár ou Stuhlweissenburg,
330. ville de Hongrie, 364 ; II, 221.
Stuttgart, 387 ; II, 193. Szepes. — Voir : Zips.
Styrie, 8, 64, 326, 399 ; II, 5, 15, 23, Sztum. — Voir : Stuhm.
25, 27-28, 121.
Subiaco, couvent dans la Sabine, 381. T
Šubić, famille bosniaque, 214 ; — Tabor (Hradiste ou), ville de Bohême,
Mladen Šubić, prince de Bosnie, 352, 354.
103.
Taborites, secte tchèque, 354-357,
Sudbury (Simon), chancelier 361-365, 376-377, 392-397 ; II, 11.
d’Angleterre, 108, 430.
Tabriz ou Tauris, ville de
Suède, au XIVe siècle, 220, 225-227 ; l’Azerbaïdjan, 181, 229, 489, 492.
— au temps de l’Union de Kalmar,
Tachov, ville de Bohême, 396.
402-404, 406, 408, 415 ; — à la fin
du XVe siècle, II, 122-123, 241. Tage, fleuve, II, 155.
Suffolk (Guillaume de la Pole, comte Taghlak, dynastie turque aux Indes,
de), 439, 443, 445 ; II, 63. 186.
Suisse, 274, 376, 387, 398, 399, 460- taille, impôt en France, 400 ; II, 34,
465, 542 ; II, 27, 36, 45-47, 144. 39, 55, 57, 76.
Sultanieh, 181, 183, 229. Talamba, ville de l’Inde, 490.
Sund (détroit du), 226, 227, 405. Talbot, maréchal anglais, 448.
Sunnites (secte des), 180. Talenti (François), architecte, 293.
Super Petri solio (bulle), 51. Talenti (Simon), architecte, 293.

— 348 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Talmont (Vendée), II, 208. Templiers (ordre des), 20, 53, 57, 62,
Talon (Bérenger), franciscain, 99. 93, 121, 122, 190.
Tamerlan. — Voir : Timour Lenk. Terence, 514, 517.
Tamworth (Guillaume), maire de Termonde, ville de Belgique, 235.
Londres, 430. terministes, école philosophique, 501-
taoïsme, en Chine, 182. 504.
Tanger, II, 138. Terracine, ville de la province de Ro-
me, 292.
Tannenberg (bataille de). — Voir :
Grünwald. Terranuova, bourg de Toscane, 511.
Tarascon (traité de), 39, 172. Terre Sainte, 42,113,117,189, 337.
Tarente, 361, 366 ; — (Louis de), Terteri Ier (Georges), tsar bulgare, 213.
173 ; — (Philippe de), 192 ; — Terteri II (Georges), tsar bulgare, 213.
(Robert de), 192. Teutonique (ordre), son expansion au
e
Tarragone, ville de Catalogne, 61. XIV siècle, 8, 9, 190, 201, 209,
Tartas (Landes) (vicomte de), II, 90. 210, 212, 220, 223, 226 ; — et Si-
gismond, 395 ; — et la Scandina-
Tateret (Pierre), théologien, II, 158,
vie, 403-409 ; — et la Pologne,
174.
412-415, 420 ; II, 113-118, 142.
Tauler (Jean), mystique, 273, 556.
Tewksbury (bataille de), II, 71.
Tauris. — Voir : Tabriz.
thaï (tribus), au Siam, 185.
Tchampa (royaume de), 178, 185.
Thasos, île de la mer Egée, II, 130.
Tchao Mong-fou, peintre chinois, 179.
Themistios, II, 166.
Tché-bông-nga, roi de Tchampa, 185
théocratique (doctrine), 27-28, 43-44,
Tchèques, 333, 335, 338, 345, 357, 46-50, 72-73.
360, 362, 364, 376-378 ; II, 10, 16,
Théocrite, II, 205.
27, et voir Bohême.
Théodore Svatslav, tsar de Bulgarie,
Tchernigov, ville de Russie, 221.
213.
Tchou Youang-tchang, empereur chi-
Thérèse (sainte), 27C.
nois, 187.
Thérines (Jacques de), abbé de Cî-
Teano (cardinal de), II, 103.
teaux, 116.
Tebaldeschi (Louis), cardinal, 309.
Thessalie, 192, 197, 214, 215.
Tedeschi (Fondaco dei), à Venise,
Thiérache, 137.
232.
Thomas d’Aquin (saint), 31, 35, 49,
Tégée, ville d’Arcadie, II, 131.
252-254, 259, 261, 263, 271-272,
Tegernsee, lac et bourg en Bavière, II, 278, 280-281, 304, 500-503, 506,
210. 510, 521, 524-525, 560 ; II, 158,
Teichner (Henri), poète allemand, 184, 190, 232, 248 ; — thomisme,
287. 31, 253, 256, 258, 272, 502 ; II, 21-
Telesforo, ermite, 325. 22,157-158,163, 183, 192.
Tell (légende de Guillaume), 461. Thomas d’Apulie, hérétique, 325.

— 349 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Thomas de Courcelles, théologien, Tivoli, ville du Latium, 81 ; II, 102.


523. Tixier (Barthélémy), dominicain, 380.
Thomas de Fermo, dominicain, 380. Tlemcen, ville d’Algérie, II, 137, 138.
Thomas de Kempen, mystique, 504 ; Todi, ville d’Ombrie, II, 105, 162.
II, 17. Toggenburg (Frédéric, comte de), 464.
Thomas de Starchio, inquisiteur, II, Toghon Timour, empereur de Chine,
13. 187.
Thomas de Stitny, théologien tchèque, Toison d’or (ordre de la), 458.
332-334.
Tokhtamich, khan de la Horde d’Or,
thomisme. — Voir : Thomas d’Aquin. 223.
thomistes (chrétiens dits), aux Indes, Tokimouné (Hôjô), dictateur japonais,
182. 184.
Thorn ou Torún, ville de Pologne, sur Tolède, 167, 292-296, 381, 538, 542 ;
la Vistule, 226, 227, 414 ; II, 114, — (archevêque de), II, 87.
115, 118.
Tolentino, ville des Marches, 512.
Thorpe (Guillaume), hérétique, 331.
Tomas (Étienne), prince de Bosnie, II,
Thorpe (Thomas), speaker des Com-
13, 131.
munes, II, 65.
Tomašević (Étienne), fils du précé-
Thrace, 191,196-197, 213, 217, 494. dent, II, 13, 131.
Thucydide, 512, 530. Tonkin, 185.
Thur, rivière de Suisse, 464. Tonnerre (Yonne), II, 216.
Thurgovie, région de la Suisse, 464 ; Tomabuoni, famille florentine, II,
II, 27. 230 ; — Jean, II, 230 ; — Laurent,
Thuringe, 272, 325, 327, 376, 372 ; II, II, 230, 232 ; — Lucrèce, II, 201.
13, 19, 159. Toro, ville de Vieille Castille, II, 87,
Tibet, 492. 88.
Tibulle, 530 ; II, 200. Torre (della), famille milanaise, 158,
Tiflis, ville de Géorgie, 183, 489. 160.
Timour, khan de Chine, 178, 183. Torriti (Jacques), mosaïste, 299.
Timour Lenk (ou Tamerlan), 21, 176, Tortone, ville de Lombardie, 160.
179, 186-188, 485, 488-495 ; II, Torlose, ville de Syrie, 193.
126. Torûn. — Voir : Thorn.
timouride (dynastie), 492-493 ; II, Toscane, 34, 51, 63, 68, 69, 76, 77,
127. 95, 103, 159, 160, 230, 267-268,
Tino de Camaino, sculpteur, 297. 270, 277, 314, 468-470, 473-475,
Tirol, 79, 82, 206, 398, 464, 506, 524 ; 511, 512, 530, 532-533, 538 ; II,
II, 27, 162. — Voir : Sigismond de 13, 19, 21, 200,202, 227 ;—art.
Habsbourg. 297, 553, 560 ; II, 214, 221, 229,
Tite Live, 283, 286, 512, 513, 517 ; II, 233, 234. — Voir : Florence, Luc-
123, 164. ques, Pise.

— 350 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Toscanelli (Paul), astronome et ma- Trêves, 33, 62-63, 66, 133, 370-371,
thématicien, II, 181. 383, 387, 394, 396, 459, 523 ; II,
Toughlouk, sultan de Delhi, 490. 192 ; — (conférences de), II, 45,
Touglouk Timour, khan de Turkestan, Trieste, 103, 531 ; II, 27.
187, 188. Trimberg (Hugo de), poète, 287.
Toul (Meurthe), 9, 427 ; — (évêque Trinacrie (royaume de) ou de Sicile.
de), 42. — Voir : Sicile.
Toulouse, 39, 50, 62, 98, 103, 302, Trinitaires, ordre monastique, II, 183.
312, 31-8 ; — Parlement de Tou- Trionfo (Augustin), canoniste, 73.
louse, II, 35. Tripoli, ville de Syrie, 189,193, 229.
Tourane, ville d’Annam, 185. Trittenheim (Jean de), dit Trithème,
Touraine, 426, 441, 557 ; II, 225 ; — théologien et humaniste, II, 157,
duc : voir Jean. 192-193.
Tournai, ville de Belgique, 295, 423, Trnovo, ville de Macédoine, 213,
556. 486 ; — (patriarche de), 216.
Tours, 55, 290, 365, 557 ; II, 18, 20- Troia, ville de Pouille, II, 98.
21, 40, 53-54, 56-57, 224. Troitzko-Sergueievskaia Lavra, cou-
Towton, ville d’Angleterre, près de vent russe, 222.
Leeds, II, 68. Troki, ville de Lituanie, 211.
Trâni (dynastie des), en Annam, 185. Tron (Nicolas), doge de Venise, H,
Transoxiane, 176, 186-187, 488, 492, 220.
493 ; II, 127. Trondhjem, ville de Norvège, 224,
Transtamare. — Voir : Trastamare. 293.
Transylvanie, 496 ; — (Alpes de), II, Troyes (Aube), 19, 106, 231, 265,
132. 290, 437, 443 ; — (traité de), 438,
Trasimène (lac), II, 234. 445.
Trastamare (dynastie des), en Castille, Troyes (Jean de), échevin de Paris,
232, 480-483 ; II, 84, 87 ; — en 428.
Aragon, 479-480 ; II, 87. Tübingen, ville de Wurtemberg, II,
Traù, ville de Dalmatie, II, 218. 158, 192-193.
travailleurs (statut des), 154, 245, 430. Tuchins (émeute des), 424.
Trave, rivière d’Allemagne, 225. Tudor (dynastie des), II, 72-77, 211,
Traversari (Ambroise), humaniste, 241 ; — Gaspard, II, 69, 73 ; —
364, 510, 522, 523, 529. Henri : voir Henri VII, roi
Trébizonde, ville d’Asie Mineure, sur d’Angleterre ; — Owen, II, 67, 73.
la mer Noire, 181, 229 ; — (empire Tunis, 265, 270 ; II, 138.
grec de), II, 134. Tura (Cosme), peintre, II, 202, 238.
Trémoïlle (Georges de la), 442-444. Turcs. — Voir : Ottomans.
Trente, ville du Tirol, 61, 76 ; — Turenne (Raimond de). — Voir :
concile, 116 ; II, 162. Raimond.

— 351 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Turin, 62, 103-104, 326. Lisbonne, Montpellier, Orléans,


Turkestan, 176, 179, 181, 183, 186- Oxford, Padoue, Paris, Prague,
187, 229 ; — oriental, 178, 179, Saint-Andrews, Valence, Vienne.
186-187 ; II, 127. Unterwald (canton suisse d’), 461,
Turlupins, hérétiques, 106. 463 ; II, 45.
Tuscie, II, 101. Uppland, région de la Suède, 117.
Tver (duché de), 220, 221, 412, 420 ; Upsal, ville de Suède, 292.
II, 125 ; — (Michel, duc de), 222. Urbain V (Guillaume Grimoard), pa-
Tvrtko (Étienne Ier), roi de Bosnie et pe, 90, 94-95, 102, 105, 110-112,
de Serbie, 104, 326, 486. 116-117, 150, 164, 183, 197, 277,
295, 325.
Tvrtko (Étienne II), roi de Bosnie,
326, 375. Urbain VI (Barthélémy Prignano),
Tyler (Wat), 329, 430. pape, 309-314, 328, 330, 380, 468.
Urbino, ville des Marches, 477, 552 ;
Tyr, ville de Syrie, 229.
II, 198, 215 ; — comte, puis duc :
Tyrol. — Voir : Tirol. voir Montefeltro.
Urgel, ville de Catalogne, 33 ; II, 82,
U 83 ; — comte : voir Jacques.
Ubertin de Casale, franciscain spiri- Uri (canton suisse d’), 461, 463 ; II,
tuel, 60, 100. 45,
Uccello (Paul), peintre, 561 ; II, 228. Uroš Ier Étienne) Dragutin, roi de Ser-
Udine, ville du Frioul, 366. bie, 214.
Uglješa, despote de Sérès, 216-217. Uroš II Milutin, roi de Serbie, 214.
Ugolin della Gherardesca, capitaine de Uroš III (Étienne), roi de Serbie, 214.
Pise, 159. Uroš IV (Étienne) Dušan, roi de Ser-
Ugolin de Montegiorgio, franciscain, bie. — Voir : Dušan.
270. Uroš V, roi de Serbie, 216.
Ugolin de Sarnano, franciscain, 270. Usti ou Aussig, ville de Bohême, 395.
Ukraine, 218. Utraquistes (et Calixtins), secte tchè-
Ulf Gudmarsson, suédois, 117. que, 353-357, 361-365, 376- 377,
395-397 ; II, 11, 245.
Ulm, ville de Wurtemberg, sur le Da-
nube, 232, 274, 292. Utrecht, II, 17, 152, 190 ; — (évêché
d’), 451, 457.
Ulrich de Hutten, 249,
Uytenhove (Jean de), dominicain, II,
Ulster (comte d’), 154.
19.
Unam sanctam (bulle), 50, 53, 73.
Unicov (Albert d’), archevêque de
Prague, 335-336. V
Universités, 30, 323, 328, 335, 360, Vadstena, couvent en Suède, 117.
365, 372, 379-380 ; II, 162. — Val d’Arno, en Toscane, 511.
Voir : Cologne, Cracovie, Leipzig, Val d’Elsa, en Toscane, 267, 535.

— 352 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Valachie (principauté de), 213, 413, Van Ouwater , peintre hollandais, II,
495 ; II, 132-133. 222.
Valais, canton suisse, 463 ; II, 106. Van Thunen (Jean), architecte, 542.
Valdemar IV, roi de Danemark, 226- Vannes (Morbihan).
227, 402. Vannucci (Pierre ). — Voir : Perugin.
Valdés (Alphonse de), humaniste, II, Vardar, fleuve de Macédoine, 197,
166. 214, 215.
Valdo, fondateur de la secte des Vau- Varese, ville de Lombardie, 559.
dois, 105. Vargas (Martin de), cistercien, 381.
Valence, en Dauphiné (Université de), Varna (bataille de), 370, 399, 416,
II, 35. 418, 497 ; II, 119.
Valence en Espagne, 380, 479, 542 ; Varron, 518.
II, 9, 83, 154, 212 ; — (royaume
de), 170, 342. Vas electionis (constitution), 91.
Valenciennes (Nord), 65, 266, 536 ; II, Vasari (Georges), 301. 561 ; II, 221.
217. Vasili Ier, grand-duc de Moscou, II,
Valentin, hérétique, II, 169. 124.
Valère Maxime, 286 ; II, 183. Vasili II l’Aveugle, fils du précédent,
II, 124.
Valerius Flaccus, 511.
Vatican (Saint-Pierre du), 76, 94.
Valla (Laurent), 3, 499, 517-524, 529-
531 ; II, 156-157, 160-161, 163- Vaucluse, près d’Avignon, 277, 281-
167, 180-184, 188, 191, 195, 247, 283 ; II, 204.
249. Vaucouleurs (Meuse), 443.
Vallombrosiens, congrégation, II, 228. Vaudois, 34-35, 63, 104-105, 107,
Vallouise (Hautes-Alpes), 104 ; II, 14. 109, 325-326, 328, 332, 347, 354,
357, 375, 380, 520 ; II, 11-12, 14-
Valogne (Manche), 140. 16, 21, 245.
Valois (famille de), 1, 110, 313, 316 ; Veere, ville de Zélande, II, 152.
II, 242. — Voir : Charles, comte de
Valois. Vegio (Maffeo), humaniste, 513.
Valona, ville d’Albanie, 215. Velbužd. — Voir : Kustehdil.
Valprofonde (Yonne), couvent, 507. Velletri, ville du Latium, 77.
Van, ville d’Arménie, 489. Velluti (Donato), chroniqueur, 286.
Van der Paele (Georges), chanoine de Venceslas Ier, duc de Luxembourg,
Bruges, 556. frère de l’empereur Charles IV, 83,
453, 454.
Van der Weyden (Roger). — Voir
Pasture (Rogier de la). Venceslas II, roi de Bohême, 51, 65,
66, 200-203.
Van Eyck (Hubert et Jean), 500, 553,
555 ; II, 221-224, 227-228, 230, Venceslas III, roi de Bohême, fils du
235, 249. précédent, 202-203.
Venceslas IV de Luxembourg, roi de
Bohême et des Romains, 83, 207,

— 353 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

311, 316-317, 326, 333, 335, 337- Vema (La), couvent en Toscane, 219.
338, 346, 349-450, 352, 386-392, Verneuil-sur-Avre (Eure), 439, 442 ;
414, 427, 431, 474 ; II, 24. II, 79.
Venceslas de Duba, hussite, 344-346. Vernia (Nicoletto), averroïste, II, 158,
Venceslas de Tiem, adversaire de Jean 167.
Hus, 345. Vérone, 34, 158, 162, 251, 297, 474,
Vendôme (Loir-et-Cher), II, 217. 562 ; II, 159, 184, 214, 220, 237.
Vénétie, 158, 160. Véronèse (Paul), II, 238.
Venise, à la fin du XIIIe siècle, 11, 19 ; Verrocchio (André), sculpteur et pein-
— au XIVe siècle, 95, 159, 160, tre, II, 199, 219-221, 228, 231, 233.
162, 174, 277, 279, 281 ; — en Vertus (comte de). — Voir : Visconti
Orient, 191, 193-194 ; — dans les (Jean-Galéas).
Balkans, 209,214-216 ; — puissan- Vésuve, II, 97.
ce commerciale, 227-230, 232,
241, 244 ; — jusqu’au milieu du Vettern (lac), en Suède, 403.
e Viane (Navarre). — Voir : Charles,
XV siècle, 320, 372, 380, 473-475,
477, 478, 512-513, 515, 530 ; — prince de Viane.
politique hongroise, 390, 415 ; — Vicchio, bourg de Toscane, 559.
politique orientale, 487, 494, 498 ; Vicence, ville de Vénétie, 34,474 ; II,
— à la fin du XVe siècle, II, 5-8, 15, 211, 237.
24, 44, 50, 93, 99, 101, 102, 104,
Vico (Jean de), préfet de Rome, 164 ;
106, 108-109, 111, 112, 158, 165,
— (seigneurs de), II, 104.
185,198, 202 ; — décadence com-
merciale, II, 129, 144, 151, 152, Victorins (ordre des), 248.
154, 243 ; — libertés, II, 243 ; — Vidin, ville de Bulgarie, sur le Danu-
vie religieuse et intellectuelle, 34, be, 213, 214.
97, 104 ; II, 166-167, 174, 184-185, Vienne, ville d’Autriche, II, 5, 15, 26-
194, 204, 248 ; — art, 297, 543- 28, 121, 144 ; — Université, 259,
545, 552-553, 562-563 ; II, 196, 262, 292, 326-327, 337, 363, 371,
212, 214-215, 219-222, 235-237, 501, 542 ; II, 193-194, . 246.
248, 249. Vienne (Isère), 104 ; — concile, 56-
Ventoux (mont), 85. 57, 60, 63, 87, 115, 270.
Véramin, ville de Perse, 181. Vienne (Jean de), amiral de France,
Verbas, rivière de Bosnie, II, 132. 152, 425.
Verceil, ville de Piémont, 61,77,474. Viennois, 112.
Verdun, 382. Villandrando (Rodrigue de), chef de
Vere (Aubri de), duc d’Irlande, 431 ; routiers, 445.
— (Jean de), comte d’Oxford, II, Villani (Jean, Mathieu et Philippe),
71. chroniqueurs, 81, 286, 513.
Vergerio (Pierre-Paul), humaniste, Villard de Honnecourt, architecte,
513. 292.
Vermandois, 24 ; — (bailli de), II, 42.

— 354 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Villaret (Foulque de), maître de gneur de Milan, 73, 74, 158, 160-
l’Hôpital, 190. 161 ; — Philippe-Marie, fils de
Villatte (Pierre), peintre, 557. Jean-Galéas, 361, 363, 365, 471,
474-477, 512 ; — Valentine, du-
Villehardouin (Isabelle de), 191.
chesse d’Orléans, fille de Jean-
Villena (Henri, marquis de), 538 ; II, Galéas, 314, 426, 427, 474, 477,
85, 87. 536.
Villeneuve-lès-Avignon, 85, 557. Vistule, fleuve, 201, 205, 209, 227,
Villequier (Antoinette de), II, 35. 414, 420 ; II, 113-116.
Villon (François), 530 ; II, 206-207. Vitelleschi (Barthélemy), légat ponti-
Vilno, ou Vilna, ville de Lituanie, 211, fical, 364, 366, 369, 470.
222, 411 ; II, 122. Vitelli (Cornelio), humaniste, II, 184,
Vincennes, près de Paris, 79, 101, 195.
110, 147, 540 ; II, 174. Viterbe, ville de la province de Rome,
Vincent Ferrier (saint), 312, 325, 326, 76, 94, 164, 325, 468 ; II, 193 ; —
376, 380, 480. (Jacques de), 49.
Vinci (Léonard de), son œuvre scienti- Vitold, grand-duc de Lituanie, 212,
fique 2, 261, 533 ; II, 156, 162, 393, 395, 396, 411, 412, 414-415.
179, 181-182, 191, 194, 246 ; — Vitoria, ville d’Espagne (provinces
peintre, II, 220, 228, 233, 238. basques), 296.
Vincigliata, château près de Florence, Vitré (Ille-et-Vilaine), 540.
II, 227. Vivarini (Alvise), peintre vénitien, II,
Virgile, 267, 283, 514, 535, 538 ; II, 237-238.
180, 184, 200-205. vizir (grand), 196 ; II, 135.
Vintler (Conrad), poète allemand, II, Vlad III le Diable, prince da Valachie,
210. II, 133.
Virneburg (Henri de), archevêque de Vlad IV l’Empaleur, fils du précédent,
Cologne, 272. II, 133.
Visby, port dans l’île de Gotland, 225, Vladimir, grand duché russe, 218,
226, 227, 403. 220, 221.
Visconti (famille), 77, 80, 81, 94, 95, Vladislav, fils d’Uroš Ier de Serbie,
97, 277, 512 ; II, 50, 105 ; — Azzo, 214.
77 ; — Bernabò, cousin du précé-
Volga, fleuve, 181, 219, 221 ; II, 125,
dent, 164, 474 ; — Blanche-Marie,
126.
fille naturelle de Philippe-Marie,
475 ; — Galéas II, frère de Berna- Volhynie, 219, 419 ; II, 115.
bò, 161, 162, 286, 474 ; — Jean, Volkhov, rivière de Russie, 219.
archevêque de Milan, fils de Ma- Volterra, ville de Toscane, 80 ; II, 14,
thieu, 80, 162, 164, 277 ; — Jean- 110.
Galéas, comte de Vertus, duc de Volturne, rivière de Campanie, II, 97-
Milan, fils de Galéas II, 388, 464,
474, 513 ; — Jean-Marie, fils du Volynie. — Voir : Volhynie.
précédent, 474 ; — Mathieu, sei-

— 355 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Voragine (Jacques de). — Voir : Jac- Winchelsea (Robert), archevêque de


ques. Canterbury, 126.
Vrye (Antoine), humaniste, II, 190. Winchester, 514 ; II, 211.
Vuk Branković, prince serbe, 486. Windesheim, couvent et congréga-
Vukačin, deupote de Prizren, 216. tion ; 382, 504, 506-507, 524-525 ;
II. 18-20, 158-159, 191.
Vukčić (Étienne), prince serbe, duc
d’Herzégovine, 375 ; II, 13, 131, Winterthür, ville de Suisse, 274. Wis-
132. by. — Voir Visby.
Vox in excelso (bulle), 56. Wismar, ville du Mecklembourg, 102,
225, 403, 405.
Vydt (Josse et Isabelle), gantois, 555.
Wittelsbach (famille de), 387. —
Vysehrad, château près de Prague,
Voir : Bavière ; — (Robert de), ar-
352.
chevêque de Cologne, II, 46.
Wittenborg (Jean), bourgmestre de
W Lübeck, 226.
Wakefield (bataille de), II, 66. Wohlgemut (Michel), peintre, II, 224.
Waleran de Luxembourg, comte de Wolsey (Thomas), cardinal II, 62.
Saint-Pol, 426. Woodham (Adam), théologien, 258.
Wallace (Guillaume), chef écossais, Woodville (Élisabeth), femme
126. d’Edouard IV, II, 68-71, 73.
Warbeck. — Voir : Perkin. Worms, 66, 386, 387 ; II, 14, 192.
Warendorp (Bruno), bourgeois de Worringen, ville de la province rhéna-
Lübeck, 227. ne, 65.
Warmie. — Voir Ermeland. Wulflam (Wulf), bourgeois de Stral-
Warwick (Richard Beauchamp, comte sund, 405.
de), 431, 432, 447 ; — (Richard Wurtemberg, 376, 387 ; — comte :
Neville, comte de), II, 40, 45, 65- voir Eberhart.
71, 74.
Würtzburg, ville de Franconie, 42,
Wawel (château de), à Cracovie, II,. 326, 376, 382.
123.
Wykeham (Guillaume), 154.
Werck (Jean), théologien, 527.
Wyclif (Jean), 2, 107-109, 112, 155,
Wesel, ville des pays rhénans, II, 189. 247, 327-338, 346-349, 354-355,
Wessel Gansfort (Jean), théologien, II, 365, 377, 430, 520, 522 ; II, 11, 16,
17, 190. 21, 175, 195, 245.
Westminster, II, 71, 73, 209, 211.
Westmorland (comtes de), II, 62. X
Westphalie, II, 189-191. Xaintrailles (Jean Poton, seigneur de),
Wettin (famille de), 387. général français, 445.
Wimpfeling (Jacques), humaniste, IL Xénophon, 510, 512, 513, 521, 533 ;
192. II, 202.

— 356 —
Pirenne, Renaudet, Perroy, Handelsman, Halphen
La fin du moyen âge : 2. L’annonce des temps nouveaux

Xieng-raï, ville du Siam, 185. Zabarella (François), archevêque de


xylographie, 247. Florence et cardinal, 347, 348,
Zaccaria (Martin), amiral génois, 191.
Zachloumie, région côtière de
Y
l’Adriatique, -214.
Yamana Sozen, dit le Moine Rouge,
II, 127. Zagal, émir de Grenade, II, 91.
Zahara, ville d’Andalousie, II, 90.
Yánez (Rodrigue), poète, 288.
Zakonik, code serbe, 216.
Yang-tseu-kiang, ou fleuve Bleu, 187.
Zaleskaia, ou Russie transylvaine,
Yéni-chéir, ville d’Asie-Mineure,
220-222.
195 ; II, 140.
Zamora, ville d’Espagne, II, 87.
Yolande d’Anjou, mère de René II de
Lorraine, II, 100. Zara, ville de Dalmatie, 103, 209, 390.
Yolande d’Anjou ou de Sicile, belle- Zäsi (Ulrich), jurisconsulte, II, 192.
mère de Charles VII, 442. Žatec, ou Saaz, ville de Bohême, 394.
Yolande d’Aragon, fille de Jean Ier, Zbigniev, évoque de Cracovie. —
479. Voir : Olesnicki.
Yolande de France, duchesse de Sa- Zbynek, archevêque de Prague, 334,
voie, II, 15, 44, 50, 107. 335.
Yong-lo, empereur de Chine, II, 127. Zeïyanides (dynastie des), à Tlemcen,
York, 126, 128, 292, 541 ; II, 62, 71, II, 138.
211 ; — (archevêque d’), 431, 433, Zélande, 234, 382, 451, 453, 357 ; II,
447 ; II, 68 ; — (dynastie d’), 447 : 222.
II, 40, 63-75, 79 ; — voir : Ed- Želiv (Jean de), moine tchèque, 394.
mond, comte de Cambridge ; Zénon, 519.
Édouard IV d’Angleterre ; Élisa-
beth, reine d’Angleterre ; Georges, Zips (territoire de) ou Szepes, en
duc de Clarence ; Marguerite, du- Hongrie, 415.
chesse de Bourgogne ; Richard, Žižka (Jean), 352, 355-357, 393-395.
duc d’York. Zug (canton suisse de), 387, 462, 463 ;
Yorkshire, 107 ; 11, 69. II, 45.
Youan (dynastie chinoise des), 178- Zurich, ville et canton suisse, 387,
179, 186. 399, 462-465 ; II, 45 ; — (paix de),
Yousouf Ier, roi de Grenade, 543. 463.
Yousouf, sultan d’Égypte, II, 139. Zutphen, ville des Pays-Bas, II, 19.
Zuyderzee, 226, 457.
Zwijn (golfe du), 228.
Z
Zwolle, ville des Pays-Bas, 381,382 ;
II, 19.

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