Utilisation Des PAEK en Odontologie Prothétique

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http://www.culture.gouv.fr/culture/infos-pratiques/droits/protection.htm
ACADÉMIE DE NANCY – METZ
UNIVERSITÉ DE LORRAINE
FACULTÉ D’ODONTOLOGIE

ANNÉE 2018 N°10282

THÈSE
pour le
DIPLÔME D’ÉTAT DE DOCTEUR EN CHIRURGIE DENTAIRE
par
Lorraine BAUDOUIN
Née le 3 Octobre 1991 à Épinal (88)

Utilisation des PAEK en odontologie prothétique :


applications cliniques actuelles et perspectives

Présentée et soutenue publiquement le 29 Juin 2018

Examinateurs de la thèse :

Pr. J-M. MARTRETTE Professeur des Universités Président


Dr. A-S. VAILLANT Maître de Conférences des Universités Directrice
Dr. P. HIRTZ Assistant Hospitalier Universitaire Directeur
Dr. L. ROCCHI Docteur en chirurgie dentaire Juge

1
« Par délibération en date du 11 décembre 1972, la Faculté de
Chirurgie Dentaire a arrêté que les opinions émises dans les
dissertations qui lui seront présentées doivent être considérées
comme propres à leurs auteurs et qu’elle n’entend leur donner
aucune approbation ni improbation. »

2
Président : Professeur Pierre MUTZENHARDT Doyen : Professeur Jean-Marc MARTRETTE

Vice-Doyens : Dr Céline CLEMENT – Dr Rémy BALTHAZARD – Dr Anne-Sophie VAILLANT

Membres Honoraires : Dr L. BABEL – Pr. S. DURIVAUX – Pr A. FONTAINE – Pr G. JACQUART – Pr D. ROZENCWEIG - Pr ARTIS -


Pr M. VIVIER

Doyens Honoraires : Pr J. VADOT, Pr J.P. LOUIS

Professeur émérite : Pr M-P FILLEUL

Mme DROZ Dominique Maître de Conférences *


Mme JAGER Stéphanie Maître de Conférences *
Département Odontologie pédiatrique M. PREVOST Jacques Maître de Conférences
Sous-section 56-01 Mme HERNANDEZ Magali Maître de Conférences Associée *
M. LEFAURE Quentin Assistant
Mme DARSAT Claire Assistante*
M. EGLOFF Benoît Maître de Conférences *
Département Orthopédie dento-faciale
Mme GREGOIRE Johanne Assistante
Sous-section 56-01
Mme LAWTON Mathilde Assistante
Département Prévention, épidémiologie, Mme CLÉMENT Céline Maître de Conférences *
économie de la santé, odontologie légale M. BAUDET Alexandre Assistant *
Sous-section 56-02 Mme NASREDDINE Greyce Assistante
M. AMBROSINI Pascal Professeur des Universités *
Mme BISSON Catherine Maître de Conférences *
M. JOSEPH David Maître de Conférences *
Département Parodontologie
M. PENAUD Jacques Maître de Conférences
Sous-section 57-01
M. LACH Patrick Assistant
Mme MAYER-COUPIN Florence Assistante
Mme PAOLI Nathalie Enseignante univ. – Praticien attachée*
Mme GUILLET-THIBAULT Julie Maître de Conférences *
M. BRAVETTI Pierre Maître de Conférences
Département Chirurgie orale Mme PHULPIN Bérengère Maître de Conférences *
Sous-section 57-01 M. CLERC Sébastien Assistant*
M. HASNAOUI Nasr Assistant
Mme KICHENBRAND Charlène Enseignante univ. – Praticien attachée*
M. YASUKAWA Kazutoyo Maître de Conférences *
Département Biologie orale
M. MARTRETTE Jean-Marc Professeur des Universités *
Sous-section 57-01
Mme EGLOFF-JURAS Claire Assistante*
M. MORTIER Éric Maître de Conférences *
M. AMORY Christophe Maître de Conférences
M. BALTHAZARD Rémy Maître de Conférences *
Département Dentisterie restauratrice, M. ENGELS-DEUTSCH Marc Maître de Conférences
endodontie
M. VINCENT Marin Maître de Conférences*
Sous-section 58-01
Mme GEBHARD Cécile Assistante
M. GEVREY Alexis Assistant
M. GIESS Renaud Assistant *
M. DE MARCH Pascal Maître de Conférences
M. SCHOUVER Jacques Maître de Conférences
Mme VAILLANT Anne-Sophie Maître de Conférences *
Mme CORNE Pascale Maître de Conférences Associée *
Département Prothèses
M. CIESLAK Steve Assistant
Sous-section 58-01
M. HIRTZ Pierre Assistant *
M. KANNENGIESSER François Assistant
Mme MOEHREL Bethsabée Assistante*
M. VUILLAUME Florian Assistant
Mme STRAZIELLE Catherine Professeur des Universités *
Département Fonction-dysfonction, imagerie, Mme MOBY (STUTZMANN) Vanessa Maître de Conférences *
biomatériaux
M. SALOMON Jean-Pierre Maître de Conférences
Sous-section 58-01
Mme WILLEMIN Anne-Sophie Assistante Associée

Souligné : responsable de département * temps plein Mis à jour le 08/02/2018

3
À notre Président de Thèse,

Monsieur le Professeur MARTRETTE Jean Marc,


Docteur en Chirurgie Dentaire
Spécialiste qualifié en Médecine Bucco-Dentaire
Docteur en Sciences Pharmacologiques
Habilité à diriger des Recherches
Professeur des Universités-Praticien Hospitalier
Sous-section : Chirurgie orale ; parodontologie ; biologie orale
Doyen de la Faculté d’Odontologie de Nancy

Nous vous remercions de l’honneur que vous nous


avez fait en acceptant la présidence de cette thèse.
Veuillez trouver dans ce travail l’expression de notre
reconnaissance et de notre respect.

4
À notre Juge et Directeur de Thèse,

Monsieur le Docteur Pierre HIRTZ


Docteur en Chirurgie Dentaire
Assistant Hospitalier Universitaire
Sous-section : Prothèses

Avec beaucoup d’émotion et de sincérité,


Nous vous remercions d’avoir accepté de diriger
notre travail.
Nous portons une grande estime à la gentillesse,
la sympathie et la disponibilité dont vous avez fait
preuve au cours de nos études.
Nous vous remercions pour la qualité de votre
enseignement.
Veuillez trouver ici l’expression de notre profond
respect et de nos sincères remerciements.

5
À notre Juge et Directrice de thèse,

Madame le Docteur Anne-Sophie VAILLANT


Docteur en Chirurgie Dentaire
Maître de Conférences des Universités
Ancien interne des Hôpitaux de Nancy
Sous-section : Prothèses
Vice-Doyen de la Faculté d’Odontologie de Nancy

Nous vous sommes reconnaissants d’avoir accepté


de codiriger notre thèse.
Un grand merci pour votre confiance, votre
disponibilité et l’aide à l’élaboration de ce travail.

6
À notre juge,

Madame le Docteur Léa ROCCHI


Docteur en Chirurgie Dentaire

Vous nous faites l’honneur de siéger au jury de


notre thèse.
Nous sommes sensibles à l’attention que vous avez
portée à notre travail et pour votre bienveillance.
Soyez assurée de notre profond respect.
Bien amicalement…

7
SOMMAIRE

CHAPITRE 1 : LES POLYARYLETHERKETONES (PAEK)


1. Définitions utiles
2. Présentation de la grande famille des PAEK
3. Usages des PAEK
4. Dérivés des PAEK utilisés en odontologie
5. Dérivés spécifiques adaptés à l’art dentaire

CHAPITRE 2 : APPLICATIONS DES PAEK EN PROTHÈSE FIXÉE


1. Indications générales des PAEK en prothèse fixée
2. Contre-indications générales
3. Utilisation des PAEK en prothèse fixée transitoire
4. Utilisation des PAEK pour la prothèse fixée d’usage

CHAPITRE 3 : APPLICATIONS DES PAEK EN PROTHÈSE AMOVIBLE


1. Indications des PAEK en prothèse amovible
2. La prothèse amovible à infrastructure en PAEK
3. La prothèse amovible en PAEK sur coiffes télescopiques
4. Utilisation des PAEK en prothèse maxillo-faciale

CHAPITRE 4 : APPLICATIONS DES PAEK EN PROTHÈSE IMPLANTAIRE


1. Principales indications des PAEK en prothèse implantaire
2. PAEK et vis implantaires
3. Des corps de scannage en PAEK
4. Suprastructures implantaires en PAEK
5. Infrastructure de prothèse amovible sur implant

CONCLUSION

8
LISTE DES FIGURES

Figure 1 : représentation schématique d’un polymère. (Source : Kurtz, 2012) ........ 19


Figure 2 : schéma des différentes phases de transition thermique d’un polymère
thermoplastique. ................................................................................................. 20
Figure 3 : représentation schématique de la microstructure d’un polymère
thermoplastique semi-cristallin (PEEK) avec des régions amorphes et cristallines.
(Source : Kurtz, 2012) ........................................................................................ 20
Figure 4 : échelle des polymères en fonction de leurs performances. (Source : Gobert,
2013) .................................................................................................................. 21
Figure 5 : formule chimique du Polyetheretherketone avec deux fonctions éthers
(orange) et une fonction cétone (bleu). (Source : Kurtz, 2012) .......................... 23
Figure 6 : Photographie d’un bridge en PEEK, la couleur est terne et blanchâtre.
(Source : Victrex, 2015) ..................................................................................... 25
Figure 7 : Radiographie après la mise en place de piliers de cicatrisation en PEEK.
Les piliers sont radiotransparents. (Source : Koutouzis et coll,. 2011) .............. 26
Figure 8 : formule chimique du Polyetherketoneketone avec une fonction éther
(orange) et deux fonctions cétones (bleu). (Source : Wypych, 2016) ................ 30
Figure 9 : a) granules de BioHPP®, b) pellets de BioHPP®, c) disques à usiner
BioHPP®. (Source : Bredent, 2013) ................................................................... 34
Figure 10 : Système For 2 Press de Bredent. (Source : Bredent, 2013) ................... 35
Figure 11 : a) Photographie représentant la mise en revêtement de la maquette en cire
(bleu) montée sur une tige de coulée (vert) dans un cylindre de pressée. b)
Photographie montrant le BioHPP® fondu, l’aspect doit être crémeux et
homogène. (Source : Bredent, 2013) ................................................................. 35
Figure 12 : Organigramme récapitulatif du processus de pressée de BioHPP®. ..... 36
Figure 13 : a) Retouches de la pièce prothètique. b) Sablage de la pièce coulée.
(Source : Bredent, 2013) .................................................................................... 38
Figure 14 : a) Mise en place d’une couche de composite cosmétique. b) Polissage de
la pièce prothétique. (Source : Bredent, 2013) .................................................. 39
Figure 15 : coupe schématique des différentes structures d'une prothèse avec une
armature en BioHPP® et une partie esthétique en résine composite. (Source :
Bredent, 2013) ................................................................................................... 41

9
Figure 16 : a) lingotins de pressée Pekkton® ivory, b) disques à usiner Pekkton® ivory.
(Source : Cendres+Métaux, 2015) ..................................................................... 43
Figure 17 : Organigramme récapitulatif du processus de pressée de Pekkton® Ivory.
........................................................................................................................... 44
Figure 18 : a) PEKKtherm. b) PEKKpress. (Source : Cendres+Métaux, 2015) ........ 45
Figure 19 : usinage d'une armature en PEKK. (Source : Gobert, 2013) ................... 45
Figure 20 : armature de bridge en PEKK. (Source : Gobert, 2013) .......................... 50
Figure 21 : a) dent 65 cariée, b) dent 65 après pose d’une coiffe pédiatrique en
BioHPP® vue intraorale, c) vue vestibulaire de la coiffe pédiatrique en BioHPP®
sur 65. (Source : Ritterbusch et Waschek, 2014) .............................................. 53
Figure 22 : Vue vestibulaire, situation initiale des dents mandibulaires. (Source : Zoidis
et Papathanasiou, 2016) .................................................................................... 54
Figure 23 : a) Vue occlusale, essayage de l’infrastructure en PEEK. b) Vue occlusale,
après collage du bridge collé transitoire. (Source : Zoidis et Papathanasiou, 2016)
........................................................................................................................... 55
Figure 24 : Vue vestibulaire après collage de la pièce prothétique transitoire. (Source :
Zoidis et Papathanasiou, 2016) ......................................................................... 55
Figure 25 : a) Vue occlusale après chirurgie réparatrice. b) Vue vestibulaire de la
plaque de Hawley avec le remplacement de l’incisive latérale droite manquante.
(Source : Andrikopoulou et coll., 2016) .............................................................. 56
Figure 26 : a) Vue occlusale lors de l’essayage de la maquette en résine acrylique. b)
Vue occlusale du résultat final avec la prothèse collée en PEEK comportant la 12
manquante. c) Vue vestibulaire du résultat final. d) Vue vestibulaire montrant le
passage des brossettes interdentaires. (Source : Andrikopoulou et coll., 2016) 57
Figure 27 : coupe sagittale de la répartition des forces de contraintes sur l’ensemble
des composants de la dent, selon le modèle d’étude. (Source : Lee et coll., 2017)
........................................................................................................................... 60
Figure 28 : Photographie d’un Inlay-core à clavette en PEKK. (Source : Pham, 2014)
........................................................................................................................... 61
Figure 29 : restauration coronaire extensive avec une infrastructure en PEEK (partie
blanche) recouverte d’une résine composite indirecte esthétique. (Source : Zoidis
et coll., 2017) ...................................................................................................... 62
Figure 30 : radiographie de la molaire maxillaire droite (17) avant les étapes
prothétiques. (Source : Zoidis et coll., 2017) ...................................................... 62

10
Figure 31 : a) vue vestibulaire de la préparation pour une endocouronne avec réduction
occlusale. b) vue occlusale de la chambre pulpaire et de sa préparation. (Source :
Zoidis et coll., 2017) ........................................................................................... 63
Figure 32 : a) vue vestibulaire lors de l’essayage de l’infrastructure en PEEK. b) vue
vestibulaire après la pose de la prothèse. (Source : Zoidis et coll., 2017) ......... 64
Figure 33 : Image 3D des scans du maître modèle (jaune) et du montage directeur
(rouge) et visualisation de leur superposition. (Source : Gerard, 2016) ............. 66
Figure 34 : a) Image du choix de l’axe d’insertion de la prothèse, après le tracé des
limites. b) Visualisation tridimensionnelle de l’infrastructure en PEEK (blanc) et de
la coque cosmétique (jaune). (Source : Gerard, 2016) ...................................... 66
Figure 35 : a) Infrastructure en PEEK après son usinage. b) Coque cosmétique après
son usinage. (Source : Gerard, 2016) ................................................................ 66
Figure 36 : a) Assemblage des deux structures. b) Découpe incisale et caractérisation
esthétique. .......................................................................................................... 67
Figure 37 : Bridge complet après finitions, vue vestibulaire (a), vue palatine (b).
(Source : Gerard, 2016) ..................................................................................... 67
Figure 38 : Vue de l’intrados d’une prothèse amovible complète sur infrastructure en
PEKK et des dents en disilicate de lithium. (Source : Dawson et coll., 2017) .... 71
Figure 39 : Comparaison entre un châssis classique en Cobalt-Chrome (a) et un
châssis en PEEK épaissi (b). (Source : Fages et coll., 2016) ............................ 71
Figure 40 : a) Vue linguale de l’ancienne PAPIM. b) Vue linguale de la PAP à
infrastructure en BioHPP®. (Source : Zoidis et coll., 2016) ............................... 74
Figure 41 : Vue vestibulaire en occlusion avec la PAP en PEEK. (Source : Zoidis et
coll., 2016) .......................................................................................................... 75
Figure 42 : Vue palatine d’une prothèse amovible partielle à infrastructure en PEEK
maxillaire. (Source : Hosten, 2017) .................................................................... 75
Figure 43 : Cas particulier avec des axes d’insertion divergents au niveau des
molaires. La rigidité des crochets en Cr-Co n’aurait pas permis leur bonne mise
en place. La flexibilité des crochets en PEEK permet de passer les contre-
dépouilles sans forcer sur les dents. (Source : Hosten, 2017) ........................... 76
Figure 44 : Cas d’une prothèse complètement biocompatibilité non irritante pour une
patiente allergique à la résine. L’intrados est totalement recouvert de PEEK.
(Source : Hosten, 2017) ..................................................................................... 76

11
Figure 45 : Prothèse complexe avec une couronne céramo-métallique sur 23 et
attachement extra-coronaire. La partie femelle en téflon est inclue dans l’intrados
de la PAP en PEEK. Ce procédé est également utilisé en full zircone avec un
attachement, type glissière, également en zircone, pour une prothèse combinée
entièrement biocompatible. (Source : Hosten, 2017) ......................................... 76
Figure 46 : Vision schématique des différentes structures de la prothèse amovible sur
coiffes télescopiques. (Source : Rösch et Mericske-Stern, 2008) ...................... 77
Figure 47 : a) Piliers implantaires télescopiques et infrastructure de la prothèse
amovible télescopique en PEKK Pekkton® Ivory. b) Vue de l’intrados de la
prothèse. (Source : Park et coll., 2017) .............................................................. 79
Figure 48 : Photographie de la situation initiale. (Source : Hirmer et Kather, 2015) . 79
Figure 49 : Schéma de la prothèse amovible sur coiffes télescopiques et ses
matériaux. .......................................................................................................... 80
Figure 50 : Visualisation numérique des parties primaires sur les dents piliers
maxillaires. (Source : Hirmer et Kather, 2015) ................................................... 81
Figure 51 : a) essayage de la maquette en cire. La dimension verticale est augmentée,
la 33 n’est plus dans le plan fonctionnel. b) Montage wax up de 33. (Source :
Hirmer et Kather, 2015) ...................................................................................... 81
Figure 52 : Second essayage validé, avec intégration de 33. (Source : Hirmer et
Kather, 2015) ..................................................................................................... 82
Figure 53 : a) Assemblage des segments en PEEK de la partie tertiaire. b) Résultat
final de la prothèse amovible télescopique à infrastructure en PEEK. (Source :
Hirmer et Kather, 2015) ...................................................................................... 82
Figure 54 : Résultat final de la prothèse mandibulaire. (Source : Hirmer et Kather,
2015) .................................................................................................................. 82
Figure 55 : Mise en place des parties primaires sur les dents piliers et de la facette sur
33. (Source : Hirmer et Kather, 2015) ................................................................ 83
Figure 56 : Photographies après mise en bouche finale des prothèses télescopiques
à infrastructure en PEEK maxillaire et mandibulaire. (Source : Hirmer et Kather,
2015) .................................................................................................................. 83
Figure 57 : a) Photographie de la perte tissulaire après chirurgie avec une
communication bucco-sinusienne. b) Ancienne prothèse maxillo-faciale
inesthétique et non fonctionnelle. (Source : Costa-Palau et coll., 2014) ............ 85

12
Figure 58 : Vue palatine de l’essayage intrabuccal de la structure en PEEK. (Source :
Costa-Palau et coll., 2014) ................................................................................. 86
Figure 59 : Obturateur maxillo-facial final. (Source : Costa-Palau et coll., 2014) ...... 86
Figure 60 : de gauche à droite : vis en PEEK 20% dioxyde de titane, vis en PEEK 50%
fibre de carbone et vis en titane grade 5. (Source : Schwitalla et coll., 2016) ... 89
Figure 61 : image d’un corps de scannage en PEEK de la marque Straumann®.
(Source : Straumann®, 2015) ............................................................................ 90
Figure 62 : Photographie montrant un pilier de cicatrisation en PEEK (gauche) et un
en titane (droite). (Source : Volpe et coll., 2008) ................................................ 92
Figure 63 : a) Vue occlusale des piliers de cicatrisation en PEEK à trois mois. b)
Radiographie à trois mois. (Source : Koutouzis et coll., 2011) .......................... 93
Figure 64 : a) Vue occlusale de pilier de cicatrisation en titane à trois mois. b)
Radiographie à trois mois. (Source : Koutouzis et coll., 2011) .......................... 93
Figure 65 : Schémas d’un pilier préfabriqué (gauche) et d’un pilier personnalisé
(droite). (Source : Gobert, 2013b) ...................................................................... 95
Figure 66 : a) Piliers préfabriqués selon la taille et l’angulation en BioHPP®. b) Pilier
personnalisé doté d’une base en titane, après une céroplastie le pilier en
BioHPP® est pressé. (Source : Bredent, 2013) ................................................. 95
Figure 67 : a et b) Modélisation de piliers personnalisés en PEEK BioHPP® par
procédé CAO. c) Obtention des piliers personnalisés en BioHPP® usinés par le
procédé FAO. (Source : Gerard, 2015) .............................................................. 96
Figure 68 : a) Photographie pré-opératoire avec une fracture de 12. b) Vue vestibulaire
après la mise en place du pilier préfabriqué en PEEK. (Source : Tetelman et
Babbush, 2008) .................................................................................................. 97
Figure 69 : a) Vue vestibulaire lors de la préparation du pilier. b) Photographie du
résultat final avec la couronne provisoire en place. (Source : Tetelman et
Babbush, 2008) .................................................................................................. 98
Figure 70 : a) Céroplastie du pilier sur sa base en titane. b) Pilier en cire sur sa tige de
coulée à gauche, et pilier personnalisé en Pekkton après pressée. (Source :
Gobert, 2013b) ................................................................................................... 99
Figure 71 : a) Photographie vue vestibulaire après la pose du pilier. b) Vue vestibulaire
après la pose des couronnes provisoires en résine composite. (Source : Gobert,
2013b) .............................................................................................................. 100

13
Figure 72 : a) Vue vestibulaire du pilier en PEKK après trois mois de « maturation »
gingivale. b) Photographie prise deux mois après la pose des couronnes
définitives céramo-céramiques. (Source : Gobert, 2013b) ............................... 100
Figure 73 : Photographie du montage directeur. (Source : Gerard 2014) ............... 101
Figure 74 : a) Modélisation de la barre transvissée sur logiciel de CFAO. b) Essayage
de la barre usinée. (Source : Gerard 2014) ..................................................... 102
Figure 75 : a) Collage des facettes sur la barre. b) Résultat après assemblage et
polissage. (Source : Gerard 2014) ................................................................... 102
Figure 76 : a) Vue de la prothèse finie sur articulateur. b) Pose de la prothèse fixée
complète implanto-portée. (Source : Gerard 2014) .......................................... 103
Figure 77 : a) Schéma du système Novaloc®. b) Photographie de l’intrados d’une
PACSI avec deux matrices et deux éléments de rétention de couleur bleue.
(Schittly et coll., 2008) ...................................................................................... 104
Figure 78 : a) Visualisation sur le modèle en plâtre des matrices Novaloc® en PEEK
(blanc) et en titane (gris). b) Visualisation de la position très vestibulée de la
matrice Novaloc® en PEEK dans la prothèse. (Novaloc®, 2016).................... 105
Figure 79 : a) Radiographie de la situation initiale avant la réalisation de la prothèse
maxillaire. b) Modèle en plâtre doté des répliques des piliers Locator®. (Source :
Adler et coll., 2015) .......................................................................................... 106
Figure 80 : Montage directeur sur cire avec les logements des piliers, vue de l’intrados
(a), vue occlusale (b). (Source : Adler et coll., 2015) ....................................... 106
Figure 81 : a) Infrastructure en cire sur les tiges de coulée en vue de la pressée. b)
Photographie de l’infrastructure en PEEK revêtue d’une couche d’opaque.
(Source : Adler et coll., 2015) ........................................................................... 107
Figure 82 : a) Assemblage des dents prothétiques sur l’infrastructure à l’aide de la clé
de vérification en silicone. b) Vue de l’intrados de l’infrastructure avec les
logements des parties femelles des piliers Locators®. (Source : Adler et coll.,
2015) ................................................................................................................ 107
Figure 83 : a) Photographie de la PACSI après finitions. b) Photographie du résultat
final après mise en bouche de la prothèse maxillaire et visualisation des rapports
occlusaux avec la prothèse antagoniste. (Source : Adler et coll., 2015) .......... 108
Figure 84 : Photographie du montage directeur en cire validé par le praticien et le
patient. (Source : Pisseloup, 2017) .................................................................. 109

14
Figure 85 : Photographies des piliers sculptés en cire, vue palatine avec les analogues
et les bases en titane (a), vue vestibulaire sur la fausse gencive (b). (Source :
Pisseloup, 2017) .............................................................................................. 109
Figure 86 : Photographie des piliers pressés en BioHPP® et la clé en silicone (a) qui
guide le repositionnement du montage directeur (b) pour le scannage. (Source :
Pisseloup, 2017) .............................................................................................. 110
Figure 87 : Images du modèle scanné avec le montage esthétique (vert) et la
conception de l’infrastructure (jaune) avant son usinage. (Source : Pisseloup,
2017) ................................................................................................................ 110
Figure 88 : a) Vue palatine du collage des dents prothétiques, la clé en silicone aide
au bon repositionnement. b) Vue vestibulaire du résultat final après finitions.
(Source : Pisseloup, 2017) ............................................................................... 111
Figure 89 : Photographies prises après la mise en bouche de la prothèse amovible
d’usage sur piliers télescopiques. (Source : Pisseloup, 2017) ......................... 111
Figure 90 : a) Radiographie panoramique deux ans après la pose d’un all-on four à
armature en PEEK. b) Infrastructure/suprastructure implantaire en PEEK
BioHPP®. (Source : Zoidis, 2017) .................................................................... 112
Figure 91 : Photographie de la prothèse fixée complète sur implant. (Source : Zoidis,
2017) ................................................................................................................ 112
Figure 92 : Photographie de la situation initiale lors de la première visite (a) et
radiographie panoramique (b). (Source : Oh et coll., 2017) ............................. 113
Figure 93 : a) Photographie de la prothèse fixée d’usage. b) Radiographie
panoramique après pose de la prothèse fixée mandibulaire sur implants. (Source :
Oh et coll., 2017) .............................................................................................. 113
Figure 94 : a) Photographie, vue vestibulaire, après la pose de la prothèse d’usage. b)
Photographie de face après la mise en bouche de la restauration. (Source : Oh et
coll., 2017) ........................................................................................................ 114

15
LISTE DES TABLEAUX


Tableau 1 : Température de transition vitreuse et de fusion des différents PAEK.
(Source : Giraud, 2011) ...................................................................................... 22
Tableau 2 : comparaison du module d’élasticité. (Source : Rho et coll., 1993) ........ 27
Tableau 3 : Tableau récapitulatif comparant la résistance à la flexion. ..................... 28
Tableau 4 : Tableau récapitulatif comparant les propriétés mécaniques du PEEK et du
PEKK. ................................................................................................................. 32
Tableau 5 : Propriétés mécaniques et chimiques des PEEK et PEKK commercialisés
en odontologie. (Source : Jacquot, 2017) .......................................................... 33
Tableau 6 : Tableau récapitulatif des procédures d’assemblage de BioHPP® ......... 42
Tableau 7 : Tableau récapitulatif des procédures d’assemblage de Pekkton® ivory 47
Tableau 8 : Comparaison des propriétés des matériaux communément utilisés en
prothèse provisoire. (Source : Lugagne Delpon, 2017) ..................................... 52
Tableau 9 : Moyennes des valeurs de rétention (en Newton) des crochets en PEEK,
PEKK et Co-Cr selon leurs sections, la profondeur de la contre-dépouille et le
nombre de cycles subis. (Source : Tannous et coll., 2012) ............................... 73

16
INTRODUCTION

Depuis la fin du XIXe siècle, les premières matières plastiques synthétisées


apparaissent, créés à partir de produits naturels (cellulose, …) chimiquement
modifiées. Au XXe siècle, les besoins de la guerre poussent la recherche industrielle à
développer de nouvelles matières entièrement synthétiques (PMMA, Téflon, silicone,
…). Puis à partir des années 1950, la consommation de masse et les avancées
technologiques ont introduit les plastiques dans notre vie quotidienne.

Grâce à leurs compositions particulières ainsi qu’à leurs propriétés mécaniques et


biologiques intéressantes, les Polyaryletherketones (PAEK) ont trouvé leur place dans
les grands domaines industriels, tels que l’automobile, l’aéronautique,
l’électroménager, …. Depuis les années 1980, cette grande famille de matériaux
plastiques est très prisée dans le domaine médical, comme matériau bio-implantable
en chirurgie de la colonne vertébrale et plus récemment dans les chirurgies
réparatrices crânio-faciales.

Aujourd’hui, ces matériaux entrent peu à peu dans notre arsenal thérapeutique, en
implantologie ainsi qu’en odontologie prothétique, ils restent cependant encore
méconnus.

L’objectif de ce travail est de présenter, dans un premier temps, ces matériaux de


hautes performances et d’en dégager les propriétés intéressantes en odontologie
prothétique. Nous décrirons dans une seconde partie les applications actuelles des
PAEK en odontologie prothétique, à l’aide de plusieurs cas cliniques issus de la
littérature scientifique. Nous aborderons ainsi les indications, les avantages mais aussi
les inconvénients de leurs utilisations en prothèse fixée, en prothèse amovible puis en
implantologie prothétique avant de conclure sur leur avenir en odontologie.

17
CHAPITRE 1 : LES POLYARYLETHERKETONES
(PAEK)

1. Définitions utiles

Les Polyarylétherkétones, dans la suite de ce travail abrégés PAEK, désignent une


famille de polymères thermoplastiques semi-cristallins à haute performance.

1.1. Les polymères

Les polymères représentent, de manière simplifiée, les matières plastiques et sont


utilisés par l’homme depuis la nuit des temps. Ils sont, en effet, présents à l’état naturel,
comme la cellulose et l’amidon, les cuirs, caoutchoucs et les fibres telles que le lin et
la soie.
L’arrivée des polymères synthétiques a cependant révolutionné plusieurs domaines
industriels depuis le début du XXe siècle, notamment dans les emballages
(polyéthylène), le textile (nylon), les transports, l’électroménager, le nucléaire (téflon).
Il s’agit de macromolécule composée d’un très grand nombre d’unités de répétition
appelés monomères. (Nguyen, 2014)
Les polymères peuvent être constitués d’un seul et même motif, ils sont dits
homopolymères, ou bien posséder différents monomères et seront alors appelés
copolymères. Ils peuvent également être linéaires ou ramifiés. (Figure 1) (Kurtz, 2012)

18
Homopolymère
Monomère A-A-A-A-A-A-A-A
A

Homopolymère linéaire
A-A-A-A-A-A-A-A-A-A

Figure 1 : représentation schématique d’un polymère. (Source : Kurtz, 2012)

1.2. Les polymères thermoplastiques

Le terme thermoplastique qualifie un plastique capable d’une transformation


mécanique sous l’effet de la chaleur. Il se ramollit en chauffant et durcit en
refroidissant. Cette transformation est réversible et peut être répétée.
Un polymère thermoplastique semi-cristallin se caractérise par la présence de
plusieurs phases : une phase amorphe et une phase cristalline. Il possède alors deux
phases de transitions thermiques : une phase de transition vitreuse et une phase de
fusion (Figure 2).
La température de transition vitreuse correspond à l’intervalle de température à travers
lequel la matière passe d’un état semi-liquide à un état vitreux.
A température élevée, l’agitation thermique permet une grande mobilité au sein de la
chaîne moléculaire, la matière est à l’état fondu. Lorsque la température diminue
lentement depuis l’état fondu, les chaînes s’immobilisent et peuvent dans certains cas
former des empilements réguliers et s’organiser en domaines ordonnés, appelés
cristaux. Ces derniers sont inclus dans des zones désordonnées (amorphes). La
cristallisation n’est pas complète, d’où le terme semi-cristallin (Figure 3).

19
Phase de transition vitreuse

Phase amorphe Phase vitreuse


(état semi-liquide) (semi-cristalline)

Phase de fusion

Figure 2 : schéma des différentes phases de transition thermique d’un polymère
thermoplastique.

Le taux de cristallinité est une caractéristique propre à chaque polymère et dépend


fortement de son passé thermique, la vitesse de refroidissement ou les recuits par
exemple, ce qui peut modifier ses propriétés mécaniques. On considère que pour des
propriétés mécaniques optimales, le taux de cristallinité doit être compris entre 25 et
30%.
En effet, le taux de cristallinité augmente lorsque la vitesse de refroidissement diminue,
ce qui implique une augmentation du module d’élasticité et donc une diminution de la
résistance au choc. (Giraud, 2011)

Figure 3 : représentation schématique de la microstructure d’un polymère


thermoplastique semi-cristallin (PEEK) avec des régions amorphes et cristallines.
(Source : Kurtz, 2012)

20
2. Présentation de la grande famille des PAEK

Les polyaryletherketones sont constitués d’une chaîne moléculaire de noyaux


aromatiques très stables liés par un atome d’oxygène (éther) et un groupe carbonyle
(cétone).
La figure 4 représente les PAEK au sommet de l’échelle de performance des
polymères. Le plus connu de la famille est sans nul doute le PEEK,
polyetheretherketone, que nous détaillerons par la suite. Le plus récent est le PEKK
pour polyetherketonketone dont nous étudierons également les caractéristiques. Les
PEEKK, PEK et PEKEKK font aussi partis des PAEK, cependant ils ne sont pas utilisés
en dentisterie, nous ne les développerons donc pas au cours de notre travail. (Kurtz,
2012)

Figure 4 : échelle des polymères en fonction de leurs performances. (Source : Gobert,


2013)

Les propriétés des PAEK dépendent de la distribution des fonctions éthers et cétones.
En effet, le ratio influe sur leurs résistances thermiques et leur température de mise en
forme. Plus la quantité de cétone est grande, plus la rigidité du matériau est importante,
et leur température de transition vitreuse et de fusion augmentent également.
(Salamone, 1998) Le tableau 1 résume les caractéristiques thermiques de certains
PAEK liées à leur composition chimique, plus particulièrement le rapport (N) entre le
nombre de fonctions éthers et cétones. En effet, le PEEK, avec deux fonctions éthers

21
pour une fonction cétone (N=2), possède des températures de transitions thermiques
plus basses que celles du PEKK, composé de deux fois plus de fonctions cétones.

Tableau 1 : Température de transition vitreuse et de fusion des différents PAEK.


(Source : Giraud, 2011)

POLYMÈRES N=éther/cétone T° vitreuse (°C) T° fusion (°C)

PEEK 2 143 334


PEKK 0,5 165 386
PEK 1 154 367
PEEKK 1 158 363

3. Usages des PAEK

Leurs structures chimiques polyaromatiques confèrent à ces matériaux une grande


stabilité à haute température (> 300 °C).
Ils possèdent d’excellentes propriétés mécaniques dans un intervalle de température
très variable, une bonne résistance au feu, aux produits chimiques, à l’hydrolyse, à
l’usure ainsi qu’une bonne intégrité électrique. Ces nombreuses caractéristiques
permettent l’utilisation des PAEK dans de nombreux domaines industriels.
Très prisés dans l’industrie automobile, pour les qualités citées ci-dessus mais
également pour sa mise en œuvre aisée ; les PEEK se retrouvent dans les joints, les
bagues d’embrayage, les composants de freinage ABS, les buses d’injection…
Particulièrement légers, ils participent à la course à l’allègement notamment dans
l’aéronautique. Ils sont utilisés comme matériaux de remplacement pour des métaux
usinés (acier inoxydable, aluminium, titane…), dans l’électronique, les équipements
haute tension et les milieux sensibles aux incendies etc.…
Plus récemment, ils ont prouvé leur efficacité dans le monde médical, par leur
incroyable biocompatibilité, ces matériaux inertes sont devenus une alternative
standard au titane en chirurgie orthopédique du rachis. (Kurtz, 2012)
Depuis une dizaine d’années, nous pouvons les retrouver en odontologie dans les
dispositifs temporaires/provisoires, comme les capuchons de cicatrisation et piliers
temporaires. Nous verrons par la suite tous les usages désormais possibles en
odontologie prothétique.

22
4. Dérivés des PAEK utilisés en odontologie

4.1. PEEK

4.1.1. Présentation

Le Polyétherétherkétone, dit PEEK, est le plus connu de la famille des PAEK. Il s’agit
d’un matériau polymère synthétique de faible poids moléculaire, très résistant aux
hautes températures, à la corrosion et aux produits chimiques, qui en fait un matériau
très intéressant dans de nombreux domaines industriels. Breveté en 1963 puis
commercialisé en 1978 par la société Imperial Chemical Industries (ICI), il est depuis
utilisé dans les secteurs de l’aérospatial, l’automobile, les transports ferroviaires, le
nucléaire et également très prisé dans le domaine médical comme matériau bio-
implantable.
Appelé poly(oxy-1,4-phénylèneoxy-1,4-phénylènecarbonyl-1,4-phénylène) en
nomenclature universelle, sa structure chimique est très similaire à celles de ses
homologues PAEK avec deux fois plus de fonctions éthers que cétones. Sa formule
est présentée ci-dessous (Figure 5).

Figure 5 : formule chimique du Polyetheretherketone avec deux fonctions éthers


(orange) et une fonction cétone (bleu). (Source : Kurtz, 2012)

En odontologie, il existe plusieurs types de PEEK commercialisés, parmi lesquels nous


pouvons citer :
- BioHPPÒ de Bredent en système pressé ou en CFAO
- JUVORAÔ Dental Disc de Juvora en CFAO
- DENTOKEEP PEEK Disc de NT Trading en CFAO.

23
4.1.2. Biocompatibilité et potentiel allergène

Le terme biocompatibilité fait référence à la capacité d’un matériau à remplir sa


fonction souhaitée vis à vis d’une thérapie médicale, sans provoquer d’effets
indésirables locaux ou systémiques chez le receveur de cette thérapie, tout en
générant la réponse la plus appropriée dans cette situation et en optimisant la
performance clinique de cette application médicale. (Williams, 2008)
Depuis plus de vingt ans, la biocompatibilité des PEEK est étudiée. Les études in vitro
menées par Katzer et coll. n’ont montré aucune preuve d’activité cytotoxique ou
mutagène. (Katzer et coll., 2002) Wenz et coll. ont également démontré que le PEEK
possède une « excellente » biocompatibilité cellulaire in vitro. (Wenz et coll., 1990)
Les études in vivo menées par Rivard et coll. sur les tissus nerveux du lapin ont montré
une réaction normale des tissus nerveux vis-à-vis des matériaux PEEK et aucune
réaction indésirable (nécrose, inflammation) n’a été démontré. Il en conclut que le
PEEK n’est pas cytotoxique. (Rivard et coll., 2002)
Williams et coll. ont mis en évidence la réponse inflammatoire des tissus mous après
l’implantation intramusculaire de disques en PEEK chez le rat, sur une période de six
mois. Leurs observations ont suggéré que le PEEK provoquait une « réponse
minimale » du tissu musculaire, mais sans signe d’une irritation réelle des tissus.
(Williams et coll., 1987)
De plus, le PEEK est connu pour être un matériau inerte ; il ne relargue pas d’ions ou
de constituants, ni ne créée de réaction indésirable avec les tissus durs ou mous.
(Toth, 2012)
D’après ces études, les matériaux PEEK n’ont pas de potentiel allergène. Cette
propriété est une des plus intéressantes du PEEK, et est à la base de nombreuses
recherches en odontologie prothétique, afin d’envisager la prothèse sans métaux et
de créer une alternative durable pour les patients qui y sont allergiques ou intolérants.
D’après ces nombreuses études, le PEEK est donc un matériau inerte biologiquement
parlant, non cytotoxique, non mutagène, sans potentiel allergène et répond aux
exigences de la norme ISO 10993 relative aux dispositifs médicaux et à leurs
évaluations biologiques.

24
4.1.3. Propriétés chimiques et thermiques

Déjà évoqué précédemment, le PEEK présente une grande résistance chimique et


thermique, due à sa structure moléculaire.
En effet, sa température de dégradation est de l’ordre de 490°C et ses propriétés
mécaniques sont encore bonnes jusqu’à 250°C. (Giraud, 2011)
Le PEEK est insoluble dans la plupart des solvants et possède une grande résistance
à l’eau à température ambiante et élevée. Cette forte résistance à l’hydrolyse lui
permet de résister à des cycles de stérilisation à 138 °C sans diminuer ses propriétés
mécaniques. (Schweitzer, 2000)

4.1.4. Propriétés optiques et esthétiques

Comparée aux restaurations prothétiques uniquement métalliques, la couleur blanche-


crème des PEEK et des PEKK, est plus attrayante pour les patients exigeants au
niveau esthétique (figure 6). De plus, ils possèdent un faible degré de décoloration.
Cependant, le manque de transparence, de luminosité et leur couleur blanchâtre
justement, ne permettent pas à ces matériaux une réhabilitation monolithique en
secteur antérieur. (Skirbutis et coll., 2017)

Figure 6 : Photographie d’un bridge en PEEK, la couleur est terne et blanchâtre.


(Source : Victrex, 2015)

Dans certains cas, cette couleur blanchâtre peut avoir un avantage esthétique,
notamment avec le système Novaloc® en PEEK, qui sera détaillé dans la quatrième
partie de ce travail.

Les PAEK sont radiotransparents et n’engendrent pas d’artefacts. Un pâle halo est
visible sur la radiographie. Cette propriété pourrait éventuellement aider à détecter
des caries sous couronnes ou encore du ciment de scellement résiduel. A contrario,
la radiotransparence peut également rendre difficile la vérification radiographique de

25
la bonne adaptation d’un élément prothétique (mise en place d’un pilier implantaire
en PEEK, …) (figure 7). (Al-Rabab’ah et coll., 2017; Zoidis et coll., 2017)

Figure 7 : Radiographie après la mise en place de piliers de cicatrisation en PEEK.


Les piliers sont radiotransparents. (Source : Koutouzis et coll,. 2011)


4.1.5. Propriétés mécaniques

Les propriétés mécaniques du PEEK répondent aux normes ISO 10477 relatives aux
matériaux à base de polymère utilisés dans l’art dentaire.

• Densité

Le PEEK possède une densité très faible de l’ordre de 1,3 g.cm-3. À volume égal de
matériau, le titane, utilisé dans les piliers supra-implantaires et les suprastructures, est
environ 3,5 fois plus lourd que le PEEK avec une densité de 4,4 g.cm-3. Les alliages
non précieux, tels Nickel-Chrome (Ni-Cr) et Cobalt-Chrome (Co-Cr), sont environ six
fois plus lourd que le PEEK à volume égal, avec une densité de 7,5 g.cm -3. (Gregoire
et coll., 2009; Dejou, 2009)
C’est donc un matériau très léger, et cette caractéristique est tout à fait intéressante
en prothèse amovible notamment et permet de concevoir une prothèse légère pour
plus de confort en bouche.

26
• Module d’élasticité

Le module d’élasticité, aussi appelé module de Young, est une constante qui relie la
contrainte de traction appliqué à un matériau et la déformation (allongement) de ce
matériau qui en résulte.
Plus le module d’élasticité est élevé, plus le matériau est rigide. Le module de Young
du PEEK se situe entre 3 GPa et 4 GPa.
Le tableau 2 compare le module d’élasticité du PEEK à d’autres matériaux utilisés en
odontologie prothétique, comme le titane, les alliages Cobalt-Chrome et Nickel-
Chrome, ainsi qu’à l’os cortical. Il nous permet de déduire que son module est faible
et se rapproche de l’os cortical et de la dentine (15 GPa). Etant aussi élastique que
l’os, le PEEK peut alors agir comme un « interrupteur de contraintes », aussi appelé
« Off-Peak » et réduire les forces transférées de la restauration aux structures
dentaires en les absorbant. Son utilisation pourrait être intéressante dans le cas de
racines faibles et être un atout dans les armatures de grande portée. (Zoidis et coll.,
2017)

Tableau 2 : comparaison du module d’élasticité. (Source : Rho et coll., 1993)

Comparaison du module d'élasticité


250 225
200
200

150
110
100 79

50
14
4 5
0
PEEK PEKK Os cortical Or Titane Co-Cr Ni-Cr

Module d'élasticité (GPa)


27
• Résistance à la flexion

Le test de flexion est un essai mécanique utilisé dans le but de connaître la résistance
à la flexion d’un matériau et sa résistance à la rupture. La flexion est la courbure
obtenue sur une éprouvette posée sur deux appuis à ses extrémités, après l’action
d’une force exercée en son milieu.
La résistance à la flexion est principalement exercée sur le groupe incisvo-canin lors
de la mastication. (Jacquot, 2009)
La résistance à la flexion du PEEK est de l’ordre de 180 MPa selon les données de
BioHPP® de Bredent. (Bredent, 2013) Le tableau 3 montre qu’elle se rapproche des
valeurs de l’os, de l’émail et de la dentine, qui sont respectivement de 150 MPa, < 180
MPa et < 207 MPa. (Perelmuter et coll., 2009)
La résistance à la flexion du titane (grade 5) est de l’ordre de 950 MPa. Dans le cadre
de restauration implantaire, la résistance à la flexion est très élevée et le risque de
résorption osseuse est grande autour de l’implant. De ce fait, la résistance à la flexion
du PEEK semble plus adaptée que celle du titane. (Rocchi, 2016)

Tableau 3 : Tableau récapitulatif comparant la résistance à la flexion.

Comparaison de la résistance à la flexion


1000
950
900
800
700
600
500
400
300 180 200 180 207
200
150
100
0
PEEK BioHPP® PEKK Pekkton® Os cortical Émail Dentine Titane

Résistance à la flexion (MPa)

28
• Résistance à la traction

L’essai de traction consiste à appliquer une force de traction sur une éprouvette
standardisée du matériau à évaluer. Il permet de connaître le comportement
mécanique du matériau. (Jacquot, 2009)
La résistance à la traction est de 80 à 100 MPa. Elle se rapproche de la résistance à
la traction de l’os cortical (120 MPa). (Tannous et coll., 2012; Najeeb et coll., 2016)

• Résistance à la compression

L’essai de compression consiste à placer une éprouvette sur une presse et à exercer
deux forces axiales opposées.
La résistance à la compression s’exerce essentiellement sur les faces occlusales des
dents postérieures lors de la mastication.
Selon les données de Victrex®, le PEEK pur non renforcé en fibre de carbone est de
125 MPa. La résistance à la compression de l’os est d’environ 190 MPa et celle de la
dentine est d’environ 300 MPa, plus élevées que le PEEK. Ce dernier possède donc
une résistance en compression relativement faible. (Bolla et coll., 2009)

• Résistance à la fatigue

La fatigue est la diminution des propriétés mécaniques d’un matériau soumis à une
charge cyclique.
Le PEEK possède une bonne résistance à la fatigue, enregistrée à environ 1 million
de cycles, selon les données Victrex®.
La littérature semble corroborer ces données, cependant aucune étude scientifique
sur la résistance à la fatigue du PEEK n’a été trouvée.

Afin d’augmenter ses performances mécanique ou esthétique, le PEEK peut être


modifié. Il peut, en effet, se présenter pur ou encore renforcé en charge de céramique
ou en dioxyde de titane, cela dans le but d’optimiser son aspect. En revanche,
certaines applications cliniques comportant des contraintes de forces élevées
imposent un matériau solide pouvant répondre aux critères requis.

29
C’est ainsi qu’il existe un PEEK renforcé en fibre de carbone, plus dur à travailler mais
dont les capacités mécaniques seraient accrues. Ce dernier est plutôt utilisé en
comme implant dentaire. Récemment, des tenons en PEEK renforcé en fibre de
carbone sont mis à l’étude dans le cadre de restaurations corono-radiculaires, en
alternative au traditionnel tenon en fibre de verre. Cependant, ces modifications
pourraient peut-être remettre en question la parfaite biocompatibilité du PEEK,
notamment par l’utilisation du dioxyde de titane aujourd’hui controversée. La recherche
se poursuit sur les améliorations à apporter à ce jeune matériau de l’arsenal dentaire.
(Dubois, 2015)

4.2. PEKK

4.2.1. Présentation

Le polyétherkétonekétone, PEKK, est le dernier né de cette famille. Encore très récent,


il présente toutefois d’excellentes caractéristiques, le plaçant au-dessus du PEEK.
Il a été synthétisé pour la première fois en 1962 par W.H.Bonner, puis développé et
mis sur le marché en 1988 par l’entreprise DuPont aux Etats-Unis, dans le domaine
aérospatial. Depuis les années 2000, la société Oxford Performance Material
développe les applications du PEKK. En 2015, des implants crâniaux en PEKK par
impression 3D ont été élaborés.
Le poly(oxy-1,4-phenylenecarbonyl-1,4-phenylenecarbonyl-1,4-phenylene), en
nomenclature universelle, est composé de deux fonctions cétones pour une fonction
éther, ce qui rend la chaine moléculaire plus rigide et augmente ses propriétés
mécaniques.

Figure 8 : formule chimique du Polyetherketoneketone avec une fonction éther


(orange) et deux fonctions cétones (bleu). (Source : Wypych, 2016)

30
En odontologie, le PEKK est disponible sous le nom de Pekkton®ivory de
Cendres+Métaux, un dérivé de OXPEKK® utilisé depuis plusieurs années comme
matériaux implantable en médecine (arthrodèse cervicale en PEKK).

4.2.2. Biocompatibilité

Le matériau de base OXPEKK®, développé par Oxford Performance Material, a subi


les tests de biocompatibilité, cytotoxicité, génotoxicité, selon la norme ISO 10993 et a
été approuvé par la FDA aux Etats-Unis. Aucun risque cytotoxique ou génotoxique n’a
été démontré.

4.2.3. Propriétés chimiques

Tout comme ses semblables de la famille des PAEK, la structure chimique de PEKK
lui confère une grande stabilité chimique, il est insoluble dans de nombreux solvants
et une bonne résistance à l’hydrolyse à température ambiante et élevée.
(Cendres+Métaux, 2015; Adamzyk et coll., 2016)

4.2.4. Propriétés mécaniques

Le PEKK est un matériau récent, les propriétés citées dans les articles scientifiques
sont régulièrement celles des fabricants.

• Densité

Tout comme le PEEK, PEKK est un matériau très léger avec une densité moyenne de
1,4 g.cm-3. (Cendres+Métaux, 2015)

• Module d’élasticité

Son module d’élasticité est de l’ordre de 5 GPa pour Pekkton® ivory. (Jacquot, 2017)
Il est proche de celui de l’os cortical (14 GPa) et de la dentine. Cette caractéristique
importante, lui permet de jouer un rôle « d’interrupteur de contraintes » et réduire les
forces transférées aux structures dentaires, à l’instar du PEEK.

31
• Résistance à la flexion

La résistance à la flexion est comprise entre 140 et 200 MPa selon les données de
OXPEKK®, et de 200 MPa pour Pekkton® ivory. (Jacquot, 2017) Ces valeurs sont très
similaires au PEEK et donc aux valeurs de l’os, la dentine et l’émail.

• Résistance à la traction

La résistance à la traction du PEKK est de l’ordre de 110 MPa à 115 MPa, selon les
données de OXPEKK® et Pekkton® ivory. (Jacquot, 2017)

• Résistance à la compression

La résistance à la compression du PEKK est légèrement supérieure au PEEK, selon


les données de Pekkton® ivory. Sa résistance est de l’ordre de 240 MPa. Il reste
cependant inférieur à la dentine (300 MPa). (Cendres+Métaux, 2015)

• Résistance à la fatigue

La résistance à la fatigue du PEKK est légèrement supérieure à celle du PEEK,


d’environ 1,2 millions de cycles selon Pekkton® ivory. (Cendres+Métaux, 2015)

Le tableau 4 résume les propriétés mécaniques du PEEK et du PEKK en comparaison


aux tissus naturels.
Tableau 4 : Tableau récapitulatif comparant les propriétés mécaniques du PEEK et du
PEKK.

PEEK PEKK Os cortical Dentine Email


Résistance à la flexion 180 GPa 200 GPa 150 GPa 180 GPa 207 GPa
Résistance à la traction 80-100 GPa 110-115 GPa 120 GPa - -
Résistance à la compression 125 GPa 240 GPa 190 GPa 300 GPa -
Fatigue 1 Million 1,2 Millions - - -
Densité 1,3 g.cm-3 1,4 g.cm-3 - - -

32
5. Dérivés spécifiques adaptés à l’art dentaire

Il existe différents PEEK et PEKK commercialisés pour la pratique dentaire. Selon les
fabricants, ils ont chacun leurs caractéristiques propres bien qu’ils soient assez
semblables, comme nous le montre le tableau 5. Nous développerons uniquement le
PEEK BioHPP® de Bredent ainsi que le PEKK Pekkton® de Cendres+Métaux, les
matériaux les plus avancés dans la littérature scientifique et sûrement les plus utilisés
malgré leur relative jeunesse dans notre domaine.

Tableau 5 : Propriétés mécaniques et chimiques des PEEK et PEKK commercialisés


en odontologie. (Source : Jacquot, 2017)

Résistance Résistance Module


Industriels Marques Absorption Solubilité
traction flexion d'élasticité
BioHPP® (pressée)
-3 0,1
Bredent BreCam.BioHPP® 180 MPa 4,6 GPa 6,5 µg.cm -3
µg.cm
(CFAO)
Cendres+ Pekkton® (pressée) -3 0,2
115 MPa 200 MPa 5 GPa 8,7 µg.cm -3
Métaux Pekkton® (CFAO) µg.cm
VESTAKEEP® PEKK
Evonik 110 MPa 175 MPa 4,8 GPa 0,40%
(CFAO)
TM
PEEK-OPTIMA
Juvora 108 MPa 170 MPa 4,2 GPa
(CFAO)

5.1. BioHPP® : un exemple de PEEK développé pour l’odontologie



5.1.1. Présentation

BioHPP® est un matériau thermoplatique de haute performance de la gamme Bredent.


Il est composé à 80% de PEEK et 20% de charges de céramiques de 0,3 à 0,5 µm de
diamètre. Les charges nanocéramiques apportent un rôle de pigments ; BioHPP® est
de couleur blanche mais disponible à ce jour en trois couleurs : blanche, dentine et
rose. La finesse des grains de céramiques lui confère d’excellentes aptitudes au
polissage et évite par la suite le dépôt de plaque dentaire.
BioHPP® est disponible sous forme de granules, de pellets ou de disques à usiner,
comme le montre la figure 9. Il peut être mis en œuvre suivant trois techniques

33
différentes, par pressée, par moulage par injection ou encore par le procédé de
Conception et Fabrication Assistées par Ordinateur (CFAO).

a) b)

c)
Figure 9 : a) granules de BioHPP®, b) pellets de BioHPP®, c) disques à usiner
BioHPP®. (Source : Bredent, 2013)

5.1.2. Mise en œuvre

• Procédure de pressée

La figure 10 présente le système For 2 Press de Bredent, conçu pour la mise en œuvre
de BioHPP® en utilisant la technique de coulée à cire perdue.

34
Figure 10 : Système For 2 Press de Bredent. (Source : Bredent, 2013)

Après la réalisation de la maquette en cire, on procède à la mise en revêtement dans


un cylindre de pressée avec un matériau de revêtement prévu à cet effet. Le cylindre
est ensuite préchauffé dans un four de chauffe de 630 °C à 850 °C, afin de faire fondre
la cire (figure 11). On laisse ensuite refroidir à 400 °C, température de fusion de
BioHPP®.

a) b)
Figure 11 : a) Photographie représentant la mise en revêtement de la maquette en cire
(bleu) montée sur une tige de coulée (vert) dans un cylindre de pressée. b)
Photographie montrant le BioHPP® fondu, l’aspect doit être crémeux et homogène.
(Source : Bredent, 2013)

On peut alors introduire BioHPP®, sous forme de granules ou de palets, la quantité


étant fonction du poids de cire. Lorsque BioHPP® est correctement fondu, avec une
apparence crémeuse et homogène, le cylindre est ensuite transféré dans le système
For 2 Press.
Le processus de pressée démarre automatiquement sous vide, puis on laisse refroidir
le cylindre à température ambiante en maintenant la pression de pressée.

35
Le processus de pressée dure environ 35 minutes, le prothésiste peut ensuite
procéder au démoulage.
Les résidus de matériaux de revêtement pourront être éliminés lors d’un sablage à
l’oxyde d’alumine sous pression de 2 à 3 bars.
Le contrôle de l’ajustage de la pièce prothétique peut se faire à l’aide d’une fraise en
carbure de tungstène. Les retouches par meulage ou polissage sont facilement
réalisables sans risque de modifier les propriétés mécaniques, à l’inverse de la zircone
par exemple. On peut ensuite procéder au conditionnement. (Bredent, 2013; Gerard,
2015)
La figure 12 résume les étapes de mise en œuvre de BioHPP® lors de la procédure
de pressée.

Figure 12 : Organigramme récapitulatif du processus de pressée de BioHPP®.

36
• Technique d’usinage par CFAO

BioHPP® peut également être usiné en Conception et Fabrication Assistées par
Ordinateur, dans un appareil de fraisage standard, en utilisant des disques de fraisage
breCAM.BioHPP® associés à des fraises breCAM.cutter spécialement conçues à cet
effet tout en suivant les recommandations du fabricant (fraises et vitesses de coupes).
Cette technique est utilisée pour la réalisation de pièces prothétiques unitaires,
d’infrastructures de bridges, de piliers personnalisés ou encore de barres supra-
implantaires.
Dans un avenir où la numérisation prend une place de plus en plus grande dans nos
thérapeutiques, la capacité d’usinage du PEEK est un de ses atouts majeurs et fait de
ce matériau un rival potentiel du titane pour les années à venir. En effet, l’usinage du
titane est particulièrement cher alors que les matériaux thermoplastiques sont
beaucoup moins coûteux à mettre en œuvre. Par exemple, d’après les données
industrielles, la marque Invibio® a estimé devoir changer de fraise à usiner après la
réalisation de 10 bridges de trois éléments en céramique, alors que les fraises étaient
encore utilisables après avoir usiner 50 bridges de trois éléments en PEEK. (Invibio®,
2011)

• Coulée par injection

Peu utilisé dans la mise en œuvre du PEEK, le système Thermopress 400 de Bredent,
conçu pour la mise en œuvre de résines thermoplastiques, permet toutefois la
réalisation de châssis en Bio XS® (PEEK) par la technique de coulée par injection.
Afin de compenser la contraction de prise pendant le refroidissement, il faudra utiliser
un plâtre spécial à expansion pour la conception du modèle en plâtre. Lors de la
réalisation de la maquette en cire, il faudra également veiller à sur-dimensionner
l’épaisseur des crochets, les faire plus courts et s’appuyer sur le collet des dents. Lors
de la mise en moufle, la maquette est reliée par des tiges d’injection de 10mm de
diamètre. Les granules de Bio XS® sont fondus lors du préchauffage du Thermopress.
Vient ensuite le temps de l’ébouillantage des moufles et une fois placées dans
l’appareil, on pourra lancer l’injection. Après refroidissement, on pourra démouler et
contrôler l’ajustage de la pièce prothétique.

37
5.1.3. Procédure d’assemblage

La couleur blanche à grisâtre du PEEK ainsi que sa faible translucidité, limitent son
utilisation, notamment dans le cadre des restaurations monolithiques en secteur
antérieur. Afin de palier ce désavantage esthétique, le PEEK sera recouvert de résine
composite. Aujourd’hui encore, de nombreuses études sont menées sur les capacités
adhésives du PEEK. En effet, sa grande résistance à la plupart des solvants
chimiques, due à sa structure moléculaire particulière, et sa faible énergie de surface
sont un défi pour l’amélioration de sa liaison au composite cosmétique, et à son collage
aux tissus dentaires.

• Conditionnement

Dans le cadre de restaurations fixées, une résine composite cosmétique sera


appliquée afin de recouvrir l’infrastructure en PEEK. La liaison doit être suffisante pour
garantir la pérennité de la restauration. Plusieurs études ont été menées sur les
traitements de surfaces mécaniques et chimiques du PEEK, sur les agents de
couplage, les systèmes adhésifs et les résines composites pour améliorer et atteindre
des forces de liaisons adéquates.
Selon les recommandations de BioHPP® de Bredent, après vérification de la pièce
prothétique et des éventuelles retouches, l’infrastructure est sablée avec des
particules d’oxyde d’aluminium de 110 µm de diamètre sous une pression de 2 à 3
bars, à une distance d’au-moins 3 cm (figure 13).

a) b)
Figure 13 : a) Retouches de la pièce prothètique. b) Sablage de la pièce coulée.
(Source : Bredent, 2013)

38
On applique ensuite un primaire d’accroche spécifique de la marque Bredent, visio.link
(PMMA), afin d’obtenir une cohésion suffisante entre le composite cosmétique et
l’infrastructure en BioHPP®. L’ensemble est alors revêtu d’un composite. Selon
Bredent, toutes les résines composites peuvent être utilisées, avec une préférence
pour la résine de cette même gamme visio.lign®. Pour finir, un polissage minutieux est
effectué (figure 14). (Bredent, 2013)

a) b)
Figure 14 : a) Mise en place d’une couche de composite cosmétique. b) Polissage de
la pièce prothétique. (Source : Bredent, 2013)

Dans la littérature, différents protocoles ont été étudiés :


- En l’absence de traitement de surface, l’adhésion est insuffisante. La
topographie de surface et la structure chimique du PEEK affectent l’adhésion
aux adhésifs. La microrugosité augmente la surface de contact du PEEK avec
l’adhésif et augmente donc leur cohésion. (Hallmann et coll., 2012) Ainsi
certaines études ont testé des traitements de surfaces chimiques comme le
mordançage à l’acide sulfurique. L’hypothèse, selon laquelle, l’acide sulfurique
crée une surface poreuse et perméable permettant d’accroître l’adhésion
micromécanique, n’est pas encore acceptée de tous. (Silthampitag et coll.,
2016)
- L’utilisation d’un système adhésif est essentielle pour établir une liaison forte à
la résine composite. Sans adhésif aucune adhésion n’a été démontrée. De plus
sa composition chimique influence l’adhésion. Il semblerait que les meilleurs
résultats ont été obtenus avec les systèmes adhésifs à base de monomères de
méthylméthacrylates. (Stawarczyk et coll., 2014) L’utilisation de visio.link,
Signum PEEK Bond et Monobond® Plus a été mise en évidence pour des petits
bridges. (Stawarczyk et coll., 2015)

39
Le meilleur traitement de surface n’a pas encore été trouvé, il est ainsi difficile d’établir
des recommandations générales.
• Revêtement cosmétique

BioHPP® peut-être recouvert de différents matériaux comme les résines composites


ou encore les céramiques (figure 15). La céramique ne sera cependant pas cuite sur
la base en PEEK mais assemblée par collage. Bredent recommande l’utilisation des
composites cosmétiques de la gamme visio.lign®. (Bredent, 2013)
La cohésion entre BioHPP® et le matériau cosmétique est primordiale pour la
pérennité des prothèses fixées.
Selon Bredent, la résistance à la cohésion a été testée et respecte les normes EN ISO
10477, dont la valeur minimale autorisée est de 5 MPa, cependant les valeurs
communément acceptées en cliniques sont de 15 MPa au minimum. Il semblerait que
des valeurs supérieures à 25 MPa auraient été obtenues à l’aide du primaire
d’adhésion visio.link.
L’utilisation de rétentions micromécaniques, telles que des perles ou des paillettes de
rétention, peut éventuellement être utilisée avant l’application d’un adhésif, afin
d’optimiser la cohésion. Pour finir, une couche d’opaque est appliquée avant la mise
en place du composite cosmétique. (Bredent, 2013)
Une étude propose un traitement par Air Abrasion avec des particules d’alumines de
50 µm suivi d’un mordançage à l’acide sulfurique avant l’application du système
adhésif. (Uhrenbacher et coll., 2014)
Dans le cadre d’un bridge collé, Zoidis et Papathanasiou ont procédé ainsi : après un
traitement de l’infrastructure en BioHPP® par Air abrasion de particules d’alumines de
110 µm de diamètre, un primaire d’accroche est appliqué (visio.link) avant d’être
recouvert par une résine composite par photopolymérisation indirecte (Gradia, GC).
(Zoidis et Papathanasiou, 2016)

40
Figure 15 : coupe schématique des différentes structures d'une prothèse avec une
armature en BioHPP® et une partie esthétique en résine composite. (Source : Bredent,
2013)

• Scellement ou collage

L’assemblage des restaurations BioHPP® en bouche se fait généralement selon un


protocole classique de collage des céramiques ou composites, selon Bredent.
Un conditionnement des surfaces à coller sera nécessaire, en commençant par le
sablage de la pièce prothétique en BioHPP® à l’oxyde d’aluminium de 110 µm de
diamètre.
En revanche, d’après le fabricant Bredent, les couronnes provisoires BioHPP®
peuvent être scellées avec un ciment provisoire, type oxyde de zinc sans eugénol ou
à base de silicone A, sur des infrastructures implantaires métalliques ou en dioxyde
de zirconium ou sur l’émail et la dentine. Et inversement, une couronne en alliage
métallique, en dioxyde de zirconium, ou en BioHPP® peut être scellée provisoirement
sur un pilier en BioHPP® avec ces mêmes ciments provisoires. Un primer type
visio.link n’est pas requis pour le scellement provisoire.
Dans le cas de scellement d’usage, un sablage est toujours recommandé, puis
l’application d’un primer (type visio.link) puis l’utilisation d’une colle adhésive (type
PANAVIAÔ, Variolink®) est préférée à un ciment auto-adhésif ou un ciment verre-
ionomère. (Bredent, 2013)
Andrikopoulou et Zoidis ont, eux, procédé comme suit : l’infrastructure en BioHPP®
subit un sablage à l’oxyde d’aluminium de 50 µm, elle est ensuite plongée dans un
bain d’alcool à ultrason pendant 5 minutes puis recouvert du primer visio.link.

41
Du côté des dents supports de la prothèse, elles sont traitées par acide
orthophosphorique à 37%. Pour finir une colle dual, type PANAVIAÔ, est appliquée.
(Andrikopoulou et coll., 2016)
Le tableau 6 résume les différentes procédures d’assemblage actuellement
recommandées pour le BioHPP®.

Tableau 6 : Tableau récapitulatif des procédures d’assemblage de BioHPP®

• Sablage oxyde d’aluminium (Bredent, 2013)


Traitement de • Air abrasion + mordançage acide sulfurique (Uhrenbacher
surface et coll., 2014)
• Mordançage acide sulfurique (Silthampitag et coll., 2016)

• Primaire d’accroche (Bredent, 2013)


Système adhésif • Monomères de méthacrylates (Stawarczyk et coll., 2014)

• Résine composite
Revêtement • Résine acrylique
cosmétique • PMMA
• Céramique

• Conditionnement : sablage
Scellement ou • Oxyde de zinc sans eugénol (provisoire)
collage
• Collage : primaire + colle adhésive (Bredent, 2013)

5.2. Pekkton® Ivory : un exemple de PEKK



5.2.1. Présentation

Pekkton® ivory est un matériau thermoplastique de hautes performances de la société


Cendres+Métaux. Il est composé à 80% de polyetherkétonekétone et 20% de charges
de dioxyde de titane. Les charges augmentent les qualités de polissage, de brillance
et de pigmentation au matériau. (Tipton, 2015)
De couleur blanchâtre, il existe sous forme de lingotins de pressée ou de disques à
usiner (figure 16).

42
Malgré les perspectives qualitatives de Pekkton® ivory, une question reste en
suspens. En effet, le terme « sans métal » est parfois lisible sur le site internet de
Cendres+Métaux, cependant la présence de dioxyde de titane suggère un apport,
même infime, de métal : Peut-on tout de même utiliser le label « sans métal » ?

a) b)
Figure 16 : a) lingotins de pressée Pekkton® ivory, b) disques à usiner Pekkton® ivory.
(Source : Cendres+Métaux, 2015)

5.2.2. Mise en œuvre

Les mises en œuvre de Pekkton® décrit ci-dessous est celle recommandée par le
fabricant.

• Technique de pressée

La mise en œuvre de Pekkton® ivory suit la méthode classique de coulée à cire


perdue. Après la réalisation des maquettes en cire, les tiges de coulée sont placées
avant la mise en revêtement dans les cylindres de pressée. Une fois le matériau de
revêtement durcit, le moufle est placé dans le four de préchauffage à une température
de 850 °C, la durée de préchauffage dépendant du poids du cylindre choisit. Pour la
suite, PEKKtherm est une machine conçue pour stabiliser la température du moufle à
sa sortie du four, entre 385 °C et 395 °C, température de pressée de Pekkton®. En
fonction du cylindre, plusieurs programmes sont prévus. À la fin du temps estimé, les
lingots peuvent être insérés dans le moufle et replacé dans PEKKtherm jusqu’à obtenir
la bonne consistance de Pekkton® à l’aspect homogène crémeux. Puis l’ensemble est
transféré dans une seconde machine prévue spécialement pour la pressée de
Pekkton®, le PEKKpress (figure 18).

43
Les programmes de pressée diffèrent également selon le poids du cylindre, de 100 à
600 g, la pression peut varier de 0 à 6 bars. Enfin, après une phase de refroidissement,
le prothésiste procède au démoulage et aux finitions. (Cendres+Métaux, 2015) La
figure 17 résume les étapes de mise en œuvre de Pekkton® ivory par la technique de
pressée.

réalisation de la Préchauffage du
Mise en revêtement
maquette en cire cylindre à 850 °C

Mise en place des Transfert du cylindre


Une fois fondu, à
lingots de Pekkton dans PekkTherm et
bonne consistance,
dans le cylindre maintien de la
transférer le cylindre
maintenu dans température entre
dans le PekkPress
PekkTherm 385 °C et 395 °C

Après
refroidissement,
Finitions
démouler et
détourer

Figure 17 : Organigramme récapitulatif du processus de pressée de Pekkton® Ivory.

44
a) b)
Figure 18 : a) PEKKtherm. b) PEKKpress. (Source : Cendres+Métaux, 2015)

• Technique d’usinage par CFAO

Les pièces prothétiques en Pekkton® peuvent être fabriquées par le processus de


CFAO. La numérisation des données se réalise soit directement en bouche par
empreinte optique, soit depuis un maître-modèle. Le modelage est préparé sur le
logiciel avant le fraisage de la pièce en photographie figure 19. (Cendres+Métaux,
2015)

Figure 19 : usinage d'une armature en PEKK. (Source : Gobert, 2013)

45
5.2.3. Procédures d’assemblage

Par sa jeunesse, à notre connaissance, Pekkton® a été l’objet d’une seule étude
portant sur ses capacités d’adhésion et de son conditionnement. De plus, cette étude,
menée par Fuhrmann et coll., décrit un intérêt avec son fabricant. Dans cette partie, la
plupart des données exposées est présentée par Cendres+Métaux.

• Conditionnement

Fuhrmann et coll. sont les premiers à étudier les effets de différents traitements du
PEKK afin d’améliorer ses capacités d’adhésion. Ils en concluent que les méthodes
de conditionnement ont une réelle influence sur les forces de liaison. Ils démontrent
également que les meilleurs résultats ont été obtenus en combinant un revêtement de
silice (RocatecÔ Soft) avec un primer (Monobond® Plus) puis un adhésif contenant
des monomères de méthacrylates (Luxatemp Glaze & Bond). La liaison établie s’élève
à 23,6 MPa. (Fuhrmann et coll., 2014)
D’autres études seront nécessaires afin d’évaluer les effets du temps sur les capacités
d’adhésion du matériau et de les améliorer.

• Revêtement cosmétique

Pekkton® ivory peut être recouvert par différents matériaux cosmétiques comme des
dents en résine, des facettes, des résines composites esthétiques ou encore des
céramiques pressées collées, afin d’optimiser le rendu esthétique de la pièce
prothétique. Dans tous les cas, un sablage à l’oxyde d’aluminium de 110 µm de
diamètre à une pression de 2 ou 3 bars, puis l’application d’un primer d’accroche et
d’un adhésif. (Cendres+Métaux, 2015)

• Scellement ou collage

Lors d’un scellement temporaire de la pièce en PEKK, l’utilisation d’un ciment


provisoire sans eugénol est requise. Le fabricant préconise de sabler puis de silicatiser
ou silaniser l’intrados de la restauration afin d’optimiser le scellement.

46
Dans le cas de restauration définitive, un sablage de l’intrados est toujours
recommandé, tout comme l’application d’un silicate et d’un silane. Un ciment verre
ionomère, auto-adhésif ou une colle adhésive peut être utilisée. (Cendres+Métaux,
2015)

Le tableau 7 résume les différentes procédures d’assemblage recommandées


aujourd’hui pour le Pekkton® ivory.

Tableau 7 : Tableau récapitulatif des procédures d’assemblage de Pekkton® ivory

Traitement de • Silice (Rocatec® soft) (Fuhrmann et coll., 2014)


surface • Sablage + silicate ou silane (Cendres+Métaux, 2015)

Système • Primaire d’adhésion + adhésif avec monomères de


adhésif méthacrylates (Fuhrmann et coll., 2014)

• Résines composites
Revêtement • Résines acryliques
cosmétique • PMMA
• Céramiques
• Oxyde de zinc sans eugénol (provisoire)
Scellement ou • Ciment verre-ionomère
collage • Ciment auto-adhésif
• Colle adhésive (Cendres+Métaux, 2015)

47
Ce qu’il faut retenir :

Le PEEK et le PEKK, derniers nés de la grande famille des polyaryletherketones, sont


des polymères thermoplastiques de hautes performances.
Récemment introduit en dentisterie, leur excellente biocompatibilité est un atout
majeur dans l’intégration des restaurations en PEEK et PEKK dans le milieu buccal.
Leur module d’élasticité et leurs propriétés mécaniques, proches de l’os et de la
dentine, sont particulièrement intéressants pour les applications cliniques en
odontologie prothétique. En effet, ils pourraient jouer le rôle « d’interrupteurs de
charges » et ainsi répartir les contraintes harmonieusement autour des racines ou des
implants dentaires.
La facilité de mise en œuvre de ces matériaux étend leurs applications aux procédés
numériques et à la CFAO. La capacité d’usinage des PAEK est très attirante pour les
praticiens et les prothésistes dentaires.
La principale contrainte du PEEK et du PEKK réside dans leurs propriétés optiques et
esthétiques. En effet, leur couleur blanchâtre exige la mise en place d’un protocole de
recouvrement cosmétique. Cependant, la multitude des matériaux disponibles,
d’agents adhésifs et de combinaisons de conditionnement possibles, rendent très
difficile l’élaboration de recommandations générales et de protocoles bien définis.

48
CHAPITRE 2 : APPLICATIONS DES PAEK EN
PROTHÈSE FIXÉE

1. Indications générales des PAEK en prothèse fixée

Les polymères de hautes performances trouvent aujourd’hui leur place dans les
réhabilitations de prothèses fixées. Les fabricants proposent un panel d’indications,
s’approchant de l’utilisation des matériaux traditionnels. La littérature suggère que les
PAEK trouvent leur intérêt dans les prothèses transitoires et la recherche se poursuit
dans le cadre des prothèses d’usage, pour lesquelles le manque de recul clinique
oblige les fabricants à rester prudents.
Les indications en prothèse fixée restent tout de même intéressantes. Ces matériaux
peuvent être utilisés comme infrastructures de prothèses fixées unitaires ou plurales,
pour la fabrication de bridge collé, provisoires ou définitifs, en secteur esthétique ou
postérieur.
Ces matériaux sont surtout utilisés comme infrastructures de prothèses fixées unitaires
ou plurales, pour la fabrication de bridge collé, provisoire ou définitifs, notamment en
secteur esthétique. Les restaurations monolithiques en PAEK sont également
envisageables en secteur postérieur uniquement, dû à l’aspect blanchâtre.
Les avantages sont, sans doute, peu connus des praticiens. À l’ère du numérique, les
techniques de Conception Fabrication Assistées par Ordinateur (CFAO), de plus en
plus prisées des praticiens, sont ici particulièrement adaptées pour la réalisation des
chapes de couronnes en PAEK.
- Cendres&Métaux propose une durée en bouche de douze mois maximum
pour le port d’une couronne ou d’un bridge provisoire. Ce dernier doit se limiter à trois
éléments (figure 20). Les couronnes unitaires d’usage devraient se limiter à la zone
antérieure. (Cendres+Métaux, 2015)
- Bredent limite moins les applications de BioHPP® en prothèse fixée plurale en
autorisant jusqu’à deux éléments intermédiaires.
En ce qui concerne la préparation des dents, une préparation en congé ou en
épaulement est indiquée, selon Bredent. Les dimensions des sections de bridge et les

49
épaisseurs de revêtement conseillées par les fabricants doivent être respectées afin
de garantir la stabilité de la prothèse dans le temps.
Différents cas cliniques seront envisagés dans ce chapitre afin d’élargir nos horizons.

Figure 20 : armature de bridge en PEKK. (Source : Gobert, 2013)

2. Contre-indications générales

Le manque de recul clinique incite les fabricants à restreindre les indications de leur
matériau, notamment dans les traitements de prothèses fixées plurales, pour lesquels
certains recommandent de ne pas dépasser un élément intermédiaire, notamment en
zone postérieure. Lorsque l’espace inter-occlusal est insuffisant (<1,3 mm), la
réalisation d’une prothèse en PAEK n’est pas conseillée car la pièce prothétique ne
respecterait pas les dimensions idéales garantissant les propriétés mécaniques du
matériau. (Cendres+Métaux, 2015)
Dans les cas de fortes parafonctions tel que le bruxisme, la pérennité de la prothèse
ne serait peut-être pas garantie, bien que la résistance à l’abrasion des PAEK est
proche de la dentine et les dents antagonistes pourraient être ainsi mieux protégées.

3. Utilisation des PAEK en prothèse fixée transitoire

La restauration transitoire est essentielle dans la thérapeutique de réhabilitation


prothétique. Elle fait l’intérim entre l’étape de préparation de la dent et la fabrication
puis l’assemblage de la prothèse d’usage. Elle a pour rôle de protéger le tissu pulpaire
du milieu buccal ainsi que les tissus parodontaux, de faire le « nid » de la future
prothèse.

50
Pour ce type de restauration, les résines directes ou indirectes (PMMA, acryliques,
etc.…) sont les matériaux les plus utilisés, bien qu’elles soient parfois difficilement
polissables et irritantes pour le tissu parodontal. L’utilisation des matériaux
thermoplastiques tels que les PAEK peut s’avérer être une alternative intéressante par
leur biocompatibilité et leur mise en œuvre facile.

3.1. Avantages

Les principaux atouts des PEEK et des PEKK sont leur biocompatibilité ainsi que leur
très bonne intégration dans le milieu buccal. L’utilisation de ces matériaux peut être
particulièrement intéressante dans le cadre de restaurations transitoires à long terme.
La technique de fabrication indirecte assure une adaptation marginale et occlusale
plus précise de la prothèse transitoire et la maitrise de la rétraction de prise lors de la
polymérisation. Les couronnes monolithiques en PAEK sont tout à fait indiquées dans
les zones non esthétiques, bien qu’elles soient très peu utilisées. Pour une restauration
en zone antérieure, une infrastructure en PAEK recouverte d’une résine composite
cosmétique sera plus appropriée. La couleur blanchâtre de l’infrastructure en PEEK
combinée au composite stratifié évite l’aspect grisâtre d’une armature métallique. De
plus, les forces de liaison unissant une infrastructure en PEEK et le revêtement
composite indirect est suffisamment élevée, selon plusieurs études. (Rzanny et coll.,
2013; Keul et coll., 2014)
L’association des faibles modules de Young des PAEK et des résines composites,
semble réduire le stress occlusal, en agissant comme interrupteur de charges et ainsi
amortir la transmission des forces. Cette technique pourrait alors prévenir les
surcharges occlusales et les fractures sur les dents et les racines faibles. (Zoidis et
coll., 2017)
Des études ont comparé les propriétés mécaniques des matériaux utilisés en prothèse
provisoire, notamment les PMMA, les résines bis-acryliques et les polymères hautes
performances (PEEK, PEKK). Les PHP semblent bénéficier des meilleures propriétés
mécaniques. En effet, ils possèdent une meilleure résistance à la flexion, ils sont moins
solubles dans l’eau et leur état de surface est comparable voire meilleur (tableau 8).
De plus, les prothèses en PHP ne sont pas concernées par la présence de monomères
résiduels nocifs, contrairement aux prothèses composées de résines bis-acryliques.
(Abdullah et coll., 2016; Liebermann et coll., 2016)

51

Tableau 8 : Comparaison des propriétés des matériaux communément utilisés en
prothèse provisoire. (Source : Lugagne Delpon, 2017)

Résine composite PMMA PEEK


Résistance à la flexion (Mpa) >80 MPa 130 MPa 180 MPa
Solubilité (µg.mm-3) pas de données <0,6 µg.mm -3
<0,03 µg.mm-3
Etat de surface (µm) 0,04 µm 0,034 µm 0,034 µm

Des bridges ou prothèses fixées plurales transitoires sont également envisageables


avec ces matériaux.
En 2013, une étude a testé la résistance à la rupture d’une infrastructure de bridge en
PEEK comportant un élément intermédiaire. Les résultats ont montré une fracture de
charge à 1383 N, avec une déformation observée à partir de 1200 N. (Stawarczyk et
coll., 2013)
Une autre étude, portant sur la charge de rupture d’un bridge de trois éléments en
PMMA, a obtenu des valeurs allant de 268 N à 467 N. (Stawarczyk et coll., 2012)
Sachant que les forces de mastication enregistrées dans la région molaire sont de
l’ordre de 600 N, on pourrait estimer les PEEK comme des matériaux alternatifs aux
résines conventionnelles dans les prothèses transitoires fixées plurales. (Stawarczyk
et coll., 2013)

3.2. Inconvénients

Les propriétés esthétiques des PAEK nécessitent de procéder à un collage pour


ajouter la résine composite cosmétique, ainsi des risques de décoloration ou
d’écaillement du revêtement esthétique sont possibles. Ces défauts peuvent
cependant être réparés avec des résines conventionnelles. (Zoidis et Papathanasiou,
2016)
Malgré plusieurs études sur les propriétés mécaniques des infrastructures en PEEK
principalement, à notre connaissance, très peu voire aucune, n’a pris en compte le
vieillissement de la prothèse. D’autres études seront nécessaires pour évaluer la
pérennité des prothèses fixées à infrastructure en PAEK.

52
Bien qu’ils soient faciles à mettre en œuvre et à usiner, le prix du matériau reste élevé
pour une prothèse provisoire, pour cela une prothèse transitoire à long terme voire
d’usage pourrait être plus appropriée.

3.3. Un exemple de prothèse fixée transitoire : cas d’une coiffe


pédiatrique en PEEK

Un cas clinique de coiffe pédiatrique en BioHPP® a été présenté en Allemagne par un


chirurgien-dentiste lors d’une conférence organisée par le groupe Bredent. Ce cas
présente un enfant avec une lésion carieuse importante sur la dent temporaire 65,
visible sur la photographie figure 21a. La technique est sensiblement la même que
pour une restauration à l’aide d’une coiffe pédiatrique conventionnelle en métal. Après
l’éviction carieuse, une pulpotomie a été réalisée ainsi qu’une préparation minimale.
La coiffe est élaborée par une technique de wax up. La coiffe en BioHPP® a été collée
à l’aide d’une colle dual type Maxcem (figure 21). (Ritterbusch et Waschek, 2014)

a) b)

c)
Figure 21 : a) dent 65 cariée, b) dent 65 après pose d’une coiffe pédiatrique en
BioHPP® vue intraorale, c) vue vestibulaire de la coiffe pédiatrique en BioHPP® sur
65. (Source : Ritterbusch et Waschek, 2014)

53
3.4. Exemples de prothèse fixée plurale transitoire en PEEK

3.4.1. Cas clinique n°1

L’examen clinique et radiographique, d’un patient de 52 ans, a révélé une mobilité


excessive sur les incisives centrales mandibulaires (31, 41) et l’incisive latérale gauche
mandibulaire (32), avec une perte osseuse importante (figure 22). L’incisive latérale
mandibulaire droite (42) est légèrement mobile. Il présente également un
recouvrement augmenté et une diminution du surplomb. Le plan de traitement
comprend un suivi parodontal, l’avulsion de 31, 41 et 32 et la pose immédiate de deux
implants au niveau de feu 41 et 32. Un bridge collé, comportant une infrastructure en
PEEK et recouvert d’une résine composite indirecte, sera mis en place transitoirement,
pour toute la période d’ostéointégration.

Figure 22 : Vue vestibulaire, situation initiale des dents mandibulaires. (Source : Zoidis
et Papathanasiou, 2016)

Dix jours après la pose des implants, une empreinte en polyvinylsiloxane (en silicone)
est réalisée. Le modèle en plâtre qui en résulte est scanné en 3D avec un scanner de
laboratoire. La maquette en cire de la future infrastructure en PEEK est ensuite
élaborée par CFAO, en respectant les recommandations du fabricant, puis pressée
dans le système For 2 Press (Bredent). Cette infrastructure comprend trois
intermédiaires et s‘appuie sur les faces linguales de 42, 43 et 33. L’adaptation
marginale de la pièce prothétique est vérifiée en bouche avant la procédure de collage
du revêtement esthétique (Gradia®, GC). Un dernier ajustage occlusal et un polissage
final concluent la réalisation du bridge transitoire. Il est finalement collé à l’aide d’une
colle dual (PANAVIAÔ 21, Kuraray) (figures 23 et 24).

54
Pour le suivi, le patient a été éduqué au bon nettoyage de sa prothèse. Durant les
quatre mois de cicatrisation implantaire, aucun descellement n’a été évoqué. (Zoidis
et Papathanasiou, 2016)

a) b)
Figure 23 : a) Vue occlusale, essayage de l’infrastructure en PEEK. b) Vue occlusale,
après collage du bridge collé transitoire. (Source : Zoidis et Papathanasiou, 2016)

Figure 24 : Vue vestibulaire après collage de la pièce prothétique transitoire. (Source :


Zoidis et Papathanasiou, 2016)

Ces matériaux ont été choisis dans le but de diminuer le risque de décollement de la
prothèse. En effet, selon une étude, le descellement augmenterait en fonction du
module d’élasticité du matériau et de la mobilité des dents supports. L’important
module de Young d’une infrastructure métallique combiné à la mobilité des dents
supports, pourraient compromettre la pérennité de la prothèse transitoire, en créant un
excès de stress sur l’interface cimentaire. (Dunne et Millar 1993; Keulemans et coll.,
2015) En suivant les recommandations de collage du PEEK sur l’émail, le recours aux
matériaux de hautes performances est censé assurer une bonne rétention, en limitant
les risques de décollement de la prothèse, et permettre une option prothétique
transitoire esthétique et non invasive.

55
3.4.2. Cas clinique n°2

Un jeune patient de 14 ans se présente pour une réhabilitation de l’absence de


l’incisive latérale droite 12. L’adolescent a subi une intervention chirurgicale de
correction au niveau de la lèvre et du palais. Les autres dents permanentes sont
présentes pour son âge, à l’exception de la canine permanente gauche 23. Un
dispositif orthodontique (plaque de Hawley) a été mis en place temporairement afin de
remplacer l’incisive manquante et de préserver l’espace interdentaire pour une
restauration ultérieure (figure 25).

a) b)
Figure 25 : a) Vue occlusale après chirurgie réparatrice. b) Vue vestibulaire de la
plaque de Hawley avec le remplacement de l’incisive latérale droite manquante.
(Source : Andrikopoulou et coll., 2016)

Une solution alternative fixe, plus confortable et esthétique a été choisie en attendant
la fin de la croissance faciale et la possibilité de poser un implant en 12. Il s’agit d’une
prothèse à infrastructure en PEEK comportant l’incisive manquante en résine
composite qui sera collée sur les faces palatines des dents adjacentes à l’incisive
latérale droite.
Des empreintes maxillaire et mandibulaire sont réalisées afin d’obtenir des modèles
d’étude montés sur articulateur à l’aide d’un arc facial. Une maquette en résine
acrylique de l’infrastructure est ensuite obtenue à partir d’un wax up, selon les
exigences du matériau PEEK (BioHPP®).
L’essayage en bouche de cette maquette permet de s’assurer qu’aucune retouche des
dents n’est nécessaire, et de vérifier l’occlusion par l’absence de contacts prématurés.
Il est décidé d’étendre la prothèse jusqu’aux premières prémolaires pour garantir une
bonne stabilisation.

56
Une empreinte définitive maxillaire est réalisée en silicone ainsi qu’un second wax up
de l’infrastructure. Cette dernière est finalement coulée à la cire perdue avec le
dispositif For2Press.
L’infrastructure en PEEK est essayée et validée puis la dent manquante en résine
composite est ajoutée sur l’infrastructure et photopolymérisée (figure 26 a, b et c).
L’étape finale consiste à conditionner l’intrados et les faces palatines des dents
supports pour le collage de la prothèse. (PANAVIAÔ, Kuraray)
Le patient est éduqué et encouragé à avoir une hygiène interdentaire impeccable
(figure 26d). (Andrikopoulou et coll., 2016)

a) b)

c)

d)
Figure 26 : a) Vue occlusale lors de l’essayage de la maquette en résine acrylique. b)
Vue occlusale du résultat final avec la prothèse collée en PEEK comportant la 12
manquante. c) Vue vestibulaire du résultat final. d) Vue vestibulaire montrant le
passage des brossettes interdentaires. (Source : Andrikopoulou et coll., 2016)

57
4. Utilisation des PAEK pour la prothèse fixée d’usage

Les PAEK se prêtent bien à la prothèse unitaire d’usage. Les couronnes sont alors
composées d’une infrastructure en PEEK ou en PEKK puis recouverte dans un second
temps par une résine composite esthétique, selon les recommandations des
fabricants.

4.1. Avantages

Nombreux articles dans la littérature semblent approuver l’association d’une


infrastructure en PAEK à une résine composite esthétique : cela diminue les forces
occlusales subies par les dents grâce à leur faible module de Young. Cet aspect est
intéressant notamment pour la pérennité des prothèses fixées réhabilitant des dents
fragilisées, par de nombreux soins, des reprises de traitements endodontiques, des
racines faibles ou un terrain parodontal compromis. (Zoidis et coll., 2017)
En effet, les traitements usuels restaurent les dents avec des inlay-core métalliques
puis la mise en place de couronnes céramo-métalliques ou en céramiques.
Cependant, ces matériaux très rigides sont parfois à l’origine de fractures radiculaires
et on peut régulièrement observer une abrasion des faces occlusales plus prononcée
en regard des dents couronnées. Lorsque cela est possible, l’utilisation de tenon en
fibre de verre et d’une reconstitution directe en résine composite, remplace ces
méthodes.
Les matériaux PAEK sont également moins abrasifs comparés aux céramiques et
couronnes métalliques, ils ne risquent donc pas d’endommager les dents
antagonistes. (Gerard, 2016)

4.2. Inconvénients

L’inconvénient majeur des PAEK est leurs propriétés optique et esthétique qui ne
permettent pas de réaliser des couronnes monolithiques en secteur antérieur. Ainsi, le
recours aux résines composites est essentiel afin de recouvrir les infrastructures en
PAEK. Bien qu’esthétiques, les résines sont moins pérennes que les céramiques.

58
Il faudra probablement rebaser la résine cosmétique. Un kit de réparation, prévu à cet
effet, est disponible chez certains fabricants.
Le manque de recul clinique ne nous permet pas d’évaluer avec précision l’impact du
temps sur les couronnes fixées définitives.

4.3. Cas cliniques de prothèse fixée unitaire d’usage



4.3.1. Etude d’un inlay-core en PEKK

Depuis des décennies, les réhabilitations prothétiques sur dents dépulpées font très
souvent appel à un ancrage radiculaire (le plus souvent un inlay-core métallique) et
une reconstitution coronaire afin de garantir la rétention de la couronne. Pourtant, le
recul clinique rapporte de nombreux cas de fractures radiculaires sur ce type de
traitements. Plusieurs études s’accordent à dire que la distribution du stress autour du
tenon radiculaire est une cause majeure des fractures radiculaires. (Dilmener et coll.,
2006; Komada et coll., 2006)
La différence considérable entre les modules d’élasticité de la dentine (»18 GPa) et du
tenon intraradiculaire, en alliages métalliques par exemple (»100 GPa), entraine un
excès de stress autour du tenon, responsable des fractures radiculaires et menant à
l’avulsion de la dent. (Fraga et coll., 1998; Akkayan et Gülmez, 2002)
Depuis quelques années, les tenons en fibres de verre accompagnés d’une
reconstitution en résine composite ont fait leur apparition. Leur module d’élasticité
( » 50 GPa), plus faible que les métaux, offre une meilleure distribution du stress autour
du tenon radiculaire. (Pegoretti et coll., 2002; Okada et coll., 2008)
Une étude a récemment comparé, par une analyse numérique 3D, trois systèmes
d’ancrage et la répartition du stress qu’ils engendrent sur l’ensemble de la dent. Un
inlay-core en alliage métallique, un second en PEKK et un tenon fibré préfabriqué avec
un faux moignon en résine composite ont été étudiés. Cette expérimentation virtuelle
menée sur une incisive centrale maxillaire, a ainsi établi différents modèles de
répartition des forces, s’exerçant sur la dentine radiculaire, le ciment de scellement,
l’inlay-core lui-même et sur la restauration coronaire. De manière globale, les
contraintes semblent moins importantes dans le cas du PEKK.

59
Pour l’alliage métallique et le tenon en fibre de verre, la répartition des forces est
généralement plus élevée que le PEKK, notamment dans la zone cervicale de la racine
et au péri-apex.
Ainsi, le PEKK présenterait une répartition favorable des contraintes, et pourrait alors
réduire le risque de fracture radiculaire par rapport aux matériaux conventionnels. Ceci
serait dû à son module d’élasticité, plus faible que celui de la dentine. Il semblerait
également que, malgré ses propriétés mécaniques relativement faibles, le PEKK
possède une résistance à la fracture relativement élevée, comparée aux autres
matériaux. Cependant, l’inlay-core en PEKK présenterait apparemment les contraintes
les plus élevées au niveau de l’interface cimentaire et de la restauration coronaire et
cela pourrait augmenter le risque de descellement, de la couronne et de l’inlay-core
lui-même (figure 27). (Lee et coll., 2017)
Cette étude sur ce nouveau type d’inlay-core reste théorique et à notre connaissance,
aucun essai n’a été effectué en bouche, à ce jour.

Inlay-core en Tenon fibré Inlay-core en


alliage métallique PEKK

Figure 27 : coupe sagittale de la répartition des forces de contraintes sur l’ensemble


des composants de la dent, selon le modèle d’étude. (Source : Lee et coll., 2017)

60
Figure 28 : Photographie d’un Inlay-core à clavette en PEKK. (Source : Pham, 2014)


4.3.2. Exemple d’une restauration coronaire extensive en PEEK

L’endocouronne, décrite pour la première fois en 1995, est définie comme une
restauration adhésive monolithique, le plus souvent en céramique, type disilicate de
lithium. (Zoidis et coll., 2017)
Elle est parfois recommandée pour restaurer une molaire avec des racines courtes,
calcifiées ou dont la courbure ne permet pas la mise en place sécurisée d’un tenon
radiculaire. (Biacchi et Basting, 2012) En effet, la préparation d’une couronne
classique avec un système d’ancrage radiculaire est une technique délabrante, et n’est
pas sans risque lorsque la dent est déjà très atteinte. L’endocouronne offre une
approche adhésive plus conservatrice et parfois plus esthétique, n’impliquant pas de
préparations de rétention trop lourdes. Des études in vitro rapportent que
l’endocouronne génère moins de stress sur la dentine comparée aux restaurations
conventionnelles, et de surcroît, les dents seraient potentiellement plus résistantes à
la fracture par rapport à une restauration par inlay-core métallique ou par tenon fibré.
(Chang et coll., 2009; Dejak et Młotkowski, 2013) Cependant, le recours à un matériau
moins rigide que la céramique pourrait peut-être diminuer encore le risque de fracture.
Ainsi, dans le but de diminuer les contraintes subies par une dent déjà fortement
endommagée, Zoidis et coll. présente un autre genre d’endocouronne en PEEK. Il
s’agit, en réalité, d’une infrastructure d’endocouronne en PEEK, reposant sur la
chambre pulpaire préalablement préparée, recouverte d’une résine composite
esthétique (figure 29). Ainsi, le terme « restauration coronaire extensive » semble plus
adapté que « endocouronne », faisant référence à une prothèse monobloc. Ce cas
clinique combine donc la technique de l’endocouronne, préservant au maximum les

61
tissus dentaires restants, avec des matériaux, dont leur faible module d’élasticité
permettrait de réduire le stress occlusal en absorbant les forces transmises à la dent.

Figure 29 : restauration coronaire extensive avec une infrastructure en PEEK (partie


blanche) recouverte d’une résine composite indirecte esthétique. (Source : Zoidis et
coll., 2017)

Un patient de 35 ans présente une molaire 17, ayant déjà subie plusieurs traitements
endodontiques qui se sont soldés par une perforation du canal mésial et une résorption
radiculaire apicale (figure 30). Cependant, la dent étant asymptomatique depuis le
dernier retraitement radiculaire, le choix d’une restauration coronaire fonctionnelle se
pose. L’option d’un tenon radiculaire a été écartée au profit d’une « endocouronne »
en PEEK, en raison de la perforation et de la préparation extensive des canaux.

Figure 30 : radiographie de la molaire maxillaire droite (17) avant les étapes


prothétiques. (Source : Zoidis et coll., 2017)


La dent a été préparée avec une réduction occlusale de 2 mm et une finition en
chanfrein. La chambre pulpaire a été aplatie et dépourvue de contre-dépouilles (figure
31).

62
Après une étape de restauration provisoire basique en résine, une empreinte au
silicone a été réalisée, permettant la fabrication de l’infrastructure en PEEK (BioHPP®,
Bredent) par coulée à la cire perdue. Cette infrastructure a ensuite été validée par un
essayage en bouche, puis conditionnée pour le collage de la résine composite de
recouvrement, à savoir l’utilisation d’un primer (visio.link, Bredent) puis la mise en
place et la photo-polymérisation, par couches successives de la résine composite
(Gradia®, GC). Un second essayage de la pièce prothétique avec des ajustements
occlusaux ont été effectués suivi d’un polissage méticuleux, avant son collage définitif
à l’aide d’une colle dual en résine composite (Variolink® Esthetic, Ivoclar Vivadent)
(figure 32).
Une évaluation, deux ans après la pose de la prothèse, a attesté de sa bonne rétention
ainsi que l’absence d’infiltrations. (Zoidis et coll., 2017)

a)

b)
Figure 31 : a) vue vestibulaire de la préparation pour une endocouronne avec réduction
occlusale. b) vue occlusale de la chambre pulpaire et de sa préparation. (Source :
Zoidis et coll., 2017)

63
a)

b)
Figure 32 : a) vue vestibulaire lors de l’essayage de l’infrastructure en PEEK. b) vue
vestibulaire après la pose de la prothèse. (Source : Zoidis et coll., 2017)


Cette technique d’endocouronne associée au PEEK, pourrait éventuellement protéger
davantage les structures dentaires restantes et préserver les racines faibles. D’autres
études à plus long terme seront cependant nécessaires pour démontrer l’utilité réelle
du PEEK comme matériau alternatif.

4.4. Exemple d’une technique de réalisation en prothèse fixée plurale

Un récent article de revue fait part d’une technique de mise en œuvre de prothèse
fixée plurale, utilisant la technologie CAD/CAM. Cette technique consiste à réaliser
puis à assembler deux infrastructures, l’une en PEEK qui servira d’armature, et l’autre
en composite qui recouvrira l’ensemble pour le rendu esthétique. Dans cet exemple,

64
un bridge complet maxillaire sera réalisé sur huit dents piliers préalablement
préparées, les empreintes et les modèles en plâtre ont été réalisés.
Pour commencer, une analyse rigoureuse permet de réaliser un montage directeur,
qui sera validé selon l’occlusion et l’esthétique. Le modèle en plâtre et le montage
directeur sont tous les deux scannés, puis à l’aide d’un logiciel adapté, ils peuvent être
assemblés en 3D (figure 33). Les limites des préparations et l’axe d’insertion de la
prothèse sont décidés et validés. Ce logiciel crée un montage en cire virtuel calqué sur
le montage directeur. Selon les recommandations des matériaux et une réduction
homothétique du montage directeur, l’ordinateur virtualise l’infrastructure et la couche
cosmétique (figure 34).
Après validation, les deux parties sont usinées ; L’infrastructure dans des disques à
usiner BioHPP® (Bredent), et la coque esthétique dans un disque de composite de la
gamme Bredent (HIPC) (figure 35). Puis ces parties sont sablées et une couche de
primaire d’adhésion (visio.link, Bredent) vient recouvrir l’infrastructure et l’intrados de
la structure composite avant d’être photopolymérisée. Une couche d’opaque sur
l’armature est également appliquée et polymérisée afin de renforcer l’adhésion et
l’esthétisme. Une colle composite duale (combo.lign, Bredent) est appliquée dans
l’intrados de la partie cosmétique avant son insertion sur l’armature en PEEK, puis
photopolymérisée. Après ces étapes, nous obtenons un bridge complet. Afin
d’optimiser le rendu esthétique, une technique de stratification est réalisée en résine
composite chargée en céramique (crea.lign, Bredent). Après le collage des structures,
un ressablage, et une nouvelle couche de primer, les zones cervicales sont
recouvertes d’une couche de composite « dentine ». À l’aide d’une clé en silicone, une
technique de cut-back permet de créer des découpes dans le composite pour l’étape
de caractérisation avec des pigments et des maquillants ainsi qu’une couche de
composite « incisal » (figure 36). Pour finir, un polissage minutieux est indispensable
afin d’éliminer tous monomères résiduels et d’obtenir une surface parfaitement polie
résistant à la plaque dentaire (figure 37). (Gerard, 2016)

65
Figure 33 : Image 3D des scans du maître modèle (jaune) et du montage directeur
(rouge) et visualisation de leur superposition. (Source : Gerard, 2016)

a) b)
Figure 34 : a) Image du choix de l’axe d’insertion de la prothèse, après le tracé des
limites. b) Visualisation tridimensionnelle de l’infrastructure en PEEK (blanc) et de la
coque cosmétique (jaune). (Source : Gerard, 2016)

a) b)
Figure 35 : a) Infrastructure en PEEK après son usinage. b) Coque cosmétique après
son usinage. (Source : Gerard, 2016)

66
a) b)
Figure 36 : a) Assemblage des deux structures. b) Découpe incisale et caractérisation
esthétique.

a)

b)
Figure 37 : Bridge complet après finitions, vue vestibulaire (a), vue palatine (b).
(Source : Gerard, 2016)

67
Ce qu’il faut retenir

Les Polyaryletherketones trouvent peu à peu une place parmi les matériaux
conventionnels de prothèse fixée. Ils sont principalement utilisés pour des couronnes
unitaires ou bridges de trois éléments. Le manque de recul clinique oblige les
fabricants et les praticiens à rester prudent sur la pérennité de ces prothèses.
Cependant, de nouveaux articles, mettant toujours plus ces matériaux à l’épreuve,
sont régulièrement publiés dans la littérature scientifique. Les prochaines années nous
diront si les polymères haute performance peuvent être considérés comme des
matériaux d’avenir pour la prothèse fixée.

68
CHAPITRE 3 : APPLICATIONS DES PAEK EN
PROTHÈSE AMOVIBLE

1. Indications des PAEK en prothèse amovible

L’usage des polyarylétherketones s’étend au domaine de la prothèse amovible. La


demande actuelle des patients s’oriente vers un aspect plus « sain » de la prothèse,
dépourvue de métal, et cela concerne également la prothèse amovible. Aujourd’hui,
les PAEK sont indiqués dans la fabrication d’infrastructures de prothèse amovible
partielle ou complète. Ils peuvent également être combinés avec des coiffes
télescopiques, elles-mêmes en PAEK.
L’apport de ces matériaux dans ce type de prothèse offre de nouvelles alternatives,
notamment pour les patients allergiques aux métaux ou aux résines traditionnellement
utilisés. D’un point de vue esthétique, la présence de crochets métalliques visibles
peut embarrasser certains patients. Ainsi l’utilisation des PAEK permet la fabrication
de crochet blanchâtre, plus proche de la couleur des dents. (Zoidis et coll., 2016;
Najeeb et coll., 2016)
Un cas clinique a également étudié l’utilisation du PEEK pour la réalisation d’un
obturateur maxillo-facial. (Costa-Palau et coll., 2014)

2. La prothèse amovible à infrastructure en PAEK

La volonté de plus en plus fréquente de porter une prothèse dépourvue de métal,


pousse les chirurgiens-dentistes et les prothésistes à trouver des solutions alternatives
aux prothèses amovibles partielles conventionnelles en Cobalt-Chrome.

2.1. Avantages

Dans le cadre d’allergies ou d’intolérances aux métaux ou résines acryliques, le PEEK


peut apporter de nouvelles options dans l’arsenal de la prothèse amovible partielle.
Dans le cadre de prothèse muco-portée, il est intéressant d’utiliser des matériaux
biocompatibles, très bien tolérés par les tissus mous.

69
Utilisé depuis plusieurs années déjà dans les capuchons de cicatrisation implantaires,
le PEEK est non iatrogène, non irritant, biocompatible et possède une conductivité
thermique et électrique négligeable. (Tetelman et Babbush, 2008)
Au moins six fois plus léger que les alliages Ni-Cr et Co-Cr, c’est un véritable atout
pour le confort des patients. Le « goût » et l’aspect métallique dans l’esthétique de la
prothèse, doléances fréquemment rencontrées au cabinet dentaire, sont absents dans
la prothèse amovible en PEEK.
Plusieurs études sur des châssis comparent les plaques conventionnelles en Co-Cr
avec une plaque en PEEK et évoquent l’hypothèse d’une réduction du stress exercé
sur les dents supports de crochets. En effet, les dentistes ayant testé la PAP en PEEK,
confirment une insertion et désinsertion plus douce due à sa flexibilité et pourrait
diminuer les forces scoliodontiques exercées sur les dents. Cet aspect est intéressant
dans le cadre de réhabilitation sur un terrain parodontal limite. (Fages et coll., 2016)
Dans le cas où les dents restantes présentent des versions ou des malpositions, un
châssis en PEEK pourrait être une bonne solution ; par sa flexibilité, il pourrait
s’adapter à des axes d’insertion complexes et les crochets pourraient passer sans
difficulté les contre-dépouilles. (Hosten, 2017)
Grâce à l’usinage aisé du PEEK, la conception de plaque en PEEK à l’aide de la
technologie CFAO pourrait simplifier le travail du prothésiste. En effet, très peu de
retouches sont nécessaires sur la plaque base, le polissage final peut être effectuer
en même temps que la résine. (Hosten, 2017) La méthode conventionnelle de coulée
à cire perdue est également possible, cependant des études ont mis en évidence
certains avantages dans la procédure de CFAO non négligeables tels que la
diminution du temps de travail pour le prothésiste et la diminution de la porosité de
surface, critère important pour réduire l’agglomération des micro-organismes et la
pérennité de la pièce prothétique. (El Mekawy et Gad, 2016)
D’autre part, dans le cadre de la fabrication de prothèse amovible complète (PAC),
l’apport d’une infrastructure en PAEK permettrait également de renforcer la base de la
prothèse afin de diminuer le risque de fracture de la PAC (figure 38). En effet, face à
une arcade dentée ou dotée de nombreuses couronnes en céramique, le différentiel
entre les propriétés mécaniques de la structure dentaire ou de la céramique d’une part
et la résine acrylique d’autre part peut entraîner un affaiblissement de la pérennité de
la PAC en résine.

70
Figure 38 : Vue de l’intrados d’une prothèse amovible complète sur infrastructure en
PEKK et des dents en disilicate de lithium. (Source : Dawson et coll., 2017)

2.2. Inconvénients

Du point de vue du prothésiste, certaines difficultés ont pu être rencontrées lors de la


conception des châssis de prothèses amovibles partielles en PEEK. La flexibilité du
matériau pose quelques problèmes dans la réalisation des crochets qui risquent de
casser s’ils sont trop fins. Certaines modifications des règles du dessin de plaque
pourraient être intéressantes afin de les adapter au châssis en PEEK.
L’épaississement de la plaque base semble indispensable pour contrer la relative
fragilité du matériau. Le châssis en PEEK sera donc plus volumineux que le châssis
conventionnel en Co-Cr (figure 39).

a) b)
Figure 39 : Comparaison entre un châssis classique en Cobalt-Chrome (a) et un
châssis en PEEK épaissi (b). (Source : Fages et coll., 2016)

71
Afin de garantir une bonne stabilité de la plaque, il peut être intéressant d’étendre les
limites de la prothèse. Certains fabricants préconisent une connexion principale en
bandeau lingual, plutôt qu’une barre linguale, pour plus de rigidité et de stabilité, et
ainsi éviter des rotations de la plaque, bien que quelques cas cliniques fassent
référence à des connexions en barre. Cependant, il faudra veiller à sélectionner les
patients pouvant bénéficier d’un bandeau lingual afin de ne pas entraîner ou aggraver
d’éventuels problèmes parodontaux dus à cette connexion.
Une étude a comparé les forces de rétention des crochets en PEEK et ceux en Cobalt-
Chrome, sur le même patient 24h après la pose de l’appareil. Il a été démontré que
les crochets en PEEK sont moins rétentifs par rapport aux crochets Co-Cr. (El Mekawy
et Gad, 2016)
Tannous et coll ont par ailleurs étudié la rétention et la fatigue des crochets en fonction
de leur épaisseur et de la profondeur des contre-dépouilles. Cette étude compare des
crochets en PEEK et en PEKK de 1 mm puis de 1,5 mm d’épaisseur sur des
profondeurs de contre-dépouilles de 0,25 mm et 0,50 mm, par rapport à des crochets
en Co-Cr de 1 mm d’épaisseur. Il ne semble pas y avoir de différences significatives
entre les valeurs de rétention pour les matériaux PEEK et PEKK, bien qu’ils soient très
inférieurs aux crochets Co-Cr. Néanmoins, pour une épaisseur de 1,5 mm, la rétention
des crochets PEEK et PEKK pourrait être suffisante et ne semble pas plus affectée
que le Co-Cr dans le temps. Les meilleures valeurs sont obtenues pour des contre-
dépouilles de 0,50 mm de profondeur (tableau 9). (Tannous et coll., 2012)
De plus, deux études ont suggéré qu’une force de rétention de 5N serait appropriée
pour une prothèse amovible partielle et des forces de rétention comprises entre 3,7 N
et 7,5 N peuvent être admises dans le cadre d’une réhabilitation d’un édentement
postérieur bilatéral. (Frank et Nicholls, 1981; Sato et coll., 1997)
Si les crochets en PAEK sont trop flexibles et n’offrent pas une rétention aussi bonne
que les crochets conventionnels, ils peuvent cependant s’engager dans de fortes
contre-dépouilles et ainsi éviter des préparations délabrantes sur les dents supports.
Les crochets et les bras de rétention doivent donc être épaissis et un élargissement
de la queue des crochets en forme de boule, et non en pointe comme pour le métal,
peut augmenter la rigidité, pour un meilleur maintien. (Hosten, 2017)

72
Tableau 9 : Moyennes des valeurs de rétention (en Newton) des crochets en PEEK,
PEKK et Co-Cr selon leurs sections, la profondeur de la contre-dépouille et le nombre
de cycles subis. (Source : Tannous et coll., 2012)

Début (0 cycle) 1500 cycles Fin (15000 cycles)


CoCr 1 mm 11,3 N 16,3 N 13,9 N 19,8 N 11,8 N 16,3 N
PEEK 1 mm 1,7 N 3,0 N 2,6 N 3,7 N 1,9 N 3,2 N
PEEK 1,5 mm 6,7 N 8,6 N 7,5 N 11,0 N 6,5 N 9,0 N
PEKK 1 mm 1,8 N 3,1 N 2,2 N 3,6 N 1,5 N 3,2 N
PEKK 1,5 mm 5,6 N 9,1 N 6,0 N 9,9 N 4,9 N 8,3 N
Profondeur de contre-dépouille 0,25 mm
Profondeur de contre-dépouille 0,50 mm

2.3. Cas cliniques



2.3.1. Cas clinique n°1

Zoidis et coll. ont publié un article présentant une patiente de 70 ans qui souhaite
bénéficier d’une alternative à sa prothèse amovible partielle à infrastructure métallique
mandibulaire (PAPIM) (figure 40a). La sensation d’un goût métallique, le poids de sa
prothèse ainsi que l’aspect esthétique des crochets gris sont ses principales
doléances. Elle ne souffre apparemment pas d’allergie aux métaux ni aux résines. La
patiente présente un édentement postérieur libre mandibulaire. Sa PAPIM est
composée d’une barre linguale, de deux crochets en T de Roach situés sur 44 et 35
ainsi que trois taquets occlusaux en appuis sur la face mésiale de 44, la face linguale
de 33 et les faces distales et mésiales de 34 et 35.
Le plan de traitement, validé par la patiente, consiste à réaliser une prothèse amovible
partielle à infrastructure en PEEK (BioHPP®), recouverte d’une résine acrylique
thermodurcissable ainsi que des dents acryliques. Après avoir réalisées les étapes
classiques précédents la réalisation de la prothèse, à savoir : prise d’empreinte,
modèle d’étude, réalisation du PEI, et empreinte secondaire à l’aide d’un polysulfure,
l’infrastructure en PEEK est réalisée selon la technique de coulée à cire perdue.

73
Toutefois, la plaque est légèrement adaptée afin d’optimiser les propriétés du
matériau. Un bandeau lingual remplace à présent la barre linguale, les taquets
occlusaux ne sont pas modifiés, seul l’appui sur 33 a disparu. Les crochets en T de
Roach sont remplacés par deux crochets en C, s’engageant dans une contre-dépouille
de 0,50 mm sur 35 et 44.
L’essayage de l’infrastructure et l’enregistrement du rapport intermaxillaire en relation
centrée étant validés, le prothésiste procède à la mise en place des dents acryliques
et de la résine (figure 40b). Après un ajustage occlusal, la prothèse est livrée. La
patiente est étonnée de « l’absence de poids », et satisfaite de la couleur blanche
« saine » de sa nouvelle prothèse. La rétention est évaluée et semble équivalente bien
que plus « douce » (figure 41). (Zoidis et coll., 2016)

a)

b)
Figure 40 : a) Vue linguale de l’ancienne PAPIM. b) Vue linguale de la PAP à
infrastructure en BioHPP®. (Source : Zoidis et coll., 2016)

74
Figure 41 : Vue vestibulaire en occlusion avec la PAP en PEEK. (Source : Zoidis et
coll., 2016)


2.3.2. Exemples de plusieurs cas cliniques

Les figures 42 à 45 présentent quelques cas de prothèses amovibles réalisés par un


prothésiste dentaire dans la revue Technologie Dentaire.
Tous ses cas sont réalisés avec le PEEK Minesis de Pirahdental. Après avoir testé
différents PEEK commercialisés, il pense « avoir enfin trouvé le matériau qui convenait
exactement à l’adjointe ». Le matériau doit être suffisamment élastique afin que les
crochets ne cassent pas et ces derniers sont plus volumineux. La conception des
châssis a été adaptée elle aussi ; les plaques sont épaissies d’environ 20%. (Hosten,
2017)

Figure 42 : Vue palatine d’une prothèse amovible partielle à infrastructure en PEEK


maxillaire. (Source : Hosten, 2017)

75
a) b)
Figure 43 : Cas particulier avec des axes d’insertion divergents au niveau des
molaires. La rigidité des crochets en Cr-Co n’aurait pas permis leur bonne mise en
place. La flexibilité des crochets en PEEK permet de passer les contre-dépouilles sans
forcer sur les dents. (Source : Hosten, 2017)

a) b)
Figure 44 : Cas d’une prothèse complètement biocompatibilité non irritante pour une
patiente allergique à la résine. L’intrados est totalement recouvert de PEEK. (Source :
Hosten, 2017)

a) b)
Figure 45 : Prothèse complexe avec une couronne céramo-métallique sur 23 et
attachement extra-coronaire. La partie femelle en téflon est inclue dans l’intrados de
la PAP en PEEK. Ce procédé est également utilisé en full zircone avec un
attachement, type glissière, également en zircone, pour une prothèse combinée
entièrement biocompatible. (Source : Hosten, 2017)

76
3. La prothèse amovible en PAEK sur coiffes télescopiques

3.1. Présentation

Les polymères PAEK peuvent être rencontrés dans un autre type de restauration
prothétique. La prothèse amovible sur coiffes télescopiques permet d’intégrer les dents
restantes encore saines à l’entité prothétique et ainsi de les préserver tout en comblant
d’importants édentements.
Cette technique associe étroitement la prothèse fixée et la prothèse amovible, et
impose donc le respect des principes de réalisation de chacune d’elle.
Elle s’établie sur trois étages prothétiques principalement :
Ø Une couronne primaire solidaire de la dent restante qui peut être vivante
ou dépulpée et préparée selon les critères de prothèse fixée.
Ø Une partie secondaire qui viendra parfaitement s’insérer sur la couronne
primaire. Cette suprastructure est incluse dans la partie tertiaire. C’est la
coiffe télescopique.
Ø Cette partie tertiaire correspondant à l’infrastructure de la prothèse
amovible.
C’est la friction entre les éléments primaire et secondaire qui garantit la rétention de la
prothèse amovible. (Berman et Lustig, 1960) La figure 46 schématise ces différents
étages prothétiques.

Figure 46 : Vision schématique des différentes structures de la prothèse amovible sur


coiffes télescopiques. (Source : Rösch et Mericske-Stern, 2008)

77
Différents matériaux peuvent être utilisés pour chaque partie de la prothèse. Des
alliages métalliques, en Co-Cr ou à haute teneur en or sont souvent employés dans
les parties primaires et secondaires. L’apparition de la zircone évite les phénomènes
d’électro-galvanisme entre des pièces prothétiques métalliques d’alliage différent.
Des études in vitro se sont intéressées à l’utilisation du PEEK pour la réalisation de
chaque structure. La rétention entre les éléments primaire et secondaire a été
comparée selon les matériaux et différents degrés de conicité. Ainsi, Stock et coll.
suggère que le PEEK pourrait être un matériau convenant à l’élaboration de couronne
primaire, quel que soit le degré de conicité ou le matériau de la chape secondaire,
zircone ou Co-Cr. (Stock et coll., 2016a)
Une seconde étude évoque la possibilité d’utiliser le PEEK pour les coiffes
télescopiques. En effet, il semble que la rétention entre une couronne primaire en
zircone et une coiffe télescopique en PEEK soit suffisante pour ce type de restauration.
(Merk et coll., 2016) De plus, l’association de ces deux matériaux évite tout échange
ionique et l’apparition de tatouage gingival. Elle offre également une prothèse presque
entièrement biocompatible, dépourvue de métal. D’autres études ont évalué l’influence
de la méthode de fabrication des coiffes télescopiques en PEEK sur les valeurs de
rétention. Il semblerait que les coiffes en PEEK obtenues par pressée parviennent à
des forces de rétention élevées et stables et ne subissent aucune différence de
rétention selon le degré de conicité de la couronne primaire. Ceci ne s’est pas vérifié
pour les coiffes usinées en PEEK, mais leurs valeurs restent tout de même
intéressantes. De plus, le procédé de fabrication des coiffes est plus aisé par usinage
CFAO que par une technique de pressée. (Stock et coll., 2016b; Wagner et coll., 2018)

Un récent cas clinique a utilisé le Pekkton® ivory pour la fabrication en CFAO des
piliers télescopiques implantaires ainsi que de l’infrastructure d’une prothèse amovible
complète sur coiffes télescopiques (figure 47). Tous les éléments supra-implantaires
sont donc en polymères haute performance et pourraient ainsi répartir au mieux les
forces transférées autour des implants afin de les pérenniser. (Park et coll., 2017)

78
a) b)
Figure 47 : a) Piliers implantaires télescopiques et infrastructure de la prothèse
amovible télescopique en PEKK Pekkton® Ivory. b) Vue de l’intrados de la prothèse.
(Source : Park et coll., 2017)

D’autres investigations seront nécessaires afin d’analyser les effets du temps sur le
vieillissement et la rétention des éléments en PAEK.

3.2. Cas cliniques

Une patiente de 79 ans présentant une ancienne prothèse amovible n’est pas satisfaite
du résultat esthétique et fonctionnel de sa bouche (figure 48). L’anamnèse complète,
buccale et posturale, a mis en évidence un désordre cranio-mandibulaire ainsi qu’une
occlusion défavorable se répercutant sur la colonne vertébrale, avec des douleurs
cervicales et diverses tensions musculaires, notamment au niveau des épaules. Dans
le but d’une réhabilitation globale, la cavité buccale est associée au corps dans son
intégralité.

Figure 48 : Photographie de la situation initiale. (Source : Hirmer et Kather, 2015)

79
Le choix d’une restauration télescopique a été réalisé afin d’intégrer les dents
restantes à la prothèse malgré leur positionnement désavantageux et un édentement
important. De plus, la prothèse télescopique procure au patient une hygiène buccale
plus aisée par la facilité d’insertion et de retrait de la prothèse.
La patiente souhaitant bénéficier d’une restauration dépourvue de métal, le choix des
matériaux s’est posé. La réalisation des couronnes primaires en zircone aurait été une
option valable. Cependant, la présence de diverses tensions musculaires, a orienté le
choix vers des matériaux plus souples, inertes et légers. Ainsi, les polymères haute
performance tel que le PEEK et des composites renforcés ont été désignés comme
matériaux de choix pour ce cas complexe.
La figure 49 permet de visualiser l’ensemble de la restauration prothétique
télescopique avec les matériaux utilisés.

Figure 49 : Schéma de la prothèse amovible sur coiffes télescopiques et ses


matériaux.


Après le dépose des anciennes couronnes et les traitements conservateurs
nécessaires, les dents 13, 21, 23 et 24 sont désignées pour servir de piliers pour la
restauration maxillaire et 36, 34, 43, 45 comme piliers au niveau mandibulaire. La
canine mandibulaire gauche (33) saine sera laissée intacte.
La préparation des dents, selon les impératifs de prothèse fixée, est suivie par la prise
d’empreinte. Les modèles obtenus sont scannés et les huit parties primaires sont
usinées dans un composite renforcé en polymères (PMMA HIPC, Bredent) (figure 50).

80
Figure 50 : Visualisation numérique des parties primaires sur les dents piliers
maxillaires. (Source : Hirmer et Kather, 2015)

L’essayage a confirmé l’ajustage des couronnes primaires. Les nouveaux modèles


comprenant les parties primaires servent à l’élaboration des wax up des parties
secondaires. Elles sont ensuite obtenues par pressée sous vide en PEEK (BioHPP®,
Bredent). La friction entre les deux matériaux semble correcte pour cet usage.
Un montage esthétique sur cire avec les dents antérieures offre une meilleure
visualisation du résultat espéré. L’occlusion a été réévaluée, la 33 se retrouve alors en
sous occlusion. Une ceroplastie est modelée pour réintégrer la dent sur le plan
d’occlusion (figure 51). Un nouvel essayage incluant une coque en résine de la 33 est
fixée sur la dent. Le rendu esthétique, phonétique et fonctionnel est confirmé par
l’ensemble de l’équipe (figure 52).

a) b)
Figure 51 : a) essayage de la maquette en cire. La dimension verticale est augmentée,
la 33 n’est plus dans le plan fonctionnel. b) Montage wax up de 33. (Source : Hirmer
et Kather, 2015)

81
Figure 52 : Second essayage validé, avec intégration de 33. (Source : Hirmer et
Kather, 2015)

La partie tertiaire est réalisée en plusieurs segments sur cire au laboratoire de


prothèse puis coulée à la cire perdue en PEEK. Les différents segments sont
conditionnés pour l’assemblage final. Le montage des dents prothétiques et de la
fausse gencive suit un protocole classique (figures 53 et 54).

a) b)
Figure 53 : a) Assemblage des segments en PEEK de la partie tertiaire. b) Résultat
final de la prothèse amovible télescopique à infrastructure en PEEK. (Source : Hirmer
et Kather, 2015)

Figure 54 : Résultat final de la prothèse mandibulaire. (Source : Hirmer et Kather,


2015)

82
Les parties primaires et la facette de 33 sont insérées avant la mise en bouche des
prothèses finales (figure 55). La patiente est grandement satisfaite, aussi bien par son
aspect visuel que sa fonctionnalité (figure 56).

Figure 55 : Mise en place des parties primaires sur les dents piliers et de la facette sur
33. (Source : Hirmer et Kather, 2015)

a) b)

c)
Figure 56 : Photographies après mise en bouche finale des prothèses télescopiques
à infrastructure en PEEK maxillaire et mandibulaire. (Source : Hirmer et Kather, 2015)

83
4. Utilisation des PAEK en prothèse maxillo-faciale

4.1. Présentation

La réhabilitation maxillo-faciale est une branche très complexe des restaurations


prothétiques. Sa réussite ne dépend pas seulement du binôme chirurgien-
dentiste/prothésiste dentaire, mais d’une équipe pluridisciplinaire plus large, incluant
radiothérapeute, chirurgiens ORL et plastique, orthophoniste ainsi qu’une prise en
charge psychologique. En effet, d’importantes pertes de substances maxillo-faciales,
congénitales ou secondaires à un cancer ou un traumatisme, altèrent voire suppriment
totalement les fonctions de base comme la phonation, la mastication et la déglutition.
Les prothèses maxillo-faciales interviennent alors dans le rétablissement des fonctions
essentielles et de l’esthétique, dans le but d’améliorer la qualité de vie bien réduite de
ces patients traumatisés. (Bulbulian, 1965)
Il existe plusieurs sortes de prothèses maxillo-faciales. Parmi elles, l’obturateur
maxillo-facial vient reproduire le palais inexistant ou les zones palatines partiellement
disparues et combler les édentements. La difficulté majeure de ces restaurations
réside dans l’acceptation de la prothèse par le patient. En premier lieu, sa conception
n’est pas chose facile. La perte de substance importante peut compromettre la qualité
des empreintes. Enfin, la prothèse est généralement lourde et volumineuse ; le
manque d’appui pouvant également empêcher une bonne stabilisation.
Habituellement fabriquée en résine acrylique, une infrastructure métallique en Co-Cr
peut être utilisée dans certains cas de réhabilitations partielles.
Depuis peu, des praticiens ont réalisé des reconstructions cranio-faciales en PEEK,
afin de réparer des défauts osseux (crâniaux, orbitaires, temporaux, frontaux…). Ces
implants sur-mesure sont généralement conçus en titane, cependant les matériaux
thermoplastiques ont aussi leurs avantages. Outre la biocompatibilité, la légèreté et la
faible conductivité thermique du PEEK font une grande différence par rapport au titane,
apportant peut-être plus de confort au patient.
De plus, il s’agit d’un matériau non poreux et pourrait ainsi réduire les risques de
surinfection ou de contamination bactérienne de la prothèse. (Racine et coll., 2012)
Ce sont ces atouts qui ont conduit à utiliser le PEEK pour la fabrication d’un obturateur
maxillo-facial.

84
4.2. Cas clinique

Ce cas clinique présente une patiente de 58 ans, soignée pendant plusieurs années
d’une tumeur rhinosinusale, qui a subi une ablation totale des os du nez et partielle de
l’os maxillaire gauche. Sa prothèse obturatrice, réalisée en résine acrylique après la
chirurgie, a été rebasée de nombreuses fois et ne convient plus fonctionnellement ni
esthétiquement (figure 57). La perte de substance tissulaire a entrainé une
communication bucco-sinusienne importante et la perte de la phonation, déglutition et
mastication. Le plan de traitement consiste donc à réaliser un obturateur maxillo-facial
partiel au maxillaire et une prothèse amovible partielle mandibulaire afin de rétablir les
fonctions orales et répondre aux exigences esthétiques de la patiente.

a) b)
Figure 57 : a) Photographie de la perte tissulaire après chirurgie avec une
communication bucco-sinusienne. b) Ancienne prothèse maxillo-faciale inesthétique
et non fonctionnelle. (Source : Costa-Palau et coll., 2014)

Afin de saisir les limites exactes de la future prothèse, l’obturateur d’usage a été rebasé
avec un produit de rebasage et de conditionnement tissulaire. Quelques jours après,
la prothèse a été retirée avec des limites propres et nets, puis dupliquée en résine. À
l’aide du modèle répliqué, une machine de précision est utilisée afin de réaliser la partie
palatine et sinusale, à partir de disques à usiner en PEEK. Un essayage en bouche a
permis d’évaluer l’ajustement de l’obturateur. Une empreinte de transfert en silicone a
été faite pour la réalisation de la prothèse partielle maxillaire en résine ainsi qu’une
empreinte classique pour la prothèse partielle mandibulaire. La rétention mécanique a
été privilégiée lors de l’assemblage des différentes parties de la prothèse. Une rainure,
de 3 mm de profondeur sur 1,5 mm de largeur, a été réalisée sur tout le pourtour de la
pièce en PEEK, ainsi qu’un traitement par micro-abrasion (figure 58).

85
L’application d’un adhésif biocompatible assure une rétention chimique avec la résine
acrylique.
D’autres ajustages en bouche ont été nécessaires afin d’obtenir une phonétique
correcte. Après les étapes de finitions, les prothèses ont été mises en bouche. Les
tissus mous ont réagi favorablement au contact du PEEK. La patiente a été satisfaite
de l’amélioration du maintien, de l’esthétique et du confort qu’elles lui procurent (figure
59).

Figure 58 : Vue palatine de l’essayage intrabuccal de la structure en PEEK. (Source :


Costa-Palau et coll., 2014)

Figure 59 : Obturateur maxillo-facial final. (Source : Costa-Palau et coll., 2014)

Le processus de fabrication, décrit dans ce cas clinique, a simplifié la réalisation de


l’obturateur par rapport aux méthodes et matériaux conventionnels. L’utilisation du
PEEK a grandement permis d’alléger la prothèse maxillo-faciale et d’obtenir une
surface de contact biocompatible aux tissus de soutien. (Costa-Palau et coll., 2014)
Cependant, il semblerait que tous types de réinterventions futures (rebasage) soient
difficilement envisageables.

86
Ce qu’il faut retenir :

Supérieurs à la résine mais inférieurs aux alliages métalliques, les propriétés


mécaniques des PAEK semblent convenir à la réalisation des prothèses amovibles.
De nouvelles règles de conception de châssis pourraient cependant s’avérer
nécessaire afin d’adapter au mieux le matériau à cet usage. Ainsi, des infrastructures
légèrement plus épaisses mais plus légères et biocompatibles pourraient convenir
davantage à certains patients que la classique PAPIM.
De plus en plus rencontré en chirurgie réparatrice, dans les implants personnalisés
cranio-faciaux, l’usage du PEEK pourrait tout à fait s’étendre à la prothèse maxillo-
faciale d’ici quelques années.

87
CHAPITRE 4 : APPLICATIONS DES PAEK EN
PROTHÈSE IMPLANTAIRE

1. Principales indications des PAEK en prothèse implantaire

Depuis plusieurs années déjà, le PEEK fait partie de l’arsenal thérapeutique


d’implantologie dentaire. Utilisé dans les capuchons de cicatrisation implantaires, sa
biocompatibilité n’est plus à prouver.
Aujourd’hui, son usage s’étend pour la fabrication de diverses pièces de prothèse
implantaire, comme des vis implantaires, des corps de scannage, et d’éléments supra-
implantaires. Différents types de piliers implantaires (cicatrisation, provisoires,
personnalisés, etc…) et des barres supra-implantaires sont tout à fait concevable en
PAEK à l’heure actuelle. D’autre part, les applications des PAEK en prothèse conjointe
et amovible s’adaptent également au secteur implantaire. Ainsi, la fabrication de
couronnes, bridges ainsi que des infrastructures en prothèse implantaire fixée ou
amovible, est tout à fait envisageable avec ces matériaux. (Bredent, 2013) Les
applications présentées dans cette partie ne sont pas exhaustives mais référencent ce
qui peut, actuellement, être lu dans la littérature scientifique.

2. PAEK et vis implantaires

PEEK pourrait trouver une place dans le choix des matériaux implantaires, notamment
dans la fabrication des vis implantaires, traditionnellement en titane. L’élasticité du
PEEK, bien plus proche de celle de l’os cortical que le titane, présenterait un avantage
sur ce dernier.
Une étude a comparé quatre types de vis de 1,6 mm de diamètre en PEEK par rapport
à un groupe test représenté par des vis en titane de grade 5. Le premier groupe
présente des vis usinées en PEEK modifié avec 20% de poudre de dioxyde de titane.
Le second en PEEK renforcé contenant 15% de fibres de carbone, puis 40%, ces deux
groupes de vis sont obtenus par un procédé de coulée par injection.

88
Le dernier groupe présente des vis usinées en PEEK renforcé contenant 50% de fibre
de carbone unidirectionnelle (figure 60). Ces vis ont été soumises à des tests de
traction afin d’évaluer leur résistance maximale. Les résultats ont montré une
différence significative entre les groupes en PEEK et le groupe contrôle en titane.
Ainsi, la résistance de traction maximum obtenue pour le groupe PEEK modifié
contenant 20% de poudre de dioxyde de titane s’élève à 76,08 MPa. Les deux groupes
de vis en PEEK renforcé à 15% et 40% de fibre de carbone ont des résultats plutôt
similaires de l’ordre de 155 MPa. Enfin, le groupe en PEEK renforcé à 50% de fibre de
carbone obtient les meilleures valeurs de l’ordre de 191 MPa. Ces résultats sont très
loin derrière le groupe contrôle en titane qui est évalué à environ 1190 MPa.
Cependant, en fonction du torque appliqué, de la disposition des fibres de carbone au
sein du matériau PEEK, parallèle dans le sens du grand axe de la vis et donc parallèle
aux contraintes, le PEEK pourrait être utilisé pour la fabrication de vis implantaires à
condition qu’il soit renforcé d’au moins 50% de fibre carbone afin de garantir la stabilité
mécanique requise par cette application. (Schwitalla et coll., 2016)

Figure 60 : de gauche à droite : vis en PEEK 20% dioxyde de titane, vis en PEEK 50%
fibre de carbone et vis en titane grade 5. (Source : Schwitalla et coll., 2016)

3. Des corps de scannage en PAEK

La première étape en prothèse implantaire consiste à prendre une empreinte de la


nouvelle configuration buccale. Lors d’une empreinte implantaire conventionnelle, la
mise en place d’un pilier de transfert vissé sur l’implant est obligatoire afin de transférer
avec précision la position de l’implant et des tissus adjacents sur un maître-modèle.

89
Cependant, pour réaliser une empreinte optique en technique CFAO, le pilier de
transfert est remplacé par un corps de scannage (scanbody). Il est également vissé
dans l’implant, puis numérisé, permettant de connaître précisément l’emplacement et
l’orientation de l’implant. Il existe différents types de corps de scannage, en fonction
du type d’implant et du type d’acquisition des données numériques. Le logiciel
reconnaît ensuite le profil du corps de scannage et donc celui de l’implant, il est alors
capable de reproduire et placer l’implant correspondant sur le modèle numérisé.
(Lugagne Delpon, 2017)

Figure 61 : image d’un corps de scannage en PEEK de la marque Straumann®.


(Source : Straumann®, 2015)

L’utilisation des PAEK dans ce type de pièce implantaire est déjà d’usage depuis
quelques années. Le corps de scannage est souvent composé d’une coiffe ou d’un
pilier de scannage, en PEEK ou en PEKK selon les fabricants, et d’une vis en titane
(figure 61).
Des corps de scannage en titane, par exemple, peut entrainer certaines erreurs
d’acquisition dues aux surfaces brillantes réfléchissantes, qui nécessite l’application
d’un spray anti-reflet. (Jung et coll., 2017) Le recours aux polymères thermoplastiques
donne apparemment de très bons résultats dotés d’une acquisition précise, grâce à
leur radio-opacité, nul besoin d’un traitement particulier de la pièce. (Straumann®,
2015)

90
4. Suprastructures implantaires en PAEK

4.1. Piliers implantaires en PAEK

Le pilier implantaire établit le lien entre l’implant dans l’os et la prothèse en surface. Il
doit maintenir les tissus mous péri-implantaires, sa compatibilité est donc un critère
requis. Il doit également supporter et transmettre les forces masticatoires de manière
homogène autour de l’implant, il est important que ses propriétés mécaniques soient
garanties afin d’éviter tout risque de fracture au niveau du dispositif implantaire.
Il existe différents types de piliers implantaires, ainsi, le choix de cette pièce est
essentiel pour assurer la pérennité et le succès de la réhabilitation prothétique. Les
matériaux couramment utilisés pour la fabrication des piliers implantaires sont le titane
et la zircone.
L’atout principale des PAEK est sûrement de pouvoir absorber en partie les forces
occlusales et ainsi réduire les contraintes transférées aux implants. Cette particularité
est particulièrement intéressante pour des éléments supra-implantaires afin de
pérenniser les restaurations implantaires.
Le second atout est, sans doute, la biocompatibilité de ces matériaux et leur excellente
intégration dans le milieu buccal. Depuis quelques années déjà, la plupart des piliers
de cicatrisation dispose d’une coiffe en PAEK.
Des études ont été menées sur l’utilisation des PAEK pour la fabrication de piliers
implantaires et les ont ainsi comparés aux piliers en titane et en zircone. (Courtin,
2012)
Hahnel et coll ont ainsi comparé la formation du biofilm bactérien autour de piliers
implantaires en zircone, titane, PEEK et PMMA. Les résultats de cette étude in-vitro
ont suggéré que la formation de biofilm autour des piliers en PEEK était égale voire
inférieure qu’à la surface des piliers conventionnels en zircone ou en titane. Les
auteurs estiment également que « d’un point de vue microbiologique, le PEEK pourrait
convenir à la fabrication de pilier définitif ». (Hahnel et coll,. 2015) Les recherches
concernant l’usage des matériaux hautes performances en implantologie se
poursuivent, de nouveaux articles apparaissent régulièrement dans la littérature
scientifique.

91
4.1.1. Piliers de cicatrisation

Depuis de nombreuses années, les piliers de cicatrisation en titane représentaient le


« gold standard ». Aujourd’hui, l’arrivée des Polymères Hautes Performances peut
offrir une alternative.
Il avait été prouvé que les sillons péri-implantaires étaient colonisés par les bactéries,
parfois par des agents pathogènes du parodonte, 15 jours après la pose du pilier
implantaire. (Berglundh et coll., 1991)
Une étude a testé la biocompatibilité des piliers de cicatrisation en PEEK et comparé
l’adhésion bactérienne à la surface des piliers et au niveau du sillon péri-implantaire,
par rapport aux piliers en titane. Pour ce faire, les patients de l’étude ont été pourvus
d’un pilier en PEEK et d’un pilier en titane (figure 62). Des échantillons ont été prélevés
à l’aide de pointe de papier autour de chaque pilier. Puis, une méthode par PCR en
temps réel permet de détecter la présence de pathogènes parodontaux et quantifier
ainsi la charge bactérienne totale. Les résultats de cette étude ne montrent pas de
différence significative entre les deux matériaux, statistiquement parlant. Les auteurs
supportent donc l’idée de poursuivre les recherches sur l’utilisation du PEEK en tant
que pilier de cicatrisation. (Volpe et coll., 2008)

Figure 62 : Photographie montrant un pilier de cicatrisation en PEEK (gauche) et un


en titane (droite). (Source : Volpe et coll., 2008)

Une seconde étude clinique a évalué la réponse tissulaire du parodonte aux piliers de
cicatrisation sur une période de 3 mois. Seize patients, ayant au-moins une dent
absente en secteur postérieur ou canine maxillaire ou mandibulaire, ont été inclus.
Les patients ont été séparés en deux groupes, un groupe test doté des piliers en PEEK
et un groupe contrôle recevant des piliers en titane (figures 63 et 64).

92
a) b)
Figure 63 : a) Vue occlusale des piliers de cicatrisation en PEEK à trois mois. b)
Radiographie à trois mois. (Source : Koutouzis et coll., 2011)

a) b)
Figure 64 : a) Vue occlusale de pilier de cicatrisation en titane à trois mois. b)
Radiographie à trois mois. (Source : Koutouzis et coll., 2011)

Les patients ont été éduqués à l’hygiène buccale avec un protocole identique à
respecter. Des mesures, de plaque dentaire, de saignement au sondage et de
profondeur de sondage, ont été réalisées deux semaines et trois mois après la pose
des piliers. Les résultats n’ont montré aucune différence significative entre les
matériaux. Les auteurs en ont donc conclu que l’utilisation du PEEK pour la fabrication
des piliers de cicatrisation implantaire « n’augmente pas le risque de perte osseuse ou
de récession gingivales lors de la période de cicatrisation » par rapport au titane.
(Koutouzis et coll., 2011)

93
4.1.2. Piliers provisoires

Ces pièces supra-implantaires peuvent être modifiées afin d’y sceller une prothèse
provisoire. Disponibles en PEEK et en PEKK depuis quelques années déjà dans le
commerce, la biocompatibilité de ces matériaux est la principale cause de leur
utilisation en implantologie. En effet, cela permet de minimiser les risques de réponse
inflammatoire des tissus mous autour du dispositif implantaire encore en période de
cicatrisation. Cependant, leurs propriétés mécaniques et l’usure de ces matériaux sont
encore remises en cause.
Santing et coll ont évalué la résistance à la fracture des couronnes en résine vissées
sur trois types de piliers provisoires différents, un en PEEK et deux autres en titane.
Chacun de ces piliers a été testé en zone esthétique au niveau de 11, 12, 13 et 14.
D’après les résultats de cette étude in-vitro, il semblerait que la résistance à la fracture
des couronnes vissées sur les piliers en PEEK n’ait été significativement plus faible
qu’au niveau de l’incisive centrale, environ 95 N pour le pilier en PEEK et 785 N à
1009 N pour les piliers en titane. Pour les autres localisations, la résistance à la fracture
était statistiquement similaire entre les matériaux. (Santing et coll., 2012)

Les fabricants mettent à disposition des praticiens des piliers préfabriqués en PEEK
ou en PEKK (figure 65 et 66). Dotés d’une base en titane, ces piliers sont disponibles
à diverses tailles et angulations. Ils sont modifiables avec une mise en œuvre assez
simple et un résultat esthétique satisfaisant pour un coût raisonnable. (Tetelman et
Babbush, 2008) Cependant, leur utilisation peut être restreinte en fonction de la
difficulté du cas clinique (profil d’émergence des tissus mous et épaisseur du
parodonte…). Afin de parer à ces éventualités, des piliers personnalisés sont
également envisageables. Sur une base en titane, les piliers sont sculptés en cire puis
pressé en PEEK ou en PEKK pour un meilleur maintien des tissus mous ainsi qu’un
meilleur aspect esthétique (figure 66). (Gobert, 2013b)

94
Figure 65 : Schémas d’un pilier préfabriqué (gauche) et d’un pilier personnalisé
(droite). (Source : Gobert, 2013b)

a)

b)
Figure 66 : a) Piliers préfabriqués selon la taille et l’angulation en BioHPP®. b) Pilier
personnalisé doté d’une base en titane, après une céroplastie le pilier en BioHPP® est
pressé. (Source : Bredent, 2013)

Dans la littérature scientifique, quelques cas cliniques présentent également des piliers
implantaires d’usage en PEEK.
Pour l’heure, il est également possible de procéder par une technique d’usinage CFAO
pour la fabrication de pilier personnalisé en PAEK. Après scannage et modélisation de
l’élément, une machine à usiner réalisera le processus de Fabrication Assistée par
Ordinateur (FAO) afin d’obtenir une pièce entièrement sur mesure (figure 67). (Gerard,
2015)

95
a)

b) c)
Figure 67 : a et b) Modélisation de piliers personnalisés en PEEK BioHPP® par
procédé CAO. c) Obtention des piliers personnalisés en BioHPP® usinés par le
procédé FAO. (Source : Gerard, 2015)


4.1.3. Cas cliniques

• Piliers préfabriqués en PEEK

Une femme de 73 ans ayant une fracture radiculaire de l’incisive latérale droite (12)
bénéficie d’une chirurgie implantaire (figure 68a). Après quoi, une vis de cicatrisation
est placée, puis la patiente est dirigée vers son chirurgien-dentiste pour procéder à la
fabrication d’une restauration provisoire. La vis de cicatrisation est ensuite retirée afin
d’y placer un pilier préfabriqué en PEEK (figure 68b) et procéder au début de sa
préparation ; à l’aide d’une fraise diamantée et d’une irrigation abondante, le praticien
procède à la réduction occlusale et établit grossièrement le niveau de finition cervicale
et des parois proximales (figure 69a). Pour réaliser les finitions du pilier, ce dernier est
retiré de l’implant et mis en place sur un analogue. La vis de cicatrisation est
temporairement remise en bouche pour le maintien des tissus.

96
Une fois le pilier fini et poli, il est une nouvelle placée sur l’implant pour contrôler
l’ajustage et faire d’éventuelles retouches. Puis le praticien procède à l’élaboration de
la couronne provisoire. L’accès à la vis est bouché à l’aide d’une boulette de coton, le
pilier est recouvert de vaseline afin de faciliter le retrait de la couronne provisoire et
finalement la résine de rebasage est placée dans la couronne provisoire et mis en
place sur le pilier. Après la prise du matériau, le tout est retiré de l’implant, puis
retouché, ajusté et parfaitement poli, avant la remise en place définitive pour la période
de cicatrisation. Un réglage occlusal minutieux est primordial afin d’éliminer tous les
contacts prématurés et latéraux s’exerçant sur la couronne. Cette dernière est enfin
scellée à l’aide d’un ciment provisoire (figure 69b). L’élimination de tout débris de
résine ou de ciment est contrôlée minutieusement. Durant quatre mois, la patiente
s’est présentée à plusieurs contrôles mensuels afin d’évaluer la stabilité de la
restauration. (Tetelman et Babbush, 2008)
Ce cas clinique est un exemple d’utilisation du PEEK pour l’usage d’un pilier
préfabriqué lors d’une mise en esthétique immédiate.

a)

b)
Figure 68 : a) Photographie pré-opératoire avec une fracture de 12. b) Vue vestibulaire
après la mise en place du pilier préfabriqué en PEEK. (Source : Tetelman et Babbush,
2008)

97
a)

b)
Figure 69 : a) Vue vestibulaire lors de la préparation du pilier. b) Photographie du
résultat final avec la couronne provisoire en place. (Source : Tetelman et Babbush,
2008)


• Pilier personnalisé en PEKK

Le patient a subi un traumatisme sur les incisives centrales maxillaires. Après une
fracture radiculaire de 21, celle-ci a été extraite et après cicatrisation un implant a été
posé. La 11 quant à elle peut être conservée mais la fracture impose de la couronner.
Un pilier personnalisé en PEKK est fabriqué pour la 21. Pour cela, une céroplastie est
réalisée sur la base en titane sur le maître modèle en plâtre (figure 70a). Le titane a
été préalablement sablé pour garantir une bonne adhésion au Pekkton®. Puis en
suivant rigoureusement les recommandations du fabricant, le pilier modelé est pressé
(figure 70b). Le pilier est ensuite sablé et poli avant de réaliser les couronnes
provisoires à l’aide de facettes en résine composite. Le pilier est vissé sur l’implant et
enfin les provisoires sont mis en place (figure 71).

98
L’empreinte définitive sera réalisée par la suite pour la fabrication de deux couronnes
céramo-céramiques. Dans ce cas clinique, le pilier personnalisé en PEKK est utilisé
comme pilier provisoire et d’usage (figure 72).
Il semblerait que la réponse tissulaire au matériau Pekkton® soit très favorable pour
la cicatrisation et « l’intégration » gingivale à la restauration. (Gobert, 2013b)

a)

b)
Figure 70 : a) Céroplastie du pilier sur sa base en titane. b) Pilier en cire sur sa tige de
coulée à gauche, et pilier personnalisé en Pekkton après pressée. (Source : Gobert,
2013b)

99
a)

b)
Figure 71 : a) Photographie vue vestibulaire après la pose du pilier. b) Vue vestibulaire
après la pose des couronnes provisoires en résine composite. (Source : Gobert,
2013b)

a) b)
Figure 72 : a) Vue vestibulaire du pilier en PEKK après trois mois de « maturation »
gingivale. b) Photographie prise deux mois après la pose des couronnes définitives
céramo-céramiques. (Source : Gobert, 2013b)

100
4.2. Suprastructure implantaire pour prothèse complète transvissée

La biocompatibilité et le module d’élasticité des PAEK très proche de celui de l’os


permettent à ces matériaux d’être utilisés dans la conception de barre supra-
implantaire. Aujourd’hui la technologie CFAO donne lieu à une mise en œuvre plus
aisée par une modélisation informatique et dispense des procédés de fabrication
classiques de céroplastie puis pressée des éléments prothétiques. Ainsi, des barres
supra-implantaires en PEEK ou en PEKK sont obtenues par usinage. Le grand
avantage de réaliser des barres implantaires en PEEK ou en PEKK est avant tout son
faible coût de mise en œuvre. En effet, l’usinage de barre en titane est très cher, de
plus la durée de vie des éléments de fraisage est très courte.
La possibilité d’usiner à moindre coût ces pièces implantaires offre un gage de qualité
par la précision de mise en œuvre. Cet aspect des PAEK est très intéressant et en fait
un matériau de plus en plus prisé dans la fabrication d’éléments supra-implantaires.

4.2.1. Barre transvissée usinée en BioHPP®

Une patiente va disposer d’une prothèse fixée complète sur six implants au maxillaire,
afin de remplacer son ancienne barre en titane, nous allons présenter les grandes
étapes de la conception de cette restauration.
Après avoir réalisé toutes les étapes initiales indispensables à l’élaboration d’un
montage directeur, l’occlusion, la phonation et l’esthétisme sont vérifiées lors de
l’essayage en bouche puis ce montage est finalement validé par le duo
praticien/patient (figure 73). Les retouches nécessaires sont ajustées et une clé en
silicone transparente est fabriquée et servira par la suite de modèle de vérification.

Figure 73 : Photographie du montage directeur. (Source : Gerard 2014)

101
Puis la barre est modélisée sur logiciel informatique avant d’être usinée dans un disque
de fraisage en BioHPP® (figure 74). Les facettes utilisées pour le montage directeur
sont mises en place dans la clé en silicone afin de vérifier l’homothétie de la barre.
Les bases en titane ainsi que la barre sont conditionnées afin d’être assemblées par
collage ; pour cela, les bases sont sablées puis silanisées, du côté de la barre,
l’intrados est sablé puis recouvert d’une couche de primer d’accroche. Enfin, le
prothésiste procède au collage des éléments un à un. Un essayage de la barre s’est
imposé afin de valider sa conception. Les dents sont alors collées sur la barre à l’aide
d’un composite de scellement. Cette étape doit suivre scrupuleusement le protocole
d’assemblage du fabricant (figure 75). La morphologie des dents doit être contrôlée
car elle peut être déformée par les puits d’accès aux vis de rétention. À l’aide d’une
résine composite, les faces occlusales peuvent donc être retravaillées autour des
puits.

a) b)
Figure 74 : a) Modélisation de la barre transvissée sur logiciel de CFAO. b) Essayage
de la barre usinée. (Source : Gerard 2014)

a) b)
Figure 75 : a) Collage des facettes sur la barre. b) Résultat après assemblage et
polissage. (Source : Gerard 2014)

102
Après des étapes de rebasage et de personnalisation de la restauration, la prothèse
complète fixée sur implant est minutieusement polie avant d’être finalement vissée sur
les implants (figure 76). Un contrôle a été effectué six mois après la pose, il semblerait
que la restauration soit intacte. La patiente est apparemment satisfaite du rendu
esthétique et du confort que lui procure cette nouvelle prothèse. Sa légèreté l’a tout de
suite agréablement surprise, par rapport à l’ancienne barre en titane. (Gerard 2014)

a)

b)
Figure 76 : a) Vue de la prothèse finie sur articulateur. b) Pose de la prothèse fixée
complète implanto-portée. (Source : Gerard 2014)

5. Éléments de liaison pour PACSI



5.1. Système Novaloc®

Aujourd’hui, la prothèse amovible complète sur implant (PACSI) est considérée


comme la meilleure option thérapeutique en prothèse amovible.

103
Par la mise en place d’au-moins deux implants, la réhabilitation implanto-portée
améliore le confort, la capacité masticatoire et la stabilisation d’une prothèse amovible
complète (PAC).
Le système Novaloc® est une connexion rétentive conçue pour stabiliser une PACSI
sur des piliers Locator®, en exerçant un effet « bouton-pression ». La matrice
Novaloc® est composée d’un boîtier, en titane ou en PEEK, fixé dans l’intrados de la
prothèse, et d’une unité de rétention également en PEEK. (Figure 77)

a)

b)
Figure 77 : a) Schéma du système Novaloc®. b) Photographie de l’intrados d’une
PACSI avec deux matrices et deux éléments de rétention de couleur bleue. (Schittly
et coll., 2008)


Dans certains cas, la résorption osseuse est telle que la position des éléments supra-
implantaires sont très vestibulées et deviennent visibles au travers de la résine. C’est
ainsi que la couleur blanchâtre des PEEK devient un avantage. En effet, l’utilisation
des boîtiers en PEEK (blanc) permet d’éviter l’apparition d’une ombre grise du boîtier
en titane à la surface de la prothèse. (Figure 78)

104
a) b)
Figure 78 : a) Visualisation sur le modèle en plâtre des matrices Novaloc® en PEEK

(blanc) et en titane (gris). b) Visualisation de la position très vestibulée de la matrice

Novaloc® en PEEK dans la prothèse. (Novaloc®, 2016)


5.2. Infrastructure et armature de prothèse amovible sur implant

Il est possible de concevoir une infrastructure à la PAC sur implants (PACSI). Cette
infrastructure, qui devient également une suprastructure implantaire, permet de
renforcer la base de la PAC. De plus, il semblerait qu’une infrastructure en PAEK, avec
un module d’élasticité faible, combinée à un matériau de recouvrement également de
faible module, comme la résine composite ou les résines PMMA, pourrait amortir
d’autant plus les forces occlusales et avoir un effet bénéfique sur la pérennité des
restaurations. Cette capacité est particulièrement recherchée pour les réhabilitations
implanto-portées où l’absence de desmodontes et la présence d’espaces inter-
implantaires larges engendrent un manque de proprioception. (Zoidis, 2017)

Un cas clinique présente un patient de 80 ans, édenté total, qui souhaiterait refaire des
prothèses adaptées à la situation buccale actuelle. Après une anamnèse rigoureuse
sur l’état de santé générale du patient, ses motivations, la résorption osseuse au
maxillaire et à la mandibule, il est convenu avec le patient de réaliser une prothèse
fixée complète stabilisée sur implants à la mandibule et une prothèse amovible
complète sur implants et piliers Locators® au maxillaire dotée d’une infrastructure en
PEEK (par convention en Allemagne, quatre implants sont posés au maxillaire).
Seules les étapes de conception de la prothèse maxillaire seront détaillées, la prothèse
mandibulaire a déjà été réalisée.

105
Les empreintes primaires sont réalisées et à l’aide des transferts, le positionnement
des implants est retranscrit précisément dans le maître-modèle. Les piliers locators®
sont vissés sur les implants, et leurs répliques sur le modèle (figure 79).

a) b)
Figure 79 : a) Radiographie de la situation initiale avant la réalisation de la prothèse
maxillaire. b) Modèle en plâtre doté des répliques des piliers Locator®. (Source : Adler
et coll., 2015)


Pour la suite, une maquette en cire est réalisée comportant des « inserts » imitant les
parties femelles des piliers Locators® (figure 80). Ce montage est essayé en bouche ;
l’esthétisme, la phonation et l’occlusion sont testés puis validés. Le résultat est
enregistré à l’aide d’une clé en silicone.

a) b)
Figure 80 : Montage directeur sur cire avec les logements des piliers, vue de l’intrados
(a), vue occlusale (b). (Source : Adler et coll., 2015)

Avant d’être pressée en PEEK, l’infrastructure est montée en cire, avec les logements
prévus pour les parties femelles des piliers. L’infrastructure ainsi obtenue est polie puis
revêtue d’une couche d’opaque et d’un primer d’accroche afin d’y coller les dents
prothétiques (figure 81). La clé en silicone, préalablement effectuée, permet de vérifier
le montage des dents.

106
a) b)
Figure 81 : a) Infrastructure en cire sur les tiges de coulée en vue de la pressée. b)
Photographie de l’infrastructure en PEEK revêtue d’une couche d’opaque. (Source :
Adler et coll., 2015)

S’ensuit les étapes de maquillage de la prothèse et la personnalisation des dents


prothétiques (figure 82). Les parties femelles sont ensuite collées. Le prothésiste peut
procéder aux finitions. La prothèse est contrôlée sur le modèle en plâtre monté sur
articulateur avec la prothèse antagoniste.
Enfin, le praticien effectue l’essayage final et la mise en bouche des deux nouvelles
prothèses d’usage et informe le patient sur l’hygiène à entretenir (figure 83). (Adler et
coll., 2015)

a) b)
Figure 82 : a) Assemblage des dents prothétiques sur l’infrastructure à l’aide de la clé
de vérification en silicone. b) Vue de l’intrados de l’infrastructure avec les logements
des parties femelles des piliers Locators®. (Source : Adler et coll., 2015)

107
a)

b)
Figure 83 : a) Photographie de la PACSI après finitions. b) Photographie du résultat
final après mise en bouche de la prothèse maxillaire et visualisation des rapports
occlusaux avec la prothèse antagoniste. (Source : Adler et coll., 2015)

5.3. D’autres exemples d’applications des PAEK en prothèse


implantaire

Dans la littérature on peut également rencontrer quelques cas de prothèses amovibles


sur piliers télescopiques implantaires dont l’infrastructure et les coiffes sont en PEEK
ou en PEKK. Des armatures de prothèses fixées sur implant peuvent également être
envisagées. En effet, leurs avantages déjà cités précédemment permettent de les
envisager comme une alternative intéressante aux matériaux habituellement utilisés.
Philippe Pisseloup, prothésiste dentaire à Dole (39), expose dans plusieurs articles de
revue, la mise en œuvre de BioHPP® dans divers cas de prothèse implantaire. L’effet
« Off-Peak », d’absorption des contraintes, est sûrement le premier atout de BioHPP®
et offre de nouvelles solutions à l’antagoniste implantaire sans entraver le confort du
patient. De plus, sa simplicité de mise en œuvre est très intéressante face au titane,
difficile à usiner et très coûteux.
Un récent article présente un patient portant deux prothèses amovibles complètes et
souhaiterait un dispositif stabilisé sur implants. Le cas décrit les étapes de mise en
œuvre d’une prothèse amovible sur piliers télescopiques en BioHPP®.

108
Pour commencer, un montage directeur sur cire est réalisé à l’aide des anciennes
prothèses, puis essayé et validé par l’équipe soignante et le patient (figure 84). Une
clé en silicone est alors modelée sur ce montage afin de conserver les paramètres
esthétiques et fonctionnels, pour la suite du travail.

Figure 84 : Photographie du montage directeur en cire validé par le praticien et le


patient. (Source : Pisseloup, 2017)

Sur le modèle en plâtre disposant des analogues des implants, les piliers sont sculptés
en cire sur une base en titane (figure 85). Ils sont ensuite pressés avant d’être
assemblés par collage sur ces bases. L’étape suivante permet d’obtenir l’infrastructure
de la prothèse amovible, également en BioHPP®. Pour cela, le montage directeur est
mis en place sur les piliers, puis le modèle est entièrement scanné et modélisé par
ordinateur. Le processus de CFAO élabore l’infrastructure avant de procéder à son
usinage (figures 86 et 87).

a) b)
Figure 85 : Photographies des piliers sculptés en cire, vue palatine avec les analogues
et les bases en titane (a), vue vestibulaire sur la fausse gencive (b). (Source :
Pisseloup, 2017)

109
a) b)
Figure 86 : Photographie des piliers pressés en BioHPP® et la clé en silicone (a) qui
guide le repositionnement du montage directeur (b) pour le scannage. (Source :
Pisseloup, 2017)

Figure 87 : Images du modèle scanné avec le montage esthétique (vert) et la


conception de l’infrastructure (jaune) avant son usinage. (Source : Pisseloup, 2017)


Le prothésiste peut alors conditionner les éléments (infrastructure, dents prothétiques)
en vue de leur collage. L’utilisation d’un primaire d’accroche (visio.link, Bredent) et
d’une colle duale est essentielle afin de garantir une bonne adhésion. Enfin, la mise
en place d’une fausse gencive et les étapes de finitions assurent la personnalisation
de la prothèse finale (figure 88). La figure 89 présente le résultat final après la mise en
bouche de la prothèse amovible d’usage sur piliers télescopiques.

110
a) b)
Figure 88 : a) Vue palatine du collage des dents prothétiques, la clé en silicone aide
au bon repositionnement. b) Vue vestibulaire du résultat final après finitions. (Source :
Pisseloup, 2017)

a) b)
Figure 89 : Photographies prises après la mise en bouche de la prothèse amovible
d’usage sur piliers télescopiques. (Source : Pisseloup, 2017)


Philippe Pisseloup évoque de grands avantages en combinant la prothèse
télescopique et le matériau BioHPP®, notamment l’acquisition d’une bonne friction
entre les étages prothétiques, garantissant ainsi la rétention de la prothèse amovible.
De plus, ce type de restauration facilite la maintenance au fauteuil ainsi que l’hygiène
buccale du patient, plus complexe dans le cas de bridge transvissé par exemple.
(Pisseloup, 2017)

Les figures 90 et 91 montrent un autre cas de prothèse implantaire utilisant les


Polymères de Haute Performance.

111
a) b)
Figure 90 : a) Radiographie panoramique deux ans après la pose d’un all-on four à
armature en PEEK. b) Infrastructure/suprastructure implantaire en PEEK BioHPP®.
(Source : Zoidis, 2017)

Figure 91 : Photographie de la prothèse fixée complète sur implant. (Source : Zoidis,


2017)

Une revue de littérature a décrit récemment l’utilisation d’une infrastructure en PEKK


dans un cas de réhabilitation par prothèse fixée complète sur implant, après
reconstruction mandibulaire par greffe de fibula (figures 92 à 94). Le manque d’étude
à long terme sur cet usage des PEKK impose de rester prudent quant à la pérennité
de la restauration, malgré le succès de cette réhabilitation. (Oh et coll., 2017)

112
a)

b)
Figure 92 : Photographie de la situation initiale lors de la première visite (a) et
radiographie panoramique (b). (Source : Oh et coll., 2017)

a) b)
Figure 93 : a) Photographie de la prothèse fixée d’usage. b) Radiographie
panoramique après pose de la prothèse fixée mandibulaire sur implants. (Source : Oh
et coll., 2017)

113
a)

b)
Figure 94 : a) Photographie, vue vestibulaire, après la pose de la prothèse d’usage. b)
Photographie de face après la mise en bouche de la restauration. (Source : Oh et coll.,
2017)

114
Ce qu’il faut retenir :

Aujourd’hui, les PAEK sont surtout connus des praticiens pour leurs utilisations en
prothèse implantaire, notamment dans la fabrication des coiffes de cicatrisation et de
pièces supra-implantaires comme les piliers provisoires.
Cependant, cette aptitude particulière, d’amortir les forces occlusales transférées à
l’implant, étend l’usage de ces matériaux à la confection de barre implantaire et
d’infrastructure de prothèse implantaire fixée ou amovible.
La facilité de scannage et d’usinage des PAEK est d’autant plus intéressante en
prothèse implantaire et permet de réaliser des pièces prothétiques personnalisées
d’une grande précision à moindre coût par rapport au titane.
La fabrication de vis implantaires en PAEK est actuellement possible, cependant les
propriétés mécaniques plus faibles que celles du titane, traditionnellement utiliséés,
ainsi que le manque de données au long terme de ces matériaux nous obligent à rester
prudents. Les études se poursuivent, notamment sur les améliorations à apporter afin
d’augmenter ses propriétés mécaniques et dépasser le stade de la restauration
transitoire.

115
CONCLUSION

La volonté croissante d’utiliser des matériaux biocompatibles en s’approchant au plus


près des propriétés mécaniques des tissus dentaires, a poussé les chercheurs,
praticiens et prothésistes à faire évoluer les méthodes traditionnelles associées à
l’odontologie prothétique. L’utilisation des Polyaryletherketones dans le domaine
médical a démontré depuis plusieurs années leur excellente inertie vis-à-vis des
structures biologiques. De plus, leurs propriétés mécaniques, voisines des tissus
osseux, combinées à leur légèreté, ont prouvé qu’ils pouvaient parfaitement se
substituer au titane, pour le plus grand confort des patients.

Leur récente arrivée en odontologie apporte de la nouveauté et des alternatives aux


matériaux traditionnels, tels que les alliages métalliques ou les résines. De plus en
plus rencontrés dans les applications supra-implantaires, les PAEK trouvent surtout
leur place dans les restaurations transitoires. Bien qu’il y ait une recrudescence
d’articles scientifiques traitant de l’usage des PAEK en odontologie prothétique ces
dernières années, le manque de recul clinique impose la prudence. Les fabricants ne
peuvent pas garantir avec précision les limites d’applications cliniques de leurs
produits en prothèse dentaire. Il est également difficile d’établir des recommandations
générales sur les méthodes et matériaux à utiliser lors de protocole de collage des
PAEK et des matériaux de recouvrement par exemple. De plus, les limites esthétiques
de ces matériaux restreignent leur utilisation dans des restaurations d’usage en
secteur antérieur.

Cependant, ils possèdent tout de même des avantages indéniables.


Dans une époque où la chasse aux matériaux et produits irritants ou potentiellement
cancérogènes est lancée, l’exigence des patients se porte, de plus en plus, sur le choix
des matériaux utilisés dans leur bouche. Ainsi, la tendance du « sans métal » ou « sans
résine » s’accentue, en dehors du contexte allergique. Grâce à leur biocompatibilité,
le recours aux polymères thermoplastiques peut donc être une belle alternative aux
résines acryliques ou aux alliages Ni-Cr et Co-Cr.

116
D’autre part, à l’ère de la CFAO, il est très intéressant d’opter pour un matériau
facilement scannable et usinable afin de réaliser des pièces prothétiques
personnalisées de qualité et peu coûteuses. Cette capacité étend les possibilités
d’utilisation et les méthodes de travail traditionnelles. C’est ainsi que l’on découvre la
perspective d’usiner directement des châssis de prothèse amovible, des couronnes
transitoires, des armatures de prothèses fixées ou encore des suprastructures
implantaires sur mesure en PAEK. Le plan de traitement se verrait alors simplifié dans
sa mise en œuvre avec des délais de conception nettement raccourcis.
Aujourd’hui, nous savons que cette technologie est possible et envisageable avec ces
matériaux, mais le chemin est encore long, la recherche se poursuit afin de
revendiquer une place importante dans notre arsenal thérapeutique et des
perspectives d’avenir dans le tout numérique.

117
« Bon écoute-moi bien, espèce de pompe à merde.

Quand tu vas chez le dentiste, tu lui dis pas comment faut faire, tu lui fais confiance.

Et bien là c’est pareil, tu nous fais confiance ! »

Octave, 99F

118
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES


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127
TABLE DES MATIÈRES

SOMMAIRE ................................................................................................................. 8

LISTE DES FIGURES ................................................................................................. 9

LISTE DES TABLEAUX ........................................................................................... 16

INTRODUCTION ....................................................................................................... 17

CHAPITRE 1 : LES POLYARYLETHERKETONES (PAEK) ................................... 18


1. Définitions utiles ........................................................................................... 18
1.1. Les polymères ......................................................................................... 18
1.2. Les polymères thermoplastiques ............................................................. 19
2. Présentation de la grande famille des PAEK ............................................. 21
3. Usages des PAEK ......................................................................................... 22
4. Dérivés des PAEK utilisés en odontologie ................................................ 23
4.1. PEEK ....................................................................................................... 23
4.1.1. Présentation ......................................................................................... 23
4.1.2. Biocompatibilité et potentiel allergène ................................................. 24
4.1.3. Propriétés chimiques et thermiques .................................................... 25
4.1.4. Propriétés optiques et esthétiques ...................................................... 25
4.1.5. Propriétés mécaniques ........................................................................ 26
• Densité ................................................................................................. 26
• Module d’élasticité ............................................................................... 27
• Résistance à la flexion ......................................................................... 28
• Résistance à la traction ....................................................................... 29
• Résistance à la compression ............................................................... 29
• Résistance à la fatigue ........................................................................ 29
4.2. PEKK ....................................................................................................... 30
4.2.1. Présentation ......................................................................................... 30
4.2.2. Biocompatibilité .................................................................................... 31
4.2.3. Propriétés chimiques ........................................................................... 31
4.2.4. Propriétés mécaniques ........................................................................ 31
• Densité ................................................................................................. 31

128
• Module d’élasticité ............................................................................... 31
• Résistance à la flexion ......................................................................... 32
• Résistance à la traction ....................................................................... 32
• Résistance à la compression ............................................................... 32
• Résistance à la fatigue ........................................................................ 32
5. Dérivés spécifiques adaptés à l’art dentaire .............................................. 33
5.1. BioHPP® : un exemple de PEEK développé pour l’odontologie ............. 33
5.1.1. Présentation ......................................................................................... 33
5.1.2. Mise en œuvre ..................................................................................... 34
• Procédure de pressée ......................................................................... 34
• Technique d’usinage par CFAO .......................................................... 37
• Coulée par injection ............................................................................. 37
5.1.3. Procédure d’assemblage ..................................................................... 38
• Conditionnement .................................................................................. 38
• Revêtement cosmétique ...................................................................... 40
• Scellement ou collage .......................................................................... 41
5.2. Pekkton® Ivory : un exemple de PEKK ................................................... 42
5.2.1. Présentation ......................................................................................... 42
5.2.2. Mise en œuvre ..................................................................................... 43
• Technique de pressée ......................................................................... 43
• Technique d’usinage par CFAO .......................................................... 45
5.2.3. Procédure d’assemblage ..................................................................... 46
• Conditionnement .................................................................................. 46
• Revêtement cosmétique ...................................................................... 46
• Scellement ou collage .......................................................................... 46

CHAPITRE 2 : APPLICATIONS DES PAEK EN PROTHÈSE FIXÉE...................... 49


1. Indications générales des PAEK en prothèse fixée .................................. 49
2. Contre-indications générales ...................................................................... 50
3. Utilisation des PAEK en prothèse fixée transitoire ................................... 50
3.1. Avantages ............................................................................................... 51
3.2. Inconvénients .......................................................................................... 52
3.3. Un exemple de prothèse fixée transitoire : cas d’une coiffe pédiatrique en
PEEK ....................................................................................................... 53

129
3.4. Exemples de prothèse fixée plurale transitoire en PEEK ........................ 54
3.4.1. Cas clinique n°1 ................................................................................... 54
3.4.2. Cas clinique n°2 ................................................................................... 56
4. Utilisation des PAEK pour la prothèse fixée d’usage ............................... 58
4.1. Avantages ............................................................................................... 58
4.2. Inconvénients .......................................................................................... 58
4.3. Cas cliniques de prothèse fixée unitaire d’usage .................................... 59
4.3.1. Etude d’un inlay-core en PEKK ........................................................... 59
4.3.2. Exemple d’une restauration coronaire extensive en PEEK ................. 61
4.4. Exemple d’une technique de réalisation en prothèse fixée plurale ......... 64

CHAPITRE 3 : APPLICATIONS DES PAEK EN PROTHÈSE AMOVIBLE ............. 69


1. Indications des PAEK en prothèse amovible ............................................ 69
2. La prothèse amovible à infrastructure en PAEK ....................................... 69
2.1. Avantages ............................................................................................... 69
2.2. Inconvénients .......................................................................................... 71
2.3. Cas cliniques ........................................................................................... 73
2.3.1. Cas clinique n°1 ................................................................................... 73
2.3.2. Exemples de plusieurs cas cliniques ................................................... 75
3. La prothèse amovible en PAEK sur coiffes télescopiques ...................... 77
3.1. Présentation ............................................................................................ 77
3.2. Cas cliniques ........................................................................................... 79
4. Utilisation des PAEK en prothèse maxillo-faciale ..................................... 84
4.1. Présentation ............................................................................................ 84
4.2. Cas clinique ............................................................................................. 85

CHAPITRE 4 : APPLICATIONS DES PAEK EN PROTHÈSE IMPLANTAIRE ....... 88


1. Principales indications des PAEK en prothèse implantaire ..................... 88
2. PAEK et vis implantaires ............................................................................. 88
3. Des corps de scannage en PAEK ............................................................... 89
4. Suprastructures implantaires en PAEK ..................................................... 91
4.1. Piliers implantaires en PAEK ................................................................... 91
4.1.1. Piliers de cicatrisation .......................................................................... 92
4.1.2. Piliers provisoires ................................................................................. 94
4.1.3. Cas cliniques ....................................................................................... 96

130
• Piliers préfabriqués en PEEK .............................................................. 96
• Pilier personnalisé en PEKK ................................................................ 98
4.2. Suprastructure implantaire pour prothèse complète transvissée .......... 101
4.2.1. Barre transvissée usinée en BioHPP® .............................................. 101
5. Éléments de liaison pour PACSI ............................................................... 103
5.1. Système Novaloc® ................................................................................ 103
5.2. Infrastructure et armature de prothèse amovible sur implant ................ 105
5.3. D’autres exemples d’applications des PAEK en prothèse implantaire .. 108

CONCLUSION ........................................................................................................ 116

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES................................................................... 119

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES ÉLECTRONIQUES................................... 126

TABLE DES MATIÈRES......................................................................................... 128

131
~ UNIVERSITÉ FACULTÉ
W DE LORRAINE
D'ODONTOLOGIE
DE LORRAINE

Jury: Président: J .M. MART RETIE- Professeur des Universités


Juges : A.S. V AILLA NT - Maître de Conférences des Universités
P. HlRTZ - Assistant Hospitalo-Un iversitaire
L. ROCCHI - Docteur en Chirurg ie Dentaire

Thèse pour obtenir le diplôme d'État de Docteur en Chimrgie Dentaire

Présentée par : Mademoiselle BAUDOUIN Lorra ine, An toinette, Yvonne

né(e) à : ÉPI NAL (Vosges) le 3 octobre 1991

el ayant pour titre:« Ut ilisation d es PAEK en od ontologie prothétique: applications cliniques


actuelles et perspectives » .

Autorise à soutenir et imprimer la thèse .Âo 'l.. 1 '0


NANCY, le , s. ·Al zmo
Le Président de l' Université de Lo1raine

Université de Lorraine· 24·30 rue Lionnois • BP 60120 · 54003 Nancy Cedex - France Tél : +33 (0)3.83.68.20.00

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BAUDOUIN Lorraine – Utilisation des PAEK en odontologie prothétique :
applications cliniques actuelles et perspectives

Nancy 2018 : 133 pages – 94 figures – 9 tableaux


Th. : Chir.-Dent. : Nancy : 2018

Mots-clés : PAEK, PEEK, biomatériaux, prothèse, prothèse implantaire

BAUDOUIN Lorraine – Utilisation des PAEK en odontologie prothétique :


applications cliniques actuelles et perspectives

Th. Chir.- Dent. : Nancy : 2018

Résumé
Les PAEK (polyaryletherketones) sont des polymères ayant déjà de nombreuses
indications dans le domaine biomédicale. Ils commencent à émerger pour un usage
en dentisterie et notamment en ce qui concerne les réhabilitations prothétiques
qu’elles soient supra-implantaires ou supra-dentaires, fixées ou amovibles.
Le but de ce travail est d’exposer les applications actuelles des PAEK en odontologie
prothétique, de dresser un bilan de leur usage, et de dégager quelques domaines pour
lesquelles leurs perspectives sont particulièrement intéressantes.
Après avoir énoncé les principales caractéristiques de cette famille de polymères, en
particulier des PEEK et des PEKK, nous nous concentrerons, à l’aide de cas cliniques,
sur leurs différentes indications en prothèse fixée, amovible et implantaire, ainsi que
leurs avantages et inconvénients par rapport aux matériaux conventionnels.
Membres du jury :

Pr. J-M. MARTRETTE Professeur des Universités Président


Dr. A-S. VAILLANT Maître de Conférences des Universités Directrice
Dr. P. HIRTZ Assistant Hospitalier Universitaire Directeur
Dr. L. ROCCHI Docteur en Chirurgie Dentaire Juge

Adresse de l'auteur :
BAUDOUIN Lorraine
295 chemin de la batterie
88390 CHAUMOUSEY

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