2-dr Commercial

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Jawad AMAHMOUL

Docteur en droit

Droit
commercial

2019

1
2
Sommaire

Chapitre I : le commerçant:

Paragraphe I : le critère objectif :

A – les actes de commerce par nature

B – les actes de commerce par la forme

C – les actes de commerce par accessoire

D – les actes mixtes

Paragraphe II : critère subjectif :

A – l’exercice habituel ou professionnel

B – la capacité commerciale

Chapitre II : le fonds de commerce :

Section I : éléments du fonds de commerce :

A – les éléments corporels

3
B – les éléments incorporels

Section II : opérations portant sur le fonds de


commerce :

A – la vente

B – l’apport en société

C – la gérance libre

D – le nantissement

4
Chapitre préliminaire

1-

Définition :

2- le droit commercial est une discipline qui regroupe


l’ensemble de règles juridiques applicables aux activités
industrielles, commerciales et artisanales. Le droit commercial
couvre des activités différentes de celles régies par le droit civil.
Font partie de son champ d’application toutes les opérations qui
concernent la production, la circulation et la distribution des
richesses. Mais le droit commercial ne régit pas toutes les
activités économiques. Certaines d’entre ces dernières ont été
délibérément exclues de son domaine, telle que l’agriculture et
les professions libérales.

Objet du droit commercial

3-

Classification économique des activités

4- Généralement, il est établi une distinction entre trois


catégories d’activités économiques. Ces dernières sont
respectivement l’extraction du sol, la transformation et de
circulation des biens et services et la consommation.

Activité d’extraction du sol

5- cette activité économique est exclue du domaine du


droit commercial. On applique le droit civil pour des raisons
historiques. Tout ce qui touche au sol relève du droit civil. Elle
concerne :

5
- l’agriculture. Les entreprises agricoles sont des
entreprises civiles. Lorsqu’elles se livrent à une activité de
transformation, elles deviennent alors des entreprises
commerciales

- extraction de matières minérales. Depuis 1819,


l’exploitation des mines relève du droit commercial. Une mine
concerne l’extraction de combustibles ou de minéraux. Toutes
les activités pétrolières relèvent du droit commercial.

Activité de circulation et de transformation des biens


et services

6- Domaine très vaste. C’est « le » domaine du droit


commercial. Il concerne les activités d’échange sauf la
promotion immobilière (consiste à acheter un immeuble pour y
construire des locaux dans le but de les vendre). Régit par le
droit civil uniquement.

Activité de consommation

7- Cette activité relève du droit civil. Elle est à l’origine


des opérations mixtes donc on appliquera souvent le droit de
consommation (part importante du droit en la matière).

Classification juridique

8- La classification juridique des activités peut être fondée


sur deux critères distincts.

9- Le premier est un critère personnel ou subjectif. Ce


critère se réfère à la personne qui agit. Le droit commercial serait
ainsi le droit applicable aux commerçants, c’est à dire à ceux qui
sont définis comme tels par la loi.

10- Deux conséquences en découlent. La première

6
considère que tous les actes faits par un commerçant relèvent du
droit commercial. La seconde produit l’effet inverse. Elle
consiste dans le fait que tous les actes faits par un non
commerçant relèvent du droit civil.

11- Le second est critère objectif. Ce dernier se base sur la


nature de l’opération. Il permet de distinguer entre deux types
d’actes : Les actes de commerce d’un côté et les actes civils d’un
autres, indépendamment de la qualité de l’acteur qui les
accomplis.

12- en vertu de ce critère, le droit commercial serait le


droit applicable aux actes de commerce. De même, la mise en
application de ce critère engendre deux conséquences. La
première consiste dans le fait que tous les actes de commerce
relèveraient du droit commercial, qu’ils soient effectués par un
commerçant ou pas. La seconde se résume dans le fait que tous
les autres actes relèvent du droit civil même s’ils sont effectués
par un commerçant.

13- Le code de commerce adopte les deux critères. Les


commerçants, en vertu de ces dispositions, sont ceux qui
exercent des actes de commerce et en font leur profession
habituelle. Le législateur se réfère ainsi au critère personnel. Par
ailleurs, le législateur marocain procède à l’énumération des
actes qui sont considérés comme étant commerciaux. On
agissant ainsi il est clair que le législateur marocain se réfère au
critère objectif.

De nos jours, celui qui est appliqué en priorité demeure le


second critère. La qualité de la personne qui effectue l’acte sera
ainsi prise en considération à travers l’application prioritaire de
la liste des actes de commerce avec quelques nuances.

Spécificités du droit commercial :

14- La spécificité du droit commercial est due à trois

7
principales raisons.

15- La première raison se rapporte au but du commerce


qui n’est autre que le fait de faire des profits. En droit
commercial, on estime que le commerçant spécule sur ses biens.
Aucun commerçant ne peut se contenter de gérer son patrimoine.
Au contraire, il va acheter et vendre des biens et les faire circuler
ses biens pour faire du profit.

16- La seconde raison consiste en le besoin de rapidité : le


commerçant n’a pas le temps de respecter les règles de droit
civil. Il faut simplifier les règles pour le commerçant

La troisième est dernière raison consiste dans le besoin de


crédit : il a de gros besoin en investissement. Il va falloir adapter
des systèmes de crédit pour le commerçant.

Conséquences :

11-

Besoin de rapidité

12- Il faut simplifier les procédures pour aller plus vite.


En matière commerciale, la preuve se fait par tous moyens. La
prescription est de cinq ans.

Besoin de crédit

13- Le législateur, par le biais de la spécificité du droit


commercial, va simplifier le crédit.

Le droit commercial facilite le crédit en mettant à


disposition des commerçants des techniques propres, des
opérations de crédit comme l’escompte de la lettre de change et
le factoring.

L’escompte de la lettre de change est le fait pour un tireur

8
de céder la lettre de change à sa banque, pour sa valeur vénale,
moins une certaine somme qu’on appelle le taux d’escompte.

Le droit commercial renforce le crédit, il va protège


davantage le créancier. Car dans le commerce, le non-paiement
d’une dette peut entraîner une cascade de faillite des entreprises
situées en aval.

en matière commerciale, en principe, il n’existe pas de


délai de grâce (délai de paiement accordé au débiteur par le juge)
sauf cas exceptionnels : en mai 68, le législateur a accordé des
délais de paiement du fait d la paralysie économique.

Principe de solidarité

14- On a un créancier qui a en face de lui plusieurs


débiteurs qui sont tenus solidairement par la même dette. Il faut
savoir à quoi chaque débiteur est tenu.

1ère hypothèse : débiteurs non solidaires. Chacun est tenu


de payer une partie de la dette et le créancier ne pourra demander
à chaque débiteur que la partie de la dette dont il est redevable.
Si un débiteur est insolvable, le créancier ne sera pas totalement
payé.

2ème hypothèse : débiteurs solidaires. Chacun est tenu de


payer la totalité de la dette. En vertu de ce principe, le créancier
peut demander le remboursement de toute la dette à n’importe
quel débiteur. Lorsque le débiteur a payé la dette, le créancier est
désintéressé, le débiteur qui a payé (le solvens) aura un recours
contre ses co-débiteurs pour leur part. Si l’un des débiteurs est
insolvable, la perte subie sera pour l’autre débiteur, le solvens.
Dans cette hypothèse, le créancier a tout intérêt à ce que les
débiteurs soient solidaires. Pour savoir si on a en face de soi des
débiteurs solidaires ou non : c’est précisé dans le contrat

le contrat ne dit rien. Lorsque c’est un contrat civil, le

9
contrat sera présumé de ne pas prévoir la solidarité. Si c’est un
contrat passé entre commerçants, la règle contraire s’applique
(présomption de solidarité en droit commercial).

Les sources du droit commercial

17- Ce sont les mécanismes par lesquels la règle de droit


est créée. Les sources du droit commercial sont les mêmes que
celles du droit civil (loi, jurisprudence, coutume, contrat). La
différence se situe que les places respectives qu’elles occupent
en droit commercial.

Les règles écrites

18- En droit commercial, elles relèvent du droit interne


national, du droit international et du droit européen.

Règles relevant du droit national

19-

Règles de droit commercial

20- Elles sont regroupées dans le code de commerce


recodifié, depuis 2000, en droit constant. Pour l’instant, seule la
partie législative a été recodifiée.

Règles de droit civil

21- Dans certaines situations commerciales, le droit civil


s’applique. Le droit commercial est un droit d’exception. Son
application est limitativement définie par le législateur. Par
exemple, le contrat de vente est régi par le droit civil (droit
commun). De plus en plus, les contrats modernes prennent une
importance considérable qui est issue de la pratique et seront
régis par le droit commercial (crédit-bail, contrat de vente en
ligne…). On peut donc se trouver dans deux situations :

10
- il n’existe aucune règle ni coutume commerciale
particulières, on applique le droit civil

- il existe un conflit entre le droit civil et le droit


commercial, on applique le droit commercial.

Règles relevant du droit international

22-

La réglementation internationale est issue de la conclusion


de conventions entre Etats. Elles sont nombreuses et on peut les
classer en deux sortes :

Les conventions bilatérales entre deux Etats

Les conventions multilatérales concernant un nombre


important d’Etat et visant à établir une uniformisation de la
réglementation commerciale entre les Etats signataires. Ces
conventions se divisent en deux :

Opérations qui visent à réglementer une opération


commerciale (par exemple, réglementer le transport par voie
ferroviaire)

Les conventions sont des actes qui visent à homogénéiser


le droit interne des Etats signataires. Son objectif se résume dans
le fait de poser des règles internationales qui soient applicables
par tous les Etats signataires. A titre d’exemple, ceci est le cas de
la convention de Genève de 1936 qui a unifie le droit de la LC
entre Etats signataires, du traité de Rome de 1937 visant à établir
une collaboration en matière nucléaire et à créer la CEE et du
traité d’Amsterdam de 1997.

Les usages commerciaux et les coutumes :

23- Les usages ont un rôle important. Ils sont même à


l’origine même du droit commercial. La distinction est établie

11
entre deux types d’usages : les usages dits de droit et ceux qui se
rapportent au fait.

Usages de droit :

24- Ce sont les règles qui sont créées au fil du temps et


qui grâce à leur constance finissent par être considérées comme
étant obligatoires. L’exemple qui peut être cité à ce titre est celui
de la présomption de solidarité, droit pour le juge de modifier le
contrat commercial de manière à le rendre conforme aux
prescriptions.

Caractéristiques constitue des règles de droit s’imposant


aux intervenants indépendamment de leur consentement. l’usage
de droit peut faire échec à une loi. Deux situations :

les coutumes commerciales peuvent faire échec à une loi


civile

les coutumes ne peuvent pas écarter l’application de la loi


commerciale.

Usages de fait

25- Ce sont des pratiques commerciales suivies par les


commerçants, qui se traduisent par l’introduction systématique
dans les contrats de certaines clauses qui, avec le temps, vont
disparaître des contrats. Elles vont devenir sous-entendues.

Ce sont des usages qui se créent selon un processus


conventionnel par répétition de certaines clauses contractuelles.
Les parties au contrat sont censées s’être référées tacitement à
ces clauses même lorsque le contrat ne le stipule pas.

L’usage de fait n’est pas une règle de droit, c’est l’indice


d’une volonté contractuelle vraisemblable parce qu’elle est
usuelle. L’utilisation des usages de fait varie selon les domaines

12
considérés. Trois caractéristiques :

- l’usage de fait ne s’applique qu’à défaut de


stipulations contraires des parties

- l’usage de fait ne peut déroger qu’aux lois supplétives


de volonté

- l’usage de fait doit être prouvé par celui qui l’invoque.

La jurisprudence

26- la jurisprudence joue le même rôle qu’en matière


civile avec deux spécificités. La première se rapporte au type de
juridiction qui la compose. La seconde est liée à l’existence
d’une autre jurisprudence issue des sentences arbitrales, qui
cohabitent avec celle élaborée par les juridictions étatiques.

13
14
Partie I : La commercialité

27- La commercialité est l’Etat de ce qui a rapport au


commerce et à l’activité commerciale. Elle est une notion qui
permet de réunir l’ensemble des facteurs qui spécifient le rapport
au commerce et qui sont liés à la reconnaissance et à l’attribution
de la qualité de commerçant.

28- La commercialité peut être vue à travers deux prismes


différents. Le premier est objectif. Il se base sur la nature de
l’activité exercée par l’entreprise individuelle ou sociétaire. Le
second est subjectif. Il concerne les conditions relatives aux
personnes désireuses d’exercer une activité commerciale.

15
16
Chapitre I : les actes de commerce

29-

30- Les actes de commerce font traditionnellement l’objet


d’une classification tripartite. Cette dernière distingue entre les
actes de commerce par nature, les actes de commerce par la
forme et les actes de commerce par accessoire. A ces trois
catégories s’ajoutent une quatrième qui se rapportent aux actes
mixtes.

Section I : les actes de commerce par nature

30- Les actes de commerce par nature ont été déterminés,


limitativement, par le législateur marocain dans l’article 6 du
code de commerce. En vertu de ce dernier, sont considérés
comme étant des actes de commerce par nature les actes
suivants :

- l’achat de meubles corporels ou incorporels en vue de


les revendre soit en nature soit après les avoir travaillés et mis en
œuvre de les louer.

- location des meubles corporels ou incorporels en vue de


leur sous-location

- achat d’immeubles en vue de les revendre en l’état ou


après transformation

- la recherche et l’exploitation des mines et carrières

- l’activité industrielle ou artisanale

- le transport

- la banque, le crédit et les transactions financières

- les opérations d’assurance à primes fixes

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- le courtage, la commission et l’entremise

- exploitations d’entrepôts et de magasins généraux

- imprimerie et l’édition

- le bâtiment et les travaux publics

- les bureaux et agences d’affaires, de voyages,


d’information et de publicité

- la fourniture de produits et services

- l’organisation des spectacles publics

- la vente aux enchères publiques

- la distribution d’eau, d’électricité et de gaz

- les postes et télécommunications

- les opérations portant sur les navires, les aéronefs et


leurs accessoires se rattachant à leur exploitation ou au
commerce maritime et aérien.

b- actes de commerce par la forme :

31- Ce sont des actes qui ne doivent pas leur


commercialité à leur objet mais à une déclaration expresse de la
loi. Sont considérés comme étant des actes de commerce par la
forme, la lettre de change et toues les sociétés commerciales à
l’exception de la société en participation qui ne dispose pas
d’une personne morale et qui n’a aucune existence juridique. Le
billet à ordre quant à lui peut également devenir commercial s’il
a été conclu par un commerçant à l’occasion d’une transaction
commerciale.

c- actes de commerce par accessoire :

18
32- Les actes de commerce par accessoire sont des
opérations qui sont en principe civiles, mais qui deviennent
commerciales parce qu’accomplies par un commerçant ou une
société commerciale pour les besoins de son activité.

d-les actes mixtes :

33- Les actes mixtes sont des actes qui sont considérés
comme étant civils à l’égard de l’une des parties et commerciaux
à l’égard de l’autre. Les règles du droit commercial s’applique
uniquement à la partie pour laquelle l’acte est commercial. En
revanche, ces règles ne peuvent pas être opposées à la partie pour
laquelle l’acte est civil, sauf disposition contraire.

1- Régime juridique des actes mixtes :

34-

Principe de la distributivité des règles :

35- Le principe retenu par le législateur marocain consiste


dans le fait de donner aux règles de droit une application
distributive. En vertu de cette application, les règles de droit civil
seront applicables à titre exclusive au non-commerçant et les
règles commerciales applicables uniquement au commerçant.
Ainsi, le régime appliqué se caractérisera lui-même par son
régime mixte.

36- Ainsi, en matière de droit de la preuve, le non-


commerçant dispose de la possibilité de prouver l'obligation
commerciale de son cocontractant pat tous les moyens. Il peut le
faire en s’appuyant sur le principe de la liberté de la preuve. En
revanche, le commerçant qui cherche à prouver l'obligation de la
partie non-commerçant devra agir dans le respect des règles de
preuve prévu par le droit civil.

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37- En matière de compétence juridictionnelle, le
commerçant ne pourra assigner le non-commerçant que devant
une juridiction civile. Par contre, le non-commerçant aura le
choix entre assigner le commerçant devant le Tribunal de
Commerce ou une juridiction civile.

38- Relativement au principe de la solidarité, est présumée


entre les codébiteurs commerçants alors qu'elle devra être
expressément stipulée à l'encontre des codébiteurs non-
commerçants. Ces derniers ne seront pas en son absence déclarés
conjointement responsables.

L’unité des règles :

39- Le principe distributif est soumis à plusieurs


exceptions. Ces dernières ont pour conséquence de donner lieu à
l’application du droit civil ou du droit commercial à l'intégralité
de l'acte, indépendamment de la qualité de la partie poursuivie.
Parfois, les deux branches précédentes du droit peuvent être
écartées en faveur des dispositions prévues par le droit de la
consommation.

40- L’unité se manifeste aussi dans le cadre de l’arbitrage,


relativement à la prescription et lorsque le droit de la
consommation reçoit application.

41- Considéré comme étant une technique propre au droit


commercial et des affaires, l’arbitrage ne peut pas être opposé à
une partie civile, voire même à un commerçant qui n'aura pas
contracté dans le cadre de son activité professionnelle. La clause
compromissoire ne pourra donc pas être opposée à un non-
commerçant qui n'agit pas dans un cadre professionnel dans le
cadre des actes mixtes. C'est le droit civil qui prime dans ce cas.

42- En matière de prescription, c’est la prescription


quinquennale qui devrait recevoir application à l'ensemble des
parties, indépendamment de leur qualité.

20
43- Enfin, certains types de contrats sont soumis dans leur
ensemble au droit de la consommation. Ce sont les règles du
droit de la consommation qui reçoivent application dans ce cas
en écartant les règles du droit commercial et du droit civil.

21
Chapitre II : Le commerçant

44- Seront traitées dans ce cadre les questions relatives


aux conditions nécessaires pour acquérir la qualité ainsi que les
obligations que doit respecter chaque commerçant.

Section I : les conditions subjectives

45- D’un point de vue subjectif, l’acquisition de la qualité


de commerçant nécessite la réunion de deux conditions. La
première est l’exercice à titre professionnel ou habituel. La
seconde est la capacité commerciale.

a- La profession commerciale :

46- Une personne physique ne peut acquérir la qualité de


commerçant que lorsqu’il exerce des actes de commerce à titre
habituel ou professionnel. Cet aspect se résume très souvent dans
la recherche du lucre qui doit constituer le motif principal de
l’activité exercée. Une activité, de la même nature, mais qui a un
but autre que la recherche du gain, ne peut pas être qualifiée de
commercial.

47- Cependant, il n’est pas nécessaire que l’exercice de


l’une des activités commerciales précédemment citées, constitue
la profession exclusive ou même principale de la personne
concernée. Il n’est pas nécessaire non plus que l’exercice de
cette activité soit fait à titre notoire.

48- Enfin, une personne physique exerçant une activité


commerciale à titre professionnel ne peut acquérir la qualité de
commerçant que lorsqu’elle œuvre pour son compte personnel.
A titre d’exemple, le gérant salarié d’un fonds de commerce ne
peut pas acquérir cette qualité, étant donné qu’il agit pour le
compte du propriétaire.

b - La capacité commerciale :

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49- La capacité commerciale est la deuxième condition
nécessaire à l’exercice d’une activité commerciale. Les mineurs
ne peuvent en principe pas exercer une activité commerciale et
acquérir la qualité de commerçant. Néanmoins, un mineur doué
de discernement, c'est-à-dire âgé de plus de douze années
révolues, peut obtenir une autorisation spéciale en vue d’exercer
certaines activités commerciales nommément et limitativement
déterminées. Cette autorisation est délivrée sur requête par le
juge des incapables.

50- Par ailleurs, un mineur âgé de seize ans au moins peut


également avoir la capacité d’exercer le commerce s’il a été
déclaré, par le même juge, majeur avec anticipation. Ces deux
actes doivent être inscrits dans le registre de commerce.

51- L’incapacité doit être distinguée de l’incompatibilité


et de la déchéance commerciale. L’incompatibilité est une
situation qui prive certaines personnes d’exercer le commerce
parallèlement avec l’exercice de certaines professions. Sont par
exemple concernés par cette situation les notaires, les avocats et
les fonctionnaires publiques. La déchéance commerciale est
quant à elle une sanction pouvant être prononcée contre des
personnes qui ont commis une infraction à l’occasion de
l’exercice du commerce.

2 – les obligations du commerçant :

52- Le commerçant est soumis, en contrepartie des


avantages dont il peut bénéficier, à un certain nombre
d’obligations. Parmi ces obligations les deux principales sont
respectivement la publicité statutaire et la tenue d’une
comptabilité commerciale.

a– la publicité statutaire :

53- La publicité statutaire se réalise par le biais de


l’immatriculation au registre du commerce. Cette obligation

23
nécessite également l’introduction, le cas échéant, des
inscriptions modificatives ainsi que la radiation en cas de
cessation de l’activité.

54- Le registre du commerce a la forme d’un fichier


alphabétique. Il contient deux originaux : le registre local tenu
au secrétariat-greffe des tribunaux compétents et le registre
central et public dans lequel sont centralisé l’ensemble des
inscriptions faites dans l’ensemble du royaume.

55- Tout établissement commercial est soumis à


l’obligation de se faire immatriculer dans les trois mois de son
ouverture ou de l’acquisition du fonds de commerce. La
défaillance à l’obligation d’inscription au RC est sanctionnée
d’une amende de 1000 à 5000 DH. De même, toute indication
inexacte, donnée de mauvaise foi, peut être sanctionnée d’un
emprisonnement d’un mois à un an et d’une amende de 1000 à
5000 ou de l’une de ces deux peines.

56- De surcroît, les entreprises commerciales qui ne


requièrent pas l’immatriculation au RC dans les délais prévus par
la loi ne peuvent pas se prévaloir de cette qualité à l’égard des
tiers.

57- L’immatriculation au registre du commerce a un


caractère personnel. Aucune entreprise ne peut être inscrite, à
titre principal, dans plusieurs registres locaux à la fois ou sous
plusieurs numéros dans le même registre local. En revanche,
l’entreprise peut, en cas de création de succursale ou d’agence,
introduire une mention modificative sur l’inscription initiale.

58- Les opérations qui doivent faire l’objet d’une


inscription au registre du commerce sont nombreuses. Les plus
importantes d’entre elles se rapportent au nantissement, la vente,
la cession du fonds de commerce, le brevet d’invention, marque
de fabrique, les décisions d’interdiction et sa mainlevée, la
nullité ou la dissolution de la société ainsi que les décisions de

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redressement et de liquidation judiciaire.

59- Le numéro et le lieu d’immatriculation doivent être


mentionnés sur les factures, les lettres, et les bons de
commandes.

60- L’immatriculation peut faire l’objet d’une radiation.


Cette mesure peut être prononcée, sur requête ou même d’office,
par ordonnance du président du tribunal dans des cas précis. Les
plus importants de ces derniers se rapportent au décès, à la
cession d’activité, à la déchéance, à la dissolution d’une société
et à la clôture d’une procédure de redressement ou de liquidation
judiciaire.

61- L’inscription au RC porte sur la raison de commerce.


Cette dernière constitue la dénomination sous laquelle une
activité commerciale est exercée.

62-La raison commerciale inscrite appartient


exclusivement à son titulaire. L’effet de ce privilège porte sur
une durée de trois ans et se perd en cas de non-usage. Ledit délai
commence à courir à compter de l’inscription.

Le principal effet du privilège d’inscription consiste dans


le fait d’empêcher toute personne, y compris celui qui porte un
nom patronymique identique, d’utiliser une raison identique. En
cas de violation, l’usurpateur peut être contraint de procéder à
une inscription modificative. Des dommages-intérêts peuvent
même être alloués à l’entreprise qui a subi un préjudice de ce
fait.

b – la comptabilité commerciale :

63-Les documents comptables d’une entreprise


commerciale doivent être établis en monnaie nationale. Les
entreprises commerciales sont aussi soumises à l’obligation de
conserver les pièces justificatives pendant une période de dix

25
ans. Ces dernières doivent être établies sans blanc ni altération.
Ils se composent du grand livre, du livre journal et des états de
synthèse.

64- Le grand livre sert à l’enregistrement des mouvements


affectant le passif et l’actif de l’entreprise. Cet enregistrement
doit être chronologique, c'est-à-dire mentionner opération par
opération et jour par jour.

65- Le livre journal doit être coté et paraphé par le greffe


du tribunal de commerce ou de première instance. Les données
qui y sont inscrites doivent être reprises dans le grand livre. Elles
doivent être ventilées selon le plan de comptes du commerçant.

66- Les états de synthèse doivent être établis dans un délai


de trois mois à compter de la clôture de l’exercice. Ces
documents visent à donner une image fidèle sur le passif et
l’actif, la situation financière et les résultats de l’entreprise. Ils
contiennent plusieurs documents qui sont respectivement le
bilan, le compte de produits et des charges, l’état des soldes de
gestion et le tableau de financement.

Le bilan est un document qui permet de décrire


séparément les éléments actifs et passifs de l’entreprise
commerciale. Le compte de produits et charges permet de
récapituler les produits et les charges de l’entreprise. Les états
des soldes de gestion concernent la description du résultat net et
l’autofinancement de l’entreprise. Enfin le tableau de
financement sert à déterminer l’évolution financière de
l’entreprise au cours du dernier exercice en décrivant les
ressources dont elle a disposé et les emplois qu’elle a effectués.

67- Les documents comptables régulièrement tenus


peuvent constituer un moyen de preuve, même en faveur de celui
qui les tient, entre commerçants et dans le cadre des actes de
commerce. Les documents comptables mal tenus peuvent aussi
être imposés à un commerçant par les tiers.

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68- La production des documents comptables peut être
ordonnée par le juge d’office ou sur requête. Cette production
peut être faite de deux manières. La première est la
représentation qui consiste à extraire de la comptabilité les
écritures qui intéressent le litige. La seconde est la
communication qui consiste en la production intégrale des
documents comptables en justice.

27
28
Partie II : Le fonds de commerce

69- Le fond de commerce peut être défini comme étant


l’ensemble des biens et des droits qu’un commerçant ou à un
industriel utilise pour l’exercice de sa profession. Nonobstant
son aspect hétéroclite, le fonds de commerce peut être considéré
comme étant une universalité. Il est une unité juridique qui a la
nature d’un bien meuble.

70- Le fonds de commerce se distingue par sa nature


incorporelle. Même si contenant également des éléments
corporels, qui sont en l’occurrence les marchandises et
l’outillage, les éléments incorporels du fonds, notamment la
clientèle, constituent la partie la plus importante et plus
prépondérante.

71- L’étude du fonds de commerce nécessite, dans un


premier temps, de procéder à l’analyse de sa conception et des
éléments qui entrent dans sa composition. Avant d’étudier, dans
un second, l’ensemble des opérations et contrats dont il peut
faire l’objet.

29
30
Chapitre I : la conception du fonds de commerce

72- Le fonds de commerce contient deux types


d’éléments. D’un côté il y a les biens meubles corporels et d’un
autre, les éléments incorporels.

Section I : Eléments corporels :

73- Le fonds de commerce compte deux éléments


corporels qui sont respectivement le matériel et les
marchandises.

1 - Le matériel :

74- Il consiste dans l’outillage utilisé dans le cadre de


l’exploitation de l’activité exercée. Sont considérés comme
faisant partie du matériel les machines, les biens mobiliers, les
voitures ainsi que tous les autres moyens de transports.

2 - Les marchandises :

75- C’est la matière sur laquelle porte le commerce ou


l’activité exercée dans le fonds. Ces biens meubles peuvent être
définis, d’une manière négative, par rapport au matériel.
Constituent des marchandises tous les éléments corporels
appartenant au fonds autre que ceux qui sont utilisés dans le
cadre de la production et de l’exploitation et qui sont destinés à
être vendus à des clients.

Section II : Les éléments incorporels :

76- Les éléments incorporels sont les éléments les plus


nombreux et les plus importants du fonds. Ces derniers sont
respectivement la clientèle, l’achalandage, le droit au bail, le
nom commercial, l’enseigne et les droits de la propriété
industrielle.

31
Paragraphe I : La clientèle :

77- La clientèle est l’ensemble des personnes qui ont avec


la maison des relations très étroites, qui se caractérisent par leurs
aspects suivis et habituels.

Elle constitue l’élément principal du fonds de commerce.

Paragraphe II : l’achalandage :

78- L’achalandage est une notion très proche de la


clientèle. Le critère permettant d’établir la distinction entre ces
deux éléments demeure dans la nature des rapports liant les
personnes qui achètent les biens ou services offerts au fonds. Si
la clientèle regroupe les personnes ayant des rapports suivis et
habituels avec le fonds, l’achalandage est une notion qui ne
concerne que les clients dits occasionnels ou de passage.
L’emplacement du fonds de commerce constitue ainsi un
élément déterminant dans la constitution et la valorisation de cet
élément.

Paragraphe III : Le droit du bail :

79- Le droit au bail, dit aussi la propriété commerciale,


doit être distingué de la propriété d’un immeuble. Cette dernière
ne fait pas partie du fonds de commerce en raison du caractère
mobilier de celui-ci.

80- Le droit au bail peut être défini comme étant le droit


reconnu par la loi au propriétaire d’un fonds de commerce sur le
local dans lequel ce dernier est exploité. Ce droit permet au
commerçant d’obtenir le renouvellement du contrat de bail ou, à
défaut, le paiement d’une indemnité d’éviction destinée à lui
permettre de louer un local de la même nature.

4 - Le nom commercial et l’enseigne :

32
81- Le nom commercial consiste en l’appellation sous
laquelle le commerce est exploité. Ce nom peut être identique au
nom patronymique du propriétaire du fonds de commerce ou être
seulement un nom de fiction.

5 - Les droits de propriété industrielle :

82- Ce sont les droits qui sont accordés aux industriels et


aux commerçants sur divers éléments de leur patrimoine. Ces
droits englobent les appellations d’origine, les indications de
provenance, les brevets d’invention, les dessins, les modèles, les
marques de fabriques et de commerce ainsi que les noms
commerciaux.

33
Chapitre II : les opérations sur le fonds de commerce

83- Les opérations susceptibles de porter sur le fonds de


commerce se caractérisent par la particularité de la procédure
devant être respectée par les parties. Ces règles processuelles,
souvent très vigoureuses, visent à protéger à la fois les intérêts
des parties de ces contrats et de tous les créanciers du
propriétaire du fonds.

84- Seront traités dans ce cadre respectivement la vente, la


gérance libre, l’apport en société et le nantissement du fonds de
commerce.

Section I : la vente du fonds de commerce

85- La vente du fonds de commerce est régie par les


dispositions des articles de 81 à 151 du code de commerce. La
procédure exigée pour la validité de ce contrat constitue une
exception au principe de la liberté de vendre.

86- Le contrat de vente doit obligatoirement faire l’objet


d’un acte écrit. Ce contrat peut être indifféremment un acte
authentique ou un acte sous-seing privé.

Le contrat établi doit comporter, quelle que soit sa nature,


des mentions essentielles pour sa validité. De même, le prix de
vente ne peut pas être payé directement entre les mains du
vendeur. Il doit être déposé auprès du greffe du tribunal ou de
toute autre instance habilitée à conserver les dépôts.

87- La cession du fonds de commerce doit aussi faire


l’objet d’une inscription au registre du commerce. Son
introduction constitue une inscription modificative.

88- Ensuite, un avis de la vente doit faire l’objet d’une


première publication au BO et dans un journal d’annonces
légales à la diligence du greffier. Une seconde publication doit

34
être faite par le nouvel acquéreur du fonds entre le 8 et 15 jours
de la première.

89- Cette procédure particulière vise à protéger les


intérêts du vendeur du fonds de commerce et les droits de ses
créanciers. Le vendeur du fonds de commerce dispose de deux
moyens pour faire valoir ses droits. Il peur évoquer le privilège
du vendeur ou exercer une action résolutoire.

90- Le privilège du vendeur permet à ce dernier de se


faire payer par priorité sur le prix du fonds en cas de sa revente.
Mais le bénéfice de ce privilège est attribué exclusivement au
vendeur qui a requis l’inscription de la vente au registre de
commerce dans un délai de quinze jours à compter de la date
marquée dans le contrat.

91- De surcroît, le vendeur qui a inscrit son privilège


dispose également du droit d’exercer une action résolutoire.
Cette dernière lui permet de faire anéantir rétroactivement la
vente en cas de non paiement du prix par l’acheteur aux
échéances convenues.

92- Les créanciers du vendeur du fonds de commerce


disposent de deux moyens pour faire valoir leur droit. Ils peuvent
faire opposition au paiement ou demander la revente aux
enchères.

93-L’opposition concerne les créances n’ont encore


échues. Elle doit être faite par lettre recommandée envoyée au
dépositaire en vue de l’empêcher de remettre le prix déposé entre
les mains du vendeur.

94- La revente aux enchères du fonds est un moyen qui


peut être utilisé par tout créancier qui estime que le prix offert
par l’acheteur est insuffisant ou qu’il n’équivaut pas à la valeur
réelle du fonds. Le créancier concerné peut demander la revente
du fonds aux enchères en se portant premier adjudicataire pour

35
un prix supérieur du sixième à celui figurant dans l’acte de vente.

Section II : L’apport à une société :

95- La présentation par chaque associé d’un apport à la


personne morale constitue une condition à la validité du contrat
de société. L’apport peut être en numéraire, en nature ou en
industrie. L’apport en nature est celui qui porte sur un bien
mobilier ou immobilier. Le fonds de commerce qui constitue un
bien immobilier incorporel peut donc aussi être apporté à une
société en tant qu’apport en nature.

96- L’apport d’un fonds de commerce à une société doit


être effectué dans le respect des mêmes règles processuelles et
des mêmes formalités relatives à la vente du fonds de commerce.
Les créanciers de l’apporteur doivent, donc, se faire connaître
dans un délai de 15 jours à compter de la deuxième publication.
Ils doivent fournir une déclaration au greffe du tribunal auprès
duquel le dépôt a été effectué.

Les associés disposent, le cas échéant, d’un délai de 30


jours à compter de la seconde publication pour demander
l’annulation de l’apport ou de la société. A défaut, la société sera
tenue solidairement avec l’apporteur du passif justifié
régulièrement déclaré dans le délai précédent.

Section III : la régence libre

97- La gérance libre est un contrat par lequel le fonds de


commerce est donné en concession à bail à un preneur, dit gérant
ou locataire gérant. Ce dernier l’exploite à ses risques et périls
moyennant le paiement au propriétaire du fonds d’une
redevance. La redevance est souvent calculée sur la base du
chiffre d’affaires réalisé.

98- La gérance libre se distingue de la gérance salariée.


Cette dernière constitue seulement un contrat de travail, même si

36
le propriétaire du fonds peut faire participer le gérant, qui
demeure son simple préposé, aux bénéfices. C’est l’existence
d’un lien de préposition qui constitue un critère de distinction de
la gérance libre et de la gérance salariée.

99- La procédure devant être respectée en cas de cession


d’un fonds en gérance libre se caractérise par sa simplicité. Le
contrat de gérance, qui doit être un contrat écrit et enregistré. Un
avis relativement à sa conclusion doit aussi faire l’objet d’une
publication dans la quinzaine au BO et dans un journal
d’annonces légales.

100- La cession d’un fonds de commerce en location


gérance engendre des conséquences qui sont d’un ordre très
divers. D’un côté, et pendant une durée de six mois subséquents,
le bailleur du fonds sera considéré comme étant solidairement
responsable avec le gérant des dettes contractées par celui-ci.
D’un autre, si la concession de fonds en gérance est de nature à
porter préjudice aux créanciers du bailleur, ces derniers peuvent
demander à la juridiction compétente de déclarer leurs créances
non encore échues, immédiatement exigibles.

101- La cessation de la gérance libre rend immédiatement


exigibles les dettes d’exploitation nées au cours de la gérance.

Section IV : le nantissement:

102- Le nantissement du fonds de commerce est régi par


les dispositions des articles 106 et suivants du code de
commerce. Cet acte consiste en une technique juridique qui
permet aux créanciers du propriétaire du fonds de commerce de
disposer d’une garantie supplémentaire de leurs dettes.

103- Le nantissement n’implique ni dépossession ni perte


du droit d’aliéner le fonds. La validité de cet acte et son
opposabilité requiert une inscription dans le registre du
commerce.

37
104- Les éléments concernés par le nantissement doivent
être énumérés dans le contrat. A défaut et en cas de silence,
seront considérés comme étant soumis à ce contrat et donc sujets
au nantissement la clientèle, le nom commercial, l’enseigne et le
droit au bail.

105- Le nantissement peut être conventionnel ou


judiciaire. Il est dit conventionnel quand il est décidé par le
propriétaire. En revanche, il est considéré comme étant judiciaire
quand il est octroyé par le juge sur requête formée par le
créancier concerné.

106- Le nantissement conventionnel doit être établi dans


un acte écrit. Cet acte doit faire l’objet d’enregistrement. Une
inscription à ce sujet doit être portée au registre du commerce
dans la quinzaine.

107- A l’arrivée de l’échéance de la dette garantie, le


créancier nanti doit adresser une sommation au propriétaire du
fonds. Huit jours après, et à défaut de paiement, il doit assigner
le débiteur au tribunal et demander que soit ordonnée la vente
judiciaire du fonds. Le juge doit avant de se prononcer sur cette
requête attribuer au débiteur un délai de 30 jours. A défaut du
paiement, la vente aux enchères pourra être ordonnée.

108- Le rang des créanciers nantis est déterminé sur la


base de la date de leurs inscriptions. Les créanciers inscrits le
même jour viennent en concurrence. Les créanciers nantis
priment les créanciers chirographaires. Ces derniers sont, en
revanche, primés par le vendeur du fonds de commerce et les
créanciers nantis sur l’outillage et le matériel d’équipement
professionnel.

38
39
Partie III : Les contrats bancaires

109-

40
41
Chapitre I : le compte bancaire :

110- L’activité bancaire consiste en la réception des fonds


du public, le fait de consentir des crédits ainsi que la gestion et la
mise à disposition des différents instruments de paiements et
crédits.

La première de ses activités se réalise à travers la


conclusion de contrat d’ouverture d’un compte bancaire.

Section I : la relation de compte

111- Une relation de compte bancaire peut revêtir l’un des


trois types.

112- Le premier est un compte d’avance ou de prêt. Ce


compte bancaire est utilisé en vue de l’inscription des règlements
opérés par le client emprunteur pour l’amortissement du capital
et le service des intérêts du prêt dont il a bénéficié.

113- Le second est le compte d’actifs financiers, dit aussi


compte de titres. Ce dernier est destiné à l’inscription des avoirs
financiers possédés par le client et dont celui-ci conserve la
totale disposition. Peuvent être inscrits dans ce compte des titres
tel que les bons de caisse et les valeurs mobilières.

114- Le troisième type est le compte monétaire. Ce


dernier est le plus fréquent des trois. Il est voué à
l’enregistrement des dépôts et retraits et aux transferts
monétaires.

A – le compte bancaire :

115-

a- l’économie du contrat de compte bancaire :

42
116-

1 – la teneur du contrat de compte bancaire :

117- La convention de compte bancaire est un contrat


moyennant lequel le banquier accepte de recevoir, de garder et
de rendre à vue les dépôts monétaires constitués par le client et
disponibles sur compte.

118- La fonction essentielle d’un compte bancaire est le


règlement par balance, de tous les chefs de créance susceptibles
d’apparaître entre le banquier et son client. Il peut être assimilé à
un réceptacle universel des créances réciproques. Ce réceptacle
contient des inscriptions bilatérales en compte des flux financiers
courants et balance des écritures en sens inverse.

2 – les effets du contrat de compte bancaire :

119- Le compte bancaire engendre trois effets principaux.


Ces derniers consistent en le report de l’exigibilité, la novation et
l’indivisibilité.

Report de l’exigibilité du solde à la clôture:

120- Lee report d’exigibilité signifie que les parties du


contrat sont irréductiblement censées avoir renoncé à se
demander l’une à l’autre le règlement du solde dégagé par le
fonctionnement du compte tant que celui-ci n’est pas clôturé.

Cependant, cet effet ne joue pas d’une manière


parfaitement bilatérale. C’est à l’établissement de crédit qu’il
s’impose notamment. En effet, La banque ne peut recouvrer un
solde provisoire en sa faveur contre son client titulaire du compte
qu’après fermeture préalable du compte.

121- La convention de compte bancaire comporte


fondamentalement un contrat de dépôt. Aux termes de cette

43
convention la banque demeure obliger, sans réciprocité, de
rendre à vue les avoirs disponibles du client.

La novation:

122- C’est un effet porte sur les avoirs unilatéraux du


titulaire en dépôt auprès de la banque.

La position éventuellement débitrice de son compte ne


constitue que le fruit d’une tolérance de la banque et non un effet
naturel de la convention initiale.

123- Le compte bancaire a vocation à enregistrer des


écritures correspondant à des créances réciproques nées
d’opérations diverses. Ces écritures sont constituées de prêt, tel
que les avances, des concours, des découverts ou des
rémunérations perçues par la banque, tels que les intérêts ou les
différentes commissions.

124- Le compte bancaire n’est pas descriptif d’avoirs


unilatéraux, mais il est un compte d’apurement d’intérêts croisés
ou bilatéraux. La traduction scripturale en compte d’une
quelconque créance réciproque entre les parties lui fait perdre
son existence juridique et comptable correspondante. Toute
créance novée, du fait de sa traduction comptable formelle,
s’éteint et se fait remplacée par une écriture autonome.

125- Les créances traduites dans le compte se projettent


sous forme d’écritures juridiquement inodores, incolores et sans
saveur. L’effet novatoire départicularise les remises comptables.
Il les banalise pour les rendre parfaitement fongibles et donc
propres à un traitement arithmétique par voie de balance. Les
créances deviennent insusceptibles de faire l’objet, à titre
distinct, d’un paiement séparé, d’une compensation, d’une
poursuite, d’une voie d’exécution ou de prescription.

L’indivisibilité :

44
126- L’indivisibilité est une modalité selon laquelle doit
s’accomplir la fonction de règlement du compte. Cette dernière
peut se réaliser à travers deux procédés distincts. La première
consiste en le fait d’opérer la balance après chaque écriture de
sorte à dégager un solde provisoire net. La seconde est une
modalité qui n’opérer cette balance qu’au terme du compte après
totalisation séparée des articles de l’actif, d’une part et du passif
de l’autre.

127- L’indivisibilité signifie que toute écriture passée au


compte doit aussitôt être arithmétiquement combinée au solde
des écritures antérieures de sorte à faire apparaître un nouveau
solde.

b- l’exécution du contrat bancaire :

128-

1 – fonctionnement du compte bancaire :

129-

La remise en compte :

130- Cette opération consiste en la traduction comptable,


par une écriture adéquate, de la créance de l’une des parties
contre l’autre.

131- Dès conclusion du contrat, les deux parties


s’engagent à une affectation générale et se mettent d’accord sur
le règlement par balance. Les remises opérées doivent apparaître
tout à la fois réciproques et enchevêtrées. L’enchevêtrement se
rapporte à la chronologie des écritures. Cette chronologie doit
être prise en considération.

132- L’enregistrement consiste en des écritures qui


correspondent à des droits acquis par la banque contre le titulaire

45
du compte, comme en cas d’avances, de remboursements ou de
commission. Il porte aussi sur toute créance en faveur du client,
dérivée d’un dépôt fait par le titulaire du compte ou
d’encaissement fait en son nom, suite à un virement, versement
de chèque, d’effet de commerce ou l’escompte.

La contre-passation :

133- C’est l’acte par laquelle un banquier débite le


compte bancaire de son client du montant total ou partiel, d’une
écriture antérieurement portée au crédit. Cette opération
constitue l’une des modalités de dénouement de l’escompte à
défaut de règlement par le débiteur principal à l’échéance de la
créance cédée. Le banquier escompteur dispose d’un recours
contre le client cédant qu’il peut exercer en vertu de l’affectation
générale prévue par la convention de compte bancaire, en
passant sa créance de remboursement au débit du compte.

134- La contre-passation est facultative. Elle engendre, en


cours du fonctionnement du compte bancaire, un effet novatoire
qui emporte l’extinction de la créance cambiaire du banquier qui
sera dans l’obligation de restituer le titre à son client.
Néanmoins, l’acte de l’escompte est généralement supplée par
une clause permettant au banquier de conserver l’effet au titre
d’un mandat de recouvrement ou à titre pignoratif pour garantir
le paiement du solde bancaire.

135- Après la clôture, la contre-passation n’emporte pas la


perte de la propriété de l’effet

2 – le fonctionnement du compte bancaire :

136- La clôture du compte bancaire est une conséquence


de la cessation de la convention liant le client à sa banque. Elle
peut être due à plusieurs motifs. Le premier est la survenance du
terme déterminé contractuellement. Le second consiste en la
modification de la situation juridique de l’une des parties,

46
comme en cas de décès, d’incapacité, de dissolution ou de
redressement ou liquidation judiciaire. Le troisième motif se
résume dans la dénonciation commune ou unilatérale de la
convention.

137- La clôture a pour principal effet de rendre le solde


débiteur pour le client titulaire exigible envers l’établissement de
crédit teneur. En cas d’existence d’une convention parallèle
d’ouverture de crédit, le solde débiteur ne devient exigible qu’à
la date assignée comme échéance à la convention pour
l’ouverture de crédit conclue à durée déterminée.

138- En revanche, en cas d’ouverture de crédit conclue à


durée indéterminée la banque doit aviser le client et lui accorder
le délai prévu dans le contrat. L’inobservation de cette
disposition d’engendre la responsabilité civile de l’établissement
de crédit.

139- La clôture met fin à l’enregistrement d’opérations


nouvelles. Néanmoins, cela n’a pas pour effet d’empêcher
l’écriture d’opérations initiées antérieurement mais non encore
dotées des caractères requis pour le règlement.

140- Le compte bancaire survive même après sa clôture


pour permettre le traitement comptable ultime. Ce traitement
permet d’arrêter le compte duquel résultera le seul vrai solde
définitif.

B – les comptes pluraux :

141- Un compte bancaire est considéré comme étant


pluriel en cas de pluralité. Cet aspect peut concerner le nombre
de personnes titulaires du même compte. En sera dans ce cas
devant un compte pluriel. La pluralité peut aussi se rapporter au
nombre de comptes ouverts à travers de nombreuses
conventions.

47
a- le compte collectif :

142- Il est un compte bancaire qui fait l’objet d’une


commune titularité par plusieurs personnes. Cette situation se
réalise lorsque plusieurs personnes physiques ou morales
sollicitent l’ouverture d’un compte commun. Il en est de même
lorsque plusieurs personnes se retrouvent dans une situation de
co-titularisation après le décès du titulaire d’un compte
personnel. Dans ce deuxième cas de figure le compte collectif est
en fait un compte indivis entre plusieurs cotitulaires.

143- La disposition des actifs en compte n’est


régulièrement ne peut avoir lieu qu’à l’unanimité des co-
titulaires. Cette unanimité se réalise à travers la signature
conjointe de tous les titulaires. On ne pourrait passer outre cette
signature qu’en cas de jeu de procurations permettant à chacun
de disposer des actifs sous sa seule signature.

144- Par ailleurs, chacun des co-titulaires répond du solde


débiteur du compte indivis en proportion de sa quote-part, mais
indéfiniment. Cette règle peut être écartée par toute stipulation
contraire qui prévoit une solidarité passive obligeant chaque
cotitulaire au règlement intégral du solde.

1 – le contenu de la convention de compte joint :

145- La convention de compte joint est un contrat qui


engendre un état de co-titularité entre deux ou plusieurs
personnes.

146- Pour se prémunir contre les effets négatifs de cette


convention et faciliter l’usage du compte, il est d’usage que
l’établissement de crédit insère dans le contrat une clause dite de
« solidarité active ». Cette clause a pour effet d’investir chaque
cotitulaire d’une maîtrise juridique personnelle et complète des
avoirs en dépôts.

48
Les effets de cette clause se résume dans le fait qu’il
permet à chaque co-titulaire d’agir comme s’il n’y a avait qu’un
seul et unique titulaire de la créance en vue d’exiger la restitution
des dépôts. Chaque co-titualire sera aussi doté de tous les
attributs d’un créancier exclusif.

2 – la portée de la convention de compte joint :

147- Chaque co-titulaire du compte est réputé habilité à


disposer du solde créditeur disponible.

148- La banque est fondée à recouvrir le solde débiteur


éventuel contre un tout co-titulaire. Chacun d’entre eux est
considéré comme étant débiteur du passif entier.

b- comptes multiples :

149- Les comptes multiples sont ceux qui sont ouverts et


tenus dans le même établissement au nom du même titulaire.

150- Le teneur de comptes peut exiger l’établissement


d’une liaison sécuritaire entre les comptes multiples ou du moins
entre les soldes. Cette liaison est réalisée de sorte que les
positions créditrices soient affectées à la garantie des positions
débitrices. Autrement dit, l’établissement de crédit vise dans ce
genre de cas à écarter l’indépendance réciproque des comptes
qui attribue à chacun des comptes multiples l’assise un contrat
séparé.

1- l’accord d’unité de comptes :

151- La première modalité utilisée par un établissement


de crédit tend à instaurer un état de droit antithétique à
l’étanchéité due à la règle de l’indépendance des comptes. La
mise en application de cet accord engendre la suppression du
cloisonnement juridique qui dérive de l’autonomie opératoire des
contrats de base.

49
152- L’accord signé sert à établir la perméabilité des
différents cadres comptables correspondants. Cette perméabilité
se réalise à travers la vocation donnée à leurs soldes respectifs à
se balancer.

153- Les comptes multiples sont ainsi réputés constituer


seulement de simples divisions fonctionnelles. Ces divisions
découlent de l’éclatement pratique, requis par la pure
commodité, d’une seule et unique relation globale de compte
entre le banquier et le client.

154- Cependant, cet accord engendre une contrepartie


pécuniaire à la charge de l’établissement de crédit. Cette dernière
consiste en la perte du lucre générée normalement par
l’obligation de pourvoir au calcul des intérêts débiteurs sur
positions globales résultant de la combinaison consolidée des
soldes partiels.

2 – l’accord de compensation des soldes :

155- Cet accord peut faire l’objet d’une convention


séparée du contrat de compte ou découlé d’une clause insérée
dans le contrat dite « de compensation ». La banque et son client
conviennent que les multiples comptes ouverts au nom du
dernier pourront donner lieu à une compensation de leurs soldes
en sens inverse.

156- Cet accord revêt l’allure d’un engagement anticipé


de compensation « in futurum ». Il est le fruit de la théorie de la
compensation des créances connexes. En vertu de cette théorie le
solde débiteur d’un compte courant, qui devient exigible après
l’ouverture de la procédure, pourrait être compensé avec tout
solde créditeur jugé connexe. Néanmoins, la valeur protectrice
de la compensation devient nulle en cas de saisie du solde
créditeur existant sur l’un des comptes.

50
51
52
Chapitre II : les contrats de crédit

157- L’opération de crédit est un acte par lequel une


personne met ou s’oblige de mettre, à titre onéreux, des fonds à
la disposition d’une autre personne, à charge pour celle-ci de les
rembourser, ou prend dans l’intérêt de cette dernière, un
engagement par signature tel qu’un aval, un cautionnement ou
toute autre garantie.

Par ailleurs, sont assimilées à des opérations de crédit des


contrats tel que l’affacturage, la location assortie d’une option
d’achat et la vente à réméré d’effets et de valeurs mobilières.

A – le crédit d’investissement :

158- Sous cette catégorie s’inscrit tout crédit qui sert à


financer des opérations lourdes d’équipement ou celles portant
sur des acquisitions immobilières.

a- le prêt d’argent :

159- C’est un contrat qui porte sur une chose qui se


consomme par l’usage. Son objet consiste en la remise d’une
partie à une autre une somme d’argent afin que cette dernière,
dite l’emprunteur, puisse s’en servir à charge de lui en restituer
autant de même espèce et qualité, à l’expiration du délai
convenu.

160- L’exécution de ce contrat s’articule autour de deux


phases clés. La première est celle du décaissement du capital. La
seconde se rapporte à son remboursement.

1 – le décaissement du capital :

161- Le capital correspond à la somme prêtée. Sa


délivrance est nécessaire à la formation du contrat qui est

53
considéré sur le plan juridique comme étant un contrat réel. Par
cela on entend tout contrat qui nécessite pour sa validité
l’accomplissement effectif de l’obligation principale.

162- L’objet de l’obligation du prêteur consiste en le fait


d’assurer à l’emprunteur une jouissance paisible du capital
pendant la durée prévue conventionnellement.

163- Le contrat de prêt d’argent est aussi un contrat


synallagmatique. On entend par cela qu’il a pour effet de créer à
la charge des deux parties des obligations réciproques : la remise
de l’argent pour le prêteur et le remboursement pour
l’emprunteur.

2 – le remboursement du capital :

164- Le dépôt monétaire implique une restitution, une


remise en sens inverse, au déposant et au moment convenu, des
signes mêmes substantifiés en compte par l’écriture créditrice de
dépôt.

165- Le remboursement du prêt consiste en le


rétablissement au prêteur d’une même quantité en signes
équivalents que la somme prêtée. L’emprunteur doit rendre une
chose semblable en quantité et en qualité à celle qu’il a reçue.

166- Le remboursement doit aussi être effectué au lieu et


à la date convenue par les parties. Au cas où ces dernières se
mettent d’accord sur une date unique on sera devant un prêt
remboursable en une seule fois dit « in fine ». Les parties
peuvent aussi se mettre d’accord sur plusieurs échéances
périodiques. Le remboursement s’opère dans ce cas par fractions
prédéterminées, tel que le mois, l’année ou le trimestre.

167- Généralement, le contrat de prêt énonce en faveur de


l’emprunteur, une faculté unilatérale de dénonciation du terme.
Ce dernier peut l’utiliser en procédant au remboursement

54
anticipé. Même à défaut de cette énonciation contractuelle,
l’emprunteur aura toujours cette faculté en main en vertu des
dispositions légales.

168- Cependant, dans le cas échéant, se pose toujours la


question de savoir si l’indemnité réparatrice stipulée en faveur
du prêteur en cas de résolution du contrat pour fait d’inexécution
de l’emprunteur ou de paiement par anticipation recevra
application.

169- Sur le plan juridique, cette clause sera considérée


comme constituant une clause pénale qui demeure sujette à une
modulation judiciaire.

b- le crédit-bail :

170- C’est un contrat aux termes duquel le crédit bailleur


achète un bien en son nom propre sur la demande d’un client, dit
le crédit preneur, pour le lui donner en location avec promesse de
vente. Ainsi, le crédit bailleur dispose d’un attribut sécuritaire
qui consiste en le droit de propriété du bien donné en location.

171- Les tribunaux ont tendance à assimiler le crédit bail à


une économie de louage et non pas à une opération de crédit.

172- Ce contrat relève du droit commun du louage de


choses. Il a pour effet de transférer au locataire toutes les actions
contractuelles dont dispose le crédit-bailleur contre le vendeur, et
notamment celle relative à la garantie des vices cachés.

173- Cet effet peut être écarté en cas d’engagement du


non recours du locataire envers le loueur. La renonciation doit
faire l’objet d’une clause de cession de créance avec
renonciation du locataire à la garantie légale du loueur.

174- La contrepartie de la jouissance du matériel ou de


l’immeuble baillé consiste dans le paiement par le locataire d’un

55
loyer convenu à échéance périodique. Cette obligation du
locataire est souvent liée à une «clause résolutoire » ou « de
déchéance du terme ». La mise en œuvre de cette clause
engendre la résiliation automatique du contrat.

175- En cas de défaillance, le locataire risque d’assumer


les conséquences d’une lourde clause pénale. Cette dernière peut
prévoir une indemnité égale au montant des loyers à échoir.

176- Au terme du contrat le locataire peut lever l’option.


En agissant de la sorte le propriétaire devient propriétaire du bien
objet du contrat. En revanche, lorsque le locataire ne lève pas
l’option le contrat parvenu à son terme cesse et le bailleur aura le
droit de récupérer le bien. Le locataire qui ne lève pas l’option
peut aussi bénéficier de la prorogation annuelle du contrat
moyennant un loyer prédéterminé de faible montant.

56
B – le crédit de trésorerie

177- Le principal élément qui permet de distinguer les


crédits de trésorerie des crédits d’investissement demeure dans
l’utilisation à laquelle ce crédit sera affecté et la durée pendant
laquelle il est octroyé.

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L’ouverture de crédit :

178- L’ouverture de crédit, souvent dénommée dans la


pratique « ligne de crédit », constitue une autorisation de crédit
consentie par la banque en faveur d’un client. Elle est un contrat
par lequel un établissement de crédit promet de mettre des fonds
à la disposition d’une autre personne.

179- Cette convention a pour intérêt de permettre à


l’entreprise bénéficiaire de disposer d’une sécurité due à la
source de financement offerte à sa demande. Elle représente
aussi pour l’établissement de crédit préteur un intérêt de taille,
étant donner qu’elle permet d’évite de grever ses ressources
comme lorsque l’eût fait un crédit par débours tout en
réalisation des bénéfices.

180- L’ouverture de crédit est un contrat consensuel. Ce


dernier peut être prouvé par tous les moyens de preuve.

181- Les causes de cessation du contrat peuvent être dues


à deux cas de dénonciation qui diffèrent en vertu de sa nature.
Ces derniers distinguent entre l’ouverture de crédit à durée
indéterminée et l’ouverture de crédit à durée indéterminée. Dans
le premier cas, seule l’échéance du terme permet la clôture. Dans
le second, l’établissement de crédit doit adresser un préavis au
bénéficiaire soixante jours au moins avant la clôture.

182- L’établissement de crédit n’est tenu à l’observation


d’aucun formalisme dans trois cas. Le premier est celui de
cessation notoire de paiement. Le second se rapporte à la
commission de la faute commise par le client à son égard ou
dans le cadre de l’usage de l’ouverture de crédit.

183- L’établissement de crédit s’engage par anticipation à


honorer la demande de mise à disposition de fonds émanant de
son client. En revanche, ce dernier reste libre de n’en point
formuler la demande.

58
184-Le bénéficiaire de la promesse de prêter peut
librement et à tout moment et par sa seule volonté provoquer la
mise à disposition convenue ou la clôture de la convention.

59
2 – cession de créances professionnelles :

185- C’est un prêt qui consiste en une cession par voie de


bordereau de créances en vue de garantir tout crédit octroyé pour
le financement de l’activité professionnelle de l’emprunteur.

186- Ce contrat de prêt donne lieu à l’usage d’un support


normalisé qui est le bordereau. Pour qu’il soit valable, ce dernier
doit comportait plusieurs mentions. La première mention
consiste en la dénomination « acte de cession de créances
professionnelles ». La seconde mention se résume dans
l’insertion du nom de l’établissement bancaire bénéficiaire. La
troisième est indication du numéro de la facture et la liste des
créances cédées.

187- La conclusion du contrat se réalise à compter de la


signature du bordereau par le cédant lors de sa remise. Cette
signature doit être procédée du datage du bordereau par le
cessionnaire.

La sécurité vis-à-vis du remettant :

188- Le datage du bordereau entraîne le transfert de la


titularité des créances désignées sur le titre. Sa remise entraîne
de droit le transfert des sûretés garantissant chacune des créances
concernées.

189- Le remettant n’est pas affranchi de toute possibilité


quant au dénouement des droits transmis au banquier
cessionnaire. Il sera considéré après cession comme étant garant
solidairement du paiement de la créance cédée.

190- La cession d’une créance professionnelle représente


le risque de double mobilisation auprès de deux établissements
de crédit différents. Cette situation se réalise en cas de cession de
la même créance par bordereau d’une part et par escompte de
lettre de change d’autre part. Cet acte peut même être assimilé à

60
une escroquerie.

Pour contrecarrer ce risque, le cessionnaire peut intégrer


dans la convention de prêt une clause de déchéance. Cette clause
à pour effet de lui permettre d’agir immédiatement contre le
remettant en cas de double mobilisation frauduleuse d’une
créance cédée.

La sécurité vis-à-vis des tiers :

191- En cas de redressement judiciaire du remettant, la


cession fiduciaire sera opposable aux tiers. Cette opposabilité
devient effective à compter de la date portée sur le bordereau.

La sécurité vis-à-vis des débiteurs :

192- La cession engendre le transfert des créances en


pleine titularité au banquier cessionnaire, des créances des
principaux débiteurs. Le cessionnaire a intérêt à notifier aux
débiteurs concernés une interdiction de payer le cédant pour leur
rendre opposable l’acte de cession.

La sécurité conventionnelle :

193- Cette sécurité est garantit à travers la conclusion


d’un accord cadre portant sur les droits dont dispose le
cessionnaire ou les obligations qui incombent au cédant. Cet
accord contient des clauses qui sont susceptibles de fournir plus
de sécurité au banquier.

La domiciliation obligatoire :

194- C’est une clause aux termes de laquelle le cédant


s’engage, auprès du banquier cessionnaire, de domicilier au sein
du compte ouvert auprès de ce dernier, tous les paiements à
intervenir du chef des débiteurs des créances cédées.

La clause d’exclusivité :

61
195- C’est une clause prévue au profit du banquier aux
termes de laquelle le client cédant s’engage à mobiliser auprès de
lui toutes ses créances professionnelles. La non observation de
ces deux clauses engendre la déchéance du remettant. Le
cessionnaire deviendra alors habilité à exiger le paiement
immédiat de la créance.

- la clause de variabilité :

196- Cette clause a pour effet de diminuer la ligne de


crédit autorisée, le cas échéant, par paliers. Cette diminution est
réalisée proportionnellement à la valeur des créances demeurées
impayées dans une période donnée.

L’engagement par signature :

197- L’engagement par signature, ou le crédit par


signature est un contrat par lequel un établissement de crédit
s’oblige dans l’intérêt de son client et sur demande de ce dernier
à servir éventuellement une somme d’argent déterminée ou
déterminable au bénéficiaire de la promesse.

198- Les termes de ce contrat consistent, dans la pratique,


en la souscription par le client d’un billet à ordre en faveur d’un
établissement de crédit. Ce même billet est, par la suite, présenté
à l’escompte auprès de la même banque après l’avoir avalisé par
un autre établissement.

62
Le Crédit par aval (acceptation):

199-

Définition :

200- C’est un contrat par lequel une personne s'engager à


garantir le paiement d'une tierce personne en faveur d’un
bénéficiaire sur un effet de commerce. La partie qui donne son
aval et qui est dite l’avaliste. Cette dernière est normalement un
établissement de crédit qui s’engage à payer le porteur de l’effet
de commerce en cas de non paiement du débiteur à l’échéance.

Modalités :

201- L’aval peut être donné en vertu de deux modalités. Il


peut soit figuré sur l’effet de commerce soit faire l’objet d’un
acte séparé.

Aval donné directement sur l’effet

202- L’aval consiste, dans ce cas de figure, en une


signature de l’avaliste apposée au recto de l’effet. Cette signature
doit être précédée de la formule « bon pour aval».

Aval donné par acte séparé

203- L’aval fait l’objet dans ce cas d’un acte séparé. Ce


dernier doit indiquer plusieurs mentions dont notamment le lieu
où l'aval est intervenu, le montant des sommes garanties ainsi
que la durée des engagements fournis.

Utilités :

204-L’aval comme crédit par signature, permet


d’atteindre deux objectifs différents. Le premier est la
constitution de stock. Le second est l’obtention d’un prêt auprès
d’un établissement de crédit.

63
Facilité la constitution des stocks :

205- L’aval constitue, dans ce cas, une technique


susceptible de permettre au client de la banque avaliste de
s'approvisionner sur le marché en bénéficiant de la confiance de
ses fournisseurs. Concrètement, la banque fournit ce crédit à son
client à travers l’acceptation de l’effet qu’il tiré en faveur du
vendeur.

Facilité l'octroi d'un crédit :

206- Le banquier qui souhaite épauler une entreprise dans


la gestion de sa trésorerie mais qui n’a pas de disponibilités peut
user de ce mode alternative de financement.

207- L'entreprise cliente qui a besoin de fonds pour


renforcer sa trésorerie peut trouver un autre banquier qui
acceptera le décaissement des fonds à condition d'être couvert en
risque par son confrère. Cette couverture consiste en
l’acceptation de l’effet qui sera émis à cette occasion. Le crédit
dont bénéficie l’entreprise emprunteuse sera réparti en risque et
en trésorerie entre les deux banquiers.

64
Le Cautionnement

Définition :

208- Le cautionnement constitue une sûreté personnelle. Il


est un contrat par lequel une banque nommée "la caution"
s'engage à l'égard d'une personne dite "bénéficiaire" à payer la
dette du débiteur principal dit "cautionné", au cas où ce dernier
faillirait à ses engagements.

Les intérêts

209- Le cautionnement représente des intérêts aussi bien


pour l’établissement de crédit que pour l’entreprise bénéficiaire.

Alléger la trésorerie de l’entreprise :

210- Le cautionnement permet d’alléger la trésorerie de


l’entreprise emprunteuse en suppléant aux débours qui devraient
normalement être effectués en substitution. Ces débours seront
normalement destinés à la constitution d’une provision.

211- à titre d’exemple, le crédit par signature permet


d’éviter le paiement de droits de douanes ou de procéder au
règlement d’une imposition fiscale.

Soulager la trésorerie des banques:

212- Le cautionnement a pour avantage d’être seulement


une simple signature. En le fournissant l’établissement de crédit
ne se trouve obligé de faire aucun débours d’argents. Ce produit
permet ainsi à une banque de réaliser un bénéfice sans qu’elle se
prive, initialement, de ses propres fonds pendant une durée
déterminée.

Typologie :

65
213- Le cautionnement bancaire est fourni dans de
nombreux et divers cas. Il peut être remis en faveur d’une
administration publique ou en faveur d’une personne de droit
privé.

Caution fiscale :

214- L’administration fiscale peut exiger un


cautionnement, en substitution à la constitution d’une provision.
Cet acte a pour effet de retarder les effets d’une imposition et sa
mise au recouvrement.

Caution en douane :

215- Ce cautionnement peut être fourni à l’administration


des douanes afin d’éviter la constitution d’une provision. Ceci
est le cas pour toute entreprise qui procède à une importation
temporaire.

Caution administrative :

216- Ce cautionnement est fourni notamment par les


entreprises qui ont soumissionnées à un marché public. Le
document fourni se substitue à la provision qui vise à garantir les
sérieux et à donner une indication sur la bonne santé financière
des différentes entreprises qui concourent en vue de l’attribution
du marché.

Lettre de garantie :

217- C’est un document émis par la banque en vue de


garantir le paiement d’un fournisseur pour les produits ou
services fournis à une entreprise. Le crédit, matérialisé par ledit
document, est utilisé en cas de défaillance de l’entreprise
débitrice.

66
Le Crédit documentaire

218-

Définition

219- Le crédit documentaire peut être défini comme étant


l’opération par laquelle une banque émettrice s’engage, à la
demande et pour le compte de son client importateur, dit le
donneur d’ordre, à régler à un tiers exportateur, dit bénéficiaire,
dans un délai déterminé, un montant déterminé contre remise des
documents strictement conformes et cohérents entre eux,
justifiant de la valeur et de l’expédition des marchandises ou des
prestations de services.

Typologie

220- La classification des crédits documentaires peut être


faite sur la base de la Portée de l’engagement de la banque, de la
possibilité de le révoquer et des risques afférents à cela.

Portée de l’engagement de la banque :

221-

Le crédit doc notifié :

222- Le crédit documentaire notifié est celui dans lequel


le banquier de l'importateur est seul engagé envers le
bénéficiaire. Le banquier de l’exportateur se contente de notifier
ce dernier au bénéficiaire sans garantir le paiement.

Le crédit doc confirmé :

223- C’est un crédit documentaire dans lequel le banquier


de l’exportateur s’engage envers ce dernier et garantit le
paiement du prix. Le banquier de l'importateur est conforté par
un banquier correspondant dans le pays de l'exportateur qui

67
confirme le paiement.

Risques couverts :

224-

Révocable:

225- Le crédit documentaire révocable est celui qui peut


être annulé ou modifié sans l'accord de toutes les parties, à tout
moment par le donneur d’ordre. Le crédit documentaire
révocable ne couvre aucun risque économique.

Irrévocable :

226- Le crédit documentaire irrévocable est celui dans


lequel la banque émettrice s’engage de façon ferme d'honorer les
documents remis en conformité avec les termes et conditions du
crédit.

227- Ce crédit couvre le risque commercial, c'est-à-dire la


défaillance de l'acheteur. En revanche, il ne couvre pas les
risques pays et le risque banque. Ces deux derniers risques se
rapportent aux cas de non transfert ou de la défaillance de la
banque de l'acheteur.

Irrévocable et Confirmé :

228- Dans ce dernier type de crédit documentaire, la


banque confirmatrice s'engage à payer au bénéficiaire le montant
des documents reconnus conformes. Il couvre tous les risques
contractuels, à savoir le risque commercial, le risque pays et le
risque banque.

Intervenants :

229-

68
Le donneur d'ordre :

230- C’est l’acheteur qui donne les instructions


d'ouverture du crédit documentaire.

La banque émettrice :

231- C’est la banque de l'acheteur qui procède à


l'ouverture du crédit documentaire en faveur de son client.

La banque notificatrice :

232- C’est la banque correspondante de la banque


émettrice. Elle est située dans le pays du vendeur et elle a pour
mission principale d’aviser le bénéficiaire de l'opération de crédit
documentaire, sans prendre d'engagement de paiement.

La banque confirmatrice :

233- C’est la banque notificatrice qui accepte de prendre


un engagement de paiement vis-à-vis du bénéficiaire.

Le bénéficiaire :

224- C’est le vendeur exportateur des marchandises à


destination d’un client demeurant dans un pays étranger. Il est la
partie en faveur de laquelle le crédit doc est ouvert.

Ouverture du Credoc :

225-

Réalisation de l'opération commerciale

226- Elle est la première étape dans le processus de


réalisation d’un crédit documentaire. L'acheteur et le vendeur
conviennent contractuellement des termes de l'opération de
vente, et notamment des deux éléments fondamentaux qui sont

69
respectivement le prix et la chose vendue. Ces derniers doivent
être bien spécifiée en terme de qualité et de quantité.

Demande d'ouverture du crédit documentaire

227- Lors de cette phase, l’acheteur, qui est aussi dit


donneur d'ordre adresse, suite à la conclusion de ce contrat de
vente internationale, à son banquier une demande d'ouvrir d’un
crédit documentaire en faveur de son vendeur, qui est dit
bénéficiaire.

Ouverture du crédit documentaire

228- La banque de l'acheteur, dite aussi banque émettrice,


procède à l’ouverture d’un crédit documentaire auprès d’une
banque dans le pays du vendeur.

Notification de l'ouverture du crédit documentaire

229- C’est acte est accompli par la banque


correspondante. Cette dernière procède à la notification de
l'ouverture du crédit documentaire au vendeur avec ou sans
confirmation. La banque étrangère agir en vertu de la convention
la liant à la banque émettrice.

Réalisation du Credoc :

230-

Expédition des marchandises :

231- Au début de cette seconde phase de réalisation, le


vendeur doit procéder à l’expédition des marchandises. Cet acte,
extrêmement important permet de garantir à l’acheteur, donneur
d’ordre, la réception des biens achetés et la transmission de leur
propriété. Il permet aussi de rendre possible l’examen de la
conformité des qualités et caractéristiques exigées dans le contrat
de vente internationale.

70
Réalisation du crédit documentaire :

232- Le crédit documentaire se réalise lorsque le vendeur


remet les documents énumérés dans la convention à la banque
correspondante, qu’elle soit notificatrice ou confirmatrice. Cette
remise permet à l’établissement de crédit de procéder à la
vérification de la conformité des documents reçus à ceux qui ont
été spécifiés lors de l’ouverture du crédit.

Envoi des documents :

233- La banque correspondante qui se trouve dans le pays


du vendeur, qu’elle soit notificatrice ou confirmatrice, procède à
la remise des documents à la banque de l'acheteur, dite la banque
émettrice, contre engagement de paiement.

Remise des documents et réception des marchandises :

234- La dernière phase consiste en la remise par banque


émettrice des documents reconnus conformes à son client. Cette
remise est effectuée contre remboursement par le client donneur
d’ordre à sa banque et remboursement par cette dernière à la
banque correspondante. Aux termes de ce processus, l'acheteur
se fait délivrer les marchandises sur présentation du document de
transport.

Modalités de règlement :

235-

Paiement à vue :

236- Cette modalité de paiement est réalisée dès


présentation des documents reconnus conformes par l par
l’exportateur.

Paiement différé :

71
237- Dans cette modalité, le vendeur accorde un délai de
paiement de paiement à l'acheteur. Ce dernier est déterminé
conventionnellement.

Par acceptation :

238- Cette modalité consiste en la création par le


bénéficiaire d'un effet de commerce tiré sur la partie requise au
crédit documentaire, en l’occurrence la banque notificatrice,
confirmatrice ou émettrice. L'exportateur bénéficiaire se voit
retourner un effet accepté qu’il pourra présenter au paiement à
l’échéance.

72
Partie IV : Les techniques juridiques de paiement

239-

73
74
Chapitre I : les instruments cambiaires

240- Les instruments cambiaires peuvent être définis


comme étant les supports opératoires servant de vecteurs à des
opérations stéréotypées accomplies en masse.

Ces instruments se distinguent aussi des titres voisins du


fait qu’ils impliquent tous l’intervention d’un établissement de
crédit.

75
Les instruments de paiement :

241- Ce sont des supports permettant d’aboutir au


paiement par une personne à une autre d’une quantité déterminée
d’unités monétaires. Le paiement porte sur une monnaie
scripturale, qui est une monnaie dématérialisée et stockée dans
des comptes tenus par des établissements de crédit.

Parmi les instruments cambiaires, seul le chèque s’inscrit


dans cette catégorie.

76
Paragraphe I : le chèque

242- Il est un titre de propriété monétaire permettant au


bénéficiaire de se faire servir, jusqu’à due concurrence, les
avoirs portés au crédit d’un compte du tireur auprès d’un
dépositaire déterminé.

1-La création du chèque :

243-

Les conditions de validité :

244- Le chèque est un support écrit. Sa validité exige la


réunion d’un certain nombre de conditions.

245- La première condition se rapporte au mot chèque. Ce


dernier doit être inséré dans le texte même. Cette insertion doit
aussi être faite dans la langue de rédaction du titre.

246- La seconde condition est le mandat pur et simple de


payer une somme déterminée d’argent. En cas de désaccord entre
la somme en chiffres et la somme en lettres, le chèque sera
valable et c’est la somme en lettres qui doit prévaloir. Il en est de
même en cas de désaccord entre deux sommes inscrites deux
fois. C’est la somme la moins forte qui prévaut dans ce cas.

247- Le nom du tiré constitue la troisième condition de


validité. Ce dernier doit être obligatoirement un établissement
bancaire. Le chèque ne peut pas être tiré sur le tireur lui-même,
sauf dans le cas de deux établissements différents appartenant au
même tireur.

248- Les dernières conditions se rapportent


respectivement au lieu du paiement, à la date, au lieu où le
chèque a été tiré et à la signature du tireur.

Les mentions essentielles :

77
249- Les mentions essentielles sont celles qui ne sont pas
exigées pour la validité du chèque, mais qui peuvent apporter
une certaines clarification à ses dispositions. Ces mentions se
rapportent principalement à la désignation du bénéficiaire et aux
modalités de son paiement. Le chèque peut revêtir plusieurs
formes. Il peut être soit à personne dénommée non endossable,
soit à ordre ou au porteur, voire même à l’ordre du tireur lui-
même. Le chèque peut aussi être soit simple, visé ou certifié.

2- L’émission du chèque :

250- L’émission est l’acte par lequel le tireur se dessaisit


du chèque en le remettant au bénéficiaire. La remise n’emporte
pas extinction de la créance originaire. Cette dernière subsiste
avec toutes ses garanties jusqu’à ce que ledit chèque soit payé.

251- Le chèque est payable dès son émission. Cet acte


emporte transfert de la propriété de la provision au bénéficiaire
désigné ou au porteur légitime.

3- La provision du chèque :

252- La provision du chèque est composée de la créance


d’une somme d’argent exigible dont le tireur est titulaire à
l’encontre du tiré. Cette somme doit faire l’objet d’un dépôt
préalable de fonds en compte. Ces fonds peuvent être mobilisés
par voie de chèques.

253- La provision doit être à la fois suffisante et


disponible. La disponibilité renvoie vers son existence lors de la
présentation alors que la suffisance se rapporte à sa valeur
comparée à celle du chèque.

254- Le défaut de payement du chèque constitue un délit


et donne lieu à une injonction bancaire de ne plus les émettre. Le
cas échéant, c’est au tireur qu’incombe de prouver l’existence de
la provision si cela est nié le tiré.

78
Le visa :

255- Le visa est une attestation établie par le tiré sur le


titre même. A travers cet acte, le tiré atteste l’existence de la
provision. Le visa ne vaut que pour le moment de son
établissement. Le tireur peut disposer librement de la provision
avant la présentation au paiement.

La certification :

256- Elle consiste en l’apposition par le tiré sur le chèque,


au moyen d’un procédé d’écriture indéniable, d’une formule
comportant sa signature, la mention de certification, la date de
celle-ci, le montant du chèque et la désignation du tiré. Cette
formule correspond à une attestation de l’existence de la
provision. Elle incarne aussi l’obligation ferme et irrévocable du
tiré de bloquer ladite provision au profit du porteur, pendant le
cours du délai légal de présentation.

4-La circulation du chèque :

257- La circulation du chèque se fait à travers sa


transmission à des porteurs successifs. Cette transmission
s’opère normalement par endossement. Cet acte peut aussi être
fait à titre de procuration. En revanche, il ne peut en aucun cas
être réalisé à titre de nantissement.

Le chèque au porteur se transmet par sa traduction de


main en main. Le cas échéant, les personnes poursuivies ne
peuvent pas opposer au porteur les exceptions fondées sur leurs
rapports personnels avec le tireur ou avec les porteurs antérieurs.
Cette exclusion constitue une conséquence du principe de
l’inopposabilité du chèque.

258- Tout endosseur est garant du paiement, sauf clause


contraire. Un nouvel endossement peut être interdit par
l’intégration de la mention « non endossable » par le porteur

79
légitime. Dans ce cas, l’endossement accompli en violation de la
règle précédente ne permettra pas d’évoquer la garantie du tireur
ou de l’endosseur concerné.

5- Le paiement du chèque :

259-

Le délai de présentation :

260- Le chèque est payable à vue. Les parties ne peuvent


pas écarter cette règle. Toute mention contraire sera réputée non
écrite. Le fait de postdater un chèque constitue une infraction.
Cette pratique n’a d’autant plus pas pour effet d’empêcher le
porteur de le présenter immédiatement au paiement.

261- Le délai de présentation d’un chèque émis au Maroc


est de vingt jours. Ceux émis à l’étranger doivent être présentés
dans un délai plus long de 60 jours. La présentation à une
chambre de compensation équivaut à une présentation au
paiement.

En cas présentation après expiration des délais prévus par


la loi le tiré peut payer s’il la provision est disponible et tant que
le chèque n’est pas prescrit. En revanche, la présentation tardive
qui n’est effectuée qu’après prescription empêche le porteur
d’exercer ses recours.

Les modalités de paiement :

262- Le tiré doit vérifier la légitimité des droits du


porteur. Il doit s’assurer de son identité, même lorsqu’il s’agit
d’un chèque au porteur. Même le chèque au porteur ne constitue
pas un chèque anonyme.

263- Le tiré a pour obligation de comparer la conformité


de la signature apposée sur le chèque à celle déposée auprès de

80
lui par le tireur appelé spécimen. La non observation de cette
obligation engendre la responsabilité du banquier.

264- Au cas où le chèque serait émis à ordre du porteur, le


tiré sera dans l’obligation de vérifier la régularité et la continuité
de la chaîne des endos.

Le tiré peut exiger en payant que le chèque lui soit remis


acquitté par le présentateur, même par le porteur.

265- Le porteur ne peut pas refuser un paiement partiel.


La mention de ce type de paiement est faite sur le chèque et une
quittance est donnée au tiré. Le chèque est protesté pour le
surplus.

266- Au cas où le chèque aurait été libellé en monnaie


étrangère il sera tout de même payable en Dirhams. Sa valeur
sera celle du jour au cours duquel la présentation a eu lieu.

Le barrement :

267- C’est une technique qui a pour intérêt de limiter les


risques en cas de perte ou de vol du chèque. Cette pratique
consiste en le fait d’apposer deux barres parallèles au recto du
chèque. Lorsqu’il n’y a entre ces deux barres aucune mention le
barrement sera dit général. En revanche, lorsque le nom d’une
banque est inscrit le barrement sera dit spécial.

268- Le barrement général peut être transformé en


barrement spécial par rajout de la dénomination d’un
établissement de crédit. En revanche, le biffage du barrement ou
du nom du banquier est réputé non avenu.

269- Le barrement général implique que le chèque ne soit


payé qu’en faveur d’un établissement bancaire. Le barrement
spécial engendre le fait que le chèque ne peut être payé qu’au
banquier désigné par le tireur entre les deux barres.

81
Opposition au paiement :

270- Le refus du paiement au motif que le tireur y a fait


opposition est puni d’une amende de 5000 à 50000 DH s’il s’est
avéré que l’opposition n’est pas conforme aux dispositions
légales.

271- L’opposition au paiement du chèque doit être faite


par écrit. Le tiré doit se prémunir de ce document pour mettre sa
responsabilité à l’abri vis-à-vis du porteur.

272- L’opposition régulière est celle qui s’appuie sur l’un


des quatre motifs prévus par la loi. Ces derniers sont
respectivement la perte, le vol, l’utilisation frauduleuse du
chèque et le redressement ou liquidation judiciaire du tireur.
Toute opposition faite de façon irrégulière et ne s’appuyant pas
sur l’un de ces motifs, constitue une infraction.

6-Le recouvrement du chèque :

273- La procédure de recouvrement est celle est suivie par


le porteur légitime en cas de non paiement du chèque à sa
présentation ou par régularisation ultérieure.

L’exercice des recours :

274- Un protêt doit normalement être effectué avant


l’expiration du délai de présentation ou pendant le premier jour
ouvrable suivant. Le recours à cet acte est écarté en la présence
de la mention « sans protêt » ou de celle de « retour sans frais ».
ces mentions peuvent être apposées par le tireur, l’endosseur ou
un avaliseur.

275- Le porteur doit aviser son endosseur du protêt ou du


« non-paiement » en cas de clause « retour sans frais » dans un
délai de huit jours ouvrables. Chaque endosseur a un délai de
quatre jours pour transmettre l’avis à son prédécesseur.

82
276- Tous ceux qui ont apposé leur signature sur le
chèque sont tenus solidairement du paiement. Celui qui a
remboursé le chèque dispose des mêmes droits.

277- Le porteur qui n’a pas présenté le chèque dans les


délais ou qui n’a pas fait dresser protêt n’aura plus de recours
contre le tireur. Le recours porte sur le remboursement du
montant du chèque impayé, des intérêts au taux légal et des frais
du protêt et des avis donnés.

La prescription des recours :

278- Les délais de prescription des recours pouvant être


exercés à défaut de provision du chèque diffèrent en vertu de la
qualité du porteur et de la personne contre laquelle ce recours
sera exercé.

279- Le premier délai est de l’ordre de six mois. Ce délai


commence à courir à compter de l’expiration du délai de
présentation. Il concerne les actions exercées par le porteur
contre les endosseurs, le tireur et les autres obligés.

280- Un autre délai de prescription de la même durée est


aussi prévu. Il commence à courir à partir du jour où un
quelconque signataire a remboursé le chèque. Ce délai se
rapporte aux actions pouvant être exercées par les divers
coobligés les uns contre les autres.

281- Le délai de prescription le plus long est celui d’un


an. Ce délai commence à courir à compter de l’expiration du
délai de présentation pour l’action du porteur contre le tiré. En
cas de prescription le porteur du chèque ne perd pas tout recours.
Il bénéficie de la subsistance de l’action de droit commun.

7- la réglementation sécuritaire du chèque :

282- La réglementation sécuritaire du chèque s’appuie sur

83
deux éléments fondamentaux. Le premier a pour conséquence de
neutraliser le tireur indélicat. Le second met à contribution le
système bancaire et les outils techniques dont il dispose.

A – la neutralisation du tireur indélicat :

283-

L’interdiction d’émettre des chèques :

284- Le tiré doit adresser au titulaire du compte une


injonction de ne plus émettre des chèques et de restituer toutes
les formules qui sont en sa possession. L’interdiction bancaire
d’émettre des chèques que risque l’émetteur auteur de l’incident
est applicable pendant dix ans.

Cependant, le titulaire du chèque peut s’en affranchir en


régularisant l’incident. Cette régularisation se réalise lorsqu’il
s’acquitte auprès du trésor d’une amende de l’ordre de cinq, dix
ou vingt pour cent du montant du chèque à partir de la troisième
injonction.

Délits liés à l’émission de chèques :

285- Le chèque est un instrument de paiement qui a fait


l’objet d’une large protection pénale. Cette dernière punit de
nombreux actes plus au moins liés à la provision et à sa
disponibilité. Le fait de retirer après l’émission la provision ou
celui d’avoir fait irrégulièrement opposition est puni d’un
emprisonnement d’un à cinq ans et d’une amende de 2000 à
10000 DH.

L’émission d’un chèque, en dépit d’une interdiction


bancaire, est un acte qui est susceptible d’un emprisonnement
d’un mois à deux ans et d’une amende de 1000 à 10000 DH.

B- la contribution du système bancaire :

84
286- La sécurisation du chèque est aussi réalisée grâce à
une large contribution du système bancaire. L’apport des
établissements de crédit se manifeste à travers le devoir de
mettre en application de nombreuses normes.

287- La délivrance de formules de chèque ne peut être


faite qu’aux personnes dont le domicile et l’identité ont été
vérifiés moyennant un document officiel. Les sanctions
encourues en cas de délivrance indue par le tiré est une amende
de 10000 par chèque tout chèque émis sur une formule
irrégulière. De même, la délivrance de formule de chèques au
mépris d’une interdiction bancaire est sanctionnée d’une amende
de 2000 à 80000 DH.

288- En cas d’incidence de paiement, l’établissement de


crédit doit établir un certificat de refus de paiement en faveur du
bénéficiaire. Il doit aussi adresser au titulaire du compte une
injonction de ne plus émettre de chèques et solliciter
l’enregistrement de l’incident près de Bank Al-Maghrib.

85
Section II : les instruments de mobilisation :

289- Ce sont des instruments de transmission simplifiée


consistant en des titres représentants des créances qu’ils
constatent et déclarent cessibles par simple remise. Cette
dernière peut être assortie d’un endossement si les titres sont
nominatifs.

86
Paragraphe I : la lettre de change :

290- C’est un titre au moyen duquel le titulaire de la


créance incorporée dans l’écrit cède celle-ci en donnant au
débiteur l’ordre de payer le cessionnaire à une date déterminée.

Les éléments de la lettre de change :

291- Le premier élément d’une lettre de change se


rapporte au cédant de la créance. Ce dernier n’est autre que le
créancier tireur de l’effet.

292- Le second élément est le débiteur de la créance


cédée. Il est dit aussi le tiré. Il est la personne physique ou
morale contre laquelle l’instrument est établi. C’est le tiré qui
s’engage de régler la lettre de change à échéance. Il est très
souvent un établissement bancaire.

293- Le troisième élément est le cessionnaire de la


créance. Il est dit aussi le bénéficiaire. Il est celui qui a le droit
de réclamer au tiré le paiement à échéance.

294- Le quatrième élément est la valeur fournie. Cette


dernière se résume en la prestation accomplie par le bénéficiaire
au profit du tireur.

295- Le cinquième élément est la provision. Cette


dernière représente la dette du tiré envers le tireur.

296- Les banques peuvent accueillir les traites à


l’escompte. Cet acte constitue l’opération par laquelle un
banquier se fait remettre une traite contre versement de son
montant, sous déduction des intérêts à courir jusqu’à l’échéance
et de diverses commissions.

Le fournisseur qui consent des facilités de paiement peut


faire accepter par ses clients des traites en blanc qu’il conserve

87
en portefeuille. Ce fournisseur peut prélever les traites, en cas de
besoin, en le complétant en désignant sa banque comme
bénéficiaire. Il peut ensuite remettre ce même titre à l’escompte
auprès de la même banque.

2- Les caractéristiques :

297- La lettre de change est un acte de commerce en


raison de sa forme. Celui qui choisit de fait l’utiliser est
considéré comme ayant implicitement choisi le régime juridique
du droit commercial pour régir l’ensemble des effets qui peuvent
en découler.

298- Tous les signataires d’une lettre de change doivent


avoir la capacité pour faire le commerce. La capacité légale à ne
suffit pas.

299- La lettre de change est régie par le principe de


« l’indépendance des signataires ». Celui qui appose sa signature
sur une lettre est tenu personnellement envers les autres
signataires. Son engagement est considéré comme étant
indépendant des rapports qu’il a avec son propre créancier.

3- les mentions obligatoires :

300- Ce sont les mentions qui doivent obligatoirement


figurer sur un support écrit pour qu’il puisse avoir la
qualification de lettre de change.

301- La première mention est la dénomination « lettre de


change ». Cette mention doit être insérée dans le texte et non pas
comme intitulé du support.

302- La lettre de change doit aussi comporter un mandat


pur et simple de payer une somme déterminée. Est considéré
comme étant pur et simple tout mandat clair qui n’est lié à
aucune condition.

88
303- Le nom du tiré la troisième condition de validité. Ce
dernier est généralement un établissement de crédit. Néanmoins,
il est possible que tiré soit en même temps le tireur.

Une traite ne peut pas être au porteur. Le tireur doit


obligatoirement déterminer le nom du bénéficiaire. Cependant,
une traite peut être à l’ordre du tireur lui-même.

305- Les dernières mentions obligatoires sont la date de


création et la signature du tireur.

Les mentions complémentaires :

306-

L’échéance :

307- Elle détermine la date à partir de laquelle la lettre de


change sera payable par sa présentation au tireur. La
détermination de l’échéance ne constitue pourtant pas une
condition de validité. Toute lettre de change dont l’échéance
n’est pas indiquée est considérée comme étant payable à vue.

308- Le tireur peut choisir entre quatre types d’échéance.


Une lettre de change peut être à vue, à un certain délai de vue, à
un certain délai de date ou à jour fixe.

La lettre de change dont l’échéance est à vue est payable à


la vue du tiré. Son paiement n’est subordonné à la réalisation
d’aucun délai.

La lettre de change payable à un certain délai de vue est


celle dont l’échéance se réalise un certain délai après la vue. Cet
acte correspond à sa présentation pour acceptation à la banque.

La lettre de change à certain délai de date est celle dont


l’échéance déterminée par l’émetteur ne se réalise qu’après
expiration d’un certain délai. Ce dernier ne commence à courir

89
qu’à compter d’une date précise.

La lettre de change à jour fixe est celle dont l’émetteur


détermine une date précise qui sera celle de son échéance.

Le lieu de création :

309- La détermination du lieu de création ne constitue pas


une mention obligatoire à la validité de la lettre de change.
L’effet qui ne fait mention à aucun lieu de création sera
considéré comme étant souscrit dans le lieu désigné à côté du
nom du tireur.

3 – les garanties de la lettre de change :

310- Le paiement de la lettre de change peut être garanti


par la provision fournie par le tireur ou l’aval fourni par un
avaliste, qui est souvent établissement de crédit.

La provision :

311- La provision doit exister au plus tard au moment de


l’échéance de la lettre de change. Le tiré peut constater cette
existence en apposant sur la lettre de change son acceptation.
Cette dernière consiste en le mot « accepté » ou tout autre mot
équivalent.

L’acceptation peut consister en une simple signature du


tiré apposée au recto de la lettre de change. Elle peut être
demandée par tout porteur légitime jusqu’à l’arrivée de
l’échéance.

312- La signature de la traite par le tiré provoque son


engagement définitif envers tous les porteurs de bonne foi. Cet
engagement suppose la disponibilité et la suffisance de la
provision.

L’aval :

90
313- L’aval est une technique qui permet de garantir le
paiement d’une lettre de change. Il est donné soit sur la lettre de
change elle-même soit sur un acte séparé.

L’aval consiste en la signature de l’avaliste accompagnée


de la mention « Bon pour aval ». La seule signature d’un tiers
apposé au recto en fera un donneur d’aval.

314- L’aval doit indiquer la personne pour le compte de


laquelle il a été donné. A défaut, cette garantie sera réputée
donné en faveur du tireur et pourra ainsi bénéficier à tous les
signataires.

3 – la transmission :

315-

Les modalités de l’endossement :

316- L’endossement peut avoir lieu selon trois façons


différentes.

L’endossement translatif :

317- C’est un endossement qui permet de transmettre la


propriété de la lettre de change d’une personne à une autre. Ce
type d’endossement constitue la règle. Tout endossement est
considéré comme étant translatif jusqu’à preuve contraire.

318- L’endossement translatif découle de la signature


accompagnée de la mention « payer à l’ordre de». Cet
endossement peut aussi consister en seulement une signature
apposée sur le dos.

319- Le porteur légitime de la traite n’est pas obligé de


désigner le bénéficiaire en faveur de qui la transmission a été
faite. Une lettre de change peut même être endossée en faveur du
porteur.

91
La transmission de la lettre de change peut même se
résumer en une simple signature de l’endosseur sur le dos. On
parle dans ce cas d’un endossement en blanc.

L’endossement de procuration :

320- Dans ce type d’endossement, le nouveau porteur de


pouvoir est seulement un mandataire de l’endosseur à
l’encaissement de la traite. Il a pour charge principale de veiller
sur le recouvrement de la traire pour et en faveur du mandant,
l’auteur de l’endossement.

321- Cet endossement se révèle par des mentions « valeur


en recouvrement » ou « pour encaissement » ou « par
procuration ». Dans la pratique il est très souvent effectué en
faveur d’un établissement de crédit.

L’endossement de garantie :

322- C’est un endossement équivaut au nantissement de la


traite. Il est concrétisé par des mentions du genre « Valeur en
garantie » ou « valeur en gage ».

323- Si le tireur veut que la traite ne fasse pas objet de cet


endossement il doit insérer la mention « non à ordre ».

Les effets de l’endossement :

324- L’endossement translatif engendre le transfert de la


propriété de la provision de droit aux porteurs.

325- La cessation des paiements du tireur n’a aucun effet


sur cette transmission. La provision échappe à l’actif de la
liquidation des biens ou du redressement judiciaire.

326- La transmission de la propriété est soumise au


principe de « l’inopposabilité des exceptions ». Tout coobligé à
qui le paiement est réclamé ne peut pas évoquer ses rapports

92
personnels avec le tireur ou les porteurs antérieurs.

Le paiement de la lettre de change :

327-

La présentation au paiement :

328- La présentation est l’acte par lequel le porteur


légitime d’une lettre de change réclame son paiement au tiré. Cet
acte ne peut avoir lieu qu’à partir de la réalisation de l’échéance
et dans les délais prévus par la loi.

La lettre de change à vue doit être présentée dans un délai


d’un an à partir de sa date. Le tireur peut abréger ce délai ou en
stipuler un délai plus long. Les endosseurs peuvent seulement
l’abréger.

329- La présentation doit avoir lieu le jour où la traite est


payable ou l’un des cinq jours ouvrables qui suivent celui de
l’échéance.

Les modalités du paiement :

330- Le tiré qui paie une lettre de change peut demander


qu’elle lui soit remise acquittée par le porteur. Ce dernier ne peut
pas refuser un paiement partiel. Dans ce cas, une quittance est
donnée et un protêt doit être dressé pour le surplus.

331- L’opposition au paiement n’est admise que dans les


cas déterminés par la loi. Ces derniers sont le redressement ou de
liquidation judiciaire du porteur, le vol ou la perte de la lettre de
change.

332- En cas de perte, et à défaut d’un accord amiable, le


porteur peut obtenir paiement sur ordonnance du juge. Cette
décision n’est rendue qu’en faveur du porteur qui justifie sa
propriété par ses livres et en fournissant une caution.

93
Le recouvrement de la lettre de change :

333-

Le protêt :

334- C’est un acte authentique dressé par un agent du


secrétariat-greffe du tribunal de commerce pour constater le
refus du tiré d’accepter une lettre de change ou de la payer.

335- Le protêt faute d’acceptation doit être dressé dans les


délais fixés pour la présentation à l’acceptation. Le tiré est en
droit de demander qu’une nouvelle présentation lui soit faite le
lendemain.

336- Le protêt faute de paiement doit être établi dans les


délais fixés pour la présentation au paiement s’il s’agit d’une
lettre de change à vue. Cet acte doit être établi dans l’un des cinq
jours ouvrables suivant celui dans lequel la lettre de change
devient exigible.

Les recours :

337- Tous ceux qui ont soit tiré, accepté, endossé ou


avalisé une lettre de change sont tenus solidairement envers le
porteur. Le porteur a le droit d’agir contre toutes ces personnes,
individuellement ou collectivement.

338- L’exercice des recours ne peut avoir lieu qu’à


échéance. Néanmoins, en cas de refus d’acceptation, de
redressement ou de liquidation judiciaire du tiré ces recours
peuvent être exercés même avant.

339- A défaut de recours dans les délais, le porteur


négligent sera déchu de tous ses droits, à l’exception de ceux
qu’il a contre l’accepteur.

340- Chaque porteur doit donner avis du défaut

94
d’acceptation ou de paiement à son endosseur. Cet avis doit
avoir lieu dans les six jours ouvrables qui suivent le protêt ou la
présentation.

Chaque endosseur doit, à son tour, aviser dans les trois


jours ouvrables son endosseur. Aucune forme sacramentelle
n’est prévue pour donner cet avis.

La prescription:

341- Le recours contre l’accepteur se prescrit dans un


délai de trois mois à compter de la date de l’échéance. Les
actions du porteur contre les endosseurs et le tireur se prescrivent
dans un délai d’un an. Celles des endosseurs les uns contre les
autres et contre le tireur se prescrivent dans le délai de six mois.

95
Paragraphe III : le billet à ordre

342- le billet à ordre est un écrit par lequel le souscripteur


s’engage à payer au bénéficiaire ou à son ordre une certaine
somme à une date déterminée. Ce titre ne constitue pas un acte
de commerce par nature. Néanmoins, cet acte devient
commercial lorsque la dette qui doit être réglée est quant à elle
commerciale. Ce titre est généralement soumis aux mêmes
dispositions régissant la lettre de change.

Les mentions obligatoires :

343- La validité du billet à ordre dépend de l’inclusion de


plusieurs mentions obligatoires.

345- La première mention se rapporte à la clause à ordre.


Cette mention ne doit pas figurer seulement au niveau de
l’intitulé, mais être insérée dans le texte.

346- La seconde mention se résume en la promesse pure


et simple de payer une somme déterminée.

347- La troisième mention est l’indication de l’échéance.


Cette mention ne constitue pas nécessaire à la validité de ce titre.
À défaut d’en indiquer une, le billet à ordre sera présumé comme
étant payable à vue.

348- Le nom du bénéficiaire, celui du souscripteur et la


signature de ce dernier constitue aussi des mentions obligatoires.
Ceci n’est pas le cas de la date et du lieu de la création. Même à
défaut de ces deux dernières mentions, le billet à ordre sera
valable.

96
Chapitre II : les instruments non cambiaires

349- Ce sont des instruments dans lesquels il n’est fait


recours à aucun support écrit émis et géré par un établissement
de crédit, même si l’intervention d’un établissement de cette
nature reste obligatoire.

Les instruments non cambiaires se distinguent ainsi par le


fait qu’ils ne donnent pas lieu à l’émission d’un titre
transmissible.

97
Section I : le virement :

350- Le virement est un procédé de transfert comptable


d’avoirs disponibles qui sont soit détenus, tel qu’un solde
créditeur, ou mobilisable, tel qu’une ouverture de crédit, en
forme scripturale. Une fois donner le mandat de virer ne peut
plus être révoqué.

Cet acte peut aussi être défini comme étant une opération
consistant dans le fait de débiter et de créditer corrélativement
deux comptes de la même valeur.

Jeu de mandats :

351- La banque du donneur d’ordre agit comme


dépositaire des fonds ou comme intermédiaire. Elle exécute le
mandat reçu par le donneur d’ordre en débitant son compte
bancaire en faveur du titulaire d’un autre compte bancaire.

352- La banque domiciliataire du virement agit en qualité


d’intermédiaire mandaté par le bénéficiaire. Elle exécute le
mandat d’encaisser la somme d’argent viré par le donneur
d’ordre.

Jeu d’écritures :

353- Le virement correspond en deux écritures. La


première est une écriture au débit. Elle permet de débiter le
compte du donneur d’ordre. La seconde est une écriture au crédit
qui permet de crédit le compte du bénéficiaire.

98
Section II : l’affacturage :

354- L’affacturage est une opération qui consiste en


l’achat ferme des créances détenues par un fournisseur, dit aussi
vendeur, sur ses clients, dits acheteurs, par un établissement de
crédit spécialisé appelé Factor. Ce service, réglementé par un
contrat, est rendu moyennant une rémunération. Le fournisseur
cède ses factures au factor qui, en contre partie, lui accordera une
avance après déduction des intérêts et commissions.

355- Contrairement à l’escompte, le fournisseur dans


l’affacturage ne peut faire appel qu’à une seule entreprise de
crédit spécialisée. Il consent donc au factor l’exclusivité de
l’affacturage et de toutes ses dettes.

356- L'affacturage, ou "le factoring", permet au créancier


de disposer rapidement de l'argent de ses factures ou des
créances de ses clients, sans attendre l’échéance. En contre partie
il cède lesdites créances ou factures à un établissement
spécialisé, dit le factor. Ce dernier prend en charge tout ce qui
est lié aux factures. Il se charge du suivi, de la relance, du
recouvrement et supporte même le risque d'impayés s'il y a lieu.

Le contrat d'affacturage

357- Le contrat d'affacturage conclu entre le factor et une


entreprise fixe le cadre dans lequel aura lieu la cession des
factures. Cette opération est appelée la mobilisation de créances.

358- Dès signature de ce contrat, les factures clients


peuvent être remises au factor au fur et à mesure de
leur émission. Ce dernier règle le montant indiqué dans le contrat
et assure le recouvrement de la créance à son échéance.

359- Pour se prémunir contre un éventuel problème de


règlement, liés aux litiges et aux impayés, le factor doit au

99
préalable procéder à l’évaluation du risque qu'il prend. Il est
aussi appelé à constituer un fonds de garantie en conséquence.

L’alimentation de ce fonds se faite au fur et à mesure de


l’évolution de la relation. Elle est constituée par des retenues
faites sur les factures jusqu’à une somme proportionnelle à
l'encours du poste client. La valeur de cet encours correspond à
celle de l'ensemble des factures émises par l’entreprise
bénéficiaire sur les clients.

Une fois le fonds constitué, le factor peut même financer


jusqu'à 100 % du montant des factures. Les sommes qui restent
sur le fonds de garantie doivent être restituées au bénéficiaire en
cas de rupture des relations ou de non renouvellement du contrat.

360- L'affacturage s'adresse aux entreprises, artisans,


commerçants, associations, professions libérales, micro-
entrepreneurs. Peu importe le secteur d'activité, la taille et
l’exportation.

361- Les factures clients peuvent concerner des


entreprises privées ou des organismes publics. Pour chaque
entreprise cliente le bénéficiaire doit fournir au factor le montant
de l'encours global des factures et lui confier leurs coordonnées.

362- Le bénéficiaire doit remettre au factor copie des


factures émises en mentionnant les délais de paiement accordés
aux clients. Ces remises peuvent également être dématérialisées.
Il doit aussi informer ses clients de la cession de ses créances à
un tiers par la mention de subrogation apposée sur la facture que
vous envoyez à votre client et sur la copie destinée au factor.

363- Le factor analyse la situation des clients concernés.


Cette analyse lui permet de mesurer les risques encourues avant
de donner son accord relativement au niveau de garantie des
créances qu’il va accorder pour chacun d'entre eux.

100
364- En cas d’admission, le factor avance au bénéficiaire
la somme qui correspond à chacune des factures reçues, après
déduction des frais et de la somme qu'il prélève en vue de
constituer le fonds de garantie. C’est lui qui reçoit ensuite le
paiement des factures à échéance directement par le client et qui
doit gérer, le cas échéant, les éventuels impayés.

Cas d’impayés

365- Si le factor ne parvient pas à se faire payer comme


en cas de défaillance d’entreprise ou d’insolvabilité du client il
peut utilise les sommes du fonds de garantie qu'il a constitué
pour récupère le montant des factures impayées qu'il a avancé.
En cas de souscription à une assurance-crédit, celle-ci prend en
charge tout ou partie des impayés et du fonds de garantie
complète si besoin. A titre d’exemple, si l'assurance-crédit
couvre 80 % des impayés, le factor aura droit de récupérer
seulement les 20 % restant en piochant dans votre fonds de
garantie.

366- L'assurance-crédit est optionnelle. Elle peut être


souscrite auprès du factor ou d’un l'assureur-crédit. Une
délégation de bénéfice des indemnités des impayés au profit du
factor peut être demandée.

Le factor exige souvent une assurance-crédit, sauf en cas


d'absence de risque. Ce dernier est considéré comme étant nul
pour les entreprises qui travaillent avec des collectivités ou des
administrations par exemple.

Les conditions de fonctionnement du fonds de garantie et


la prise en charge des impayés par l'assurance-crédit sont
définies au cas par cas, en vertu des dispositions du contrat. Si
des dettes demeurent impayées, le risque est pris en charge par le
factor qui ne peut en aucun cas responsabiliser le vendeur.

La rémunération du factor :

101
367- La rétribution de la prestation d’affacturage est
déterminée en fonction du montant des créances transférées.
Cette rétribution est constituée de deux parties. La première
comporte un règlement des services de gestion, de recouvrement
et de garantie de risque. Généralement, le coût de ces services
varie entre 0.70 et 2.50 % du capital confié avec un taux d’intérêt
de 1.5 % en moyenne.

La deuxième partie de la rémunération comporte les


intérêts débiteurs qui constituent le prix du financement anticipé.
Le taux appliqué est variable. Il dépend de l’évolution de la
situation économique, de la qualité du bénéficiaire et du mode de
paiement des factures cédées.

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