Cours de Phytochimie 1 MASTER
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Cours de Phytochimie 1 MASTER
Dr OUATTARA Hyacinthe
PHYTOCHIMIE: FLAVONOIDES ET TANINS
I- GENERALITES PHYTOCHIMIQUES
I.1- Notion de produits naturels
Les espèces chimiques naturelles sont celles qui existent dans la nature (glucides, lipides,
flavonoïdes, tanins….) et qui ne subissent pas de modification chimique (structure) après
les procédés de leur obtention (physiques ou chimiques).
Les espèces chimiques synthétiques sont préparées par l’Homme à l’aide de
transformations chimiques (comme les aromes).
Les espèces chimiques artificielles sont des espèces chimiques synthétiques qui n’existent
pas dans la nature.
La plante (ou un autre type d’organisme vivant) peut être considérée comme une usine de
fabrication de molécules.
• des acides aminés sont les sources primaires de la construction des protéines (important
pour la qualité de production).
• Les terpénoïdes (ou terpènes), les stéroïdes (ou stérols) et les saponosides (ou saponines) ;
• Les alcaloïdes.
- la marque de l’identité d’une espèce, des familles ou des genres donc des outils
moléculaires permettant l’exploration du monde vivant ;
- l’attraction des pollinisateurs (fécondation des fleurs pour la production des fruits et
graines) ;
- la protection des plantes contre l’attaque des pathogènes (maladies) ou des herbivores …
Il est à noter que le métabolisme secondaire des plantes est lié au métabolisme primaire par
plusieurs voies métaboliques. C’est-à-dire que les métabolites secondaires sont
biosynthétisés à partir des métabolites primaires.
En se basant sur la structure carbonée de base, on peut dégager les principales classes de
composés phénoliques suivantes :
Composés phénoliques
Squelette
Classe Exemple Structure Origine
carboné
Acides acide
C6-C1 Épices, fraises
hydroxybenzoïques parahydroxybenzoïque
Acides
acide paracoumarique Tomates, aïl
hydroxycinnamiques
C6-C3
C6-C3-C6
Bactéries
(C6-C3)2 Lignanes entérodiol
intestinales
Les composés phénoliques jouent plusieurs rôles chez les plantes et chez l’homme :
- Chez les plantes ils assurent la pigmentation des fleurs, des fruits et des graines pour
attirer les pollinisateurs et les disperseurs de graines. Ils constituent un système de
défense pour la plante.
- Le broyage,
- La filtration,
- La concentration ou la distillation,
- La conservation.
La décoction est une méthode d'extraction des principes actifs et/ou des arômes
d'une préparation généralement végétale par dissolution dans un liquide en ébullition
(l'eau…). Elle s'applique généralement aux parties les plus dures des plantes :
racines, graines, écorce, bois.
L'infusion est une méthode d'extraction des principes actifs ou des arômes d'un
végétal par dissolution dans un liquide initialement bouillant que l'on laisse refroidir.
II.2 - Les flavonoïdes
II.2.1- généralités
Les flavonoïdes proviennent du latin "flavus" qui signifie "jaune" sont des pigments
quasiment universels des végétaux. Presque toujours hydrosolubles, ils sont responsables
de la coloration des fleurs, des fruits et parfois des feuilles. Tel est le cas des flavonoïdes
jaunes (chalcones, aurones, flavonols jaunes), des anthocyanosides rouges, bleus ou
violets. Quand ils ne sont pas directement visibles, ils contribuent à la coloration par leur
rôle de co-pigments: tel est le cas des flavones et des flavonols incolores co-pigmentant et
protégeant les anthocyanosides. Dans certains cas, la zone d'absorption de la molécule est
située dans le proche ultraviolet : la « coloration» n'est alors perçue que par les insectes qui
sont ainsi efficacement attirés et guidés vers le nectar et donc contraints à assurer le
transport du pollen, condition de la survie de l'espèce végétale. Les flavonoïdes sont
également présents dans les cellules épidermiques des feuilles, assurant ainsi la protection
des tissus contre les effets nocifs du rayonnement ultraviolet.
3'
2'
4'
8 1'
B
7 O 5'
2
A C 6'
6 3
5 4
L’existence des différentes classes structurales des flavonoïdes serait fonction des
modifications de l’hétérocycle C. Tous les flavonoïdes ont une origine biosynthétique
commune et de ce fait, possèdent le même élément structural de base. Ils peuvent être
regroupés en différentes classes selon le degré d’oxydation du noyau pyranique central C.
Le noyau B peut se fixer à l’hétérocycle C de deux manières :
● En position 2 : le flavonoïde est appelé flavane.
R3
R4
B
O
HO
2
A R5
Flavane
OH
Les flavonoïdes lipophiles (soluble dans les graisses) des tissus superficiels des
feuilles sont directement extraits par des solvants moyennement polaires
(dichlorométhane) ; il faut ensuite les séparer des cires et des graisses extraites
simultanément (on peut certes laver d'abord à l'hexane, mais la sélectivité de ce solvant
n'est pas absolue).
De manière générale les hétérosides peuvent être extraits, le plus souvent à chaud
par de l'acétone ou par des alcools (éthanol, méthanol) additionnés d'eau (20 à 50 % selon
que la drogue est fraîche ou sèche). Il est possible de procéder ensuite à une évaporation
sous vide et lorsque le milieu ne contient plus que de l'eau, on peut mettre en œuvre une
série d'extractions liquide-liquide par des solvants non miscibles à l'eau à polarités
croissantes :
- par de l'éther de pétrole ou l’hexane qui élimine chlorophylle et les lipides ;
- par du diéthyléther qui extrait les génines libres ;
- par de l'acétate d'éthyle qui entraîne la majorité des hétérosides.
Les sucres libres restent dans la phase aqueuse avec dans ce cas échéant, les hétérosides les
plus polaires et ceux de fortes masses moléculaires (tanins par exemple). Ces derniers
peuvent aussi être extraits avec des solvants encore plus polaires (le butanol par exemple).
La séparation et la purification des différents flavonoïdes sont fondées sur les
techniques chromatographiques habituelles. Comme pour la plupart des autres métabolites
secondaires des végétaux, la chromatographie liquide haute performance (CLHP ou HPLC)
a pris, ces dernières années, une place de choix dans l'arsenal des techniques d'isolement
des hétérosides flavoniques.
NB : la détection des phytocomposés par CCM est plus fiable que par les réactions
colorées
Historiquement, Le terme tanin dérive du mot tannage qui signifie capacité à transformer
les protéines de la peau animale en cuir. À 1'heure actuelle, le tannage est obtenu par
l'intermédiaire de composés minéraux mais, pendant plusieurs millénaires, il a nécessité le
recours exclusif aux végétaux (chêne…..).
La masse molaire moléculaire des tanins varie entre 500 et 3000 g/mol et voir bien plus
aujourd’hui avec les nouvelles découvertes de molécules. Les tanins sont difficiles à
séparer dans un extrait végétal à cause de leurs nombreux isomères (car même masse
moléculaire).
Les tanins se subdivisent en plusieurs groupes.
Les gallotanins ou tanins galliques sont des composés hydrolysables formés autour d’un
sucre (glucose ou polyol du D-glucose) comportant plusieurs liaisons esters avec des
acides galliques (ou leurs dérivés). Les fonctions hydroxy OH des résidus polyoliques sont
partiellement ou totalement substitués par des unités galloyles. Les tétra-esters et les penta-
esters sont les intermediaires dans la biosynthèse de presque tous les polyphénols
hydrolysables naturels.
Figure 6 : structure du D-glucose
O OH
HO OH
OH
Les ellagitanins ou tanins ellagiques sont des composés hydrolysables pour certains et non
hydrolysables (vescalagine) pour d’autres, formés autour d’un sucre (glucose ou polyol du
D-glucose) comportant plusieurs liaisons esters d’acide hexahydroxydiphénique
(HHDP) (ou ses dérivés DHHDP). Ils sont produits à partir des gallotanins par couplage
oxydatif C2-C2 d’au moins deux unités galloyles. Avec plus de 500 composés, les
ellagitanins forment le groupe le plus important des tanins. Après hydrolyse des tanins
hydrolysables des liaisons esters, les acides diphéniques libérés se réarrangent en acide
ellagique stable.
R 3'
2' R 4'
8 1'
B
HO O
2
A 6'
R 5'
6
OH
OH
Flavan 3-ol
OH O
( )
OH
O OH OH
HO OH OH
OH
HO O
( )
OH
HO
OH
Les tanins complexes sont construits par une unité gallotanin ou ellagitanin liée à une
catéchine.
Les tanins se dissolvent dans l'eau mais leur solubilité varie selon le degré de
polymérisation (elle diminue lorsque celui-ci augmente). Ils sont solubles dans les alcools
(butanol) et l'acétone. Les solutions aqueuses ont une stabilité variable selon la structure,
généralement modérée. Ainsi, lors de l'extraction par l'eau bouillante (c’est à dire dans les
conditions d'une décoction) un tanin comme la géraniine est décomposé en 30 minutes en
acide gallique, acide ellagique et corilagine (= 1-galloyl-3,5-HHDP glucose).
L'extraction des tanins est en règle générale, réalisée par un mélange d'eau et d'acétone (on
évite le méthanol qui provoque la méthanolyse des depsides galliques : obtention de corps
gras). Après élimination de l'acétone par distillation, la solution aqueuse est débarrassée
des pigments et des lipides par un solvant tel que le dichlorométhane ou l’hexane. Une
extraction de cette solution aqueuse par l'acétate d'éthyle permet de séparer les
proanthocyanidols dimères et la plupart des tanins galliques. Les proanthocyanidols
polymères et les tanins galliques de masse moléculaire élevée restent dans la phase
aqueuse. L'obtention de molécules pures nécessite le recours à des techniques
chromatographiques appropriées, le plus souvent une (ou des) chromatographie(s)
d'exclusion sur gel suivie(s) de chromatographies en phase inverse, toujours en milieu
hydro-alcoolique ou hydro-alcoolo-acétonique.
- Chlorure ferrique (FeCl3) : comme tous les phénols les tanins réagissent avec le
chlorure ferrique. Avec les sels ferriques, les tanins galliques et ellagiques donnent des
colorations et des précipités bleu-noir et les tanins condensés des précipités brun verdâtre.
- L’iodate de potassium : les tanins galliques donnent une coloration rose avec ce
réactif (l'acide gallique libre est lui coloré en orange par ce même réactif).
- L’acide nitreux : les tanins ellagiques sont colorés par l'acide nitreux en milieu
acétique (d'abord rose, la coloration vire au pourpre (violet foncé) puis au bleu).
- Vanilline chlorhydrique : les tanins condensés sont colorés en rouge avec ce réactif.
NB : L'analyse des extraits fait appel aux techniques habituelles: CCM (sur cellulose ou
silice, révélation par examen des fluorescences en UV et par les réactifs cités ci-dessus),
réactions colorées, CLHP (phases inverses, solvants alcooliques légèrement acides).
Le dosage des tanins est délicat car il est difficile d'obtenir une extraction complète. De
plus, les méthodes fondées sur le caractère phénolique de ces composés ne sont pas toutes
spécifiques. Certaines méthodes permettent toutefois une certaine sélectivité, en particulier
à l'égard des seuls tanins condensés. Pour nombre d'auteurs, les meilleures méthodes pour
détecter et doser les tanins sont celles qui visent à évaluer leur capacité spécifique à
précipiter les protéines. Ainsi plusieurs types de dosage sont possibles :
- Dosages impliquant la précipitation protéique (méthode colorimétrique) ;
- Dosage des tanins condensés (méthode spectrophotométrique et souvent couplée à
la CLHP dans certains cas) : Pour évaluer les proanthocyanidols, on peut apprécier la
coloration obtenue après transformation en anthocyanidols par ébullition dans le n-
butanol chlorhydrique ;
- Dosage des tanins hydrolysables (méthode spectrophotométrique) : dans le cas des
tanins galliques.
Les progrès réalisés dans les domaines de la purification et de l'analyse structurale des
tanins ayant permis de disposer de substances pures, il est devenu possible d'étudier leurs
propriétés biologiques. Nombreuses sont celles qui ont été mises en évidence, du moins in
vitro: on sait très peu de choses sur l'éventuelle absorption intestinale et le métabolisme de
ces composés et de ce fait, il est aventureux d'évoquer leurs effets en thérapeutique (ou sur
la santé). À ce jour, aucune molécule chimiquement définie appartenant au groupe des
tanins n'est utilisée en thérapeutique et l'on ne dispose quasiment d'aucune étude clinique
pertinente démontrant l'intérêt des drogues à tanins. Celles-ci sont cependant toujours
utilisées, notamment en phytothérapie. On note :
- Activités thérapeutiques dues à l'astringence (qui resserre les tissus vivants) :
Les applications des drogues à tanins sont assez restreintes et découlent de leur affinité
pour les molécules protéiques.
Par voie externe : les extraits à tanins imperméabilisent les couches les plus externes de la
peau et des muqueuses, protégeant ainsi les couches sous-jacentes. Elles ont également un
effet vasoconstricteur (restriction des vaisseaux sanguins) sur les petits vaisseaux
superficiels. En limitant la perte en fluides et en empêchant les agressions extérieures, les
tanins favorisent la régénération des tissus en cas de blessure superficielle ou de brûlure
(effet hémostatique).
Par voie interne : ils exercent un effet antidiarrhéique certain. Quelle que soit la voie
d'administration, l'effet antiseptique, antibactérien et antifongique clairement démontré
de ces molécules est intéressant (diarrhées infectieuses, dermatites).
De plus on peut citer les activités antivirales et antitumorales des tanins.
- Activité antioxydante : de nombreux tanins, particulièrement des tanins
hydrolysables, sont des piégeurs de radicaux libres.
Chalcone : Flavonoides :
Anthocyanes :