Controle Et Contentieux Fiscal

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CONTROLE ET CONTENTIEUX FISCAL

1- Les formes de contrôle fiscal

Les opérations de contrôle revêtent diverses formes, qui sont les suivantes :

– un simple examen des déclarations souscrites, à partir de renseignements et de documents


figurant au dossier (contrôle sur pièces) ;

– un contrôle ponctuel effectué sur demande du contribuable ;

– un contrôle approfondi qui prend la forme, pour les entreprises, d’une vérification ou d’un examen
de comptabilité et pour les contribuables relevant de l’impôt sur le revenu, d’un examen
contradictoire de la situation fiscale personnelle (ESFP). Les contrôles peuvent se dérouler dans les
locaux de l’administration, les locaux de l’entreprise ou à l’endroit où se trouvent les documents
comptables ; une procédure de contrôle à distance est créée pour les comptabilités informatisées ; le
comptable doit remettre à l’administration, une copie des fichiers des écritures comptables (FEC),
dans les 15 jours de la réception d’un avis. À défaut, l’entreprise est passible d’une amende de 5 000
€ ou d’une majoration de 10 % d’une éventuelle rectification.

2- Les délais de reprise et de prescription

Le délai de reprise ou de prescription est de trois ans ; pour être valables, les impositions doivent
donc être mises en recouvrement avant l’expiration de ce délai.

Pour l’impôt sur le revenu et l’impôt sur les sociétés, ce délai expire à la fin de la troisième année,
suivant celle au titre de laquelle l’imposition est due ; ainsi pour les revenus de l’année 2019, le délai
de reprise expirera le 31 décembre 2022. Le délai peut être étendu à dix ans en cas d’activité occulte.

Pour la taxe sur le chiffre d’affaires, le droit de reprise s’exerce jusqu’à la fin de la troisième année,
suivant celle au cours de laquelle la taxe est devenue exigible.

Concernant les impôts locaux (taxe foncière et taxe d’habitation), le délai de reprise expire le 31
décembre de l’année suivant celle au titre de laquelle l’imposition est due ; en ce qui concerne la CFE
et la CVAE, le délai de reprise expire le 31 décembre de la troisième année, suivant celle au titre de
laquelle l’imposition est due.

Pour les droits d’enregistrement et l’IFI, le délai expire le 31 décembre de la troisième année, suivant
celle au cours de laquelle l’exigibilité des droits ou de l’IFI eu lieu ; le délai peut être étendu à six ans
dans le cas d’absence de déclaration ou d’acte présenté à la formalité

3- Les modalités d’exercice du contrôle fiscal

L’administration fiscale ne peut pas s’immiscer dans la gestion des entreprises ; elle ne peut pas se
substituer au contribuable pour apprécier ce qui lui aurait plus profitable. Elle est astreinte au secret
professionnel, mais elle a le droit de se faire communiquer des documents et des renseignements
détenus par des tiers, afin de vérifier les déclarations souscrites par les contribuables ; elle peut
même avoir accès aux relevés de comptes bancaires ouverts à l’étranger. Le droit de communication
a donc une portée plus étendue que le pouvoir de vérification.

La phase de contrôle et de vérification comprend les étapes suivantes :

• La demande de renseignements
L’administration peut demander au contribuable des renseignements pour compléter les
informations dont elle dispose. Cette demande n’est soumise à aucun formalisme particulier.
L’absence ou l’insuffisance de réponse n’entraîne pas de taxation d’office

• La demande d’éclaircissements et de justifications

L’administration peut demander au contribuable des éclaircissements ou des justifications précises,


face à certaines insuffisances ou contradictions relevées dans ses déclarations. Cette demande doit
indiquer clairement les points sur lesquels elle porte et prévoir un délai de réponse qui ne peut être
inférieur à deux mois ; un délai supplémentaire peut être accordé sur demande écrite du
contribuable. L’insuffisance de réponse entraîne une mise demeure, invitant le contribuable à
apporter des précisions complémentaires dans un délai de trente jours ; l’absence de réponse écrite
entraîne une taxation d’office.

• L’examen de la situation fiscale

L’examen contradictoire de la situation fiscale personnelle d’un contribuable (ESFP) consiste à


effectuer un contrôle de la cohérence, entre d’une part les revenus déclarés et la situation
patrimoniale, et d’autre part, entre la situation de trésorerie et les éléments de train de vie des
membres du foyer fiscal.

La vérification de la comptabilité des entreprises consiste à examiner la comptabilité des entreprises,


analyser les pièces justificatives, contrôler les relevés bancaires etc., afin de vérifier la cohérence et la
sincérité des écritures comptables, des déclarations de résultats et de chiffre d’affaires.

Le contribuable doit remettre au vérificateur l’ensemble des documents comptables et juridiques


exigés par la loi (factures, bilan, compte de résultat, etc.). Les livres, registres, documents ou pièces
quelconques sur lesquels peuvent s’exercer les droits de communication, d’enquête ou de contrôle
de l’administration, doivent être conservés pendant six ans. C’est une obligation d’ordre fiscal,
indépendante des dispositions du Code de commerce, qui fixe à 10 ans le délai de conservation des
documents comptables des entreprises commerciales.

Les pièces justificatives établies ou reçues sur support papier peuvent être conservées sous forme
numérique.

Le refus de communication des documents et des renseignements demandés par l’administration,


l’absence de tenue desdits documents ou leur destruction avant le délai fixé, entraînent l’application
d’une amende de 10 000 €.

Les grandes entreprises sont tenues de présenter leur comptabilité analytique si elles en tiennent
une. Les sociétés qui établissent des comptes consolidés doivent les présenter au vérificateur ; le
non-respect de ces obligations entraîne une amende de 20 000 €.

4- Les conséquences du contrôle fiscal

- La procédure de rectification contradictoire

Le contrôle se termine soit :

– sans notification de redressement ; même en l’absence de rectification, l’administration doit


porter les résultats à la connaissance du contribuable en lui adressant un avis d’absence de
redressement ;

– par une procédure de rectification contradictoire.


- La phase de rectification

Lorsque l’administration a relevé des omissions, erreurs ou insuffisances, une proposition de


rectification est adressée au contribuable ou à la société elle-même lorsque la rectification concerne
une société ; elle est en principe expédiée par lettre recommandée avec accusé de réception.

Si l’administration estime qu’une opération relève d’un acte anormal (acte qui fait supporter à la
société une dépense ou une perte excessive ou qui prive la société d’un produit imposable), c’est à
elle d’en apporter la preuve.

- La phase de reprise et de dialogue

Le contribuable dispose d’un délai de trente jours pour formuler ses observations. Ce délai peut être
prorogé de trente jours sur demande expresse du contribuable dans le délai initial. Le redevable peut
soit accepter la rectification proposée, soit formuler des observations qui peuvent prendre la forme
d’un refus. En l’absence de réponse, le contribuable est considéré comme ayant accepté les
propositions de rectification.

Dans le cadre d’une procédure contradictoire, aucun délai n’est en principe imposé à
l’administration, pour répondre aux observations du contribuable, où elle fait part de son accord ou
son désaccord. Toutefois, en ce qui concerne la vérification de la comptabilité d’une entreprise dont
le chiffre d’affaires est inférieur à 1 526 000 € (460 000 € pour les prestations de services),
l’administration est considérée comme ayant accepté les observations du contribuable, à défaut de
réponse dans les 60 jours.

- La phase du contentieux

Si un désaccord persiste et porte sur une question relevant de la compétence des impôts directs et
des taxes sur le chiffre d’affaires, ou de la commission départementale de conciliation, le désaccord
peut être soumis à la commission compétente qui examine les arguments et rend un avis. En cas de
décision de rejet expresse ou tacite du directeur des services fiscaux, le contribuable peut porter son
affaire devant le tribunal administratif ou le tribunal de grande instance. Lorsque la juridiction de
première instance rend sa décision à la défaveur du contribuable, ce dernier peut faire appel devant
la cour d’appel administrative ou la cour d’appel compétente de l’ordre judiciaire. En cas de rejet de
la position du contribuable en appel, un recours peut être exercé devant le Conseil d’État ou la Cour
de cassation. Les rectifications maintenues par l’administration sont mises en recouvrement.

5- Les procédures spéciales

Des procédures spéciales peuvent être mises en place lorsque le contribuable n’a pas respecté ses
obligations déclaratives.

- La taxation d’office

L’administration est autorisée à rehausser les bases d’imposition du contribuable contrôlé ou à le


taxer d’office, notamment dans les situations suivantes :

– défaut ou retard dans le dépôt de déclarations ;

– défaut de réponse aux demandes d’éclaircissements ou de justifications ;

– opposition au contrôle fiscal.


- La procédure de régularisation en cours de contrôle

Les contribuables, faisant l’objet d’un contrôle fiscal, peuvent régulariser spontanément les erreurs,
omissions commises, moyennant le paiement d’un intérêt de retard de 0,14 % par mois ; ils doivent
en faire la demande dans les trente jours suivant la demande de justifications ou la réception de la
proposition de rectification, puis établir une déclaration complémentaire dans les trente jours de la
demande et acquitter les suppléments de droits et les intérêts de retard.

- La procédure de répression des abus de droits

L’administration peut sanctionner le contribuable qui met en œuvre des opérations fictives en vue de
diminuer l’impôt (vente déguisée, etc.). L’abus de droit est sanctionné par un intérêt de retard,
auquel s’ajoute une majoration de 40 %, pouvant être portée à 80 %, lorsqu’il est prouvé que le
contribuable a eu l’initiative principale des actes abusifs soit par une absence de rectification, soit par
une proposition de rectification. Les vérificateurs sont tenus au secret professionnel. La vérification
sur place des pièces justificatives ne peut pas en principe excéder trois mois, pour les entreprises
dont le CA HT n’excède pas les limites du régime du réel simplifié. À la suite d’un contrôle,
l’administration ne peut plus procéder à des rectifications pour la même période et pour le même
impôt, sauf en cas d’agissements frauduleux.

6- Les sanctions fiscales et pénales

Les sanctions applicables sont d’ordre fiscal (sanctions pécuniaires) ou pénal (peines
correctionnelles).

6-1 Les sanctions fiscales

a- Les insuffisances de déclarations

Les insuffisances de déclarations recouvrent deux catégories :

– les inexactitudes ou omissions relevées dans les déclarations ;

– l’obtention indue du versement d’une créance fiscale (crédits d’impôt, créance née du carry-back,
etc.).

La nature des pénalités diffère selon que le contribuable est considéré comme ayant agi de bonne foi
ou de mauvaise foi.

- Sanctions en l’absence de manquement délibéré

Les intérêts de retard

Intérêt de retard 0,40 % par mois

Majoration

10 % pour l’IR : 0 € en cas de régularisation spontanée ou dans les 30 jours d’une demande de
l’administration

- Sanctions en cas de manquement délibéré

Les intérêts de retard

Intérêt de retard 0,40 % par mois


Majoration

40 %

80 % en cas de manœuvres frauduleuses

b- Le défaut ou le retard dans le dépôt des déclarations

Les intérêts de retard

Intérêt de retard 0,40 % par mois

Majoration

10 % en l’absence de mise en demeure de déposer la déclaration ou lorsque la déclaration a été


déposée dans les 30 jours suivant la réception d’une mise en demeure (20 % en matière d’IR).

40 % lorsque la déclaration n’a pas été déposée dans les 30 jours suivant la réception de la mise

en demeure.

80 % en cas d’exercice d’une activité occulte.

c- Le défaut ou le retard de paiement

Les intérêts de retard

Intérêt de retard 0,40 % par mois

Majoration

5 % lorsque le recouvrement porte sur l’IS, la CFE, la CVAE, la taxe sur les salaires, la contribution

à la formation et à l’apprentissage, la TVA, les droits d’enregistrement et de timbre, les contributions


indirectes.

10 % lorsque le recouvrement porte sur l’IR, la taxe foncière, la taxe d’habitation, les contributions
sociales sur les revenus du patrimoine, l’IFI.

L’intérêt de retard ne s’applique pas dès lors que la majoration de 10 % est applicable.

6-2 Les sanctions pénales

Si un contribuable s’est frauduleusement soustrait à l’impôt (délit de fraude fiscale), il est passible,
indépendamment des sanctions fiscales, d’une amende de 500 000 € et d’un emprisonnement de 5
ans (3 M€ et 7 ans d’emprisonnement pour une faute commise en bande organisée, etc.)

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