Un Questionnement Directif Ne Relève Pas de L

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1 Les principaux modes de collecte

1.1. L’entretien
■■ L’entretien individuel
L’entretien individuel est une situation de face à face entre un investigateur et un sujet.
La notion d’entretien est fondée sur la pratique d’un questionnement du sujet avec une attitude
plus ou moins marquée de non-directivité de l’investigateur vis-à-vis du sujet.
Un questionnement directif ne relève pas de l’entretien mais du questionnaire.
Comme le soulignent Evrard et al. (2009 : 91), le principe de la non-directivité repose sur une «
attention positive inconditionnelle » de l’investigateur : le sujet peut tout dire et chaque élément
de son discours a une certaine valeur car il renvoie de façon directe ou indirecte à des éléments
analytiques de l’objet de recherche.
À partir de ce principe de non-directivité, on distingue traditionnellement deux types d’entretien :
l’entretien non directif et l’entretien semi-directif.
Dans l’entretien non directif, l’investigateur définit un thème général sans intervenir sur
l’orientation du propos du sujet. Ses interventions se limitent à une facilitation du discours de
l’autre, à la manifestation d’une attitude de compréhension, à une relance fondée sur les éléments
déjà exprimés par le sujet ou à un approfondissement des éléments discursifs déjà énoncés.
Avec l’entretien semi-directif, appelé aussi entretien « centré », le chercheur applique les
mêmes principes, à la différence qu’il utilise un guide structuré pour aborder une série de thèmes
préalablement définis. Ce guide est à compléter en cours d’entretien à l’aide d’autres questions
Les différents types de questions dans l’entretien semi-directif

Définissent trois types de questions, les « questions principales » qui servent d’introduction ou
de guide dans l’entretien, les « questions d’investigation » destinées « à compléter ou clarifier
une réponse incomplète ou floue, ou à demander d’autres exemples ou preuves », et les «
questions d’implication » qui font suite aux réponses aux questions principales ou visent à
élaborer avec précision une idée ou un concept. Les questions d’investigation et d’implication ne
peuvent être préparées à l’avance. Elles doivent être aménagées par le chercheur au fur et à
mesure de l’entretien.
Un entretien se déroule rarement comme prévu. Le pire comme le meilleur peut émerger à tout
instant. L’entretien exige sagacité et vivacité de la part du chercheur. Dans la pratique, si celui-ci
est accaparé par la prise de note, il risque de ne pas disposer d’une attention suffisante pour tirer
totalement partie des opportunités qui se dégagent de la dynamique de l’entretien. Il est donc
fortement conseillé d’enregistrer l’entretien à l’aide d’un dictaphone malgré les réticences et la
prudence dans les propos que la situation d’enregistrement peut faire naître chez le sujet
interviewé.
Dans la recherche en management, le chercheur n’est pas toujours contraint de s’en tenir à un
mode exclusif d’entretien. En effet, il faut distinguer deux démarches en matière d’entretien

• Soit le chercheur mène une série d’entretiens de façon systématique et délibérée avec
différents sujets à des fins de comparaison
• Soit il utilise les entretiens de façon heuristique et émergente à des fins d’accumulation de
la connaissance sur un domaine.
Dans la première démarche, le chercheur utilisera de manière rigoureuse un même guide pour
l’ensemble des entretiens qui seront semi directifs. Dans la seconde démarche, le chercheur
visera une progression par rapport à sa question de recherche. Il peut alors recourir à des
entretiens d’abord peu structurés avec une remise en cause permanente de sa problématique
permettant aux sujets de participer à l’orientation de la recherche, puis pratiquer par la suite des
entretiens semi-directifs sur des thèmes plus précis

■■ L’entretien de groupe
L’entretien de groupe consiste à réunir différents sujets autour d’un ou de plusieurs animateurs. Sa
particularité est de placer les sujets dans une situation d’interaction. Le rôle du (ou des) animateur(s) est
délicat car il consiste à faciliter l’expression des différents individus et à gérer la dynamique du groupe.
L’entretien de groupe demande donc une préparation précise car les objectifs et les règles d’intervention
des sujets, prise de parole et thèmes à aborder, doivent être clairement définis au début de l’entretien.
L’interaction entre les membres du groupe permettrait de stimuler leur réflexion sur le problème posé.
Comme dans l’entretien individuel, l’investigateur qui anime un entretien de groupe doit faire preuve de
flexibilité, d’empathie et de sagacité. Toutefois, la maîtrise de l’entretien de groupe exige certaines
aptitudes spécifiques de la part de l’investigateur afin de ne pas altérer la dynamique de l’entretien et
fausser les données recueillies.

• La maîtrise de l’entretien de groupe


• Selon Merton et al. (1990), l’investigateur qui anime un entretien de groupe doit :
• Empêcher un individu ou une petite coalition de dominer le groupe ;
• Encourager les sujets récalcitrants à participer ;
• Obtenir du groupe une analyse la plus complète possible du thème abordé.

1.2 L’observation
L’observation est un mode de collecte des données par lequel le chercheur observe de lui-même, de visu,
des processus ou des comportements se déroulant dans une organisation, pendant une période de temps
délimitée.
■■ L’observation est participante
Quand l’observateur interagit avec les individus observés

• L’observateur peut devenir un membre du groupe observé


• Utilisée quand le chercheur étudie des comportements qui nécessitent de se rapprocher des
individus observés
• Les individus observés ne sont pas informés que les chercheurs observent et pour observer des
comportements les plus naturels.

Le chercheur peut d’abord être un « participant complet ».


Dans ce cas, il ne notifie pas aux sujets observés son rôle de chercheur.
L’observation est alors « dissimulée »
Toutefois, en adoptant une observation « dissimulée », le chercheur peut difficilement approfondir ou
recouper ses observations par d’autres techniques comme l’entretien.
Le chercheur court également le risque rédhibitoire d’être découvert.
Il est amené à utiliser des méthodes sophistiquées d’enregistrement des données pour éviter toute
détection.
Il ne contrôle que très peu l’échantillonnage des sources de données.
Sa position par rapport au terrain est rigide. Elle ne peut être modifiée ce qui peut entraîner un sérieux
coût d’opportunité (Jorgensen, 1989).
1. Le chercheur peut opter pour un moindre degré de participation, il sera un « participant-
observateur »
Cette position présente un compromis.
Le chercheur dispose d’un plus grand degré de liberté pour mener ses investigations.
Il peut compléter ses observations par des entretiens. Il s’expose néanmoins à la réactivité des sujets
car il est mandaté au sein de l’organisation. Il n’est pas dans une position neutre vis-à-vis des sujets-
sources de données primaires qui peuvent activer des mécanismes de défense à l’égard de
l’investigation. Ce peut être le cas d’un salarié d’une organisation qui décide de s’engager dans un
travail de recherche. Son statut de membre de l’organisation prédomine sur son rôle de chercheur. Le
conflit de rôles qui en découle peut rendre difficile le maintien de sa position de chercheur sur le
terrain
2. Enfin, le chercheur peut être un « observateur qui participe ».
Sa participation à la vie de l’organisation étudiée reste marginale et son rôle de chercheur est
clairement défini auprès des sujets-sources.
Le chercheur risque alors de rencontrer des résistances chez les acteurs observés au début de sa
recherche. Toutefois, ces résistances peuvent se réduire avec le temps et le chercheur peut être en
mesure d’accroître sa capacité d’observation

■■ L’observation non participante


L’observation non participante exclut l’enquêteur du cadre social étudié.
On peut distinguer deux formes d’observation non participante : l’observation non systématique ou encore
« flottante » (Evrard et al., 2009) et l’observation focalisée et standardisée.
L’observation « flottante » peut être une étape élémentaire de l’investigation sur le terrain destinée à
collecter des données préliminaires sur le site. Elle peut être également appréhendée comme une source
complémentaire de données. Ainsi, Yin (2014) note que, lors de visites sur le terrain pour y conduire des
entretiens, le chercheur peut observer, de façon non systématique, des indicateurs, par exemple sur le
climat social ou sur l’appauvrissement de l’organisation, qu’il inclura dans sa base de données.
L’observation « flottante » concerne aussi le recueil d’indicateurs non verbaux émis par les sujets-sources
lors de la conduite d’entretiens (gestes, relation spatiale, ton…)
• On ne définit pas à l’avance les objectifs et les comportements à observer.
.
L’observation « focalisée et standardisée » consiste à mener des observations en adoptant, tout au long du
recueil de données, un même dispositif de collecte et d’analyse. Les éléments observés doivent être définis
au préalable de manière étroite. Ce mode de collecte impose donc de développer et de valider un cadre
standard d’observation avant de recueillir les données qui vont servir de base empirique à la recherche (cf.
« Focus » suivant).

1.3 Les mesures « discrètes »


Il y a enfin une autre forme de collecte de données primaires, transversale à la classification des différents
modes de collecte des données que nous avons adoptée.
Il s’agit des mesures « discrètes »
Ces mesures résident dans la collecte de données qui ne sont pas affectées par la réactivité des sujets-
sources de données primaires car elles sont recueillies à leur insu.
Les éléments susceptibles de mesures « discrètes »
Les éléments susceptibles de mesures « discrètes »
Les éléments offrant l’opportunité de mesures « discrètes » sont :
– les traces physiques telles que le type de revêtement de sol (généralement plus résistant quand les lieux
sont très fréquentés), l’usure des équipements collectifs ou individuels… ;
– les données courantes et publiques ayant trait à la démographie, aux activités politiques, aux décisions
judiciaires ou encore émises par les mass média… ;
– les données ponctuelles et privées telles que les niveaux de vente, l’évolution des parts de marché, les
statistiques sectorielles ou encore les archives d’entreprise (décisions, correspondance…) ;
– les simples observations sur le comportement des individus, la gestion des distances et de l’espace dans
les différentes pièces, la gestion du temps et plus généralement les mesures non verbales… ;
– l’enregistrement électronique des comportements, par vidéo et encore par pointage…

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