Gestion Du Tissus Mous
Gestion Du Tissus Mous
Gestion Du Tissus Mous
THESE
Présentée et publiquement soutenue devant la
Le 07 mars 2019
par
GAYDON Frédéric
né le 10 avril 1991
à GAP
EXAMINATEURS DE LA THESE :
THESE
Présentée et publiquement soutenue devant la
Le 07 mars 2019
par
GAYDON Frédéric
né le 10 avril 1991
à GAP
EXAMINATEURS DE LA THESE :
56ème SECTION :
DEVELOPPEMENT, CROISSANCE ET PREVENTION
ODONTOLOGIE PÉDIATRIQUE
Professeur C. TARDIEU * Assistant H. AL AZAWI
Maître de Conférences D. BANDON Assistant E. CASAZZA
Maître de Conférences A. CAMOIN
Maître de Conférences A. CHAFAIE
Maître de Conférences I. BLANCHET
associé
ORTHOPÉDIE DENTO-FACIALE
Maître de Conférences M. LE GALL * Assistant M. BARBERO
Maître de Conférences J. BOHAR Assistant I. CAMBON
Maître de Conférences J. GAUBERT Assistant D. DORISON-BACHET
Maître de Conférences C. PHILIP-ALLIEZ Assistant L. LEVY
Assistant R. MATTERA
Assistant M. VINAÏ
57ème SECTION :
CHIRURGIE ORALE ; PARODONTOLOGIE ; BIOLOGIE ORALE
CHIRURGIE ORALE
Maître de Conférences P. ROCHE-POGGI* Assistant R. CASTRO
Maître de Conférences J. H. CATHERINE Assistant M. HADJ-SAID
Maître de Conférences D. BELLONI Assistant Y. ROMANET
Maître de Conférences F. CAMPANA
Maître de Conférences R. LAN
associé
PARODONTOLOGIE
Professeur V. MONNET-CORTI * Assistant A. BOYER
Assistant C. DUMAS
Assistant S. MELLOUL
Assistant L. THOLOZAN
58ème SECTION :
REHABILITATION ORALE
65ème SECTION :
BIOLOGIE CELLULAIRE
* Responsable Profile
A mon Président de jury de thèse,
Je tiens également à vous remercier du temps que vous m’avez accordé dans
l’élaboration de ce travail ainsi que pour votre disponibilité, vos conseils, et votre
bonne humeur en toutes circonstances pendant mes études.
Introduction ............................................................................................ 1
5. Procédé de cicatrisation............................................................... 33
5.1. Phase d’hémostase et d’inflammation ............................................................................ 33
5.2. Phase de cicatrisation épithéliale .................................................................................... 34
5.3. Phase de cicatrisation conjonctive .................................................................................. 34
5.4. Phase de maturation et de remodelage des tissus ..................................................... 34
7. Conclusion..................................................................................... 47
8. Bibliographie .................................................................................... I
Introduction
La parodontite apicale résulte d’une réaction inflammatoire dans les tissus péri-
apicaux engendrée par la présence de micro-organismes dans les canaux radiculaires.
Malgré les méthodes actuelles pour réaliser des traitements endodontiques par voie
orthograde dans d’excellentes conditions, une désinfection totale des canaux reste
utopique. Cette persistance de micro-organismes dans les canaux peut être
responsable des échecs de cicatrisation de la région péri-apicale.
Dans cette situation, 3 options thérapeutiques sont possibles : le retraitement
endodontique, la chirurgie endodontique ou l’avulsion de la dent.
La mise au point d’une instrumentation spécifique, y compris l’usage du
microscope opératoire, a fait progresser le taux de succès de la chirurgie
endodontique, permettant à cette pratique de devenir un acte courant dans l’exercice
de la dentisterie (Pecora et Pecora 2015). Cet acte a comme finalité de désinfecter et
de sceller par une obturation étanche l’apex de la dent infectée.
De nombreux articles décrivent les résultats obtenus en observant uniquement
la cicatrisation de la zone péri-apicale ; cependant très peu analysent l’impact de la
chirurgie sur les tissus mous.
Après un rappel du protocole chirurgical, nous nous intéresserons aux différents
choix de tracé d’incision possibles, à la gestion des tissus mous pendant la chirurgie
ainsi qu’aux conséquences que peut avoir l’intervention sur ceux-ci.
1
1. Indications et contre-indications de la chirurgie endodontique
1.1. Indications
La chirurgie endodontique est réalisée si un traitement ou retraitement
endodontique bien réalisé n’a pas abouti à la guérison de la parodontite apicale. Pour
être considéré comme étant bien réalisé, le traitement endodontique doit respecter
certains critères : mise en forme canalaire correcte, obturation dense à la longueur de
travail et présence d’une restauration coronaire étanche. (Simon, Machtou, et Lumley
2009). Des études systématiques comparées entre le retraitement endodontique et la
chirurgie endodontique ont montré un meilleur taux de réussite à long terme pour le
retraitement endodontique. La chirurgie endodontique doit être utilisée dans les cas
d’échec du retraitement orthograde ou d’impossibilité de réaliser celui-ci et doit donc
permettre de traiter ce qui n’est pas accessible par voie orthograde (Torabinejad, Corr,
et al. 2009).
2
- Sur-instrumentation de l’apex ayant entraînée son déplacement
- Dent obturée avec un matériau impossible à enlever (cône d’argent…)
- Projection de matériau d’obturation (sur extension) dans le péri-apex lors de
l’obturation
- Présence d’un tenon fibré ou d’un inlay-core dont la dépose pourrait
compromettre l’intégrité de la racine
Un dernier facteur qui n’est ni anatomique, ni iatrogène est la présence d’un élément
de prothèse conjointe unitaire ou plurale parfaitement adapté sur la dent présentant la
lésion dont la dépose pourrait compromettre l’intégrité des dents concernées
(Abramovitz et al. 2002).
3
1.2. Contre-indications
Comme pour tout acte de chirurgie orale, la chirurgie endodontique est soumise
à certaines exigences qui peuvent empêcher sa réalisation chez certains patients.
- Phéochromocytome
- Pathologies cardio-vasculaires : hypertension artérielle non équilibrée, arythmie
- Antécédent d’irradiation au niveau de la mandibule
Patient immunodéprimé :
- VIH
- Corticoïde au long court
- Chimiothérapie
4
1.2.3. Contre-indications locales
Facteurs anatomiques :
- Impossibilité d’accéder à l’apex de la dent
- Racine courte dont la résection compromettrait le maintien de la dent sur
l’arcade, rapport couronne/racine défavorable
- Proximité de l’artère grande palatine si un abord palatin est nécessaire (6 et
surtout 7 maxillaire)
- Proximité du foramen mentonnier ou du NAI
Facteurs parodontaux :
- Lésion parodontale associée à la lésion endodontique (Torabinejad, Walton, et
Ashraf 2015)
5
2. Protocole chirurgical
2.1. Préparation du patient
Avant la chirurgie, le patient doit avoir une hygiène dentaire correcte afin de
réduire la flore pathogène intra-buccale. Un cone-bean « petit champ » peut être
réalisé pour s’assurer que la chirurgie est possible et localiser les structures
anatomiques adjacentes à la dent à traiter. Le jour de l’opération, le patient peut
recevoir si nécessaire une prémédication sédative ou une antibioprophylaxie. Il devra
réaliser un bain de bouche (éludril pério), le praticien réalise la désinfection péribuccale
en appliquant un antiseptique cutané (Bétadine) et installe ensuite un champ intégral
fenêtré au niveau buccal (Haute autorité de santé 2008).
6
2.3. Décollement du lambeau et rétraction
Le décollement du lambeau est effectué à l’aide d’un décolleur de Molt et/ou de
Prichard en commençant au niveau de l’incision de décharge afin de ne pas léser le
parodonte cervical. Le lambeau décollé doit être de pleine épaisseur. Le lambeau doit
être suffisamment récliné pour pouvoir positionner l’écarteur pendant la chirurgie sans
en gêner le bon déroulement.
Une nouvelle approche pour réaliser l’ostéotomie est la réalisation d’un guide
chirurgical. Cette méthode, dérivée du guide chirurgical destiné à l’implantologie,
consiste à fabriquer par impression 3D à partir du cone-bean que le patient a fait avant
l’intervention un guide chirurgical pour guider l’ostéotomie (Strbac et al. 2017). On peut
cependant émettre des réserves concernant l’asepsie de cette nouvelle technique.
7
Pour réaliser l’ostéotomie, on peut utiliser une fraise boule chirurgicale ou une
Zekrya chirurgicale™ montée sur une turbine (ou un CA rouge chirurgical) type NSK
Phatelus, avec projection d’eau stérile pour limiter l’échauffement des tissus. On peut
également réaliser l’ostéotomie avec des inserts à ultrason qui présentent l’avantage
par rapport aux fraises d’être plus conservateurs et de mieux contrôler la quantité d’os
enlevée (B. García et al. 2010). Une autre alternative pour réaliser l’ostéotomie est
l’utilisation d’une association de 3 lasers : un laser Er-YAG, un laser Nd-YAG et un
laser Ga-Al-As (Gouw-Soares et al. 2001).
Une fois l’ostéotomie réalisée, on doit utiliser le microscope pour la suite de la
chirurgie afin d’améliorer la visibilité (Pecora et Pecora 2015).
8
Figure 3 : exposition des tubuli dentinaires lors de la résection apical
(Stropko, Doyon, et Gutmann 2005)
2.7. Hémostase
Avant de commencer la préparation à rétro, il est indispensable de contrôler le
saignement de la crypte osseuse. Pour cela, on réalise l’hémostase secondaire,
l’hémostase primaire étant assurée par l’emploi de solution anesthésique adrénalinée
(S. Kim et Rethnam 1997).
9
compression pendant 2 minutes qui permettra une hémostase chimique par
vasoconstriction des vaisseaux et mécanique par compression. On peut également
utiliser du sulfate de calcium qui présente l’avantage d’être résorbable ou du sulfate
ferrique appliqué à l’aide d’une microbrush stérile qui devra être enlevé à la fin de
l’obturation.
10
2.10. Obturation à rétro
Une fois la cavité séchée, on l’examine à l’aide d’un micro-miroir et du
microscope pour s’assurer que la préparation est optimale et que la dent ne présente
pas de défaut pouvant compromettre son maintien sur l’arcade dentaire (fêlures…). Le
praticien a ensuite le choix entre plusieurs matériaux pour réaliser l’obturation.
L’objectif de l’obturation à rétro est de sceller l’endodonte pour bloquer le passage de
bactéries résiduelles dans les canalicules ou de leurs toxines vers le péri-apex ce qui
aboutirait à l’échec du traitement (Saxena, Gupta, et Newaskar 2013).
Garthner et Dorn en 1992 ont proposé les propriétés idéales que devait avoir
un tel matériau d’obturation (Fournier, Bouter 2005) :
- Biocompatible
- Simple à manipuler
- Radio-opaque
- Stable dimensionnellement dans le temps et en milieu humide
- Non résorbable
- Adhésif à la dentine
De nombreux biomatériaux ont été essayés, mais aucun ne possède toutes ces
propriétés ; ceux que l’on utilise actuellement le plus souvent sont :
- Les ciments ZnO-Eugénol renforcés à la résine (IRM™ Dentsply Super EBA™
Bosworth) qui nécessite que la cavité soit parfaitement sèche. L’IRM doit être
spatulé en suivant les recommandations du fabricant et inséré dans le canal à
l’aide d’une spatule et d’un fouloir.
- Les ciments minéraux tricalciques ou silicates de calcium (MTA ProRoot, MTA
Angelus, Totalfill™) que l’on insère dans la cavité avec l’aide de porte matériau
spécifique. Des études histologiques ont mis en évidence une néoformation de
cément après une obturation au MTA qui n’a pas été observée avec les ciments
OZn Eugénol renforcés (Torabinejad, Pitt Ford, et al. 2009).
11
2.11. Finition et toilette de la surface radiculaire et de la crypte osseuse
Les excès de matériau d’obturation d’IRM pouvant déborder de la cavité sont
supprimés à l’aide d’une fraise Zekrya tandis que le MTA en excès est retiré en passant
des microbrush sur la section radiculaire. On inspecte ensuite la crypte osseuse pour
contrôler l’absence de résidu de biomatériau d’obturation ou d’agent hémostatique et
à l’aide de curettes aiguisées, on provoque un saignement qui engendrera la formation
d’un caillot sanguin permettant la cicatrisation osseuse.
12
3. Choix du tracé d’incision
Pour accéder à la zone apicale, il va être nécessaire de réaliser un lambeau.
3.1.1. La gencive
Elle est constituée d’un tissu conjonctif gingival recouvert d’un épithélium
kératinisé à l’exception de la région du col de la papille interdentaire dont les
versants dentaires ne le sont pas ainsi que la paroi interne du sulcus.
1/ La gencive libre :
Lorsqu’elle est saine, la gencive libre a une couleur rose et ne saigne pas. Elle
est comprise entre le bord libre de la gencive et le sillon marginal, zone limitrophe
commune avec la gencive attachée.
2/ La gencive attachée :
Elle est située entre 2 dents adjacentes, et est constituée de gencive libre en
situation coronaire et de gencive attachée jusqu’à la base de la papille délimitée par
une ligne virtuelle qui rejoint les collets anatomiques des 2 dents adjacentes.
13
3.1.2. La muqueuse alvéolaire
Elle est constituée d’un épithélium non kératinisé et d’un tissu conjonctif, et est
en continuité avec la gencive attachée.
3.1.3. Vascularisation
14
La gencive et la muqueuse sont vascularisées par des branches des artères
alvéolaires qui forment des anastomoses plusieurs fois entre elles, ce qui permet de
réaliser une incision horizontale de la gencive kératinisée sans compromettre la
vascularisation de la gencive en cervicale. La muqueuse alvéolaire est vascularisée
par des vaisseaux alvéolaires qui ont une direction verticale ce qui permet de réaliser
des incisions de décharges sans gêner la vascularisation du lambeau (figure 6)
(Velvart, Peters 2005).
15
La classification utilisée pour évaluer le biotype parodontal est la classification
de Maynard et Wilson. Celle-ci comporte 4 catégories (Maynard et Wilson 1979) :
L’examen du biotype parodontal est capital pour choisir le tracé d’incision ; plus
le biotype est fin, plus le risque d’apparition de récessions gingivales en post-
opératoire augmente.
16
3.2. Objectifs et généralités communs à tous les types de lambeau
Il existe une large possibilité de lambeau différents pour mener à bien une
chirurgie endodontique qui reflète le nombre de paramètres à considérer avant de
choisir un tracé d’incision approprié. Cependant, leurs tracés doivent respecter les
mêmes principes généraux. Le choix du tracé d’incision est d’une importance capitale
et a pour objectifs principaux :
En plus de remplir ces objectifs, le praticien doit tenir compte d’autres facteurs
cliniques : le biotype parodontal, la présence de restaurations, et la présence
d’éléments anatomique tel que le foramen mentonnier et le lambeau doit avoir une
base suffisamment importante pour lui apporter une vascularisation adéquate afin de
diminuer le risque de nécrose post-opératoire
17
L’incision doit être réalisée d’un seul trait en restant au contact de l’os et peut
être réalisée avec une lame de type 15 ou 15c dans la plupart des cas.
18
3.3. Les différents lambeaux existants
3.3.1. Lambeau semi lunaire
Le tracé de ce lambeau correspond à une incision en forme de demi-lune dans
la gencive libre.
19
3.3.3. Incision intrasulculaire : lambeau triangulaire
Il se compose d’une incision horizontale intrasulculaire et d’une incision de
décharge qui peut être localisée en mésial ou en distal. Il comprend dans la plupart
des cas la dent à traiter ainsi que les deux dents adjacentes (Grandi et Pacifici 2009).
20
3.3.5. Lambeau triangulaire ou rectangulaire avec une incision à la
base de la papille
Ce tracé permet de préserver les papilles pour des raisons esthétiques. Il
consiste en une incision à la base de la papille suivie d’une incision intrasulculaire en
cervical de la dent. A la base de la papille, le praticien doit réaliser 2 incisions : une
perpendiculaire à la gencive, et une en biseau vers l’os alvéolaire. Cette méthode
nécessite l’utilisation de fil de suture fin et l’utilisation du microscope est fortement
recommandée (Velvart 2002).
21
3.4. Avantages/inconvénients de chaque lambeau
Lambeau semi-lunaire :
Avantages :
L’incision est facile à réaliser, elle se trouve à distance des couronnes et le
décollement est aisé.
Inconvénients :
L’accès à la lésion est restreint, l’opérateur aura des difficultés à élargir l’accès à
l’apex sans provoquer de déchirure au niveau des angles de l’incision ; celle-ci
sectionne beaucoup de vaisseaux de par sa localisation et le risque de placer le
lambeau sur la lésion est important ce qui entraîne des difficultés pour réaliser les
sutures et compromet la cicatrisation. Ces multiples inconvénients font que ce
lambeau est devenu obsolète (Velvart, Peters 2005).
Lambeau de Luebke-Ochsenbein :
Avantages :
L’incision horizontale se faisant à distance du bord libre, l’espace biologique est
respecté et le risque de récession gingival s’en trouve réduit ; ce qui est intéressant
notamment lorsque la chirurgie endodontique concerne une dent antérieure ou
ayant une restauration prothétique. (von Arx, Vinzens-Majaniemi 2007)
Inconvénients :
Le risque d’apparition d’une cicatrice gingivale est élevé, le risque de nécrose du
bandeau de gencive attachée par section de la vascularisation est important
(von Arx, Vinzens-Majaniemi 2007), et la nécessité que ce bandeau de gencive
attachée fasse au moins 3 mm de hauteur fait que ce lambeau ne peut être réalisé
que sur des dents longues avec un parodonte sain (von Arx, Salvi 2008).
Lambeau triangulaire :
Avantages :
Ce lambeau peut être réalisé sur tous types de parodonte, de longueur de racines
et de taille de lésion (Pommel, Pertot 2016). Il permet de traiter une pathologie
parodontale si nécessaire et il a également l’avantage d’être faiblement mobile, ce
qui facilite la réalisation des sutures (Grandi et Pacifici 2009). Dans la situation ou
le praticien souhaite améliorer la visibilité de l’apex, il lui est aisé de réaliser une
22
seconde incision de décharge transformant ainsi le lambeau en lambeau
trapézoïdal.
Inconvénients :
L’incision intrasulculaire entraîne un risque élevé de perte d’attache parodontale et
de récession gingivale (T. von Arx et al. 2007).
Inconvénients :
De même que pour le lambeau triangulaire, l’incision intrasulculaire entraîne un
risque élevé de perte d’attache parodontale et de récession gingivale (von Arx,
Vinzens-Majaniemi 2007).
Inconvénients :
Afin d’éviter que les incisions de décharge ne divergent trop, ce lambeau est réalisé
uniquement sur les lésions de faible étendue. Il est possible qu’une récession
gingivale apparaisse au niveau de l’incision horizontale ainsi que des brides
cicatricielles au niveau du tracé d’incision (von Arx, Salvi 2008)
Inconvénients :
Le risque de récession gingivales au niveau du collet est toujours présent (von Arx,
Salvi 2008). La coaptation des berges est délicate et nécessite l’aide d’un
microscope pour être bien réalisée.
23
3.5. Facteurs anatomiques à prendre en compte avant de réaliser
l’incision
Bien que théoriquement, tous les lambeaux cités sont réalisables quelle que
soit la dent à traiter, la localisation anatomique de celle-ci et certains facteurs propres
au patient font que certains tracés d’incision sont plus ou moins indiqués. A l’exception
des racines palatine des 1ère molaires et prémolaires, l’abord chirurgical se fait toujours
par voie vestibulaire.
24
3.5.2. Pour les dents mandibulaires
Le praticien doit veiller à ne pas léser le nerf mentonnier qui émerge du foramen
mentonnier lorsqu’il réalise l’incision de décharge et lors du décollement du lambeau
afin de ne pas provoquer de paresthésie.
La connaissance de la localisation du foramen est donc primordiale avant
d’inciser. Cette localisation est déterminée grâce au cone-bean. Une étude réalisée
par von Arx et Friedli sur 142 patients a permis de montrer que la fréquence de la
localisation du foramen mentonnier entre la 1ère et la 2ème prémolaire est de 56% et
que celle à l’apex de la 2ème prémolaire est de 35.7% (von Arx et al. 2013).
Tous les lambeaux qui ont été décrits peuvent, en théorie, être réalisés. Le
praticien peut choisir celui qui lui semble le mieux adapté au contexte clinique mais
doit veiller à faire l’incision de décharge à distance du foramen mandibulaire.
25
4. Gestion des tissus mous
4.1. Décollement
Le décollement du lambeau est un moment délicat de la chirurgie, il a pour
objectif de permettre l’accès chirurgical à la zone péri-apicale. Le praticien doit veiller
à ce qu’il soit de pleine épaisseur et ne doit pas léser le périoste lors de l’opération
(Velvart, Peters 2005). Les instruments utilisés sont des décolleurs. En chirurgie
endodontique, il est principalement utilisé 2 types : décolleur de Molt et décolleur de
Prichard. Le décolleur de Prichard permet de récliner et de maintenir écarté le lambeau
grâce à son extrémité large alors que celui de Molt permet uniquement de récliner le
lambeau.
26
Figure 17 : initiation du décollement dans la gencive libre (à gauche), et poursuite de celui-ci en
direction de la gencive attachée (à droite) (Thomas von Arx et Salvi 2008)
Afin d’éviter que l’écarteur glisse sur la corticale osseuse ou soit mal positionné
par le praticien ce qui risquerait d’endommager le lambeau (figure 18), il est possible
de réaliser une gouttière sur la surface de la corticale avec une fraise boule sous spray
dans laquelle viendra se loger le bord de l’écarteur. Cette méthode est particulièrement
indiquée lors d’une intervention à la mandibule pour protéger le foramen mentonnier
(Syngcuk Kim et Kratchman 2006).
27
Figure 18 : placement iatrogène des écarteurs qui provoquent des lésions sur le lambeau
(Velvart P, Peters CI, et Peters OA 2005)
28
4.3.2. Matériel
4.3.2.1. Instrumentation
Pour réaliser les points, le praticien doit se munir d’un porte-aiguille et de
ciseaux.
o L’aiguille :
Afin de réaliser une bonne suture, l’aiguille doit être suffisamment souple pour
ne pas se fracturer, suffisamment rigide pour ne pas se tordre et lisse et tranchante
pour pénétrer les tissus sans les déchirer (Davarpanah, Caraman 2005). L'aiguille est
constituée de 3 parties : la pointe, le corps et la sertissure (figure 19)
Pour être manipulé dans la cavité orale, le corps de l’aiguille doit être courbé.
On utilise de préférence des aiguilles 3/8 de cercle ou ½ cercle. Lors d’une chirurgie
endodontique, il est parfois indiqué de faire des sutures dans l’espace interdentaire ;
l’aiguille doit donc être suffisamment longue pour le franchir (surtout au niveau
postérieur). Il est donc nécessaire que l’aiguille soit longue de 8mm pour une chirurgie
dans le secteur antérieur et de 15mm pour le secteur postérieur. La pointe de l’aiguille
a également son importance ; les pointes triangulaires permettent une pénétration
correcte dans les tissus sans trop les léser. Pour une manipulation plus aisée, le corps
de l’aiguille doit être plat ou triangulaire afin d’avoir un meilleur maintien dans le porte-
aiguille qu’avec un corps rond. (Zuhr, Akakpo 2017).
29
o Le fil :
Les fils de suture en bouche sont soumis à des contraintes physiques et
biologiques importantes. Les fils utilisés de nos jours sont synthétiques. Ils sont
habituellement classés selon leurs propriétés physiques et structurelles. Celles-ci sont
définies par le diamètre du fil, sa structure de surface qui peut être lisse ou texturée,
son procédé de fabrication (mono-filament ou tressé) et sa capacité à se résorber ou
non (Dennis et al. 2016). Les fils doivent donc avoir certaines qualités indispensables
pour être adaptés à une utilisation dans la cavité buccale ; ils doivent être résistants à
la traction et à la rupture, permettre une réalisation aisée des points et leur assurer
une bonne tenue dans le temps (Zuhr, Akakpo 2017).
- Diamètre :
Le fil doit traverser les tissus de la manière la plus atraumatique possible. Les fils 5-0
sont le plus fréquemment choisis (Silverstein, Kurtzman 2009). Il a été montré que des
fils fins (6-0 ou 7-0) permettaient de réduire le traumatisme causé à la gencive par les
points lors de la cicatrisation (Burkhardt et al. 2008).
- L’état de surface :
Un état de surface rugueux va provoquer un effet de mèche, qui consiste à faire
pénétrer des micro-organismes dans les tissus lors du passage du fil (Tabanella 2004).
- Mono-filament ou tressé :
Les fils mono-filaments présentant un état de surface plus lisse permettent un passage
plus aisé dans les muqueuses et le potentiel d’adhésion du biofilm est limité ;
cependant, ils sont relativement rigides, ce qui complique leur manipulation, diminue
leur résistance et peut être à l’origine d’une lésion de la muqueuse.
30
Quant aux fils tressés, ils sont constitués de plusieurs filaments fins qui leur
confèrent plus de souplesse mais ils ont un état de surface rugueux (Jordana et Colat-
Parros 2009).
4.3.3. Méthodes
Dans le cas de la chirurgie endodontique, le lambeau doit être fixé de manière
passive dans sa position initiale, aucune tension ne doit être exercée par les points sur
le lambeau. Pour se faire, le praticien peut plaquer le lambeau avec une compresse
stérile imprégnée de sérum physiologique qui réduira l’épaisseur du caillot sous
périosté. Les sutures immobiliseront le lambeau ; cependant, afin d’éviter une ischémie
des berges, il est important de ne pas comprimer la gencive au niveau des points. Pour
limiter l’irritation et l’accumulation de la plaque dentaire au niveau de la plaie, les
nœuds doivent être placés à côté de celle-ci (Velvart P, Peters CI, et Peters OA 2005).
Pour suturer le lambeau dans la bonne position, il faut réaliser le 1er point sur
l’angle du lambeau, ensuite sur les incisions de décharge, et enfin au niveau des
papilles (Thomas von Arx 2011). Toutes les techniques de points sont réalisables, mais
celles qui sont les plus employées lors d’une chirurgie endodontique sont : les points
simples, le points matelassier vertical et le point matelassier vertical suspendu.
o Point simple :
C’est le point le plus facile à réaliser. Sa réalisation consiste à traverser le
lambeau et à passer ensuite l’aiguille à travers la partie fixe y compris le périoste pour
réduire le risque de déchirure. Le nœud est ensuite serré. Pour un maintien optimal du
lambeau, la suture doit être perpendiculaire au trait d’incision. Ce type de point permet
de fixer l’incision verticale de tous les lambeaux et l’incision horizontale pour les
lambeaux avec préservation de la papille et de Luebke-Ochsenbein (Zuhr, Akakpo, et
Hürzeler 2017).
31
Figure 20 : point simple réalisé à la base des papilles (Cecchetti et al. 2009)
Les points seront déposés dans les 3 à 7 jours suivant l’intervention (Thomas
von Arx 2011).
32
5. Procédé de cicatrisation
Après la réalisation du lambeau muco-périosté et de ses sutures, la cicatrisation
de 1ère intention au niveau muqueux et gingival va s’installer selon 4 phases qui se
chevauchent dans le temps (Harrison 1991):
- Phase d’hémostase et d’inflammation
- Phase de cicatrisation épithéliale
- Phase de cicatrisation conjonctive
- Phase de maturation et de remodelage des tissus
33
Le caillot sanguin sera ensuite remplacé afin d’isoler les tissus muqueux de la
cavité orale.
34
Le collagène va subir des cycles de dépolymérisation/polymérisation permettant le
changement de l’architecture du réseau collagénique tendant à ressembler aux tissus
adjacents non lésés.
En 2007 et 2011, une étude clinique prospective pour analyser des paramètres
parodontaux avec 1 an (T. von Arx et al. 2007) et 5 ans de recul (Thomas von Arx,
Alsaeed, et Salvi 2011) après une chirurgie endodontique a été menée.
Il a été inclus dans cette étude 184 patients qui avaient besoin d’une chirurgie
endodontique sur une seule dent et dont l’intervention s’est faite par abord vestibulaire.
Les incisions évaluées sont l’incision intrasulculaire, l’incision à la base de la papille et
l’incision en gencive kératinisée.
35
Paramètres parodontaux évalués :
Ceux-ci sont au nombre de 5 (figure 22) :
- la profondeur de poche
- la hauteur de la gencive marginale par rapport à la jonction émail-cément
- la perte d’attache
- l’indice de plaque
- le saignement
Ces paramètres ont été évalués en linguale, mésio-vestibulaire, vestibulaire et
disto-vestibulaire.
Résultats :
Les résultats montrant l’évolution des paramètres parodontaux en vestibulaire
selon l’incision réalisée sont présentés dans le tableau 1 et ceux selon l’âge, le sexe,
la consommation de tabac et la présence de restauration dans le tableau 2.
36
Dans la ligne évolution de la profondeur de poches, une valeur positive correspond
à une augmentation de celle-ci et une valeur négative à une diminution.
Dans la ligne évolution de la gencive marginale, une valeur positive correspond à
une récession de celle-ci et une valeur positive à une inflation.
Dans la ligne évolution de la perte d’attache, une valeur positive correspond à une
perte d’attache et une valeur négative à un gain d’attache.
Type d’incision
Intervalle de temps Intrasulculaire A la base de la En gencive
(IT) papille attachée
Evolution de la De 0 à 1 an -0.07 -0.19 -0.13
profondeur de De 1 à 5 an -0.05 0.06 0.06
poche (PP) De 0 à 5 an -0.12 -0.13 -0.07
Evolution de la De 0 à 1 an 0.38 0.33 -0.02
gencive marginale De 1 à 5 an 0.09 -0.02 0.14
(GM) De 0 à 5 an 0.47 0.31 0.12
Evolution de la De 0 à 1 an 0.33 0.14 -0.14
perte d’attache De 1 à 5 an 0.04 0.04 0.20
(PA) De 0 à 5 an 0.37 0.18 0.06
Evolution 0 à 1 an -0.03 -0.14 -0.16 -0.06 -0.04 -0.13 -0.14 -0.01 -0.05
de la PP
1 à 5 an 0.02 -0.02 -0.04 0.03 0.06 -0.03 -0.05 0.19 -0.01
Evolution 0 à 1 an 0.30 0.29 0.41 0.19 0.24 0.31 0.32 0.16 0.30
de la GM
1 à 5 an -0.11 0.17 0.08 0.07 0.09 0.07 0.10 0.10 -0.11
Evolution 0 à 1 an 0.27 0.15 0.25 0.15 0.21 0.19 0.19 0.18 0.25
de la PA
1 à 5 an -0.09 0.16 0.04 0.10 0.15 0.04 0.05 0.29 -0.12
37
Dans l’étude de 2007 (T. von Arx et al. 2007) qui a analysé les résultats obtenus à
1 an en fonction du type d’incision, aucune différence significative n’a été constatée
au niveau de la profondeur de poche. En revanche, il en a été constaté pour ce qui est
de l’évolution de la gencive marginale et de la perte d’attache.
38
L’étude montre qu’avec le temps, on voit apparaître des différences significatives
entre fumeurs et non-fumeurs. En effet, les fumeurs ont une perte d’attache et une
profondeur de poche parodontale plus importante en 5 ans. Cependant, l’étude ne
permet pas de déterminer si ces différences sont causées par la chirurgie
endodontique ou par une parodontite chronique causée par le tabac.
On observe également une différence significative de la profondeur de poche selon
la présence d’une couronne, d’un composite ou de l’absence de restauration.
Von Arx et Salvi ont mené en 2009 une autre étude évaluant les mêmes critères
parodontaux uniquement en secteur esthétique (Thomas von Arx et al. 2009).
70 patients ayant subi une chirurgie endodontique sur une incisive, une canine ou
une première prémolaire ont été sélectionnés.
39
L’évaluation visuelle pour juger de l’évolution des tissus mous a été réalisée par 3
chirurgiens qui n’étaient pas impliqués dans l’intervention et qui ignoraient quelle
incision et quel type de lambeau ont été réalisés. Ils ont évalué l’évolution de la gencive
en vestibulaire, au niveau de la papille mésiale et au niveau de la papille distale.
Résultats :
Il est présenté dans ce tableau des résultats uniquement ceux qui sont significatifs.
Le biotype fin a eu une récession gingivale plus importante que le biotype épais,
les dents ayant une poche parodontale comprise entre 2.5 et 3.5mm ont eu une perte
d’attache plus importante que celle ayant une poche parodontale inférieure à 2mm.
Le type d’incision est le seul facteur chirurgical à changer significativement la
gencive marginale et montre une tendance à changer l’attache parodontale :
Aucune récession n’a été observée avec l’incision en gencive kératinisée à
comparer avec les 3 autres types d’incision qui ont provoqué des récessions allant de
-0.35 à -0.44mm.
Les autres facteurs analysés dans cette étude : l’âge, le sexe, la cigarette, la
localisation de la dent traitée, la présence d’une restauration, le type de lambeau et la
durée de la chirurgie n’ont pas significativement provoqué de récession gingivale ou
de perte d’attache.
40
Il est intéressant de noter que cette étude n’a pas montré d’influence significative
du type d’incision sur l’évolution des papilles interdentaires alors que d’autres études
en ont trouvé.
C’est ce que Velvart a voulu analyser lors de deux études menées en 2003 (Velvart,
Ebner-Zimmermann, et Ebner 2003) et 2004 (Velvart, Ebner‐Zimmermann, et Ebner
2004) durant lesquelles il a examiné les mêmes patients à 1 et 3 mois pour la première
étude, et à 12 mois pour la seconde.
41
Figure 23 : chirurgie endodontique sur la 12, en mésial l’incision préserve la papille
alors qu’en distal elle a été décollée
(Velvart, Ebner-Zimmermann, et Ebner 2003)
Résultats :
Cette étude s’est concentrée uniquement sur la hauteur de la papille interdentaire
à 1 et 3 mois après la chirurgie. Nous allons également présenter les résultats à
12 mois donnés dans un autre article (tableau 4). Il est à noter qu’un patient ne s’est
pas présenté pour l’évaluation des résultats au 12ème mois.
Pour obtenir des mesures précises au centième de millimètre, les praticiens ont
réalisés des empreintes à l’alginate avant l’intervention, à 1 mois, à 3 mois et à
12 mois. Ces empreintes ont permis d’obtenir des moulages qui ont été scannés par
un scanner 3D et les mesures ont été obtenues par ordinateur.
Tableau 4 : hauteur de réduction de la papille interdentaire (en mm) selon l’incision horizontale à 1, 3,
12 mois comparée à la hauteur initiale (Velvart, Ebner‐Zimmermann, et Ebner 2004)
42
Ces résultats nous montrent une différence statistiquement significative entre
les 2 types d’incision. L’incision à la base de la papille permet de conserver sa hauteur
alors que l’incision intrasulculaire entraîne une récession moyenne de 0.95 mm. Il est
donc intéressant, notamment en secteur antérieur de réaliser l’incision à la base de la
papille. Cependant, les patients sélectionnés pour cette étude ne présentaient pas de
problèmes parodontaux. Un parodonte trop fin peut compromettre la vascularisation
de la papille interdentaire entraînant une nécrose de celle-ci.
En 2008, von Arx et Salvi ont mené une étude clinique afin d’évaluer la persistance
des cicatrices 1 an après une chirurgie endodontique réalisée au maxillaire (T. von Arx
et al. 2008).
Il a été inclus 72 patients dans cette étude dont 32 ont subi une chirurgie sur une
incisive centrale, 21 sur une incisive latérale, 4 sur une canine et 15 sur une 1ère
prémolaire.
Critères d’évaluation :
Les résultats ont été analysés selon des critères biologiques : l’âge, le genre, le
biotype gingival et la consommation de cigarettes ; et selon des critères chirurgicaux :
1ère ou 2ème intervention, prise d’antibiotiques, type d’incision, forme du lambeau, le
moment de la dépose des sutures, les complications post-chirurgicales et la
cicatrisation de l’os alvéolaire à 1 an.
43
Résultats :
Sans tenir compte du choix de l’incision et du lambeau, la majorité des patients
présente une cicatrice 1 an après la chirurgie (tableau 5).
Cicatrice Gencive Muqueuse alvéolaire
Avant A 1 an Avant A 1 an
l’intervention l’intervention
Absente 87.5% 23.6% 84.7% 20.8%
Légère 5.6% 59.7% 5.6% 47.2%
Importante 6.9% 16.7% 9.7% 31.9%
Les résultats nous permettant d’évaluer l’apparition de cicatrice sur les tissus mous
selon le type d’incision et le choix du tracé du lambeau 1 an après l’opération sont
présentés dans le tableau 6.
7 5 5 3 0 4
Intrasulculaire 12
58.3% 41.7% 41.7% 25% 0% 33.3%
4 9 24 17 3 5
En gencive attachée 31
12.9% 29% 77.4% 54.8% 9.7% 16.1%
Incision 12 9 9 10 0 2
A la base des papilles 21
57.1% 42.9% 42.9% 47.6% 0% 9.5%
3 4 11 7 2 5
Trapézoïdal 16
18.8% 25% 68.8% 43.8% 12.5% 31.3%
Lambeau Triangulaire 14 12 24 21 1 6
39
(incision mésiale) 35.9% 30.8% 61.5% 53.8% 2.6% 15.4%
Triangulaire 7 8 8 6 2 3
17
(incision distale) 41.2% 47.1% 47.1% 35.3% 11.8% 17.6%
Tableau 6 : taux de cicatrices présentes 1an après la chirurgie en fonction du type d’incision
et de lambeau réalisés (T. V. Arx et al. 2008).
44
Les résultats de cette étude indiquent que les incisions intrasulculaires et à la
base des papilles provoquent des cicatrices moins importantes que celles en gencive
attachée ou avec la préservation des papilles. Concernant la forme du lambeau les
résultats pour le lambeau trapézoïdal sont en deçà des 2 autres mais la différence
entre les 3 techniques n’est pas significative.
Au cours de cette étude, d’autres paramètres ont été évalués pour déterminer
s’ils avaient une incidence sur la cicatrisation ; ces paramètres sont présentés dans le
tableau 7.
Tableau 7 : taux de cicatrice présente 1an après la chirurgie en fonction de paramètres cliniques et
biologiques (T. V. Arx et al. 2008).
45
Dans cette étude, il n’a pas été trouvé de corrélation entre l’âge et la persistance
de cicatrice ; de même pour le type de biotype et la durée de l’intervention. En effet,
bien qu’il soit considéré qu’une intervention longue augmente le risque de dessication
du lambeau et compromet donc sa cicatrisation, aucune corrélation n’a été mise en
évidence dans cette étude entre la durée et l’apparition de cicatrice.
Il apparaît que les femmes ont un risque supérieur aux hommes de garder des
cicatrices dans la muqueuse alvéolaire.
L’étude montre que les patients fumeurs ont significativement moins de risque
de garder une cicatrice bien que ce résultat doive être évalué avec précaution en
raison du faible nombre de patients fumeurs (9 sur 72 patients). Ce résultat correspond
également à celui trouvé dans les 2 études de von Arx décrites précédemment. Ces
résultats semblent étonnants étant donné les études montrant des modifications
parodontales différentes entre fumeurs et non-fumeurs lors de lambeaux réalisés dans
le cadre d’une chirurgie parodontale (Duncan et Pitt Ford 2006). Von Arx (2007)
envisage comme explication le fait que lors d’une chirurgie parodontale, la cicatrisation
épithéliale se fait sur un terrain initialement inflammatoire alors que lors d’une chirurgie
endodontique cette cicatrisation se fait sur un terrain sain ce qui peut réduire la
différence de cicatrisation entre fumeur et non-fumeur.
Les patients ayant reçu des antibiotiques ont eu un taux de cicatrice importante
significativement plus faible.
Le fait de déposer les points de suture rapidement est significativement
bénéfique au patient.
Les patients ayant rencontré des complications après l’intervention ont eu un
taux de cicatrice plus important que ceux n’en n’ayant pas eu, mais leur faible nombre
(5 patients) ne permet pas de conclure à une différence statistiquement significative.
46
7. Conclusion
Le choix du tracé d’incision est une décision capitale lors de toutes chirurgies
endodontiques. Le praticien doit faire ce choix parmi les nombreux lambeaux différents
décrits dans la littérature en tenant compte des critères propres au patient avec pour
objectif principal le meilleur accès à la lésion péri-apicale en minimisant l’effet
iatrogène de l’intervention sur les tissus mous.
Parmi les différents lambeaux existants, le lambeau de Luebke-Ochsenbein ne
présente aucune récession gingivale mais un risque plus important de brides
cicatricielles. L’incision intrasulculaire est celle présentant le moins de cicatrices mais
également celle entraînant un risque de perte d’attache et de récession plus important.
Une option intéressante semble avoir été trouvée avec l’incision à la base de la papille
qui réduit les risques de récession par rapport à l’incision intrasulculaire tout en ayant
des résultats satisfaisants concernant les brides cicatricielles.
Il est tout de même à souligner que relativement peu d’études comparant les
différents lambeaux ont été réalisées.
47
Index des figures et tableaux
Figure 1 : Arbre décisionnel entre un retraitement orthograde et une chirurgie endodontique ........ 3
Figure 2 : à gauche : guide chirurgical imprimé, à droite : guide chirurgical mis en bouche
(Strbac et al. 2017) ........................................................................................................... 7
Figure 3 : Exposition des tubuli dentinaires lors de la résection apical
(Stropko, Doyon, et Gutmann 2005) ................................................................................ 9
Figure 4 : Schéma de la gencive (von Arx, Salvi 2008) ................................................................. 14
Figure 5 : Schématisation de la vascularisation du parodonte (Zakaria Haroun 2015) ................. 14
Figure 6 : Schéma de la vascularisation de la gencive (Velvart, Peters 2005) .............................. 15
Figure 7 : Biotype fin et festonné (à gauche) et biotype plat et épais (à droite) (Borghetti, Monnet-
Corti 2017) ...................................................................................................................... 15
Figure 8 : Classification de Maynard et Wilson (Borghetti, Monnet-Corti 2017) ............................ 16
Figure 9 : Lames de bistouri de type 15 (en haut) et 15c (en bas)................................................. 18
Figure 10 : Tracé d’incision semi-lunaire (Fragiskos 2007) .............................................................. 19
Figure 11 : Incision de Luebke-Ochsenbein (Thomas von Arx et al. 2009) ..................................... 19
Figure 12 : Incision triangulaire (Thomas von Arx et al. 2009) ......................................................... 20
Figure 13 : Incision trapézoïdale incluant les dents adjacentes (à gauche)(Grandi et Pacifici 2009)
et incluant uniquement la dent à traiter (à droite) (Thomas von Arx et Salvi 2008) ....... 20
Figure 14 : Incision à la base de la papille (Thomas von Arx et Salvi 2008) .................................... 21
Figure 15 : Incision a la base de la papille (à gauche) et incision en cervical de la dent (à droite)
(Thomas von Arx et Salvi 2008) ..................................................................................... 21
Figure 16 : Décolleur de Molt (en haut) et de Prichard (en bas) ...................................................... 26
Figure 17 : Initiation du décollement dans la gencive libre (à gauche), et poursuite de celui-ci en
direction de la gencive attachée (à droite) (Thomas von Arx et Salvi 2008).................. 27
Figure 18 : Placement iatrogène des écarteurs qui provoquent des lésions sur le lambeau
(Velvart P, Peters CI, et Peters OA 2005) ...................................................................... 28
Figure 19 : Aiguille à suturer (Silverstein, Kurtzman, et Shatz 2009); .............................................. 29
Figure 20 : Point simple réalisé à la base des papilles (Cecchetti et al. 2009) ................................ 32
Figure 21 : Points simples réalisé le long de l’incision de décharge (à gauche), situation clinique à
7 jours (au milieu) et situation clinique après la dépose des points (à droite)
photographies du Dr Pommel) ....................................................................................... 32
Figure 22 : Schéma des paramètres parodontaux évalués (Thomas von Arx, Alsaeed, et Salvi
2011) .............................................................................................................................. 36
Figure 23 : Chirurgie endodontique sur la 12, en mésial l’incision préserve la papille
alors qu’en distal elle a été décollée
(Velvart, Ebner-Zimmermann, et Ebner 2003) ............................................................... 42
48
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wound healing. Suture techniques in contemporary periodontal and implant
surgery: Interactions, requirements, and practical considerations ». Quintessence
International 48 (8): 647‑ 60.
IV
SERMENT MEDICAL
Admis dans l’intérieur des maisons, mes yeux ne verront pas ce qui s’y passe, ma
langue taira les secrets qui me seront confiés et mon état ne servira pas à
corrompre les mœurs ni à favoriser le crime.
Que les hommes m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses.
Résumé :
La chirurgie endodontique est devenue un acte courant dans la dentisterie. Bien que
beaucoup d’études analysant la cicatrisation des tissus durs aient été réalisées, très
peu se sont intéressées à l’évolution des tissus mous. C’est pourquoi nous allons nous
intéresser dans ce travail au devenir des tissus mous après la chirurgie afin de pouvoir
déterminer quelles sont les conséquences du tracé d’incision sur ceux-ci.
Après un bref rappel des indications de la chirurgie endodontique et du protocole, nous
décrirons les différents types de lambeau que peut réaliser le praticien avec les
avantages et inconvénients de chacun. Nous nous intéresserons ensuite à la gestion
du lambeau pendant la phase chirurgicale ainsi qu’à sa cicatrisation post-chirurgicale.
Nous conclurons ce travail par l’analyse des résultats de différentes études cliniques.
Mots clés :
Chirurgie endodontique - Tracé d’incision - Tissus mous - Cicatrisation
GAYDON Frédéric - Choice of incision line and management of soft tissues during
endodontic surgery
Summary:
The endodontic surgery has become a current act in dentistry. Although a lot of studies
analysing the hard tissues cicatrization have been conducted, few of them were about
soft tissues evolution. This is why we are going to be interested in the becoming of the
soft tissues after the surgery in order to determine what are the consequences of the
incision line.
After a brief reminder of the indications of endodontic surgery and the protocol, we will
describe the different types of flaps that the practitioner can perform with the
advantages and disadvantages of each. We will then focus on the management of the
flap during the surgical phase as well as its post-surgical cicatrization. We will conclude
this work by analyzing the results of various clinical studies.
MeSH:
Endodontie surgery - Incision line - Soft tissues - Cicatrization
Adresse de l’auteur :
161 boulevard Baille
13005 MARSEILLE