Cardiologie - Sylla679p
Cardiologie - Sylla679p
Cardiologie - Sylla679p
0
Les bases
L’ANAMNÈSE
L’anamnèse reste primordiale dans la prise en charge du patient.
Il faut également interroger le patient sur les facteurs de risques, sur les traitements
médicaux en cours et sur la recherche de signes de la maladie du patient.
« Le médecin qui ne peut se livrer à un bon interrogatoire et le patient qui ne peut en fournir
les éléments courent un péril commun : celui de donner, ou de recevoir, une mauvaise
thérapeutique » (P.D. White, 1955).
1. Les antécédents
a. Les antécédents personnels
1
(rétinopathies, néphropathies, neurologique, …). Il faut là encore s’intéresser au
traitement (insuline, prise de d’antidiabétiques oraux, …)
• Le tabagisme : début, nombre de paquets, fin avant 3 ans
• La dyslipidémie : type et traitement
• L’hérédité cardiovasculaire : infarctus ou mort subite avant 55 ans chez le père et
avant 65 ans chez la mère
• L’obésité : BMI supérieur à 30 kg/m2
• La sédentarité
• Le stress
Parmi ces facteurs, il y a des facteurs non modifiables (âge, sexe, les antécédents familiaux, …)
et des facteurs modifiables (hypertension artérielle, diabète, …). Il y a également des facteurs
de risque qui sont liés au mode de vie du patient.
2
• Physique : trouvés lors de l’examen
o Parfois silencieux
§ Sténose aortique sévère : le patient va avoir des difficultés lors d’effort
minimum mais il y a une adaptation du patient. Il faut donc rechercher
des signes fondamentaux pour nous aider dans le diagnostic.
§ Souffles fémoraux, …
L’ANAMNÈSE CARDIOVASCULAIRE
Emprunté du grec anamnêsis qui signifie rappeler le souvenir. En médecine, c’est l’ensemble
des renseignements qu'un malade fournit sur son passé et l'histoire de sa maladie.
ü Présentation clinique
C’est une douleur constrictive, décrite comme un poids sur la poitrine, une barre médio-
thoracique, le patient mettant la paume de la main sur la poitrine. La douleur peut irradier
vers l’épaule gauche et la face interne du bras. La douleur cesse lors du repos. Elle ne dure
pas plus de 15 minutes. En effet, si la douleur dure plus longtemps, alors le patient présente
un syndrome coronarien. La douleur est résolutive avec de la nitroglycérine en sublingual.
ü Variabilité clinique
On peut aussi avoir une irradiation dans le bras droit, dans le dos, dans la mâchoire et même
au niveau épigastrique.
3
Il est important de noter les circonstances d’apparition et l’évolution temporelle.
L’angor est une manifestation clinique typique de l’ischémie myocardique. Il provoquera une
modification de l’ECG. On a découvert l’association avec des lésions coronaires en 1786
(Jenner). Jenner s’est rendu compte dans les autopsies que l’on retrouvait du matériel dans
les parois des vaisseaux chez les patients victimes d’angor.
ü Angor atypique
Il existe aussi des problèmes d’ischémie tout à fait atypique dans lesquelles, le patient ne se
plaint pas d’angine de poitrine. Cela se présentera sous différentes formes :
Il a une moindre valeur diagnostic sauf s’il y a une récidive chez un coronarien connu ou s’il y
a de nombreux facteurs de risque.
4
ü Angor d’effort stable
Il se présente sous forme d’angor d’emblé invalidant (de novo) ou comme une accélération
de crises angoreuses pour des efforts moindres (angor crescendo) ou encore comme une
crise d’angor de repos ou spontanée (infarctus).
C’est un patient qu’il faut prendre en charge très rapidement. Il faut une revascularisation le
plus vite possible par coronarographie où on peut notamment aspirer le thrombus. A l’ECG, si
on observe une élévation du segment ST, c’est que c’est grave.
5
La péricardite aigue
Elle s’accompagne très habituellement d’une fièvre modérée (38°- 38,5°) qui est présente dès
l’apparition de la douleur (au contraire de l’infarctus myocardique aigu où elle est retardée).
L’embolie pulmonaire
Dans ¾ des cas, elle est révélée ou s’accompagne d’une douleur thoracique. Celle-ci est
habituellement latéro-thoracique, à type de point de côté, augmentée par l’inspiration. Elle
s’accompagne très fréquemment de toux, de tachypnée et, plus tardivement, d’hémoptysie.
La dissection aortique
C’est une douleur très brutale qui évoque un infarctus myocardique aigu. On doit suspecter
systématiquement la dissection aortique si la douleur a l’allure d’une déchirure antéro-
postérieure thoracique, irradiant dans le dos puis descendant jusque dans les lombes.
Toutes les tachyarythmies peuvent être ressenties comme une douleur angineuse, alors
même que le patient ne ressent aucune palpitation. La survenue d’une douleur angineuse et
la constatation à l’ECG d’anomalies ou de modifications de la repolarisation ne signifient pas
qu’il existe obligatoirement des lésions coronaires critiques.
6
Résumé des douleurs cardiaques
7
b. Les autres douleurs
Ostéo-articulaires
Le syndrome de Tietze se caractérise par des douleurs thoraciques aigues ou suraiguës qui
siègent, en règle générale, au niveau des 2ème ou 3ème articulations chondro-costales ou
chondro-sternales, majorées par la moindre mobilisation.
Souvent la cause est inconnue mais elle est peut-être secondaire à un hématome intercostal
ou à une inflammation du cartilage à la jonction du sternum et d'une ou plusieurs côtes.
Les douleurs cervico-brachiales sont moins fréquentes que les pathologies cervicales ou les
périarthrites scapulo-humérales. Les douleurs intercostales peuvent être causées par un
zona, une pathologie vertébrale dorsale, …
Affections pleuropulmonaires
Ce type de douleur peut être causée par une pneumonie, une néoplasie, … Dans ces cas, elle
est augmentée par la respiration profonde et le patient présente de la température.
Anomalies digestives
Les causes de ces douleurs sont l’œsophagite, l’hernie hiatale, l’ulcus gastrique, la
pancréatite, la cholécystite, …
L’hépatalgie d’effort est causée par une décompensation cardiaque droite et l’une de ses
caractéristiques est la présence de veines jugulaires saillantes.
2. La dyspnée
Elle peut être d’origine pulmonaire et/ou cardiaque.
C’est une gêne de la respiration avec une impression de manque d'air pouvant s’aggraver vers
une fatigue de respirer jusqu’au blocage complet de la respiration (suivi de grandes
inspirations et expirations).
8
La dyspnée peut survenir en position debout ou en s’allongeant. C’est une caractéristique de
l’insuffisance cardiaque.
Autres définitions
Il existe des causes extracardiaques qui peuvent causer une dyspnée.
La congestion pulmonaire entraîne aussi une diminution de compliance pulmonaire avec une
augmentation du travail des muscles respiratoires donc l’ischémie peut provoquer une
acidose lactique.
9
Conséquences d’une insuffisance cardiaque gauche
La dyspnée peut être évaluée grâce à l’échelle de Sadoul :
10
Il existe actuellement une classification de la dyspnée qui permet d’objectiver les résultats. La
dyspnée d’effort est mesurée par la classification NYHA (New York Heart Association) :
• NYHA classe I : survient pour des efforts importants inhabituels. Il n’y a aucune gêne
dans la vie courante. C’est asymptomatique.
• NYHA classe II : dyspnée lors d’efforts modérés (marche rapide, montée de plus de 2
volées d’escaliers). Cela engendre une limitation modérée dans la vie courante.
• NYHA classe III : dyspnée lors d’efforts simples (marche à plat, 1 volée d’escalier). Cela
induit une limitation importante et est le signe d’une décompensation cardiaque
sévère.
• NYHA classe IV : dyspnée permanente au repos avec impossibilité de mener des
activités sans gêne
Le degré d’invalidité lié à la dyspnée varie en fonction des activités du patient, sédentaire ou
pas.
Pour les patients fonctionnellement très limités, on peut préciser l’invalidité fonctionnelle
avec un test de marche de 6 minutes (normale chez un adulte si la distance est supérieure à
400 mètres environ).
La dyspnée paroxystique
ü Nocturne
11
Résumé de la dyspnée
3. La toux et l’hémoptysie
La toux à l’effort est un signe de congestion pulmonaire et d’hypertension capillaire
pulmonaire. C’est parfois le 1er signe d’un œdème aigu du poumon.
L’asthme cardiaque est caractérisé par de la toux, une dyspnée aigue asthmatiforme, des
râles sous-crépitants et des sibilances.
12
La stase veineuse pulmonaire peut se surinfecter provocant des infections broncho-
pulmonaires répétées.
4. Les palpitations
Les palpitations représentent 75% des consultations cardiaques.
La palpitation est liée à un problème de perception. On a une impression de raté, que le cœur
oublie de se contacter une fois. Le patient va alors percevoir le repos compensatoire qui suit
la contraction anormale. Il est important d’évaluer la gravité et le degré d’urgence : est-ce
que le patient a fait une syncope ? Est-ce qu’il est hémodynamiquement stable ? Il faut aussi
en chercher l’origine.
a. Les extrasystoles
13
Sur une échographie Doppler, on voit 2 ondes pour le flux mitral. La 1ère est le flux passif (le
sang entre sans contraction dans le ventricule) et la 2ème correspond au flux lors de la
contraction des oreillettes.
Extrasystole ventriculaire
Extrasystole atriale
Sur l’échographie Doppler du flux aortique, on peut observer le repos compensatoire puisque
la quantité de sang qui passe est augmentée à cause du repos.
Les palpitations seront mesurées par l’ECG mais aussi par Holter. Ce Holter sera capable
d’enregistrer l’ECG pendant 24h et on pourra compter le nombre d’aberrations mais
également reconnaître le type d’extrasystole. En même temps, le patient peut signaler
pendant l’enregistrement qu’il a ressenti une palpitation.
14
Avec le repos compensateur, le repos est plus long et donc il y a plus de sang dans le
ventricule lors que la contraction suivante. Du coup, la contraction sera plus importante car le
volume de sang a éjecté est plus important. Un patient ne ressent pas l’extrasystole mais
ressent l’effet dynamique qui est associé.
Il est parfois utile de donner un système qui permet l’auto-monitoring. Lorsque le patient sent
l’anomalie cardiaque, il peut utiliser cet appareil qui prend l’ECG sur une dérivation et permet
de détecter des palpitations qui sont assez rares. Ces appareils vont enregistrer l’ECG pendant
20 à 30 secondes.
15
16
Toute perte de connaissance n’est pas forcément une syncope.
Pour les pertes de connaissance avec d’autres mécanismes qu’une hypo-perfusion cérébrale
globale, on observe :
• De chutes
• De pseudo-syncope psychogène
• D’AIT carotidien
17
Une syncope survenant à la suite d’un effort est souvent d’origine cardiaque.
Exemple : une sténose aortique serrée.
Une syncope apparaissant sans prodromes est une syncope d’origine cardiaque.
Cas clinique :
6. La fatigue
Elle est secondaire au débit cardiaque insuffisant et donc à une irrigation musculaire
insuffisante. Elle peut donc être causée par une affection vasculaire sévère ou une
insuffisance cardiaque avancée.
7. Les œdèmes
8. La cyanose
18
L’EXAMEN CLINIQUE
1. L’examen clinique général
a. Morphotype
b. Poids et taille
Le syndrome métabolique est lui-même défini (ATP III) comme étant l’association d’au moins
3 des facteurs suivants :
c. Examen de téguments
C’est un symptôme reflétant une carence en hémoglobine fonctionnelle par rapport aux
valeurs normales pour l’âge et le sexe. Cela est très visible au niveau des muqueuses et
parfois le patient présente des mains de couleurs différentes.
C’est un signe clinique d’hypoxémie. Le patient présente une coloration bleutée de la peau et
des muqueuses lorsque le sang contient plus de 5 g/dl d’hémoglobine désoxygénée. Elle est
visible essentiellement au niveau des lèvres et des extrémités. Elle peut être masquée par une
anémie ou accentuée par une polyglobulie.
ü La cyanose centrale
Elle est liée à une désaturation du sang artériel en oxygène. Elle peut être d’origine cardiaque
(cardiopathie cyanogène) ou pulmonaire.
19
ü La cyanose périphérique
Elle est liée à une désaturation du sang veineux en oxygène. Il y a une baisse du débit
cardiaque ou une baisse du débit local (ischémie aigue, thrombose veineuse, Raynaud, une
vasoconstriction au froid, une acrocyanose, …)
Marbrures cutanées
Ictère
Il est dû à une augmentation du taux de bilirubine qui peut être causé par une insuffisance
cardiaque qui provoque alors une stase hépatique. Dans ce cas, on parle de foie cardiaque.
20
Diagnostic différentiel de l’hippocratisme digital
Signes cutanés de l’endocardite infectieuse
21
d. Examen abdominal
Le patient est en décubitus latéral droit avec le bras gauche derrière la tête. La palpation
débute bas, dans la fosse iliaque droite, pour détecter les splénomégalies volumineuses. Puis,
elle remonte progressivement vers la région sous-costale. On demande au patient d'inspirer
profondément.
En cas de splénomégalie, le pôle inférieur vient buter contre les doigts de l'examinateur car la
rate est mobile à l'inspiration. Son bord antéro-interne crénelé est caractéristique.
Cette recherche est importante chez le patient hypertendu. Elle se fait par une palpation
bimanuelle et permet de détecter une hydronéphrose (augmentation du volume du bassinet,
des calies et du rein) ou un polykystose.
L’ascite est détectable par une augmentation du volume et une matité déclive, mobilisable, à
la limite supérieure dessinant une courbe concave en haut (anatomique) chez le sujet en
décubitus dorsal.
2. L’examen artériel
Le pouls est la perception du flux sanguin pulsé par le cœur par la palpation d'une artère. La
prise du pouls se fait classiquement au niveau de l’artère radiale, en plaçant l’index et le
médius en regard du bord externe du poignet.
22
On précisera :
La palpation des artères s’intéresse surtout aux artères radiales, humérales, carotides,
fémorales, poplitées, tibiales postérieures et pédieuses.
L’auscultation intéresse surtout les carotides, les artères fémorales, les artères axillaires, les
sous-clavières, les artères poplitées et bien sûr l’aorte abdominale ainsi que les artères
rénales. Elle recherche un souffle systolique lié à la présence d’un obstacle à l’écoulement ou
un souffle continu à renforcement systolique témoignant d’une fistule artério-veineuse.
Prise du pouls
ü De l’artère carotide
Le pouls carotidien est facile à identifier. Il est situé en dedans du muscle sterno-cléido-
mastoïdien.
Pour le percevoir, on utilisera les 2ème, 3ème et 4ème doigts. Chez les patients obèses, il est
parfois nécessaire de pousser fermement pour le percevoir.
ü De l’artère fémorale
Le pouls fémoral est aisément identifiable. Il est situé à mi-chemin entre l'os du pubis et la
crête iliaque antérieure.
Pour le percevoir, on utilisera les 2ème, 3ème et 4ème doigts. Si le patient est obèse, il est parfois
nécessaire de pousser fermement pour le percevoir.
ü De l’artère poplitée
Le pouls poplité est plus difficile à identifier car il est situé profondément dans la fosse
poplitée.
Pour le percevoir, on placera l'extrémité de ses 2ème, 3ème et 4ème doigts dans la gouttière
rétro-malléolaire.
On évitera soigneusement d'exercer une pression trop importante, afin de ne pas percevoir
son propre pouls.
23
ü De l’artère pédieuse
Le pouls pédieux est généralement perçu en dedans du tendon extenseur du gros orteil,
lequel peut être facilement repéré en demandant au patient de fléchir son gros orteil contre
une résistance.
Pour percevoir le pouls pédieux, l'examinateur placera délicatement l'extrémité des ses 2ème,
3ème et 4ème doigts en dehors du tendon du gros orteil, en évitant soigneusement d'exercer
une pression trop importante.
ü De l’aorte abdominale
Chez les sujets minces ou porteurs d’un anévrisme de l’aorte abdominale, on peut percevoir
l’aorte abdominale en palpant la région para-ombilicale gauche.
L’auscultation
Elle est possible au niveau des artères carotides, sous-clavières, axillaires, fémorales et de
l’aorte abdominale. La présence d’un souffle résulte le plus souvent d’une sténose artérielle
(souffle systolique) ou d’une fistule artério-veineuse (souffle systolo-diastolique).
L’idéal lors d’une palpation et d’une auscultation des pouls est d’utiliser un schéma
récapitulatif :
24
Le test d’Allen
Présentation du pouls
• Pulsus parvus ou pouls filant : c’est un pouls petit et faible lié à la diminution du
volume d’éjection ventriculaire gauche.
• Pulsus tardus : c’est un pouls retardé lié à la présence d’un obstacle mécanique à
l’éjection ventriculaire gauche (ex : sténose aortique).
• Pouls bondissant : c’est un pouls hyper-kinétique lié à l’augmentation du volume
d’éjection ventriculaire gauche (ex : bloc atrio-ventriculaire, insuffisance aortique).
• Pulsus bisfériens : c’est un pouls constitué de 2 pics systoliques, caractéristique de la
régurgitation aortique et de la cardiomyopathie hypertrophique.
• Pulsus alternans : il y a une diminution rythmée de l’amplitude de l’onde de pouls
alors que la fréquence cardiaque est régulière. Il est lié à la variation de la contractilité
du ventricule gauche.
• Pouls paradoxal ou pulsus paradoxus : c’est un terme utilisé par Kussmaul en 1873
pour décrire l’absence de pouls radial à l’inspiration chez les patients souffrant de
compression péricardique, alors que les battements cardiaques auscultés sont
réguliers et bien audibles.
La définition du pouls paradoxal est une chute de plus de 15% (> 12 mmHg) de la
pression artérielle systolique en début d’une inspiration non forcée. Ce phénomène,
caractéristique de la péricardite et de la tamponnade, peut aussi se rencontrer dans la
BPCO, l’hypovolémie et la surcharge aigue du ventricule droit (insuffisance mitrale
massive, embolie pulmonaire, infarctus droit)
Le patient doit être confortablement assis. Les vêtements serrant doivent être enlevés pour
ne pas gêner la pose de la manchette de pression. L'artère brachiale est ensuite recherchée,
juste au-dessus de la fosse antécubitale. La manchette est ensuite enroulée autour du bras,
environ 2 ou 3 cm au dessus de l'endroit où l'on a palpé l'artère brachiale. Il faut éviter de
placer les tubulures dans la zone auscultatoire car leur contact peut produire des artéfacts
auscultatoires.
Dans la mesure du possible, le bras du patient doit être placé horizontalement, à mi-hauteur
du sternum.
Bruits de Korotkoff
26
Rappel pour la prise de tension
Autres informations
ü L’hypertension artérielle
ü L’hypotension artérielle
Elle est définie par une pression artérielle systolique inférieure à 90 mmHg.
La recherche doit faire suite à une période allongée au calme de 5 à 10 minutes, à l'issue de
laquelle la pression artérielle (PA) et la fréquence cardiaque (FC) sont contrôlées. Le patient
est levé en position debout (le maintenir en cas de risque de chute) puis on mesure la
pression artérielle et la fréquence cardiaque toutes les minutes pendant trois minutes (ou
plus si la tension artérielle continue à chuter à la 3ème minute).
27
ü La recherche d’une anisotension
La mesure de la pression artérielle aux 2 bras permet le dépistage d’une anisotension qui est
retenue si la différence de pression artérielle systolique est supérieure à 20 mmHg. La
confirmation d’une anisotension doit faire rechercher une anomalie artérielle.
Il est défini comme étant le rapport entre la pression artérielle systolique de la cheville et la
pression artérielle systolique humérale.
354 6ℎ28,112
#34 =
354 ℎ9(é;012
La valeur physiologique normale est de 1. En cas d’artériopathie, l’IP est inférieur à 0,9.
3. L’examen veineux
a. L’examen des veines jugulaires
La veine jugulaire interne est une veine profonde en communication libre avec l’oreillette
droite. L’augmentation de la pression veineuse (insuffisance ventriculaire droite, péricardite
constrictive, tamponnade par exemple) provoque une turgescence des veines jugulaires
externes qui peut être spontanément visible.
Les veines jugulaires peuvent être visibles chez le malade de façon spontanée, permanente
(quand il est allongé à 45° par rapport au plan du lit) ou alors être observé lors d’une pression
sur le foie. Dans ce cas, on parle de reflux hépato-jugulaire.
Pour la faire apparaître, il suffit d’exercer une pression ferme et de 30 secondes au moins sur
le foie (hypochondre droit du patient). Si on observe une turgescence jugulaire, on dit que le
reflux hépato-jugulaire est positif. Une turgescence déjà présente peut aussi être augmentée.
28
Le signe de Kussmaul
Rappel anatomique
Thrombophlébite superficielle
C’est prédominant sur les bords externes et internes du pied traduisant la stase chronique.
29
Dermite ocre
Hypodermite de stase
Progressivement, ces lésions inflammatoires feront place à des lésions scléreuses engainant la
jambe dans une véritable guêtre rigide (« hypodermite scléreuse »).
Ulcère veineux
30
Thrombose veineuse profonde
Dilatations variqueuses
Circulation veineuse collatérale
31
4. Les œdèmes
L’œdème des membres inférieurs est une augmentation de leur volume, localisée ou diffuse,
uni ou bilatérale. Il correspond à une anomalie du secteur extracellulaire en rapport avec une
rétention d’eau et de sodium dans les espaces interstitiels. Cette augmentation de volume
entraîne une atténuation puis une disparition des reliefs ostéo-musculaires et tendineux.
La palpation donne une sensation dure, rénitente ou molle, pouvant alors donner le signe du
godet (persistance d’une dépression après appui digital). L’apparition des œdèmes peut être
secondaire à quatre mécanismes :
Dans le cadre d’une insuffisance cardiaque droite ou globale, les œdèmes sont :
• Bilatéraux
• Blancs
• Mous
• Déclives
• Indolores
• Gardant le godet
• Unilatéral
• Rouge
• Chaud
• Douloureux
32
• Ferme
• De ne pas prendre le godet
• Inconstant
Il est dû à une augmentation de la pression hydrostatique. Il peut être bilatérale mais il est
souvent asymétrique. Il peut garder le godet et est souvent indolore. Il est aggravé par la
position debout et diminue la nuit.
C’est surtout son association avec les troubles trophiques de l’insuffisance veineuse sus-décris
qui oriente le diagnostic.
Caractéristiques
Caractéristiques
• Tachycardie
• Hypotension avec pincement de la différentielle
• Râles crépitants à l’auscultation pulmonaire
• Bruit de galop gauche
33
L’AUSCULTATION CARDIAQUE
1. Foyers d’auscultation
a) Foyer aortique
b) Foyer pulmonaire
c) Foyer tricuspide
d) Foyer mitral
e) Irradiation mitrale
f) Irradiation aortique
3. Auscultation pathologique
• Les anomalies des bruits physiologiques : éclat de B1 en cas de rétrécissement mitral
ou B2 en cas d’HTAP
• Adjonction de bruits anormaux (bruit de galop)
• Les souffles
• Le roulement diastolique du rétrécissement mitral
• Le frottement péricardique
34
Introduction à l’électrocardiogramme
HISTORIQUE
On a commencé à comprendre que des patients qui avaient une angine de poitrine avait des
dépôts dans les veines au XVIIIème siècle. Il a fallu encore 100 ans pour l’invention de l’ECG. La
toute 1ère description a été faite par Augustus D. Waller 45 ans après que Carlo Matteuci ait
découvert que la contraction cardiaque était précédée d’un courant électrique en 1842.
Plus tard, c’est Einthoven (prix Nobel en 1924) qui démontre sa technique au 1er congrès de
physiologie. Au départ, l’appareil est très volumineux. En 1920, Pardee publie le 1er ECG
d’infarctus donnant ainsi son nom à l’onde de l’infarctus : l’onde de Pardee. En 1932, Charles
Wolfred et Francis Wood décrivent l’utilisation médicale des dérivations précordiales.
LE FONCTIONNEMENT DE L’ECG
1. Potentiel de membrane
La membrane de toute cellule a une perméabilité sélective aux ions. Il existe aussi différents
transports (comme la Na/K-ATPase). Ces 2 facteurs permettent d’avoir une concentration
différente en ions de chaque côté de la membrane.
On aura alors une différence de potentiel entre l’extérieur de la cellule (chargé positivement)
et l’intérieur de la cellule (chargé négativement). La différence de potentiel vaut alors -90 mV.
On aura aussi une ouverture de canaux Ca2+ et une diminution de la perméabilité au K+. Ces
évènements permettent de changer la polarisation de la membrane qui se retrouve chargée
positivement à l’intérieur et négativement à l’extérieur.
35
3. Que mesure l’ECG ?
Si une partie des cellules est dépolarisée et donc chargée négativement en surface et qu’une
autre partie des cellules ne l’est pas encore (et donc chargée positivement en surface), on
aura la création d’un dipôle (un pole positif et un négatif). C’est justement ce dipôle qui sera
mesuré lors d’un ECG. Les électrodes mesureront le potentiel de surface des cellules.
L’activité électrique normale du cœur nait au niveau du nœud sinusal qui se trouve au niveau
de l’oreillette droite. De cette activité spontanée, la dépolarisation produite se répand
progressivement.
Les amplitudes mesurées au début de la dépolarisation sont plus petites que la dépolarisation
terminale car il y a moins de cellules qui se dépolarisent au niveau des atriums par rapport
aux ventricules.
Du coup, l’onde P est plus faible que le complexe QRS. En effet, l’onde P correspond à la
dépolarisation des atriums alors que le complexe QRS correspond à la dépolarisation des
ventricules.
Quand tout le cœur est dépolarisé, on parle de silence électrique. L’onde P atteint son
maximum quand il y a autant de cellules dépolarisées que de cellules non dépolarisées.
Pour passer des atriums aux ventricules, la dépolarisation commence par le septum gauche.
Du coup, le vecteur électrique va de la gauche vers la droite.
Moyen mnémotechnique : « La prairie est sous le soleil » et « Les braises sur les cendres ».
• DI qui mesure le dipôle entre le bras droit (-) et le bras gauche (+)
• DII qui mesure le dipôle entre le bras droit (-) et la jambe gauche (+)
• DIII qui mesure le dipôle entre le bras gauche (-) et la jambe gauche (+)
36
• aVR qui correspond à la dérivation unipolaire sur le bras droit
• aVL qui correspond à la dérivation unipolaire sur le bras gauche
• aVF qui correspond à la dérivation unipolaire sur la jambe gauche
Pour ces 3 dernières dérivations, il faut un zéro de référence vu qu’elles sont unipolaires.
Cette référence est alors définie par la somme de aVF, aVL et aVR. Ce point de référence se
trouve alors au centre du triangle d’Einthoven.
Pour les dérivations précordiales :
37
a. Le triangle d’Einthoven
Dans un cœur normal, entre 2 contractions, toutes les cellules sont dans le même état avec
un potentiel de -90 mV. Du coup, si toutes les cellules sont dans le même état, il n’y a pas de
dipôle. Cela correspond alors à un silence électrique.
Ensuite, le nœud sinusal envoie un influx électrique spontané qui provoque la dépolarisation
des cellules situées à proximité. Du coup, certaines cellules du cœur sont dépolarisées et
d’autres ne le sont pas encore. Cela provoque alors l’apparition d’un dipôle qui va donner le
sens de dépolarisation. La dépolarisation des cellules cardiaques se fait de proche en proche.
Quand tout le cœur est dépolarisé, on observe un silence électrique sur l’ECG. Par la suite, les
cellules cardiaques vont se repolariser afin de retourner dans leur état normal pour la
prochaine contraction. Cette repolarisation commence alors au niveau des dernières cellules
qui se sont dépolarisés. Elle se fait donc de l’épicarde vers l’endocarde.
38
5. Amplitude et durée de l’ECG
La vitesse de déroulement du papier de l’ECG est de 25 mm/s. Du coup, 25 mm correspond à
une seconde. Un carré du papier millimétré correspond à 40 ms. Au niveau du voltage, il y a
10 mm pour 1 mV (= signal d’étalonnage)
L’amplitude du grand carré (5 mm) correspond à 0,5 mV. La durée d’un grand carré
correspond à 200 ms.
L’ECG NORMAL
1. Les intervalles de l’ECG
• L’intervalle PR est compris entre 120 et 200 ms. On le mesure du début de l’onde P
jusqu’au début du complexe QRS. Ce complexe peut alors commencer par une onde Q
ou une onde R en fonction de la dérivation.
• La durée du QRS doit être inférieure à 100 ms. On la mesure du début du QRS à la fin
du complexe
• L’intervalle QT doit être inférieur à 440 ms avec une fréquence de 60 battements par
minutes. Cet intervalle dépend alors de la fréquence cardiaque. On le mesure du
début du complexe QRS à la fin de l’onde T.
• L’intervalle RR est un intervalle compris entre 2 complexes QRS. Il permet donc de
trouver la fréquence cardiaque.
39
L’onde Q est une onde négative et l’onde négative qui la succède est une onde S. Par contre,
l’onde R est une onde toujours positive.
Il est possible d’avoir un ralentissement de la conduction électrique à cause d’un bloc atrio-
ventriculaire.
2. La fréquence cardiaque
La fréquence cardiaque (FC) s’exprime en battements par minute. Or, 1 minute vaut 60 x
1000 ms ce qui correspond à 60 000 ms.
60 000
4+,/, => ?*( =
,B/2;80112 CC ((.)
Grâce au papier millimétré de l’ECG, on sait mesurer approximativement la fréquence
cardiaque.
40
3. L’intervalle QT corrigé
Il est nécessaire de corriger l’intervalle QT car celui-ci est plus long lorsque le rythme
cardiaque est lent et plus court lorsque le rythme est rapide
ð Valeur de QTc normale = 400 ± 40 ms
4. L’onde P
L’onde P varie en fonction de la dérivation. En effet, elle est positive pour les dérivations DI,
DII et aVF. Son amplitude maximale est de 0,25 mV (2,5 mm), sa durée maximale est de 100
ms et sa morphologie est arrondie.
Elle est biphasique en V1. Son segment initial a une amplitude inférieure à 0,2 mV et son
segment terminal a une amplitude inférieure à 0,1 mV.
Une onde P normale nait au niveau du nœud sinusal et se trouve en haut à droite et va aller
vers la gauche et vers le bas.
Si un groupe de cellules dépasse l’activité normale du nœud sinusal car il se dépolarise plus
rapidement que le nœud sinusal. Alors, c’est cette « nouvelle » dépolarisation qui se propage.
41
Si cette dépolarisation a lieue au niveau d’un ventricule, l’onde P sera négative car la
dépolarisation remonte.
Si la zone de dépolarisation est proche du nœud atrio-ventriculaire, alors l’onde P sera proche
du complexe QRS. Du coup, il y a une diminution du segment PR.
5. Le complexe QRS
• Le pic R correspond à la 1ère déflexion positive.
• L’onde Q correspond à la déflexion négative avant l’onde R.
• L’onde S correspond à la déflexion négative après l’onde R.
• L’onde QS est un complexe totalement négatif.
• L’onde R’ est une déflexion positive après une onde R antérieure.
On écrit la lettre de l’onde en majuscule si l’onde est plus profonde et plus large (> 0,4 mm si
10 mm/mV).
Un complexe rSr’ en V1 et V2 correspond à un bloc de branche droit.
La durée du QRS doit être inférieur à 100 ms et son amplitude est liée à l’âge du patient.
42
a. Les vecteurs dans l’espace
b. Le vectiogramme
43
c. L’axe du QRS
Il est important de reconnaître l’axe principal du QRS. Cet axe est normalement compris entre
- 30° et + 120°.
On parle de :
• Déviation axiale gauche quand l’axe est compris entre - 30° et - 90°
• Déviation axiale droite quand l’axe est compris entre 120° et 180°
• Déviation axiale extrême quand l’axe est compris entre – 90° et 180°
Il existe plusieurs méthodes pour déterminer l’axe du QRS afin de savoir s’il est normal ou
non. Ces méthodes sont :
44
Exemple
Le QRS est positif en DI et en aVF. On peut donc déjà en déduire que l’axe du QRS est normal.
Le complexe le plus grand se trouve en DII qui a un angle de 60°. Du coup, l’axe du QRS est de
60° environ.
Si sur cet ECG, on aurait un complexe isoélectrique, c’est-à-dire que la somme vaut 0. Alors
l’axe du QRS aurait été perpendiculaire à l’axe de la dérivation où la somme est nulle.
Attention, lors de l’analyse d’un ECG, on ne doit pas directement regarder l’axe du QRS. En
effet, il faut d’abord chercher une onde P, la présence d’un rythme sinusal, la fréquence
cardiaque, …
Dans un ECG, il est possible d’avoir des artéfacts. Du coup, si une onde P est présente sur
certaines dérivations, c’est qu’il y a bien une onde P.
Actuellement, il existe des machines qui mesurent les axes et tous les autres paramètres dont
on a besoin. Cependant, il arrive que le protocole informatique prenne compte des éventuels
artéfacts ce qui fausse alors les calculs et les analyses.
Sur cet ECG, le patient présente un rythme sinusal avec un bloc de branche atrio-ventriculaire
de 1er degré.
Il existe alors une zone de transition qui correspond à la dérivation où le rapport R/S vaut 1.
Cette zone de transition est souvent située entre V3 et V4.
45
7. Le point J et le segment ST
Le point J se situe à la fin du complexe QRS (à savoir à la fin de S ou de R). Normalement, il se
situe sur la ligne isoélectrique. C’est le point initial du segment ST.
Le point J se trouve donc au même niveau que le segment ST qui doit être aligner avec le
segment PQ. Si on observe un sous- ou un sus-décalage, cela signifie qu’il y a un problème.
8. L’onde T
L’onde T normale a le même axe que le QRS car la repolarisation commence à l’épicarde et
progresse vers l’endocarde. Il s’agit donc du même vecteur électrique.
46
L’onde T correspond à la repolarisation des ventricules. Elle est une déflexion positive ou
négative ou biphasique. Elle a généralement une polarité identique à celle du complexe QRS,
sauf pour les dérivations V1, V2 et DIII.
Elle est asymétrique et présente une portion ascendante lente et une portion descendante
rapide.
9. L’espace QT
L’espace QT doit être corrigé pour la fréquence cardiaque. Une fois corrigé, s’il est supérieur à
480-500 millisecondes, il y a un risque de torsade de pointe. Beaucoup de drogues,
médicaments allongent l’espace QT.
47
L’ECG PATHOLOGIQUE
1. Bloc atrio-ventriculaire
a. Bloc atrio-ventriculaire du 1er degré
L'espace entre l'onde P et le début du complexe QRS est 2 fois trop long. Dans ce type de
bloc, il y a un ralentissement de la propagation de l'onde de dépolarisation. Du coup, l'onde
passe mais plus lentement. Il y a donc le même nombre de QRS que d’onde P.
48
b. Bloc atrio-ventriculaire du 2ème degré de type Mobitz 1 (Wenckebach)
Il y a plus d’onde P que de complexe QRS. On remarque un allongement progressif de la
conduction entre l’onde P et le QRS. Du coup, à un moment donné, l’onde de dépolarisation
ne passe plus. Il y a donc une onde P sans QRS.
49
c. Bloc atrio-ventriculaire du 2ème degré de type Mobitz 2
La distance entre l’onde P et le QRS est toujours identique. Seulement, à un moment, il y a
une onde P qui n’est plus suivie par un QRS.
50
d. Bloc atrio-ventriculaire du 2ème degré de type 2:1
Quand il y a ce type de bloc, on ne sait pas dire s’il s’agit d’un Mobitz 1 ou d’un Mobitz 2 car
on ne sait pas voir s’il y a un allongement ou non de la distance entre l’onde P et le QRS.
ð Plus la communication entre les atriums et les ventricules est mauvaise, plus il y a un
risque de mauvaise conduction au niveau des ventricules. Il peut donc y avoir un bloc
de branche avec un bloc atrio-ventriculaire.
51
e. Bloc atrio-ventriculaire du 2ème degré et bloc atrio-ventriculaire de haut degré
Il n'y a qu'un QRS sur 4 qui passe. Le temps entre les QRS est constant et le temps entre les
ondes P est également constant.
Dans l'onde T, il y a une onde P cachée. Il faut donc compter le nombre d'onde P en fonction
de la distance entre chaque onde P afin de retrouver une éventuelle onde P « cachée ».
52
f. Bloc atrio-ventriculaire du 3ème degré
On parle de bloc de 3ème degré quand il n’y a plus de synchronise entre une onde P et un QRS.
Avec cet ECG, toutes les voies de conduction ont une automaticité. La dépolarisation du
nœud sinusal est le plus rapide en temps normal. Du coup, c'est lui qui permet la
dépolarisation du cœur.
Mais quand il y a un problème, il peut y avoir une dépolarisation dans une autre zone du
cœur. Il peut donc y avoir un échappement ventriculaire quand la naissance de la
dépolarisation a lieu dans le ventricule. Si la nouvelle zone de dépolarisation est assez haut
située dans le cœur, à proximité du nœud sinusal, le QRS sera ± normal car on va suivre les
voies de dépolarisation normale et donc on parle d'échappement intra-nodal.
53
2. Rythme d’échappement ventriculaire
54
3. Bloc auriculoventriculaire
Le nœud atrio-ventriculaire peut ralentir l'influx. Ce ralentissement permet de ne pas avoir
une contraction trop rapide des ventricules.
S'il n'y avait pas ce ralentissement au niveau du nœud atrio-ventriculaire, il y aurait une
contraction du ventricule avant qu'il n'ait eu le temps de se remplir.
Quand un bloc se forme, il y a un bloc atrio-ventriculaire de 1er degré avec une évolution vers
le grade 2 puis le grade 3 avec un rythme d'échappement. Si la zone d'échappement se fait au
niveau du ventricule, l'onde va remonter. Du coup, il y a une onde P sera détachée du QRS.
55
4. Bloc de branche gauche
Il y a des troubles de l'onde T car la repolarisation ne se fait plus correctement lorsqu’il y a un
ralentissement de la dépolarisation. En effet, certaines zones vont se repolariser avant que
tout le cœur soit dépolarisé.
56
5. QRS normal vs bloc de branche gauche
Dans le cas d’un bloc de branche gauche, le vecteur de dépolarisation va de la droite vers la
gauche. Par contre, en temps normal, il va de la gauche vers la droite.
57
6. Bloc de branche droit
58
7. Bloc de branche droit vs bloc de branche gauche
Le vecteur du bloc droit est opposé au vecteur du bloc gauche. En effet, en cas de bloc de
branche droit, c’est le cœur gauche qui se dépolarise en premier alors qu’avec un bloc de
branche gauche, c’est le cœur droit qui va se dépolariser en premier.
59
8. Bloc fasciculaire antérieur gauche
60
9. Bloc fasciculaire postérieur gauche
61
10.Bradycardie sinusale
La bradycardie est une situation où le rythme cardiaque est anormalement lent, c’est-à-dire
que la fréquence cardiaque est inférieure de 50 battements par minutes.
62
11.Tachycardie sinusale
On parle de tachycardie sinusale s’il y a bien une onde P. Dans une tachycardie, il y a un QRS
fin qui suit une onde P. On parle de tachycardie quand la fréquence cardiaque est élevée.
Cette augmentation du rythme peut alors être due au stress, à une hyperthyroïdie, à de la
fièvre, …
63
12.Arrêt sinusal
Le rythme est normal et puis il y a l’apparition d’un silence électrique complet car la
dépolarisation ne se fait pas dans le nœud sinusal. On parle alors d’arrêt sinusal.
Cet arrêt sinusal est donc le moment où il n’y a plus de dépolarisation spontanée. Le
traitement de ce problème est l’implantation d’un pacemaker.
64
13.Arythmie sinusale
On observe une arythmie sinusale à cause de la respiration. En effet, lors de l’inspiration, il y a
une augmentation du retour veineux ce qui entraine une contraction plus rapide. Il y a
également des changements du rythme liés aux systèmes orthosympathique et
parasympathique.
65
14.Rythme d’échappement auriculaire
Dans un échappement auriculaire, l’onde P est opposée à la normale et elle varie en fonction
de l’endroit où elle nait.
L’intervalle PR est plus court quand la zone de dépolarisation est proche du nœud atrio-
ventriculaire.
66
15.Extrasystolie supraventriculaire (ESSV)
Dans ce cas ci, un battement survient trop tôt. Cependant, ce battement est normal mis à
part pour l’onde P.
67
16.Tachycardie atriale focale
La tachycardie nait au niveau de l’atrium dans une zone qui prend le relai du nœud sinusal.
Toute la tachycardie donne des ondes P différentes de l’onde P sinusale. Cette activité
cardiaque peut être associée à un phénomène de bloc.
68
17.Fibrillation auriculaire
Il y a une variation du lieu de dépolarisation. La fibrillation auriculaire n’est pas encore très
grave car il y a toujours une contraction de l’atrium et surtout une contraction correcte des
ventricules car il va y avoir une sélection des ondes qui vont pouvoir passer par le nœud atrio-
ventriculaire.
Dans ce cas ci, le QRS est fin sauf s’il y a également un bloc de branche. Il n’y a pas d’intervalle
isoélectrique. Si sur un ECG, on voit sur une dérivation un semblant de fibrillation auriculaire
mais qu’il y a la présence d’onde P sur les autres dérivations, c’est qu’il y a eu des artéfacts et
qu’il n’y a pas de fibrillation mais un rythme sinusal.
69
18.Fibrillation auriculaire en cas de WPW
Dans ce cas ci, il y a une dépolarisation ventriculaire très rapide avec un complexe large,
irrégulier et rapide. Il y a donc un risque de mort subite car il n’y a plus de contraction
efficace. Du coup, le ventricule ne sait plus se remplir correctement. Il n’y a alors plus de sang
qui va vers le cerveau car il n’y a plus de sang qui sort du cœur.
70
19.Flutter vs fibrillation auriculaire
Un flutter correspond à une onde électrique qui ne cesse de tourner. Le flutter peut être
régulier si le filtre est constant mais il peut également être irrégulier si le filtre varie.
La différence entre un flutter et une fibrillation auriculaire est que c’est la structure et le
substrat anatomique qui entretient l’arythmie. Un flutter est une pathologie traitable.
71
20.Flutter auriculaire droit typique (anti-horaire)
Il existe des flutters typiques et des atypiques à droite ou à gauche. Pour le flutter droit
typique, on observe sur l’ECG des ondes en dents de scie. Les dents de scie sont alors
régulières et se superposent.
72
21.Flutter auriculaire gauche
Le flutter gauche nait dans un circuit électrique particulier et est moins typique.
73
22.TRIN typique
On observe un aspect à QRS fin avec un phénomène de réentrée. Du coup, la dépolarisation
de l’oreillette droite se fait au même moment que la dépolarisation du ventricule. L’onde P
est alors « cachée ».
74
23.Réentrée
Il existe une dualité au niveau du nœud atrio-ventriculaire. En effet, il existe une voie rapide
et une voie lente.
En temps normal, l’influx qui arrive sur le nœud atrio-ventriculaire descend par une seule
voie, la voie rapide et l’autre est bloquée. Si on a une extrasystole, on a donc un influx
prématuré. Comme l’influx normal est déjà passé par la voie rapide, celle-ci est en phase
réfractaire. L’influx de l’extrasystole est donc obligé de passer par la voie lente et arrive
ensuite au ventricule, qu’il dépolarise.
L’influx va ensuite remonter et réentrer à l’envers par la voie rapide du nœud atrio-
ventriculaire, puisqu’elle n’est plus en phase réfractaire. Il y a alors la formation d’une boucle.
A chaque tour, l’influx va dans le ventricule, puis dans l’oreillette, puis le ventricule, …
Sur l’ECG, on observe un QRS (pour la dépolarisation du ventricule) puis on a une onde P
cachée dans le QRS ou collée au QRS vu que l’influx prend la voie rapide et arrive vite dans
l’oreillette. On parle alors d’onde P rétrograde.
75
24.WPW en rythme sinusal
Sur cet ECG, on observe une onde delta dans l’intervalle PR. Cette onde correspond au début
de la dépolarisation du ventricule.
76
25.Extrasystolie ventriculaire (ESV)
77
26.Rythme idio-ventriculaire accéléré
On observe ce type d’ECG quand il y a eu un problème de vascularisation du cœur. En effet,
dans ce cas, c’est la zone vascularisée qui va avoir tendance à se dépolarisée. Cela n’est pas
grave car c’est le signe d’une reperfusion.
78
27.Stimulation ventriculaire (VVI)
Cette stimulation est due à un pacemaker.
79
28.Tachycardie ventriculaire
Sur cet ECG, on observe un rythme ventriculaire rapide qui est supérieur à 100 – 120
battements à la minute. Parfois, le rythme peut atteindre 180. Dans ce cas, il y a une
diminution de la pression systolique qui conduit à une systole peu efficace. En effet, la
dépolarisation spontanée est trop rapide que pour laisser le temps au ventricule de se
remplir. Il y a alors une diminution du volume éjecté.
80
29.Torsades de pointe
Dans ce cas-ci, l’aspect du QRS varie sans arrêt. En effet, il augmente puis diminue puis ré-
augmente. Il y a donc une modification de la morphologie du QRS. Ce phénomène peut
cependant se résoudre spontanément.
Il peut y avoir une torsade de pointe en cas d’un allongement du segment QT ou d’une
extrasystole mal placée. La résolution peut donc être spontanée mais il y a un risque de mort
subite.
81
30.Fibrillation ventriculaire
La fibrillation ventriculaire ne se résout pas spontanément. Sur ce type d’ECG, on observe une
onde chaotique qui ressemble à un orage électrique. Dans cette fibrillation, il n’y a plus
aucune contraction efficace du ventricule. Cela entraine alors une chute de la tension
artérielle qui conduit à une perte de conscience du patient voire d’une mort subite.
82
ECG et circulation coronaire (!!!)
LE MÉTABOLISME ÉNERGÉTIQUE
La contraction cardiaque nécessite beaucoup d'ATP, produit par le métabolisme oxydatif
mitochondrial en utilisant les acides gras (60%), les lactates (18%), le glucose (16%) et les
acides aminés et corps cétonique pour 6%. Il y a une forte consommation d’oxygène.
On a des filaments fins et épais (actine et myosine) qui grâce au calcium peuvent interagir
entre eux et glisser l’un sur l’autre grâce à l’ATP. La relaxation n’est pas passive. Du coup,
certains patients ont des problèmes cardiaques dû à l’altération de cette relaxation.
• La fréquence cardiaque
• La contractilité
• La tension pariétale du ventricule gauche qui est fonction de son diamètre et de son
épaisseur, de la pré-charge (la pression télé-diastolique) et de la post charge (pression
artérielle systolique)
83
Le métabolisme de base du myocarde est assuré par la circulation coronaire. Dans le cœur,
l’extraction en oxygène est maximale.
LA CIRCULATION CORONAIRE
L’artère myocardique se divise en artères épicardiques. Cette artère contrôle la circulation
coronaire. En effet, elle va contrôler le débit qui passe dans les artérioles.
Les vaisseaux épicardiques se divisent en petits vaisseaux qui sont encore visibles sur une
coronarographie.
S’il y a des altérations des petits vaisseaux, il y aura une influence plus importante en
profondeur, au niveau endocardique.
84
Plus on avance dans les vaisseaux, plus leur diamètre diminue. Il y a alors de moins en moins
d’élastine mais de plus en plus de muscle lisse. Le muscle lisse va alors servir à contrôler le
débit.
Avec une extraction maximale, la saturation veineuse en oxygène est la saturation la plus
basse de tout le réseau veineux.
En cas d’exercice physique, les besoins en oxygène du myocarde peuvent augmenter jusqu’à
5 fois. Du coup, il va y avoir une ouverture des sphincters pré-capillaires. On parle alors de
réserve coronaire.
85
La réserve coronaire est définie comme étant le rapport entre le flux lorsque l’artère est
dilatée totalement (par adénosine par exemple) et le flux de base quand la personne est au
repos (et qu’on n’a pas injecté d’adénosine).
Il existe maintenant des sondes coronaires inférieures au millimètre qui peuvent mesurer le
flux sanguin par Doppler.
L‘athéromatose coronaire modifie profondément la physiologie de la circulation coronaire. En
effet, il y a une réduction globale des capacités vasodilatatrices (altération des cellules
endothéliales ce qui conduit à une diminution du NO).
86
ISCHÉMIE ET LÉSIONS MYOCARDIQUES
Les régions sous-endocardiques sont plus sensibles à l’ischémie que les régions sous-
épicardiques. L’ischémie correspond à une privation en oxygène et en substrats énergétiques.
Lorsque la vasodilatation est dépassée, on a une diminution de l’oxygène et tout le
métabolisme est alors bloqué. On va donc devoir passer par la glycolyse anaérobie. Cela va
alors entrainer une acidification du milieu intracellulaire et une diminution de la production
d’ATP qui va modifier la perméabilité membranaire. On peut alors avoir des marqueurs
sanguins comme la LDH, la créatine kinase et la troponine.
Seulement, ces perturbations provoquent des perturbations électriques. En effet, on aura une
augmentation du potassium extracellulaire, du lactate, du CO2 et des protons. Cela conduit
dès lors à une dépolarisation permanente.
Cette dépolarisation permanente conduit à la création d’un courant électrique entre la zone
lésée (sous-endocardique) et la zone normale (sous-épicardique). Cette dépolarisation
permanente se traduira sur l’ECG, notamment, par une onde T négative en sous-épicardique
et positive en sous-endocardique.
87
1. La cascade ischémique
La base des tests fonctionnels du diagnostic de l'ischémie myocardique consiste en :
88
2. Sus-décalage et sous-décalage
La région qui est en souffrance et dépolarisée commence, à cause de la structure de l’artère
coronaire, dans l’endocarde. Cette zone est donc toujours dépolarisée.
Pour une lésion de l’endocarde, on observe un sous-décalage du segment ST. En fait, la ligne
de base que l’on pense être zéro est supérieure. Quand tout le coeur est dépolarisé, c’est-à-
dire au niveau du segment ST, la ligne de base est vraiment à zéro. Cela est dû au fait que la
zone lésée est en permanence dépolarisée. Il y alors un dipôle permanent.
Pour une lésion transmurale, on observe un sus-décalage du segment ST. De nouveau, la ligne
de base est en fait sous-décalé.
Cela est provoqué par le fait que la zone lésée est dépolarisée en permanence. Il y a donc un
dipôle permanent dont le pole positif (non dépolarisé) se situe près de l’électrode. Quand
tout le myocarde est dépolarisé, on est réellement à zéro. La ligne de base est donc sous-
décalée car la région lésée est dépolarisée. Cette région dépolarisée traverse alors tout le
myocarde. On a donc un dipôle permanent.
89
Lorsqu’une électrode est placée face à une zone d’ischémie :
Un sous-décalage correspond à une lésion endocardique. Par contre, quand tout le myocarde
est atteint, on a un sus-décalage. Ce dernier cas est une urgence cardiologique car il n’y a plus
d’oxygène qui arrive dans le myocarde. Cela provoque alors une ischémie transmurale avec
l’instauration d’un infarctus qui présente une élévation du segment ST.
90
3. Le segment ST
Le point J correspond à la fin de la dépolarisation ventriculaire, c’est-à-dire au point de
raccordement entre la fin du QRS et le début du segment ST. Il est normalement situé sur la
ligne isoélectrique
Il peut être situé légèrement au-dessus de la ligne de base et concave vers le haut si l’onde T
est normalement positive ou légèrement en dessous de la ligne de base et concave vers le bas
si l’onde T est normalement négative.
a. Sus-décalage du segment ST
91
On observe un sus-décalage du segment ST en faveur d’une étiologie ischémique.
Il est ascendant ou en plateau. Il présente une image en miroir dans les dérivations opposées
(aVL-DIII). Il est associé à des anomalies de l’onde T et/ou du QRS.
• Pour un homme de plus de 40 ans, le sus-décalage doit être supérieur à 0,2 mV.
• Pour un homme de moins de 40 ans, le sus-décalage doit être supérieur à 0,25 mV.
• Pour les femmes, le sus-décalage doit être supérieur à 0,15 mV.
b. Le sous-décalage du segment ST
92
Les principales causes du sous-décalage
Le sous-décalage physiologique :
• Le diagnostic de nécrose est suggéré par la clinique et l’ECG. Il est confirmé par la
biologie (troponine)
• L’ECG est souvent « normal » pour 1/3 des patients ou présente des altérations
discrètes de la repolarisation.
• L’ECG peut également révéler en phase aigue :
o Un sous-décalage ST
o Des altérations de l’onde T
• L’ECG peut révéler après quelques heures d’évolution :
o Une mauvaise progression de l’onde R en V1 à V4 si c’est un infarctus
antérieur
o Une grande onde R en V1-V2 si c’est un infarctus postérieur
• Ample et positive
• Négative
• Biphasique
• Plate
Dans le cas d’une lésion due à une ischémie, il y a également une augmentation de l’espace
QT qui est non systématique.
93
En plus d’avoir des altérations de la repolarisation, on observe également des modifications
dynamiques et réversibles des QRS. Il y a alors un changement de l’amplitude et des ondes Q
transitoires.
5. STEMI
6. L’onde Q de nécrose
La paroi nécrosée se comporte comme une fenêtre ouverte qui laisse voir les phénomènes
électriques de la paroi opposée.
Le vecteur d’activation de la paroi opposée s’éloigne de l’électrode qui enregistre donc une
onde négative initiale (Q).
94
7. STEMI inférieur aigu
95
9. L’onde T
a. L’onde T normale
La majorité des QRS étant de polarité globalement positive, l’onde T est généralement
positive.
L’onde T peut être négative si l’onde R n’est pas dominante sur S (R<S) :
L’amplitude des ondes T normales est inférieure à 10 mm et supérieur à 1/8 des ondes R.
b. L’onde T anormale
96
c. Les ondes T anormales ischémiques
Il peut y avoir une ischémie antérieure secondaire à une maladie coronaire de l’IVA antérieur.
Dans ce cas, on parle de syndrome de Wellens. Ce syndrome correspond donc à une sténose
serrée sur l’IVA proximale.
Dans ce syndrome de type I (75%), les ondes T sont amples, symétriques et négatives. Dans le
type II (25%), les ondes T biphasiques et négatives à la fin.
97
Examens paracliniques en radiologie
L’AUSCULTATION
L’auscultation cardiaque présente un rapport cout-bénéfice excellent. Cependant, l’art de
l’auscultation et de la médecine disparaît.
Le stéthoscope n’analyse rien car il permet d’écouter. Du coup, on devrait plutôt l’appeler un
« stéthophone ».
A l’heure actuelle, on estime qu’environ 20% seulement des internes sont capables de
reconnaître une auscultation « de base ».
• Le dédoublement du B2
• Le B3 ou 3ème bruit
• Le B4 ou 4ème bruit
• Le click systolique
• Le souffle physiologique
• L’insuffisance mitrale
• La sténose aortique
• L’insuffisance aortique
• La sténose mitrale
• Le souffle systolo-diastolique
• L’insuffisance tricuspide
• Les frottements péricardiques
Pour maitriser l’auscultation cardiaque, il faut suivre une approche systémique. Il faut
également corréler les signes cliniques avec la physiopathologie. Il faut savoir imiter les bruits
et s’entrainer avec Harvey et sur des patients. Il est également intéressant de se tester.
• L’apparence générale
• Les pulsations artérielles
• L’aspect des jugulaires
• Les mouvements précordiaux
• L’auscultation
4. L’auscultation pulmonaire
99
PHYSIOPATHOLOGIE
Le 1er bruit cardiaque ou B1 correspond à la fermeture de la valve mitrale. Cette valve se
ferme lorsque la pression dans le ventricule gauche est supérieur à la pression dans
l’oreillette gauche. Pendant le B1, il y a également la fermeture de la valve tricuspide mais la
pression du cœur droit est plus faible que la pression du cœur gauche. Du coup, on entend
principalement les bruits cardiaques du cœur gauche.
Si on entend un bruit, c’est que c’est pathologique. En effet, en cas de fuite de la valve
mitrale, on peut entendre des bruits dû à la mauvaise fermeture de la valve.
La majorité du ventricule se vide au milieu de la systole jusqu’au pic artériel qui correspond
au pic de la pression artérielle systolique. Cette phase d’éjection du sang est normalement
silencieuse. En effet, en cas de sténose aortique, le passage permettant au sang de passer est
rétrécit ce qui provoque l’apparition d’un souffle.
La relaxation est une phase active qui consomme donc de l’énergie. En fin de systole, la
pression du ventricule gauche tombe car on commence à relâcher le cœur. Du coup, la
pression du ventricule devient inférieure à la pression de l’aorte ce qui conduit à la fermeture
de la valve aortique. Cette fermeture correspond au 2ème bruit cardiaque ou B2.
Pour que cette phase soit silencieuse, il faut que la paroi du ventricule soit compliante. La
phase de remplissage du ventricule peut être associée à un 3ème bruit ou B3. En effet, en cas
d’arriver massive de sang dans le ventricule, il y a l’apparition du B3. Ce B3 est physiologique
chez les jeunes et chez les sportifs.
Lors d’une quasi égalisation de la pression entre l’oreillette et le ventricule, la valve mitrale
est pratiquement fermée. Du coup, peu de sang sait passer. Cependant, juste avant sa
fermeture complète, l’oreillette se contracte ce qui provoque une 2ème ouverture ou une plus
grande ouverture.
100
En cas d’hypertrophie ventriculaire, il est possible d’entendre un 4ème bruit ou B4. Le B3
survient après le B2 alors que le B4 apparaît avant le B1.
Quand le ventricule est repolarisé, le cœur se trouve à la fin de la systole. En effet, à la fin de
la systole, le cœur n’est plus contracter. Du coup, il y a une chute de la pression qui provoque
l’ouverture de la valve mitrale et un retour à la diastole. Cela correspond à l’onde T.
Quand on suit le volume du ventricule gauche, il y a une variation du volume par unité de
temps. Cela correspond alors à une différentielle. Cette dérivée est maximale au début de la
systole. Quand le ventricule gauche se remplit ce qui provoque une variation de son volume
par unité de temps. Elle est également maximale au début de la diastole.
101
Au bord sternal gauche, il y a un dédoublement du B2 en cas d’augmentation du retour
veineux, d’augmentation de la compliance pulmonaire ou d’augmentation de la compression
hépatique. C’est au niveau du foyer pulmonaire qu’on entend mieux le dédoublement du B2.
B4 est lié à la contraction des oreillettes qui envoie le sang contre un ventricule rigide,
hypertrophié. C’est un bruit sourd, à basse fréquence. Il est dû à une hypertension, à une
ischémie ou à une obstruction lors de l’éjection.
PATHOLOGIES
1. La sténose aortique
Dans une sténose aortique, on peut aussi écouter les carotides car il peut y avoir un souffle.
Un souffle présent au niveau des carotides peut être unilatérale en cas de sténose locale ou
bilatérale s’il provient de l’irradiation d’une sténose aortique.
S’il y a un blocage à l’ouverture de la valve aortique, il y a une forte pression qui doit être
générée dans le ventricule gauche pour contrer la pression de l’aorte et donc pour contrer la
résistance de la valve aortique.
Un écoulement dans une valve ne s’entend normalement pas. Par contre, si la valve est
rétrécie, il y a l’apparition de turbulence ce qui provoque l’apparition d’un souffle. Ce souffle
est un souffle méso-systolique. En effet, au départ la pression dans l’aorte est très élevée. Du
coup, le sang a du mal à sortir du ventricule. Cela a pour conséquence de provoquer une
contraction plus importante du ventricule ce qui conduit à une sortie beaucoup plus
importante de sang. Comme beaucoup de sang sort du ventricule, il y a une diminution de la
pression dans le ventricule.
102
ð La pression maximale du ventricule se trouve alors au milieu de la systole. C’est donc à
ce moment là qu’il y a le plus de sang qui peut sortir du ventricule. Du coup, c’est en
méso-systolique que la turbulence s’entend le mieux.
Le souffle de la sténose aortique est un souffle de moyenne fréquence qui irradie vers les
carotides. Un signe de sévérité de cette sténose est la disparition du B2.
2. La régurgitation mitrale
Cette pathologie provoque un souffle systolique comme pour la sténose aortique. Cependant,
le mécanisme de ce souffle est différent. En effet, la pression dans le ventricule gauche est
importante. Du coup, elle dépasse toujours la pression de l’oreillette gauche pendant la
systole. Cela conduit alors à une fuite, à un jet avec des turbulences que l’on entend.
Il y a donc toujours une grande différence de pression entre le ventricule gauche et l’oreillette
gauche. Le bruit est alors continu car il y a toujours un passage de sang vers l’oreillette
gauche. C’est donc un souffle holo-systolique.
Ce souffle provoque une irradiation vers la région axillaire. Ce souffle est un souffle de haute
fréquence.
4. La régurgitation aortique
Si la valve aortique est incompétente, la pression présente dans l’aorte chasse le sang vers le
ventricule gauche. Au départ, la régurgitation est importante car la différentielle de pression
est importante.
Cette régurgitation provoque un remplissage du ventricule gauche qui est également remplit
par le sang provenant de l’atrium gauche. Du coup, il y a une augmentation importante de la
pression dans le ventricule gauche. Or, en temps normal, la pression diastolique du ventricule
gauche n’augmente pas beaucoup.
La pression dans le ventricule gauche augmente car il se remplit par le passage normal et par
la régurgitation.
Un signe de sévérité de cette pathologie est quand le souffle s’arrête rapidement. En effet,
dans ce cas, il y a une égalisation rapide des pressions. Du coup, cela signifie qu’il y a
beaucoup de sang qui passe de l’aorte vers le ventricule.
103
5. La sténose mitrale
Lors de cette pathologie, il y a un roulement diastolique dû à une diminution du passage au
niveau de la valve. La phase de remplissage est normalement une phase passive qui est suivi
d’un remplissage actif lié à la contraction de l’oreillette.
Ce souffle est mieux entendu au niveau de l’apex. La durée de ce souffle varie en fonction de
la sévérité. Ce souffle est un souffle de basse fréquence.
6. Le click systolique
C’est un claquement dû à la mise sous tension des structures associés aux valves ou dû à
l’ouverture d’une valve. C’est donc un click d’éjection.
7. Description de l’auscultation
a. Le click systolique
C’est un claquement proto-systolique soit valvulaire (RA), soit pariétal (dilatation de la voie
d’éjection).
b. Les souffles
1 : faible intensité, audible sur un pavillon de stéthoscope avec une bonne concentration.
Ils sont secondaires à l’inflammation des 2 feuillets du péricarde. Ils s’entendent dans la
région mésocardique. Ils sont localisés, fugaces et sans irradiation.
104
Ils peuvent être mésosystolique, mésodiastolique ou systolo-diastolique. Ils ont une intensité
variable avec un timbre caractéristique, râpeux comme le crissement d’une botte de cuit
neuf, du papier froissé ou de la neige écrasée par le pas.
Ils sont rythmés par les bruits du cœur et persistent en apnée à la différence des frottements
pleuraux. Les frottements varient en fonction de la position du malade. Ils sont parfois
accompagné d’un assourdissement des bruits du cœur.
Les frottements sont donc des bruits présents pendant la systole et la diastole. Ils sont
souvent présents en milieu de phase.
Un souffle holo- est un souffle de régurgitation. Cette régurgitation peut être mitrale,
tricuspide ou due à une communication interventriculaire qui provoque alors un souffle
continu. La communication interventriculaire est une complication d’un infarctus qui
provoque un souffle net en holo-systolique.
Un souffle de fin de systole peut être causé par une pathologie de la valve mitrale. Cette
insuffisance de la valve provient généralement à la fin de la systole. Du coup, il y a un souffle
télé-systolique dans la maladie de Barlow.
Les souffles diastoliques sont causés par une insuffisance aortique ou pulmonaire. C’est un
souffle de haute fréquence qui diminue jusqu’au début de la systole.
105
RADIOGRAPHIE DU THORAX
Elle se prend de face et de profil. On doit mettre le thorax contre la plaque de radio.
1. Principe
On a un tube qui émet des rayons et l’interaction des rayons avec la matière donne
différentes nuances de gris qui sont visualisées grâce à un détecteur.
106
Pour réaliser une radiographie de face, le patient doit être dévêtu et en inspiration profonde.
On met alors le patient contre l’appareil notamment pour éviter les radiations des seins.
2. Radiographie normale
a. Vue de face
Le hile pulmonaire gauche est plus haut que le droit.
107
Sur une radio du thorax, on observe 2 arcs à droite et 3 arcs à gauche.
L’arc supérieur droit est composé du tronc veineux brachiocéphalique et de la veine cave
supérieure.
L’arc inférieur droit est composé par le bord latéral de l’oreillette droite et la veine cave
inférieure.
L’arc moyen gauche est composé de l’artère pulmonaire et de l’auricule gauche dans son tiers
inférieur. Cet arc moyen est normalement concave.
Toute pathologie qui touche à l’arc aortique est visible sur une radio car elles vont provoquer
une dilatation de l’aorte.
b. Vue de profil
108
Sur la vue de profil, l’arc antérieur correspond au ventricule droit alors que l’arc postéro-
inférieur correspond à l’oreillette et au ventricule gauche.
a. L’index cardio-thoracique
Il s’agit du rapport entre la plus grande largeur du cœur sur la plus grande largeur du thorax.
Ce rapport devrait être inférieur à 0,5 chez un patient normal.
La plus grande largeur du cœur est elle même composée de la plus grande largeur à droite de
la colonne et la plus grande largeur à gauche de la colonne.
La cardiomégalie
Dans cette pathologie, le cœur est trop large. Du coup, il y a une augmentation de l’index
cardio-thoracique.
109
L’oreillette gauche
S’il y a une dilatation de l’oreillette gauche, elle déborde vers la droite de la zone normale du
cœur. Ce dépassement de zone provoque alors une radiographie avec la présence d’une
structure en double contour.
c. La vascularisation pulmonaire
Pour les patients qui présentent une dyspnée aux urgences, on fait une radio car on obtient
un résultat plus rapidement qu’avec un scanner, une échographie, …
On essaie alors d’apprécier une redistribution vasculaire vers les sommets du poumon qui
s’accompagne dans la sévérité de la présence de ligne de Kirley et l’apparition d’un œdème
pulmonaire.
110
L’œdème interstitiel
Ce type d’œdème correspond à une accumulation de liquide plasmatique dans les septa
inter-alvéolaire. On a donc la présence de ligne de Kirley qui sont des lignes fines, rectilignes
et qui ne dépassent pas les 5 – 10 mm.
Une scissurite correspond à une accumulation de liquide dans une scissure entre les lobes.
L’œdème alvéolaire
111
d. L’épanchement pleural
Dans un épanchement pleural, il y a la présence d’eau dans la plèvre. Cela provoque alors une
augmentation de l’index cardio-thoracique.
L’épanchement pleural est souvent bilatéral mais est asymétrique. Dans ce type
d’épanchement, il y a un émoussement du sinus costo-diaphragmatique et la présence d’une
ligne de Damoiseau.
Normalement on a un sinus
costo-diaphragmatique
e. Les calcifications cardiaques
Les calcifications sont des structures opaques, plus blanches que les autres tissus. Ces
calcifications peuvent être présente au niveau du péricarde, des grands vaisseaux ou des
valves.
Le péricarde
Sur cette radio, il y a la présence d’une ligne plus opaque au niveau du péricarde.
Les calcification vont réfléchir beaucoup plus les rayons
L’aorte
Sur cette radio, il y a une calcification au niveau du bouton de l’aorte. Cette calcification est
principalement présente chez les personnes âgées.
112
Les aortes en porcelaine : le clampage d'une aorte calcifiée entraine un risque d'embole
Les valves
EPREUVE D’EFFORT
1. Modalités
L’épreuve se fait généralement sur un vélo (Europe) ou sur un tapis (Etats-Unis). On aura, au
préalable, pris la tension artérielle du patient et fait un ECG.
Le patient sera ensuite soumis à un effort croissant en augmentant la vitesse et la pente par
paliers (toutes les 3 minutes pour le protocole de BRUCE). Durant toute la durée de l’effort,
on surveillera l’ECG (modification du ST, troubles du rythme) et certaines données cliniques :
douleur thoracique, dyspnée, fatigue, … De plus, à chaque palier, on reprendra la tension
artérielle du patient.
113
2. Indications
Les principales indications sont :
3. Les contre-indications
a. Absolues
b. Relatives
114
• Une sténose du tronc commun coronaire gauche
• Une hypertension sévère (> 200/100mmHg)
• Une tachyarythmie ou une bradyarythmie
• Une cardiomyopathie hypertrophique et/ou obstructive : possibilité de syncope à
l’effort
• Un bloc auriculoventriculaire de haut degré
• Un état physique ou psychique compromettant la bonne réalisation du test
En l’absence d’un apport suffisant d’oxygène, il y a une acidification de la cellule. Du coup,
elle est dépolarisée constamment. Le courant de la lésion entraine alors un sous-décalage du
segment ST.
b. La fréquence maximale
On cherche un angor, une fatigue ou une dyspnée. Ces signes sont souvent la raison pour
laquelle le patient arrête l’épreuve.
e. Le profil tensionnel
A chaque palier, on prend la tension artérielle du patient. Cela permet d’obtenir un profil
tensionnel utile pour le diagnostic.
115
ECHOCARDIOGRAPHIE
L’échocardiographie a tendance de plus en plus à remplacer le stéthoscope du cardiologue.
C’est la technique d’imagerie non invasive la plus utilisée en cardiologie, peut-être même
trop, pour analyser :
• La morphologie
• La dimension
• Le mouvement
Pour faire une échographie, on applique une tension entre les 2 extrémités d’un cristal qui se
met alors à vibrer. Cela conduit alors au développement d’une onde qui traverse les tissus.
Quand il rencontre un objet qui réfléchit l’onde, l’onde revient. Le temps compris entre
l’émission de l’onde et sa réception dépend de la vitesse de déplacement de l’onde et du
temps nécessaire pour se faire « réfléchir ». L’importance d’une échographie dépend de
l’importance du signal qui revient.
Pour une échographie, on envoie un faisceau ultrasonore et on observe la réponse sur une
coupe. On obtient donc une coupe à un instant donné. Du coup, si les structures bougent, on
peut en apprécier les variations de taille sur une image 2D. On peut donc regarder ce qui se
passe le long d’une ligne au cours du temps quand l’échographie se trouve en mode M.
1. Echocardiographie Doppler
116
On va mesurer les vitesses par influx d’ultrasons (effet doppler). On peut aussi évaluer la
vitesse en chaque point de l’image (à droite). Cela permet de voir des turbulences, des reflux,
etc.
Avec une échographie, on peut mesurer les vitesses des flux, voir s’il y a des turbulences, …
Tout cela sait se mesurer via l’écho-Doppler. Pour cette écho, on envoie un faisceau
ultrasonore qui se réfléchit contre les globules rouges qui s’éloignent ou se rapprochent de la
sonde.
La différence de fréquence est obtenue en comparant le signal qui est émis et le signal qui
revient. Grâce à cela, on est capable de mesurer la vitesse de déplacement des globules
rouges ainsi que leur trajectoire.
L’effet Doppler est localisé dans une région donnée. On regarde alors la vitesse dans un
échantillon de mesure. On peut également mesurer la vitesse sur une longue période.
Lorsqu’on mesure les vitesses reçues en continu, celles-ci sont enregistrées le long d’un
faisceau. Cette technique est intéressante quand les vitesses sont importantes.
Dans une mesure précise de la vitesse au niveau de la valve mitrale, il est possible de voir le
profil des vitesses. On peut alors voir le remplissage passif et actif du ventricule. En effet, le
flux mitral présente un remplissage en 2 temps du ventricule. Ce remplissage en 2 temps est
cependant absent en cas de fibrillation auriculaire car il y a une disparition de la contraction
de l’oreillette.
a. Principe du Doppler en couleur 2D
Sur une coupe 2D, on sait mesurer la vitesse moyenne et la direction dans une région.
L’intensité et la vitesse varient en fonction de l’atteinte du myocarde.
117
2. Coupes échocardiographiques
Il existe un plan sur lequel on retrouve toutes les valves. Sur une des coupes, on voit la valve
aortique qui est située devant la valve mitrale. Sur cette même coupe, on retrouve également
le septum interventriculaire.
En tournant la sonde ou en l’inclinant, on trouve les cavités et les valves qu’on souhaite voir.
A l’apex, où on sent le choc de pointe, on peut voir le ventricule gauche et droit et la valve
tricuspide. La valve tricuspide est plus proche de l’apex que la valve mitrale.
118
Une coupe classique de l’échocardiographie est la coupe où l’on voit les 4 cavités.
3. Indication
Le but de l’échocardiographie est de visualiser la morphologie et l’hémodynamique de toutes
les structures cardiaques, c’est-à-dire des valves, du myocarde, du péricarde et des gros
vaisseaux thoraciques :
Il est possible de faire une échographie pendant que le patient fait un exercice physique.
119
4. Diagnostic de la maladie coronaire stable
Le diagnostic se fait via des tests d’imagerie à l’effort. En effet, on peut faire une
échocardiographie à la dobutamine ou à l’effort.
Cette méthode est la plus physiologique car le patient est en train de faire un exercice. C’est
donc la méthode à préférer car il est possible de mesurer la tension artérielle, la charge ou de
faire un ECG en même temps.
La dobutamine est utilisée pour la mesure de la viabilité. Il y a des avantages à utiliser des
agents de contraste (microbulles) si les segments sont peu visibles.
Un myocarde ischémique se contracte de moins en moins bien lors d’une injection de plus en
plus importante de dobutamine ou au fur et à mesure de l’effort.
Par contre, il y a une augmentation de la contraction cardiaque quand on est au stade viable.
Un tissu avec une cicatrise ancienne ne va pas du tout se contracter. En effet, dans ce cas, le
tissu cardiaque a été remplacé par des fibres de collagène qui n’ont aucune contractilité.
Cette partie du tissu ne va donc pas se contracter avec une haute ou une basse dose de
dobutamine.
Lors d’un nouveau infarctus, le myocarde se contracte bien au début mais la qualité de la
contraction va diminuer progressivement.
120
Cas clinique
Monsieur X âgé de 64 ans est vu le 8 août 2014 pour un bilan d’aptitude physique car il est
pompier.
Le patient ne présente aucune plainte. Il pèse 73 kg pour 1m68. Son examen clinique est
banal avec une tension artérielle de 140/70 mmHg.
Ce patient est un fumeur occasionnel et son père est décédé d’un infarctus à l’âge de 32 ans.
On lui fait donc faire l’épreuve d’effort où on mesure sa tension artérielle, sa fréquence
cardiaque, les paliers, la charge, …
Avant de lui faire faire l’épreuve, on fait un ECG afin de voir qu’il n’y a pas d’anomalie. Son
ECG est tout à fait normal. En effet, il y a la présence d’un rythme sinusal qui est régulier avec
un axe normal. La repolarisation se fait normalement et le QRS est fin.
121
On fait également en ECG pendant son effort. Il y a quelques artéfacts mais aussi non il n’y a
rien d’alarmant.
Quelque mois plus tard, ce patient revient à l’hôpital car il présente des douleurs thoraciques.
On lui fait donc faire une échocardiographie à la dobutamine. On remarque alors que son pic
de fréquence cardiaque est supérieur au pic obtenu lors de l’épreuve d’effort.
Lorsqu’on a arrêté de lui injecté de la dobutamine et donc quand son myocarde a commencé
à se relâcher, le patient a présenté un angor. C’est donc seulement à la récupération que le
patient présente un angor.
On lui fait alors un ECG pendant cet angor. Sur cet ECG, on remarque alors qu’il y a la
présence d’un sus-décalage. Ce sus-décalage est une des complications de
l’échocardiographie à la dobutamine. En effet, cette écho peut provoquer des infarctus. Du
coup, on a donné au patient des dérivés nitrés ce qui a permis de ne pas laisser durer ce sus-
décalage car le patient était bien en train de faire un infarctus.
Cet infarctus avait lieu dans le territoire inférieur car le sus-décalage est présente en DII et en
aVF.
En faite, ce patient présentait une lésion serrée qui a entrainé un début d’infarctus.
TILT-TEST
Le tilt-test ou test d’inclinaison est utilisé pour la détection des syncopes neuro-
cardiogéniques (vaso-vagales). Le patient sera installé en position fixe pendant 45 minutes
avec une inclinaison de 70°. Le patient devra alors maintenir cette position pendant que l’on
suivra les différents symptômes au niveau de l’ECG et de la tension artérielle.
La syncope vaso-vagale est en fait due à une réponse exagérée du système nerveux
orthosympathique à la diminution du débit cardiaque. Ce test va donc reproduire les mêmes
effets en provoquant une accumulation de sang au niveau des veines des membres inférieurs
principalement.
122
On aura donc 2 possibilités de réponses :
Pour ces syncopes, il n’y a pas de réel traitement. En effet, on ne met pas de pacemaker à ces
patients car le pacemaker permet de soigner les arythmies sinusales ou les bradyarythmies.
SCINTIGRAPHIE MYOCARDIQUE
1. Introduction
Il y a une caméra qui va tourner autour de la zone à investiguer alors qu’on aura injecter un
produit radioactif après que le patient ait fait une séance de sport. Cela permet de dépister
des différences entre le cœur au repos et le cœur à l’effort.
Une autre méthode pour diagnostiquer une maladie coronaire stable est la scintigraphie, plus
précisément la scintigraphie SPECT (single photon emission computed tomography).
Pour cette scintigraphie, il y a 99m Tc (Technetium) associé à un test à l’effort. Le thalium est
le produit de contraste le plus irradiant.
Cette imagerie permet de voir les différences de captation régionale entre le repos et l’effort.
Elle va également permettre d’évaluer la fraction d’éjection et la taille du ventricule gauche.
Si le patient n’est pas capable de faire l’exercice physique à faire avant cet examen, alors on
peut lui injecter de l’adénosine pour provoquer une hyperémie. Cependant, il faut faire
attention car l’adénosine peut provoquer un bronchospasme chez les BPCO.
On peut faire cette scintigraphie si on n’a pas eu de bonnes images à l’échographie. Cette
technique permet d’avoir une image de la perfusion myocardique en utilisant des capteurs
123
qui passent dans les canaux ioniques normalement présents sur les cellules (pompe Na/K-
ATPase) ou dans les mitochondries.
Sur l’image ci-dessous, il s’agit d’un patient ne présentant pas d’angor au repos mais qui a
une sténose épicardique. En effet, une autre région du coeur reçoit le même sang mais cette
région ne présente pas de rétrécissement épicardique. Les artérioles ne doivent donc pas être
ouverte au maximum.
Sur cette image, les parties plus sombres correspondent aux zones où le sang n’est pas passé.
Du coup, ces zones ont moins de traceur.
a. Les indications
• La grossesse et l’allaitement
c. Les précautions
124
• Pas de thé, de café, de chocolat ou de banane avant l’examen. En effet, normalement
il y a une vasodilatation provoquée par l’effort ou par l’adénosine. Cependant, cette
vasodilatation n’est pas présente si le patient a mangé ces aliments avant l’examen.
Un patient avec une ischémie présente une scintigraphie normale au repos. Par contre,
pendant un stress, le territoire de l’artère interventriculaire antérieur présente une ischémie.
Si le patient présente une nécrose, l’image est anormale au repos et lors d’un stress.
4. Angiographie isotopique
Elle permet de déterminer les fractions d’éjection des 2 ventricules. Elle est fiable et
reproductible à condition d’un rythme sinusal.
Il y a une certaine synchronisation avec l’ECG. Cet examen se fait lorsque le patient est au
repos. Il permet de marquer les hématies par du 99m Technétium.
125
Pour le diagnostic de la maladie coronaire stable, la 3ème méthode que l’on peut utiliser est le
PET-scan (positron emission tomography).
Cette technique se base sur des molécules qui sont normalement présentes dans le
métabolisme cardiaque mais à un autre niveau. Pour voir la perfusion, on utilise l’15O, le 13N
et le 82Rb. Pour le métabolisme, on utilise comme marqueur le 11C et le 18F.
Cette technique est supérieure à la SPECT pour la qualité d’image et de précision diagnostic.
Le PET-scan peut être associé à un CT-scan.
Cette méthode permet de faire une coupe au travers de l’ensemble du thorax du diaphragme
jusqu’aux grands vaisseaux.
Grâce à l’IRM, on voit mieux ce qui se passe par rapport à une échographie. Il est donc
possible de répondre à des questions d’examen trans-thoracique auxquelles on n’avait pas
répondu avec une échocardiographie.
Avec cette méthode, on peut voir des volumes et avoir l’acquisition d’image au cours du
temps.
L’IRM peut donner des images en 4D car en plus d’une vue en 3D, il y a également la notion
de temps. Cela permet alors d’évaluer les épanchements pleuraux, le flux des sténoses
pulmonaire ou aortique. Cela permet également d’évaluer la viabilité du myocarde.
126
Les zones abimées vont accumuler le produit de contraste (gadolinium). Ces territoires sont
déjà lésés et une revascularisation est inutile pour cette zone déjà morte. L’image ci-dessous
est obtenue au moment d’une acquisition tardive avec du Gadolinium.
La résonance magnétique permet d’observer différentes pathologies comme la
cardiomyopathie hypertrophique (CMH). Dans cette pathologie, on observe une hypertrophie
des ventricules.
L’IRM peut également servir à diagnostiquer des lésions coronaires. On fait alors une IRM au
repos et une à l’effort. Les avantages de cette méthode sont qu’il n’y a aucune irradiation et
qu’il y a une meilleure visualisation qu’avec une échocardiographie avec de la dobutamine.
De plus, il est possible de faire une évaluation après l’injection de Gadolinium uptake tardif
pour voir les zones de nécroses. Dernièrement, avec une IRM, il est possible de visualiser les
artères coronaires. Cependant, on n’utilise pas encore couramment cette méthode pour voir
les coronaires.
127
2. CT thoracique – cœur
Le CT permet d’avoir une visualisation cardiaque tridimensionnelle.
C’est une technique ionisante avec laquelle il est possible de voir les artères coronaires. Avec
un scanner, on obtient toutes les coupes du thorax parmi lesquels il est possible de choisir les
zones d’intérêt. On peut donc avoir depuis l’aorte une visualisation du tronc commun des
artères circonflexes et de l’artère interventriculaire antérieure.
Ici, on peut suivre l’artère par l’injection de contraste et mesurer l’accumulation de plaque
qui se situe dans la paroi. C’est une sorte de coronarographie non invasive. Cependant, si on a
beaucoup de calcium, on ne sait pas estimer la taille des artères à cause de l’artefact causé
par le calcium.
Le scanner peut également servir dans le diagnostic de maladies coronaires stables. Pour cela,
on fait un angio-scan des artères coronaires. Cependant, il y a une limitation de la méthode
en cas de calcifications ou d’irradiation car dans ces cas, il peut y avoir des artéfacts.
128
4. CT cavités intracardiaques
Ici c’est une reconstruction quasi anatomique du coeur. Il existe maintenant des systèmes qui
permettent d’occlure l’auricule gauche qui est source d’emboles.
5. CT et PET-scan combinés
Il est possible de combiner les scanners avec les PET-scan. Cette combinaison permet alors
d’obtenir des images de haute définition associé à une information métabolique.
Dans le PET-scan, on cherche à visualiser l’endroit d’émission d’un proton et d’un électron par
une particule radioactive. On utilise notamment le glucose permettant ainsi de visualiser les
zones du cœur qui sont hyperactives ou hypo-actives.
Sur l’image ci-dessous, le patient présente un lymphome qui attaque son ventricule droit et la
valve tricuspide.
129
CATHÉTÉRISME CARDIAQUE
Le cathétérisme cardiaque est une méthode invasive.
1. Coronarographie
a. Indications
b. Contre-indications
c. Précaution
Il faut être particulièrement attentif si le patient présente une insuffisance rénale et s’il est
allergique aux produits de contraste.
d. Préparation du patient
Le patient doit être au courant de la procédure et être bien hydraté. Le point de ponction
aura été préalablement rasé et le patient prémédiqué d’antihistaminiques et de corticoïdes
s’il est allergique aux produits de contraste.
Le patient doit bien être hydraté avant cet examen car cela permet de prévenir les problèmes
rénaux.
e. Rappel anatomique
130
f. Technique
Cet examen permet d’avoir une image de l’artère coronaire au moment où on avance dans le
système. Souvent, on ponctionne au niveau de l’artère fémorale ou de l’artère radiale. Plus
rarement, cela se fait au niveau de l’artère humérale ou cubitale.
La ponction artérielle
Cathétérisme sélectif des artères coronaires
Une fois que le produit de contraste est injecté, on prend des séquences sous plusieurs
incidences.
Il est primordial de faire cet examen sous plusieurs incidences puisque le réseau coronaire est
en 3D et que les images sont en 2D. En effet, le fait de prendre le réseau coronaire sous
différentes incidences permet de voir au maximum les vaisseaux.
131
g. Résultats
Coronarographie normale
h. Les complications
132
2. KT gauche
a. Principes
Le KT gauche est une mesure invasive de la pression aortique et ventriculaire. L’accès se fait
par la même voie artérielle que la coronarographie. Cela permet aussi de faire une
aortographie sus sigmoïdienne ou une ventriculographie.
b. Les indications
3. KT droit
a. Principes
Cette technique consiste à faire une ponction veineuse au niveau fémoral ou jugulaire. Grâce
à cette ponction, on sait introduire un cathéter souple muni d’un ballon (sonde de SWAN-
GANZ) jusqu’à l’artère pulmonaire. Cela permet alors d’enregistrer la pression capillaire
pulmonaire. En effet, la pression qui est présente dans le ballon gonflé vaut la pression
artérielle pulmonaire d’occlusion. Ensuite, on sait mesurer la pression au niveau de l’artère
pulmonaire, du ventricule droit et de l’oreillette droite.
133
Par cette technique, il est possible de faire des prélèvements sanguins étagés pour
l’oxymétrie, c’est-à-dire en la recherche d’un shunt intracardiaque. Avec cette méthode, il est
également possible de mesurer le débit cardiaque par thermodilution.
La mesure du débit cardiaque par la thermodilution se fait via l’injection d’eau froide. Selon la
différence de température, on sait évaluer le débit.
La pression de l’oreillette droite vaut 5 mmHg. Lorsque le sang passe par la valve tricuspide, la
pression de l’atrium est moindre par rapport à la pression du ventricule droit qui vaut 20
mmHg.
b. Les indications
BIOLOGIE
1. Biologie usuelle
• Hémogramme
• Ionogramme sanguin
• Glycémie à jeun
• Créatininémie
134
• Palpitations : bilan thyroïdien
• Bilan lipidique chez les patients à risque cardiovasculaire
• …
La troponine se libère quand la cellule cardiaque est abimée à cause d’une ischémie. La
troponine est une molécule qui se trouve au niveau de l’actine et de la myosine.
3. BNP et NT-pro-BNP
135
4. Bilan lipidique
Dans un bilan lipidique, on mesure :
• Le cholestérol total
• L’HDL-Cholestérol
• Le LDL-Cholestérol
• Les triglycérides
ð Formule de Friedwald : LDL-C= CT-HDL-(TG/5)
Ce genre de tableau de score permet de savoir pour quel type de patient il faut être le plus
agressif au niveau du traitement.
136
La maladie coronaire stable
OBJECTIFS
1. Savoir
• Différencier une angine de poitrine d’un syndrome coronarien aigu
• Argumenter l’attitude diagnostique et thérapeutique de la maladie coronaire stable
• Décrire les principes de la prise en charge au long cours et la planification du suivi du
patient
2. Spécifique
• Connaître la physiopathologie succincte de l’angor
• Connaître la classification CCS de sévérité de l’angor
• Savoir définir et identifier l’ischémie myocardique silencieuse
• Connaître les différents examens paracliniques, leurs avantages et risques pour la
mise en évidence d’une ischémie myocardique et de lésions coronaires
• Identifier les facteurs de mauvais pronostic chez un patient souffrant d’angor stable
• Connaître la place de l’aspirine et des autres antiagrégants plaquettaires dans l’angor
et savoir les prescrire
• Connaître les principales classes d’agents anti-angineux utilisés en cas de crise et en
traitement de fond de l’angor stable
• Connaître les indications principales, les modalités et la stratégie de recours aux
différentes méthodes de revascularisation myocardique (percutanées et chirurgicales)
dans l’angor stable
L’ANGOR
137
Si le patient se plaint de douleurs angineuses à l’effort et que ces douleurs sont apparues
récemment, c’est un angor récent ou de novo qui est à prendre en charge immédiatement.
Cependant, il faut savoir faire la différence entre les différentes entités de cette pathologie.
L’ATHÉROSCLÉROSE
Etiologiquement, ce mot signifie bouillie durcie. Il s’agit en réalité d’une accumulation de
plaques dans les parois des artères. Ces plaques sont alors formées d’une accumulation de
LDL (mauvais cholestérol), de macrophages et de fibroblastes.
La 1ère revascularisation d’une diminution du diamètre d’une artère coronaire date de 1964. Il
s’agit d’ailleurs de la maladie le plus étudiée dans les études randomisées. Dans ces études,
on tire au sort le traitement que va subir le patient, c’est-à-dire que le patient n’est pas au
courant de la méthode thérapeutique dont il va avoir recours. Ce genre d’étude permet alors
de comparer les différents traitements utilisés sur ces patients.
Grâce à ces études, on a pu agrandir les connaissances sur cette pathologie. Cela nous a alors
permis de se rendre compte que la meilleure façon de traiter une maladie coronaire était
d’utiliser un ballon en stent pour permettre la revascularisation.
Ces études ont également permis de donner de nombreuses recommandations pour avoir
recours à cette revascularisation. Ces recommandations ont alors été établies par des
cardiologues et des chirurgiens.
138
1. Définition et physiopathologie
Les lipides qui circulent dans la circulation
sanguine sont capables de passer au travers de
l’endothélium. Ces lipides sont alors phagocytés
par les macrophages présents. Quand les
macrophages phagocytent des lipides, on parle
de cellules spumeuses. Or, ces cellules vont finir
par mourir à force de « manger » des lipides.
A l’ECG, on observe alors pour cette pathologie un sous-décalage du segment ST. Par contre,
si tout le vaisseau est bouché, on observe un sus-décalage.
139
a) Transcytose et fixation sous-intimale
b) Oxydation des LDL
c) Adhésion des monocytes et diapédèse
d) Transformation des monocytes en macrophages
e) Accumulation des LDL oxydées dans le macrophage ce qui provoque la formation de
cellules spumeuses
f) Recrutement des cellules musculaires lisses, migration et dédifférenciation : formation
d’une fibrose
g) Dysfonction endothéliale et adhésion plaquettaire
La dysfonction endothéliale fait que les cellules savent plus facilement adhérer à
l’endothélium mais également qu’il y a une formation plus rapide de thrombus. Du coup, un
patient va développer plus rapidement un syndrome coronarien aigu.
Les cellules spumeuses se détruisent elles-mêmes. Il faut donc veiller à ce qu’il n’ait pas de
trop de lyse car la cape fibrotique peut se rompre. Si cette cape se rompt, il y a alors la
libération de tout le matériel ce qui provoque l’apparition de corps nécrotiques qui sont
capables de se retrouver dans la lumière des vaisseaux.
140
Le syndrome coronarien stable (MCS) se caractérise par des accès réversibles d’ischémie
myocardique liés à un déséquilibre entre les apports et les besoins en oxygène.
• L’effort physique
• Une émotion
La douleur thoracique est causée par une diminution du calibre de la lumière des artères
coronaires. Du coup, il y a une diminution de la réserve coronaire.
Dans la maladie coronaire stable, il n’y a pas de rupture de plaque. Par contre, quand il y a
une diminution du diamètre des vaisseaux, il y a une diminution du débit. Cependant, au
niveau des artérioles, il y a la présence d’un système d’autorégulation qui permet un maintien
du débit coronaire à son taux de base lorsque la pression augmente. Du coup, plus la pression
augmente, plus il y a une régulation du débit afin de ne pas l’augmenter.
La régulation du flux se fait grâce à la présence de sphincters au niveau des artérioles qui
s’ouvrent uniquement quand c’est nécessaire.
Si on étire les fibres cardiaques par une augmentation du remplissage, on augmente la
tension.
Les apports en oxygène dépendent du débit coronaire qui dépend des vaisseaux collatéraux.
S’il y a la présence d’une sténose progressive dans un vaisseau, l’ischémie va favoriser le
développement de vaisseaux pour compenser le manque de débit coronaire à partir d’une
artère coronaire saine.
141
Le débit coronaire peut alors être affecté par la tension de la paroi. En effet, si on augmente
la pression dans le ventricule gauche, il y a une diminution du flux coronaire principalement
en diastole.
Tout ce qui peut ralentir la fréquence cardiaque et augmenter le temps de diastole, permet
également d’augmenter l’apport.
PRÉSENTATION CLINIQUE
Un angor d’effort est lié à :
Un angor peut également être asymptomatique. En effet, il est possible d’avoir un endocarde
en souffrance sans symptômes apparents.
Il est également possible que l’angor soit associé à une cardiopathie ischémique.
142
Cas clinique
Sur cet ECG, on observe un rythme sinusal avec une onde P, un rythme régulier. De plus, le
QRS est fin et a un axe normal. Chaque onde P est suivie par un QRS, il n’y a donc pas de bloc
atrio-ventriculaire.
Ce patient présente en faite un angor de novo qu’il faut soigner rapidement. En effet, quand
un angor apparaît brutalement, c’est une urgence médicale. Pour traiter ce patient, il faut
revasculariser la zone d’ischémie.
143
Si sur un ECG, on observe un sus-décalage du segment ST sur des dérivations qui concernent
plus que le territoire de vascularisation d’une artère coronaire et qu’en plus de cela, le patient
a fait une grippe récemment, il faut penser à une éventuelle péricardite.
Ce patient faisait un infarctus du myocarde latéral supérieur car le sus-décalage concerne les
dérivation V1 et aVL.
144
Sur cet ECG, on observe un rythme sinusal. L’axe du QRS est normal. Cependant, on observe
un sous-décalage ce qui signifie qu’il y a une souffrance sous-endocardique. Pour ce patient, il
faut également agir rapidement car son angor est également présent au repos. C’est donc la
preuve d’un rétrécissement très serré. En effet, ce patient présente un angor aggravé ou
crescendo.
Il y a en fait une gradation du syndrome coronarien stable, ce n’est donc pas noir ou blanc.
Chez les patients qui sont stables, on peut notamment observer que la troponine n’a pas le
même taux. Du coup, cela change le risque de mort cardiovasculaire. Le facteur BNP est aussi
variable chez les différents syndromes coronariens stables ce qui change le pronostic.
Sur le graphique ci-dessous, on remarque que pour les quartiles 1 et 2 le pronostic est
meilleur. Cela est en effet dû à une faible augmentation des troponines.
La région la plus touchée par l’athérosclérose, ce sont les artérioles. Or, ce sont ces artérioles
qui contrôlent le flux sanguin et qui participent à l’autorégulation. La résistance peut ainsi
diminuer de 5 fois en cas de nécessité de haut débit. L’adénosine a notamment un effet
vasodilatateur. Le flux dans les coronaires doit être stable en temps normal. Mais dès que le
myocarde nécessitera plus d’oxygène, on aura une vasodilatation.
145
Sur ce schéma, on observe que la résistance est minime au niveau des vaisseaux épicardiques.
On remarque également que la résistance des artérioles au repos est plus importante que
leur résistance lors d’un effort. Cela est dû à l’ouverture des sphincters lors d’un effort afin
d’augmenter le débit.
Le système artériolaire est soumis à une pression de la paroi. Cette tension est moindre dans
les couches épicardiques par rapport aux couches profondes.
Les premières lésions au niveau de l’ECG sont des lésions endocardiques puisque le système
d’autorégulation n’est pas le même pour l’endocarde et pour l’épicarde. En effet, l’endocarde
n’aura déjà plus un flux normal en dessous d’une pression de 40 alors que l’épicarde peut
descendre à 25 sans problème en gardant le même flux. Il y a aussi une résistance engendrée
par la compression en profondeur du myocarde. Tout cela fait donc que ce sera l’endocarde
qui sera touché en premier.
En résumé, les artères sous-endocardiques ont besoin d’être plus dilatées que les artères
sous-épicardiques car les artères sous-endocardiques sont plus facilement écrasée.
146
En vasodilatation, il n’y a pas de différence de
flux jusqu'à environ 50%. Après 50%, on a une
diminution du flux et de la réserve coronaire.
On remarque sur ce schéma que la réserve coronaire est nettement diminuée avec la
sténose. En effet, alors que sans sténose, le flux coronaire peut être augmenté jusqu’à 5 fois.
Ici, le flux est à peine supérieur à la normale lors de la vasodilatation. Le patient peut donc ne
rien ressentir lorsqu’il ne fait pas d’exercice puisque le flux peut être maintenu. Mais dés que
la demande en oxygène augmentera un peu, le patient aura de l’angor.
147
Cette réserve coronaire peut être modifier en cas d’augmentation du nombre de myocytes
s’il y a une hypertrophie ventriculaire gauche.
Dans l’hypertrophie ventriculaire gauche, on doit apporter plus de sang et donc pour une
même sténose, on a besoin de plus de sang ce qui fait que la réserve coronaire à l’effort est
beaucoup moins importante que la réserve coronaire avec une « simple » sténose.
Si la vasodilatation maximale est diminuée à cause que les petites artérioles soient abimées
par un diabète ou une hypertension artérielle, la réserve coronaire diminue par une
diminution de la capacité de la vasodilatation ou par une augmentation des besoins de base
(augmentation de la fréquence cardiaque, de la tension artérielle systolique ou de la
contractilité mais également de la présence d’une anémie). En effet, dans ce cas, il y a une
diminution de la capacité maximale si on augmente la fréquence cardiaque car il y a une
diminution de la diastole. Du coup, il y a un moins bon débit coronaire et une augmentation
de la tension artérielle.
Une sténose coronaire diminue le flux basal si elle est supérieure à 90%. Elle diminue
également le flux maximal et donc la réserve coronaire à partir d’une sténose à 50%.
148
4. Conséquences de l’ischémie
L’ischémie provoque une privation des tissus en oxygène et en substrats énergétiques.
Dans un 1er temps, on observe une augmentation du lactate, du CO2 et des protons (veines
cardiaques).
1. La prévalence
• 4 à 7% pour les hommes et les femmes de 45 à 64 ans
• 12 à 14% pour les hommes et 10 à 12% pour les femmes de 65 à 84 ans
149
2. L’incidence
• 1% des hommes de 45 à 64 ans et un peu plus chez la femme (atteinte micro-
vasculaire)
• 4% pour les patients de 75 à 84 ans
3. L’histoire naturelle
La mortalité est de 1,2 à 2,4% par an. La mortalité cardiaque représente 50% des décès par
an. Si le patient présente de nombreux facteurs de risque, la mortalité est de 3,8%.
L’infarctus du myocarde provoque 0,6 à 2,7% de mortalité par an. Il y a une importance de la
fraction d’éjection du ventricule gauche pour la survie du patient.
• L’hérédité
• Le tabagisme
• La dyslipidémie (LDL)
• Le diabète
• L’hypertension artérielle
• L’excès pondéral
• Le stress
• La ménopause
150
a. Angor (a) typique
Pour être un angor typique, le patient doit présenter les 3 critères suivants :
Les douleurs sont non angoreuses si le patient présente un seul des 3 critères. En effet, dans
ce cas, la douleur peut être causée par une douleur ostéo-articulaire (syndrome de Tietze),
des douleurs pleuropulmonaires ou des douleurs digestives.
Classification de l’angor
2. L’ischémie silencieuse
L’ischémie silencieuse est détectée par une épreuve d’effort (vélo avec ou sans scintigraphie
ou échocardiographie).
151
On doit y penser si le patient présente des facteurs de risque (diabète, hérédité…), est âgé de
plus de 45 ans ou une activité physique justifiant sa recherche.
Le problème du diagnostic avec une épreuve d’effort est qu’elle peut être positive
électriquement chez un sujet indemne de toute coronaropathie. L’épreuve d’effort peut donc
donner de faux positif.
Si l’ischémie silencieuse est confirmée par 2 examens concordants, il faut une prise en charge
comparable à l’angor stable.
Cette ischémie silencieuse peut être causée par une atteinte de réseau micro-vasculaire alors
que les artères coronaires sont saines.
L’ECG inter-critique est le plus souvent normal sauf s’il y a des antécédents d’infarctus ou
d’hypertrophie ventriculaire gauche chez un patient hypertendu.
b. L’ECG d’effort
Actuellement, il existe des systèmes qui permettent de moyenner les ECG pour une
dérivation donnée. Les QRS moyennés obtenus vont alors permettre de voir ce qui se passe
lors de l’épreuve d’effort.
152
Théorème de Bayes
ü Probabilité conditionnelles
ü Formules de Bayes
153
ü Graphiquement
La probabilité pré-test dépend de la prévalence de la maladie dans la population étudiée et
d’éléments cliniques (fréquence, sexe, …).
Plus on a un test qui donne une information précise et qui est positif, plus on change la
probabilité qui est alors presque certaine.
Pour certains patients, il ne faut pas faire de test d’effort. En effet, si le patient présente une
haute probabilité d’avoir une maladie coronaire et qu’on fait un test d’effort dont le résultat
est négatif, ce résultat peut nous induire en erreur ce qui va fausser le diagnostic.
La sensibilité de l’épreuve d’effort de 50% entraine un nombre de faux test plus important
que si la sensibilité était de 65%.
Du coup, pour les patients se trouvant dans les cases rouges, il faut faire des tests plus
spécifique comme une échographie à la dobutamine ou une scintingraphie.
Pour les patients ayant une probabilité de lésions coronaires obstructives inférieur à 15%
(blanc), on ne fait pas d’autres tests.
154
Pour les patients ayant une probabilité des lésions coronaires obstructives entre 15 et 65%
(bleu), on peut faire un test à l’effort. Mais si c’est possible, il vaut mieux faire un test
d’imagerie non invasive (échographie dobutamine, SPECT, …)
Pour les patients ayant une probabilité de lésions coronaires obstructives entre 65 et 85%
(rose), il faut faire un test d’imagerie non-invasive (écho dobu, SPECT, …)
Pour les patients ayant une probabilité supérieure à 85% (rouge), on ne fait pas de test
d’effort et on évalue le risque d’utiliser des techniques plus spécifiques.
c. Echocardiographie
Ce sont les mêmes paramètres que pour une échocardiographie. Les avantages sont que les
images sont en 3D et qu’il y a une meilleure visualisation quand il y a de mauvaises fenêtres
acoustiques.
Cette méthode est peu importante pour un angor classique (suivi du segment ST). Il est
intéressant pour exclure les arythmies et l’angor spastique.
f. Radiographie du thorax
Ceux pour qui le risque de maladie coronaire est important, devrons faire un autre test
qu’une épreuve d’effort. On devra également évaluer les risques du patient pour qu’il ait des
problèmes à de tests plus invasifs.
155
Pour la 2ème étape de prise en charge du patient, on évalue le patient et on essaie de
quantifier l’ischémie. Si un patient a peu d’ischémie, sa prise en charge sera différente d’un
patient qui a une ischémie importante.
Cette méthode est la plus physiologique car le patient est en train de faire un exercice. C’est
donc la méthode à préférer car il est possible de mesurer la tension artérielle, la charge ou de
faire un ECG en même temps.
La dobutamine est utilisée pour la mesure de la viabilité. Il y a des avantages à utiliser des
agents de contraste (microbulles) si les segments sont peu visibles.
On observe une augmentation de la contractilité quand le patient est normal.
Par contre si le patient présente une ischémie, à haute dose, il y a une diminution de la
cinétique de la contractilité latérale s’il y a une lésion des artères coronaires.
Sur un vélo, on ne détecte pas facilement un sous-décalage. Pour être plus précis dans le
diagnostic et dans l’exclusion du problème, il faut faire une échocardiographie à la
dobutamine.
156
b. Scintigraphie SPECT (single photon emission computed tomography)
A l’effort, il y a l’apparition d’une zone moins
brillante par rapport à une autre car il y a une
diminution de la concentration du marqueur
radioactif.
c. IRM à l’effort
L’avantage de cette technique est qu’il n’y a pas d’irradiations et qu’il y a une meilleure
visualisation qu’avec une échographie.
157
Sur cet angioscanner, on observe la présence d’athérosclérose dans la paroi de l’artère
interventriculaire antérieure dans sa partie proximale.
Une échocardiographie n’est pas forcément bonne chez tous les patients. Une résonance
magnétique n’irradie pas un patient. Cependant, elle n’est pas aussi accessible qu’une
échographie.
Facteurs technique
Comparaison avec une sténose angiographique de 50 ou 70% ? Il vaut mieux utiliser FFR
comme référence.
158
• Effort maximal ou pas : il faut atteindre 85% de la fréquence cardiaque théorique
(220-âge)
• La présence de lésion mono- ou bi- ou tri-tronculaire (scintigraphie ou perfusion
relative)
La coronarographie invasive n’est pas indiquée d’emblée chez patients stables sauf si :
Les complications sont par la voie fémorale des saignements et/ou une transfusion (0,5 à 2%).
Il y a également un taux de mortalité, d’infarctus ou d’AVC combiné qui est de l’ordre de 0,1 à
0,2%
159
h. Evaluation du profil à risque
En fonction des risques du patient, on peut évaluer la mortalité.
1. Haut risque de décès (plus de 3% par an) sur base du bilan non invasif
• Altération sévère au repos ou à l'effort de la fraction d’éjection du ventricule gauche
(<35%).
• Large défaut réversible de perfusion à la scintigraphie d’effort (paroi antérieure)
• Multiples défauts réversibles de perfusion à la scintigraphie d’effort
• Large défaut irréversible de perfusion, avec une dilatation cavitaire à l'effort
• Défaut réversible de perfusion, de taille modérée, avec une dilatation cavitaire à
l'effort
• Apparition d'anomalies de la cinétique segmentaire pour une faible charge ou une
faible dose de dobutamine
• Ischémie étendue à l'échographie de stress
160
3. Risque faible de décès (moins de 1% par an)
• Fonction ventriculaire gauche préservée au repos et à l'effort (FEVG > 50%)
• Perfusion normale à la scintigraphie à l'effort
• Absence d'anomalies de la cinétique segmentaire pour une charge élevée ou une
haute dose de dobutamine à l'échographie de stress
b. Pronostic en fonction de la quantité d’ischémie et du type traitement
161
c. Pronostic en fonction de la sévérité des lésions coronarographiques
L’étendue de l’ischémie provoque une augmentation de la mortalité annuelle.
Pour apprécier le risque d’un patient, il faut regarder sa fraction d’éjection. Un patient avec
une lésion coronaire a plus de 95% de chances de survie pendant au minimum 12 ans. Parce
que si sa fraction d’éjection est mauvaise, le pronostic est moins bon.
162
5. Recommandations pour le traitement
Le choix de faire un traitement médical ou invasif va dépendre des examens et du bilan
réalisé. Il faut traiter la crise en elle même et faire un traitement de fond.
6. Généralités
a. Traitement de la crise
• Arrêt de l’effort
• Prise de dérivés nitrés par voie sublinguale (une dragée à croquer ou spray).
Il est vivement conseillé aux patients de ne pas faire d’efforts aussi importants que ceux qui
leur donne des crises angoreuses.
ü Effets des dérivés nitrés sur la balance besoins/apports en oxygène
164
c. Prévention des crises
Pour prévenir les crises, on peut également donner au patient :
165
Les β-bloquants
ü Les effets secondaires
166
Les Diltiazem et vérapamil :
L’Ivabradine :
Plusieurs canaux règlent l’entrée des ions permettant la formation du potentiel d’action.
167
Traitement antiplaquettaire
Ils ont un effet favorable confirmé dans une méta-analyse de plus de 140 000 patients avec
une maladie coronaire stable.
ü Aspirine
ü Clopidogrel
f. Autres traitements
168
7. Revascularisation myocardique
La revascularisation myocardique proposée est à visée fonctionnelle, lorsque les symptômes
persistent malgré un traitement anti-ischémique optimal ou à visée pronostique, lorsque les
lésions menacent un territoire myocardique étendu.
a. Technique
L’ICP (PCI en anglais) est habituellement une angioplastie coronaire par ballonnet complétée
par l’implantation d’une prothèse endocoronaire (stent).
b. Stratégie thérapeutique
La revascularisation chirurgicale peut être proposée pour améliorer le pronostic vital (+++).
169
Intervention coronaire percutanée (ICP) dans FAME II (avec FFR)
Traitement chirurgicale ou percutané pour les patients sous traitement médical
La prise en charge et la revascularisation font parti d’une discussion chirurgico-médiale.
170
8. Revascularisation myocardique
a. Histoire
En 2000, Dr Souza implante pour la 1ère fois un stent actif. Sur ce stent, il y a la présence de
drogues qui font diffuser dans les tissus et empêcher la prolifération de cellules qui
augmentent alors la sténose.
b. Le ballon
c. Le guide intra-coronaire
• Sa flexibilité
• Son support
• Sa courbure distale
• Son effilement
• Sa torque
• Sa capacité de franchissement
• Sa rigidité
171
d. L’endoprothèse (= stent)
e. Règles générales
Pour le STEMI et NSTEMI, il faut traiter la lésion coupable en urgence. Ensuite, il faut faire un
Heart team pour les autres lésions. Si le patient est en état de choc, il faut une
revascularisation complète.
172
f. Quand revasculariser un coronarien stable ?
Il existe différentes échelles qui permettent de prendre en compte des éléments pour évaluer
le risque d’une intervention chirurgicale.
Le Syntax Score lui sert à calculer le pronostic à long terme. Il prend en compte la complexité
des lésions, le nombre, les segments atteints, les bifurcations, les tortuosités, … S’il est élevé,
ça veut dire que le risque d’échec de l’angioplastie est élevé et qu’il faut préférer la chirurgie.
173
g. Le BMS ou le DES ?
Il faut préférer un DES à chaque fois que le risque de resténose est élevé, c’est-à-dire chez les
patients diabétiques, la présence d’une lésion longue, dans les vaisseaux de petits calibres, au
niveau d’une bifurcation, en cas de sténose intrastent ou de pontage.
On met également un DES à chaque fois qu’une resténose pourrait mettre en jeu le pronostic
vital, c’est-à-dire en cas de lésion du tronc coronaire gauche (TCG) ou de l’artère
interventriculaire antérieure proximale.
Il faut préférer le FFR (fractional flow reserve) dans les lésions intermédiaires pour prouver
que l’ischémie est secondaire à la lésion angiographique.
Le FFR permet d’estimer si la lumière restante est suffisante pour livrer passage à assez de
sang.
En mesurant la FFR et en regardant le gradient de pression, on essaie d’estimer ce qu’on
obtient lorsque la sténose sera traitée.
174
La FFR nous donne avec précision s’il est nécessaire de traiter ou non une lésion épicardique.
Cette mesure correspond à un rapport de pression.
La FFR n’est pas une mesure globale de la réserve coronaire. Elle évolue spécifiquement selon
la lésion épicardique.
h. Messages importants
Ces messages sont recommandés pour guider les interventions actuelles. On peut traiter les
lésions coronaires avec un ballon. On ne doit pas traiter toutes les maladies coronaires avec
cette méthode. En effet, il faut évaluer le degré d’urgence de la revascularisation.
9. Le cathétérisme cardiaque
a. Limites de la coronarographie
175
c. Imagerie intra-coronaire
Pour l’imagerie intra-coronaire, il existe l’intravascular ultrasound (IVUS) et l’optical
coherence tomography (OCT).
IVUS Pullback
176
Les syndromes coronariens aigus
CAS CLINIQUE
Une femme de 79 ans présente une hypercholestérolémie et une insuffisance veineuse du
membre inférieur. Elle a déjà eu une sciatalgie.
Au niveau chirurgical, elle a subi une appendicectomie et on lui a retiré un kyste ovarien.
Son traitement en cours est de l’Asaflow 160 une fois par jour.
Le rythme est sinusal avec une onde P devant chaque QRS et un QRS derrière chaque onde P.
L’axe du QRS est normal. Le PR fait moins de 200ms. Les QRS sont fins. La repolarisation est
normale. Au niveau des dérivations précordiales, l’onde R ne progresse pas beaucoup. La
fréquence cardiaque est comprise entre 80 et 90 battements.
177
2. Epreuve d’effort maximale
Cette patiente présente un angor typique. On va lui faire faire un test d’effort.
Quand le patient est assis, son cœur a tendance à se verticaliser par rapport à la position
couchée.
Les complexes QRS sont normaux. Il est intéressant de regarder la repolarisation lors d’une
épreuve d’effort. Cependant, sur cet ECG, il est difficile de dire quelque chose sur la
repolarisation. Le segment ST a tendance à diminuer car le point J diminue. Ensuite, le
segment ST est ascendant.
178
On observe ceci grâce au moyennage des QRS. On observe un sous-décalage ascendant.
L’onde T change mais le segment ST est toujours relativement isoélectrique. Le test n’est
donc pas clairement positif.
Vu l’âge et les facteurs de risque de la patiente, cette dernière a de fortes chances d’avoir un
angor typique (68%). Du coup, vu son pourcentage, il valait mieux faire une échographique à
la dobutamine ou faire un test plus spécifique mais pas un test d’effort dont la spécificité et la
sensibilité ne sont pas très bonne.
Plus le test a une grande sensibilité et spécificité, plus on se trouve sur la courbe la plus
supérieure. Par contre, si le test a une sensibilité et une spécificité avec un pourcentage pas
très élevé, dans ce cas, il n’y aura pas de grand changement quant à la probabilité de la
patient à présenter un angor typique.
En effet, dans le cas d’une épreuve d’effort, le test n’a pas une grande sensibilité et
spécificité. Du coup, ce test ne change pas vraiment la probabilité (68%) de la patiente à
présenter cette pathologie.
179
Si on avait fait un test avec imagerie, où on aurait pu voir la dysfonction ventriculaire qui
apparaît à l’effort, où on aurait pu quantifier l’ischémie et où on aurait vu le nombre de
segments atteints, on aurait pu dire si la patiente présentait un haut risque ou un bas risque
de décès. Comme on ne savait pas cela, on lui a donné un traitement médicamenteux.
Ensuite, on l’a dirigée vers une coronarographie car cette patiente présentait un angor de
classe 3. De plus, son angor était toujours présent malgré le traitement. Du coup, il était
vivement conseillé voire indiqué de faire une coronarographie.
Cette patiente avait une atteinte tritronculaire et était une bonne candidate pour une
chirurgie au cours de laquelle on a fait un triple pontage.
ATTENTION, il existe une limite floue entre la maladie coronaire stable et la maladie coronaire
aigue.
OBJECTIFS
1. Savoir
• Diagnostiquer une angine de poitrine et un infarctus du myocarde.
• Identifier les situations d’urgence et planifier leur prise en charge.
• Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient.
• Décrire les principes de la prise en charge au long cours.
2. Spécifique
• Connaître la physiopathologie des syndromes coronaires aigus
• Savoir différencier syndromes coronaires aigus (SCA) avec et sans sus-décalage de ST
(SCA non ST) sur les bases cliniques et ECG
• Connaître et savoir interpréter la triade symptômes – ECG – troponinémie du SCA.
• Savoir reconnaître les anomalies ECG observées dans les SCA
• Savoir prescrire et interpréter les taux de troponinémie dans une suspicion de SCA
non ST
• Connaître les situations à très haut risque en cas de SCA non ST conduisant à la
coronarographie en urgence.
180
• Savoir prescrire (posologies incluses) les antiagrégants, les anticoagulants et les anti-
ischémiques dans les SCA
• Savoir poser le diagnostic de SCA avec ST devant des symptômes typiques ou
atypiques associés à des anomalies ECG évocatrices, bloc de branche gauche compris.
• Connaître l’évolution clinique d’une reperfusion son évolution ECG
• Connaître les complications rythmiques, mécaniques, péricardiques,
thromboemboliques et hémodynamiques des SCA avec ST, savoir identifier et
connaître la gravité du choc cardiogénique.
• Connaître les facteurs de mauvais pronostic immédiat et à distance dans le SCA
• Connaître les modalités de prise en charge pré-hospitalière et hospitalière des SCA
avec ST et les principes de la stratégie de reperfusion.
• Connaître les indications des PCI primaires et de sauvetage.
• Savoir quand et comment prescrire une fibrinolyse (thrombolyse) par voie
intraveineuse dans le SCA avec ST, savoir identifier un échec de reperfusion
• Connaître les principes thérapeutiques des différentes complications du SCA avec ST.
EPIDEMIOLOGIE
181
PHYSIOPATHOLOGIE
La formation d’un thrombus est favorisée par la rupture d’une plaque athérosclérotique.
Le corps nécrotique est rempli de macrophages intoxiqué par le LDL oxydé. Il y a une
prolifération du muscle lisse et la formation d’une cape fibrotique rongée par les réactions
inflammatoires. La lyse du matériel forme alors un thombus
1. Histologie de la plaque
Le risque de rupture de plaque augmente si :
Quand le patient présente simplement une athéromatose d’un des artères coronaires, la cape
est plus épaisse et le nombre de cellules inflammatoires diminue.
182
C’est une artère qui n’a pas causé de
soucis au patient car la réaction
inflammatoire est moins importante. Du
coup, il y a moins de macrophages. De
plus, la cape est plus épaisse.
Le diamètre de l’artère coronaire ne diminue pas. En effet, son diamètre ne diminue
uniquement que lorsqu’il y a une accumulation de plus de 40% de plaque à l’extérieur.
Une sténose comprise entre 50 et 70% est une sténose modérément significative.
Peu de personnes qui viennent à la garde présente un infarctus. En effet, beaucoup plus de
patients se baladent avec des plaques d’athérosclérose et des lésions coronaires. Les patients
qui viennent avec une occlusion sont moins nombreux par rapport à ceux qui viennent avec
une sténose. Ces sténoses peuvent cependant se rompre. Du coup, les patients arrivent
souvent avec un syndrome coronaire aigu.
Souvent les patients font un infarctus avec une sténose de moins de 70%
183
3. Les différentes plaques à l’origine d’un syndrome coronaire aigu
Un thrombus dans les coronaires se forment au niveau de l’endothélium. On observe
généralement une érosion chez les jeunes femmes. Il n’y a pas de grandes accumulations de
lipides mais il y a une érosion. Du coup, on peut avoir des obstructions avec parfois des
calcifications (nodule de calcium). Ces calcifications favorisent la formation d’un thrombus
coronaire.
La rupture est d’autant plus probable que la plaque est « jeune », très lipidique et très
inflammatoire, donc souvent peu sténosante. De nombreuses ruptures de plaques restent
asymptomatiques. Certains médicaments réduisent le risque de formation de thrombus (et
donc de maladie coronaire aigue), mais cela stabilise la plaque qui peut alors augmenter de
volume et diminuer progressivement le diamètre du vaisseau et donc évoluer vers une
maladie coronarienne chronique.
La rupture de plaque peut être favorisée par la présence de micro-calcifications dans la paroi
du vaisseau.
184
1. Physiopathologie simplifiée
Un cœur lipidique qui grandit dans la paroi d’une artère coronaire peut parfois se rompre
sans poser de problèmes. Si la rupture se répète plusieurs fois, le diamètre diminue
progressivement. Du coup, le patient présente un angor stable. Si le thrombus présente assez
de matériel que pour provoquer une embolie distale, le patient va présenter un syndrome
coronaire aigu sans élévation du segment ST. Quand il y a une occlusion totale du vaisseau,
c’est une urgence médicale car il y a un risque d’avoir une perte du myocarde dans la
distalité.
L’infarctus est un syndrome coronarien aigu qui est caractérisé par une occlusion complète
du diamètre du vaisseau souvent par un thrombus dont la plaque d’athérome est
fréquemment l’origine (lors d’une fissuration).
EN RÉSUMÉ
Les plaques athéromateuses sont constituées de lipides et de cellules inflammatoires.
L’accumulation progressive de dépôts lipidiques et la cicatrisation de lésions rompues
provoquent la progression des lésions fibro-athéromateuses.
185
La rupture, la fissuration et l’érosion sont des incidents qui favorisent la formation de thrombi
endoluminaux. Un thrombus peut :
Les lésions athéro-thrombotiques aigues ont la même clinique qu’un syndrome coronaire aigu
(SCA).
Une occlusion coronaire aigue entraîne une nécrose myocardique. Une occlusion prolongée
provoque une nécrose étendue et une altération de la fonction ventriculaire. Une occlusion
capillaire (embolique) n’induit qu’une nécrose rudimentaire, dont la traduction n’est que
biologique avec une élévation de la troponinémie.
L’ANGOR
C’est une manifestation clinique typique de l’ischémie myocardique. Il y a une apparition
simultanée de modifications de l’ECG.
L’angor stable apparait exclusivement à l’effort quand les besoins en oxygène sont plus
importants que les apports.
186
LES DOULEURS THORACIQUES
1. Arbre décisionnel des syndromes coronariens
Le schéma ci-dessus représente l’arbre décisionnel qu’il faut suivre lors d’une douleur
thoracique. Attention, il est tout de même bon de se rappeler que toute douleur thoracique
n’est pas d’origine coronaire. En effet, bien d’autres causes peuvent être à l’origine d’une
douleur thoracique. Ces causes sont reprises dans les tableaux du cours d’introduction.
187
3. Diagnostic différentiel des douleurs thoraciques
188
5. Arbre décisionnel après un 1er rappel de douleur thoracique
189
EXAMEN CLINIQUE DES SYNDROMES CORONARIENS AIGUS
Souvent négatif, l’examen cardiovasculaire doit exclure :
• Un souffle aortique : une sténose aortique peut provoquer un angor sans lésion
coronaire
• Un souffle vasculaire (carotides, fémorales…) : autres lésions d’athérosclérose
• Une hypertension artérielle (HTA) : facteurs de risque majeur.
• Des signes d’instabilité hémodynamique (râles crépitants, galop)
• Un souffle systolique précordial d’insuffisance mitrale par ischémie d’un pilier de la
valve
• L’hérédité
• Le tabagisme
• La dyslipidémie (LDL)
• Le diabète
• L’hypertension artérielle
• Un excès pondéral
• Le stress
• La ménopause
190
CONSÉQUENCES DE L’ISCHÉMIE
L’ischémie est une privation d’oxygène et de substrats énergétiques. Du coup, il y a une
diminution du métabolisme oxydatif et de la production aérobie d’ATP avec un blocage du
cycle de Krebs. On va alors activer la glycolyse anaérobie ce qui provoque la production de
lactate.
Lors d’une ischémie, on observe une fuite cytosolique du LDH (lactate déshydrogénase), de la
créatinine kinase et des troponines.
Quand un problème est présent au niveau sous-endocardique, les cellules sont toujours
dépolarisées alors que le reste des cellules du myocarde sont repolarisées. Du coup, il y a
l’apparition d’un courant de lésion qui se trouve en face de l’électrode. Le segment que l’on
191
pense être isoélectrique ne l’est pas en réalité. En effet, le vrai segment isoélectrique est le
segment qui est présent lorsque tout le coeur est dépolarisé.
Une lésion transmurale provoque l’apparition d’un courant qui s’échappe de l’électrode. Du
coup, la ligne de base est en sous-décalage à cause de la présence de ce courant qui s’éloigne
(négatif). On observe alors dans ce cas, un sus-décalage lorsque tout le coeur est dépolarisé.
ECG
1. ECG dans le syndrome coronaire aigu
192
2. Les différents types d’infarctus
LE NSTEMI
L’ECG 12 dérivations est un examen de 1ère intention à pratiquer immédiatement. Il doit être
faire en moins de 10 minutes après le premier contact médical dans un service d’urgence.
S’il est possible, il vaut mieux le comparer avec un tracé antérieur. Il faut le renouveler toutes
les 6 heures ou si le patient présente une récidive douloureuse.
Sur l’ECG, on peut observer des modifications transitoires de la repolarisation pendant l’angor
ce qui permet de faire le diagnostic. Il peut aussi y avoir des modifications per-critiques de
l’ECG. Ces modifications sont :
Un sus-décalage dynamique, c’est-à-dire qui apparaît puis disparaît est un signe de gravité.
Entre 2 crises angoreuses, il est possible d’avoir un segment ST inchangé.
193
1. Diagnostic différentiel des anomalies des ECG
Le Tako Tsubo est un problème cardiaque causée par une émotion forte.
a. La troponine
194
La troponine est détectée dans la circulation 3–6 heures après le début de l’épisode
ischémique et durant 24 à 48 heures.
Le dosage est à faire dès le 1er contact médical, à renouveler 2 à 3 heures plus tard et 3 à 6
heures après une éventuelle récidive douloureuse.
Une élévation des troponines n’est pas toujours due à une cause coronaire. En effet, une
tachycardie élevée pendant plusieurs heures peut également provoquer une augmentation
de la troponine dans le sang. Une insuffisance rénale peut également provoquer une
élévation des troponines.
De plus, les douleurs thoraciques ne sont pas toutes causées par un problème
cardiovasculaire.
195
Arbre décisionnel basé sur les Troponines
En fonction du type de troponine, lors de la 1ère mesure, le taux peut être normal. Si après 2h,
il y a une élévation de plus de 50% du taux de troponine de base, alors cela est en faveur
d’une souffrance myocardique.
3. Pronostic
Le pronostic varie en fonction du diagnostic de gravité.
196
a. Algorithme pour confirmer ou éliminer le diagnostic d’un infarctus
En fonction du taux de départ des troponines, on regarde s’il y a une augmentation ou non.
Cela est alors testé en 1h afin de pouvoir écarter le diagnostic. Les personnes qui présentent
peu de risques de présenter un syndrome coronarien peuvent être pris en charge plus
tardivement. Par contre, il ne faut surtout pas passer à côté des vrais syndromes coronariens
aigus.
b. GRACE score
Ce score permet de regarder des paramètres qui sont l’âge, la fréquence cardiaque, la tension
artérielle, la fonction rénale via la créatinine et la classe Kilip.
197
En fonction du pronostic de mortalité, on sera plus ou moins agressif pour trouver les
problèmes coronariens. Pour ceux avec un risque de moins de 108, la mortalité est faible en
milieu intra-hospitalier ainsi que la mortalité à 6 mois. Par contre, si la probabilité est au
dessus de 140, il y a un haut risque de mortalité à 6 mois et en intra-hospitalier.
198
Les patients à bas risque (pas d’indication de coronarographie précoce) sont :
S’il y a un sous-décalage du segment ST, il faut traiter le patient avec des médicaments
antiagrégants et anticoagulants ce qui peut le faire saigner.
S’il y a la présence d’un sus-décalage du segment ST, il faut faire une angioplastie.
199
1. Les antiagrégants plaquettaires
Ils sont prescrits après avoir évalué le risque de survenue d’un accident hémorragique.
Les inhibiteurs des glycoprotéines 2B/3A [anti-GPIIb/IIIa] sont administré en bolus suivi d’une
perfusion.
Le traitement est débuté lorsque la décision de coronarographie est prise. La perfusion est
poursuivie après la réalisation de l’angioplastie coronaire (ICP) durant 12 heures (abciximab :
Réopro®) ou 24 heures (eptifibatide : Intégrilin® ; tirofiban : Agrastat®).
Avant de donner de l’aspirine, il faut demander au patient s’il y est allergique car il y a alors la
possibilité que ce dernier développe un œdème de Quincke.
L’efficacité du prasugrel n’a pas été prouvée sur tous les types de syndrome coronarien. Le
Ticagrelor étant réversible, il est plus dangereux de l’utiliser puisqu’il peut désactiver
plusieurs plaquettes. C’est malgré tout celui-ci qui est le plus utilisé de nos jours. Il est donc
important de prendre toutes les précautions pour les opérations.
200
En association avec les antiagrégants, on donnera aussi un inhibiteur de la pompe a proton
(mais pas omeprazole) pour les patients à risque d’hémorragie digestive ou d’ulcère. On
évitera un traitement de plus de 12 mois. On donnera préférentiellement le Ticagrelor, puis le
Prasugrel et en dernier le Clopidogrel. Le Clopidogrel ne sera utilisé que si le Prasugrel et le
Ticagrelor ne peuvent pas être utilisés.
2. Les anticoagulants
Mis à part la bivalirudine, le traitement est prescrit (sauf cas particulier) dès le diagnostic posé
et jusqu’à la réalisation d’une coronarographie ou la sortie du patient de l’hôpital.
201
a. Traitement antiagrégants vs anticoagulants
b. Evaluation du risque hémorragique
3. Les anti-ischémiques
Parmi les anti-ischémiques, on retrouve :
• Les dérivés nitrés qu’on prend par voie sublinguale comme traitement de la crise
angoreuse
• Les β-bloqueurs : en 1ère intention sauf en cas de contre-indication, c’est-à-dire en
présence d’asthme, d’hypotension ou d’une bradycardie. Par contre, ils sont très bien
s’il y a une tachycardie ou une hypertension.
Exemple : le Bisoprolol : 2,5 mg 2/j ou l’aténolol 50-100 mg per os
• Les anticalciques : si les β-bloqueurs sont contre-indiqués ou s’il y a une suspicion de
vasospasme
203
• Les dihydropiridines (nifédipine : Amlodipine 5 mg/j) : ceux-ci ont un effet
tachycardisant. Ils peuvent être associer aux β-bloqueurs mais ils sont contre-indiqué
lorsqu’ils sont prescrits isolément.
• Les anticalciques « bradycardisants » (diltiazem, vérapamil) sont prescrits en
monothérapie mais sont contre-indiqués s’il y a une altération de la fonction du
ventricule gauche.
Lorsque la lésion induit une sténose de plus de 50 %, une ICP est pratiquée dans la foulée de
la coronarographie en l’absence de contre-indication technique (ex : sténose du tronc
coronaire gauche).
L’abord artériel radial est préféré à l’abord fémoral afin de réduire le risque hémorragique
d’une procédure réalisée sous traitement anti-thrombotique à dose maximale.
5. La stratégie thérapeutique
L’environnement pharmacologique est adapté en fonction du risque qui conditionne aussi le
délai de réalisation de la coronarographie.
204
Les traitements communs à tous les patients sont :
• L’aspirine
• Le ticagrelor ou le clopidogrel
• Les anticoagulants
• Les anti-ischémiques avec une protection gastrique (pantoprazole 40 mg/j) et de
l’anxiolyse (alprazolam)
205
La reperfusion myocardique induit une régression rapide des douleurs angineuses et le sus-
décalage si elle se fait dans l’heure de l’apparition des douleurs. Il y a alors une négativation
transitoire possible des ondes T et une onde Q peut se constituer.
En l’absence de reperfusion, l’évolution est identique mais est plus lente et l’onde Q est plus
fréquente.
La reperfusion doit donc se faire le plus rapidement possible (en moins de 60 minutes selon
les recommandations). Si ce n’est pas possible de la faire rapidement, on met un ballon et on
fait une thrombolyse.
L’INFARCTUS DU MYOCARDE
1. Nosologie
L’infarctus du myocarde (IDM) est défini comme une nécrose myocardique d’origine
ischémique.
206
Elle induit une douleur thoracique (angor) et des modifications électrocardiographiques.
L’association de ces 2 symptômes permet de poser le diagnostic de syndrome coronarien aigu
(SCA). La mise en évidence d’une troponinémie dans les suites d’un syndrome coronarien aigu
permet de poser le diagnostic d’infarctus du myocarde.
2. La cascade ischémique
La base des tests fonctionnels du diagnostic de l'ischémie myocardique est :
A la fin de la cascade, on observe une mort cellulaire due à une ischémie prolongée. Les
myocytes vont donc finir par mourir et ne sont pas capables de se régénérer. Ces cellules sont
alors remplacées par de la fibrose. Or, la fibrose est incapable de se contracter et donc
d’assurer la fonction cardiaque. Cela conduit alors à une décompensation cardiaque ou à une
insuffisance cardiaque.
207
3. Physiopathologie
S’il y a l’occlusion d’une artère, le territoire distal est atteint et la zone autour de cette lésion
est en souffrance. Ce n’est donc pas la zone uniquement vascularisée par l’artère occluse qui
va souffrir de l’ischémie mais également les autres territoires à proximité.
208
ECG
La 1ère modification qui apparaît sur un ECG, c’est l’apparition d’une onde T ample et
symétrique.
209
2. ECG dans les différents types d’infarctus
La localisation de l’infarctus dépend de l’artère bouchée. Si l’artère interventriculaire
antérieur est occluse, il va y avoir des modifications dans les dérivations précordiales de
manière étendue.
Si l’apex du cœur est touché, il y a des modifications au niveau des 1ères dérivations
précordiales.
V5 et V6 voient la partie latérale du cœur alors que la partie inférieure est vue par DII, DIII et
aVF.
210
3. Infarctus inférieur aigu
Un sus-décalage est prédominant dans le diagnostic.
211
5. Infarctus du ventricule droit
V3R correspond à la mise de l’électrode à droite ce qui permet de mieux voir le ventricule
droit. Sur cet ECG, on observe un sus-décalage au niveau de V3R et de V4R ce qui signifie qu’il
y a un infarctus au niveau du ventricule droit.
6. Infarctus postérieur
212
La mise des électrodes en postérieur permet de voir la partie postérieure du cœur. Cela
permet alors de détecter un infarctus postérieur où on observe un sus-décalage dans les
dérivations postérieures.
213
8. Diagnostic différentiel du sus-décalage en DII, DIII et aVF
EVOLUTION CLINIQUE
Le fébricule voisine de 38 °C est présente entre la 6e et 8e heure et persiste durant 24 à 48
heures, traduisant une réaction non spécifique de l’organisme à la nécrose.
L’onde Q de nécrose est un signe direct de nécrose constituée lorsqu’elle est supérieure à
0,04 s et profonde (supérieure ou égale à 1 mm). Elle n’est pas systématique et ne traduit pas
toujours une nécrose étendue. L’étendue de la nécrose est beaucoup mieux évaluée par
échocardiographie ou RMN cardiaque.
En l’absence de complication, le patient peut s’asseoir au bord du lit dès la 12e heure. La
marche à plat est autorisée dès le 2e jour (200 m) et la marche en côte les jours suivants.
La sortie de l’hôpital peut être envisagée dès le 5e jour, éventuellement pour un centre de
réadaptation à l’effort.
214
COMPLICATIONS HOSPITALIÈRES PRÉCOCES
Les troubles sont indépendants de l’étendue de la zone ischémique. Ils sont responsables des
morts subites pré-hospitalières mais n’ont pas d’impact sur le pronostic ultérieur. Ils justifient
une prise en charge médicalisée (Service Mobile d’Urgence et Réanimation) dès le diagnostic
évoqué (en pratique appel du médecin régulateur du 15) et le transfert en USIC (indirect
après admission en salle de cathétérisme si une ICP primaire est proposée).
Les troubles du rythme supraventriculaire comportent la fibrillation atriale (et autres troubles
du rythme supraventriculaire) et peuvent être à l’origine d’une décompensation
hémodynamique ou responsables d’accidents emboliques.
L’ischémie aigue contre-indique l’utilisation des digitaliques. Parmi les bradycardies et les
troubles de la conduction, le plus grave est le bloc auriculoventriculaire. Il est souvent
transitoire (nodal) dans l’infarctus du myocarde inférieur.
2. Insuffisance cardiaque
L’insuffisance cardiaque est un facteur de mauvais pronostic à court et moyen terme. Elle
peut être la conséquence directe de l’étendue de la nécrose ou d’une complication
mécanique (insuffisance mitrale ischémique, communication interventriculaire) ou être
favorisée par la survenue d’une arythmie. Elle justifie une évaluation échocardiographique
précoce.
215
L’altération symptomatique ou marquée (fraction d’éjection du ventricule gauche < 50 %) de
la fonction ventriculaire gauche justifie l’alitement du patient durant les 24 premières heures
qui correspond au délai d’apparition des complications.
3. Choc cardiogénique
Le choc cardiogénique complique 6 à 7 % des infarctus. Au stade constitué, il associe une
hypotension et des signes d’hypoperfusion périphérique (extrémités froides, oligurie,
confusion).
Il est défini par une pression artérielle systolique inférieure à 90 mmHg et une pression
capillaire supérieure à 20 mmHg ou un index cardiaque inférieur à 1,8 l/min/m2.
L’index cardiaque correspond au débit cardiaque mesuré par cathétérisme droit à l’aide d’une
sonde de Swan-Ganz, rapporté à la surface corporelle.
Le diagnostic est aussi établi si un support inotrope ou la mise en place d’une assistance par
contre-pulsion par ballon intra-aortique sont nécessaires pour maintenir une pression
systolique supérieure à 90 mmHg et un index cardiaque supérieur à 1,8 L/min/m2.
Au stade initial, le diagnostic est posé en l’absence de cathétérisme droit sur la seule notion
d’une hypotension artérielle mal tolérée, ne répondant pas au remplissage macromoléculaire
ce qui élimine une hypovolémie et après avoir corrigé une éventuelle bradycardie d’origine
vagale (tachycardie habituelle dans le CC) ou une arythmie.
Plus souvent, il survient secondairement dans les 24 à 48 heures suivant l’OCA, soit à
l’occasion d’une récidive ischémique, soit précédé d’une détérioration hémodynamique
progressive (« état de pré-choc »). La coronarographie retrouve le plus souvent une occlusion
proximale de l’interventriculaire antérieure et/ou des lésions pluri-tronculaires.
216
Le pronostic hospitalier est très sombre avec une mortalité supérieure à 70 %. Il peut être
amélioré par une revascularisation rapide associée à la mise en place d’une assistance
circulatoire temporaire.
4. Complications mécaniques
La rupture aigue de la paroi libre du ventricule gauche est responsable d’un collapsus avec
une dissociation électromécanique (activité électrique mais absence de contraction du
ventricule gauche et de pouls), rapidement fatal.
La rupture subaigüe se traduit par une récidive douloureuse pseudo-angineuse, avec une
élévation du segment ST ou par une hypotension artérielle brutale et prolongée. Les signes de
tamponnade apparaissent rapidement, souvent associés à des vomissements et le diagnostic
est confirmé par échocardiographie (hémopéricarde) justifiant un geste chirurgical immédiat.
La rupture septale n’est pas rare (1–2 %).
Le diagnostic, évoqué devant une complication hémodynamique, est confirmé par la mise en
évidence d’un souffle précordial systolique (parfois absent) et surtout par l’échocardiographie
avec un doppler couleur. Le cathétérisme droit avec oxymétrie réalisé à l’occasion de la
coronarographie préopératoire identifie un saut oxymétrique au niveau du ventricule droit, la
saturation en oxygène étant plus élevée dans l’artère pulmonaire que dans l’oreillette droite.
La rupture de pilier (muscle papillaire) induit une défaillance cardiaque brutale et l’apparition
d’un souffle systolique souvent discret. Le diagnostic est porté par l’échocardiographie. Le
traitement est chirurgical (remplacement valvulaire) souvent précédé de la mise en place
d’une assistance circulatoire par CPBIA.
Il est donc important d’ausculter un patient plusieurs jours après son infarctus afin de pouvoir
détecter les complications mécaniques.
217
L’infarctus du ventricule droit est souvent compliqué d’une fibrillation atriale qui compromet
l’hémodynamique et doit être rapidement réduite. L’extension au ventricule droit contre-
indique l’administration de vasodilatateurs et limite les possibilités d’utilisation d’un β-
bloqueur. Le traitement est donc le remplissage.
La complication embolique la plus grave est cérébrale, l’ischémie étant compliquée d’une
hémorragie souvent fatale, favorisée par le traitement anticoagulant. L’embolie peut être
favorisée par une fibrillation atriale.
2. Péricardite
Le mécanisme de la péricardite compliquant un infarctus étendu peut être hémodynamique
mais un syndrome inflammatoire est habituel et son intensité croît avec l’étendue de la
nécrose, justifiant le traitement par aspirine à forte dose (3 g/j) ou anti-inflammatoires non
stéroïdiens dans les formes très algiques.
Elle s’exprime sous la forme d’une récidive d’infarctus responsable d’une nouvelle élévation
des CPK-MB ou de crise angineuse spontanée.
218
Un angor d’effort peut être constaté lors de la reprise d’une activité. Une ischémie
(douloureuse ou silencieuse) peut être induite lors d’une épreuve d’effort. L’épreuve d’effort
peut être pratiquée dès le 5e jour d’hospitalisation en l’absence de contre-indication.
Elle est justifiée après une fibrinolyse intraveineuse ou en l’absence de reperfusion. Elle est
indiquée après une revascularisation initiale par intervention coronaire percutanée (ICP) pour
évaluer le retentissement de lésions controlatérales détectées par la coronarographie initiale.
La mise en évidence d’une ischémie au décours d’un IDM justifie la réalisation d’une
revascularisation.
• Des lésions définitives du tissu myocardique avec une nécrose puis une fibrose
• Une anomalie fonctionnelle transitoire répondant par sidération myocardique post-
ischémique réversible dans les 2 semaines qui suivent l’épisode ischémique (après
reperfusion précoce)
• Une anomalie fonctionnelle transitoire par hibernation myocardique secondaire à une
hypoperfusion myocardique chronique (sténose coronaire sévère résiduelle après
reperfusion)
Pour le traitement, on donne souvent un antiagrégant avec un anticoagulant.
219
THROMBOLYSE
Les thombolytiques sont le Tenecteplase (Metalys®) qu’on injecte en bolus intraveineux une
seule fois en 10 secondes. La quantité injectée varie en fonction du poids du patient.
1. Contre-indications
a. Absolues
b. Relatives
220
Si on ne peut pas offrir une vascularisation dans les 2 heures, il faut penser à la thrombolyse.
Si le segment ST est élevé, il faut faire une PCI de sauvetage.
Avec cette méthode, il y a beaucoup plus de thrombus et on récupère moins de myocarde car
la période sans vascularisation est plus longue. Du coup, les techniques de sauvetage sont à
éviter le plus possible et il faut envoyer rapidement le patient dans un centre de
coronarographie.
AUTRES TRAITEMENTS
1. Les inhibiteurs de l’enzyme de conversion
Ce traitement est indiqué chez tous les patients avec une hypertension artérielle, un diabète
ou une insuffisance cardiaque.
Si la fonction du ventricule gauche est altérée, on donne du lisinopril (Zestril®) à une dose
initiale de 2,5mg/j et à une dose d’entretient de 5 à 20 mg/j.
221
4. Les statines
Elles sont indiquées chez tous les patients. Une forte dose de statine (Atorvastatine 80mg/j)
prescrite dès la phase aigue pourrait réduire les complications ischémiques et améliorer le
pronostic sur le long terme.
5. Le spironolactone
On donne de l’Aldactone ® (25mg/j) en cas de décompensation cardiaque clinique ou d’une
fraction d’éjection du ventricule gauche inférieure à 40% pour autant que la créatinine soit
inférieure à 2,5mg/dl.
6. Le traitement antalgique
Le traitement de choix est la morphine intraveineuse (dose titrée 2 mg à 5-15 minutes
d’intervalle).
7. Les anxiolytiques
On ne les donne uniquement si c’est nécessaire (Xanax® 0,25mg 3 fois par jour).
222
La chirurgie cardiaque
LES PRINCIPES GÉNÉRAUX
1. Accès au cœur
En chirurgie cardiaque, la voie d’accès principale est la sternotomie, c’est-à-dire qu’on passe
par le sternum pour accéder au cœur.
a. Les incisions
Actuellement, on essaie au maximum de faire des incisions plus petites pour être invasif le
moins possible. Du coup, on peut faire des semi-sternotomies.
223
La thoracotomie postérolatérale se fait principalement à gauche pour avoir accès à l’aorte
thoracique descendante.
Le plus souvent, la chirurgie cardiaque se fait avec un arrêt du cœur. L’arrêt du cœur se fait
par cardioplégie. On utilise cette technique pour la plupart des interventions.
Pour certaines chirurgies, on ne mettra pas le patient sous CEC, on fera une chirurgie à cœur
battant pour les pontages coronaires et la chirurgie péricardique par exemple.
Un cœur ne peut pas être arrêter pendant plus de 4 minutes car aussi non il y a l’apparition
de dégâts irréversibles (ischémie). C’est pour cela, que l’on met le patient avec une circulation
extracorporelle afin de remplacer la fonction cardiaque le temps de l’intervention.
224
a. La circulation extracorporelle
La circulation extracorporelle est constituée de plusieurs pompes ou d’une pompe centrifuge.
On va donc pomper le sang par un ou plusieurs endroits (pour la récupération du sang du
champ opératoire).
On utilise une pompe centrifuge pour faire circuler le sang de l’oreillette droite à l’aorte.
Quand on arrête le cœur, la circulation est alors maintenue par la ligne artérielle.
La récupération des débris cellulaires pour les interventions externes du cœur se pratique de
moins en moins car c’est une cause d’infections importantes dans l’organisme. En effet, les
débris qui sont remis dans le sang peuvent alors causer une infection.
Ils ont :
225
Pour que la chirurgie cardiaque soit la plus performante, il faut donc une bonne collaboration,
avec l’instrumentation, la perfusion, l’anesthésie, la réanimation, la cardiologie
interventionnelle. Depuis peu, on peut faire de la cardiologie interventionnelle sans être dans
un service de chirurgie.
Avant, on utilisait la veine saphène, mais la perméabilité n’est pas très bonne. La maladie
évoluant de la proximalité vers la distalité, on fait le pontage le plus distalement possible pour
que cela dure le plus longtemps possible.
C’est une chirurgie à la limite de la microchirurgie. Il faut aller vite et on fait ça à main levée
avec des loupes.
La chirurgie à cœur battant donne des résultats qui sont moins bons à moyen et long terme
et ne permet par une chirurgie séquentielle et très distale. Du coup, on ne le fait
actuellement plus. De plus avec un coeur battant, on ne sait plus faire une chirurgie
sophistiquée.
Les patients qui vont subir cette opération ne sont plus, la plupart du temps, des patients
simples. En effet, les patients viennent de plus en plus tard pour se faire soigner. Du coup, la
maladie a le temps d’évoluer. Quand le patient arrive à l’hôpital, il est souvent trop tard pour
des interventions mineures et non invasives. On est alors obligé de diriger le patient vers la
chirurgie.
226
La perméabilité du greffon dépend essentiellement du flux qui y circule. L’évolution sera donc
très différente. On peut mettre la même veine chez le même patient mais à un endroit où le
flux est différent, l’évolution sera différente. Il faut donc une adéquation entre le diamètre et
la résistance périphérique.
2. Le remplacement valvulaire
Le remplacement valvulaire est souvent pratiqué pour la valve aortique. En effet, la
réparation de cette valve est le plus souvent inefficace.
Il est également possible de remplacer la valve mitrale lorsque sa réparation n’est pas
possible. En effet, dans 70% des cas, on répare la valve mitrale. La réparation de la valve
mitrale est beaucoup plus facile que la réparation de la valve aortique. C’est pourquoi, dans
95% des cas, on remplace la valve aortique.
• Des prothèses biologiques : porcine ou péricarde bovin sculpté sur une armature
métallique (le plus souvent). Ces valves peuvent être avec ou sans armature.
Cependant, une valve sans armature est plus difficile à greffer et donne donc des
résultats souvent moins bons.
• Des prothèses mécaniques : souvent ce sont des bivalves en pyrolite
• Des valves de cadavre stockées dans des banques de valve (homogreffe) : les résultats
sont variables. On utilise cette technique souvent en chirurgie pédiatrique.
• Une intervention en composite (Ross)
227
La valve aortique est plus épaisse que la valve pulmonaire car elle doit travailler avec des
pressions plus importantes.
Pour la valve mitrale, on parle du sourire mitral car elle présente un grand feuillet antérieur et
un petit feuillet postérieur. Ce feuillet postérieur reste alors à proximité de l’anneau
valvulaire.
3. La réparation valvulaire
La réparation valvulaire concerne principalement la valve mitrale. On la répare alors en cas de
séquelles de RAA. Si on n’a pas de calcification de la valve mais qu’elle est uniquement
fibrosée, on doit la réparer. Cependant, en cas de RAA, on doit souvent la remplacer car la
valve mitrale est calcifiée.
La valve tricuspide est moins intéressante bien qu’il semblerait qu’elle soit très importante
pour le pronostic du patient. Elle est liée à la pathologie du cœur gauche bien souvent mais
aussi dans les toxicomanies. En effet, dans le cas de la toxicomanie, il y a l’introduction de
microbes dans l’organisme. Comme les injections de drogues se font souvent par voie
veineuse, le 1er obstacle qu’ils vont rencontrer est la valve tricuspide.
Le principe c’est :
228
Pour la valve aortique, il faut être très précis car s’il y a une anomalie de la valve de 1 mm, la
valve devient incompétente. Pour la valve aortique, les interventions principales seront un
remodelage de la racine aortique (selon les méthodes de Yacoub ou de Tirone David) ou des
interventions plus spécifiques.
La valve biologique avec une armature est la valve la plus utilisée. Son armature est formée
d’un anneau de dacron. Anatomiquement, la valve mitrale est plus grande que la valve
aortique.
a. L’intervention de Ross
C’est une intervention qui se fait principalement chez les sujets jeunes. On prend la valve
pulmonaire, on la met à la place de la valve aortique et on remplace la pulmonaire par une
homogreffe. La morbidité est cependant plus importante que pour une autre intervention.
On remplace la valve pulmonaire par une homogreffe car cette valve subit des pressions
moins importantes et donc il y a moins de risques pour le patient.
229
b. L’intervention de Tirone David
c. Classification de Carpentier (!!!)
Le type 1 est causé par un défaut de coaptation centrovalvulaire à la suite d’une dilatation
annulaire. Il y a également une fuite centrovalvulaire.
Le type 2 est causé par un prolapsus valvulaire sur un allongement ou une rupture des
cordages. Du coup, les 2 bords libres de la valve ne sont plus au même endroit.
Le type 3 est causé par un défaut de coaptation par restriction de l’appareil sous-valvulaire.
S’il y a un infarctus dans la région postérieure, la cicatrise peut s’élargir au cours du temps. Du
coup, le pilier mitral va s’écarter de plus en plus de l’anneau valvulaire. Cela provoque alors
un aplatissement de la valve.
L’anévrysme de l’aorte ascendante est rarement athéromateux mais survient plutôt dans
l’HTA, la maladie de Marfan et la bicuspidie aortique. La bicuspidie valvulaire est la
malformation cardiaque la plus fréquente. On peut ne pas avoir de problème mais néanmoins
c’est une valve qui s’abime plus vite et qui se calcifie plus vite.
En cas d’anévrysme aortique, le flux n’est plus laminaire mais turbulent et l’aorte va donc se
dilater plus facilement. Pour l’aorte descendante, par contre, on se rapproche de la
pathologie de l’aorte abdominale caractérisée par une athéromatose tabagique (ou chez les
personnes âgées).
231
Le type A touche l’aorte ascendante. Le point d’entrée de la dissection se trouve au niveau de
l’aorte ascendante. Le type B commence au niveau de l’isthme aortique.
Il existe également une classification pour l’anévrysme de l’aorte. Cette classification est la
classification de Crawford.
a. Aorte ascendante
L’opération se fera souvent par sternotomie classique ou minimale. Elle nécessite une
circulation extracorporelle et un arrêt cardioplégique. Parfois, il sera nécessaire de remplacer
ou réparer la valve aortique. En effet, quand on a une dissection aortique la valve peut se
décrocher. Si c’est un anévrysme, on a une dilatation de l’anneau valvulaire ce qui conduit à
une insuffisance valvulaire.
b. Crosse aortique
Cette intervention se fera sous sternotomie mais elle peut aussi se faire sous Clamshell. Cette
opération nécessite une circulation extracorporelle et une hypothermie profonde avec ou
sans protection cérébrale.
Il sera parfois nécessaire d’intervenir aussi au niveau de l’aorte descendante par divers
moyens :
L’éléphant trunk
232
La prothèse endovasculaire
L’intervention de Yacoub
C’est une chirurgie de préservation de la valve aortique dans laquelle on découpe la forme de
la valve.
c. Isthme aortique et aorte descendante
A la fin de l’intervention, il faudra faire une réimplantation latérale des grosses collatérales
pour éviter les problèmes d’ischémie médullaire. Du coup, on remplace l’aorte mais on doit
reconnecter ses branches.
L’opération peut aussi se faire sur une approche endovasculaire mais les résultats à moyen
terme sont discutables pour les anévrysmes.
Cette dérivation naturelle préserve les tissus pendant l’intervention mais ne permet au
patient de vivre avec cette pathologie.
234
L’élément physiologique déterminant pour les anévrysmes est la loi de Laplace qui explique
que les bulles de savon prennent une forme sphérique et que la tension de surface d’un
vaisseau est proportionnelle à son rayon et la différence de pression de part et d’autre de sa
paroi.
6. La dissection aortique
a. Mécanismes
La dissection aortique se développe en partant d’une rupture partielle des tuniques internes
qui produit une fausse voie dans la paroi à cause du flux. Le mécanisme de dissection s’arrête
à cause d’un retour du sang vers la vraie lumière au niveau des orifices des collatérales
arrachées ou déchirées. S’il n’y a pas d’arrêt, le patient mourra.
b. Evolution
235
7. Le péricarde
a. Epanchement péricardique
Pathologies
• Virale
• Tuberculeuse
• Postopératoire tardif
• Néoplasique
• Urémique
Interventions
On réalise un drainage (et une biopsie) percutané ou sous-xyphoïdien. Cela se fait au lit du
patient en cas de tamponnade.
On peut aussi réaliser une fenêtre pleuropéricardique qui est une ouverture permettant
l’écoulement du liquide dans la plèvre ou le péritoine et permettant la décompression du
cœur.
b. Péricardite constrictive
Pathologies
• Tuberculeuse
• Post-opératoire
• Post-infarctus : le syndrome de Dressler
• Idiopathique
236
Le syndrome de Dressler est une maladie auto-immune causée par le développement d’auto-
anticorps. En effet, ce syndrome survient après une agression du péricarde par une bactérie
ayant des ressemblances avec les antigènes du soi.
Intervention
On réalise une résection subtotale (jusqu’aux nerfs phréniques), avec ou sans circulation
extracorporelle.
8. Tumeurs cardiaques
a. Bénignes
• Myxome : sessile ou pédiculé, le plus souvent dans l’oreillette gauche, implanté dans
le septum
• Fibro-élastome : diverses localisations, souvent sur la valve aortique
• Lipome intra-péricardique avec compression cavitaire
• Caillots en diverses localisations et situations pathologiques : il s’agit surtout du
principal diagnostic différentiel des tumeurs.
b. Malignes
• Lymphomes
• Mésothéliomes
• Hyper-néphromes
Ces tumeurs secondaires se développent via la veine cave inférieure ou via des métastases.
Les tumeurs sont rarement primitive mais si c’est le cas ce sont des sarcomes (tumeur au
niveau du myocarde).
237
b. Reprise d’ostéosynthèse sternale
• Enlèvement des fils d’acier et fermeture sur bourdonnets avec rinçage/ drainage
• Lambeau de grand droit ou pectoral d’emblée après parage de la plaie
• Mise en place d’une VAC thérapie
11.Stimulation cardiaque
a. Pacing mono-chambre
238
12.Resynchronisation
a. Pacing triple chambre
Pathologies spécifiques
Cardiopathie ischémique
b. Aspects technologiques
239
Les pacemakers les plus mis sont les pacemakers VVIR et DDDR.
Le pacemaker DDDR détecte l’activité des ventricules et des atriums, stimule les ventricules et
les atriums et stimule ou inhibe les cavités.
o Un bridge à la transplantation : pour éviter que d’autres organes ne se
dégradent
240
b. Transplantation cardiaque et cœur artificiel
Indications
Limitation
• Contexte
• Coût
• Donneurs
241
Colonne de gauche : pour l’Homme (à connaître) – colonne de droite : pour les animaux
Il y a de moins en moins de transplantation cardiaque. L’intervention d’une transplantation
cardiaque est relativement facile. Le plus compliqué, c’est le suivi médical du patient.
242
Transplantation cardiaque en Belgique
RISQUES OPÉRATOIRES
1. Considérations générales
Depuis 1990, l’activité et le profil des interventions s’est modifié à cause des éléments
suivants :
Il est possible d’évaluer le risque opératoire en utilisant un algorithme qui tient compte du
profil du patient et du type d’intervention. En chirurgie cardiaque, il existe l’Euroscore, le STS
score et le score d’Amber.
b. Utilisation de l’Euroscore pour suivre l’activité
L’Euroscore est utilisé en clinique depuis 2005. Il est possible de développer un pseudo-
Euroscore par un algorithme informatique au départ d’un dossier médical codifié (RCM,
RHM).
Cela permet d’évaluer les 25 dernières années. Les différents critères utilisés par l’Euroscore
permettent de cerner l’évolution du profil pathologique des patients. L’Euroscore donne une
évaluation de la lourdeur de la pathologie et donne une mortalité opératoire prédictive.
243
Les infarctus et les urgences sont en parallèles car comme les soins médicaux coutent de plus
en plus chers, les gens attendent plus longtemps avant de venir se faire soigner. Du coup, leur
pathologie est souvent beaucoup plus grave. Cela fait qu’on doit les opérer alors qu’on aurait
pu simplement faire une intervention moins invasive s’il était venu beaucoup plus tôt dans le
développement de la maladie.
En suivant la fraction de décès par Euroscore au cours du temps, on observe les éléments
suivants :
244
En suivant le nombre de patients par l’Euroscore, on observe les éléments suivants :
La mise en place de pacemaker se faisait auparavant dans tous les hôpitaux. Mais, ces
appareils deviennent de plus en plus sophistiquées. Du coup, on ne les met plus que dans les
services de chirurgie cardiaque ce qui fait que le nombre d’intervention pour les pacemakers
augmentent de manière importante.
245
b. Lourdeur de la pathologie
c. Le type de pathologie
• La chirurgie coronaire est devenue toute artérielle, même chez le patient âgé
• La chirurgie valvulaire et aortique est devenue prédominante
• La chirurgie rythmologique s’est développée
SYNTHÈSE
• La chirurgie cardiaque est caractérisée par l’utilisation d’une CEC pour pratiquer les
interventions, sauf pour certains pontages coronariens assez simples
• Le pontage coronaire utilise de préférence des greffons artériels, pour créer un
nouveau circuit, qui sont mieux adaptés à la pathologie.
• La chirurgie valvulaire réalise principalement des remplacements aortiques et des
réparations mitrales
• La chirurgie de l’aorte thoracique nécessite des moyens assez lourds et des
interventions assez complexes, sauf pour l’aorte ascendante
o Les anévrysmes de l’aorte ascendante ne nécessitent pas d’office un
remplacement valvulaire aortique. Une chirurgie de conservation de la valve
est possible
o Les procédures sur la crosse aortique nécessitent une hypothermie profonde
o Les procédures sur l’aorte descendante peuvent se compliquer d’une
paraplégie
• Les risques opératoires se sont accrus durant les 20 dernières années, à cause de
l’essor de la cardiologie interventionnelle qui a déplacé la chirurgie, le vieillissement
de la population et la modification de la pratique médicale
• Le profil des interventions cardiaques s’est modifié au cours du temps vers un essor
des procédures valvulaires et rythmologiques
o Les pathologies tumorales et péricardiques sont moins fréquentes mais
toujours présentes
o L’implantations des stimulateurs cardiaques est orientée de plus en plus vers la
resynchronisation et la défibrillation
o En chirurgie cardiaque, il existe de fréquentes ré-interventions pour
saignement, et moins souvent, pour infection.
• La chirurgie de l’insuffisance cardiaque reste peu pratiquée, sauf la resynchronisation
lorsqu’elle est indiquée, car elle nécessite des moyens importants et est grevée d’un
pronostic réservé
246
La sténose aortique
OBJECTIF
1. Savoir
• Diagnostiquer un rétrécissement aortique
• Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient
2. Spécifique
• Connaître la définition et les étiologies principales.
• Identifier la triade symptomatique à l’effort (douleur, dyspnée, syncope) qui conduit à
la suspicion du diagnostic devant un souffle éjectionnel aortique.
• Savoir le rôle essentiel de l’échocardiographie dans la confirmation du diagnostic et
les principales mesures à faire.
• Savoir que l’apparition des symptômes marque un premier tournant évolutif et que
l’apparition d’une dysfonction systolique du ventricule gauche indique un second
tournant évolutif qui grève la mortalité chirurgicale.
• Savoir utiliser l’échographie de stress pour apprécier la réserve contractile des formes
avec dysfonction systolique du ventricule gauche.
• Savoir poser l’indication opératoire en cas de rétrécissement aortique serré
symptomatique, soit par valve mécanique, par bioprothèse ou par voie percutannée.
• Connaître le pronostic sombre des formes serrées et symptomatiques en l’absence de
traitement.
• Savoir mesurer le rapport bénéfice – risque des deux types de prothèses : biologique
et mécanique.
• Connaître les alternatives à la chirurgie par voie percutanée soit palliatives
(valvuloplastie), soit curatives (valves percutanées).
INTRODUCTION
1. L’auscultation cardiaque
247
a. Pourquoi entend-on un B1 et B2 ?
b. Mesure de l’intégrale temps-vitesse
Elle se fait par écho doppler pulsé (par incidence apicale des 4 cavités) qui permet de voir le
flux d’éjection aortique.
Le petit pic représente la diastole alors que le grand pic représente la systole. On calcule alors
l’intégrale temps-vitesse (ITV) sous la courbe.
248
c. Calcul du débit cardiaque
On a besoin du VES (volume éjecté systolique). On le calcule par :
On calcule ensuite le débit par la formule :
Le débit normal au repos est compris entre 4 et 7l/min (en moyenne 4.8 l/min).
3. Physiopathologie du souffle
On entend un souffle lorsque l’écoulement est turbulent. En effet, en temps normal, le flux
est laminaire. Du coup, les particules avancent sans faire des tourbillons dans les vaisseaux et
donc il n’y a pas de bruits lors de l’auscultation.
249
Le nombre de Reynolds permet de comprendre la différence entre un écoulement laminaire
et turbulent.
L’écoulement sera turbulent si le nombre de Reynolds augmente, c’est-à-dire quand :
Sur l’image de gauche, la valve présente 2 cuspides qui sont calcifiées. Du coup, l’ouverture
de la valve est limitée ce qui cause l’apparition d’un souffle.
250
4. Pathologies valvulaires en Europe
Les pathologies valvulaires augmentent avec l’âge :
Le problème c’est que la survie diminue entre le moment du diagnostic de la pathologie
valvulaire et le moment où elle est réellement apparue. De plus, quand on a un valvulopathie,
la survie diminue par rapport à la population normale.
Parmi les pathologies natives, on a la sténose aortique puis l’insuffisance mitrale puis les
pathologies multiples et enfin l’insuffisance aortique et la sténose mitrale.
251
a. Etiologie en Europe
Les mécanismes d’apparition des valvulopathies sont différents. Pour la sténose aortique, la
majorité est liée à des problèmes dégénératifs (calcification, …) et parfois à des maladies
rhumatismes ou une endocardite. Par contre, les mécanismes de la régurgitation mitrale et
de la sténose mitrale sont différents par rapport aux pathologies aortiques.
Plus de pathologies congénitales sont observée dans les régurgitations car celles-ci seront
liées à une bicuspidie de la valve.
Les sténoses mitrales ne sont presque que causées par des pathologies rhumatismales.
RÉTRÉCISSEMENT AORTIQUE
1. Définition
Le rétrécissement aortique (RA) est défini comme une obstruction à l’éjection du ventricule
gauche localisée le plus souvent au niveau de la valve aortique.
• Le rétrécissement supra-aortique
• Le rétrécissement sous-aortique (diaphragme)
• L’obstruction dynamique des myocardiopathies obstructives
2. Etiologies
a. Rétrécissement aortique congénital
252
Chez les moins de 70 ans, les sténoses aortiques sont le plus souvent dues à une bicuspidie de
la valve aortique. Ensuite, viennent les conséquences d’une inflammation et la
dégénérescence de la valve.
Chez les plus de 70 ans, la 1ère cause est une dégénérescence de la valve. Ensuite, viennent la
bicuspidie et les conséquences d’une inflammation.
b. Rétrécissement aortique acquis
Il en existe 3 sortes :
Ce type de sténose est devenu rare. Par contre, elle est plus fréquente pour la valve mitrale.
Les rhumatismes causent souvent des problèmes au niveau des commissures valvulaires.
253
c. Les sténoses aortiques
Les valves qui présentent des calcifications ne se soudent pas contrairement aux valves
rhumatismales.
La mesure de la calcification est importante quand on veut remplacer la valve ou utiliser la
technique du ballon. Il devient de plus en plus possible de remplacer une valve par voie
percutanée.
Plus le grade augmente, plus le nombre de valve touchée augmente et plus les calcifications
sont confluentes.
3. Physiopathologie
Les valves sont composées de collagène et recouvertes d’endothélium. Elles peuvent donc
être abimées (notamment par les ostéoblastes et ostéoclastes). On aura alors une
présentation semblable à de l’athérosclérose.
254
Les sténoses sont associées à une élévation de LDL et à la présence de plaque
d’athérosclérose. Il y a donc des dépôts au niveau de la valve qui provoquent un
épaississement de cette valve.
a. Rôle potentiel des lipoprotéines et des mécanismes oxydatifs
En effet, le ventricule va devoir fournir une pression plus importante pour contrer
l’augmentation de pression due à la sténose de la valve.
b. Facteurs de risque
Il est important de suivre les patients car la valve va devenir de plus en plus calcifiée. Il faut
intervenir à partir du moment où l’ouverture de la valve atteint moins de 1 cm².
255
Les facteurs de risques sont :
• Un syndrome métabolique
• L’obésité
• L’hypertension
• Le tabac
• L’insuffisance rénale
• Le genre masculin
• Le stress oxydatif
• L’âge
c. Conséquences hémodynamiques de la limitation d’ouverture
En présence d’un obstacle à l’éjection ventriculaire, le ventricule gauche doit générer une
pression beaucoup plus importante pour faire sortir le sang. Cela engendre un gradient de
pression ventriculo-aortique plus important car la pression du ventricule gauche est
beaucoup plus importante que la pression aortique. On entendra d’ailleurs un souffle qui est
de forme losangique (augmente puis diminue).
Cette différence de pression est donc liée à une perte d’énergie qui est liée au
rétrécissement. Il y a également une accélération de la sortie du flux.
256
Le gradient de pression ventricule gauche – aorte est d’autant plus élevé que le
rétrécissement aortique est serré. Lorsque le gradient de pression ventriculo-aortique
dépasse 50 mmHg, le rétrécissement aortique est considéré comme serré. Il est difficile de
mesurer précisément l’orifice d’ouverture restant.
La surface orificielle d’une valve aortique normale est de 2 à 3 cm2. En cas de rétrécissement
aortique, cette surface diminue.
257
La surface valvulaire peut être calculée par échocardiographie-doppler en appliquant
l’équation de continuité. Cette équation dit que la vitesse de la chambre de chasse multiplié
par la la section de la chambre de chasse vaut la vitesse au niveau de l’orifice multiplié par la
surface de l’orifice.
8F G .F = 8H G .H
La vitesse au niveau de la chambre de chasse est mesurée par doppler pulsé, la section de la
chambre de chasse est mesurée par échocardiographie 2D et la vitesse au niveau de l’orifice
valvulaire est mesurée par doppler continu. La surface de l’orifice est déduite par une simple
règle de 3.
Légende
ü A : surface (area)
ü TVI : intégrale temps – vitesse
ü LVOT : chambre de chasse
o ALVOT : surface de la chambre de chasse
o TVILVOT : intégrale temps-vitesse de la chambre de chasse
ü VA : valve aortique
o AVA : surface de la valve aortique
o TVIVA : intégrale temps-vitesse au niveau de la valve aortique
Quand on regarde un flux non laminaire, la loi de Poiseuille ne suffit plus car on a une perte
d’énergie due à des accélérations convectives, à des accélérations du flux et des frictions par
la viscosité. Dans ce cas, on utilise la formule de Bernoulli.
258
Quand les vitesses deviennent fort élevées, on peut supprimer 2 des composantes. Il reste
juste la pression du ventricule gauche et la pression de l’aorte dont leur soustraction vaut 4 x
V2 (= vitesse).
3IJ − 3LHMNO = 4 G 8 )
Cette formule est utilisée pour estimer le gradient dans la sténose aortique. La seule mesure
du gradient de pression peut ne pas suffire pour évaluer la sévérité. Du coup, on se base aussi
sur la surface valvulaire.
On peut mesurer les gradients de pression via des cathéters. En effet, on met le cathéter dans
le ventricule gauche où on mesure la pression puis on tire et on arrive dans l’aorte. On
mesure également la pression dans l’aorte. Seulement, cette mesure ne se fait pas au même
moment ce qui n’est donc pas très précis. Cette méthode est la méthode « Peak to peak ».
Cependant, cette méthode est non physiologique et non simultanée.
Par contre, via l’écho Doppler, on mesure le gradient maximal instantané. Le gradient est
alors mieux corrélé aux mesures hémodynamiques. Malheureusement, le Doppler mesure
parfois des gradients surestimés.
259
Avec une sténose
Un cathéter Swan-Ganz permet de mesurer la pression mais aussi d’envoyer de l’eau. En
effet, on injecte de l’eau froide qui va alors servir de colorant. Ensuite, on regarde où il arrive
et en combien de temps. Par la suite, on mesure à nouveau la température. L’air sous la
courbe de la température nous donne alors le débit cardiaque.
Comme on connaît déjà le gradient de pression, des formules vous nous permettre de
calculer la surface de la valve. Cependant, on utilise cette technique de moins en moins car on
mesure le gradient de pression souvent avec une échographie cardiaque.
Ce cathéter Swan-Ganz est muni d’un ballon qui permet de mesurer la pression derrière le
ballon. Il permet aussi de prendre du sang et de mesurer la saturation.
L’apparition des symptômes est précédée d’une longue période asymptomatique qui peut
durer plusieurs années. L’angor, la syncope d’effort et la dyspnée d’effort sont les 3 maîtres
symptômes du rétrécissement aortique.
260
b. Pronostic
• Décès dans les 2 ans après l’apparition de signes d’insuffisance cardiaque (+++)
• Décès dans les 3 ans après une syncope
• Décès dans les 5 ans après un angor
c. Symptômes
d. Examen
• Une diminution de la pulsatilité artérielle : pouls faible avec une ascension lente. La
pression aortique systolique et la pression différentielle sont en général diminuées.
• Un frémissement palpatoire perçu avec le plat de la main, au foyer aortique, le patient
étant en fin d’expiration penché en avant. C’est le signe d’un rétrécissement aortique
significatif.
• Un élargissement du choc de pointe, dévié en bas et à gauche sur dilatation du
ventricule gauche.
e. L’auscultation
Le rétrécissement aortique va évoluer avec un bas débit vers un souffle moins intense voire
quasiment inaudible.
f. Les complications
261
• Une hyperexcitabilité ventriculaire
• Des embolies calcaires systémiques : cerveau, rein, coronaires et artère centrale de la
rétine (responsable de pertes transitoires de la vision)
g. Radiographie du thorax
De face De profil
h. ECG
Le plus souvent l’ECG est anormal dans les rétrécissements aortiques serrés avec :
• Il faut que le critère de Sokolow soit positif. Pour que ce dernier soit positif, il faut que
S (V1 à V3) + R (V4 à V6) soit supérieur à 3,5 mV ou 35 mm.
• Une élévation du ST de forme concave ascendante avec une onde T positive dans les
dérivations droites
• Une dépression du ST ascendante convexe avec une onde T négative asymétrique
dans les dérivations gauches
262
i. Echocardiographie trans-thoracique
Elle permet de voir de façon optimale la valve malade. On peut mesurer l’hypertrophie du
ventricule gauche et estimer sa masse.
263
Echographie trans-thoracique Doppler
Pour une surface en dessous de 1 cm2, on peut avoir des gradients entre 30 et 70. Il y a donc
une importance d’intégrer le gradient de pression et le débit.
Du coup, une sténose aortique peut être associée à une insuffisance aortique.
Il est possible d’avoir des gradients de 20 associés à une sténose serrée. On fait alors une
échocardiographie trans-œsophagienne car elle nous permet d’avoir une meilleure résolution
pour pouvoir mesurer la distance entre les cuspides.
Du coup, pour faire la différence entre ces 2 entités, on fait une échographie à la dobutamine.
En effet, la dobutamine doit normalement augmenter la contraction.
264
7. Autres examens
• Le test d’effort
• L’échocardiographie de stress
• La résonnance magnétique
• Le CT-scan
• Le cathétérisme
a. Indications de la coronarographie
Pour les patients jeunes, on peut éventuellement faire un CT-scan. S’il n’y a pas de lésions
coronaires, on ne fait pas de coronarographie. Le CT-scan coronaire permet d’exclure une
pathologie coronarienne.
TRAITEMENT
1. Indications
Le traitement est indiqué seulement quand on commence à avoir des symptômes. Cela ne
sert à rien de traiter avant. On voit d’ailleurs sur le graphe que la survie diminue peu avant la
perception des symptômes.
a. Rétrécissement aortique symptomatique
Tout rétrécissement aortique serré symptomatique doit être opéré. Il faut tenir compte du
risque vital et du pronostic du patient (néoplasie, …). C’est une intervention pratiquement
sans limite d’âge, si l’état général est conservé.
265
b. Rétrécissement aortique asymptomatique
Si le rétrécissement aortique est très serré (surface inférieure à 0,75 cm²) et est associé à un
retentissement ventriculaire gauche (HVG importante), il est probablement préférable
d’intervenir afin d’assurer au patient une meilleure récupération à long terme de la fonction
ventriculaire gauche après l’intervention.
C’est un problème difficile car le risque opératoire est plus élevé et le pronostic est plus
mauvais à long terme. On réalise alors une échographie-doppler de stress sous dobutamine.
On mesure alors le risque opératoire en fonction de la réserve contractile du myocarde
2. Arbre décisionnel
S’il y a une irradiation importante au niveau du médiastin, c’est une contre-indication.
La prothèse mécanique impose un traitement anticoagulant à vie. Elle a une longue durée de
vie et est indiquée chez le sujet jeune.
266
La prothèse biologique évite le traitement anticoagulant. Elle est indiquée si le patient est âgé
(plus de 65-70 ans). Cependant, cette valve présente un risque de dégénérescence dans les
10 à 15 ans.
4. La valvuloplastie percutanée
On provoque une dilatation du rétrécissement aortique par un ballon situé à l’extrémité d’un
cathéter introduit de manière rétrograde dans l’aorte à partir d’un point de ponction fémoral.
Le ballon permet de faire un peu de place pour que les cuspides se remettent correctement.
Cette technique est pratiquement abandonnée en raison du taux très élevé de resténose
précoce. Elle est parfois proposée aux patients très âgés (> 80–85 ans), très fragiles pour
lesquels on hésite à envisager l’intervention chirurgicale. En cas d’amélioration
hémodynamique nette après une dilatation, on peut profiter de la période pendant laquelle
le processus de resténose n’est pas encore intervenu pour réaliser le remplacement valvulaire
dans de meilleures conditions.
La sténose aortique est une pathologie du sujet âgé ayant souvent d’autres facteurs de
comorbidité : une insuffisance respiratoire, rénale, cardiaque, un diabète, …
b. Problèmes
Un grand nombre de patients sont considérés comme « inopérables » à cause de ces facteurs
de comorbidité qui augmentent le risque opératoire.
Pendant des décennies, ces patients étaient considérés en dehors de toute ressource
thérapeutique.
c. Solution
Il faut trouver un moyen pour remplacer la valve aortique sans chirurgie, sans thoractomie,
sans clampage aortique, sans circulation extracorporelle et sans anesthésie générale.
d. Histoire
Avant on dilatait la valve sténosée au ballon, mais la sténose récidivait. Ensuite, A. Cribier a
inventé la prothèse valvulaire (valve Edwards car c’est les seuls qui ont soutenu le projet).
267
e. Choix des patients
• Multidisciplinaire
• Patients inopérables ou à haut risque opératoire
• Bonne espérance de vie théorique s’il y a une correction de la valvulopathie
• Faisabilité technique de la procédure (voie d’accès, taille de l’anneau aortique...)
f. Bilan radiologique préopératoire
g. Contre-indications
268
Selon les recommandations ESC 2012, le TAVI ne peut être considéré qu’après une
concertation pluridisciplinaire (anesthésiste, chirurgien, cardiologue, radiologue, …)
h. Principe
Les valves
Voies d’accès
269
i. Les complications
j. Les résultats
La THV SAPIEN Edwards améliore considérablement la survie.
6. Mots clés
• Sténose aortique serrée symptomatique
• Haut risque opératoire
• Décision multidisciplinaire
• Voie percutanée
• Un patient sauvé pour 5 patients traités
270
Les valvulopathies aortiques
OBJECTIFS
1. Savoir
• Diagnostiquer une insuffisance aortique
• Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient
2. Spécifique
• Connaître la définition de l’insuffisance aortique (IA).
• Connaître la physiopathologie de l’IA chronique volumineuse et de l’IA aigue.
• Connaître les principales étiologies des IA.
• Savoir reconnaître une IA à l’auscultation.
• Connaître les signes cliniques, l’apport de l’échocardiographie et des examens
d’imagerie en coupes (IRM, scanner).
• Connaître l’évolution et les complications : risque de dissection ou de rupture de la
paroi aortique en cas de maladie annuloectasiante, de syndrome de Marfan ou de
bicuspidie.
• Savoir surveiller les patients porteurs d’IA volumineuse.
• Connaître les critères d’indications chirurgicales, cliniques et échocardiographiques
des IA (a)symptomatiques.
• Savoir traiter des patients non opérés d’emblée.
• Connaître les modalités du traitement chirurgical et le suivi des patients opérés.
• Savoir mesurer le rapport bénéfice – risque des deux types de prothèses : biologique
et mécanique en cas de remplacement valvulaire
INTRODUCTION
La cardiologie est simple…
271
1. Etiologie en Europe
On remarque que l’insuffisance aortique est moins souvent causée par une maladie
dégénérative par rapport à la sténose aortique.
L’insuffisance aortique peut avoir plusieurs causes qui seront, de la plus importantes à la
moins importantes :
1) Dégénerescence
2) Rhumatisme
3) Endocardite
4) Inflammation
5) Congénitale
6) Autres
DÉFINITION
L’insuffisance aortique est à l’origine d’une régurgitation valvulaire aortique ou fuite aortique.
On aura donc un écoulement anormal (et turbulent) de sang de l’aorte vers le ventricule
gauche en diastole. Il faut quand même différencier les insuffisances aortiques aigues des
insuffisances aortiques chroniques.
Les fuites se font à haute vitesse ce qui entraine des turbulences qui provoquent l’apparition
d’un souffle en diastole.
1. Etiologies
a. L’insuffisance aortique aigue
272
• Insuffisance aortique rhumatismale (RAA)
• Insuffisance aortique des maladies inflammatoires ou infectieuses (Takayasu : cause
des arthrites inflammatoires, spondylarthrite ankylosante, …)
• Insuffisance aortique malformative, notamment sur bicuspidie aortique
Elle est due exclusivement à la dilatation de l’anneau aortique. Du coup, les valves ne sont
plus jointives mais sont normales.
C’est donc une dysplasie élastique intéressant l’anneau aortique, la paroi de l’aorte
ascendante et les valves
Il s’agit du syndrome des valves flasques qui est isolée et donc pas associé à d’autres
malformations.
Le syndrome de Marfan
• L’œil
• Le squelette
• Le cœur et les vaisseaux
En faite, dans cette pathologie, il y a une altération de la média des vaisseaux. Du coup, les
artères deviennent trop élastiques ce qui peut conduire à des anévrismes, à des ruptures, …
• Spondylarthrite ankylosante
• Lupus érythémateux disséminé
• Maladie de Takayasu
• Syphilis tertiaire (fréquente au 19ème siècle mais elle a disparue)
273
Selon les étiologies, l'atteinte est exclusivement valvulaire ou peut comporter une atteinte
associée de l'aorte voisine et parfois des coronaires, comme dans la maladie de Takayasu et la
syphilis tertiaire.
Normalement, la valve aortique comporte 3 cuspides dont 2 des cuspides sont liées au départ
des artères coronaires.
274
Dans un processus rhumatoïde, il y a une fusion des cuspides. Cela cause alors une
incompétence et une sténose de la valve. La valve peut également être incompétente en cas
de dilatation de l’anneau. Cette dilatation peut être provoquée par une hypertension
artérielle incontrôlée ou par un syndrome de Marfan.
PHYSIOPATHOLOGIE
L’importance de la fuite est liée à la taille de l’orifice régurgitant, à la durée de la diastole et
au gradient de pression de part et d’autre de l’orifice aortique.
La compliance du ventricule gauche est grande ce qui explique que le ventricule gauche
fonctionne avec des pressions de remplissage normales pendant de nombreuses années
malgré une dilatation majeure. Ce n’est qu’au terme de l’évolution que la compliance s’altère
du fait de la fibrose et que les pressions de remplissage s’élèvent de façon concomitante à
l’altération de la fonction systolique du ventricule gauche.
Par ailleurs, lorsque l’insuffisance aortique est importante, les pressions diastoliques dans
l’aorte tendent à s’abaisser de telle sorte que la circulation coronaire peut s’en trouver
affectée, d’où une relative hypoperfusion coronaire qui participe peut-être à la genèse de la
fibrose myocardique.
275
Une insuffisance aortique provoque une régurgitation du sang de l’aorte vers le ventricule
gauche en diastole. Si le volume est important, il y a une surcharge mécanique du ventricule
gauche appelée surcharge de volume.
En cas d’insuffisance valvulaire importante, la pression diastolique aortique diminue avec une
diminution secondaire de la circulation coronaire.
1. Biophysique cardiaque
Ceci représente la courbe de pression en fonction du temps. Lorsque l’on entend le 1er bruit
(B1) qui représente la fermeture des valves d’admission (mitrale et tricuspide), la systole
commence.
Le ventricule se contracte pour envoyer le sang dans l’aorte. La pression ventriculaire va donc
augmenter. Lorsque la pression ventriculaire devient la même que la pression aortique, on
assistera à l’ouverture des valves d’éjection (aortique et pulmonaire) et la pression dans
l’aorte va suivre le même profil que la pression du ventricule comme un seul compartiment.
On observe ensuite une diminution de la pression. Lorsque la valve d’éjection se ferme (B2),
la diastole commence et la pression ventriculaire va donc diminuer. A la fermeture de la valve
d’éjection, on observe une augmentation de la pression dans l’aorte qui est causée par le
retour sanguin vers la valve qui se ferme. Si tout se passe bien, qu’il n’y a pas de pathologie, le
flux sera laminaire et l’auscultation ne révèlera que les B1 et B2.
276
Si par contre, on a une pathologie valvulaire, que ce soit une insuffisance ou une sténose, le
flux deviendra turbulent et on entendra un souffle :
• Systolique si :
o Insuffisance mitrale ou tricuspide
o Sténose aortique ou pulmonaire
• Diastolique si :
o Sténose mitrale ou tricuspide
o Insuffisance aortique ou pulmonaire
Avant l’ouverture de la valve aortique, il y a une phase de contraction isovolumétrique, c’est-
à-dire qu’il y a une augmentation de la pression du ventricule sans changement de volume.
Cette phase se termine au moment où la pression du ventricule dépasse la pression de
l’aorte, c’est-à-dire quand la valve aortique s’ouvre.
Cette courbe-ci représente la pression mais en fonction du volume.
1) Le cœur se contracte mais la pression n’est pas suffisante pour que la valve aortique
s’ouvre. La pression va donc augmenter sans changement du volume ventriculaire.
C’est ce qu’on appelle la contraction isovolumétrique.
277
2) La pression ventriculaire a dépassé la pression aortique (la post-charge) et le
ventricule va donc se vider. C’est l’éjection.
3) La pression du ventricule est repassée sous la pression aortique et la valve aortique
s’est fermée. Le ventricule se relâche mais la valve mitrale ne s’est pas encore ouverte
puisque la pression ventriculaire n’est pas encore arrivée au même seuil que la
pression atriale.
4) Le volume augmente avec une légère augmentation de la pression. La valve mitrale
s’est ouverte laissant entrer le sang dans le ventricule. La pré-charge correspond à la
pression au début de la systole.
La droite peut être abaissée si on diminue l’apport de sang dans le ventricule.
278
Ainsi dans l’insuffisance ventriculaire, selon qu’elle soit systolique ou diastolique, on aura une
courbe différente car les paramètres touchés sont différents. Dans l’insuffisance ventriculaire
systolique, c’est la contractilité qui est touchée et donc le point FE déplacé. La droite
d’élastance (passant par le point FE) est donc moins importante. Dans le choc cardiogénique
par exemple, c’est aussi ce paramètre qui est modifié. Dans l’insuffisance diastolique par
contre, c’est la courbe de compliance qui est modifiée.
Si on augmente le volume télédiastolique, par augmentation de la pré-charge ou une
insuffisance aortique, on aura une augmentation du volume éjecté et aussi une augmentation
du travail cardiaque (représenté par l’aire sous la courbe).
279
Une hypertrophie ventriculaire tend au départ à garder une pression pariétale normale. Mais
plus l’hypertrophie est importante, plus les phénomènes compensatoires sont diminués.
Les fibres myocardiques vont alors augmenter de volume. On parle alors d’hyperplasie sans
multiplication cellulaire.
Une hypertrophie concentrique est une hypertrophie où le volume ne change pas mais où il y
a une augmentation de l’épaisseur de la paroi. Par contre, l’hypertrophie excentrique est une
hypertrophie où le volume augmente mais où l’épaisseur de la paroi diminue.
Grâce à sa grande compliance, le ventricule gauche est capable de fonctionner longtemps
avec une pression de remplissage inchangée. Le ventricule gauche a donc une grande
distensibilité en diastole. En effet, les pressions de remplissage du ventricule gauche sont
normales pendant longtemps en dépit d’une dilatation majeure des cavités.
280
5. Décompensation de l’insuffisance aortique chronique
Il y a une évolution péjorative (raisons souvent inconnues) avec une altération de la qualité
intrinsèque de la paroi ventriculaire.
Les fibres myocardiques dégénèrent et une fibrose apparaît. Du coup, la fonction systolique
ventriculaire gauche s'altère.
S’il y a un remplacement valvulaire quand la fibrose est importante, il y aura une persistance
de l’altération de la fonction ventriculaire malgré la suppression de la surcharge mécanique
du ventricule gauche.
281
8. L’insuffisance aortique aigue
Cette insuffisance présente un tableau hémodynamique particulier.
Une fuite très volumineuse provoque une insuffisance cardiaque congestive avec des
dimensions cavitaires normales et une fonction systolique conservée.
La régurgitation valvulaire volumineuse brutale sur une cavité de petite taille et à compliance
normale (et non très élevée comme pour insuffisance aortique chronique) aboutit à une
augmentation de la pression de remplissage du ventricule gauche et donc à un œdème
pulmonaire.
DIAGNOSTIC
Le plus souvent, une insuffisance aortique chronique est découverte fortuitement. Une
insuffisance aortique même volumineuse peut évoluer sans aucune manifestation
fonctionnelle durant de nombreuses années.
La fonction systolique du ventricule gauche est maintenue à très long terme. La compliance
élevée de la cavité empêche l’augmentation de la pression de remplissage et les signes de
congestion pulmonaire. La découverte peut donc notamment se faire lors d’une visite
d'embauche de médecine du travail ou suite à des anomalies de l’ECG ou encore par la
révélation d’une cardiomégalie sur une radiographie.
282
SIGNES CLINIQUES
1. Inspection
Lors de l’inspection, on observe :
2. Palpation
La palpation nous permet de découvrir :
3. Auscultation
Lors de l’auscultation, on entend un souffle diastolique maximum au bord gauche du
sternum, perçu également au 2ème espace intercostal droit, au foyer aortique, irradiant
jusqu'à l'apex. Ce souffle débute avec le 2ème bruit et décroît dans la diastole. Il est holo-
diastolique lorsque l'insuffisance aortique est faible et proto-méso-diastolique lorsqu'elle est
volumineuse.
Son timbre est doux et est de tonalité élevée (vibrations de haute fréquence).
Il est intense si l’insuffisance aortique est volumineuse mais il est souvent faible dans les
insuffisances aortiques peu importante
Le souffle est mieux perçu quand le patient est debout, en expiration forcée avec le thorax
penché en avant.
Souvent, il est associé à un souffle systolique éjectionel au foyer aortique causé par l’éjection
d’un volume important du ventricule gauche.
283
4. Signes périphériques
Les signes périphériques sont dus à une hyperpulsatilité artérielle et une baisse de la tension
artérielle diastolique (jusqu’à 30 mmHg) et donc une augmentation de la tension artérielle
différentielle.
On observe alors un pouls capillaire, un double souffle crural et un hippus ou une athétose
pupillaire.
EXAMENS COMPLÉMENTAIRES
1. ECG
L’ECG est normal dans les formes mineures. Par contre, dans les formes plus sévères,
l’hypertrophie ventriculaire gauche diastolique se traduira par une onde R très augmentée
dans les précordiales gauches. La repolarisation est normale. Par contre, dans la sténose
aortique, la repolarisation est anormale.
Sur cet ECG, l’indice de Sokolow est positif. Cet indice vaut la somme de S en V1 à V3 et R en
V4 à V6. Cette somme doit normalement être inférieure à 35mm soit 3,5 mV mais dans le cas
d’une hypertrophie ventriculaire gauche, ce n’est pas le cas.
Dans une hypertrophie ventriculaire gauche, il est possible d’avoir une élévation du segment
ST de forme concave ascendante avec une onde T positive dans les dérivations droites.
Il est également possible d’avoir un segment ST ascendant convexe avec une onde T négative
asymétrique dans les dérivations gauches.
L’hypertrophie ventriculaire gauche systolique avec surcharge par contre montrera une onde
T inversée.
284
Il y a des troubles auriculo-ventriculaires dans les formes graves. Par exemple, en post-
endocardite bactérienne.
L’aspect de pseudo-nécrose avec des ondes Q dans les dérivations précordiales est le signe de
formes graves.
2. Radiographie du thorax
Les insuffisances aortiques de petit volume ne montrent pas de signes radiologiques. Par
contre, les insuffisances aortiques volumineuses présentent :
285
3. Echocardiographie trans-thoracique
Pour faire une échographie, on envoie des ultrasons de 2 à 5 Hz le long d’une ligne. On les
reçoit à chaque fois qu’il y a une interface qui les réfléchit. La sonde enregistre alors un écho.
L’écho est soit faible soit absent.
Avec une écho, on sait mesurer la diamètre du ventricule gauche en systole et en diastole. On
sait aussi mesurer l’épaisseur de la paroi.
286
4. Echocardiographie trans-œsophagienne
Cette échographie se fait au travers la paroi de l’œsophage.
5. Doppler trans-thoracique
Avec cette méthode, on peut mesurer un jet à haute vitesse (5m/s) dont la pression peut
changer.
Elle permet donc de déterminer le gradient de pression qui permet alors de connaître la force
avec laquelle le jet est éjecté du ventricule gauche.
Pour une insuffisance aortique modérée, le temps de vidange du ventricule gauche est
comprise entre 550 et 200 ms. Par contre, si elle est plus sévère, ce temps est inférieur à 200
ms.
Pour un Doppler, on émet des ultrasons qui vont alors se réfléchir contre les globules rouges.
Le son qu’on entend est le son qui est émis et qui revient avec une certaine fréquence. Si les
globules rouges viennent vers nous, le son est plus important que s’ils s’éloignaient. Quand
les globules rouges s’éloignent, on enregistre des vitesses négatives.
287
a. Doppler pulsé ou continu
Avec un Doppler pulsé, on attend un certain temps. Cette méthode est intéressante pour
analyser une vitesse dans une structure anatomique donnée.
Pour le Doppler continu, on enregistre toutes les vitesses données entre la sonde et la
structure.
Un Doppler doit être aligné selon le flux.
Dans une insuffisance aortique, on essaie de voir le jet de régurgitation avec un Doppler
continu. En effet, avec un Doppler pulsé, on ne sait pas se mettre exactement au niveau
d’une valve et donc on a difficile à voir ce jet.
Il est possible de mesurer ce qui se passe au niveau de la valve mitrale et ce qui sort au niveau
de la valve aortique via une sonde Doppler. Dans le cas de l’insuffisance aortique, ce qui sort
de la valve aortique correspond au sang qui est passé au travers de la valve mitrale mais
également au sang qui est passé de l’aorte vers le ventricule gauche dû à la régurgitation.
288
d. Quantification de l’insuffisance aortique
Taille du jet
L’insuffisance aortique est moyenne si la taille du jet de retour est inférieure à 25%. Par
contre, elle est sévère si la taille est supérieure à 60%.
La proximal isovelocity surface area (PISA) est une méthode pour calculer la surface de
régurgitation et la quantité.
6. IRM et CT-scan
Les indications spécifiques sont :
Le scanner et l’IRM sont d'une très grande précision pour dépister les dissections aortiques
lorsque le diagnostic est hésitant après une échographie trans-thoracique ou trans-
œsophagienne.
289
Une échocardiographie est utile car elle nous permet de comprendre les mécanismes de
l’insuffisance aortique.
• Une insuffisance aortique modérée n’a pas d’altération de l’état hémodynamique sauf
en cas d’aggravation de la régurgitation valvulaire
• Une insuffisance aortique volumineuse peut rester asymptomatique malgré une
activité physique et/ou sportive intense pendant plusieurs dizaines d'années
ð Importance du suivi
L’évolution naturelle est la défaillance cardiaque et la mort qui est parfois précipitée par une
endocardite bactérienne. La mort subite, quoique rare, est possible.
290
Dans les insuffisances aortiques dystrophiques, on a une dilatation de l’aorte ascendante avec
un risque important de dissection ou de rupture aortique. Plus l’aorte est dilatée et plus le
risque est important. Il est donc important de surveiller le diamètre de l’aorte
(écho/IRM/scanner).
Il est aussi important d’indexer le diamètre aortique à la surface corporelle (pour les femmes
par exemple).
La prophylaxie de l’endocardite bactérienne pour tout geste portant sur les sinus ou sur les
dents est donc très importante.
Mais ce ne sont pas les seules portes d’entrées. En effet, l’endocardite peut venir de la sphère
gynécologique chez la femme, la sphère urinaire, la sphère digestive et parfois la sphère
cutanée.
291
Les recommandations actuelles de la Conférence de Consensus de 2002 sont de ne plus
utiliser systématiquement d’antibioprophylaxie de l’endocardite infectieuse pour des patients
porteurs d’une valvulopathie sur valve native. Cela est à discuter au cas par cas.
2. La mort subite
C’est une complication rare qui survient parfois chez des patients asymptomatiques. Elle
représente moins de 0,2% par an.
Normalement, elle n’arrive pas sans dilation cavitaire majeure ou sans manifestations
d’insuffisance ventriculaire gauche congestive.
SURVEILLANCE DU PATIENT
Dans l’insuffisance aortique chronique, la stratégie doit s’attacher à :
Le suivi est de 1 à 2 fois par an s’il s’agit d’une fuite importante et tous les 2 à 3 ans en cas de
fuite modérée, avec :
292
• Une dilatation de l’aorte ascendante avec un diamètre supérieur à 55 mm voire 50
mm s’il s’agit d’un syndrome de Marfan ou d’une bicuspidie
Seules les valves à double ailette sont restées. En effet, ces valves ont le meilleur «
rendement hémodynamique » et sont les moins thrombogènes. Elles sont encore implantées
de nos jours.
293
Les valves biologiques sont le plus souvent des valves animales (Carpentier-Edwards®,
Perimount®…) ou xénogreffes, en général porcines, plus rarement des homogreffes d’origine
humaine, de meilleure durabilité, mais peu disponibles.
Les bioprothèses sont le plus souvent montées sur une armature de métal et sont donc
encombrantes. Plus rarement, on met des prothèses sans armature ou stentless.
Il y a 100 000 valves artificielles qui sont implantées annuellement ce qui permet de diminuer
l’incidence des complications liées aux prothèses biologiques.
294
Entre le 8ème et le 10ème jours après l’opération, le patient est envoyé dans un centre de
réadaptation fonctionnelle cardiorespiratoire pendant 4 semaines.
Une échographie trans-thoracique précoce est essentielle car elle va servir de référence pour
le suivi ultérieur. 3 mois après l’opération, on fait une nouvelle échographie.
a. La surveillance clinique
b. La surveillance radiologique
On fait une radio du thorax pour apprécier le volume de la silhouette cardiaque qui doit
diminuer de taille après le remplacement valvulaire.
Le suivi du patient est fondamental. Il faut au minimum faire une échocardiographie par an
pour le suivi du patient au long court.
Ce suivi permet alors d’apprécier le jeu de l’élément mobile. L’écho Doppler permet de
mesurer les gradients trans-prothétiques.
Il est possible d’avoir une fuite prothétique qui est intra-prothétique ou extra-prothétique à
cause d’une désinsertion de la prothèse.
295
Un équilibre parfait du traitement anticoagulant avec les anti-vitamines K est indispensable à
vie. Il faut également faire une surveillance par INR. Cet INR doit être au minimum de 2,5 mais
cela varie en fonction du type de valve.
Le traitement anticoagulant ne doit jamais être interrompu sauf si le patient fait une
hémorragie qui met en jeu son pronostic vital immédiat.
Il faut faire une extraction dentaire comme traitement ambulatoire avec un INR de 2 à 2,5.
Pour une chirurgie extra-cardiaque, il faut un arrêt de l’anti-vitamine K pour obtenir un INR à
1. De plus, on administre de l’héparine non fractionnée pour un TCA doublé.
EN RÉSUMÉ
• L'insuffisance aortique (IA) est une valvulopathie assez peu fréquente. Elle est le plus
souvent chronique, mais des formes aigues existent, notamment en cas d'endocardite
infectieuse.
• Les formes les plus fréquentes dans les pays occidentaux sont les IA dystrophiques,
notamment l'IA annulo-ectasiante, dans laquelle les valves aortiques sont normales.
C'est la racine de l'aorte et la partie initiale de l'aorte ascendante qui sont dilatées ce
qui fait que les valves ne sont plus jointives.
• L'IA annulo ectasiante comporte de plus un risque de dissection ou de rupture de la
paroi aortique. Il arrive donc que l'indication opératoire soit portée non pas sur le
retentissement ventriculaire gauche de l'IA mais sur le diamètre de l'aorte ascendante
(lorsqu'il atteint 50 à 55 mm).
• L'IA chronique est une valvulopathie particulièrement sournoise. Elle peut rester
asymptomatique pendant de nombreuses années, voire des décennies. Lorsque les
symptômes apparaissent, la situation est déjà très évoluée, le ventricule gauche est le
siège de lésions irréversibles qui persisteront après le remplacement valvulaire
aortique.
• De ce fait, on est souvent amené à opérer des IA chroniques alors que les patients
sont asymptomatiques. L'indication opératoire est portée essentiellement sur des
critères échocardiographiques.
• La surveillance des patients porteurs d'IA volumineuse doit donc être attentive et au
moins annuelle.
• Les porteurs d'IA sont tout particulièrement exposés au risque d'endocardite
infectieuse et la prophylaxie doit être rigoureuse dans ce cas.
296
Les valvulopathies mitrales
OBJECTIFS
1. Savoir
• Diagnostiquer une insuffisance mitrale
• Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient
2. Spécifique
• Connaître la classification de Carpentier.
• Connaître les principales étiologies des IM chroniques.
• Connaître la sévérité, les mécanismes et les étiologies des IM aiguës.
• Connaître les caractéristiques physiopathologiques, cliniques et pronostiques du
prolapsus valvulaire mitral de Barlow.
• Savoir identifier une IM sur les critères d’auscultation.
• Savoir le rôle essentiel de l’échocardiographie dans la confirmation du diagnostic, la
précision du mécanisme, la quantification de la sévérité et les principales mesures et
savoir pourquoi prescrire une échocardiographie trans-œsophagienne
• Connaître la classification en 4 grades des IM.
• Savoir que l’apparition des symptômes marque un tournant évolutif faisant discuter
l’indication opératoire.
• Connaître les indications opératoires des IM asymptomatiques.
• Savoir que la plastie reconstructrice doit prévaloir sur le remplacement valvulaire mais
en connaître les limites.
• Savoir mesurer le rapport bénéfice – risque des deux types de prothèses : biologique
et mécanique.
• Connaître les modalités de surveillance chez un patient ne relevant pas d’une
indication chirurgicale.
297
L’insuffisance mitrale est principalement causée par les processus dégénératifs alors que la
sténose mitrale est principalement causée par les maladies rhumatismales.
La particularité de l’atteinte mitrale est sa possible étiologie ischémique.
L’INSUFFISANCE MITRALE
C’est un écoulement anormal et turbulent du sang du ventricule gauche vers l’oreillette
gauche en systole. Il faut différencier les insuffisances mitrales aigues et chroniques.
298
1. Rappel anatomique
Il faut se souvenir que toutes les valves sont dans un même plan. Du coup, une endocardite
peut passer d’une valve à l’autre par proximité.
La valve mitrale est principalement constituée d’un feuillet antérieur. On retrouve également
un feuillet postérieur qu’on divise en 3 segments.
2. La classification de Carpentier
Normalement, en systole, les deux feuillets de la valve mitrale s’affrontent dans le plan de
l’anneau. La classification de Carpentier va donc se baser sur la position des valves en systole :
• Type 1 : les valves sont dans le plan de l’anneau lors de la systole et le jeu valvulaire
est normal. Le problème est donc dans ce cas-ci causé par une perforation, des fentes
299
ou encore une insuffisance mitrale fonctionnelle (cardiopathie ischémique,
cardiomyopathies dilatées).
• Type 2 : une valve au moins dépasse le plan de l’anneau en systole et le jeu valvulaire
est exagéré. On retrouve ce type d’insuffisance mitrale dans le cas des insuffisances
mitrales dystrophiques (Barlow, Marfan, …) avec un prolapsus d’au moins une des 2
valves ou une insuffisance mitrale secondaire à une rupture de pilier (trauma,
infarctus, …
• Type 3 : une valve au moins est sous le plan de l’anneau lors de la systole et le jeu
valvulaire est restrictif comme dans les insuffisances mitrales post-rhumatismales,
post-radique, dans le lupus ou carcinoïde.
Le type 3b est causé par une fermeture limitée suite à une limitation des mouvements des
feuillets. On le retrouve dans les cardiomyopathies ischémiques ou dilatées.
300
La dilatation de l’anneau est souvent associée à une dilatation du ventricule. Du coup, la valve
ne sait plus se fermer car les piliers valvulaires sont trop court.
3. Les étiologies
• Insuffisance mitrale rhumatismale
• Insuffisance mitrale dystrophique
• Insuffisance mitrale sur endocardite
• Insuffisance mitrale ischémique
• Insuffisance mitrale fonctionnelle
• Causes rares
Elle est devenue rare depuis la prévention du rhumatisme articulaire aigu. Elle est le plus
souvent associée à un rétrécissement mitral et à une atteinte de la valve aortique. Les valves
sont épaissies et rétractées. L’appareil sous valvulaire est remanié et les cordages raccourcis.
Des ruptures de cordages sont possibles
Le rhumatisme articulaire aigu est devenu peu fréquent dans nos régions. Par contre, il reste
présent en Afrique, au Maghreb, …
C’est une étiologie très fréquente. Elle correspond au type II de Carpentier, caractérisée par
des élongations ou des ruptures de cordages, associées ou non à une ballonnisation du tissu
valvulaire, responsables d’un prolapsus valvulaire mitral.
L’anomalie peut prédominer sur la petite valve, sur la grande valve ou les 2.
301
• Les dégénérescences fibro-élastiques : plus fréquentes, surviennent chez les sujets
âgés, plus souvent les hommes et intéressent particulièrement la petite valve. A
l’inverse du cas précédent, la surface du tissu valvulaire est normale et le mécanisme
essentiel de la fuite est une rupture de cordages.
Elle survient dans plus de la moitié des cas sur une lésion préexistante, un prolapsus valvulaire
mitral ou une insuffisance mitrale d’une autre étiologie.
Les lésions sont végétantes et mutilantes. L’insuffisance mitrale est le plus souvent en rapport
avec des ruptures de cordages (type II de Carpentier) ou des perforations valvulaires (type I
de Carpentier), surtout de la grande valve.
• Rarement causé par une rupture de pilier : particulièrement grave, en règle associée à
un infarctus. Il s’agit soit de ruptures partielles, soit de ruptures complètes qui en
général entraînent rapidement le décès si elles ne sont pas opérées d’urgence
• Plus fréquemment, il s’agit d’une insuffisance mitrale « fonctionnelle » due à la
modification de l’architecture du ventricule gauche et à la dilatation de l’anneau mitral
par un remodelage sphérique du ventricule gauche avec un déplacement apical et
postérieur des piliers et une traction sur les cordages empêchant une bonne
coaptation (type III de Carpentier).
Une insuffisance mitrale ischémique, même modérée, est un facteur de mauvais pronostic
indépendant.
Le pilier de la valve mitrale est constitué de muscle. Du coup, ce muscle peut se rompre en
cas de nécrose (ischémie).
Elle est rencontrée à un stade évolué de toutes les cardiopathies (ischémiques ou non) en cas
de dilatation et d’atteinte globale de la fonction systolique.
302
• Une fibrose endomyocardique des syndromes hyper-éosinophiliques
• Au cours d’un lupus
• Les tumeurs carcinoïdes
• Les calcifications de l’anneau mitral, d’origine dégénérative
Plus l’insuffisance mitrale sera grave plus les pressions dans l’oreillette vont augmenter. Le
gradient entre le ventricule et l’oreillette est beaucoup plus faible.
5. Mécanismes physiopathologies
La régurgitation mitrale a des conséquences en amont et en aval.
• En aval :
o Une surcharge diastolique du ventricule gauche entraînant une dilatation de la
cavité
o A la longue, il y a l’apparition d’une altération de la contractilité intrinsèque du
ventricule gauche (par distension chronique des fibres) irrécupérable
• En amont :
o Une hypertension artérielle pulmonaire post-capillaire par élévation de la
pression de l’oreillette gauche
o L’élévation de la pression artérielle pulmonaire dépend du volume régurgité et
de la compliance de l’oreillette gauche et des veines pulmonaires.
303
En cas d’insuffisance mitrale chronique, très souvent la compliance de l’oreillette gauche
s’adapte ce qui permet de maintenir la pression intra-auriculaire pratiquement normale
malgré un volume régurgité relativement important. Du coup, la pression artérielle
pulmonaire est peu élevée, voire normale.
En cas d’insuffisance mitrale aigue, la compliance de l’oreillette gauche est d’emblée
inadaptée. Du coup, il y a l’apparition d’une hypertension pulmonaire qui est immédiatement
importante.
6. Diagnostic
a. Circonstances de découverte
Une insuffisance mitrale peut être diagnostiquée par découverte d’un souffle à l’occasion
d’une visite systématique ou l’apparition des signes fonctionnels.
On peut aussi la découvrir lorsque les complications apparaissent (OAP, fibrillation atriale) ou
lors d’un bilan pour fièvre mais dans ce cas précis, c’est pour la forme endocarditique.
304
b. Les signes fonctionnels
Ils sont absents dans l’insuffisance mitrale modérée. Par contre, si elle est symptomatique, le
patient peut présenter :
7. Examen clinique
a. La palpitation
b. L’auscultation
305
• Une hypertrophie ventriculaire droite avec une hypertension artérielle pulmonaire
sévère pour les insuffisances mitrales évoluées.
Pour l’hypertrophie auriculaire droite, l’onde P est plus ample que la normale.
La déviation axiale droit correspond à la présence d’un QRS négatif en DI.
Dans l’hypertrophie ventriculaire droite, le complexe est négatif en fin de systole en V5 – V6.
b. La radiographie thoracique
La radiographie sera normale dans les insuffisances mitrales minimes ou modérées mais peut
montrer :
306
• Une dilatation de l’oreillette gauche (arc moyen gauche convexe, débord arc inférieur
droit)
• Des signes d’hypertension artérielle pulmonaire en cas d’insuffisance mitrale
chronique évoluée ou aigue :
o Une dilatation des artères pulmonaires
o Une redistribution vasculaire vers les sommets
o La présence de lignes de Kerley aux bases
o Un œdème alvéolaire
c. L’échocardiographie trans-thoracique et trans-œsophagienne
C’est l’examen clé comme dans l’évaluation de toutes les valvulopathies. L’échocardiographie
trans-thoracique complétée très souvent par l’échographie trans-œsophagienne doit faire
partie du bilan de toute insuffisance mitrale.
La fuite est confirmée par un signal doppler holo-systolique en arrière du plancher mitral
enregistré en doppler pulsé ou continu et en couleur.
307
L’appréciation du retentissement se fait via :
Il faut également faire un contrôle des autres valves.
308
d. Le cathétérisme
Cet examen invasif a perdu beaucoup de son utilité vu les ETT et ETO.
L’alternative chez les patients jeunes sans facteurs de risque est l’angio-CT.
L’onde V correspond à une élévation de la pression dans l’oreillette gauche liée au sang qui
revient.
• Grade 1 (IM 1/4) : régurgitation minime de produit de contraste qui se lave à chaque
cycle
• Grade 2 (IM 2/4) : régurgitation modérée opacifiant complètement mais faiblement
l’oreillette gauche et ne se lavant pas complètement à chaque systole
• Grade 3 (IM 3/4) : régurgitation volumineuse remplissant complètement l’oreillette
gauche avec une densité égale à celle du ventricule gauche
• Grade 4 (IM 4/4) : régurgitation massive opacifiant l’oreillette gauche en systole avec
une accentuation du reflux à chaque systole et un reflux dans les veines pulmonaires
309
e. L’épreuve d’effort avec la mesure de la consommation d’oxygène
Elle permet de mieux apprécier la capacité à l’effort du patient. Elle est surtout utile pour les
patients « asymptomatiques ».
Elle est surtout intéressante pour les patients qui ont une insuffisance mitrale modérée à
sévère et qui ne présentent aucune plainte.
9. Le prolapsus mitral
C’est un cas particulier d’insuffisance mitrale.
C’est un syndrome caractérisé par un prolapsus plus ou moins complet d’un ou des 2 feuillets
valvulaires mitraux dans l’oreillette gauche pendant la systole.
• Totalement absents
• Ceux de l’insuffisance mitrale
D’autres signes sont fréquemment rencontrés chez les patients atteints de prolapsus mitral :
• L’anxiété
• Des palpitations
• Des douleurs thoraciques atypiques
• Des malaises lipothymiques
310
b. Examen clinique
Il faut également une recherche de signes d’autres pathologies associées (ex : stigmates de la
maladie de Marfan).
d. Evolution
311
L’évolution est excellente s’il n’y a aucun facteur de risque. Les facteurs de risque sont définis
comme :
• Primaires :
o Une insuffisance mitrale modérée à importante
o Une fraction d’éjection inférieure à 50%
• Secondaires :
o Une insuffisance mitrale faible
o Une dilatation de l’oreillette gauche supérieure à 40 mm
o Un défaut de coaptation de la valve
o Une fibrillation auriculaire
o Plus de 50 ans
Si on a un facteur de risque primaire, le pronostic est bien plus mauvais. Les facteurs de
risque secondaires sont moins graves et compromettent moins le pronostic.
La décision d’une intervention chirurgicale doit être baser sur la somme des facteurs de
risque car plus le patient présente des facteurs de risque, moins son pronostic vital est bon.
10.Evolution naturelle
Elle est fonction :
• Du volume régurgité
• De l’étiologie
• De la rapidité de la constitution de l’insuffisance mitrale
• De la fonction ventriculaire gauche
• Des lésions associées, en particulier d’une coronaropathie
312
Si on opère le patient suffisamment tôt, on améliore son pronostic vital par rapport à un
traitement essentiellement médical.
Plus la fraction d’éjection est basse et plus la chirurgie est recommandée.
11.Les complications
• L’endocardite infectieuse
• Les troubles du rythme :
o La fibrillation atriale ou flutter atrial : leur apparition peut entraîner une
décompensation cardiaque. Ils sont favorisés par la dilatation de l’oreillette
gauche
o Les troubles du rythme ventriculaire sont plus rares, traduisant en général une
détérioration de la fonction ventriculaire
• Une insuffisance cardiaque : en général, elle est d’apparition tardive dans les
insuffisances mitrales chroniques. Elle peut survenir rapidement en cas d’insuffisance
mitrale aigu. Elle peut être favorisée par un trouble du rythme.
• Des complications thrombo-emboliques :
o Une thrombose de l’oreillette gauche souvent asymptomatique
o Pouvant donner une embolie périphérique
o Souvent favorisée par la fibrillation atriale (+++) et/ou la dilatation des cavités
cardiaques gauches
o Une embolie pulmonaire dans les cas d’insuffisance mitrale évoluées avec une
ventricule gauche dilaté et à bas débit
12.La surveillance
Si on a une insuffisance mitrale minime à modérée, on fera une réévaluation clinique, une
échocardiographie et une prévention d’Osler (prévention de l’endocardite lors de certains
actes comme les traitements dentaires).
Si l’insuffisance mitrale est de grade III ou IV, on fera une surveillance écho tous les 6 mois et
si on a un retentissement et l’apparition de symptômes comme une dyspnée, on envisagera
la chirurgie.
313
13.Traitement médical
En cas de poussée d’insuffisance cardiaque, on traite classiquement par des diurétiques de
l’anse, des vasodilatateurs, des digitaliques en cas de fibrillation atriale ou au long cours s’il y
a une contre-indication à une intervention chirurgicale.
S’il n’est pas possible de faire une plastie, il faut remplacer la valve si la fraction d’éjection est
supérieure à 30%. Par contre, si la fraction d’éjection est inférieure à 30%, le remplacement
valvulaire devient contre-indiqué. Il faut alors en rester au traitement médical ou discuter
(patient jeune) pour une transplantation cardiaque.
Une des alternatives est la pose percutanée de clips sur la valve mitrale.
Pour une insuffisance mitrale chronique importante de stade III ou IV asymptomatique, il faut
faire une chirurgie en privilégiant si possible la plastie reconstructrice si l’insuffisance mitrale
retentit sur le ventricule gauche :
314
C’est le traitement idéal. L’avantage principal de cette technique est que le patient ne doit
pas prendre d’anticoagulant en post-opératoire.
Cette chirurgie est indiquée dans les prolapsus avec ou sans rupture de cordages et est
possible dans certains cas d’insuffisance mitrale post-rhumatismale si la valve n’est pas trop
remaniée. Elle est également faisable dans certains cas d’insuffisance mitrale ischémique
mais elle nécessite une expérience importante. Il existe tout de même un risque de récidive
de l’insuffisance mitrale à long terme impliquant une réintervention.
b. Le remplacement valvulaire
On effectue un remplacement valvulaire s’il y a une impossibilité de faire une plastie sur une
valve et sur l’appareil sous-valvulaire trop remaniés.
On met alors une prothèse mécanique qui nécessite un traitement anticoagulant. Cette
prothèse a une longue durée de vie. Elle est indiquée si le patient est âgé de moins de 70 ans.
Elle est également indiquée s’il y a une nécessité d’un traitement anticoagulant de toute
manière comme dans le cas d’une fibrillation atriale.
315
16.En résumé
• L'insuffisance mitrale (IM) est la valvulopathie la plus fréquemment rencontrée dans
les pays occidentaux après le rétrécissement aortique calcifié chez les plus de 60 ans
• Les formes rhumatismales sont devenues rares dans les pays développés et la forme
dystrophique, par dégénérescence fibro-élastique, du sujet de plus de 60 ans est de
loin la plus fréquente.
• De ce fait, l'IM se manifeste volontiers sous une forme aiguë, le plus souvent par
rupture spontanée de cordages mitraux, qui portent surtout sur la valve postérieure
ou petite valve. Dans cette forme, le tableau clinique inaugural est souvent brutal
(œdème aigu du poumon). Le rythme sinusal persiste.
• Il est essentiel de préciser le mécanisme de l'insuffisance mitrale et son étiologie car
c'est de ces constatations que dépendront les possibilités de réparation valvulaire
(plastie). ETT et ETO permettent de préciser le mécanisme et de prédire la possibilité
d'une plastie chirurgicale.
• De fait, la plastie mitrale chirurgicale, décrite par Carpentier à Paris il y a une trentaine
d'années, est devenue la méthode de choix du traitement de la plupart des IM. Elle
est maintenant possible dans près de ¾ des cas et est grandement préférable au
remplacement valvulaire mitral par prothèse.
• Du fait des possibilités de conservation valvulaire, l'indication opératoire est plus
précoce que dans le passé.
• La précocité de la chirurgie et l'usage de la plastie améliorent nettement la survie des
patients opérés pour IM par rapport à celle des patients qui ont eu un remplacement
valvulaire autrefois.
• L'IM expose au risque d'endocardite infectieuse (EI) et la prévention de l'EI est
hautement souhaitable.
LA STÉNOSE MITRALE
1. Définition
On parle de rétrécissement mitral quand la surface est réduite à moins de 2 cm2. Le
rétrécissement mitral est serré si la surface est inférieure à 1,5 cm2.
2. Epidémiologie
C’est une maladie de la femme jeune en âge de procréation (4 femmes pour un homme). Elle
est endémique dans les pays en voie de développement. Elle est exceptionnelle est Europe et
en Amérique du Nord.
316
Le RAA peut aussi se présenter sous des formes articulaires, neurologiques, cutanées et
cardiaques :
L’atteinte cardiaque au cours du RAA est une pancardite. Elle touche le péricarde
(péricardite), le myocarde (myocardite) et surtout les valves qui conditionnent le pronostic.
L’atteinte cardiaque est asymptomatique dans 50% des cas et se résume à l’auscultation à un
souffle cardiaque. Quand elle est symptomatique, elle peut varier d’une discrète dyspnée à
une sévère insuffisance cardiaque. Bien que l’hypothèse auto-immune (similarité entre les
protéines du Streptocoque B et les tissus valvulaires) tente d’expliquer l’atteinte valvulaire au
cours du RAA, ce mécanisme n’est pas clairement élucidé.
a. Le traitement
317
b. Epidémiologie
Elle est endémique dans les pays en voie de développement ou dans les pays où le système
de santé est défaillant (35/100 000 habitants).
Elle est exceptionnelle est quasiment éradiquée dans les pays développés (1/100 000
habitants).
318
6. Physiopathologie
La seule structure protégée dans cette pathologie est le ventricule gauche. En effet, il y a une
dilatation de l’oreillette gauche ce qui provoque l’apparition d’une hypertension artérielle
pulmonaire. Cette hypertension est réversible au début si on la corrige mais la persistance de
cette hypertension provoque une modification des vaisseaux intra-pulmonaires ce qui fait
que le ventricule droit doit augmenter son régime de pression. Du coup, le ventricule droit va
également se dilater ce qui entraine une dilatation de l’anneau valvulaire. Cette dilatation
conduit alors à une insuffisance tricuspidienne qui se répercute sur l’oreillette droite.
Il est important de noter que la dilatation de l’oreillette gauche peut provoquer des
fibrillations auriculaires et donc des complications thromboemboliques (AVC, …)
7. Signes cliniques
a. Interrogatoire
Lors de l’interrogatoire, les antécédents personnels révèlent que le patient a déjà présenter
un rhumatisme articulaire aigu ou des angines à répétition.
Pour l’auscultation, le patient sera installé en décubitus latéral gauche et en apnée expiratoire
pendant l’auscultation du foyer mitral pour révéler la triade de Durozier :
320
8. Les signes paracliniques
a. L’ECG
Pour une hypertrophie ventriculaire droite, on observe :
321
L’ECG d’une fibrillation auriculaire
b. La radiographie du thorax
La silhouette mitrale
L’arc inférieur gauche est normal. Par contre, l’arc moyen gauche perd sa forme concave et
devient rectiligne ou convexe avec parfois un aspect en double bosse.
On observe un aspect en double contour pour l’arc inférieur droit. Il est possible d’observer
des calcifications valvulaires et un débord droit s’il y a un retentissement sur les cavités
droites.
Le poumon mitral
322
c. L’échographie
La grande valve est déformée en « genou fléchi » séparée de la petite valve par un orifice
réduit. La petite valve est rétractée et peu voire pas mobile.
L’appareil sous-valvulaire est remanié avec des échos denses des cordages, parfois fusionnée
en un massif fibreux ou fibro-calcaire.
On utilise un doppler pour voir le flux transmitral qui permet de calculer le gradient
transmitral. Il y a une pente décroissance du flux mitral (pressure half time ou PHT) qui
permet d’estimer la surface mitrale.
L’échocardiographie trans-œsophagienne
On l’a fait essentiellement pour rechercher un éventuel thrombus dans l’oreillette gauche. On
l’a fait également dans un but thérapeutique au cours d’une dilatation mitrale percutanée.
323
L’échocardiographie permet aussi :
Le score de Wilkins
d. Place du cathétérisme cardiaque
On l’utilise exceptionnellement dans un but diagnostique. Il permet de mesurer le gradient
diastolique entre l’oreillette gauche et le ventricule gauche. Il permet également de mesurer
les pressions pulmonaires.
324
La coronarographie entre dans le cadre du bilan préopératoire chez les patients ayant des
facteurs de risque cardio-vasculaire et qui ont une indication à un remplacement chirurgical
de la valve mitrale.
9. Les complications
Les complications peuvent révéler la maladie :
10.Le traitement
a. Le traitement médical
Le traitement médical est un traitement palliatif. En effet, il vise à traiter les complications.
325
c. Le traitement chirurgical
Conservateur
• S’il y a une contre indication à la dilatation mitrale percutanée ou une correction des
autres valvulopathies ou coronaropathies
• Prothèse mécanique (âge < 65 ans) : anticoagulation ad-vitam
• Prothèse biologique si le patient est âgé de plus de 65 ans, surtout si rythme sinusal
permanent
Le pannus est une structure fibrinoïde qui s’installe progressivement et qui empêche la valve
de fonctionner correctement.
326
Les péricardites
INTRODUCTION
1. Rappel anatomique
Le péricarde est constitué de 2 feuillets :
Il existe une cavité virtuelle qui est la cavité péricardique. Cette cavité contient 15 à 20 ml de
liquide péricardique.
2. Définition
La péricardite aigue est une inflammation des 2 feuillets du péricarde associée ou non à la
présence d'un épanchement liquidien. La péricardite, c’est aussi des remaniements
inflammatoires avec un afflux de polynucléaires neutrophiles et de lymphocytes, associés à un
dépôt de fibrine et une sécrétion liquidienne par la séreuse.
3. Etiologies
a. Infectieuses
Virales
Ce sont les plus fréquentes (90%) et habituellement bégnines. Les virus en cause sont
nombreux :
• L’entérovirus (coxsackies A et B)
• L’échovirus
• L’adénovirus
327
• Le cytomégalovirus
• Le parvovirus B19
• L’Epstein-Barr
• L’herpès
• Le VIH
• L’hépatite C
• L’influenza, ...
La preuve de l’infection virale est rarement prouvée (la péricardite est dite idiopathique).
Bactérienne
La péricardite bactérienne est dite purulente. Elle est plus rare et beaucoup plus grave. Les
germes en causes sont les Staphylocoques, les pneumocoques, les streptocoques, les bacilles
Gram négatif, ...
Tuberculeuse
C’est une péricardite subaiguë que l’on retrouve chez le sujet immunodéprimé (VIH ++). Elle
peut évoluer en péricardite chronique constrictive.
Parasitaires et mycosiques
b. Non infectieuses
• Inconstants
• Syndrome grippal
• Fièvre : 38 – 38,5°
• Arthralgies, myalgies
328
b. La douleur
c. La dyspnée
d. L’auscultation
2. ECG
Les 4 stades de Holzan sont :
Les sus-décalage du segment ST se caractérise par son caractère diffus, son aspect concave
vers le haut et par l’absence d’images en miroir (ce qui le différencie de la lésion sous
épicardique du STEMI).
• Le sous-décalage de l’espace PQ
• Le micro-voltage : amplitude du QRS inférieur à 5 mm en frontal et à 10 mm en
précordial
• Les troubles du rythme supra-ventriculaire : ESSV, fibrillation auriculaire
329
3. Radiographie du thorax
La radiographie du thorax peut être strictement normale (péricardite sèche ou épanchement
minime). En cas d'épanchement péricardique abondant, la silhouette cardiomédiastinale est
très élargie, avec un aspect triangulaire et symétrique du cœur donnant le classique aspect de
cœur en carafe.
4. Biologie
Le bilan biologique initial doit se limiter aux :
D’autres examens peuvent être demandés s’il y a une orientation clinique, une récidive ou
des signes de gravité :
• Des hémocultures
• Un IDR à la tuberculine
• Une sérologie virale
330
• Un bilan immunologique
• Une ponction biopsique péricardique avec un examen histochimique et
bactériologique
5. Echocardiographie
L'échographie bidimensionnelle et le mode TM permettent de visualiser l'épanchement
liquidien, lorsque celui-ci existe, sous la forme d'un vide ultrasonore (noir), séparant les 2
feuillets du péricarde.
Dans certains cas, l'aspect du cœur est très particulier. Il est hyperkinétique semblant flotter
au sein de cet épanchement liquidien majeur, réalisant l'aspect de "Swinging heart". Enfin,
l'échographie permet de surveiller l'évolution de l'épanchement sous traitement.
Le scanner thoracique et l’IRM cardiaque sont parfois utiles en 2ème intention essentiellement
si :
331
6. Traitement
a. L’hospitalisation
L’hospitalisation ne doit pas être systématique. Elle est indiquée s’il y a des signes de gravité
(cliniques, biologiques, échographiques ou liés au terrain), une orientation vers une étiologie
sous jacente potentiellement grave et en cas d’évolution inhabituelle sous traitement :
b. Les anti-inflammatoires
La durée du traitement est entre 10 et 14 jours en cas d’évolution favorable suivie d’une
dégression progressive des doses. Les corticoïdes sont à éviter à cause d’un risque théorique
de réplication virale et de récidive de la péricardite.
Une protection gastrique par les inhibiteurs de la pompe à proton est nécessaire.
c. La colchicine
En association avec les AINS, elle minimise le risque de récidives à une dose de 0,5 mg x2/j
pendant 3 mois.
332
La dose sera réduite de moitié si :
d. Le traitement étiologique
e. Surveillance
7. Evolution
L’évolution est favorable dans 70 à 90% des péricardites aigues idiopathiques. La résistance
au traitement ou la rechute à la dégression des doses devraient pousser vers une enquête
étiologique plus poussée.
La récidive :
La Colchicine sera prescrite pendant 6 à 12 mois à la dose de 2mg pendant le 1er et le 2ème
jour puis 1mg/j
LA TAMPONNADE
1. Définition
La tamponnade est une compression des cavités droites (car paroi plus mince) par un
épanchement péricardique abondant et/ou d’installation brutale. C’est une urgence. C’est
une cause d’arrêt cardiocirculatoire par adiastolie en l’absence de traitement.
333
2. Physiopathologie
3. Etiologies
Toutes les étiologies de péricardite (purulentes, péricardiques, iatrogènes, traumatiques, …)
peuvent se compliquer d’une tamponnade si l’épanchement est abondant ou si l’installation
est rapide.
4. Signes cliniques
a. Les signes du choc cardiogénique
• Tachycardie
• Hypotension
• Hypoperfusion périphérique : froideur, marbrures, oligurie, …
• Dyspnée avec une auscultation pulmonaire normale
Il y a une turgescence des veines jugulaires. On observe également un œdème des membres
inférieurs, une hépatomégalie si l’installation de la tamponnade est subaiguë.
334
Le pulsus paradoxus est un terme utilisé par Kussmaul en 1873 pour décrire l’absence de
pouls radial à l’inspiration chez les patients souffrant de compression péricardique, alors que
les battements cardiaques auscultés sont réguliers et bien audibles.
En réalité, ce phénomène n’a rien de paradoxal. Il n’est que l’amplification des variations
respiratoires du débit gauche. La définition du pouls paradoxal est une chute de plus de 15%
(> 12 mmHg) de la pression artérielle systolique en début d’inspiration non forcée.
5. Signes paracliniques
a. L’ECG
Les signes sont en faveur d’un épanchement péricardique important. On observe alors un
microvoltage et une alternance électrique.
b. La radiographie
Elle peut être normale en cas d’épanchement minime mais qui est rapidement constitué.
Le plus souvent, elle montre une cardiomégalie avec le classique cœur en carafe en faveur
d’un épanchement abondant.
c. L’échocardiographie
335
6. Traitement
La tamponnade est une urgence médico-chirurgicale. On va donc hospitaliser le patient à l’USI
et le remplir de macromolécules. Une solution inotrope sera aussi injectée (Dobutamine).
Le patient peut aussi subir une ponction péricardique voire un drainage péricardique
chirugical. La ponction péricardique se fait :
336
LA PÉRICARDITE CHRONIQUE CONSTRICTIVE
1. Définition
C’est une maladie inflammatoire chronique du péricarde qui provoque une fusion des 2
feuillets viscéral et pariétal. Le péricarde est transformé en une coque fibreuse plus ou moins
épaisse et parfois calcifiée responsable d’une gêne au remplissage ventriculaire. Le cœur
devient donc isolé des variations respiratoires de la pression intra-thoracique.
2. Physiopathologie
3. Etiologies
Toute péricardite peut évoluer vers la chronicité et la constriction mais essentiellement :
• La péricardite tuberculeuse
• La péricardite post radiothérapie
• La péricardite post chirurgie cardiaque
• Les péricardites purulentes
• Les causes néoplasiques
4. Signes cliniques
Le tableau clinique est dominé par des signes d’insuffisance cardiaque droite :
337
Au stade plus évolué, les signes d’une insuffisance ventriculaire gauche et de bas débit
apparaissent :
• Une dyspnée
• De la fatigue
Il y a la présence d’un pouls paradoxal dans 1/3 des cas au stade initial.
On peut également observer la présence d’un signe de Kussmaul qui correspond à une
augmentation inspiratoire de la pression veineuse centrale. Ce signe est absent dans la
tamponnade.
Il est lié à une augmentation de la pression abdominale plus importante que la diminution de
la pression intra-thoracique lors de la contraction diaphragmatique. Ceci a lieu quand les
conditions de remplissage du ventricule droit sont hypervolémiques.
5. Signes paracliniques
a. La radiographie
b. L’échocardiographie
• Un épaississement du péricarde
• Un balancement proto-diastolique du septum interventriculaire : on parle alors de
septum paradoxal. A l’inspiration, la pression de remplissage à gauche diminue mais à
droite non. Le remplissage du ventricule droit est alors supérieur à celui du ventricule
gauche. En temps normal, c’est la paroi libre du ventricule qui se bombe, mais ici, à
cause de la compression du péricarde devenu fibreux, c’est le septum qui va se
bomber dans l’autre sens, c’est-à-dire du coté du ventricule gauche. On a aussi une
baisse du flux mitral. A l’expiration, c’est l’inverse et donc le septum va de gauche à
droite.
• Des signes de congestion systémique : dilatation de la veine cave inférieure et des
veines sus-hépatiques avec une diminution de la variabilité inspiratoire
338
L’analyse Doppler des flux mitral et tricuspide met en évidence des signes d’adiastolie. La
variation respiratoire de ces flux permet de distinguer la péricardite constrictive des
cardiomyopathies restrictives.
Variation respiratoire du flux mitral : diminution inspiratoire de plus de 25%
c. Le cathétérisme droit
Il y a une augmentation et une égalisation des pressions diastoliques dans les 4 cavités
cardiaques. Cela donne alors un aspect de Dip-plateau diastolique.
339
d. L’IRM et TDM cardiaque
Ces techniques permettent une meilleure visualisation du péricarde. On peut alors observer
un épaississement du péricarde supérieur ou égale à 4 mm, localisé ou diffus, associé ou non
à des calcifications. Cela est en faveur d’une constriction péricardique.
6. Traitement
a. Médical
b. Chirurgical
340
Les valvulopathies pulmonaire et tricuspide
Ces pathologies sont relativement rares.
Les sténoses serrées doivent être traitées par une dilation percutanée.
L’INSUFFISANCE PULMONAIRE
Une faible insuffisance pulmonaire existe chez quasi tout le monde visible à l’échographie
trans-thoracique.
341
Cliniquement, le souffle est diastolique en parasternale gauche avec un B2 claquant.
LA STÉNOSE TRICUSPIDE
Elle est assez rare. On la retrouve le plus souvent dans le cadre d’un rhumatisme articulaire
aigu avec souvent une atteinte d’autres valves, surtout la valve mitrale.
Le traitement est surtout lié à celui de la valve mitrale. On opère peu des valves tricuspides
isolées. On peut alors faire une commissurotomie ou un remplacement valvulaire.
L’INSUFFISANCE TRICUSPIDE
C’est une régurgitation de sang du ventricule droit dans l’oreillette droite.
Parmi les étiologies, la plus fréquente est la pathologie du cœur gauche avec le
développement d’une hypertension pulmonaire qui conduit à une dilatation du ventricule
droit et donc à une insuffisance tricuspide secondaire.
1. Les symptômes
Ils sont bien supportés s’il n’y a pas d’hypertension pulmonaire.
342
2. Les signes cliniques
• Elévation du pouls jugulaire
• Souffle holo-systolique et claquement du B2
• Variations respiratoires
• Présence d’un B3
3. Le pronostic
Il dépend de la pathologie sous-jacente entrainant l’insuffisance tricuspide.
4. Le traitement
On fait une plastie (anneau) de la valve tricuspide associé à une réparation de l’aorte et de la
valve mitrale si :
• Une hépatomégalie
• Un foie cardiaque avec cytolyse
• Une cholestase avec ou sans insuffisance hépatocellulaire
• Une stase jugulaire avec une turgescence jugulaire
• Une stase rénale avec une activation du système rénine-angiotensine-aldostérone qui
conduit à une rétention hydrosodée
• Une augmentation de la pression hydrostatique avec des œdèmes des membres
inférieurs : avec ou sans épanchements pleuraux ou ascite
343
Les endocardites
DÉFINITION
Une endocardite infectieuse est définie comme une infection d’une ou plusieurs valves
cardiaques et plus rarement de l’endocarde pariétal. Elle est causée par un microorganisme,
souvent par une bactérie mais parfois des germes intracellulaires ou levures et champignons.
EPIDÉMIOLOGIE
Avant c’était essentiellement lié au rhumatisme articulaire aigu ou aux cardiopathies
cyanogènes congénitales. De nos jours, elles surviennent chez les patients plus âgés avec des
valvulopathies préexistantes.
La prévalence est stable et de 30 pour 1 000 000 d’habitants. L’incidence est de moins de 5
pour 100 000 par an chez les moins de 50 ans et de plus de 15 chez les plus de 65 ans.
Il y a une majorité d’homme atteints (2/1). Elle touche majoritairement à gauche. Elle est plus
fréquente au niveau de la valve aortique par rapport à la valve mitrale. C’est plus souvent sur
insuffisance valvulaire que sur sténose. Les végétations se déposeront surtout sur le versant à
basse pression donc l’oreillette gauche pour la valve mitrale et le ventricule gauche pour la
valve aortique.
La mortalité hospitalière médiane est de 16%. On peut aussi regarder le mode d’acquisition. Il
y a donc les infections nosocomiales chez les patients hospitalisés avec plus de 48h sur
cathéter par exemple. On peut aussi avoir une infection non-nosocomiale puisqu’elle n’est
pas liée à une hospitalisation (elle apparaît moins de 48h après l’hospitalisation) mais est due
à une thérapie comme l’hémodialyse ou à une précédente hospitalisation à l’USI (90 jours
avant le début de l’EI) ou parce que le patient vient d’une maison de soins. La toxicomanie est
aussi une des formes d’acquisition.
MICROBIOLOGIE
Auparavant, les organismes qui causaient l’endocardite étaient les streptocoques oraux.
Actuellement, ce sont principalement les staphylocoques.
L’incidence des endocardites n’a pas changé alors que le rhumatisme articulaire aigu à quasi
disparu. Les scléroses valvulaires dégénératives sont retrouvées dans 50% des endocardites
chez les patients de plus de 60 ans.
344
Le plus souvent, on les retrouve chez les patients immunodéprimés (HIV, néoplasie).
Les hémocultures sont positives dans la majorité (90%) des endocardites à Streptocoques et
Staphylocoques. Les hémocultures peuvent être négativées par les antibiotiques.
Les hémocultures sont souvent négatives pour les microorganismes à croissance lente ou
difficile comme :
Les hémocultures conventionnelles sont toujours négatives (5%) pour les bactéries qui ont un
développement intracellulaire comme :
• Coxiella burnetii
• Chlamydia
• Bartonella, …
345
Chez les toxicomanes, l’âge médian de l’endocardite est aux alentours des 40 ans avec
surtout des valves tricuspides touchées (50%), puis les aortiques à 25% et les mitrales à 20%.
Les endocardites nosocomiales (20 à 25% des endocardites) ont une mortalité très
importante, supérieure à 50%. Le pronostic dépendra aussi des autres pathologies du patient.
Si on a un patient qui est déjà faible et qui attrape une endocardite, il y a plus de risque de
mort avec septicémie.
Un patient sous hémodialyse aura plus de risque de 2 à 3 fois d’avoir une endocardite que la
dialyse péritonéale dont l’incidence est la même que la population générale.
PHYSIOPATHOLOGIE
Selon le primum movens, il faut que l’endothélium endocardique soit déjà endommagé pour
permettre la fixation du germe. On aura alors un clou fibrino-plaquettaire sur cet
endothélium abimé par les turbulences/shunt cardiaques. On aura un dépôt de germes si on
a une bactériémie.
S’il n’y a pas de lésion préexistante, les endotoxines bactériennes peuvent provoquer la
lésion. On aura ensuite le développement de végétations infectées, c’est-à-dire une lésion
proliférative constituée de fibrine, de plaquettes et de germes. Tout cela aboutira à la
destruction valvulaire, à des ulcérations et des perforations.
Les conséquences sont une nouvelle insuffisance valvulaire ou une aggravation d’une
insuffisance préexistante. On aura à ce moment là un souffle qui va apparaître et un risque de
défaillance cardiaque sur surcharge volumique.
On va aussi avoir des manifestations infectieuses et immunologiques à distance qui sont liées
à une embolisation des végétations. On aura alors des foyers septiques secondaires et aussi
des problèmes sur antigène et complexes immuns circulant qui vont se déposer et donner
des lésions de vascularites.
On peut aussi avoir des emboles au niveau de vasa vasorum. On aura alors développement
d’un abcès à cet endroit. Du coup, on aura une structure très fine qui va se transformer en
anévrysme qui peut se rompre.
346
• Une cardiopathie congénitale non cyanogène :
o Tétralogie de Fallot opérée
o Communication interventriculaire
o Canal artériel persistant
o Pas la communication inter-auriculaire isolée
CLINIQUE
La clinique est particulièrement variée et polymorphe. Les présentations sont parfois
trompeuses. On va distinguer l’endocardite subaiguë (maladie d’Osler) et l’endocardite aigue
souvent nosocomiale à staphylocoque doré.
1. Le syndrome infectieux
Le plus constant des symptômes reste la pyrexie modérée (38-38,5). Elle peut être en
plateau, oscillante ou de simples fébricules. Il faut penser à l’endocardite si on a une
altération de l’état général et une splénomégalie (dans 20 à 40 % des cas).
Les signes cardiaques vont être liés au souffle et à l’atteinte des valves. On peut donc avoir un
nouveau souffle ou une aggravation. Attention, on peut aussi avoir une endocardite sans
souffle.
L’insuffisance cardiaque, souvent gauche, doit faire penser à une endocardite surtout si le
patient est fébrile. On peut aussi avoir des complications qui restent rares comme la
péricardite et le bloc atrio-ventriculaire dû à un abcès septal.
347
3. Les manifestations extracardiaques
a. Cutanées
Dans 5 à 15 % des cas, on aura un purpura pétéchial, des nodosités d’Osler (ou faux panaris)
qui sont assez pathognomoniques ou des placards érythémateux plantaires de Janeway.
b. Respiratoires
Il y a aussi des manifestations respiratoires avec une toux et une dyspnée associée à la
décompensation cardiaque gauche ou alors une toux et une dyspnée liée à des emboles
septiques pulmonaires multiples chez le toxicomane.
c. Ophtalmologiques
• Un purpura conjonctiva
• Des taches de Roth au fond d’œil : thrombus au centre clair
348
d. Rhumatologiques
e. Neurologiques
f. Néphrologiques
Il y a une atteinte rénale liée à l’infection mais aussi aux antibiotiques. On observe alors :
• Une protéinurie
• Une hématurie
• Une insuffisance rénale par atteinte glomérulaire
• Une embolie septique
DIAGNOSTIC
La suspicion d’endocardite est à signaler au biologiste vu le temps de culture long pour les
micro-organismes à croissance difficile (groupe HACEK, Brucella, streptocoques déficients,
levures).
Si la présomption d’endocardite est forte mais que les hémocultures restent négatives, alors
on envisage les étiologies à hémoculture négative. Du coup, on fait une sérologie pour les
levures et des amplifications géniques pour les organismes intracellulaires.
3. L’échocardiographie
L’échocardiographie est l’examen le plus important dans le diagnostic de l’endocardite. Elle
affirme le diagnostic devant une des lésions caractéristiques :
• Des végétations
• Un abcès
• Une perforation valvulaire
• Une désinsertion de prothèse
La végétation est une masse mobile, hyperéchogène, finement vibratile, attenante aux valves,
et de taille variable. Elle est identifiée par l’échocardiographie trans-thoracique ou
l’échographie trans-œsophagienne surtout en cas de prothèse valvulaire. Il faut savoir répéter
l’ETO. En effet, la végétation peut apparaître secondairement après un 1er examen normal.
La sensibilité de l’échographie trans-œsophagienne est bien supérieure à celle de
l’échographie trans-thoracique. Cependant, on préfèrera l’ETT lorsque l’on examinera une
valve droite. L’ETO est surtout dans les cas de valve prothétique.
350
Avec une échographie, on peut mettre en évidence un abcès péri-annulaire sur la valve native
ou sur la prothèse. Cet abcès est présent dans 30% des cas. Il est mieux visible avec une
échographie trans-œsophagienne. Cet abcès apparaît le plus souvent sur l’anneau aortique
par rapport à l’anneau mitral.
La répercussion sur le ventricule gauche est évaluée par la dilatation et les pressions droites.
351
5. Les critères diagnostiques de Duke Endocardite
352
LES COMPLICATIONS
L’insuffisance cardiaque est la 1ère cause de mortalité de l’endocardite à la phase aigue, suivie
des complications neurologiques (ischémies d’origine embolique ou hémorragiques).
Les embolies surviennent surtout en début de traitement ou avant un traitement pour des
végétations (> 15 mm) plus souvent mitrales.
353
Plus l’abcès envahit en profondeur et plus le bloc est grave.
Le bilan des complications se fait avec un ECG dès l’admission. Il faut alors le suivre
régulièrement.
LE PRONOSTIC
Les endocardites aigues ont un pronostic plus défavorable que les endocardites subaiguës.
Les endocardites aortiques se compliquent plus souvent d’insuffisance cardiaque ou d’abcès
qui nécessitent souvent une intervention chirurgicale.
Les endocardites à staphylocoques et les endocardites sur prothèse sont associées aux taux
de mortalité les plus élevés. En effet, il peut atteindre 50 % dans les endocardites à
staphylocoques sur prothèse valvulaire, alors qu’il n’est que de 10 % pour une endocardite
sur valve naturelle à streptocoques oraux.
Le pneumocoque et les bacilles Gram négatif sont plus souvent responsables de destructions
valvulaires graves. Les levures sont responsables de la formation de végétations très
volumineuses, sont moins accessibles au traitement anti-infectieux et nécessitent presque
toujours un traitement chirurgical.
• Diabète
• Immunodépression
• Insuffisance cardiaque préexistante
354
A long terme, le pronostic dépend surtout de la valvulopathie résiduelle et d’éventuelles
rechutes (1%/an).
LE TRAITEMENT
La durée de traitement est identique même si une intervention chirurgicale est nécessaire. La
disparition de la fièvre et le maintien de l’apyrexie, la négativation des hémocultures et la
disparition du syndrome inflammatoire biologique sont les meilleurs garants de l’efficacité de
l’antibiothérapie.
355
recourir à co-amoxiclav ou linézolide. En cas d’allergie aux β-lactamines, on donne du
vancomycine associé à gentamycine.
En cas d’endocardite sur une prothèse, on utilise une trithérapie cloxacilline, gentamycine et
rifampicine.
Lorsque la souche est résistante à l’oxacilline ou en cas d’allergie, la cloxacilline est remplacée
par la vancomycine. La durée totale de traitement est de 4 à 6 semaines pour les
endocardites sur valves natives et de plus de 6 semaines sur prothèse.
En cas d’endocardite sur prothèse valvulaire datant de moins d’un an, on doit suspecter un
Staphylocoque à coagulase négative (SCN) résistant à l’oxacilline et recourir à l’association
triple de type vancomycine, rifampicine et aminoside.
En cas d’endocardite sur prothèse valvulaire datant de plus d’un an, un staphylocoque reste
possible, mais d’autres micro-organismes peuvent être responsables, notamment les
streptocoques et les bactéries du groupe HACEK. Une association de type vancomycine +
aminoside est recommandée en 1ère intention.
356
LE TRAITEMENT CHIRURGICAL
Il permet d’améliorer la survie des malades présentant une destruction valvulaire d’origine
infectieuse par rapport au traitement médical seul.
En cas d’endocardite simple, limitée aux sigmoïdes ou aux valves, on procède à la réparation
ou au remplacement valvulaire. Il est possible d’effectuer un remplacement valvulaire en
présence d’une infection active, sans contamination de la nouvelle prothèse. De bons
résultats sont obtenus aussi bien avec les valves mécaniques qu’avec les valves biologiques.
357
Cette endocardite apparaît le plus souvent moins d’1 an après l’implantation. Elle est presque
toujours due à une contamination peropératoire, le plus souvent à staphylocoque.
Elle nécessite une antibiothérapie prolongée, l’ablation de tout le matériel et une discussion
de réimplantation de matériel neuf si possible à distance.
LA PRÉVENTION
Tous les patients ayant une cardiopathie à risque élevé ou modéré doivent impérativement et
très régulièrement être informés de :
L’antibioprophylaxie lors de gestes invasifs connus pour provoquer une bactériémie est
d’intérêt controversé dans le contexte actuel d’augmentation de la résistance des bactéries
aux antibiotiques. On limite depuis 2009 les indications de l’antibioprophylaxie aux seuls
patients à risque très élevé d’endocardite :
358
Une carte précisant le risque et la conduite à tenir doit être remise au patient.
3. Autres soins
Il s’agit des gestes portant sur les voies respiratoires, gastro-intestinales, génito-urinaires et
sur la peau. Il y a une abrogation depuis 2009 des recommandations d’antibioprophylaxie.
4. En pratique
L’antibiotique est administré en prise unique par voie orale pendant l’heure précédant le
geste. Lorsque la voie orale est impossible, la voie intraveineuse est utilisée pour la 1ère
administration.
359
L’ENDOCARDITE THROMBOTIQUE NON-BACTÉRIENNE
C’est une entité particulière.
• Un épisode de thrombose
• Deux épisodes de fausse couche
• Hodgkin
• Adénocarcinome du poumon, du pancréas, de l’estomac ou du colon
Les tumeurs valvulaires bénignes sont des fibro-élastomes papillaires. Ces tumeurs touchent
plus les valves aortique et mitrale. Elles sont une source potentielle de complications
thromboemboliques ce qui nécessitent une exérèse chirurgicale.
360
Epidémiologie et prévention de l’athérosclérose
EPIDÉMIOLOGIE
• Les maladies cardiovasculaires étaient responsables en 2012 de 17,5 millions de morts
à l’échelle planétaire et reste la 1ère cause de mortalité
• Les cardiopathies ischémiques : 7,4 millions de morts /an
• Les accidents vasculaires cérébraux (AVC) : 6,7 millions de morts /an
• Les complications de l’hypertension artérielle (HTA) : 1,1 millions de morts /an
• Le diabète était responsable de 1,5 millions de morts /an
• Le cancer était responsable de 8,2 millions de morts
• Les maladies pulmonaires chroniques de 4 millions de morts
La maladie cardiovasculaire est la cause numéro 1 de mortalité surtout en Europe et aux
Etats-Unis. La région la plus touchée se situe notamment au niveau de la Russie. Bien qu’en
Europe, on soit à moins de 2/1000 morts de maladies cardiovasculaires par an. Cela reste la
cause de mortalité principale.
361
1. Epidémiologie européenne
Les maladies cardiovasculaires sont responsables de 4 millions de morts annuellement en
Europe et 1,9 millions en union européenne (EU). Elles sont responsables de 47% de la
mortalité européenne (40% EU).
C’est aussi la 1ère cause de mortalité chez les femmes dans tous les pays et la 1ère cause de
mortalité chez les hommes dans tous les pays sauf 6.
La mortalité cardiovasculaire est plus importante en Europe Centrale et de l’Est mais diminue
partout en Europe.
Le tabagisme reste un problème de santé public majeur et ne diminue plus. D’ailleurs, les
femmes fument presqu’autant que les hommes.
Le diabète devient une pandémie, augmentant d’environ 50% dans certains pays. Les coûts
totaux engendrés sont de l’ordre de 196 milliards d’euros.
C’est dans la population de moins de 65 ans que la mortalité cardiovasculaire est plus
importante chez l’homme mais les maladies cardiovasculaires restent tout de même la cause
principale de mortalité aussi bien chez l’homme que chez la femme. On peut remarquer que
la mortalité n’est pas la même pour les hommes et les femmes. Finalement, on notera aussi
que l’Europe de l’Ouest est parmi les moins touchée d’Europe.
1/5 des hommes meurent d’une maladie cardiovasculaire. Cependant, chez les hommes, on
ne dépasse pas les 50% du taux de mortalité de pathologies liées aux maladies vasculaires.
Par contre, chez les femmes de plus de 65 ans, on dépasse les 50%.
362
Chez la femme de moins de 65 ans, le pourcentage diminue par rapport aux femmes de plus
de 65 ans. Il ne faut cependant pas ignorer une patiente qui vient aux urgences pour une
douleur rétro-sternale.
2. Epidémiologie belge
Les maladies cardiovasculaires représentent 17,3 millions de décès par an ce qui correspond à
30% de la mortalité mondiale. La mortalité prématurée est présente chez 48% des femmes et
38% des hommes en Europe.
Les maladies cardiovasculaires sont les 1ères causes de mortalités en Belgique. Cela représente
33 000 décès par an.
Ce sont des maladies graves mortelles. La morbidité est importante et onéreuse ce qui cause
un problème de santé publique.
Ceci est le graphique représentant la mortalité chez les femmes de moins de 65 ans. Ce
graphique est très similaire au graphique des hommes âgés de moins de 65 ans mais il y a une
différence très notable. En effet, les chiffres (taux) sont 3 à 4 fois inférieurs aux chiffres des
hommes qui se situent plutôt entre 40 et 300 (morts par 100 000).
On remarque aussi que la France est le pays le moins touché. Cela peut s’expliquer par le fait
que les français sont des consommateurs de vin qui à petite dose (une verre ou deux par jour)
363
a un rôle protecteur des maladies cardiovasculaires. Les améliorations sont en grande partie
liée à la prévention. Les pays de l’union européenne ne sont pas mieux lotis, loin de là. Le
problème est de trouver parmi la population quels sont ceux qui sont plus à risque.
La diminution de la mortalité est principalement causée par une prise en charge des facteurs
de risques.
5. Epidémiologie au Etats-Unis
Aux Etats-Unis, on a une amélioration mais le taux est déjà très élevé au départ, on est à plus
ou moins 350. Ce taux est alors plus élevé qu’en Europe qui était inférieur à 300.
Il est intéressant de voir ce qu’il se passe sur 7 critères. Pour les adultes de plus de 20 ans
américains, il y en a 1/5 qui fument. Par contre, l’obésité est de plus d’1/3 et plus de la moitié
ne font pas d’exercices physiques. La malbouffe arrive à 72%. Le taux de cholestérol, la
tension et le glucose, eux, sont aux alentours de 10%.
364
Sur ce graphique, on observe les jeunes de moins de 19 ans. Les taux sont différents mais
pour la malbouffe, on arrive à 91%. Le BMI est déjà mauvais pour 20% des sujets. Finalement,
on peut retenir que la quantité de sport n’est réellement idéale. En effet, il n’y a que pour
35% de la population des moins de 19 ans qui ont une activité physique. Bref, on observe des
chiffres qui ne devraient pas être observés dans des populations aussi jeunes.
Les enfants de cet âge vont provoquer une grande pandémie de la maladie cardiovasculaire
car il présente déjà à leur âge un grand nombre de facteurs de risques.
Si on regarde l’évolution au cours du temps, l’obésité devient une réelle épidémie. Le
graphique ci-dessus nous montre que l’obésité atteint à peu près 35% de la population chez
les adultes (20-74 ans). Chez les jeunes, il y en a presqu’un 1/5 qui est en surpoids.
C’est au niveau des habitudes de vie qu’on peut agir le plus. Il ne faut donc pas uniquement
traiter les patients avec des Statines ou autres, il faut également leur apprendre à avoir une
meilleure hygiène de vie.
Un facteur de risque est un élément clinique ou biologique dont la présence ou
l’augmentation majorent statistiquement la morbimortalité cardiovasculaire. C’est une des
causes de la pathologie cardiovasculaire.
Lorsqu’un facteur de risque peut être supprimé ou diminué, il en résulte une baisse de
l’incidence d’une maladie ou de ses complications alors que la diminution d’un marqueur de
risque ne modifie pas l’évolution d’une maladie
La prévention est l’ensemble des actions menées à l’échelle publique ou individuelle visant à
éradiquer, éliminer ou minimiser l’impact des maladies cardiovasculaires.
1. L’étude interheart
INTERHEART est une des études cardiologiques récentes les plus importantes. C’est une
étude standardisée « cas-témoin » analysant les facteurs de risque d’infarctus aigu du
myocarde, réalisée dans 52 pays des 5 continents.
366
Les résultats sont que 9 facteurs permettent de prédire 90 % des infarctus aigus du myocarde
chez les hommes et 94 % chez les femmes.
Cela est valable dans toutes les régions du monde, pour tous les âges et pour les 2 sexes.
Des mesures interventionnelles universelles ayant pour cible ces 9 facteurs devraient prévenir
la plus grande majorité des infarctus aigus du myocarde prématurés.
En lisant ce tableau, on peut notamment remarquer que fumer multiplie par 3 les risques.
Tous les facteurs de risque interagissent ensemble. Ils ont même une certaine synergie.
Il y a une diminution de la mortalité liée aux maladies cardiovasculaires qui est en majorité dû
à une diminution des facteurs de risque.
367
Plus de 50% de la réduction observée en terme de mortalité est lié à la prise en charge des
facteurs de risque et environ 40% est lié aux progrès thérapeutique.
2. Euroaspire
Cette étude rassemble 78 centres de 24 pays européens dont la Belgique. Les patients ont
entre 18 et 80 ans et présentent une pathologie coronaire ayant eu une PCI ou CABG. Ces
patients peuvent également présenter un syndrome coronaire aigu. Il y a eu 16 426 dossiers
médicaux pour 7998 patients interviewés dont environ 24% de femmes.
La portion de patients hypertendus mal traité avec une pathologie coronaire stable
représente 50% des patients en Europe.
368
Chez les femmes de plus de 25 ans, il y a une femme sur 3 qui est hypertendue. La proportion
de patients hypertendus avec une maladie coronaire est plus importante.
La proportion de patients en surpoids et qui présentent une maladie coronaire stable est de
80%.
L’étude Euroaspire IV a analysée 8000 patients qui présentaient une pathologie coronaire. Sur
ces 8000 patients :
51% des patients ont été dirigés vers un programme de réhabilitation cardiaque.
• Un âge supérieur à 50 ans pour les hommes et à 60 ans pour les femmes
• Le sexe masculin
• L’hypertension artérielle : supérieure à 140/90 mmHg
• Le diabète : supérieur à 1,26 g/l à jeun ou supérieur à 2 g/l ou supérieur à 6,5% HbA1c
(= hémoglobine glycosylée). Un stent chez un patient diabétique est plus à risque de
resténose.
• Le tabagisme : le début, le nombre d’année paquets, la fin avant 3 ans
• La dysplipidémie : le type et le traitement
• L’hérédité cardiovasculaire : infarctus de mort subit avant 55 ans chez le père ou
avant 65 ans chez la mère
369
• L’obésité : indice de masse corporelle supérieure à 30 kg/m2
• La sédentarité
• Le stress
4. Le tabagisme
La prévalence la plus haute de fumeurs actifs avec une pathologie coronaire est chez les
patients de moins de 50 ans. C’est donc chez les patients les plus jeunes alors que ce sont eux
qui ont le plus à gagner en arrêtant de fumer.
Selon l’étude européenne Euroaspire, 16% des patients reportaient être fumeurs actifs. Le
plus haut taux de fumeurs actifs se trouvait alors chez les patients de moins de 50 ans
(33,6%).
Près de la moitié des patients fumeurs après leur événement cardiovasculaire restent
fumeurs alors qu’arrêter de fumer après un infarctus est une action préventive réellement
efficace.
Le tabagisme est donc bien un facteur de risque. C’est un élément clinique dont la présence
majore statistiquement la morbi-mortalité cardiovasculaire.
Une méta-analyse sur l’arrêt du tabac après un infarctus a montré une réduction relative du
risque de mortalité cardiovasculaire de 46% et une méta-analyse de Cochrane évoque une
réduction de 36% pour la mortalité toute-cause.
Il y a une nécessité du sevrage tabagique qu’il soit actif ou passif et quelque soit l'âge du
patient.
370
L’interdiction du tabagisme dans les lieux publics en Belgique a permis une diminution de près
de 30% du taux d’infarctus.
5. La dyslipidémie
Plus le cholestérol est élevé, plus on a des patients admis avec un infarctus ou AVC. Tout seul,
ce facteur n’est pas suffisant. Il y a des différences locorégionales notamment. Par exemple,
les japonais avec le même taux de cholestérol que le nord de l’Europe mourront moins. Il est
donc important de se rendre compte que juste le taux de cholestérol n’est pas suffisant. Le
type d’alimentation intervient aussi (viande, poisson …).
Leurs interactions entrainent des modifications des taux et/ou de la fonction des
lipoprotéines entraînant la formation d'athérosclérose et/ou de thrombose.
371
Les taux sanguins augmentant les lipoprotéines sont considérés comme des facteurs de
risque pour les maladies cardiovasculaires :
Les taux sanguins diminuant les lipoprotéines sont considérés comme des facteurs
cardioprotecteurs :
• Le HDL-cholestérol (HDL-C)
• L'apoprotéine A1 (apo A1)
Dans les artères apparaissant saines, il y a en réalité 51±13% de plaques.
a. Progression et régression
Afin de voir une progression, on regarde à la fin de l’étude le taux de LDL pour voir s’il est
inférieur ou non à 110 mg/dl.
372
Sur le graphique ci-dessous, on voit que dans cette population, il y a un changement de
plaque qui augmentait en pourcentage (1,5%). On sait alors rendu compte que la plaque
progressait plus en donnant aux patients du reversal atorva 80 mg. Ensuite, on a vu qu’on
pouvait diminuer la plaque avec de l’atorva 40 mg.
Du coup, on voit une progression de la plaque mais on ne sait pas voir si elle diminue.
• Primaire
o Hypercholestérolémie familiale ou antécédents familiaux avant 50 ou 60 ans
o Diabète et/ou néphropathie
o Facteurs de risque multiples
• Secondaire
o Coronariens
o Accident vasculaire cérébral
o Artériopathie oblitérante des membres inférieurs
Il est basé sur une étude de cohorte de 205 178 personnes (88 080 femmes et 117 098
hommes) de la population générale de 12 pays européens. Ces données ont permis de
construire un modèle pour calculer le risque de maladie cardiovasculaire fatale à 10 ans en
fonction des principaux facteurs de risque cardiovasculaires.
Il permet donc d’évaluer la malchance d’un patient de décédé dans les 10 ans d’une maladie
cardiovasculaire.
373
Ce SCORE permet de savoir pour quel patient il faut agir le plus vite possible via un traitement
pour diminuer un des facteurs de risque.
1. Utilisation du SCORE
Les personnes avec une maladie cardiovasculaire symptomatique, un diabète, un niveau très
élevé d’un facteur de risque (cholestérol > 310 mgr/dL, LDL-cholestérol >230, TA > 180/110
mmHg) sont d’emblée considérées comme à haut risque et ne nécessitent pas de calcul du
SCORE pour décider de la prise en charge.
L’âge est utilisé comme une mesure du temps d’exposition au risque plutôt que comme un
facteur de risque cardiovasculaire.
374
a. Pour qui ?
2. Le score de Framingham
Un autre moyen de calculer le risque est le score de Framingham.
Ce score de Framingham est un bon marqueur mais un mauvais prédicteur.
Il est difficile d’identifier les patients à risque. Chez 136 900 patients hospitalisés avec une
affection cardiovasculaire, 77% avaient un taux de LDL inférieur à 130 mg/dl.
375
Exemple de Winston Churchill et Jim Fixx
Jim Fixx est celui qui a « lancé » la mode du jogging aux Etats-Unis. Il présentait peu de
facteurs de risques mais il est décédé à l’âge de 53 ans. Par contre, Winston Churchill fumait,
buvait et était en surpoids mais il est mort à l’âge de 91 ans. Il y a donc une influence des
prédispositions génétiques.
Il y a divers types d’examens qui aident au diagnostic mais il faut savoir quand les faire. En
effet, on ne va pas faire des examens invasifs chez une personne qui a peu de risque d’être
touché par la maladie. Par exemple, une coronarographie chez un jeune de 20 ans qui ne
présente aucun symptôme.
TRAITEMENT
Il faut également traiter les personnes asymptomatiques mais chez qui on a mis en évidence
une athéromatose déjà avancée via l’épaississement initial carotidien mesurer par
l’échographie ou chez un patient avec un haut calcium score (CT-scan). Ces patients devraient
bénéficier d’un traitement « agressif » d’emblée.
376
Pour traiter les patients, il faut également les sensibiliser sur leur hygiène de vie et sur leur
alimentation.
Les mesures hygiéno-diététiques diminuent le risque cardiovasculaire comme démontré dans
l’étude PREDIMED qui rassemblait 7447 personnes (âge moyen de 67 ans) avec 3 facteurs
majeurs de risque cardiovasculaire (tabagisme, HTA, LDL cholestérol élevé, bas HDL
cholestérol, obésité ou antécédents familiaux).
Cette étude était une étude de randomisation qui visait à comparer la diète méditerranéenne
avec de l’huile d’olive, une diète méditerranéenne avec une noix et une diète « normal ».
Dans les mesures hygiéno-diététiques, on retrouve :
377
Pour traiter l’hypercholestérolémie, on donne :
378
La Pravastatine et la Rosuvastatine sont des molécules hydrophiles. Il y a donc moins d’effets
secondaires.
Il existe une différence entre le cholestérol circulant et le cholestérol présent dans les parois.
379
Une réduction de 1 mmol/l de LDL entraine une diminution de l’ordre de 20% des
événements cardiovasculaires.
L’utilisation des statines n’est pas toujours facile à appliquer en pratique.
Lors d’un examen physique détaillé, on mesure le BMI du patient, on prend sa tension, … On
va également regarder les choses qui nous intéresse en fonction de ce que l’on recherche.
a. Définitions
Parmi les statines, il existe des statines « fortes » et des statines « faible ».
• L’Atorvastatine : 10 à 80 mg
• La Rosuvastatine 5 à 40 mg
ð Les statines fortes ont un effet sur le cholestérol de l’ordre de 35%.
• La Pravastatine 10 à 40 mg
• La simvastatine : 10 à 40 mg
ð Les statines faibles ont un effet sur le cholestérol de l’ordre de 25%.
380
c. Utilisation des statines
Toutes statines confondues, le traitement par statines diminue le risque de mortalité toutes
causes de 10% quel que soit le profil du patient et le risque d’événements cardiovasculaires
de 15% à 25% selon l’événement étudié. Le rapport coût-efficacité d’un traitement par
statine est jugé favorable en prévention secondaire et en prévention primaire pour les
patients à haut risque cardiovasculaire.
Les différentes statines n’ont pas d’effet significativement différent en termes de mortalité
toutes causes et les effets indésirables sont de nature et de fréquence identiques.
Il existe une relation démontrée entre la baisse du LDL et la réduction des évènements
cardiovasculaires. La réduction du LDL peut être acceptée comme un indicateur intermédiaire
de la morbidité cardiovasculaire.
Les statines ont une efficacité biologique différente qui doit être prise en compte pour initier
un traitement.
381
On utilise la dose maximale de Simvastatine 40 mg pour une réduction de 41% maximum du
taux de LDL.
L’ézétimibe ajouté à une statine va plus diminuer le taux de LDL-cholestérol. Ils ont donc une
action favorable démontrée dans l’étude IMPROVE – IT.
382
5. L’acide nicotinique
Pour traiter l’hypercholestérolémie, on peut également donner de l’acide nicotinique
(Niaspan® en France mais non disponible en Belgique). Ces mécanismes d’action ne sont pas
complétement connus. Cependant, on sait qu’il inhibe la libération des acides gras libres à
partir du tissu adipeux. Il inhibe également l’estérification des acides gras en triglycérides au
niveau du foie.
7. Les fibrates
Ce sont des agonistes des récepteurs nucléaire PPAR-α. Ils diminuent la synthèse hépatique
des lipoprotéines (VLDL) qui assurent le transport des triglycérides dans le plasma et
augmentent leur catabolisme.
Ils diminuent également de 10 à 30% le cholestérol total et du LDL alors que le taux de HDL
cholestérol augmente de 10 à 15%. Ils provoquent donc une diminution de 40 à 50% des
triglycérides.
On doit faire attention au fénofibrate 145-267 mg car il provoque des myopathies à haute
dose associée à des statines.
Aucune étude n’a encore démontré un réel bénéfice sur la mortalité en utilisant des fibrates.
On les utilise le plus souvent quand le taux de triglycérides est important.
LE SYNDROME MÉTABOLIQUE
Le syndrome métabolique, ce n’est pas le diabète mais l’étape avant le diabète.
L’augmentation du diamètre abdominal augmente le risque cardiovasculaire. Pour le tertile 2,
on augmente de 17% et pour le 3, on augmente de 29%.
383
LES RECOMMANDATIONS
L’HYPERCHOLESTÉROLÉMIE FAMILIALE
C’est une pathologie relativement rare.
384
• Le patient a un parent du 1er degré avec des xanthomes tendineux et/ou un arc
cornéen
• Le patient a un (ou des) enfants de moins de 18 ans avec un taux de LDL supérieur au
95ème du percentile selon l’âge et le sexe pour le pays
Les Statines sont la pierre angulaire du traitement visant à baisser le taux de LDL en
prévention primaire ou secondaire.
385
2. Problèmes
Le problème est que les patients peuvent présenter une maltolérance aux statines à cause
d’un arrêt du traitement. Chez certains patients, il est impossible d’atteindre le taux de LDL
cible même avec de fortes doses.
3. Constatations
Certaines formes d’hypercholestérolémie familiale ont un taux élevé de LDL et un risque
accru de maladies cardiovasculaires à un âge très jeune même avant la puberté.
D’autres formes d’hypocholestérolémie familiale ont des taux très bas de LDL et une
protection génétique contre les maladies cardiovasculaires.
4. Recherche génétique
Cette enzyme (Proprotéine Convertase Subtilisine/Kexine de type 9) a été découverte en
2003. Elle est codée par un gène situé sur le chromosone 1 qui porte le même nom.
5. Rôle de la PCSK9
La PCSK9 se lie aux récepteurs des LDL ce qui va entrainer l’endocytose et la phagocytose des
récepteurs, sans liaison de LDL à ceux-ci. On a alors moins de récepteurs LDL-C à la surface
membranaire, donc moins de dégradation des LDL. Il y a alors beaucoup de LDL circulants.
6. Mutations du PCSK9
2 sortes de mutations existent :
386
7. Les inhibiteurs de la PCSK9
Un moyen d’inhiber la PCSK9 est d’utiliser des anticorps qui vont la neutraliser. C’est le cas de
l’Evolucumab, de l’Alirocumab (en essai de phase III pour le moment) et du Bococizumab (en
essai de phase II). Les anticorps sont injectés, ils se lient alors à la PCSK9 et la neutralise. Elle
peut alors moins se lier aux récepteurs aux LDL et donc on en trouvera plus à la surface
membranaire.
Une étude comparative entre l’Evolocumab et l’ézétimibe constate qu’il y a une réduction du
taux de LDL jusqu’à 56% soit 39% de plus que l’ézétimibe après 12 semaines de traitement.
De plus, la tolérance est meilleure pour l’Evolocumab (12% de myalgies contre 23% pour
l’ézétimibe).
On peut aussi inhiber la synthèse de la PCSK9 en utilisant des nucléotides non-sens ARN
interférents. Pour le moment, on est qu’en essai de phase I.
Pour l’instant, on ne sait pas encore si la réduction de LDL est suivie d’une diminution du
risque d’événements cardiovasculaires. Il faudra attendre la fin des études pour avoir la
preuve de son efficacité clinique (2017-2018).
Les inhibiteurs de PCSK9 sont une nouvelle arme thérapeutique prometteuse dans le
traitement de la dyslipidémie. Ils peuvent diminuer le taux de LDL de 40 à 70% selon les
études. Ils ont également une bonne tolérance.
1. Epidémiologie
Il y a eu 3,1 millions de décès en 2010. La pollution atmosphérique est le 9ème facteur
modifiable du risque cardiovasculaire (devance la sédentarité, le régime riche en sel,
l’élévation isolée du cholestérol total).
387
2. Les principaux polluants
• Les polluants gazeux : l’ozone, le dioxyde de soufre, le dioxyde de nitrogène, le
monoxyde de carbone, le benzène, ...
• Les matières particulaires sont classées selon leurs diamètres en :
o Particules respirables (PM10) : pénètrent dans les bronches (diamètre
inférieur à 10 μm)
o Particules fines (PM2,5) : pénètrent dans les alvéoles (diamètre inférieur à
2,5 μm)
o Particules ultrafines (PM1) : dépassent la barrière alvéolo-capillaire
(diamètre inférieur à 1 μm)
3. Sources
a. Les polluants primaires
Ils sont directement émis par les activités humaines : voitures, centrales thermiques, industrie
métallurgique, chauffage domestique, ...
Ils sont produits par la réaction physico-chimique d’un ou plusieurs polluants primaires (ex :
ozone).
4. Hypothèse physiopathologique
La pollution atmosphérique entraine une inflammation et un stress oxydatif (avec radicaux
libres d’oxygène). Ceux-ci vont alors exercer leur effet et aggraver/abimer les plaques
d’athérome, l’endothélium, les plaquettes et peut-être aussi le système nerveux autonome.
388
On pourra alors observer :
L’infarctus et les troubles du rythme vont alors entrainer une insuffisance cardiaque. Ces 3
pathologies vont chacune contribuer au risque de mortalité cardiovasculaire.
S’il y a une augmentation de 10 μg/m³ de PM2,5, on verra une augmentation de plus de 13%
d’événements coronariens. S’il y a une augmentation de 5μg/m³ de PM2,5, on a une
augmentation de plus de 12% des événements coronaires.
L’épaisseur intima-média va augmenter de 0,5 μg/m³ lorsqu’on augmente de 2,5 μg/m³ les
PM2,5.
Ces études suggèrent une survenue plus fréquente de fibrillation auriculaire, de bloc AV et
d’arrêt cardiaque à court terme. Les principaux polluants incriminés sont les PM fines et les
polluants gazeux (NO2 et ozone). L’impact sur la survenue de troubles du rythme sera
différent en fonction de la concentration atmosphérique en ozone et de la durée
d’exposition.
Il n’y a pas assez d’évidences cliniques permettant de conclure à un effet arythmogène direct
de la pollution atmosphérique.
389
8. Autres effets cardiovasculaires probables
9. Recommandations
Forcément moins c’est pollué, mieux c’est !
390
L’hypertension artérielle
OBJECTIFS
1. Savoir
• Expliquer l’épidémiologie, les principales causes et l’histoire naturelle de
l’hypertension artérielle de l’adulte
• Réaliser le bilan initial d’une hypertension artérielle de l’adulte
• Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient
• Décrire les principes de la prise en charge au long cours.
2. Spécifique
• Connaitre l’épidémiologie, la signification pronostique et les principales causes de
l’hypertension artérielle de l’adulte
• Connaitre la classification de sévérité de l’HTA
• Savoir mesurer correctement la pression artérielle et connaitre les causes d’erreur de
mesure, savoir rechercher une hypotension orthostatique
• Connaitre l’intérêt de la MAPA et de l’automesure
• Connaitre les anomalies ECG retrouvées chez l’hypertendu
• Savoir réaliser le bilan initial d’une hypertension artérielle de l’adulte et
particulièrement :
o La recherche de facteurs de risque associés
o Le calcul du risque cardiovasculaire global
o La recherche d’atteinte clinique des organes cibles
o La recherche d’atteinte infra-clinique des organes cibles (patient encore
asymptomatique)
• Savoir quand et comment réaliser un bilan étiologique initial
• Connaitre les principales étiologies d’HTA secondaire et les examens complémentaires
à demander
• Savoir initier un premier traitement de l’HTA en justifiant le choix de la classe
thérapeutique en fonction des comorbidités (sans les posologies)
• Savoir quelle attitude thérapeutique adopter en cas d’échec ou de mauvaise tolérance
du premier traitement
• Connaître les objectifs tensionnels à atteindre en fonction du risque cardiovasculaire
du patient
• Connaître les nouvelles options thérapeutiques de l’hypertension résistante
• Savoir identifier, prendre en charge et débuter le traitement d’une urgence
hypertensive
• Connaitre les indications du traitement antiagrégant plaquettaire et hypolipémiant de
l’hypertendu
391
UN PEU D’HISTOIRE
Les 1ères descriptions remontent à très longtemps. En effet, elles remontent à 2660 avant JC.
Avant, le traitement était la saignée.
EPIDÉMIOLOGIE
Les maladies cardiovasculaires sont responsables de 17 millions de morts annuellement. Les
complications de l’hypertension artérielle engendrent 9,4 millions morts par an à l’échelle
planétaire.
En 2008, 40% des adultes ont été diagnostiqués souffrant d’hypertension artérielle. Le
nombre de personnes souffrant d’HTA était de 600 millions en 1980 et de 1 milliard en 2008.
1. Epidémiologie mondiale
La tension artérielle systolique chez les plus de 25 ans est moins haute chez les femmes que
chez les hommes
La population idéale devrait avoir une tension artérielle aux alentours de 100 mmHg (courbe
orange) et aucune personne avec une tension artérielle de plus de 140mmHg. Cependant, la
distribution actuelle (courbe bleue) est aplatie et donc 20% de la population dépasse le seuil
de 140 mmHg. Des problèmes peuvent déjà se manifester avec une tension artérielle de 120-
130 mmHg.
Dès qu’on a une augmentation de cette tension artérielle (systolique et diastolique), on
augmente le risque de maladie coronarienne. La relation est valable et différente pour
chaque tranche d’âge.
392
Une variable est un facteur de risque si elle est présente avant que le résultat ne soit observé
et si elle est associée de façon significative avec le résultat.
Il existe une relation continue entre la tension artérielle systolique, la tension artérielle
diastolique et le risque de complications cardiovasculaires.
393
Ex : si on arrive à diminuer la tension artérielle, le risque de maladie cardiovasculaire va
diminuer et donc la mortalité aussi
Déterminer la causalité d’un facteur de risque est la dernière étape à franchir pour définir ce
facteur de risque. Cela fournira d'importants éléments comme les cibles d'intervention et de
prévention.
Il existe une relation causale entre l’hypertension artérielle et les AVC. En effet, quand la
tension artérielle augmente, les vaisseaux sont plus sous pression et donc on augmente le
risque d’AVC.
• Le diabète
• L’hypertension artérielle
• La dyslipidémie
• Le tabac
• L’obésité
• La sédentarité
L’âge, les facteurs génétiques et hormonaux jouent aussi mais on ne sait rien y faire. Les
facteurs de risque causaux valent de l'or en matière d'évaluation du risque. En effet, ils
peuvent servir :
Il faut donc repérer les processus qui expliquent la relation causale entre le facteur de risque
et le résultat.
La prévention secondaire reste à améliorer. En effet, sur plusieurs études effectuées, on n’a
remarqué aucune évolution. Il y a toujours 20% de patients qui devraient être traités mais qui
ne le sont pas encore. Le diabète est également toujours problématique, cela devient une
pandémie. Son incidence est encore en train d’augmenter. La seule bonne chose qu’on
observe, c’est une certaine diminution de cholestérol.
394
Les modifications minimes de la tension artérielle peuvent réduire de beaucoup la mortalité.
En effet, une diminution de 2mm de la tension artérielle va réduire de 7% le risque de
maladie cardiovasculaire. Il faut aussi essayer de se trouver dans la zone optimale (12/8).
Dès qu’on est supérieur à la zone optimale, on se trouve en pré-HTA. Il faut alors sensibiliser
le patient, lui expliquer qu’il est sur la mauvaise voie.
Au-dessus de 14/9, c’est une vraie hypertension artérielle. L’hypertension artérielle de grades
1 et 2 est confirmée au minimum par 2 mesures par consultation, au cours de 3 consultations
successives sur une période de 3 à 6 mois via les mesures faites au cabinet médical.
L’hypertension artérielle systolique isolée est donc un problème fréquent chez la personne
âgée.
• Chez la femme
• Chez le sujet noir
• Chez les obèses
• Dans les populations à forte consommation de sel
• Dans les couches défavorisées
• En cas de consommation d’alcool
• Les patients avec une vie sédentaire
• En cas d’exposition à des stress répétés
• Il existe une prédisposition génétique dans 30 % des cas environ
395
CONSÉQUENCES DE L’HYPERTENSION ARTÉRIELLE
L’hypertension artérielle cause des problèmes :
• Cardiaques
• Vasculaires
• Athérosclérose
• Rénaux
• Au niveau des artères du fond d’œil
• Neurologiques
Il n’y a que 50% des HTA qui sont diagnostiquées. Sur ces 50% diagnostiquées, il n’y a que
50% des hypertendus sont traités. Sur ces 50% traités, il n’y en a que 50% qui sont bien
contrôlés.
Il n’y a que 12,5% des hypertendus qui sont traités correctement. L’hypertension artérielle est
un tueur silencieux.
La tension artérielle correspond à la pression artérielle exercée par le sang sur la paroi des
artères qu’elle distend.
La tension artérielle résulte directement de la pression artérielle. Les pressions sont mesurées
en pascal (Pa) mais l'usage fait que la pression artérielle est mesurée en centimètres ou
millimètres de mercure (mmHg).
La pression atmosphérique moyenne est de 760 mmHg soit 101 300 pascal (Pa) qui valent
1,013 barr.
La pression artérielle systolique moyenne est de 130 mmHg, soit 130 x 1,36 ce qui fait 176,8
cm H2O. En effet, 1 mmHg vaut 1,36 cm H2O.
396
Lorsqu’on gonfle le brassard, la pression présente à l’intérieur est supérieure à la tension
artérielle systolique. Du coup, l’artère est comprimée. Quand l’artère est comprimée, on
n’entend plus aucun bruit vu que le sang ne sait plus passer.
Les bruits présents au moment de la prise de la tension artérielle sont les bruits de Korotkoff.
Le système artériel est le système résistif tandis que le système veineux est le système
capacitif.
A connaitre
397
Le débit est proportionnel à une constante K et à une différence de pression. Cette différence
de pression vaut la soustraction de la pression en amont (pression artérielle moyenne) et de
la pression en aval (pression veineuse centrale).
Si la pression veineuse centrale est inférieure à la pression artérielle moyenne (PAM), alors on
obtient PAM qui vaut Q x RPT où RPT correspond à la résistance périphérique totale.
• Le débit augmente
• La résistance augmente puisque K vaut l’inverse de la résistance.
En pratique, c’est plus compliqué puisque c’est pulsatile et que les vaisseaux se dilatent à
certains endroits.
b. La notion de Windkessel
On peut comparer le cœur à un réservoir d’eau utilisé par un pompier. Il va pomper de façon
alternative, mais il a besoin d’un flux continu pour pouvoir éteindre le feu. C’est pareil dans le
cœur, on a besoin de sang en continu et pas par à coups.
Le réservoir d’eau est en fait le ventricule gauche. Il envoie le sang dans l’aorte qui se remplit
en une fois. Une partie est stockée grâce à son élasticité. Elle donne ensuite le sang
progressivement jusqu’à la fin de la diastole.
On observe une onde de P dans l’aorte qui correspond à l’onde incidente. On a ensuite une
onde de réflexion vers le cœur dû à la bifurcation des artères.
c. La pression artérielle vaut la somme de l’onde incidente et de l’onde réfléchie
La pression artérielle moyenne vaut Q x RPT. Cependant, la loi de Darcy présente des
simplifications extrêmes.
Du coup, le ventricule gauche doit effectuer un travail plus grand puisqu’il doit pousser contre
une pression plus grande. On a alors une moins bonne diastole et donc moins de perfusion
des coronaires.
398
• Si la pression centrale augmente (qui dépend du flux cérébral), le risque d’AVC
augmente
• Si la post-charge augmente, le risque d’hypertrophie du ventricule gauche augmente
• Si la perfusion coronarienne diastolique diminue, le risque d’infarctus du myocarde
augmente.
Quand on parle de différence de pression, on veut dire que la pression diastolique diminue et
que la tension artérielle systolique augmente.
Plus le sang avance et plus le flux diminue. En effet, comme on a de plus en plus de
subdivisions, la surface totale des artères est plus grande que celle de l’aorte.
La tension artérielle centrale est mesurée directement avec un cathéter et est estimée par
transformation de la tension artérielle périphérique (tonométrie).
399
e. Mesure de la tension artérielle à la consultation
Lors de la mesure de la tension artérielle, l’apparition des bruits de Korotkoff signifie qu’on
est passé en dessous de la pression systolique. La disparition des bruits correspond alors au
passage de la pression du brassard en dessous de la pression diastolique.
Le sujet doit être assis ou allongé avec un repos physique et psychique depuis plus de 5
minutes. Il doit également être à distance de plus de 30 minutes d’un effort, d’un café ou
d’exposition à la cigarette.
Il est nécessaire d’utiliser un brassard adapté à la taille du bras du patient. Il faut donc
disposer d’un brassard pour les patients obèses et d’un brassard pour les enfants.
Lors d’une 1ère consultation avec un patient, il est conseillé de mesurer la pression artérielle
aux 2 bras et de noter la pression la plus élevée comme référence.
La MAPA améliore la prédiction du risque cardiovasculaire. Elle est mieux corrélée à l’atteinte
des organes cibles et évalue mieux la réduction de pression sous traitement.
Elle se prend sur 24 heures d’activité habituelle. L’appareil prend une mesure toutes les 15
minutes pendant la journée et toutes les 30 minutes pendant la nuit.
De plus, le brassard doit être adapté à la taille du bras et il est demandé au patient d’avoir un
journal d’activité.
g. Auto-mesure tensionnelle
400
C’est un complément de la mesure au cabinet de consultation pour le dépistage de
l’hypertension artérielle de la blouse blanche et de l’hypertension artérielle masquée
(diagnostic à confirmer par MAPA).
Désavantages de l’auto-mesure
Indications de l’auto-mesure
Protocole de l’auto-mesure
ü Phase d’initiation
401
ü Phase d’observation à long terme
On fait la même chose que précédemment pendant 1 semaines tous les 3 mois.
La tension artérielle doit diminuer la nuit de 20%. Si ce n’est pas le cas, le patient est plus à
risque.
Les recommandations européennes sont :
402
2. Régulation de la tension artérielle
a. A court terme
b. A moyen terme
Les rôles de l’ADH
403
Elle intervient également sur les vaisseaux, entrainant une vasorelaxation cérébrale et
cardiaque et une vasoconstriction systémique.
c. A long terme
Le peptide atrial natriurétique (ANP) et d’autres peptides de même fonction, comme le BNP,
sont secrétés par des myocytes spécialisés de la paroi atriale, en réponse aux forces de
distension de la paroi de l’atrium (donc sous l’effet de la pression veineuse centrale).
Cette hormone a pour effet principal d’augmenter l’excrétion urinaire de sodium et donc
d’accroître la diurèse (par élimination de l’eau liée au sodium). Elle a aussi un (modeste) effet
vasorelaxant.
Loi de darcy : D = VES x FC
d. Hypothèses physiopathologiques
• Génétiques
• Hémodynamiques
• Humoraux
404
• Endocrines
• Neurologiques
• Adaptatifs
• Anatomiques
• Rénaux
• Environnementaux
Plus de 90% des cas d’hypertension artérielle sont des hypertensions essentielles sans cause
clairement identifiée et corrigible. Les 10% restants sont des hypertensions artérielles
secondaires.
L’hypertension artérielle est une maladie polygénique. En effet, plusieurs facteurs génétiques
feront que le patient sera plus sensible qu’un autre à l’exposition à d’autres facteurs de
risque comme la forte consommation de sel, la sédentarité, …
Des facteurs liés au mode de vie vont favoriser ou aggraver l’hypertension artérielle :
MANIFESTATIONS CLINIQUES
L’hypertension artérielle est souvent totalement asymptomatique et n’est découverte que
par l’examen physique.
Il est banal de repérer une élévation tensionnelle à l’occasion d’une consultation pour de
« petits » symptômes :
1. Les complications
La liste des complications est longue :
406
a. Urgences hypertensives
a. Mécanisme
Le tableau comporte :
407
Les symptômes associés sont :
• Une asthénie
• Un amaigrissement et une altération de l’état général
• Des troubles digestifs (douleurs abdominales, nausées, vomissements)
• Une soif et des signes possibles de déshydratation
• Des troubles neurologiques : troubles visuels, céphalées violentes liées à
l’hypertension intracrânienne, réalisant le tableau d’une encéphalopathie
hypertensive avec parfois des signes de focalisation pouvant aller au coma
Il y a une évolution rapide qui peut causer en quelques mois une insuffisance rénale
irréversible et mortelle en absence de traitement.
2. Interrogatoire
Il permet de préciser l’ancienneté de l’hypertension artérielle et les valeurs antérieures ainsi
que le traitement antihypertenseur antérieur (efficacité, effets secondaires éventuels).
• Une dyslipidémie
• Un diabète
• Le tabagisme
• Les antécédents familiaux cardiovasculaires précoces
• Les habitudes alimentaires (graisses animales, sel, alcool)
• L’activité physique
• L’obésité
• La prise de poids
• Le ronflement et l’apnée du sommeil
Il faut rechercher les symptômes évocateurs d’une atteinte des organes cibles :
• Les antécédents d’une maladie coronaire, d’une insuffisance cardiaque, d’un AVC,
d’une atteinte vasculaire périphérique et de néphropathie
• Le cerveau et les yeux : vertiges, céphalées, troubles visuels, AIT, déficit sensitif ou
moteur
• Le cœur : palpitations, douleur thoracique, dyspnée, œdème des membres inférieurs
• Les reins : soif, polyurie, nycturie ou hématurie
• Les artères périphériques : extrémités froides, claudication intermittente
408
3. Examen clinique
a. Recherche de signes évocateurs d’une atteinte des organes cibles
4. Examens complémentaires
a. Atteintes infra-cliniques cardiaques
A connaître
Il faut rechercher d’autres facteurs de risque, une atteinte infra-clinique des organes cibles ou
une hypertension artérielle secondaire :
ECG
Un ECG permet également de trouver :
Un ECG de départ (normal) permet des évaluations ultérieures et servir de repère en cas
d’accident évolutif.
ü L’hypokaliémie à l’ECG
Dans l’hyperkaliémie, l’onde T est très ample, positive et symétrique.
410
b. Atteintes infra-cliniques des vaisseaux
Un index de pression systolique cheville/bras inférieur à 0,9 signe une artériopathie des
membres inférieurs.
Les fonds d’œil font partie de la classe 3 des recommandations. On ne recommande pas de le
faire systématiquement. Cependant, on le fait plus souvent pour les personnes diabétiques.
411
5. Retentissement de l’hypertension artérielle sur un organe cible
A connaître
a. Infra-clinique
Dans 5 à 10% des cas, il y a une atteinte organique sous jacente, un déséquilibre de la
sécrétion endocrine ou une intoxication pharmacologique est incriminée. C’est l’hypertension
artérielle secondaire.
2. Quand la suspecter ?
Il faut suspecter une hypertension artérielle secondaire :
Cette hypertension ne doit pas être recherchée chez tous les patients hypertendus car il y a
trop d’examens à faire ce qui coutent à la société.
412
• Absorption de produits :
o Médicamenteux : corticothérapie, œstroprogestatifs, AINS…
o Non médicamenteux : réglisse
• Syndrome d’apnée de sommeil
• Autres étiologies endocriniennes : hypothyroïdie, acromégalie, tumeur à rénine…
a. L’hypertension artérielle réno-vasculaire
On observe une sténose des artères rénales, souvent due à l’athérosclérose (sujet âgé, terrain
vasculaire) et plus rarement à une dysplasie fibromusculaire (femme jeune).
Il faut la suspecter :
Confirmation diagnostique
• L’échographie rénale
• La Doppler des artères rénales
• L’angiographie
• L’angioTDM ou angioIRM des artères rénales
413
AngioIRM des artères rénales
Un traitement possible pour cette hypertension est l’angioplastie ou le stenting des artères
rénales dont l’utilité est remise en question. Ce traitement consiste en une dilatation
percutanée de l’artère par la mise d’un stent.
Toute atteinte rénale peut causer ou aggraver une hypertension artérielle par :
Suspicion
c. La coarctation de l’aorte
C’est une sténose congénitale de l’isthme aortique. Elle est parfois diagnostiquée à l’âge
adulte.
414
Suspicion clinique
Diagnostic
Traitement
d. L’hyperaldostéronisme primaire
415
Un hyperaldostéronisme primaire est différent d’un hyperaldostéronisme secondaire.
Par contre, l’hyperaldostéronisme secondaire est causé par une activation du système rénine-
angiotensine-aldostérone dû à :
Suspicion clinique
Il faut la suspecter en cas d’une hypertension artérielle sévère résistance qui répond aux anti-
aldostérones. Il faut également y songer en cas de signes cliniques associés et inconstant
comme une fatigabilité, des paresthésies, un syndrome polyurodipsique, …
Diagnostic
ü Biologique
416
NB : il faut arrêter tous les médicaments qui interfèrent avec le système rénine-angiotensine-
aldostérone (anti-aldostérone, les inhibiteurs de l’enzyme de conversion, les antagonistes des
récepteurs de l’angiotensine II, les β-bloquants et les diurètiques).
ü Imagerie
Le diagnostic radiologique se fait via une TDM des loges surrénaliennes qui permet de mettre
en évidence la présence d’un nodule hypodense unilatéral de plus de 10 mm de diamètre.
Traitement
Dans 1/3 des cas, il y a une guérison spontanée. Il est nécessaire d’avoir un meilleur contrôle
de l’hypertension artérielle dans 1/3 des cas.
Ce sont des tumeurs sécrétant des catécholamines. Elles sont malignes dans 1/3 des cas. Le
phéochromocytome dérive de la médullosurrénale alors que les paragangliomes dérivent des
autres ganglions parasympathiques.
Suspicion clinique
• Céphalées
• Sueurs
• Palpitations
417
L’hypertension artérielle est paroxystique. La biologie trouve souvent une hypokaliémie et un
diabète sans surpoids.
Diagnostic
ü Biologie
ü Imagerie
Il se fait via une TDM/IRM ou une scintigrapgie MIBG (+++) pour les formes extra-
surrénaliennes (paragangliomes ou métastases en cas de malignité).
Traitement
418
f. Le syndrome de Cushing
Ce syndrome est rarement révélé par une hypertension artérielle bien qu’elle soit
fréquemment présente.
Suspicion
ü Clinique
ü Biologie
419
Diagnostic
ü Biologie
ü Imagerie
Tumeurs à rénine
Acromégalie
Dysthyroïdie et hyperparathyroïdie
Le traitement ne guérit pas l’hypertension artérielle. Il s’agit plutôt d’une association qu’un
lien de causalité.
Elle est liée à une anomalie de placentation entre les 16 et 22 semaines d’aménorrhée.
On distingue :
420
Les signes cliniques de l’hypertension secondaire
On observe :
Les complications
Le traitement
On fait une extraction fœtale s’il y a une éclampsie ou une souffrance fœtale.
C’est une cause fréquente d’hypertension artérielle résistante. 30% des hypertendus ont un
SOAS et 60% des patients porteurs d’un SAOS sont hypertendus.
• Est obèse
• Ronfle
421
• Présente des apnées pendant le sommeil
• A un sommeil fragmenté ou des insomnies nocturne
• Une somnolence diurne
• Est un sujet non deepers : absence de baisse tensionnelle nocturne
Diagnostic
Traitement
4. Conclusion
• Hypertension artérielle symptomatique
• Rare souvent grave et parfois curable
• Un bon interrogatoire, un examen clinique adéquat et un bilan biologique minimal est
souvent suffisant pour orienter le diagnostic
• Les musts de l’hypertension artérielle secondaire sont :
o La sténose des artères rénales
o La coarctation de l’aorte
o L’adénome de Conn
o Le phéochromocytome
422
Grâce à une bonne anamnèse et un examen clinique, on arrive à diagnostiquer
l’hyperaldostéronisme primaire, le phéochromocytome, la coarctation de l’aorte, la sténose
des artères rénales et les atteintes du parenchyme rénal.
• L’âge : plus de 50 ans pour les hommes et plus de 60 ans pour la femme
• Le tabagisme : actuel ou arrêté depuis moins de 3 ans
• Les antécédents familiaux d’accident cardiovasculaire précoce
o Un infarctus ou mort subite avant l’âge de 55 ans chez le père ou un parent
masculin du 1er degré
o Un infarctus ou mort subite avant l’âge de 65 ans chez la mère ou chez une
parente du 1er degré
• Un AVC précoce : avant 45 ans
• Un diabète (diabète traité ou non traité)
• Une dyslipidémie
423
1. Maladies cardiovasculaires et rénales
L’hypertension artérielle peut causer :
• Une insuffisance rénale (DFG < 60 ml/min) ou une protéinurie (> 500 mg/j)
• Un accident ischémique transitoire (AIT) ou un accident vasculaire cérébral (AVC)
• Une insuffisance coronarienne
• Une artériopathie des membres inférieurs et aorto-iliaque
1. But du traitement
Le traitement a pour but de réduire au maximum le risque de morbi-mortalité
cardiovasculaire sur le long terme par la prise en charge des chiffres tensionnels mais aussi le
traitement de tous les facteurs de risque réversibles associés.
Les objectifs tensionnels chez tous les patients hypertendus est d’atteindre une pression
artérielle inférieure à 140/90 mmHg voire des valeurs plus basses aussi proches que possible
de la pression artérielle optimale (soit 120/80) si la tolérance est bonne.
424
La notion « dépassée » d’objectif tensionnel d’une pression inférieure à 130/80 mmHg chez :
• Le diabétique hypertendu
• L’hypertendu à risque cardiovasculaire élevé ou très élevé
• L’hypertendu présentant une pathologie associée (AVC, infarctus du myocarde,
insuffisance rénale, protéinurie)
2. Piliers du traitement
Le traitement de l’hypertension artérielle repose sur 4 approches complémentaires
indispensables :
Pour tous les patients, le but est de diminuer la pression artérielle, de contrôler les autres
facteurs de risque ou pathologies et de minimiser le nombre et la dose de médicaments
antihypertenseurs :
• L’arrêt du tabac
• Une réduction pondérale chez les sujets en surpoids ou obèse : diminution de leur
IMC sous 25
• Une réduction de la consommation d’alcool à moins de 30 ml/j chez l’homme et de 15
chez la femme
• Avoir une activité physique régulière : supérieure à 30 minutes plus de 3 jours par
semaine
• Une réduction de l’apport sodé : apport sodé inférieur à 6 g/j
• Avoir un apport alimentaire enrichi en fruits et légumes (attention à l’insuffisance
rénale sévère : risque d’hyperkaliémie) avec une diminution de l’apport en graisses
saturés et en cholestérol et avec une consommation plus fréquente de poisson
425
En 2013, la Direction de l’Evaluation Médicale, Economique et de Santé Publique (DEMESP)
de la Haute Autorité de Santé (France) a publié un rapport sur l’« Evaluation par classe des
médicaments antihypertenseurs » destiné à évaluer le choix thérapeutique le plus efficient.
Il existe 4 autres classes qui ont une place de le traitement de l’hypertension avec en
priorité les inhibiteurs de l’enzyme de conversion puis les antagonistes calciques et les
diurétiques vu le coûts des sartans.
a. Comment choisir ?
426
Pour tous les patients, on va préférer donner un inhibiteur de l’enzyme de conversion. Par
contre, si le patient est un coronarien, on va préférer lui donner des β-bloquants.
b. Les β-bloquants
Ils diminuent la pression artérielle par une diminution de la sécrétion de la rénine ainsi que
par des mécanismes incomplètement connus à ce jour.
• Les β-bloquants cardio-sélectifs qui possèdent une activité β-bloquante sur les
récepteurs β1 de manière sélective limitant les effets sur les récepteurs β2
• Les β-bloquants non sélectifs bloquent aussi les récepteurs β2 exposant le patient à
des effets indésirables de type bronchoconstriction avec ou sans activité β-agoniste
partielle ou activité sympathomimétique intrinsèque, limitant la bradycardie surtout
au repos
Les β-bloquants ont un effet chronotrope et ionotrope négatif. Ils provoquent également une
diminution de la post-charge.
427
ü Les β-bloquants non sélectifs
Ces effets secondaires vont alors pousser le patient a arrêté son traitement.
Les β-bloquants fonctionnent bien dans le cas d’un syndrome coronarien aigu post-infarctus
mais les patients n’aiment pas être traiter avec ces molécules.
On ne donne pas de diurétiques thiazide à un patient qui présente de la goutte.
428
c. Les inhibiteurs calciques
Les dihydropiridines inhibent les canaux calciques au niveau des muscles lisses. Ils ont un effet
essentiellement vasculaire avec une dilatation coronaire, un effet anti-spastique et un effet
antihypertenseur. Ils induisent un effet réflexe qui consiste en une accélération du rythme
cardiaque qui n’est pas souhaitée. Du coup, on les associe avec un β-bloqueur.
Le Diltiazem et le Vérapamil ont une action non sélective au niveau cardiaque et vasculaire. Ils
provoquent une artério-dilatation moins importante. De plus, ils ont un effet ionotrope et
chronotrope négatif (bradycardisant).
d. Les inhibiteurs du système rénine angiotensine
Ils réduisent la pression artérielle en agissant sur certaines enzymes intervenant au niveau du
système rénine angiotensine (SRA).
429
• Les inhibiteurs de la rénine : en inhibant sélectivement la rénine, il diminue l’activité
de la rénine plasmatique et bloque la conversion de l’angiotensinogène en
angiotensine I
Ils sont initiés avec des doses progressives en suivant la tension artérielle et la fonction
rénale :
• L’Enalapril : 10 mg 2x/j
• Le Lisinopril : 20 mg 1x/j
• Le Ramipril : 10 mg 1x/j
• Le Perindopril : 2,5 à 10 mg 1x/j
Les antagonistes de l’angiotensine II
Ils inhibent les effets vasoconstricteurs de l'angiotensine II, en exerçant un effet antagoniste
sur les récepteurs de l’angiotensine II.
Ils sont initiés avec des doses progressives en suivant la tension artérielle et la fonction
rénale :
430
e. Les diurétiques
Ils diminuent la pression artérielle via une action sur l’élimination d’une partie du sodium
sérique. Plusieurs diurétiques sont disponibles :
Pour agir au niveau du site I, qui correspond au tube contourné proximal, on donne des
inhibiteurs de l’anhydrase carbonique.
Pour agir au niveau du site II, qui correspond à la branche ascendante de l’anse de Henlé, on
donne des diurétiques de l’anse (furosémide, bumétanide).
Pour agir au niveau du site III, qui correspond au tube contourné distal, on donne des
thiazidiques (chlorothiazide, chlortalidone, hydrochlorothiazide).
Pour agir au niveau du site IV, qui correspond au tube collecteur ou distal, on donne des
épargnants potassiques :
Ils agissent au niveau du tube contourné distal et empêchent la réabsorption sodée. Ils
provoquent donc une perte d’H+, de K+ et de Cl-.
Dans l'anse de Henlé, ils s'opposent à la réabsorption active du sodium. Ils induisent alors
l’élimination des H+, des K+ et des Cl-. Cela a pour conséquence de provoquer une alcalose
hypokaliémique et hypochlorémique lors de surdosage.
431
ü Le furosémide
Ce médicament se prend par voie orale (comprimé de 40 mg) ou en intraveineuse (20 mg par
ampoule) en phase de décompensation cardiaque aigue.
ü Le bumétanide
Ils ont un délai d'action prolongé et un effet diurétique mineur sauf en cas
d’hyperaldostéronisme important.
Ils doivent toujours être associé aux autres antihypertenseurs avant de déclarer une
hypertension artérielle « résistante ».
f. Agents vasodilatateur intraveineux
Le nitroprussiate de sodium
C’est une pro-drogue métabolisé en cyanide et NO. Elle a une courte demi vie et est titrée
pour que la tension artérielle systolique soit inférieure à 140 mmHg.
432
La nicardipine
C’est le seul antagoniste calcique utilisable pour l’hypertension artérielle. Elle provoque une
vasodilatation artérielle puissante.
Il vaut mieux individualiser le traitement de chaque patient.
433
• Qu’avec une insuffisance rénale et/ou une néphropathie diabétique, les données
publiées favorisent les ARAII ou un IEC
• Que pour les patients de plus de 80 ans, il persiste un bénéfice d’un traitement
antihypertenseur en prévention cardiovasculaire, avec un effet bénéfique des
diurétiques thiazidiques et apparentés ou non à un IEC
Les patients en prévention primaire sans facteurs de risque présentent le taux de persistance
le plus faible. En effet, 40 % d’entre eux n’ont plus aucun traitement antihypertenseur au
bout de 12 mois.
Les patients en prévention secondaire ont des taux de persistance significativement plus
élevés que les patients en prévention primaire.
5. Combinaisons médicamenteuses
Quel que soit le traitement, la monothérapie n’est efficace que dans un nombre limité de cas.
Une association est nécessaire chez la majorité des patients.
On donne une monothérapie à faible dose si l’hypertension artérielle est de grade 1 et s’il y a
un risque cardiovasculaire faible ou modéré.
434
Le changement de classe est nécessaire si le 1er médicament a été inefficace ou s’il a induit
des effets secondaires (monothérapie séquentielle).
Pour une prévention cardiovasculaire optimale, il y faut un bon contrôle tensionnel (< 140/90
mmHg) :
En Belgique, on voit qu’il n’y a que 1/5 de la population qui est correctement contrôlée pour
sa tension artérielle systolique et diastolique.
Une association à faible dose préférable en 1ère intention si l’hypertension artérielle est de
grade 2 ou 3 ou si le risque cardiovasculaire est élevé.
Si la pression artérielle n’est toujours pas contrôlée, il faut donner l’association à pleine dose
ou ajouter un 3ème médicament à faible dose.
Les trithérapies ou quadrithérapies peuvent être nécessaires chez certains patients pour
atteindre l’objectif tensionnel.
Dans tous les cas, il faut savoir patienter au moins 4 semaines avant d’observer l’effet sur les
chiffres de la tension artérielle.
435
Les associations préférentielles sont :
L’association à éviter est les inhibiteurs d’ACE et les bloquants du récepteur à angiotensine.
On peut donner de l’aspirine à faible dose (75mg/j) chez les patients hypertendus avec un
antécédent d’événement cardiovasculaire.
Le traitement antiagrégant n’est débuté qu’après l’obtention d’un équilibre tensionnel, ceci
afin de minimiser le risque hémorragique.
b. Traitement hypolipémiant
Tous les hypertendus à haut risque cardiovasculaire (> 5 % à 10 ans) doivent également
bénéficier d’un traitement par statine.
EN PRATIQUE
Mr H.L 58 ans vient vous consulter pour des céphalées et un flou visuel.
Sa tension artérielle au cabinet était de 148/92 mmHg au bras droit et 152/93 mmHg au bras
gauche.
Mr H.L revient vous voir trois mois après avec les résultats de son holter tensionnel :
Ce patient présente comme facteur de risque, l’âge (plus de 50 ans) et une dyslipidémie. Il a
donc 2 facteurs de risque.
436
Après 3 mois, Mr HL vous consulte de nouveau. Sa tension artérielle est de 142/91 mmHg. Sa
biologie révèle une micro-albuminurie (260 mg/24h) et une créatinine a 74 μmol/L. Sa
glycémie est de 5,5 mmol/L. Son cholestérol est de 280 mg et son LDL-C vaut 130 mg/dL.
On prescrit du Perindopril 5 mg 1x/j et de la Simvastatine 20 mg 1x/j.
1. Etude SPRINT
Le NIH a réalisé des études chez les hypertendus avec un diabète (étude ACCORD, 2010) et
chez les hypertendus ayant fait un AVC ischémique par lacune cérébral (SPS3, 2013).
Ils ont alors observé qu’il n’y avait pas de bénéfice supplémentaire à fixer l’objectif de la
pression artérielle systolique à 120 mmHg par rapport à un objectif à 140 mmHg.
SPRINT a étudié des hypertendus de plus de 50 ans (25% > 75 ans). Ils ont étudié la
prévention des complications cardiovasculaires du traitement antihypertenseur avec l’objectif
d’une pression artérielle systolique à moins de 120 mmHg ou à moins de 140 mmHg.
SPRINT a été interrompu après 3 ans de suivi du fait d’une supériorité en terme de mortalité
cardiovasculaire dans le groupe ayant l’objectif à moins de 120 mmHg.
437
Les patients inclus avaient en moyenne 1,9 médicaments antihypertenseurs et avaient une
PAS/PAD à l’inclusion de 139,7/78,8 mmHg
Du coup, dans le cas clinique ci-dessus, selon l’étude SPRINT, il faut changer la prescription du
patient. En effet, il lui donner du Perindopril 5 mg et de l’Amlodipine 5 mg qu’on peut
augmenter par tranche de 10 mg quand c’est nécessaire.
Le fait d’associer ces 2 médicaments permet d’avoir une meilleure efficacité pour atteindre
l’objectif de 12/8. En effet, cette méthode atteint plus rapidement cet objectif et présente
moins d’effet secondaire par rapport à l’augmentation de la dose de Perindopril.
Une hypertension artérielle n’est vraiment résistante que si elle persiste après l’ajout d’un
inhibiteur des récepteurs minéralocorticoïdes (aldactone/spironalactone).
1. Les causes
• Les fausses hypertensions artérielles résistantes : hypertension artérielle de la blouse
blanche ou pseudo-hypertension ou un brassard inadapté
• La mauvaise observance du traitement
• Les règles hygiéno-diététiques non suivies, augmentation de poids et abus d’alcool
• La prise de médicaments ou de substances qui augmentant la pression artérielle
• Un syndrome d’apnée du sommeil
• Une hypertension artérielle secondaire méconnue
• Une surcharge volémique : traitement diurétique insuffisant, insuffisance rénale, un
apport sodé trop important, un hyperaldostéronisme
• Des posologies inadaptées
Le régime sans sel n’est pas adapté. Les associations médicamenteuses doivent se limiter à 3
substances.
438
L’objection pour la tension artérielle systolique est d’avoir une tension inférieure à 150
mmHg. On préconise des diurétiques et des antagonistes calciques.
Dans les SCA ou l’OAP, les dérivés nitrés (isosorbide dinitrate IV) sont les molécules de 1ère
intention.
Pour le cas particulier des AVC, on ne traite l’hypertension artérielle d’une hémorragique qu’à
partir de 180/110 et à partir de 220/120 dans l’AVC hémorragique car l’hypertension
artérielle aggrave le saignement intracérébral mais la baisse de la tension artérielle diminue la
perfusion du parenchyme cérébral dans la zone de pénombre.
439
1. Traitements antihypertenseurs chez les femmes
Les recommandations sont les mêmes que chez l’homme. Cependant, il faut faire attention
chez la femme pouvant être enceinte.
En effet, les inhibiteurs de l’enzyme de conversion, les sartans et les inhibiteurs rénines sont
tératogènes et sont donc contre-indiqués.
Plusieurs sources proposent un β-bloquant comme 1er choix chez la femme enceinte (le
labétalol est le mieux documenté).
Une des alternatives est alors de donner un antagoniste calcique (nifédipine, nicardipine).
La méthyldopa est utilisée largement pendant la grossesse étant donné qu'une tératogénicité
n'a pas été prouvée jusqu’à présent.
Pour les femmes souffrant d’une hypertension artérielle chronique enceintes ou qui
envisagent une grossesse, il faut revoir le traitement pour stopper les médicaments qui
agissent sur le système rénine-angiotensine (IECA, sartans, inhibiteurs de la rénine).
Les autres antihypertenseurs peuvent être poursuivis mais il faut envisager pour certaines
hypertensions artérielles légères de réduire voire arrêter la prise des médicaments.
Pour les femmes qui développent une hypertension artérielle gravidique et qui ont des
valeurs tensionnelles qui dépassent 160/110 mmHg, un traitement antihypertenseur doit être
instauré sans baisse trop rapide et trop prononcée de la pression artérielle (TAd <80 mmHg à
éviter).
2. Prise en charge
440
3. Définitions
L’hypertension artérielle chronique : c’est une hypertension qui existait déjà avant la
grossesse ou qui apparaît avant la 20e semaine de grossesse. Elle se maintient au moins 12
semaines après l’accouchement. L’incidence chez les femmes enceintes est d’environ 2 %.
L’hypertension artérielle gravidique : c’est une hypertension qui apparaît après la 20e semaine
de grossesse (généralement dans la période autour de l’accouchement, parfois seulement 3 à
6 jours après l’accouchement). L’hypertension artérielle gravidique disparaît généralement
dans les 6 semaines suivant l’accouchement mais elle peut parfois persister jusqu’à 6 mois
après l’accouchement. L’incidence chez les femmes enceintes est d’environ 4 à 8 %.
Une pré-éclampsie est une hypertension associée à une protéinurie (> 0,3 g/24 heures).
Une éclampsie est une hypertension associée à des convulsions et/ou un coma.
441
5. Risques de l’hypertension
L’hypertension artérielle, principalement supérieure à 160/110 et/ou une pré-éclampsie, peut
provoquer des complications graves :
6. En pratique
Toutes les femmes enceintes hypertendues doivent être suivies de près et nécessitent un
contrôle régulier de la pression artérielle et de la protéinurie.
442
Les cardiomyopathies
INTRODUCTION
Les cardiopathies peuvent être d’origine :
• Congénitale
• Hypertensive
• Ischémique
• Valvulaire
• Péricardique
• Pulmonaire
Mais à coté de cela, il existe toutes les atteintes du muscle cardiaque que l’on appelle
cardiomyopathies et qui sont classée comme suit :
CMH : cardiomyopathies hypertrophiques
CMD : cardiomyopathies dilatées
DAVD : dysplasie arythmogène du ventricule droit
CMR : cardiomyopathies restrictives
• Primitives
• Secondaires
o Infectieuse
o Endocrine
o Infiltrative
o Toxique
o Dysimmunitaire
443
1. Les différentes atteintes
A : normal
B : hypertrophie au niveau du septum. A l’histologie, on voit beaucoup de fibres qui vont dans
tous les sens.
C : dysplasie arythmogène. Elle touche surtout le ventricule droit avec des dépôts lipidiques.
Cela provoque alors le développement d’une insuffisance cardiaque droite.
D : cardiopathie dilatée. Différentes origines sont possibles mais ici, il n’y a pas de facteur
causal. On observe la présence d’une fibrose
E : cardiopathie restrictive. Il y a la présence d’une fibrose et d’une rétraction sur les valves
LA CARDIOPATHIE HYPERTENSIVE
Si l’hypertension artérielle est mal contrôlée, il va y avoir l’apparition d’une hypertrophie
importante. Cette hypertrophie sera alors visible à l’ECG car le signe de Sokolow sera positif
et il y a la présence de signes d’une hypertrophie ventriculaire gauche.
Il n’y a pas forcément une dilatation du ventricule gauche à ce stade. Du coup, on ne le voit
pas encore sur une radiographie. Dans ce cas-ci, la cause est définie.
LA CARDIOMYOPATHIE HYPERTROPHIQUE
444
Il y a la présence d’une hypertrophie ventriculaire massive avec une disposition anarchique
des fibres musculaires. De plus, les connections intercellulaires sont anormales. Il y a la
présence de zone de fibrose à certains endroits.
Le muscle est hypertrophié mais peu efficace. Du coup, sa force de contraction est diminuée.
1. Les étiologies
La plupart (50-60%) des cardiomyopathies sont dues à des mutations génétiques des
protéines du myocarde et 25 à 30% sont d’origine inconnue.
On a la fibre de myosine et les filaments d’actine. La fonction contractile se fait grâce aux
mouvements de ces 2 composants. Les troponines interviennent dans ce mouvement.
445
On peut donc doser les troponines dans le sang pour rechercher s’il y a une atteinte
musculaire. Certaines de ces troponines sont spécifiques au cœur. Les zones en rouges sur le
schéma sont des zones de mutation. Du coup, la fonction et la force des mouvements vont
être perturbés.
Les mutations sont parfois à des endroits importants. Les myopathies ont donc un caractère
familial mais ce n'est que récemment (1989) qu'on a réussi à montrer qu'un chromosome
était en cause.
Le gène en cause (MYH7) est le 1er qui a démontré qu’il était lié une affection cardiaque
héréditaire en 1990 (code pour β myosine).
L’affection génétique avec une expression clinique et échographique est très variable. La plus
fréquente (1 personne sur 500) est une anomalie autosomique dominante dont la pénétrance
varie.
Elle est caractérisée par une hypertrophie septale qui est presque toujours asymétrique. Il y a
parfois une obstruction de la chambre de chasse (LVOT) qu’on mesure au niveau du sinus
Valsalva quand le patient est debout et/ou assis. On peut la mesurer quand le patient fait un
effort si c’est nécessaire.
Le diagnostic repose sur la mesure de l’épaisseur diastolique du septum (> 13 à 15 mm). 12%
des patients ont un septum qui mesure plus de 30 mm.
4. Mode de découverte
Pour les patients asymptomatiques, on découvre leur cardiomyopathie de manière fortuite
par la présence d’un souffle systolique. Il faut alors faire une échocardiographie pour poser le
diagnostic de cette cardiopathie.
Les signes fonctionnels sont une dyspnée d’effort, des palpitations et des douleurs
thoraciques.
446
Les formes sévères présentent un angor d’effort, une insuffisance ventriculaire gauche, des
syncopes et une mort subite à l’effort.
L’enquête génétique familiale consiste en un dépistage indiqué chez les parents et les
descendants d’un patient atteint de cette cardiomyopathie.
Avec le temps, de plus en plus de signes apparaissent. Avec la présence d’un énorme septum,
il va y avoir l’apparition d’une ischémie. En effet, la vascularisation ne peut pas suivre cette
hypertrophie. Des signes d’angor et d’ischémie sont alors possibles.
L'accélération de ce liquide crée une dépression. Cette dépression attire les parois l’une
contre l’autre. En cardiologie, on appelle cela l’effet « ventury » avec une chute locale de
pression.
• En sub-aortique (image 1)
• Dans les parois : on parle de cœur en as de pique qui est lié à l’oblitération des parois
(image 2)
• Au milieu du ventricule (image 3)
Dans le 1er cas, on peut avoir un avancement du feuillet mitral et donc une régurgitation
mitrale importante. En effet, en début de systole, on a une élévation des vitesses du sang qui
est expédié dans l’aorte.
Cette élévation va attirer la valve mitrale vers l’aorte et donc empêcher sa fermeture. On a
alors une régurgitation mitrale et donc un souffle qui sera méso-télésystolique.
Le septal anterior motion (SAM) est un mouvement du feuillet septal de la valve mitrale vers
la chambre de chasse du ventricule gauche.
447
7. L’examen clinique
Il est normal chez les patients asymptomatiques sans gradient intraventriculaire.
Un souffle d’insuffisance mitrale peut être associée. Habituellement, le reste de l’examen est
banal.
448
8. Les examens complémentaires
a. ECG
b. L’échographie
Ci-dessus, on retrouve l’exemple d’une échographie où l’on voit un septum de 25 à 35 mm
d’épaisseur. Cette mesure se fait lors de la diastole. Du coup, on n’observe pas l’effet
d’avancée systolique du feuillet mitral. Il n’y a pas de phénomène d’obstruction. La paroi du
ventricule gauche est normale.
449
Grâce à la vue apicale, on mesure la vitesse qui est de 5m/s au niveau de la chambre de
chasse aortique. On mesure également le gradient de pression entre l’intérieur du ventricule
gauche et l’aorte. Dans ce cas-ci, le gradient vaut à peu près 100 mmHg.
c. La résonnance magnétique
Elle permet d’avoir une meilleure image. En effet, avec cette technique on voit tout le
myocarde en 3D. Du coup, on sait bien voir l’asymétrie et on peut aussi visualiser les
éventuelles fibroses.
On peut aussi faire une analyse génétique.
450
9. Obstruction de la chambre de chasse
Si le gradient est supérieur à 50 mmHg après une provocation, c’est une indication
opératoire. Si on n’a pas ce gradient de 50 mmHg et que le patient reste asymptomatique, on
doit simplement réaliser un suivi.
Ces patients peuvent faire de l’arythmie ou des obstructions à l’effort. Du coup, il faut suivre
correctement ces patients.
Lors d’un vasalva, la vitesse au repos est de 2,5 m/s. De plus, le gradient n’est pas important.
10.Evolution
La présence d'une obstruction et le degré de l’obstruction ont une influence sur le pronostic.
Le pronostic va donc varier en fonction de l’épaississement. En effet, quand le septum fait 20
mm, il y a 7 à 8 morts subites pour 1000 individus.
On aura une fibrillation auriculaire dans 5 à 10% (parfois révèle la maladie). On peut aussi
développer une insuffisance cardiaque avec de multiples poussées congestives.
La mort subite est aussi une complication possible. La mort subite survient généralement
chez les personnes jeunes ou après un effort.
451
L’utilisation d’un défibrillateur en prévention primaire n’est pas forcément quelque chose
d’utile car il y a un risque d’infection. Il faut donc calculer un score. Si ce score est inférieur à
4%, on ne met pas de défibrillateur.
b. Indiqués
On lève par coup de scalpel le contact entre la partie latérale de la valve et le septum. On fait
en même temps une réparation des cordages.
S’il existe un vaisseau spécifique à l'endroit où il y a la zone de contact, on met un ballon dans
le vaisseau et on injecte de l’alcool à 95% qui va se distribuer uniquement à la région
concernée et on crée un infarctus.
On diminue en fait la zone, comme le fait le chirurgien. S’il y a une connexion du vaisseau
avec le reste de la vascularisation, on crée alors un infarctus majeur qui peut entrainer le
décès du patient créant ainsi une zone arythmogène. C’est une des complications majeures
de cette intervention.
a. L’amyloïdose cardiaque
Il y a une accumulation extracellulaire de protéines fibrillaires insolubles. Cela crée des dépôts
de chaines légères d’immunoglobines qui envahissent les tissus et altèrent leur bon
fonctionnement.
453
Il y a une infiltration d’amyloïde dans le cœur ce qui conduit à un épaississement du
myocarde avec un aspect de fausse hypertrophie. La classification de cette amyloïdose repose
sur la nature biochimique de la protéine amyloïde.
L’amyloïdose AL est une maladie curable par chimiothérapie pour bloquer la lignée
lymphocytaire qui les produit. Si on a à faire à la forme transthyrétine, on donne un
médicament qui facilité la mise en solution. Il existe une forme qui touche les personnes plus
âgées. L’amyloïdose AA est une pathologie incurable.
On observe la présence :
ECG
• D’un micro-voltage
• D’une pseudo-onde Q
• De troubles de la conduction atrio-ventriculaire
454
L’échocardiographie
On observe :
455
La scintigraphie osseuse
On observe :
La biologie clinique
Lors de la biologie clinique, on mesure le BNP et les troponines qui permettent de donner le
pronostic.
On peut également faire un dosage des chaines légères libres κ et λ. Il est également possible
de mesurer la protéinurie de Bences Jones (CLL). La mesure de la protéinurie permet alors
d’évaluer la fonction rénale.
Anatomopathologie
On peut faire une biopsie des tissus extracardiaques comme les glandes salivaires, le rectum,
la graisse abdominale, la peau, les nerfs, …
Si les biopsies extracardiaques sont négatives, on ne peut pas exclure une amylose. Du coup,
on fait une biopsie cardiaque pour prouver la présence d’une amylose (coloration rouge
congo positive et biréfringence jaune-vert en lumière polarisée). La biopsie cardiaque permet
également de typer l’amylose (transthyrétine, AA, κ ou λ).
Traitement
Il faut faire attention aux bradycardisants (β-bloquants) s’il y a une cardiopathie restrictive
sévère car ils risquent d’induire une aggravation de l’insuffisance cardiaque à cause de
l’atteinte des voies de conduction.
Il faut également faire attention aux hypotenseurs s’il y a une dysautonomie (insuffisance
cardiaque, inhibiteurs de l’enzyme de conversion, …).
456
On peut éventuellement donner des anticoagulants mais il faut en discuter si le patient
présente une arythmie ou une disparition de la contractilité atriale.
Pour l’amylose TTR héréditaire, on donne un traitement spécifique pour les atteintes
neurologiques afin de stabiliser le tétramère de transthyrétine. On peut également envisager
une greffe hépatique avec ou sans greffe cardiaque.
b. La maladie de Fabry
C’est une maladie héréditaire du métabolisme avec une transmission liée au chromosome X
caractérisée par un déficit en α-galactosidase A, une enzyme lysosomiale. Cette pathologie
touche principalement les hommes.
L’âge moyen du diagnostic est de 29 ans après complications :
Le traitement se fait par une enzymothérapie substitutive afin d’éviter la survenue de lésions
irréversibles.
Pour diagnostiquer cette pathologie, il faut faire une recherche de dépôts cornéen à l’examen
à la lampe à fente (pathognomonique). Pour les patients de sexe masculin, on mesure
l’activité enzymatique de l’α-galactosidase A dans les leucocytes ou dans le plasma. Une
valeur effondrée en cette enzyme confirme le diagnostic.
457
Les femmes hétérozygotes ont des signes de la maladie plus tardivement et généralement
d’intensité moindre. Seul un génotypage (recherche de la mutation du gène GLA) permet de
confirmer le diagnostic.
Le génotypage d’un cas masculin est utile pour faciliter le dépistage familial. Une enquête
familiale doit être réalisée après diagnostic d’un cas index.
LA CARDIOMYOPATHIE DILATÉE
Cette pathologie est caractérisée par un ventricule dilaté qui peut conduire à la formation de
thrombus. Dans cette pathologie, il y a une destruction de l’histologie de base. En effet, les
sarcomères ne sont plus parallèles. Il y a également l’apparition d’une fibrose et d’une
fonction ventriculaire altérée.
Elle peut également être causée par des facteurs favorisant d’origine familiale et/ou
génétique dans 20% des cas. Dans ce cas, c’est un mode de transmission autosomal dominant
ou récessif qui peut dans certains cas être liée au chromosome X.
Il existe également des notions de facteurs infectieux notamment avec les entérovirus et le
virus HIV.
Le pronostic est sévère avec un taux de mortalité supérieur à 50% dans les 5 ans. C’est la 1ère
cause de transplantation cardiaque en France.
1. Etiologies
Elle peut être idiopathique. Dans ce cas, on ne sait rien faire mis à part donner une assistance
ventriculaire ou une transplantation cardiaque. Cependant, le pronostic est sombre.
• Une tachycardiomyopathie
• Un toxique : éthanol, cocaïne, chimiothérapie, …
• Un trouble du métabolisme : dysthyroïdie, phéochromocytome, déficit en thiamine ou
carnitine
• Une myocardite
• Une inflammation : lupus, sclérodermie, sarcoïdose
Dans le cas d’une atteinte d’origine infectieuse, ce sont souvent les mêmes germes que dans
la péricardite.
458
LES CARDIOMYOPATHIES RESTRICTIVES
Elles sont caractérisées par une altération du remplissage ventriculaire avec une dysfonction
diastolique. On observe une réduction du volume diastolique avec une fonction systolique
conservée.
Les manifestations cliniques et hémodynamiques sont très proches de celles d’une péricardite
constrictive. L'amylose est la cause la plus fréquente de cette maladie de l'endocarde et du
myocarde.
C’est une maladie sporadique dans les régions tropicales. Dans ces régions, on observe une
fibrose endomyocardiaque. Cependant, il existe une forme européenne qui est la maladie de
Loeffler (syndrome avec une hyper-éosinophilie).
LES MYOCARDITES
Ce sont des atteintes du myocarde. Ces atteintes peuvent être primitives ou secondaires
(infectieuses, endocrine, infiltratives, toxique ou dysimmunitaire).
1. La myocardite virale
Les virus en cause sont nombreux (cf péricardites). On retrouve l’entérovirus (coxsackies A et
B), l’échovirus, l’adénovirus, le cytomégalovirus, le parvovirus B19, l’Epstein-Barr, l’herpès, le
VIH, l’hépatite C, H.influenza, ...
2. La myocardite bactérienne
Elle est beaucoup plus rare et beaucoup plus grave. Elle peut être causée par les
staphylocoques, les pneumocoques, les streptocoques, les bacilles à gram négatif, …
3. La myocardite parasitaire
Elle est causée par la maladie de Chagas.
La sarcoïdose est une maladie systémique qui cause une atteinte des valves ou du myocarde.
Le myocarde peut également être atteint par des métastases dans le cadre d’un mélanome.
459
La chirurgie cardiaque : suite
LA CHIRURGIE MOINS INVASIVE
La chirurgie est considérée comme moins invasive sous 2 aspects :
• L’agression chirurgicale :
o Incisions plus petites
o CEC moins agressive
o Intervention moins longue
o Intervention plus ciblée
o Intervention hybride
• Le respect du naturel :
o Les pontages : greffons pédiculés
o Les valves : réparations plutôt que remplacement
o Les matériaux : biologiques plutôt qu’artificiels
a. Vue du chirurgien
460
Puisque l’on fait des incisions plus petites, elles seront aussi plus ciblées. Ainsi, si on veut
opérer au niveau de la valve aortique et de l’aorte ascendante, l’opération se fera par voie
antérieure via une sternotomie. Pour opérer au niveau de la valve tricuspide et de la valve
mitrale, la voie sera latérale via une thoracotomie.
b. Hémi-sternotomie
Cette voie est très intéressante pour la circulation extracorporelle au niveau de l’aorte, de
l’artère fémorale mais aussi au niveau de l’auricule droit et de la veine fémorale. Elle est aussi
intéressante pour le clampage de l’aorte (arrêt du cœur). Elle ne nécessite pas de vue assistée
(juste des coupes).
c. Mini thoracotomie droite
Elle est utile pour la circulation extracorporelle mais uniquement pour la circulation
extracorporelle au niveau des artère et veine fémorales et de la veine subclavière. Par contre,
elle n’est pas utile au niveau des gros vaisseaux puisqu’on y a pas accès.
Cette voie permet le clampage de l’aorte soit par endoclamp (on gonfle un ballonnet dans
l’aorte) soit directement (articulé ou transparitéal) mais il y a une nécessité de contre-
incision.
La ventilation du poumon devra parfois être arrêtée avec ou sans diviseur trachéal. Pour cette
voie, on a obligatoirement besoin d’une assistance vidéo.
461
d. Mini thoracotomie gauche
Cette voie est utilisée pour le pontage à cœur battant et ne nécessite donc pas de circulation
extracorporelle. L’intervention se fera avec vidéo assistée ou même robotisée pour le
prélèvement du greffon. L’anastomose se fera directement.
2. Approche vidéo-assistée
Cette approche est utile en cas de pontages mono-tronculaire de l’artère interventriculaire
antérieure qui est une alternative de l’angioplastie.
a. Avantages
b. Inconvénients
Pour les procédures coronaires, l’amélioration des techniques interventionnelles relègue la
chirurgie à une période plus tardive de la pathologie, au détriment de l’approche vidéo-
assistée.
Pour la chirurgie valvulaire, la procédure reste plus lourde qu’une intervention traditionnelle
avec une courbe d’apprentissage importante et des résultats difficiles à comparer. Les
cicatrices sont plus petites et les résultats assez fiables.
3. Chirurgie robotisée
a. Avantages
b. Chirurgies coronaires
Le MIDCAB est similaire à la vidéo-assistée. Elle est essentiellement utilisée pour les
prélèvements mammaires. Elle nécessite l’utilisation d’une circulation extracorporelle avec ou
sans cardioplégie. On l’utilise dans les interventions mono-tronculaires qui ne concernent pas
l’artère interventriculaire antérieure. On l’utilise également dans les interventions
bitronculaires.
463
c. Autres chirurgies
On peut utiliser la chirurgie robotisée pour toutes les indications de la vidéo-assisté avec des
avantages pour :
d. Situation actuelle
4. TAVI
Le TAVI n’est pas remboursé par l’INAMI et est financé par les hôpitaux dans le cadre d’une
étude contrôlée par le fournisseur. Le plus souvent, on le fait par voie fémorale. Si on ne sait
pas la faire par la voie fémorale, on utilise la voie apicale.
464
5. Extra-corporeal membrane oxygenation (ECMO)
Cette technique est utilisée depuis 1972, elle est indiquée dans 2 situations : les problèmes
circulatoires et respiratoires.
• La pneumopathie fulminante
• L’Acute Respiratory Distress Syndrome (ARDS)
Pour une assistance circulatoire, on met un circuit veino-artériel. Par contre, pour une
assistance respiratoire, on met un circuit veino-veineux.
a. Résultats
Ils sont toujours restés favorables pour les enfants, mais il s’agit d’une technique nécessitant
des ressources importantes et du matériel adapté.
Les résultats sont très favorables pour les indications respiratoires et mitigés pour les
indications circulatoires.
465
6. Programme des soins en pathologie cardiaques
a. Contexte historique
Les soins de santé regroupent des structures de concertations. Parmi ces structures, on
retrouve les collèges de Médecins. Ces collèges ont pour but d’établir les programmes de
soins en pathologies cardiaques, en médecine de la reproduction, en oncologie et en
pédiatrie. Ils ont également pour fonction les soins urgents spécialisés et les soins intensifs.
b. Programme A
c. Programme B
Si les hôpitaux ont le programme B3, ils peuvent réaliser de la chirurgie cardiaque chez les
adultes (agrément de base).
d. Programme C
e. Programme E
f. Programme T
7. Synthèse
• L’approche « minimal invasive », en chirurgie cardiaque est surtout utilisée si elle ne
nécessite pas de moyens démesurés et pour des opérations ciblées
• La chirurgie vidéo-assistée reste confinée à des indications limitées et demande une
courbe d’apprentissage importante
• La chirurgie robotisée, en cardiologie, n’évolue pas de manière aussi favorable qu’en
urologie
• Le TAVI est une intervention non encore remboursée en Belgique et réservée aux
patients inopérables
• L’ECMO est devenu un support efficace pour le traitement de l’ARDS et une technique
utile pour rapatrier un patient critique vers un centre spécialisé
466
• La chirurgie cardiaque est règlementée dans le cadre du « programme de soins en
pathologie cardiaque »
• La mise en œuvre d’un réseau « pathologie cardiaque » est obligatoire entre les
différents programmes cardiologiques d’une région.
La pression commerciale et financière crée une dérive des critères d’acceptation des
publications. Le taux de recrutement des patients enrôlés, par rapport à la population cible,
est régulièrement inférieur à 85%. Les auteurs rivalisent de subterfuges pour « maquiller » la
non-conformité de la population étudiée.
La chirurgie est toujours le « parent pauvre » du choix thérapeutique. Si une étude montre
des résultats à peine supérieur entre la chirurgie et un traitement médical ou peu invasif, le
bénéfice du doute fera pencher la balance vers le traitement le moins invasif
Les considérations critiques de l’étude SYNTAX sur le taux de recrutement sont que par
rapport aux patients ayant accepté le principe de l’étude, le taux de recrutement est de 42%
ce qui est trop bas. Il faut donc toujours bien regarder le taux de recrutement d’une étude.
De plus, par rapport à tous les patients cibles pris en charge dans les centres inclus dans
l’étude, le taux de recrutement est inconnu.
467
En connaissance de cause, les auteurs ont développé un « SYNTAX score » permettant de
caractériser la situation coronaire des patients étudiés. Le lecteur aurait-il la capacité de
caractériser ses patients de la même manière, dans sa pratique courante, avant de prendre
une décision ? La réponse est non.
Les centres ont été recrutés pour leur capacité à réaliser des angioplasties sur les
tritronculaires. Les résultats de la chirurgie sont assez modestes en terme de mortalité
prédictive, du nombre d’anastomoses, de revascularisation artérielle, …
Des patients ont nécessairement refusé l’enrôlement dans l’étude après la coronarographie
initiale, donc après avoir pris connaissance du diagnostic. De plus, une partie des bons
candidats pour la chirurgie ou l’angioplastie ont quitté l’étude.
Dès qu’une nouvelle technologie ou une procédure moins invasive devient disponible,
l’inconfort d’une procédure chirurgicale paraît plus difficile à supporter. Le patient et sa
famille sont donc prêts à prendre des risques sur le résultat pour éviter la chirurgie.
En plus, le glissement de l’activité chirurgicale vers une activité moins invasive n’est pas
nécessairement proportionnel. Pour une indication opératoire précédemment, on peut
trouver de nombreuses procédures moins invasives ultérieurement.
Les procédures moins invasives ont moins d’impact sur la participation du patient à sa prise
en charge.
Concernant le tabac, chez les patients subissant une intervention cardiaque, 55% de ceux qui
subissaient un pontage coronarien, 25% de ceux qui subissaient une angioplastie et 14% de
ceux qui subissaient une angiographie étaient abstinents un an après l'opération.
468
INTERVENTION
On fait régulièrement des pontages coronariens et une annuloplastie mitrale.
CAS CLINIQUE
1. Myxome
Un patient de 56 ans est admis pour un AVC hémorragique en janvier 2016. On a fait une
échographie trans-œsophagienne pour rechercher un foyer emboligène. On observe alors un
volumineux myxome de l’oreillette droite.
Le patient va alors avoir une récidive d’embole dans les membres. Du coup, il faut une prise
en charge opératoire rapprochée.
2. L’endocardite tricuspide
Un patient de 54 ans avec un diabète mal équilibré présente un mal perforant plantaire à
Staphylocoque doré. Il présente également une coronaropathie débutante, une dépression et
une dénutrition.
Ce patient souffre également d’une œsophagite sévère et d’une altération de son état
général avec une situation septique.
SYNTHÈSE
1. Profil de l’activité
La chirurgie cardiaque se différencie des autres spécialités chirurgicales par l’usage de la CEC,
même pour les interventions sur l’aorte thoracique. La chirurgie cœur battant est utilisée
pour certaines procédures coronaires et valvulaires dans des indications ou des contextes
spécifiques.
Les procédures moins invasives sont devenues routinières pour la chirurgie valvulaire et
l’aorte ascendante. L’approche vidéo-assistée ou robotisée est nécessaire pour la chirurgie
intracardiaque. Le remplacement valvulaire aortique est habituel chez les octogénaires.
469
2. Progrès récents
La chirurgie moins invasive est le cheval de bataille de la cardiologie actuelle, en réponse aux
procédures interventionnelles. La chirurgie robotisée n’a pas encore trouvé son terrain de
prédilection. La chirurgie mitrale vidéo-assistée est une réalité, mais nécessite un savoir-faire
spécifique. La chirurgie valvulaire aortique peu invasive est devenue routinière. Le TAVI est
entré dans la pratique courante, mais n’a pas encore décroché son canevas financier. La
suppression de la CEC, pour la chirurgie coronaire, reste problématique.
Les procédures rythmologiques sont en plein essor et offrent des solutions thérapeutiques
dans l’insuffisance cardiaque. L’ECMO a redoré son blason pour l’ARDS et offre une solution
fonctionnelle pour transporter les patients, en situation critique, pour une prise en charge
chirurgicale.
3. Organisation
La chirurgie cardiaque est réglementée à travers le « Programme de soins en pathologie
cardiaque ». L’activité chirurgicale nécessite des agréments différents pour la transplantation
et la chirurgie congénitale. Une permanence doit être organisée à la disposition d’un réseau
cardiologique qui comporte désormais des centres de cathétérisme interventionnel sans
backup chirurgical.
La mise en œuvre des nouvelles technologies chirurgicales est freinée par le volet
réglementaire et par un volet financier qui s’intéresse au contrôle budgétaire des dépenses
en matière de santé.
N.B : ne jamais afficher la mortalité observée dans un hôpital sans connaître la lourdeur des
pathologies qu’il traite.
470
Tachycardies jonctionnelles
GÉNÉRALITÉS
1. Définition
Les tachycardies jonctionnelles font parti des tachycardies supra-ventriculaires. Cette
tachycardie doit se trouver au niveau du nœud atrio-ventriculaire.
Cette tachycardie peut également être constituée par un circuit de réentrée qui passe
obligatoirement par la jonction auriculo-ventriculaire (nœud atrio-ventriculaire ou faisceau de
His). Ce sont généralement des tachycardies régulières (180 battements par minutes) et à
QRS fin.
Elles touchent toutes les tranches d’âge. L’âge moyen au moment du diagnostic est de 50 ans.
La prévalence de cette pathologie est de 2,5/1000 habitants. Elle est généralement bien
tolérée sauf si le patient présente une cardiopathie sous-jacente.
2. Mécanismes
La réentrée est un phénomène de réexcitation d’une région du cœur par un influx qui revient
à son origine après avoir réalisé une boucle plus ou moins grande.
Le circuit de réentrée peut être petit ce qui correspond à une micro-réentrée constituée par
les 2 voies, c’est-à-dire une voie rapide et une voie lente au niveau du nœud atrio-
ventriculaire. Cela conduit à une tachycardie jonctionnelle par réentrée intra-nodale.
Le circuit de réentrée peut également être plus grand ce qui correspond à une macro-
réentrée auriculaire sur voie accessoire. Cela correspond également une tachycardie
jonctionnelle auriculoventriculaire.
471
Beaucoup plus rarement, on a un phénomène d’automatisme anormal. C’est un automatisme
acquis par des cellules musculaires jonctionnelles normalement stables qui déclenche une
tachycardie jonctionnelle automatique.
C’est le mécanisme le plus fréquemment associé à une fibrillation auriculaire, une tachycardie
atriale focale, une tachycardie ventriculaire, …
1. Symptômes
Cette tachycardie est généralement bien tolérée. Les patients se plaignent régulièrement de
palpitations paroxystiques (+++).
Il y a rarement des signes de maltolérance comme des lipothymies, des syncopes, une
dyspnée, … Ces signes sont essentiellement liés à une cardiopathie sous jacente.
La difficulté réside dans le fait de devoir documenter la tachycardie. En effet, les épisodes
sont généralement de brève durée. Il y a donc un intérêt à donner au patient un holter
rythmique.
2. Mécanisme
a. La dualité nodale
La tachycardie est déclenchée par une extrasystole (généralement auriculaire) qui parvient au
nœud atrio-ventriculaire alors que la voie rapide est en période réfractaire. L’influx emprunte
alors la voie lente et, parvenu au bout, revient vers l’oreillette par la voie rapide réactivée et
engendre une nouvelle activation de la voie lente à l’origine d’une réentrée incessante.
472
Lorsque le rythme est sinusal, l’influx passe par la voie rapide pour dépolariser les ventricules.
Lors d’une extrasystole, il y a l’apparition d’une dépolarisation prématurée au niveau des
oreillettes. Cette dépolarisation prématurée arrive au niveau du nœud atrio-ventriculaire.
Cependant, à ce moment là, la voie rapide est en phase réfractaire car elle vient de laisser
passer l’influx normal.
Comme la voie rapide est en phase réfractaire, elle ne sait pas faire passer l’influx de
l’extrasystole. Du coup, la dépolarisation emprunte la voie lente. Quand elle arrive au niveau
du ventricule, la voie rapide n’est plus en phase réfractaire. Elle peut donc conduire un nouvel
influx.
Par conséquent, l’influx de l’extrasystole descend par la voie lente vers le ventricule pour les
dépolariser mais remonte vers les oreillettes pour aller les dépolariser de manière rétrograde.
Souvent sur l’ECG, on ne voit pas l’extrasystole car le patient arrive en tachycardie.
Cependant, chez certains patients, il est possible de voir une onde P rétrograde négative.
Cette onde P correspond alors à l’influx qui remonte vers les oreillettes. Par contre, chez
d’autres patients, l’onde P est masquée par le QRS car l’oreillette et le ventricule se
dépolarisent en même temps.
3. ECG
Sur l’ECG, on observe une tachycardie régulière rapide avec généralement des QRS fins sauf
en cas d’aberration ou de bloc de branche préexistant.
La fréquence cardiaque est souvent de 180 battements par minute mais peut aller de 120 à
250 battements.
On observe la présence d’une onde P rétrograde généralement visible à la fin du QRS. Cette
onde P est orientée vers le bas en DII et présente une légère déflexion positive en V1 ou aVL.
Parfois, l’onde P est masquée par le QRS ou est très décalé avec un intervalle RP plus
important que l’intervalle PR (fast-slow).
Il arrive que chez certains patients la dépolarisation se fasse dans un autre sens. En effet,
dans ce cas, la dépolarisation monte par la voie lente et descend par la voie rapide. Dans ce
cas, on parle de fast-slow. Ce phénomène est présent en cas d’extrasystole ventriculaire.
En effet, la dépolarisation causée par l’extrasystole ventriculaire remonte vers le nœud atrio-
ventriculaire. Seulement, la voie rapide est en phase réfractaire. Du coup, l’influx remonte par
la voie lente. Quand elle arrive au dessus du nœud, la voie rapide n’est plus en phase
473
réfractaire. Du coup, il descend par la voie rapide. Dans ce cas, l’onde P est plus loin du QRS
car la dépolarisation des oreillettes arrive bien après la dépolarisation des ventricules.
Dans le cas d’une tachycardie jonctionnelles, il peut y avoir un signe de la grenouille. Ce signe
correspond à une pulsion qui suit le rythme cardiaque des veines jugulaires. Ce signe est
causé par une contraction de l’oreillette alors que le ventricule est toujours contracté. Du
coup, le sang ne passe pas de l’oreillette vers le ventricule. Par conséquent, il y a une
accumulation du sang en amont, c’est-à-dire dans les veines jugulaires.
A chaque fois qu’on observe sur un ECG une tachycardie régulière à QRS fin, il faut penser à
une tachycardie jonctionnelle. Dans la pratique, on ne fait pas la différence entre un slow-fast
et un fast-slow car le traitement initial est le même.
Sur l’ECG ci-dessous, on observe une tachycardie régulière à QRS fin avec une onde P
rétrograde proche du QRS. Cela est en faveur d’un tachycardie jonctionnelle slow-fast.
474
En cas de tachycardie jonctionnelle fast-slow, l’espace RP est plus lent que l’espace PR.
Lorsque l’influx passe par cette voie accessoire et va de l’oreillette au ventricule, il s’agit d’un
syndrome de pré-excitation.
475
2. Les voies accessoires
Parmi les voies accessoires, on retrouve des fibres musculaires organisées en faisceaux qui
contrecarrent le circuit normal de conduction intracardiaque.
a. Le syndrome de Wolf-Parkinson-White
Ce syndrome a été décrit par Wolf, Parkinson et White en 1930 et définit par « l’association
d’une pré-excitation et de tachycardies supraventriculaire paroxystiques survenant chez de
jeunes patients à cœur sain ».
b. Le syndrome de pré-excitation
Il est causé par une activation prématurée d’une partie du myocarde ventriculaire par une
voie de conduction anormale (faisceau accessoire) en compétition avec les voies normales de
conduction atrio-ventriculaire.
3. ECG
Sur un ECG de cette pathologie, on observe :
• Un espace PR court
• Une onde delta de pré-excitation : responsable de l’élargissement des QRS. Il s’agit
d’un empattement du pied du QRS avec une morphologie différente en fonction de la
localisation de la voie accessoire
• Des QRS élargit
• Des anomalies secondaires à la repolarisation
Cet influx arrive également au niveau de la voie accessoire. Cette voie ne provoque par un
ralentissement de la dépolarisation. Du coup, le signal arrive rapidement dans une partie du
ventricule. Le QRS arrive donc prématurément de part l’absence d’un ralentissement.
476
Au départ, le QRS est large car la dépolarisation se fait de proche en proche à partir de la
partie du ventricule qui a été dépolarisée par la voie accessoire. Ce début large correspond à
l’onde delta.
Cependant, le nœud atrio-ventriculaire, qui a également reçu un influx, reprend son droit et
provoque la dépolarisation du reste du ventricule. En effet, la dépolarisation du ventricule
passant par le nœud atrio-ventriculaire se fait plus rapidement vu qu’on suit les voies de
conduction normale. Du coup, le QRS s’affine.
Si la voie accessoire conduit dans le sens rétrograde, il n’y a pas la présence de l’onde delta.
La tachycardie jonctionnelle par réentrée atrio-ventriculaire sur voie accessoire est la cause la
plus fréquente de tachycardie jonctionnelle (60%). Les symptômes sont similaires à la
tachycardie jonctionnelle par réentrée intra-nodale.
477
Lorsqu’on observe une tachycardie à QRS large, c’est une tachycardie ventriculaire jusqu’à
preuve du contraire, c’est-à-dire que quand on voit un ECG comme celui d’au dessus, on
pense dans un 1er temps à une tachycardie ventriculaire car ce trouble du rythme est plus
grave qu’une tachycardie jonctionnelle antidromique.
Cependant, ensuite pour faire la distinction entre les 2, on regarde la tolérance et la présence
d’un syndrome de pré-excitation. En effet, la relative bonne tolérance et le syndrome de pré-
excitation après une cardioversion oriente vers la tachycardie jonctionnelle.
TRAITEMENT
1. Traitement de la crise
a. Les manœuvres vagales
Par ces manœuvres, on essaie de déclencher un réflexe vagal qui essaie de diminuer la
fréquence cardiaque.
478
Parmi ces manœuvres, on retrouve :
Si les manœuvres vagales ne fonctionnent pas, on peut donner un traitement médical comme
l’adénosine en IV ou du Vérapamil en IV. Ces 2 médicaments sont les plus utilisé. Si le
traitement médicamenteux ne fonctionne pas, on donne un choc électrique externe qui
arrête toutes les tachycardies ventriculaires. Cependant, le choc électrique externe est un
traitement de dernier recours.
2. Traitement de fond
En fonction de la fréquence des crises, leur tolérance et le choix du patient, on peut
proposer :
479
On donne un traitement de fond si les tachycardies jonctionnelles sont fréquentes. Ce
traitement de fond peut très bien ne pas être donner si ces tachycardies ne sont pas
fréquentes mais on peut apprendre au patient à pratiquer une manœuvre vagale.
Le seul traitement durable est l’ablation d’une des 2 voies soit la voie accessoire soit la voie
lente en cas de tachycardie intra-nodale.
Pour les tachycardies jonctionnelles sur voie accessoire, on fait une ablation par
radiofréquence de la voie accessoire (Classe I). On peut également donner un traitement
médical au long court comme alternative. Pour ce traitement à long court, on peut donner
des β-bloquants, de l’amiodarone, du Sotalol ou du Flécaïne (Stade IIa).
SUPER WOLF
Si le patient présente une fibrillation auriculaire avec une voie accessoire, les influx de la
fibrillation auriculaire peuvent passer les ventricules. Si les influx anarchiques des atriums
passent dans les ventricules, il y a l’apparition d’une tachycardie irrégulière à QRS large qui
peut devenir une fibrillation ventriculaire.
La voie de Kent est perméable dans le sens antérograde (antidromique). S’il y a un passage en
fibrillation auriculaire, les influx atriaux chaotiques et rapides sont alors conduits aux
ventricules à la fois par la voie nodo-Hisienne et par le faisceau accessoire.
On observe dans cette pathologie une tachyarythmie à QRS larges avec une pré-excitation
variable.
Si cette pathologie est mal tolérée, le patient présente une syncope et une altération
hémodynamique. Il y a un risque de passage en fibrillation ventriculaire qui peut causer la
mort subite du patient.
480
Fibrillation ventriculaire
Pour arrêter la tachycardie présente en cas de super Wolf, il faut donne un choc électrique
externe.
La Flécaïne ou l’amiodarone en intraveineux peuvent être proposés dans les formes bien
tolérées.
La digoxine est contre-indiquée car elle raccourcit la période réfractaire de la voie accessoire
qui peut alors conduire plus d’influx provenant de l’atrium. Elle va donc précipiter la mort du
patient.
Les β-bloquants, la Vérapamil et l’adénosine sont également contre-indiqué car ils ont un
effet hypotenseur.
Pour le traitement au long court d’un super Wolf, il faut tester la perméabilité et la vitesse de
conduction de la voie accessoire en cas de pré-excitation. Cela peut alors se faire par une
étude éléctrophysiologique ou par une épreuve d’effort. En effet, lors de l’épreuve d’effort, il
peut y avoir une disparition de la pré-excitation à partir d’une certaine fréquence cardiaque.
Cette disparition est en faveur de la bénignité de la pathologie. Par contre, si la pré-excitation
ne disparaît pas avec une haute fréquence cardiaque, cela signifie que la voie accessoire est
efficace. Dans ce cas, il est nécessaire de l’ablater.
481
La fibrillation auriculaire et le flutter
OBJECTIFS
1. Savoir
• Diagnostiquer une fibrillation et un flutter auriculaire
• Identifier les situations d’urgence et planifier leur prise en charge
• Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient
2. Spécifique
• Connaître le risque lié à l’insuffisance cardiaque
• Savoir suspecter ces arythmies cliniquement et les diagnostics ECG
• Connaître les formes cliniques principales
• Savoir évaluer le risque thromboembolique et le prévenir, connaître les anti-vitamines
K et les nouveaux anticoagulants
• Connaître et savoir appliquer les stratégies thérapeutiques face aux différentes
formes (persistante, permanente, paroxystique…)
• Connaître le principe des contrôles rythmique et fréquence
DÉFINITION
La fibrillation atriale est le trouble du rythme le plus fréquent. Sa prévalence est au environ de
1% dans la population générale. Cependant, sa prévalence augmente avec l’âge. Du coup,
plus de 10% des patients de plus de 80 ans ont une fibrillation auriculaire.
482
PHYSIOPATHOLOGIE
1. Tissus conjonctif vs contractile
Le nœud sinusal est constitué de cellules cardionectrices non contractiles. Il y a peu de
myofibrilles non organisées au sein du tissu conjonctif riche en collagène et en vaisseaux avec
en périphérie de nombreuses fibres nerveuses qui en modulent l’activité.
1. Les influx prennent leur origine dans le nœud sinusal (centre rythmogène)
2. Les influx s’arrêtent temporairement (0,1s) au nœud atrio-ventriculaire
3. Le faisceau auriculo-ventriculaire relie les oreillettes aux ventricules
4. Les branches du faisceau transmettent les influx vers le septum interventriculaire
5. Les myofibres de conduction cardiaque dépolarisent les cellules contractiles de 2
ventricules
483
3. Rythme sinusal vs fibrillation atriale
Le nœud atrio-ventriculaire filtre à environ 130-180 bpm lors d’une activité atriale anarchique
et rapide de plus de 400 bpm. Le patient souffre alors d’une tachycardie irrégulière au repos
qui ne s’accélère que peu ou pas à l’effort.
4. Mécanismes physiopathologiques
Souvent la fibrillation est due à une dépolarisation de foyers ectopiques au niveau de
l’oreillette. Il y a donc une gradation, une évolution de la fibrillation.
Au début, on aura donc plutôt une initiation par les Triggers qui sont des foyers qui se
dépolarisent rapidement. Si la fibrillation persiste, l’oreillette ne se contracte plus
efficacement. Elle va donc se distendre et on va alors l’apparition d’une fibrose. Cette fibrose
va alors permettre le phénomène de réentrée. Il y a donc un substrat pour une réentrée dans
l’oreillette gauche.
EPIDÉMIOLOGIE
Le risque de développer une fibrillation auriculaire en vieillissant après 40 ans est de 25%. Du
coup, la prévalence augmente avec l’âge. En effet, 1 à 2% de la population générale est
touchée par cette pathologie. Cependant, il y a une différence de la prévalence en fonction
de l’âge des patients :
La fibrillation touche plus souvent les hommes que les femmes. Elle peut faire suite ou être
associé à un flutter auriculaire commun ou atypique.
484
CONSÉQUENCES
Parmi les conséquences, on retrouve :
EVOLUTION
L’évolution de la fibrillation auriculaire se fait vers :
CLASSIFICATIONS ET TERMINOLOGIE
La fibrillation auriculaire peut être :
1. Terminologie particulière
a. Fibrillation auriculaire valvulaire
Elle survient sur séquelles de rhumatisme articulaire aigu (rhumatismale). Elle peut également
apparaître après une réparation mitrale ou sur une prothèse valvulaire.
c. Syndrome tachycardie-bradycardie
Ce sont des fibrillations auriculaires récidivantes. Mis à part les fibrillations auriculaires
chroniques, on retrouve également des fibrillations auriculaires aigues qui apparaissent en
post-opératoire, après un infarctus, à la suite d’une infection pulmonaire ou après une
péricardite, …
ASPECTS CLINIQUES
Les signes cliniques sont fort variables. Ils peuvent être absent ou intermittent. Il faut toujours
faire un ECG et prendre le pouls qui est irrégulier. De plus, on retrouve un intérêt à utiliser un
Holter ou un monitoring ECG.
• Des palpitations
• Une dyspnée d’effort avec une hypersudation
• Un angor fonctionnel
• Une asthénie inexpliquée
• …
486
La prise en charge du patient doit apprécier la tolérance :
• La fréquence cardiaque
• La pression artérielle
• La diurèse
• La fréquence respiratoire
• L’état de conscience
2. Etapes
a. La 1ère étape est de penser à la fibrillation auriculaire
Il faut également penser à une fibrillation auriculaire devant une complication comme un AVC
ou un AIT, une embolie artérielle ou une poussée d’insuffisance cardiaque.
Le diagnostic se fait souvent par le médecin généraliste via un ECG. Ce dernier peut alors
envoyer un fax ou un email vers un cardiologue sans attendre une consultation de cardiologie
pour ce patient. Le médecin généraliste peut également envoyer son patient à la garde ou
chez un cardiologue pour un ECG urgent.
Si l’interrogatoire est très évocateur d’une fibrillation auriculaire et qu’on observe une ECG
sinusal, on donne au patient un programme d’Holter.
487
c. La 3ème étape consiste à rechercher une instabilité hémodynamique
3. Tableaux cliniques
a. Fibrillation auriculaire isolée avec des palpitations et un cœur normal
Ce sont souvent des hommes quinquagénaires avec des palpitations difficiles à objectiver.
Pour objectiver ces palpitations, on peut donner au patient un Holter.
Il y a parfois la présence d’un angor fonctionnel ou une dyspnée d’effort. Chez ces patients,
l’échocardiographie est normale.
Le risque embolique est relativement faible. Pour traiter cette pathologie, on peut donner un
traitement anti-arythmique ou une ablation de la veine pulmonaire pour maintenir le rythme
sinusal.
Elle est souvent présente chez les patients qui ont des séquelles post-infarctus sévères ou
d’une cardiomyopathie dilatée. Ces patients sont admis avec un œdème aigu du poumon ou
une décompensation cardiaque. On ne sait pas déterminer si la fibrillation auriculaire est la
cause ou la conséquence de la décompensation cardiaque.
488
Une cardioversion après la prise d’anticoagulants est efficace. La digoxine est souvent
nécessaire pour contrôler la fréquence ventriculaire. L’amiodarone permet de maintenir le
rythme sinusal.
Si la fibrillation auriculaire est permanente, il faut contrôler la fréquence par des β-bloquants
et des anticoagulants.
Elle est souvent causée par une fibrillation auriculaire persistante ou permanente sur une
maladie mitrale aggravant les symptômes. Il faut évaluer le traitement (chirurgical) de la
valvulopathie.
Cette pathologie correspond à une fibrillation auriculaire méconnue chez une femme âgée.
Les facteurs de risque embolique associés sont l’hypertension artérielle mal équilibrée, un
diabète, …
Elle peut être associée à une embolie brutale souvent sylvienne superficielle gauche qui cause
un infarctus cérébral. Il y a donc un risque de transformation hémorragique dont il faut
discuter avec un neurologue.
En clinique, on donne de l’Aspirine 300 mg par jour à partir du 2ème jour. Dans les 3 premières
heures, il est recommandé de faire une thrombolyse par rTPA.
Ce syndrome se manifeste par des lipothymies ou des syncopes chez les sujets âgés. Il est
périlleux de donner des médicaments bradycardisants pour contrôler la fréquence
ventriculaire car il y a un risque d’aggravation de la dysfonction sinusale.
Du coup, pour traiter les patients, on met un stimulateur cardiaque définitif, c’est-à-dire un
pacemaker.
489
4. Etiologies
Les causes et les facteurs déclenchants possibles sont :
• L’hypokaliémie
• La fièvre
• La privation de sommeil
• La réaction vagale
• L’ivresse ou la prise de substances illicites
• Une électrocution
a. Etiologies cardiaques
b. Etiologies extracardiaques
c. Formes idiopathiques
Il arrive qu’on ne puisse pas déterminer l’étiologie de la fibrillation auriculaire. Dans ce cas, on
parle de fibrillation atriale idiopathique. Il s’agit donc d’un diagnostic d’élimination qu’on
donne après un bilan complet qui comprend :
490
DIAGNOSTIC
1. ECG
Il n’est pas possible d’avoir sur un même ECG une fibrillation auriculaire et un rythme sinusal.
Sur l’ECG ci-dessus, on n’observe pas d’onde P qui fait penser à une fibrillation auriculaire. De
plus, on retrouve une hypertrophie ventriculaire gauche associée à une altération de la
repolarisation.
Une fibrillation auriculaire est causée par la dépolarisation de foyers ectopiques. Par contre,
dans le cas des arythmies sinusales, il y a la présence d’un rythme sinusal avec des ondes P
qui n’est pas régulier.
491
b. Fibrillation auriculaire vs extrasystole auriculaire
Dans les extrasystoles, il y a la présence d’ondes P.
d. Fibrillation auriculaire à petites mailles
Une activité cardiaque reste visible. Cependant, cette activité n’a pas la même régularité
qu’une tachycardie atriale.
492
Sur cet ECG, on observe des QRS qui surviennent de manière irrégulière et l’absence d’une
onde P. Cela correspond alors à une fibrillation atriale.
f. Fibrillation auriculaire vs flutter auriculaire
Si on observe sur un ECG une irrégularité de la ligne de base et une activité auriculaire
précise, c’est un flutter.
Un fibrillo-flutter n’existe pas. Dans certains cas, il est difficile de faire la différence entre une
fibrillation auriculaire et un flutter auriculaire. Cependant, ces 2 pathologies nécessitent de
ralentir la réponse du ventricule et de donner un traitement anticoagulant. Du coup, le flutter
et la fibrillation se traite de la même manière. Il n’est donc pas nécessaire de faire la
différence si l’ECG est ambigu.
493
Exemple
g. FBI : fast broad irregular
Il y a la présence d’une fibrillation auriculaire et d’une voie accessoire. Il s’agit alors d’un
super Wolf qui cause des QRS large et une réponse ventriculaire rapide et irrégulière. C’est
une véritable urgence médicale. En effet, dans le cas d’un super Wolf, le risque de mort
subite est important.
494
2. Echocardiographie
Sur l’échographie du dessus, la valve mitrale se ferme sur une contraction du ventricule. Du
coup, c’est une extrasystole ventriculaire. Par contre, sur l’échographie d’en dessous, l’onde
de remplissage survient précocement. Cela est alors causée par une extrasystole auriculaire.
Dans la mise au point des arythmies, la paramètre le plus important est la mesure de la taille
de l’oreillette gauche. La mesure du volume de l’oreillette gauche permet de déterminer le
succès de la thérapie anti-arythmique.
495
TRAITEMENT
1. Principes du traitement
• Prévention du risque thromboembolique
• Contrôle du rythme cardiaque jusqu’à la certitude que le risque thromboembolique
est contrôlé via des bradycardisants
• Tentative de restauration d’un rythme sinusal : anti-arythmiques ou cardioversion
• Maintien du rythme sinusal
496
Le risque thromboembolique est très élevé chez les patients avec une fibrillation atriale
valvulaire :
Le score CHADS2 ne permettrait pas de faire la différence entre un risque faible et un risque
intermédiaire. Du coup, on a ajouté quelques paramètres pour obtenir le CHA2DS2-VASc :
On traite à partir d’un score de 2.
b. Le score HAS-BLED
Si le score est supérieur à 3, c’est le signe d’un risque hémorragique majeur avec une
nécessité d’être prudent et d’avoir un suivi régulier du patient en :
497
c. Le score HAEMORRHAGE
498
3. Choix de l’anticoagulant
4. Traitements anticoagulants
a. L’héparine
L’héparine non fractionnée (HNF) se donne par bolus (60 UI/kg) pour une insuffisance
ventriculaire droite. Cependant, la dose doit être inférieure ou égale à 5000 UI. Parfois, on la
donne en perfusion (12 à 15 UI/kg/h).
L’objectif de ce traitement est d’augmenter le temps de céphaline activé (TCA ou APP) de 1,5
à 2,5 fois à la normale. Le test semi-global se fait via une voie intrinsèque de coagulant (VIII,
IX, XI et XII). Avec le traitement, il faut une surveillance plaquettaire à partir du dosage de
départ et puis tous les 2 jours à cause du risque de thrombopénie.
Il faut également vérifier l’activité anticoagulante chez les patients qui ont un poids supérieur
à 150 kg ou inférieur à 45 kg avec un dosage au 3ème jour de traitement. Il faut également
effectuer un dosage tous les mois chez les femmes enceintes.
499
La contre-indication absolue de l’héparine est la présence d’une hémorragie active.
b. L’anti-vitamine K
Parmi les anti-vitamines K courants, on retrouve :
Lorsqu’on prend des anti-vitamines K, il faut éviter de consommer des aliments riches en
vitamines K. En effet, il existe des aliments riches en vitamines K. Du coup, en fonction de
l’alimentation du patient, on voit une variabilité dans le taux de variation de l’INR.
500
c. Les nouveaux anticoagulants (NOACs)
Le Dabigatran 110mg 2x/j a une efficacité identique à la warfarine avec moins d’hémorragies
majeures et intracrâniennes.
Le Dabigatran 150mg 2x/j a une efficacité supérieure à la warfarine avec des hémorragies
intracrâniennes et majeures comparable à la warfarine mais plus d’hémorragies digestives.
Ces anticoagulants nécessitent les mêmes précautions d’emploi et les mêmes contre-
indications que les anti-vitamines K. Avec ces traitements, il y a également des risques de
saignement.
501
Les contre-indications spécifiques sont :
Le 1er antidote pour le Dabigatran est l’Idarucizumab qui est un anticorps monoclonal se
fixant au Dabigatran avec une affinité 350 fois supérieure à celle de la thrombine. Il fixe le
Dabigatran libre. Celui-ci va se fixer à la thrombine en neutralisant toute activité.
Les conditions sont la prévention d’un accident vasculaire cérébral (AVC) et des embolies
systémiques chez les patients adultes atteints de fibrillation auriculaire non valvulaire
associée à un ou plusieurs facteurs de risques. Ces facteurs de risque sont :
502
5. Précaution de l’insuffisance rénale
503
• La cardioversion différée à 3 semaines d’AVK/NOAC efficaces si la fibrillation atriale
dure plus de 24 à 48 heures par un choc électrique sous anesthésie générale et/ou par
imprégnation en anti-arythmiques (amiodarone, sotalol, flécaïnide).
• Possibilité d’éviter ce délai avec une échographie œsophagienne normale (pas de
thrombus atrial gauche) ou si la fibrillation atriale date de moins de 24-48 heures
En attente de la cardioversion ou en cas d’échec de celle-ci, on contrôle la fréquence par des
freinateurs nodaux comme :
• Les β-bloqueurs
o Métoprolol IV : 2,5 à 5 mg iv/15 min ou 100 à 200 mg po/j
o Bisoprolol : 2,5 à 10 mg po/j
• Le Vérapamil : 0,15 mg/kg IV pour 2 minutes ou 40 mg po 2x/j ou plus de 360 mg
• Le Diltiazem : 60 mg po 3x/j ou plus de 360 mg
• La Digoxine : 0,5 à 1 mg IV ou 0,125 à 0,5 mg po/j
• La Cordarone : 100-200 mg po/j seulement après avoir donner des anticoagulants
Il ne faut jamais donner une forte dose d’un médicament qui peut causer une insuffisance
cardiaque aigue chez un patient.
Les drogues pour contrôler la fréquence dépend de la présence ou non d’autres pathologies.
504
Les drogues pour restaurer ou garder un rythme sinusal permettent la cardioversion
pharmacologique avec une dose de charge à l’hôpital sous traitement anticoagulant par un
cardiologue.
Il est possible de donner aux patients une « pilule en poche » qu’ils prennent lors de la
survenue d’un épisode de fibrillation auriculaire. On donne ce traitement aux patient après
une évaluation hospitalière.
Si un traitement anti-arythmique est inefficace, un autre pourrait l’être. Les effets pro-
arythmiques des anti-arythmiques sont fréquents.
Le rapport bénéfice/risque doit être évaluer avec soins chez les sujets très âgés du fait des
risques encourus.
505
Le sotalol et l’amiodarone induisent un risque de torsade de pointe.
9. Education du patient
Pour les anti-vitamines K, le patient doit faire attention à son alimentation et à la fréquence
du suivi de l’INR et de l’INR cible
Pour les NOAC et les anti-vitamines K, il existe des interactions médicamenteuses. Du coup, il
faut une prévention des signes d’alarmes des hémorragies et de carnet. Il faut également
donner aux femmes une contraception en raison des effets tératogènes.
Le plus souvent la cause d’une fibrillation auriculaire est l’hypertension artérielle avec un
surpoids et/ou un syndrome métabolique.
Il faut également informer le patient sur la bénignité du pronostic (pas de mort subite) mais il
faut l’informer sur le risque embolique cérébral. Il n’y a pas de « sinistrose » rythmique. De
plus, il faut informer le patient sur les effets secondaires de l’amiodarone (thyroïde,
photosensibilisation, dépôts cornéen, …)
Lors de l’éducation du patient, on va lui apprendre à mesurer son INR par une ponction dans
le doigt.
ATTENTION, une ponction trans-atriale peut se compliquer.
506
LE FLUTTER AURICULAIRE
Le nœud atrio-ventriculaire filtre une activité sur macro-entrée. On observe dans le cas d’un
flutter une tachycardie (ir)régulière au repos et qui ne change pas ou peu lors d’un effort.
2. ECG
a. Flutter auriculaire typique ou antihoraire
507
b. Flutter auriculaire atypique ou horaire
Dans la pratique, il est peu important de faire la différence entre ces 2 types de flutter car le
traitement est le même.
508
c. Flutter auriculaire gauche
TACHYCARDIE ATRIALE
On a un foyer ectopique qui émet des ondes P et pas de phénomènes de réentrée.
509
Les anti-arythmiques
PHYSIOPATHOLOGIE
Sur le graphique de droite, on peut voir que le taux d’activation des canaux sodium (qui
peuvent être en position ouverte, fermée ou inactivée) augmente à partir de -40 mV et est à
son maximum à aux alentours de -10 mV. Du coup, le taux d’activation et d’inactivation du
canal rapide de sodium varie en fonction de la polarisation transmembranaire.
2. Potentiel d’action
Le potentiel d’action du nœud sinusal est différent des autres cardiomyocytes. En effet, il est
plus court, la pente de dépolarisation est plus lente et il existe une pente de dépolarisation
diastolique sous la dépendance du courant If.
510
TRAITEMENT DES ARYTHMIES
La classification Vaughan et Williams s’appuie sur les effets électrophysiologiques des
différents anti-arythmiques. Elle est universellement acceptée et basée sur des propriétés
établies in vitro sur des fibres cardiaques isolées.
Tout d’abord, il faut corriger les désordres métaboliques, ioniques, hypoxiques, l’acidose et
surtout l’hypokaliémie (diurétiques).
Certaines associations peuvent être dangereuses pour le patient. Il faut donc les éviter. Par
exemple, les Ia et Ic ou les Ic et les 3 ou les 2 et les 3.
Un trouble du rythme soutenu, ayant persisté à 2 anti-arythmiques successifs, doit être réduit
par un traitement non médicamenteux.
Même lors de la conversion, on observe un effet pro-arythmique pour les traitements anti-
arythmiques.
511
1. Utilisation préférentielle
Les Ia ne sont quasi plus utilisé pour prévenir la récidive de troubles atriaux car ils présentent
de nombreux effets indésirables comme des troubles digestifs, cutanés et les torsades de
pointes. Le disopyramide a en plus de cela un effet anticholinergique et cause donc une
constipation et une rétention d’urine. Il a également un effet inotrope négatif.
Les Ib comme la lidocaïne se prennent par voie veineuse (400 à 800 mg/j). Ils sont
uniquement actifs à l’étage ventriculaire. On les donne pour diminuer une tachycardie
ventriculaire et surtout lors de la phase aigue d’un infarctus du myocarde. Ils ont un effet
inotrope négatif et des effets secondaires neurologiques comme des vertiges, des
tremblements, une confusion, …
Les Ic comme la flécaïnide sont donnés pour prévenir les récidives d’une fibrillation
auriculaire. Ils se prennent par voie orale 2 fois par jour (100 mg). Ils doivent être associé à
des β-bloquants pour éviter un flutter auriculaire lent 1:1.
L’option pill in the pocket (100 à 200 mg per os) se prend au moment de la fibrillation
auriculaire paroxystique. Ensuite, le patient doit prendre 5 à 10 mg de bisoprolol et un
anxiolytique (alprazolam 0,25 mg).
Quand on les donne aux patients en intraveineux, on leur donne toutes les 20 minutes 2
mg/kg pour reconvertir la fibrillation atriale.
La propafénone se prend également avec des β-bloquants 3 fois par jours en per os (150 à
300 mg/j).
Cas clinique
Un patient de 50 ans est admis pour des palpitations. Il a des antécédents de BPCO et
d’hypertension artérielle.
Sur cet ECG, on observe un rythme irrégulier sans onde P. Pour connaître sa fréquence
cardiaque, on regarde le nombre de QRS qu’il y a en 5 secondes et on multiplie par 12.
512
lent est dangereux car si la réponse ventriculaire est de 1:1, le patient va développer une
tachycardie ventriculaire. Du coup, on va ralentir le nœud atrio-ventriculaire avec des β-
bloquants pour éviter cette réponse ventriculaire.
Une patiente de 60 ans hypertendue et hypercholestérolémique se présente à l’hôpital sans
plainte cardiovasculaire. Elle vient à la consultation de cardiologie pour un avis avant une
mastectomie pour néoplasie. Elle signale dans ses antécédents des épisodes de tachycardies
à 50 ans. Sa thérapie actuelle comprend du bisoprolol 10 mg, de l’hydrochlorothiazide 25 mg
et de la rosuvastatine 20 mg.
Sur cet ECG, on observe un rythme auriculaire bas car les ondes P sont suivies d’un QRS
normal mais il y a la présence d’ondes P négatives sur certaines dérivations. L’axe du QRS est
normal.
513
Pour les anti-arythmiques de classe 3, on retrouve :
• L’amiodarone : 100 à 200 mg per os une fois par jour. La dose de charge est de 3 fois
200 mg en quelques semaines. On peut donner 600 à 900 mg/j en intraveineux avec
une dose de charge de 300 mg en 30 minutes. Ce traitement est très efficace à tous
les étages mais il y a beaucoup d’effets secondaires comme une dysthyroïdie, une
photosensibilisation, des dépôts cornéens, une fibrose pulmonaire, … Elle provoque
une augmentation de l’INR et du taux de digoxine. Elle a une bonne efficacité et une
bonne tolérance. C’est l’anti-arythmique de 1er choix s’il y a une cardiopathie sous-
jacente sévère.
• Le Sotalol : 40 à 80 mg per os 2 fois par jour. C’est un β-bloquant avec une action
classe 3 sur le potassium. Comme effet secondaire, on retrouve les torsades de
pointe.
• Le vérapamil : 120 à 480 mg per os 3 à 4 fois par jours. La forme retard se donne 1 fois
par jour à la dose de 240 mg. En cas de maladie de Bouveret, on donne une ampoule
en intraveineux. Ce traitement est très cardiodépresseur.
• Le diltiazem : 180 à 360 mg per os 3 fois par jour. La forme retard se prend une fois
par jour.
514
LES DIGITALIQUES
1. Mode d’action
Les digitaliques (digoxine, digotoxine) ne sont pas repris dans la classification de Vaughan-
Williams car ils n’ont pas d’actions sur les canaux du potentiel d’action. En effet, ils inhibent la
pompe Na+/K+-ATPase par compétition avec le potassium. Ces molécules sont utilisées depuis
1785.
En bloquant cette pompe, ils induisent une augmentation de l’activité de la pompe Na+/Ca2+.
Cette pompe induit alors une augmentation de la concentration du calcium en intracellulaire
qui augmente la contractilité.
Les digitaliques induisent principalement leur effet via l’augmentation du tonus vagal surtout
sur le nœud atrio-ventriculaire. Ils induisent alors un ralentissement de la fibrillation
auriculaire au repos plus qu’à l’effort car pendant un effort, il y a une augmentation du tonus
orthosympathqiue.
La digoxine (Lanoxin®) se dose à la dose de 0,125 à 0,25 mg per os une fois par jour. La dose
de charge en intraveineux est de 1 mg. La fenêtre thérapeutique de cette molécule est très
étroite (0,5 à 2 ng/ml).
515
2. ECG
a. L’imprégnation aux digitaliques
b. L’intoxication aux digitaliques
Au 19ème siècle, la digitale était administrée pour les manies, les crises d’épilepsie, les
œdèmes. Une intoxication à cette plante provoque alors des troubles digestifs, une
xanthopsie (vision jaune) et une vision avec halos.
516
Les arythmies ventriculaires
OBJECTIFS
1. Savoir
• Diagnostiquer une torsade de pointe, une fibrillation et une tachycardie ventriculaire
• Identifier leur extrême urgence et planifier leur prise en charge
• Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient
2. Spécifique
• Connaître le risque lié à l’insuffisance cardiaque et coronaire
• Savoir suspecter ces arythmies cliniquement et les diagnostics ECG
• Connaître les formes cliniques principales et congénitales
• Connaître et savoir appliquer les stratégies thérapeutiques face aux différentes
formes
EXTRASYSTOLES VENTRICULAIRES
1. Définition
Il s’agit des dépolarisations spontanées avec sur l’ECG un QRS large.
2. Etiologie
Ces extrasystoles peuvent être causée par :
• Des cardiopathies
• Des médicaments : β-agonistes, théophylline
• Des stimulants : caféine, théine, …
517
3. Symptomatologie
Généralement, elles sont asymptomatiques. Cependant, le patient peut se plaindre de
palpitations ou d’une sensation de raté. Elles provoquent une diminution de la capacité
d’effort si elles surviennent fréquemment (bigéminisme). Cette diminution de capacité est
causée par une diminution du débit cardiaque.
4. ECG
a. Bigéminisme
b. Extrasystole ventriculaire polymorphique
Ce sont des extrasystoles qui ont une morphologie qui est tout le temps différente.
c. Types d’extrasystoles
L’extrasystole va remonter les branches du faisceau de His. Mais en même temps, il y a un
influx normal qui descend et qui va alors bloquer l’influx de l’extrasystole. L’extrasystole est
ensuite suivie d’un repos compensateur avant le prochain complexe normal.
518
Extrasystole ventriculaire avec une onde P’ rétrograde : reset du nœud sinusal
Si l’extrasystole est plus précoce, l’influx a tout le temps de remonter jusqu’en haut et
provoquer la dépolarisation des oreillettes (onde P’). Cette extrasystole est ensuite suivie
d’une pause puis de complexes normaux.
La 1ère extrasystole survient également plus rapidement puis la seconde extrasystole arrive en
même temps que la dépolarisation normale. On assiste alors à un complexe de fusion.
L’extrasystole arrive rapidement mais l’influx en plus de remonter va aussi redescendre. On
aura alors un écho ventriculaire dont le QRS ressemble à un QRS normal.
L’extrasystole au milieu d’un rythme sinusal continue normalement. Le nœud sinusal n’est
pas perturbé. On ne sent donc pas cette extrasystole quand elle arrive.
519
5. Pronostic
Cette pathologie est bénigne sauf :
Les extrasystoles ventriculaires peuvent dans certains cas augmenté le risque de mort subite.
6. Traitement
On donne de la lidocaïne IV en phase aigue d’un infarctus (très rarement nécessaire). Si le
patient présente une cardiopathie ischémique, on ne doit pas lui donner des anti-
arythmiques de classe I car ils aggravent la mortalité (CAST).
a. Canaux ioniques
Phase 0
Phase 1
Phase 2
Il s’agit du plateau lié à une entrée de calcium. Les cibles de cette phase sont les anti-
arythmiques de classe IV.
520
Phase 3
Cette phase correspond à la phase de repolarisation liée à la sortie du potassium par plusieurs
canaux. Les cibles sont les anti-arythmiques de classe III.
Phase 4
Lors de cette phase, le potentiel est maintenu stable surtout par la pompe Na/K-ATPase qui
fait sortir 3 sodiums et rentrer 2 potassium.
b. Périodes réfractaires
La période réfractaire effective (PRE) est la phase au cours de laquelle aucun influx ne peut
déclencher un potentiel d’action.
La période réfractaire relative (PRR) est une phase au cours de laquelle il est possible de
générer un potentiel d’action si le stimulus est plus intense.
c. Post-dépolarisation précoce
Après une dépolarisation précoce, les canaux sodiums s’ouvrent en phase 0 et s’inactive
rapidement (PRE).
Si la repolarisation est allongée, les canaux sodiums sortent de leur période réfractaire alors
que le potentiel de membrane est encore élevé. Il y a alors une réouverture immédiate avec
de nouveau potentiel d’action (EAD ou early after-depolarization). Ces post-dépolarisations
précoces sont responsables des torsades de pointe.
521
TORSADE DE POINTE
Les torsades de pointe correspondent à une variété de tachycardie ventriculaire polymorphe
et non soutenue. Sur un ECG d’une torsade de pointe, on observe des variations de l’axe des
QRS.
1. Physiopathologie
Elles sont causées par un phénomène de réentrée intraventriculaire avec une activité
électrique moins anarchique que dans la fibrillation ventriculaire.
Elles sont souvent favorisées par la désynchronisation diffuse des périodes réfractaires des
cellules myocardiques ventriculaires.
2. Diagnostic
Elles débutent avec une extrasystole ventriculaire sur une onde T ou une onde U.
Sur un ECG, on observe une tachycardie ventriculaire atypique avec des QRS élargis et très
rapide.
L’amplitude des complexes QRS varie au bout de quelques complexes avec des changements
de l’axe électrique.
Les accès de tachycardie sont court (quelques dizaines de secondes). Souvent, la torsade se
réduit spontanément. Les torsades de pointe peuvent dégénérer en fibrillation ventriculaire
avec un arrêt circulatoire et une syncope.
522
3. Traitement
Il consiste à corriger les désordres métaboliques. Il faut éviter tous les anti-arythmiques.
Pour la prévention, on peut provoquer une accélération de la fréquence cardiaque via des
médicaments ou via des stimulations électriques. On peut également donner du sulfate de
magnésium 2 gr toutes les 20 minutes en intraveineux.
Cas clinique
Un patient de 86 ans est admis pour hémiparésie gauche secondaire à une hémorragie intra-
parenchymateuse thalamo-capsulaire. Il était traité à domicile par acide acétylsalicylique 160
mg, du sotalol 2 x 40 mg et du périndopril 2,5 mg. Il a des antécédents de fibrillation
auriculaire paroxystiques, d’hypertension artérielle et d’hypercholestérolémie.
Tout d’abord, c’était une mauvaise idée de lui donne de l’Aspirine à cause de ses
antécédents.
Ce patient présente une bradycardie (45 à 50 bpm) régulière et sinusale car l’onde P est
positive en DI, DII et aVF. On observe qu’il y a un allongement de l’espace PR car il est
supérieur à 5 mm. Il y a donc un bloc atrio-ventriculaire.
Le QRS est fin et son axe est normal. Par contre, l’amplitude des QRS est importante. Du coup,
le patient présente une hypertrophie ventriculaire gauche car l’indice de Sokolow est positif.
L’espace QT fait 500 ms. Il est donc allongé ce qui signifie qu’il y a une altération de la
repolarisation à cause de l’hypertrophie.
Le citalopram qui est un antidépresseur prescrit par un neurologue fait courir un risque létal
au patient car cette molécule induit un allongement du QT. Du coup, le patient peut
développer une torsade de pointe à cause de cet allongement. Or, le patient présente déjà un
allongement. Il est donc plus à risque pour les torsades de pointe.
523
TROUBLES DU RYTHME CONGÉNITAUX
De nombreux gènes sont impliqués avec des mutations qui touchent essentiellement les
canaux ioniques.
a. Le syndrome du QT long de type 1 (Romano-Ward)
A l’ECG, on observe un QT très allongé avec une onde T ample. Le traitement consiste à
donner des β-bloquants et la mise d’un défibrillateur si un problème est déjà survenu
auparavant.
Ce syndrome se transmet selon le mode autosomal récessif retrouvé chez 1 à 6 enfants sur
un million. Cependant, la prévalence est de 1/200 000 en Norvège et en Suède. Il est causé
par des mutations du gène KCNE1 et KCNQ1.
524
c. Défibrillateur et syndrome du QR long
Si le patient fait des syncopes récurrentes ou à des antécédents d’arrêt cardiaque, on lui met
un défibrillateur avec des β-bloquants. Par contre, si le patient est asymptomatique, on lui
donne uniquement des β-bloquants.
2. Syndrome de Brugada
a. Clinique
Il se caractérise par des syncopes ou une mort subite qui sont secondaires à des
tachyarythmies ventriculaires chez les patients ayant un cœur structurellement normal.
La prévalence est d’environ 1/1000 dans les pays asiatiques. Elle est moindre en Europe.
Cependant, ce syndrome touche 9 fois plus les hommes.
La transmission est selon le mode autosomique dominant avec une pénétrance variable. Le
syndrome de Brugada est causé par des mutations des gènes de la sous-unité α du canal
sodique (SCN5A) dans 25% des cas.
Le pronostic est grave chez les patients symptomatiques. Il faut donc leur mettre un
défibrillateur. Pour les patients asymptomatiques ou sans antécédents familiaux, il faut
discuter de la prise en charge.
525
b. ECG
Il existe des formes atypiques qui peuvent causer une fibrillation ventriculaire.
c. Pronostic
d. Les interactions médicamenteuses
Dans le cas d’un syndrome de Brugada, il y a des médicaments contre-indiqués. En effet, ces
médicaments peuvent causer des troubles du rythme.
526
3. Tachyarythmies héréditaires
a. Tachycardie ventriculaire de la chambre de chasse du ventricule droit
Elle se caractèrise par des syncopes ou une mort subite secondaires à des tachyarythmies
ventriculaires chez des patients présentant une infiltration ou une anomalie de la chambre de
chasse du ventricule droit (IRM).
Elle se transmet selon le mode autosomique dominante. Elle est causée par des mutations
des gènes codant pour des protéines des desmosomes.
Dans cette pathologie, on observe une infiltration graisseuse du ventricule droit (seulement
dans 15% des cas). On observe également des anomalies de la contraction du ventricule droit
et un rehaussement tardif avec du Gadolinium.
Critères diagnostics majeurs
527
Critères diagnostics mineurs
b. Tachycardie ventriculaire polymorphe catécholaminergique
Présentation clinique
On observe des syncopes et une mort subite provoquée par un exercice. La mortalité est de
30 à 50% avant l’âge de 35 ans.
ECG
Au repos, l’ECG est strictement normal. Par contre, lors d’un effort, on observe de
nombreuses extrasystoles ventriculaires qui conduisent à une tachycardie ventriculaire.
Physiopathologie
Traitement
4. Post-dépolarisation tardive
En diastole, on observe une exclusion d’un calcium et une entrée de 3 sodiums. Cela conduit
alors à un excès de charge par l’échangeur NCX qui entraine un courant dépolarisant (DAD ou
delayed after-depolarization).
528
a. Physiopathologie
TACHYCARDIE VENTRICULAIRE
1. Définition
C’est une tachycardie dont l’origine est située en dessous de la bifurcation du faisceau de His.
L’influx chemine entièrement dans le myocarde ventriculaire. C’est une urgence
cardiologique en cas de mauvaise tolérance hémodynamique. De plus, il y a un risque de
transformation en fibrillation ventriculaire.
2. Mécanisme
On observe des phénomènes de dépolarisation diastolique ou des phénomènes de
réexcitation focale ou encore des phénomènes de réentrée où il y a une zone de conduction
lente liée à la présence d’une fibrose et de cellules myocardiques altérées à cause d’une
ischémie.
3. Clinique
La symptomatologie est variable et dépend de la cardiopathie sous-jacente et de la fréquence
cardiaque. Au début d’une crise, on observe :
• Des palpitations
• Une dyspnée
• Des malaises lipothymiques
• Des vertiges ou une syncope inaugurale (signe de gravité)
On observe une tolérance hémodynamique variable qui est le plus souvent mauvaise. Cette
tolérance est associée à une hypotension artérielle et à un choc.
Le patient présente des douleurs thoraciques angineuses sur une insuffisance coronarienne
fonctionnelle.
529
S’il y a une mauvaise tolérance hémodynamique, le patient peut développer une insuffisance
cardiaque aigue ou un arrêt cardiaque.
4. Examen clinique
La tachycardie est régulière et rapide, souvent entre 110 et 240 battements par minute. La
tension artérielle systémique est souvent basse et pincée.
5. ECG
530
6. Etiologie
La tachycardie ventriculaire complique l’évolution d’une cardiopathie organique sévère. Elle a
un très mauvais pronostic le plus souvent.
531
RYTHME IDIOVENTRICULAIRE ACCÉLÉRÉ
On observe une activité ventriculaire spontanée peu rapide qui est compris entre 60 et 110
battements par minute. Anciennement, on la dénommait tachycardie ventriculaire lente qui a
les mêmes caractéristiques sur un ECG mais un bon pronostic.
La cause essentielle est un infarctus myocardique dans les 1ères heures notamment en cas de
reperfusion artérielle.
Le rythme idioventriculaire accéléré peut survenir sur toutes cardiopathies. Il peut parfois
survenir chez des sujets jeunes à cœur sain.
FIBRILLATION VENTRICULAIRE
532
L’inefficacité circulatoire complète est responsable d’une mort subite. Il faut alors donner un
choc électrique (cardioversion) pour l’interrompre.
La fibrillation « tonique » induit des oscillations électriques amples. Cette fibrillation est
réductible par cardioversion.
Cette fibrillation ventriculaire est très brutale avec une seule extrasystole ventriculaire qui est
souvent prématurée (R/T). Cette fibrillation peut être secondaire à un trouble du rythme
ventriculaire (tachycardie ventriculaire) dont la fréquence s’accélère généralement avant de
dégénérer en fibrillation ventriculaire.
533
Traitement non-pharmacologique des
arythmies cardiaques
STIMULATEURS CARDIAQUES (BRADYCARDIE)
Pour la bradycardie, en chronique, il n’y a pas de traitement pharmacologique. On traitera
donc avec un pacemaker. La tachycardie, elle, peut se traiter pharmacologiquement mais
aussi chirurgicalement.
1. Principe de base
Le principe de base est de venir stimuler le cœur à l’aide d’un courant électrique.
A peu près toutes les cellules au niveau du cœur peuvent donner une impulsion à un
moment. Plus ces cellules sont hautes et plus elles vont pouvoir battre vite. Ce sont
principalement le potassium et le calcium qui interviennent dans le potentiel d’action des
cellules cardiaques.
a. Principes à respecter
• Stimuler le cœur à une énergie minimale (pour préserver la batterie) mais avec une
marge de sécurité : seuil de stimulation
• Ne pas stimuler si la fréquence cardiaque est au-dessus de la fréquence minimale
programmée : seuil de détection. A chaque fois qu’on contrôle un pacemaker, on va
vérifier le seuil de détection.
• On peut mesurer et programmer tous ces paramètres via un « programmateur »
La batterie d’un pacemaker est capable de durer une petite dizaine d’années. Lors de la mise
d’un pacemaker, on s’assure que le pacemaker voit bien l’activité du cœur afin de pouvoir le
stimuler correctement.
534
b. Le pacemaker
C’est un boitier métallique avec une partie plastifiée pour la sortie des sondes avec à
l’extrémité une hélice pour fixer la sonde. La plus grande partie du pacemaker est occupée
par la batterie. Le reste est occupé par l’électronique pour les paramètres du pacemaker.
Le pacemaker est placé dans la région pectorale en dessous de la clavicule du côté gauche ou
droit. Il est visible sous la peau.
Lors de la mise en place d’un pacemaker, on met une sonde dans l’oreillette droite et une
dans le ventricule droit.
On met régulièrement le pacemaker à gauche pour une question de courbures des sondes.
Les sondes du pacemaker sont introduites dans les cavités cardiaques droites puisque l’accès
veineux est plus facile que l’artériel. Dans la cavité gauche, on a un risque de caillot. On va
commencer par faire une incision de 5-6 cm sous la clavicule.
535
A : la sonde atriale et B : la sonde ventriculaire
c. Fonctions
Piles
Stimulation
La fonction de stimulation sera vérifiée pour s’assurer que l’énergie qu’on doit délivrer au
cœur est suffisante pour provoquer une contraction afin de ne pas stimuler trop fort ce qui
pourrait stimuler d’autres muscles. Les seuils peuvent fluctuer et il faut donc adapter la
programmation du pacemaker grâce à une marge de manœuvre.
Détection
Réglages
On peut aussi fixer une fréquence minimale en dessous de laquelle le patient ne doit pas
descendre (souvent 60). Le pacemaker peut aussi stimuler plus rapidement dans différents
cas comme l’effort.
536
Mémoire
Télémétrie
La dernière fonction est la télémétrie. On peut maintenant via des systèmes un peu comme le
GSM faire communiquer le pacemaker spontanément. Le pacemaker va envoyer des
informations à l’hôpital comme l’état de la batterie, les accès de fibrillation, …
2. Types de stimulateur
Il y a différents types de pacemaker. On peut déjà les différencier en fonction de la cavité
stimulée.
• La simple chambre : on peut décider de stimuler uniquement le ventricule dans les cas
de fibrillation auriculaire chronique ou de stimuler uniquement l’oreillette
• La double chambre est le plus commun pour garder la synchronisation dans les cas de
bloc atrio-ventriculaire par exemple. On implantera alors une électrode dans
l’oreillette et dans le ventricule (toujours à droite)
• La triple chambre stimulera l’oreillette et le ventricule droit mais aussi le ventricule
gauche en passant par le sinus coronaire. On l’utilisera pour avoir une synchronisation
entre les 2 ventricules.
Quand on parle du pacemaker, il y a toute une série d’infos qu’on donne avec des lettres.
La 1ère lettre désigne la chambre stimulée, soit l’oreillette, soit le ventricule soit les 2.
La 3ème lettre représente le mode de fonctionnement. Il peut être inhiber quand il observe
que le cœur va bien. Il peut également être trilié ou déclenché. Si le pacemaker a un doute, il
va quand même stimuler. On peut également faire les 2.
La 4ème lettre est le rate response. C’est la capacité à accélérer le cœur quand il en a besoin.
La 5ème lettre, on ne la voit quasiment jamais.
Pour le bloc de branche gauche, on est capable de stimuler le ventricule gauche en mettant la
sonde au niveau du sinus coronaire. Dans certaines circonstances, le pacemaker est en doute
concernant l’activité du cœur. Dans ce cas, il est capable de stimuler le cœur afin d’être sûre.
Le R signifie que le pacemaker est capable de s’adapter à l’activité propre du patient, c’est-à-
dire qu’en temps normal, on met la stimulation à 60 bpm mais si le patient fait un effort, il est
capable d’accélérer le rythme cardiaque.
537
La 1ère colonne correspond à l’endroit où le pacemaker stimule. La 2ème correspond à la
chambre dont l’activité électrique est détectée par le pacemaker.
3. Indications d’implantation
On met un stimulateur cardiaque en cas :
538
Il s’agit d’un pacemaker simple chambre sur fibrillation atriale. Les spikes sont des artéfacts
de stimulation.
Il s’agit d’un BAV complet avec un stimulateur cardiaque double chambre au niveau de
l’oreillette et du ventricule. Pour vérifier le fonctionnement du pacemaker, on fait un 1er
examen d’ECG.
4. Techniques d’implantation
L'anesthésie du patient est généralement locale, mais cela est possible qu'elle soit générale.
Les sondes sont placées dans le cœur par l'intermédiaire de la veine sous clavière. Le contrôle
par rayons X est utilisé pour visionner le bon positionnement des sondes. Elles sont ensuite
fixées. Enfin, leur fonctionnement est surveillé.
539
Puis, les sondes sont reliées au boîtier du stimulateur cardiaque et le fonctionnement du
stimulateur est contrôlé par la réalisation d’un électrocardiogramme.
5. Complications
a. Précoces
• Hématome
• Infection
• Déplacement de sonde(s)
• Pneumothorax
• Perforation, épanchement péricardique, tamponnade
b. Tardives
On observe un bloc de branche gauche avec un QRS élargit. Il est négatif en précordial droit
et positif en précordial gauche. Les ondes T sont négatives. Pour compenser l’asynchronisme,
on stimule le ventricule droit et le ventricule gauche en même temps.
540
Sur cet ECG, on observe un bloc de branche droit. Quand le QRS est élargit en DI, c’est qu’il y
a une stimulation du ventricule gauche et puis du ventricule droit.
1. Principe du fonctionnement
On implante un stimulateur cardiaque mais qui a pour but de traiter les arythmies
ventriculaires. Le fonctionnement est donc différent.
541
2. Indications
a. Prévention secondaire
• Les patients rescapés de mort subite sur une fibrillation ventriculaire ou une
tachycardie ventriculaire
• Des tachycardies ventriculaires soutenues symptomatiques (syncopales)
b. Prévention primaire
3. Le boitier
Le boitier est plus gros que pour un pacemaker sur bradycardie. On peut remarquer qu’il y a
des endroits sur la radio ou la sonde est plus épaisse. C’est entre les 2 qu’aura lieu le choc
électrique.
Sur ce tracé, on peut voir des spikes qui vont entrainer le cœur à un rythme plus rapide et
puis une reprise du rythme sinusal.
542
C’est différent, on est dans le cas d’un choc électrique.
4. Le pacemaker en pratique
• La durée de vie d’un pacemaker est d’environ 10 ans (moins pour CRT et ICD). Ensuite,
on doit remplacer le boitier
• La carte d’identité du pacemaker
• Un contrôle 2 fois par an
• Eviter un GSM dans la poche au niveau du boitier
• Les portiques de magasin ne posent pas de problème mais ceux de l’aéroport posent
problème
• Une IRM ne pose pas de problème pour un pacemaker
• Lors d’une chirurgie, il faut faire attention au bistouri électrique
• Les micro-ondes ne posent pas de problèmes mais il faut faire attention aux plaques
d’induction
• Il faut les protéger par aimant et si c’est nécessaire on fait un choc électrique
NOTIONS D’ÉLECTROPHYSIOLOGIE
L’électrophysiologie consiste à enregistrer les signaux intra-cavitaires en introduisant des
sondes la plupart du temps dans la partie droite du cœur via un abord veineux (fémoral). Cet
examen se fait dans un lieu stéril comme une salle de cathétérisme.
L’onde A représente la dépolarisation de l’oreillette et l’onde V représente le QRS. Entre les 2,
on a un petit potentiel qui correspond au faisceau de His. On peut aussi stimuler pour
observer la survenue éventuelle d’arythmies.
543
Cet examen permet d'étudier la conduction électrique (His) et permet de rechercher
l'étiologie de syncope ou de palpitations. Il permet également d'obtenir un diagnostic précis
des arythmies. C’est une indication de pacemaker ou d’ICD.
a. Maladies traitées
Flutter auriculaire
Pour le flutter typique, le 1er traitement est l’ablation de l’isthme cavo-tricuspide, source du
phénomène de réentrée. On va donc bruler de la valve tricuspide à la veine cave inférieure.
C’est une procédure standardisée avec un taux de réussite très élevé et un risque faible pour
les flutters atypiques gauches et incisionnels.
Cette pathologie correspond à la maladie de Bouveret. C’est une tachycardie régulière à QRS
fins très rapide. Il n’y a pas d’onde P puisqu’elle part du nœud atrio-ventriculaire et donc la
contraction de l’oreillette en même temps que le ventricule.
Dans l’oreillette, il n’y a pas de voies de conduction de l’influx. Au niveau du nœud atrio-
ventriculaire par contre, il y a une dualité de conduction.
544
Le traitement consiste donc à venir par la veine cave inférieure bruler la voie de conduction
lente sans toucher à la voie rapide. Il y a un taux de succès élevé mais un risque de bloc atrio-
ventriculaire complet de 0,5%. C’est plus risqué qu’une ablation de flutter.
La TRIN a déjà été expliquée, mais voilà un bon schéma pour comprendre :
Voies accessoires
Normalement, il n’y a pas de passage d’influx entre l’oreillette et le ventricule autre que le
nœud atrio-ventriculaire. Chez certains patients, il existe une voie accessoire (WPW). Le
Wolff-Parkinson-White en est un exemple, mais il existe aussi d’autres voies qui peuvent être
à droite ou à gauche. Les procédures sont plus compliquées surtout pour les voies de
conduction septale proches des voies de conduction normales.
545
C’est un ECG typique avec des ondes delta qui est la preuve d’un phénomène de pré-
excitation.
Pour une voie accessoire gauche, on passera soit par une artère et donc par l’aorte, soit par le
système veineux et à travers le septum.
546
Tachycardie atriale
Fibrillation auriculaire
La fibrillation auriculaire sera traitée par isolation des veines pulmonaires. C’est une
procédure complexe (ponction trans-septale) avec un risque procédural non négligeable. En
effet, il y a un risque de tamponnade, d’AVC ou de fistule œsophagienne. On l’effectuera
donc uniquement chez des patients symptomatiques réfractaires au traitement.
547
L'ablation de la fibrillation auriculaire a connu des améliorations importantes ces dernières
années. L'isolation des veines pulmonaires est la technique de référence pour la fibrillation
auriculaire paroxystique, que ce soit par radiofréquence ou par cryothérapie. Ses risques sont
désormais maîtrisés dans les centres entraînés. L'ablation des fibrillations auriculaires
persistantes ou permanentes nécessite une procédure plus complexe.
Il existe certaines anomalies ventriculaires qui peuvent être traitées par ablation de la
tachycardie ventriculaire et de l’extrasystole ventriculaire par exemple. La plus simple c’est
l’arythmie infundibulaire. Les arythmies sur cardiopathie dilatée ou des séquelles d’infarctus
sont des procédures complexes (parfois abord épicardique). Ces procédures sont réalisées
chez les patients porteurs d'ICD avec des épisodes de tachycardies ventriculaires récurrents.
548
Les cardiopathies congénitales
RAPPELS
1. Insuffisance cardiaque
Les mécanismes physiopathologiques touchent principalement le cœur gauche et en
particulier le ventricule gauche. Ces maladies sont causées par des pathologies musculaires
ou valvulaires
Il y a 6 fois plus de pression à gauche. Il y a donc beaucoup plus de muscle à gauche. Cela aura
alors beaucoup de conséquences pour les cardiopathies congénitales.
Les signes de l’insuffisance cardiaque gauche sont surtout des signes respiratoires comme la
dyspnée, l’orthopnée (par augmentation du retour veineux qui augmente la pression
pulmonaire) et la dyspnée paroxystique nocturne (épisodes d’étouffement pendant la nuit).
Pour l’insuffisance cardiaque droite, on a une symptomatologie plutôt congestive avec des
œdèmes des membres inférieurs, des veines jugulaires turgescentes, une hépatomégalie et
un reflux hépato-jugulaire.
549
2. Surcharge en pression
En cas de sténose aortique acquise ou congénitale (bicuspidie par exemple), on a un
rétrécissement de l’orifice par fusion des commissures. Il y a également l’apparition d’un bloc
de calcaire avec un rétrécissement de plus en plus important au niveau de la valve aortique.
La sténose aortique congénitale la plus fréquente est la bicuspidie mais on peut avoir des
sténoses congénitales avec une tricuspidie. La bicuspidie ne veut cependant pas dire qu’il y a
un rétrécissement sympatomatique. En effet, on peut vivre avec une valve bicuspide sans
problème jusque 60 ans.
Quelque soit la cause de départ, on a l’apparition d’un bloc calcaire et d’une sténose de la
valve.
Le flux trans-valvulaire n’étant pas laminaire, les bords libres de la valve vont s’user et les
commissures vont se souder ce qui conduit à l’apparition d’une sténose. Ce phénomène
s’aggrave avec les facteurs de risques cardiovasculaires (tabac, lipides, HTA). Ce sont des
lésions associées à l’insuffisance aortique et à l’anévrysme aortique.
550
Lors d’un rétrécissement de la valve aortique, le ventricule gauche doit travailler en
permanence avec une augmentation de la pression. En effet, la pression artérielle systolique
est de 120 mmHg et le gradient de pression au niveau de la valve aortique est de 100 mmHg.
Du coup, le ventricule gauche s’est contracté avec une pression de 220 mmHg.
3. Surcharge en débit
On va prendre un exemple typique qui est le syndrome de Marfan. Cette pathologie est
responsable de 2 pathologies principales. Ces pathologies sont l’anévrysme aortique et le
prolapsus de la valve mitrale.
Normalement, le débit cardiaque est de 5L/min afin d’irriguer les différents organes. Pour
obtenir ce débit avec une régurgitation de 50%, il va falloir pomper 10L. On aura donc une
dilatation de la cavité ventriculaire afin de compenser la régurgitation.
La maladie de Marfan est caractérisée par des patients de grandes tailles et de grandes
envergures. Leur envergure est même plus grande que leur taille. Ils ont donc de très long
bras. Il présente également une hyperlaxité articulaire et une hyperlaxité du cristallin qui est
alors responsable de sa luxation.
Les patients avec un syndrome de Marfan peuvent également avoir une dilatation du début
de l’aorte qui est alors responsable de l’apparition d’un anévrysme. L’hyperlaxité des
cordages tendineux est responsable d’un prolapsus de la valve mitral. La valve mitrale a donc
tendance à se balloniser.
Une surcharge de volume est présente en cas d’augmentation du débit suite à une
régurgitation importante. Comme il y a plus de sang dans le ventricule, le cœur doit battre
plus vite et donc un plus grand volume afin de compenser cette perte de débit causée par
l’insuffisance aortique. Cette augmentation de volume est nécessaire afin d’avoir un débit
efficace pour vasculariser les organes.
551
GÉNÉRALITÉS
Les cardiopathies congénitales ont une prévalence, toutes réunies, de 8 pour 1000
naissances. Les cardiopathies inopérables (rare) se terminent généralement par le décès du
patient. A l’inverse, les anomalies mineures présentes à la naissance, comme la persistance
du canal artériel ou la communication interventriculaire du nouveau né, peuvent guérir
spontanément.
1. Etiologie
Le plus souvent, les pathologies congénitales sont de cause inconnue.
a. Facteurs génétiques
L’embryogenèse cardiaque a lieu entre le 20ème et le 40ème jour de gestation. C’est donc
pendant cette période qu’il y a une fragilité cardiaque. Il faut donc faire attention aux agents
tératogènes. Parmi ces agents, on retrouve :
552
• Les médicaments : thalidomide (il y a environ 40 ans). Ce médicament était
responsable d’une amélie (absence de bras) et d’une néoplasie du vagin. Il y a
également les antiépileptiques dont l’acide valproïque qui est responsable de 10% de
malformation majeure
• Les agents physiques (rayon X) : une radio ne peut donc pas être faite en cas de
grossesse sauf en cas d’urgence médicale
• Les agents métaboliques et nutritionnels
Il faut également faire attention au diabète qui peut causer une CIV, une transposition des
grands vaisseaux ou une hypertrophie congénitale gauche (HyCG).
Syndrome alcoolo-fœtal
Il y a des anomalies associées aux dysmorphies faciales. En effet, il y a la présence
d’anomalies des membres, une atrésie de l’œsophage, une hernie diaphragmatique, un
omphalocoele, des anomalies urinaires et des anomalies faciales (Léopard, Rendu Osler).
Dans la vie fœtale, il n’y a pas de circulation pulmonaire puisque les poumons sont collabés et
pas encore mature. Le sang est donc oxygéné par le placenta.
La partie supérieure du corps est drainée par la veine cave supérieure qui se draine dans la
partie antérieure de l’oreillette droite. Ensuite, le sang passe dans le ventricule droit puis dans
l’artère pulmonaire et va passer dans l’aorte descendante via le canal artériel.
Le sang de la partie inférieure du corps et le sang oxygéné provenant du placenta passe par la
veine cave inférieure qui se draine dans la partie postérieure de l’oreillette droite. Ensuite, le
sang passe dans l’oreillette gauche par l’intermédiaire du foramen ovale. Par la suite, il va
dans le ventricule gauche pour aboutir à l’aorte ascendante qui va permettre au sang
d’atteindre la partie supérieure du corps.
553
La valve tricuspide est plus haute que la valve mitrale. En effet, la valve mitrale est plus en
arrière que la valve tricuspide. Il peut y avoir 2 cm d’écart entre le plan de la valve mitrale et
celui de la valve tricuspide. Cependant, dans certaines pathologies, la valve mitrale est plus en
avant.
Le foramen ovale est perméable et permet donc au sang de passer du cœur droit au cœur
gauche.
A l’air libre, le jour de la naissance le bébé crie afin d’ouvrir ces poumons. Il va donc y avoir un
changement de la pression intra-alvéolaire. Du coup, l’enfant va commencer à utiliser la
circulation alvéolaire ce qui conduit à une inversion du flux dans le canal artériel car la
pression de l’artère pulmonaire est inférieure à celle présente dans l’aorte. Du coup, le canal
artériel ne sera pratiquement plus utilisé.
S’il y a une arrivée d’oxygène dans le canal, les fibres oxygéno-dépendantes se contractent ce
qui induit la fermeture du canal. Le canal se ferme donc de manière fonctionnelle et il sera
fermé définitivement (80% des canaux artériels sont fermé après 3 mois).
La fermeture du canal est également possible par le rejet de substances mucoïdes qui vont
induire la coagulation du sang au sein du canal.
554
S’il y a une anoxie néo-natale, le canal va rester ouvert. Une anomalie de la paroi peut
également le maintenir ouvert. De plus, la prématurité peut se caractériser par une absence
de la chute des résistances pulmonaires à cause des membranes hyalines. Cette absence est
également présente en cas d’anomalies pulmonaires. L’absence de la chute de résistance est
responsable d’une absence de fermeture du canal.
Cette perméabilisation peut avoir des répercussions à l’âge adulte. En effet, on peut
notamment avoir un AVC paradoxal causé par un thrombus veineux qui arrive au cerveau en
passant par le foramen, des accidents de plongé sous-marines, …
555
CLASSIFICATION
On les classifiera déjà en cyanogène ou non cyanogène et en simple ou complexe.
A cause de ce shunt, il y a la présence d’un hyperdébit dans les cavités droites. Plus la
communication des cavités est grande et plus le débit pulmonaire est important. Il y a donc
l’apparition d’une hypertension pulmonaire. En effet, l’excès de débit au niveau de la cavité
droite induit une augmentation de la pression pulmonaire par augmentation du volume
sanguin.
De plus, l’hyperdébit pulmonaire induit une hyperhémie pulmonaire qui est également
causée par une augmentation du volume. Cette augmentation de volume induit alors une
transsudation qui conduit au développement d’un œdème pulmonaire. Il va également y
avoir l’apparition de broncho-pneumopathies. Ces dernières sont relativement fréquentes car
l’environnement est idéal au développement des germes.
On aura aussi des pinces artérielles puisque l’artère pulmonaire a une plus grande taille. Elle
va alors venir comprimer les bronches souches ou secondaires. Cette compression augmente
le trappage d’air dans les alvéoles ce qui peut conduire à un emphysème, une broncho-
malacie ou une atélectasie.
Le shunt est également responsable d’une baisse du débit systémique qui conduit à la
formation d’une hypotrophie chez les nourrissons porteurs de larges shunt. La complication la
plus grave d’un shunt est le développement d’une hypertension pulmonaire fixée qui est une
maladie artériolaire pulmonaire obstructive. En effet, après l’élévation des résistances
pulmonaires, les artérioles vont finir par se fibroser. Cette fibrose est alors responsable de
cette HTAP fixée.
L’apparition de la fibrose dans les vaisseaux pulmonaires survient également dans d’autres
pathologies.
556
Au départ les lésions induites par l’hypervolémie sont réversibles mais une fois que la fibrose
est installée, elles deviennent irréversibles. Par conséquent, on essaie d’opérer le plus tôt
possible les cardiopathies congéniales afin d’éviter le phénomène de fibrose artériolaire.
Normalement, un œdème du poumon est causé par une pathologie du cœur gauche qui
cause alors un œdème veineux. En effet, dans les pathologies du cœur gauche, il n’y a plus
assez de sang qui sort du cœur gauche ce qui induit une accumulation du sang oxygéné au
niveau des veines pulmonaires.
Par conséquent, on peut dire qu’un shunt est responsable d’un œdème pulmonaire inversé.
Normalement, le shunt est de type gauche-droite. Cependant, les artères pulmonaires
peuvent finir par se vasoconstricter ce qui va conduire au développement d’une fibrose. On
va alors avoir une hyperpression droite ce qui va induire une inversion du shunt. La seule
possibilité thérapeutique est la transplantation d’un cœur et de poumons.
Cependant, il faut éviter l’apparition de ce syndrome car c’est une complication très
importante. De plus, avec ce syndrome, le patient va développer une cyanose car il y a le
passage du sang oxygéné dans le cœur droit. Ce sang va alors se mélanger avec le sang
désoxygéné.
557
2. 2ème mécanisme : l’obstacle
Un obstacle est responsable d’une surcharge en pression avec un bas débit. On peut observer
ce phénomène en cas de sténose par exemple.
Le bas débit systémique est responsable d’une hypotrophie qui induit un retard de croissance
chez l’enfant (cassure de la courbe de croissance). De plus, l’enfant peut présenter des
syncopes d’effort, c’est-à-dire pendant l’allaitement.
Le bas débit pulmonaire aura pour conséquence d’empêcher le développement des vaisseaux
pulmonaires et donc de la circulation.
558
vaisseaux, le ventricule droit est relié à l’aorte et le ventricule gauche à l’artère
pulmonaire. Dans le cas de la pathologie où le ventricule droit à une double
issue, il y a la présence d’un ventricule unique qui est relié à l’aorte et à
l’artère pulmonaire.
Le situs inversus est présent au stade initial de la formation du tube cardiaque. Dans cette
pathologie, il y a une inversion des ébauches droite et gauche ce qui donne un cœur qui est
l’image en miroir du cœur normal. De plus, il existe une inversion des viscères abdominaux
(foie à gauche, rate à gauche, estomac à droite, …).
La dextroposition cardiaque est lorsque l’ensemble du cœur est dévié vers la droite. On
observe cela, par exemple, lors d’une hypoplasie pulmonaire.
• Anatomiquement : les cavités gauches sont celles qui sont situées à gauche
• Morphologiquement : un ventricule morphologiquement droit peut se retrouver à
gauche
• Fonctionnellement
1. Endocardite infectieuse
Le microbe pénètre par une porte d’entrée (les dents par exemple) et passe dans le sang. Il va
alors se déposer sur une lésion pré-existante qui est une zone de turbulences. On aura alors
des végétations et un abcès.
559
ECG TYPIQUES
Sur cet ECG, on observe un bloc de branche droit qui est causée par une communicatio inter-
atriale.
Sur cet ECG, on observe la présence de spikes comme si le patient présentait un pacemaker.
Cela doit alors nous faire penser à la tétralogie de Fallot.
La présence d’une grosse onde négative en V1-V2 correspond à une anomalie du cœur droit.
De plus, l’aspect QS en V1-V2 n’est pas toujours causé par une séquelles d’infarctus.
560
Généralement il y a des signes de surcharge droite ou encore de bloc de branche droit. Du
coup, quand on a un aspect avec bloc de branche droit chez quelqu’un de jeune, il faut
penser à une cardiopathie congénitale.
La présence d’un ostium primum correspond à une communication inter-atriale basse, isolée
ou associée à une malformation des valves atrio-ventriculaires. Cela correspond alors au canal
atrio-ventriculaire qui peut être présent dans la trisomie 21.
Il peut y avoir une communication inter-auriculaire haute ou sinus venosus qui est associée à
un retour veineux pulmonaire anormal. Dans ce cas, il y a une veine pulmonaire ou plusieurs
qui s’abouchent dans la partie basse de la veine cave inférieure.
2. Physiopathologie
C’est un shunt gauche-droite à l’étage atrial qui a tendance à augmenter au fil des années.
L’HTAP est souvent modérée et apparaît tardivement. Cependant, elle aura tendance à
évoluer en HTAP fixée (syndrome d’Eisenmenger) si la CIA est importante. Cette HTAP fixée
est exceptionnelle en cas de communication inter-atriale isolée.
3. Clinique
Si la CIA est de petite taille, elle est asymptomatique. Si cette communication est importante,
le patient va présenter une dyspnée d’effort modérée ou des bronchites fréquentes. Il existe
une relation de proportionnalité entre la taille de la communication et la sévérité des
561
symptômes. Dans cette pathologie, on observe rarement un retard staturo-pondéral si le
shunt est large.
L’auscultation est assez typique. En effet, on entend un souffle systolique éjectionnel peu
intense au foyer pulmonaire à cause d’une sténose pulmonaire fonctionnelle sur hyperdébit.
Ce souffle peut irradier dans le dos.
L’ECG est caractéristique des pathologies congénitales. L’échographie est l’examen clé du
diagnostic.
Il faut penser à cette pathologie quand on observe une dilatation atriale droite et une
dilatation du ventricule droit avec un mouvement septal inversé ou « paradoxal ». Il faut
également y penser quand on observe une dilatation de l’artère pulmonaire. Cependant, ces
signes vont varier en fonction de l’importance du shunt.
Chez les enfants, la CIA est visible par voie sous-xyphoïdienne (topographie, taille et passage
du flux sanguin au Doppler couleur). Chez l’adulte, une échographie trans-œsophagienne est
souvent nécessaire.
Le mouvement septal paradoxal est le mouvement du septum qui va vers le ventricule droit
au lieu d’aller vers le ventricule gauche. Le cathétérisme droit est quasiment inutile sauf s’il y
a une hypertension pulmonaire (suspicion d’Eisenmenger) afin de voir la réversibilité de cette
hypertension. On peut également utiliser cet examen pour une visée thérapeutique
percutanée.
4. Evolution spontanée
La plupart des CIA sont très bien tolérées. Le risque d'endocardite est quasi nul si les CIA sont
isolées. Cette pathologie présente généralement un bon pronostic.
5. Traitement
L’âge habituel de l’intervention est de 6 à 10 ans. Cependant, les formes découvertes plus
tardivement sont fréquentes.
562
prostaglandines, du bosentan ou du sildenafil qui sont les médicaments utilisés pour toute
hypertension pulmonaire.
Au stade Eisenmenger, on ne corrige plus. En effet, on ne vient plus fermer le shunt car si on
intervient, on tue le patient.
Il en existe 3 types :
Le traitement va consister à rebrancher les collecteurs gauches. Ces collecteurs sont les
grosses veines qui réunissent les veines pulmonaires.
1. Anatomie
C’est une des grandes pathologies congénitales. On a parfois des CIV multiples. Dans 85 % des
cas, elle se trouve au niveau du septum membraneux mais il y a des topographies plus rares
(au niveau plus de la pointe de l’infundibulum, …).
563
Cette communication est de taille très variable. Cependant, elle est de l’ordre de 1 à 2 mm
jusque 2 cm. Le shunt va dépendre de la taille.
2. Physiopathologie
C’est un shunt gauche-droite à l’étage ventriculaire. La physiopathologie varie en fonction de
la taille de la communication interventriculaire.
3. Classification
Il existe une classification des CIV. On peut la retrouver dans d’autres cardiopathies plus
complexes.
Dans le type 2, la communication est plus large. On aura un shunt gauche-droite plus
important avec des pressions droites un peu plus élevées. Cette pathologie doit être opérée.
Dans le type 2a, la pression pulmonaire systolique est inférieure au 2/3 de la pression
aortique systolique. Par contre, dans le type 2b, la pression pulmonaire systolique est
supérieure au 2/3.
4. Clinique
Il y a une règle importante. Cette règle dit que plus le trou est petit et plus le souffle est
important. En effet, beaucoup de sang veut passer au travers d’un petit trou. Du coup, cela
entraine de nombreuses turbulences.
564
Le B2 est normal. De plus, la radio et l’ECG sont normaux. Au niveau de l’échographie, on voit
la communication via le Doppler (1 à 3 mm). Il n’y a pas de signes indirects de shunt. En effet,
les cavités ne sont pas dilatées et il n’y a pas d’élévation de la pression pulmonaire.
On dit souvent qu’on entend beaucoup de bruits pour rien. De plus, les patients ont une vie
tout à fait normale. Ils n’ont pas besoin d’un traitement.
1/3 des petites CIV chez un nouveau né se ferme spontanément avant 1 an. La principale
complication de cette pathologie est l’endocardite.
Il y a la présence de signes d’une mauvaise tolérance entre le 2ème et le 4ème mois. En effet,
l’enfant présente des difficultés alimentaires et un retard staturo-pondéral souvent
important.
On peut observer la présence de signes d’une insuffisance cardiaque. En effet, le patient peut
présenter une tachycardie, un galop, une hépatomégalie et une dyspnée. Le patient peut
également développer des surinfections broncho-pulmonaires.
Les enfants sont souvent épuisés. Ils présentent alors des sueurs, une dyspnée et une fatigue
aux biberons.
Sur une radiographie du thorax, on observe la présence d’un gros cœur avec un arc moyen
gauche convexe à cause de la dilatation de l’artère pulmonaire. On observe également une
hyper-vascularisation pulmonaire.
Sur une échographie, il y a la présence d’une communication interventriculaire large avec une
taille comprise entre 4 mm et 1 cm de diamètre ou plus. On observe des signes importants de
shunt. En effet, il y a la présence d’une dilatation de l’oreillette droite, du ventricule droit et
de l’artère pulmonaire. De plus, il y a souvent la présence d’une hypertension pulmonaire.
Le traitement consiste à opérer le patient de manière précoce pour éviter l’apparition d’une
HTAP obstructive. En générale, on opère avant l’âge d’un an mais dans certains cas, on opère
plus tôt si la communication est mal tolérée et qu’il y a une grande hypertension pulmonaire.
L’opération va permettre de fermer la CIV par un patch sous circulation extracorporelle. Cela
se fait en 2 temps. En effet, dans un 1er temps, on fait un cerclage ou « banding » de l’artère
pulmonaire dans des cas très particulier (CIV multiple, malformations complexes associées,
…). Ensuite, on met le patch.
c. CIV de type 3
565
d. CIV de type 4
C’est la même chose que pour le type 2 mais le patient a un meilleur pronostic. Pour cette
pathologie, on peut opérer le patient plus tard. Cependant, il faut faire attention à la
possibilité que le patient développe un shunt droite-gauche. La sténose pulmonaire
conditionne aussi la décision opératoire.
1. Physiopathologie
Le CAV complet entraine un shunt gauche-droit (atrial et ventriculaire) à très large débit et
donc l’HTAP apparaît dès les 1ers mois de vie. L’ECG est caractéristique. En effet, on observe
un axe de QRS voisin de -90° ce qui correspond à l’axe « au plafond » très caractéristique.
2. Traitement
On fait une correction chirurgical complète précoce sous circulation extracorporelle avant 6
mois pour la forme complète à cause de l’hypertension pulmonaire. On referme les fentes
mitrale et tricuspide.
1. Clinique
C’est un souffle quasi-pathogénique, haut situé au niveau du 2ème espace intercostale gauche
sous la clavicule. Ce souffle peut irradier vers le bas. Il est continu, systolo-diastolique et
d’intensité variable. Il est parfois frémissant et de timbre grave (« tunnellaire ») ou doux. Ce
souffle est permanent.
On peut également avoir une hyperpulsatilité artérielle périphérique. Si le canal artériel est à
large débit, il va exister des signes cliniques de shunt. Ces signes sont :
• Un retard staturo-pondéral
• Une insuffisance cardiaque
• Des bronchites à répétition
566
Sur l’ECG, on observe une hypertrophie ventriculaire gauche à cause d’une sténose si le shunt
est large.
Sur l’écho Doppler, la coupe para-sternale gauche petit axe est modifiée. En effet, on visualise
le flux continu du canal artériel en systolo-diastolique. On voit également une dilatation de
l’artère pulmonaire, de l’oreillette gauche et du ventricule gauche si le shunt est large. Les
pressions droites peuvent être normales ou modérément élevées.
2. Evolution
Les petits canaux artériels ou les canaux artériels des prématurés peuvent se fermer
spontanément. Il n’est pas nécessaire de les fermer à chaque fois chirurgicalement. Si un
patient présente un gros canal artériel, il risque de développer un syndrome d’Eisenmenger
où il y a une HTAP à cause de l’augmentation des résistances pulmonaires.
Les patients avec cette pathologie ont un risque d’endocardite. Les petits canaux sont
diagnostiqués tardivement mais ont un bon pronostic.
3. Traitement
Tout canal artériel diagnostiqué doit être fermé. Cependant, on ne ferme pas les petits
canaux « muets » cliniquement (diagnostic fortuit).
L’intervention classique consiste en une section suture ou une ligature du canal artériel par
thoracotomie gauche. Le traitement moderne consiste en une fermeture du canal artériel par
une « ombrelle » ou par des petits ressorts métalliques (« coïls ») introduits par voie fémorale
percutanée sauf dans les 1ers mois de vie. L’ibuprofène peut être utilisé pour son effet anti-
prostaglandines E qui ont tendance à garder le canal ouvert.
La persistance du canal artériel chez les prématurés est très fréquente et complique
l’évolution des maladies des membranes hyalines. Du coup, il aggrave souvent l’état
respiratoire. Pour le traitement chez ces enfants, on peut attendre une fermeture spontanée
ou alors on stimule la fermeture.
567
CARDIOPATHIES CYANOGÈNES
La cyanose est responsable d’une coloration bleutée des téguments et des muqueuses s’il y a
plus de 5 g d’hémoglobine réduite pour 100 ml de sang.
Les cardiopathies congénitales ont souvent une cyanose à cause d’un shunt droite-gauche.
1. Clinique
Lorsque la cyanose est discrète, il est difficile de faire le diagnostic. En effet, la coloration
bleutée ne se voit qu’aux extrémités et au niveau des muqueuses (ongle des mains et des
pieds, lèvres, oreilles, langue).
Si la cyanose est intermittente, elle surviendra à l’effort (ex : chez le tout petit, pendant les
cris ou pendant le biberon). L’anémie diminue la cyanose alors que la polyglobulie
l’augmente. Si on a un doute quant à la certitude de cyanose, on effectue une gazométrie
artérielle (pH, PO2, PCO2).
568
3. Dépistage anténatal
Il est possible de faire un dépistage via une échographie morphologique de grossesse réalisée
par un gynécologue vers la 20ème semaine de grossesse. En cas de doute, on peut faire une
échographie cardiaque pédiatrique.
TÉTRALOGIE DE FALLOT
1. Définition : 4 éléments
Il y a 2 fondamentaux qui sont une communication interventriculaire et une sténose
pulmonaire valvulaire et/ou infundibulaire et/ou supra-valvulaire. En général, l’hypoplasie est
étendue de l’arbre artériel pulmonaire.
Il y a également la présence de 2 contingents qui sont une aorte à cheval sur le septum
interventriculaire (« dextroposition » aortique) et une hypertrophie du ventricule droit
réactionnelle.
2. Physiopathologie
Il y a l’association d’un obstacle et d’une communication anormale en amont ce qui entraine :
3. Clinique
Le signe le plus visible est une cyanose d’apparition en générale retardée ce qui diffère de la
transposition des gros vaisseaux. Cette cyanose apparait après quelques mois de vie voire lors
de la marche. Elle est parfois précoce dans les formes graves.
Les complications de la cyanose sont les syncopes ou malaises anoxique bleues ou blanches
pendant lesquelles le souffle peut apparaître à cause d’une obstruction pulmonaire complète.
569
Cela impose un geste chirurgical rapide et l’administration de β-bloquants en attendant
l’intervention.
Dans 1/3 des cas, la crosse aortique se trouve à droite. Du coup, le bouton aortique passe à la
droite de l’œsophage.
On peut faire un cathétérisme et une angiographie pour compléter le bilan préopératoire afin
de déterminer s’il y a la présence d’anomalies coronaires ou des CIV multiples.
4. Traitement
a. Du malaise anoxique
b. Chirurgical
570
On peut également réaliser une correction complète sous circulation extracorporelle. Cette
méthode consiste à mettre un patch sur la CIV et à faire une valvulotomie pulmonaire et/ou
un élargissement de la voie pulmonaire par patch. Ce traitement se fait vers l’âge de 6 mois à
1 an.
571
Les conditions de viabilité de cette pathologie sont :
Cette pathologie touche le plus souvent les garçons nés à terme et qui ne présentent pas
d’autres pathologies. On observera une cyanose dans les 1ères heures de vie. Cette cyanose
est intense et réfractaire à l’oxygène pur (100%). Des signes d’insuffisance cardiaque sont
possibles. L’auscultation est souvent normale.
La radio du thorax est quasi normale au niveau du cœur mais on observe un « œuf sur le
diaphragme ». L’ECG est souvent normal mais on peut également observer une hypertrophie
du ventricule droit.
Il faut faire une échographie en urgence afin de confirmer le diagnostic. En effet, grâce à
l’échographie, on verra que le ventricule gauche est relié à l’artère pulmonaire et que le
ventricule droit entre en communication avec l’aorte. Il est également possible de voir des
malformations associées (PCA, foramen ovale perméable, CIV).
572
2. Traitement
a. Traitement en urgence
De plus, on peut mettre l’enfant sous prostaglandine E1 (Prostin®) en IV afin de maintenir le
canal artériel ouvert.
b. Traitement définitif
Idéalement, on fait une correction anatomique. Pour cela, on fait une « détransposition » qui
correspond à un "switch" artériel. Pour cette chirurgie, on sélection les vaisseaux au-dessus
des sinus de Valsalva et on réimplante sur l’autre ventricule. Cependant, il faut aussi
réimplanter les coronaires sur la nouvelle aorte ce qui est beaucoup plus complexe.
Il existe également un risque important de choc cardiogénique car le cœur peut ne plus se
remettre en route.
Cette chirurgie doit être réalisée très précocement avant le 15ème jour de vie car au-delà, le
ventricule gauche n’est plus assez puissant pour supporter l’aorte. La mortalité est inférieure
à 5%. De plus, on observe un risque d’infarctus ou de choc cardiogénique.
573
S’il est trop tard pour intervenir ou dans les pays en voie de développement, il faut faire
l’opération de Mustard ou de Senning qui correspond à une correction physiologique mais
non anatomique. On va alors créer une nouvelle anomalie qui correspond à la transposition
atriale. Pour cela, on fait une résection du septum inter-atrial et on met en place un grand
patch qui dirige le sang. Le sang va alors aller de la veine cave vers le chenal puis vers
l’oreillette gauche, le ventricule gauche et l’artère pulmonaire. Le sang provenant de la veine
pulmonaire va passer le chenal puis va aller dans l’oreillette droite puis dans le ventricule
droit pour arriver dans l’aorte.
DOUBLE DISCORDANCE
Cette pathologie correspond à la « transposition corrigée des gros vaisseaux ».
574
Dans cette pathologie, il y a une discordance atrio-ventriculaire et une discordance
ventriculo-artérielle. En effet, la veine cave se draine dans l’oreille droite. Ensuite, le sang
passe la valve mitrale et le ventricule gauche qui se trouve anatomiquement à droite puis
dans l’artère pulmonaire.
Le sang provenant des veines pulmonaires se drainent dans l’oreillette gauche, passe la valve
tricuspide et va dans le ventricule droit qui se trouve anatomiquement à gauche. Ensuite, le
sang va dans l’aorte.
Il y a donc un problème au niveau de la circulation systémique car elle est assurée par un
ventricule morphologiquement droit avec des pressions systémiques. Du coup, il va y avoir le
développement d’une insuffisance cardiaque gauche et le développement d’une fuite
valvulaire en position mitrale (valve tricuspide).
S’il n’y a pas de malformation associée, le diagnostic se fait à l’âge adulte soit par hasard soit
à cause d’une dysfonction du ventricule gauche (morphologiquement c’est au niveau du
ventricule droit) soit à cause d’une insuffisance mitrale qui touche la valve tricuspide.
Une autre complication possible est le BAV complet car le trajet des voies de conduction est
anormal du fait de l’inversion septal. Il faut donc également y penser en cas de BAV
idiopathique chez un sujet jeune.
STÉNOSE SERRÉE
Cette sténose porte également le nom d’atrésie valvulaire pulmonaire à septum
interventriculaire intact. Autrefois, on l’appelait la « trilogie de Fallot ».
Dans cette pathologie, on observe la présence d’un obstacle très serré au niveau pulmonaire.
Du coup, les pressions droites en amont sont élevées. Ces fortes pressions sont alors
responsable d’un shunt atrial droite-gauche par foramen ovale « forcé ».
575
ATRÉSIE TRICUSPIDIENNE
C’est une cardiopathie assez rare et très cyanogène. Cette pathologie est causée par une
imperforation de la valve tricuspide. De plus, on observe un ventricule droit hypoplasique qui
est non fonctionnel. Du coup, tout le sang passe par l’oreillette gauche et le ventricule
gauche. Ensuite, il regagne la voie pulmonaire grâce à une communication interventriculaire
associée ou non à une persistance du canal artériel.
Sur l’ECG, on observe une seule cardiopathie cyanogène avec une hypertrophie ventriculaire
gauche. Cependant, le diagnostic se fait principalement par échocardiographie.
1. Chirurgie
La chirurgie palliative est nécessaire en période néonatale. Cette chirurgie consiste en un
shunt de Blalock afin d’améliorer l’oxygénation.
Après quelques années, on fait une dérivation cavo-pulmonaire souvent en seconde temps et
après la chirurgie palliative.
Par contre, pour la petite circulation est possible de vivre sans ventricule. En effet, les veines
caves sont anastomosées directement aux branches pulmonaires.
On peut également faire opération de Fontan (ancien) où l’oreillette droite est anastomosée
directement à l’artère pulmonaire.
Sur le long terme, le patient peut développer une insuffisance cardiaque droite ou des
arythmies (FA). Le pronostic de cette pathologie n’est pas super bon. En effet, les patients
décèdent généralement vers l’âge de 30 à 40 ans.
576
LA MALADIE D’EBSTEIN
Il y a une implantation anormalement basse de la valve tricuspide dans le ventricule droit.
Cette valve est alors plus proche de l’apex. Du coup, la valve tricuspide est plus apicale que
d’habitude. La gravité est très variable. En effet, la forme néo-natale est souvent sévère car il
y a une très petite taille du ventricule droit « fonctionnel ». Cela peut alors conduire à une
insuffisance cardiaque (++) et a une cyanose. Le traitement chirurgical de cette pathologie est
difficile.
Les formes mineures permettent une vie normale. Une correction chirurgicale est rarement
nécessaire. Sur une radiographie du thorax, on observe une cardiomégalie importante et des
poumons clairs.
Cette pathologie n’a donc pas un mauvais pronostic mais elle n’est pas bien supportée
pendant la vie fœtale contrairement à la vie adulte.
Sur l’ECG, on observe une hypertrophie de l’oreillette droite majeure, un bloc de branche
droit et un Wolf Parkinson White qui est souvent associé.
Sur le long terme, il y a l’apparition d’une insuffisance cardiaque droite et d’arythmies (FA).
Cependant, certains patients restent asymptomatiques toute leur vie. L’un des facteurs de
risque de cette pathologie est la fuite tricuspide.
577
ANOMALIES DE LA VOIE GAUCHE
1. Le prolapsus mitral
C’est la cardiopathie congénitale la plus fréquente. En effet, elle touche 5% de la population.
3. La sténose aortique
Une sténose sous-valvulaire est causée par la présence d’une membrane ou d’une fibre
musculaire souvent avec une CHMO.
Une sténose valvulaire est causée par une hypoplasie ou par une bicuspidie.
Une sténose supra-valvulaire est causée par la présence d’une membrane. Dans ce cas,
l’enfant aura un faciès d’elfe.
7. La coarctation aortique
Il y a la présence d’une sténose de l’isthme aortique entrainant le développement d’une
hypertension artérielle dans la partie supérieure du cœur et un bas débit dans la partie
inférieure.
a. Clinique
Dans cette pathologie, il y a une absence de pouls fémoraux et la présence d’un souffle dans
le dos.
578
L’hypertension artérielle dans la partie supérieure du corps peut entrainer :
b. Diagnostic clinique
La pression artérielle brachial est nettement supérieure à la pression artérielle des membres
inférieurs. En effet, la mesure chez un petit enfant se fait au 4 membres avec un appareil
automatique alors que chez l’adulte, on réalise un Doppler vasculaire et on mesure la
pression de perfusion.
c. Traitement
On fait un traitement chirurgical par thoracotomie gauche où l’on fait une plastie
d’élargissement avec un patch. On peut également faire un cathétérisme interventionnel
grâce à une dilatation au ballon et un gros stent.
On doit suivre le patient à long terme car il peut y avoir le développement d’une hypertension
artérielle résiduelle et d’une resténose qui survient malgré le traitement.
Cette pathologie arrive régulièrement chez les patients atteints d’un syndrome de Turner
(syndrome XO). Dans ce syndrome, il manque un chromosome.
CONCLUSION
Les cardiopathies congénitales sont des affections variées et sont parmi les pathologies les
plus complexes.
579
Les syncopes
OBJECTIFS
1. Spécifique
• Connaître la définition des syncopes et lipothymies ainsi que celles des autres états
d’altération de la conscience
• Savoir interroger et examiner un patient admis pour malaise, connaître les éléments
d’orientation en faveur ou en défaveur d’une syncope ou lipothymie et savoir corriger
une erreur d’orientation le cas échéant
• Connaître les arguments cliniques qui opposent une syncope à une crise comitiale
• Connaître les principales étiologies cardiovasculaires des syncopes et lipothymies
• Savoir identifier une hypotension artérielle orthostatique
• Connaître les éléments valant diagnostic et ceux à valeur d’orientation tirés de l’ECG
après perte connaissance
• Connaître les examens complémentaires et leurs apports dans la prise en charge des
syncopes et lipothymies
• Savoir la différence de pronostic et de prise en charge entre une syncope sur cœur
sain à ECG normal et une syncope chez un patient souffrant de cardiopathie
• Connaître la gravité d’une syncope chez un cardiaque, le lien avec le risque de mort
subite et le rôle de l’étude électrophysiologique endocavitaire
• Connaître les caractéristiques cliniques et le bon pronostic des syncopes neuro-
cardiogéniques
SYNCOPES ET LIPOTHYMIES
Une syncope est une perte de connaissance complète, brutale, sans prodromes, transitoire
avec une chute du tonus postural et une récupération spontanée et complète.
Une syncope peut être secondaire à une hypoperfusion cérébrale généralisée et transitoire.
Une syncope d’Adam-Stokes est une syncope secondaire à un bloc atrio-ventriculaire de haut
degré.
580
1. Les syncopes
C’est une perte de connaissance avec d’autres mécanismes qu’une hypoperfusion cérébrale
globale.
Il existe des syncopes vaso-vagales, des syncopes situationnelles ou des syncopes
orthostatiques.
Si une syncope survient lors d’un effort, c’est une syncope souvent d’origine cardiaque
causée par une sténose aortique, …
On ne fait pas un massage carotidien chez un patient qui présente une sténose carotidienne
de 80 à 90% car il y a une augmentation du risque d’obstruction.
2. Bilan ECG
Il donne le diagnostic devant les anomalies suivantes :
Il permet également d’orienter le diagnostic vers une cause « électrique » devant les
anomalies suivantes :
• Une bradycardie sinusale avec un rythme supérieur à 50 bpm ou avec une pause de
moins de 3 secondes liée à une dysfonction sinusale
• Un bloc de branche complet bi-fasciculaire ou un bloc atrio-ventriculaire du 2ème degré
qui est un bloc atrio-ventriculaire paroxystique : nécessité d’examens
complémentaires
• Un syndrome de Wolf-Parkinson-White : tachycardie paroxystique
• Des extrasystoles ventriculaires nombreuses ou en salves : tachycardie ventriculaire
• Un allongement de l’intervalle QT : torsade de pointes
• Des anomalies de repolarisation, des ondes Q de nécrose, une hypertrophie
ventriculaire gauche : maladie coronarienne ou myocardiopathie
A l’inverse, on peut à ce stade être sorti du domaine des syncopes/lipothymies pour l’une des
raisons suivantes :
582
4. Examens paracliniques
Ils doivent être pratiquer pour vérifier l’absence de cardiopathie sous-jacente :
S’ils sont normaux, ils n’écartent pas un trouble du rythme ventriculaire ou un bloc atrio-
ventriculaire infra-nodal.
L’étude électrophysiologique endocavitaire est proposée en cas de syncope non élucidée par
l’enregistrement Holter en cas de cardiopathie.
a. Le test d’inclinaison
Ce test permet d’essayer de déclencher une syncope vasovagale. Cet examen est proposé en
principe en l’absence de cardiopathie pour ne pas méconnaitre une cause grave ou lorsque
les symptômes sont invalidants avec un recours fréquent aux soins d’urgence ou un impact
médico-légal (profession à risque) ou lors de syncope avec un traumatisme.
Il ne doit pas être proposé car il est inutile devant une syncope réflexe de diagnostic certain. Il
est de faible rendement chez les sujets âgés.
Ce test consiste à mettre le patient dans une position fixe pendant 45 minutes avec une
inclinaison de 70° sur une table appropriée. Afin de suivre les symptômes, on fait un ECG et
on mesure la pression artérielle.
L’inclinaison permet d’induire une séquestration veineuse qui cause une diminution du retour
veineux et donc une diminution du débit cardiaque.
583
o Une vasodilatation et une bradycardie
La réponse est considérée comme positive en cas de reproduction d’une syncope ou d’une
lipothymie en rapport avec une bradycardie et/ou une baisse de la pression artérielle en
l’absence de tout autre diagnostic (diagnostic d’élimination).
• Diagnostic avéré ou supposé (sur les données ECG) de trouble du rythme ventriculaire
ou de conduction
• Syncope inexpliquée chez un cardiaque notamment avec des séquelles d’infarctus :
risque de mort subite
• Suspicion de maladie génétique chez un sujet jeune (antécédents familiaux de mort
subite)
• Syncope :
o Avec traumatisme grave quel que soit le contexte
o D’effort
o Survenue en décubitus
584
EXERCICE D’INTÉGRATION
Monsieur B., âgé de 79 ans, est admis pour un malaise aux urgences. Ce patient a présenté un
infarctus du myocarde 22 ans auparavant sur un terrain diabétique. Il a été revascularisé par
pontage aorto-coronaire et conserve rarement et seulement pour des efforts importants une
douleur cervicale à caractère constrictif irradiant vers le sternum et vers la mandibule.
Il présente un essoufflement lorsqu’il doit monter des escaliers à partir d’une trentaine de
marches ou pour bêcher son potager.
L’interrogatoire de l’épouse fait état d’une perte de connaissance abrupte avec chute, après
avoir scié du bois dans sa cour où il faisait froid et être rentré dans la maison particulièrement
chauffée. La perte de contact a duré environ 2 à 3 minutes suivie de myoclonies brèves des 2
membres supérieurs et un retour rapide à la conscience sans état confusionnel.
L’examen clinique initial retrouve une pression artérielle à 105/65 mmHg aux 2 bras, une
fréquence cardiaque à 70 bpm. Les bruits du cœur sont assourdis avec un souffle
holosystolique irradiant dans l’aisselle. L’auscultation pulmonaire est normale. L’auscultation
cervicale retrouve un souffle sur le trajet de la carotide gauche. Le reste de l’examen
vasculaire, neurologique et abdominal est normal.
La biologie de routine faite par l’infirmière des urgences avant votre arrivée est normale (NFS,
plaquettes, ionogramme, urée, créatinine, glycémie, troponine).
Son dossier personnel fait état d’une échocardiographie récente qui mentionne un ventricule
gauche dilaté avec altération de la fraction d’éjection à 27 %.
585
1. Qualifiez le malaise du patient
On va tester l’hypotension orthostatique. En effet, c’est la 1ère chose à faire chez un sujet âgé
qui présente une syncope.
Le rythme est régulier, sinusal. Cependant, il y a la présence d’un bloc de branche gauche
complet.
5. Y a t-il une anomalie à l’auscultation qui vous oriente vers une étiologie particulière au
malaise ?
o Une sténose carotidienne car il y a la présence d’un souffle dans les 2
carotides : peut causer des AVC mais pas des syncopes à peu probable
o Il y a la présence d’un souffle holosystolique au foyer mitral ce qui signifie qu’il
y a la présence d’une insuffisance mitrale mais cette pathologie n’explique pas
l’angor
6. Les données cliniques et les résultats de l’ECG vous orientent-ils vers une étiologie
particulière au malaise ?
Une cardiopathie ischémique car le patient a présenté une syncope. Du coup, elle peut être
causée par des troubles du rythme. Par conséquent, on va mettre un défibrillateur en
prévention secondaire.
586
7. Chez ce patient diabétique, l’infirmière propose, avant de récupérer le résultat de la
glycémie d’injection du sérum glucosé à 30% pour corriger une éventuelle
hypoglycémie. Qu’en pensez-vous ?
o Ce n’est pas une hypoglycémie car si c’était le cas, le patient n’arriverai plus à
se lever
8. Quels sont les examens complémentaires qui vont permettre d’identifier la cause du
malaise et dans quel ordre les réaliserez-vous ?
o Une échographie : pour évaluer la fraction d’éjection du ventricule gauche, la
zone akinétique, ischémique et rechercher la présence d’une valvulopathie
o Un Holter rythmique pour trouver un trouble du rythme
o Une coronarographie : on ne fait pas d’épreuve d’effort car le patient est à
haut risque. La coronarographie va permettre de rechercher une nouvelle
sténose
9. Quelle thérapeutique dont l’efficacité est démontrée est manquante à son traitement
d’admission ?
o On ajoute un aspergique et éventuellement de l’amiodarone
587
L’insuffisance cardiaque
OBJECTIFS
1. Savoir
• Diagnostiquer une insuffisance cardiaque chez l’adulte
• Identifier les situations d’urgence et planifier leur prise en charge
• Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient
2. Spécifique
• Connaître les définitions de l’insuffisance cardiaque et de ses variantes, notamment la
forme à fonction systolique préservée
• Connaître les bases de la mécanique cardiaque, de ses dysfonctions, de la
physiopathologie de l’activation neuro-hormonale au cours de l’insuffisance cardiaque
• Savoir classer les symptômes d’un patient selon la NYHA
• Connaître la notion de décompensation cardiaque et savoir identifier les principaux
facteurs déclenchants
• Connaître les principales étiologies et savoir mener le diagnostic étiologique en
utilisant les examens paracliniques appropriés devant une insuffisance cardiaque
• Connaître les principaux apports de l’échocardiographie au diagnostic, à l’enquête
étiologique et au pronostic de l’IC
• Savoir interpréter un dosage de BNP ou NT-proBNP
• Savoir faire le diagnostic d’un OAP et le traiter
• Connaître le détail et les principes des règles hygiéno-diététiques et du traitement
pharmacologique de l’IC stabilisée
• Connaître les possibilités non médicamenteuses : dispositifs implantables, assistance
circulatoire et transplantation
L'insuffisance ventriculaire gauche n'est pas un diagnostic, mais un signe ... Quand on identifie
une insuffisance ventriculaire gauche, on doit identifier son étiologie car certaines sont
curables. Du coup, il faut les détecter le plus tôt possible.
DÉFINITION
L’insuffisance cardiaque est un syndrome prenant différentes formes liées à l’évolution
(terminale) des pathologies cardiaques.
C’est la conjonction :
588
L’insuffisance cardiaque est un syndrome clinique secondaire à l’incapacité du cœur à délivrer
la quantité de sang nécessaire au bon fonctionnement des autres organes tout en maintenant
des pressions de remplissage basse. L’insuffisance cardiaque associe des altérations de la
fonction ventriculaire gauche et de la régulation neuro-humorale entraînant une intolérance
à l’effort et une rétention hydrosodée réduisant l’espérance de vie.
La fraction d’éjection est de l’ordre de 40-50% ce qui affirme une insuffisance cardiaque
systolique.
On remarque que la distribution graphique des patients qui ont une insuffisance cardiaque
est bimodale : ceux qui ont une fraction d’éjection du ventricule gauche à 25 à 30% et ceux
avec une fraction d’éjection aux alentours de 60%.
589
EPIDÉMIOLOGIE
La prévalence de l’insuffisance cardiaque dans la population adulte est de 1 à 2%. L’incidence
se trouve dans les alentours de 5 à 10/1000.
On observe une augmentation de la prévalence avec l’âge. En effet, plus de 10% des plus de
70 ans ont une insuffisance cardiaque. Cette pathologie est en augmentation constante.
Elle est très invalidante et est responsable de nombreuses hospitalisations. De plus, elle
affecte la qualité de vie et l’espérance de vie (plus que de nombreux cancers).
On peut aussi remarquer que l’incidence est plus élevée chez l’homme que chez la femme.
Les hommes noirs sont aussi plus touchés en dessous de 75 ans mais après 75 ans, les
hommes blancs sont plus nombreux.
Avant la détection d’une insuffisance cardiaque, on retrouve toute une population qui n’est
pas encore symptomatique mais qui est à risque de développer une insuffisance cardiaque.
590
L’allongement de l’espérance de vie, l’augmentation de la survie post-infarctus et
l’amélioration du pronostic ou du traitement des « cardiaques » (valvulopathies, insuffisants
cardiaques, …) provoquent une forte augmentation du nombre d’hospitalisations pour
l’insuffisance cardiaque. Cette pathologie est la 1ère cause d’admission chez les sujets âgés.
On remarque une augmentation des couts directs et une plus grande incidence dans la
population noire.
Le pronostic de l’insuffisance cardiaque est sévère. En effet, la mortalité avec toutes les
gravités confondues est de moins de 50% à 5 ans.
Le pronostic de l’insuffisance cardiaque est plus sévère que la plupart des cancers.
• Le grand âge
• Une cadiopathie ischémique
• Un épisode d’arrêt cardiaque ressuscité
• Une hypotension au stade fonctionnel III ou IV de la NYHA
591
• Des QRS élargis
• Des arythmies ventriculaires complexes
• Une hyponatrémie : Na+ inférieur à 135 mmol/l
• Une insuffisance rénale au stade 4 : DFG inférieur à 30 ml/min/1,73m2
• Une fraction d’éjection très abaissée : inférieure à 30%
GLOSSAIRE
• Insuffisance cardiaque chronique : existe depuis plusieurs semaines voire mois
• Insuffisance cardiaque décompensée : patient qui était stable sous traitement mais
dont son état s’aggrave
• Insuffisance cardiaque aigue : soudain épisode de décompensation cardiaque
• Insuffisance cardiaque de novo : 1er épisode d’insuffisance cardiaque aigu ou
progressif
• Insuffisance cardiaque compensée : plus de symptômes ni de signes mais il y a la
persistance de l’atteinte ventriculaire avec un risque récidive
• Insuffisance cardiaque congestive : patient avec des signes de rétention hydrosodée
• Insuffisance cardiaque avancée ou terminale : stades évolués avec une insuffisance
cardiaque réfractaire au traitement médical. Elle nécessite une intervention
chirurgicale, un greffe ou une assistance circulatoire
PHYSIOPATHOLOGIE
592
2. Boucle de pression-volume pendant la diminution de la pré-charge
La pente de la droite reliant les points télésystoliques (RPVTS : relation pression-volume
télésystolique) correspond à l’élastance ventriculaire qui reflète la fonction systolique et
l’inotropisme.
Lors d’une altération de la fonction systolique, il y a une diminution du volume éjecté à cause
d’une diminution de la contractilité myocardique. Dans ce cas, il s’agit d’une insuffisance
cardiaque avec une altération de fraction d’éjection.
Lors d’une altération de la fonction diastolique, le volume éjecté est similaire à la normale
mais le régime de pression est plus important. On observe une insuffisance cardiaque avec
une augmentation de la pression de remplissage.
593
3. Physiopathologie du remodelage
L’hypertrophie concentrique est surtout présente s’il y a une surcharge en pression avec une
augmentation de la tension pariétale systolique. On observe alors une augmentation du
nombre de sarcomères en parallèle. Il y a également une augmentation du diamètre des
myocytes avec l’expression de gènes embryonnaires.
4. Adaptations périphériques
a. Dans l’insuffisance cardiaque congestive
On observe une dilatation cavitaire progressive et variable en intensité avec une modification
de la géométrie pour augmenter le volume d’éjection systolique.
594
A terme, il y a le développement d’une fibrose qui va étouffer les cellules contractiles et
amputer la fonction systolique et diastolique du ventricule.
Une intervention précoce peut arrêter la fibrose mais pas l’inverser. Une ischémie secondaire
chronique est possible mais on ne connaît pas le mécanisme d’apparition.
Cette adaptation vise à maintenir un remplissage suffisant des cavités cardiaques pour
s’assurer une distension suffisante et un volume d’éjection systolique suffisant.
• D’une tachycardie
• D’inotropisme
• D’une stimulation du système rénine-angiotensine
• Au niveau rénal, d’une vasoconstriction avec une diminution de la perfusion corticale
avec des conséquences sur le métabolisme hydro-électrique
595
6. Activation préférentielle des systèmes vasoconstricteurs
Le système de l’ADH/arginine vasopressine est tardivement mis en jeu pour maintenir une
volémie efficace par réabsorption d’eau pure. Il est lié à une hyponatrémie de l’insuffisance
cardiaque terminale. Les récepteurs artériolaires provoquent une vasoconstriction.
• Le facteur atrial natriurétique libéré suite à une distension auriculaire. Il provoque une
vasodilatation artérielle et une réduction de la stase au niveau des systèmes
interstitiels au profit du secteur vasculaire.
• Le Brain Natriuretic Peptide (BNP) a des propriétés analogues au facteur anti-
natriurétique. Il y a une importance du dosage diagnostic du BNP pour le pronostic de
l’insuffisance cardiaque. Ce facteur est produit par les cardiomyocytes.
• Le système des prostaglandines et des kinines s'oppose aussi aux effets
vasoconstricteurs des systèmes rénines-angiotensine-aldostérone et des autres
systèmes.
L’insuffisance cardiaque est caractérisée par un déséquilibre des systèmes vasodilatateurs aux
dépend des systèmes vasoconstricteurs suite à l'adaptation qui tend à maintenir un débit
cardiaque mais qui aggrave l’atteinte myocardique.
• La dyspnée qui est une gêne de la respiration avec l’impression de manque d'air
pouvant s’aggraver vers une fatigue de respirer
• L’orthopnée qui survient en décubitus : symptôme caractéristique de l’insuffisance
cardiaque
596
• La respiration de Cheyne-Stokes : respiration cyclique causée par un ralentissement
circulatoire et une diminution de la sensibilité du centre respiratoire. Cette respiration
est caractéristique de l’insuffisance gauche sévère.
a. La dyspnée d’effort
• NYHA classe I : survient pour des efforts importants inhabituels. Il n’y a aucune gêne
dans la vie courante. C’est asymptomatique.
• NYHA classe II : dyspnée lors d’efforts modérés (marche rapide, montée de plus de 2
volées d’escaliers). Cela engendre une limitation modérée dans la vie courante.
• NYHA classe III : dyspnée lors d’efforts simples (marche à plat, 1 volée d’escalier). Cela
induit une limitation importante et est le signe d’une décompensation cardiaque
sévère.
• NYHA classe IV : dyspnée permanente au repos avec impossibilité de mener des
activités sans gêne
Le degré d’invalidité lié à la dyspnée varie en fonction des activités du patient qui est
sédentaire ou pas.
Pour les patients fonctionnellement très limités, on peut préciser l’invalidité fonctionnelle
avec un test de marche de 6 minutes. On considère qu’il est normal chez un adulte si la
distance est supérieure à 400 m environ.
b. La dyspnée paraoxystique
Nocturne
597
• Des palpitations
• Une syncope ou une chute
• Une asthénie
• Une dépression
• Une confusion
• Des troubles du comportement
• Une désorientation
• Des troubles du sommeil
• Une perte de l’appétit
• Une perte d’autonomie
• Une prise de poids rapide
3. Les signes
Les signes sont :
598
1. Les signes
On observe une augmentation des pressions du ventricule droit et de l’oreillette droite avec
une hypertension veineuse et une baisse du débit cardiaque responsable :
• D’une hépatomégalie, d’un foie cardiaque avec une cytolyse, une cholestase avec ou
sans insuffisance hépatocellulaire
• Une stase jugulaire avec une turgescence des veines jugulaires
• Une stase rénale avec une activation du système rénine-angiotensine-aldostérone qui
induit une rétention hydrosodée
• Une augmentation de la pression hydrostatique avec des œdèmes des membres
inférieures (avec ou sans épanchements pleuraux accompagnées ou non d’ascite)
ETIOLOGIES
1. De l’insuffisance cardiaque gauche
• Une atteinte ischémique par athérosclérose coronarienne : 1ère cause d’insuffisance
cardiaque dans les pays industrialisés surtout avant 75 ans
• Une cardiomyopathie dilatée idiopathique (rare, familiale)
• Des pathologies valvulaires : rétrécissement aortique, insuffisance aortique,
insuffisance mitrale, rétrécissement mitral (sans insuffisance ventriculaire gauche)
• Une cardiomyopathie hypertensive
• Une cardiomyopathie toxique (alcool, anthracyclines, cobalt)
• Une cardiomyopathie carentielle (avitaminose B1 ou béribéri)
• Une cardiomyopathie hypertrophique obstructive et non obstructive
• Une cardiomyopathie restrictive
• Une myocardite (virale ou maladie de Chagas en Amérique du sud)
• Une cardiopathie de surcharge (hémochromatose et amylose)
• Une cardiopathie congénitale non corrigée
599
• Une cardiomyopathie post-partum
• Une sarcoïdose, un collagénose, une myopathie (Steinert, Duchenne...)
• Une insuffisance cardiaque par hyperdébit : anémie, hyperthyroïdie, fistule artério-
veineuse, la maladie de Paget, le béribéri
• Une hypothyroïdie, un phéochromocytome, une acromégalie
• Une tachycardiomyopathie : trouble du rythme rapide et prolongé en principe
réversible
FACTEURS FAVORISANTS
Les facteurs favorisants sont :
• La non-observance du traitement
• L’écart de régime
• L’infection (pulmonaire) ou une exacerbation d’insuffisance respiratoire
• La poussée hypertensive
• L’ischémie myocardique
• L’anémie
• Les troubles du rythme ou de la conduction
• L’introduction récente d’un traitement inotrope négatif, d’un anti-inflammatoire non
stéroïdien
• L’aggravation d’une insuffisance rénale
• La grossesse
• L’embolie pulmonaire
600
L’INSUFFISANCE CARDIAQUE DÉCOMPENSÉE
On observe 4 profils hémodynamiques :
On recherche également des signes d’hypertrophie ventriculaire gauche avec une déviation
axiale gauche accompagnée d’un retard d’apparition de déflexion intrinsécoïde en V6. De
plus, l’indice de Sokolow est positif (> 35 mm) et il y a la présence de troubles de la
repolarisation à type de sous-décalage de ST avec une onde T négative.
• Séquelle d’infarctus
• Fibrillation auriculaire à réponse ventriculaire rapide
• Troubles de la conduction (bloc AV haut degré)
Un ECG normal rend peu probable le diagnostic d’insuffisance cardiaque avec une
dysfonction systolique du ventricule gauche.
601
2. La radiographie du thorax
La radio permet de rechercher :
• Une cardiomégalie (index cardiothoracique supérieur à 0,5) : si elle est absente, cela
n’élimine pas le diagnostic
• Des signes radiologiques de stase pulmonaire : stries de Kirley, œdème alvéolaire
• Un épanchement pleural (parfois)
On observe des anomalies du bilan hépatique (cytolyse, cholestase) en cas de foie cardiaque
avec parfois des troubles de l’hémostase (TP bas) par une insuffisance hépatocellulaire à
stade terminal.
Les examens biologiques permettent de rechercher une anémie qui est un facteur favorisant
de l’insuffisance cardiaque ou de la décompensation. On va également rechercher une
anomalie de la natrémie et/ou de la kaliémie qui est souvent causée par le traitement.
De plus, on va rechercher une insuffisance rénale associée qui est favorisée par le bas débit
rénal et le traitement.
Le peptide natriurétique B fait parti de la famille des protéines sécrétées par les
cardiomyocytes dans l’insuffisance cardiaque pro-BNP sécrété et clivé en BNP et NT-proBNP
au niveau de l’extrémité N-terminale.
Le BNP a une activité métabolique mais ces 2 molécules sont dosables. Ce sont donc des
marqueurs diagnostics identiques d’étirement cellulaire. Ces marqueurs reflètent les
602
pressions de remplissage cardiaque et pas l’hypertrophie. Les valeurs pronostiques sont
influencées par l’âge, le poids et la fonction rénale.
ATTENTION, les valeurs cibles pour ces molécules ne sont pas les mêmes en fonction de l’âge.
4. Echocardiographie
C’est un examen clé qui permet de poser un diagnostic étiologique et de poser le pronostic. Il
permet le diagnostic positif en détectant une dysfonction systolique (abaissement de la
fraction d’éjection du ventricule gauche) et/ou une dysfonction diastolique (élévation des
pressions de remplissage du ventricule gauche).
603
Au niveau des valves, l’écho permet d’analyser la structure en mode bidimensionnel, de
mesurer la régurgitation en mode Doppler couleur et de voir s’il y a la présence de sténoses
en mode Doppler pulsé et/ou continu.
On utilise l’échographie pour étudier les cavités droites et estimer les pressions pulmonaires.
On l’utilise également pour étudier le péricarde.
La présence de BNP induit un mauvais pronostic. En effet, plus il y a du BNP et plus le patient
présente une mauvaise fonction systolique.
Le cathétérisme cardiaque droit est de moins en moins fréquemment réalisé. Il est indiqué
pour le diagnostic d’hypertension pulmonaire pré-capillaire, une suspicion de péricardite
constrictive et lors de valvulopathies en cas de doute diagnostique échographique
604
a. Valeurs normales
L’index cardiaque est abaissé s’il est inférieur à 2,5 l/min/m2. Une pression artérielle
pulmonaire moyenne au repos supérieure ou égale à 25 mmHg est le signe d’un diagnostic
d’hypertension pulmonaire (HTAP).
Une HTAP avec des pressions capillaires supérieures à 15 mmHg signifie qu’il y a une
hypertension pulmonaire post-capillaire si les résistances pulmonaires sont normales. Cette
HTAP peut également être le signe d’une hypertension pulmonaire mixte (pré-capillaire et
post-capillaire) si les résistances pulmonaires sont élevées.
Une HTAP avec des pressions capillaires pulmonaires inférieures à 15 mmHg est le signe
d’une hypertension pulmonaire pré-capillaire.
Pour l’évaluation du pronostic, on a besoin d’une épreuve d’effort métabolique avec une
mesure des échanges gazeux qui comprend le pic de consommation d’oxygène (VO2) qui
correspond à la mesure de la capacité aérobique maximale qui explore à la fois :
Lorsque le pic de VO2 est bas (< 10 ml/kg/min), le pronostic est mauvais. Lorsque le pic est
élevé (> 18 ml/kg/min), les patients présentent un faible risque de mortalité.
Les indications de transplantation cardiaque sont basées sur la VO2 max dans l'insuffisance
cardiaque chronique.
Lors du test de marche de 6 minutes, une faible distance parcourue est associée à un mauvais
pronostic.
8. IRM cardiaque
Elle a un intérêt en cas d’échographie non contributive. Elle permet d’avoir des mesures de
référence du volume ventriculaire gauche, de la fraction d’éjection du ventricule gauche et de
la masse du ventricule gauche.
605
Elle permet également une étude de la fonction systolique segmentaire, de la perfusion et du
rehaussement tardif.
Parfois, elle aide au diagnostic étiologique comme pour les cardiopathies congénitales, les
tumeurs, une myocardite, une dysplasie arythmogène du ventricule droit, des séquelles
d’infarctus, …
9. La scintigraphie myocardique
L’angiographie isotopique permet de déterminer les fractions d’éjection des 2 ventricules. Elle
est fiable et reproductible à condition que le patient présente un rythme sinusal.
Il y a une synchronisation avec l’ECG. Elle se fait quand le patient est au repos et nécessite un
marquage des hématies par du 99m Technétium.
PRONOSTIC
L’insuffisance cardiaque évolue par des poussées suite à des facteurs déclenchants comme
des troubles du rythme, des syndromes infectieux (pneumopathie, septicémie), une embolie
pulmonaire, un écart de régime, une iatrogénicité (utilisation de drogues inotropes
négatives), une hyperthyroïdie ou une grossesse.
La mort subite est fréquente. En effet, elle représente 30 à 50% des modalités de décès d’une
insuffisance cardiaque.
La mort est l’aboutissement ultime de l'insuffisance ventriculaire gauche après une évolution
marquée par de nombreuses complications.
Les modalités particulières sont les myocardites aigues qui ont une évolution très rapidement
mortelle en quelques jours voire semaines.
L’insuffisance ventriculaire gauche chronique entraine toujours tôt ou tard des manifestations
d'insuffisance cardiaque droite suite au développement d’une hypertension artérielle
pulmonaire.
606
COMPLICATIONS
Parmi les complications, on retrouve :
LE TRAITEMENT
1. But du traitement
La thérapie doit apporter une amélioration fonctionnelle du patient et une amélioration du
confort de vie. Il doit également apporter une réduction de la mortalité.
607
Pour cela, il faut :
Ces améliorations sont obtenues par l’inhibition des systèmes de compensations neuro-
hormonaux.
Les traitements à éviter sont les AINS et les coxibs, les anti-arythmiques de classe I, les
inhibiteurs calciques bradycardisants (vérapamil et diltiazem), les antidépresseurs
tricycliques, le lithium et les corticoïdes.
Il faut également donner une éducation thérapeutique au patient avec une équipe
multidisciplinaire.
a. Régime hyposodé
Auparavant, ce régime était très strict. Actuellement, on est un peu plus tolérance car on
tolère 3 à 5 g de sel par jour.
Les conseils diététiques sont de toujours éviter les charcuteries, le fromage, le pain normal,
les conserves, les confitures industrielles, les sauces préparées, les boissons gazeuses et les
eaux minérales.
Le régime hyposodé strict n'est indiqué que chez des patients au stade avancé de
l'insuffisance cardiaque.
b. Exercice physique
608
Cependant, il ne faut pas recommandés une activité chez certains patients qui présentent des
cas particuliers de cardiopathies. Parmi les pathologies pour lesquels une activité physique
n’est pas recommandée, on retrouve la sténose aortique et la cardiopathie hypertrophique
obstructive.
On prescrit un entrainement physique en milieu hospitalier pour les patients qui présente un
stade 2 ou 3 d’insuffisance cardiaque avec des protocoles de ré-entrainement. Cela permet
une amélioration des capacités physiques et du stade fonctionnel.
3. Traitements médicamenteux
Les inhibiteurs de l’enzyme de conversion sont indiqués dans tous les stades de l’insuffisance
cardiaque.
609
a. Les diurétiques
Pour agir au niveau du site I, qui correspond au tube contourné proximal, on donne des
inhibiteurs de l’anhydrase carbonique.
Pour agir au niveau du site II, qui correspond à la branche ascendante de l’anse de Henlé, on
donne des diurétiques de l’anse (furosémide ou Lasix, bumétanide ou Burinex).
Pour agir au niveau du site III, qui correspond au tube contourné distal, on donne des
thiazidiques (chlorothiazide, chlortalidone, hydrochlorothiazide).
Pour agir au niveau du site IV, qui correspond au tube collecteur ou distal, on donne des
épargnants potassiques :
Dans l'anse de Henlé, ils s'opposent à la réabsorption active du sodium. Ils induisent alors
l’élimination des H+, des K+ et des Cl-. Cela a pour conséquence de provoquer une alcalose
hypokaliémique et hypochlorémique lors de surdosage.
ü Le furosémide
Ce médicament se prend par voie orale (comprimé de 40 mg) ou en intraveineuse (20 mg par
ampoule) en phase de décompensation cardiaque aigue.
ü Le bumétanide
610
Les diurétiques épargneurs de potassium
Ils ont un délai d'action prolongé et un effet diurétique mineur sauf en cas
d’hyperaldostéronisme important.
Ces diurétiques ont une efficacité en terme de mortalité et une réduction des hospitalisations
pour récidives d’insuffisance cardiaque chez des patients au stade 3 ou 4 quand ils sont
associés aux inhibiteurs de l’enzyme de conversion.
Mode d’action
Leur effet thérapeutique se fait essentiellement par un effet vasodilatateur grâce à l’inhibition
du système rénine angiotensine en inhibant la transformation de l’angiotensine 1 en
angiotensine 2. Cela conduit alors à une diminution de la sécrétion d’aldostérone qui est
responsable d’une rétention hydrosodée.
Cette classe thérapeutique est actuellement recommandées à tous les stades de l’insuffisance
cardiaque et pour toutes les étiologies. En effet, on les donne aux patients asymptomatiques
611
avec une dysfonction ventriculaire gauche (ex : post-infarctus). On peut également les donner
aux patients avec une insuffisance cardiaque symptomatique au stade 2 à 4.
Ces médicaments induisent une diminution de la mortalité ainsi qu’une amélioration des
symptômes. De plus, ils diminuent le nombre d’hospitalisations.
Instauration du traitement
Le traitement est initié à dose progressive en suivant la tension artérielle et la fonction rénale.
Lors de la phase de titration, on fait un monitoring de la fonction rénale après chaque palier.
De plus, on augmente les doses une à 2 fois par semaine.
Ils ne sont indiqués dans l’insuffisance cardiaque qu’en cas d’intolérance aux inhibiteurs de
l’enzyme de conversion. On fait une prescription à la demande.
De plus, il faut surveiller la fonction rénale comme pour les IEC. Il y a de nombreuses études
randomisées où l’on compare ces médicaments avec les inhibiteurs de l’enzyme de
conversion mais il n’y a pas de différence clinique.
612
d. Les β-bloquants
Il existe de nombreuses études randomisées pour les molécules de classe 1. Cette classe
thérapeutique a longtemps été contre-indiqué dans l’insuffisance cardiaque. Cependant, de
nombreuses études ont montré un bénéfice sur la mortalité et sur le risque de récidives de
l’insuffisance cardiaque.
Les β-bloquants doivent être associés aux IEC et aux diurétiques dans le cadre de
l’insuffisance cardiaque.
Instauration du traitement
L’instauration est stricte. Dans un 1er temps, on donne une dose faible qui est ensuite
augmentée lentement jusqu’à obtenir une dose efficace.
• L’hypotension artérielle
• La bradycardie
• La majoration des signes de l’insuffisance cardiaque : il faut alors réduire la posologie
et augmenter les diurétiques
Les contre-indications
• L’asthme
• L’hypotension artérielle symptomatique
• La bradycardie symptomatique et les blocs auriculo-ventriculaires de type 2 ou 3
613
• Une artérite évoluée des membres inférieurs
e. Les inhibiteurs du courant If
Parmi ces médicaments, on retrouve l’Ivabradine. Cette molécule inhibe spécifiquement les
canaux f et n’a aucun effet inotrope. Généralement, on donne 2 fois 5 ou 7,5 mg par jour et
on augmente le traitement par palier.
614
POINTS CRITIQUES DE PRISE EN CHARGE
• Impliquer et accompagner le patient dans sa prise en charge
o Convenir d’objectifs partagés
o Adapter son mode de vie
o Connaître les signes d’alerte et réagir de manière adapté
o Eviter l’automédication et les risque d’interactions médicamenteuses
o Intégrer l’éducation thérapeutique, le cas échéant dans un programme d’ETP
structuré
• Traitement non pharmacologique
o Mode de vie adapté : restriction sodée (sel < 6g/l) et pesée régulière
o Activité physique adapté, réadaptation cardiaque si nécessaire
• Traitements pharmacologiques de 1ère intention de l’ICS avec une fraction d’éjection
inférieure ou égale à 40%
o Titration IEC et β-bloquants jusqu’à la dose maximale préconisée si tolérée
avec une surveillance clinique (FC et TA) et biologique
o Diurétiques de l’anse si signes de rétention hydrosodée jusqu’à la régression
des symptômes avec le maintien de la dose minimale efficace
• L’instauration des traitements pharmacologiques de 2ème intention de l’ICS nécessite
un avis cardiologique et une surveillance biologique fréquente
o Antagonistes des récepteurs de l’aldostérone, antagniste des récepteurs à
l’angiotensine associé aux IEC : l’association inhibiteur de l’enzyme de
conversion, antagonistes des récepteurs de l’angiotensine et antagonistes de
récepteurs de l’aldostérone sont contre-indiqué en raison du risque important
d’hyperkalièmie
• Traitements pharmacologiques des causes déclenchantes
o Anticoagulants oraux si FA (si AVK, INR entre 2 et 3) :
§ Digoxine ou amiodarone si FA : anti-arythmiques de classe I toujours
contre-indiqué
§ Proposer la vaccination antigrippale tous les ans et anti-
pneumococciques tous les 5 ans
• Dispositifs médicaux : selon les recommandations
615
Traitement de l’insuffisance cardiaque
LES DIGITALIQUES
Les digitaliques (digoxine, digitoxine) ne sont pas repris dans la classification de Vaughan-
Williams. En effet, ils n’ont pas d’action sur les canaux du potentiel d’action. En faite, ils
inhibent la pompe Na+/K+-ATPase par compétition avec le K+.
1. Mode d’action
Les digitaliques vont bloquer la pompe Na+/K+-ATPase. Cela va alors augmenter l’activité des
pompes Na+/Ca2+ qui vont augmenter la concentration du calcium intracellulaire. La
contractilité va alors augmenter.
L’effet se verra principalement par une augmentation du sinus vagal principalement au niveau
du nœud atrio-ventriculaire. Ces molécules vont également ralentir la fibrillation auriculaire
au repos plus qu’à l’effort par augmentation du tonus orthosympathique.
Par conséquent, si le patient est jeune et qu’il fait souvent du sport, les digitaliques ne sont
pas un bon choix de traitement.
Aux urgences, ce sont des drogues. De plus, on ne doit pas se demander s’ils sont mauvais
pour la fonction ventriculaire. Ces molécules permettent de ralentir une fibrillation auriculaire
rapidement. Ces molécules ne présentent pas d’effet inotrope négatif. On peut donc les
donner en intraveineux.
Généralement, on donne de la digoxine (Lanoxin®) 0,125 à 0,25 mg/j per os. La dose de
charge en IV est de 1 mg soit une ampoule de 0,5 mg avec 2 doses de 0,25 mg. Enfin, il faut
faire attention avec ces molécules car elles sont une fenêtre thérapeutique étroit (0,5 à 2
mg).
616
Les digitaliques diminuent la mortalité et les hospitalisations liées à une aggravation de
l’insuffisance cardiaque. Cependant, ils ne font pas vivre plus longtemps.
Même pour le traitement de la fibrillation auriculaire, les dernières études sur la digoxine
suggèrent une augmentation de la mortalité à long terme.
Cependant, la mortalité de l’insuffisance cardiaque dans les 5 ans reste d’environ 50%.
617
"brain natriuretic peptide") essentiellement synthétisé par les cardiomyocytes ventriculaires
et le peptide natriurétique de type C (CNP : "C-type natriuretic peptide") produit surtout par
les cellules endothéliales et ayant un effet vasodilatateur veineux puissant mais étant par
contre peu natriurétique.
Le BNP et son fragment terminal inactif, le Nt-proBNP, sont les seuls marqueurs disponibles
en routine clinique pour le diagnostic de l’insuffisance cardiaque. Le BNP est synthétisé par
les cardiomyocytes en petite quantité sans stockage.
Au niveau rénal, le BNP augmente la filtration glomérulaire par vasodilatation des vaisseaux
afférents et vasoconstriction des vaisseaux efférents. De plus, il diminue la réabsorption de
sodium au niveau du tube collecteur. Enfin, le BNP inhibe la sécrétion de la rénine, de
l'angiotensine et de l'aldostérone.
L’ANP, le BNP et le CNP sont dégradés après leur liaison au récepteur Nepilypsine (= neutral
endopeptidase). La Neprilyspine est une endopeptidase qui dégrade les peptides vasoactifs
tels que les peptides natriurétiques, la bradykinine ou la adrénénaline. Son inhibition entraine
alors une élévation de ces peptides.
Le Sacubutril bloque le Nepilypsine ce qui augmente le taux d’ANP, de BNP et de CNP. Cette
augmentation induit alors une vasodilatation et une natriurése/diurése.
618
• Transplantation cardiaque
• Traitement percutané de l’insuffisance mitrale
• Injection de cellules souches
• Reconstruction ventriculaire
• Défibrillateurs
Chez ces patients, on va faire une télémétrie et un ECG. On va également surveiller la tension
artérielle et la saturation en oxygène. De plus, il faut surveiller la diurèse du patient. On va
également devoir chercher des signes de bas débit comme des marbrures, une diminution de
la conscience, un refroidissement des extrémités, …
Dans cette pathologie, on donne une oxygénothérapie afin de maintenir une saturation
supérieure à 90%. On peut également mettre une ventilation non invasive avec un masque de
Boussignac.
Enfin, si le patient est vraiment mal, on peut lui faire une intubation trachéale et une
ventilation mécanique s’il est épuisé (ventilation à l’oxygène pur).
De plus, on va devoir arrêter tout médicament inotrope négatif et donner des diurétiques de
l’anse en intraveineux. Généralement, on donne de la furosémide (Lasix® 1 à 4 ampoules soit
20 à 80 mg en intraveineux et en une prise). On fait cela afin d’obtenir une diurèse d’environ
200 ml rapidement (20 minutes). La posologie est ensuite adaptée pour maintenir une
diurèse de 100ml/h.
On va également compenser les pertes de potassium par 1g de KCl par litre de diurèse et en
prévention, on peut l’associer à du Canrenoate IV (Soldactome®).
Enfin, on peut donner des dérivés nitrés en sublingual puis par voie veineuse. Ces dérivés
vont avoir une effet vasodilatateur surtout au niveau veineux. Ils vont donc entrainer une
diminution de la pré-charge. Parmi les dérivés nitrés, on donne de l’isosorbide dinitrate
619
(Cedocard®) ou du molsidomine (Corvaton®). On les donne à une dose de 1 à 2 mg en bolus
IV puis 1 à 3 mg/h par seringue. On les donne quand la tension artérielle systolique est
supérieure 100 mmHg.
a. Traitements étiologiques
Pour les poussées hypertensives qui accompagnent un OAP, on doit diminuer la post-charge.
Pour cela, on donne des dérivés nitrés, des IEC ou du nitroprussiate de soude en IV.
En cas d’infarctus du myocarde aigue, il faut revasculariser le patient si c’est possible. Parfois,
une assistance circulatoire est nécessaire avec une contre-pulsion intra-aortique. Certains
patients vont plutôt avoir besoin d’une circulation extracorporelle d’assistance.
La contre-pulsion aortique
La contre-pulsion aortique consiste à gonfler un ballon pendant la diastole. Le ballon va alors
laisser passer moins de sang mais on augmente le débit coronaire. On essaie alors d’avoir une
augmentation de la tension artérielle pour avoir une perfusion optimale au niveau coronaire
ou cérébral.
620
L’infarctus du myocarde se complique d’un état de choc dans 6 à 10% des cas. Le taux de
mortalité intra-hospitalière est alors très élevée (50%) malgré une revascularisation coronaire
précoce.
2. Le choc cardiogénique
a. Les agents inotropes positifs intraveineux
La noradrénaline est un agoniste surtout α, très peu β à haute dose. Il s’agit d’une amine avec
un effet vasoconstricteur prédominant à administrer si la tension artérielle est basse.
La dopamine est un agoniste δ (< 2,5 mg/kg/min) puis β (< 12 mg/kg/min) et finalement α.
Cette molécule induit une vasodilatation rénale sélective à faible dose (δ) chez le volontaire
sain et expérimentalement mais il n’y a pas d’arguments scientifiques pour en soutenir une
telle utilisation.
621
b. Les inhibiteurs de la phosphodiestérase
3. L’assistance ventriculaire
En cas d’échappement au traitement médicamenteux, on fait une ECMO (extra-corporeal
membrane oxygenation) ou une assistance ventriculaire implantable (surtout bridge pour une
transplantation).
a. Nouvelles indications
Pour les patients en NYHA 3 ou 4, avec une fraction d’éjection inférieure à 25%, une
hospitalisation dans l’année pour une décompensation cardiaque et un test de la marche de 6
minutes inférieur à 300m, ont une survie à 12 mois pour 21% d’entre eux avec un traitement
médical et pour 39% d’entre eux avec une assistance ventriculaire (Heartware).
4. La transplantation cardiaque
a. Contre-indications
Pour ces raisons, la greffe cardiaque ne peut être pas être envisagée si :
• La maladie cardiaque a provoqué des dommages irréversibles sur d'autres organes (le
foie, les reins, les poumons ou le cerveau)
• Il existe une maladie incurable ou qui peut en elle-même limiter l'espérance de vie ou
la qualité de vie après transplantation
Enfin, la diminution des chances de succès chez les patients plus âgés et la rareté du don de
cœur imposent une limitation de l'âge du receveur. Cette restriction est dans la plupart des
centres fixée à 65 ans sauf en cas d’exception qui doit alors être discutée au préalable avec
l'équipe de transplantation.
622
b. Indications
Les indications sont un patient avec un stade NYHA de 4, un fraction d’éjection du ventricule
gauche inférieure à 20%, un VO2 max inférieur à 14 ml/kg/min, un traitement maximal et pas
de contre-indication à la transplantation.
Il faut que toutes ces indications soient présentes pour que le patient puisse bénéficier d’une
transplantation cardiaque.
c. Résultats
En règle générale, 90% des greffés cardiaques disent avoir retrouvé une qualité de vie
normale un an après la greffe et plus de 7 patients sur 10 fêtent leur 5ème anniversaire de
greffe.
A titre de comparaison, sur 10 patients qui doivent être greffés, 3 seulement seront encore
en vie sans transplantation après ce délai.
d. Complications
Crise de rejet
Chaque individu possède sa propre “carte d’identité” immunitaire pour se défendre contre
les organismes extérieurs. Après une transplantation, c’est ce même système immunitaire qui
est à l’origine des réactions de rejet du cœur greffé.
Infections
Elles sont plus importantes à cause de l’immunosuppression causée pour diminuer les rejets.
Néoplasies tardives
e. L’immunosuppression
• La ciclosporine (Néoral®)
• L’azathioprine (Imuran®)
• La cortisone (Médrol®)
623
Leur efficacité est bonne mais des effets secondaires peuvent compromettre la bonne
évolution après la greffe.
Pour réparer la valve mitrale en percutanée, il existe un principe de bord à bord. En effet, la
technique chirurgicale d’Alfieri consiste à faire une suture des bords de 2 feuillets de la valve
mitral aboutissant à une réduction du reflux anormal de sang. On peut ensuite remplacer la
suture par un clip métallique acheminé par voie percutanée de la veine fémorale dans
l’oreillette droite puis dans l’oreillette gauche à travers le septum interauriculaire.
Les autres modalités de réparation percutanée de la valve mitrale sont :
Ces techniques sont encore en développement et les résultats sont très controversés.
624
Annuloplastie indirecte
625
7. Reconstruction ventriculaire
Ce traitement est légèrement mieux par rapport à la thérapie médicamenteuse.
8. Défibrillateurs
Les défibrillateurs sauvent des vies mais ne peuvent pas être implanté chez tous les patients.
• Enalapril : → 10 mg 2x/j
• Lisinopril : → 20 mg
• Ramipril : → 10 mg
• Perindopril : → 10 mg 1x/j
• Bisoprolol 5 à 10 mg 1x/j
• Nebivolol : 5 mg : 1x/j
• Carvédilol 25 mg 2x/j
Enfin, on peut donner des diurétiques s’il y a la présence d’une congestion. On peut
également envisager des associations :
1. ECG
On peut noter :
626
• Des troubles du rythme : tachysystolie ou flutter auriculaire
2. Biologie
Elle est souvent très profondément perturbée. En effet, on observe des troubles des
échanges gazeux avec une hypoxie souvent profonde et une capnie basse, normale ou élevée
en fonction de la cardiopathie causale et de la bronchopneumopathie sous-jacente.
Il peut y avoir une alcalose ou une acidose gazeuses en fonction du degré évolutif. De plus, on
observe des signes de rétention biliaire car il y a une augmentation de la bilirubine conjuguée.
La cytolyse hépatique est souvent très importante dans les poussées d’insuffisance cardiaque.
L’insuffisance rénale fonctionnelle se caractérise par une augmentation de la créatinine et de
l’urée sanguine. Cette insuffisance rénale est souvent aggravée par la prescription de
diurétiques.
3. Echographie
On observe des anomalies de fonctionnement du ventricule droit avec une dilatation
cavitaire, une hypertrophie pariétale et un mouvement septal paradoxal. Il y a également une
dilatation en amont de l'oreillette droite et de la veine cave. De plus, il y a une diminution des
variations inspiratoires
627
Lors d’une insuffisance cardiaque droite, il peut y avoir une insuffisance tricuspidienne qui est
quantifiée de façon semi-quantitative par l'écho-Doppler couleur. Pour cela, il faut évaluer les
pressions ventriculaires droites et les pressions artérielles pulmonaires (si pas d'obstacle à
l'éjection pulmonaire).
Grâce à l’écho, on peut voir les signes directs d’une maladie thromboembolique (thrombus
intra-cavitaire auriculaire droit ou branches de l'artère pulmonaire).
4. Evolution
Le pronostic final dépend de l'étiologie sous-jacente. Une insuffisance cardiaque droite évolue
par poussées. Il faut donc rechercher le facteur déclenchant et le traiter. Parmi ces facteurs
déclenchants, on retrouve :
Le décès survient dans un tableau d'insuffisance cardiaque incoercible avec une anasarque,
des œdèmes diffus, une ascite, un foie dur devenu insensible, des signes de rétention biliaire
majeurs et parfois une insuffisance hépatocellulaire. De plus, dans ce tableau, il y a toujours
une insuffisance rénale sévère.
5. Forme aigue
Les patients présentent une polypnée intense, des signes de collapsus cardiovasculaire, une
tachycardie avec galop et des signes d'hypertension veineuse qui ne sont pas majoritaires.
De plus, le patient peut présenter un choc avec un refroidissement cutané, des lividités, une
oligurie et une acidose.
On fait une échographie en urgence car celle-ci permet d’affirmer les anomalies du ventricule
droit et élimine les diagnostics différentiels (tamponnade, …)
628
Souvent, l’insuffisance cardiaque aigue est due à une embolie pulmonaire visible par CT scan
ou scintigraphie. Les autres causes d’un cœur pulmonaire aigu sont :
Elles peuvent être causée par une hypertension artérielle pulmonaire chronique causée par
une hypoxie chronique. En effet, l’hypoxie induit une vasoconstriction du lit artériel
pulmonaire ainsi qu’une hypoventilation alvéolaire et une hyperviscosité sanguine.
• Un rétrécissement mitral
• Une insuffisance mitrale : l’insuffisance droite est souvent tardive
• Une valvulopathie aortique s’il y a une atteinte valvulaire très avancée
• Toute cardiopathie gauche très évoluée, en particulier les cardiopathies ischémiques à
un stade avancé compliquées d’une insuffisance cardiaque droite
• Idiopathique
• Héréditaire (80% mutation Bone Morphogénic Protein Receptor)
• Causées par des connectivites (sclérodermie, arthrite rhumatoïde, lupus…)
• Causées par HIV (0,5%, mécanisme ?)
• Causées par une hypertension portale (toxicité sérotonine non détruite par foie)
• Causées par une schistosomiase
• Causées par une anémie hémolytique chronique
629
• Causées par une maladie véno-occlusive (occlusion veine par tissu fibreux)
• Causées par une hémangiomatose capillaire
Ces lésions peuvent également être causées par des toxiques comme :
8. Traitement
Le traitement consiste en :
• Un régime désodé
• La prise de diurétiques
• La prise de digitaliques : à éviter si le patient présente un cœur pulmonaire chronique
(intoxication)
• La prise d’un traitement étiologique :
o Correction de la broncho-pneumopathie chronique
o Traitement anticoagulant
o Correction des cardiopathies gauches
On peut également faire une greffe cœur-poumon dans le cadre d’une hypertension artérielle
pulmonaire primitive ou dans toute autre cardiopathie dépassée chez les sujets jeunes.
On peut donner des diurétiques de l'anse en association avec des spironolactones ou avec
des inhibiteurs de l’enzyme de conversion ou des dérivés nitrés.
De plus, il faut corriger les troubles du rythme. On peut également prescrire un traitement
anticoagulant dans tous les cas sauf lorsqu’il s’agit d’une insuffisance ventriculaire droite
compensée en rythme sinusal chez un malade ambulatoire conservant un exercice physique.
630
9. Prise en charge globale
631
10.Points critiques
632
Pathologie vasculaire
INTRODUCTION
La pathologie vasculaire est attrayante à divers égards. Elle inclut les pathologies artérielles,
veineuses, lymphatiques ainsi que les troubles de la microcirculation. La sémiologie vasculaire
est riche permettant souvent après une anamnèse et un examen clinique systématique et
attentif d’avoir une bonne orientation diagnostique.
Une sténose hémodynamiquement significative est une sténose dont le diamètre est inférieur
à 50%.
633
ARTÉRIOPATHIE OBLITÉRANTE DES MEMBRES INFÉRIEURS
1. Introduction
L’artériopathie oblitérante des membres inférieurs ou AOMI (« artérite des membres
inférieurs ») est l’une des manifestations de la maladie athérothrombotique affectant les
artères périphériques. Cette affection, liée à l’athérosclérose qui est une maladie générale
touchant tout le réseau artériel représente 90% des artériopathies. Elle est associée à une
augmentation du risque d’infarctus myocardique, d’AVC et de décès d’origine vasculaire.
Cette pathologie est la conséquence d’une maladie athéromateuse.
2. Epidémiologie
La prévalence de l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs symptomatique est de
1% avant 50 ans et de plus de 7 % après 60 ans. Elle est 3 fois plus élevée chez l’homme avant
65 ans et relativement similaire dans les deux sexes au-delà de cet âge.
S’il est rare que l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs menace directement la vie
des patients qui en sont atteints, le pronostic général est grave car l’artériopathie oblitérante
des membres inférieurs est souvent associée à des lésions de même nature dans d’autres
territoires : atteinte des coronaires dans environ 50 % des cas, des carotides et/ou des
vertébrales dans 5 à 10 % des cas et association à un anévrisme de l’aorte abdominale dans
environ 10 % des cas.
634
3. Physiopathologie et étiologie
Le rétrécissement des artères périphériques (= sténose), lié au processus d’athérosclérose,
entraîne une diminution progressive du débit sanguin. La circulation collatérale de
suppléance se développe parallèlement permettant de maintenir le débit d’aval. Toutefois,
au-delà d’un certain point, la suppléance devient insuffisante expliquant l’apparition de
symptômes, d’autant plus sévères qu’il y a une hypoxie importante des tissus irrigués :
ischémie d’effort, ischémie de repos ou troubles trophiques.
L’occlusion brutale d’une grosse artère peut provoquer une ischémie aigue dont l’évolution
dépendra du degré de développement préalable des collatérales.
• Sténoses
• Embolies
• Rupture de plaque
• Calcifications : diabète et insuffisance rénale
• Anévrismes
635
Les formes cliniques sont :
• L’athérosclérose
o Elle est responsable de la majeure partie des artériopathies oblitérantes des
membres inférieurs (70 %)
o Elle touche préférentiellement des sujets âgés (2 hommes/1 femme) et est
souvent localisée, d’évolution relativement lente.
o Les vaisseaux les plus touchés sont l’aorte, les artères iliaques, fémorales
communes, fémorales superficielles et poplitées.
o En cas de troubles trophiques, ceux-ci sont souvent extensifs.
• L’artérite diabétique
o Elle est présente chez environ 20 % des artéritiques.
o Histologiquement, il s’agit d’une artérite athéromateuse associée à des degrés
divers à l’athérosclérose et l’infiltration calcaire de la média (médiacalcose) est
fréquente.
o Ce type d’artérite touche des patients plus jeunes (30 hommes/1 femme),
évolue plus rapidement, est multi-segmentaire, peut toucher n’importe quel
gros tronc mais prédomine au niveau des artères jambières (tibiale antérieure,
tibiale postérieure, péronière) et de la fémorale profonde. Il y également une
atteinte des artérioles et des collatérales.
o Les troubles trophiques sont habituellement localisés aux pieds et aux orteils.
• L’artérite sénile
o Elle est responsable d’environ 5% des artériopathies oblitérantes des membres
inférieurs.
o Elle est en partie liée à l’athérosclérose et en partie à l’artériosclérose (=
vieillissement physiologique des artères).
• L’artérite emboligène
o Elle est liée à la migration de caillots, de fibrine ou de cholestérol à partir de
plaques ulcérées de l’aorte, des artères iliaques ou fémorales.
o La migration peut également être d’origine cardiaque (fibrillation auriculaire,
thrombus intracardiaque, …).
o Les emboles peuvent passer inaperçus ou se présenter sous forme de petites
taches plantaires purpuriques, un orteil bleu (« blue toe ») ou un livedo (aspect
des orteils « en carte géographique »).
o Cette étiologie doit être évoquée notamment quand les pouls périphériques
sont toujours perçus.
636
4. Présentation clinique
Les symptômes de l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs peuvent être classés en
plusieurs stades de gravité selon la classification de Fontaine-Leriche :
5. Diagnostic
Le diagnostic d’artériopathie oblitérante des membres inférieurs se base en 1er lieu sur
l’anamnèse et l’examen clinique. La sémiologie vasculaire est extrêmement riche.
637
a. Explorations fonctionnelles non invasives
C’est la mesure des pressions de perfusion au Doppler et de l’ABI. Cette exploration complète
systématiquement l’examen clinique. La mesure de la pression de perfusion est réalisée à
l’aide d’un Doppler de poche avec une sonde crayon. On mesure la pression systolique au
niveau des artères pédieuses et tibiales postérieures. On calcule ensuite les indices de
pression de perfusion cheville/bras (IPP ou ABI pour Ankle Brachial Index blood pressure).
Cette pression vaut la pression systolique cheville/pression systolique humérale la plus
élevée. L’indice normal se situe entre 0,9 et 1,3. L’indice chute en cas d’artérite (< 0,9).
Ce test permet de déceler une artériopathie oblitérante des membres inférieurs qui ne
devient symptomatique qu’à l’effort et dont l’examen de repos est quasi normal. Il consiste
en la réalisation d’une petite épreuve de marche (soit sur tapis roulant, soit monter et
descendre d’un escabeau) afin de démasquer une lésion non détectable au repos et devenant
hémodynamiquement significative à l’effort.
On mesure les pressions de perfusion (PP) au Doppler au niveau des chevilles au repos et en
fin d’effort (soit quand les plaintes douloureuses apparaissent, soit après maximum 5
minutes). Normalement, les PP augmentent en même temps que la tension artérielle (TA) et
rediminuent à l’arrêt de l’effort. En cas d’artériopathie oblitérante des membres inférieurs, on
constatera une diminution des PP alors que la tension artérielle augmente.
En fin d’effort, on constatera une réaugmentation progressive des PP jusqu’à l’état basal.
Cette réaugmentation est d’autant plus lente que les lésions sous-jacentes sont sévères.
Il s’agit d’une échographie couplée à un examen Doppler couleur et pulsé. Cet examen
permet, dans des indications ciblées, de se faire une idée de l’extension des lésions artérielles
périphériques (athéromatose plus ou moins importante, calcifications, lésions sténosantes
multiples …).
Cet examen, partiellement examinateur-dépendant, peut être très utile pour détecter une
lésion localisée ou assurer le suivi de certains pontages chirurgicaux.
638
permettant de réduire la vasomotricité cutanée locale et dès lors d’obtenir une oxygénation
locale maximale.
Les électrodes sont chauffées à 44-45°C et les mesures sont faites après environ 20 minutes
(steady state). Les valeurs de tc pO2 au dos du pied chez le sujet sain en décubitus sont
variables mais en moyenne de l’ordre de 60 mmHg. Ces valeurs deviennent pathologiques,
signifiant une hypoxémie tissulaire marquée, quand elles sont inférieures à 35 mm Hg.
e. Artériographie
L’angio IRM est une technique d’imagerie par résonance magnétique nucléaire qui nécessite
l’injection IV d’un produit peu néphrotoxique (Gadolinium). C’est un excellent examen de
première approche permettant de bien visualiser les artères distales (sous-poplitées) mais
ayant tendance à surestimer la sévérité des sténoses. Les contre-indications à cet examen
sont l’existence de matériel métallique dans le corps (ostéosynthèse, valves mécaniques,
pace-maker …). L’angio IRM est inadéquate pour les artères ayant fait l’objet d’un stenting.
L’aorto-artériographie des membres inférieurs est un examen invasif qui reste l’examen de
référence. Il nécessite un cathétérisme par voie artérielle (habituellement technique de
Seldinger utilisant une ponction fémorale) avec injection de produit de contraste iodé.
6. Traitement
Les objectifs principaux du traitement de l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs
sont de prévenir la morbidité et la mortalité cardio-vasculaire globale en essayant d’améliorer
le confort du patient si possible. Un traitement interventionnel ne doit être proposé que dans
les AOMI sévères (stade III et IV), parfois en cas de stade IIb.
Cet aspect du traitement de l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs est essentiel
car il permettra de diminuer la morbidité et la mortalité cardio-vasculaire globale. La prise en
charge des facteurs de risque est explicitée dans d’autres cours (cardiologie, endocrinologie).
Pour mémoire, les principaux facteurs de risque modifiables sont : tabagisme, hypertension
artérielle, diabète, sédentarité, surcharge pondérale et dyslipidémie.
b. Réentrainement physique
Idéalement, tout patient souffrant d’une artériopathie oblitérante des membres inférieurs
devrait bénéficier d’un programme de réentrainement physique (de préférence supervisé)
639
comme traitement initial de la claudication intermittente. En effet, il est bien établi qu’un
programme correct permet d’accroître significativement le périmètre de marche dans la
plupart des cas à tel point que de nombreux patients ne nécessitent dès lors pas de
traitement complémentaire.
Pour être efficace, le réentrainement devrait se concevoir comme suit ce qui est relativement
contraignant et explique le désintérêt rapide de nombreux patients :
c. Médicaments
Sauf contre-indication, tout patient souffrant d’une artériopathie oblitérante des membres
inférieurs doit être placé sous petites doses d’aspirine (75 à 160 mg/j) à titre de prévention
secondaire. En cas de contre-indication à l’aspirine, un traitement par une thiénopyridine (la
plus utilisée étant le Clopidogrel) doit être discuté.
Les statines
640
Les prostaglandines
L’oxygénothérapie hyperbare
d. Traitement interventionnel
Le traitement interventionnel, invasif par nature, ne sera proposé que lorsque le membre
atteint est en danger (stades III ou IV) ou dans certains cas de claudication intermittente
invalidante (stade IIb).
Le traitement endovasculaire
Le traitement chirurgical
ü Pontages
Le matériel utilisé est habituellement soit une veine autologue (idéal car se défend bien
contre les infections et bonne perméabilité à long terme), soit du matériel prothétique
(Dacron pour le carrefour aortique et PTFE pour polyéthylène tétrafluoroéthylène pour les
pontages sous-inguinaux).
Le matériel prothétique est beaucoup plus sensible aux infections et, en sous-inguinal, la
perméabilité à long terme est nettement moins bonne par rapport à la veine.
641
ü La sympathectomie
1. Introduction
L’ischémie aigue des membres inférieurs résulte d’une obstruction artérielle brutale
entrainant une insuffisance circulatoire mettant en danger à court terme la viabilité et la
fonction du membre touché. Il s’agit d’une urgence. L’obstruction brutale d’une artère est
habituellement liée soit à une embole soit à une thrombose.
2. Physiopathologie et étiologie
L’ischémie est responsable de lésions neurologiques dès la 4ème heure et musculaires dès la
6ème heure.
a. Principales étiologies
Mécanisme embolique
Les emboles sont dans 80 % des cas d’origine cardiaque (infarctus myocardique, myxome de
l’oreillette gauche, fibrillation auriculaire…), dans 10 % des cas d’origine artérielle (anévrisme
aortique, sténose emboligène, …) et dans moins de 10 % des cas d’étiologie imprécise.
Mécanisme thrombotique
Il y a une obstruction sur une artère pathologique ce qui cause une sténose athéromateuse
avec un accident sur plaque, une thrombose d’anévrisme poplité, …
Autres mécanismes
3. Présentation clinique
L’ischémie aigue des membres inférieurs est définie par 5 signes cliniques caractéristiques
(règle des 5 P) :
642
• Pulselessness : disparition des pouls
• Paresthesia : paresthésies par ischémie des vasa nervorum
• Paralysis : paralysie
Les signes neurologiques témoignent de la gravité de l’ischémie. Ils doivent être recherchés
systématiquement. On observe une diminution de la sensibilité et de la mobilité du pied.
4. Traitement
Il s’agit d’une urgence thérapeutique car des dégâts irréversibles surviennent au delà de 6
heures d’ischémie. Le traitement se base sur l’utilisation d’anticoagulants et l’exérèse
chirurgicale des emboles éventuels à l’aide d’une sonde de Fogarty.
• Le polygone de Willis
• Le confluent vertébro-basilaire
• Les réseaux cervico-thoraciques
Introduction
Les sténoses carotidiennes sont le plus souvent d’origine athéroscléreuse. Elles sont la cause
d’environ 15 à 20% des cas d’accidents vasculaires cérébraux
Les sténoses au niveau des carotides primitives sont moins fréquentes mais sont également
dangereuses. Les lésions à l’ostium des carotides externes sont très fréquentes mais sont
exceptionnellement à l’origine d’accidents neurologiques.
Physiopathologie
Plus rarement, un mécanisme hémodynamique peut être à l’origine d’un déficit neurologique
focal lors d’un épisode d’hypotension ou de bas débit cardiaque, uniquement en cas de
sténoses serrées et si les suppléances vasculaires sont insuffisantes.
Présentation clinique
644
Principales causes de déficit neurologique aigu pouvant mimer un accident ischémique
• L’épilepsie
• La migraine accompagnée
• Les troubles métaboliques (hypoglycémie)
• L’hémorragie cérébrale
• La tumeur cérébrale
• L’encéphalite
On retrouve :
Il existe également des étiologies plus rare. Parmi ces étiologies, on retrouve :
• Les thrombophilies
• La thrombose du sinus veineux
• La dysplasie fibro-musculaire
• L’artérite à cellules géantes
• La maladie de Takayasu
• Les vasculites cérébrales
Examen complémentaire
On fait une exploration ultrasonore grâce à une échographie-Doppler qui est un examen de
1er choix. Les avantages de cet examen sont :
• L’inocuité
• L’excellente sensibilité pour dépister une sténose de la carotide interne de plus de
70%
• L’étude de la paroi
• L’étude hémodynamique
645
Les limites de cet examen sont :
• Partiellement opérateur-dépendant
• Une analyse segmentaire
• La présence de calcifications volumineuses chez les sujets obèses ou à cou court
On peut également faire une angiographie conventionnelle. Cet examen est considéré
comme l’examen de référence. Ses avantages sont :
On peut également faire un scanner cérébral. On peut alors faire un scanner avec du produit
de contraste ou sans.
Avec le scanner sans produit de contraste, on peut visualiser les lésions ischémiques et on
peut exclure un autre diagnostic (hémorragie, tumeur, …).
L’angioscanner permet de visualiser les vaisseaux cérébraux (voir AOMI pour les avantages et
les inconvénients).
• L’inocuité
• Un large volume d’exploration
• Une étude du polygone de Willis
• Une étude du parenchyme
Ses limites sont la résolution des images, une tendance à surestimer les sténoses et des
artéfacts de flux ou de reconstruction.
Traitement
Les objectifs du traitement sont de prévenir la récidive ou la survenue d’un 1er épisode d’AVC
ou AIT.
ü Généralités
646
De plus, on donne une prévention médicamenteuse contre les accidents cardiovasculaires.
Pour cela, on donne des antiagrégants plaquettaires (aspirine, Clopidogrel)
• Le degré de la sténose
• Le caractère symptomatique ou non de la sténose
• L’estimation de la morbidité-mortalité péri-opératoire : appréciation du risque
coronarien et de la performance de l’équipe chirurgicale
• L’estimation de l’espérance de vie
On propose un dépistage pour une sténose carotidienne par une écho-Doppler lors de
l’auscultation d’un souffle cervical ou avant une chirurgie cardiaque ou chez les patients qui
présentent une artérite des membres inférieurs ou un anévrysme de l’aorte.
Les avantages du traitement chirurgical sont que c’est la technique de référence pour la
thrombo-endartériectomie ou la présence d’une greffe veineuse. De plus, le bénéfice clinique
est démontré et est maintenu à 10 ans.
Ces limites sont l’anesthésie et la morbi-mortalité péri-opératoire qui est variable selon les
centres (moins de 3% à 8%). Les risques d’une opération sont un AIT/AVC, un infarctus du
myocarde, des lésions des nerfs crâniens ou un hématome cervical compressif.
Les avantages du traitement endoluminal sont qu’il n’y a pas d’anesthésie. De plus, c’est une
option s’il y a un haut risque chirurgical. Par exemple, en cas de récidive d’une sténose après
une chirurgie, une sténose radique, une bifurcation haute ou la présence de comorbidité.
Avec cette technique, il n’y a pas de risque de lésions des nerfs crâniens.
Les limites de cette technique sont en cours d’évaluation. Cependant, la morbi-mortalité est
probablement similaire voire supérieure à la chirurgie surtout chez les patients
asymptomatiques et chez le patient symptomatique de plus de 70 ans. De plus, le bénéfice
clinique à long terme est inconnu.
Pour une sténose symptomatique (AIT/AVC dans moins de 6 mois), un traitement est
recommandé si la sténose est supérieure à 70% et si la morbi-mortalité péri-opératoire est
inférieure à 6%.
647
Si la sténose est asymptomatique, un traitement est recommandé si la sténose est supérieure
à 80% et la morbi-mortalité péri-opératoire est inférieure à 6% et si l’espérance de vie est
supérieure à plus de 5 à 10 ans.
Introduction
L’athérosclérose des artères vertébrales et/ou du tronc basilaire est l’étiologie de loin la plus
fréquente des accidents ischémiques vertébro-basilaires.
Ces lésions peuvent également être causées par des compressions extrinsèques (souvent
positionnelles). Ces compressions peuvent être causée par des ostéophytes ou des
tassements vertébraux.
Elles peuvent également être causée par des emboles d’origine cardiaque ou par l’aorte
ascendante. Ces lésions peuvent également être causée par une dissection, une dysplasie
fibro-musculaire ou la maladie de Takayasu (rare).
Physiopathologie
Présentation clinique
Pour les lésions symptomatiques, les présentations cliniques les plus fréquentes sont :
648
o Diplopie
o Hémianopsie homolatérale homonyme
• Une drop attack : la symptomatologie la plus évocatrice d’un AIT dans le territoire
vertébro-basilaire. Elle se caractérise par une faiblesse brutale des membres inférieurs
occasionnant une chute sans perte de connaissance et sans prodromes.
• Une dysarthrie
• Une surdité uni- ou bilatérale brusque
Examens complémentaires
Traitement
Le traitement a pour objectif de prévenir la récidive ou la survenue d’un 1er épisode d’AVC ou
AIT.
Pour le traitement des lésions, on peut recourir à la chirurgie. Cependant, les indications de
traitement chirurgical sont exceptionnelles. En effet, on la réalise uniquement chez des
patients clairement symptomatiques (exemple : patient ayant fait un AIT ou un AVC avec des
séquelles mineures et porteur d’une lésion artérielle vertébrale considérée comme
nettement responsable).
Physiopathologie
On peut également observer une insuffisance vertébro-basilaire dans le cardre d’un vol
vertébral ou sous-clavier. Cette insuffisance est présente en cas de sténose serrée de l’artère
sous-clavière en amont de l’origine de l’artère vertébrale.
Présentation clinique
Les sténoses sous-clavières sont le plus souvent asymptomatiques. Du coup, la découverte est
fortuite lors de la constatation d’une différence de tension artérielle entre les 2 bras, d’au
moins 20 mmHg.
649
Les présentations cliniques des lésions symptomatiques sont :
Examens complémentaires
Ils sont indiqués uniquement chez les patients symptomatiques (bilan préopératoire). Pour
cela, on fait :
Traitement
Pour les sténoses asymptomatiques, il n’y a pas de traitement. Par contre, en cas de sténose
symptomatique, on donne un traitement endoluminal (traitement de 1er choix). On peut
également donner un traitement chirurgical qui consiste à faire une greffe veineuse carotido-
sous-clavière.
Physiopathologie
Présentation clinique
Le patient présente :
650
• Une asymétrie des pouls (artères temporales superficielles, carotides, pouls aux
membres supérieurs)
Examens complémentaires
Ils sont indiqués uniquement chez les patients symptomatiques (bilan préopératoire). Pour ce
bilan, on réalise alors :
• Une écho-Doppler
• Une angiographie par résonance magnétique
• Une angiographie conventionnelle : examen de référence
Traitement
4. Dissections artérielles
a. Introduction
C’est la 1ère cause d’ischémie cérébrale chez les patients de moins de 50 ans. Dans la majorité
des cas, elle survient spontanément. Parfois, il y a une notion de traumatisme cervical
(accident, manipulations cervicales, strangulation) ou la présence de facteurs favorisant sous-
jacent comme une maladie du tissu élastique (Marfan, Ehlers-Danlos) ou une dysplasie fibro-
musculaire.
b. Physiopathologie
Les signes locaux sont une compression des structures avoisinantes et la présence de
douleurs. Il peut également y avoir des signes d’une ischémie cérébrale secondaire.
c. Présentation clinique
• De céphalées et de cervicalgies
• D’acouphènes pulsatiles
• De signes d’ischémie cérébrale secondaire (délai : quelques heures à 1 mois) : AIT ou
AVC (souvent dans le territoire de l’artère sylvienne)
• D’une atteinte de nerfs crâniens (XII, XI, IX, V)
651
d. Examens complémentaires
Afin de confirmer le diagnostic, on peut faire des examens complémentaires. On peut alors
faire :
e. Traitement
a. Présentation clinique
Cette tumeur touche les hommes ou les femmes le plus souvent entre 40 et 60 ans (parfois
prédisposition familiale). Il y a la découverte d’une tuméfaction asymptomatique qui peut
être battante en dessous de l’angle de la mâchoire.
Les symptômes sont liés à la compression locale ou à l’entreprise d’un nerf. Du coup, le
patient se plaint de douleurs cervicales ou dans l’oreille, d’une raucité de la voix ou d’une
dysphagie.
652
On distingue :
• L’anévrisme vrai : caractérisé par une dilatation qui comprend toutes les tuniques de
la paroi.
• Le faux anévrisme ou pseudo-anévrisme : solution de continuité au niveau de l’intima
et de la média entraînant la formation d’un hématome encapsulé contenu par
l’adventice et les structures de voisinage
• L’aorte
• Les artères iliaques
• Les artères poplitées
• Les artères fémorales
L’athérome est l’étiologie principale. Les autres étiologies plus rares sont les maladies du tissu
élastique, certaines maladies inflammatoires, les anévrismes infectieux, les anévrismes post-
traumatiques et en post-ponction artérielle.
A : anévrisme vrai
B : faux anévrisme
653
Les principaux facteurs prédisposant sont :
Physiopathologie et étiologie
L’athérome est l’étiologie principale. Il y une prédominance chez l’homme avec un rôle du
tabac. La prévalence est plus élevée s’il y a la présence d’une artérite des membres inférieurs
ou des antécédents d’AIT ou AVC ou d’insuffisance coronaire.
ü Pathogénie
ü Evolution naturelle
ü Rupture
Présentation clinique
La plupart des anévrismes sont asymptomatiques. Les circonstances de découverte sont donc
variables lors d’un bilan pour des symptômes non spécifiques par échographie ou
tomodensitométrie ou lors d’une découverte fortuite par la palpation abdominale. En effet,
on peut sentir une masse battante et expansive (refoulant les mains à chaque systole).
On peut également observer le signe de De Bakey lors d’un anévrisme sous-rénal. Dans ce
cas, on peut introduire la main entre le pôle supérieur de l’anévrisme et le rebord costal.
654
Le diagnostic peut souvent être suspecté cliniquement par la palpation de l’abdomen.
Examens complémentaires
655
Traitement de l’anévrisme (a)symptomatique
ü Généralités
ü Méthodes de traitement
On peut faire une cure chirurgicale « classique ». Pour cela, on fait une mise à plat ou on met
une prothèse où l’on va ouvrir le sac anévrysmal puis interposer une prothèse en Dacron
suturé en zone saine. Les avantages de cette cure sont que les résultats sont codifiés avec un
long recul et que les complications tardives sont rares (pseudo-anévrisme, infection de
prothèse, thrombose).
Les limites de cette cure sont une mortalité péri-opératoire (chirurgie programmée) de
l’ordre de 4 à 8%.
• L’infarctus du myocarde
• L’insuffisance cardiaque
• L’insuffisance rénale
• La pneumonie
• L’insuffisance respiratoire
• La nécrose colique
• Les emboles
Les avantages de cette technique sont une faible mortalité (environ 1,5 %), moins de
complications cardiaques ou pulmonaires, une courte durée d’hospitalisation et un
intervention beaucoup moins lourde que la cure classique.
Les limites sont principalement d’ordre anatomique (collet trop court, tortuosités aortiques
ou iliaques ne permettant pas le positionnement et l’ancrage corrects de l’endoprothèse). La
sélection des patients doit être rigoureuse et une surveillance par tomodensitométrie avec
contraste est indiquée à intervalle régulier après l’intervention (modification du diamètre du
collet, présence de fuite de contraste dans le sac anévrismal : « endofuite »).
La technique est coûteuse et n’a pas démontré de bénéfice en termes de mortalité globale à
long terme par rapport à la cure classique.
656
ü Indication de traitement
Tout patient candidat à une cure chirurgicale doit avoir un bilan d’opérabilité comprenant :
Pour choisir le type de traitement (chirurgical ou endoluminal), on prend une décision au cas
par cas.
• Aux patients âgés ou à haut risque chirurgical : pour autant que la topographie de
l’anévrisme permette un positionnement correct de l’endoprothèse et que le
diamètre soit supérieur ou égal à 55 mm (sauf si l’anévrisme est douloureux)
• En cas d’abdomen « hostile » : antécédents de chirurgie abdominale rendant l’abord
de l’anévrisme techniquement plus difficile
657
Traitement de l’anévrisme rompu
L’anévrisme rompu est une urgence chirurgicale majeure. En effet, il faut une intervention
immédiate et une réanimation par voie veineuse et via un remplissage.
Le plus souvent, on fait une interposition d’une prothèse en Dacron. Il y a peu d’expérience
pour un traitement endoluminal.
Le pronostic dépend d’une rupture cloisonnée et d’un état hémodynamique stable (mortalité
inférieure à 50%). Il dépend également de la présence d’une rupture intra-péritonéale avec
un choc (mortalité supérieure à 90%).
Ils représentent 5 à 10% de tous les anévrismes de l’aorte. Il y a la présence d’une fibrose
péri-anévrismal importante qui peut englober les structures adjacentes (uretère, veine cave
inférieure, veine rénale gauche, duodénum, sigmoïde). La fibrose peut également siéger
autour de l’aorte athéromateuse non anévrismale (péri-aortite).
ü Présentations cliniques
ü Examens complémentaires
ü Traitement
Pour le traitement médical, on donne de la méthylprednisolone 16-32 mg/j, puis des doses
dégressives selon la clinique et la biologie.
Il y a un risque élevé de rupture. De plus, le traitement est chirurgical ou alors on donne une
antibiothérapie.
658
3. Anévrisme de l’aorte thoracique et anévrismes thoraco-abdominaux
Hormis l’anévrisme de l’aorte abdominale qui est le plus fréquent, on peut rencontrer plus
rarement des anévrismes isolés sur l’aorte thoracique et des anévrismes entreprenant l’aorte
sus-rénale avec une atteinte de l’aorte sous-rénale et/ou de l’aorte thoracique (= anévrismes
thoraco-abdominaux)
Ils sont classés selon leur localisation au niveau de l’aorte ascendante, de la partie horizontale
de la crosse aortique ou de l’aorte thoracique descendante
Présentation clinique
Le plus souvent, ils sont asymptomatiques (découverte fortuite lors d’une radio du thorax ou
tomodensitométrie). Les patients présentent rarement des douleurs dorsales ou inter-
scapulaires.
On peut observer des signes de compression qui se présentent par une toux, une dyspnée,
une bronchopneumonie et une atélectasie. De plus, les patients peuvent se plaindre de
dysphagie ou de signes de fissuration et de rupture. Ces signes sont des douleurs intenses, un
hémothorax, des hémoptysies, une hématémèse ou un choc.
Examens complémentaires
Complications
659
4. Anévrismes artériels non aortiques
a. Anévrismes poplités
C’est la localisation principale des anévrismes sur les artères périphériques (70% des
anévrismes périphériques).
L’étiologie principale est l’athéromatose. Dans 50% des cas, ce sont des anévrismes
bilatéraux. De plus, il y a une association fréquente avec l’anévrisme de l’aorte abdominale
Traitement
La technique chirurgicale consiste en une exclusion par une greffe veineuse fémoro-poplitée.
b. Anévrismes fémoraux
Pour les faux anévrismes fémoraux, on va piquer dedans et injecter de la thrombine sous un
contrôle échographique ce qui permet de fermer la lumière et de guérir le patient.
Il existe de nombreuses anastomoses entre ces 3 vaisseaux : entre le tronc cœliaque et l’AMS,
entre l’AMS et l’AMI (arcade de Riolan) ainsi qu’entre l’AMI et les artères hypogastriques.
• Les lésions sténosantes des troncs viscéraux qui peuvent être la cause d’un syndrome
d’ischémie mésentérique chronique
• L’occlusion aigue d’un tronc qui peut être la cause d’un syndrome d’ischémie
mésentérique aigue
• La colite ischémique
660
Les lésions sténosantes des troncs viscéraux sont le plus souvent d’origine athéroscléreuse et
siègent le plus souvent à l’ostium ou sur les premiers centimètres du vaisseau.
b. Physiopathologie
c. Présentation clinique
Les patients ont le plus souvent plus de 50 ans et ont une association avec d’autres atteintes
athéroscléreuses.
d. Examens complémentaires
• Partiellement opérateur-dépendant
• L’analyse segmentaire
661
• Chez les sujets obèses
Les avantages de l’angioscanner sont une bonne résolution des images avec les appareils de
nouvelle génération ce qui permet d’éviter le cathétérisme nécessaire pour l’angiographie
conventionnelle. Les limites sont présentes quand il y a la présence de calcifications
volumineuses.
Les avantages de l’angiographie par résonnance magnétique sont l’inocuité. Les limites sont
e. Traitement
Généralités
Il faut faire un bilan et un contrôle strict des facteurs de risque de la maladie athéroscléreuse
(HTA, tabac, cholestérol, diabète).
Les avantages du traitement chirurgical sont que c’est la technique de référence (pontage par
greffe veineuse, réimplantation aortique).
Pour le traitement endoluminal, les limites sont l’expérience encore limitée comparée à la
chirurgie mais il peut parfois être une alternative.
On aura des lésions cellulaires irréversibles s’il y a une ischémie totale pendant 4 h. Dans un
1er temps, il y a la présence de lésions ischémiques de la muqueuse (nécrose de l’épithélium).
Ensuite, il y a une extension à la sous-muqueuse avec un œdème et une hémorragie puis une
atteinte de la musculeuse (infarctus transmural, perforation, péritonite).
• Les emboles dans l’artère mésentérique supérieure : souvent d’origine cardiaque mais
il peut parfois s’agir d’emboles de microcristaux de cholestérol
• La thrombose in situ sur sténose athéroscléreuse préexistante
• Plus rarement, on retrouve :
o La dissection aortique
o Le traumatisme direct
o Les vasculites
o La dysplasie fibromusculaire
o La thrombocytose
Présentation clinique
L’examen clinique est souvent pauvre au stade précoce (légère sensibilité, douleurs
« disproportionnées »). Cependant, on peut découvrir une hypotension, un choc. En cas de
doute, on fait un scanner ou même une exploration chirurgicale.
Traitement
On distingue :
663
• La thrombose secondaire : contexte de néoplasie, pancréatite, maladie inflammatoire
intestinale, splénectomie, post-opératoire, cirrhose, hypertension portale,
contraception orale
Présentation clinique
L’examen clinique est souvent pauvre au stade précoce (légère sensibilité, douleurs
« disproportionnée »). Le traitement consiste à faire une anticoagulation.
4. La colite ischémique
a. Les facteurs prédisposants
b. Présentation clinique
La présentation clinique est variable. Le patient peut présenter des douleurs abdominales
(souvent) au niveau du flanc et de la fosse iliaque gauche modérée. Il peut également
présenter des rectorragies ou une diarrhée sanglante ou une péritonite (rare).
On peut faire une sigmoïdoscopie sans insufflation pour ne pas déchirer la séreuse
(souffrance ischémique). On verra très bien l'hypoperfusion.
d. Le traitement
1. Introduction
Si la maladie athérothrombotique est responsable de plus de 90% des artériopathies, il faut
garder à l’esprit que 10% d’entre elles ont une autre cause. Ces causes doivent être connues
car elles peuvent influencer le type de bilan et le traitement. Ces artériopathies ne touchent
664
pas toujours spécifiquement les artères des membres inférieurs. Elles peuvent aussi, selon le
type, toucher les artères des membres supérieurs, l’aorte et ses branches de division ou les
vaisseaux à destinée encéphalique voire parfois les veines.
Les causes multiples, ont été évoquées en partie dans le chapitre consacré aux artériopathies
oblitérantes des membres inférieurs. Parmi ces causes, on retrouve :
• Les thrombus
• La valvulopathie
• Les troubles du rythme (fibrillation auriculaire)
• L’aortite ulcérée
• L’anévrisme de l’aorte
• La sténose emboligène
• Les emboles de cholestérol
• Le myxome
Plus rarement, on peut observer des embolies paradoxales. Typiquement, il s’agit d’emboles
provenant d’une thrombose veineuse profonde des membres inférieurs qui, à la faveur d’une
hypertension artérielle pulmonaire transitoire, vont passer à travers un foramen ovale
perméable et se retrouver dans la circulation artérielle. Au niveau des membres supérieurs,
on observera occasionnellement des emboles associés à un syndrome du défilé thoraco-
brachial.
L’artère poplitée ou l’artère fémorale superficielle peuvent parfois être le siège d’une
dégénérescence kystique ou mucoïde responsable d’une obstruction de la lumière artérielle
et d’une ischémie d’aval. Cette affection touche le sujet jeune d’âge moyen.
665
On observe la présence d’un kyste qui grossit progressivement puis se vide. Le patient
présentera donc une claudication intermittente qui est elle-même intermittente en fonction
du kyste. Cela est difficile à observer sauf si le patient vient quand son kyste est bien rempli.
Lorsque les kystes se vident, habituellement dans la lumière artérielle, le flux artériel
redevient normal et la claudication disparait. Le diagnostic se base sur la clinique,
l’échographie, le CT scan et la RMN (l’un ou l’autre de ces 3 examens permettant parfois de
détecter les kystes).
Elle est liée à un sport répété et actif, souvent chez les cyclistes, un peu chez les
marathoniens, après des années d'entrainement. Forcément, cela se voit moins au repos. Ils
devront être opérés pour pouvoir continuer leur sport. Cette pathologie artérielle non
athéromateuse est spécifique du sportif et en particulier du cycliste de haut niveau.
Les sténoses induites siègent essentiellement au niveau de l’artère iliaque externe (90% des
cas). Elles sont probablement liées à des frottements répétés dans cette région.
f. Artérite post-radique
666
Elle touche préférentiellement les artères iliaques et carotides. Si on a un rétrécissement
carotidien à cause des irradiations, le traitement se fait par voie endovasculaire car il n’y a pas
d’athéromatose. La clinique est similaire à celle des artériopathies oblitérantes des membres
inférieurs. Le traitement est de préférence conservateurs ou endovasculaires. Cependant, la
chirurgie est souvent difficile à cause du remaniement des tissus de voisinage.
Certains toxiques peuvent léser les artères ou occasionner un vasospasme artériel. C’est le
cas de l’ergot de seigle (champignon parasite de céréales). Il existe des dérivés de l’ergot dans
certains médicaments antimigraineux. L’utilisation de ceux-ci expose au risque d’ergotisme
(spasmes artériels périphériques fluctuants avec symptômes d’ischémie périphérique).
h. Pseudoxanthome élastique
C’est une pathologie exceptionnelle. Les signes sont une claudication intermittente non
évolutive. Du coup, on ne devra jamais amputer le patient. Il y a également toujours
suffisamment de sang. Le patient peut présenter une cécité, des hémorragies digestives, …
Ce dernier peut également avoir un aspect de peau d’orange au niveau du cou, des coudes et
des aisselles.
i. Artérites inflammatoires
Il ne s’agit pas réellement d’une artérite inflammatoire mais plutôt d’une maladie vasculaire
oblitérante inflammatoire qui touche les artères distales de petit et moyen calibre (1 à 3 mm)
ainsi que les veines au niveau des membres supérieurs et inférieurs. Cette affection concerne
essentiellement l’homme jeune (< 40 ans) et fumeur. Elle est liée au tabac ou éventuellement
au cannabis. Par conséquent, elle touche de plus en plus les femmes.
Elle constitue 0,5 à 5% des artériopathies des membres inférieurs. La prévalence est accrue
chez les asiatiques et en Europe centrale. Il existe un lien évident avec le tabagisme et la
consommation de cannabis.
On observe fréquemment une triade associant une claudication du membre atteint (inférieur
ou supérieur), un phénomène de Raynaud et des thrombophlébites superficielles migrantes
chez un fumeur jeune et sans autres facteurs de risque.
Cette pathologie évolue par poussée. Le diagnostic est basé sur l’anamnèse, l’examen clinique
(test d’Allen) et l’artériographie (mise en évidence de collatérales spiralées évocatrice en
« tire-bouchon »). On peut observer une coss-arteries où les arcades se remettent en charge.
Une biopsie est rarement possible sauf en cas de thrombose veineuse superficielle où on
observe une panvascularite avec un thrombus frais hypercellulaire comprenant des
polynucléaires, des macrophages et des cellules multi-nuclées.
Le traitement consiste en un arrêt du tabac malgré que ce soit difficile pour ces patients. On
peut également donner des antiagrégants plaquettaires et des vasodilatateurs.
667
La chirurgie de revascularisation est rarement possible. La sympathectomie a des indications
très limitées. Des amputations limitées sont parfois nécessaires.
C’est une artérite à cellules géantes prédominant au niveau de la média et survenant quasi
exclusivement chez la personne âgée (> 60 ans). Elle est de topographie segmentaire et
plurifocale touchant avec prédilection les artères de gros calibre surtout dans le territoire
céphalique.
Cette pathologie est présente chez les sujets âgés. Ces derniers présentent de la fièvre, une
altération de leur état général et des céphalées (65 à 70% des cas). De plus, ils présentent
souvent une douleur et une raideur des ceintures scapulaire et pelvienne. Les signes
évocateurs (30 à 40% des cas) sont une amaurose fugace et une claudication massétérine. En
effet, si l’artère massétérique est touchée, le patient présente une douleur quand il mange.
Les autres signes sont :
Le diagnostic se fait via la biologie où l’on observe une vitesse de sédimentation souvent
supérieure à 50 mm/h et une anémie inflammatoire. On peut également faire une
échographie Doppler des artères temporales ou une biopsie d’artère temporale (cellules
géantes dans a média avec une rupture de la limitante élastique interne).
Le traitement est à base d’une corticothérapie à base de 0,5 à 1 mg/kg/j où l’on donne de la
prednisone en phase aigue (3 à 6 semaines) avec une diminution progressive. Cependant, il y
a la nécessité de donner également un traitement d’entretien pendant 1 à 2 ans pour
minimiser le risque de récidive.
C’est une artérite inflammatoire et sténosante des artères de gros et de moyen calibre du
sujet jeune. Cette pathologie est à cellules géantes et à prédominance médio-adventitielle
touchant l’aorte et ses branches.
La crosse de l’aorte et les artères sous-clavières sont préférentiellement atteintes mais tous
les autres gros vaisseaux peuvent être affectés (carotide, artères vertébrales, aorte
abdominale, artères iliaques, artères rénales, artères rénales, artères viscérales ou artères
pulmonaires). C’est une maladie relativement rare qui est plus fréquente en Orient et dans les
pays méditerranéens. Elle touche surtout la femme jeune (à adolescente ou avant 20 ans).
Dans 1,5 à 3% des cas, il y a une association avec la maladie de Crohn.
668
Les symptômes généraux précédent souvent de plusieurs mois la phase vasculaire (malaise,
fièvre, transpiration nocturne, arthralgies, anorexie, amaigrissement). Les signes vasculaires
dépendront du territoire atteint. Les artères sous-clavières étant souvent atteintes, les pouls
périphériques peuvent être abolis d’où son nom de maladie des femmes sans pouls. De plus,
on ne sait pas prendre la tension artérielle chez ces patientes. Cependant, le pouls ne
disparaît qu’après quelques années.
Le diagnostic se fait via une biologie aspécifique mais on observe tout de même une
augmentation de la vitesse de sédimentation. On peut également faire pour le diagnostic une
artériographie ou un angioscanner. Le PET-scan peut montrer des anomalies
hypermétaboliques évocatrices au niveau des artères affectées. Cet examen est actuellement
le meilleur choix pour approcher le diagnostic. En effet, les biopsies sont rarement possibles
mais pourrait détecter la présence des cellules géantes.
La maladie de Behçet
C’est une maladie systémique associant des ulcération buccales et génitales récidivantes. De
plus, il peut y avoir une atteinte oculaire (iritis, uvéite). Elle est souvent associée à diverses
manifestations systémiques cutanées, articulaires, nerveuses et vasculaires.
Le substratum est une vascul(ar)ite des gros et petits vaisseaux, artériels ou veineux. C’est
une pathologie rare, plus sévère chez les hommes que chez les femmes et plus fréquente
dans le bassin méditerranéen et au Moyen-Orient. Elle débute habituellement avant l’âge de
40 ans.
Cliniquement, les patients présentent des aphtes buccaux ou génitaux. Cette présence est
nécessaire au diagnostic. Le phénomène pathergique (hypersensibilité cutanée aux points de
piqûre) et une uvéite sont des symptômes volontiers retrouvés.
L’atteinte vasculaire, si elle est présente, se manifeste surtout dans le domaine veineux (TVP
ou TVS (dans 1/4 des cas) des membres inférieurs) mais exceptionnellement dans le domaine
artériel (thromboses artérielles, anévrismes).
669
THROMBOSE VEINEUSE PROFONDE ET SUPERFICIELLE
1. Thrombose veineuse profonde des membres inférieurs
a. Introduction
C’est une thrombose partielle ou complète plus ou moins étendue du réseau veineux profond
des membres inférieurs.
Une thrombose distale se caractérise par une atteinte du réseau veineux profond qui est
limitée à l’étage sous-poplité. Par contre, la thrombose proximale cause une atteinte du
réseau veineux profond poplité ou plus proximal (veine fémorale superficielle, veine fémorale
commune, veine iliaque ou veine cave inférieure).
Les caillots empêchent le retour veineux vers le haut. Sans traitement, des morceaux se
détachent et vont donner une embolie pulmonaire. Du coup, le plus souvent, on retrouve une
thrombose proximale. Les embolies pulmonaires seront le plus souvent asymptomatique.
Parmi tous les patients qui se présentent avec une embolie pulmonaire, 50 à 70% ont une
thrombose veineuse profonde. Parmi tous les patients avec une TVP proximale
symptomatique des membres inférieurs, 40-60% ont une embolie pulmonaire
asymptomatique.
b. Physiopathologie
Il y a la présence de 4 signes :
• Un œdème
• Une circulation veineuse superficielle dilatée
• Une chaleur
• Une douleur
Une thrombose veineuse peut être induite par 3 types de modifications au niveau du vaisseau
(triade de Virchow) :
670
Généralement, on donne un traitement de prévention car il y a 80% de risque de développer
une thrombose veineuse profonde embolique.
c. Présentation clinique
Les symptômes et signes cliniques de TVP ne sont ni sensibles (ils peuvent être absents en
présence de la maladie) ni spécifiques (ils peuvent être présents en l’absence de la maladie).
671
L’évaluation clinique est néanmoins fondamentale et sert de base à la démarche
diagnostique:
• L’embolie pulmonaire
• Le syndrome post-thrombotique : lourdeur de jambe, dilatations veineuses
superficielles, crampes, œdème, troubles trophiques (dermite ocre, hypodermite,
ulcères souvent sus-malléolaires)
d. Approche diagnostique
Lorsqu’on suspecte une TVP, il faut d’abord estimer la probabilité clinique qui permettra de
définir la démarche diagnostique. Il existe plusieurs systèmes permettant d’estimer la
probabilité clinique de TVP. Le score de Wells est l’un des plus utilisés et simple d’application.
En effet, il permet de savoir si la probabilité de TVP est faible, intermédiaire ou élevée.
672
Algorithme diagnostique de la TVP des membres inférieurs
ü 1ère étape
ü 2ème étape
e. Traitement
673
Traitement anticoagulant
C’est la base du traitement. Les HBPM sont éliminées par voie rénale. Il faut donc faire
attention.
Le principe est d’assurer une anticoagulation rapide avec une héparine et prendre le relais
précocement avec les anticoagulants oraux (antivitamines K). Il s’agit du traitement classique
mais, depuis peu, certaines TVP peuvent également être traitées d’emblée par une nouvelle
classe de médicaments appelés les nouveaux anticoagulants oraux.
Le traitement à domicile est possible dans la majorité des cas grâce à l’utilisation des
héparines de bas poids moléculaire (HBPM) qui s’administrent par voie sous-cutanée.
674
Les paramètres utilisés pour estimer le risque de récidive en cas d’arrêt du traitement
anticoagulant sont :
Les paramètres utilisés pour estimer le risque de saignement sous traitement anticoagulant
sont :
Contention et mobilisation
La contention fait partie intégrante du traitement car elle contribue à la régression des
symptômes et à la réduction de l’incidence du syndrome post-thrombotique. En effet, il y a
des séquelles de la TVP liées à l’absence de dissolution complète des thrombi veineux avec
une « grosse jambe » permanente.
675
La méthode est alors la mise en place d’un bandage adhésif (Tensoplast) si l’œdème est
important puis/ou on met un bas de contention gradués. Il faut mobiliser le patient dès que
celui-ci est correctement anticoagulé.
La clinique est similaire à celle de l’insuffisance veineuse sur varices mais habituellement
d’évolution plus rapide et sévère.
Le patient peut également présenter des troubles trophiques comme une dermatite ocre,
une hypodermite ou une atrophie blanche. De plus, il présente souvent des ulcères sus-
malléolaires spontanés ou provoqués. La claudication intermittente de la cuisse est rare.
Les indications doivent donc rester exceptionnelles (patient jeune avec TVP extensive et
menace pour la jambe (« phlébite bleue »), sans aucune contre-indication).
L'objectif est d'empêcher la migration des emboles vers les artères pulmonaires. Pour cela, on
fait une insertion percutanée d’un filtre dans la veine cave inférieure. Les indications admises
actuellement sont :
676
2. Cas particulier de TVP
a. La thrombose de la veine cave inférieure ou syndrome cave inférieur
Le plus souvent, il y a une extension d’un thrombus iliaque, plus rarement d’origine
néoplasique (rein). Les patients présentent souvent des signes bilatéraux d’emblée dans la
plupart des cas.
Les symptômes et signes cliniques sont similaire à ceux de la thrombose veineuse profonde. Il
y a parfois une extension à la veine cave supérieure (syndrome cave supérieur).
La thrombose veineuse superficielle peut être iatrogène (cathétérisme veineux). Dans 75%
des cas, elle survient sur des varices. Le plus souvent, elle est sur le trajet de la veine saphène
interne. Une thrombophlébite survenant sur une veine saine doit faire rechercher une
pathologie sous-jacente pré-disposante comme :
• Une néoplasie
• Une maladie de Buerger
• Une maladie de Behçet
• Une pathologie auto-immunitaire
• Une pathologie hématologique
• Des anomalies de l’hémostase
b. Présentation clinique
Le patient se plaint de douleurs sur le trajet veineux avec un aspect rouge et induré (cordon)
et une hyperthermie locale.
c. Examen complémentaire
677
Il peut y avoir une extension au réseau veineux profond via des veines perforantes.
d. Traitement
Pour le traitement chirurgical, on fait une ligature de la crosse de la veine saphène interne si
la thrombose remonte jusqu’à proximité de la crosse. Ce traitement est toutefois devenu
exceptionnel depuis l’utilisation des HPBM.
678