1333 - Oid Ademe 2022 A4 Ok3

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Les enjeux de l’adaptation

au changement climatique
du secteur immobilier
dans les scénarios
Transition(s) 2050

Rapport de synthèse
SOMMAIRE

3
ÉDITO
5
INTRODUCTION
16
II. DES ACTIONS
ADAPTATIVES
POUR LE SECTEUR

4
05 C
 hangement climatique :
le double défi de l’atténuation DE L’IMMOBILIER
et de l’adaptation
16 Q
 uelles actions adaptatives
06 C
 ontexte de l’étude : dans quel scénario ?
les scénarios Transition(s) 2050
RÉSUMÉ
16 S
 cénario 1 :
EXÉCUTIF
07 O
 bjectif de l’étude Génération frugale
L’adaptation précoce et sobre
07 M
 éthodologie 16 S
 cénario 2 :
Coopérations territoriales

8
L’adaptation des cohérences
territoriales
17 S
 cénario 3 :
Technologies vertes
L’adaptation des solutions
vertes
I. EXPOSITION DU
17 S
 cénario 4 :
PARC IMMOBILIER
Pari réparateur
AUX ALÉAS
L’adaptation du pari technique
CLIMATIQUES
À 2050
18 E
 mpreinte carbone des actions
adaptatives
08 V
 agues de chaleur et îlots de
chaleur urbains

20
10 S
 écheresses et retraits-
gonflements des argiles

12 P
 récipitations intenses et
inondations III. LIMITES ET
PERSPECTIVES
14 M
 ontée du niveau de la mer et
submersions marines

Adaptation du bâtiment dans Transition(s) 2050 | 2 |


ÉDITO
Allier adaptation et atténuation
du changement climatique
dans le secteur du bâtiment

Albane Gaspard Sakina Pen Point Morgane Moullié


Animatrice de secteur Responsable de programme Cheffe de projet
Prospective du bâtiment Adaptation au changement Adaptation au changement
et de l'immobilier, ADEME climatique, OID climatique et Énergie Climat, OID

Le changement climatique oppose à notre société,


et à tous les secteurs économiques confondus,
un double défi : mener de front les transformations
attenantes à la réduction des émissions de gaz à effet
de serre et des vulnérabilités climatiques.

Afin de relever ce défi, l’ADEME a souhaité réaliser un zones très artificialisées, mèneront à davantage d’inon-
travail de prospective de conduite de la France vers dations. Les dynamiques littorales tempêtueuses et la
la neutralité carbone dans le but d’éclairer les débats montée du niveau de la mer annoncent, elles, des sub-
pour accélérer les prises de décisions. Quatre scénarios mersions marines périodiques régulières avant érosion
Transition(s) 2050 ont pu être étudiés avec pour objectif et perte des bâtiments.
l’évaluation de leur empreinte et faisabilité.
Le secteur du bâtiment est particulièrement à risque,
Le rapport du GIEC paru en février 2022 révèle la né- d’autant plus que l’inertie de renouvellement du parc
cessité absolue des efforts relatifs à la réduction de la immobilier diminue les marges de manœuvre tardives.
vulnérabilité et l’adaptation au changement climatique. La projection et la gestion prévisionnelle à long terme
Le siècle sera marqué par l’augmentation en fréquences, sont donc impératives pour le secteur.
durées et intensités des vagues de chaleur, exacerbées
par les phénomènes d’îlots de chaleur urbain, rendant C’est pourquoi l’OID a participé à l’étude Transition(s)
ainsi les bâtiments inconfortables, voire inexploitables. 2050 sur le volet adaptation des bâtiments au change-
Les périodes de sécheresses deviendront plus intenses, ment climatique en répondant aux questions suivantes :
longues et fréquentes. Couplées à des natures de sols A quels risques climatiques les bâtiments seront-ils
argileuses, elles étaient déjà à l’origine de 10 milliards confrontés ? Quels sont les choix à effectuer pour dimi-
d’euros de coûts cumulés associés aux sinistralités entre nuer leur vulnérabilité ? Quelle sera l’empreinte carbone
1990 et 2004. Des précipitations plus intenses, sur des de ces choix ?

Adaptation du bâtiment dans Transition(s) 2050 | 3 |


RÉSUMÉ
exécutif

Le secteur de l’immobilier est déjà très exposé aux aléas


climatiques. Comment cette exposition évoluera-t-elle à
2050 ? Quelles pourraient être les solutions d’adaptation
mises en œuvre selon et quel serait leur empreinte
carbone ?
Cette étude explore l’exposition à quatre aléas cli- • Les risques de submersions marines sont similaires
matiques (vague de chaleur/îlot de chaleur urbain, dans les scénarios RCP 4.5 et 8.5. Cette absence de
sécheresse/retrait-gonflement des argiles, inondation différenciation provient du fait de l’inertie du phéno-
et submersion marine) du parc immobilier en France mène de montée du niveau de la mer à 2050. Dans ces
métropolitaine dans les scénarios Transition(s) 2050 deux scénarios, l’ensemble des surfaces des bâtiments
de l’ADEME. à « risque passable » en 2020 devient à « risque très
important » en 2050 (sans inclure les nouvelles zones
Transition(s) 2050 dessine quatre voies d’atteinte de la à risques).
neutralité carbone pour la France à 2050, avec des phi-
losophies (plus ou moins de sobriété, plus ou moins de Ainsi, les risques climatiques sont déjà tangibles, et ils
recours à des technologies nouvelles…) et des choix pour s’accentueront d’ici à 2050, en surface de bâtiments
le parc immobilier (localisation, volume, rénovation, impactés, mais aussi en intensité.
modes constructifs…) différents. Quelles conséquences
en termes d’exposition au risque climatique ? Les mesures d’adaptation qui peuvent être mises en
place sont variables selon les scénarios, en fonction de
• L’exposition aux vagues de chaleur augmente d’ici leur propension à privilégier la sobriété ou la généralisa-
à 2050 quel que soit le scénario climatique. Dans le tion de l’utilisation de la technologie. De la même façon,
scénario RCP 8.5, l’augmentation de la proportion l’impact carbone des actions d’adaptation peut varier
surfaces exposées est bien plus importante, et ce, grandement entre scénarios, et notamment en fonction
quel que soit le scénario Transition(s) 2050 considéré. d’un recours plus ou moins marqué à des solutions fon-
L’exposition dépend également des choix sur le volume dées sur la nature. Dans S1 et S2, où ces solutions sont
et la localisation de la construction neuve. La quantité fortement développées, l’adaptation des bâtiments
de surfaces exposées à un « risque très important » au changement climatique est neutre en carbone. En
progresse de façon croissante du S1 au S4. De 61% à revanche, les stratégies d’adaptation dans S3 et S4, qui
65% du parc est exposé à un risque très important en s’appuient sur le développement technologique et les
2050 dans un scénario RCP 8.5, contre 26% à 27% dans capacités de la technologie à préserver les systèmes
un scénario de respect des engagements climatiques écologiques, sont fortement carbonés (digues…).
(RCP4.5) (et 0% en 2020).
Les seules stratégies d’adaptation des bâtiments au
• La proportion du parc concerné par le « risque très changement climatique neutres en carbone sont donc
important » de sécheresses & retrait-gonflement des celles qui s’appuient sur les solutions d’adaptation
argiles varie beaucoup selon le scénario climatique fondées sur la nature. Ces solutions restent ainsi incon-
choisi. Estimée à 11% en 2030, elle se situe à 16% (se- tournables pour atteindre la neutralité carbone à 2050.
lon le scénario ADEME) en 2050 pour le scénario RCP
4.5, et monte à 47% dans le scénario RCP 8.5. Entre Ces résultats appellent à anticiper dès maintenant l’im-
les scénarios Transition(s) 2050, la différence dans les pact du changement climatique sur le parc immobilier,
niveaux de risque est imputable à des coefficients et à adopter, autant que possible, des solutions d’adap-
d’artificialisation différents. tation du bâti qui contribuent à la neutralité carbone.

Adaptation du bâtiment dans Transition(s) 2050 | 4 |


INTRODUCTION

« Le changement climatique provoque des perturbations dangereuses et


généralisées dans la nature et affecte la vie de milliards de personnes dans le
monde. » Communiqué de presse du GIEC, février 2022

Changement climatique :
le double défi de l’atténuation et de l’adaptation
L’Accord de Paris, adopté en 2015 au cours de la COP21, d’atténuation au changement climatique nécessitent
vise à contenir le réchauffement climatique global en d’être conjointement prises en compte dans chacune
dessous de 2°C par rapport à l’ère préindustrielle. Les des décisions prises dans le secteur du bâtiment.
engagements de la France sont précisés en plans d’ac- Le secteur de l’immobilier, lui, est déjà très impacté.
tion concrets qui répondent aux objectifs de neutralité Sur la période 1989-2019, ces derniers représentaient
carbone à horizon 2050. Le Plan Climat, proposé en une charge de 47 milliards d’euros (à euros constants
2018, décrit les politiques et mesures climatiques pour 2020) pour le secteur de l’assurance, le premier poste
réduire les émissions et s’adapter aux changements étant les tempêtes (43 %), suivi des inondations (19
climatiques dans de nombreux secteurs. %) et des sécheresses (18 %). Les dommages liés aux
catastrophes naturelles pourraient augmenter de 93%
Dans son rapport publié le 28 février 2022, le GIEC en euros constants d’ici 2050, le climat représentant le
alerte sur les vulnérabilités des infrastructures et sur second facteur contributif après l’augmentation de la
l’urgence de s’adapter. Les questions d’adaptation et richesse globale du pays1.

1 Impact du changement climatique sur le secteur de l’assurance à 2050, France Assureurs, 2021

Adaptation du bâtiment dans Transition(s) 2050 | 5 |


Contexte de l’étude : les scénarios Transition(s) 2050
Cette étude s’inscrit dans le travail de prospective chacun, quel que soit son niveau de responsabilité et
énergie ressources « Transition(s) 2050 de l’ADEME. d’implication dans la construction de ce cheminement,
Choisir maintenant. Agir pour le climat » présenté le 30 de la nature des transformations et des choix à faire.
novembre 2021 qui comprend les travaux initiaux et 14 Ils sont le résultat de plus de 2 ans de travaux mobi-
feuilletons dont la publication s’étend de Janvier à Mai lisant plus d’une centaine d’experts de l’ADEME ainsi
2022. L’ensemble des documents publiés est disponible que des partenaires extérieurs de différents milieux
sur www.transitions2050.ademe.fr. professionnels et académiques, mais également un
comité scientifique, constitué de membres du conseil
Pour rappel, « Transition(s) 2050 » est un travail pros- scientifique de l’Agence et complété de personnalités
pectif qui dessine quatre chemins « types » cohérents qualifiées.
et contrastés pour conduire la France vers la neutralité
carbone tout en intégrant une large palette d’enjeux Pour chaque scénario, l’ADEME a construit un récit
environnementaux, tels que les différents usages de la cohérent, décliné dans chaque secteur technique, éco-
biomasse, l’eau d’irrigation, la qualité de l’air, la gestion nomique et social, au travers de variables structurantes.
des déchets, la quantité de matériaux pour la rénova- La description des scénarios couvre les secteurs du
tion ou construction, souvent peu représentés dans les bâtiment, de la mobilité des voyageurs et du transport
travaux prospectifs. Ces scénarios ont pour ambition de marchandises, de l’alimentation, de l’agriculture,
d’éclairer les débats pour accélérer les prises de déci- des forêts, de l’industrie, des déchets et des services
sions, en particulier celles sur la prochaine Stratégie énergétiques (fossiles, biocarburants, gaz, hydrogène,
Française Energie – Climat. chaleur/froid et électricité).

Les quatre scénarios aboutissent tous à la neutralité


carbone mais avec des voies différentes. Avant tout, ils Les 4 scénarios et les mots clefs qui les caractérisent
ont pour objectifs de faire prendre conscience à tout un sont les suivants :

S1 GÉNÉRATION
FRUGALE S2 COOPÉRATIONS
TERRITORIALES S3 TECHNOLOGIES
VERTES S4 PARI
RÉPARATEUR

• Frugalité contrainte • Modes de vie • Technologies • Consommation


soutenables de décarbonation de masse
• Villes moyennes et
zones rurales • Économie du partage • Biomasse exploitée • Étalement urbain

• Low-Tech • Gouvernance ouverte • Hydrogène • Technologies


incertaines
• Rénovation massive • Mobilité maîtrisée • Consumérisme vert
• Économie mondialisée
• Nouveaux indicateurs • Fiscalité • Régulation minimale
de prospérité environnementale • Intelligence artificielle
• Métropoles
• Localisme • Coopérations entre • Captage du CO2
territoires • Déconstruction / dans l’air
• Moins de viande Reconstruction
• Réindustrialisation • Agriculture intensive
ciblée

Adaptation du bâtiment dans Transition(s) 2050 | 6 |


Objectif de l’étude
Cette étude analyse, pour les bâtiments, les consé- Elle s’organise autour des questions clés suivantes :
quences associées au changement climatique dans les
scénarios Transition(s) 2050. Son objectif est donc de • Comment l’exposition aux aléas climatiques du parc
décliner en termes d’adaptation, pour le secteur de bâti de la France métropolitaine évoluera-t-elle à 2050
l’immobilier, les quatre scénarios Transition(s) 2050 et dans le scénario Tendanciel et dans les scénarios Tran-
le scénario Tendanciel. sition(s) 2050 ? Quel serait l’impact d’une non-atteinte
des objectifs de limitation de changement climatique
par la communauté internationale, i.e. comment cette
exposition varie-t-elle selon le scénario climatique
considéré (RCP 4.5 ou 8 .5) ?

• Quelles pourraient être les solutions d’adaptation


mises en œuvre selon les scénarios ? Quel serait leur
empreinte carbone ?

Méthodologie
L’étude s’est organisée en 4 phases :
Phase 1 : Projeter le parc immobilier français à 2050 selon les différents scénarios de neutralité ;
Phase 2 : Analyser l’exposition aux aléas climatiques du parc immobilier dans chacune des configurations possibles
(les 4 scénarios de l’ADEME au RCP 4.5 et RCP 8.5 et le scénario tendanciel au RCP 8.5) à 3 horizons temporels
(2030, 2040, 2050) avec l’aide des projections climatiques du GIEC sur 4 aléas (les vagues de chaleur, les inonda-
tions, les submersions marines et les sécheresses) ;

LE CALCUL DU RISQUE CLIMATIQUE

Le risque climatique auquel est soumis un bâtiment dépend de l’exposition aux différents aléas cli-
matiques qui vont l’affecter et de la vulnérabilité du bâtiment face à cet aléa. Pour un aléa climatique
défini, l’exposition climatique se mesure par la nature, l’intensité et la fréquence de l’aléa ainsi que par
des facteurs environnementaux qui vont l’aggraver ou l’atténuer. La vulnérabilité du bâtiment est, elle,
dépendante de la sensibilité du bâtiment (composantes techniques tels que les choix de construction)
et de ses enjeux d’usage, qui incluent les mesures d’adaptation, les processus de gestion de crise et les
paramètres économiques et sociaux qui impactent les processus de gestion post-crise. Le risque de l’aléa
climatique peut dès lors être évalué à partir d’une analyse croisée de l’exposition et de la vulnérabilité.

RISQUE EXPOSITION VULNÉRABILITÉ


DE L’ALÉA
CLIMATIQUE
= Aléa climatique
Autres facteurs X Sensibilité Enjeux d’usage
environnementaux
Critères
Capacités de
techniques tels
gestion de crise
Nature de l’aléa que les choix de
et difficultés
climatique, construction,
Facteurs aggravant à faire face en
intensité, lieu la fiabilité des
et atténuant liés à raison de facteurs
et fréquence réseaux et
l’environnement économiques
(probabilité et les mesures
sociaux ou
durée) d’amélioration de
démographiques
la résilience

Phase 3 : Imaginer les actions adaptatives pour chacun des scénarios ;


Phase 4 : Etablir le bilan GES des émissions associées aux différentes configurations.
Toutes les analyses et les méthodologies de calcul sont présentées dans le rapport de méthodologie2 .

2 OID, 2022b, Les enjeux de l’adaptation au changement climatique du secteur immobilier


dans les scénarios Transition(s) 2050, Rapport technique

Adaptation du bâtiment dans Transition(s) 2050 | 7 |


I. Exposition du parc
immobilier aux aléas
climatiques à 2050
1. Vagues de chaleur et îlots de chaleur urbains
Les vagues de chaleur correspondent à des températures Ce phénomène a des conséquences importantes sur le confort
moyennes de jour et de nuit anormalement élevées par thermique des citadins. Par exemple, lors de la canicule en
rapport aux moyennes de saison, observées sur plusieurs 2003, une différence de +10°C entre Paris et ses alentours a
jours consécutifs. Du fait du changement climatique, elles été observée.
deviennent déjà de plus en plus intenses et fréquentes. Ces
événements impliquent une dégradation du confort ther- Afin de calculer l’évolution de l’exposition du parc immobi-
mique, une baisse de la qualité de l’air et des impacts sanitaires lier à l’aléa vagues de chaleur, l’indice climatique retenu est
tels que des déshydratations. Par ailleurs, une augmentation le degré-jour de climatisation (CDD3). Cet indice est projeté
des températures amène également une augmentation des temporellement à 2030, 2040 et 2050. Concernant les îlots
besoins en énergie, notamment du fait du recours accru à de chaleur urbain, les données de différences de tempéra-
la climatisation. Ces pics d’utilisation dans des proportions ture entre zones rurales et urbaines sont issues du projet
non envisagées entraînent parfois des dysfonctionnements MaPuce coordonné par le CNRM4. Ces données ne sont pas
des équipements. projetées dans le futur. Cela signifie que le risque de chaleur
Les îlots de chaleur urbain se caractérisent par un écart de évalué tient compte des évolutions climatiques, mais pas des
température, en particulier la nuit, entre la ville et la cam- évolutions urbaines.
pagne environnante. Ce microclimat urbain, a pour origine :
• Une densité de construction élevée qui empêche l’air de Le couplage entre ces informations a été effectué selon la
ventiler correctement la ville ; matrice suivante :
• Des surfaces à fort albedo qui provoque une
accumulation de chaleur dans les matériaux ;
• Un dégagement de chaleur anthropique important
notamment via le trafic automobile qui réchauffe les
milieux urbains.

ICU-NUL ICU MOYEN ICU FORT


CDD - Risque Faible Risque passable Risque passable Risque important
CDD - Risque Moyen Risque passable Risque important Risque très important
CDD - Risque Fort Risque important Risque très important Risque très important

3 Données téléchargées sur la plateforme Drias, Producteur : CNRM, Expérience CNRM2014, Modèle Aladin
4 Les informations complètes concernant ce modèle sont disponibles dans le document suivant :
http://www.umr-cnrm.fr/ville.climat/IMG/pdf/rapport_scientifique_mapuce_v1.2.pdf

Adaptation du bâtiment dans Transition(s) 2050 | 8 |


Les surfaces de bâtiments en France ont été réparties, selon montrent l’évolution de l’exposition à l’aléa vague de chaleur
leur emplacement, dans les différentes catégories de risques : et îlots de chaleur urbain pour le parc bâti entre 2020 et 2050
passable, important, très important. Les Graphiques 1 et 2 pour les scénarios RCP4.5 et RCP8.5.

Graphique 1
Effet de la variabilité climatique
900 000
Scénario climatique
RCP 4.5 800 000
Évolution de l’exposition au
risque de vague de chaleur 700 000

Surface de bâtiments touchés par


et îlots de chaleur urbains
600 000
 Risque passable niveau de risque (en hectare)
500 000
 Risque important
400 000
 Risque très important
300 000

200 000

100 000

S1 S2 S3 S4 S1 S2 S3 S4 S1 S2 S3 S4
2020 2030 2040 2050

Graphique 2
900 000
Scénario climatique
RCP 8.5 800 000
Évolution de l’exposition au
risque de vague de chaleur 700 000
Surface de bâtiments touchés par

et îlots de chaleur urbains


600 000
niveau de risque (en hectare)

 Risque passable
500 000
 Risque important
400 000
 Risque très important
300 000

200 000

100 000

S1 S2 S3 S4 S1 S2 S3 S4 S1 S2 S3 S4
2020 2030 2040 2050

BILAN DU RISQUE FACE AUX VAGUES DE CHALEUR ET ICU

L’exposition aux vagues de chaleur Dans le scénario climatique L’exposition aux vagues et îlots
augmente d’ici à 2050 quel que soit RCP 8.5, l’augmentation de la de chaleur dépend également
le scénario climatique5. Alors qu’en proportion de surfaces exposées des choix sur le volume et la
2020, aucune surface n’était considé- est bien plus importante, et localisation de la construction
rée comme à risque très important, ce, quel que soit le scénario de neuve. S3 et S4 sont plus impactés
dès 2030, une partie du parc bascule neutralité considéré. De 61% à 65% par les risques de vagues de
dans cette catégorie, en scénario RCP du parc est exposé à un risque chaleur. Ils y sont d’autant plus
4.5 comme en 8.5. A l’opposé, la pro- très important en 2050 dans un soumis que les taux de construction
portion de surfaces entrant dans la scénario RCP 8.5, contre 26% à 27% y sont forts. La quantité de
catégorie « risque passable » recule dans un scénario de respect des surfaces exposées à un « risque
à 2050. engagements climatiques (RCP4.5) très important » progresse de
(et 0% en 2020). façon croissante du scénario 1 au
scénario 4. Ceci est principalement
dû à un volume du parc bâti plus
important, à une concentration de
l’activité en ville, et donc plus de
bâtiments exposés.

5 L’année 2040 présente une anomalie expliquée dans le rapport technique, en lien avec la variabilité climatique.

Adaptation du bâtiment dans Transition(s) 2050 | 9 |


2. Sécheresses et retraits-gonflements des argiles
Les sécheresses sont des déficits anormaux d’au moins une des primes d’assurance liée aux retraits et gonflements des
composante du cycle hydrologique terrestre sur une période argiles peut également présenter un risque pour le secteur.
prolongée. La sécheresse impactant les bâtiments est la sé- Par ailleurs, les limitations des réserves en eau sont à l’origine
cheresse agricole (ou édaphique), qui concerne l’humidité de risques indirects, comme la dégradation de la biodiversité
des sols. Celle-ci n’est pas forcément liée à un épisode de et des espaces verts, ou liés la dépendance à divers réseaux
fortes chaleurs. qui ont un fonctionnement reposant sur l’utilisation de la
ressource en eau.
Lorsque les sols sont argileux, ils se rétractent durant les
périodes sèches, et se gonflent en périodes humides. Ce Ce phénomène concerne actuellement plus de la moitié du
phénomène appelé retrait et gonflement des argiles, est à parc de maisons individuelles6.
l’origine de dégâts tels que des fissures dans les bâtiments
qui se situent dans ces zones argileuses. Avec le changement Afin de calculer le risque climatique face aux sécheresses,
climatique, les sols font face à de plus longues périodes sans l’indice climatique retenu est l’index d’humidité du sol (SSWI7).
pluie, suivies de précipitations intenses. L’eau ne peut y être Cet indice est projeté temporellement à 2030, 2040 et 2050.
absorbée, car la terre est trop sèche. L’eau ruisselle alors et Concernant les retraits et gonflements des argiles, les don-
les sols restent secs. Les sécheresses deviennent ainsi de plus nées de risques de RGA sont issues des travaux du BRGM et
en plus sévères et les risques de retrait et gonflement des disponibles sur la plateforme Géorisques8.
argiles s’intensifient. Les éléments jointifs et façades sont les
plus touchés par les fissures, allant parfois jusqu’à menacer la Le couplage entre ces informations a été effectué selon la
sécurité des usagers, mais les réseaux enterrés peuvent éga- matrice suivante :
lement subir des ruptures ou des fuites. Une augmentation

Risque RGA faible Risque RGA moyen Risque RGA fort


SSWI - Sécheresses modérées Risque passable Risque passable Risque important
SSWI - Sécheresses sévères Risque passable Risque important Risque très important
SSWI - Sécheresses extrêmes Risque important Risque très important Risque très important

6 D’après une étude de la cour des comptes accessible ici.


7 Données téléchargées sur la plateforme Drias, Producteur : DCLIM, Expérience CLIMSEC, Modèle ARPEGE_RETIC
8 Données téléchargées sur la plateforme Géorisques, georisques.gouv.fr

Adaptation du bâtiment dans Transition(s) 2050 | 10 |


Les surfaces de bâtiments en France ont été réparties, selon montrent l’évolution de l’exposition à l’aléa sécheresses et
leur emplacement, dans les différentes catégories de risques : retrait-gonflement des argiles pour le parc bâti entre 2020
passable, important, très important. Les Graphiques 3 et 4 et 2050 pour les scénarios RCP4.5 et RCP8.5.

Graphique 3
900 000
Scénario climatique
RCP 4.5 800 000
Evolution de l’exposition
Aux risques de sécheresse 700 000

Surface de bâtiments touchés par


et de RGA
600 000
 Pas de risque identifié niveau de risque (en hectare)
500 000
 Risque passable
400 000
 Risque important
300 000
 Risque très important 200 000

100 000

S1 S2 S3 S4 S1 S2 S3 S4 S1 S2 S3 S4
2020 2030 2040 2050

Graphique 4
900 000
Scénario climatique
RCP 8.5 800 000
Evolution de l’exposition
Aux risques de sécheresse 700 000
Surface de bâtiments touchés par

et de RGA
600 000
niveau de risque (en hectare)

 Pas de risque identifié


500 000
 Risque passable
400 000
 Risque important
300 000
 Risque très important 200 000

100 000

S1 S2 S3 S4 S1 S2 S3 S4 S1 S2 S3 S4
2020 2030 2040 2050

BILAN DU RISQUE FACE AUX SÉCHERESSES ET RETRAIT-GONFLEMENT DES ARGILES

La proportion du parc concerné par le « risque très im- Entre les scénarios Transition(s) 2050, la différence dans
portant » de sécheresses & retrait-gonflement des argiles les volumes de surfaces à risque est imputable à des
varie beaucoup selon le scénario climatique choisi. Elle coefficients d’artificialisation différents. Les coefficients
se situe à 16% (selon le scénario ADEME) pour le scénario d’artificialisation et volumes de construction progressant
RCP 4.5, et monte à 47% dans le scénario RCP 8.5. de façon croissante du S1 au S4 et sans différentiation
de choix de localisation de construction au regard des
risques, le volume de surfaces à « risque très important »
est à son maximum dans le S4.

Adaptation du bâtiment dans Transition(s) 2050 | 11 |


3. Précipitations intenses et inondations
Des épisodes pluvieux qui s’intensifient, associés à un usage Ces évènements peuvent porter atteinte à la sécurité des
des sols qui ne permet pas l’absorption dans la terre dont personnes. Les perturbations ou arrêts de l’utilisation du
notamment l’imperméabilisation, sont à l’origine d’inon- bâtiment peuvent engendrer un effet domino avec d’autres
dations ayant des conséquences de plus en plus délétères. répercussions économiques et sociales.
Ces inondations peuvent se produire par débordement de
cours d’eau, par remontée des nappes phréatiques ou par Afin de calculer l’exposition à l’aléa climatique inondations,
ruissèlement des pluies sur les surfaces imperméabilisées. on considère d’une part l’indice climatique ‘fraction de préci-
L’incursion d’eau dans les bâtiments cause de nombreux dom- pitations intenses’ (PFL90), qui permet d’observer l’évolution
mages : détérioration des isolants, enduits et revêtements, des précipitations intenses au cours du temps, et d’autre part,
humidité et rétention d’eau, endommagement des réseaux les zones sujettes à inondation par remontées de nappes (dis-
électriques et des équipements intérieurs, fissuration voire ponibles sur Géorisques9). L’indice fraction de précipitations
effondrement des bâtiments et mise en flottaison pour cer- intenses est projeté temporellement à 2030, 2040 et 2050.
taines habitations légères.
Le couplage entre ces informations a été effectué selon la
matrice suivante :

Risque 0 : Risque 1 : Risque 2 :


Pas de débordement Débordement de cave Débordement de RDC
PFL90 - Risque Faible Risque passable Risque passable Risque important
PFL90 - Risque Moyen Risque passable Risque important Risque très important
PFL90 - Risque Fort Risque important Risque très important Risque très important

9 Données téléchargées sur la plateforme Géorisques, georisques.gouv.fr

Adaptation du bâtiment dans Transition(s) 2050 | 12 |


Par ailleurs, la sensibilité aux précipitations intenses de la zone Les surfaces de bâtiments en France ont été réparties, selon
d’implantation du bâtiment se verra augmentée dans le cas leur emplacement, dans les différentes catégories de risques :
d’une forte artificialisation des sols (dans le cas des milieux passable, important, très important. Les Graphiques 5 et 6
urbains par exemple). En effet, le ruissellement augmente montrent les résultats des calculs d’évolution du risque pré-
sur les sols artificialisés, ce qui augmente le niveau de risque cipitations intenses et inondations, basé sur l’indice PFL90,
face à l’aléa inondation. pour le parc bâti entre 2020 et 2050 pour les scénarios RCP4.5
et RCP8.5.

Graphique 5
900 000
Scénario climatique
RCP 4.5 800 000
Evolution de l’exposition
au risque inondation 700 000
Surface de bâtiments touchés par

 Risque passable 600 000


niveau de risque (en hectare)

 Risque important 500 000

400 000
 Risque très important
300 000

200 000

100 000

S1 S2 S3 S4 S1 S2 S3 S4 S1 S2 S3 S4
2020 2030 2040 2050

Graphique 6
900 000
Scénario climatique
RCP 8.5 800 000
Evolution de l’exposition
au risque inondation 700 000
Surface de bâtiments touchés par

 Risque passable 600 000


niveau de risque (en hectare)

 Risque important 500 000

400 000
 Risque très important
300 000

200 000

100 000

S1 S2 S3 S4 S1 S2 S3 S4 S1 S2 S3 S4
2020 2030 2040 2050

BILAN DU RISQUE FACE AUX INONDATIONS

L’indice fraction des précipitations journalières intenses La différence entre les scénarios est uniquement due à des
retenu pour cette étude ne permet pas de rendre compte coefficients d’artificialisation plus ou moins importants.
d’une évolution importante du risque. Cet indice rend
compte d’une stabilité en durée des périodes de pré-
cipitation journalières. Cependant, l’augmentation du
risque d’inondation lié au changement climatique ne
dépend pas de la durée des périodes pluvieuses mais de
l’intensité de celles-ci.

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4. Montée du niveau de la mer et submersions marines
Les submersions marines sont des inondations temporaires gées durant quelques années supplémentaires, les mesures
de la zone côtière par la mer, associées à une conjonction de de protection restent localisées et la montée des eaux finira
condition de marées et de surélévation du niveau de la mer par gagner du terrain, en érodant des zones où se situent
lors d’événements climatiques ponctuels, tels que les tem- certains bâtiments. Des étapes intermédiaires de fissuration
pêtes, cyclones ou tsunamis. Elles peuvent durer de quelques et risques de chutes de pierre peuvent être observés avant
heures à quelques jours. effondrement.

En zones littorales, les inondations salines, provoquées lors Afin de calculer le risque climatique face aux submersions
d'épisodes climatiques intenses, engendrent une érosion des marines, on considère d’une part les zones de hauteurs d’eau
matériaux et causent d'importants dégâts sur le bâti. Sur un centennales, et d’autres part les projections d’élévation du
temps plus ou moins long, ces inondations vont devenir per- niveau marin à 2030, 2040 et 2050.
manentes et donc rendre les bâtiments concernés inutilisables.
La montée des eaux implique également, sur un temps long, Le couplage entre ces informations a été effectué selon la
une érosion côtière. Si certaines zones pourront être proté- matrice suivante :

Niveaux d’élévation du niveau marin (en mètres)


0,07 0,08 0,12 0,13 0,18 0,22 0,26
Pas de risque 0 0 0 0 0 0 0
Inférieur à 1m 1 1 2 2 2 3 3
1-2m 1 1 2 2 2 3 3
2-3m 2 2 3 3 3 3 3
3-4m 3 3 3 3 3 3 3
4-5m 3 3 3 3 3 3 3
5-6m 3 3 3 3 3 3 3
6-7m 3 3 3 3 3 3 3
7-8m 3 3 3 3 3 3 3
8-9m 3 3 3 3 3 3 3

0 : Pas de risque identifié 1 : Risque passable 2 : Risque important 3 : Risque très important

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Les surfaces de bâtiments en France ont été réparties, selon l’évolution du risque submersion marine pour le parc bâti entre
leur emplacement, dans les différentes catégories de risques : 2020 et 2050 pour les scénarios RCP4.5 et RCP8.5.
passable, important, très important. Le Graphique 7 montre Scénarios RCP 4.5 et RCP 8.5

Graphique 7
20 000
Scénario climatique
RCP 4.5 et RCP 8.5 18 000
Evolution de l’exposition
16 000
au risque de submersion
marine
14 000
Surface de bâtiments touchés par
 Risque passable niveau de risque (en hectare) 12 000

 Risque important 10 000

 Risque très important 8 000

6 000

4 000

2 000

S1 S2 S3 S4 S1 S2 S3 S4 S1 S2 S3 S4
2020 2030 2040 2050

BILAN DU RISQUE FACE AUX SUBMERSIONS MARINES

Les risques de submersions marines L’ensemble des surfaces des bâti- L’analyse est limitée pour cet aléa :
sont similaires dans les scénarios RCP ments à « risque passable » en 2020 elle n’inclut pas les nouvelles zones
4.5 et RCP 8.5 : les élévations du ni- devient à « risque très important » à risques, et la surface concernée par
veau de la mer évaluées dans le scéna- en 2050. cet aléa n’augmente donc pas. Or le
rio RCP 4.5 et 8.5 ne présentent pas de changement climatique mènera à ex-
différences importantes d’ici à 2050. poser davantage de surface à l’avenir.
Cette absence de différence provient
du fait de l’inertie du phénomène de
montée du niveau de la mer.

Adaptation du bâtiment dans Transition(s) 2050 | 15 |


II. Des actions
adaptatives pour le
secteur de l’immobilier
1. Quelles actions adaptatives dans quel scénario ?
Les actions adaptatives proposées ont été définies dans une démarche respectant la philosophie des scénarios Transition(s)
2050 proposée par l’ADEME. Les mesures d’adaptation qui peuvent être mises en place sont variables selon les scénarios, en
fonction de leur propension à privilégier la sobriété ou la généralisation de l’utilisation de la technologie. Ainsi, l’adaptation
peut prendre une forme très différente selon les valeurs à l’œuvre dans une société donnée.

Scénario 1 : Génération frugale Scénario 2 : Coopérations territoriales


L’adaptation précoce et sobre L’adaptation des cohérences territoriales

Philosophie du scénario : Philosophie du scénario :


Des transformations importantes dans les façons de se dépla- la société se transforme dans le cadre d’une gouvernance
cer, de se chauffer, de s’alimenter, d'acheter et d'utiliser des partagée et de coopérations territoriales. Organisations non
équipements, permettent d'atteindre la neutralité carbone gouvernementales, institutions publiques, secteur privé et
sans impliquer de technologies de captage et stockage de société civile trouvent des voies de coopération pragma-
carbone, non éprouvées et incertaines à grande échelle. De tique qui permettent de maintenir la cohésion sociale. Pour
nouvelles attentes des consommateurs, mais surtout de nou- atteindre la neutralité carbone, la société mise sur une évo-
velles pratiques s’expriment rapidement dans les modes de lution progressive mais à un rythme soutenu du système éco-
consommation. La croissance de la demande énergétique qui nomique vers une voie durable alliant sobriété et efficacité.
épuise les ressources et dégrade l’environnement s’interrompt, La consommation de biens devient mesurée et responsable,
grâce à des innovations comportementales, organisationnelles le partage se généralise.
et technologiques. La transition est conduite principalement
grâce à la frugalité par la contrainte et par la sobriété. Adaptation du bâti :
la stratégie d’adaptation s’appuie à la fois sur une anticipa-
Adaptation du bâti : tion collective des risques et la généralisation des solutions
en termes de stratégie d’adaptation au changement cli- fondées sur la nature (désimperméabilisation, murs et toitures
matique, ce scénario se base au maximum sur les sobriétés végétales, végétation pour limiter la puissance du vent aux
d’usage, les solutions fondées sur la nature, les low-tech ou abords du bâtiment, jardins de pluie, etc.). Les collectivités
les techniques de constructions traditionnelles (brasseurs mettent en place des campagnes de sensibilisation pour
d’air, végétalisation, logements traversants dans le neuf…). l’amélioration du lien social et de la résilience collective. En
L’anticipation du risque climatique est précoce et s’inscrit plus de solutions fondées sur la nature communes au S1,
rapidement dans les politiques d’aménagement et de réno- des techniques bas-carbone et intégrant le risque à de plus
vation. Les actions d’adaptation aux retrait-gonflement des grandes échelles peuvent être utilisées.
argiles sont mises en œuvre lors de rénovations : les actions
majoritaires sont portées sur l’environnement des bâtiments
pour éviter leur déstabilisation. La maîtrise d’ouvrage s’appuie
le plus possible sur les fonctionnalités des sols et des éco-
systèmes pour prévenir les inondations ou les submersions
marines, notamment via la renaturation de certaines zones
qui assurent l’infiltration de l’eau.

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Scénario 3 : Technologies vertes Scénario 4 : Pari réparateur
L’adaptation des solutions vertes L’adaptation du pari technique

Philosophie du scénario : Philosophie du scénario :


C’est le développement technologique qui permet de ré- les modes de vie du début du XXIe siècle sont sauvegardés.
pondre aux défis environnementaux plutôt que les change- Mais le foisonnement de biens consomme beaucoup d’éner-
ments de comportements vers plus de sobriété. Les métro- gie et de matières avec des impacts potentiellement forts
poles se développent. Les technologies et le numérique, qui sur l’environnement. La société place sa confiance dans la
permettent l’efficacité énergétique ou matière, sont dans capacité à gérer voire à réparer les systèmes sociaux et éco-
tous les secteurs. Les meilleures technologies sont déployées logiques avec plus de ressources matérielles et financières
largement et accessibles de manière généralisée aux popu- pour conserver un monde vivable. Cet appui exclusif sur les
lations solvables. technologies est un pari dans la mesure où certaines d’entre
elles ne sont pas matures.
Adaptation du bâti :
pour ce scénario, la stratégie d’adaptation s’appuie davantage Adaptation du bâti :
sur les technologies. Les programmes de déconstruction/ la stratégie d’adaptation repose sur une très forte techni-
reconstruction permettent de privilégier le bioclimatisme cisation (mode constructif adapté à la chaleur comme les
(logements traversants, etc.), les technologies d’inspiration matériaux à changement de phase, climatisation…). Une an-
biomimétique (reconstruction de bâtiments inspirés de la ticipation tardive de la gestion du risque pousse les acteurs
nature…) ou les matériaux et fondations les plus adaptés. Des à mettre en place des solutions palliatives fondées sur des
solutions matérielles comme des batardeaux sont également technologies industrielles et des matériaux innovants (bé-
mises en place. tons renforcés, agents réparants). Pour faire face aux risques
d’inondations et de submersions, des barrières structurelles
et digues sont installées. De nouveaux espaces comme des
îles artificielles sont expérimentés.

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2. Empreinte carbone des actions adaptatives
La mise en place des actions adaptatives implique, à des degrés divers, des consommations d’énergie et donc des émissions
de GES. Le tableau ci-après récapitule les principales actions d’adaptation retenues pour l’évaluation des émissions carbone
choisies pour chacun des scénarios Transition(s) 2050.
A noter : la climatisation n’a pas été intégrée dans le périmètre, elle fait l’objet d’une étude spécifique10.

S1 S2 S3 S4 TEND

• Végétalisation • Végétalisation • Dispositifs d’ombrage • Dispositifs d’ombrage • Dispositifs d’ombrage


DE CHALEUR

• Protections solaires • Protections solaires • Biomimétisme • Biomimétisme • Brumisateurs


VAGUES

• Brasseur d’air • Brasseur d’air déconstruction / déconstruction /


reconstruction reconstruction
• Brumisateurs

• Renaturation • Renaturation • Clapets anti-retours • Clapets anti-retours • Clapets anti-retours


• Clapets • Clapets • Batardeaux • Batardeaux • Batardeaux
INONDATIONS

anti-retours anti-retours • Obstruction • Obstruction • Obstruction


• Jardins de pluie • Jardins de pluie des fenêtres des fenêtres des fenêtres
• Reméandrer • Bâtiments flottants • Bâtiments flottants • Bâtiments flottants
les cours d’eau ou sur pilotis ou sur pilotis ou sur pilotis
(déconstruction/ (déconstruction/ (déconstruction/
reconstruction) reconstruction) reconstruction)
• Digues ou murets • Digues ou murets

• Eloignement • Eloignement • Désolidarisation • Désolidarisation • Désolidarisation


des arbres des arbres des éléments du des éléments du des éléments du
SECHERESSES & RGA

• Renforcement • Renforcement bâtiment bâtiment bâtiment


des fondations des fondations • Rigidification • Rigidification • Rigidification
• Solutions de drainage via ferraillage via béton via béton
• Régulation de • Fondations • Fondations
l’humidité du sol plus profondes plus profondes
• Fondations (déconstruction/ (déconstruction/
plus profondes reconstruction) reconstruction)
(déconstruction/
reconstruction)

• Renaturation • Renaturation • Rechargement • Rechargement • Digue


SUBMERSIONS

• Relocalisation • Relocalisation des dunes des dunes • Abandon


• Bâtiments sur • Bâtiments sur
MARINES

pilotis ou flottants pilotis ou flottants


(déconstruction/ (déconstruction /
reconstruction) reconstruction)
• Digues

Graphique 8 : Récapitulatif des actions adaptatives par scénarios des Transition(s) 2050

Les actions retenues pour l’évaluation des émissions carbone fet de serre de scope 3 a ensuite été effectué pour chacune
ont été réparties selon des catégories créées à partir des d’entre elles en prenant en compte une période de 10 ans.
niveaux d’exposition aux différents aléas et des sensibilités Les évaluations des émissions de gaz à effet de serre des an-
des bâtiments. A chaque région climatique et pour chaque nées 2020, 2030, 2040 et 2050 ont ensuite été sommés afin
catégorie correspondra une surface de bâtiment. Ces sur- d’obtenir l’empreinte carbone de l’adaptation des bâtiments
faces permettent d’évaluer le nombre d’actions adaptatives au changement climatique dans chaque scénario de l’ADEME
à mettre en place pour une stratégie d’adaptation à l’échelle et dans le scénario tendanciel pour les scénarios 4.5 et 8.5
de la France métropolitaine. du GIEC à 2050.
Les actions adaptatives ont d’abord été quantifiées pour les Le Graphique 8 représente les émissions carbone pour le
mettre en rapport avec les surfaces exposées aux différents scénario tendanciel et les quatre scénarios Transition(s) 2050,
niveaux de risque. Une évaluation des émissions de gaz à ef- pour les scénarios climatiques RCP4.5 et RCP8.5.

10 CODA Stratégies et ADEME, La climatisation dans le bâtiment. État des lieux et prospective 2050, 2021.

Adaptation du bâtiment dans Transition(s) 2050 | 18 |


Graphique 9

Évaluation des 88 000 000


émissions de gaz à
effet de serre à 2050 78 000 000
de l’adaptation
des bâtiments 68 000 000
au changement
58 000 000

actions adaptatives (en Ktonnes)


climatique

48 000 000
Emissions de CO2 dues aux
 Scénario 4.5
38 000 000
 Scénario 8.5
28 000 000

18 000 000

8 000 000
0
-2 000 000
scénario T scénario 1 scénario 2 scénario 3 scénario 4

Plusieurs enseignements peuvent être tirés de ce graphique : Dans S3 et plus encore S4, l’adaptation au changement cli-
matique a une empreinte carbone importante. Les actions
L’impact carbone des actions de déconstruction-reconstruction prévues dans ces scéna-
d’adaptation peut varier grandement rios ont un impact carbone très important (bien qu’elles ne
entre scénarios, et notamment en soient pas toutes attribuables à la stratégie d’adaptation au
fonction d’un recours plus ou moins changement climatique, la déconstruction-reconstruction
marqué à des solutions fondées visant principalement à densifier les métropoles). En effet, la
sur la nature : déconstruction d’un bâtiment de 100m2 émet en moyenne
312 tonnes de CO2, soit l’empreinte carbone annuel de près de
Dans S1 et S2, qui sont des scénarios qui s’appuient majori- 30 français. Dans S4, l’empreinte carbone est la plus élevée du
tairement sur des solutions d’adaptation fondées sur la na- fait d’une surface plus importante de bâtiments à risque mais
ture, l’adaptation des bâtiments au changement climatique également de la construction de digues en béton qui mettent
peut-être un atout pour atteindre la neutralité carbone à à mal l’objectif d’atténuation du changement climatique.
2050. Les émissions calculées sont négatives et mettent en
évidence l’aspect puit carbone de l’adaptation. Cependant, L’impact carbone des actions
en mettant en regard les proportions d’émissions absorbées d’adaptation dépend également :
par rapport aux émissions émises dans le secteur, il est clair
que l’adaptation, même basée sur des solutions fondées sur De l’ampleur de leur mise en œuvre
la nature, ne peut pas compenser à elle seule des scénarios Pour le scénario tendanciel, l’impact carbone se situe entre
de transition(s) ayant une empreinte carbone élevée. celui du S3 et du S4. Ceci est dû au fait que moins d’actions
adaptatives ont été mises en place dans ce scénario. Ces
LES SOLUTIONS FONDÉES SUR LA NATURE : UN résultats soulignent l’importance de prendre en compte
ATOUT POUR L’ADAPTATION ET L’ATTÉNUATION d’autres formes de bilans, tels que les bilans humains, envi-
ronnementaux ou économiques. En effet, les conséquences
Les solutions fondées sur la nature sont des méthodes sociales de n’avoir pas mis d’action d’adaptation en place
qui s’appuient sur les écosystèmes et leurs services sont extrêmement délétères pour les populations vulnérables.
pour aménager un espace afin de répondre aux en-
jeux du changement climatique. Si bien pensées, elles De l’ampleur du changement climatique
permettent d’aménager bâtiments et territoires en Les risques étant plus élevés dans le scénario RCP 8.5 que
prenant en compte le changement climatique et les dans le RCP 4.5, davantage d’actions adaptatives sont mises
aléas naturels tout en protégeant la structure de ce en place. Les différences de risques des scénarios de projec-
dernier et le confort de vie des habitants. tion climatique du GIEC RCP4.5 et RCP8.5 impliquent ainsi
Parmi les actions d’adaptation proposées dans le cadre des différences d’empreinte carbone dans les scénarios 3
des scénarios Transition(s) 2050, certaines solutions et 4 : la surface plus étendue de bâtiments à risque produit
sont des solutions d’adaptation fondées sur la nature : des empreintes carbone plus importantes dans le scénario
• La végétalisation RCP4.5 que dans le scénario RCP8.5.
• La renaturation
• Les jardins de pluie
Ces solutions permettent d’absorber du carbone et
d’ainsi agir en tant que puits de carbone.

Adaptation du bâtiment dans Transition(s) 2050 | 19 |


III. Limites et Perspectives
L’identification des limites et perspectives de cette étude
permet de mieux comprendre les biais et limitations de
l’approfondissement de celle-ci, et de connaître les besoins
en recherche de nouvelles connaissances et méthodes.

Limites Perspectives

Le choix des indicateurs DRIAS est basé sur le Une mise à jour de l’étude avec des données
modèle CNRM-2014. Ce modèle est daté : le risque actualisées selon les derniers modèles permettrait
sur l’ensemble des scénarios est minimisé. En effet, une qualification des risques plus proche de la
Modèles
les prévisions climatiques actuelles sont moins trajectoire climatique observée.
climatiques optimistes que celles de 2014, car l’humanité a
continué à évoluer sur une trajectoire similaire au RCP
8.5 jusqu’en 2020.

Dans l’analyse de risque d’inondation, le choix Une analyse des risques liés aux inondations avec
de l’indicateur PFL90, pour observer l’évolution un indicateur représentatif de l’intensité des
des précipitations intenses, est une limite car sa précipitations est nécessaire sur ce risque.
fluctuation ne permet pas de rendre compte d’une La récente publication de nouveaux indicateurs
augmentation du risque en intensité de précipitation sur la plateforme DRIAS rend cette mise à jour
Indicateurs
(on observe une stagnation en durée des périodes de techniquement possible.
climatiques pluie). Par ailleurs, croiser ces indices au regard des
potentialités d’artificialisation et renaturation dans
les villes ou zones rurales permettrait de mieux
modéliser les évolutions d’inondation à venir.

Les bâtiments résidentiels ou tertiaires ont été traités Une étude différentiant les bâtiments résidentiels
indifféremment. Les bâtiments industriels et agricoles ou tertiaires permettrait de rendre compte des
Données
ne sont pas étudiés. vulnérabilités associées aux enjeux d’usage. Le cas des
bâtiments bâtiments industriels pourrait aussi faire l’objet d’un
complément d’étude.

Afin d’optimiser les temps de calculs, des Avec du matériel informatique plus robuste, un
optimisations ont été réalisées, impliquant des biais. serveur à distance, ou plus de temps, la précision
L’hypothèse suivante a dû être posée : la surface pourrait être améliorée.
moyenne d’un bâtiment est la même dans toutes
Optimisation
les régions climatiques de France. Dans le cas où
des calculs les surfaces moyennes seraient très différentes, le
risque serait estimé à la hausse sur les régions aux
surfaces moyennes plus faibles et minimisé dans le
cas opposé.

L’horizon temporel à 2050 est un horizon à moyen Une mise à jour de l’étude avec des projections
terme. Celui-ci n’est pas adapté pour l’observation long-terme, à 2100, est nécessaire pour observer une
Horizons du risque lié à l’aléa submersions marines, du fait de différence entre le scénario intermédiaire (RCP4.5) et
temporels l’inertie du phénomène de montée du niveau de la business-as-usual (RCP8.5).
mer.

Adaptation du bâtiment dans Transition(s) 2050 | 20 |


Limites Perspectives

Les choix de localisation des constructions dans les Afin de réellement traduire les philosophies des
années à venir sont déterminants : construirons-nous différents scénarios de neutralité, il aurait fallu poser
dans les zones exposées aux aléas climatiques ? des hypothèses concernant les taux de construction
L’absence de philosophie, pour chacun des scénarios en zones à risques, et les faire évoluer différemment
Transition(s) 2050, déterminant la proportion de selon les philosophies des scénarios Transition(s)
construction dans les zones à risque vs. hors risque, 2050. Ceci aurait permis d’illustrer la prise en compte
Hypothèses ne permet pas de projeter des évolutions de surface du changement climatique dans les diagnostics
des scénarios à risque. Or, il y a une dépendance directe entre préalables et de faire varier les proportions de
proportion du risque et taux de construction définis surfaces de bâtiments concernés par les risques
Transition(s)
dans les scénarios de neutralité. climatiques. Une mise à jour de l’étude avec des
hypothèses concernant les taux de construction
neuves dans les zones à risques est incontournable
pour réellement évaluer l’impact des stratégies
d’adaptation françaises sur les risques auxquels les
bâtiments seront soumis.

Seule l’évaluation des émissions carbone est réalisée : L’analyse devrait être complétée d’une évaluation des
les externalités négatives (pollution, conséquences reports de vulnérabilités sur les autres systèmes, et
Externalités sociales, conséquences sur la biodiversité, d’une analyse quantifiant les externalités négatives
environnementales, exploitation des ressources) n’ont pas été évaluées potentielles des stratégies d’adaptation (pollution,
économiques dans le cadre de ces travaux. conséquences sociales, conséquences sur la
Certaines conséquences n’ont donc pas été prises biodiversité, exploitation des ressources).
et sociales en compte et cela minimise donc les impacts des
scénarios.

Les effets rebonds liés à l’adaptation n’ont pas été Ces phénomènes pourraient faire l’objet d’un
pris en compte dans cette étude. Notamment, complément d’analyse.
Boucles de
l’incapacité future à mettre en œuvre les solutions
rétroaction proposées dans un climat non identique à celui
d’aujourd’hui n’a pas été modélisée.

Les analyses de risques ont été menés en silos, Ces croisements pourraient faire l’objet d’un
Analyse aléas par aléas. Sachant qu’un risque multi-aléas est complément d’analyse.
amplificateur, les potentiels de risques sont, dans
multi-risques cette étude, minimisés.

Les solutions adaptatives présentées ici suivent Une analyse plus complète de l’efficacité cumulée
la philosophie des scénarios, mais l’analyse de des solutions adaptatives sur le parc bâti est
Efficacité leur impact en termes de réduction globale de nécessaire.
la vulnérabilité du parc bâti n’a pas été faite.
des solutions Par exemple, l’impact de la mise en œuvre de
adaptatives la végétalisation, de la protection solaire et des
brasseurs d’air sur l’amélioration, au global, du
confort d’été dans le bâtiment, n’a pas été étudiée.

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