Protestation Contre Le Malin Génie
Protestation Contre Le Malin Génie
Protestation Contre Le Malin Génie
GÉNIE
Author(s): Hélène Bouchilloux
Source: Revue Philosophique de la France et de l'Étranger , JANVIER-MARS 2015, T. 205,
No. 1, COGITO ESTHÉTIQUE POLITIQUE (JANVIER-MARS 2015), pp. 3-16
Published by: Presses Universitaires de France
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Le Dieu trompeur
Descartes introduit la
avoir marqué l'articulatio
le problème des vérités i
qui constitue l'argumen
même si je rêve, même s
de ce que je crois exister
perception sensible enve
lectuelle, de ce qui perm
celui-ci existe ou n'exist
ne pouvais former en m
du mouvement, pour ne
corps possible et non de
possible, je ne pourrais
une perception non sens
mathématiques, résisten
Aussi ne puis-je apparem
ne perçoive quelque ch
Cinquième Méditation a
C'est ici qu'entre en scèn
Cette opinion comport
et ce que Dieu veut. Il es
sance, mais ne le vouloir
du Dieu trompeur étant
trompe peut-être aussi b
ne s'étonnera pas que De
la Quatrième Méditation
peu prouver subtilité ou
aucun doute ou de malice ou de faiblesse2. »
Par où Descartes renoue avec la problématique du mensonge, telle
qu'elle a été élaborée dans YHippias mineur de Platon et dans la
Métaphysique d'Aristote. Selon Platon, le menteur est celui qui sait
et qui dérobe sciemment ce qu'il sait à celui à qui il ment. Il a la
supériorité que lui confère ce double savoir sur l'ignorance. Selon
Aristote, Platon n'a pas raison de préférer, au nom de ce double savoir,
le rusé Ulysse au bouillant Achille. Cette préférence ne vaudrait que
si pouvoir mentir revenait à imiter extérieurement un menteur ; mais
Le Malin génie
Le Dieu trompeur est le Dieu qui pourrait m'avoir créé avec une
nature telle que je doive me tromper, le Dieu qui pourrait m'avoir fait
d'une nature telle que je sois voué à me tromper, puisque la bonté
de Dieu demeure problématique tant qu'on n'explique pas d'où vient
qu'il permet, à tout le moins, que je me trompe. Le Malin génie est
la puissance supposée me tromper toujours et en tout, la puissance
supposée frapper de fausseté tous mes jugements.
Le Dieu trompeur est une hypothèse concernant l'origine et la
nature de mon esprit, en concurrence d'ailleurs avec d'autres hypo-
thèses que Descartes énumère brièvement : destin, hasard, détermi-
nisme causal. Et cette hypothèse affleure naturellement en mon esprit
dès que je m'interroge sur le fait que je me trompe non seulement dans
le domaine du sensible, mais encore dans le domaine de l'intelligible.
Le Malin génie est une fiction de mon imagination, dont la fonction est
de contrebalancer la probabilité de mes anciennes croyances afin de
maintenir une suspension de mon jugement que cette probabilité rend
précaire. Il s'agit de me tromper délibérément en supposant jointes la
puissance et la méchanceté (alors que l'erreur, pour être imputable
à la volonté qui juge, n'en est pas moins non délibérée, comme le
souligne l'article 42 de la lre partie des Principes de la philosophie ),
mais de me tromper de manière délibérée dans le but d'éviter de me
tromper de manière non délibérée en portant des jugements erronés.
Revue philosophique, n° 1/2015, p. 3 à p. 16
Le cogito
Du certain au vrai
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