Droit Social LE DROIT DU TRAVAIL AU MAROC

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Droit social

LE DROIT DU TRAVAIL AU MAROC

Le travail est l’élément clé du bien-être économique des individus. Il constitue une source de
revenus, mais il permet aussi aux individus de progresser sur le plan socio-économique, de
s’épanouir sur le plan personnel et d’offrir plus de moyens à leur famille et à leur communauté.

1) Les sources du droit de travail

• Les sources étatiques

*/ La Constitution du pays

*/ La loi (le code du travail),

*/ Les règlements (de l’administration du travail)

*/ La jurisprudence (l’œuvre des tribunaux)

• Les sources supra - étatiques

*/ Le droit international du travail : L’Organisation internationale du Travail (OIT) et Le Bureau


international du travail (BIT)

*/ Les conventions régionales

*/ Les accords bilatéraux

• Les sources professionnelles

*/ Les conventions collectives

*/ Les accords interprofessionnels

*/ Les usages et pratiques

2) Consistance du droit de travail

• L’ensemble des règles de droit qui organisent les relations entre employeurs et salariés.
• L’ensemble des règles juridiques relatives au travail subordonné (lien de subordination = élément
déterminant).

• Applicable à toutes les personnes liées par un contrat de travail (quels que soient ses modalités
d'exécution, la nature de la rémunération et le mode de son paiement qu'il prévoit).

• Applicable à toutes les entreprises privées et publiques exerçant des activités commerciales,
industrielles, artisanales, agricoles ou forestière.

3) Historique du droit de travail marocain

*/ Avant le protectorat (du début de l’Islam jusqu’à 1912)

Institutions du Mouhtassib, de l’Amine, du compagne et de l’apprenti

*/ Durant la période coloniale (de 1912 à 1956)

Nouvelles formes de travail suite au machinisme et à l’industrialisation

*/ Après l’indépendance (de 1956 à nos jours)

*/ Droit jeune (en progression continue)

*/ Droit original (privé avec intervention limitée de l’Etat)

*/ Droit concret (s’adapte aux différentes situations)

*/ Version actuelle : Code du travail marocain adopté suite à la promulgation de la loi n°65-99 du 11
septembre 2003 et entré en vigueur le 8 juin 200

4) Les grands axes du Code marocain de travail (Loi n° 65-99)

• Le contrat du travail et de sous entreprise


• La négociation et la convention collectives

• La protection du mineur et de la femme

• La durée du travail et le salaire

• L’hygiène et la sécurité sociale

• Les syndicats et les délégués des salariés

• Le comité d’entreprise et les représentants syndicaux

• L’intermédiation en recrutement et embauchage

• Les organes de contrôle et d’inspection

• Le règlement des conflits du travail

5) Les apports du Code de travail

Le nouveau Code du travail a apporté des modifications significatives permettant la satisfaction de


certains objectifs :

• La clarification de la relation entre employeurs, employés et institutions sociales,

• La réaffirmation des droits fondamentaux du travail,

• La stabilisation des relations professionnelles entre employeurs et employés,

• La prévention des conflits collectifs par l'instauration de la procédure de règlement des différends
collectifs de travail.

6) Champ d’application du Code de travail

Élargissement du champ d’application qui désormais touchera toutes les personnes liées par un
contrat de travail quelque soit la forme ou le genre d’entreprise où il est exécuté. Cependant des
dérogations subsistent et concernent :

A- les statuts propres (art 3)

1- Les salariés des entreprises et établissements publics et des collectivités locales.

2- Les marins.

3- Les salariés des entreprises minières.


4- Les journalistes professionnels.

5- Les salariés de l’industrie cinématographique.

6- Les concierges d’immeubles destinés à l’habitation. (Dahir N° 258.76.1 du 08.10.1977).

Ces statuts ne peuvent être au-dessous de ce que prévoit le code du travail, qui reste applicable dans
toutes les situations non prévues par ces statuts.

B- Statuts distincts (art 4)

1- Les gens de maisons (les domestiques),

2- Le travail dans les secteurs à caractère artisanale,

3- Des catégories professionnelles d’employeurs qui seront définis par un texte réglementaire (art 4)

7) Architecture du Code de travail

1. Nature du contrat de travail

2. Période d’essai

3. Discipline dans l’entreprise

4. Cessation des relations de travail

5. Le licenciement

6. Maternité et mineurs

7. Durée du travail

8. Heures supplémentaires :

9. Repos hebdomadaire et repos des jours fériés

10. Absences pour événements familiaux.

11. Congés annuels

12. Services médicaux du travail

13. Rémunération

14. Certains délais prévus par le Code

15. Obligations selon l’effectif

16. Institutions sociales


Théorie des obligations et des contrats

I - LES OBLIGATIONS

Définition :

L’obligation est un lien juridique qui se crée entre deux ou plusieurs personnes en vertu duquel l’une
des parties (le créancier qui a une créance) peut contraindre l’autre partie (le débiteur qui a une
dette) à exécuter une prestation.

Les obligations sont en nombre illimité et leur variété est indéfinie. De ce fait, elles n’obéissent pas
toutes aux mêmes règles.

A- Les sources des obligations

➢ Les contrats : Ils expriment le plus souvent la volonté des personnes concernées à s’engager à
travers les obligations qui naissent par la conclusion des différentes conventions, suite aux nécessités
de la vie en société (contrats de vente, de location, de transport, etc.).

➢ Les quasi-contrats : Ils sont appelés ainsi car les obligations qui en découlent ressemblent à celles
des contrats. Il s’agit en fait des engagements involontaires des débiteurs qui n’ont pas contracté
directement avec les créanciers (la gestion d’affaire, la restitution de l’indu pour un enrichissement
sans cause). Ce sont des engagements qui se forment sans convention et qui résultent de la seule
autorité de la loi.

➢ Les délits : Les actes et agissements volontaires des personnes ayant engagé leur responsabilité
directement par la commission de certaines fautes intentionnelles. Ils sont définis comme étant des
faits juridiques illicites ayant causé un dommage à autrui, que l'auteur doit dédommager,
notamment par le paiement de dommages et intérêts : On parle alors de délits civils.

➢ Les quasi-délits : Les quasi-délits sont des engagements qui résultent du dommage qu'une
personne a provoqué sans droit mais involontairement au détriment d’autrui et qui l'oblige à en
réparer les conséquences. C'est le domaine de la responsabilité civile. Cette dénomination inclue la
responsabilité qui émane, soit du dommage résultant d'un acte fait par son auteur, soit du dommage
causé par ceux dont il répond légalement (enfants mineurs), soit encore de celui causé par le fait des
animaux (chien de garde) ou des choses (tracteur ou voiture) dont il a la garde juridique.
B- Classification des obligations

Des différentes sources énoncées, les obligations sont classées par catégories dont on peut citer
principalement :

➢ Obligations légales : Des obligations voulues par le législateur et imposées à certaines personnes
plutôt qu’à d’autres. Elles sont stipulées dans des textes de lois (l’obligation alimentaire).

➢ Obligations contractuelles : Sont toutes les obligations nées de la volonté des parties (créancier et
débiteur) qui s’engagent unilatéralement ou en commun accord à travers un contrat écrit ou toute
convention similaire (contrat de vente de biens).

➢ Obligations délictuelles : Elles ne sont pas volontaires et résultent d’un dommage causé à autrui et
nécessitent, par conséquent, sa réparation par le créancier au profit du débiteur (accident de la
route).

➢ Obligations de résultat : Le débiteur est tenu à un résultat précis sans lequel son obligation envers
le créancier n’est pas remplie (obligation du transporteur).

➢ Obligations de moyen : Le débiteur n’est pas tenu à un résultat mais doit tout mettre en œuvre
pour exécuter son obligation avec prudence et diligence (obligation du médecin).

➢ Obligations conjointes : Sont les obligations qui résultent du fractionnement d’une obligation
initiale. Elles sont distinctes et autonomes (obligations des créances ou des dettes qui découlent de la
succession).

➢ Obligations solidaires : Dans ce cas, chaque codébiteur est responsable de la totalité de la dette.
L’obligation initiale est fractionnée, mais chacune des fractions demeure équivalente à la première
(solidarité des débiteurs en commerce pour une lettre de change en circulation).

➢ Obligations indivisibles : L’objet de telles obligations ne peut se diviser soit matériellement, soit
par la volonté des parties (obligation de garantie du vendeur et ses héritiers).

➢ Obligations garanties par le cautionnement : La caution est la personne qui s’engage à exécuter
une obligation à la place du débiteur principal en cas d’insolvabilité de celui-ci (caution pour une
lettre de change ou crédit bancaire).
C- L’extinction des obligations

Une obligation est dite éteinte lorsque celle-ci disparaît et n’existe plus pour diverses causes ou par
différents moyens

➢ Extinction par transmission :

Elle se fait de deux manières :

*/ Soit par cession de créance : C’est une convention par laquelle un créancier, le cédant, transmet à
une autre personne, le cessionnaire, la créance dont il dispose à l’égard de son débiteur, le cédé
(lettre de change en commerce ou dette entre particuliers).

*/ Soit par délégation : C’est une opération juridique par laquelle une personne, le délégué, s’engage
à la demande d’une autre personne, le déléguant, envers une troisième, le délégataire (se libérer
d’une dette en transférant une créance).

➢ Extinction par paiement :

Elle peut se faire de trois façons différentes :

Soit par paiement simple : Le créancier accepte le paiement de sa créance par n’importe quelle autre
personne à la date d’échéance.

Soit par subrogation : Elle diffère de la cession de créance du moment où la créance sera payée (et
non transmise) par une autre personne désignée, autre que le débiteur initial.

Soit par compensation : Cela suppose que les deux personnes sont réciproquement débitrices et
créanciers. C’est l’extinction des dettes de plein droit jusqu’à concurrence de la dette la plus faible.

➢ Extinction sans paiement :

Elle se fait également de deux manières :


Soit par novation : C'est-à-dire par substitution d’une obligation nouvelle à une obligation ancienne
qui disparaît (par changement de l’objet de la créance ou de la personne).

Soit par prescription extinctive ou libératoire : C’est un mode légal d’extinction de l’action du
créancier qui laisse passer un certain délai sans exercer ses droit et ne peut donc plus agir (1, 2, 5, 10
ans, … selon la nature de la créance et la matière du droit).

D- La preuve des obligations

Le créancier a besoin, parfois, d’apporter la preuve de sa créance, donc de l’obligation que le


débiteur a envers lui et ce, par les moyens suivants :

➢ La preuve écrite ou libérale :

Elle prend principalement deux formes. La première est l’acte authentique établi par un officier
public ou ministériel (notaire, avocat, Adoul). La deuxième forme est l’acte sous seing privé, rédigé
par les parties elles-mêmes et signé par elles (il peut également être unilatéral).

La preuve écrite a une force probante considérable en raison de sa sûreté. Elle ne peut être détruite
que par le recours à un expert en écriture (graphologue) pour démontrer que ledit écrit est un faux.

➢ La preuve par témoin :

Après avoir prêté serment, les tiers sont invités à déposer dans le cadre d’une affaire quelconque
pour apporter leur témoignage. Le témoignage est recevable en absence d’un écrit (affaire de
famille) ou pour des petites valeurs pécuniaires.

➢ La preuve par présomption :

En l’absence d’un écrit ou de témoins, le juge recherche des indices et procède par déduction en
prenant sa décision en fonction de la gravité de l’affaire et la concordance des indices avec les faits.

Cette présomption peut être simple (présomption de paternité) et donc sujette à la preuve contraire
ou bien irréfragable (contrat frauduleux entre un mineur et son tuteur) et ne peut donc être détruite,
même par la preuve contraire.
➢ La preuve par aveu :

Il en est ainsi lorsqu’une personne fait une déclaration par laquelle elle tient pour vrai un fait qui
peut produire contre elle des effets juridiques, donc des obligations. L’aveu peut être écrit ou verbal,
exprimé devant un juge (aveu judiciaire) ou un témoin, en dehors de la justice (aveu extrajudiciaire).

➢ Le serment judiciaire :

Il consiste dans l’affirmation solennelle de la réalité d’un fait ou d’un acte juridique à la barre d’un
tribunal (prêter serment).

II - LES CONTRATS

1/ Définition :

"Le contrat est une convention par laquelle une ou plusieurs personnes s'obligent envers une ou
plusieurs autres, à donner, à faire ou à ne pas faire quelque chose".

2/ Conséquences :

*/ Convention : Un accord de volonté entre deux ou plusieurs personnes appelées "les parties"
(Exception : Un acte unilatéral est l'expression de la volonté d'une seule personne)

*/ Génératrice d'obligations : Un accord de volonté qui crée un lien juridique sous forme
d'obligations pour certaines des parties ou pour toutes et des droits réciproques (entre créanciers et
débiteurs).

*/ A effet relatif : Le contrat ne crée, en principe d'obligations que pour les personnes qui en ont
convenu et non les tiers.

3/ Principes fondamentaux du contrat :


*/ Le principe de la force obligatoire : "Les conventions valablement formées tiennent lieu de loi à
ceux qui les ont faites"

*/ Le principe de la liberté des contrats : Les parties sont libres de contracter comme elles le veulent;
c'est le principe de "l'autonomie de la volonté".

Sous réserves des conditions essentielles de forme et de fond pour la formation des contrats et des
limitations au principe par l'intervention de l'Etat dans certains domaines (assurance, transport,
travail).

B- Conditions de formation des contrats

1/ Le consentement des contractants

C'est l'adhésion d'une partie à la proposition faite par l'autre. Le consentement implique l'accord de
volonté entre les parties sur les éléments essentiels du contrat, soit personnellement, soit par
l'intermédiaire d'un représentant; formulé expressément (écrit ou verbal) ou tacitement (attitude ou
comportement).

Les vices du consentement :

L'erreur : sur la personne du contractant ou sur la chose objet du contrat.

La violence : morale ou physique pour faire impression sur une personne.

Le dol : toute manœuvre frauduleuse sans laquelle le contrat n'aurait pas eu lieu.

La lésion : elle se rapproche des autres vices par les effets qu'elle produit (lésion sur le prix).

2/ La capacité des contractants :

"Toute personne peut contracter si elle n'est pas déclarée incapable par la loi"

Sont donc incapables : les mineurs non émancipés et les majeurs protégés pour leur incapacité
(morale ou physique).

3/ L'objet du contrat
C'est 'opération juridique que les contractants désirent réaliser : C'est le but du contrat. Il doit être :

*/ Déterminé ou déterminable (avec précision dans le contrat si nécessaire)

*/ Possible = dans le commerce ou faire l'objet de transaction (présent ou futur)

*/ Licite = ne peut être contraire à l'ordre public et aux mœurs

4/ La cause du contrat

C'est le motif, la raison qui pousse les parties à contracter. Elle doit être licite et réelle (souvent non
exprimée dans le contrat)

N.B :

Les contrats qui ne répondent pas aux conditions légales de leur formation sont frappés de nullité
relative ou absolue.

C- Classification des contrats

1/ Suivant les conditions de formation du contrat

Consensuel : Acte formé par le seul fait de l'échange des consentements, selon l'adage "l'homme doit
faire honneur à sa parole" (contrats simples).

Solennel : Le consentement nécessite la rédaction d'un écrit, sous seing privé (contrat de bail) ou
notarié (acte de mariage ou de vente).

2/ Suivant le rapport de force entre les contractants :

De gré à gré : Il y'a une libre discussion des clauses du contrat (vente, location)

D'adhésion : Le contractant le plus faible a seulement le choix d'adhérer ou pas au contrat, face à la
partie la plus puissante (assurance, transport par chemin de fer ou par mer).

3/ Suivant la nature de la personne des contractants :


Individuel : Le contrat est conclu entre des personnes (contrat de travail, vente)

Collectif : Le contrat est conclu entre groupes ou entre un groupe et une personne (convention
collective conclue entre une organisation syndicale et un groupe d'employeurs).

4/ Suivant la réciprocité des obligations :

Synallagmatique ou bilatéral : Les contractants s'obligent réciproquement les uns envers les autres
(contrat de vente conclu entre vendeur et acheteur, contrat de transport).

Unilatéral : Une ou plusieurs personnes s'engagent envers d'autres personnes sans que ces dernières
aient d'engagement (restitution d'une chose prêtée à son propriétaire, donation)

5/ Suivant le but poursuivi par les contractants :

A titre onéreux : Chaque partie attend un avantage du contrat. Il n'y a pas d'intention libérale
(contrat de vente à un prix connu).

A titre gratuit ou de bienfaisance : Une partie procure à l'autre un avantage gratuit sans contrepartie
(donation). Ou encore, une partie rend service à une autre sans pourtant s'appauvrir en conséquence
(prêt sans intérêt).

6/ Suivant la détermination des obligations du contrat :

Commutatif ; Contrat à titre onéreux dans lequel les deux parties connaissent exactement l'étendue
de leurs prestations réciproques (vente ordinaire).

Aléatoire : L'étendue des prestations dépend d'un événement incertain (contrat d'assurance vie).

7/ Suivant le mode d'exécution du contrat :

A exécution instantanée : Le contrat s'exécute en un trait de temps (contrat de vente).


Successif : L'exécution du contrat exige l'écoulement d'un certain laps de temps (contrat de louage,
contrat de transport à distance).

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