Droit Constitutionnel
Droit Constitutionnel
Droit Constitutionnel
La séparation des pouvoirs a d’abord été élaborée pour mettre fin à l’absolutisme
monarchique mais sert toujours comme arme principale contre tout régime de confusion. Il
s’agit par ce principe de dépasser une contradiction entre le pouvoir être nécessaire et la
liberté qui est nécessaire. Il y a eu dans l’histoire une évolution. D’abord, on a fait référence à
la loi définit comme étant l’expression de la volonté générale. Seule la loi peut poser une
limite aux libertés (article 4 DDHC).
Cette solution ne s’est pas révélée suffisante parce si le législateur était trop puissant, il n’y
aurait plus de protection suffisante pour les libertés.
La solution est donc la séparation des pouvoirs et ça a été historiquement la première
garantie des droits et libertés contre le législateur parlementaire, exprimant une méfiance à
son égard.
La Constitution va avoir pour objet de déterminer cette séparation des pouvoirs, de la mettre
en place et d’expliquer son fonctionnement.
Le pouvoir législatif se définit comme le pouvoir de faire les lois, de les modifier et aussi de
les abroger. Cela couvre les différentes étapes du processus d’élaboration de la loi, c’est-à-
dire l’initiative, la discussion, l’adoption et la promulgation.
Le pouvoir exécutif se définit comme le pouvoir chargé de mettre en œuvre les lois, assurer
la sureté intérieure du territoire, assurer la défense extérieure du territoire et la diplomatie.
Le pouvoir judiciaire consiste à trancher les litiges en appliquant les lois.
a. Le Congrès
Le congrès est composé de la chambre des représentants et du Sénat et sont toutes deux
élues au suffrage universel direct.
Sénat = chambre de 100 sénateurs et il y a 2 sénateurs par état fédéré. Mandat de 6 ans.
Renouvelé par tiers tous les 2 ans. 1/3 renouvelé à chaque élection présidentielle et 1/3
renouvelé lors des élections à mi-mandat présidentiel.
Chambre des représentants = 435 représentants et est renouvelée intégralement tous les
deux ans. La circonscription s’appelle district congressionnel. Chaque état fédéré compte un
certain nombre de districts et ce nombre est proportionnel au poids démographique de l’état
fédéré avec au moins un district par état. La moyenne de la population d’un district est
d’environ 650 000 habitants. Certains états ne compteront qu’un seul district et dans ce cas-
là qu’un représentant (Wyoming). D’autres états fédérés (Californie) renferment 53 districts
congressionnels.
b. Le président et le vice-président
Ils sont élus pour un mandat de 4 ans. Depuis 1951 et l’adoption du 22 ème amendement, ils
ne peuvent assumer plus de deux mandats à la Maison Blanche. (Roosevelt 3 mandats et
mort au cours du 4ème). Ils sont élus au suffrage universel indirect par des collèges de grands
électeurs qui sont répartis par états fédérés.
La structure fédérale des États-Unis avec la volonté de donner un poids important aux états
fédérés.
Grands électeurs élus par scrutin majoritaire à un seul tour.
Chaque état fédéré a droit à un certain nombre de grands électeurs et ce nombre dépend du
poids de chaque état fédéré au congrès, c’est-à-dire du nombre d’élus que chaque état
fédéré compte à la chambre des représentants. C’est ainsi que les plus petits états fédérés
ont un minimum de trois grands électeurs. A l’opposé, la Californie compte 55 grands
électeurs. Les grands électeurs de chaque état de chaque état sont attribués à tel candidat
selon « the winner takes it all). Quand la liste des grands électeurs du candidat A ….+
Pour être président des États-Unis il faut la majorité absolue des voix (870) des grands
électeurs.
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2.L’absence de moyen d’action politique réciproque
a. Sur l’exécutif
Dans un régime présidentiel, ni le président, ni le vice-président, ni les ministres ne sont
responsables politiquement devant les assemblées. Le Congrès ne peut pas pour des motifs
politiques mettre fin au mandat présidentiel.
Procédure d’impeachment qui s’apparente à une responsabilité pénale et est prévue à
l’article 2 section 4 de la Constitution : le président peut être destitué de ses fonctions sur
une mise en accusation puis une condamnation pour « trahison, corruption ou autres crimes
et délits ». La mise en accusation est de la compétence exclusive de la Chambre des
représentants qui statue à la majorité simple et c’est le Sénat qui a le pouvoir exclusif de
juger et éventuellement de condamner (votée à la majorité des 2/3 du Sénat).
Lorsque le Président est jugé par le Sénat dans cette procédure, c’est le président de la Cour
Suprême qui préside la séance. Exemple : Andrew Johnson 1868 (pas condamné). Exemple :
Richard Nickson 1974 dans le scandale du Watergate. Exemple : Bill Clinton
(parjure/obstruction à la justice = pas condamné).
L’exécutif n’est responsable politiquement que devant les assemblées.
b. Sur le législatif
L’indépendance de l’organe législatif est parfaitement assurée.
Le président ne peut pas clore les sessions du Congrès et ne peut pas empêcher le Congrès
de se réunir. Tout ce qu’il peut faire, c’est convoquer le Congrès pour une session
extraordinaire. Il ne peut pas dissoudre le Congrès ni même une seule de ses deux chambres.
Ces deux pouvoirs n’ont pas de moyen d’action réciproque l’un sur l’autre sur le plan
politique dans un régime présidentiel.
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2.La faculté d’empêcher du congrès
Le refus de voter le budget, le congrès a alors une influence notable sur l’action du président.
Par ailleurs, le Sénat (qui représente les états fédérés) donne son accord à différents actes du
président. Il s’agit par exemple de la nomination des ministres, de hauts-fonctionnaires, des
juges à la Cour Suprême. Le Sénat doit autoriser la ratification des traités internationaux
conclus par le président.
b. La pratique du veto
Cette pratique a fait apparaître une distinction dans l’exercice du veto : le veto explicite ou
exprès (prévu par la Constitution) et le veto implicite ou de poche.
Cela dépend à quel moment le président sera amené à utiliser son droit de veto.
Si on se trouve en fin de session du Congrès et si le texte de loi est transmis au président
dans les dix jours qui précèdent la clôture de la session du Congrès, le président n’est pas
tenu de renvoyer ce texte, il suffit qu’il s’abstienne de promulguer le texte c’est le veto
implicite (c’est en réalité un veto absolu puisqu’il ne peut pas être écarté). Il faudra alors
reprendre la procédure législative depuis le début lors de la prochaine session du Congrès.
Cette pratique du veto, c’est une arme dissuasive. Sa possible utilisation incite le Congrès à
renoncer de lui-même à certains amendements et conduit à accroître la collaboration
législative entre le président et le Congrès.
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order qui sera une norme initiale qui élargie ses compétences. La Constitution en a admis la
constitutionnalité sous conditions.
En raison de l’indiscipline partisane, le président peut avoir des difficultés. Il n’est jamais sûr
de disposer d’une majorité au Congrès même si son parti est majoritaire dans les deux
chambres. Il est toujours obligé de négocier pour faire passer une réforme.
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Avec le temps, le parlement a réussi à dissocier de la personne du roi celle des personnes qui
l’entouraient afin de pouvoir réussir à contrôler à travers les ministres l’activité du roi.
2.Cabinet ministériel
a. Composition
Une équipe ministérielle solidaire sous l’autorité d’un chef de gouvernement (Allemagne,
France sous la IIIème et IVème République Président du Conseil).
Le chef de gouvernement est nommé par le chef de l’état et il désignera à son tour les
membres de son gouvernement. Cet ensemble est responsable politiquement devant le
Parlement. Cette responsabilité politique a une double signification : il va répondre de la
politique menée devant la ou les chambre(s) et ce gouvernement ne pourra perdurer qu’avec
la confiance du Parlement. C’est pourquoi lorsque le chef d’état parlementaire va nommer le
chef de gouvernement, il va devoir tenir compte des assemblées et en particulier de la
majorité parlementaire.
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lois. Mais à ce stade-là, il faut souligner que cette collaboration est assez formelle parce que
le chef d’état en régime parlementaire n’a pas autant de pouvoir que le chef de l’état en
régime présidentiel, il n’a pas le droit d’opposer son veto.
A côté de cela, la collaboration est surtout le fait du cabinet ministériel. C’est lui qui exerce la
fonction gouvernementale : c’est conduire la politique nationale. Il va le faire sous l’autorité
du chef de gouvernement. Pour déterminer la politique nationale, le cabinet doit intervenir
dans la procédure législative devant le Parlement, à commencer par l’initiative des lois. Le
cabinet ministériel va partager avec les parlementaires l’initiative des loi. Il va ensuite
intervenir lors de la discussion de ses projets devant les assemblées. S’agissant de la loi de
finance, de budget, c’est le cabinet ministériel qui prépare le projet de budget, c’est lui qui
est à l’initiative.
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politique c’est une responsabilité collective, cad qui va frapper l’ensemble du cabinet
ministériel selon le principe de la solidarité ministérielle. La mise en œuvre de cette
responsabilité politique se fait selon des procédés variés
Dans le régime parlementaire traditionnel, de type anglais, la responsabilité politique n’est
pas soumise à une procédure précisément réglementée. Soit la chambre vote en effet une
motion de censure qui constate le désaccord entre le gouvernement et la majorité mais ce
désaccord peut se déduire implicitement d’une simple attitude prise par la chambre un
moment donné.
Dans d’autres régimes parlementaires, la procédure de mise de la responsabilité politique de
gouvernement est codifiée.
Quel que soit le procédé, la responsabilité politique des ministres ne conduit jamais à une
révocation formelle. Les ministres ne sont pas démis d’office de leurs fonctions par le
Parlement. La confiance n’existe plus. A partir de là, le cabinet ministériel va en tirer les
conséquences, il va démissionner parce qu’il n’a plus cette confiance.
a. La dissolution
On peut définir la dissolution comme le pouvoir de l’exécutif de mettre fin au mandat de la
chambre ou des chambres. Ce droit est l’exacte contrepartie de la responsabilité politique du
gouvernement. Lorsque le parlement est bicaméral, si une seule chambre peut renverser le
gouvernement, c’est alors cette chambre qui peut être dissoute par l’exécutif. Dans un
régime parlementaire, la dissolution est prononcée par le chef de l’état sur la demande du
chef de gouvernement, c’est donc un acte formel. La simple menace de dissolution constitue
déjà un moyen de pression important sur la chambre concernée. Les membres de la
chambre en question auront tendance à donner raison à l’exécutif. Si la dissolution a
vraiment lieu, des élections législatives sont organisées. La dissolution permet donc aux
électeurs d’arbitrer un conflit entre la chambre et la cabinet ministériel.
b. La question de confiance
C’est un moyen très puissant en régime parlementaire. La question de confiance consiste
pour le gouvernement a mettre lui-même en jeu sa responsabilité politique devant le
Parlement. Le gouvernement propose au Parlement ou à une chambre le vote d’une
question de confiance sur tel texte. Si le Parlement refuse de voter ce texte auquel tient
beaucoup le gouvernement, le gouvernement considérera qu’il est en désaccord avec la
chambre et démissionnera. Au moment où il pose cette question de confiance, il menace de
démissionner. C’est un chantage à la démission. Vis-à-vis des citoyens, les parlementaires
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auront la responsabilité d’une crise politique. Ce n’est pas du tout un acte de faiblesse de
poser une question de confiance, au contraire elle permet au gouvernement de poser ses
conditions.
La responsabilité politique du gouvernement devant le Parlement peut être déclenchée soit
par le Parlement avec la motion de censure soit par le gouvernement avec la question de
confiance. C’est un signe d’équilibre entre les pouvoirs, c’est une originalité du régime
parlementaire.
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parlementaire, c’est la forme embryonnaire d’un régime parlementaire naissant qui ne
correspond pas exactement à la définition que nous avons aujourd’hui.
On a au sein de l’exécutif une véritable dyarchie donc on n’a pas un exécutif bicéphale mais
dyarchique. Il y a au sein de l’exécutif une intervention active du chef de l’état dans les
affaires politiques et cela se manifeste de plusieurs manières :
- le droit de dissolution que le chef de l’état exerce discrétionnairement et peut
l’utiliser en-dehors de toute crise ministérielle
- il existe une double responsabilité des ministres : devant la ou les chambre(s) et
devant le chef de l’état, le cabinet ministériel doit son existence et ne peut se
maintenir en fonction que s’il a simultanément la double confiance du chef de l’état
et du Parlement, la responsabilité du gouvernement devant le chef de l’état résulte
de la totale liberté dont dispose le chef de l’état pour choisir son gouvernement, cette
responsabilité résulte aussi du pouvoir que le chef d’état a de révoquer les ministres.
Une large collaboration des pouvoirs mais qui implique largement le chef de l’état avec son
intervention active. En effet, dans un régime parlementaire dualiste, le chef de l’état ne se
contente de promulguer les lois, il va aussi partager l’initiative des lois avec le Parlement.
Des moyens d’action politique réciproques. C’est le chef de l’état qui a le droit de dissolution
mais inversement, le parlement peut renverser le gouvernement qui a la confiance du chef
de l’état.
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Dans certains régimes comme en Angleterre, qui sont restées des monarchies, on assiste
alors à un effacement du roi. En cas d’opposition forte entre le roi et la Chambre sur telle ou
telle question politique, le gouvernement est renversé par la Chambre. Il y a donc la
dissolution de la Chambre par le monarque. La dissolution ne va pas permettre forcément de
mettre fin au conflit. Il est possible que les électeurs renvoient la même majorité que la
précédente à la Chambre. Le roi n’aura que deux solutions : soit le recours à la force soit
céder à la volonté des citoyens c’est-à-dire nommer un gouvernement dont il désapprouve la
politique.
Pour les régimes qui se sont transformés en République, le régime parlementaire dualiste
appliqué à la forme républicaine soulève trois problèmes :
- celui de la désignation du chef de l’état : dans la logique républicaine, cette
désignation est confiée au Parlement.
- celui des attributions du chef de l’état : il va apparaître anormal de donner des
pouvoirs importants, effectifs et réels à quelqu’un qui est irresponsable
politiquement devant le Parlement.
- celui du droit de dissolution : on considère qu’il est une atteinte à la souveraineté
nationale à cette époque. C’est une erreur car en réalité c’est une atteinte à la
souveraineté parlementaire. Au contraire, c’est un appel au peuple.
Le régime parlementaire dualiste en république va évoluer vers un effacement du chef de
l’état et donc vers un régime parlementaire moniste.
Un exécutif bicéphale : il n’y a plus de diarchie. Il n’y a une seule volonté politique, celle du
gouvernement. Il devient l’élément moteur. Cela va produire deux conséquences : le droit de
dissolution n’est pas utilisé par le chef de l’état discrétionnairement, ce sera une compétence
liée en se conformant à la demande de dissolution du chef de gouvernement. La deuxième
conséquence : le gouvernement n’est plus responsable que devant la ou les chambre(s). c’est
pour cela que l’on parle de monisme. Si le chef de l’état nomme le chef de gouvernement, il
ne dispose plus de liberté de ce choix. En effet, il doit se conformer aux résultats des
élections législatives. Le chef de l’état ne peut plus révoquer le chef de gouvernement.
Le droit de dissolution est une compétence liée du chef de l’état. Il doit attendre la demande
du gouvernement et ne peut pas refuser de dissoudre. D’un autre côté le Parlement a le
pouvoir de renverser et de mettre en jeu la responsabilité du gouvernement comme il peut
soutenir un gouvernement qui n’est pas conforme aux vœux du chef de l’état.
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majorité parlementaire. Le gouvernement sera formée de l’équipe dirigeante du parti
politique qui est arrivé en tête aux élections législatives. En conséquence logique, le cabinet
ministériel sera prédominant, c’est lui qui va exercer le pouvoir sur sa majorité
parlementaire. Dans ce contexte, la responsabilité politique du gouvernement devant la
Chambre sera très rarement mise en œuvre en tout cas à l’initiative de la Chambre. Le
gouvernement a de plus grandes chances de rester en fonction et de faire adopter tous ses
projets de loi par la Chambre. Pour cela, le gouvernement et son chef disposent de tous les
moyens de pression sur sa majorité pour faire passer sa politique, ses textes, ses réformes y
compris la question de confiance. C’est la situation au Royaume-Uni depuis la fin du XIXème
siècle. Cette première variante aboutit à un déséquilibre des pouvoirs en faveur du
gouvernement.
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étaient courts et très peu explicites. La Constitution d’Allemagne de 1949, en France la
Constitution de la IVème République, la constitution de la Vème république en France.
Les règles qui vont être codifiées dans ces constituions rendent beaucoup plus difficiles la
mise en jeu du gouvernement : on va pouvoir engager la responsabilité politique du
gouvernement. Qu’il s’agisse de la motion de censure, de la question de confiance : il ne faut
pas que la défiance soit déduite d’un simple comportement. Ces constitutions vont prévoir
l’organisation d’un scrutin portant explicitement sur la confiance. Ensuite, un délai de
réflexion est prévu entre la demande du scrutin et le vote. Enfin, sont fixée des modalités
particulières pour le vote, c’est-à-dire qu’il faudra une majorité absolue ou même une
majorité renforcée contre le gouvernement pour que celui-ci soit considéré comme renversé.
La restauration du droit de dissolution fait partie de la rationalisation du parlementarisme.
On peut y inclure un certain nombre de moyens donnés au gouvernement pour faire passer
sa politique.
Les résultats de ce parlementarisme rationalisé n’ont pas toujours été efficaces et même
parfois cela a aggravé les défauts du régime parlementaire C’est le cas de la IVème
République en France pour plusieurs raisons : le dispositif de la Constitution du 26 octobre
1946 qui comportait beaucoup d’imperfections et en même temps des exigences bien trop
grandes + le système des partis politiques avec comme mode de scrutin la représentation
proportionnelle qui fragilisera considérablement le régime. Le droit des dissolution en sera
paralysé car les conditions ne seront jamais remplies qu’il soit utilisé.
A côté de la IVème République, il fonctionnera très bien Allemagne, en France sous la Vème
République et assurera une stabilité de l’exécutif incontestable parce qu’on aura dans les
textes constitutionnels des mécanismes quasiment parfaits et aussi parce qu’il y aura des
majorités stables, disciplinés pour soutenir les gouvernements en place.
2. Le parlementarisme majoritaire
La stabilité gouvernementale dépend avant de l’existence d’une majorité parlementaire
cohérente et c’est tout à fait le cas de nos jours au Royaume-Uni, en Allemagne et en France.
Le mode de scrutin y contribue largement mais avec d’autres facteurs qui s’y rajoutent. Le
parti politique vainqueur aux élections législatives devient le parti de la chambre basse soit
tout seul soit avec l’appui d’une force secondaire. Le gouvernement sera alors composé des
membres de ce parti avec quelques membres de la force d’appoint. Généralement, le
gouvernement est assuré d’une majorité disciplinée qui ne le renverser pas et qui adoptera
ses projets de loi. Donc en principe la durée du gouvernement correspond à al durée de
législature. Quant au droit de dissolution, s’il est utilisé, il est le plus souvent détournée de sa
fonction initiative. La dissolution sera principalement destinée à renforcer la majorité
parlementaire. Plus précisément, il s’agit de déclencher des élections législatives anticipées
avant le terme normal de la fin de la législature, cela pour avoir toutes les chances d’accroitre
le nombre de sièges de la majorité existante dès lors que les sondages sont favorables. C’est
comme ça qu’est utilisé le droit de dissolution ay Royaume-Uni depuis très longtemps. La
dissolution peut aussi servir à trouver une majorité, par exemple en France à la suite de
l’élection présidentielle en 1981 et 1988.
Il peut résulter de la combinaison du régime parlementaire avec le bipartisme et
singulièrement le bipartisme rigide : scrutin uninominal à un seul tour avec une majorité
stable, le corps électoral en votant pour l’un ou l’autre des deux grands partis qui dominent
construit des majorités stables et solides qui se succèdent. Pendant un certain temps, le
même parti politique va contrôler l’exécutif et le législatif. Avant l’alternance, pendant un
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temps, il y a comme une sorte de confusion des pouvoirs temporaire au profit d’un parti
jusqu’aux élections suivantes.
Il peut également résulter de la combinaison du régime parlementaire et de certains formes
de multipartisme qui présentent une certaine originalité : la France sous la Vème République
scrutin majoritaire à deux tours qui conduit à un multipartisme souple qui favorise des
coalitions électorales et qui sont plus ou moins stables normalement. Il y a une donnée
spécifique en France qui se greffe à cz dispositif qui est l’élection du président au suffrage
universel direct, qui va conditionner toute la vie politique sous la Vème république, tellement
que cela a un impact sur le système partisans. Cela opère une polarisation des forces
politiques en présence et pendant de nombreuses année son a parlé de bipolarisation. Les
partis s’organisent en fonction de l’élection présidentielle.
5min
Autre exemple : Allemagne avec un mode de scrutin mixte qui combine une représentation
proportionnelle personnalisée et qui pendant très longtemps a produit un système de
En conséquence, le parlementarisme majoritaire offre une certaine stabilité, un soutien à
l’exécutif et traduit un renforcement des pvrs exécutifs et qui favorise soit un cabinet soit un
chef de l’exécutif. Ce phénomène ne se produira pas si on a à la base une représentation
proportionnelle normale et que le nbre des partis politiques de force à peu près équivalent
est égal à 5 ou 6, à l’inverse il y aurait une prépondérance du Parlement voire une confusion
des pouvoirs au profit du Parlement.
On ne peut pas considérer la séparation des pouvoirs telle qu’elle est aménagée dans le texte
de la Constitution, il vaut voir comment cela fonctionne dans la réalité politique et on voit
l’incidence du système des partis politiques et donc en amont le mode de scrutin.
En réalité, plusieurs modalités se combinent : le Royaume-Uni est un régime parlementaire
moniste et majoritaire (rationnalisé par le système partisan) ; France Vème République :
régime parlementaire dualiste majoritaire et hyper-rationnalisé.
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b. Ses attributions
l’assemblée prend toutes les décisions importantes pour la vie du pays, elle est omnipotente.
C’est l’assemblée qui assume la fonction gouvernementale c’est-à-dire elle détermine et
conduit la politique nationale. Par exemple, dans la Constitution suisse, il est dit que
« l’autorité suprême de la confédération est exercée par l’Assemblée fédérale ». Cette
Assemblée fédérale bicamérale assume le pouvoir législatif et contrôle le pouvoir exécutif et
même le pouvoir judicaire par l’intermédiaire de juges qu’elle désigne. 20min Donc, en
l’absence de division des pouvoirs il n’y a pas de réelle. La toute-puissance de l’assemblée est
justifiée en théorie du moins par sa totale soumission au peuple souverain. Le peuple est
censé la contrôler en permanence par les techniques de la démocratie semi-directe (mandat
impératif ; référendum d’initiative populaire ; référendum de ratification)
a. Sa structure
L’exécutif n’est pas remis à un seul individu mais les membres de cet organe collégial sont
égaux entre eux, il n’y a pas de chef, ce qui l’affaibli. Cette collégialité entraine en même
temps une diffusion/dilution des quelques attribution qui sont remises à cet organe. En
outre, les membres de cet exécutif sont désignés et révocables librement par l’assemblée.
Cela marque la prépondérance de l’assemblée sur l’exécutif.
En régime parlementaire le pouvoir de l’assemblée de renverser le gouvernement comporte
une double contrepartie. D’une part, le gouvernement peut poser la question de confiance
c’est-à-dire engager lui-même sa responsabilité politique et d’autre part, le chef de l’état peut
prononcer la dissolution de la Chambre basse.
Dans un régime d’assemblée, la dépendance ne joue que dans un seul sens, l’exécutif est
complètement dépendant de l’assemblée, il n’y a pas de question de confiance et il n’y a pas
de droit de dissolution. Donc l’assemblée n’a jamais rien à craindre de l’exécutif. La
dépendance est unilatérale.
b. Ses attributions
L’exécutif n’est chargé que de l’exécution des lois en devant respecter les orientations de
l’assemblée et sous le total contrôle de celle-ci. Il peut arriver que la domination de
l’assemblée soit telle qu’elle puisse avoir en plus le pouvoir de réformation c’est-à-dire de
réformer les décisions prises par l’exécutif, c’est-à-dire s’immiscer dans la fonction exécutive.
En revanche, jamais l’exécutif ne peut s’immiscer dans la fonction législative.
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à initier des décisions. Ce régime que l’on a décrit au départ comme étant le plus proche de
la démocratie intégrale peut finir par dégénérer en une dictature de l’exécutif comme en
Angleterre au XVIIème siècle lorsque la Chambre des communes s’opposa au roi et cela finit
par l’exécution du monarque. Ce régime va préfigurer en France la dictature de Robespierre
entre 1792 et 1795.
A côté de ces deux expériences, il faut souligner que le régime d’assemblée sera également
le régime provisoire de différentes assemblées constituantes en France. Cette fois, les dérives
tourneront courts mais il y aura quand même une tentative de l’exécutif de dominer
l’institution : en 1848 au cours de la rédaction de la Constitution de la IIème République.
Au moment de la rédaction de la IIIème République (1871-1875) avec dictature d’Adolphe
Thiers.
Le premier projet de Constitution de la IVème République : projet du 19 avril 1946.
L’assemblée constituante après la guerre élabore un projet de Constitution qui tend à établir
un régime d’assemblée sauf que les français n’en voulaient pas. Le projet est rejeté par
référendum par les français.
Certains auteurs citent la Constitution suisse comme un régime d’assemblée : exécutif
collégial élu par l’assemblée fédérale, cet exécutif exécute les décisions des chambres et ces
deux chambres peuvent réformer ses décisions. Dans le texte de la Constitution il y a d’autres
éléments qui font douter de l’exactitude du nom de régime d’assemblée. Ainsi, cet exécutif
participe à la procédure législative puisqu’il a un droit d’initiative et les membres de l’exécutif
ont aussi un droit d’entrée et de parole pour défendre leur point de vue. Il y a une
collaboration étrangère au régime d’assemblée. L’exécutif participe à la fonction
gouvernementale. Les deux assemblées ont des session plus courtes. C’est pourquoi la Suisse
est plutôt qualifiée de gouvernement directorial.
Dans la réalité, il existe des régimes intermédiaires, mixtes qui mêlent des traits de régimes
parlementaires, présidentiels, qui respectent la séparation des pouvoirs mais s’inspirent des
deux modèles (IIème R 1848 ; Vème République).
La considération du texte constitutionnel est insuffisante, il y a des facteurs qui peuvent
modifier considérablement les rapport entre les pouvoirs tels qu’ils ont été définis dans la
Constitution. Il en est ainsi principalement du système des partis politiques et donc des
modes de scrutin.
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Deuxième partie : Les régimes politiques français
On peut prendre comme exemple, les États-Unis et qui depuis l’origine est régi par la même
Constitution de 1787. La France depuis 1789 a une histoire constitutionnelle mouvementée
et diversifiée. On a pratiquement essayé tous les régimes. La Vème République c’est le
produit de cette histoire et a en tout cas tiré les leçons du passé.
Titre premier : éléments d’histoire constitutionnelle
Dans cette grand diversité, il y a quand même une assez grand régularité cad qu’on arrive à
distinguer trois grandes phases dans l’histoire constitutionnelle française.
Une première période de 1789 à 1814 : Révolution française + Premier empire. Dans cette
courte période il y a une très grande variété de régimes mis en place sauf le régime
parlementaire.
Une deuxième période : 1814-1870 : Restauration – fin du Second empire. On y retrouve
plusieurs types de régimes mais le trait marquant de cette période c’est la formation du
régime parlementaire en France. Ces deux premières périodes forment chacune une sorte de
cycle constitutionnel parce que les régimes divers vont se succéder exactement dans le
même ordre : monarchie constitutionnelle ; république ; empire.
Une troisième période : 1870-1958 : IIIème et IVème République séparées par le régime de
Vichy.
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Cette assemblée constituante comporte 645 députés. La droite monarchiste a une majorité
très nette avec 396 députés (182 légitimistes ; 214 orléanistes). La gauche ce sont les
républicains à l’époque qui remportent 230 sièges.
Cette assemblée va avoir deux fonctions : élaborer une nouvelle Constitution et doit aussi
assurer le gouvernement du pays jusqu’à l’entrée en vigueur de la nouvelle Constitution.
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En conséquence, l’adoption de la loi du 31 août 1871, qu’on surnomme « Constitution rivet »
(nom du député qui en a eu l’initiative) et par cette loi l’assemblée accorde à Thiers le titre
de Président de la République à titre provisoire. Mais cette loi institue des ministres
responsables politiquement devant l’assemblée pour diviser l’exécutif. Les députés
limiteraient Thiers par le fait qu’ils sont responsables, afin de réduire l’autorité de Thiers. Qui
en réalité n’est pas vraiment réduite, puisqu’il est resté député, il a donc accès à la chambre,
il peut donc prendre la parole et continue à avoir une grande autorité puisque c’est un
orateur très talentueux.
Le 19 mai 1873, une demande d’interpellation est initiée par les monarchistes et
précisément le Duc de Breuil contre Adolphe Thiers qui soutient un projet de constitution
républicaine.
Ce délai de 7 années représentait un délai suffisant pour consolider le futur régime. Cela
convenait aux monarchiques qui avaient besoin de temps pour résoudre une querelle
dynastique entre les Bourdons et les Orléanistes, entre les deux il y a une conception
différentes de la monarchie à rétablir (orléanistes : souveraineté nationale et drapeau
tricolore et Bourdon : drapeau blanc…). Le comte de Chambord (Bourdons) était d’un âge
très avancé, on attendait donc son décès en espérant que son décès permette de résoudre le
conflits.
Un coup de théâtre va avoir lieu qui a l’air anodin mais qui l’est pas du tout. C’est l’adoption
par l’assemblée constituante d’un amendement déposé au cours des débats sur la nouvelle
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constitution, déposé par un député du centre droit - républicains modérés, Henri Wallon -
adopté le 30 janvier 1875 qui prévoit que « le président de la république à la majorité
absolue des suffrages par le Sénat et la Chambre des députés réunis en assemblée
nationale », cet amendement est adopté par 353 voix contre 362 c’est-à-dire a une seule de
majorité. Cet amendement rend le septennat impersonnel (on ne parle pas du Général de
Mac Mahon mais du président de la République) et donc il établit la république dans la
future constitution. Pour le reste, les députés étaient d’accord c’est-à-dire favorables à un
régime libéral et de forme parlementaire.
A. Un texte décousu
Les textes de 1875, présentent cette originalité de ne pas être réunis en un seul document
mais de former trois lois constitutionnelles.
La première, la loi du 24 février 1875 est dédié au Sénat, la Seconde chambre du parlement.
La loi du 25 février s’intitule loi sur l’organisation des pouvoirs publics.
La troisième loi (constitutionnelle) du 16 juillet sur les rapports entres les pouvoirs publics.
Ces lois sont assez courtes et succinctes, elles se contentent d’organiser les compétences et
les procédures de manière très peu détaillée. Il n’y a pas de déclaration des droits, cela dit
cela n’empêchera pas que cette IIIème République sera souvent appelé la République des
libertés parce que de grands textes législatifs seront adoptés par le Parlement de la IIIème
République, texte législatif garantissant des libertés fondamentales comme la liberté de
réunion, d’association etc.
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l’objet d’une révision et que les membres des familles ayant régner sur la France sont
inéligibles à présidence de la république (touche les Bonaparte et les membres de famille
royale).
C’est ainsi qu’apparaît en France la première variante républicaine du régime parlementaire.
Cette loi constitutionnelle du 14 août 1884, on en retrouve les termes dans la Constitution
du 27 octobre 1946 de la IVème république, article 95 et en retrouve les termes à l’article 89
alinéa 5 de la Constitution de la Vème république : limites formelles du pouvoir de révision.
A. Un exécutif bicéphale
Dans la perspective de restaurer une monarchie, la nouvelle constitution s’inspire du régime
parlementaire de la charte de 1830, régime parlementaire orléaniste.
Voyons les éléments de cet exécutif (1 + 2).
b) Ses attributions
Au terme de la même loi du 25 février 1875 dans son article 3, il est dit que le pouvoir
exécutif appartient au président de la République, il est chef du pouvoir exécutif mais aussi
chef d’état.
Ses attributions exécutives :
- Il est titulaire du pouvoir réglementaire général qui à l’époque consiste à prendre
des mesures de portée générale à l’application d’une loi et ses actes se nomment des décrets
réglementaires mais ses attributions exécutives ne se limitent pas au pouvoir réglementaire
générale
- Il assure aussi la direction de l’administration, il nomme aux emplois publics, assure
le commandement de la force armée et il négocie et ratifie les traités internationaux. Tous
21
ses actes doivent être contresignés par le ou les ministre(s) chargé(s) de leur application. Ce
contreseing c’est la manifestation de l’irresponsabilité politique du chef d’état parlementaire.
- Enfin, le président de la République préside le conseil des ministres qui est la
réunion la plus solennelle de l’exécutif où sont prises les décisions les plus importantes.
Par ailleurs c’est le président de la République qui collabore avec les chambres de multiples
manières : il a le droit de convoquer et d’ajourner les chambres, il a le droit communiquer
avec elles par voie de message et il participe à la fonction législative de manière significative
avec : le partage de l’initiative des lois avec les chambres, il a la faculté de demander aux
chambres une seconde délibération aux chambres et par la promulgation des lois.
Notamment, il partage avec les chambres l’initiative de la révision constitutionnelle.
Tous ses actes quels qu’ils soient sont contresignés.
2. Le cabinet ministériel
Conformément au régime parlementaire dualiste, les lois constitutionnelles prévoient que les
ministres sont nommés et révocables par le président de la République. Donc il y a une
responsabilité politique des ministres devant le chef de l’état.
Ces ministres sont en outre responsables politiquement devant le Parlement, donc
double responsabilité, devant le président et le Parlement.
B. Le Parlement
Au terme de la loi constitutionnelle du 25 février, dans son article 1er, il est dit que le pouvoir
législatif s’exerce par deux assemblées : la chambre des députés et le Sénat, c’est un
bicamérisme égalitaire, singulièrement dans la fonction législative.
22
L’existence d’une seconde chambre, le Sénat, doté d’importantes attributions, une condition
posée par les monarchistes au vote de la nouvelle Constitution.
a) La fonction législative
Les deux chambres ont une compétence législative pleine et entière. S’abord l’initiative
des lois appartient aux députés et aux sénateurs mais en outre l’adoption de la loi exige
l’accord des deux chambres et pour parvenir à cet accord le texte va d’une chambre à l’autre
par le système de la navette. Il y aura navette jusqu’a accord, la loi doit être adoptée en
termes identiques par les deux chambres.
Le Sénat peut s’opposer à la formation de la loi.
23
En ce qui concerne la fonction exécutive, le président négocie et ratifie les traités mais la
ratification des traités les plus importants est subordonnée à l’autorisation du Parlement.
24
En effet sur le plan juridique il y a différentes catégories d’avis, il y a l’avis simple qu’on
qualifie aussi d’avis consultatif qui ne lie pas l’autorité qui le recueille. Et il y a l’avis conforme,
là au contraire cela veut dire deux choses : non seulement il faut consulter mais en plus il
faut suivre l’avis, c’est-à-dire la substance de l’avis lie l’autorité qui consulte, et donc ça se
rapproche de la codécision. Là, le Sénat a un pouvoir extrêmement important par cet avis
conforme qui d’ailleurs refusera à plusieurs reprises cet accord au Président de la République
et donc le Sénat se trouve en position d’abriter les conflits entre l’exécutif et la chambre des
députés.
La IIIème République est remarquable par sa longévité, elle a fonctionné de 1875 à 1940.
De dualiste on est rapidement passé à un régime parlementaire moniste, première phase
d’évolution, puis deuxième phase d’évolution de régime parlementaire moniste (régime
d’équilibre des pouvoir) ça a évolué vers un régime d’assemblée de fait (plus aucun équilibre
des pouvoirs). En dépit d’une tentative de renforcement de l’exécutif (car pas prescrit par la
Constitution), un régime où il n’y a plus d’équilibre du tout, un régime de quasi-confusion des
pouvoirs.
Face à cette situation, la classe politique va essayer de rétablir un certain équilibre, de
redonner au régime son caractère parlementaire.
25
Jules Simon, en tire les conséquence et démissionne de lui-même.
Le 18 mai Mac Mahon adresse un message aux chambres dans lequel il annonce la formation
d’un nouveau cabinet ministériel avec comme président du Conseil Albert de Breuil, un
monarchiste. Le nouveau président du conseil va affronter un ordre du jour de défiance à la
chambre des députés et avec un vote massif contre le lui (363 voix hostiles).
La réponse du président de la République, ne se fait pas attendre, il demande au Sénat son
avis conforme pour dissoudre la chambre des députés, dissolution le 25 juin. Peu de temps
après des élections législatives sont organisées, elle élit en majorité les républicains.
Alors le Président de la république se trouve devant le choix, que résumera un grand homme
politique de la 3ème république le député Leon Gambetta « se soumettre ou se démettre ».
26
B. Les défauts du texte constitutionnel
En conséquence, le gouvernement peut être interpellé à tout moment, peut voir sa
responsabilité politique engagée à tout moment.
Cette responsabilité politique du gouvernement peut être engagée par un seul ministre,
n’importe lequel ce qui sera le cas, sans délibération gouvernementale préalable et c’est
comme ça que parfois les ministres apprendront que le gouvernement a renversé dans la
nuit et qu’ils ne sont plus ministres.
Enfin, le texte ne prévoit aucune majorité, c’est-à-dire que le gouvernement pourra être
renversé à la majorité simple, c’est-à-dire à la majorité absolue des suffrages exprimés, la
majorité la plus courte (par exemple : 6 sur 10).
Toutefois la personnalité de celui qui est Président de la république et aussi son expérience
politique devront être prises en compte (comme Raymond Poincaré) afin permettre
au Président de la république d’exercer une certaine influence même si il est affaibli et cette
magistrature d’influence va se manifester au sein du conseil des ministres avant tout dans le
choix du président du conseil et là le Président de la République a une marge de manœuvre
limitée parce il faut qu’il choisisse dans la majorité parlementaire mais il s’agit de majorité de
coalition, donc il a quand même une petite marge de manœuvre. Il doit faire des choix
27
judicieux. Il faudra choisir des personnalités politiques capables de maintenir une stabilité
gouvernementale, la cohésion de cette coalition, faire preuve de sens-politique.
Quant au président du Conseil, la solidité de la coalition qui le soutient dans les chambres
dépendra de son autorité et de sa personnalité donc on aura aussi en président du Conseil
des hommes politiques de 1er plan (comme Raymond Poincaré, Georges Clemenceau,
Aristide Briand…).
Par ailleurs, la situation aussi bien nationale qu’internationale fera prendre conscience le rôle
que doit jouer le président du conseil qui va se voir doter d’un service extrêmement étoffé à
l’hôtel Matignon à partir de 1934.
06/02/2024
28
Comme ces décrets pris par le gouvernement modifient les lois on va les appeler des
décrets-lois. Ils entrent en vigueur dès leur publication, quand on parle de décret on parle de
publication pour leur entrée en vigueur et quand il s’agit de loi c’est promulgation.
Et ces décrets-lois restent des actes réglementaires jusqu’à ce que le Parlement les ratifient,
les reprennent à son compte.
Et si le Parlement ratifie les décrets-lois, ces textes deviennent des lois mais si le dépôt du
projet de loi de ratification n’est pas fait dans les temps les décrets-lois deviennent caducs,
c’est-à dire qu’ils cessent de produire des effets juridiques pour l’avenir. Cette caducité
signifie que pour l’avenir ces mesures ne produiront plus d’effets et en l’occurrence ici ces
décrets-lois cessent de produite des effets juridiques à partir du jour où ils auraient dû être
soumis au Parlement, c’est-à-dire à partir de la fin du délai fixé au gouvernement pour
déposer un projet de ratification.
Ce dispositif c’est une incursion de l’exécutif dans la fonction législative, incursion qui est
encadrée, qui est doublement limitée par la loi de plein pouvoir qui délimite les domaines
dans lesquels le gouvernement est autorisé à intervenir. Donc, une délimitation matérielle
de cette incursion et aussi une limite temporelle en générale c’était de l’ordre de 2 à 3 mois,
ça a été jusqu’à 6 mois. En tout cas, il y a quelques limites qui sont fixées par la loi de plein
pouvoir.
Seulement, ces limites proviennent d’un texte législatif et par conséquent ces limites
peuvent être modifiées, extensibles au gré du législateur parlementaire lui-même, donc le
législateur parlementaire peut très bien adopter un nouveau texte législatif qui modifiera ou
qui élargira ses limites.
Dans la pratique, les décrets-lois étaient bien utiles, ils permettaient au gouvernement de
prendre immédiatement les mesures nécessaires, mesures qu’imposaient les circonstances,
généralement c’étaient des mesures d’austérité destinées à redresser l’économie du pays
suite à la guerre ou des crises économiques. Et comme c’étaient des mesures impopulaires,
les parlementaires y trouvaient leur compte, pour des raisons électorales les parlementaires
étaient contents de ne pas endosser la responsabilité de ces mesures-là, des mesures
impopulaires, donc cela arrangeait bien les parlementaires de se décharger sur le pouvoir
exécutif pour prendre de telles mesures.
29
D’un point de vue institutionnel, cette pratique de la législation déléguée
contribuait à renforcer l’exécutif parce que ses compétences étaient élargies, ça lui
permettait de mettre en œuvre sa politique. Mais ce n’était pas sans contrepartie, parce que
pendant ce temps, le Parlement désaisit de sa fonction législative pouvait alors consacrer
l’essentiel de son temps à son autre fonction : la fonction de contrôle politique du
gouvernement, ne serait-ce que pour justifier sa présence. Et donc, il en est résulté un
accroissement de l’instabilité gouvernementale. On arrivait à une situation un peu
paradoxale, le gouvernement ayant des pouvoirs fort, des pouvoirs d’actions incontestable
mais qu’il exerçait pendant des durées très brèves puisque des gouvernements seront
renversées aussitôt après.
- Cette pratique est une remise en cause de la séparation des pouvoirs telle qu’elle a
été établie par les lois constitutionnelles. Comment cette séparation des pouvoirs est
remise en cause ? Quelle est l’origine de ces décrets-lois ? Aucun texte ne prévoyait
la possibilité des décrets-lois, aucun texte ne prévoit que le Parlement puisse adopter
des lois de plein pouvoir pour se dessaisir, ça arrangeait les parlementaires qui
n’avaient pas à prendre des mesures impopulaires et le gouvernement qui pouvait
prendre les mesures qui s’imposaient c’est-à-dire on a affaire à un accord inter-
institutionnel (convention de la Constitution). La séparation des pouvoirs telle
qu’aménagée par la Constitution qui est remise en cause par un accord inter-
institutionnel.
- Cette pratique des décrets-lois est contraire à un principe juridique du droit public
qui est le suivant : en droit public français les compétences s’exercent et ne se
délèguent pas. Une compétence c’est un pouvoir qui est reconnu par le droit, en
l’occurrence un pouvoir qui est prévu et reconnu par la Constitution à tel ou tel
organe, c’est une charge, une mission qui comporte des obligations. À ce titre, la
compétence doit être assumée par l’organe désigné par la constitution et qui doit
l’exercer dans les conditions fixées par la Constitution. Les lois fixées par la
constitution de 1875 ont conféré le pouvoir législatif au Parlement parce qu’il était
l’élu du peuple. C’est une compétence que le Parlement ne peut pas librement
aliéner, il doit l’exercer lui-même, une compétence est une charge qu’on doit
assumer.
Ces arguments très forts n’auront aucune portée parce que les lois de plein pouvoir
étaient insusceptibles de contestations, parce qu’à l’époque il n’y avait pas de
contrôle de la constitutionnalité des lois qui aurait permis de censurer les lois de
plein pouvoir. Néanmoins, ces critiques porteront leurs fruits puisque le 27 octobre
1946 lorsque sera rédigée la Constitution de la IVème république, on interdira dans le
texte formel les décrets-lois.
§4 : La fin du régime
On pourrait dire que la fin de la IIIème République juridiquement peut résulter d’une sorte de
transposition au plan constitutionnel de la pratique des décrets-lois. Cela parce que, une loi
30
de révision constitutionnelle adoptée par le Parlement le 10 juillet 1940, délègue son
pouvoir constituant dérivé (pouvoir de révision) à un homme Philippe Pétain alors chef du
gouvernement. Dès lors, ce chef de gouvernement a tous les pouvoirs pour promulguer une
Constitution sous réserve de sa ratification par la nation de cette nouvelle Constitution.
Un tel changement est opéré alors que le territoire national est occupé par une puissance
étrangère, son invalidité est manifeste. En vertu de la loi de révision constitutionnelle du 10
juillet 1940, Pétain va adopter des actes constitutionnels qui établissent un régime de
dictature totalitaire et là le pouvoir va s’exercer dans la collaboration avec l’occupant. Ce
régime s’est distingué par une application particulièrement zélée de la politique raciale
allemande et de la mise en œuvre de la déportation et allant même au-devant des désirs de
l’occupant. La Constitution nouvelle de l’État français ne fera pas l’objet d’une ratification
populaire comme prévue initialement et plus tard ce régime de l’État français a été une
parenthèse dans l’histoire et à la fin de la seconde guerre mondiale alors officiellement la
IIIème République prendra fin le 21 octobre 1945.
31
Chapitre 2 : La IVème République
Le 18 juin 1940 : le Général de Gaulle a lancé depuis Londres un appel à la poursuite des
hostilités, un appel à la résistance, il prend la tête des FFL (forces françaises libres). Un
embryon du gouvernement est alors créé à Londres qui est formé en 1941 et prend le nom
de comité français de libération nationale (CFLN) en 1943 établi alors à Alger qui est le
premier territoire français à être libéré, à sa tête le Général de Gaulle.
Une fois installé à Paris, un autre acte très important c’est l’ordonnance du 9 août 1944
qui rétablit la légalité républicaine, c’est-à-dire rétablir la IIIème République, elle ferme la
parenthèse de l’État français. Cela étant, le gouvernement provisoire du général de Gaulle va
demander au corps électoral d’élire une assemblée mais aussi parallèlement à cette élection,
une votation est organisée on demande au corps électoral de se prononcer sur l’avenir des
institutions, et le choix est le suivant : soit se prononcer en faveur du maintien de la III ème
République, soit se prononcer en faveur de la rédaction d’une nouvelle Constitution. La
consultation référendaire a lieu le 21 octobre 1945 et ce jour-là plus de 96 % électeurs
rejetteront la IIIème République qui est rendue responsable de la défaite de 1940.
En conséquence, l’assemblée nouvellement élue ne sera pas une nouvelle chambre des
députés, elle sera constituante, et elle engage alors la procédure d’élaboration d’une
nouvelle constitution. La futur Constitution aura de grandes ambitions, celle de réformer les
institutions républicaines mais la pratique du régime marquera l’échec du parlementarisme.
Ce projet instaure un régime marqué par la suprématie de l’assemblée, donc il s’agit d’un
système monocaméral qui est censé désigner un président du conseil et un président de la
République dépourvu de tout pouvoir. Possède le pouvoir législatif et l’exécutif se retrouve
placé dans l’entière dépendance de l’Assemblée (régime d’assemblée qui est proposé dans
ce projet).
Ce projet de constitution est vivement combattu par le général De Gaule et aussi par un parti
politique appelé MRP (mouvement des républicain populaire) démocratie chrétienne. Ce
projet est soumis à référendum et il est rejeté par 53% des suffrages exprimés.
En conséquence, une nouvelle assemblée constituante est élue et cette fois la gauche perd la
32
majorité absolue mais fait quand même un bon score. Le MRP devient le premier parti de
l’assemblée en termes de représentation. On se retrouve avec 3 forces équivalentes donc le
nouveau projet sera un texte de compromis entre ces trois formations. Finalement ce
nouveau projet est adopté par référendum mais avec une petite majorité, 53% de Oui.
D’abord, c’est l’esprit républicain de la révolution qui est honoré de 1789 mais pas
seulement, c’est l’esprit républicain de 1848 et de 1875 de la constitution de la III ème
République. Donc c’est la défense des libertés et droit fondamentaux. Dans son article 2 elle
rétabli les valeurs républicaines, celles issues de la révolution de 1789, c’est la liberté et
l’égalité, ces deux valeurs-là qui sont un héritage de la révolution de 1789 auxquelles
s’ajoute la fraternité qui est l’héritage de 1848, préambule de la Constitution de 1848.
Ces trois valeurs sont reprises et sont renforcées dans le préambule de la nouvelle
Constitution de 1946. En effet, le préambule de 1946 fait référence à l’héritage de la DDHC
de 1789, il rend aussi hommage au législateur de la IIIème République à travers une notion qui
sera la suivante : les principes fondamentaux reconnus par les lois de la république.
Quant à l’héritage de 1848, la fameuse fraternité. La fraternité ce sont des droits de créance
que les individus ont sur l’État, c’est-à-dire l’État va être amené à consacrer des droits et les
garantir pour corriger les inégalités pour accéder à l’égalité réelle. Ce qui était très
ponctuellement consacré en 1848 là est vraiment largement étayé puisque le préambule de
1946 va dérouler une liste de droits créances qui complètent les libertés classiques, les
principes économiques et sociaux particulièrement nécessaires à notre temps et qui est
l’expression de la fraternité. L’idée est de garantir à tous une égalité réelle sociale et
économique.
La République ce n’est pas que la défense des droits et libertés mais la république c’est aussi
l’idéal démocratique et cet idéal va être dans cette nouvelle Constitution affirmée dans une
formule assez remarquable qui fait la synthèse des deux conceptions de la souveraineté
nationalité et la souveraineté populaire. A son article 3, on en trouve l’expression « la
souveraineté nationale appartient au peuple français ». Pourtant, la nouvelle constitution ne
réalise pas pleinement cette synthèse. En effet, le référendum n’est prévu qu’en matière
constitutionnelle et en plus le Parlement peut éviter ce référendum en matière
constitutionnelle en réunissant une majorité qualifiée qui dispense de recourir au
référendum c’est ce qu’est dit dans l’article 90 de la Constitution.
Enfin l’article 3 précise qu’en tout autre matière, c’est-à-dire en-dehors de toute révision
constitutionnelle : le peuple n’exerce sa souveraineté que par l’Assemblée nationale élue au
suffrage universel direct.
33
En réalité, la Constitution de 1946 renoue ici avec la pratique de la III ème République, en
mettant toute les conditions en place pour restaurer la souveraineté parlementaire, ce qui
n’a pas manqué d’arriver.
La République c’est la défense des droits et des libertés fondamentales, c’est la défense de
l’idéal démocratique. La République c’est aussi le gouvernement pour des lois fixes et
établies, c’est-à-dire la République c’est la garantie de la séparation des pouvoirs. La
Constitution de 1946 organise le pouvoir d’état conformément au principe de la séparation
des pouvoirs, pas de régime d’assemblée donc un régime parlementaire dont les règles sont
pour la première fois très précisément codifiées.
La IVème République c’est le premier régime parlementaire rationalisé que connait la France.
On peut tirer toute les leçons des dérives de la IIIème République en reformant de la sorte les
institutions républicaines, mais là encore le régime ne sera pas du tout à la hauteur des
ambitions du texte.
Enfin, la République c’est non seulement la garantie des droits et libertés, c’est aussi l’État
de droit et là, la nouvelle constitution tente d’instaurer un État de droit par la création, au vu
de l’article 91, d’un comité constitutionnel. Mais en réalité, ce comité n’exerce pas de
véritable contrôle de constitutionnalité des lois donc c’est un faux semblant, l’état légal se
trouve alors maintenu.
34
cohabitations instables. Pourtant, à l’aube de la IVème République on constate une stabilité
avec l’existence d’un tripartisme qui au début de la IVème République est né de l’accord entre
les trois grands partis du moment : parti communiste, la SFIO, et le MRP, un accord entre ces
trois partis pour gouverner. On sort de la seconde guerre mondiale plein de bonnes
intentions mais les choses ne vont pas tarder à se corser.
Dans le cadre d’un contexte international très chaud, en 1947 éclatera la guerre froide entre
le bloc de l’est et de l’ouest mené par les Etats-Unis, l’union soviétique, et à partir de la
guerre froide en 1947, les communistes vont entrer dans une franche opposition au régime.
Un parti s’est créé appelé les gaullistes (général de Gaulle a constitué une formation
politique) avec le RPF (rassemblement du peuple français) avec les communistes français
représentent les deux partis les plus contestataires. En raison de leur poids électoral
respectif, ils sont tous deux capable de renversé le gouvernement mais ils ne peuvent
toutefois pas gouverner ensemble.
C’est dans ce contexte politique qu’est votée une loi électorale le 9 mai 1951, dite loi sur les
apparentements. Cette loi a pour objet de limiter la représentation des gaullistes et des
communistes en donnant une prime aux alliances électorales. Effectivement, aux élections
de 1951, cette loi va assurer la victoire d’une alliance entre les trois formations politiques :
les socialistes, le MRP, et les radicaux.
2nd chambre : le Conseil de la république : composé de 320 membres (conseillers) qui sont
élus pour 6 ans renouvelables par moitié tous les 3 ans. Ils sont élus au suffrage universel
indirect par les collectivités territoriales locales. Quant au mode du scrutin, une loi du 23
septembre 1948 met au point un dispositif un peu compliqué selon lequel certains
conseillers sont élus sur des listes à la représentation proportionnelle tandis que d’autres
sont élus au scrutin uninominal majoritaire à deux tours.
a) La fonction législative
Pour apprécier la part de chaque chambre dans la fonction législative, il faut distinguer deux
périodes avant et après la loi constitutionnelle du 7 décembre 1954 qui va réviser la
Constitution appelé la réformette.
Durant la première période de 46 à 54, l’Assemblée nationale est la seule chambre à
posséder une compétence législative pleine et entière.
En effet en ce qui concerne l’initiative des lois, le Conseil de la république n’a pas
véritablement l’initiative des lois. En effet, il ne peut pas débattre immédiatement les
35
propositions de ses membres et ses propositions sont transmises immédiatement à
l’Assemblée nationale. Pas de débat possible au Conseil de la république. Concernant le vote
de la loi au terme de l’article 13 de la Constitution c’est l’Assemblée nationale qui vote seule
la loi.
Cependant, en cas d’opposition sur le texte entre les deux chambres, la navette n’est pas
indéfinie comme c’était le cas sous la IIIème République, l’Assemblée nationale va pouvoir à
un moment donné passer outre l’opposition du Conseil de la république au bout d’un certain
délai, aura le dernier mot au bout d’un certain délai. Ce délai est de 100 jours, mais il est
réduit à 1 mois pour les textes budgétaires et même à 15 jours pour les affaires urgentes.
L’Assemblée nationale aura donc le dernier mot et pourra adopter son texte à la majorité
habituelle, c’est-à-dire à la majorité des suffrages exprimés (majorité simple).
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n’est pas en mesure de tempérer cette assemblée nationale et par voie de conséquence, il
ne peut pas contribuer à rétablir un certain équilibre entre le Parlement et l’exécutif.
1. Chef de l’état
a) Son statut
Comme sous la IIIème République, le Président est élu pour 7 ans par les deux chambres du
Parlement réunies en Congrès pour la circonstance. Cette élection se fait à la majorité des
suffrages exprimés. En principe, il fallait plusieurs tours de scrutin, généralement deux, sous
la IIIème République.
Ce sera pareil pour le premier président de la IVème République il s’agit de Vincent Auriol mais
les choses vont se compliquer un peu sur le plan politique. D’abord parce qu’au sein du
Parlement, malgré la loi sur les apparentements, les alliances électorales restent relatives,
ne se maintiennent pas au sein des chambres et il y a toujours l’opposition des communistes
et le RPF. Si bien qu’au bout du compte, en 1953, lorsqu’il faudra élire un nouveau président
de la République, il faudra 13 tours de scrutin à l’issue duquel le second président de la IV ème
République sera élu dans ces conditions-là. Ce président de la République est responsable
pour haute trahison dans les conditions signalées précédemment et il reste irresponsable
politiquement.
b) Ses attributions
Les attributions sont radicalement différentes de celles qui étaient prévues dans les lois
constitutionnelles de 1875 pour le président de la IIIème République et là, l’effacement du
chef de l’État que l’on a pu constater dans la pratique de la IIIème République est retranscrit
dans le texte de la nouvelle Constitution.
37
D’abord, le président de la République perd presque toutes ses attributions exécutives, c’est-
à-dire qu’il perd sa qualité du chef de l’exécutif, il est juste chef de l’état c’est tout, et cela se
traduit par la perte du pouvoir réglementaire, il ne détient plus le pouvoir réglementaire
général.
Autre illustration de cela : s’agissant des relations extérieures de la France, il est
simplement tenu informé des négociations internationales, ce n’est pas lui qui les mènent et
il se contentera de signer et de ratifier les traités internationaux : article 31 de la
Constitution.
Il lui reste quelques pouvoirs de décisions ponctuels, mais ses pouvoirs de décisions sont
purement formels. Il en est ainsi en particulier du droit de dissolution de l’Assemblée
nationale prévu à l’article 51 de la Constitution.
En tout état de cause, ça ne change pas par rapport à la IIIème République, tous les actes du
Président doivent être contresignés par le Président du conseil et un ministre sur la base de
l’article 38 de la Constitution.
Quant à sa collaboration avec les chambres, elle se limite à un droit de message qu’il peut
adresser aux chambres sans droit d’initiative en matière législative, également un droit à
demander une nouvelle délibération de la loi et la promulgation des lois. Cette promulgation
qui est une compétence liée par la volonté générale qu’exprime la loi.
Ainsi démuni, tout ce que le Président de la République peut espérer, c’est exercer une
certaine influence sur le jeu politique en usant de sa seule expérience et de sa personnalité.
Ce sera vraiment la cas, V Auriol et R. Coty, ce sont des hommes d’expérience, qui ont une
certaine personnalité et ils vont effectivement exercer une sorte de magistrature d’influence
au sein de l’exécutif. Ils vont user de cela pour essayer de limiter au maximum l’instabilité
ministérielle qui va caractériser la IVème République.
en usant des maigres attributions qu’il lui reste, et en particulier parmi ces maigres
attributions le Président de la République a le pouvoir de désigner le Président du conseil.
Autre influence sur le jeu politique, les Président de la République de la IV ème République
pourront dans certains cas refuser la démission de certains Présidents du conseil, possible
lorsque ces derniers ne seront pas constitutionnellement renversés, c’est-à-dire lorsque les
conditions fixées par la Constitution ne seront pas remplies. Cela se produira assez souvent
sous la IVème République et ce refus sera destiné à limiter l’instabilité ministérielle.
Autre moyen du Président de la République d’exercer une influence sur le jeu politique,
comme sous la IIIème République, le Président de la République sous la IVème République
préside le Conseil des ministres sur la base de l’article 32 de la Constitution. Le Président de
38
la République pourra exercer une magistrature d’influence ou de mémoire politique parce
qu’il est élu pour 7 ans et ce septennat fait que c’est le seul élément stable de l’exécutif.
Sous la IVème République, la durée moyenne du gouvernement sera de 8 à 9 mois et donc il
sera en mesure, étant donné sa longévité, de rappeler l’aptitude ou la décision de tel
gouvernement précédemment donc de bien conseiller le gouvernement en place et le
Président du conseil. Il va donc devenir l’allié du président du conseil, son meilleur conseiller.
On a une situation paradoxale sous la IVème République, c’est-à-dire que selon la Constitution
comparée à la IIIème République, le Président de la République perd l’essentiel des pouvoirs
qu’il avait au profit du Président du conseil et pourtant il devient son principal allié.
2. Le Président du conseil
À la base, c’était une coutume constitutionnelle dans la nouvelle Constitution. Les auteurs de
la Constitution ont voulu s’inspirer du Premier ministre britannique en instituant un véritable
chef de gouvernement, un premier ministre à l’anglaise, capable de remédier à l’instabilité
ministérielle telle que connue sous la IIIème République.
S’agissant de la Constitution, les ministres qui l’entourent sont choisis par le Président du
conseil sur la base des articles 45 et 46. Le Président de la République n’a plus que le pouvoir
formel de les nommer par décret.
Par ailleurs, l’article 47 de la Constitution transfère au Président du conseil les compétences
exécutives détenues par le Président de la République de la IIIème République. Par
conséquent, outre sa qualité de chef de gouvernement, le Président du conseil devient le
seul chef de l’exécutif. Ainsi, par exemple, c’est lui qui est le seul titulaire du pouvoir
réglementaire général pour l’exécution des lois, aussi c’est lui qui est chargé de la
nomination aux emplois civils et militaires de l’État sauf exceptions. C’est lui qui dirige les
forces armées et c’est encore lui qui négocie les traités internationaux.
En outre, compte tenu de ses nouvelles attributions exécutives, c’est le Président du conseil
qui signe les décrets en Conseil des ministres, le chef de l’état se bornant à donner un avis
généralement, cela est vrai sauf pour certaines nominations ou pour la dissolution de
l’assemblée nationale pour lesquelles le Président de la République a un pouvoir de décision
mais ce pouvoir de décision là est purement formel. Même dans ces derniers cas, c’est le
Président du conseil qui a la réalité de la décision. Enfin, il contresigne tous les actes du
Président de la République.
39
§2 : Les rapports entre les pouvoirs
Ces rapports traduisent une nette prééminence du Parlement et en particulier de
l’Assemblée nationale sur l’exécutif, en ce qui concerne la collaboration des pouvoirs mais
aussi en ce qui concerne les moyens d’actions réciproque. Cela en dépit de la rationalisation
du parlementarisme, l’idée d’une rationalisation du parlementarisme est normalement
guidée par un souci de renforcer l’exécutif, de rétablir un équilibre mais ce n’est pas le cas
ici.
Par ailleurs, le Président de la République peut demander une nouvelle délibération aux
assemblées et il promulgue les lois. Seulement, à propos de la promulgation des lois, si le
Président de la République ne promulgue pas dans les délais fixés par la Constitution, le
Président de l’Assemblée nationale se substitue au Président de la République.
La collaboration dans la fonction exécutive fait encore une large place à l’Assemblée
nationale. Par exemple : la Constitution nous dit que le Parlement autorise la déclaration de
guerre mais c’est là encore l’Assemblée nationale qui a un poids plus important, l’assemblée
nationale à cet égard émet un vote tandis que le Conseil de la république n’émet qu’un avis.
En matière budgétaire (loi de finance), ce n’est pas l’exécutif mais c’est bien l’Assemblée
nationale qui a l’initiative des dépenses, normalement c’est le pouvoir exécutif qui prépare
le projet de loi de finance.
40
1. L’investiture
Par cette procédure d’investiture destiné à limiter l’instabilité gouvernementale, les
rédacteurs de la Constitution ont voulu renforcer la position du Président du conseil face à
l’Assemblée nationale.
Et le Président du conseil est investi seul par l’Assemblée nationale, après avoir communiqué
à cette assemblée son programme politique. L’Assemblée nationale va accorder sa
confiance.
Cette investiture d’après le texte de la Constitution, article 45, est acquise à la majorité
absolue des membres composant l’Assemblée nationale ce qui est donc une majorité forte.
L’Assemblée nationale compte à l’époque 637 députés et donc la majorité absolue c’est 314.
Les absents, les abstentionnistes refusent l’investiture, cette exigence de majorité est censée
garantir la stabilité du futur cabinet que va former ensuite le Président du conseil et cette
majorité est censée donner l’autorité au Président du conseil et doit donc garantir la stabilité
du futur cabinet.
2. La responsabilité politique
Elle est régie par les articles 49 et 50 de la Constitution, l’idée des constituants c’est de
garantir au mieux la stabilité ministérielle. Pour ce faire deux procédures de mise en jeu de
la responsabilité politique :
- La motion de censure : est déposée par un député de l’Assemblée nationale puis elle
fait l’objet d’un vote au scrutin public mais le vote a lieu après l’écoulement d’un
délai de réflexion de 24h. Si la motion de censure recueille la majorité absolue des
membres composant l’Assemblée nationale le gouvernement est renversé.
* un jour franc est un peu plus long que 24h : si la question de confiance est posée à 14h il
faudra attendra 00h du jour suivant, 10h de plus il faut rajouter.
41
9/02/2024
3. La dissolution
Les rédacteurs de la Constitution ont été marqués par le souvenir de la dissolution de Mac
Mahon. L’article 51 de la Constitution de 1946 pose des conditions très strictes au
déclenchement de la dissolution. Tout d’abord, la dissolution de l’assemblée nationale ne
peut pas être prononcée au cours des 18 premiers mois de la législature. L’idée étant de
laisser le temps à cette législature de consolider sa majorité. Passé ce délai, l’assemblée ne
peut être dissoute que si au cours d’une même période de 18 mois consécutifs, deux crises
gouvernementales sont survenues dans les conditions prévues par la Constitution, c’est-à-
dire la chute d’un gouvernement à la suite d’un vote d’une motion de censure ou du rejet
d’une question de confiance et dans les cas aux conditions de la Constitution c’est-à-dire à la
majorité absolue des membres composant l’assemblée nationale.
42
B. La pratique de la pseudo question de confiance
D’après le texte de 1946, il fallait une majorité absolue pour renverser le gouvernement.
Dans la pratique, la majorité simple la plus courte suffira car elle suffisait à refuser des
projets de lois et donc un gouvernement pouvait se retrouver paralysé mais sans être
renversé constitutionnellement. C’est ainsi que les présidents du conseil dépourvus de tout
moyen de mettre en œuvre leur politique, donnait quand même leur démission au chef de
l’état.
La question de confiance était posée sur un projet de loi auquel le gouvernement tenait
beaucoup. Les députés votaient et le texte pouvait être refusé mais il n’y avait pas
constitutionnellement retrait de la confiance. Mais le gouvernement présentait sa démission.
De nombreuses crises ministérielles résulteront de la démission volontaire des
gouvernements qui n’étaient pourtant pas renversés constitutionnellement.
Le président était parfois en mesure de refuser cette démission dans de telles circonstances.
A. L’instabilité ministérielle
Cette instabilité est principalement due à la paralysie du droit de dissolution. En effet, l’article
51 conditionne le droit de dissolution à deux crises ministérielles en 18 mois consécutifs.
Cette exigence fait que l’article 51 va laisser finalement la maitrise des conditions de
dissolution à l’assemblée nationale dans la pratique.
Fin 1955, Edgard Faure, président du conseil, pourra recourir à la dissolution, le 1er décembre
1955. Les conditions à ce moment-là seront remplies : deux gouvernements avaient été
renversé à la majorité absolue dans moins de 18 mois consécutifs. Le premier le 5 février
1955 et le second le 29 novembre 1955.
En 12 années de régime, il y a aura 21 présidents du conseil.
43
Les querelles entre partis politiques auront pour conséquences non seulement l’absence de
majorité constitutionnelle pour retirer explicitement la confiance au gouvernement mais
aussi l’absence de majorité plus courte pour adopter des projets de lois.
En outre, l’instabilité des coalitions a eu des conséquences au sein même des
gouvernements. Il suffisait que la politique suivit par le gouvernement déplaise à un seul
parti membre des coalitions pour que les ministres membres de ce parti se désolidarisent et
démissionnent (exemple : ministres communistes en 1947).
La loi de 1948 ne fut pas la seule, suivirent d’autres lois de délégalisation et outre ces deux
procédés, malgré la prohibition de l’article 13, la pratique des lois de plein pouvoir va être à
nouveau utilisée.
Le gouvernement demanda au Conseil d’état son avis pour savoir dans quelles mesures il
était possible de concilier la nécessité d’intervenir en matière législative. Le Conseil d’état
rend l’avis du 6 février 1953 et dans cet avis le Conseil d’état rappelle que les décrets-lois
sont formellement interdits. Concernant, la délégalisation, il l’admet mais à deux conditions :
il ne faut pas qu’elle touche des matières qui sont réservées à la loi par la Constitution et la
tradition républicaine + cette délégalisation doit aussi être précise et limitée. Le Conseil
d’état, dit que pour les matières réservées au législateur parlementaire, le procédé de la loi
cadre est possible.
Par la suite, ces règles ne seront pas respectées.
§3 : Le projet Félix Gaillard
L’échec du régime est attribué à l’inadaptation des institutions et nombreux sont ceux qui
estiment nécessaire de réviser la Constitution après celle de 1954. Il y aura plusieurs
propositions en ce sens.
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Le projet Félix Gaillard est déposé le 16 janvier 1958 et sera adopté par l’assemblée le 21
mars mais le Conseil de la république n’aura pas le temps de l’examiner car la IVème
République a pris fin avant. L’objectif de ce projet est d’améliorer la rationalisation du régime
parlementaire en modifiant le mécanisme du vote de confiance et en redonnant à l’exécutif
un pouvoir de dissolution effectif.
A. Le vote de confiance
Les articles 49 et 40 sont modifiés et consistent maintenant à établir un lien entre la question
de confiance et la motion de censure. Une fois la question de confiance posée sur un texte,
l’opposition devait répondre par le dépôt d’une motion de censure. La motion de censure
devait comporter un programme de gouvernement et indiquer le nom d’un candidat
président du conseil, cela ressemble à la motion de censure constructive en Allemagne.
Le scrutin avait lieu alors sur la motion de censure et devait remporter la majorité absolue
des membres de l’assemblée. Les absents et les abstentionnistes étaient réputés contre la
motion de censure.
Si aucune motion de censure n’était déposée ou n’était pas votée, le texte sur lequel le
gouvernement avait posé la question de confiance, le texte était considéré comme adopté
sans vote.
B. La dissolution
Cette dissolution était facilitée en multipliant les procédures. Le projet va concevoir deux
procédure pour la dissolution.
- Première procédure : la dissolution pouvait être décidée en Conseil des ministres sur
la proposition du président du conseil et prononcée par décret présidentiel contresigné. Les
deux limites : attendre l’expiration des 18 premiers mois de la législature + le gouvernement
ne doit pas être préalablement mis en minorité par l’adoptions d’une motion de censure.
- Deuxième procédure : la dissolution pouvait être prononcé par décret du président
de la république contresigné après un simple message adressé à l’assemblée et cela dans
deux cas : deux crises ministérielles en moins de 18 mois ou dans l’impossibilité de constituer
un nouveau gouvernement (plusieurs refus d’investiture successifs).
Malgré l’intérêt de cette réforme, on pouvait douter de son efficacité dans la pratique dès
lors que l’on ne touchait pas au système des partis politiques, on ne changeait pas les modes
de scrutin.
45
Titre 2 : La IVème République
Introduction
Section 1 : Les conditions politiques et juridiques de la nouvelle Constitution
§1 : Les conditions politiques
Le conflit algérien met en évidence l’inefficacité de la IV République ; La France est divisée
entre partisans de l’indépendance de l’Algérie et ceux qui défendent une Algérie française.
Les partisans de l’Algérie française sont l’armée et une partie de la police.
La France est au bord de la guerre civile.
Pour succéder à Félix Gaillard, le président de la République pressent de multiples
personnalités mais sans succès. Pierre Pflimlin est institué le 13 mai 1958. Les partisans de
l’Algérie française manifestent à Alger contre cette institution et des généraux vont constituer
un Comité de Salut Public.
Ce Comité de Salut Public est une rupture et le nouveau président du Conseil n’est pas du
tout en mesure d’éviter le risque d’un coup d’état militaire. Son gouvernement n’est pas
obéit en Algérie ou en métropole.
Depuis 1946, le Général de Gaulle a quitté la vie politique. Il se déclare prêt à assumer le
pouvoir s’il devait être appelé. Il fait une conférence de presse le 19 mai 1958 et paraît
comme l’homme de la situation (hostilité au régime de la IVème République). L’opinion
publique est de son côté. Pour calmer le jeu à Alger, il laisse croire qu’il est pour l’Algérie
française mais est en fait convaincu du caractère inéluctable de l’indépendance de l’Algérie.
René Coty va présenter de gaulle comme président du conseil. Coty adresse un message à
l’Assemblée nationale et disant qu’il démissionne si De Gaulle n’est pas choisi. Ce chantage
va porter ses fruits puisque le 1er juin 1958, le général De gaulle et son gouvernement
obtiennent l’investiture de l’assemblée nationale et c’est ainsi qu’il revient au pouvoir en
étant le dernier président du conseil de la IVème République.
Il avait posé comme condition de son retour, l’élaboration d’une nouvelle constitution
46
B. Les conditions de forme
Elles sont au nombre de 3 : la Constitution sera révisée selon les principes précités par le
gouvernement investit le 1er juin (du général De Gaulle), création d’un comité consultatif
constitutionnel (Parlement en réduction, 2/3 de parlementaires, 1/3 personnalités choisies
par le gouvernement) et le projet de révision sera soumis à référendum (De gaulle limité par
le Comité consultatif constitutionnel et le peuple).
13/12/2024
47
en ce sens. Cela va donner l’article phare la fonction présidentielle c’est-à-dire l’article 5 : le
chef de l’état devra être l’arbitre nationale capable de garantir la continuité de l’état et
l’indépendance de l’état. Il doit avoir les moyens d’assumer cette fonction d’arbitrage. Cela va
dépendre à la fois de son statut et de ses attributions.
S’agissant de son statut, le Général de Gaulle dit que le président devra être au-dessus du jeu
politique quotidien, au-dessus des contingences, donc il devra indépendant des partis
politiques. Cela ne sera possible que s’il bénéficie d’une légitimité incontestable. Par
conséquent, il faut que le Président de la République soit élu par un corps politique plus large
que le Parlement et ses combinaisons partisanes. Cela donnera le futur article 6 de la
Constitution.
Ne dépendant plus du Parlement par sa désignation, le Président doit avoir aussi des
attributions importantes. Cela donnera le futur article 19 de la Constitution. C’est au
Président de la République de pouvoir choisir effectivement le chef du gouvernement. L’idée
est que l’exécutif doit procédé exclusivement du chef de l’État. Même si le premier ministre
est pris dans la majorité parlementaire, il n’est plus question d’investiture par une des
chambres du Parlement. Le gouvernement devra représenter le chef de l’État donc ce
gouvernement sera responsable devant le chef de l’État (futur article 8 de la Constitution). Si
le gouvernement, choisi par le Président de la République, est renversé, le droit de
dissolution doit être logiquement un pouvoir propre du chef de l’État. C’est lui et lui seul qui
en dispose pleinement, sans contreseing. Ce sera le futur article 12 de la Constitution. La
dissolution doit être un des principaux instruments de la fonction d’arbitrage du Président de
la République. Par la dissolution, il va inviter le peuple à faire connaître sa décision
souveraine pour trancher à un conflit entre l’exécutif et le Parlement.
En période de circonstances exceptionnelles, lorsque la patrie est en danger, c’est au
Président de la République d’être le garant de l’indépendance nationale et de disposer à
cette fin de pouvoirs exceptionnels. Cela donnera le futur article 16 qui va forcer le Président
à assurer sa tâche.
Avec un Président de la République indépendant du Parlement, un gouvernement
responsable devant le Parlement et le chef de l’État, le régime s’inspire du régime
parlementaire dualiste mais largement rénové.
48
Quant aux anciens présidents du Conseil de la IVème République, ils vont contribuer à la
réforme des procédures de mise en jeu de la responsabilité politique du gouvernement,
c’est-à-dire règlementation de la question de confiance et de la motion de censure. Ils
contribuent à une réforme du parlementarisme rationnalisé. Futurs articles 49 et 50 de la
Constitution. Ces différents mécanismes seront mis au point en 1958 avec l’idée que les
gouvernements de la Vème République ne bénéficieraient pas d’une majorité stable au
Parlement (élections législatives : scrutin uninominal à deux tours). Or, les gouvernements
bénéficieront en plus de majorités disciplinées même s’il s’agira souvent de majorités de
coalition. Dans ce cas, cela va renforcer l’effet encadrant de ces procédures. Le Parlement
sera donc très limité.
49
La Constitution de la Vème République tire les leçon du régime précédent en intégrant des
apports positifs. Elle s’inscrit dans la tradition républicain et parlementaire. Elle présente des
traités originaux.
La première originalité est le mode d’aménagement de la séparation des pouvoirs. Cela a fait
l’objet d’interrogations puisqu’il s’est avéré impossible de le classer dans les catégories
existantes. Régime parlementaire dualiste avec une prépondérance de l’exécutif. Certains
traits, en particulier le mode d’élection du Président de la République, s’inspirent du régime
présidentiel. Si on y ajoute la pratique institutionnelle, on constate un prépondérance accrue
au sein de l’exécutif du Président de la République.
Le texte, par certains de ses articles, donne lieu à une lecture présidentialiste. Cette
ambivalence peut-être été une des plus sûres garanties de sa durée et cela explique aussi le
consensus dont ce régime a fait l’objet pendant de nombreuses années.
La seconde originalité est de poursuivre et d’amplifier l’œuvre républicaine des III ème et IVème
République avec enfin l’édification d’un état de droit substantiel.
50
Chapitre 1 : La prépondérance de l’exécutif
L’exécutif est composé d’un Président de la République et d’un gouvernement sachant que
les rapport entre ces deux éléments de l’exécutif ne correspondent à rien de connu jusqu’ici.
En 1958, on parlera d’un parlementarisme dualiste rénové mais la pratique institutionnelle
va encore accroître l’originalité de ce phénomène.
Il y a plus d’habitants dans l’empire colonial que dans la métropole. Dans la perspective de la
décolonisation, le suffrage universel direct aurait posé problème pour la représentativité du
Président de la République.
Une révision constitutionnelle sera adoptée par référendum, promulguée le 6 novembre
1962 et modifie les articles 6 et 7 de la Constitution. Le Président de la République sera
désormais élu au suffrage universel direct et au scrutin uninominal majoritaire à deux tours.
Cette réforme est appliquée pour la première fois pour l’élection présidentielle de 1965 et va
avoir des conséquences déterminantes sur le plan politique et institutionnel.
51
Il faut qu’ils soient entièrement en mesure et complètement obligé d’assumer le pouvoir
suprême. C’est le suffrage universel direct qui donnera à ses successeurs l’autorité suffisante.
Le projet de révision constitutionnelle sera soumis directement à référendum suivant une
procédure dont la constitutionnalité est des plus contestables. C’est l’article 11 qui sera
utilisé et non l’article 89.
D’abord, il s’adresse au peuple souverain en annonçant ce projet de révision par une
allocution télévisée. Quelques jours plus tard, il annonce aux assemblées qu’il va faire
approuver ce projet par référendum. L’Assemblée nationale, en réponse, renverse le
gouvernement du Georges Pompidou par une motion de censure adoptée le 4 octobre 1962.
Jusqu’à présent, c’est le seul gouvernement de la Vème République à avoir été renversé. Le
projet de révision est adopté le 22 octobre 1962 à la majorité de 62% des suffrages
exprimées. La loi constitutionnelle est promulguée le 6 novembre. En conséquence, le
Général de Gaulle rappelle Pompidou pour former un nouveau gouvernement.
Ce mode d’élection était attendu car il va donner toute sa logique au texte constitutionnel,
tout son sens au pouvoir présidentiel prévu par la nouvelle Constitution. Le Président de la
République dispose des pouvoirs propres (dépourvus de contreseing) et des pouvoirs
partagés (avec contreseing).
De 1958 à 1962, les pouvoirs propres ne répondent à aucune responsabilité. Avec cette
réforme il va en répondre politiquement devant les électeurs. Le contreseing pour les
pouvoirs partagés sera une simple formalité. Le Président va même absorber les pouvoirs du
premier ministre.
Même en période de cohabitation, cette élection populaire va permettre au chef de l’état de
ne pas être complètement effacé. Il n’aura pas les mêmes pouvoirs mais il va se recentrer sur
les pouvoirs que lui donne la Constitution. Il va utiliser les pouvoirs avec contreseing.
52
majoritaire(s) sont au service du Président et de son gouvernement pour faire passer les
réformes.
La deuxième conséquence politique est la bipolarisation de la vie politique. En 1958,
l’adoption du scrutin uninominal majoritaire à deux tours pour les différentes élections
nationales produit un multipartisme limité. A partir de 1962, l’élection présidentielle va être
le moment le plus important de la vie politique nationale. Le deuxième tour de l’élection
présidentielle entraîne un regroupement en deux camps pour soutenir chacun des deux
candidats. C’est de là que vient cette bipolarisation.
En conséquence, son mandat doit être plus long que celui de l’Assemblée nationale (5 ans)
qui elle a en charge le quotidien comme c’est le cas du gouvernement qui a également en
charge le quotidien.
En conséquence, en 1958, les constituants décident de maintenir le septennat indéfiniment
renouvelable comme c’était le cas sous la IIIème République.
Son application sous la Vème République, sous François Mitterrand, seul lui a fait 2 septennats
en étant élu pour le premier et réélu au second, au suffrage universel direct et en faisant
deux mandats complets (1981 à 1988 et 1988 à 1995). Le Général de Gaulle avait été élu
pour la première fois en 1958 au suffrage universel indirect et élu en 1965 au suffrage
universel direct (sauf qu’il démissionnera au bout de 4 ans en 1969).
Le successeur sera Georges Pompidou, qui ne fera qu’un seul mandat (interrompu par son
décès), élu en 1969 et décède en 1974.
Le suivant est Valérie Giscard D’Estaing, il fait un septennat complet et un seul, de 1974 à
1981.
53
Et ensuite Jacques Chirac qui fait un septennat et ensuite un quinquennat.
A cet égard, le Général de Gaulle aurait bien été conscient du problème entre le septennat et
les élections du suffrage universel direct et il aurait trouvé une parade, celle appelée celle du
« septennat à géométrie variable ». C’est-à-dire un dire un septennat ponctué de référendum
sur les questions importantes et graves, par lequel le peuple renouvelait sa confiance dans le
chef de l’État. Il le présentait comme une question de confiance, donc il concevait le
référendum comme une élection présidentielle renouvelée. Le Général de Gaulle y aura
recours en 1962 (sur la révision du mandat présidentiel) et aussi recours le 27 avril 1979. Son
premier mandat réel aurait duré 4 ans de 1958 à 1962. Le deuxième mandat aurait
commencé en 1962 et prend fin en 1965 (3 ans). En 1965, de Gaulle est réélu pour 7 ans
mais engage sa responsabilité politique clairement par le référendum de 1969 et quitte le
pouvoir après son échec mais quitte son mandat après 4 ans.
Le quinquennat était inutile, la question du renouvellement de la légitimité présidentielle
était ainsi résolue et si chaque successeur avait ainsi procédé en engageant leur
responsabilité politique par référendum à mi-mandat, la réforme du quinquennat n’aurait
pas été nécessaire.
54
semaines après le Président de la République et lui donne une majorité présidentielle et
donc un régime de présidentialisme majoritaire.
Puis, il y aura des périodes de cohabitation d’abord 86-88 puis 93-95. A partir de 1986, qui
ouvre à la première cohabitation, le Président garde les pouvoirs inscrits dans la Constitution
et de 86 a 88 Mitterrand va se comporter comme chef d’opposition, ça lui sera profitable car
il sera réélu en 88.
Quant au septennat de Chirac, 1995-2002, deux périodes, cette fois inversées, d’abord
deux ans de pleine présidence, la majorité parlementaire était issue des élections législatives
de 93 mais en 1997 une cohabitation de 5 ans commence, mais déclenche cette fois par une
dissolution des élections législatives anticipées pour éviter la défaite du camp présidentiel un
ans plus tard, annoncée par les sondages (éviter les dégâts mais défaite).
b. Le quinquennat
Il y a eu une première tentative de révision constitutionnelle, qui fut initiée par le Président
de la République Georges Pompidou en avril 1973. La procédure suivie par l’intéressé était
celle de l’article 89 de la Constitution mais il l’interrompra car la révision risquait d’échouer
en raison de l’hostilité d’un certain nombre de parlementaires centristes et gaullistes.
Pourtant, cette réforme fera l’objet d’un consensus entre la droite et la gauche et sera faite
au cours de la 3ème cohabitation sur la base d’un accord entre le Président de la Républicaine
de la droite républicaine (Jacques Chirac et le premier ministre de la cohabitation socialiste
(Lionel Jospin), ils sont tous les deux d’accords pour cette révision constitutionnelle.
La révision est adoptée par un premier vote des deux assemblées parlementaires, puis
l’adoption est acquise par le référendum de ratification organisé le 24 septembre 2000, le
score est de 73% de suffrages exprimés (OUI) et 70% d’abstention du corp électoral.
La Constitution est alors modifiée par la loi 2000.
Il s’agit d’abord d’un quinquennat renouvelable indéfiniment et ceci sera modifié par une
nouvelle révision de la Constitution, celle du 23 juillet 2008 qui dit « nul ne peut exercer plus
de deux mandats consécutifs ».
Une fois la réforme faite, il fallait en tirer tous les fruits car il faut éviter les cohabitations,
donc il fallait mettre en place la coïncidence des mandats présidentiels des députés de
l’Assemblée nationale donc la coïncidence des deux quinquennats (conjoints) et ceci fut.
55
En tout état de cause, la concordance des mandats s’est rétablie par une nouvelle dissolution
consécutive à l’élection présidentielle suivante.
20/02/2024
2. L’interruption du mandat
C’est une question que prévoit et règle la Constitution. La principale solution prévue par
celle-ci pour procéder au remplacement du chef de l’État en cas d’interruption du mandat
est l’intérim qui est prévu à l’article 7 alinéa 4. L’intérim est assuré en cas d’interruption
temporaire du mandat présidentiel (maladie passagère) mais il peut aussi être assuré en cas
d’interruption définitive du mandat présidentiel.
L’empêchement temporaire doit être constaté à la demande du gouvernement par le Conseil
constitutionnel qui statue à la majorité absolue de ses membres (article 56 alinéa 2 de la
Constitution.
L’interruption définitive couvre deux cas :
- peut être due à un empêchement définitif, c’est-à-dire une maladie chronique qui
ne permet plus l’exercice des fonctions. Il est constaté suivant la même procédure que pour
une interruption temporaire.
- vacance de la présidence : décès du Président en exercice (Pompidou), démission
du Président de la République en cours de mandat (De Gaulle) ou la destitution sur la base
l’article 68 de la Constitution. Il n’y a pas de procédure particulière, la vacance est avérée à
l’heure de la mort, à l’heure de la démission ou à l’heure de la destitution. Dans ce cas, le
remplacement du Président de la République est assuré par l’intérim le temps d’organiser
une nouvelle élection présidentielle.
L’intérim est assuré par le Président du Sénat. Mais pendant le temps de l’intérim, il ne va
pas pouvoir exercer tous les pouvoirs présidentiels prévus par la Constitution. Elle fait une
distinction.
En cas d’interruption temporaire, le Président du Sénat ne peut pas recourir à l’article 11 de
la Constitution (référendum législatif) ni à l’article 12 qui fonde le droit de dissolution
l’Assemblée nationale.
En cas d’interruption définitive, le Président du Sénat ne peut pas recourir à l’article 11 ni à
l’article 12. Le gouvernement ne peut pas engager sa responsabilité politique (articles 49 et
50), l’Assemblée nationale ne peut pas le renverser, le Premier ministre ne peut pas remettre
la démission de son gouvernement et la Constitution ne peut pas être révisée (article 89).
56
Que se passerait-il si le Président du Sénat se trouvait empêcher ? L’intérim serait assurée
par le gouvernement.
57
Quant aux périodes de cohabitation, les pouvoirs propres vont demeurer même si certains
seront désactivés mais cette responsabilité politique demeurera.
La responsabilité politique peut être mise en jeu suivant différents mécanismes et sa
pratique va évoluer avec le temps.
La mise en jeu à l’initiative du Président : il a trois possibilités. Le premier cas est le recours
au référendum de l’article 11, il est déclenché à son initiative mais c’est à condition que le
Président décide de poser à cette occasion une question de confiance aux électeurs. Le
deuxième cas est le recours à la dissolution de l’article 12 décidée par le Président qui
provoque des élections législatives anticipées mais qui peut être aussi utilisée comme un
appel au peuple. Le troisième cas est sa candidature à une réélection.
La mise en jeu à l’initiative du peuple : cela peut être le cas lors d’élections législatives dont
le résultat créé une situation de cohabitation.
La mise en jeu à l’initiative de l’Assemblée nationale : c’est lorsqu’il y a vote d’une motion de
censure contre le gouvernement du Président de la République. Cette motion de censure
s’adresse indirectement au Président de la République. Cette hypothèse n’a pas de sens en
période de cohabitation.
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Après la présidence de De Gaulle, la responsabilité politique va évoluer dans sa mise en jeu
et ses conséquences.
D’abord, l’Assemblée nationale ne parviendra plus à censurer le gouvernement du Président
de la République, aucune motion de censure n’aboutira.
Par contre, la responsabilité du chef de l’État sera mise en jeu à l’initiative des électeurs lors
de l’échéance normale des élections législatives (en 1986 et 1993), ce qui produira deux
cohabitations. Lors de ces deux élections législatives, il y a la victoire de la droit républicaine
marquant un désaveu de politique menée par le Président de l’époque (Mitterrand).
Enfin, un recul de la mise en jeu de la responsabilité politique du Président à son initiative.
S’agissant du référendum, il n’y aura plus de référendum question de confiance. Il y a aura de
très rares recours à la procédure référendaire.
Les conséquences que tirent les successeurs du Général de Gaulle : aucun ne s’est considéré
comme désavoué par le peuple, aucun n’a donné sa démission. Ils ont voulu voir dans ce
résultat un désaveu vis-à-vis de la majorité parlementaire et non pas une désaveu du
Président lui-même. Ils se sont appuyés sur leur élection au suffrage universel direct et sur le
septennat. En 86, en 93 et en 97, le désaveu populaire a quand même été entendu, c’est-à-
dire que le Président de la République a acceptée de jouer le jeu parlementaire en désignant
un premier ministre conforme au vœu de la nouvelle majorité à l’Assemblée nationale et en
acceptant que les pouvoirs présidentiels soit temporairement réduits. Mais la conséquence
ultime n’a pas été tirée (démission).
Il résulte que sauf changement de pratique dans le futur, aujourd’hui la candidature à une
réélection est le seul procédé par lequel le Président serait censé engager sa responsabilité
politique.
Cette responsabilité politique vient de son mode d’élection et couvre tous les aspects de la
fonction présidentielle c’est-à-dite toute l’étendue de son arbitrage.
59
a. De 1958 à 2007 : l’exception d’une responsabilité pour haute trahison
(l’ancien article 68)
Dans version initiale, l’article 68 disposait que le Président de la République « n’est
responsable des actes accomplis dans l’exercice de ses fonctions qu’en cas de haute trahison,
il ne peut être mis en accusation que par les deux assemblées statuant par un vote identique
au scrutin public et à la majorité absolue des membres les composant, il est jugé par la Haute
Cour de Justice ». Cette disposition rappelle le principe d’irresponsabilité du Président
devant le Parlement pour tous les actes accomplis dans l’exercice de ses fonctions. Une
exception : la haute trahison. La notion de haute trahison n’a jamais été définie par aucun
texte (Constitution, loi…). N’étant pas définie par le Code pénal on ne pouvait pas la
considérer comme un délit pénal. La doctrine a essayé de cerner cette notion en donna tune
définition matérielle : manquement du Président au devoir de sa charge, une violation grave
et délibérée de la Constitution.
De même, la Haute Cour de Justice de par sa nature renforçait cette interprétation politique
de la haute trahison car elle n’était pas une juridiction véritable mais était une assemblée
politique. Elle n’était pas composée de juges mais d’hommes politiques à parité de
parlementaires issus des deux chambres désignés par leurs pairs. Elle devait constater la
haute trahison et en tirer les conséquences.
La responsabilité du Président pour les actes accomplis dans l’exercice de ses fonctions était
une responsabilité spécifique, la Constitution elle-même ne la qualifiant pas de pénale.
60
La position de la Cour de cassation est capitale car elle est la juridiction suprême en manière
pénale.
61
27/02/2024
Cet arbitrage sous la Vème République a une autre dimension car il se concrétise par un
certain nombre de pouvoirs, des pouvoirs qui sont une innovation de la Vème République,
appelée par la doctrine des pouvoirs propres qui ont pour caractéristique des pouvoirs
présidentiels dépourvus de tout contreseing du Premier ministre et de n’importe quel
ministre. Mais l’arbitrage repose aussi sur un autre pilier, des pouvoirs qui s’inscrivent dans la
tradition du chef d’état parlementaire et que la Vème République conserve, des pouvoirs que
la doctrine a appelé des pouvoirs partagés, pouvoirs avec contreseing qui correspondent à la
logique parlementaire.
Cet arbitrage peut varier avec l’évolution des rapports des forces politiques. Lorsqu’il y a
coïncidence des majorités parlementaire, le Président de la République va avoir le maximum
d’instruments entre ses mains ou assumer cet arbitrage, il s’agira de ses pouvoirs propres,
des pouvoirs partagés ou avec contreseing et aussi il va, au fur et à mesure des pratiques
successives, maîtriser les attributions du Premier ministre.
En revanche, en période de cohabitation, il pourra assumer cet arbitrage mais avec moins
d’instruments entre ses mains.
Les pouvoirs partagés vont servir de moyens de résistance entre les mains du chef de l’État.
Le pouvoir primo-ministériel sera remis au Premier ministre.
Ce terme d’arbitrage est donc à géométrie variable suivant les rapports de force politique.
62
du peuple, du Conseil constitutionnel et enfin il dispose de pouvoirs de crise en cas de
circonstances exceptionnelles.
63
L’utilisation du 49 alinéa 1er n’est pas automatique et n’est pas une obligation. Il sera utilisé
régulièrement pour marquer la différence du gouvernement vis-à-vis de l’Assemblée. Cela
relève de la simple opportunité politique qui appartient au Premier ministre d’apprécier
selon les circonstances (pas d’obligation). Aucune intervention obligatoire de l’Assemblée
dans ce cas-là.
a. Le droit de message
C’est l’article 18 de la Constitution, précisément alinéa 1er.
C’est un procédé traditionnel en France, généralement cela se pratique juste après l’élection
du Président de la République. Un message dans lequel le Président de la République expose
les grandes lignes de son programme. Il peut aussi y recourir à des occasions importantes et
particulières (exemple : push Alger en 1961 par des généraux de l’armée française, 1991 lors
du déclenchement de la guerre du Golfe et aussi en 1986 par Mitterrand qui expose les
règles de la cohabitation en s’appuyant sur la Constitution). C’est une pouvoir qui permet au
Président de la République de marquer sa présence dans des moments importants. Ce
message portera la seule signature du Président de la République. Ces messages de l’article
sont lus par les Présidents des deux assemblées ou bien par un ministre (le Premier ou le
garde des sceaux (ministre de la Justice)).
64
Toutefois cette procédure selon laquelle le Président de la République s’exprime devant le
Congrès des deux chambres, serait moins envisageable en période de cohabitation.
c. Le droit de dissolution
C’est l’article 12 de la Constitution.
C’est l’acte par lequel le Président de la République par décret, met fin au mandat de
l’Assemblée nationale (chambre basse) avant son terme normal. Ce qui entraîne la
convocation des électeurs pour élire une nouvelle assemblée (donc élection législative). Le
Sénat ne peut pas être dissout et cela est conforme à la tradition parlementaire selon
laquelle seule peut être dissoute l’assemblée qui peut renverser le gouvernement.
Ce droit de dissolution, il est rédigé en prenant compte de l’expérience passée (IVème
République avec paralysie du droit de dissolution en raison des conditions de l’article 51 qui
avait accru l’instabilité gouvernementale), donc aucune condition à la dissolution. Elle peut
intervenir à tout moment, elle n’est pas conditionnée par l’existence d’une crise ministérielle
donc c’est un pouvoir discrétionnaire du chef de l’État. Il l’exerce par décret sans aucun
contreseing. Il y a des conditions de forme à respecter.
3 conditions de formes :
- Le Président de la République doit satisfaire à une obligation de consultation
préalable, il doit consulter le ministre, le président de chaque assemblées, mais leur
avis est simple.
- Le Président de la République ne peut pas dissoudre dans un délai inférieur à 1 an
après des élections législatives consécutives à une précédente dissolution pour
éviter les dissolutions à répétition.
- Après la dissolution, des nouvelles élections législatives devront avoir lieu dans un
délais de 20 à 40 jours après la dissolution.
Ce sont des conditions de forme assez faibles.
Mais il existe aussi des limites de fonds destinées à éviter tout risque d’excès du Président de
la République :
- Le président intérimaire (du Sénat) n’a pas le droit de dissolution des autres
chambres.
- Le Président de la République ne peut pas dissoudre en période d’application de
l’article 16 (lorsqu’il prend et qu’il exerce les pouvoirs de crise). C’est donc un faible
encadrement.
65
dissolution apparaît comme une arme contre l’Assemblée nationale et c’est ainsi que
fut dissoute l’Assemblée nationale en 1962 après la censure poursuivie par le
gouvernement de Georges Pompidou.
- Deuxième fonction de la dissolution : appelée la « dissolution référendum » ou
« dissolution question de confiance ». Elle pourra être déclenchée non pas en raison
d’une crise ministérielle mais plutôt pour résoudre une crise en opinion. Elle permet
le recours au peuple pour établir la preuve de l’existence d’une majorité
présidentielle au sein du peuple. La dissolution est un substitue d’élection
présidentielle, une question de confiance que le Président de la République adresse
au peuple pour résoudre une crise politique nationale. C’est l’équivalent d’un
référendum question de confiance.
Ce fut le cas de la dissolution de 1928 suite aux évènements de mai. A ce moment-là
le Président De Gaulle voulait utiliser un référendum, son Premier ministre Pompidou
l’en dissuada en préconisant la dissolution. En effet, en raison du contexte politique
de l’époque, la dissolution était beaucoup moins risquée pour le Président. En
revanche, son Premier ministre est le parti Gaulliste (populaire). Les élections
législatives renvoyèrent une majorité absolue au profit du seule parti Gaulliste jamais
eu jusqu’ici, majorité de coalition. Le parti s’appelait UDR (Union des Démocrates
pour la Vème République) crée en 1967 pour remplacer l’UNR (Union pour la Nouvelle
République).
- Troisième fonction : appelée la « dissolution tactique » ou « dissolution à
l’anglaise ». C’est une dissolution destinée à renforcer la majorité favorable au
Président en avançant la date des élections législatives. Mais il y a un risque que
l’opinion le ressente comme un calcul, cela pourrait être contre-performant entraîné
par une perte de voix qui est contraire au but recherché. Exemple : dissolution de
1997.
- Quatrième fonction : « la dissolution consécutive à l’élection présidentielle »
Utilisée à l’époque du septennat présidentiel et a permis au Président, nouvellement
élu, de faire coïncider majorité parlementaire et majorité présidentielle, pour lui
permettre d’appliquer son programme. Ce fut le cas de la dissolution de 1981 par
Mitterrand en face d’une assemblée à majorité de droite républicaine issue des
élections législatives de 1878. Il obtient une majorité écrasante pour le parti socialiste
avec majorité absolue. Mais aussi en 1988, Mitterrand après un bina de cohabitation,
c’est-à-dire une assemblée nationale issue des élections législatives de 1986 ayant
apportée à l’assemblée une majorité de droite républicaine. Il se fait réélire en 1998,
deux ans après, et dissout à nouveau.
La dissolution remplie pleins de fonctions différentes, elle ne répond pas à une logique
parlementaire et s’inscrit dans un régime présidentialiste en ne se limitant pas à résoudre
une crise ministérielle. Sous la Vème République, la dissolution remplie bien sa fonction de
correcteur d’instabilité gouvernementale, le petit nombre de dissolution jusqu’ici montre
que la simple menace de dissolution suit à discipliner la majorité (majorité relative comme
en 1998 ou une majorité de division de coalition).
66
3.Le Président de la République et le peuple : le référendum législatif de l’article 11
Le référendum est prévu dans différentes dispositions de la Constitution, il faut citer l’article
3 « la souveraineté nationale appartient au peuple qu’il exerce par ses représentants et par
la voie du référendum ».
A côté de cela, il y a l’article 72-1 consacré au référendum local issu de la révision
constitutionnelle du 28 mars 2003. Il y a l’article 53 référendum d’autodétermination, l’article
89 référendum en matière de révision constitutionnelle et l’article 11 en matière législative.
L’article 11, lui illustre un pouvoir propre du chef de l’État. Cet article sur le référendum en
matière législative, constitue une des grandes innovations de la Vème République. Le Président
de la République sur proposition du gouvernement ou sur proposition conjointe des deux
assemblées peut soumettre au référendum tout projet de loi portant sur l’organisation des
pouvoirs publics, sur des réformes relatives à la politique économique, sociale,
environnementale ou tendant à autoriser la ratification d’un traité qui sans être contraire à la
Constitution, aurait des incidences sur le fonctionnement des institutions.
a. L’objet de l’article 11
Cet article 11 permet de cour circuiter le Parlement, il fait voter directement par le peuple un
projet de loi sans intervention préalable des assemblées. C’est un référendum de
substitution, c’est une procédure parallèle d’adoption des lois. Ce référendum concerne le
domaine de la loi ordinaire mais aussi le domaine de la loi organique. Mais cela ne concerne
pas les lois constitutionnelles qui relèvent elles de l’article 89. Sa consécration dans la
Constitution de la Vème République apparaît comme un correctif pour éviter le retour au
parlementarisme absolu, à la « souveraineté parlementaire » qu’on a connu sous IIIème et
IVème République.
Cette consécration s’inspire des écrits de Carré De Malberg.
C’est un instrument de démocratie semi-directe greffé sur une démocratie représentative et
qui contribue avec l’élection du Président au suffrage universel direct qui contribue avec
l’élection du chef de l’État directement par le peuple, à faire de la Vème République une
démocratie semi-représentative.
La Vème République a pour particularité d’avoir fait de ce procédé référendaire un instrument
d’arbitrage entre les mains du chef de l’État.
b. Le déclenchement du référendum
S’agissant de l’initiative référendaire, elle n’appartient pas juridiquement au Président de la
République mais appartient au gouvernement et aux assemblées
1ère Hypothèse : elle appartient au gouvernement mais durant les cessions
parlementaires, cette exigence est destinée à permettre aux assemblées de prendre position
sur le référendum. Et même permettre à l’Assemblée nationale de voter une motion de
censure contre le gouvernement qui ne fait la proposition au chef de l’État. Une révision
constitutionnelle du 4 août 1995 a exigé qu’à cette occasion le Premier ministre fasse une
déclaration suivie d’un débat devant l’Assemblée nationale et le Sénat. Mais cette déclaration
n’est pas sanctionnée par un vote. Cela dit, si d’après le texte le gouvernement a l’initiative,
l’expérience et la pratique institutionnelle, les projets gouvernementaux en la matière
étaient tous d’origine présidentielle. L’initiative gouvernementale est juste ramenée à une
67
règle de procédure.
Toutefois en période de cohabitation, les forces s’équilibrent au sein de l’exécutif ou les
forces de paralyse. Le Premier ministre de cohabitation peut ne pas tenir compte du vœux
exprimé du Président de la République (référendum) et inversement le Président de la
République peut ne pas donner suite à la demande du Premier ministre.
Par ailleurs, l’article 11 dit que l’initiative référendaire appartient aussi aux
assemblées sur motion conjointe (proposée et votée par chacune des deux assemblées). Il
prévoit que le référendum ne peut porter que sur des projets de loi et non pas des
propositions de loi. En d’autres termes, l’initiative parlementaire ne peut porter que sur des
projets d’origine gouvernementale, un texte présenté par le Premier ministre. Il faut rajouter
que c’est un référendum de substitution, qui va empêcher le Parlement de voter quoi que ce
soit. Les parlementaires accepteraient de se faire court-circuiter ?
Enfin, il faut que les deux assemblées soient d’accord (proposition conjointe).
A supposer que toutes ces conditions soient remplies, encore faudra-t-il que le Président de
la République soit d’accord lui aussi, et en effet si l’initiative n’apportait pas juridiquement au
Président, il en va différemment de la décision finale de soumettre à référendum. En effet, au
terme de l’article 11 la décision finale de soumettre un référendum appartient au Président
et cette décision est dispensée de tout contreseing, elle constitue un pouvoir propre du chef
de l’État qui peut librement décider de donner suite ou pas à l’initiative gouvernementale ou
parlementaire. Il PEUT soumettre à référendum.
c. Le domaine du référendum
Le référendum de l’article 11 a un champ d’application restreint car il ne concerne que trois
domaines :
- Premier domaine : l’organisation des pouvoirs publics (ambigu), cette expression
posera un moment donné un problème d’interprétation et de combinaison avec
l’article 89.
- Deuxième domaine : le référendum pourra porter sur un projet de loi demandant
l’autorisation au peuple de ratifier un traité qui aurait des incidences sur le
fonctionnement des institutions. L’article 11 renvoi à l’article 54 de la Constitution, il
sera utilisé en 1972 pour l’élargissement de la communauté économique européenne
(CEE), et utilisé en 1992 ratification du traité de Maastricht sur l’union européenne, et
aussi le 29 mai 2005 sur la ratification du traité portant sur la Constitution
européenne, celui-ci sera un référendum négatif.
- Troisième domaine : révision constitutionnelle du 4 août 1995 qui prévoit les cas de
réforme relative à la politique économique sociale ou environnementale de la nation
et au service public. Cette révision de 1995 avait pour objet d’élargir le domaine du
référendum avec la question relative à l’emploi, santé, éducation, fiscalité. Mais en
réalité, cet élargissement n’est pas véritable parce que c’est un élargissement très
faible. Car il s’agit de réforme relative à la politique économique sociale et
environnementale.
En 1984, avant cette révision le Président Mitterrand avait proposé de réviser l’article 11
pour élargir son champ en y incluant les garantie fondamentales des libertés publiques. Elle
fût un échec en raison de l’opposition du Sénat. Jusqu’à présent les questions de sociétés
n’appartiennent pas au domaine de l’article 11.
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d. L’utilisation du référendum de l’article 11
Jusqu’ici il y a eu 8 referendums organisé sur la base de l’article 11.
4 par le Général de Gaulle :
- D’abord du 8 janvier 1961 sur l’autodétermination de l’Algérie avec 75% des suffrages
de oui.
- Le référendum du 8 avril 1962 sur l’approbation des accords déviants avec presque
91% de oui.
- Puis le référendum du 28 octobre 1962 de l’élection du Président de la République au
suffrage universel direct avec 62,2% de oui.
- Et aussi du 27 avril 1969 avec création des régions et transformation du Sénat pour le
rapprocher du Conseil de la République ou le rapprocher du Conseil économique et
social, négatif avec 53% de non Général de Gaulle démissionne
Le référendum de l’article 11 est une arme démocratique et anti parlementaire mais très
efficace en termes de légitimité pour celui qui en a la maitrise c’est-à-dire le Président de la
République. C’est aussi un instrument d’arbitrage entre ses mains.
Depuis l’échec de 1969, la pratique référendaire est beaucoup moins fréquente et c’est
devenue une pratique objective. Les successeurs du Général de Gaulle ne s’en sont pas servis
comme question de confiance.
En période de cohabitation, le recours au référendum de l’article 11, il n’aurait pas la même
dimension, les deux responsables de l’exécutif devraient s’entendre sur une telle consultation
mais aucun des deux ne pourrait en tirer profit contre l’autre. Sous réserve quand même
d’une hypothèse, en cas de tension le gouvernement pourrait saisir le Président de la
République d’une proposition officielle pour le mettre en difficulté dans l’hypothèse où le
Président voudrait s’abstenir de provoquer un référendum.
69
n’est pas dans l’article. Et puis il y a d’autres possibilités, certains cas de subversions
internes, d’attaques terroristes, par lesquelles le territoire français serait menacé
directement, car il faut que les conditions posées à l’article 16 soient satisfaites.
- Il s’agit pour l’article 16 de restaurer une sorte de dictature à la romaine, d’opérer une
concentration de tous les pouvoirs entre les mains d’un seul mais de manière
temporaire. Un délai de l’ordre de quelque mois, le temps de rétablir la situation. A
cet égard, l’article 16 présente un double intérêt, le premier est qu’il fournit un cadre
juridique ou encore une rationalisation des pouvoirs de crises dans leur
déclenchement. Le deuxième intérêt c’est qu’il vise des cas où le droit qui est
applicable en temps normal est dépassé, où il est nécessaire de prendre des mesures
adaptées et exceptionnelles. Donc L’article 16 est là encore un cadre juridique
d’exception destiné à éviter l’arbitraire, éviter le non-droit pendant sa durée
d’application. Ces dispositions ne doivent donc pas être supprimées.
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l’hypothèse de l’impossibilité matérielle de procéder à ces consultations en raison de
la paralysie de ces autorités. Dans ce cas, il existe une théorie « la théorie de la force
majeure » sur la base de laquelle le Président serait dispensé d’accomplir ces
formalités prévues à l’article 16.
- 2ème condition : après ces consultations si le Président veut toujours recourir à l’article
16 il doit en informer la nation par un message. Dépourvu de tout contreseing.
c. L’application de l’article 16
Cela pose plusieurs problèmes :
Quelles sont les décisions que peut prendre le Président une fois l’article 16 déclenché ?
L’article 16 réalise une confusion des pouvoirs entre ses mains, il peut prendre des mesures
qui ne relèvent pas de sa compétence en temps normal et peut se substituer au Parlement
en intervenant dans le domaine de la loi, il va pouvoir se substituer au gouvernement en
usant des pouvoirs règlementaires dans son intégralité, et peut même se substituer à
l’autorité judiciaire. Les différentes mesures qu’il prendra ne nécessitent pas le contreseing
du Premier ministre. La seule formalité prévu pendant le temps de l’article 16, est que le
Conseil constitutionnel doit être consulté pour chaque mesure à prendre mais les avis qu’il
rend ne sont pas publiés. Par conséquent, l’opinion publique ne sera pas directement
informée des actes constitutionnels. Toutefois, ces avis seront publiés plus tard et pourront
permettre d’établir la responsabilité du chef de l’État sur la base de l’article 68 (destitution).
C’est donc une constitution dans la constitution.
Le président se trouve-t-il alors en situation de porter atteinte aux libertés et aux droits
fondamentaux ?
En réalité le Président ne peut pas prendre n’importe quelles mesures, l’article 16 pose des
limites destinées à garantir un minimum d’état de droit.
- 1ère limite : aux termes de l’article 16 le Président prend les mesures exigées par les
circonstances. Ce n’est pas DES mais LES mesures. Son seul objectif doit être
exclusivement de rétablir la situation antérieure, donc le Président ne peut pas tout
faire. Il ne pourra pas modifier la Constitution, car une telle modification ne
permettra pas le retour à l’ordre constitutionnel préexistant.
- 2ème limite : durant la période d’application de l’article 16 le Président ne peut pas
dissoudre l’Assemblée nationale (dernier alinéa).
- 3ème limite : les mesures prises par le Président peuvent faire l’objet d’un certain
contrôle juridictionnel. S’agissant des mesures qui relève du domaine de la loi (PDR se
substitue au Parlement), elles sont contrôlées par le Conseil constitutionnel mais le
Conseil constitutionnel contrôle seulement sur son domaine consultatif mais pas
juridictionnel. Les mesures qui relèvent du domaine réglementaire, elles sont
susceptibles d’être amenées par le Conseil d’état dans l’exercice de sa compétence
juridictionnelle.
- 4ème limite : si le Président s’aventurait à prendre d’autres mesures que celles
qu’exigent les circonstances, il fait un usage arbitraire, il engagerait sa responsabilité
sur la base de l’article 68.
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Quels sont les conséquences de l’application de l’article 16 sur les rapports entre les pouvoirs
publics ?
Le Parlement se réuni alors de plein droit, l’Assemblée nationale ne peut pas être dissoute
(alinéa 5). Garantie destinée à permettre aux assemblées de mettre en cause le Président
pour manquement à ses devoirs.
**
19/03/2024
La deuxième catégorie ce sont les règlements qualifiés d’autonomes basés sur l’article 37 de
la Constitution. Ils sont la conséquence de la limitation du domaine de la loi qui est pour la
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première fois opérée par la Vème République. Ils ont la particularité d’intervenir dans les
matières autres que celles de la loi. C’est un pouvoir normatif parallèle qui est détenu par
principe par le Premier ministre. Ils ne sont pas conditionnés par une loi d’où le terme
d’autonome.
Loi André Marie du 17 août 1948 : première ébauche de délégalisation qui n’était pas
définitive car il suffisait au législateur d’adopter une nouvelle loi l’abrogeant.
À partir de 1958, ce n’est plus la loi mais la Constitution qui opère une délégalisation et qui
ce faisant, va définir la loi sur la base de nouveaux critères. Désormais, la loi se définit sur un
double-critère : le critère organique et formel et un critère matériel (= le législateur ne
pourra légiférer que dans un certain nombre de domaines). Les matières qui relèvent du
domaine de la loi sont énumérées à l’article 34 de la Constitution. Pour la critère organique
et formel c’est l’article 24 qui le dit.
La compétence de principe s’agissant d’un pouvoir normatif c’est celle du Premier ministre.
La distinction des matières législatives et des matières règlementaires est surveillée dans la
Constitution par une protection du domaine règlementaire du Premier ministre contre les
empiètements du Parlement mais pas l’inverse (article 41 de la Constitution). C’est une
nouvelle manifestation de la prépondérance de l’exécutif sur le Parlement.
Il faut ajouter un pouvoir règlementaire particulier qui est consacré par la jurisprudence du
Conseil d’État. C’est un pouvoir règlementaire autonome spécialisé. C’est le pouvoir de
prendre des règlements de police administrative générale afin d’assurer le maintien de
l’ordre public sur l’ensemble du territoire national. Ce pouvoir a été consacré sous la IIIème
République par un arrêt du Conseil d’État du 8 août 1919, l’arrêt Labonne. Cet arrêt
reconnaissait alors au Président de la République le pouvoir de prendre des règlements de
police administrative.
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