Spécial Courrier de Rome - La Tradition Excommuniée
Spécial Courrier de Rome - La Tradition Excommuniée
Spécial Courrier de Rome - La Tradition Excommuniée
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La note confidentielle de l'épiscopat fJi8l\~
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R~tlon lnttrdftt ,,, PDYI. COURRIER DE ROME
ns llUtoruotlon (IAI du JI man /9S7) B.P . 78001 Versailles Cedex
AVERTISSEMENT
Catholiques écartelés
li semble que, depuis Vatican Il, le catholique, doive être cons-
tamment placé dans la nécessité d'avoir à choisir entre vérité et
« obéissance », autant dire entre être hérétique ou être schismatique.
Ainsi, pour nous limiter à quelques exemples, il lui a fallu opter
entre l'encyclique Pascendi de saint Pie X condamnant le modernisme
« collecteur de toutes les hérésies» el l'actuelle orientatien ecclésiale,
ouve~tement mederniste, qui, par l'organe du Saint-Siège, ne eesse
de faire la louange du modernisme et des medemistes (!) et de déni-
grer saint Pie X, dont l'encyclique fut, à l'occasion de son 70< anni-
versaire, accusée en substance de ne pas respecter !'Histoire (2).
li a dO choisir entre le Monitu1n du Saint-Office de 1962, con-
damnant les œuvres du jésuite Teilhard de Chardin en ce qu'elles
«fourmillent de telles a1nbigui1és et même d'erreurs si graves qu'elles
offensent la doctrine catholique » et l'actuel courant ecclésial qui
n'hésite pas à citer ces œuvres, jusque dans les discours pontificaux,
(1) cr. par exemple l'éloge ré~é de Gallarati Sconi, ami du jeune Montini
dans l'Osservatore Romano (ci-apr~ O.R.) du 7-7-1976, du 14-1-1979, du 5-6-1981:
etc.
(2) O.R. du 8-9-1977.
16 LA TRADITION « EXCOMMUNl~E » NI SCHISMATIQUES NI EXCOMMUNI ÉS 17
et q~i, lors du centenaire de la naissance du jésuite « apostat » .(R. Rome, découvre dans les Juifs toujours incrédules les « frères aînés »
Valneve), en a, par une Lettre du cardinal Casa.roli Secrétaire d'Etat des catholiques ignares (12).
de Sa Sa_in_teté, exalté la ((_richesse de pe11sée » et Î'« i11égalable fer- Il a dû choisir en1re le premier commandement: « Tu n'auras
veur religieuse » (3), suscitant ainsi la réaction d'un groupe de d'autre Dieu que Moi », assorti du devoir qui, depuis la Rédemp-
cardinaux (4). tion, oblige tous les hon1mes à rendre à Dieu le culte dû « en esprit
Il a dû opter entre l'invalidité déjà définie des ordinations angli- et en vérité», et l'actuelle orientation ecclésiale en venu de laquelle,
canes (5) et l'a7tuelle or!entation ecclésiale, en vertu de JaquelJe, en sur invitation d' un Pontife Romain, furent pratiquées dans les égli-
1_982, un. Pontife Romain a, pour la première fois, participé à un ses catholiques d'Assise toutes les formes, même les plus graves, de
nte anghc~n, da~.s la cathédrale de Cantorbéry, bénissant la foule superstition : du faux culte des Juifs qui, dans l'ère de la grâce, pré-
av:c le Pn!"at lat? de cett_e secte hérétique et schismatique, Primat tendent honorer Dieu en niant Son Christ, à l'idolâtrie des boud-
qui, dan~ 1 allocutto~ de bt~nvenue, avait revendiqué pour lui-même dhistes adorant leur vivante idole assise le dos au Tabernacle où la
et sans etre contredn, le litre de successeur de saint Augustin (6), lampe allumée attestait la Présence Réelle de Notre Seigneur
le catholi9ue évangélisateur de l'Angleterre catholique (7). Jésus-Christ (13).
li a du opter entre la condamnation ex cathedra (8) de Martin Il a dû opter entre le dogme catholique « Hors de l'Église, point
Luther et l'actuel courant ecclésial qui, « célébrant » le 5c centenaire de salut » et l'actuelle orientation ecclésiale qui voit dans les reli-
de la naissance de l'hérésiarque allemand, déclarait par Lettre signée gions non chrétiennes des « voies d'accès à Dieu » et déclare « véné-
de S.S. Jean-Paul 11 qu'aujourd'hui, grâce aux << recherches com- rables elles aussi» même les religions ... polythéistes (14) !
munes de savants catholiques et protestants... est apparue la pro- Il a dû opter entre l'enseignement constant de l'Égljse selon lequel
fonde religiosité de Luther » (9). hérétiques et/ou schismatiques sont «hors de l'Eglise» (15) et
Il a d~ choisir entre l'historicité des Évangiles, que « la Sainte l'actuelle orientation ecclésiale selon laquelle, entre les « diverses con-
Mère Église, de façon ferme. et absolument co11stante, a affirtnée et fessions chrétiennes», n'existe qu'une différence de ... «profondeur»
affirme.:. ~t atteste sans hésuer » (10) et l'actuelle orientation ecclé- et de «plénitude de com1nunio11 » (16) et pour laquelle, en consé-
s1al~ ~ut nie avec éclat cette historicité dans le document Ji>ublié le
quence, les diverses sectes hérétiques et/ou schismatiques doivent être
24 JUtn 1985 par la Cotntnissio11 Pontificale pour les rapports reli- «respectées » ((en tant qu'Églises et communautés écclésiales » (17).
gieux avec le Judarsme (11). Arrêtons-nous là, tant il serait impossible matériellement d'énu-
mérer tous les choix qui se sont imposés et s'imposent à tout bout
li a dû opter entre la Sainte Écriture qui reproche aux Juifs incré- de champ au catholique. Notre périodique les signale depuis qua-
dules de refuser l'Évangile, et l'actuelle orientation ecelésiale qui, torze ans et Romano Amerio en a fait la somme non exhaustive dans
dans le discours du premier Pape à se rendre dans la synagog~e de
(18) L'~ition italienne a paru chez Ricciardi à Milan-Naples et la traduction (22) Ortgolrc XVI : encyclique Mirari vos (Denvnger (ci-après Oz.) 1613-6) ;
Pie IX : encyclique Quan1a cura (Oz. 1689 cl ss.) el Syllabus (Dz. 1124-1155,
française aux Nouvelles éditions Latines à Paris. 11n-11so • Uon XIII : encycliques lmmorlale Dei (Dz. 1867) et U«nas (Dz. 1932).
(19) Saint Thomas : in IV Sent., dist. XIII q. Il a 1 ad 2.
(23) C~mpendio di Dirf/lo Canonico, t<I. Marictù, Turin, p. 1320.
(20) Cajetan, ln Ha-lie q. 39, a. 1 n• 2.
(21) Saint Thomas, lia-lie q. 39, a. !.
20 LA TRADITION « EXCOMMUNIËE » Nl SCHISMATIQUES NI EXCOMMUNlËS 21
Hu1nanae), que l'on veut à tout prix imposer aux catholiques, a été « Pouvo11s-11011s souffrir, continue le Pape, que soit mise en accom-
rédigée par des « schis1natiques ». 1node1ne11ts la vérité, et la vérité divinement relevée ? Ce serait le
Nous n'entrons pas dans le débat. li nous suffit, ici, de relever co111ble de l'i11iq11ité. Car, en la ci rconstance, il s'agit de respecter
qu'un rapide coup d'œil sur les documents pontificaux des 150 der- la vérité révélée. » C'est la démonstration du conffit entre la Vérité
nières années permet à quiconque de se convaincre que la nouvelle et une prétendue « obéissance », conflit que vivent aujourd'hui tant
~rientation ecclésiale est l'œuvre d'un vieux courant longtemps et obs- de catholiques.
t!nément rebelle au Magistère (24). Ce courant, après que l'opposi- Quant au « dialogue » qu'il faudrait nouer avec tous les errants
uon eu~ été, lors du Concile, réduite au silence par de.s moyens plus et toutes les erreurs, ce n'est qu'une invenùon toute personnelle de
ou moins honnêtes, s'est installé aux postes de commande dans Paul VI, absolument sans précédent dans les deux mille ans d'his-
l'après-Concile et exige aujourd'hui obéissance à ses propres orien- toire de l'Église (26).
tations personnelles contre le Magistère précédent tout entier de Toutefois, le catholique a le devoir d'être en communion avec
le Successeur de Pierre dans la mesure où celui-ci accomplit les devoirs
l'Église. de sa charge, c'est-à-dire dans la mesure où il garde, transmet et inter-
. J?e même l'œcuménisme irénique (25), d'origine protestante, qui prète fidèlement le dépôt de la Foi ; mais il n'a aucun devoir d'être
1nsp1ra tous les textes équivoques ou inacceptables du Concile avant en communion avec les « adinventiones », les inventions - opinions,
~e cha!fiba~dement liturgique de Paul VI, cet œcuménisme qui a vues, orientations personnelles - du Successeur de Pierre. Bien plus,
impose et impose aux catholiques les déterminations les plus nom- si ces orientations sont en conflit avec la pureté et l'intégrité de la
~reu~es et !e~ plus graves, fut à maintes reprises comdamné par Foi, la fidélité au Christ requiert de résister à quiconque voudrait
1 Église, sp.ec1alem.ent à t~avers le Magistère de Léon Xllf (Testem de quelque manière que ce soit les imposer, ceci de par la nette dis-
bene~olentu:e, Satis. aogn1tum}, de saint Pie X (Singulari quadam), tinction à établir entre l'obéissance due à l'autorité et l'adhésion à
de Pie XI (Mortahutn animos), de Pie Xll (Humani Generis). des vues, à des opinions, à des orientations personnelles des déten-
. Nou.s ne. nous attarderons pas, tant nous l'avons constamment teurs de l'autorité.
deno?ce et 1ll~st~é dans ce périodique. Et parce qu'il n'est pas rare qu'on mette à profit l'équivoque c:i-
Pie XI écrivait d~ns Mortalium animos qua la charité « ne peut dessus décrite pour tenter de donner mauvaise conscience aux « tra-
P'!S tourner a!' détn ment de la foi » et que, par conséquent, « le ditionalistes », il est aujourd'hui plus que jamais nécessaire d'avoiF
Siège Apostolique.ne peut, d'aucune manière, par,ticiper à leurs con- des idées claires sur la Papauté et sur sa fo nction dans l'Église.
grès (des œcumérustes) et que, d'aucune manière, /es catholiques ne
peu~e~~ apporter. leurs. suffrages à de telles entreprises ou y collab~
r~r, s 1/s ~e fa1sa1enr.• tls accorderaient une autorité à une fausse reh· L'Église n •est pas bicéphale
g1on chréllenne, entièrement étrangère à /'unique Église du Christ »·
« L'unique Corps de l'Église une et unique n'a qu'une seule tête,
non deux, co1nme un n1onstre, el c'est le Christ et son Vicaire, le
Seigneur ayant dit à Pierre : Pais mes brebis. Les "miennes'',
. (24) c r. E.E.Y. Hales: La Chiesa callollca nef mondo contemporaneo, éd. Pao- dit-il... (27). ))
11nc, J961• L'unique Église du Christ, donc est aussi Une et sous Un seul (28) .
. (2S). lns/ruction sur le mou_vemenl œcumtnique du 20-12-1949 de Pic XII : «On
doit ~11er qu~: d~. un esprn que l'on appelle aujourd'hui irtnique, la doctrine
catholique, qu il s agisse de ~oame. ou, de. v~.ritb connexes, ne soit elle-même, par
une âude C:OIJ!p&r~ et un v11n db1r d ass1m1lation progressive des différentes pro· (26) Voir Romano Amerio, op. cil.. chap. XVI Le dialogul!.
rcsslons de r~1, ass1mil« ou accommod~ en quelque sone aux doctrines des dissi· (27) Boniface VII : Bulle Unam Sanctam (Oz. 468).
denta, a1;1 pomt que la. puret~ de la doctrine catholique ait à en sourfir ou que son (28) Saint Thomas lia-lie q. 39 a. 1 et Cajetan in Ua-lle q. 39.
sens vmtable et cert11n en soit obscurci . .,
NI SCH ISMATIQUES NI EXCOMMUN IÉS 23
22 LA TRADITION « EXCOMMUNIÉE»
La « personne» et la « fonction » du Pape
Et parce que le Christ et Son Vicaire ne sont pas deux chefs dis-
tincts mais un seul et unique Chef, l'Église ne peul recevoir du Christ Mais peut-il, celui que le Christ s·~st associé CO!Ilme C~ef ~e
et du Pape deux orientations divergentes et encore moins opposées. l'Église et comme Pierre, permeilre, favoriser, ou voulo~ dans 1 É~s~
Si le fait se produisait, inutile de dire à Qui va le devoir de fidélité. une orientation divergente de celle voulue par le Cbnst ou qui lui
Le Pape est, en effet, le Vicaire et non le Sucesseur du Christ (29) serait opposée ? La Sainte Écriture comme la théologie catholique
et l'Église est le Corps Mystique du Christ, non le Corps Mystique nous disent que, hormis les cas où l'autorité du Pap~ est engagée
du Pape (30). C'est pourquoi saint Jérôme écrivait au pape Damase : au degré couvert par l'infaillibilité (36), cela est possible.
« Moi, je ne suis personne d'autre que le Christ con1me pren1ier chef: Pierre confesse la divinité du Christ et Jésus lui dit : « Tu es bien-
Je suis ensuite lié par la com1nunion à Votre Béatitude, c'est-à-dire heureux, Sitnon fils de Jean, car ce 11 'e~r point la cha!r et le sang
à Ja chaire de Pierre, sachant que sur cette pierre est bâtie qui 1'011t révélé ceci, mais 1non Père qui est dans les cieux. Er mot
l'Eglise (31). » aussi je te dis (à toi qui as conf~ssé q.ue j~ ~ui.s le Fils. d~ Dieu) que
Le Christ est la « pierre angulaire » sur laquelle se bâtit l'Église : tu es Pierre et que sur cette pierre ;e bat1ra1 mon Eglise (37). »
Pierre n'est pierre que «par participation » (32). Il a entendu, oui, Le même Pierre tente de détourner le Christ de Sa Passion et
« qu'il devait être pierre ; non pas cependant de la mên1e 1nanière Jésus lui rétorque : « Retire-toi de moi, Satan, tu es pour moi un
que le Christ. Le Christ est la pierre vrain1ent inébranlable ; Pierre obstacle (c'est cela le sens précis du mot <~ scanda!e »)parce que tu
est inébranlable par la vertu de Celle-là » (33). Le pape est, oui « tête n'as point de goût pour les choses de Dieu, mats pour les choses
et chef de l'Église 1nais au plan visible, dans l'ordre juridictionnel, des ho1nn1es (38). »
pour autant qu'il est assisté par le Christ (infaillibilité) pendant le Et afin que nous n'allion~ pas. penser qu.e ce « sean?ale » ~dvint
temps mesuré de son pontificat » (34). parce que la primauté ne lui avait alors ete que promise mais non
li s'ensuit que la communion avec le Pape est inséparable de la conférée voici le célèbre épisode d'Antioche.
communion avec le Christ ; l'unité de l'Église est unité avec le Christ Jésus' Ressuscité a conféré à Pierre le Primat, qu'il exerce dans
et avec Son Vicaire, jamais unité avec le Vicaire hors du Christ ou la vénération de la première communauté ehl'étienne. A Antioch_e
eontre le Christ. La raison elle-même nous dit Ci!Ue « l'on doit obéis- pourtant, Paul se rend compt! ~ue Pierre était « repl'ehensibil~s »
sance à chaeun selon son rang » ; on renverse sinon 1'0Fd)'e de la parce que lui, et d'autres, e~lratnes. )lar so_n exempt~, ~ ne mfrc~a!ent
justice (35). pas droi/eine111 selon la vénté de I Evangile » (39) , b1e~ qu 1nfeneur
et subordonné à Pierre, il le réprimandera « cor~m o"!n1bus », devant
tout le monde. Saint Thomas commente : « L occasion du reproche
11 'était pas légère mais juste et utile : c'était le péril que courait la
vérité évangélique ; le mode sous lequel il fut fait. conv~nail parc~
que public el manifeste... étant donné que cette s1mulaflon consti-
(29) Cardinal Journet : l'Église du Verbe Incarné, Dcsclée de Brouwer, Fribourg, tuait un péril pour tous (40). >>
1962, t. I, p. S26.
(30) Ibidem, p. S24 ; Cajetan : De compara/a a11ctori1a1e papœ et conci/ii,
chap. VIII, n• Sl9.
(31) Ep. XV, 2, citée par L~n XIII dans l'encyclique Satis cognitum du 29 juin
1896.
(32) Uon XHI : Salis cognltum. (36) Voir Oz. 1839.
(33) Homaie De Pœnitent/a attribuée à saint Basile, citée par le Concile de Trente (37) Matth. 16, 17-18.
et par Uon XIII dans Satis cognitum. (38) Ibidem, 16, 23.
(34) Cardinal Journet : op. cit., p. S24. (39) Gal. 2, 14.
(3S) Citation de Bossuet, dans Dictionnaire de Théologie catholique, t. rx, col. (40) ln omnes S. Pauli Eplstolas.
908.
24 LA TRADITION « EXCOMMUNlilE ,, NI SCH ISMATIQUES NI EXCOMMUNIÉS 25
Donc, la Sainte Écriture enseigne que, hors du cas d'infaillibi- parce que, comme le dit Cajetan, « persona papœ potest renuere
lité, Pie~re est faillible el peut se rendre « répréhensible ». subesse officio papœ » : la personne du Pape, hormis les cas où son
Identique est la leçon que nous donne la n1eilleure théologie catho- infaillibiliLé est engagée, peut refuser de se plier aux devoirs de sa
lique q~i fait une distinction entre la « personne » du Pape et sa fonction de Pape. Une dernière remarque : parce qu'ils avaient opéré
« fonction ». une distinction entre la « papauté » et ses « dépositaires », entre la
Persona papœ potes/ renuere subesse officio papœ : Ja personne « personne » et la « fonction » du Pape, beaucoup de théologiens
du. Pape p~ut. refuser de se soumettre à son devoir de Pape, écrit furen1 personnellement mis au pas lors des moments sombres de la
Caj~tan, qui aJou.te qu~ la persistance dans un tel comportement ren- papauté (44).
drait le Pape sch1sma11que per separationen1 sui ab unitate Capitis : Quant à nous, pour qui ces époques ténébreuses semblaient à
par. sa séparation de l'union avec le Chef de l'Église qui est le jamais révolues, nous avons perdu l'habitude de telles distinctions
Chnst. (~!). Q~ant à l'~xiome « Là où est le Pape, là est l'Église» et, après le Concile Vatican 1, nous avons fini par confondre infail-
- prec1se Cajetan - 11 vaut dans la mesure où le Pape se com- libilité avec infaillibilis1ne, comme si le Pape était en tout et tou-
p~rte .en ~ape et en Chef de l'Église ; sinon « ni /'Église n'est en jours infaillible, et non dans des circonstances bien précises et sous
lui, n1 lui dans l'Église. » des conditions bien déterminées (45).
Le cardinal Journet traite aussi du « Pape mauvais 1nais encore
c~oyant » (42), de .la possibilité admise par de « grands théologiens»
d ~n .« ('ape h.éréltque » et de celle d'un « Pape schismatique » (43). Unité de foi et unité de communion
Il ecnt a ce SUJel que le Pape « peut lui aussi pécher de deux manières
contre la con11nunion ecclésiastique ». La seconde manière consiste Quelle est donc la fonction du Pape dans !'Églrse ? Le Concile
dans le fait de « briser l'unité de direction, ce qui se produirait, selon Vatican I enseigne : « Afin que toute la multitude des croyants se
la .Pénétrante analyse de Cajetan, s'il se rebellait comme personne maintienne dans l'unité de la foi et de la communion (in fidei et
privée co!'tre le dev~ir de sa charge, et refusait à l'Église - en ten- communionis unitate), Jésus plaça le bienheureux Pierre à la tête des
t~nl de I excom~un1er tout entiè1:e ou sùnplement en choisissant de Apôtres (46). » Léon XIII qui traite ex p1:ofesso de l'unité de l'Église,
vivre ~n ~ur prinae temporel - l'orientation spirituelle qu 'elle est éerit : « l'auteur divin de l'Église, ayant décrété de lui dl!Jnner l' unité
en droit d atte~dre de 1~1 a~ nom d'un plus grand q ue lui, du Christ de foi, de gouvernement, de commu~io~, a choisi Pien:e et ses suc-
mê~e et de Dieu ». Et 11 ajoute : «la supposition d'un pape schis- cesseurs pour éldblir en eux le pnnc1pe et con1me le centre de
matique nous ré~èle davantage, en le cernant d'un jour tragique, le l'unité (47). » , . .
~Yftèr~ de la sa1nte!é de cette unité d'orientation qui est nécessaire Donc la fonction de Pierre est d'assurer « / unlfé de foi et de
a I Église; et peut-etre pourrait-elle aider l' historien de l'Église - con1munfon » au sein de la multitude des croyants ainsi que « l'unité
ou plutôt le théologien de l'histoire du Royaume de Dieu - à illu- de gouverne1nent » parmi la multitude des ;ast~urs. . . .
miner d' un rayon divin les sombres époques des annales de la Mais en quel rapport se trouvent, dans 1 Église, un1te de foi et
papauté, en lui permetta nt de montrer comment elle a été trahie par unité de communion , unité de foi et unité de gouvernement ? « Celui
certains de ses dépositaires. » qui a institué l'Église unique, l'a aussi instituée une... Or, une si
Il est évident qu~ si la ~héol<_>gie catholique étude le problème posé
par un Pape mauvais, sch1sma11que voire hérétique, c'est précisément
rée vraie, pu!squ 'elle garde sans aucun doute ce que les Églises ont ran1e11er à l'Église ceux qui en sont séparés. Qu'ils reviennent, rien,
reçu des Apotres, les Apôtres du Christ, le Christ de Dieu ... Nous certes, ne Nous tient plus à cœur; qu'ils reviennent, tous ceux qui
• sotnrn_es en. co1n1nunion avec les Églises apostoliques ; nul n'a une errent loin du bercail du Christ, rnais non par une autre voie que
doctnne différe_nte : c'~st. là _le ~é1noignage de la vérité (54). » celle que le Christ a lui-1nême rnontrée. »
. Pa_rce que, _si le Mag1stere 1ns11tué par Jésus-Christ est un « magis- Tout commentaire est supernu. Léon XIII avertit ici clairement
tere v1van~ », 1~ es~ aussi un « magistère perpétuel » (55) qui ne peut que l'œcuménisme irénique attente à la pureté et à. l'intégrité de la
se contredire.lu1-meme san_s contredire ce que l'Église a reçu des Apô- Foi et, par là même, à l'unité de communion dans l'Eglise. Nul besoin
tres, les Apotres du Christ et le Christ de Dieu. de démontrer que c'est justement cet œcuménisme-là qui est prôné
depuis Vatican Il et que continuer sur le chemin « irréversible » de
cet œcuménisme équivaut à continuer de compromettre l'intégrité et
Oecuménisme : une atteinte à l'unité de l'Église la pureté de la Foi, ce ~~'illustre, pa~faitement l'initiative d'Assise,
et donc à déchirer l'unlte dans 1 Eghse.
Relevons encore que Léon XIII dit «tendrait à séparer les catho-
Puisque l'unité de foi est « fo11de1nent nécessaire » de 1'« harmonie liques de l'Église », parce que, de fait, personne ne peut séparer le
des_ ~olontés >: et ~e la_« ~oncor:dance des actions » (56), bref, de toute catholique de l'Église si lui-mê~e n~ s'en sépar~ pas ~oupablemen~ :
un1te dans 1 Éghse, 11 s ensuit que chaque fois que la hiérarchie la séparation motivée tempora~re d ~vec les 0~1en1:3-uons de la ~é
récla~e. une « unité d~ comn1union » ou de « gouvernement » en rarchie n'équivaut en effet pas a se separer de 1 Église. Au contraire.
oppos1t1on plus ou moins grave avec I'<< unité de foi» elle attente Le Dictionnaire de Théologie catholique écrit : « Les théologiens
à l'unité de l'Église. ' 1nédiévaux ceux des XIV', XV' et XVI' siècles du moins, ont le souci
Léon XIII en donnait l'avertissement dès 1899 dans Testern de noter q~e le schisme est une séparation illégitime (en italique dans
benevolentiœ : ' ' le texte) de l'unité de l'Églis~, car, 1isent-ils, fi P,our:ait Y avoir une
«Ils (les évêques américanistes) soutiennent en effet qu'il est séparation légitilne, conune s1 quelqu un r~fusa1t .' obé1SSance au Pape,
opportu~, pour gagner les cœurs des égarés, de taire certains points celui-ci lui co1nma11dant une chose mauvaise ou indue {Turrecremata :
de doctnne comme étant de moindre importance ou de les attélluer Sun1111a de 'Ecclesia). La considération peut paraître superflue (elle
au point de ne plus leur laisser le sens auquel l'Eglise s'est toujours ne l'est pas aujourd'hui) et l'on peut P,enser que, com"!e dans te ~as
tenue. Il n'est pas besoin de longs discours pour montrer combien de l'exomn1unication injuste, il y aurait là une séparation de 1 unité
est _comdamnable la tendance de cetle conception ... JI ne faut pas purement extérieure et putative (57). »
croire non plus qu'il n'y ait aucune faute dans ce silence dont Ofl
veut couvrir certains principes de la doctrine catholique pour les enve·
lopper dans l'obscurité de l'oubli. Car toutes ces vérités qui fol'ment Situation « extraordinaire >> dans l'Église
l'ensemble de la doctrine chrétienne n'ont qu'un seul Auteur et
Docteur.•. La fracture entre unité de foi. et une. prét~ndue « u'!ité de co~
. Qu'on ,se g'!rde donc de rien retrancher de la doctrine reçue d~ munion » temporaire avec une h1é~arch1e ~u1 _omet, tlllt, ou, alt~re
Dreu ou d en nen omettre, pour quelque motif que ce soit · car ce/ut la doctrine reçue de Dieu et trans~1se. par 1 Egbse, c~ée dans 1 Église
militante une situation « extraordinaire >>.. c es_t-à-dire un état no~
1
qui le ferait tendrait plutôt à séparer les catholiques de l'Eglise qu'à
ordinaire et non régulier des choses. La s1tuauon normale et ordi-
les ân1es ou qui trouble l'ordre civil, et, à plus /orle raison, au Pape
.
fier ni de l'orienter vers d'autres fins : de même que l'Église
,
Corps du Christ et non celui de Pierre, de même les Evêques, tout
est le
qui tente de détruire l'Église » (64). subordonnés qu'ils soient à Pierre, sont les serviteurs du Christ et
J uste, parce que, avec la foi, est en jeu son propre salut éternel non de Pierre (72).
et celui d'autrui, e1 avec le salut, la gloire que l'homme doit, selon Papauté et Épiscopat « sont étroite1ne11t solidaires » : ce sont
Je plan divin, à son Créateur ; c'est à Sa Loi Éternelle que doivent « deux fonnes, l'une suprê111e... l'outre dépendante... d'un même pou-
se référer tous les rapports naturels et surnaturels entre les créatu- voir qui vient du Christ, qui est ordonné ou so_lut éterne! des
res, personne n'étant exempt (65). â111es » (73). Un Évêque ne peut donc prétendre, av?1r .a~comph tout
C'est pourquoi saint Thomas écrit. « Notons que, s'il y avait un son devoir quand il s'est limité, comme un latc, a res1ster dans la
péril pour la foi, les subordonnés seraient tenus de réprimander Jeurs foi uniquement pour son propre compte.
prélats, mêrne publique1nent (66). » Du fait des pouvoirs plus amp les : ~ .
Et Cajetan : « On doit résister au Pape qui détruit ouvertement Pour pourvoir au salut éternel d7s âme~,. c~aque Éveque .reçoit :
l'Église (67). » 1) immédiatement de Dieu par 1'1nter~éd1~e du Sou.ver~1!1 Pon-
tife ou immédiatement du Souverain Ponufe mais par droit diVIn (74),
le pouvoir de juridiction «pour gouverner les fidèles .e~ vue d_e
Devoirs et pouvoirs de !'Épiscopat l'obtention de Io vie éternelle » et ce par le moyen du magistere sacre,
du pouvoir législatif et du pouvoir judiciaire (75) ; . . ..
Si le comportement extraordinaire de la hiérarchie actuelle justi· 2) immédiatement de Dieu, au mom.ent de la consecrat!on ep1s-
fie, mieux, impose aux fidèles un comportement sortant pareillement copale, le pouvoir d'ordre «pour ,sanc~ifi_er I~ âmes par 1 offrande
de l'ordinaire, à plus forte raison l'exige-t-iJ des Évêques, du fait du Sacrifice de /a Messe et par I odm1n1strot1?n :!es Sacrements »,
des plus graves devoirs et des plus amples pouvoirs qui sont les leurs sacrements parmi lesquels so~t pr?prement de 1 Éveque ceux de Con-
dans ! 'Église. firmation et d'Ordre, ce dernier lui l?ermettant de transmettre le Sacer-
Du fait des plus graves devoirs : doce même dans sa plénitude (Ép1~cop~t)._ .
..Les Évêques, présents dans ! 'Église de pa~ une institutio~ A la différence du pouvoir de iund1ct~on qui est révo~able, .le
d1v1ne (68) « ne sont pas des délégués ou des vicaires du Pape, mais pouvoir d' ordre est indélébile. Pour cette raison, Ja co~é<iFau_on épis-
proprement et véritablernent des pasteurs des âmes» (69). copale par un Évêque est valide même dans les cas ou elle est ren-
Maîtres et gardiens, à leur degré hiérarchique, « de la foi et des due illicite par I' Autorité compétente (76).
mœurs » (70), les Évêques sont responsables devant Je Christ de leur
mandat divin (71). Ce mandat est exécuté indubitablement avec et
sous Pierre, mais Pierre n'a le pouvoir ni de l'annuler, ni de le modi·
(64) Sai~1 R!>b:e" Bellarmin : De Romano Pontifice. · oli .. op. c1·1. ,• Raoul Naz et divers auteurs : Traité de Droit cano-
(72) Lud w1g
(65) Voir D1c11onnalre de Thlofogie calholique, t. IX, col. 876-877. nique, ~d. Le1ouzey et Ant, Paris.
(66) lla-llz q. 33 a 4 ad 2.
(73) Cardinal Journet, op. cit.. t. I, P· 522. . . . .
(68) Vatican 1, Oz. 1828 ; Actes 20, 28. (74) Celle question est encore ouverte : voir D1c1tonnave de Thlolog~ catho11•
(67) De compara/a auctoritate papœ et conc//11. que, sous Évlques 1. VIII, col. 1703. . . . ... S d'
(69) Ludwig Ou : Grundriss der Dogmat/k &i. Herder Fribourg Allemagne ; (7S) Parente-Pi~lanti-Garofalo : Divonario d1 t~logia domma11ca, ""· ru aum,
Dictionnaire de Thlofogle catholique, 1. V, ool. 1703. ' ' Rome, sous gerarchla. .
(70) cardinal Journet : op. clt., 1. I, p. 506 ; cf. can. 336 de l'ancien code de (76) Raoul Naz et divers auteurs : op. c11.. P· 455.
Droit canonique.
(71) 1 Pierre 5, 2.
34 LA TRADITION «EXCOMMUNIÉE» NI SCHISMATIQUES NI EXCOMMUNIÉS 35
P ouvoir et de devoir de la Papauté pie ou la 110111inatio11 faite par des princes n'était pas toujours et
partout l'objet d'une approbation par le Pape. Que, dans ces cas,
Mission et pouvoirs épiscopaux, sont, en tant qu'ordonnés à l'édi- il y ait eu confinnation ou collation tacite par le Pape du pouvoir
fication de l'unique Église du Christ, indubitablement soumis dans épiscopal... se111ble i11dé1nontrable autant qu'invraisemblable » (80).
leur exercice au Successeur de Pierre, en vertu du Primat. D'où la distinction que font les théologiens entre l'autorité du Pape
Le Pape, cependant, n'a reçu pouvoir de discipliner ab ho.mine quant à la matière et quant à l'exercice de la dite autorité (81).
mission et pouvoirs de droit divin que dans le but d'assurer à l'Eglise De fait, l'exercice de l'autorité papale sur le pouvoir d'ordre des
une unité de gouvernement dans la poursuite de sa fin spécifique qui Évêques a varié, au cours des siècles, en fonction des besoins de
est le salut éternel des âmes (77) ; il ne l'a pas reçu pour orienter l'Église et des exigences du salut des âmes. Cette interventiol} fut
l'épiscopat selon ses propres vues « personnelles » et, encore moins, inexistante pendant les premiers siècles, quand les nécessités de l'Evan-
pour lui faire prendre une orientation contraire à celle que le Christ gile exigeaient que les pouvoirs épiscopaux soient exercés sans limi-
lui-même lui a donnée, et qu'il continue de donner, s'il ne rencon- tation ; c'est ainsi que l'on voit les Apôtres, et leurs disciples immé-
tre pas de résistance, aux membres de la hiérarchie, selon sa pro- diats, élire ordonner et établir d'autres évêques sur les sièges épis-
messe formelle : « Voici que je suis avec vous jusqu'à la fin du copaux (82). Puis, peu à peu et. de pl~s en plus jusq~'au. ~IV• siè-
monde (78). » cle, les Papes, pour écarter l'ingerence 1.ndue du pouvoir civil, com-
Ainsi, en instituant le Primat, Notre Seigneur Jésus-Christ n'enten- mençèrent à se réserver l'élection des Evêques en tant que « cause
dait pas du tout abandonner son Église à l'arbitraire de Pierre et majeure » c'est-à-dire de particulière importance pour l'Église (83).
de ses Successeurs. L'Église n'est point polycéphale comme le vou- La discipline actuelle, qui prévoit l'exc~~municat.ion de. l'Évêq~e
draient les fauteurs du « collégialisme » épiscopal ; elle n'est pas ayant procédé au sacre sans mandat pont1f1cal, fut 1nstauree par Pie
davantage bicéphale, ainsi que nous l'avons rappelé : s'il est vrai que Xlt, lorsqu'il dut affronter la menace d'une Église schismatique en
!'Épiscopat est limité par le P~imat, celui-ci est à son tour « limité Chine. .
par le droit divin », lequel « exige que le pouvoir ecclésiastique, con- Dans l'histoire de' l'Église il y eut par ailleurs .des Evêques. qui,
formément à sa finalité, soit utilisé pour l'édification et non pour dans des situations ex~raordinaires où se retrouvaient en partie les
la destruction du Corps mystique du Chnist » (79). , exigences des premiers siècles et où, en eonséq uence, se révél.ait la
li s'ensuit que, quand il délimite le pouvoir de juridiction des ~ve nécessité d'user des pouvoirs épiscopaux dans ~o~te. le~r pléru~~de,
ques, de même lorsqu'il réglemente l'exercice de leur pouvoir d'ordre, sacrèrent des Évêques sans se tenir aux no~mes disc1plinaires d~ 1epo-
le Pape est tenu d'agir en conformité des exigences de la gloire de que ; ils le faisaient en vertu de cette « /01 de suppléance ». qui eXJste
Dieu, du bien de l'Eglise et du salut éternel des âmes. dans l'Église, comme en tout orgarusme, .lorsque le fonctionnement
Ce sont des notions plus qu'élémentaires ; elles sont pourtant, d'organes nécessaires ou indispensables vient à se trouver compro-
aujourd'hui, obscurcies plus que jamais dans l'esprit des membres mis. C'est ainsi qu'au 1v• siècle: saint ~us~be. de Samosate parcou-
mêmes de la hiérarchie. rut les Églises orientales dévastees par 1 arianisme et, sans posséder
L'élection d es Évêques
(80) Ludwig On : op. cil.
C'est un fait que «<jans les premiers temps de l'Église et au début (8t) Cardinal Journe1 : op. cit., t. 1, p. 528. n. 1.
du Moyen Age, le choix de l'Evique fait par le clergé et par le peu- (82) Til. 1, s ; 1 Tim. ; Ac1es 14, 22. . . . . . .
(83) Raoul Naz e1 divers au1eurs : op. c11. ; D1c11onnaw de Thiologie catholi-
que, sous Élection des Évlques, 1. VIII, col. 2256 etréass.L'""-'" ,,..
(77) Oz. 1821. . (84) Th&>d. : His1. ceci., 1, IV, c. 12; Dom A. 0 : qtise el $11 ..wme cons-
(78) Mauh. 28, 20. tl/ution, 1, li, chap. XI: Action du cotllge ipiscopal.
(79) 2 Cor. 10, 8 ; cf. Ludwig On : op. cit.•
NI SCHISMATIQUES NI EXCOMMUNIÉS 37
36 LA TRADITION " EXCOMMUNIÉE »
se trouvent menacés de telle sorte que l' on se trouve normalement
sur elles une quelconque juridiction spéciale, y sacra et y installa des contraint, pour les ;auvegarder, d'enfreind~e 1~ ~oi (88).
Évêques catholiques (84). Pour être admis à invoquer l'état de necesslte et se trouver au
On pouvait, dans de telles situations, présumer raisonnablement bénéfice du droit correspondant, il faut :
Je consentemçnt de l'Autorité Supérieure qui ne pouvait que vouloir 1) qu'existe vraiment un état de nécessité ;
Je bien de l'Eglise et le salut des âmes. Et la violation matérielle de 2) qu'on ait tenté d'y remédier en recourant aux moyens
la norme disciplinaire a.lors en vigueur se trouvait juslifiée par !'<<état ordinaires ; . . . . .
de nécessité» qui fonde un « droit de nécessité» correspondant. 3) que l'acte << extraordinaire » accompli ne doit pas 1ntnnseq_ue:
ment mauvais et qu'il n'en résulte pas un domm~ge pour le proc~~n ,
4) que, dans la violati_on de_ la loi, o:i, se uenn: d~s. l_es limites
État et droit de nécessité des exigences réellement 1mposees par 1 etat de n~cesslle , .
5) que l'on ne remette d'aucune _façon en quest_1on le pouvoir d_e
L'état de nécessité et le droit consécutif de nécessité est un des l'autorité compétente et que l'on puisse, au contraire, pres~er rai~
arguments avancés par Notre Seigneur Jésus-Christ quand il veut sonnablement que, dans des circonstances normales, elle eut donne
démontrer l'innocence de ses disciples accusés par les Pharisiens son assentiment. . .
d'avoir violé la loi du repos sabbatique en cueillant des épis pour Ces cinq conditions se trouvent toutes reun1es dans le cas des con-
calmer leur faim : Jésus évoque l'épisode de David qui, poussé par sécrations épiscopales effectuées par Mgr Lefebvre.
la nécessité de la faim, << entra dans la Maison de Dieu et 1nangea
les pains de proposition, dont il n 'était pennis de manger ni à lui, 1) li existe réellement dans l'Église un éta t de nécessité
ni à ceux qui étaient avec lui, niais aux prêtres seuls » (85).
L'état de nécessité est considéré par le Droit canonique comme Il existe un état de nécessité pour les âmes qui ~nt _le droit de
l'.u,ne des causes 9ui, aux conditions fixées, suppriment l'imput~bi recevoir du clergé les biens nécessaires au salut,_paruc~hèr~ment la
hte (86) du « délit », lequel se trouve alors réduit à une violation doctrine et les Saeremenls (89). li existe. un dr01_t de nece~s1té pour
purement matérielle de la loi (87). Le communiqué du 30 juin !'988 les séminaristes qui ont .le droii de rece~otr une s_a1ne formation sacer-
de la Salle de Presse du Vatican faisait d'ailleurs référence dans le dotale particulièrement dans le domaine doctnnal.
cas de Mgr Lefebvre à ce droit de nécessité même si e'était pour
le nier. '
L'état de néce~sité, ainsi que l'expliquent les juristes, est un état Pour les âmes
dans lequel des biens nécessaires. à la vie naturelle ou surnaturelle
A . . d ait nier l'existence d'un état de nécessité il incom-
be . cde1ut qui vou r la foi et la transmission de la foi dans le peu-
rau e prouver que . ement menacées ·
(85) Manh. 12, 3-4. pie chrétien ne sont pas sérieusement et grav ·
(86) Pour 9u'u!1e per~on!le s~il punissable, il faut : a) une violation de la loi ;
b) que cene v1ola11on lui soit « imputable », c'est-à-dire qu'on soit fondé à la lu•
reprocher ; ~·est là q_u'intervicnt 1'~1a1 de n~cessit~ ; c) que cene personne soi~ r~·
ponsablc. S1 elle est irresponsable, clic ne peut être punie, bien que le délit lm soit (88) Cf. G. May, Notwehr, Wlderst11nd und NotStand, Vienne, Mediatrix-Verlag,
imputable.
(87) cr. can. 2205 § 2 ancien Code de Droit canonique et can. 1323 n° 4 dU 1984. . ·que et can. 213 du nouveau Code,
nouveau Code qui dit : « N'est punissable d'aucune peine la personne qui, lorsqu 'e/I~
(89) Can. 682 ancien Code de Droll canoni e la rt des Pasteun sacns
/'aide
a vio1' la loi ou un prlttpte : ... "' a agi forcie par une crainte grave, même 51
qui dit : " Les fid~les ont le droit de Jece
. volf ~out
Provenant des biens spirituels de /'cg11Se, sur
'de la parole de Dieu tt des
elle ne /'ltalt que relativement, ou bien poussh par la nlcessité ou pour éviter u~ sarrements. »
grave inconvlnient, d moins cependant que l'acte ne soit intrinstq11ement mauv111S
ou qu'il ne porte prljudlce aux 6mes..• ,.
38 LA TRADITION « EXCOMMUNIÉE» NI SCHISMATIQUES NI EXCOMMUNIÉS 39
a) par les nouveaux catéchismes approuvés et imposés par les Con- Pour les séminaristes
férences épiscopales ;
b) par les homélies, par les mass-media catholiques el notamment
par 1~ soi-di~a.n~ « press_e catholique » (90). qui attaque, met en doute Celui qui voudrait nier l'existence d'un étal de nécessité pour ceux
ou nie les ventes de foi et les principes de la morale catholique sans qui sont appelés au Sacerdoce catholique, devrait établir :
en excepter aucun ; a) que les Séminaires n'ont pas été en grande partie fermés et/ou
c~ par les initi~~ives c~ œ~u_n_1éniq11es » de masse, prônées à tous vendus ;
les_ n_iveaux ~e la h1erarch1e, 1n1uatives qui répandent l'indifférentisme b) que les Séminaires qui subsistent fournissent aux futurs ~rê
religieux qui est « une _des hérésies les plus délétères» (91) ; tres une formation doctrinale (pour ne pas parler de la formation
d) par la nouvelle liturgie, particulièrement par le nouveau rite morale et spirituelle) authentiquemen~ catholiqu~, _i~d~mne de libé-
. . .qu'un anglican converti Julien Green a défini comme
de la Messe ) )
ralisme, de modernisme, d'œcumérusme et d heres1es de toutes
« u'!e _1m1tat1011 as~ez grossière du service anglican » (92) et que les es~~; . .
calv1rustes de Taizé estiment utilisable même pour la « cène » c) que les deu x tentatives entr~pris~ par le Vatic~ ~our offrir
protestante. une alternative valable, à Rome meme, a ceux des sém1nar1stes ayant
. Il devrai~ surtout démontrer que cette orientation nouvelle n'est quitté Mgr Lefebvre, n'ont pas fait le misérable naufrage que la presse
ru. voulue, n! fav~risée ou permise d'en haut, ou, pour le moins, éta- rappelait encore ces jours-ci ; . . .
b!u que, meme ~1 au cours des derniers vingt ans avaient été infli- d) que dans les Instituts el les Un1vers1tés cathobqul'.'5 et dans les
gees toutes l~s peines prévues par le Droit canonique pour les « délits Universités pontificales romaines elles-mêmes_. ne s'ens~1gne pa~ u~e
contre la foi » (93). on en serait quand même arrivé aux événements théologie morale immorale ni une théo!og1e d?gmauq~e qui . nie
pour lesquels on ~éclare aujourd' hui, indûment, que Mgr Lefebvre jusqu'aux dogmes fondamentaux de I~ Foi catholique (Resurrecuon,
a encouru _une peine pour un « délit » accompli dans l'exercice de divinité de Notre Seigneur Jésus-Chnsl, etc.).
son pouvoir d'ordre (94). Cette démonstration étant impossible, il ne reste plus. aJ~rs qu'à
, <:_eue d~monstration étant impossible, il ne reste plus, à qui déclarer que la forma~ion des futurs prêtres est chose qui n importe
s entete à nier un état de nécessité, qu •à contredire le Saint Esprit (95), pas à l'Église de Dieu.
en affirma!lt. qu'!l est possible de plaire à Dieu ... même sans Ja foi !
Aux m1n1ma!Jstes enfin, qui objectent que tout n'est pas si corn-
pJè.tement délabré, nous rappellerons que, en matière de foi, celui 2) Tous les moyens ordinaires ont été épuisés
q~1 me~ en doute ou nie une seule vérité révélée ou connexe à la
Revélauon, met en doute ou nie la Révélation toute entière (96).
Pour porter remède à l'état de nécessi!é. des fidèles, Mg~ Lefeb-
vre a personnellement fondé une Fratem1te Sacerdotale q~ assu~e
aux âmes et la saine doctrine et les Sacrem~nts s~lon le rite lra~1-
tionnel de l'Église catholique. En out~e, et suivant 1exemple de saint
Paul, il n'a cessé, publiquement aussi, de ra~~ler aux autres me'!l-
. (~·lm première ligne, pour l'l!alie, 1~ C.ivllrà Cauolica avec ses éditoriaux, Fomi-
g/10 ISl1ana, ~endue ~~s les ~hses, aanst que de nombreux bulletins paroissiaUJ<· bres de la hiérarchie leurs propres responsab1bt~ ~nve~s la .«. vérité
(91) Ro~1-Pal11ZZ1nt : DI~1onario di rtologia morolt M Studium Rome. de l'Êvangile » et envers les âmes, s'exposant ams1 à 1 hostilité des
(92) Julien Green : Ce qu'il faut d'amour à f'homm; · ' confrères dans l'épiscopat, particulièrement à celle des ÉvaQues fran-
(93) Livre IV, IJ• partie, tilre 1. .
(94) Ibidem, tiue 111. çais et de Paul VI lui-meme. . · és
(9S) Heb. Il, ·6. Pour remédier à l'état de nécessité de ceux qw étaient appel
(96) Saint Th(!mas, lia-Ile q. S a. 3. au Sacerdoce, Mgr Lefebvre a fondé, sur leurs pressantes requ!tes,
Nt SCHISMATIQUES NI EXCOMMUNIÉS 41
40 LA TRADITION « EXCOMMUNIÉE »
le Séminaire d'Ecône. Alors que ce Séminaire, reconnu et florissant seuleinent que l'on déclare que c'est lui qui a toujours eu raison et
au milieu de l'écroulement général des vocations sacerdotales et des ceci est ilnpossible (97). » . .
Séminaires, aurait dû être fenné en vertu de mesures illicites autant Non, Mgr Lefebvre ne veut pas une déclaration _selon laque}le lui
qu'invalides, son Fondateur, se voyant refuser toute possibilité d'obt:- seul aurait eu raison : le texte du « protocole » est la pour le dem_?n-
trer. il veut simplement qu'on ne lui demande pas de. re~onnaJtr.e
nir justice de I' Autorité, procéda néanmoins à l'ordination des pre-
tres, s'offrant ainsi à la suspense a divinis. Douze années durant, d es «' erreurs » qu "I
1 n 'a pas commises. • parce . que cela equ1vaudrrut
toute réhabilitation lui fut refusée et la plus élémentaire justice ne à rendre vainc la bataille pour la Foi c~ndu1.te pendant tou~~ ces
années, bataille qu'il eût mieux valu ne J~ma1s commencer s il,'.~
lui fut pas rendue. Après le « so111me1 » œcuménique sans précédent lait la conclure par un reniement. A ce point des pourparlers, .1. e 1-
d'Assise, Mgr Lefebvre annonça qu'il se trouvait, étant donné son
âge avancé, contraint de sacrer des évêques auxiliaires afin d'assu- d ence apparut d e 1,.1mpossibilité de « •collaborer
fi · t •
» avec une h1erar-
tard par récla-
chie dont l'orientation persistante aurait irn, ot ou . ' b
rer l'accès au Sacerdoce des quelques 300 séminaristes qui se prépa- mer de Mgr Lefebvre ou de sa Fraternité des c.ompromJS, des a an-
raient dans les diverses maisons de la Fraternité. C'est alors que Rome d ons ou, à tout 1e moin · s des silences complices.
lui fit miroiter la perspective de pouvoir procéder aux sacres avec • é · · · a Sainteté Jean-Paul Il :
C'est alors que Mgr Lefebvre cnvit a s ,
un mandat pontifical en bonne et due forme et sans devoir se plier, « Le n10111en1 d'une collaboration franche et efficace n est pas edncore
en échange, à des compromis doctrinaux. . de prier pour que ta Rome 1no erne,
Très rapidement cependant, Mgr Lefebvre dut constater que la arrivé... Nous con li nuerons . l Roine catholique et retrouve
promesse, toute verbale et imprécise, d'un tel mandat pontifical, infestée de n1oder11is1ne, redevienne b~è de la réconcilia/ion n'aura
sa Tradition bùnillénaire. Alors le pro 1' ine
n'était qu'un appât trompeur. Dans la Note diffusée le 16 juin 1988
par la Salle de Presse du Vatican, on lit que, dans le protocole « des- plus <f.e. raison d'~!re. » 1"bilité d'obtenir un mandat pontifical régu-
tiné à servir de base » pour la « réconciliation », Mgr Lefebvre e_t D 1c1 là, dans l 1mposs · 1 ne restait plus qu'à pro-
sa Fraternité s'engageaient « à une altitude d'étude et de communi- lier sans devoir se plier à des co11?f ~m;~~t:r de la légalité que fonde
cation avec le Siège Apostolique, évitant tout polémique au sujet des céder ~ux sacres e~ usa~t du d~oià 1e norme disciplinaire, qui régit
points enseignés par Vatican Il ou des réformes postérieures qui le~r le droit de _nécessité : s .en ~en~~e d:S Évêques, autait signifié, dans
paraissaient difficilement conciliables avec la Tradition ». C'était clai- en ce domaine le pou~oir. ~ or vent les âmes et les futurs prê-
rement un «pacte de silence ». Vac~uel état de nécessité ou se tàou ne prescription disciplinaire de
tres, sacrifier le salut de~ âmes u ment intervertir l'ordre : la dis-
Une expérience amère de plus de vingt ans a largement démon- d_ro~t ecclésiastique, ce qui est propret des âmes et non le contraire.
tré qu'argumenter « dans une attitude d'étude et de connnunication ?> c1pbne est en effet ordonnée ;u sa u formalisme pharisaïque : le sab-
avec le Vatican était chose parfaitement inutile : le seul résultat pr~ C'est l'enseignement de Jésus ace ~·~omme pour le sabbat (98). La
visible de l'« accord» était la réduction au silence de l'unique voix bat est fait pour l' homme, non
autorisée et dérangeante qui se soit fait entendre à l'heure de l'auto-
démolition généralisée de l'Église. Quant fut ensuite réclamé à Mgr
~fe~vre de ~emander, par écrit, pardon au Pape pour des erreurs "(fusé sur le r.!seau régional, Jacques Devron
Jamllls comrntses, les pourparlers, ouverts sur la promesse de « res- . (97) Dans un repon~ge de F.~. 3 ~la va bien. Nous voyons des choses trts idi:
interroge le Cardinal qui r~pond · " C ons d'aller partout, de voir les œuvres qui
pecter le charisme propre » de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, flantes partout, excellentes. Nous ~ssay il beaucoup... On ne peut pas demander
apparurent clairement fondés sur une équivoque 1 comme le dira le s'accomplissent Nous trouvons qu Il se fa rs du Pape de l'amour que l'on a pour
un accueil plus chaleureux. On pade IOUJ~U l'aveu ma.:..e du Cardinal, ce n'est pas
0
!Etat de nécessité]
can~~ ~fd§e
2 de droit canonique de 1917 pa~lait de la nécessité au
§ 1 o • § 2 et 3, celui de 1983 en traite aux cc. 1323, 4° et 1324
lais~e5à· L~ l?i ne dit pas ce qu'elle comprend sous ce terme, elle
fication.l~u!1sprudence et à la doctrine le soin d'~~ préciser la signi-
lequel d ~1s 11 ressort du contexte que la nécessite est un état dans
écarte ~ biens vitaux sont mis en danger de telle manière que pour
r e danger la violation de certaines lois est inévitable.
!Drozt. de nécessité]
e:ic~t Code reconnaît la nécessité comme une _circonstance qui
Pourvue de toute peine en cas de violation de la 101 (can. 1323, 4°),
que l'action ne soit pas intrinsèquement mauvaise ou ne porte
50 LA TRADITION « EXCOMMUNJeE •
Les protestants de la Confessio11 d'Augsbourg et de Lorraine le 3) La séparation du Concile de la Tradition n'est pas le fruit
reconnurent eux-mêmes :
d'une valorisation excessive > comme l'affirme le Car-
cc li devrait être possible aujourd'hui à un protestant de recon- .
Ce n'est pas une « étroitesse de vue
. V 't·can Il [de la Tradi uon
> · )
nartre da'!S la célébration eucharistique catholique fa cène instituée d1na1
. · J~ .le concile a 1
Ratzinger, « qui· 1so
par le Seigneur [...] Nous tenons à l'utilisation des nouvelles prières et qui a provoqué l'oppos1t1on ». éellement séparés de la Tra-
eucharistiques dans lesquelles nous nous retrouvons et qui ont l'avan·
tage de nuancer la théologie du sacrifice (14)... » ?
. . Non. Certains textes du Concile soê~~er conciliés avec elle. n'est
dtt1on et ils ne peuvent en aucun cas mentaires donnent l 1mpres-
~as seulement que « beaucoup de ~om é et que ce qui ~·a précédé
s1on » qu'avec Vatican II tout a c ang tes du concile qw ont cons-
n, a plus de valeur. Non. 11 exi·ste des tex
(13) Op. cit., n• 322, p. 588.
(14) L '/tg/i# Ill Alsoœ, Janvier 1974,
Paris, N.E.L., 2• ~. 1981, p. 193·194.
cit~ par L. Salleron La nouvelle messe.
'
- La Croix, JO mai 1969, c11~
OS)- . par L• Salleron, p. 193.
72 LA TRADITION « EXCOMMUNIÉE »
-- ABRÉVIATIONS
D:r.c. : Dictionnaire de th~logie catholique.
Dz.
: Enchfridion symbolorum, Denzinaer.
0.lt
: Osservarore Romano.
(I) li Sabato des 16/22-7-1988.
74 LA TRADITION « EXCOMMUNl~E » LA TRADITION, LE CONCILE ET LES « TRADJTIONALISTES ,, 75
est "ancien", le considérant co1111ne synony1ne de ta Tradition. Cepen- Tradi~ion. de l'Ég~ise, authentiquement interprétée par le Magistère
dant, .ce ne sont pas /"'ancien" en tant que tel' ni le "nouveau" e~clés1ast1que, ordinaire et extraordinaire, spécialement dans les Con-
.
en soi qui correspondent au concept exact de la Tradition dans la ciles ~cu111éniques, depuis Nicée jusqu'à Vatican JI. De cette
vie de_ l'J!glls_e. Ce c~ncept désigne, en effet, signifie la fidélité durable réflexion, tous doivent retirer une conviction renouvelée et effective
de l'Eglise a la vérité reçue de Dieu, à travers les événen1ents chan- de la nécessité d'approfondir encore cette fidélité à cette Tradition,
geants de l'histoire. L'Église, co1n111e le maître de 111aison de /'Évan- en r_efusant toutes les interprétations erronées et les applications arbi-
gile, tire avec sagesse "de son trésor, du neuf et du vieux" traires et abusives en matière doctrinale, liturgique et
(cf Mt. 13, 52), de1neurant dans une obéissance absolue à /'Esprit disciplinaire (4). »
de vérité que te. Christ a ~onné à l'Église co111me guide divin. Et
cette. œuvre dél1c~te de d1scerne111ent, l'Église /'accoinplit par son
Magistère authen~1que (cf. Lumen Gentium, n° 25) (2). » L'« ancien », synonyme de Tradition au sens objectif
~) <<.A la racine de cet acte schis1natique se discerne dans une
no~1on 1nco"!plète et contradictoire de la Tradition. Tnco1np/ète, parce «Le Saint-Esprit - déclare Vatican I - n'a pas été promis aux
qu el~e. ne 11e:it pas sufjisa111111ent compte du caractère vivant de la ~uccesseurs de Pierre pour qu'ils fassent connaître, sous sa révéla-
Trad111on qui, co1n1ne l'a enseigné claire1nen1 te Concile Vatican Il, tio11, une nouvelle doctrine, 1nais pour qu'avec son assistance ils gar-
"tire son ?rigi~e de~ Apôtres, se poursuit dans l'Église sous /'assis- dent saintement et exposent fidèlement ta révélation transmise par
tance de I Esprit Saint : en effet, la perception des choses aussi bien les Apôtres, c'est-à-dire le dépôt de la foi (5). »
Q,ue des paroles trans1nises s'accroît, soit par /a contemplation et Donc:
I étude. des .croyant~.qui les 1néditent en leur cœur, soit par /'intelli- . 1) La Tradilion (du latin tradere : transmettre) est la transmis-
genc~ 1n_térieure qu 1/s éprouvent des choses spirituel/es, soit par la sion de la Révélation divine.
préd~cation de .ceux qui, avec la succession épiscopale reçurent un 2) Le sujet de la transmission est Je Magistère infaillible, divine-
chal1sm_e cr;rta1n de vérité[ ...] ' ment assisté, et non pas le simple « Magistère authentique » (m~re
Jv!a1s ces~ surtout u;1e notion de la Tradition, qui s'oppose au authenticurn) (6) dono on parle, au contraire, dans les textes pontifi-
~<1gistère universel qe 1Église. lequel appartient à /'Evêque de Rome caux cités par le ~ardinal Ratzinger. . .
e au Cf!rps qes Évequ_e~, qui est contradictoire. Personne ne peu~ . 3) L'objet de la transmission est le « dépôt de la Foi » (Trad1-
res~er fidèl~ a la Trad1t1on en rompant le lien ecclésial avec celui a hon objective ou passive), dépôt qui comprend_: .
qèui le C~ris~, en la personne de l'apôtre Pierre a confié le minis- a) la Révélation divino-apostolique (obj~t ~rimai!e) ; .
/ re ~e 1u.nué dans son Église (3). » ' b) tout ce qui est présupposé par la Rév7lat1on d1vme ou qw se
.. L averhss7menl !":!Plique tous ceux qui, se réclamant de la Tra- trouve lié intimement à elle (objet secondaire? .(7). .
dition catholique, res1stent au nouveau cours ecclésial Nous exami- Dans un tel sens, objectif et passif, la ~~aditlon a été _défi~e par
1~ Concile de Trente, qui parle de « trad1t1ons (au plunel, c est-à-
~~~:d~ar con~uent, à la lumière de la doctrine cath~lique, J'ortho-
, a position de _ceux que l'on nomme « traditionalistes »· dire d'enseignements) (8) qui, reçues par les Apôtres de la bouche
D aut~t plus que le Saint-Père lui-même invite « tous les jidèleS
catholiques » à « réfléchir sincèrement su; lr!ur propre fidélité à la
(4)
Ibidem. . .
Vatican 1, Constitution dogmatique De Eccla1a Dei, J?z- 1836.
(S) .
. J6)1. Salavcrri S.J. : De Ecclaia Christi in Sllcrœ Theo/aga Summll, livre 11,
11
~ S~ <Pour le Magist~te « mtre authenticum » v. art. ffi, thàe IS), a.A.C.
(2) utlre de Jtan-Paut Il au ca d R . adrid ; cr. Billot : De Ea:/a/a, q. 13, thàe 26. _
IS-S-1988. ' • Oll.mger: la Documenlalion ca1ho/ique du (7) D:r.c. tome VI, mot ~~t th /11 Foi et tome XV, mot ~
(3) Motu Proprio Ea:luia Dei: la Doc. cath. 7121 _ _ . (S) B. Bartmann : ThÛJtoglt Dogm111iqu1, 11• ~ .. P· 47, ~. Paolioe.
8 1988
76 LA TRADITION « EXCOMMUNIËE » LA TRADITION, LE CONCILE ET LES «TRADITIONALISTES » 77
1né1ne du Christ, ou tra11s1nises co111111e de 111ai11 en 111ai11 par les Apô- u.n développement doctrinal légitime, mais ce qui Je conditionne
tres, sous la dictée de /'Esprit Sai11t, sont parvenues jusqu'à nous» rigoureusement.
ou de « traditions concernant soit la foi soit les 111œurs, conune Perdre de vue 1'« ancien», c'est-à-dire la dimension objective de
venant de la bouche 111ên1e du Christ ou dictées par le Saint-Esprit, la Tradition, signifie tomber dans ce subjectivisme dogmatique, de
et conservées dans l'Église catholique par une succession con_ii~ c~ractère protestant, typique du modernisme, qui réduit le christia-
nue » (9). Dans le même sens, objectif et passif, la Tradition a ete nisme << à un vague sentiment chrétien que l'on serait libre d'adap-
également définie par le Concile Vatican 1, qui reprend textuellement ter à son choix aux divers besoins ou aspirations des générations suc-
les termes du Concile de Trente (10). cessives» (15) ; cela signifie tomber dans l'évolutionnisme ou l'his-
4) L'assistance de !'Esprit de Vérité au Magistère n'est pas un loricisme dogmatique qui fait de la Vérité une variable dépendant
prolongement de la Révélation : celle-ci, contrairement à ce qu'avan- d~ (:histoire ; cela sig~ifie surtout perdre tout point de référence pour
cent les modernistes, est close avec la mort des Apôtres (1 1) . !1 d1sunguer la vérité catholique de l'erreur.
incombe seulement à leurs Successeurs de la transmettre et de l'exph-
quer, au sens étymologique du mot (explicare : déplier).
li s'ensuit que : L'attention à l' « ancien », condition de fidélité
- l'« ancien » est réellement synonyme de la Tradition au sens
objectif ou de l'objet de la Tradition, du « dépôt de la Foi » ; . . L'as.sistance de !'Esprit de Vérité, parce q~e telle précisém;nt .<~d=
- le Magistère, même infaillible, est « 1111 organe vivant », .m~1s Sisto : Je me tiens à côté) n'exclut pas mais présuppose 1 acuv11e
« non un organe de nouvelles vérités» (12) : tout acte du Mag1stere humaine : le Magistère infaillible a le devoir d'user d~ tous les moyens
e.st un acte de tradition, c'est-à-dire de transmission d'un conrenu Pour garantir la fidélité de la transmission, et parmi ces moyens, en
donné une fois pour toutes : le Magistère, de sa nature même, est Premier : .
«traditionnel» (13) : « 0 Timothée, garde le dépôt » ... « le dépôt a) la recherche et l'étude des sources de la Révélation (Écriture
est ce qui a été confié à toi, non découvert par toi ; tu l'as reçu, Sainte et Tradition Apostolique) ; · ·
tu ne l'as pas tiré de tes propres ressources. Il n'est pas le fruit d'une b) la nomination d'évêques éminents « amore e! s~uti10 doctnn~
intelligence personnelle mais d'un enseigne1nent ; non réservé à un a.b Apostolis tradilœ ac pari detestatione ~mnis novttattS » (16) (« pa
usage personnel 1nais appartenant à une tradilion publique. Il ne vient 1amour et l'étude de la doctrine transmise par les Apôtres comme
pas de toi, mais est venu à toi : tu ne peux pas, à son égard, _te Par une détestation égale de toute nouveauté»): 1
comporter en auteur mais en simple gardien. Tu n'en es pas l'initia· c) la consultation de théologiens tout aussi ~em~qu~bles re~~ ;~~
teur '!'ais le disciple ; il ne t'appartiendra pas de /e diriger, mais ton attachement à la Tradition et « connaissant bien .es r.:g es
devoir est de le suivre (14). » Ce qui n'exclut pas, nous le verrons, et désireux de les suivre » (17). . liée à l'assistance
C'~st donc la constante référence .à 1'« ancien »,/'É lise à la vérité
(9) Oz. 783. ~u Saint-Esprit, qui assure « la fidéllté dura:le d~ntsgde /'histoire »
(10) Oz. 1787. eçue de Dieu, à travers les événements c a~ge_ r
bili~ 1 ~l riz·J,~~7il,i 1S).' l656, 1705, 1800; pour la 1hèse moderniste, voir Lamen10·
dont parle le Saint-Père (2). Au point que, s1 viennent à manque
Ceci posé, il est clair que les théologiens p0stérieurs au XVHl' siè-
cle, quand ils mettent l'accent sur le sujet de la Tradition, et do?c • Non infaillible
sur le Magistère en tant que « Tradition vivante », parlent du Magis- d J XXIII la notifica-
tère infaillible (21), dans lequel il ne fait pas de doute que 1'0bJet . L'attestent : le disc0urs d'ouverture e ean ) les 'actes mêmes
de l'enseignement, en vertu de l'assistance divine, s'identifie avec .le t1on du Secrétariat du Concile (16 _novem~re {9y64 dès la clôture du
du Concile, les affirmations répétees de .a~ans les textes considé-
1
« dépôt de la Foi », c'est-à-dire avec la Tradition au sens objecuf.
Néanmoins, dans ce même Magistère infaillible, sujet et objet de C:oncile (26), Sa Sainteté Jean~Paul Il, qw i ue » et, enfin, le car-
la Tradition restent bien distincts: le Magistère infaillible n'est pas r:s, parle seulement de « Mi;tgistère au:ent ~ à la Conférence épis-
~ource, en lui-même, de la Révélation ; il l'est seulement pour nous.; d1na1 Ratzinger lui-même, qui, dans le scour
il a, à son tour, sa source dans !'Écriture Sainte et dans la Tradi- copale chilienne, a admis :
(32) Dz. 1800, 1818. (34) D.T.C. tome IV, mot Égli#, col. 2194 ; Vacant : op. dl. dl. III.
tome(33I)V~.,:.to~ '"
f·. 9S ; D.T.C. tome IV' mot Dogm~ col 1641 ss et
• """' uc,,., u~ c!'· ,01, col. S27. ' · D
(~S) Vacant : op. cft. .
( 6) Franzelin : op. XXJll• Vacant : op. dt.; D.T.C. tome IV, tD0t
cit. thèse •
01me.
------- -~- -~·- -
d'autres points dont on ne pensait pas à les distinguer », il est aussi • Forme i~pl!ci~e : «_nouvelle » ou plutôt « nouvelles » liturgies,
vrai que << cette proposition explicite n'est qu'une 1nanière d'affir- « nouvelle » d1sc1phne (s1 l'on peut encore l'appeler ainsi) « nou-
1ner avec plus de clarté, plus de précision, plus de certitude, plus velles » pratiques ; '
d 'insistance, les vérités révélées qui ont toujours été crues au 1noins • Forme tacite : tous les documents ou « monuments » du Magis-
ùnplicitement » et que l'Église transmet la Révélation divine à cha- tère précédent se voient dévalués, abolis ou ensevelis dans l'oubli,
que géné.ration. «sans rien n'y ajouter ou retrancher » (37). D'où, cependant qu'une doctrine tout à fait « nouvelle » prend corps et
et maigre le developpement doctrinal de 20 siècles ces mots de P ie se fait sensible à nos yeux en des « monuments » tout à fait
XI_!, qui pouvait écrire q~e l' Église « re111plit la ;nission qui lui a « nouveaux ».
éte confl_ee d~ conserver a travers tous les siècles, dans leur pureté Dans une telle irruption de « nouveau », puisque le Magistère
et leur 1ntég~l/é,_ les vérités :évél~es ; c'est pourquoi elle les trans- infaillible se tait, et puisque le « prurit de nouveautés» (dont sont
met, sans a~terano'!, sans y nen a1outer, sans y rien supprimer » (38). manifestement affectés les textes de Vatican li, l'épiscopat en géné-
. Conclus10~ : s1 l'Église peut se comparer au père de famille qui r~J ainsi que ses « théologiens » de confiance) impose de prudentes
tire. de so_n tr~or des c~oses anciennes et des choses nouvelles, il reste reserves sur le Magistère « authentique », les catholiques ont le devoir
v~a1 aussi qu elles_ les tire de l'unique trésor de la Révélation divine face à Dieu et donc le droit imprescriptible face aux hommes de se
ou elles se trouvaient les unes comme les autres contenues : explici- demander si ces « nouveautés » sont des développements ou des cor-
tement pour les choses qui nous paraissent « anciennes » et implici- ruptions de la doctrine, <c si l'Église d'aujourd'hui -; i;>Our le ~ire
tement pour celles qui nous paraissent « nouvelles ». Tout autre comme le cardinal Ratzinger - est réellement celle d hier ou s1 on
<~ nouv~au », t_out « nouveau » qui ne serait pas réductible à l 'a changée contre une autre sans les en aviser» (39).
1 «ancien »! loin d'être un développement n'est qu'une corruption
de la doctrine catholique. '
L'opposition à 1'« ancien », signe de corruption doctrinale
Vatican Il : l'irruption du « nouveau » En de telles circonsrances, les cath01iques ne s0.nt pas, en fait,
démunis d'un critèFe objeclii qui leur peFmette de d1seerner le déve-
Et ~e~tic:n Il ,r_narque ~ne irruption du « nouveau >) dans l'Église. loppement légitime des corruptions doctri~alc;s.
. st, deJà en soi, une nouveauté sans précédent dans l'his- Le critère à portée de tous est enseigne a) par les Pères de
tco!re du développement doctrinal, toujours lent graduel pondéré. l'Église ; b) par l' unanimité des 'théologiens réellement c:atholiques,
un «nouveau » qu·1• à partir Qui <c connaissent les règles de la Foi » ; c) par la prauque et par
cileest est · d u Concile et' au nom' du Co11-
s'e;pr1·mevelenuMse. mèanifest~r ~ous toutes ces formes en lesguelles le Magistère infaillible de l'Église. . . .
ag1st re ord1na1re : a) Parmi les Pères de l'Église il suffit de c1t.er _saint .v~ncent de
• Forme explicite ·• << n0uveIl es » doctrines
chismes . ,
« nouveaux >> eate- Lérins (v• siècle). Dans son Commonitorium, qui VJse ~recJSément. à
• « nouve11e » théololie ' r7chercher une « règle sOre » qui permette a~ catholiques de dis·
« relectures » des Pères d , li• « nouve 11es » interprétations ou hnguer la vérité de l'erreur en des temps où « I ast~ce des !'ouveaux
e 1 g se et même de la Sainte Écriture ;
hérésiarques commande une vigilance et une attention tou1ours plus
grandes », saint Vincent de Lérins écrit :
mauvaise herbe de l'erreur, semée par l'ennemi (Mat. 13, 24-30) (41) .. ~nciennes », il est certain qu'~lle n en ~~faillible, des choses !louvel-
Alors point de doutes : « c'est à l'ancien qu'il faut se tenir: s~ Jamais au degré où son Magistère e~l . de l'Église catholique -
la nouveauté est profane, l'antiquité est sacrée» ; c'est la nouveaute les op~osées aux anciennes. Dans l'htst~~~asteur anglican, et ~ fut
qui doit cesser « de jeter des soupçons et d'accuser l'ancien » : c'est écrivait le futur cardinal Newman, enc~ve des Évêques contredisant
la nouveauté qui doit cesser de « molester et de persécuter l'ancien » ; là le motif de sa conversion - .~nlit~oen contradiction avec. d:autr~
ce n'est pas la foi ancienne qui doit cesser « de s'opposer de toutes d'autres Évêques, des Pères de 1 g s êmes mais on ne voit J~ais
ses forces à la nouveauté » (42). Pères de l'Église et même avec eux~m « e~ tant qu'oracle du c1e~ »
que l'Église, au degré où elle s'e~pr~!-même (45). Quant au Magis-
(Magistère infaillible), se contredise
,, Christian doctriM; et. D.T.C.
(40) Commonitorium, "°' l, 2, 23, 24. (43) Ncwmann : Essay on 1h t -'e~/optnent
11'
OJ
(41)IV,Franzelin
tome col.lhàe
: op. ci1.,
mot Dogme, 1606XXIV
et ss.
:~ vero sensu canonis Vinœn1iani; D.T.C. tome IV, mot Dogme, col. 1634. anlÎIDodcmiste.
(44) Dz. 1800, 1818 ; cr. Scnnen1
(42) Commonilorium, n• 32. (45) Ncwmann : op. cil.
88 LA TRADITION « EXCOMMUNll!E » LA TRAOITION, LE CONCILE ET LES « TRADITJOl'IALISTES" 89
tère simplement authentique, c'est à la foi et à la prudence des hom- lité n'est pas moins promise à l'Église que pour les vérités apparte-
mes d'Eglise qu'est remis le soin de ne pas « soutenir exactement nant directement au dépôt de la foi (52), ceci pour l'évidente raison
le contraire de ce qui est écrit en clair dans les docutnents du Magis- qu'il est impossible de nier ou d'ébranler de quelque manière ces véri-
t~re » (46) ; reste, enfin, à la foi et à la prudence des fidèles le droit tés, sans nier ou ébranler, par conséquence logique, les vé~ités révé-
de confronter le Magistère d'aujourd'hui et celui d'hier (47). lées auxquelles elles se rattachent. C'est pour cela que meme « ces
e11seignen1ents non révélés sont garantis par Dieu c~mme _certa~ne
ment vrais par le fait mê1ne de /'institution du Mag1st~re 1nfa1/f1ble
Le « nouveau >) de Vatican II : corruption doctrinale et non progrès de l'Église » et que « /es négateurs opiniâtres d'un ense1g_nement non
révélé, proclamé par /'Église co1n1ne vrai pourrai~nt être aisément pré-
Quand s'ouvrit Vatican JI, l'Église jouissait de la possession sécu- sumés rebelles à /'autorité même de l'Église clairement affirmée par
laire, ininterrompue et indiscutable de doctrines explicites relatives : la Révélation et, en conséquence, opposés f ormelfement a la Révéla-
- à l'œcuménisme et, en particulier, à la situation des sectes héré- tion elfe-même » (53). . . . . ,
tiques et/ou schisma.tiques, du judaïsme et des fausses religions ; - En outre à l'ouverture de Vatican Il, l'Église JOU1ssrut d un~
- aux rapports Eglise-Etat et, en particulier, à la notion précise li turgie qui étalt l'expression intègre et non équivoque de la foi
de « liberté religieuse » et à la tolérance des faux cultes (48). li ne catholique. - dans
s'agissait pas - qu'on y prenne garde - de questions ouvertes, lais- La pratique liturgique - nous l'avons vu - est le d~mrune
sées à la libre discussion des théologiens. Certaines étaient des doc- lequel le Magistère implicite de l'Église s'exerce au premier chef" ~e
trines explicitement ou implicitement révélées, contenues dans l'Écri- qui permettait déjà à Gennade de Marseille ( + 493), de rorm~~~1 e
«Principe constam1nent et universellen1ent rec~nnu_par : !r: 1~ f;
t~re Saint~ : la caducité de !'Ancienne Alliance depuis Notre Seigneur
Jesus-Chnst! par exemple, qui est attestée par les Évangiles et les 5
chrétienne: ut /egem credendi /ex statuai supp/ic~ndt .» ( )(à I'exclu-
lettres de saint Paul (49) ; pour légitimer le nouveau cours le cardi- de la prière établit la loi de la foi » : les textes 1.•tur~iques s'entend)
nal Willebrands s'est d' ailleurs vu contraint de nier la val~ur histo- Sion du Novus Ordo et des nouveaux livres hturgiques, d la
rique des Évangiles (50) ; ou encore, la condamnation des fausses reli- < monuments » e
comptent parmi les p1incipaux documents ou <
gi0ns qui repose sur l'Ancien et le Nouveau Testament · 0u l'uni- Tradition (55). . . l'œcuménisme et des
cité de l'Église du Christ (51 ), etc. ' Dans ces trois domaines de la hturg_ie, ?e ent le « nouveau »
. D'autres. doctrines étaient des conclusions théologiques, c'est-à- rapports Église-État, s'est répandu part1cuhèrem sé hostile même
~rr~ des vérités connexes à la Révélation divine, appartenant donc ~u Concile, un « nouveau », malheu~eusement, 0~).~nt toujours fait
1nd1rectement au depositum fidei, et au sujet desquelles l'infaillibi- l'ancien. En effet, si l'Église e~seigne, coi,n~ est unique et qu'il
1es hommes d'Église jusqu'à Vaucan I l, ,que e 'quence les autres
n'r ~ pas de salut en dehors d'elle ; qu_ en C::~~e des sectes, « ég/i-
so1-~1sant « Églises )> ne sont pas des Éghs~esséchés » (saint Augus-
((467)) J. Ra.1iingcr : ~ntrtlien sur la foi, pp. 26 ci ss. ses tllégitimes » (saint Irénée), « sarments
4 Ameno : op. c11.
his~~u~o~~ 1:nJ~~T~;· ·~hm!. IV, mot Église, col. 2212 e1 ss. l'excellent excursus
cr. aussi mois Toléranceca1 ~l~uc sur les rapp0ns Églisc-E1a1 depuis les origines; l820 ; 1mmortal1 Dt/, DL
(491 Pranc:e&co S d r e rté, col. 701 cl ss. C52) Cr. Quanta Cura, Oz. 1699; Valica~! 1 Di.
DT C tome IV, œot Dogme,
Libertà 186, 93100 ~a ~ o_ra : Crisfiane.simo e Oiudaismo, ~d. K~inon, Via della 1880 ; lamentabili : 1• proposition condamn • · • ·
(SO) S Id/ 1
a amsseua. COI. 1577 et ss et mot Eglise, col. 2196.
pred/c1Jll7on:S: nef:!'::,:::;/~1~ P'é:e.;:.ntaûone degl/ Ebrei e dell'Ebraismo ne/Io (53) D.T.C. 1ome JV, mot Dogm1, col. 1577'
(SI) Francesco Spadat . ~a ie.sa cat10/lca '" in O.R. des 24/2S-6-t.98S. (54) Ibidem, tome IV, mot Égllst, col. ;i,180.
ora · uori della Chie.sa non c·~ salveua, M. Krinon. (SS) Pie XII : Mediator Dti.
90 LA TRADITION " EXCO MM UNl~E »
LA TRADITION, LE CONCILE ET LES « TRADITIONALISTES» 91
tin), et que les individus, au bénéfice d'une ignorance invincible, ne seule Église catholique au concours de l'État et ~r~nd fin le. devoir
peuvent se sauver qu'en vertu de l'appartenance de désir à la seule
vraie Église, alors on ne peut d'aucune façon tirer de celte doctrine, de l'État d'empêcher le culte public des fausse~ ~e~g1_ons! devo_ir r;m-
avec Vatican II, que « ces Églises et Co1n1nunautés séparées... ne s~nl placé par l'obligation de les favoriser sans d1scnm1nat~on ; 11 ? est
nullement dépourvues de signification et de valeur dans le 1nystere plus même question de parler de « tolérance ». Notre Se1~7ur Jesus-
du salut » el que « l'Esprit du Christ, en effet, ne refuse pas de se Christ, en résumé, n'a plus Je droit de régner sur les soc1étes coll1!11e
servir d'elles co1n1ne de 111oyens de salut » (ingénieuse trouvaille de sur les individus, bien que Pie XI, en institu~t. ~a fête du Chnst-
Karl Rahner S.J .) (56) : on ne le peut d'aucune façon, parce que la Roi, ait exhaustivement démontré que cette vente se fond~ sur la
doctrine « nouvelle » exclut clairement l'ancienne et touche aux vérités Sainte Écriture et sur la Tradition catholique et, donc, _qu ~lie est
rév~lées qui ~o~~-tendent cette dernière : si les « Églises illégitim~ » une vérité de foi divinement révélée, encore que non definie (6!).
deviennent leg1umes, dans les « sarrnents desséchés » court la seve On peut s'arrêter là : les « nouveautés » du_ Concile ne sont p~s
~e la ~râce, alors l'Église du Christ n'est plus l'unique, ni n'est pl~s des progrès mais des corruptions de la doctn~e ; et toutdcecqui,
.,
durant le postconcile s'est fait par la h1erarc hie au nom fiu on- d
1_« u_n1que arche de salut » (57). Dans le postconcile ensuite - l'appe-
Ut vient en mangeant -, au nom du décret conciliaire Nostra Aetate, cile mais en oppositi~n avec la Tradition catholique, le con irme e
'.. irréfutab!e _: de la « r_éun1on
!"1~~1e~e . de pi;ere
·· » d'Assise
l'É liseet ·usqu'à
des autres
m~me les rel!gions non chrétiennes se sont vu promues au rang de la
voies au moins « ex~ra,ordi_naires » de salut (58). . 1m11at1ves œcumen1ques toujours prohibees par g ' J Con
Autre exemple : s1 1 Éghse enseigne comme les hommes d'Éghse r1qu1dat1on
· · des derniers É, fats cat holi ques avec les « nouveaux »
hes relatives à-
l'on~ toujours e_nseigné jusqu'à Vatican' Il, que Notre Seigneur Jés_u~ cordats, en passant par la supl?ression ~es ~~ :t~:s l'hymne des
1~ R · etc A quoi
Chnst, .étant Dieu, a le dr?it de régner non seulement sur les il}d1~1- la royauté sociale de Notre Seigneur Jesus-
dus m~1s encore sur_ les sociétés, et que, en conséquence, seule l'Eg~~e Premières et secondes vêpres de la fête du C~nst- ao~in e; est allé
cath~hque a le droit naturel et' divin au concours négatif et pos1t1f ~on insister ? Il suffit de penser que le ~ardin:~o~que s~r les rela-
de 1 État, _concours dans !~quel entre aussi le devoir d'empêcher. ~e J~squ'à déclarer « périmée » (62) la do~tnne ca emente aux origines
culte p~blic d~s fa~sses religions - sauf motifs de prudence p.ohtJ· tions Église-Etat · comme si une doctnne qui r · ·erée J'infail-
que qui co~sellle~a1ent de les tolérer _ alors, on ne peut d'aucune ~e .1'.~glise (48) p~uvait être Fejetée sans que soit aussi reJ
façon. déduire de cette doctrine, avec Vatican II, l'existence d'un hb1hte de l'Église. d'aucune façon tenir pour
« droit » de la _personne humaine à ne pas être empêchée de profes- . . 9uant à la nouvelle liturgie, on ne peut descendants, appliquant
ser, « en pu~h~ » et « associée à d'autres >), des croyances faus- :egu1me un Novus Ordo à propos d~queJt 1 la loi de ta foi >» con-
ng;.
se,s (59), ru 1 ex1~tence d'un «droit » identique (c'est la thèse erro- e Principe susdit : « la loi de la I?rtère ,t_
li~e professa une foi plus
ne~ de LaT!Ienna1_s, de Maritain et de tous les modernistes libéraux) 1
cluront que, vers la fin du xx• siècle,. §acrifice de Ja Messe (63).
qui appartiendrait aux s~ctes et aux fausses religions (60). Protestante que catholique dans le Saint
é .;:i-<~ n.~:velle_ >i doctrine exclut clairement l'ancienne et atteint la
v n e r ve e qui a sous-tend : s'évanouit, en effet, le droit de la
714.
(56) Unitatls Redintqratio, n• 3.
(57) Oz. 1647 ; cf. 1V• Concile d La
u Iran, Dz. 430 ci Concile de Florence,
oz
·
--- ((661) Pie XI : Quas PrimtJ!· .
p . 2) J. Ratzinser : Les prmctptS de 0 Dt Habitudùte E«/tSÏll
=
l thlologit ctztholiq_ue, P· 24~. ~
.t aru ; cf. Billot : Dt Ecclesia Christi, tome ~ lise col. 2212 et ss.
(SS) J • Ratzinger : Entrttitn sur la foi
(59) Dignitatls humaniz n 2
(60) Ibidem, n• 4. ' . .
· Ocie1a1em, ainsi que O.T.C. 1ome IV, mol :om' renvoJODS à tout ce que nous
a,0(63) Pour de plus amples d~yel!>P~R~mano AJnCrio, op. dl. sur les 111111a-
lio ns tcri1 depuis quinze ans ainsi qu ·~e
ns substantielles dans l'Église au xx• SI •
92 LA TRADITION « EXCOMMUNlé E » LA TRADITION, LE CONCILE ET LES «TRADITIONALISTES» 93
Aucun « discernement » de I' « ancien » tamment dans l' Église, les Conciles dogmatique~, eux-mêmes, dans
lesquels tes Évêques ct11n Petro et sub Petro, s1egent en t~nt que
11 ne sert à rien d'invoquer sur ce point un pouvoir de « discer- i11dices fidei, c'est-à'.dire comme ceux qui déf~nissen~ la Foi, n'o~t
nement » propre au Magistère. Un tel pouvoir, en effet, s'exerce sur qu'un droit d'examen approbatif ou confirmatif, mais non un dr~1t
le « nouveau » pour en définir l'homogénéité ou l'hétérogénéité en d' examen dubitatif ou de mise en doute (67). Comm~nt un acte . u
regard de 1'« ancien » ; il ne s'exerce sur 1'« ancien » que pour l~ Magistère « authentique » non infaillible, tel que Vaucan 11,daurait-
confirmer et le reproposer, ceci parce que l'« ancien » est ce « tre- . • e seulement e reve-
il le pouvoir de nier, de meure en do~te ou '!1~m aine constante
sor de farnille » qui ne doit pas être dissipé mais gardé et transmis nir sur les décisions ou sur une doctrine explicite, cert '
avec un soin jaloux (64).
dans l'Église ? . · Concile contredit ce
Aucun « discernement », en conséquence, ne revient au Magis- Il s'ensuit que, sur les points où le dernier . . ar-
tère en ce qui concerne les doctrines déjà définies par le Magistère qui, dans la Sainte Église, a été c~nstamme_nt e~sei:"âee~:~~~ ~eli
extraordinaire infaillible (Pape ex cathedra ou Concile dogmatique)_; ticulièrement en matière d'œcumén1sme, de J~dais~t' les catholiques
aucun discernement non plus à exercer en ce qui a trait aux doctn- gions, de liberté religieuse et de rappgr~s É~h:eJat~c~ Il aucun res~
nes explicitement, constamment et unanimement enseignées et rete- certains moralement de l'erre~r, ne oiven ( S) . bien au con-
nues dans l'Église, parce que ces doctrines, aux conditions énonc~~· 6
pect religieux interne ni un silence !~~pectueu; reco~rs à l'autorité
engagent, tout autant que des Conciles dogmatiques ou des déf1n~ traire, la foi catholique étant en peri .e~ t~~ manifester publique-
tions ex cathedra, l'infaillibilité de l'Église in docendo (Magistère ordi- s'étant révélé vain, ils ont le devoir precis . er que l'on se com-
naire infaillible) et in credendo (infaillibilité passive des croyants). ment leur désaccord (69). Se co~port~r ~ut'e;:; 11 une autorité qui
Les remettre en quest.ion, en effet, (( conduirait nécessairement à dire porte autren1ent signifierait attribuer a a 1
que tous les fidèles de tous les te1nps, tous les saints, les chastes, ne lui revient pas.
les_ ~ontinents, les vierges, tous les clercs, les prêtres, les évêques, les
m1llters de confesseurs, les années de rnartyrs, un si grand nombre re un désaccord hérétique
de cités et de peuples, d'îles et de provinces, de rois, de royaumes L' « ancien », critère de discernement ent
et de nations, en un rnot l'ensernble du rnonde incorporé par la fot et un désaccord catholique
Cf!tholique au Christ, qui est la tête, durant un si grand nombre de . . abstraction des nombreUJ<
siècles, aurai/ fait preuve d'ignorance, se serait trompé, aurait blaf· Donc, même si l'on voul~it faue t lar ement tes portes avec
phémé, sans savoir ce qu'il devait croire» (65). Alors qu'il est ,sur « abus » (70) auxquels le Conclle a ouver ~ui avec les seuls tex-
qu'aucune erreur ne peut surgir dans l'Église sans susciter la reac- son « prurit de nouvea~tés »_, le <( no~~~aus: n'~t pas un dévelop-
tion d'~~ certain nombre, ffit-il limité, de croyants, qui perçoivent tes conciliaires, a fait 1rrup1ton da!ls c~rru'ption doctrinale.
1;0Ép~os1uon avec le ~agistère précédent (infaillibilité passive de Pement légitime mais une aut_henu~1e était nécessaire :
1 glise~ ; tout comme 11 est sOr que, dans un délai relativement court, Quatre faits le confirmeraient s 1
le Magistère la rejettera cette erreur comme un corps étranger au
dépôt de la foi (infaillibilité active) (66) .
. C'est pour ce!a qu'en matière déjà définie ou donnée pour cer- Saint Uon le Grand : utttt
taine par le Magistère, ou encore seulement enseignée et crue cons- r
·•tScol66S;c.
(67) D.T.C. tome Ill, mot Conc ' '11 ' • Ealesio
d Théodore/ P.L. 1. IV,. col. 1048. . De EccltSia n• 968 et ScbultcS ·De
(68) Salavcrri : op. c11. et Siraub · ad 2; Aaaio :
(64) V~t : op. cit. ch. 4. a. 67, s, 4 C. htologique Ua·ll&:, q. 33 a. 4
(65) Saint \l_incent de Urins : op. clt. n• 24. (69) Saint Thomas : Somme 1 ' cJdU#IM.
(66) Fram.elin : op. dt. thbe XII et XXIII ; Billot : op. cit. q. 13, t. 26. op. cit. l Con/lrtllœ lpls;r;OJ1llle
(70) Card. Ratzinacr : D/scOUfS d 0
94 LA TRADITION « EXCOMMUNIËE » LA TRADITION. LE CONCILE ET LES « TRADITIONALISTES» 95
I) Le « nouveau » de Vatican II est à ce point nouveau que l'on C'est une signification totalement contraire que revêt le désaccord
peut, comme tous le font, y compris le cardinal Ratzin~er, en don- progressiste, M · t· onstant de
ner avec précision l'acte de naissance : (« avant le Concile », « après a) parce qu'il ne rend pas témoignage du agis ere c .
le Concile») (71. Or, c'est le propre des erreurs doctrinalc:s ?'~tre l'Église mais pousse, au contraire,_ · a• 1e con1r edire '· l'assentiment ou
.. ils n'en
datées, ce ne l'est pas de la Foi catholique, qui, comme le disait iro- le dissentiment n'ont pas, dans l'~glise, une valeu~;r~~~~ ou une
niquement saint Athanase aux évêques ariens, n'est pas un « docu- ont une que dans la mesure où ils attc:stent une Magistère anté-
ment impérial » (72). opposition du Magistère actuel de l'Éghse. avec s~n t l'infaillibilité
2) Le nouveau de Vatican Il est si nouveau qu'il a, dans tout rieur ; ,l'Église, en. eff~t? ~:~t pa~ une, d~~-~~=t~n ~ffet du Magis-
le monde catholique, comme l'a admis le cardinal Ratzinger, provo- des fideles est une 1nfa111ib11ite passive, c es a
qué la réaction du « sensus jidei », avec, comme conséquence, la_ r~p tère infaillible. . . , ·ne la valeur hérétique
ture du consensus unanime en matière de foi, dont jouissait l'Eglise b) Ici encore, c'.est 1'« ancien '>.qui. dete~ ut aucunement met-
avant Vatican li (73). Et la réaction du « sensus jidei » chez les catho: ou catholique du desaccord des fideles '.on n bte reconnaître comme
tiques suffisamment informés de la question (parce que s'atten~re .a t.re sur le même plan la ~< tendance » qw « r:n:endance qui rejette le
une réaction équivalente chez ceux qui ne sont pas informés equi- Juste (seulement) ce qui est n_ouveau" et osition à 1'« ancien».
vaut, selon l'expression de Melchior Cano (74), à demander la c?u- « nouveau » pour la seule raison de son o~p ouveau que loin de
leur d'un objet à un aveugle), cette réaction donc du « sensus fi~e.1 », 3) Le « nouveau » de Vatican Il est ~~é~ ,, ( ) lutt~ pour la
79
étant l'écho du Magistère infaillible de l'Église, est un des criteres « conserver la doctrine précédemmen~ poss éculer l'a~cien " préten-
de la divine Tradition (75) : c'est le « 1nurmur populi » dont p~rle chasser et ne cesse de « 1nolester et e pers de « s'opposer de tou-
saint Augustin, murmure du peuple qui se lève quand la « quest10 » dant que c'est à la «foi ancienne " de cesser .
est de nature telle qu'elle ne peut échapper à la connaissance popu- tes ses forces à la nouveaut.é » (80). . nouveau que l'Église l'av:iit
laire (76) (c'est le cas de la « réforme » liturgique) ; saint Hilaire p~le 4) Le « nouveau » de Vaucan Il est St on « trésor », c'est-à-dire
de (< aures populi sanctiores quam corda sacerdotum » (77) : d'oreilles déjà rejeté en tant que corps étranger à s. en effet, repren-
du peuple plus saintes que les cœurs des prêtres, quand ceux-ci, ayant 11
à la Révélation divine. Les textes de Vaucanatière d'œcuménisme,
abandonné l'intégrité et la pureté de la Foi catholique, enseignent nent, souvent littéralement, ~es erre~r~ e~ : et des autres soi-disant
des choses qui sont contraires à ce que ces oreilles étaient accoutu- de relations Église-Etat, de « libe!1é reli~~~us arrément absurde ~ême,
mées à entendre ; c'est, en bref, l'expression de l'infaillibilité pas- « libertés modernes » Or il est 1mposs1 • e,éc par l'Église, puissent,
sive par laquelle « quand on touche à quelque chose qui regard_e la Que des erreurs, déJà . · combattues
' et reJetareselle comme des ~rogrès
foi, les esprits en sont nécessairement troublés : on touche a ce dans un second temps, être r7connues ~ trompée hier, ou bien elle
moment-là à l'Église dans sa partie la plus vive et la plus sensib~e doctrinaux (8 J) : ou bien !'Église se serwt
et /'Esprit de vérité qui l'anime ne permet pas que des nouveautes se tromperait aujourd'hui.
de ce genre surgissent sans opposition » (78).
de « nouveautés »
L'assistance du Saint-Esprit à l'Église en temps •
(71) Ibidem.
M istère d ,« hi"er » et infail
celui
(72) De Synodis 3-S: MG 26, 68-88.
// Sabato 30-7/S-8-1988; Amerio : op. cit.
, Si Je dilemme en~re le. a~e Magistères tous deux •
(73)
(74) De lacis theologlcis. d « aujourd'hui » se poswt au ruveau
(7S) Franz.clin : op. cil. •hhe XII ; D.T.C. 1ome IV moi Église col. 2212 SS·
(76) QJn1ro lulùznum. ' '
(77) Contra Aucmtium. (79) Newmann : op. cil. . ., n• 32.
(78) Bossuei : Œuvrer compl,ta, ~. Viv~ 1867, 1. IV, col. S26 ss. (80) Saint Vincent de Urms =,!f· J' ia
(81) D.T.C. tome IV, mol Dl,,.,t e
foi col. 526.
'
96 LA TRADITION « EXCOMMUNIÉE » LA TRADITION. LE CONCILE ET LES «TRADITIONALISTES» 97
. · · une définition prononcée
libles, la foi des catholiques serait soumise à une ép,reuve. vraiment matière doctrinale éq~1~aut en prat~que ~cette conviction, le Magis-
insupportable : nous nous trouverions, pour la prem_1ere fois, devant par un Concile œcu1!1en1~ue do~matique j· itement définie par Vati-
ce qu'il ne fut pas donné à Ne~vman, enco~e ~ngh~an, de trouver tère infaillible l'a f~1te s1enn1.t,et~n ~::1~r~inaire et universel» (83),
dans l'histoire de l'Église, à savoir que celle-ci, s exprimant « en !an/ 1
can 1 dans sa menuon du « fagi~. ment théologique sur Je Magis-
qu'orac/e du ci.el » se ser~it contredite _elle-m~me. ~a!2 ~n nus?~ qui a donné le départ à l'appro on isse ·
de la divine assistance, qui n'est pas moins presente a 1 tglise main tère ordinaire infaillible. . . . . du Magistère d'« hier»,
tenant, Je dilemme, malgré un Concile œcuménique, ne s~ ~ose pas Il faut alors conclur~ à. la su penon1e istère extraordinaire mais
au niveau du Magistère infaillible. Nous savons, avec. l '~glis7,. que infaillible, encore qu'ord1nai~e, sur le Mage au devoir pour le catho-
l'infaillibilité est assurée à chacun des actes du Magistere 1nfa1U1ble, seulement authentique de Vaucan 11! et ~~net le Magistère d'« hier»,
non du Magistère authentique ; pour ce dernier, la sûreté de la doc- lique, face à l'oppositi_on entre Vatican
trine reste directement proportionnelle à l'amour et à l'attachement de se tenir à ce dernier.
à l'ancien chez le sujet du Magistère, et donc à la diligence humaine
de ne rien enseigner qui ne soit conforme à la Tradition, et elle est
inversement proportionnelle à l'amour des « nouveautés » et à l'aver- L'Esprit de Vérité et Vatican II
sion pour la Tradition (82). Ce qui ne veut pas dire que, lorsq~e .~ osé nous pouvons, dans
l'amour pour les « nouveautés l> et l'aversion pour la Tradjtion p~e~ A la lumière de ce qui vient d etre exp e Î'Esprit de Vérité s'est
valent chez les hommes <l'Église, l'assistance de !'Esprit de V~nte une vue surnaturelle des choses, supposerdqu · me à l'égard des défi-
ferait défaut à l'Église. Cela signifie que, dans une telle situa~1on, servi de l'aversion typique du li~éralo-mo ~;n~agistère inf~lible ~e
cette assistance garde l'Église d'énoncés « infaillibles » errone~ et nitions dogmatiques pour empec~er 9ue où du côté humain, eXJ~
garantit que l'erreur, éventuellement apparue, ne pourra pas s'i~s l'Église ne soit engagé dans un o~ci 1e~és :rronés. Et c'est là l'um-
taller sans susciter de l'opposition et, surtout, ne s'installera pas defi- taient toutes les prémisses pour ~es en~; Vatiean I 1, ou plus exacte-
nitivement. C'est, en résumé, non une assistance particulière, gara~ que assistance, purement négatn'.e, q peut revendiquer de la part
tie hic et nune pour tel acte déterminé, dans telle circonsta1tce pfe; 11
ment l'Église à l'occasion de_ Vatica~ d'~xpliquer aussi cet~e anomal
cise, mais une assistance générale, à l'Église dans son ensemble e de !'Esprit de Vérité. Et ceci p~rme d s l'histoire de l'Église auque
non aùx divers actes particuliers du Magistère, assistance qui ne ~e lie de l'unique Concile œcuméni.CJue ~~traoFdinaire, mais seulement
revient certes la quali~é de Ma_gi:t~ ~fble.
vérifie qu'à longue échéance, dans le fait de la conservation i_nalte-
rée du « dépôt de la Foi », nonobstant les éventuelles vicissitudes authentique, c'est-à-dire non in ai 1
contraires. C'est pour cela que, tandis qu'un seul acte du Magistère
authentique ne peut revendiquer pour lui la note d'infaillibilité, ~ette
note, en revanche, affecte sfirement le Magistère authenuque Le postconcile : paralysie du Magistère ordinaire .
d' « hier » dans sa continuité : sa constance, son universalité, sa con- P1us
sonance avtt la Tradition, confirmée par le consentement unaniJJle, . . ostconc1'li aire,
d . qui depws
.
En ce qui concerne le Magistere maruère plus ou moins exp I-
r
postulent l'infaillibilité active et passive in docendo et in credendo de vingt ans ne cesse de reproposer' e
de l'Église. C'est pourquoi les Pères d'e l'Église et les théologiens
« confirmés » affirment qu'une croyance constante et unanime en
• Saint Augustin : Contn
. . c/t. n• 28 et 29 •
. . • _ cit. ; D.T.C.
(83) Saim Vincent de Unns · op.
Jli:
. vacant et SaJavcm · op • VaticaD 1 :
lu/ianum, lib. I 7, 30-3S et lib. Il IO,
f
mot Illfaill~~
tome IV, moi tglise, col. 2193 t~~~re de Pie IX à 1
~'Monaeo élu
(82) Fr•nzdio, Billot, Bossue1 : op. cit. ; D.T.C. 1ome IV, moi Église, col. 221 2
et ss. ~; Filius, c. 3 (Oz. 1792) ; c · e .
lt-12-1863 (Oz. t683); lmmortale Dei.
98 LA TRADITION « EXCOMMUNIJ;E » LA TRADITION, LE CONCILE ET LES «TRADITIONALISTES » 99
cite les textes erronés de Vatican Il, il faut exclure de la fa~o.n la tur approbatur » (88), « ce a, quoi· on ne résis · te pas'1,.on tallation dans»
l'approuve
plu~ absolue qu'on puisse parle~ de Mag~stère ordin.ai~e infa1~b!e, et, dans la présente conjoncture, ce serait approuver ms
puisque lui fait défaut le caractere essentiel du Mag1stere ordinaire l'Église d'une collection d'erreurs. . , torisent nullement
infaillible, à savoir la continuité avec la Tradition, attestée par le On précisera que vingt ou trente. a.nnees n au . t admis
COl\ientement unanime des fidèles. . à parler de Magistère ordinaire infaillible ; selon ce q~!h~oire de
En effet, pour l'infaillibilité du Magistère ordinaire, il est requ~s unanimement par les théologiens .C89), et a~tantt ~~~) l'infaillibi-
avant tout << que la vérité enseignée soit proposée telle que prece- l'Église l'atteste (crise arienne, schisme d'Occid~~ 'de b~ucoup plus
demment définie ou telle que toujours crue 011 adn1ise dans lité du Magistère ordinaire se mesure su.r u{~j~~ tous de Paul vr
l'Église » (84), le Pape et les Évêques, dans l'exercice de leur fonc- longue, pariiculièrement .en tem~s de c~iseC grégation 'pour la Foi,
cion ordinaire, étant « testes Fidei », témoins de la Tradition (8). 0 r, à Jean-Paul II, y compris le P~efet de a on ile est une période
les nouveautés conciliaires : 1) ne peuvent pas être proposées d~ 1a le cardinal Ratzinger, ont admis que le postconc
manière sus-dite ; 2) ne le sont de fait pas ; elles sont, au contraire, de crise dans l'Église. , . tican Il a faussé l'exer-
imposées au mépris du Magistère antérieur au Concile et de la Tra- . Enfin, la crise ouv~rte dans 1. É~lise pari "._a . en effet, se trouve
dition en général, et au nom d'un Concile présenté - selon le mot c1ce régulier du Magistère o!d!na1re. Ce ui c~~ laquelle : .
paralysé par la fausse collég1ahté, en vert~ droit divin de l'Ép1s-
du cardinal Ratzinger - comme un « superdogme [alors qu'il n'e:51
même pas un dogme) qui seul a de l'i1npor1ance » (85). Dans la meil- 1
a) le Magistère ordinaire! P.ersonne et t s~ planté par le pseu~o~
leure des hypothèses, ces nouveautés sont présentées comme des ~<pro copat « dispersé» dans les d1oceses (~!~, es P s autorité, dépouille
grès » doctrinaux (86), ce qui est impossible puisqu'elles sont 1ncon- magistère, d'invention humaine, d'un episcop:~ s~nférences épiscopa-
ciliables avec la doctrine traditionnelle ou même lui sont ouvertement de responsabilité personnelle (92) ~t agréged théologiens imbus de
opposées. les manœuvrécs, comme le Conc.1le, pa[fro~tément les règles de la
L'infaillibilité du Magistère ordinaire est en outre confirmée par « Nouvelle Théologie » qui mépnsent e .
le consenlement unanùne de l'Église qui en atteste la continuit~ ~vec Foi (46). . e .ropre au P0nt1f~
la Tradition. Or, le Magistère postconciliaire n'a jamais bénéfJ.c1é et b) La juridiction sur l'Église univer~ell 'rlr,1!1"tie entre « celui
ne .bénéficie pas de ce consentement unanime; publiqueme.nt .deux Romain, apparaît aujourd'hui, com1!1e pre~lfe et les Églises loca-
Éveques, Mgr Marcel Lefebvre et Mgr de Castro Mayer, a1ns1 que qui s'appelait autrefois le Souverain Po~{e n'avoir d'autre aut.o-
des prêtres et des fidèles de toutes nations - comme a dû l'admet- /es » (93). Et même alors que Rome sem e des Conférences épis-
tre le cardinal Ratzinger (87) - en dénoncent la contradiction avec . sur l'épiscopat que
nté ' pour ava1·1~er l'œuvr
» de confiance n'~es1ten · · t pas
la doctrine «précédemment définie... ou toujours crue et admise dans copales, celles-ci et leurs « thé?logiens œ Vitœ _ le Magistère papal
l'Église». Et ici, les « traditionalistes », fils fidèles encore que méc0~ à contester publiquement - voir Hutna~ . il ne reste, de fait, au
nus d~ l'Église, prennent conscience, s'ils ne l'ont déjà fait, du devoir en continuité avec la Tradition catholique '
de résister au nouveau cours ecclésial au nom de la Tradition, gu~l
que puisse être le coût humain de leur résistance : « cui non resisti·
. Io ids. 1. S c. 4 ·
(88) Melchior Cano O.P. : De locis iheo g · o) de J'ab~
(89) D.T.C. 1omc IV, moi Église. uable ~ude (pro manuscnP'
(90) Il existe sur la question un remarq C D et 322 A.
2193(84)
Cl D.T.C.
ss. lome VII, moi lllfolflibili1é du Pope - 1ome IV, mol Église, c0l. Mareille. . Mansi 1• SI, col. 224
(91) 02. 1683, Valican 1 ~· 1792 · oi p. 6S et ss. . Ya/klln &!. du
(92) J. Ra12inger : Entre11en su'w~~,{~~ dOl}Cilme ~ "'JtïMroirtS' da juill
(85) li Sabato 30-115·8·1988.
(86) Cf. Acta Synodolia Sacrosanct/ Conci/ii Œcumenici Voticani Il impr. l'oly· (93) Raymond Dulac : La col/If Le flfO(/tr1tJstM. oclll"' ur d as.
glotte Vaticane, vol. Il, pars V, p. 492. ' Cèdre, Paris; R. Th. Calmel O.P. : ocrat# dallS l'EJll# » pp. 422
(87) Card. Ratzingcr : li Saba10 op. cit. l 974 : Amcrio : loto Unum, « La dlm
100 LA TRADITION « EXCOMMUNl.;E » LA TRADITION, LE CONCILE ET LES «TRADITIONALISTES» 101
Successeur de Pierre qu'un « prilnat d'honneur », une «présidence Normalité et anormalité dans l'Église
vaine » (94).
Les fruits de ce pseudo-magistère épiscopal et de la renonciation En temps normaux, même le Magistère authentique non infailli-
par le Pontife Romain au Primat de juridiction effective sur les « bre- ble, en vertu de la préoccupation prudente de ne rien enseigner qui
biS.J! et les «agneaux», c'est-à-dire sur les Évêques comme sur les ne soit en harmonie avec ce qui a toujours été enseigné, cru et admis
fidèles, se concrétisent par la diffusion sans frein de doctrines témé- dans l' Église, constitue pour les fidèles une règle sûre de foi. Dans
raires, fa~sse~, ~roches de l'hérésie et même hérétiques, ceci par le cette normalité bienheureuse les catholiques se reposent confiants sur
canal des 1nst1tu11ons et des moyens qui devraient enseigner et répan- le condensé, commode et so'r, que I.e Magistère authenùq~~ leur pré-
dre la Foi catholique : Universités pontificales Instituts catholiques, sente des sources de la Révélation (Ecriture Sainte et Tracli~on). Dans
catéchismes (le « Nouveau Catéchisme Holland~is », « Pierres Vivan- cette bienheureuse normalité, tout recours aux sources ultimes de la
tes », 1~ « nouvea~x .» c~téchismes italiens, etc.), presse et bulletins Révélation, règle lointaine de la Foi, est superflu : chaque ~~te d~
« catholiques », . pred1ca11on, pratiques liturgiques, etc. Magistère ordinaire, même « simple111ent » authent19~e, ne s 1d:nu-
« La corruption des dog111es - écrit Romano Amerio et personne fie pas moins que le Magistère infaillible à ~a !rad1t1on ~lle-meme,
ne sera en mesure de le contredire - se répand dans le peuple par cela non en vertu d'une infaillibilité qui serait sienne, mais en vertu
le moyen du clergé et de la presse catholique (95). » de sa fidélité à 1'« ancien» : les fidèles sont certains çl'e_nten~e r~ten
C'est là ~e nœud de la crise postconciliaire dans l'Église : l'impo~ tir dans la voix de leurs Pasteurs la voix de toute l'Eglise, JUsqu aux
t~r~ ?e V~t1can II est prolongée par l' imposture de la fausse colle- Apôtres et à Notre Seigneur Jésus-Christ. Au~un doute que les P~~
gu~_lite, qui,. altérant ~a structure divine de l'Église - comme le recon- teurs - selon Ja défini~ion que saint Aug_ustJn don~e de la Tra~:
nait le Cll;r~1nal Ratz1nger (96) - la rend en fait impuissante à défen- lion - gardent ce qu'ils ont trouvé dans l'Eglise, enseignent ce qud1 s
dre la Venté autant qu'à la prêcher. Et c'est aussi le point doulou- Y ont appris et transmettent à leurs fils cie qu'ils ont reçu es
reux .= beaucoup de catholiques sont trompés ou bloqués dans la juste Pères (100). · tho
r~actio~ de l~u.r sens~s jidei, par le « préjugé j avorable » (97) envers Aujourd'hui cette bienheuveuse normalité est enleve~ auxd~a. -
~ autoI.ité lég1tni:ie, bien qu'exercée de manière en fait illégitime ~t liques, qui voie~t leurs pasteurs légitimes .dissiper. et laisser J~s!p~~
irrégulière, t.and1s que les catholiques décidés à conserver et à témo1- ce qu'ils ont trouvé dans l'Église, contredir: et lais~~r co:it~e ~ des
g.ner leu~ foJ sont voués à se heurter, tôt ou tard, aux pasteurs légi-
times. coiffés par les .structures illégitimes (98). Le père Calme) G.P.
qu'ils y ont appris; en bref: refuser aux fils ce qu ils tos"
1
,!
Pères. En outre les fidèles mieux informés se demand~n tres' expli
1
peut
a écnt avec pén~trauon que la victoire sur Je néo-modernisme pas- ' d" .
appeler ordres et ordres légitimes les . ir~uves, P
as tOUJOUIS
J'autodémolition
-
sera par la défaite de la fausse collégialité (99). cites, mais toujours orientées sans equ1voqu.e. vers torité émanent
de l'Église, qui, imposées au nom d~ la lé&JU.me ~~met J~ cardinal
en fait de ces organes « colfégiaux_ » intr,us ;ui ""(ure i" é/ragable de
Ratzinger - « ne font pas par fie de 1a s rue
l'Église teffe que l'a voulue le Christ » (101).
Conclusion
CI !7>
1988 • •
NiDz. l82I ; Uon XIII : Salis co!nitum (Dz. 1969) ; SI si no no de juillet
schlsmatlqua ni excommunih ,. p 3
(118) Uon XIIJ : Satis cognilum. ' · · lpiscOJltzle dlllier/llf.,.
(119) D.T.C. tome XIV, mol Schismt, col. 1302; SI si no no op. cil. p. 4. (120) Card. Ratzinger : Discours 4 la Coll/~
ANNEXE I
Le 6 ujanvier
a remis · 1988, en la fête de /'Épiphanie, le cardinal Gagnon
folique q~·~appo~t au Pape Jean-Paul Il à la suite de la visite apos-
auprès d 1 avait effectuée du J1 novembre au 8 décembre 1987
nautés eJ~, Fraternité sacerdotale Saint-Pie X et d'autres commu-
Plus tar~a
1 itionnelles. Ce rapport n'a pas été publié. Quelques jours
« note »' .~;.u~ prélats français remettaient au Souverain Pontife une
que no 0JJIC1~use de la part de l'épiscopal français. C'est aette note
aucune~ P~bli?ns ici. Elle comporte sept pages dactylograph~, sans
lecteurs 1~dica_t1on d'origine. En la publiant, no~ pensons aûi~r nos
mieux comprendre /'attitude de l'ép;scopat frança1S.
Voici not
lnentaire é :e . com-
co1n!"en1aire de la note de /'épiscopat français,
Nous le d Crtt dès ;anvier 1988 mais jamais publié jusqu'à présent.
onnons tel quel, sans rien ajouter, sans rien retrancher.
10) ad 11, b) 3• al. « le no1nbre restreint des fidèles assistant à 14) ad Il, b) 7• al.
fa 1nesse de Saint Pie V, concédée selon l'indult de Jean-Paul Il en Les fidèles ont occupé l'église de Saint-Nicolas du fait de l'hos-
1984... » tilité des évêques. La réglementation canonique de la Fraternité non
Le nombre restreint a bien d'autres raisons. L'obstruction faite seulement résoudrait ces cas, mais surtout éviterait que d'autres cas
~~ les ~vêques Y est pour une grande part. Combien de messes avec similaires ne se produisent.
1 mdult Jouissent du respc;ct des rubriques du missel de 1962 ? (autel
face a~ peuple, communion dans la main, communion donnée par 15) ad li, c) 2• al. « li faudra l'accord de l'évêque_ diocésain.
des laiques... ). En tout cas, le nombre des fidèles n'est pas restreint Celui-ci ne pourra être donné que s'il y a une communion dans la
pour les messes assur~es par la Fraternité. Il serait plus honnête de foi et la reconnaissance explicite du Concile Vatican n. » .
parler du nombre toujours plus restreint des fidèles qui assistent aux Il s'agit d'établir quelle foi: celle de Pierres Vivant~, du ~vre
messes dans les paroisses officielles. « Les évêques disent la foi ? » L'interprétatio~ _du Concile Vaucan
Il doit être faite à la « lumière de la Trad1t1on » ou contre la
11) ad Il, b) 4:al. « La. P_réfature personnelle ne peut en effet Tradition ? 1
assurer p~r e/fe-1ne1ne un 1n1n1stère pastoral coinp/et coinme Je fait Ainsi l~s évêques français se reconnaissent en désaccord avec a
une paroisse. » doctrine traditionnelle, au point de n'avoir plus rien en commun avec
Ceci est une affirmation gratuite. L'Opus Dei a des paroisses. Mgr Lefebvre el la Fraternité Saint-Pie X.
J
et 2> ad li, b) ~·al ..« ··· la position théologique de Mgr Lefebvre
f'Ét~. 1~ Fraternité Saint-Pie X concernant le lien entre l'Église et
16) ad Ill, 6• al. « Ce prêtre doit être "en communion
· '' avec
la hiérarchie de l'Église catholique. » .é h" de l'Église
Que signifie « en communion » avec la hi rare ~:s les prêtres
goir1;x"~t:t~~ :~éo~l:~u~l~~t ~.lle~e Bon~face V~ll, Martin V, Grê- catholique ? Depuis quand et par qui sont exce~uni
le De Revelation;) M ' ie Il, (voir Garrigou-Lagrange dans et les fidèles de Saint-Nicolas et de Port-Marly ·
sousGrire dans leur i~~: rit~r Lefebv.r~ et la _Fraternité s~nt prêts à , més par l'évêque
nent cette doatrine catgoliq P~u~?uoi les éveques·frança1s con~arn . 17) ad Ill, 8• al. « Ifs doivent de plus etre nom
papes 7 Où pensent-ils que Vu~. · si condamne~t peut-être aussi ces diocésain. » . . . . . r er cette nol)lÎnation,
a ican l est en antithèse avec ces papes ? Et ?Ourquo1 l'évêque diocésain de~rÉait~JI re ~~olique ? Est-ce une
13) ad li, b) 5• al « De ce . d . une fois la Fraternité reconnue par 1 glise ca
tiquement asservie à des poin,t e _vue une << Église » ainsi poil- menace?
veau so~ opposé: l'adhtfo~upes d ~treme-d'..oite légitimera de nou- . peut confier un édi-
apostof1ques à la gauche /!(ganique de pretres et de mouvements 18) ad Ill, 11• al. «Seul l'évêque diocésai~ion religieuse ou aux
« Son opposé», c'est-!:!~ir ante ou. a~ parti communiste. » lice affecté au culte catholique à une ~ongréga Rome. »
bres de l'épiscopat français (I ; ~ne rea!1té_ favorisée par des mem- membres d'une prélature en communion avr pprobation, la situa-
bres du parti communiste e~ · ..C. Qui éli_t à la direction des rnem- . Est-ce une menace ? Si l'évêque donne r:Vêque de donner cette
rassemblement de la visite de qui ~t favonsée à l'occasion de leur Iton est clarifiée. Et l'État n'empethera pas
Que Mgr Lefebvre et la Fr s t car~~nau~ Decounray et Lustiger... ). autorisation a posteriori.
d'extr@me-droite est une calo~~ni~ soient asservis à des groupes .~lüon/ion de la Loi de Slpa-
tre la droite sur le meme plan e. n tout cas, on ne peut pas me~ _19) ad Ill, 12• al. « Cette constante ap""- 'h /iqlle en Frtzll«. »
eu de condamnation de la Part ~ue ,1Éa ~auche, car il n'y a jamais ratio~ garantit la stabilité de /~ prése=. C:: :eYl8iellt d~ ~
ce fut le cas pour le commu . e 1
ghse contre la droite comme s S~ les éveques craignent vrauni:n} Et colll!De ce qu•iJs,c:r"Jl,IM'Dt.
rusme. 0 1Ution canonique avec la Fraterrui.,.
122 LA TRADITION « EXCOMMUNIÉE »
est déjà une situation de fait, il convient donc de régler au plus vite
la situation de la Fraternité.
Pour l'État, la nomination doit venir de l'évêque diocésain. Mais
pourquoi les évêques prévoient-ils déjà de la refuser, même si Rome
a « reconnu » la Fraternité ?
C'est déjà en acte : mosquée par exemple, mais cela est l'œuvre
des évêques.
ANNEXE III
Conclusion
COMMENTAIRE JURIDIQUE
Les évêques français ont voulu, dans cette note faire voir les dif-
ficultés qui peuvent surgir d'un accord entre le Vatican et Mgr Lefeb-
vre. Mais, au contraire, les difficultés existent déjà, et elles sont nées
à ca~se du comportement des évêques. Ces difficultés sans un accord, la note de « l'épiscopat fran-
contmueront et se multiplieront. ' . 1) C'est, hélas, s~n~ é~onnement ~ue de vue de la loi française»,
ça1s », dans sa parue 1nutulée « f·~'n~. xpression moderniste mélan-
~ fait, avec cette note, les évêques montrent eux-mêmes l'urgence apparaît au juriste com~e un mo e e ur eaboutir à une mise en garde
de regler le problème. S'ils ont, comme pasteurs la préoccupanion
des âmes, ils ne devraient pas créer de di~ficult~s.
geant habilement le vrai et ,le faux Pâ ce qu'elle dénonce alors que
c0ntre les prétendues co~sequences 1 ~ défend, qui peut seule engen-
c'est précisément la thèse inverse, qu e e .
drer de telles conséquences. . de la technique subve.rs1y,e
Il s'agit là d'un procédé b1~n conn~ dans les mœurs ecclés1asti-
et maintenant, hélas encore, bien entre .
Ques du temps. . . donc pour but de '!1ettre en
Les observations qui su1v!ont o~t ais surtout en droit - que
lumière - en fait, s'il en était b~so1n; ~aditionnels qui « remet!ent
ce ne sont pas les prêtres catholique. é ble au culte catholique
en cause l'affectation perpétuelle et "" vo~a tout au contraire, les
:n
du patrimoine chrétien <!e la France ~:~es puis voir dispanlîtr~
évêques qui préfèrent lll!sser tomber de les confier à ~ 'Pretres
nombre d'églises françaises plutôt que bres de la Fraternit6 Saeer-
• traditionnels qu'ils soient ou non me~eur Marcel Lefeb~
dotale Saint~Pie X fondée par. M~ns;1aire la part du vrai et
li est donc d'abord nécessaire e unaux ~t paitiealijl:l
.du=
et ensuite d'examiner comment.les ~b principeS~la:,.
le Conseil d'État peuvent appliquer es
124 LA TRADITION « EXCOMMUNl~E » COMMENTAIRE JURIDIQUE 125
dégagés par la jurisprudence pour raire race aux circonstances actue~es le culte catholique, l'évêque du ? iocèse ~u le ~ur~ ~~a~o~cff:~~~~!
engendrées par l'état - non pas de crise, comme d 'au; uns p~rs1s tout un ensemble d'. « affectataires » Qll;I ~eraJen ce culte.
tent encore à le croire (et l'on comprend, alors, que les memes S'!nt~r catholiques et ensuite seulement les m1n.1s~res de , as incliffé-
rogent sur des sacres récents) - mais de décomposition de l' Eglise Au surplus, cet ordre voulu par Je .le,gislateu~ n. C:.~ intéressés
catholique universelle.
rent et ne peut être inve~s~ car, en reahte',!~ruÎt~~~; par Je Jégisla:
ce sont les fidèles, les m1rustresfid~lu c~lte ~tique complète de la reli-
teur que pour permettre aux 1 e es a p_r
2) Tout d'abord, les édifices cultuels sont devenus la propriét.é
de l'État, des départements ou des communes, qui ont le droit gion, ce que ceux-ci ne peuvent pas f~iret:~;n e:'uiement du texte
« d'engager les dépenses nécessaires pour /'entretien et la conserva- Cette primauté du droit d~ fidel~ r~uJ ui il faut y insis-
tion des édifices du culte» (art. 13, in fine, de la loi du 9 décembre littéral de l'article 5 de la 101 du 2 Janvi~r :n.i~~ du culte, mais
1 7
1905). ter a nommé à dessein les fidèles avant .es d Églises et de l'État
D' autre part, « à défaut d'associations cultuelles, les édifices affe~ au~si de l'esprit même des lois de sépa_r~u~~té:
tés à l'exercice du culte, ainsi que les meubles les garnissant, conti- et du contexte dans lequel _elles on_t ete f · ~s fidèles d'un culte
nueront, sauf désaff ectation dans les cas prévus par la loi du Ce sont, bien sQr, les droits des Cll~~ef:iat1:- n'est pas interv~nu
9 déce1nbre 1905, à être laissés à la disposition des fidèles et des ~n.is que ces lois ont voulu protéger. Le ~ . ·sément qu'elles soient
lres du culte pour la pratique de leur religion » (art. 5 de la 101 du dans l'intérêt des Églises, dont il. entendaJt ~~c~es ministres des cultes
2 janvier 1907). séparées de l'État, et, encore moins, dans ce
Ainsi, les textes définissent donc, en ce qui concerne les édifices qu'il a toujours voulu .ignorer· r ne pas dire uniquem:n~, les
cultuels : Ce sont donc essenuellemen~. pou . l'objet des soins v1gtlants
- le propriétaire - une autorité publique (État, département ou droits des fidèles des cultes qui ont Ja1\
commune); et répétés du législateur de 1905 et e 907 ·
- une affectation - la pratique de la religion ;
- les usagers - les fidèles d'abord et les ministres du culte ·1 d'État qui a dQ s'occu-
ensuite. 3) Tout cela est si vrai q~e c'est 1~~:i::~ pouvaient s'exercer les
La doctrine et même certaines décisions de jurisprudence ont parlé per de déterminer quels étaient et c édifices cultuels. . _
d'« ~ffectatatres ». Ce ne peut être que par un abus de langage ou droits des ministres du culte sur le~ de fait : la notion de « des
une 1mpropnété de terme car, en réalité, les fidèles et les ministres Il l'a fait en partant de deux,notu::::ation générale du Cl;'lt~ ». _
servant » et celle de « r~g_les d org: le culte catholiq~e, ladJun:~e
du culte ne sont que les usagers de l'édifice cultuel et les utilisateurs
de son affectation. C'est ainsi qu'en ce qui concern voirs de gesuon °~
dence du Conseil d'État accorde les po~ » (appellation admamstra-
.
Cette appellation est donc impropre, les édifices cultuels n'étant
pas affect~ aux fidèles et aux ministres du culte, qui n'en seraient des églises catholiques aux « desserv_an ecclésiastique) nommés par
« affectata1res » q!'le dans la mesure où ils les utilisent conformément live), c'est-à-dire aux curés (appellation . . t conf6-
à 1C1;1f seule et unique affectation qui est l'exercice du culte pour la les évêques des diocèses. uvoirs qw lw son ès d
pratique de la reUg1on. 1
Mais la qualité de desse!"an~ et Ieesmfoïstère du culte aupr es
On n~ ~urrait donc les considérer comme « affectataires » que rés a pour contrepartie obligatoire le clek
dans la limite de cette affectation bien précise et exclusive de toute fidèles. mmer le desserva.it et il!CD.
autre. L'éveque du diocèse chargé de! pouvoirs de leUr ~cf{~
~ntoute hypothèse, d'ailleurs, il n'y aurait pas un seul « affec- servant ne peuvent pas détourner "t en ne desservant :Rl!$.
ne nommant pas de desservant SOI 1~u:K,
lalaue » ou un « qffectataire » privilégié qui serait, par exemple pour
ment lédifice cultuel.
126 LA TRADITION « EXCOMMUNIJ!E » COMMENTAIRE JURIDIQUE 127
l' .• ue du diocèse peut, selon son
Cela va naturellement sans dire mais la note de l'épiscopat fran- tant, en réalité, à préten.d~e. que evelq omme s'il était à sa disposi-
çais prouve que cela est devenu. nécess~ire. de le rappeler. . . . _ bon vouloir, user d'un ed1f1ce ~ultue c le laissant fermé à l'aban-
Le texte de l'article 5 de la 101 du 2 1anv1er 1907 est p_arucuhe~e tion exclusive et en faire ce. qu'il ve~t en t manifestement contraire
ment clair à cet égard. JI précise que les ~dific~s af~e~tés a l 'exe~c1ce don pendant dix, qui~ze, v1!1gt ann~esÎis~ et de l'État et à la pro-
du culte « continueront » à être laissés a la d1spos1t1on des fide_l~s . à la fois à la loi de separat1on des . g
L'intention du législateur est on ne peut plus nette : c'est de manie~e tection du patrimoine cultuel français. . • publique puisse entre-
continue qu'un édifice cultuel doit être laissé. à. la di~~osi~on des fide- .
En effet comment concevoir que . · n ? Elle se verrait· b.1en
l'autonte
les. L'autorité publique, pas plus que l'autonte eccles1ast1que, ne peut tenir un édfrice cultuel qui ne sert plufs .a nmeau.vais usage des fon~s
faire obstacle à cette libre disposition des fidèles. . . · · és de aire ·nes peu à peu, 1e Patr1 -
vite reprocher par ses adm1n1str
Il est, en effet, surprenant de devoir rappeler de telles ev1d~n publics. Ainsi est en train de tomber er -~~ê~e de disparaître de
ces : ce n'est pas une faculté pour l'évêque du diocèse, c'est bien moine cultuel' de la France et, P.ar e :ce que Îes évêques ne veu-
pour lui une obligation de désigner un ministre du culte pour cha-
que édifice cultuel. . nombreux édifices cultuels cat_holiqu~~ prêtres traditionnels. der-
lent pas qu'ils soient desservis p~r roche qu'ils font à ces
C' est d'ailleurs bien de cette manière que jusqu'à cette epoq~e lis encourent donc bien seuls_ e [ep
troublée la hiérarchie de l'Église catholique en France avait compr~s niers avec une si insigne mauvaise 01 •
sa mission. Si tous les presbytères n'étaient pas occupés, la qu_as1-
totalité des églises était desservie, une ou plusieurs fois par se~ai.ne,
par des ministres du culte qui officiaient dans plusieurs eghses
voisines.
Mais, depuis une époque récente et notamment depuis I.e dernier
concile, c'est un nombre toujours croissant d'édifices cultuels s~
situant au milieu d'une populat,ion de plus en plus nombreuse qui
sont abandonnés totalement ou pFesque totalement par llévêque du
diocèse qui ne veut pas ou qui ne peut pas désigner un desservant.
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ent : ch~que ou vlreJDeDt c;..c.'I!~
Novembre: .
- Le cardinal Ratzinger demontre l'état de nécessité
dans l'Église .
- Confessions sur le Concile
1989
. 1ution ecclésiale de
Janvier : - Le P ape, l'archevêque et la revo
notre temps
cardinal Ratzinger)
COURRIER DE ROME - Si si no no Février : - Votre Eminence... (lettred~ucardinal Silvestrini
quelques thèmes abordés depuis le nu méro de janvier 1988 - La campagne él~ct~ralear des évêques
- L'immoralité prechee P .
. « traditionalistes »
1988 Mars : - La Tradition, le Concile et 1es
Janvier : . ?
- Nouvelle rencontre interreligieuse É lise en liqui dauon .
Avril : - Hollande - . g de Cologne » à
- L'écroulement de l'Église en Hollande _ La « déclaration hommage public
- Illégalités pendant le Concile _Le p èlenn. age .· solenne1
Février : Jésus-Ch~ist . Le
- L'humiliation de l'Église et de la Papauté lie . le Commonitonum -
- L'éclipse de Rome : l'affaire Hunthausen Mai : - 1Jne œuvre !rès ac~ue . de Lérins .
- L'anniversaire de l'ouverture du Concile canon de .saint V1n~~~~ique postconcilia1re
Mars: _ La « renaissance »
- Toute la vérité sur Taizé
Avril :
- Pour connaître Mgr Lefebvre et juger Vatican II
Mai:
- Une conversion intellectuelle à l'erreur (liberté
religieuse)
9
Préface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
15
Ni schi smat"1ques n1· excommun1"és ........................ .
49
Sur le droit de nécessité dans l'Église ........ .. ... · · · · · · · ·
51
Au sujet de la consécration épiscopale sans mandat pontifical
Le cardinal Ratzinger démontre I'« état de nécessité» dans 59
1'Église ........................................ ........ .
73
La Tradition, le Concile et les « traditionalistes » ... · · · · · · ·
ANNEXE 1 : Note de l'épiscopat français .......... · · · · · · · 109
ANNEXE Il : Réflexions sur la note .............. · · · · · · · 117
ANNEXE II 1 : Commentaire juridique .......... · · . · · • • • · • 123
COURRIER DE ROME
Édition en français du périodique romain
Sl si no no
Directeur : B. de Roquefeuil
Rédacteur : abbé de Taveau
Adresse : B.P. 44 - 78001 Versailles Cedex
Presse n. 62469
Oirec1ion
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~.-,...,~.-S.A.~~~~~~
N• · -~-
o14110 ... .,,._i
: 14492 • INPOl 16(111 ,.,.,. 1981
........ "' CEE.
Un an après les consécrations épiscopales du 30 juin 1988, qui
secouèrent violemment le monde religieux le COURRIER DE
ROME réunit en un volume une série d'articles diamétralement
opposés aux déclarations et aux publications médiatiques.
*
* *
Le COURRIER DE ROME, édition en français, de la revue
romaine Si si no no, bénéficie de la collaboration de philosophes,
de théologiens, d'exégètes et de canonistes d'une valeur reconnue.
Le sérieux et la profondeur de ces études font que Si si no no
est devenue une des revues les plus répandues dans les milieux
ecclésiastiques romains.
Les collaborateurs de la revue se sont penchés sur le « schisme
d'Ecône ». L'impact de leurs travaux fut tel qu'aujourd'hui à
Rome on ne parle plus que du « soi-disant schisme ».