Spécial Courrier de Rome - La Tradition Excommuniée

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 71

.
\,. \
\, "1
...

LA TRADITION
,.
<<EXCOMMUNIEE >>

EXCLUSIF
La note confidentielle de l'épiscopat fJi8l\~
avant les sacres d'Ecône ,!'~,~~

PUBLICATIONS
du
COURRIER DE RQME
ï

1
1

1
1
LA TRADITION
<<EXCOMMUNIÉE>>

1
LA TRADITION
<<EXCOMMUNIÉE>>

PUBLICATIONS
Tow droils tk lltldMctlon, d'otloptotfon tt d,
IOUs• "ll'Oductlon par l®S fNOCtdts r~rvés paur
du
R~tlon lnttrdftt ,,, PDYI. COURRIER DE ROME
ns llUtoruotlon (IAI du JI man /9S7) B.P . 78001 Versailles Cedex
AVERTISSEMENT

Parmi les textes rassemblés dans ce volume, certains sont inédits,


les autres sont des articles qui ont été publiés en italien dans la revue
Si si no no et en français dans le Courrier de Rome. Ces articles,
à l'exception de ceux qui ont été repris d'autres publications, ne sont
pas signés, selon la volonté du fondateur de Si si no no, don Fran-
cesco Putti, qui a toujours désiré que l'auteur s'efface devant la vérité
qu'il défend - le directeur de la publication étant juridiquement le
responsable.
Non quaeras, quis hoc dixerit; sed quid dicatur, attende.
(llnilation de Jésus-Christ, 1, V, 6.)
Considérez ce qu'on vous dit, sans chercher qui le dit.
A L'ENFANT JÉSUS DE PRAGUE
A NOTRE-DAME DE MARIAZELL

En mémoire de Don Francesco Putti


Fondateur de Si si no no
A Monseigneur Marcel Lefebvre
Athanase de notre te1nps
En affectueuse reconnaissance
PRÉFACE

A la veille du 30 juin 1988, Radio Vatican annonçait qu'après


les consécrations épiscopales, 80 Ofo des prêtres et des fidèles aban-
donneraient Monseigneur Marcel Lefebvre. Aujourd'hui, nous cons-
tatons que 93 OJo des prêtres et des séminaristes sont restés derrière
Je prélat condamné par Rome, et l'on peut estimer à 15 à 20 OJo l'aug-
mentation du nombre des fidèles qui fréquentent les prieurés.
Pourquoi cela ? La seule explication possible est le sensus fidei
qui donne aux fidèles une sensibilité surnaturelle grâce à laquelle ils
peuvent savoir ce qui est conforme à ce que l'Église a toujours ensei-
gné et cru. Le sensus fidei donne en quelque sorte une conclusion
théologique que le fidèle n'est pas toujours à même d'expliquer et
de démontrer. Le rôle du théologien sera de démontrer la justesse
de cette conclusion.
Les articles réunis dans ce volume contribueront à faire ressortir
le bien-fondé de ce sentiment des fidèles. Ils s'appuient uniquement
sur la saine théologie, fidèle à l'enseignement constant de l'Église.
Ces art.icles mettent en valeur la figure de S.E. Monseigneur Lefeb-
vre, homme <l'Église de premier ordre et théologien de haute valeur.
Sur ce point nous n'hésitons pas à reproduire une lettre de l'abbé
V. Berto, théologien privé de Mgr Lefebvre au Concile et secrétaire
du Cœtus /nternationalis Patrum.
« J'avais l'honneur, très grand et très immérité, je le dis devant
Dieu, d'2tre son théologien. Le secret que j'ai juré couvre le travail
que j'ai fait sous lui, mais je ne trahis aucun secret en vous disant
que Mgr Lefebvre est un théologien, et de beaucoup supérieur d son
)Û LA TRADITION « EXCOMMUNIÉE » PRllFACE 11
propre théologien - et plût à Dieu que tous les Pères le f ussent au Le Père Caln1el a le mérite d'aborder en toute franchise et clarté
degré o~ il l'es/ ! - Il a un "habitus" théologique parfaite1nen1 sûr les points délicats qui sont au cœur de la crise ; il dénonce la gra-
~! affine, au9~;} sa. très grande piété ~nvers le Saint-Siège ajoute celte vi té de la situation et mont re les vrais responsables , tout en renfor-
~onnaturaltte qui pern1e1, avant 111e111e que l'habitus discursif inter- çant noire foi et notre amour de l'Église. L'harmonie extraordinai re
v1en~e, de discerner d'intuition ce qui est et ce qui n'est pa_s com- entre la théologie, la mystique et la pastorale que l'on trouve chez
poss1ble avec les prérogatives souveraines du Rocher de l'Eglise. ce dominicain remarquable permet de conserver la paix intérieure sans
Il ne ressemble en rien à ces Pères qui, conune l'un d'eux a eu minimiser l'importance de la crise.
le front de s'en vanter publiquen1e111, prenaient des 1nains d'un "peri- C'est pourquoi nous nous permettons en guise de conclusion de
tus", dans la voiture 1nême qui les a1nenai1 à Saint-Pierre le texte laisser à la rénexion du lecteur quelques extraits de cette Brève apo-
"tout. cuit" d_e le.ur invention "in au/a". Pas une fois je 'ne lui ai logie pour l'Église de toujours.
soumis un memo1re, une note, un canevas, sans qu'il les ait revus, « ... Si le pape est le vicaire visible de Jésus qui est re1nonté dans
re~rassés, repensés et parfois refaits de fond en co1nble, de son tra- les cieux invisibles, il n'est pas plus que le vicaire : vices gerens, il
vail personnel et assidu. Je n'ai pas "collaboré" avec lui · si le n1ot tient lieu 111ais il de1neure autre. Ce n'es/ point du pape que dérive
la grâce qui fait vivre le corps 111ystique. l a grâce, pour lui pape
était français, je dirais que j'ai vrahnent "sublaboré" ove; lui, selon aussi bien que pour nous, dérive du seul Seigneur Jésus-Christ. De
mon rang de théologien particulier et selon son honneur et sa dignité 1nême pour la /u111ière de la révélation. Il délient, à un titre unique,
de Père d'un Concile œcu1nénique, Juge et Docteur de fa Foi avec la garde des moyens de la grâce, des sept sacre111ents aussi bien que
le Pontife romain (1 ) .. . » la garde de la vérité révélée. Il est assisté à un titre unique pour être
?
Daté ~u janvier 1964, ce témoignage spontané, porté en dehors gardien et intendant fidèle. Encore faut -il, pour que son autorité
de la polem1que actuelle, prend auj ourd'hui une valeur particuliére. reçoive, dans son exercice, une assistance privilégiée, qu'elle ne
renonce pas à s'exercer...
• [. .. ] L'Église n'est pas le corps 1nystique du pape; l'Église avec
•• le pape est le corps 111yslique du Christ. Lorsque la vie intérieure
Apr~ la lecture de cet ouvrage, nous pourrions être effrayés, non des chrétiens est de plus en plus référée à Jésus-Christ, ils ne to1n-
pa~ l ,au1tude de. Monseigneur Lefebvre, mais par tes raisons graves ben1 pas désespérés, 111ê1ne lorsqu'ils souffrent jusqu'à l'agonie des
qui 1 ont conduit à la décision du 30 juin 1988. défaillances d'un pape, que ce soit Honorcius l'' ou les papes anta-
Seule la gra.vité de la situation présente de l'Église jusùfie l'acti~~ gonistes de la fin du Moyen Age ; que ce soit, à l'extrême limite,
de S.E. Monseigneur Lefebvre ; gravité extrême qui touche à ce qu 11 un pape qui défaille selon les nouvelles possibilités de défaillance
offertes par le 1noder11is 111e. lorsque Jésus-Christ est le principe el
Y a de plus haut et de plus profond dans l'Église (2). . l'â111e de la vie intérieure des chrétiens ils n'éprouvent pas le besoin
Quelques lecteurs pourront se demander : comment est-ce possi-
de se 111entir sur les 1na11que1nents d'un pape pour demeurer assurés
ble ? <:omme~t le Seigneur peut-il permettre une telle épreuve ? Et de ses prérogatives ; ils savent que ces manquements n'atteindront
que do1~-on faue ? Pour répondre à ces questions bien légitimes ":ous jamais à un tel degré que Jésus cesserait de gouverner son Église
ne saunons trop recommander la lecture et la méditation du hvre parce qu'il en aurait été efficacement empêché par son vicaire. Tel
du Père Calme! O.P. : Brève apologie pour /'Église de toujours (3). pape peul bien s'approcher du point limite où il changerait la reli-
gion chrétienne par aveuglément ou par esprit de chimère ou par une
(1) Mgr Marcel Lerebvre, J'accuse te concile Editions Saint-Gabriel, p.5 et 6. illusion mortelle sur une hérésie telle que le modernisme.
(2) A propos ~c la gravi!~ de la crise, nous' renvoyons le lecteur à l'?u"ra&e [... ] le pape à la différence de l'Église n'est pas saint obligatoi-
de R?mano ~cno : Iota Unum. 1!1ude des varia/ions de /'/!glise catholique au rement. l'Eglise est sainte avec des membres pécheurs, dont nous-
xx• sik/e, Pans, 198$, 659 p., Nouvelles Editions Latines. .
(3) R.Th. Calme! O.P. , BrM apologie pour t•J!gtise de toujours, in Itinéraires. memes ; des membres pécheurs qui tous hélas ! ne tendent pas ou
scpt.-oct. 1987. Réédi~ par Dirralivre, 78580 Maule.
PRÉFACE 13
12 LA TRADIT ION « EXCOMMUN IÉE »
de Dieu panni les horn1nes ou co1n111e n;iédi~tri~e divinement assis-
ne tendent plus à la sainteté. li peut bien arriver que le pape /ui- tée de la vérilé et de la grâce; que nous I env1sag1ons comme le corps
même figure dans cette triste catégorie. Dieu le sait. En tout cas, du Christ el son prolo11ge111ent 111ystique - Jésus-Christ répand u et
la condition du chef de la sainle Eglise étant ce qu'elle es1, c'est-à- communiqué - ou co111111e l'Epouse sans tache ~i ri~e .qui dispense
dire n'étant pas nécessairement la condition d'un saint, il ne faut aux pécheurs les biens surnalurel~: dans une union 1n~1m~ avec .son
pas nous scandaliser si des épreuves, par/ois de /rès cruelles épreu- Epoux el son Roi, de toutes 111an1eres les 111esures am!ngues, le ri~u~l
ves, surviennent à l'Église par son chef visible en personne. Il ne 1nouva11t le catéchis111e i11fon11e, la 111orale sans precepte, la d1sc1-
/au/ pas nous scandaliser de ce que, sujets du pape, nous ne puis- pline religieuse sans obligation, l'autorité hiérarchique dépersonnali-
sions quand même pas le suivre en aveugles, incondi1ionnellement, sée et /ransférée à un appareil fuyanl el anonyme, auc_une de ces
en tout et toujours. inven1ions pos1co11ciliaires 11'appar1ient véritablement à l'Eglise. Nous
[. . .] Car nul dans l'Église, quel que soit son rang hiérarchique n'avons pas à en 1enir co111p1e puisque nous sommes enfanls de
et ce rang serait-il le plus haut, nul n'a le pouvoir de changer l'Église l'Église et que nous enlendons le rester. Nous gardons la lradilion
el la tradition apostolique. avec pa1ience. Les forces 1nodernis1es occupanles ne pourronl plus
[... ] Trop souvent quand il s'agit de ne pas se couper de R on1e bâillonner bien /011g1e1nps les lèvres sacrées de notre M ère. Elle nous
on a f ormé les fidèles et les prêtres dans le sens d'une crainte en dira 1ou1 haul que nous n'avons rien de m ieux à faire que de lenir
partie mondaine de sorte qu'ils soien/ pris de panique, qu 'ils vacil- sainte1nen1 la 1radilion. Patientia pauperum non peribit in finem
lent dans leur conscience et 11 'examinen1 plus rien aussitôt que le (Psa111ne 9). La palience des pauvres ne sera plus indéfiniment
premier venu les accuse de ne pas être avec Rome'. Une formation 1ro1npée (5). »
v~~iment chrétienne nous enseigne, au con1raire, à nous préoccuper
d etre avec Rome non dans l'épouvante et sans discernement, mais En la fête de Sain/ Pie V
dans la lumi~re ~t la paix, selon une crainte filiale dans la foi. . 5 mai 1989
f. ·.f Quoi qu '1/ en soi/, il est certain que si l 'évêque trahit la f 0 1
catholique, meme sans défroquer, il impose à l'É_glise une épreuve
be~ueoup qtus accabl~n/e que le simple prêtre qui p TCend femme el
q~1 cesse d offnr la sainte "!esse. - Faut-il parler après cela du genr~
d épreuve dont.p~ut soujfnr l'Église de Jésus-Christ par le pape /u1-
"!ême, par le Vicaire de Jésus-Chris/ en personne ? A celle seule ques-
l1on, beaucoup se voilent la face el ne son/ pas foin de crier au blas-
phème. Celte pensée les me/ à la torture. Ils se refusenl à regarder
en face une épreuve de celte gravité. Je comprends leur sentiment.
Je n'i~nore pas 9u'une sorte de vertige peut s'emparer de l'âme
lorsqu elle est ."!1se e~ présence de certaines iniquités (4). »
« En . ~é.(in1t1ve, s1 nous sommes persuadés que /es innovations
postconc1/1a1~ ne sont pas d'Église, n'engagent pas notre obéissance,
s~ron_t m~nifestement rejetées lorsque prendra fin /'occupatio~ de
l'Église, . ces! pa~ ~ ces bouleversements travaillent par eux-memes
à détruire l 'Egl1Se s1 nous la considérons dans son mystère fonda-
mental. Que nous voyions en effet l'Église comme temple el demeure
(S) Op. cit., annexe 2: Fils de l'tgl~ en un temps d'épreuw, p.100-101 (arti·
cle k ril en 197S).
(4) Op. dt., annexe 3 : De l'igllse ~I dl/ Pa~. p. IOS et ss. (article ~t en 1973).
NI SCHISMATIQUES
NI EXCOMMUNIÉS

Catholiques écartelés
li semble que, depuis Vatican Il, le catholique, doive être cons-
tamment placé dans la nécessité d'avoir à choisir entre vérité et
« obéissance », autant dire entre être hérétique ou être schismatique.
Ainsi, pour nous limiter à quelques exemples, il lui a fallu opter
entre l'encyclique Pascendi de saint Pie X condamnant le modernisme
« collecteur de toutes les hérésies» el l'actuelle orientatien ecclésiale,
ouve~tement mederniste, qui, par l'organe du Saint-Siège, ne eesse
de faire la louange du modernisme et des medemistes (!) et de déni-
grer saint Pie X, dont l'encyclique fut, à l'occasion de son 70< anni-
versaire, accusée en substance de ne pas respecter !'Histoire (2).
li a dO choisir entre le Monitu1n du Saint-Office de 1962, con-
damnant les œuvres du jésuite Teilhard de Chardin en ce qu'elles
«fourmillent de telles a1nbigui1és et même d'erreurs si graves qu'elles
offensent la doctrine catholique » et l'actuel courant ecclésial qui
n'hésite pas à citer ces œuvres, jusque dans les discours pontificaux,

(1) cr. par exemple l'éloge ré~é de Gallarati Sconi, ami du jeune Montini
dans l'Osservatore Romano (ci-apr~ O.R.) du 7-7-1976, du 14-1-1979, du 5-6-1981:
etc.
(2) O.R. du 8-9-1977.
16 LA TRADITION « EXCOMMUNl~E » NI SCHISMATIQUES NI EXCOMMUNI ÉS 17
et q~i, lors du centenaire de la naissance du jésuite « apostat » .(R. Rome, découvre dans les Juifs toujours incrédules les « frères aînés »
Valneve), en a, par une Lettre du cardinal Casa.roli Secrétaire d'Etat des catholiques ignares (12).
de Sa Sa_in_teté, exalté la ((_richesse de pe11sée » et Î'« i11égalable fer- Il a dû choisir en1re le premier commandement: « Tu n'auras
veur religieuse » (3), suscitant ainsi la réaction d'un groupe de d'autre Dieu que Moi », assorti du devoir qui, depuis la Rédemp-
cardinaux (4). tion, oblige tous les hon1mes à rendre à Dieu le culte dû « en esprit
Il a dû opter entre l'invalidité déjà définie des ordinations angli- et en vérité», et l'actuelle orientation ecclésiale en venu de laquelle,
canes (5) et l'a7tuelle or!entation ecclésiale, en vertu de JaquelJe, en sur invitation d' un Pontife Romain, furent pratiquées dans les égli-
1_982, un. Pontife Romain a, pour la première fois, participé à un ses catholiques d'Assise toutes les formes, même les plus graves, de
nte anghc~n, da~.s la cathédrale de Cantorbéry, bénissant la foule superstition : du faux culte des Juifs qui, dans l'ère de la grâce, pré-
av:c le Pn!"at lat? de cett_e secte hérétique et schismatique, Primat tendent honorer Dieu en niant Son Christ, à l'idolâtrie des boud-
qui, dan~ 1 allocutto~ de bt~nvenue, avait revendiqué pour lui-même dhistes adorant leur vivante idole assise le dos au Tabernacle où la
et sans etre contredn, le litre de successeur de saint Augustin (6), lampe allumée attestait la Présence Réelle de Notre Seigneur
le catholi9ue évangélisateur de l'Angleterre catholique (7). Jésus-Christ (13).
li a du opter entre la condamnation ex cathedra (8) de Martin Il a dû opter entre le dogme catholique « Hors de l'Église, point
Luther et l'actuel courant ecclésial qui, « célébrant » le 5c centenaire de salut » et l'actuelle orientation ecclésiale qui voit dans les reli-
de la naissance de l'hérésiarque allemand, déclarait par Lettre signée gions non chrétiennes des « voies d'accès à Dieu » et déclare « véné-
de S.S. Jean-Paul 11 qu'aujourd'hui, grâce aux << recherches com- rables elles aussi» même les religions ... polythéistes (14) !
munes de savants catholiques et protestants... est apparue la pro- Il a dû opter entre l'enseignement constant de l'Égljse selon lequel
fonde religiosité de Luther » (9). hérétiques et/ou schismatiques sont «hors de l'Eglise» (15) et
Il a d~ choisir entre l'historicité des Évangiles, que « la Sainte l'actuelle orientation ecclésiale selon laquelle, entre les « diverses con-
Mère Église, de façon ferme. et absolument co11stante, a affirtnée et fessions chrétiennes», n'existe qu'une différence de ... «profondeur»
affirme.:. ~t atteste sans hésuer » (10) et l'actuelle orientation ecclé- et de «plénitude de com1nunio11 » (16) et pour laquelle, en consé-
s1al~ ~ut nie avec éclat cette historicité dans le document Ji>ublié le
quence, les diverses sectes hérétiques et/ou schismatiques doivent être
24 JUtn 1985 par la Cotntnissio11 Pontificale pour les rapports reli- «respectées » ((en tant qu'Églises et communautés écclésiales » (17).
gieux avec le Judarsme (11). Arrêtons-nous là, tant il serait impossible matériellement d'énu-
mérer tous les choix qui se sont imposés et s'imposent à tout bout
li a dû opter entre la Sainte Écriture qui reproche aux Juifs incré- de champ au catholique. Notre périodique les signale depuis qua-
dules de refuser l'Évangile, et l'actuelle orientation ecelésiale qui, torze ans et Romano Amerio en a fait la somme non exhaustive dans
dans le discours du premier Pape à se rendre dans la synagog~e de

(3) O.R. du 10-6-1981.


(4) Voir SI si no no, Vil• ann~. n• IS, p. IS.
( 12) O.R. des 14/IS-4·1986.
(S) ~n XIII : .Lenre apastolique Apostolicœ curœ du 13-9·1 8%. (13) Avvenire du 20·10-1986. Le dalaï-lama est considéré comme la réincarna-
(6) Saint ;August on de Can1orbéry, éveque envoyé par saint Grégoire le Grand tion de Bouddha.
pour évangéh;SCt la O~a~de-B~eragne, débarqua sur la côte anglaise en 597, avec (1 4) O.R. du 17-9-1986: étments pour une btlSle 1héologique de fa Journh Mon-
une quarantaine ~e m1ss1onna1res, érablil son premier monastère à Cantorbéry et u
diale de Priè~ pour fa Paix; voir aussi Civiltà cattolica du 20 avril 1985 : chris-
mourut le 26 mai 604. lianisme el tes religions non chrillennes.
(7) Voir SI si no no, VIU• ann~. n• 20. (15) Carkhisme de saint Pie X, n• 124.
(8) Léon X : Bulle Exsurge Domine de 1S20. (16) O.R. du 17-9-1986.
(9) O.R. du 6-11-1983. (17) Salutation du Pape aux « chri1ie11S " dans la cathédrale de Sain1-R111in à
(10) Vatican Il : Constitution dogmatique ~i Verbum. Assise: O.R. des 27/28-10-1986.
( JI) O.R. des 24/2S-6-l98S.
18 LA TRADITION « EXCOMMUNIÉE » Nl SCHISMATIQUES NI EXCOMMUNIÉS 19
les 659 pages de son Iota Unun1, étude des variations de l'Église ou vou lue par le Pape, peu importe), désirant, sans désemparer et
catholique au xx• siècle (18). en dépit de désillusions répétées, que l'union avec l'actuelle hiérar-
chie et surtout avec le Vicaire du Christ se rétablisse au plus tôt,
sans avoir pour autant à se plier à des compromis sur un seul point
Le choix du « sensus fidei » de doctrine.

Dans le conflit apparent entre « obéissance » et vérité, les catho·


tiques mieux informés ont choisi la vérité, certains, dans leur sensus Une équivoque
jidei, que seule la vérité assure l'union avec le Chef invisible de
Le conflit apparent entre « obéissance » et vérité repose cepen-
l'Église qui est le Christ. Étiquetés, de ce fait, comme « traditiona· dant en réalité sur une équivoque. Elle réside dans le fait d'identi-
listes » et réputés incapables de distinguer entre Tradition divine et fier faussement l'obéissance due à la hiérarchie à une adhésion à des
traditions humaines, entre ce qui, dans la tradition de l'Église, est orientations imposées par des membres de la hiérarchie contre le pré-
sujet à changement et ce qui est irréformable, entre évolution homo- cédent Magistère de l'Église. Prenons l'exemple du libéralisme et de
gène et évolution hétérogène du dogme ; taxés comme désobéissants l' œcuménisme qui inspirent Je nouveau cheminement de l'Église et
et aujourd'hui en outre comme excommuniés et schismatiques, ils sen· qui suscitent la résistance la plus vive des « traditionalistes ».
tent bien que ceci ne correspond à aucune réalité. lis sont conscients Le libéralisme, qui « défend la liberté civile de tous les cultes,
de n'être pas schismatiques, c'est-à-dire des « volentes per se eccle· laquelle n'est pas contraire en soi aux fins de la société, mais est
siam constituere singularen1 (19) » : ils n'ont en effet aucun désir de conforme à la raison et à l'esprit évangélique » a été condamné à
constituer une Église pour eux-mêmes ; ils ne résistent au con~ra!re maintes reprises par l'Église à travers le Magistère d'une longue série
à l'actuelle orientation ecclésiale que pour rester dans l'unique Eghse de Pontifes, particulièrement par Grégoire XVI, Pie IX, Léon XIII,
du Christ. Aucun d'eux ne «se refuse d'agir comme partie d'un etc. (22).
tout » nJ ne veut « penser, prier, se comporter, vivre en somme, non. Le Père Garrigou-Lagrange ajoute dans son livre De Revelatione :
dans l'Eglise et selon l'Église, mais comme un être autonome qui « Cela, les Souverains /r'ontifes l'ont toujours enseigné, par: exemple
fixe lui-même la loi de sa pensée, de sa pl'ière, rie son action » (2~) ; Boniface VIII dans la bulle « Unam Sanctam » (:D.z. 469), Martin
c'est justement, au contraire p0ur ne point cesser de penser, tle pner, V dans la conda1nnation des erreurs de :Jean Huss et de Wicleff (Dz.
d'agir « dans l'Église et sefon l'Église » qu'ils résistent au nouveau 640-82) et aussi Léon X condamnant ex cathedra 11!1> erreurs de Martin
courant ecclésial, dans la mesure où celui-ci tente de les éleigner, Luther... »
dans la doctrine ou dans la pratique, de la Foi gardée et transmise En 1967 encore, le Père Matteo da Casola comptait au rang des
par 1'Église. «schismatiques», qui nient l'autorité du Pontife Remain en quel-
Ils ne refusent pas davantage de subesse capiti, d'être soumis a~ que matière particulière, les « catholiques libéraux » et celui « qui
Chef de l'Église, ce qui serait une autre manière d'être schismat1· ad1net le systême politico-religieux du libéralisme pur qui enseigne
que (21) ; c'est pour rester, au contraire, soumis au Chef invis!ble l'absolue et pleine indépendance de l'État par rapport à l'Église » (23).
de l'Eglise qu'ils résistent à l'actuelle orientation (permise, favorisée li s'ensuit que la « Déclaration sur la liberté religieuse » (Dignitatis

(18) L'~ition italienne a paru chez Ricciardi à Milan-Naples et la traduction (22) Ortgolrc XVI : encyclique Mirari vos (Denvnger (ci-après Oz.) 1613-6) ;
Pie IX : encyclique Quan1a cura (Oz. 1689 cl ss.) el Syllabus (Dz. 1124-1155,
française aux Nouvelles éditions Latines à Paris. 11n-11so • Uon XIII : encycliques lmmorlale Dei (Dz. 1867) et U«nas (Dz. 1932).
(19) Saint Thomas : in IV Sent., dist. XIII q. Il a 1 ad 2.
(23) C~mpendio di Dirf/lo Canonico, t<I. Marictù, Turin, p. 1320.
(20) Cajetan, ln Ha-lie q. 39, a. 1 n• 2.
(21) Saint Thomas, lia-lie q. 39, a. !.
20 LA TRADITION « EXCOMMUNIËE » Nl SCHISMATIQUES NI EXCOMMUNlËS 21

Hu1nanae), que l'on veut à tout prix imposer aux catholiques, a été « Pouvo11s-11011s souffrir, continue le Pape, que soit mise en accom-
rédigée par des « schis1natiques ». 1node1ne11ts la vérité, et la vérité divinement relevée ? Ce serait le
Nous n'entrons pas dans le débat. li nous suffit, ici, de relever co111ble de l'i11iq11ité. Car, en la ci rconstance, il s'agit de respecter
qu'un rapide coup d'œil sur les documents pontificaux des 150 der- la vérité révélée. » C'est la démonstration du conffit entre la Vérité
nières années permet à quiconque de se convaincre que la nouvelle et une prétendue « obéissance », conflit que vivent aujourd'hui tant
~rientation ecclésiale est l'œuvre d'un vieux courant longtemps et obs- de catholiques.
t!nément rebelle au Magistère (24). Ce courant, après que l'opposi- Quant au « dialogue » qu'il faudrait nouer avec tous les errants
uon eu~ été, lors du Concile, réduite au silence par de.s moyens plus et toutes les erreurs, ce n'est qu'une invenùon toute personnelle de
ou moins honnêtes, s'est installé aux postes de commande dans Paul VI, absolument sans précédent dans les deux mille ans d'his-
l'après-Concile et exige aujourd'hui obéissance à ses propres orien- toire de l'Église (26).
tations personnelles contre le Magistère précédent tout entier de Toutefois, le catholique a le devoir d'être en communion avec
le Successeur de Pierre dans la mesure où celui-ci accomplit les devoirs
l'Église. de sa charge, c'est-à-dire dans la mesure où il garde, transmet et inter-
. J?e même l'œcuménisme irénique (25), d'origine protestante, qui prète fidèlement le dépôt de la Foi ; mais il n'a aucun devoir d'être
1nsp1ra tous les textes équivoques ou inacceptables du Concile avant en communion avec les « adinventiones », les inventions - opinions,
~e cha!fiba~dement liturgique de Paul VI, cet œcuménisme qui a vues, orientations personnelles - du Successeur de Pierre. Bien plus,
impose et impose aux catholiques les déterminations les plus nom- si ces orientations sont en conflit avec la pureté et l'intégrité de la
~reu~es et !e~ plus graves, fut à maintes reprises comdamné par Foi, la fidélité au Christ requiert de résister à quiconque voudrait
1 Église, sp.ec1alem.ent à t~avers le Magistère de Léon Xllf (Testem de quelque manière que ce soit les imposer, ceci de par la nette dis-
bene~olentu:e, Satis. aogn1tum}, de saint Pie X (Singulari quadam), tinction à établir entre l'obéissance due à l'autorité et l'adhésion à
de Pie XI (Mortahutn animos), de Pie Xll (Humani Generis). des vues, à des opinions, à des orientations personnelles des déten-
. Nou.s ne. nous attarderons pas, tant nous l'avons constamment teurs de l'autorité.
deno?ce et 1ll~st~é dans ce périodique. Et parce qu'il n'est pas rare qu'on mette à profit l'équivoque c:i-
Pie XI écrivait d~ns Mortalium animos qua la charité « ne peut dessus décrite pour tenter de donner mauvaise conscience aux « tra-
P'!S tourner a!' détn ment de la foi » et que, par conséquent, « le ditionalistes », il est aujourd'hui plus que jamais nécessaire d'avoiF
Siège Apostolique.ne peut, d'aucune manière, par,ticiper à leurs con- des idées claires sur la Papauté et sur sa fo nction dans l'Église.
grès (des œcumérustes) et que, d'aucune manière, /es catholiques ne
peu~e~~ apporter. leurs. suffrages à de telles entreprises ou y collab~­
r~r, s 1/s ~e fa1sa1enr.• tls accorderaient une autorité à une fausse reh· L'Église n •est pas bicéphale
g1on chréllenne, entièrement étrangère à /'unique Église du Christ »·
« L'unique Corps de l'Église une et unique n'a qu'une seule tête,
non deux, co1nme un n1onstre, el c'est le Christ et son Vicaire, le
Seigneur ayant dit à Pierre : Pais mes brebis. Les "miennes'',
. (24) c r. E.E.Y. Hales: La Chiesa callollca nef mondo contemporaneo, éd. Pao- dit-il... (27). ))
11nc, J961• L'unique Église du Christ, donc est aussi Une et sous Un seul (28) .
. (2S). lns/ruction sur le mou_vemenl œcumtnique du 20-12-1949 de Pic XII : «On
doit ~11er qu~: d~. un esprn que l'on appelle aujourd'hui irtnique, la doctrine
catholique, qu il s agisse de ~oame. ou, de. v~.ritb connexes, ne soit elle-même, par
une âude C:OIJ!p&r~ et un v11n db1r d ass1m1lation progressive des différentes pro· (26) Voir Romano Amerio, op. cil.. chap. XVI Le dialogul!.
rcsslons de r~1, ass1mil« ou accommod~ en quelque sone aux doctrines des dissi· (27) Boniface VII : Bulle Unam Sanctam (Oz. 468).
denta, a1;1 pomt que la. puret~ de la doctrine catholique ait à en sourfir ou que son (28) Saint Thomas lia-lie q. 39 a. 1 et Cajetan in Ua-lle q. 39.
sens vmtable et cert11n en soit obscurci . .,
NI SCH ISMATIQUES NI EXCOMMUN IÉS 23
22 LA TRADITION « EXCOMMUNIÉE»
La « personne» et la « fonction » du Pape
Et parce que le Christ et Son Vicaire ne sont pas deux chefs dis-
tincts mais un seul et unique Chef, l'Église ne peul recevoir du Christ Mais peut-il, celui que le Christ s·~st associé CO!Ilme C~ef ~e
et du Pape deux orientations divergentes et encore moins opposées. l'Église et comme Pierre, permeilre, favoriser, ou voulo~ dans 1 É~s~
Si le fait se produisait, inutile de dire à Qui va le devoir de fidélité. une orientation divergente de celle voulue par le Cbnst ou qui lui
Le Pape est, en effet, le Vicaire et non le Sucesseur du Christ (29) serait opposée ? La Sainte Écriture comme la théologie catholique
et l'Église est le Corps Mystique du Christ, non le Corps Mystique nous disent que, hormis les cas où l'autorité du Pap~ est engagée
du Pape (30). C'est pourquoi saint Jérôme écrivait au pape Damase : au degré couvert par l'infaillibilité (36), cela est possible.
« Moi, je ne suis personne d'autre que le Christ con1me pren1ier chef: Pierre confesse la divinité du Christ et Jésus lui dit : « Tu es bien-
Je suis ensuite lié par la com1nunion à Votre Béatitude, c'est-à-dire heureux, Sitnon fils de Jean, car ce 11 'e~r point la cha!r et le sang
à Ja chaire de Pierre, sachant que sur cette pierre est bâtie qui 1'011t révélé ceci, mais 1non Père qui est dans les cieux. Er mot
l'Eglise (31). » aussi je te dis (à toi qui as conf~ssé q.ue j~ ~ui.s le Fils. d~ Dieu) que
Le Christ est la « pierre angulaire » sur laquelle se bâtit l'Église : tu es Pierre et que sur cette pierre ;e bat1ra1 mon Eglise (37). »
Pierre n'est pierre que «par participation » (32). Il a entendu, oui, Le même Pierre tente de détourner le Christ de Sa Passion et
« qu'il devait être pierre ; non pas cependant de la mên1e 1nanière Jésus lui rétorque : « Retire-toi de moi, Satan, tu es pour moi un
que le Christ. Le Christ est la pierre vrain1ent inébranlable ; Pierre obstacle (c'est cela le sens précis du mot <~ scanda!e »)parce que tu
est inébranlable par la vertu de Celle-là » (33). Le pape est, oui « tête n'as point de goût pour les choses de Dieu, mats pour les choses
et chef de l'Église 1nais au plan visible, dans l'ordre juridictionnel, des ho1nn1es (38). »
pour autant qu'il est assisté par le Christ (infaillibilité) pendant le Et afin que nous n'allion~ pas. penser qu.e ce « sean?ale » ~dvint
temps mesuré de son pontificat » (34). parce que la primauté ne lui avait alors ete que promise mais non
li s'ensuit que la communion avec le Pape est inséparable de la conférée voici le célèbre épisode d'Antioche.
communion avec le Christ ; l'unité de l'Église est unité avec le Christ Jésus' Ressuscité a conféré à Pierre le Primat, qu'il exerce dans
et avec Son Vicaire, jamais unité avec le Vicaire hors du Christ ou la vénération de la première communauté ehl'étienne. A Antioch_e
eontre le Christ. La raison elle-même nous dit Ci!Ue « l'on doit obéis- pourtant, Paul se rend compt! ~ue Pierre était « repl'ehensibil~s »
sance à chaeun selon son rang » ; on renverse sinon 1'0Fd)'e de la parce que lui, et d'autres, e~lratnes. )lar so_n exempt~, ~ ne mfrc~a!ent
justice (35). pas droi/eine111 selon la vénté de I Evangile » (39) , b1e~ qu 1nfeneur
et subordonné à Pierre, il le réprimandera « cor~m o"!n1bus », devant
tout le monde. Saint Thomas commente : « L occasion du reproche
11 'était pas légère mais juste et utile : c'était le péril que courait la
vérité évangélique ; le mode sous lequel il fut fait. conv~nail parc~
que public el manifeste... étant donné que cette s1mulaflon consti-
(29) Cardinal Journet : l'Église du Verbe Incarné, Dcsclée de Brouwer, Fribourg, tuait un péril pour tous (40). >>
1962, t. I, p. S26.
(30) Ibidem, p. S24 ; Cajetan : De compara/a a11ctori1a1e papœ et conci/ii,
chap. VIII, n• Sl9.
(31) Ep. XV, 2, citée par L~n XIII dans l'encyclique Satis cognitum du 29 juin
1896.
(32) Uon XHI : Salis cognltum. (36) Voir Oz. 1839.
(33) Homaie De Pœnitent/a attribuée à saint Basile, citée par le Concile de Trente (37) Matth. 16, 17-18.
et par Uon XIII dans Satis cognitum. (38) Ibidem, 16, 23.
(34) Cardinal Journet : op. cit., p. S24. (39) Gal. 2, 14.
(3S) Citation de Bossuet, dans Dictionnaire de Théologie catholique, t. rx, col. (40) ln omnes S. Pauli Eplstolas.
908.
24 LA TRADITION « EXCOMMUNlilE ,, NI SCH ISMATIQUES NI EXCOMMUNIÉS 25
Donc, la Sainte Écriture enseigne que, hors du cas d'infaillibi- parce que, comme le dit Cajetan, « persona papœ potest renuere
lité, Pie~re est faillible el peut se rendre « répréhensible ». subesse officio papœ » : la personne du Pape, hormis les cas où son
Identique est la leçon que nous donne la n1eilleure théologie catho- infaillibiliLé est engagée, peut refuser de se plier aux devoirs de sa
lique q~i fait une distinction entre la « personne » du Pape et sa fonction de Pape. Une dernière remarque : parce qu'ils avaient opéré
« fonction ». une distinction entre la « papauté » et ses « dépositaires », entre la
Persona papœ potes/ renuere subesse officio papœ : Ja personne « personne » et la « fonction » du Pape, beaucoup de théologiens
du. Pape p~ut. refuser de se soumettre à son devoir de Pape, écrit furen1 personnellement mis au pas lors des moments sombres de la
Caj~tan, qui aJou.te qu~ la persistance dans un tel comportement ren- papauté (44).
drait le Pape sch1sma11que per separationen1 sui ab unitate Capitis : Quant à nous, pour qui ces époques ténébreuses semblaient à
par. sa séparation de l'union avec le Chef de l'Église qui est le jamais révolues, nous avons perdu l'habitude de telles distinctions
Chnst. (~!). Q~ant à l'~xiome « Là où est le Pape, là est l'Église» et, après le Concile Vatican 1, nous avons fini par confondre infail-
- prec1se Cajetan - 11 vaut dans la mesure où le Pape se com- libilité avec infaillibilis1ne, comme si le Pape était en tout et tou-
p~rte .en ~ape et en Chef de l'Église ; sinon « ni /'Église n'est en jours infaillible, et non dans des circonstances bien précises et sous
lui, n1 lui dans l'Église. » des conditions bien déterminées (45).
Le cardinal Journet traite aussi du « Pape mauvais 1nais encore
c~oyant » (42), de .la possibilité admise par de « grands théologiens»
d ~n .« ('ape h.éréltque » et de celle d'un « Pape schismatique » (43). Unité de foi et unité de communion
Il ecnt a ce SUJel que le Pape « peut lui aussi pécher de deux manières
contre la con11nunion ecclésiastique ». La seconde manière consiste Quelle est donc la fonction du Pape dans !'Églrse ? Le Concile
dans le fait de « briser l'unité de direction, ce qui se produirait, selon Vatican I enseigne : « Afin que toute la multitude des croyants se
la .Pénétrante analyse de Cajetan, s'il se rebellait comme personne maintienne dans l'unité de la foi et de la communion (in fidei et
privée co!'tre le dev~ir de sa charge, et refusait à l'Église - en ten- communionis unitate), Jésus plaça le bienheureux Pierre à la tête des
t~nl de I excom~un1er tout entiè1:e ou sùnplement en choisissant de Apôtres (46). » Léon XIII qui traite ex p1:ofesso de l'unité de l'Église,
vivre ~n ~ur prinae temporel - l'orientation spirituelle qu 'elle est éerit : « l'auteur divin de l'Église, ayant décrété de lui dl!Jnner l' unité
en droit d atte~dre de 1~1 a~ nom d'un plus grand q ue lui, du Christ de foi, de gouvernement, de commu~io~, a choisi Pien:e et ses suc-
mê~e et de Dieu ». Et 11 ajoute : «la supposition d'un pape schis- cesseurs pour éldblir en eux le pnnc1pe et con1me le centre de
matique nous ré~èle davantage, en le cernant d'un jour tragique, le l'unité (47). » , . .
~Yftèr~ de la sa1nte!é de cette unité d'orientation qui est nécessaire Donc la fonction de Pierre est d'assurer « / unlfé de foi et de
a I Église; et peut-etre pourrait-elle aider l' historien de l'Église - con1munfon » au sein de la multitude des croyants ainsi que « l'unité
ou plutôt le théologien de l'histoire du Royaume de Dieu - à illu- de gouverne1nent » parmi la multitude des ;ast~urs. . . .
miner d' un rayon divin les sombres époques des annales de la Mais en quel rapport se trouvent, dans 1 Église, un1te de foi et
papauté, en lui permetta nt de montrer comment elle a été trahie par unité de communion , unité de foi et unité de gouvernement ? « Celui
certains de ses dépositaires. » qui a institué l'Église unique, l'a aussi instituée une... Or, une si
Il est évident qu~ si la ~héol<_>gie catholique étude le problème posé
par un Pape mauvais, sch1sma11que voire hérétique, c'est précisément

(44) Voir Dlctionnairt dt Théotogit c_athptiqut, sous schisme. .


(41) ln lla·lllll q. 39 a. 1 n• 6. (4S) Qu'on relise à ce suje1 la Cons111u11on Pastor !Vittmus de Vatican 1.
(42) Op. cit., vol. I, pp. S47 ss. (46) Oz. 1821.
(43) Ibidem : p. 626 : vol. Il, pp. 839 ss. (47) Oz. 1969.
NI SCH ISMATIQUES NI EXCOMMUNIÉS 27
26 LA TRADITION « EXCOMMUNléE »
dans la Vérité, et, comme telle, elle est communion avec tous les
grande, une si absolue concorde entre les hommes doit avoir pour Papes d'hier et d'aujourdhui, en tenant compte, bien sûr, du déve-
fondement nécessaire l'entente et l'union des intelligences ; d'où suivra loppement du dogme qui procède par explicitation et jamais par con-
naturellement l'harmonie des volontés et l'accord dans les actions. tradictions. Quand s'impose la nécessité d'avoir à choisir entre la com-
C'est pourquoi, selon son plan divin, Jésus a voulu que l' un.ité de munion avec les « Papes d'hier » et la communion avec le « Pape
foi existât dans son Égl ise : car la foi est le pre1nier de tous les liens d'aujourd'hui », c'est un signe que quelque chose ne tourne pas rond
qui unissent /'hom1ne à Dieu et c'est à elle que nous devons le no1n dans l'Église. C'est un signe que la « personne » du Pape (ou qui -
de fidèles (48). » conque en son nom) intervient indûment dans sa « fonction ». Et
Et Pie XJ dit : « C'est pourquoi, puisque la charité a pour fon- de même que le catholique ne doit ni ne peut être en communion
dement une foi intègre et sincère, c'est l' unité de foi qui doit être avec un pape Honorius 1". qui. favorisa 1:hérésie monoth~lite (50), de
le lien principal unissant les disciples du C hrist (49). » .. même Je catholique ne doit n1 ne peut etre en commurnon avec un
Donc unité de foi et unité de communion, un.ité de foi et un1te pape Paul VI qui favorisa le 1!1odernisme, _le libéralisme, .l' œcumé-
de gouvernement sont inséparables dans l'Église, l'unité de foi étant nisme condamnés par ses prédecesseurs, et _inventa un « dialogue >~,
le fondement nécessaire tant de l'unité de communion que de l' un.ité qui est la négation du dogme « Extra Eccles1am nul/a sa/us », en pre-
de gouvernement. li s'ensuit que personne dans l'Église n'a le droit tendant abusivement orienter toute l'Bglise selon ses vues toutes per-
d'exiger une unité de communion et/ou de gouvernement qui fasse sonnelles, déformées autant que déformantes.
abstraction de l' unité de foi. Et si, aujourd'hui, des catholiques s~f:
fisamment informés se sentent continuellement écartelés entre un1te
de foi avec l'Église et une prétendue « unité de com1nunion » avec Le critère du choix
l'aetuelle hiérarchie ; si les Évêques (qu'ils le disent ou non, qu'ils
se plient à de plus ou moins grands compromis, peu importe) sont De ce qui vient d'être vu,. il app~r.t clairem1ent Ql;'e. le c~it~'.e ~er­
en fait constamment écartelés eux aussi entre une unité de t:oi avec vant à distinguer entre exercice lég1t1me de 1 autonte et 1rutiauves
« personnelles » des dépositaires de l 'autoti~é est un ctitère i;i<;>n pas
l'Église et une prétendue « unité de gouverne1nent » avec les Auto- subjec~if mais objectif, fourni. à tout cathohque par la Tradition de
rités Supé~ieures, c'est précisément parce qu'on réclame aux uns et
aux autres, respectivement une unité de communion et une unité de l'Église «gardienne de la Foi» (51).
- « Nous ne devons pas... nous écarter de la prilnitive tradi-
gouvernement fondées non sur l'unité de foi mais sur une adhésion tion ecclésiastique, ni croire à autre chose q~~ ce que l'É_glise de Dieu
à des vues « personnelles » plus ou moins erronées. nous a enseigné par le 1noye11 de la t~ad1t1on successive (52). »
Du rapport nécessaire qui lie l'unité de foi et l'unité de commu- - « La vraie sagesse est la docq1ne des Apôtres... parvenue
nion, il découle aussi que la communion avec la hiérarchie actuel~e jusqu'à nous par la succession des Evêques (53). »
ne peut ni ne doit me séparer de la communion avec la hiérarchie - « fi est constant que toute doctrine conforme à celle des Églises
d'hier, puisque la hiérarchie d'aujourd'hui a, comme celle d'hier, la apostoliques, 1nères et sources primitives de la foi, doit être déc/a-
fonction de garder, de transmettre inaltéré et d'interpréter fidèlement
le même dépôt de la foi. Celui qui, sous Montini, accusait les « tra-
ditionalistes » de désobéir au « Pape d'aujourd'hui » au nom de
l'obéissance aux « Papes d'hier », n'était pas en mesure, en bon (SO) Le monothélisme prétendait qu'il n'y a~ait qu'une. seule volonté en. Jésus-
Christ. Il rut condamné en 681 par le J• Concile oecuménique de Co11Staounople.
modern.iste qu'il était, de peser la gravité de cette affirmation ..
(SI) Léon XIII, encyclique cit~. . . •
La communion avec le Pape est nécessairement une communion (S2) Orig~ne : Vt1us inttrpretaliO commemanorum m Matth., n 46 até, comme
0

les deux suivants, dans Satis cognilum. 0


(SJ) Saint Irén~ : Con11a Hœte#S, livre IV, cbap. XIII, n 1.
(48) Léon XIII, en~clique Sal~ cognilum.
(49) Pie XI, encyclique Morta/lum animas.
28 LA TRADITION « EXCOMMUNl~E » NI SCH ISMATIQUES NI EXCOMMUNIÉS 29

rée vraie, pu!squ 'elle garde sans aucun doute ce que les Églises ont ran1e11er à l'Église ceux qui en sont séparés. Qu'ils reviennent, rien,
reçu des Apotres, les Apôtres du Christ, le Christ de Dieu ... Nous certes, ne Nous tient plus à cœur; qu'ils reviennent, tous ceux qui
• sotnrn_es en. co1n1nunion avec les Églises apostoliques ; nul n'a une errent loin du bercail du Christ, rnais non par une autre voie que
doctnne différe_nte : c'~st. là _le ~é1noignage de la vérité (54). » celle que le Christ a lui-1nême rnontrée. »
. Pa_rce que, _si le Mag1stere 1ns11tué par Jésus-Christ est un « magis- Tout commentaire est supernu. Léon XIII avertit ici clairement
tere v1van~ », 1~ es~ aussi un « magistère perpétuel » (55) qui ne peut que l'œcuménisme irénique attente à la pureté et à. l'intégrité de la
se contredire.lu1-meme san_s contredire ce que l'Église a reçu des Apô- Foi et, par là même, à l'unité de communion dans l'Eglise. Nul besoin
tres, les Apotres du Christ et le Christ de Dieu. de démontrer que c'est justement cet œcuménisme-là qui est prôné
depuis Vatican Il et que continuer sur le chemin « irréversible » de
cet œcuménisme équivaut à continuer de compromettre l'intégrité et
Oecuménisme : une atteinte à l'unité de l'Église la pureté de la Foi, ce ~~'illustre, pa~faitement l'initiative d'Assise,
et donc à déchirer l'unlte dans 1 Eghse.
Relevons encore que Léon XIII dit «tendrait à séparer les catho-
Puisque l'unité de foi est « fo11de1nent nécessaire » de 1'« harmonie liques de l'Église », parce que, de fait, personne ne peut séparer le
des_ ~olontés >: et ~e la_« ~oncor:dance des actions » (56), bref, de toute catholique de l'Église si lui-mê~e n~ s'en sépar~ pas ~oupablemen~ :
un1te dans 1 Éghse, 11 s ensuit que chaque fois que la hiérarchie la séparation motivée tempora~re d ~vec les 0~1en1:3-uons de la ~é­
récla~e. une « unité d~ comn1union » ou de « gouvernement » en rarchie n'équivaut en effet pas a se separer de 1 Église. Au contraire.
oppos1t1on plus ou moins grave avec I'<< unité de foi» elle attente Le Dictionnaire de Théologie catholique écrit : « Les théologiens
à l'unité de l'Église. ' 1nédiévaux ceux des XIV', XV' et XVI' siècles du moins, ont le souci
Léon XIII en donnait l'avertissement dès 1899 dans Testern de noter q~e le schisme est une séparation illégitime (en italique dans
benevolentiœ : ' ' le texte) de l'unité de l'Églis~, car, 1isent-ils, fi P,our:ait Y avoir une
«Ils (les évêques américanistes) soutiennent en effet qu'il est séparation légitilne, conune s1 quelqu un r~fusa1t .' obé1SSance au Pape,
opportu~, pour gagner les cœurs des égarés, de taire certains points celui-ci lui co1nma11dant une chose mauvaise ou indue {Turrecremata :
de doctnne comme étant de moindre importance ou de les attélluer Sun1111a de 'Ecclesia). La considération peut paraître superflue (elle
au point de ne plus leur laisser le sens auquel l'Eglise s'est toujours ne l'est pas aujourd'hui) et l'on peut P,enser que, com"!e dans te ~as
tenue. Il n'est pas besoin de longs discours pour montrer combien de l'exomn1unication injuste, il y aurait là une séparation de 1 unité
est _comdamnable la tendance de cetle conception ... JI ne faut pas purement extérieure et putative (57). »
croire non plus qu'il n'y ait aucune faute dans ce silence dont Ofl
veut couvrir certains principes de la doctrine catholique pour les enve·
lopper dans l'obscurité de l'oubli. Car toutes ces vérités qui fol'ment Situation « extraordinaire >> dans l'Église
l'ensemble de la doctrine chrétienne n'ont qu'un seul Auteur et
Docteur.•. La fracture entre unité de foi. et une. prét~ndue « u'!ité de co~­
. Qu'on ,se g'!rde donc de rien retrancher de la doctrine reçue d~ munion » temporaire avec une h1é~arch1e ~u1 _omet, tlllt, ou, alt~re
Dreu ou d en nen omettre, pour quelque motif que ce soit · car ce/ut la doctrine reçue de Dieu et trans~1se. par 1 Egbse, c~ée dans 1 Église
militante une situation « extraordinaire >>.. c es_t-à-dire un état no~
1
qui le ferait tendrait plutôt à séparer les catholiques de l'Eglise qu'à
ordinaire et non régulier des choses. La s1tuauon normale et ordi-

(S4) Tertullien : ~ Prœscrip., chap. XXI.


(SS) Ces exprmions sont de Uon XIII dans l'encyclique cirée. (S7) Dlctionnolrr dt Thlologit «ithol/([ut. sous sdrismt, l. XXVII, col. 1302.
(56) Saris cognitum.
30 LA TRADITION « EXCOMMUNll::E » NI SCH ISMATIQUES NI EXCOMMUNIÉS 31
~air_e de_ la Sai,nte Églis_e .ca1holique veut que la hiérarchie, dans 1ne111 il ne peut rien changer à ce qui est d'institution divine (sup-
1onentat1on qu elle a m1ss1on de lui donner de l'extérieur favorise prilner la juridiction épiscopale, par exe111ple ), 1nais placé pour cons-
o~ du moi?s .n~ .contredise pas l'orientation que Son Chef invisible truire et non pour détruire (2 Cor. 10). il est tenu par fa loi natu-
lui a donnee 1n1t1alement el qu'il continue de lui donner encore par relle de ne pas se111er fa confusion dans le troupeau du Christ (60) ».
la .Qrâce (58). Et dans leur cœur, ils gémissent avec sainte Catherine (61) :
Lo~sque, en ~evanche, .la hiérarchie contredit cette orientation que « Sainteté, faites que je ne 1ne plaigne pas de Vous à Jésus Cruci-
le Christ a donnee et continue de donner et que personne n'a le droit fié. Je ne puis me plaindre à d'autres car vous n'avez pas de supé-
de c~anger, il se crée inévitablement une situation de conflit et de rieurs sur terre. » En pratique, accrochés à la doctrine et à la prati-
malais~ dans la ~atholicité. De conflit entre l'orientation que l'on que traditionnelles de l'Église, ils résistent aux « nouveautés » vou-
voudrait forcer d admettre et le sensus fidei des catholiques ; entre lues, encouragées ou permises d'en haut, croyant contre toute appa-
l'axe de gouvern:ment qu! s'impose et la conscience que tout Évê- rence humaine et espérant contre tout espérance humaine, que la déso-
que a, ou d.u mo1n~ devr~1t avoir, de sa propre mission. De malaise rientation passera parce que << les portes de /'Enfer ne prévaudront
ch:z les fi.deles, q~1 se voient agressés dans la Foi par ceux-là même pas » et que l'Épouse du Christ ne «peut perdre la mémoire» de
q~1 devra1en_t ;n etre les .gardiens et les 1naîtres et qui se trouvent la divine Tradition (62).
des lors obhges en conscience de résister à ceux qu'ils voudraient, Leur sainte « objection de conscience » paraît lacérer l'unité visible
et, qu'en temps normal, ils auraient le devoir de suivre comme Pas- de l'Église : les catholiques en souffrent mais savent n'en être pas
responsables ; ils savent surtout qu'il ne leur est pas permis d'agir
teurs.; de ~~laise ch~~ ces Évêques qui ressentent en conscience le autrement. Ils a iment l'Église et professent fermement la Primauté
dev~1r d~ res1ster (qu ils ne. le fassent pas, pour les motifs les plus de Pierre ; ils sont prompts à obéir à son Successeur dans la mesure
vane,s, : est une autre question) à I' Autorité qui a le devoir d'assu- où il agit en tant que Successeur de Pierre ; mais ils savent aussi que,
rer 1 unité de gouvernement dans l'Église, Autorité avec laquelle ils dans l'état de choses extraordinaire qu'ils vivent, ils ont le devoir
v.oud~aient et, en temps normal, devraient être en communion. Cette de résister même à lui ou à qui agit en son nom. « au No111 d'Un
s1tuat1on. « ~traordinaire » dans l'Église impose, en outre, des devoirs
extraord1na1res à tous. plus grand que lui» (63).
La décision de leur sensus fidei est confortée par la grande théo-
logie catholique : saint Augustin, saint Cyprien, saint Grégoire dans
le commentaire du fameux épisode d'Antioche, Turrecremata, Banez,
Devoirs exlra ordinaires des laïcs Vitoria, Suarez, Cajetan, saint Robert ~ellarmin, saint T.homas
d'Aquin et d'autres auteurs éprouvés enseignent que « le péril pour
.. Accusés de ne pas être en communion avec l'Église militante, les la foi » et le « scandale public », particulièrement en matière doc-
laies. réponde.nt avec. sainte Jeanne d'Arc : Si, moi je m'unis, mais trinale, rendent non seulement licite mais juste de résister publique-
« Dieu prem_1er s.erv1 ». Accusés de désobéir au Pape, ils expliquent ment à la hiérarchie et au Pontife lui-même.
qu;. « f 'Esprit Saint a été pro1nis aux Successeurs de Pierre, non pour Licite, parce « de 1nême qu'il. ~t licite ~e résister au Po'!tife qui
qu ils r~vèlenl une nouvelle doctrine, mais pour que, sous Son Assis- agresse te corps, de mê1ne est-il belle de résister au Pape qui agresse
tance, Ils conservent dans Iou le sa pureté et exposen t fidèlement 111
R~vélation lransmise par les Apôtres et qui est te dépôt de ta
/01 » (59) et que « le pouvoir du Pape n'est pas illimité : non seule-
(60) Dictionnaire dt Thtologie catholique, 1. JI, col. 2039-2040.
(61) Leure à Grégoire XI. ,,. . ., · D"frali
(58) ~ardinal Journet : op. cil., 1 t, p. S2S, noie 1 sur l'Église « monocéphale '" (62) P. Calme! o.P. : Br~ve Apologie pour 1 z:.g/ise ue 1ou1ours, 1 vre.
c'es1-à-dirc ayan1 une Jeule 1etc. (63) Cardinal Journei.
(S9) Vatican 1, Cons1i1u1ion dogma1ique De Ecctesia Christi, Dz. 1836.
NI SCHISMATIQUES NI EXCOMMUNIÉS 33
32 LA TRADITION « EXCOMMUNIÉE »

les ân1es ou qui trouble l'ordre civil, et, à plus /orle raison, au Pape
.
fier ni de l'orienter vers d'autres fins : de même que l'Église
,
Corps du Christ et non celui de Pierre, de même les Evêques, tout
est le
qui tente de détruire l'Église » (64). subordonnés qu'ils soient à Pierre, sont les serviteurs du Christ et
J uste, parce que, avec la foi, est en jeu son propre salut éternel non de Pierre (72).
et celui d'autrui, e1 avec le salut, la gloire que l'homme doit, selon Papauté et Épiscopat « sont étroite1ne11t solidaires » : ce sont
Je plan divin, à son Créateur ; c'est à Sa Loi Éternelle que doivent « deux fonnes, l'une suprê111e... l'outre dépendante... d'un même pou-
se référer tous les rapports naturels et surnaturels entre les créatu- voir qui vient du Christ, qui est ordonné ou so_lut éterne! des
res, personne n'étant exempt (65). â111es » (73). Un Évêque ne peut donc prétendre, av?1r .a~comph tout
C'est pourquoi saint Thomas écrit. « Notons que, s'il y avait un son devoir quand il s'est limité, comme un latc, a res1ster dans la
péril pour la foi, les subordonnés seraient tenus de réprimander Jeurs foi uniquement pour son propre compte.
prélats, mêrne publique1nent (66). » Du fait des pouvoirs plus amp les : ~ .
Et Cajetan : « On doit résister au Pape qui détruit ouvertement Pour pourvoir au salut éternel d7s âme~,. c~aque Éveque .reçoit :
l'Église (67). » 1) immédiatement de Dieu par 1'1nter~éd1~e du Sou.ver~1!1 Pon-
tife ou immédiatement du Souverain Ponufe mais par droit diVIn (74),
le pouvoir de juridiction «pour gouverner les fidèles .e~ vue d_e
Devoirs et pouvoirs de !'Épiscopat l'obtention de Io vie éternelle » et ce par le moyen du magistere sacre,
du pouvoir législatif et du pouvoir judiciaire (75) ; . . ..
Si le comportement extraordinaire de la hiérarchie actuelle justi· 2) immédiatement de Dieu, au mom.ent de la consecrat!on ep1s-
fie, mieux, impose aux fidèles un comportement sortant pareillement copale, le pouvoir d'ordre «pour ,sanc~ifi_er I~ âmes par 1 offrande
de l'ordinaire, à plus forte raison l'exige-t-iJ des Évêques, du fait du Sacrifice de /a Messe et par I odm1n1strot1?n :!es Sacrements »,
des plus graves devoirs et des plus amples pouvoirs qui sont les leurs sacrements parmi lesquels so~t pr?prement de 1 Éveque ceux de Con-
dans ! 'Église. firmation et d'Ordre, ce dernier lui l?ermettant de transmettre le Sacer-
Du fait des plus graves devoirs : doce même dans sa plénitude (Ép1~cop~t)._ .
..Les Évêques, présents dans ! 'Église de pa~ une institutio~ A la différence du pouvoir de iund1ct~on qui est révo~able, .le
d1v1ne (68) « ne sont pas des délégués ou des vicaires du Pape, mais pouvoir d' ordre est indélébile. Pour cette raison, Ja co~é<iFau_on épis-
proprement et véritablernent des pasteurs des âmes» (69). copale par un Évêque est valide même dans les cas ou elle est ren-
Maîtres et gardiens, à leur degré hiérarchique, « de la foi et des due illicite par I' Autorité compétente (76).
mœurs » (70), les Évêques sont responsables devant Je Christ de leur
mandat divin (71). Ce mandat est exécuté indubitablement avec et
sous Pierre, mais Pierre n'a le pouvoir ni de l'annuler, ni de le modi·

(64) Sai~1 R!>b:e" Bellarmin : De Romano Pontifice. · oli .. op. c1·1. ,• Raoul Naz et divers auteurs : Traité de Droit cano-
(72) Lud w1g
(65) Voir D1c11onnalre de Thlofogie calholique, t. IX, col. 876-877. nique, ~d. Le1ouzey et Ant, Paris.
(66) lla-llz q. 33 a 4 ad 2.
(73) Cardinal Journet, op. cit.. t. I, P· 522. . . . .
(68) Vatican 1, Oz. 1828 ; Actes 20, 28. (74) Celle question est encore ouverte : voir D1c1tonnave de Thlolog~ catho11•
(67) De compara/a auctoritate papœ et conc//11. que, sous Évlques 1. VIII, col. 1703. . . . ... S d'
(69) Ludwig Ou : Grundriss der Dogmat/k &i. Herder Fribourg Allemagne ; (7S) Parente-Pi~lanti-Garofalo : Divonario d1 t~logia domma11ca, ""· ru aum,
Dictionnaire de Thlofogle catholique, 1. V, ool. 1703. ' ' Rome, sous gerarchla. .
(70) cardinal Journet : op. clt., 1. I, p. 506 ; cf. can. 336 de l'ancien code de (76) Raoul Naz et divers auteurs : op. c11.. P· 455.
Droit canonique.
(71) 1 Pierre 5, 2.
34 LA TRADITION «EXCOMMUNIÉE» NI SCHISMATIQUES NI EXCOMMUNIÉS 35
P ouvoir et de devoir de la Papauté pie ou la 110111inatio11 faite par des princes n'était pas toujours et
partout l'objet d'une approbation par le Pape. Que, dans ces cas,
Mission et pouvoirs épiscopaux, sont, en tant qu'ordonnés à l'édi- il y ait eu confinnation ou collation tacite par le Pape du pouvoir
fication de l'unique Église du Christ, indubitablement soumis dans épiscopal... se111ble i11dé1nontrable autant qu'invraisemblable » (80).
leur exercice au Successeur de Pierre, en vertu du Primat. D'où la distinction que font les théologiens entre l'autorité du Pape
Le Pape, cependant, n'a reçu pouvoir de discipliner ab ho.mine quant à la matière et quant à l'exercice de la dite autorité (81).
mission et pouvoirs de droit divin que dans le but d'assurer à l'Eglise De fait, l'exercice de l'autorité papale sur le pouvoir d'ordre des
une unité de gouvernement dans la poursuite de sa fin spécifique qui Évêques a varié, au cours des siècles, en fonction des besoins de
est le salut éternel des âmes (77) ; il ne l'a pas reçu pour orienter l'Église et des exigences du salut des âmes. Cette interventiol} fut
l'épiscopat selon ses propres vues « personnelles » et, encore moins, inexistante pendant les premiers siècles, quand les nécessités de l'Evan-
pour lui faire prendre une orientation contraire à celle que le Christ gile exigeaient que les pouvoirs épiscopaux soient exercés sans limi-
lui-même lui a donnée, et qu'il continue de donner, s'il ne rencon- tation ; c'est ainsi que l'on voit les Apôtres, et leurs disciples immé-
tre pas de résistance, aux membres de la hiérarchie, selon sa pro- diats, élire ordonner et établir d'autres évêques sur les sièges épis-
messe formelle : « Voici que je suis avec vous jusqu'à la fin du copaux (82). Puis, peu à peu et. de pl~s en plus jusq~'au. ~IV• siè-
monde (78). » cle, les Papes, pour écarter l'ingerence 1.ndue du pouvoir civil, com-
Ainsi, en instituant le Primat, Notre Seigneur Jésus-Christ n'enten- mençèrent à se réserver l'élection des Evêques en tant que « cause
dait pas du tout abandonner son Église à l'arbitraire de Pierre et majeure » c'est-à-dire de particulière importance pour l'Église (83).
de ses Successeurs. L'Église n'est point polycéphale comme le vou- La discipline actuelle, qui prévoit l'exc~~municat.ion de. l'Évêq~e
draient les fauteurs du « collégialisme » épiscopal ; elle n'est pas ayant procédé au sacre sans mandat pont1f1cal, fut 1nstauree par Pie
davantage bicéphale, ainsi que nous l'avons rappelé : s'il est vrai que Xlt, lorsqu'il dut affronter la menace d'une Église schismatique en
!'Épiscopat est limité par le P~imat, celui-ci est à son tour « limité Chine. .
par le droit divin », lequel « exige que le pouvoir ecclésiastique, con- Dans l'histoire de' l'Église il y eut par ailleurs .des Evêques. qui,
formément à sa finalité, soit utilisé pour l'édification et non pour dans des situations ex~raordinaires où se retrouvaient en partie les
la destruction du Corps mystique du Chnist » (79). , exigences des premiers siècles et où, en eonséq uence, se révél.ait la
li s'ensuit que, quand il délimite le pouvoir de juridiction des ~ve­ nécessité d'user des pouvoirs épiscopaux dans ~o~te. le~r pléru~~de,
ques, de même lorsqu'il réglemente l'exercice de leur pouvoir d'ordre, sacrèrent des Évêques sans se tenir aux no~mes disc1plinaires d~ 1epo-
le Pape est tenu d'agir en conformité des exigences de la gloire de que ; ils le faisaient en vertu de cette « /01 de suppléance ». qui eXJste
Dieu, du bien de l'Eglise et du salut éternel des âmes. dans l'Église, comme en tout orgarusme, .lorsque le fonctionnement
Ce sont des notions plus qu'élémentaires ; elles sont pourtant, d'organes nécessaires ou indispensables vient à se trouver compro-
aujourd'hui, obscurcies plus que jamais dans l'esprit des membres mis. C'est ainsi qu'au 1v• siècle: saint ~us~be. de Samosate parcou-
mêmes de la hiérarchie. rut les Églises orientales dévastees par 1 arianisme et, sans posséder

L'élection d es Évêques
(80) Ludwig On : op. cil.
C'est un fait que «<jans les premiers temps de l'Église et au début (8t) Cardinal Journe1 : op. cit., t. 1, p. 528. n. 1.
du Moyen Age, le choix de l'Evique fait par le clergé et par le peu- (82) Til. 1, s ; 1 Tim. ; Ac1es 14, 22. . . . . . .
(83) Raoul Naz e1 divers au1eurs : op. c11. ; D1c11onnaw de Thiologie catholi-
que, sous Élection des Évlques, 1. VIII, col. 2256 etréass.L'""-'" ,,..
(77) Oz. 1821. . (84) Th&>d. : His1. ceci., 1, IV, c. 12; Dom A. 0 : qtise el $11 ..wme cons-
(78) Mauh. 28, 20. tl/ution, 1, li, chap. XI: Action du cotllge ipiscopal.
(79) 2 Cor. 10, 8 ; cf. Ludwig On : op. cit.•
NI SCHISMATIQUES NI EXCOMMUNIÉS 37
36 LA TRADITION " EXCOMMUNIÉE »
se trouvent menacés de telle sorte que l' on se trouve normalement
sur elles une quelconque juridiction spéciale, y sacra et y installa des contraint, pour les ;auvegarder, d'enfreind~e 1~ ~oi (88).
Évêques catholiques (84). Pour être admis à invoquer l'état de necesslte et se trouver au
On pouvait, dans de telles situations, présumer raisonnablement bénéfice du droit correspondant, il faut :
Je consentemçnt de l'Autorité Supérieure qui ne pouvait que vouloir 1) qu'existe vraiment un état de nécessité ;
Je bien de l'Eglise et le salut des âmes. Et la violation matérielle de 2) qu'on ait tenté d'y remédier en recourant aux moyens
la norme disciplinaire a.lors en vigueur se trouvait juslifiée par !'<<état ordinaires ; . . . . .
de nécessité» qui fonde un « droit de nécessité» correspondant. 3) que l'acte << extraordinaire » accompli ne doit pas 1ntnnseq_ue:
ment mauvais et qu'il n'en résulte pas un domm~ge pour le proc~~n ,
4) que, dans la violati_on de_ la loi, o:i, se uenn: d~s. l_es limites
État et droit de nécessité des exigences réellement 1mposees par 1 etat de n~cesslle , .
5) que l'on ne remette d'aucune _façon en quest_1on le pouvoir d_e
L'état de nécessité et le droit consécutif de nécessité est un des l'autorité compétente et que l'on puisse, au contraire, pres~er rai~
arguments avancés par Notre Seigneur Jésus-Christ quand il veut sonnablement que, dans des circonstances normales, elle eut donne
démontrer l'innocence de ses disciples accusés par les Pharisiens son assentiment. . .
d'avoir violé la loi du repos sabbatique en cueillant des épis pour Ces cinq conditions se trouvent toutes reun1es dans le cas des con-
calmer leur faim : Jésus évoque l'épisode de David qui, poussé par sécrations épiscopales effectuées par Mgr Lefebvre.
la nécessité de la faim, << entra dans la Maison de Dieu et 1nangea
les pains de proposition, dont il n 'était pennis de manger ni à lui, 1) li existe réellement dans l'Église un éta t de nécessité
ni à ceux qui étaient avec lui, niais aux prêtres seuls » (85).
L'état de nécessité est considéré par le Droit canonique comme Il existe un état de nécessité pour les âmes qui ~nt _le droit de
l'.u,ne des causes 9ui, aux conditions fixées, suppriment l'imput~bi­ recevoir du clergé les biens nécessaires au salut,_paruc~hèr~ment la
hte (86) du « délit », lequel se trouve alors réduit à une violation doctrine et les Saeremenls (89). li existe. un dr01_t de nece~s1té pour
purement matérielle de la loi (87). Le communiqué du 30 juin !'988 les séminaristes qui ont .le droii de rece~otr une s_a1ne formation sacer-
de la Salle de Presse du Vatican faisait d'ailleurs référence dans le dotale particulièrement dans le domaine doctnnal.
cas de Mgr Lefebvre à ce droit de nécessité même si e'était pour
le nier. '
L'état de néce~sité, ainsi que l'expliquent les juristes, est un état Pour les âmes
dans lequel des biens nécessaires. à la vie naturelle ou surnaturelle
A . . d ait nier l'existence d'un état de nécessité il incom-
be . cde1ut qui vou r la foi et la transmission de la foi dans le peu-
rau e prouver que . ement menacées ·
(85) Manh. 12, 3-4. pie chrétien ne sont pas sérieusement et grav ·
(86) Pour 9u'u!1e per~on!le s~il punissable, il faut : a) une violation de la loi ;
b) que cene v1ola11on lui soit « imputable », c'est-à-dire qu'on soit fondé à la lu•
reprocher ; ~·est là q_u'intervicnt 1'~1a1 de n~cessit~ ; c) que cene personne soi~ r~·
ponsablc. S1 elle est irresponsable, clic ne peut être punie, bien que le délit lm soit (88) Cf. G. May, Notwehr, Wlderst11nd und NotStand, Vienne, Mediatrix-Verlag,
imputable.
(87) cr. can. 2205 § 2 ancien Code de Droit canonique et can. 1323 n° 4 dU 1984. . ·que et can. 213 du nouveau Code,
nouveau Code qui dit : « N'est punissable d'aucune peine la personne qui, lorsqu 'e/I~
(89) Can. 682 ancien Code de Droll canoni e la rt des Pasteun sacns
/'aide
a vio1' la loi ou un prlttpte : ... "' a agi forcie par une crainte grave, même 51
qui dit : " Les fid~les ont le droit de Jece
. volf ~out
Provenant des biens spirituels de /'cg11Se, sur
'de la parole de Dieu tt des
elle ne /'ltalt que relativement, ou bien poussh par la nlcessité ou pour éviter u~ sarrements. »
grave inconvlnient, d moins cependant que l'acte ne soit intrinstq11ement mauv111S
ou qu'il ne porte prljudlce aux 6mes..• ,.
38 LA TRADITION « EXCOMMUNIÉE» NI SCHISMATIQUES NI EXCOMMUNIÉS 39
a) par les nouveaux catéchismes approuvés et imposés par les Con- Pour les séminaristes
férences épiscopales ;
b) par les homélies, par les mass-media catholiques el notamment
par 1~ soi-di~a.n~ « press_e catholique » (90). qui attaque, met en doute Celui qui voudrait nier l'existence d'un étal de nécessité pour ceux
ou nie les ventes de foi et les principes de la morale catholique sans qui sont appelés au Sacerdoce catholique, devrait établir :
en excepter aucun ; a) que les Séminaires n'ont pas été en grande partie fermés et/ou
c~ par les initi~~ives c~ œ~u_n_1éniq11es » de masse, prônées à tous vendus ;
les_ n_iveaux ~e la h1erarch1e, 1n1uatives qui répandent l'indifférentisme b) que les Séminaires qui subsistent fournissent aux futurs ~rê­
religieux qui est « une _des hérésies les plus délétères» (91) ; tres une formation doctrinale (pour ne pas parler de la formation
d) par la nouvelle liturgie, particulièrement par le nouveau rite morale et spirituelle) authentiquemen~ catholiqu~, _i~d~mne de libé-
. . .qu'un anglican converti Julien Green a défini comme
de la Messe ) )
ralisme, de modernisme, d'œcumérusme et d heres1es de toutes
« u'!e _1m1tat1011 as~ez grossière du service anglican » (92) et que les es~~; . .
calv1rustes de Taizé estiment utilisable même pour la « cène » c) que les deu x tentatives entr~pris~ par le Vatic~ ~our offrir
protestante. une alternative valable, à Rome meme, a ceux des sém1nar1stes ayant
. Il devrai~ surtout démontrer que cette orientation nouvelle n'est quitté Mgr Lefebvre, n'ont pas fait le misérable naufrage que la presse
ru. voulue, n! fav~risée ou permise d'en haut, ou, pour le moins, éta- rappelait encore ces jours-ci ; . . .
b!u que, meme ~1 au cours des derniers vingt ans avaient été infli- d) que dans les Instituts el les Un1vers1tés cathobqul'.'5 et dans les
gees toutes l~s peines prévues par le Droit canonique pour les « délits Universités pontificales romaines elles-mêmes_. ne s'ens~1gne pa~ u~e
contre la foi » (93). on en serait quand même arrivé aux événements théologie morale immorale ni une théo!og1e d?gmauq~e qui . nie
pour lesquels on ~éclare aujourd' hui, indûment, que Mgr Lefebvre jusqu'aux dogmes fondamentaux de I~ Foi catholique (Resurrecuon,
a encouru _une peine pour un « délit » accompli dans l'exercice de divinité de Notre Seigneur Jésus-Chnsl, etc.).
son pouvoir d'ordre (94). Cette démonstration étant impossible, il ne reste plus. aJ~rs qu'à
, <:_eue d~monstration étant impossible, il ne reste plus, à qui déclarer que la forma~ion des futurs prêtres est chose qui n importe
s entete à nier un état de nécessité, qu •à contredire le Saint Esprit (95), pas à l'Église de Dieu.
en affirma!lt. qu'!l est possible de plaire à Dieu ... même sans Ja foi !
Aux m1n1ma!Jstes enfin, qui objectent que tout n'est pas si corn-
pJè.tement délabré, nous rappellerons que, en matière de foi, celui 2) Tous les moyens ordinaires ont été épuisés
q~1 me~ en doute ou nie une seule vérité révélée ou connexe à la
Revélauon, met en doute ou nie la Révélation toute entière (96).
Pour porter remède à l'état de nécessi!é. des fidèles, Mg~ Lefeb-
vre a personnellement fondé une Fratem1te Sacerdotale q~ assu~e
aux âmes et la saine doctrine et les Sacrem~nts s~lon le rite lra~1-
tionnel de l'Église catholique. En out~e, et suivant 1exemple de saint
Paul, il n'a cessé, publiquement aussi, de ra~~ler aux autres me'!l-
. (~·lm première ligne, pour l'l!alie, 1~ C.ivllrà Cauolica avec ses éditoriaux, Fomi-
g/10 ISl1ana, ~endue ~~s les ~hses, aanst que de nombreux bulletins paroissiaUJ<· bres de la hiérarchie leurs propres responsab1bt~ ~nve~s la .«. vérité
(91) Ro~1-Pal11ZZ1nt : DI~1onario di rtologia morolt M Studium Rome. de l'Êvangile » et envers les âmes, s'exposant ams1 à 1 hostilité des
(92) Julien Green : Ce qu'il faut d'amour à f'homm; · ' confrères dans l'épiscopat, particulièrement à celle des ÉvaQues fran-
(93) Livre IV, IJ• partie, tilre 1. .
(94) Ibidem, tiue 111. çais et de Paul VI lui-meme. . · és
(9S) Heb. Il, ·6. Pour remédier à l'état de nécessité de ceux qw étaient appel
(96) Saint Th(!mas, lia-Ile q. S a. 3. au Sacerdoce, Mgr Lefebvre a fondé, sur leurs pressantes requ!tes,
Nt SCHISMATIQUES NI EXCOMMUNIÉS 41
40 LA TRADITION « EXCOMMUNIÉE »

le Séminaire d'Ecône. Alors que ce Séminaire, reconnu et florissant seuleinent que l'on déclare que c'est lui qui a toujours eu raison et
au milieu de l'écroulement général des vocations sacerdotales et des ceci est ilnpossible (97). » . .
Séminaires, aurait dû être fenné en vertu de mesures illicites autant Non, Mgr Lefebvre ne veut pas une déclaration _selon laque}le lui
qu'invalides, son Fondateur, se voyant refuser toute possibilité d'obt:- seul aurait eu raison : le texte du « protocole » est la pour le dem_?n-
trer. il veut simplement qu'on ne lui demande pas de. re~onnaJtr.e
nir justice de I' Autorité, procéda néanmoins à l'ordination des pre-
tres, s'offrant ainsi à la suspense a divinis. Douze années durant, d es «' erreurs » qu "I
1 n 'a pas commises. • parce . que cela equ1vaudrrut

toute réhabilitation lui fut refusée et la plus élémentaire justice ne à rendre vainc la bataille pour la Foi c~ndu1.te pendant tou~~ ces
années, bataille qu'il eût mieux valu ne J~ma1s commencer s il,'.~­
lui fut pas rendue. Après le « so111me1 » œcuménique sans précédent lait la conclure par un reniement. A ce point des pourparlers, .1. e 1-
d'Assise, Mgr Lefebvre annonça qu'il se trouvait, étant donné son
âge avancé, contraint de sacrer des évêques auxiliaires afin d'assu- d ence apparut d e 1,.1mpossibilité de « •collaborer
fi · t •
» avec une h1erar-
tard par récla-
chie dont l'orientation persistante aurait irn, ot ou . ' b
rer l'accès au Sacerdoce des quelques 300 séminaristes qui se prépa- mer de Mgr Lefebvre ou de sa Fraternité des c.ompromJS, des a an-
raient dans les diverses maisons de la Fraternité. C'est alors que Rome d ons ou, à tout 1e moin · s des silences complices.
lui fit miroiter la perspective de pouvoir procéder aux sacres avec • é · · · a Sainteté Jean-Paul Il :
C'est alors que Mgr Lefebvre cnvit a s ,
un mandat pontifical en bonne et due forme et sans devoir se plier, « Le n10111en1 d'une collaboration franche et efficace n est pas edncore
en échange, à des compromis doctrinaux. . de prier pour que ta Rome 1no erne,
Très rapidement cependant, Mgr Lefebvre dut constater que la arrivé... Nous con li nuerons . l Roine catholique et retrouve
promesse, toute verbale et imprécise, d'un tel mandat pontifical, infestée de n1oder11is1ne, redevienne b~è de la réconcilia/ion n'aura
sa Tradition bùnillénaire. Alors le pro 1' ine
n'était qu'un appât trompeur. Dans la Note diffusée le 16 juin 1988
par la Salle de Presse du Vatican, on lit que, dans le protocole « des- plus <f.e. raison d'~!re. » 1"bilité d'obtenir un mandat pontifical régu-
tiné à servir de base » pour la « réconciliation », Mgr Lefebvre e_t D 1c1 là, dans l 1mposs · 1 ne restait plus qu'à pro-
sa Fraternité s'engageaient « à une altitude d'étude et de communi- lier sans devoir se plier à des co11?f ~m;~~t:r de la légalité que fonde
cation avec le Siège Apostolique, évitant tout polémique au sujet des céder ~ux sacres e~ usa~t du d~oià 1e norme disciplinaire, qui régit
points enseignés par Vatican Il ou des réformes postérieures qui le~r le droit de _nécessité : s .en ~en~~e d:S Évêques, autait signifié, dans
paraissaient difficilement conciliables avec la Tradition ». C'était clai- en ce domaine le pou~oir. ~ or vent les âmes et les futurs prê-
rement un «pacte de silence ». Vac~uel état de nécessité ou se tàou ne prescription disciplinaire de
tres, sacrifier le salut de~ âmes u ment intervertir l'ordre : la dis-
Une expérience amère de plus de vingt ans a largement démon- d_ro~t ecclésiastique, ce qui est propret des âmes et non le contraire.
tré qu'argumenter « dans une attitude d'étude et de connnunication ?> c1pbne est en effet ordonnée ;u sa u formalisme pharisaïque : le sab-
avec le Vatican était chose parfaitement inutile : le seul résultat pr~­ C'est l'enseignement de Jésus ace ~·~omme pour le sabbat (98). La
visible de l'« accord» était la réduction au silence de l'unique voix bat est fait pour l' homme, non
autorisée et dérangeante qui se soit fait entendre à l'heure de l'auto-
démolition généralisée de l'Église. Quant fut ensuite réclamé à Mgr
~fe~vre de ~emander, par écrit, pardon au Pape pour des erreurs "(fusé sur le r.!seau régional, Jacques Devron
Jamllls comrntses, les pourparlers, ouverts sur la promesse de « res- . (97) Dans un repon~ge de F.~. 3 ~la va bien. Nous voyons des choses trts idi:
interroge le Cardinal qui r~pond · " C ons d'aller partout, de voir les œuvres qui
pecter le charisme propre » de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, flantes partout, excellentes. Nous ~ssay il beaucoup... On ne peut pas demander
apparurent clairement fondés sur une équivoque 1 comme le dira le s'accomplissent Nous trouvons qu Il se fa rs du Pape de l'amour que l'on a pour
un accueil plus chaleureux. On pade IOUJ~U l'aveu ma.:..e du Cardinal, ce n'est pas
0

cardinal Gagnon lui-même à I'« Avvenire »le 17 juin 1988: « NoUS


avons, de notre côté, toujours parlé de réconciliation, Mgr Lefeb- le Pape et pour t'itglise. » 9n ~oit que. e" traditionalistes» qui souhailaient eue
Mgr Lefebvre sculemenl mais bien tous 1es
vre, par contre, de reconnaissance. La différence n'est pas mince. Pleinement reconnus.
Lo réconciliation présuppose que les deux parties accomplissent un (98) Mc. 2, 27.
effort, que se reconnaissent les erreurs passées. Mgr Lefebvre entend
42 LA TRADITION « EXCOMMUNIÉE » Nl SCH ISMATIQUES NI EXCOMMUNIÉS 43
déclaration diffusée par la Salle de Presse du Vatican, selon laquelle sans pourtant que soit mise en cause l'autorité ou même la personne
la nécessité « a été créée » par Mgr Lefebvre est donc absolument du supérieur, il n'y a pas schisme (103).
infondée : l'état de· nécessité dans lequel se trouvent les âmes et les Or Mgr Lefebvre non seulemen t ne met pas en cause rautori~é
candidats au Sacerdoce n'a certainement pas été causé par lui ; la du Pape, comme on Je démontrera plus amplement au. n. 51 mais
nécessité apparue ensuite, de mettre en œuvre le propre pouvoir il ne conteste pas non plus le droit qu'a le Pape de discipliner le
d' ordre en dehors des normes ordinaires qui le régissent pour le bien pouvoir d'ordre des Évêques en ce qui concerne la consécration
de l'Eglise, cette nécessité a été créée par qui a cru pouvoir profi- d'autres Évêques, pas plus qu'il ne cont~te la discipline actuellement
ter, pour le faire céder, de l'état de nécessité où l'âge plaçait Mgr en vigueur dans l'Église ; il cont~te ~unplement .que la ~on!le en
Lefebvre. vigueur puisse être employée ou doive e1re respectee a':1 preJu~1ce de
l'Eglise et des âmes, c'est-à-dire à l'encontre de la raison d'etre de
!'Épiscopat et du Primat poniifical lui-même.
Il est ainsi prouvé que l'acte posé par Mgr Lefebvre n'es~ pas
3) L'acte posé n'est pas intrinsèquement mauvais et il n'en résulte inirinsèquement mauvais, parce qu'il n'est p_as de_« nature schisma-
aucun dommage pour les âmes
lique » ni n'est inspiré par une inteniio~ sch1~maoq~e ; e,1 parce que
la « désobéissance » est purement matérielle, 1mposee qu elle est par
Il n'e:;t pas intri~sèquement mauvais. Le sacre épiscopal sans man- l'état de nécessité qui pèse sur lui et s~r d'_a~tres personnes, elle esi
dat pontifical régulier ne constitue pas, en effet, en lui-même « un donc jusiifiée aussi par le droit de necess1te correspondant. .
acte de ~ature.schis1natique », ainsi qu'on le lit par contre - incroya- . Qu' un sacre épiscopal, enfin, ne. cause a':1cun ?omrnage à, autrui,
ble mais vrai - dans le Décret de la Congrégation pour les 11 est inutile de le démontrer. A qui voudrait _ob1ecter que 1 acte de
Évêques (99). désobéissance même purement matériel consut~e un scandale p~ur
En lui-même, c'est un acte de désobéissance, formel ou matériel. les catholiques insuffisamment a~e~tis, nou~ repondrons avec sa1~t
à une norme disciplinaire de droit ecclésiastique · or il est évident Grégoire le Grand : Melius pe,,n1ttll11r nasc1 scandalum quam i:en-
qu'un acte de désobéissance ne constitue pas un s~hisine, confor~é­ tas refinqua1ur: Mieux vaut laisser naître un scandale que trah!T la
ment au bon sens commun et conformément aussi à la distin€t1on Vérité.
app?rtée par ~a th~olo~ie catholique (100). Et, de fait, le Code de
Dro!l canon, Jusqu à Pie XI l, ne prévoyait pour un sacre épiscopal
s~ns _man~at pontifical que la suspense a divinis et non J'excomm u: 4) Dans les limites des exigences effectives
n1cahon (introduite pour les motifs déjà exposés) ; et aujourd'hui
mêm~, dans le Code de 1983, un tel sacre ne figure pas au rang ?es Dans la violation matérielle de la norme disciplinaire, Mgr_ Lefeb-
« d~l1ts con~re [...} l'unité de l'Église » (101) mais bien au chapitre vre s'est maintenu à l'intérieur des limites tracé~ par les exi~ences
«_L usurpation des charges ecclésiastiques et les délits dans l'exer- effectivement imposées par l'état de nécessité et 11 a donc agi dans
cice de ces charges » (102). le cadre du droit de nécessité. • . · à p a
Cajetan précise que, lorsque le refus d'obéir concerne la matière Déjà le 27 avril 1987, le Fondateur d'Ecône ecnvait ,ses r...-
de la chose commandée ou encore la personne même du Supérieur• tres : « Les fidèles encore catholiques son~ en beauco"f d e;'/!.~~ts
dans une situation spirituelle désespérée. C est cet appe que g ise

(99) O.R. du 3·7·1988.


(100) ~l Thomas, Somme Thlologigue, lla-llie, q. 39, a 1 ad 2. _,.
(103) Dictionnaire dt Thlologle cath .,.iqw · schisme tl ~. vol. XXVII,
.w
(101) L1yre VI Sanctions dans l'Eglise U• partie tiare 1 COI. 1304.
·
(102) Ibidem, Utre Ill, can. 1382. ' ' ·
NI SCHISMATIQU6S NI EXCOMMUNIÉS 45
44 LA TRADITION " EXCOMMUNl~E »
par. négligence, par ~veugleme~t s~~ b~~ub~~Jeuie~)~ ~?~~lepg~~sc~~
0
entend, c'est pour ces situations qu'elle donne juridiction (loi de sup-
pléance) ... et, de ce fait, nous devons nous rendre là où nous s_om_- moins coupable, peu importe, c e • . va procéder aux sacres
que Mgr Lefebvre au moment meme ou 1i . • .
1nes appelés et ne pas donner l'i1npression que nous avons un~ J.un- , • 1'absence de mandat pontifical régulier• ~ ecnt .~ux
diction universelle ni une juridiclion sur un pays ou sur une reg1on. ep1scopaux en . d d eurer attaches au S1ege
Ce serait fonder notre apostolat sur une base fausse et illusoire. » futurs ÉvêquesÉ: « Je vou~ conJ:ii.re e~ Me::iresse de toutes les Égli-
de Pierre, à /' glise Roinaine, ere . • d /es S 111boles de
Et il ajoutait : « Si un jour il était nécessaire de sacrer des Évêque~,
ceux-ci auraient la seule fonction épisco pale d'exercer leur pouvoir ses, dans la Foi catlzoli9ue intégcrale, ~xp~~n;:en~:s conf:nné111ent à
la Foi dans le Catécl11s111e du onct e Sé . . '
d'ordre et ils n'auraient aucun pouvoir de juridiction, n' ayant P.as • · é d otre 111111aire. »
de mission canonique. » Aux consacrés, il a répété : « Le but pnn- ce qui vous a été e11se1gn ans v dat pontifical régulier n'impli-
cipal de ceue tra11s111ission est de conférer la grâce de l'ordre sacer- La consécration épiscopal~ sans man cela a été dit avec une
dotal pour la continuation du vrai Sacrifice de la Sainte Messe, et que pas la négation du Primat, co~m~rce que cette consécration
pour conférer la grâce du sacre1nent de confinnation aux enfants et incroyable légèreté ; ~ela non ~eul.~~e 1:- un réel état de nécessité,
est motivée et effecllvemenL JUSll iee ~ n doit raisonnablement pré-
aux fidèles qui vous la de1nandent. »
mais aussi parce que l'on peut.et quebleo1 posé pour le bien des âmes
Mgr Lefebvre ne s'est donc pas arrogé le droit de conférer aux sumer, en faveur d'un acte ~aiso.nna ue le Pape l'aurait approuvé
nouveaux Évêques un pouvoir de juridiction qui dépend du Pap~ ;
il n'a pas organisé ni n'a entendu organiser une hiérarchie parallele et rendu nécessaire par la sauauo~, ~à-dire hors du cours extra<;>r-
(les Évêques sacrés par lui restent notamment soumis au Supérieur dans des circonstances normalesj c es\rouve objectivement l'Église
dinaire des choses dans lequebl se ue le Vicaire du Christ puisse
général de la Fraternité), et encore moins une É,glise parallèle. li s'est aujourd ' hui : il n'est pas pens.a eà inort des seuls Séminaires catho-
borné à transmettre le pouvoir d'ordre que !'Evêque reçoit directe- vouloir ou veuille la condamnat~on . ne trouveraient aucun autre
ment de Dieu au moment de la consécration, afin que les nouveaux
Évêques puissent subvenir à l'étal de nécessité des âmes et des can· liques où fleurissenL des. vocati~ns ~~~n sacerdotale droite ; il n'est
didats au sacerdoce. Et, parce que, dans une situation normale, le cadre dans lequel recevoir une . orm ·ue la condamnation à mort
pouvoir d'ordre s'exerce aussi en eonformîté des normes fixées, pas pensable qu'il puiss~ voulo~r ou ~~~~utant d'âmes plongées d~s
Mgr Lefebvre a ajouté : « Je vous conférerai cette grâce (de !'Épis· de la seule œuvre cathoh<il~e q~t .se~~les extrêmes. Ainsi que l'a r~d1t
une angoisse et une pénu~1e spintu. « le Pape (dans sa fonGt1on
copat catholique) confiant que sans tarder te Siège de Pierre sera
occupé par un successeur de Pierre parfaite1nent catholique en tes encore Mgr Lefebvre à cette occasi~~Înuation du sacerdoce cathol!·
mains duquel vous pourrez déposer la grfice de votre épiscopat pour de Pape) ne peut que dÉés1;er la ~ilique dont l'édification est préc1-
qu'il la confirme. » que », c'est-à-dire de 1 ghse cat
1

sément toute sa raison d'être Pape.

5) L'autorité du Pape n'est pas mise en question L'excommunication


A~ ~ de. cc qui pr~e. il devrait être clair aussi que Mgr Lefeb- . f · ercevoir clairement :
Toute ce qui a été dit ait P. de Mgr Lefebvre, comme
il
vre na J~ais mis ru n entend mettre en question l'autorité du Pape. - qu'il . pas un •« schismerficialité,
. n'existe » non sans une bonne
que cc SOll glob'.11emen.t .ou pour certaines de ses prérogatives. Il dis· a été décrété a~ec u~e extre~ef 5~ft'ajouter _ avec un empresse-
t1ngue, comme 11 est bene de. le faire, entre la fonction du Pape et dose de mauvaise foi et - 1 a
la personne ~u Pape ; celle-<:1 peut, en tout ou en partie « renuere
subesse ofjic10 Papœ » (Cajetan), se refuser à accomplir les devoirs ment suspect ; . eut pas atteindre Mgr Lefebvr~,
- que l'excommunicauon ne ~ droit de nécessité », ce qw,
de. sa p~opre ~harge, en y9uJ_ant, en favorisant ou en permettant une parce qu '« un état de nécessité /on e un
onentation rwneuse de 1 Eglise (que ce soit par mauvaise volonté ou
46 LA TRADITION «'EXCOMMUNIËE » NI SCHISMATIQUES NI EXCOMMUNIÉS 47

au regard de l'ancien comme du nouveau Droit canonique, rend la Conclusion


violation matérielle de la loi non imputable ; . .
- que l'excommunication ne frappe pas davantage les fideles qui et nous demandons par la prière,. que. ces dedr-
Nous espérons, . r tous de reflex1on et e
« veulent adhérer au schisrne de Mgr Lefebvre» (104), niers événements soient une occasion pou
1• parce qu'il n'y a pas de schisme ; lumière : ,. ent conscience el de leur devoir
2° parce que les << traditionalistes » ne « veulent » au~unem~nt Pour les fidèles, afin qu ils reprenn_fi et de leur droit corres-
adhérer à un « schis111e », bien au contraire : leur ferme 1ntenuon propre de glorifier Dieu. en .~e sancii ia;e 'recevoir des Pasteurs de
1
est de résister à quiconque, afin de rester dans l'Église catholique : pondan1 - absolumenl 1~ahen~ble -ur obtenir cette fin : une doc-
ils ne suivent pas la «personne » de Mgr Lefebvre ; ils suivent _le l'Église tous les moyens necessaires po ectement administrés et une
Christ et Son Église, décidés qu'ils sont à ne dévier « ni à droae trine pure et entière, des Sac~ements c~rr ·voque de Foi catholique.
ni à gauche» (Exode). li1urgie qui soit une confess1~n sans e~~t conscience du devoir qui
S'ils continuent de suivre Mgr Lefebvre, c'est parce que « sciunt Pour les Pasteurs, afin_ qu ils rcpren':no ens nécessaires pour faire
vocem Eius » (Jn 10, 4) : ils reconnaissent dans les paroles de ce pas- est le leur de donner aux ames ,tous lesdevorr seulement qui fonde le
teur la Parole de leur Pas1eur Éternel, ce Pasteur sur lequel les pas- leur salut éternel, parce que ces~ cet suivis par le troupeau.
teurs qui se succèden1 dans le temps ont l'obligation de régler leur droit correspondant d'être ~c~~es ~'exacte conception de l'« obéis-
gouvernemenl. Et quand ces fidèles résistent aux autres Pasteurs dans Pour tous, afin que se re1a ,1sse .t . des hem.mes que parce qu'on
l'Église, ce n'est pas par goût de rébellion, de désobéissance ou pire : sance » en vertu de laquelle on n obéi a de conflit on obéit « à Dieu
c'est parce que « les brebis ne suivent pas un étranger mais elles le veut obéir à Dieu, de sorte que, en cas '
fuient parce qu 'elles ne connaissent pas la voix des plutôt qu'aux hon11nes » (107). s'arrogent, comme ils l'ont
étrangers» (ibidem). D'où il découle que, s1 les Pasteur~ doni le Christ ne les a pas
S'il y a aujourd'hui une crise dans l' Église comme l' ont reconnu fait. depuis environ vingt ~ns_. le pouvl~~; devoir de Pasteur_, _de taue,
Paul VI et Jean-Paul II, comme l'a admis le cardinal Ratzinger, c'est dotes et qui est en contrad1c11on avec, eu! point de ta Venté ri:_çue
de diminuer, d'oblit érer ne fût-~e ~u u~':ltérer l'administration .meme
précisément parce que la voix des Pasteurs s'est muée en voix d'étran·
gers et que les brebis ne reconnaissent plus dans leurs voi·x celle de 1
du Christ et transmise par Son g ise, ·que rite liturgique ambigu, le
leur Unique Pasteur, la voix de l'Église leur Mère. Le Seigneur, en d'un seul Sacrement, d'~mposer un ~é~~r la mort à la négation d'une
disant à ses Apôtres : « Qui vous écoute m'écoute», n'a pas co~­ catholique, dont le devoir est de pré . d' un seul commandement
féré aux membres de la hiérarchie la faculté de Lui faire dire ce qu'il seule vérité de Foi ou à la 1ransgresst?tn. au nom de Dieu. Autre·
d1v1n,
leur plairait; de même que Lui n'a enseigné que ce qu'll avait app~s . · a le devoir · · ter à 1'Auton
· d e res1s ffi àe,le justifier devan t D"eu
1
de
du Père (105), de même l'Église n'enseigne que ce qu'elle a appns ment, aucune « obéissance » ne su ira
du Chri~t ~106). Toute déformation, tout ajout, toute déviation, toute l'apostasie plus ou moins larvée.
contrad!ct1on, en bref toute ingérence « personnelle » indue des Pa~­
teurs, nen de tout cela n'appartient à l'Eglise et ses fils ont Je devoir
d.e ne point y adhé~er s'ils ne veulent pas sortir, réellement cette fois- . doit être prêchée publiqueme,nt.
c1, de la communion avec !'Épouse du Verbe Incarné. La vérité, surtout en cas de ~értl, our le fait que quelques-uns s en
On ne doit pas faire le contraire P
scandalisent. Saint Thomas
(104)
pour Cf. O.R. du 2-7-1988, traduction en italien du Décret de la Congrégation
les avequcs.
(IOS) Jn. 8, 28. . . cil sous obb«JiellQJ.
(106) Matth. 28, 20. (107) Actes S, 29 ; cf. Robcni·PallZZlnl, op. .
SUR LE DROIT DE NÉCESSITÉ
DANS L'ÉGLISE

profee:s considérations canoniques sont extraites d'une brochure du


Begriffl~ur Ge~;g May intitulée Notwehr, Widerstand und Notstand.
rificati~~he Klarungen {Légitime défense, résistance et nécessité. Cla-
en (~~r ces notions] et publiée à Vienne par Mediatrix-Verlag
1984 pages). (Traduction du. Courrier de Rome).

!Etat de nécessité]
can~~ ~fd§e
2 de droit canonique de 1917 pa~lait de la nécessité au
§ 1 o • § 2 et 3, celui de 1983 en traite aux cc. 1323, 4° et 1324
lais~e5à· L~ l?i ne dit pas ce qu'elle comprend sous ce terme, elle
fication.l~u!1sprudence et à la doctrine le soin d'~~ préciser la signi-
lequel d ~1s 11 ressort du contexte que la nécessite est un état dans
écarte ~ biens vitaux sont mis en danger de telle manière que pour
r e danger la violation de certaines lois est inévitable.

!Drozt. de nécessité]
e:ic~t Code reconnaît la nécessité comme une _circonstance qui
Pourvue de toute peine en cas de violation de la 101 (can. 1323, 4°),
que l'action ne soit pas intrinsèquement mauvaise ou ne porte
50 LA TRADITION « EXCOMMUNJeE •

préjudice aux âmes ; dans le cas contraire la nécessité ne ferait


qu'atténuer la peine (can. 1324 § 1, 5°).

[État de nécessité dans l'Église]


Dans l'Église (comme dans la société civile] est c?ncevable ~n ét~t
de nécessité qui ne peut être surmonté par l'observa11on du droit posi-
tif. Une telle situation existe dans l'Église lorsque la persistance,
l'ordre et l'activité de l'Église sont menacés ou lésés de manière ~on­
sidérable. Cette menace peut porter principalement sur la doctnne,
le culte et la discipline ecclésiastique. (...]
AU SUJET DE LA CONSÉCRATION
[Droit de nécessité dans l'Église]
ÉPISCOPALE SANS MANDAT
PONTIFICAL
État de nécessité justifie droit de nécessité. Le droit de nécessité
dans l'Église est la somme des règles juridiques qui valent en cas
de menace contre la persistance et l'activité de l'Église. . . traduction faite par nos
Nous reproduisons 1c1, dans :ne k ui été publié dans
Ce droit de nécessité peut être revendiqué seulement quan~ on soins, un article de Ru~olf Kasc ews ~o~e-Korrespondenz.
0
a épuisé toutes les possibilités d'aboutir au rétablissement d'une situa- le numéro de mars-ovni 1988 d'Una élevé dans la hiérarchie
tion normale en s'appuyant sur le droit positif. Le droit de néc~s­ , 1) L'évêq ue représente le degré le plus. ur un cardinal ou
sité permet aussi de prendre les mesures, lancer les initiatives, cre~r d Ordre de l'Église (il n'y a pas .d'ordinatton ~o J) la plénitude du
les organismes qui sont nécessaires pour que l'Église puisse conu- Pour le Pape !). Les pouvoi~s éJ?1scop~ux.d~o~~~ . mais celui-ci ne
nuer sa mission de prêcher la véri té divine et dispenser la grâce de
Dieu. PO~voir d'ordre et 2)' le po~voir de, JUértê ic e ré~identiel ».
revient qu'à l'évêque d'un diocèse, 1 « v qu
Le droit de nécessité justifie uniquement les mesures qui s~nt
nécessaires pour la restauration des fonctions de l'Église. Le pnn· ·r ro re en vertu du droit
d. _le pouvoir épiscopal est « un poi:voi ftit'f:tionne/le que le Pape
cipe de la proportionnalité est à observer. [... ] . ivin. li Possède paF là une autonomie con
L'Église, et d'abord ses organes, a le droit, mais aussi le devoir• ne Peut ni abolir ni modifier» (!).
de prendre toutes les mesures nécessaires pour l'éloignement des dan·
gers. Dans une situation de nécessité les Pasteurs de l'Église pe~­ . •
2) Il n'est permis à aucun eveque de co
nsacrer quelqu'un évêque
de droit canonique de
vent prendre des mesures extraordinaires pour protéger ou rétablir ~~ns rnandat pontifical (canon 1013 d~ c~~~e de 1917). <:elui qui
l'.activité ~e !'Église. Si un organe n'exécute pas ses fonctions esse~­ 83, correspondant au canon 953 u. . latae sentenuae réser-
llell~ et 1nd1spen~ables.' les autres oi;ganes ont le droit et le dev?1r Cnfrcint cette loi encourt « /'excommun1âat1~~CI1983). « Latae sen-
d'utdiser le pouvoir qu 'lis ont dans l'Eglise pour que la vie de J'Églis.e Vée au Siège Apostolique » (can. 1382 u
soit garantie et que sa fin soit atteinte. Si les autorités ecclésiasll·
ques s'y refusent, la responsabilité des autres membres de l'Église
croît, mals aussi leurs droits.
t9s~I)
- -- -
Bichmann-Môrsdorf : Lehrbuch des Klrchenrtehls' 1· 1' Paderborn, 8• ~.
• p. 396.
52 LA TRADITION « EXCOMMUNlll E » CONSÉCRATION ÉPISCOPALE SANS MANDAT PONTIFICAL 53
tentiae » signifie que la peine est encourue par le fait mê~e ~~~ le sité. » (4 bis). L'ancien Code dit en substance la même chos: f~ac~:
délit est commis (ipso facto), donc qu'elle n'a pas besoin etre 2205 § 2). (Pour les restrictions prévues dans les deux cas, 0
« infligée ». dessous paragraphes 7 et ss.).
• . , ?
L'ancien Code de droit canonique ne prévoyait pour ce c.as que . · • e situation de necess1te ·
4) Qu'est-ce qu'un état de .necess1teE, u~. h ann et KI. Mërsdorf
la suspense (« ipso iure suspe11si su111, donec Sedes Apostoltca. eo~ Citons le traité de droit canonique de · 1c m
dispensaverit » can. 2370 du CIC/ 1917). Ce n' est que par un decre
du Saint-Offic~ du 9 août 1951, qui fut pris sans aucu~ doute en (5) : . I ation extérieure con-
raison de l'évolution tragique de l'Église dans la République p~pu­ « L'état de nécessité (necess1~as) est u~e St ~utre tnais sons qu'il
laire de Chine, que la peine de l'excommunication ( ipso facto), rese~­ traignante, produite d'une 1na!11ère ou d une ora/elltent la personne
vée très spécialement au Saint-Siège, a été introduite po~r la cons~ Y ait faute, et qui force pllys1quenzent ou 111 . non habet legem :
cration illégale d'un évêque (2). Cette peine fut confirmee plus tar à enfreindre la loi pour écarter le danger., NecesJ!~ danger 1nenaçant
à propos des agissements sectaires à Palmar de Troya en Espagne (3). "nécessité n 'o point de loi". I! pe~t s a5:r tr:S biens temporels. »
des biens spirituels, /a vie, la ltbert ou au
3) D'autre part, le Droit canonique est loin de ne juge_r <;lu.e . uère être contesté sérieu-
d'après les faits extérieurs. Ce serait contredire la conception JU~1dt­ 5) C'est un fait certain, et qui ne pe~~ ~ en articulier dans la
que courante que de ne pas tenir compte des circonstances parucu- sement, qu'en raison du cours postconcih~i~;:ntéri~ur de l'Église un
lières ou de la disposition subjective de l'auteur d'un acte. . _ formation des pr!tres, on peut ,constat.e~t a ls1» plus prédsément la
Dans le cas de la sanction prévue pour la consécration d'un eve- grave « danger menaçant des biens spt~J ~e cett~ affirmation, il suf-
que sans mandat pontifical, il s'agit clairement d'une peine latae se1!· foi, la morale le culte divin. A l'appui ~ compris et spéciale-
tentiae aux termes du canon 1382, comme on l'a vu plus haut. Mais fit de renvoy~r à toute une série d'expose~~denz.
il faut aussi tenir compte du principe suivant : « Aucune peine lat~e ment dans notre revue Una Voce-Korresf l'on peut parer à ce dan-
sententiae n'est encourue s'il y a une circonstance atténuante Jixee La question est de savoi~ si et commennne ne pou~ra nier qu'un
ger menaçant des biens sp1ntuels. P~~so des vocations sacerdeta-
par la loi» (4).
li faut plus précisément considérer les disposit.ions des canons J32~ remède (sinon le seul) consiste dans 1vei1 Or il n'est pas rare. que
et 1324 du CIC/1983, qui correspondent au canon 2205 §§ 2 et . les et dans la formation de bons prêtret' • des séminaires d1oc~­
1
du CIC/19)7. Nous voulons examiner ici le cas où un acte mena~e de. Jeunes théologiens nous demandent ~9u~'est-à-dire où la pem1-
d'une sanction a été commis pour remédier à un état de nécessite. sa1ns peurrait être « plutôt l> recomma!l e, encore fa.it sen entrée,
Nous citons une partie du canon 1323, 4° du CIC/1983 : cieuse « adaptaüon du monde » n'au~alt pas rernier plan, où l'ado-
« N'est punissable d'aucune peine la personne qui, lorsqu'elle 0 où. la vrai piété serait enseigné.e et mise aut ~e l'autel sera.il le centre
violé une loi ou un précepte: [...) 4° a agi[ ... ] poussée par fa néces- ration du Christ dans le Très saint Sac~e~e~ genoux et le port de l.a
de la vie sacerdotale, où la commun1? e si nes « extérieurs »1 mais
so~tane iraient de soi (pour parler .auss\ton i~térieure). Et la reponse
qui sont également des signes de d1sposi
(2) Acta Apostollcae Stdis XLIII (19SI), p. 217. est : « Pas un seul ! l>. de
(3) C.r. Ossuvatort R~mano, ~d. allemande hebdomadaire, 1" oct. 1976, P· 3· . discutablement l'existence
. .
Ustl, Millier, Schm11z: Handbuch des kathotlschen Kirchenrtehts, Ratisb<>nne•
(4) p.
1983, 931 SS. 1' 6) Cela montre suffisamment e~!I r à cet état de néceSSJté maru-
état de nécessité. Si donc pour rem ie
(4 nouveau Code, nous avons utili~ le Code de Dtoi:
bis! Pour les citati?ru du
CllllOfU9W. Tat~ o/fkid t! traduction /rallftllst par la Sociiti internationale dt Dto' JO' ~. 1962. p. 314.
canonlllW, Pans, Centunon, Cerf, Tardy, 1984. (N.D.T.) _, ht PadcrbOm •
(S) Op. ~it., t.111 : Proiess- und Stnqf« '
54 !.A TRADITION « EXCOMMUNl~E » CONS~CRATION i;P ISCOPALE SANS MANDAT PONTIFICA L 55
.

Mais justement, il n'est pas du t~µt ~a.tu. savoir s'abstenir de con-


feste l'on forme correctement en dehors des séminaires of~iciels des rel ni habituel que Je fait
candldats qui, selon une probabilité confinant à la c~rlltu_de, n~ de respecter la loi dont il est quesuon icid a soi un danger : cette res-
seraient pas ordonnés et ne pourraient ~one pas_ dev~?•r pr~tres. s1 sacrer un évêque sans man?~t, com~orte ~e salut des âmes soit mis
l'on respectait la loi [du canon 1013), 11 est clair_ qu 11 s a~1t bien triction ne vaut donc pas 1c1. Le fait 9ue t"on épiscopale déterminée
ici d'un état de nécessité qui exempte de toute peine ; ce n est que en danger par l'abstention d'une CO?secrav~nient lié par nature . » à
par la consécration d'un évêque qui ordonnera ces candidats au ~acer­ ne représente en tout cas pa~ un « i~c?n b"en plutôt ce que la s1tua-
doce que l'on pourra remédier à la néc~sité décrite plus haut. S1no~~ la loi en question ; mais ce fait caractense 1
non seulement les études et la formauon sacerdotale_ de c~ ~andi tion actuelle a d'anormal. · d
dats n'aboutiraient pas, mais e_ncore, les fid~les sera1e~t P.nv~ _des . . . même si l'acte menace e
« biens spirituels » que ces .c<1:nd1dats l~ur auraient donnes s ils _etrue~t 9) li y a encore une autre r~tr.icll?n · ·iat de nécessité, l'auteur
devenus prêtres. Car les f1deles aussi, se trouvent d~ns un_ ~tat e sanction a été commis pour reme~ier a ~~ edélit est intrinsèquement
nécessité. Bien sOr, il serait exagéré de dire que les « biens spirituels » n'est cependant pas exempt de peine «si e 324 § J, 5°). Dans
nécessaires au salut des âmes ne sont donnés convenableme~t da_n~ 1
mauvais ou s'il porte préjudice aux â~es >>d(cfa. peine étaient enc?re
aucune église « officielle » postconciliaire ; mais l'état de necess1te l'ancien Code les limites de l'exempuo? e non plus d'exempuon
consiste en ce que les fidèles sont souvent dans l' incertitude, _ne plus étr~ites (~an. 2205 § 3~ : il n'y ava1_t PJes la foi ou de l'autorité
sachant pas si telle ou telle catéchèse déterminée, si tel ou tel offl~e de la peine si l'acte tournall « au mépris
religieux concret, sont vraiment catholiques ou non. Les plus « mo~e­ ecclésiastique ». . épiscopale sans mandat
rés » des observateurs objectifs de la si tuation actuelle de l'Église La question de savoir si la consécrauon ·s (intrinsece malum) »
admettent eux-mêmes qu'au moins en certains cas, l'intention droite Pontifical est un « délit intrinsèquem~nt mau~~~ aucun doute le cadre
du prêtre, indispensable pour la validité d'un sacrement, est douteuse, Ct/ou s'il porte préjudice aux âmes depasse. s jugement purement
voire même manifestement absente. du Droit canon . elle échappe pour le moins a!-' Les uns parleront
iuridique. Ici, j~stement, les avis sont partag~~ison du danger de
7) Selon le canon 2205 § 2 de l'ancien Code de 1917, la menac~ d'un immense dommage pour les ~mes e:le précisément pour le
de sanction n'est supprimée dans le cas de nécessit.é que « s'il s'agit schisme, les autres d'une action indispensa '
de fois purement ecclésiastiques», done pas de « droit divin». Cette Salut des âmes
restriction ne se trouve plus dans le nouveau Code ; et comme ceux . d . ondre à cette ques·
qui « diraient le droit » en cette circonstance se serviraient sans aucu~
doute du nouveau Code, cette restriction peut être laissée de cô~e
r 10) Cependant, il n'est nullel~l~ ~~sod~clare de façon lap!es~~a;
9
· e rep ·d · e ·
ton ; car le canon 1324 § 3 ~ , . au § 1, te co11pab1e n • e si
dans le cas qui nous occupe, même si celui qui consacrerait un éve- « Dans les circonstances dont il s ~git » Cela signifie q~e me~nsti­
que sans mandat considérait l'ancien Code comme obligatoire pour
lui. {:aPpé par une peine latae sen~enti~e: opale non autonsée c délit
on affirmait que la consécrauon ~pisc tomatiquement, un <~ es
in a1~· dans tous les cas, pour a1ns1
tu · · d: relieauportait préj!-'d1~e am •
· a uxsenten-
8) Autre restriction (6) : seules des situations de nécessité « sur- trinsèquement mauvais » et/ou qu e t de toute peine ~tae•est jus-
venues occasionneUement » exemptent de la peine, c'est-à-dire que ~?11 auteur serait en tous les cas ~e~krit plus haut ; mais ~n l382
« des inconvénients qui sont liés par nature au respect de certaines /ae, en raison de l'état de néces~ite . est prévue au can résulte
lois » doivent i!tre acceptés et n'autorisent pas à enfreindre la loi. cillent
1 une peine latae sententt~e QU~e sans mandat ! I~~ou can.
~11983 pour la consécration é~iscop table (can. 1323. auto-
~~"4n raison du cas de nécessité incon~ration épiscopal:a:~: 1382.
(6) Eichmann-M6rsdorf, op. cit., p. ltS. ~ § 1, 5• et § 3), l'auteur d'une co ·cation prévue au
c n'est pas frappé par l'excommuni
56 LA TRADITION « EXCOMMUNl~E » CONSftCRATION ~PISCOPALE SANS MANDAT PONTIFICAL 57

b) Même si l'état de nécessi té n'existait pas objectiveme~t, ~et


1
11) Même si l'on voulait mettre en doute o u contester r~dicale­
ment l'existence de l'état de nécessité mentionné plus haut (et a n<;>tre d ·ne parce qu'1 esuma1
« délinquant » serait cependant exempt e pei . de nécessité exis-
avis incontestable), le cas suivant s'appliquerait : perso~ne ne niera subjectivement sans faute de sa part que cet etat
qu'un évêque qui consacre quelqu'un évêque dans les c1rconstanc~
dé<:rites plus haut est au n1oins subjectivement de l'avis qu'il s'a~1t tait (can. 1323, 7°). . , · nce d' un état de
c) Même si la supposition erro~ee de ex iste as de peine latae
1
d' un état de nécessité tel que nous l'avons caractérisé. Mais une vio-
lation délibérée de la loi est alors exclue, car « celui qui co111met un nécessité était coupable, il n'y au~ait cepend~ntf~n (can. 1324 § 1,
se11tentiae, et de toute façon pas d excommunica 1
délit en supposant de façon erronée qu'il y a une cause de justifica- s· et § 3).
tion n'agit pas de façon délibérée» (7). Le nouveau Code dit de façon
encore plus claire :
a) « N'est punissable d'aucune peine la personne qui, lorsqu'elle Conclusion lie la consé<:ration d'un
a violé une loi ou u11 précepte: (...) 7° a cru, sans faute de sa pari, L'affirmation souvent entendue selon laque entrâmerait automa-
que se présentait une des circonstances prévues aux nn. 4 ou 5 » [donc ~u de plusieurs évêques sans mandat p~nu.fica1ar là au schisme, est
aussi l'état de nécessité !] (can. 1323, 7°). hquement l'excommunication et conduirait P s dans Je cas
f 1 · ·1
1 ne peut pa •
b) « l 'auteur d'une violation n 'est pas exernpt de p eine, mais la ausse. En vertu des termes de 1a OI, . t"on ni latae senten-
do . 1c1,
. nt 1.1 est question . . y avo1:
· ..
d'excommun1ca 1 •
peine prévue par la loi ou le précepte doit être tempérée, ou encore ltae, ni par une sentence jud1c1a1 re.
une pénitence doit lui être substituée, si le délit a été accompli : [.. .)
8° par qui a cru, par une erreur dont il est coupable, que se présen-
tait une des circonstances dont il s'agit au can.1323, nn. 4 et 5 »
(donc aussi l'état cas de nécessité !] (can. 1324 § 1, 8°). Et : « Dan~
les circonstances dont il s'agit au § /, le coupable n'est pas frappe
par une pe!n~ latae s~ntentiae » (can. 1324 § 3).
Même s1 1 on voulait supposer que l'état de nécessité n'existe que
dans l'imagination de l'évêque concerné, il serait diffücile de p,réten-
dre que son interprétation (prétendument) erronée serait coupable !
Mais même si l'on voulait le soupçonner d'être coupable d'avoir
cru par erreur qu'il Y avait un état de nécessité (en réalité inexis-
tant), il n'empêche que: 1) l'excommunication latae sententiae pré-
vue ~u canon 1382 ne pou:~ait pas le frapper, 2) la peine qu'un ju~e
aurait éventuellement à lui infliger devrait être en tout cas tempéree
par r~pport à cell~ qui est pr~vue par la loi, de sorte que là non
plus, li ne pourrait pas y avoir d'excommunication.
12) Résumons :
, a) En ~aison d'un ré~I état. de nécessité, aucune peine ne frappe
1aut~ur d une conséc~allon épiscopale sans mandat pontifical dans
les circonstances décrites (can. 1324, 40).

(7) Eichm•nn-MC!ndorr, op. cit., p. 313.


LE CARDINAL RATZINGER
, DÉMONTRE
L'<< ETAT DE NÉCESSITÉ >>
DANS L'ÉGLISE

Un nouvel « Entrelien sur la foi »


L'hebdom a d air~
exclusivité . 1tahen
. . Il S~bato du ~O JUille~
. . !988 a publié. e!1
nal Ratzin 1e texte intégral du discours fait le 13 Juillet par le card1-
derniers d~er devant la conférence épiscopale chilienne à prepos des
Nous e veloppements du « cas Lefebvre ».
Postconc'l'n. rapportons ici les thèmes principaux sur l'état de l'Église
1 1a1re.
•Doctrine .
d o~p· de commentaires donnent l'impression que tout a
« Beauc
changé
0 u, danse1uts V,atican Il et que ce qui l'a précédé n:~ aucune. valeur
'Vatican e 1ne1lteur des cas, ne peut en avoir qu a la lumière de
9ui ôte 11 [ ...] ?eaucoup l'interprètent com1ne s'il était le superdogme
.Cette10; ute importance à roui le reste. . .
9111 se mpress1on se trouve particulièrement renforcee par des faits
comme Produisent couramment Ce qui était considéré auparavant
8ie - ace qu'il Y a de plus sac~é - la forme transmise pa!' la l~tur­
f
comme paraft tout à coup comme ce qu'il y a de plus interdit et
a seule chose qui doive être certainement écllrlée. On ne to/b'e
60 LA TRADITION « EXCOMMUNIEE »
CARDINAL RATZINOER : L"« ETAT DE NECESSITÉ" DANS L'ÉGLISE 6J
aucune critique des choix opérés depuis fe Concile ; ~ependant, f~
où sont en jeu les anciennes règles ou les gr~ndes vérités d~ fa foi L'examen de conscience
- par exe1npfe la virginité corporelfe de Marre, fa résurrec~1on cor- .
porelfe de Jésus, f'il11111ortafité de f'â1ne, etc. - 011 ne réagit pas 0~1 Cependant le Cardinal Ratz1nger n, a aucun doute
eut :pas
dansêtrele impu-
« cas
bien on fe fait avec une n1odération extrê111e. J'ai pu constater 11u:~1- ~febvre », « en toute certitu_de », que la faute n~bn Excellence Mgr
même lorsque j'étais professeur qu'un évêque qui avant le Concile tee au Saint Siège. Toutefois, maint~nan~ qu~e Cardinal Ratzinger
avait renvoyé un professeur irréprochable à cause de son parler un Lefebvre est, selon lui, un «_frère ~epare »d . les critères de cette
peu rustique a été après fe Concile dans ('incapacité d'éloigner u~i se sent dans l'obligation d'appltqu~r a so_n enl r~é<:ouverte
1 fondamen-
enseignant qui niait ouverte1nent des vérités fonda111entafes de fa_ f ~1 · « théologie de /'œcu111énis1ne » qui constitue a
Tout cela conduit beaucoup de gens à se den1ander si f'Egflse tale de Vatican J1.
d'aujourd'hui est réelfe111ent celfe d'hier ou si on ('a changé~ pour Écoutons-le : Lefebvre n'a pas pris
une autre sans les avertir (... ) on a souvent oublié et parfois sup- « Sans aucun doute, /~ P_roblème p~sé parcommode de se laisser
pritné avec détermination la question de la vérité : nous som1nes peu/- fin avec la rupture du 30 ;u1n... li serf!It trof de enser que ce pro-
être là en face du problèn1e crucial de la théologie et de la pastorale Prendre par une espèce de trio~11pha/lsine e / le inouvement d~
blème a cessé d'exister à partir du , 1110~ e ~ chrétien ne peut 111
11 11
11
d'aujourd'hui. 0
La "vérité" est apparue co1111ne une prétention trop élevée, un Lefebvre s'est nellement séparé de I Égl!se. . que en toute cer-
"triomphalis1ne" que l'on ne pouvait plus se perrnellre. Ce proces- 11.e doit ja111ais de se réjouir d'une dés~nion.au'~int
8 Siège, il esi de
sus se manifeste clairement dans la crise où sont to1nbés l'idéal et tuude, la faute ne puisse pas être attnbuée nous avons co111•
devoir de nous interroger sur les ~rre~r~ ;::~ettre. Les critères
01
la pratique missionnaires[... ) . . 7o_1re
En effet, on a tiré et on lire fa conclusion que pour ('avenir ~/ 111
ses et celles que nous so111mes e11 traill d décret sur l'œcuiné-
faut tendre uniquement à ce que les chrétiens soient de bons ch~e­
tiens, les 111usuh11ans de bons 1nusu/n1ans, les hindous de bons hin- nisme de Vatican Il doive11t, co111111e if est 0
f
a~ec lesquels on évalue le passé sur la. base gique valoir pour le
11
' .
dous, etc. Mais co111111ent peut-on savoir quand quelqu'un est un Présent. » devons cons1dé·
"bon" chrétien ou un "bon" 1nusu/Jnan ? Plus loin le eardinal Ratzinger dira : « ··: " d~fiaire un exainen
0 1
L'idée que toutes les religions ne seraient - à proprement P.ar- rer
d avant tout cette situat1011 . co1111n e /'occas1011 ,. oil
ler - que des syn1boles de ce qui est finale1nent f''lncompréhens1ble e conscience ». pposant qu il_ Je s
gagne rapidement du terrain dans la théologie et elfe a déjà pénétré Le Cardinal Ratzinger est-il sincère ? En su en de conscience».
profondément dans la pratique liturgique. » nous nous proposons de laider . dan s cet « exa1n
•Liturgie:
« Après le Concile, beaucoup ont élevé consciemment /a "désa·
Mouvernents suspects d' hérésie us avons
cralisation" au niveau d'un progra1111ne en expliquant que le Nou- · ger - no r<.
ve~u ,Testame'!t avait aboli le culte du Temple : te voile du Te1r:pt~ inv~ . es derniers mois - dit e blènie de Lefebvre, en vital adé·
C . l Cardinal RatZin nous e/jor-
ti un gros travail dans le pro ement un espace d nom·
qui s est déchiré au moment de la mort du Christ sur /a croix s1gn1· rant Sfncèrement de créer pour son '!1°"~ e a été critiqué : chan·
fierait - selon certains - la Jin du sacré [... ] Poussé par ces rai·
sonnements, on a abandonné les ornements sacrés · on a dépouillé z~:t a l'intérieur de l'Église. Le Sain~.~1~'il aurait ~dé ;aticon Il
10 li.X Côtés pour cette raison. _on a d~fendu /e Concie une grande
les ~glises le p~us qu:on ~ pu de la splendeur qui r~ppelle te sacré! ge du schisme · qu'il n'aurait pas '"/ traitait avec t com·
et I on a rédu11 la /1turg1e au langage et aux gestes de /a vie ord1· avec la r. ' tandis qu ' . aoéfémen
noire, au moyen de saluts, de signes communs d'amitié et de choses du~ JOrce qui s'imposait ; qu_e se montrait ex. 0 ent des é~
semblables. » Pré~té lt;s mouvements progress1Stes, .ce Le développe;' de Io duJelé
1
ne ensif Pour la rébellion rest~uratn "rtions. Le myt e
1llen1s a suf}wmment démenti ces as.se
62 LA TRADITION « EXCOMMUNIÉE » 63
CARDINAL RATZINOER : L'« !!TAT DE NÉCESSITÉ » DANS L'ÉGLISE
. est
du Vatican face aux déviations progressistes s'est révélé être ~ne vaine tions inco1npatibles » (! ) car « f' ~JJa
.rr. ibfissernent
- e àdul'Église
sens logique
[plus exac-
élucubra/ion. Jusqu'à aujourd'hui, on n'a essentiellem~nt /au qu~ ~~ propre à l'esprit de notre siècle; t1 enlève ~e~e con/redire » (2).
admonitions et en aucun cas on n'a prononcé des peines canon1q tement aux hommes d'Église) « la peur e
au sens propre. » . . · el-
Nous pouvons nous demander si le cardina l Ratz1nger s~1~ qu Une autre question
. log·iq ue et inévitable
les sont les vérités de foi (sans parler de la m?.rale) ayant ete ar~~~
chéeslle la conscience des catholiques par ce qu 11 appelle (par eup .e
misme) les « n1ouve111ents progressistes » ou tout au plus les « dévia- Mais il y a pire. . les grandes vérités
tions progressistes » ? Il le sait c~r il e.n ~ parlé abond3fllme~t d~~ Celui qui déplore que « a ou.l . · sont n le fait avec une moue~a
en 1eu. · · ,, · (on
1
son livre Entretien sur fa foi; et 11 y fall egalement allusion tres bn~il de la foi ... on ne réagit pas ou bien. 0 n er à l'Église ou un s1~ple
vement dans ce discours à la Conférence épiscopale chilienne lorsq u extrême» n'est pas un observateur etra g . s'agit du Pref~t
, ·
Pretre sans aucune autont · iené B · au 11
F . ex Saint-Office, qui· apres
contraire. d
dit : « 'o n ne tolère aucune critique des choix opérés depuis le Con-
cile : cependant, là où sont en jeu les anciennes règles ou les gra~­ de la Congrégation romaine pour la ~ 's i~portant responsable e
1
des vérilés de fa foi - par exe1np/e la virginité corporelle de Man e, le Pape ou plutôt avec le Pape est 1.e P u . c
la résurrection corporelle de Jésus, l'in1mortalité de l'âme, etc; - on la sauvegarde de la Foi dans l'Église. . l' esprit : Pourquoi dob~
ne réagil pas ou bien on le fait avec une 1nodération extre1ne. » Une question logique vient · alors
.. a n'avait aucune responsadé- •-
Le Cardinal Ratzinger sait donc parfaitement q ue ces « 1nouve- s'exprime-t-il comme si en la matJere b1. n on le fiait avec une m~t le
1
1nents progressistes » sont à proprement parler des mou vemen~s s~s­ lite.?
· <<on ne réagit pas - d.1t-1 1 - ou • 1e impersonnel qui· aurai f ·t pas
pects d'hérésie. li va même jusqu'à déplorer que contre ces h.erés1es ration extrê1ne » Qui est donc ce SUJCI hérésies et ne le ru ' ·i
1
et ces quasi-hérétiques, « on ne réagit pas ou bien on le fait avec devoir
0 de réagi~ contre les hérétiques etbl:s modération? Il n~ s:c,~ • 1
une modération extrême ». ~. s'il le fait, c' est avec une déplor: la Congrégation pou: l~exem~
~1V•dernrnent pas de lui-même, Pré~t ~inal Ratzinger rap~?~ Ratzin-
1 ne s'agit pas des évêques car le ar cïe » (c'est le Car in eaux) et
Un « signe des temps » Pie de l'évêque rigide « avant le Con 'r ne de partage d~ •est pas
&~r 7ette fois-ci qui fait remarquer ~if~~>. D'aut,r~ pa~t. tlt ~e Pape.
1
tedu1t à l'impuissance « apr~s <;~n
le cr ainsi publiquemen·aux ayant
Une question se pose : celui qui s'exprime ainsi n'est-il pas. le
même qui quelques lignes plus haut avait souligné les mérites du Saint
rinsabJe que le cardinal veu~lle cntiq~Jes organismes C?llé~e
Vatican
ne reste plus donc que les 1nnombraé x dans l'Éghse de Ja
Siège ne réagissant pas ou avec une « 1nodération extrême » ? C'est 11oussé comme des champignons ~é~ ~e~ épiscopale et
P
bien la même personne qui d'un côté déplore que lorsque «sont en au nom de la « collégiahte
jeu... les grandes vérités de la foi... on ne réagit pas ou bien on « décentralisation ».
le fait avec une modération extrê1ne » et d'un autre côté affirme que
« le mythe de la dureté du Vatican face aux déviations progressistes Le « Professeur » et le « cardi nal » la Foi,
s'est révélé être une vaine élucubration. Jusqu'à aujourd'hui, on n'a
. son Entretien sur
essentielle1nent fait que des admonitions et en aucun cas on n'a pro-
noncé des peines canoniques au sens propre ». 00 T~rsquele Cardinal Ratzinger pubha
Ut demanda :
On ne doit pas s'étonner devant ces contradictions : il s'agit sim-
plement d'un signe des temps. C'est en effet le propre de la « per- • rus. in l 11•n troi·
version moderniste de l'intelligence » que de << ne plus trouver mons_- ----- . ur l'Église de toUJO '
trueuse l'habitude d'affirmer dans un même discours des propos1- 't:r Cl) R.. îh. Calmcl O.P., Brève apologie po • p. 71.
' 25eJ>1.-oci. 1987, p. t 1. . EL., t98S, n 38'
< > R.. Amcrio, Iota Unum, Paris. N. ·
64 LA TRADITION « EXCOMMUNIÉE » ,..
CARDINAL RATZINGER: L' « ÉTAT DE NcCESS1TE. " DANS L'ÉGLISE 65
« Qui s'exprirne dans votre livre : le Préfet de l'ex-Saint-Off ice a entre autres pouvoirs . celui. de coerc1·1tOfl
· qui ne . se résume .pas
ou le "professeur" Ratzinger ? » [ ... ] à' des « ad111011itions » mais
• consiste
. JU· Stement a· apptiquer aux nega-
Rép0nse : << Je 1n'éton11e que certains aie11t pu exprùner des doutes .
leurs obstinés . de foi. ces «peines
des vérités · canofliques au sens· pr 0-
t"tre
à ce sujet. Cet e11/relien reflète u11ique1nen1 rna position personnelle, pre » prévues également dans le Nouveau Code . · Et inencore a que
er sait 1
il n 'e11gage que 1na respo11sabilité personnelle, il 11e met en cause que personnel, comme « professeur », le C_ardinal Rat~. r gcoercitif car
111TI co111pétence personnelle. Il e11 irai/ tout autrement pour un d?cu- l'autorité ne peut pas renoncer à l'exercice du pou~ ~ e la dépo-
111ent de 11otre Congrégation, qui naîl de la resP.onsabilité collégiale, l'Église « doit veiller sur quelque chose dont elle n e~, q:ne richesse
d'un travail collectif, après consultation des Eglises locales (3). » sitaire » (p. 23) et que « la foi est un "bien com;:n ~is devant les
JI y a donc bien une « responsabilité personnelle » mais eU_e de tous, à co111111encer par les pauvres, les plus mu
n'engage que le « professeur Ratzinger ». Lorsqu'il devient « Card~­
nal Ratzinger », Préfet de la Congrégation de la Doctrine de la Foi, déforinations » (p. 25). . . faitement nous expli-
il perd cette responsabilité personnelle : il n'est plus question alors le « théologien Ratzinger » l?ôurrrut aussi par le schisme car -
que de « responsabilité collégiale », ce qui constitue une véritable con- Quer que l'hérésie est de loin bien plus grav: hq.ueontre Dieu est plus
tradiction in tenninis. comme l'explique saint Thomas (5) ~ « le pe~ ~r~ie est un « péché
Dans Entretien sur la Foi (4), à la question : « Y a-1-il encore grave que le péché contre le prochain » e~ 1. ~ einière sur laquelle
vraiment des "hérétiques", y a-t-il encore des "hérésies" ? », le contre Dieu lui-1nêr11e, en tant qu '!! est I~ v nt ep; l'unité de l'Église
« Professeur Ratzinger » répond : est_fondée la foi, alors que le sch1s~ne s_ opp~s D"eu lui-même»-
« Pour eommencer, j e vous renvoie à ce que répond le nouve~u qui est un bien par participation 111fé: 1eur a ex' liquer tout cela et
Code de droit canon, prornulgué en 1983 après vingt-quatre annees_ b' Le « prof esseur » Ratzinger pour~~1 ~ n~us t c~rdinal Préfet de l.a
de travaux qui l'ont con1plèten1ent remanié et parfaite1nenl replace_ ~en autre chose encore. Mais lorsqu il .e~ien it cornme s'il ignorait
dans la ligne du renouveau conciliaire. Au canon - c'est-à-dire a I' ongrégation pour la Doctrine de la Foi 11 ag comme si le canon
l'article 751, il est dit : "On appelle hérésie ta négation obstinée aprèS 1 ~nseignement du « professeur ». Et par exemp1~ titre que l'apostat
0 64 ne Prévoyait pas que « l'hérét1que ~ '!'emlatae sententiae.» e~
la réeeptio11 du baptê1ne, d'u11e vérité qui doit être crue de foi divine 11
et eatholique, ou le doute obstiné sur cette vérité." ~ le schis1natique encourt /'excornrnunic~~é~'étique gui est pretre •
En ce qui concer11e les sanctions, te canon 1364 établit que l'héré- q e les sanctions sont aggravées contre 1 . lai·ssée sans défense,
tique - au mê1ne titre que /'aposLa/ ou te schismatique - encourt coin....
i ".'e si· le D1v1n
. . Fondateur de l'Ég l"se
1 .l'avait Tout cela p~ce que
l'excom1nunication lalae sententiae. Cela vaut pour tous tes fidèles, l~Puiss~nte face à l'agressio~ des héréuqu~:- la Congrégauon ~our
m~is les sanetions sont plus sévèr;s contre /'hefrélique quand _i~ e_sl la ~ard1~al Ratzinger en quahté de Préfet bilité personn~l!e » · ,~;
pre/re. Vous voyez donc que, meme pour l'Eglise pos1-conc11taire 1 Octnne de la Foi" n'a pas de (( responsa rn•ponsab1/tté CO
(pour autant que vaille cette expression que je n 'acceple pas, et a tu·1 une « .... di al Rat-
giCI/ a enlevée pour la transformer en . ermet au Car n les
j'expliquerai pourquoi), hérétiques et hérésies, répertoriées par le nou- ~i e » anonyme et impersonnelle. Ce qui P hérésies et cont~é
ve~u Code co1nme "délits contre la religion et l'unité de l'Église" h~~e~ de déplorer publiquement qu~ face ~:Îait avec une 1110 ra-
extstent, et on a prévu la manière d'en défendre /a communauté» tio 11etiques « on ne réagit pas ou bien on
(p. 24). extrême ».
Donc_. à titr~ personnel, en la qualité de « professeur », le cardi-
-'bus d é' I 1
nal RatZJnger du que l'J:glise, société parfaite par institution divine, u Pouvoir anonyme eccl 518 1 dont par e
N on » impersonne . devrait
le C ou~ devinons ainsi quel est ce «. e et sans nom QUI
(3) u Figaro, 8-9 juin 198S. (Citation retradui1e de l'i1alicn)
ardinal Ratzinger. Ce sujet sans visag
(4) Paris, Fayard, 198S, p. 24. .
'-::---
(Sj 11-1!
• qu . 39, a.2.
66 ~A TRADITION « EXCOMMUNIÉE»
CARDINAL RATZINGER: L'« ETAT DE NECESSITE" DANS L'EGLISE 67
réagir et ne réagit pas, ou I~ fait avec une <~ 11.1o~ération ext;ê1n~ >~,
même lorsque des ecclésiastiques dans les Sem1na1res ou Un1vers!tes a conditionné toutes les discussions a.vec Rome, Ccomd~~ n~~;zi~~~;
catholiques enseignent aux prêtres ou a~x futurs .prêtres gue 1~ Sainte vons le comprendre à la lecture du discours du a~ in . s là
Vierge n'est pas Vierge, que Notre Seigneur Jesus-Cbnst n .est pas et comme la presse « catholique » française L'a montre en ces iour - ·
ressuscité e1 n'es1 donc pas Dieu, que notre âme n'est pas 1m.mor-
teUe ... Avec toutes les conséquences prévisibles pour l'avenir.~~ Ce que le Cardinal Ra tzinger ne déplore pas
l'Église et le salut éternel des âmes. C'est cette même responsab11i~e
impersonnelle et anonyme qui fait qu' « un évêque qui avant le Concile . Le Cardinal Ratz.inger déplore do_nc. que 1orsque
bienles
onvérités
le fait de la
avec
avait renvoyé un professeur irréprochable à cause de son parler un foi sont mises en question, « on ne reagi~ pas ou Foi cependant, à
peu rustique a été après le Concile dans /'incapacité d'éloigner .un une modération extrême ». Dans Entre~ten sur la de la condition
enseignant qui niait ouverte1nent des vérités fonda111entales de la foi ». la Question de savoir « s'il lui avait cout~ de ffe~ de Rome.. .) à
Ce sujet impersonnel est réellement tel, ce n'est pas une personne_; de théologien (quoique sujette à l'attentt~n Vlgt ~ardinal Ra1zin-
fn
il est constitué par différents organismes collégiaux : c'est la colle- ce//e de contrôleur du travail des tl1éologiens », .e d'Égfise si mon
gialité, autre malheureuse découverte de Vatican Il. Collégialit~ ayant ~cr r~pond : « Jamais je n'aurais acC~f!té ce S!(vtc~ vec /a réforme'.
contraint les évêques, bon gré mal gré, à abdiquer le pouvoir pro- evoir n'avait consisté avant tout qu a contr~ er. . de décision qui
pre et ordinaire qu'ils ont de droit divin (6) pour le laisser à notre congrégation a conservé, b1·en ~ûr• des, ..,evoirs ·
disciplinaire, .mq1s
l'anonyme « responsabilité collégiale » des diverses conférences
épiscopales.
f 11
vent aussi entraîner des interven11011s d ordre objectif prioritaire
:,, M_otu Proprio de Paul VI lui donn.e comrn1e doctrine pour don-
Le principe de collégialité a également en levé aux évêques ~oute nerro/e constructif, celui de "promouvoir la sa/'Evangile" » (p. 20).
possibilité d'appel à Rome car le Siège Romain, dont la princ1p~le ge nouvelles énergies aux messagers 1~ dans l'esprit du Motu
~ne le Cardinal Ratzinger est tout à t~~
5'
fonction de par mandat divin est de défendre la Foi (llème concile Pro par lequel Paul. VI
de Lyon), lui aussi sacrifie quotidiennement ce devoir par respect. de téd~r~o lntegrae servandae de déce~bre mme Paul VI 11 a
la « collégialité ». Au point même que le Préfet de la Congrégation en u:~ t
1
à l'impu~ssance le Saint-Office. J0~t·e~iortations et. admo-
Romaine, qualifiée autrefois et à juste tit~e de « suprême » c~r ~Ile nire ' et une prédllection pour « la métho e tif rnai$ n 'obJ1ge pas,
a spécialement la garde de la foi et de la discipline dans l'Eglise, di '?Ils Qui réclame mais ne condamne pas, ave~aul VI qui dénon.c~
semble n'avoir d'autres armes contre l'erreur, comme nous-mêmes, le;'ge tnais ne commande pas » (7). Comme révèle une mentahte
qu· lll~ux de l'Église mais dans cet acte même t didactique» (8), le
que la simple... polémique. .
Conclusion : Aujourd'hui la structure de l'Église est profond:- l>r~/eduit l'autorité à une «jonction puceme;e la Foi dénonce fi~~
ment altérée : le pouvoir effectif et réel n'est pas, comme il devrait très et de la Congrégation pour la..Doctn~;inale mais il ne .le n~n
être, dans les mains du Pape et des évêques, il est accaparé par un Pas &raves atteintes subies en mauere do h · e mais des faits
pouyoir ecclésial anonyme et tyrannique qui a pu imposer une sub- des en tant que juge · il dénonce avec franc .15 condamner.
version totale en matière doctrinale, liturgique et disciplinaire sans Personnes, trop heureux de ne pas devotr . uve
que l'on sache exactement qui accuser et devant qui accuser.
· ·f se tropour
dans ~~ndant l'Église dépouillée de 5?n d~ malfaiteurs. C'estparmi
Ce « pouvoir anonyme » a également eu un rôle décisif dans C uvoir cœrciu
l' « excommunication » de Mgr Lefebvre. Cette sanction était atten:
due depuis longtemps par La « collégialité » épiscopale française qui Cela Clat d'une cité désarmée envahie Divin Fondateur, «
Que conformément à la volonté de son

(6) Cf. Vatican. 1. ~IWngtr 1828. 'è;j----


(8) ~·'P.A~erio, op.
Cl/., n• 66,
clt., n• 65, p. 129.
p. IJJ.
68 LA TRADITION "EXCOMMUNIÉE,, CARDINAL RATZINGER: L'« ËTAT DE NÉCESSITÉ » DANS L'ÉGLISE 69
les parties
les ac/es d intégrantes de la c.Iiarge. supre111e
• on a toujours cornpté ~esoi_n •. le pitoyabl~ état de ·J'Église et enlèvent tout espoir, au moins
et e gouver;:eine~lf, qui consistent à comn1ander et à obliger, 1mmed1a1, de renaissance. A la lecture de son discours il est évident
pu:a;~ ~~~ut~~~;~~~1: ~ e"J.~g1~e111ent des v~rilés de foi den1eurerait
0 1 q~e non seulement la liturgie et la doctrine catholique «après le Con-
10) reprendre , d co e. Pour 111a1ntenir la vérité il faut: cile » ont. été et sont encore défigurées très gravemc:nt, mais encore
1erreur 11 haut de la 1 · d' .
se fait en réfutant les c 1aire e11se1gner11e11t, ce qui. - et. ceci est beaucoup plus grave - que dans l'Eglise «après le
ne concluent pas . argunients de l'erreur et en dé111011trant qu'ils Concile ~ plus personne n'est responsable, ni comme accusé, ni
commt Juge, toute responsabilité personnelle étant diluée dans la
2°) écarter l'e;rant du p t ''/ « responsabilité collégiale ».
acte :J'autorité de l'Église. ose qu 1 occupe, ce qui se fait par un
. <;ela est évidemment anormal dans l'Église ; c'est un état ex1raor-
Sr cet acte d'autorité ifl . d~na1re qui autorise des mesures extraordinaires : « Si un organe
tate un "raccourcissemenf~nul u:ale. vient à ~nanquer (...] on cons· 11
Domini" (9). » e a inain du Seigneur, brevatio n1anus exécute pas ses fonctions essentiel/es et indispensables, les autres
r:ga".es ont le droit et le devoir d'utiliser le pouvoir qu'ils ont dans
Eg(ise pour que la vie de l'Église soit garantie et que sa fin soit
n est indéniable que le c . atteinte. Si les autorités ecclésiastiques s'y refusent, la responsabilité
veut pas dépasser les as ects lard1nal Ratzinger ne peut pas ou ne
Et l'aspect le plus grav~ d es plus apparents de la crise actuelle. des autres 1nen1bres de /'Église crofr, mais aussi leurs droits (10). »
pas dans l'existence d'hé ée. ce que ,lui-n1~me dénonce ne se trouve Le Cardinal Ratzinger lui-même atteste dans son discours que
cela a toujours existé. L':s s~es ~ 1 d héréttques au sein de l'Église: Rome n •assure plus sa fonction indispensable, et les évêques non plus,
~t que ces hérétiques et c P et ~ plus. grave et absolument nouveau ou bien ils se trouvent dans l'impossibilité d'utiliser le pouvoir qu'ils
d1fficul!é. Et cela parce es u~értsies pu1s~ent se f!i~ltiplier sans aucu_n~ Possèdent de droit divin dans l'Église pour Je salut des âmes. Donc
paralyse par un pontife ~ ~ pou~oir coerc1t1f de l'Église a ete le Ca~dinal Ratzinger lui-même prouve ainsi cet état de nécessité et
1
de ces libéraux qui _ é~riv~~t L/• qui a1"ait fait sienne la ment~iité le drou qui en découle, droit auquel s'est référé Son Excellence Mgr
tas - «reconnaissent l'É /' on X~ll dans son encyclique Liber· ~~feb~re le 30 juin 1988. C'est donc le Cardinal qui,yient ~o,n~rmer
1, •nexistence du fameux « schisme » et l 1nvahd1te de
na!ure et les droits d'une~ is~.. ·• rna1s .ne lui reconnaissent pas la 1excommunication ( J1).
faire des lois, de juger de oci~té parfalle ayant le pouvoir réel de . . .
ter, de persuader de g'ou punir, mais seulement la fiaculté d'exhor· Le Cardinal Ratzinger est-il sincè~e ? S'il l'est Il devrait ttrer de
rem ent s •Y assujettissent
' »verner
et q .ceux qui· spontanément et volonta1·· f~!l ~iscours la conclusion logique qui s'!~pose : tous les maux de
concept essentiel de cette s . ui <'. t:ar de tel/es idées dénaturent le reEgh.se et par conséquent l'état de i:écess1te ce~se~o~t lorsque, Ro!De
f~~r l~~~urorité, le magistèreoc;~~J1 vrne, ils en réduisent et affaiblis· deviendra Rome gardienne de la Foi et de la d1sc1pline dans 1Église.
Alors les évêques redeviendront des évêques car « le re/Bchement »
1 1 raie qui se perpétu~ malhuence ». Paul VI avait une menta·
Co eureusement chez ses successeurs. de l'autorité chez le Pape entraîne le relâchement de toutes les autres
nclusi oa l ogique autorités dans l'Église (12). . .
En attendant, en œuvrant et priant afin que J'~eure de ~a mJséri-
Les choses étant . . COrde divine sonne il est juste de renvoyer au Cardinal Ratzingcr son
foi » du Cardi ainsi dans l'Église 1 affirmation : dans le « cas » Lefebvre, pour le passé et pour le pré-
vent P nal Ratzinger mis à ' tous les « Entretiens sur a
rocurer à certains, ne' font Part la satisfaction qu'ils peu·
que montrer, s'il en était encore
19~'.0) G. May, No1wehr, Wlderstond und Notstond, Vienne, Mediatrix-Verfaa,
(9) Op. clt., n• 65, p. l28-ll9. H21) cr. Courrier de Rome, " Ni schismlliques nl exc:ommwüa ...
) R. Amerio, op. clt.. n• 65, p. 127.
70 L A T RADITION « EXCOMM UNllÔE » CARDINA L RATZINOER: L '« !ÔTAT DE NIÔCESSITÉ » DANS L'IÔOLISE 71
sent sans aucun doute, la responsabilité doit être attribuée au Saint Max Thurian pasteur calviniste de Taizé d~clara de même:
Sièg~ dont l'autorité de droit divin « plie el s'effondre sous les pous- qu'cc u11 des fruit; [du Novus Ordo] en sera peut-~tre que des com-
sées centrifuges de la nouvelle ecclésiologie dé1nocrat1sante » ( 13). niunautés non catholigues pourront célébrer la Sainte CÇène ~~ec les
inên1es prières que l'Eglise catholique »(15). C'es~ peut;tre d a.dlc;_~rs
pour cela qu'il n'a eu aucune difficulté à se faire or onner pre re
Promemoria pour le Cardinal Ratzinger catholique tout en demeurant protesta~!. admettait lui-même
l'Osservatore Roniano du ~ octo re . ortant en avant dans
1 1967
que cc la réfon11e liturgique a f au u~ pas im~chée des formes fitur-
En ce qui concerne le contenu de ce « discours sur la foi » pr~­ ie domaine de l'œcu111énis1ne et elle s est rappl'
noncé par le Cardinal Ratzinger devant la Conférence épiscopale chi- giques de /'église luthérienne ». . h 'stentialiste N.Abbagnano
lienne nous faisons brièvement observer ceci : Un observateur profa~e, ~e philosop e e~ mars 1983 :
écrivait dans le journal Jtahen. fa_ ~tainp~én~é de nombreux aspects
15
1) La question liturgique ne se réduit pas à la question du cc Le Concile Vatican ll _a él11nin ou a ochant de la participation
« sacré »
traditionnels du rite cat~oltq'!e en le jirap':fement du futhérianisme. »
Même s'il est célébré sans aucun abus et même accompagné de totale des croyants, qut avait été le on
chant grégorien, le nouveau rite de la Messe s'éloigne de façon
impressionnante de la théologie catholique de la Sainte Messe tout . . s sont en réalité des usages
2) Les prétendus « ab.us ». hturgique en réalité des usages auto-
en se rapprochant de manière non moins impressionnante de la thé~­ Les prétendus « abus l~turgigues. » sont t ès amples initiatives aux
logie hérétique protestante qui nie Je sacerdoce ministériel, la _Pre- risés par la mobilité du rite qui lais.se. de ~t sous-GomJ1lÎSSrons litur-
sence Réelle et le caractère Sacrificiel de la Messe en la rédu1san~ c?nférences épiscopales, à ses c~H!imissi~~~semblée » et de son « pr~­
à une simple commémoration. Les cardinaux Ottaviani et B~cci g1ques, et qui permet la « créativité ~~-~, que de si nombreuses céle-
dénoncèJent cela aussitôt et fermement : Je Novus Ordo « s'él~1gnde
de façon impressionnante, dans l'ensemble comme dans le détalf, e
:s
sident ». C'est en vertu de cette mo 1.1 collectives du <>Orps et du
bratïons se transforment en prof~?:.t~ de la Consécration n'est plus
la théologie catholique de la sainte Messe » (Bref examen critique
du Novus Ordo Missae). sang du Christ et <i!Ue m~me la va 1 1 ~ ·rté du rite fixé par Rome.
garantie comme autrefois par la sta 1 1

Les protestants de la Confessio11 d'Augsbourg et de Lorraine le 3) La séparation du Concile de la Tradition n'est pas le fruit
reconnurent eux-mêmes :
d'une valorisation excessive > comme l'affirme le Car-
cc li devrait être possible aujourd'hui à un protestant de recon- .
Ce n'est pas une « étroitesse de vue
. V 't·can Il [de la Tradi uon
> · )
nartre da'!S la célébration eucharistique catholique fa cène instituée d1na1
. · J~ .le concile a 1
Ratzinger, « qui· 1so
par le Seigneur [...] Nous tenons à l'utilisation des nouvelles prières et qui a provoqué l'oppos1t1on ». éellement séparés de la Tra-
eucharistiques dans lesquelles nous nous retrouvons et qui ont l'avan·
tage de nuancer la théologie du sacrifice (14)... » ?
. . Non. Certains textes du Concile soê~~er conciliés avec elle. n'est
dtt1on et ils ne peuvent en aucun cas mentaires donnent l 1mpres-
~as seulement que « beaucoup de ~om é et que ce qui ~·a précédé
s1on » qu'avec Vatican II tout a c ang tes du concile qw ont cons-
n, a plus de valeur. Non. 11 exi·ste des tex
(13) Op. cit., n• 322, p. 588.
(14) L '/tg/i# Ill Alsoœ, Janvier 1974,
Paris, N.E.L., 2• ~. 1981, p. 193·194.
cit~ par L. Salleron La nouvelle messe.
'
- La Croix, JO mai 1969, c11~
OS)- . par L• Salleron, p. 193.
72 LA TRADITION « EXCOMMUNIÉE »

titué un changement par rapport à ce qui précédait et qui nécessi-


tent par conséquent un choix : ou Vatican Il ou la Tradition. Des
textes comme Nostra Aetate pour les religions non chrétiennes, Uni-
tatis Redintegratio pour l'œcuménisme, Dignitatis Hun1anae sur la
« liberté religieuse » conduisent effectivement, et avec raison, « à se
demander si l'Église d'aujourd'hui est réelleme111 celle d'hier ou si
on l'a changé pour une autre '> sans même se donner la peine d'en
avertir les catholiques.
li existe un problème qui ne réside pas dans une excessive valo-
risation du Concile mais qui est - fait gravissime - de vouloir con-
cilier, contre toute logique, « des propositions incompaùbles » ; chose
évidemment impossible pour celui à qui « la perversion moderniste
de l'intelligence » c'est-à-dire « l'affaiblissement du sens logique » n'a
LA TRADITION, LE CONCILE
pas enlevé « la peur de se contredire ». ET LES <<TRADITIONALISTES >>
li est absolument impossible de présenter tout Vatican II comme
« une panic de l'entière et unique Tradition de l'Église et de sa foi ».
A moins que l'on ne veuille pour cela abolir les principes d'identité
et de non-contradiction ou inventer - ce qui ne nous étonnerait pas . (( Monseigneur Lefebvre ne comprend pas la réalité de ~a Tr~di-
outre mesure en cette époque propice aux « inventeurs » - une 11011. '> C'est ce qu'affirme le cardinal Ratz~nger, dans _une mterv1ew
notion toute nouvelle de « Tradition » dans laquelle il y aurait place accordée à la télévision italienne. Il poursuit: (< Le Saint-Père, dans
tant pour la vérité que pour l'erreur correspondante. sa lettre écrite à l'occasion du ternps pascal comme dans son "Motu
Proprio", a bien expliqué le concept de tradition e~ ~e fondement
du_ désaccord : il y a une idée très figée de la lra~!t1on Î_1Xée une
fois pour toutes dans certaines formules, et la trad~tion qu_1 est.une
Idée vivante toujours inspirée par une grande fidé/11~. ma_tS animée
aussi du dynamisrne du Saint-Esprit qui nous pousse tou1ours plus
Vers la vérité (1). » . . .
Et voici les textes auxquels se réfère le ca:-dinal R~tzin~er ·
1) « Tandis que la pre1nière tendance [le ' pr?gress1sm~. 1 sem-
ble reconnaftre comme juste ce qui est nouveau, I autre ~e conscr~
vatisme" ou "intégrisme"] au contraire ne tient pour 1uste ce qui

-- ABRÉVIATIONS
D:r.c. : Dictionnaire de th~logie catholique.
Dz.
: Enchfridion symbolorum, Denzinaer.
0.lt
: Osservarore Romano.
(I) li Sabato des 16/22-7-1988.
74 LA TRADITION « EXCOMMUNl~E » LA TRADITION, LE CONCILE ET LES « TRADJTIONALISTES ,, 75
est "ancien", le considérant co1111ne synony1ne de ta Tradition. Cepen- Tradi~ion. de l'Ég~ise, authentiquement interprétée par le Magistère
dant, .ce ne sont pas /"'ancien" en tant que tel' ni le "nouveau" e~clés1ast1que, ordinaire et extraordinaire, spécialement dans les Con-
.
en soi qui correspondent au concept exact de la Tradition dans la ciles ~cu111éniques, depuis Nicée jusqu'à Vatican JI. De cette
vie de_ l'J!glls_e. Ce c~ncept désigne, en effet, signifie la fidélité durable réflexion, tous doivent retirer une conviction renouvelée et effective
de l'Eglise a la vérité reçue de Dieu, à travers les événen1ents chan- de la nécessité d'approfondir encore cette fidélité à cette Tradition,
geants de l'histoire. L'Église, co1n111e le maître de 111aison de /'Évan- en r_efusant toutes les interprétations erronées et les applications arbi-
gile, tire avec sagesse "de son trésor, du neuf et du vieux" traires et abusives en matière doctrinale, liturgique et
(cf Mt. 13, 52), de1neurant dans une obéissance absolue à /'Esprit disciplinaire (4). »
de vérité que te. Christ a ~onné à l'Église co111me guide divin. Et
cette. œuvre dél1c~te de d1scerne111ent, l'Église /'accoinplit par son
Magistère authen~1que (cf. Lumen Gentium, n° 25) (2). » L'« ancien », synonyme de Tradition au sens objectif
~) <<.A la racine de cet acte schis1natique se discerne dans une
no~1on 1nco"!plète et contradictoire de la Tradition. Tnco1np/ète, parce «Le Saint-Esprit - déclare Vatican I - n'a pas été promis aux
qu el~e. ne 11e:it pas sufjisa111111ent compte du caractère vivant de la ~uccesseurs de Pierre pour qu'ils fassent connaître, sous sa révéla-
Trad111on qui, co1n1ne l'a enseigné claire1nen1 te Concile Vatican Il, tio11, une nouvelle doctrine, 1nais pour qu'avec son assistance ils gar-
"tire son ?rigi~e de~ Apôtres, se poursuit dans l'Église sous /'assis- dent saintement et exposent fidèlement ta révélation transmise par
tance de I Esprit Saint : en effet, la perception des choses aussi bien les Apôtres, c'est-à-dire le dépôt de la foi (5). »
Q,ue des paroles trans1nises s'accroît, soit par /a contemplation et Donc:
I étude. des .croyant~.qui les 1néditent en leur cœur, soit par /'intelli- . 1) La Tradilion (du latin tradere : transmettre) est la transmis-
genc~ 1n_térieure qu 1/s éprouvent des choses spirituel/es, soit par la sion de la Révélation divine.
préd~cation de .ceux qui, avec la succession épiscopale reçurent un 2) Le sujet de la transmission est Je Magistère infaillible, divine-
chal1sm_e cr;rta1n de vérité[ ...] ' ment assisté, et non pas le simple « Magistère authentique » (m~re
Jv!a1s ces~ surtout u;1e notion de la Tradition, qui s'oppose au authenticurn) (6) dono on parle, au contraire, dans les textes pontifi-
~<1gistère universel qe 1Église. lequel appartient à /'Evêque de Rome caux cités par le ~ardinal Ratzinger. . .
e au Cf!rps qes Évequ_e~, qui est contradictoire. Personne ne peu~ . 3) L'objet de la transmission est le « dépôt de la Foi » (Trad1-
res~er fidèl~ a la Trad1t1on en rompant le lien ecclésial avec celui a hon objective ou passive), dépôt qui comprend_: .
qèui le C~ris~, en la personne de l'apôtre Pierre a confié le minis- a) la Révélation divino-apostolique (obj~t ~rimai!e) ; .
/ re ~e 1u.nué dans son Église (3). » ' b) tout ce qui est présupposé par la Rév7lat1on d1vme ou qw se
.. L averhss7menl !":!Plique tous ceux qui, se réclamant de la Tra- trouve lié intimement à elle (objet secondaire? .(7). .
dition catholique, res1stent au nouveau cours ecclésial Nous exami- Dans un tel sens, objectif et passif, la ~~aditlon a été _défi~e par
1~ Concile de Trente, qui parle de « trad1t1ons (au plunel, c est-à-
~~~:d~ar con~uent, à la lumière de la doctrine cath~lique, J'ortho-
, a position de _ceux que l'on nomme « traditionalistes »· dire d'enseignements) (8) qui, reçues par les Apôtres de la bouche
D aut~t plus que le Saint-Père lui-même invite « tous les jidèleS
catholiques » à « réfléchir sincèrement su; lr!ur propre fidélité à la
(4)
Ibidem. . .
Vatican 1, Constitution dogmatique De Eccla1a Dei, J?z- 1836.
(S) .
. J6)1. Salavcrri S.J. : De Ecclaia Christi in Sllcrœ Theo/aga Summll, livre 11,
11
~ S~ <Pour le Magist~te « mtre authenticum » v. art. ffi, thàe IS), a.A.C.
(2) utlre de Jtan-Paut Il au ca d R . adrid ; cr. Billot : De Ea:/a/a, q. 13, thàe 26. _
IS-S-1988. ' • Oll.mger: la Documenlalion ca1ho/ique du (7) D:r.c. tome VI, mot ~~t th /11 Foi et tome XV, mot ~
(3) Motu Proprio Ea:luia Dei: la Doc. cath. 7121 _ _ . (S) B. Bartmann : ThÛJtoglt Dogm111iqu1, 11• ~ .. P· 47, ~. Paolioe.
8 1988
76 LA TRADITION « EXCOMMUNIËE » LA TRADITION, LE CONCILE ET LES «TRADITIONALISTES » 77

1né1ne du Christ, ou tra11s1nises co111111e de 111ai11 en 111ai11 par les Apô- u.n développement doctrinal légitime, mais ce qui Je conditionne
tres, sous la dictée de /'Esprit Sai11t, sont parvenues jusqu'à nous» rigoureusement.
ou de « traditions concernant soit la foi soit les 111œurs, conune Perdre de vue 1'« ancien», c'est-à-dire la dimension objective de
venant de la bouche 111ên1e du Christ ou dictées par le Saint-Esprit, la Tradition, signifie tomber dans ce subjectivisme dogmatique, de
et conservées dans l'Église catholique par une succession con_ii~ c~ractère protestant, typique du modernisme, qui réduit le christia-
nue » (9). Dans le même sens, objectif et passif, la Tradition a ete nisme << à un vague sentiment chrétien que l'on serait libre d'adap-
également définie par le Concile Vatican 1, qui reprend textuellement ter à son choix aux divers besoins ou aspirations des générations suc-
les termes du Concile de Trente (10). cessives» (15) ; cela signifie tomber dans l'évolutionnisme ou l'his-
4) L'assistance de !'Esprit de Vérité au Magistère n'est pas un loricisme dogmatique qui fait de la Vérité une variable dépendant
prolongement de la Révélation : celle-ci, contrairement à ce qu'avan- d~ (:histoire ; cela sig~ifie surtout perdre tout point de référence pour
cent les modernistes, est close avec la mort des Apôtres (1 1) . !1 d1sunguer la vérité catholique de l'erreur.
incombe seulement à leurs Successeurs de la transmettre et de l'exph-
quer, au sens étymologique du mot (explicare : déplier).
li s'ensuit que : L'attention à l' « ancien », condition de fidélité
- l'« ancien » est réellement synonyme de la Tradition au sens
objectif ou de l'objet de la Tradition, du « dépôt de la Foi » ; . . L'as.sistance de !'Esprit de Vérité, parce q~e telle précisém;nt .<~d=
- le Magistère, même infaillible, est « 1111 organe vivant », .m~1s Sisto : Je me tiens à côté) n'exclut pas mais présuppose 1 acuv11e
« non un organe de nouvelles vérités» (12) : tout acte du Mag1stere humaine : le Magistère infaillible a le devoir d'user d~ tous les moyens
e.st un acte de tradition, c'est-à-dire de transmission d'un conrenu Pour garantir la fidélité de la transmission, et parmi ces moyens, en
donné une fois pour toutes : le Magistère, de sa nature même, est Premier : .
«traditionnel» (13) : « 0 Timothée, garde le dépôt » ... « le dépôt a) la recherche et l'étude des sources de la Révélation (Écriture
est ce qui a été confié à toi, non découvert par toi ; tu l'as reçu, Sainte et Tradition Apostolique) ; · ·
tu ne l'as pas tiré de tes propres ressources. Il n'est pas le fruit d'une b) la nomination d'évêques éminents « amore e! s~uti10 doctnn~
intelligence personnelle mais d'un enseigne1nent ; non réservé à un a.b Apostolis tradilœ ac pari detestatione ~mnis novttattS » (16) (« pa
usage personnel 1nais appartenant à une tradilion publique. Il ne vient 1amour et l'étude de la doctrine transmise par les Apôtres comme
pas de toi, mais est venu à toi : tu ne peux pas, à son égard, _te Par une détestation égale de toute nouveauté»): 1
comporter en auteur mais en simple gardien. Tu n'en es pas l'initia· c) la consultation de théologiens tout aussi ~em~qu~bles re~~ ;~~
teur '!'ais le disciple ; il ne t'appartiendra pas de /e diriger, mais ton attachement à la Tradition et « connaissant bien .es r.:g es
devoir est de le suivre (14). » Ce qui n'exclut pas, nous le verrons, et désireux de les suivre » (17). . liée à l'assistance
C'~st donc la constante référence .à 1'« ancien »,/'É lise à la vérité
(9) Oz. 783. ~u Saint-Esprit, qui assure « la fidéllté dura:le d~ntsgde /'histoire »
(10) Oz. 1787. eçue de Dieu, à travers les événements c a~ge_ r
bili~ 1 ~l riz·J,~~7il,i 1S).' l656, 1705, 1800; pour la 1hèse moderniste, voir Lamen10·
dont parle le Saint-Père (2). Au point que, s1 viennent à manque

80J~;t,!·3~Pr.9~2~·fs.: Rivtlavone compiu1a con la morte degli Apos1o/i, in ore-


(13) Salaverri, op. t:it.
(15) 0 .T.C. tome IV, mot [)()g"!e, col. 1587·• 1 M A vacant: Le "'4istltt
(14) Saint Vincent de Lérins : Commonltorium n• 21 . saint Paul J Tim. 6, Franzelin · De divina Trodittone, tMse IX • · • ·
20-21: cf. Mat. 27, 20: I Tim. 6, 20 • 2 Tim J j4 . Ti ' J 9 I . G t J 8-9; de (16)
t·~r ·
J Jn 2 20 • 2 Jn 9 12 • o T C • · • • ri. , • 4 • a . , r) ise et ses organes, ch. V. Ouzzctti. Trattato di 1eologia t/omllfllllco,
· • • · • • · · · tome VI, mot Fol et tome IV mot Dép61 de vol 07 Vacam, op. cil. ch. IV. ; çi.e. ·
Io fol, col. S26 et ss. ; Ent:/c/o~/a t:allo/ico, moi Tradiiione. ' 1
' • pp, 160 Cl ss., ~- Manetll.
78 LA TRADITION « EXCOMMUNl~E »
LA TRADITION, LE CONCILE ET LES «TRADITIONALISTES » 79
l'amour et la fidélité envers 1'« ancien », !'Esprit de Vérité empê-
che par une assistance purement négative, qu'une définition erro- 1ion ; nous, nous puisons, comme à une source prochaine, au Magis-
née' ne soit proclamée par le Magistère infaillible (18). . . tère infaillible de l'Église, et le Magistère infaillible, à son tour, puise
Au magistère authentique, en revanche, c'est-à-dire au Mi;tgist.ere aux sources lointaines et dernières de la Révélation (22).
qui se prononce au degré où il n' est pas infaillible, aucune assistance, Le titre de « Tradition vivante » ne peut, en revanche, d'aucune
ru positive ni négative, n'est assurée pour chacun de ses actes : !a façon s'attribuer au Magistère authentique, non infaillible ; l'examen
sécurité de la doctrine reste uniquement dépendante du souci humain de l'objet proposé par ce dernier à notre croy~c~ est non seulement
de se rattacher à la Tradition. Celle préoccupation, par conséquent, licite, mais peut même devenir nécessaire. L'Egli~e, en effet, ~o~s
est pour le Magis1ère au1hen1ique un grave devoir de prudence. Et, qu'elle exige pour le Magistère infaillible un ~en.tunent fern:ie, 1rre-
en effet, le Magistère, qui s'exprime en général à un degré où il n'~l vocable inconditionnel demande pour le Mag1stere authentique u.n
pas infaillible, propose e1 inculque « la plupart du te111ps ce qui.·· assentidient relatif et c~nditionné : conditionné, surtout, par la fid:-
appartient déjà à la doctrine catholique» (19). lité de l'enseignement proposé au dépôt de la.Foi ~23)_. Et c'est Io~;
La prudence du Magistère authentique conditionne l'assentiment que : « l'ordre de croire fermement sans examiner l ob1et f.;:J.i n_e pe'
des fidèles : « l'assentiment prudent excluant habituellement tout doute obliger vraiment que si /'autorité est infailli~le >? ~), et 1 glise n a
fondé» que l'on doit en effet à ce Magistère est << légitimé par la jamais attribué au faillible les droits de l'tnfadhble (25).
haute prudence avec laquelle l'autorité ecclésiastique agit habituelle-
ment en celle occurrence » (20).
Vatican Il : l'examen de l'objet est licite et nécessaire
. . a.uthenti·que non infaillible,
Vatican Il est un acte du Mag1stere
La « Tradition vivante » : Magistère infaillible et non Magistère
authentique caractérisé en outre par la plus grande imprudence.

Ceci posé, il est clair que les théologiens p0stérieurs au XVHl' siè-
cle, quand ils mettent l'accent sur le sujet de la Tradition, et do?c • Non infaillible
sur le Magistère en tant que « Tradition vivante », parlent du Magis- d J XXIII la notifica-
tère infaillible (21), dans lequel il ne fait pas de doute que 1'0bJet . L'attestent : le disc0urs d'ouverture e ean ) les 'actes mêmes
de l'enseignement, en vertu de l'assistance divine, s'identifie avec .le t1on du Secrétariat du Concile (16 _novem~re {9y64 dès la clôture du
du Concile, les affirmations répétees de .a~ans les textes considé-
1
« dépôt de la Foi », c'est-à-dire avec la Tradition au sens objecuf.
Néanmoins, dans ce même Magistère infaillible, sujet et objet de C:oncile (26), Sa Sainteté Jean~Paul Il, qw i ue » et, enfin, le car-
la Tradition restent bien distincts: le Magistère infaillible n'est pas r:s, parle seulement de « Mi;tgistère au:ent ~ à la Conférence épis-
~ource, en lui-même, de la Révélation ; il l'est seulement pour nous.; d1na1 Ratzinger lui-même, qui, dans le scour
il a, à son tour, sa source dans !'Écriture Sainte et dans la Tradi- copale chilienne, a admis :

(18) D:T.C. tome VI, moi Foi, col. 162.


(19) P~e XII : Humani Gtntris ; cf. Dom Paul Nau : Une source doc1tinote : (22) D.T.C. tome VI, mol Foi, col. 16 1 ; Gu=tti ·· op· cit. tome 1, p. 208.
les encycliques, ~. du Ctdrc, Paris.
((23) Salaverri : op. cil. T C tome VI mot Foi, col. IS3 et ss ;
(20} D.T.C. ~ IV, mot tglise, col. 2209 ;
vern S.J. : op. eu.
Dom Paul Nau : op. cil. ; 1. SaJa- ~ 24) Bi1101 : De Ecclesia, tome XVII ; 0 · · · '
laverri : op. cil.
<2!>. D.T.C. tome XV. !ROI Trad/lion ; Joseph Ratzinger : Chiesa. ecumenismO coli 962
:~j • pour Paul VI, du 7-~Z.,..;
e pol111ca, p. 80, M. Paohne. ((25) D.T.C. tome VI, mol Foi,
A • 26) Pour Jean XXIII, O.R. du ..;~
1 R 'c1u 21-1-1966.
·<>.S., 1966, S1 ; audience du 12-1- """' 0 • ·
80 LA TRADITION "EXCOMMUN IÉE» LA TRADITION , LE CONCILE ET LES «TRADITIONALISTES » 8J
.
« La vérité est que le Concile lui-r11ê111e n'a défini aucun dogrne d'anciennes hérésies ont réapparu en ces années, présentées comme
et qu'il a voulu conscie1111nent s'expri1ner à un niveau plus modeste, des nouveautés!) serait toujours, quoi qu'il en soit, meilleur que ce
silnplement con1n1e un Concile pastoral (27). » qui f,,.ét~ ou qu~ ce qui est. G_'est 1:anti-esp~it selon lequel l'histoire
La forme « extraordinaire » en laquelle cet acte du Magistère de f cglise devrait co1111nencer a par//r de Va//can JI, considéré comme
authentique s'est exercé, à savoir celle d'un Concile œcuménique, n'en une espèce de point zéro (30) ».
accroît pas l'autorité, puisque celle-ci dépend du degré (infaillible ou ~e ce qui pré~ède, il résulte que l'examen de l'objet proposé par
« simplement » authentique) et non de la forrne d'exercice du Magis- Vaucan Il est necessaire.
tère, qui peut être ordinaire, c'est-à-dire liée au simple exercice de
la fonction papale ou éP.iscopale, ou bien extraordinaire. C'est pour-
quoi on trouve dans l'tglise un Magistère ordinaire infaillible et il L'imposture
peut exister, comme cela est advenu avec Vatican Il, un Magistère
extraordinaire simplement authentique, non infaillible (28). Exiger pour Vatican Il, Magistère authentique non infaillible,
li résulte que l'examen de l'objet proposé à notre acceptation par l'assentiment aveugle dû au seul Magistère infaillible constitue - il
Vatican li est licite. faut le dire - une imposture : c'est attribuer au dernier Concile une
autorité que l'Église ne lui reconnaît pas et que même les hommes
d'Église ne se sont jamais risqués à lui reconnaître apertis verbis.
• Caractérisé par la plus grande imprudence Polémiquant contre les protestants, S. Harent écrivait : « Même dans
''.ordre ecclésiastique el religieux, on conçoit encore un tribunal faif-
. ~atican Il es.t un acte du Magistère authentique non infaillible, ftbfe, pourvu qu 'if se contente de rappeler les v'érités déjà définies
guide, de surcroit, par des Évêques non éminents « a111ore et studio ou professées par tous /es chrétiens, d'en urger l'application par des
doctr-inœ ab Apostolis traditœ ac pari detestatione omnis novita- mesures disciplinaires, des excommunications: mais qu'un tel tribu-
tis » (29), c'est-à-dire par l'aHachement à la T~adition et l'ho~reur nat prétende trancher définitivement et sans appel une controverse
de t?ute nou~eauté, mais bien plutôt éminents « amore et studio de foi, c'est-à-dire une question nouvelle et librement diseutée, et
om~1s nowtatis ac detestatione doctrinœ ab Apostolis traditœ », c'est- veuille par sa décision obliger /a foi chrétienne, la foi souveraine-
à-d1r~ .par un .« prurit de nouveautés » et par la détestation de la ment fern1e et inébranlable à aller dans un sens plutôt que dans un
0~tre, c'est te faillible usu:pant ce qui ne convient qu'd l'infailüb/e,
Trad1t10~ ; guidé aus.si par des « théologiens » - les vrais auteurs
du Concile - a_utrefo1s condamnés par le Saint-Office parce qu'acc:ou- c est une tyrannie des consciences (31). » . . .
tumés à déprécier les règles de la Foi, comme le postconcile l'a irré- C'est à cette prétention et même à une pretenuon prre que se trou-
futablement démontré. Cette caractéristique de Vatican II est attes- vent aujourd'hui devoir résister les catholiques. Pire, parce que ce
tée a.vec autorité par le cardinal Ratzinger: A ce « vrai » Concile.·· Que l'on veut de manière inadmissible leur imp'!ser n~ concef!le pas
« d'J.d.lor! des s'ances, puis de plus en plus durant la période qui Une matière nouvelle et soumise à la libre d1scuss1on, IJlllJS une
a. su1v1, s est opposé un prétendu "esprit du Concile" qui en réa- matière, au contraire, déjà tranchée, comme nous le verrons, par le
/lié, ~n est un véritable "anti-esprit ". Selon ce pernicieux' Konzi/s- Magistère de l'Église.
Ungeist, tout ce qui est "nouveau" (ou présumé tel: combien

(27) Carel. Ra•n<1ger ·' Discours d la


30-7/S-8-1988.
(28) Salavcrri : op. c11.
(29) Franzdin : op. cil.
c0 ·v'irtmce
•' ip/scopa/e Chilienne, cf. fl sabolO
----
WiJ(JO) J · Ratzinger : Entretien sur ta foi, p. ~6, Paris, 6d. Fayard, 1981. a. R.
1acn : u Rhin g jttll dans 14 T//Jn, Pans, adre, 197.S.
(li) D. T.C. 1ome VI, mot Foi, col. !SS ; Amerio : Iota l/mlln, NBL; Pldt;
82 LA tRAOITION cc EXCOMMUNIÉE » LA TRADITION, LE CONCILE ET LES « TRADIT!0NAL!STES » 83
Jamais rien d'absolument nouveau tion » (34), en bref, toutes les œuvres dans lesquelles le Magistère
de l'Église a pris pour ainsi dire, corps au cours des siècles et s'est
Vatican 1 déclare : fait sensible aux yeux des fidèles : livres liturgiques, normes, dis7ipli·
«La doctrine de foi que Dieu a révélée, n'a pas été proposée naires institutions ordres religieux, églises et monuments, devouons,
à l'esprit des ho1nmes con11ne une découverte philosophique à p~r­ pratiq~es de chari'té de zèle ou de piété, vies des. Saints canonisés,
fectionner, niais comn1e le dépôt divin, confié à /'Épouse du Christ, vie des fidèles dociÎes à la voix de leur Mère l'Eglise, civilisation,
pour qu'elle le garde fidêlen1e11t et le déclare infaillible1nent. En con- coutumes, langue et arts des peuples chrétiens, etc.. (~5?·
séquence, le sens des dog111es sacrés gui doit toujours être cons~rv~ Il arrive, par suite de circonstances dive~ses :--: heres1es, obsc.ur-
est celui que notre Mère la sainte Eglise a déter1niné, et ja1na1s ~I cissement d'une vérité enseignée seulement 1mplic1tement ou t~c1.te­
n'est loisible de s'en écarter sous le prétexte et au nom d'une intelli- ment, etc. _ que, du Magistère implicite, l'?n pas~e au Mag1s1e~e
gence plus profonde. » Suit l'anathème correspondant : « Si quelqu'un explicite ou que devienne nécessaire le re19u~ a 1';!1s~1g~en:ie!1t ~pres
dit qu'il est possible que les dog1nes proposés par l'Église se voient de ce que, pendant un certain temps, l'Eglise s ~tait. limit~e .a p~o­
donner parfois, suivant le progrês de la science, un sens différent poser tacitement (36). Ainsi, par exem~le •. qua!l? 1bglise faisait pner
de celui que l'Église a compris et comprend (intellexit et inteUegit), Pour les fidèles défunts elle enseignait 1mplic1tement le ~ogm~ de
qu'il soit anat hême (32). » l'existence du purgatoir~; et quand, à partir de cette pratique lit,u~
L'« ancien» donc, est à ce point synonyme de Tradition, que gique, fut explicité le dogme du purgatoire, i! '! eut P~~age, d e~t
rien dans la doctrine de l'Église n'est jamais substantiellement et abso· enseignement implicite à un enseignement explicite ; mai~ 11 ~ r t
lument nouveau. Le « nouveau » qui y apparaît, en vertu du déve- Pas nouveauté au sens propre. On peut en dire auta~t u Jima •
loppement ou de l'explicitation doctrinale, est un nouveau acciden- implicite dans la pratique du recours à Rome, ou bi~n, ~v::~:
tel et relatif : de l'immaculée Conception, implicite dans la Materrute ~
- ou bien, c'est le passage d'une formulation moins précise et
moins complète à une formulation plus précise et plus complète ; Marie, etc. . . M istère e~plicite
~n exemple du retour. ~u Mag1~tère tacite au 1~8 lise, au Con-
. - ou bien, c'est le passage d'une foi subjective (!ides qua C1'~­ se füt au sujet de la Trad1t1on prée1sément, quand g des protes-
d1tur) et d'un enseignement moins explicite à urie foi et à un ensei- cile de Trente, en définit la notion exaete à l'enc~~~eent au temps
gnement plus explicites (33). tants, notion qu'elle s'était c0n~enté~ d~ proposer ;a.~~ de la doctrine
L'Église peut, en effet, exercer son Magistère : de la Scolastique où il y avait co!nc1d:nc; P:;t a~rai que « l'Église
• de manière explicite (documents du Magistère, théologiens « con·
firmés », catéchismes, prédication, etc.) · catholique avec la 'fradition. En resum ' s 1~ ·êcles les formules
n'est pas un robot qui répète à travers es si mais qu'elle est
• de manière implicite (pratiques, spécialement liturgiques, lois employées par le Sauveur et. pa~ ses A~lô~e:>:>~t qui accommode
disciplinaires) ;
« comme un maftre vivant qui sait ce qu ·ns des diverses géné-
.• de manière tacite, enfin, parce que l'Église propose toujours l'e~seignement divin à l'intelligence et aux =~t successivement les
tacitef!!ent à chaque génération le dépôt tout entier de la foi : « tout ratio!ls, en en variant la. forme, en en r:toex, ressément à croire des
ce qui a été cru f/.epuis le temps des Apôtres... tout ce qui est con-
tenu dans la Sainte ltcriture et dans /es monuments de la Tradi- mu.1t1ples aspects, « éclatrant et proposa és 1',, quelque sorte parmi
Points restés d'abord dans /'ombre, noy

(32) Dz. 1800, 1818. (34) D.T.C. tome IV, mot Égli#, col. 2194 ; Vacant : op. dl. dl. III.
tome(33I)V~.,:.to~ '"
f·. 9S ; D.T.C. tome IV' mot Dogm~ col 1641 ss et
• """' uc,,., u~ c!'· ,01, col. S27. ' · D
(~S) Vacant : op. cft. .
( 6) Franzelin : op. XXJll• Vacant : op. dt.; D.T.C. tome IV, tD0t
cit. thèse •
01me.
------- -~- -~·- -

84 LA TRADITION « EXCOMMUNIËE » LA TRADITION, LE CONCILE ET LES «TRADITIONALISTES» 85

d'autres points dont on ne pensait pas à les distinguer », il est aussi • Forme i~pl!ci~e : «_nouvelle » ou plutôt « nouvelles » liturgies,
vrai que << cette proposition explicite n'est qu'une 1nanière d'affir- « nouvelle » d1sc1phne (s1 l'on peut encore l'appeler ainsi) « nou-
1ner avec plus de clarté, plus de précision, plus de certitude, plus velles » pratiques ; '
d 'insistance, les vérités révélées qui ont toujours été crues au 1noins • Forme tacite : tous les documents ou « monuments » du Magis-
ùnplicitement » et que l'Église transmet la Révélation divine à cha- tère précédent se voient dévalués, abolis ou ensevelis dans l'oubli,
que géné.ration. «sans rien n'y ajouter ou retrancher » (37). D'où, cependant qu'une doctrine tout à fait « nouvelle » prend corps et
et maigre le developpement doctrinal de 20 siècles ces mots de P ie se fait sensible à nos yeux en des « monuments » tout à fait
XI_!, qui pouvait écrire q~e l' Église « re111plit la ;nission qui lui a « nouveaux ».
éte confl_ee d~ conserver a travers tous les siècles, dans leur pureté Dans une telle irruption de « nouveau », puisque le Magistère
et leur 1ntég~l/é,_ les vérités :évél~es ; c'est pourquoi elle les trans- infaillible se tait, et puisque le « prurit de nouveautés» (dont sont
met, sans a~terano'!, sans y nen a1outer, sans y rien supprimer » (38). manifestement affectés les textes de Vatican li, l'épiscopat en géné-
. Conclus10~ : s1 l'Église peut se comparer au père de famille qui r~J ainsi que ses « théologiens » de confiance) impose de prudentes
tire. de so_n tr~or des c~oses anciennes et des choses nouvelles, il reste reserves sur le Magistère « authentique », les catholiques ont le devoir
v~a1 aussi qu elles_ les tire de l'unique trésor de la Révélation divine face à Dieu et donc le droit imprescriptible face aux hommes de se
ou elles se trouvaient les unes comme les autres contenues : explici- demander si ces « nouveautés » sont des développements ou des cor-
tement pour les choses qui nous paraissent « anciennes » et implici- ruptions de la doctrine, <c si l'Église d'aujourd'hui -; i;>Our le ~ire
tement pour celles qui nous paraissent « nouvelles ». Tout autre comme le cardinal Ratzinger - est réellement celle d hier ou s1 on
<~ nouv~au », t_out « nouveau » qui ne serait pas réductible à l 'a changée contre une autre sans les en aviser» (39).
1 «ancien »! loin d'être un développement n'est qu'une corruption
de la doctrine catholique. '
L'opposition à 1'« ancien », signe de corruption doctrinale

Vatican Il : l'irruption du « nouveau » En de telles circonsrances, les cath01iques ne s0.nt pas, en fait,
démunis d'un critèFe objeclii qui leur peFmette de d1seerner le déve-
Et ~e~tic:n Il ,r_narque ~ne irruption du « nouveau >) dans l'Église. loppement légitime des corruptions doctri~alc;s.
. st, deJà en soi, une nouveauté sans précédent dans l'his- Le critère à portée de tous est enseigne a) par les Pères de
tco!re du développement doctrinal, toujours lent graduel pondéré. l'Église ; b) par l' unanimité des 'théologiens réellement c:atholiques,
un «nouveau » qu·1• à partir Qui <c connaissent les règles de la Foi » ; c) par la prauque et par
cileest est · d u Concile et' au nom' du Co11-
s'e;pr1·mevelenuMse. mèanifest~r ~ous toutes ces formes en lesguelles le Magistère infaillible de l'Église. . . .
ag1st re ord1na1re : a) Parmi les Pères de l'Église il suffit de c1t.er _saint .v~ncent de
• Forme explicite ·• << n0uveIl es » doctrines
chismes . ,
« nouveaux >> eate- Lérins (v• siècle). Dans son Commonitorium, qui VJse ~recJSément. à
• « nouve11e » théololie ' r7chercher une « règle sOre » qui permette a~ catholiques de dis·
« relectures » des Pères d , li• « nouve 11es » interprétations ou hnguer la vérité de l'erreur en des temps où « I ast~ce des !'ouveaux
e 1 g se et même de la Sainte Écriture ;
hérésiarques commande une vigilance et une attention tou1ours plus
grandes », saint Vincent de Lérins écrit :

((33~) BuVacanllet : op. t:it: ch. 1•


Mun/fkentissimus /Nus Cf M .
du dOlfM catholique ; L. Billot s J : ~ ann-Sol~ 0 .P. : L 'bolution homogtne (39) Il Sabato des 30.7/S-8-1988 ; pour le droit des ft<Wcs. cf. AIDCdo ; laM
nam lunslm evolutlonisml. · ·• / mmutab//11a1e Tradi1ionis contra moder·
Utrum.
86 LA TRADITION « EXCOMMUNléE » LA TRADITION, LE CONCILE ET LES «TRADITIONALISTES » 87
«Quelqu'un dira peut-être: a~cun !?''?grès de la religion n'es~ b) Parmi les théologiens vraiment catholiques, il nous. plaît de. citer
donc possible dans l'Eglise du Chrtst ? St, 1/ faut un pro_grès et gran le cardinal Newman car sa pensée a été travestie par les_ modernistes.
dissime ! Qui serait assez enne1ni des hon1111es e~ d~ D!eu po_u; ten- Parmi les critèr;s énumérés pour disti~guer entre de~el~ppe~ent
ter de /'e1npêcher ? A condition, pourtant, qu '11 s agisse ver1table- légitime et corruption doctrinale, l~. card~nf, Ne;:~~v~~o~~~!~nts
ment de progrès pour la foi et non de changen1ent. ~ _ « /a possession initiale de lég1t11nes 111 ices
La caractéristique du progrès est qu'une chose croil en den1eu- futurs » ; , · · conserver la
rant toujours substantiellement identique à elle-même ; celle du chan- - « la tendance des développernents posferteu:~u~eau » tend à
gement, en revanche, consiste en ce qu'une chose se transior1ne en doctrine précéde1nrnen1 possédée » : lorsque e « ésence d'une cor-
une autre. exclurc 1'« ancien », on se trouve certainement ~n 1:non lérinien.
« Que croisse donc, et progressent largement et intensé1nenl, pour ruption doctrinale (43). C'est,. en. sub.st,~ce, ratique de l'Église dans
chacun comme pour tous, pour un seul ho1nrne comme pour ~oufe c) C'est le même crit~re qui a 1 ~sp~re. adfstinguer la Vérité catho-
l'Église, selon le degré propre à chaque âge et à chaque temps, 1'1ntel- tous les Conciles dogmatiques appliques a
ligence, la science, la sagesse, mais exclusivement dans leur o~dre, lique de l'hérésie. . . te discussion - le Magis-
dans le même dogme, dans le rnême sens et dans la mên1e pense~. » Finalement - et ce~1 coupe court a tou_le Vatican I, fait sien le
Commentant ensuite l'exhortation de saint Paul à Timothee : tère infaillible de l'Église a, _lors du C~n~~s la Constitutio de flde
<< Garde le dépôt qui t'a été confié, fuyant les profanes nouveautés canon lérinien, le reprenant httéralemen
de parole» (1 Tim. 6, 20), saint Vincent de Lérins explique : . catholica : ernent et intensément, pour
« Les profanes nouveautés de parole sont les nouveautés relafl· « Que croissent ... et progressent lar7 homme comme pour toute
ves aux dogmes, les opinions et ce qui est en opposition avec la Tra- chqcun co1nme pour tous, po~r un seu e et à chaque te1nps, /'intel-
dition et l'antiquité (40). » .. 7
l'Eglise, selon le degré propre a cha9ue 0 ·vement dans leur ordre,
En ceci réside la valeur indiscutable de la règle ou canon len· ligence, la science, la sagesse, rn~is ex~:;s;t dans lâ même pensée_:
nien : dans le fait de montrer que l'harmonie ou l'opposition avec dans le mên1e dog1ne, dans le rneme se demque sententia. » Sull
l'ancien constitue le critère pour discerner avec sûreté ce qui est pro- in eodem sci/icet dogmate, eodem sensu, ea
g~~ de ce qui est corruption de la doctrine : si, dans le champ ~e l'anathème correspondant (44). . ·sées on peut affirmer que
l'Eglise, apparaît un « nouveau » qui s'oppose à l'ancien, il ne s'agit Bref si dans les limites ci-dessus preci ve'l''es '> et « des choses
l'Eglise •tire• de son trésor « des c,hoses nou
· 1
plus alors d'une vérité tirée de son trésor, mais de la zizanie, de la t tirer ·et 'qu'elle n • en urera

mauvaise herbe de l'erreur, semée par l'ennemi (Mat. 13, 24-30) (41) .. ~nciennes », il est certain qu'~lle n en ~~faillible, des choses !louvel-
Alors point de doutes : « c'est à l'ancien qu'il faut se tenir: s~ Jamais au degré où son Magistère e~l . de l'Église catholique -
la nouveauté est profane, l'antiquité est sacrée» ; c'est la nouveaute les op~osées aux anciennes. Dans l'htst~~~asteur anglican, et ~ fut
qui doit cesser « de jeter des soupçons et d'accuser l'ancien » : c'est écrivait le futur cardinal Newman, enc~ve des Évêques contredisant
la nouveauté qui doit cesser de « molester et de persécuter l'ancien » ; là le motif de sa conversion - .~nlit~oen contradiction avec. d:autr~
ce n'est pas la foi ancienne qui doit cesser « de s'opposer de toutes d'autres Évêques, des Pères de 1 g s êmes mais on ne voit J~ais
ses forces à la nouveauté » (42). Pères de l'Église et même avec eux~m « e~ tant qu'oracle du c1e~ »
que l'Église, au degré où elle s'e~pr~!-même (45). Quant au Magis-
(Magistère infaillible), se contredise
,, Christian doctriM; et. D.T.C.
(40) Commonitorium, "°' l, 2, 23, 24. (43) Ncwmann : Essay on 1h t -'e~/optnent
11'
OJ
(41)IV,Franzelin
tome col.lhàe
: op. ci1.,
mot Dogme, 1606XXIV
et ss.
:~ vero sensu canonis Vinœn1iani; D.T.C. tome IV, mot Dogme, col. 1634. anlÎIDodcmiste.
(44) Dz. 1800, 1818 ; cr. Scnnen1
(42) Commonilorium, n• 32. (45) Ncwmann : op. cil.
88 LA TRADITION « EXCOMMUNll!E » LA TRAOITION, LE CONCILE ET LES « TRADITJOl'IALISTES" 89
tère simplement authentique, c'est à la foi et à la prudence des hom- lité n'est pas moins promise à l'Église que pour les vérités apparte-
mes d'Eglise qu'est remis le soin de ne pas « soutenir exactement nant directement au dépôt de la foi (52), ceci pour l'évidente raison
le contraire de ce qui est écrit en clair dans les docutnents du Magis- qu'il est impossible de nier ou d'ébranler de quelque manière ces véri-
t~re » (46) ; reste, enfin, à la foi et à la prudence des fidèles le droit tés, sans nier ou ébranler, par conséquence logique, les vé~ités révé-
de confronter le Magistère d'aujourd'hui et celui d'hier (47). lées auxquelles elles se rattachent. C'est pour cela que meme « ces
e11seignen1ents non révélés sont garantis par Dieu c~mme _certa~ne­
ment vrais par le fait mê1ne de /'institution du Mag1st~re 1nfa1/f1ble
Le « nouveau >) de Vatican II : corruption doctrinale et non progrès de l'Église » et que « /es négateurs opiniâtres d'un ense1g_nement non
révélé, proclamé par /'Église co1n1ne vrai pourrai~nt être aisément pré-
Quand s'ouvrit Vatican JI, l'Église jouissait de la possession sécu- sumés rebelles à /'autorité même de l'Église clairement affirmée par
laire, ininterrompue et indiscutable de doctrines explicites relatives : la Révélation et, en conséquence, opposés f ormelfement a la Révéla-
- à l'œcuménisme et, en particulier, à la situation des sectes héré- tion elfe-même » (53). . . . . ,
tiques et/ou schisma.tiques, du judaïsme et des fausses religions ; - En outre à l'ouverture de Vatican Il, l'Église JOU1ssrut d un~
- aux rapports Eglise-Etat et, en particulier, à la notion précise li turgie qui étalt l'expression intègre et non équivoque de la foi
de « liberté religieuse » et à la tolérance des faux cultes (48). li ne catholique. - dans
s'agissait pas - qu'on y prenne garde - de questions ouvertes, lais- La pratique liturgique - nous l'avons vu - est le d~mrune
sées à la libre discussion des théologiens. Certaines étaient des doc- lequel le Magistère implicite de l'Église s'exerce au premier chef" ~e
trines explicitement ou implicitement révélées, contenues dans l'Écri- qui permettait déjà à Gennade de Marseille ( + 493), de rorm~~~1 e
«Principe constam1nent et universellen1ent rec~nnu_par : !r: 1~ f;
t~re Saint~ : la caducité de !'Ancienne Alliance depuis Notre Seigneur
Jesus-Chnst! par exemple, qui est attestée par les Évangiles et les 5
chrétienne: ut /egem credendi /ex statuai supp/ic~ndt .» ( )(à I'exclu-
lettres de saint Paul (49) ; pour légitimer le nouveau cours le cardi- de la prière établit la loi de la foi » : les textes 1.•tur~iques s'entend)
nal Willebrands s'est d' ailleurs vu contraint de nier la val~ur histo- Sion du Novus Ordo et des nouveaux livres hturgiques, d la
rique des Évangiles (50) ; ou encore, la condamnation des fausses reli- < monuments » e
comptent parmi les p1incipaux documents ou <
gi0ns qui repose sur l'Ancien et le Nouveau Testament · 0u l'uni- Tradition (55). . . l'œcuménisme et des
cité de l'Église du Christ (51 ), etc. ' Dans ces trois domaines de la hturg_ie, ?e ent le « nouveau »
. D'autres. doctrines étaient des conclusions théologiques, c'est-à- rapports Église-État, s'est répandu part1cuhèrem sé hostile même
~rr~ des vérités connexes à la Révélation divine, appartenant donc ~u Concile, un « nouveau », malheu~eusement, 0~).~nt toujours fait
1nd1rectement au depositum fidei, et au sujet desquelles l'infaillibi- l'ancien. En effet, si l'Église e~seigne, coi,n~ est unique et qu'il
1es hommes d'Église jusqu'à Vaucan I l, ,que e 'quence les autres
n'r ~ pas de salut en dehors d'elle ; qu_ en C::~~e des sectes, « ég/i-
so1-~1sant « Églises )> ne sont pas des Éghs~esséchés » (saint Augus-
((467)) J. Ra.1iingcr : ~ntrtlien sur la foi, pp. 26 ci ss. ses tllégitimes » (saint Irénée), « sarments
4 Ameno : op. c11.
his~~u~o~~ 1:nJ~~T~;· ·~hm!. IV, mot Église, col. 2212 e1 ss. l'excellent excursus
cr. aussi mois Toléranceca1 ~l~uc sur les rapp0ns Églisc-E1a1 depuis les origines; l820 ; 1mmortal1 Dt/, DL
(491 Pranc:e&co S d r e rté, col. 701 cl ss. C52) Cr. Quanta Cura, Oz. 1699; Valica~! 1 Di.
DT C tome IV, œot Dogme,
Libertà 186, 93100 ~a ~ o_ra : Crisfiane.simo e Oiudaismo, ~d. K~inon, Via della 1880 ; lamentabili : 1• proposition condamn • · • ·
(SO) S Id/ 1
a amsseua. COI. 1577 et ss et mot Eglise, col. 2196.
pred/c1Jll7on:S: nef:!'::,:::;/~1~ P'é:e.;:.ntaûone degl/ Ebrei e dell'Ebraismo ne/Io (53) D.T.C. 1ome JV, mot Dogm1, col. 1577'
(SI) Francesco Spadat . ~a ie.sa cat10/lca '" in O.R. des 24/2S-6-t.98S. (54) Ibidem, tome IV, mot Égllst, col. ;i,180.
ora · uori della Chie.sa non c·~ salveua, M. Krinon. (SS) Pie XII : Mediator Dti.
90 LA TRADITION " EXCO MM UNl~E »
LA TRADITION, LE CONCILE ET LES « TRADITIONALISTES» 91
tin), et que les individus, au bénéfice d'une ignorance invincible, ne seule Église catholique au concours de l'État et ~r~nd fin le. devoir
peuvent se sauver qu'en vertu de l'appartenance de désir à la seule
vraie Église, alors on ne peut d'aucune façon tirer de celte doctrine, de l'État d'empêcher le culte public des fausse~ ~e~g1_ons! devo_ir r;m-
avec Vatican II, que « ces Églises et Co1n1nunautés séparées... ne s~nl placé par l'obligation de les favoriser sans d1scnm1nat~on ; 11 ? est
nullement dépourvues de signification et de valeur dans le 1nystere plus même question de parler de « tolérance ». Notre Se1~7ur Jesus-
du salut » el que « l'Esprit du Christ, en effet, ne refuse pas de se Christ, en résumé, n'a plus Je droit de régner sur les soc1étes coll1!11e
servir d'elles co1n1ne de 111oyens de salut » (ingénieuse trouvaille de sur les individus, bien que Pie XI, en institu~t. ~a fête du Chnst-
Karl Rahner S.J .) (56) : on ne le peut d'aucune façon, parce que la Roi, ait exhaustivement démontré que cette vente se fond~ sur la
doctrine « nouvelle » exclut clairement l'ancienne et touche aux vérités Sainte Écriture et sur la Tradition catholique et, donc, _qu ~lie est
rév~lées qui ~o~~-tendent cette dernière : si les « Églises illégitim~ » une vérité de foi divinement révélée, encore que non definie (6!).
deviennent leg1umes, dans les « sarrnents desséchés » court la seve On peut s'arrêter là : les « nouveautés » du_ Concile ne sont p~s
~e la ~râce, alors l'Église du Christ n'est plus l'unique, ni n'est pl~s des progrès mais des corruptions de la doctn~e ; et toutdcecqui,
.,
durant le postconcile s'est fait par la h1erarc hie au nom fiu on- d
1_« u_n1que arche de salut » (57). Dans le postconcile ensuite - l'appe-
Ut vient en mangeant -, au nom du décret conciliaire Nostra Aetate, cile mais en oppositi~n avec la Tradition catholique, le con irme e
'.. irréfutab!e _: de la « r_éun1on
!"1~~1e~e . de pi;ere
·· » d'Assise
l'É liseet ·usqu'à
des autres
m~me les rel!gions non chrétiennes se sont vu promues au rang de la
voies au moins « ex~ra,ordi_naires » de salut (58). . 1m11at1ves œcumen1ques toujours prohibees par g ' J Con
Autre exemple : s1 1 Éghse enseigne comme les hommes d'Éghse r1qu1dat1on
· · des derniers É, fats cat holi ques avec les « nouveaux »
hes relatives à-
l'on~ toujours e_nseigné jusqu'à Vatican' Il, que Notre Seigneur Jés_u~­ cordats, en passant par la supl?ression ~es ~~ :t~:s l'hymne des
1~ R · etc A quoi
Chnst, .étant Dieu, a le dr?it de régner non seulement sur les il}d1~1- la royauté sociale de Notre Seigneur Jesus-
dus m~1s encore sur_ les sociétés, et que, en conséquence, seule l'Eg~~e Premières et secondes vêpres de la fête du C~nst- ao~in e; est allé
cath~hque a le droit naturel et' divin au concours négatif et pos1t1f ~on insister ? Il suffit de penser que le ~ardin:~o~que s~r les rela-
de 1 État, _concours dans !~quel entre aussi le devoir d'empêcher. ~e J~squ'à déclarer « périmée » (62) la do~tnne ca emente aux origines
culte p~blic d~s fa~sses religions - sauf motifs de prudence p.ohtJ· tions Église-Etat · comme si une doctnne qui r · ·erée J'infail-
que qui co~sellle~a1ent de les tolérer _ alors, on ne peut d'aucune ~e .1'.~glise (48) p~uvait être Fejetée sans que soit aussi reJ
façon. déduire de cette doctrine, avec Vatican II, l'existence d'un hb1hte de l'Église. d'aucune façon tenir pour
« droit » de la _personne humaine à ne pas être empêchée de profes- . . 9uant à la nouvelle liturgie, on ne peut descendants, appliquant
ser, « en pu~h~ » et « associée à d'autres >), des croyances faus- :egu1me un Novus Ordo à propos d~queJt 1 la loi de ta foi >» con-
ng;.
se,s (59), ru 1 ex1~tence d'un «droit » identique (c'est la thèse erro- e Principe susdit : « la loi de la I?rtère ,t_
li~e professa une foi plus
ne~ de LaT!Ienna1_s, de Maritain et de tous les modernistes libéraux) 1
cluront que, vers la fin du xx• siècle,. §acrifice de Ja Messe (63).
qui appartiendrait aux s~ctes et aux fausses religions (60). Protestante que catholique dans le Saint
é .;:i-<~ n.~:velle_ >i doctrine exclut clairement l'ancienne et atteint la
v n e r ve e qui a sous-tend : s'évanouit, en effet, le droit de la

714.
(56) Unitatls Redintqratio, n• 3.
(57) Oz. 1647 ; cf. 1V• Concile d La
u Iran, Dz. 430 ci Concile de Florence,
oz
·
--- ((661) Pie XI : Quas PrimtJ!· .
p . 2) J. Ratzinser : Les prmctptS de 0 Dt Habitudùte E«/tSÏll
=
l thlologit ctztholiq_ue, P· 24~. ~
.t aru ; cf. Billot : Dt Ecclesia Christi, tome ~ lise col. 2212 et ss.
(SS) J • Ratzinger : Entrttitn sur la foi
(59) Dignitatls humaniz n 2
(60) Ibidem, n• 4. ' . .
· Ocie1a1em, ainsi que O.T.C. 1ome IV, mol :om' renvoJODS à tout ce que nous
a,0(63) Pour de plus amples d~yel!>P~R~mano AJnCrio, op. dl. sur les 111111a-
lio ns tcri1 depuis quinze ans ainsi qu ·~e
ns substantielles dans l'Église au xx• SI •
92 LA TRADITION « EXCOMMUNlé E » LA TRADITION, LE CONCILE ET LES «TRADITIONALISTES» 93
Aucun « discernement » de I' « ancien » tamment dans l' Église, les Conciles dogmatique~, eux-mêmes, dans
lesquels tes Évêques ct11n Petro et sub Petro, s1egent en t~nt que
11 ne sert à rien d'invoquer sur ce point un pouvoir de « discer- i11dices fidei, c'est-à'.dire comme ceux qui déf~nissen~ la Foi, n'o~t
nement » propre au Magistère. Un tel pouvoir, en effet, s'exerce sur qu'un droit d'examen approbatif ou confirmatif, mais non un dr~1t
le « nouveau » pour en définir l'homogénéité ou l'hétérogénéité en d' examen dubitatif ou de mise en doute (67). Comm~nt un acte . u
regard de 1'« ancien » ; il ne s'exerce sur 1'« ancien » que pour l~ Magistère « authentique » non infaillible, tel que Vaucan 11,daurait-
confirmer et le reproposer, ceci parce que l'« ancien » est ce « tre- . • e seulement e reve-
il le pouvoir de nier, de meure en do~te ou '!1~m aine constante
sor de farnille » qui ne doit pas être dissipé mais gardé et transmis nir sur les décisions ou sur une doctrine explicite, cert '
avec un soin jaloux (64).
dans l'Église ? . · Concile contredit ce
Aucun « discernement », en conséquence, ne revient au Magis- Il s'ensuit que, sur les points où le dernier . . ar-
tère en ce qui concerne les doctrines déjà définies par le Magistère qui, dans la Sainte Église, a été c~nstamme_nt e~sei:"âee~:~~~ ~eli­
extraordinaire infaillible (Pape ex cathedra ou Concile dogmatique)_; ticulièrement en matière d'œcumén1sme, de J~dais~t' les catholiques
aucun discernement non plus à exercer en ce qui a trait aux doctn- gions, de liberté religieuse et de rappgr~s É~h:eJat~c~ Il aucun res~
nes explicitement, constamment et unanimement enseignées et rete- certains moralement de l'erre~r, ne oiven ( S) . bien au con-
nues dans l'Église, parce que ces doctrines, aux conditions énonc~~· 6
pect religieux interne ni un silence !~~pectueu; reco~rs à l'autorité
engagent, tout autant que des Conciles dogmatiques ou des déf1n~­ traire, la foi catholique étant en peri .e~ t~~ manifester publique-
tions ex cathedra, l'infaillibilité de l'Église in docendo (Magistère ordi- s'étant révélé vain, ils ont le devoir precis . er que l'on se com-
naire infaillible) et in credendo (infaillibilité passive des croyants). ment leur désaccord (69). Se co~port~r ~ut'e;:; 11 une autorité qui
Les remettre en quest.ion, en effet, (( conduirait nécessairement à dire porte autren1ent signifierait attribuer a a 1
que tous les fidèles de tous les te1nps, tous les saints, les chastes, ne lui revient pas.
les_ ~ontinents, les vierges, tous les clercs, les prêtres, les évêques, les
m1llters de confesseurs, les années de rnartyrs, un si grand nombre re un désaccord hérétique
de cités et de peuples, d'îles et de provinces, de rois, de royaumes L' « ancien », critère de discernement ent
et de nations, en un rnot l'ensernble du rnonde incorporé par la fot et un désaccord catholique
Cf!tholique au Christ, qui est la tête, durant un si grand nombre de . . abstraction des nombreUJ<
siècles, aurai/ fait preuve d'ignorance, se serait trompé, aurait blaf· Donc, même si l'on voul~it faue t lar ement tes portes avec
phémé, sans savoir ce qu'il devait croire» (65). Alors qu'il est ,sur « abus » (70) auxquels le Conclle a ouver ~ui avec les seuls tex-
qu'aucune erreur ne peut surgir dans l'Église sans susciter la reac- son « prurit de nouvea~tés »_, le <( no~~~aus: n'~t pas un dévelop-
tion d'~~ certain nombre, ffit-il limité, de croyants, qui perçoivent tes conciliaires, a fait 1rrup1ton da!ls c~rru'ption doctrinale.
1;0Ép~os1uon avec le ~agistère précédent (infaillibilité passive de Pement légitime mais une aut_henu~1e était nécessaire :
1 glise~ ; tout comme 11 est sOr que, dans un délai relativement court, Quatre faits le confirmeraient s 1
le Magistère la rejettera cette erreur comme un corps étranger au
dépôt de la foi (infaillibilité active) (66) .
. C'est pour ce!a qu'en matière déjà définie ou donnée pour cer- Saint Uon le Grand : utttt
taine par le Magistère, ou encore seulement enseignée et crue cons- r
·•tScol66S;c.
(67) D.T.C. tome Ill, mot Conc ' '11 ' • Ealesio
d Théodore/ P.L. 1. IV,. col. 1048. . De EccltSia n• 968 et ScbultcS ·De
(68) Salavcrri : op. c11. et Siraub · ad 2; Aaaio :
(64) V~t : op. cit. ch. 4. a. 67, s, 4 C. htologique Ua·ll&:, q. 33 a. 4
(65) Saint \l_incent de Urins : op. clt. n• 24. (69) Saint Thomas : Somme 1 ' cJdU#IM.
(66) Fram.elin : op. dt. thbe XII et XXIII ; Billot : op. cit. q. 13, t. 26. op. cit. l Con/lrtllœ lpls;r;OJ1llle
(70) Card. Ratzinacr : D/scOUfS d 0
94 LA TRADITION « EXCOMMUNIËE » LA TRADITION. LE CONCILE ET LES « TRADITIONALISTES» 95
I) Le « nouveau » de Vatican II est à ce point nouveau que l'on C'est une signification totalement contraire que revêt le désaccord
peut, comme tous le font, y compris le cardinal Ratzin~er, en don- progressiste, M · t· onstant de
ner avec précision l'acte de naissance : (« avant le Concile », « après a) parce qu'il ne rend pas témoignage du agis ere c .
le Concile») (71. Or, c'est le propre des erreurs doctrinalc:s ?'~tre l'Église mais pousse, au contraire,_ · a• 1e con1r edire '· l'assentiment ou
.. ils n'en
datées, ce ne l'est pas de la Foi catholique, qui, comme le disait iro- le dissentiment n'ont pas, dans l'~glise, une valeu~;r~~~~ ou une
niquement saint Athanase aux évêques ariens, n'est pas un « docu- ont une que dans la mesure où ils attc:stent une Magistère anté-
ment impérial » (72). opposition du Magistère actuel de l'Éghse. avec s~n t l'infaillibilité
2) Le nouveau de Vatican Il est si nouveau qu'il a, dans tout rieur ; ,l'Église, en. eff~t? ~:~t pa~ une, d~~-~~=t~n ~ffet du Magis-
le monde catholique, comme l'a admis le cardinal Ratzinger, provo- des fideles est une 1nfa111ib11ite passive, c es a
qué la réaction du « sensus jidei », avec, comme conséquence, la_ r~p­ tère infaillible. . . , ·ne la valeur hérétique
ture du consensus unanime en matière de foi, dont jouissait l'Eglise b) Ici encore, c'.est 1'« ancien '>.qui. dete~ ut aucunement met-
avant Vatican li (73). Et la réaction du « sensus jidei » chez les catho: ou catholique du desaccord des fideles '.on n bte reconnaître comme
tiques suffisamment informés de la question (parce que s'atten~re .a t.re sur le même plan la ~< tendance » qw « r:n:endance qui rejette le
une réaction équivalente chez ceux qui ne sont pas informés equi- Juste (seulement) ce qui est n_ouveau" et osition à 1'« ancien».
vaut, selon l'expression de Melchior Cano (74), à demander la c?u- « nouveau » pour la seule raison de son o~p ouveau que loin de
leur d'un objet à un aveugle), cette réaction donc du « sensus fi~e.1 », 3) Le « nouveau » de Vatican Il est ~~é~ ,, ( ) lutt~ pour la
79
étant l'écho du Magistère infaillible de l'Église, est un des criteres « conserver la doctrine précédemmen~ poss éculer l'a~cien " préten-
de la divine Tradition (75) : c'est le « 1nurmur populi » dont p~rle chasser et ne cesse de « 1nolester et e pers de « s'opposer de tou-
saint Augustin, murmure du peuple qui se lève quand la « quest10 » dant que c'est à la «foi ancienne " de cesser .
est de nature telle qu'elle ne peut échapper à la connaissance popu- tes ses forces à la nouveaut.é » (80). . nouveau que l'Église l'av:iit
laire (76) (c'est le cas de la « réforme » liturgique) ; saint Hilaire p~le 4) Le « nouveau » de Vaucan Il est St on « trésor », c'est-à-dire
de (< aures populi sanctiores quam corda sacerdotum » (77) : d'oreilles déjà rejeté en tant que corps étranger à s. en effet, repren-
du peuple plus saintes que les cœurs des prêtres, quand ceux-ci, ayant 11
à la Révélation divine. Les textes de Vaucanatière d'œcuménisme,
abandonné l'intégrité et la pureté de la Foi catholique, enseignent nent, souvent littéralement, ~es erre~r~ e~ : et des autres soi-disant
des choses qui sont contraires à ce que ces oreilles étaient accoutu- de relations Église-Etat, de « libe!1é reli~~~us arrément absurde ~ême,
mées à entendre ; c'est, en bref, l'expression de l'infaillibilité pas- « libertés modernes » Or il est 1mposs1 • e,éc par l'Église, puissent,
sive par laquelle « quand on touche à quelque chose qui regard_e la Que des erreurs, déJà . · combattues
' et reJetareselle comme des ~rogrès
foi, les esprits en sont nécessairement troublés : on touche a ce dans un second temps, être r7connues ~ trompée hier, ou bien elle
moment-là à l'Église dans sa partie la plus vive et la plus sensib~e doctrinaux (8 J) : ou bien !'Église se serwt
et /'Esprit de vérité qui l'anime ne permet pas que des nouveautes se tromperait aujourd'hui.
de ce genre surgissent sans opposition » (78).
de « nouveautés »
L'assistance du Saint-Esprit à l'Église en temps •
(71) Ibidem.
M istère d ,« hi"er » et infail
celui
(72) De Synodis 3-S: MG 26, 68-88.
// Sabato 30-7/S-8-1988; Amerio : op. cit.
, Si Je dilemme en~re le. a~e Magistères tous deux •
(73)
(74) De lacis theologlcis. d « aujourd'hui » se poswt au ruveau
(7S) Franz.clin : op. cil. •hhe XII ; D.T.C. 1ome IV moi Église col. 2212 SS·
(76) QJn1ro lulùznum. ' '
(77) Contra Aucmtium. (79) Newmann : op. cil. . ., n• 32.
(78) Bossuei : Œuvrer compl,ta, ~. Viv~ 1867, 1. IV, col. S26 ss. (80) Saint Vincent de Urms =,!f· J' ia
(81) D.T.C. tome IV, mol Dl,,.,t e
foi col. 526.
'
96 LA TRADITION « EXCOMMUNIÉE » LA TRADITION. LE CONCILE ET LES «TRADITIONALISTES» 97
. · · une définition prononcée
libles, la foi des catholiques serait soumise à une ép,reuve. vraiment matière doctrinale éq~1~aut en prat~que ~cette conviction, le Magis-
insupportable : nous nous trouverions, pour la prem_1ere fois, devant par un Concile œcu1!1en1~ue do~matique j· itement définie par Vati-
ce qu'il ne fut pas donné à Ne~vman, enco~e ~ngh~an, de trouver tère infaillible l'a f~1te s1enn1.t,et~n ~::1~r~inaire et universel» (83),
dans l'histoire de l'Église, à savoir que celle-ci, s exprimant « en !an/ 1
can 1 dans sa menuon du « fagi~. ment théologique sur Je Magis-
qu'orac/e du ci.el » se ser~it contredite _elle-m~me. ~a!2 ~n nus?~ qui a donné le départ à l'appro on isse ·
de la divine assistance, qui n'est pas moins presente a 1 tglise main tère ordinaire infaillible. . . . . du Magistère d'« hier»,
tenant, Je dilemme, malgré un Concile œcuménique, ne s~ ~ose pas Il faut alors conclur~ à. la su penon1e istère extraordinaire mais
au niveau du Magistère infaillible. Nous savons, avec. l '~glis7,. que infaillible, encore qu'ord1nai~e, sur le Mage au devoir pour le catho-
l'infaillibilité est assurée à chacun des actes du Magistere 1nfa1U1ble, seulement authentique de Vaucan 11! et ~~net le Magistère d'« hier»,
non du Magistère authentique ; pour ce dernier, la sûreté de la doc- lique, face à l'oppositi_on entre Vatican
trine reste directement proportionnelle à l'amour et à l'attachement de se tenir à ce dernier.
à l'ancien chez le sujet du Magistère, et donc à la diligence humaine
de ne rien enseigner qui ne soit conforme à la Tradition, et elle est
inversement proportionnelle à l'amour des « nouveautés » et à l'aver- L'Esprit de Vérité et Vatican II
sion pour la Tradition (82). Ce qui ne veut pas dire que, lorsq~e .~ osé nous pouvons, dans
l'amour pour les « nouveautés l> et l'aversion pour la Tradjtion p~e~ A la lumière de ce qui vient d etre exp e Î'Esprit de Vérité s'est
valent chez les hommes <l'Église, l'assistance de !'Esprit de V~nte une vue surnaturelle des choses, supposerdqu · me à l'égard des défi-
ferait défaut à l'Église. Cela signifie que, dans une telle situa~1on, servi de l'aversion typique du li~éralo-mo ~;n~agistère inf~lible ~e
cette assistance garde l'Église d'énoncés « infaillibles » errone~ et nitions dogmatiques pour empec~er 9ue où du côté humain, eXJ~­
garantit que l'erreur, éventuellement apparue, ne pourra pas s'i~s­ l'Église ne soit engagé dans un o~ci 1e~és :rronés. Et c'est là l'um-
taller sans susciter de l'opposition et, surtout, ne s'installera pas defi- taient toutes les prémisses pour ~es en~; Vatiean I 1, ou plus exacte-
nitivement. C'est, en résumé, non une assistance particulière, gara~­ que assistance, purement négatn'.e, q peut revendiquer de la part
tie hic et nune pour tel acte déterminé, dans telle circonsta1tce pfe; 11
ment l'Église à l'occasion de_ Vatica~ d'~xpliquer aussi cet~e anomal
cise, mais une assistance générale, à l'Église dans son ensemble e de !'Esprit de Vérité. Et ceci p~rme d s l'histoire de l'Église auque
non aùx divers actes particuliers du Magistère, assistance qui ne ~e lie de l'unique Concile œcuméni.CJue ~~traoFdinaire, mais seulement
revient certes la quali~é de Ma_gi:t~ ~fble.
vérifie qu'à longue échéance, dans le fait de la conservation i_nalte-
rée du « dépôt de la Foi », nonobstant les éventuelles vicissitudes authentique, c'est-à-dire non in ai 1
contraires. C'est pour cela que, tandis qu'un seul acte du Magistère
authentique ne peut revendiquer pour lui la note d'infaillibilité, ~ette
note, en revanche, affecte sfirement le Magistère authenuque Le postconcile : paralysie du Magistère ordinaire .
d' « hier » dans sa continuité : sa constance, son universalité, sa con- P1us
sonance avtt la Tradition, confirmée par le consentement unaniJJle, . . ostconc1'li aire,
d . qui depws
.
En ce qui concerne le Magistere maruère plus ou moins exp I-
r
postulent l'infaillibilité active et passive in docendo et in credendo de vingt ans ne cesse de reproposer' e
de l'Église. C'est pourquoi les Pères d'e l'Église et les théologiens
« confirmés » affirment qu'une croyance constante et unanime en
• Saint Augustin : Contn
. . c/t. n• 28 et 29 •
. . • _ cit. ; D.T.C.
(83) Saim Vincent de Unns · op.
Jli:
. vacant et SaJavcm · op • VaticaD 1 :
lu/ianum, lib. I 7, 30-3S et lib. Il IO,
f
mot Illfaill~~
tome IV, moi tglise, col. 2193 t~~~re de Pie IX à 1
~'Monaeo élu
(82) Fr•nzdio, Billot, Bossue1 : op. cit. ; D.T.C. 1ome IV, moi Église, col. 221 2
et ss. ~; Filius, c. 3 (Oz. 1792) ; c · e .
lt-12-1863 (Oz. t683); lmmortale Dei.
98 LA TRADITION « EXCOMMUNIJ;E » LA TRADITION, LE CONCILE ET LES «TRADITIONALISTES » 99

cite les textes erronés de Vatican Il, il faut exclure de la fa~o.n la tur approbatur » (88), « ce a, quoi· on ne résis · te pas'1,.on tallation dans»
l'approuve
plu~ absolue qu'on puisse parle~ de Mag~stère ordin.ai~e infa1~b!e, et, dans la présente conjoncture, ce serait approuver ms
puisque lui fait défaut le caractere essentiel du Mag1stere ordinaire l'Église d'une collection d'erreurs. . , torisent nullement
infaillible, à savoir la continuité avec la Tradition, attestée par le On précisera que vingt ou trente. a.nnees n au . t admis
COl\ientement unanime des fidèles. . à parler de Magistère ordinaire infaillible ; selon ce q~!h~oire de
En effet, pour l'infaillibilité du Magistère ordinaire, il est requ~s unanimement par les théologiens .C89), et a~tantt ~~~) l'infaillibi-
avant tout << que la vérité enseignée soit proposée telle que prece- l'Église l'atteste (crise arienne, schisme d'Occid~~ 'de b~ucoup plus
demment définie ou telle que toujours crue 011 adn1ise dans lité du Magistère ordinaire se mesure su.r u{~j~~ tous de Paul vr
l'Église » (84), le Pape et les Évêques, dans l'exercice de leur fonc- longue, pariiculièrement .en tem~s de c~iseC grégation 'pour la Foi,
cion ordinaire, étant « testes Fidei », témoins de la Tradition (8). 0 r, à Jean-Paul II, y compris le P~efet de a on ile est une période
les nouveautés conciliaires : 1) ne peuvent pas être proposées d~ 1a le cardinal Ratzinger, ont admis que le postconc
manière sus-dite ; 2) ne le sont de fait pas ; elles sont, au contraire, de crise dans l'Église. , . tican Il a faussé l'exer-
imposées au mépris du Magistère antérieur au Concile et de la Tra- . Enfin, la crise ouv~rte dans 1. É~lise pari "._a . en effet, se trouve
dition en général, et au nom d'un Concile présenté - selon le mot c1ce régulier du Magistère o!d!na1re. Ce ui c~~ laquelle : .
paralysé par la fausse collég1ahté, en vert~ droit divin de l'Ép1s-
du cardinal Ratzinger - comme un « superdogme [alors qu'il n'e:51
même pas un dogme) qui seul a de l'i1npor1ance » (85). Dans la meil- 1
a) le Magistère ordinaire! P.ersonne et t s~ planté par le pseu~o~
leure des hypothèses, ces nouveautés sont présentées comme des ~<pro­ copat « dispersé» dans les d1oceses (~!~, es P s autorité, dépouille
grès » doctrinaux (86), ce qui est impossible puisqu'elles sont 1ncon- magistère, d'invention humaine, d'un episcop:~ s~nférences épiscopa-
ciliables avec la doctrine traditionnelle ou même lui sont ouvertement de responsabilité personnelle (92) ~t agréged théologiens imbus de
opposées. les manœuvrécs, comme le Conc.1le, pa[fro~tément les règles de la
L'infaillibilité du Magistère ordinaire est en outre confirmée par « Nouvelle Théologie » qui mépnsent e .
le consenlement unanùne de l'Église qui en atteste la continuit~ ~vec Foi (46). . e .ropre au P0nt1f~
la Tradition. Or, le Magistère postconciliaire n'a jamais bénéfJ.c1é et b) La juridiction sur l'Église univer~ell 'rlr,1!1"tie entre « celui
ne .bénéficie pas de ce consentement unanime; publiqueme.nt .deux Romain, apparaît aujourd'hui, com1!1e pre~lfe et les Églises loca-
Éveques, Mgr Marcel Lefebvre et Mgr de Castro Mayer, a1ns1 que qui s'appelait autrefois le Souverain Po~{e n'avoir d'autre aut.o-
des prêtres et des fidèles de toutes nations - comme a dû l'admet- /es » (93). Et même alors que Rome sem e des Conférences épis-
tre le cardinal Ratzinger (87) - en dénoncent la contradiction avec . sur l'épiscopat que
nté ' pour ava1·1~er l'œuvr
» de confiance n'~es1ten · · t pas
la doctrine «précédemment définie... ou toujours crue et admise dans copales, celles-ci et leurs « thé?logiens œ Vitœ _ le Magistère papal
l'Église». Et ici, les « traditionalistes », fils fidèles encore que méc0~­ à contester publiquement - voir Hutna~ . il ne reste, de fait, au
nus d~ l'Église, prennent conscience, s'ils ne l'ont déjà fait, du devoir en continuité avec la Tradition catholique '
de résister au nouveau cours ecclésial au nom de la Tradition, gu~l
que puisse être le coût humain de leur résistance : « cui non resisti·
. Io ids. 1. S c. 4 ·
(88) Melchior Cano O.P. : De locis iheo g · o) de J'ab~
(89) D.T.C. 1omc IV, moi Église. uable ~ude (pro manuscnP'
(90) Il existe sur la question un remarq C D et 322 A.
2193(84)
Cl D.T.C.
ss. lome VII, moi lllfolflibili1é du Pope - 1ome IV, mol Église, c0l. Mareille. . Mansi 1• SI, col. 224
(91) 02. 1683, Valican 1 ~· 1792 · oi p. 6S et ss. . Ya/klln &!. du
(92) J. Ra12inger : Entre11en su'w~~,{~~ dOl}Cilme ~ "'JtïMroirtS' da juill
(85) li Sabato 30-115·8·1988.
(86) Cf. Acta Synodolia Sacrosanct/ Conci/ii Œcumenici Voticani Il impr. l'oly· (93) Raymond Dulac : La col/If Le flfO(/tr1tJstM. oclll"' ur d as.
glotte Vaticane, vol. Il, pars V, p. 492. ' Cèdre, Paris; R. Th. Calmel O.P. : ocrat# dallS l'EJll# » pp. 422
(87) Card. Ratzingcr : li Saba10 op. cit. l 974 : Amcrio : loto Unum, « La dlm
100 LA TRADITION « EXCOMMUNl.;E » LA TRADITION, LE CONCILE ET LES «TRADITIONALISTES» 101
Successeur de Pierre qu'un « prilnat d'honneur », une «présidence Normalité et anormalité dans l'Église
vaine » (94).
Les fruits de ce pseudo-magistère épiscopal et de la renonciation En temps normaux, même le Magistère authentique non infailli-
par le Pontife Romain au Primat de juridiction effective sur les « bre- ble, en vertu de la préoccupation prudente de ne rien enseigner qui
biS.J! et les «agneaux», c'est-à-dire sur les Évêques comme sur les ne soit en harmonie avec ce qui a toujours été enseigné, cru et admis
fidèles, se concrétisent par la diffusion sans frein de doctrines témé- dans l' Église, constitue pour les fidèles une règle sûre de foi. Dans
raires, fa~sse~, ~roches de l'hérésie et même hérétiques, ceci par le cette normalité bienheureuse les catholiques se reposent confiants sur
canal des 1nst1tu11ons et des moyens qui devraient enseigner et répan- le condensé, commode et so'r, que I.e Magistère authenùq~~ leur pré-
dre la Foi catholique : Universités pontificales Instituts catholiques, sente des sources de la Révélation (Ecriture Sainte et Tracli~on). Dans
catéchismes (le « Nouveau Catéchisme Holland~is », « Pierres Vivan- cette bienheureuse normalité, tout recours aux sources ultimes de la
tes », 1~ « nouvea~x .» c~téchismes italiens, etc.), presse et bulletins Révélation, règle lointaine de la Foi, est superflu : chaque ~~te d~
« catholiques », . pred1ca11on, pratiques liturgiques, etc. Magistère ordinaire, même « simple111ent » authent19~e, ne s 1d:nu-
« La corruption des dog111es - écrit Romano Amerio et personne fie pas moins que le Magistère infaillible à ~a !rad1t1on ~lle-meme,
ne sera en mesure de le contredire - se répand dans le peuple par cela non en vertu d'une infaillibilité qui serait sienne, mais en vertu
le moyen du clergé et de la presse catholique (95). » de sa fidélité à 1'« ancien» : les fidèles sont certains çl'e_nten~e r~ten­
C'est là ~e nœud de la crise postconciliaire dans l'Église : l'impo~­ tir dans la voix de leurs Pasteurs la voix de toute l'Eglise, JUsqu aux
t~r~ ?e V~t1can II est prolongée par l' imposture de la fausse colle- Apôtres et à Notre Seigneur Jésus-Christ. Au~un doute que les P~~
gu~_lite, qui,. altérant ~a structure divine de l'Église - comme le recon- teurs - selon Ja défini~ion que saint Aug_ustJn don~e de la Tra~:
nait le Cll;r~1nal Ratz1nger (96) - la rend en fait impuissante à défen- lion - gardent ce qu'ils ont trouvé dans l'Eglise, enseignent ce qud1 s
dre la Venté autant qu'à la prêcher. Et c'est aussi le point doulou- Y ont appris et transmettent à leurs fils cie qu'ils ont reçu es
reux .= beaucoup de catholiques sont trompés ou bloqués dans la juste Pères (100). · tho
r~actio~ de l~u.r sens~s jidei, par le « préjugé j avorable » (97) envers Aujourd'hui cette bienheuveuse normalité est enleve~ auxd~a. -
~ autoI.ité lég1tni:ie, bien qu'exercée de manière en fait illégitime ~t liques, qui voie~t leurs pasteurs légitimes .dissiper. et laisser J~s!p~~
irrégulière, t.and1s que les catholiques décidés à conserver et à témo1- ce qu'ils ont trouvé dans l'Église, contredir: et lais~~r co:it~e ~ des
g.ner leu~ foJ sont voués à se heurter, tôt ou tard, aux pasteurs légi-
times. coiffés par les .structures illégitimes (98). Le père Calme) G.P.
qu'ils y ont appris; en bref: refuser aux fils ce qu ils tos"
1
,!
Pères. En outre les fidèles mieux informés se demand~n tres' expli
1
peut
a écnt avec pén~trauon que la victoire sur Je néo-modernisme pas- ' d" .
appeler ordres et ordres légitimes les . ir~uves, P
as tOUJOUIS
J'autodémolition
-
sera par la défaite de la fausse collégialité (99). cites, mais toujours orientées sans equ1voqu.e. vers torité émanent
de l'Église, qui, imposées au nom d~ la lé&JU.me ~~met J~ cardinal
en fait de ces organes « colfégiaux_ » intr,us ;ui ""(ure i" é/ragable de
Ratzinger - « ne font pas par fie de 1a s rue
l'Église teffe que l'a voulue le Christ » (101).

~~~ ~~~i~., c:."~o'. Le11re au cardinal Farnari ; cr. Dz. l 8J 1.


chit':i~e~P· cil.• pp. 65 et ss ; cr. aussi Discours d ta Conférence épiscopale
(97) Saint Vincent de Urins, op. cil. n• 10
oct.(~~·~: ;·~~~3.Brtw apologie pour l'Égj~ de 1oujours, /1inéraires, sept.-
(99) Le modernisme actuel, op. cil.
000) Saint Augustin : Contro /11/ian11m 1, li n. 34.
CIOI) Op. cit. p. 67.
102 LA TRADITION « EXCOMMUNl~E » LA TRADITION , LE CONCILE ET LES « TRADITIONALISTES» 103
La référence à 1'« ancien » : obligatoire, théologiquement fondée, mais non infaillible de Vatican II qu'au Magistère postconciliaire,
catholique, critère unique en période de crises doctrinales en tout ce qui - et ce n'est pas peu - se trouve en rupture et en
dissonance stridente avec la Tradition. .
Dans le heurt de Vatican Il et du postconcile contre la Tradi- C'est par un instinct surnaturel (sensus jidei) théolo~quement .sain,
tio11, dans l'éclipse de la sécurité normalement offerte par le Magis- que le catholique, privé de la règle no.rmale ~e la Foi, ~ sa.v~Jr d.:
tère ordinaire, dans la rupture du consensus unanime en matière de la sfireté du Magistère, s'accroche à la regle ulume et derru.ere: 1 ~en
Foi, dans l'obscurcissement des consciences provoqué par le trauma- ture Sainte et la Tradition et, pratiquement sans aller s1 loin, a la
tisme causé par les négations de vérités de Foi venant même de per- synthèse sGre que le Magistère préconciliaire en donne dans des docu-
sonnages tenus pour autorisés, en bref, dans la crise ecclésiale ouverte ments clairs et dépourvus d 'équivoque. . , . > contre le
par le Concile et aggravée par le postconcile, les catholiques se sont • Parfaitemen t catholique. Le recours a 1 « anct~n >' t tes
instinctivement raccrochés au dernier point sfir de référence : le Magis- « nouveau » qui te contredit, est de règle et. de prau;~~u~o: ~on­
tère préconciliaire.
d.ans l'~glise catholique. On retro.u~e ~eue atti.tude ~ance ui ne l'était
Ce comportement, pareil à celui d'une personne qui, surprise sou- cites qui eurent à discerner ce qui eta1t catholique e q é l du
dain par le brouillard, s'arrête immobile devant un chemin d'issue . Vincent
pas .. Sa1nt . de Lé . ~1te
. nns . l'exemple· •.alors toutue « rIocen '
manière
inconnue, outre que dicté par la prudence, est obligatoire, théologi- << Saint Concile » d'Éphese, où d parut a~x Eveques ~us conforme à
quement fondé, parfaitement catholique et, dans les circonstances sus-
dites, indispensable. rJ'
de procéder la 1nei/leure, la plus catholtq~e et (a Pères[. ..] Éclai-
lo foi, était celle d'en appeler aux se,~ten~es es s~f~s fut ainsi, à bon
~ Obligatoire ~our soi et pour les autres, parce que la «foi dog- rés par cette façon de procéder, / impie f"es~o .té catholique tondis
matique » est en Jeu, c'est-à-dire l'adhésion au contenu objeetif de dro11 et juste1nent, jugé en rupture ave~ I antlqut très sainte Foi
la foi, qui est une condition sine qua non du salut : une adhésion, que Cyrille fut trouvé en co1nmunio_n avec 1~e les nouveautés
en l'air, à la personne du Christ, abstraction faite de Sa doctrine,
est d'inspiration protestante, elle n'est pas catholique (102). ~ncienne » (104). Le recoup--à l'« .ancien», :~chez tous les Pères
• Théologiquement fondé inconciliables avec le dépôt de la Foi, est con~~ elQppé par saint Iré-
d~ l'Église. <C'est, par exemple, l'aFgum;ntT. edition qu'elle (l'Ég'ise
1) Parce ~ue Dieu a i~stitué le Magistère pour conserver, non
pour contredire Sa Révélation et donc la Tradition écrite et orale, nee contre les héré~iques : « Rappelant. au,~fe a annoncée aux hom-
qui l'a transmise jusqu'à nous. Sinon, le Magistère de l'Église serait de Rome] a reçue des Apôtres, cette Fo_i q de ses Evêques, nous con-
mes jusqu'à nous, à travers la successio_n onstituent des osse'!'-
réellement, selol) l'accusation des protestants « une usuqJation d'hom· fondons tous ceux qui, de quelque m,anière · ·· : l'argument de sam~
"!es qui se mettent au-~essus de la .Parole de Dieu» (103) : le Ma~is­ blée~ [Églises) illégitimes (105). » C ~s.t :n~~rlo foi répugne en ceci
tere ne .crée pas. la Vénté révélée, 11 la proclame et l'explique ; c est CynUe contre Nestorius : « La Tradztio. . dmirel'. non un homme
à ton affinnation. Nous, nous avof!S app~h:!me; 1~;, au contraire,
le Magistère qui est subordonné à la Vérité révélée non l'inverse.
2~ Parce que Dieu a institué le Magistère d' « auj~urd'hui » pour Porteur de la divinité mais un Dieu fait !06) »
continuer, non pour contredire le Magistère d'« hier».
tu parles de manièr: totalement di/f é~enteJurto~t, la référence ~
3) Parce que le ~~gistère d'« hier», dans sa continuité et sa con- • Unique critère en temps de .cnse. doctrinal général, l'uni-
so~~ a~ec la Tradition, est u_n Magistère infaillible, même s'il. n'~t t' « ancien » est, en période d'obscurassement
qu ordinaire, et est donc supéncur, tant au Magistère extraord!Ilaire

004) Saint Vincent de Lérins, op. cit. n• 29·


(102) Oz. 799, 801, 822, 798 er 1798; cf. Mc 16 IS-16 . Jn 2D 31 . Héb II. 6. (IOS) Adverms hœ~ 1. Ill c. 3.
(103) O.T.C. tome VI, mot Foi, col. 161 e1 ~. ' ' ' ·
006) Adverms Neslorium l, c. JI.
104 LA TRADITION « EXCOMMUNllËE » LA TRADITION. LE CONCILE ET LES cc TRADITIONALISTES» 105
que criière d'orientation. En matière de foi et contre l'erreur - écrit L'exacte position des traditionalistes face à I'« ancien»
saint Vincent de Lérins - il faut normalement suivre « l'universa-
lité, l'antiquité et le consentement général» (107), mais il peut se pro- Les rapports entre « ancien » et « nouveau » dans l'Église étant
duire le cas «d'une hé~ésie qui n'est pas litnitée à un petit groupe, définis, il apparaît avec évidence que les propos du cardinal Ratzin-
mai~ tente de souiller l'Eglise tout entière » (108). Dans une telle situa- ger (1) comme aussi le second texte papal (3) auquel il fait référence,
tion, deux critères viennent à manquer au catholique : l'universalité ne reflètent pas la position réelle des dits « traditionalistes ». En
(actuelle) et le consentement général. Mais ne lui fera cependant effet :
ja_mais défaut_. _même ~~x périodes de la plus grande confusion doc- 1) Recourir à la Tradition ne se réduit pas à rappeler des «for-
trinale, le. tro1s1ème cntere : celui de I'« ancienneté ». Et ceci, parce 1nules » fixées une fois pour toutes, mais c'est rappeler la Vérité révé-
que l'ancienneté « ne saurait évidemment être séduite par les artifi· lée. Non que les « traditionalistes » ne saisissent pas la valeur des
ces de la nouveauté » (109). Saint Vincent de Lérins en donne un formulations (114) pour assurer cette «grande fidé~ité à la_ ~é~ité »
e~emple : «. Une telle situation s'est avérée quand le venin de l'aria- dont parle le cardinal Ratzinger, mais, quand est en Jeu la vente elle-
nisme eut 111fecté, non plus une faible portion du inonde mais le même, la question des formulations n'est pas !a s~ule. .
1~on1e pr~que en~ier ; alors que la plupart des Évêques latins 2) Le recours à la Tradition n'est pas une negauon du ~ractere
s étaie.nt laissé. s~d~tre, _les u!1s par la violence, tes autres par fraude « vivant » (3} de la Tradition : les « tra~iti<;>nalistes » ne ment pas
<soncile de Ri~1n!. Sain.t Jerôme écrit : « L'univers entier gémit ~t que, dans l'Eglise, la « perception » subJecuve tant ~es ch?ses. que
s eton~a de se reve1ller anen ») (110), un nuage obscurcissait /es espnts des paroles transmises, ait grandi et puisse encore cro1tr: ; ils m~nt,
au. po11!t d~ dérober, en une si grande confusion, /a route qu'il fal· Par contre, avec l'Église elle-même, que cette « percepflon » puisse
l~lf suivre ' ce fut en f!réfé~ant l'antique foi à ces perfides innova- aller jusqu'à transformer en leur contraire et les choses e_l les paro-
fions, que tous les vrais a1n1s et serviteurs du Christ se préservèrent les transmises : percevoir n'est pas altérer, ni encore ~oins contre-
de l~ contagion du fléau (111) ». _ ·' dire ; la compréhension doit croître in eodem sef!Su, in eadem s~n­
S1 donc. la référe~ce à l' « ancien » est, en temps d'obscurcisse· tentia selon le dogme de l'immutabilité substantielle de la doctn_n:
ment doc~nnal,'. une ~egle pratiquée et enseignée par l' Église, nul n'a catltoÎique dogme défini par Vatican 1, de so~te que. la P.ost~nt
le .pou~o1r. d 1nterd1re au catholique le recours à l'« ancien>>. Puisse dir; toujours de l'Église d'« aujourd'hui» ce qui a éte dit~~
au/,our~ h~1 où, par une crise doctrinale reconnue par tous (112). l'~glise d'« hier» : « crevit per tempora fides, Ased mut~ta 7:~·~t1
« antiqulfé fondée sur les bases les plus sfires est dén1olie » (J 13)· Ut alia esse/ », « la j oi a grandi à travers les ages, malS e
Pas devenue autre » (115). f du « Magistùe
3) Le recours à la Tradition n'est pas un re us CO
universel de l'Église, lequel appartient à l'Év~e de Rome e ~·au:
/
~es Évêques » (3). Les « traditionalistes » ne s opposef!~= et subor-
nté légitime et souveraine du Pape et à l'auto.nté Jégi p et les
1
donnée des Évêques mais ils nient, avec l'Église, quelleee ape1..ta..:._
,.. • . •. . d...-.:ne « nouv » au aT._-
(107) Saint Vincent de Lérins op cit n• 2 cveques aient l'autonte d'opposer une ""uu• urs (116)
(108) Op. cil. n• 3. ' · · · Lère solennel, constant et universel de Jeurs PrédécesSC ·
(109) Ibidem.
(110) Dl~log~ contra Lucij'erianos 19: ML 23 181
(111) Samt Vmcent de Urins · 0 · • ' · V
(112) Cf. J Ratzinger . Disco . 1?· eu. n 4; Franzelin: op. cil. th. XXI · (114) D.T.C. tome IV, mot Dogme, col. 1603· 16?60 Tc. tome VI, mot 'FOI,
/!if
fltn sur la fol ; Paul VI dé~onça l~rs- a
0

onJ.é;ence dpiscopale cllilienne et Entre;


l'Église · Jean-Paul Il parla d' h~ ~- molmon » et la « fumée de Satan » dan 0 IS) Hugues de Saint-Victor : ~ Sacr. l,I~ ~ Vadca'n 1 oz. 1800, 18~8.
(113) Saint Vincent de ur1::S r •es. sem.,ées à pleines mains ». col. 158 - tome IV, mot Dogme, col. 1599·""' • ·Ï
• 0 'P· Cii. n 4. (116) Oz. 1792.
106 LA TRADITION « EXCOMMUNIÉE» LA TRADITION, LE CONCILE ET LES «TRADITIONALISTES » 107
4) Le recours à la Tradition est encore moins une rupture du trine catholique, et, avec lui, la structure divine immuable de l'Église.
« lien ecclésial avec celui à qui le Christ, en la personne de l'apôtre En bref: ce n'est pas l'opposition inexistante des «traditionalistes»
Pierre, a confié le tninistère de l'unité dans son Église » (3). au Magistère légitime de l'Eglise qui doit être corrigée, mais la réelle,
Les « traditionalistes », en résistant dans la Foi, ne rompent pas ( l'illégitime opposition de Vatican Il et du postconcile au précédent
mais sauvegardent, avec la Foi, le << lien ecclésial» avec Je Succes- Magistère ; opposition, qui, de soi, délie les catholiques de tout devoir
seur de Pierre et défendent le « tninistère d'unité » a lui confié, parce d'obéissance au Magistère d'« aujourd'hui» sur les points .o~ il ~st
que le Pape est, oui, principe et centre d'unité de foi et de commu- en connit avec le Magistère d'« hier». Accuser les « tradiuonahs-
nion, mais il n'existe pas, dans l'Église, d'« unité de communion» tes » de ne pas comprendre la « réalité de la Tradition », parce qu'on
sans « unité de foi » (117) ; c'est de la Foi que naît « naturellement nourrit l'illusion (120) d'y incorporer Vatican Il _qui n'~ _est point
l'harmonie des volontés et la concorde dans les actions. C'est pour- transplantable, signifie, en revanche, donner droit de cite dans le
quoi, selon son plan divin, Jésus-Christ a voulu qu'il y eût l'unité monde catholique à l'erreur qui est au rondement de toutes les erreurs
de foi dans son Église» (118). du Concile et du postconcile, les comprend et les surp~se toutes :
Que les ennemis de la Foi soient aussi les vrais ennemis du « lien un rejet de la notion catholique de Tradition. Après quoi, toute ten-
ecclésial » avec le Successeur de Pierre et du « ministère d'unité » tative de la hiérarchie d'endiguer l'arrogance progressiste et l'erreur
à_ lui con~é, les « schismes en assemblée nationale », répétés et impu- n'aura même plus de sens.
rus, des diverses Conférences épiscopales sont là pour le démontrer.

Conclusion

P~isque, à la _lumière de la doctrine de l'Église, il n'existe aucune


«.r:ic1ne. »de sc_h1sme dans la position de ceux que l'on nomme « tra-
d1t1on~bstes », li en résulte que le «schisme » n'existe pas non )illus.
Et pu1~q~e les « ~raditionalistes » s0nt en réalité des cathoJiques fidè-
les! qw aiment Dieu, l'Église et le pa)ile, selon l'ordre v0ulu par Notre
~e1g?eur Jésus-Christ, ils n'ont pour «approfondir encore leur fidé-
lué a c;ette Tradition » qu'à persévérer dans leur position, pour amère,
pour mcommode qu'elle puisse être .
• La ques~ion que l'autorité légitime a le devoir d'affronter hon-
netement: s1 ~Ile ve~t mettre fin à leur « légitime séparation » (l I~),
non de 1;Éghse, mais du nouveau cours ecclésial, n'est pas J'ineXJS-
t~te no~1on. fausse que les « traditionalistes » auraient de la Tradi-
llon, ~315 bien au ~ontraire tout ce qui, dans Vatican II et au nom
de Vatican Il, a mis et met en jeu le contenu immuable de la doc-

CI !7>
1988 • •
NiDz. l82I ; Uon XIII : Salis co!nitum (Dz. 1969) ; SI si no no de juillet
schlsmatlqua ni excommunih ,. p 3
(118) Uon XIIJ : Satis cognilum. ' · · lpiscOJltzle dlllier/llf.,.
(119) D.T.C. tome XIV, mol Schismt, col. 1302; SI si no no op. cil. p. 4. (120) Card. Ratzinger : Discours 4 la Coll/~
ANNEXE I

NOTE DE L'ÉPISCOPAT FRANÇAIS

Le 6 ujanvier
a remis · 1988, en la fête de /'Épiphanie, le cardinal Gagnon
folique q~·~appo~t au Pape Jean-Paul Il à la suite de la visite apos-
auprès d 1 avait effectuée du J1 novembre au 8 décembre 1987
nautés eJ~, Fraternité sacerdotale Saint-Pie X et d'autres commu-
Plus tar~a
1 itionnelles. Ce rapport n'a pas été publié. Quelques jours
« note »' .~;.u~ prélats français remettaient au Souverain Pontife une
que no 0JJIC1~use de la part de l'épiscopal français. C'est aette note
aucune~ P~bli?ns ici. Elle comporte sept pages dactylograph~, sans
lecteurs 1~dica_t1on d'origine. En la publiant, no~ pensons aûi~r nos
mieux comprendre /'attitude de l'ép;scopat frança1S.

I - Po·•nt de vue théologique

reço?::x cof!llllunautés adhérant naguère aux id~ Iefeb~es


« P
la co nt maintenant la doctrine du Concile Vatican Il. La pte1111àê,
I>ijon)mun~uté ~nédictine Saint-Joseph de FiavignY (diocae de
la con{ a réintégré la communion de l'eglise en 1985. La sccona'e
sul>ér· munauté Saint-Thomas-cl'Aquin (di~ de La -
arnn:ieur est le frère Louis-Marie de BliA!~ - a
du Va~ publiquement son adb&ion à la d~dû,
can ; à l'exception d'un seul dè serm •
110 LA TRADITION « EXCOMMUNIÉE »
NOTE DE L'ÊPISCOPAT FRANÇAIS JJJ
de réintégrer la communion de l'Église. Leur crédit intellectuel est naissance canonique de la Fraternité Saint-Pie X posera le problème
grand dans les cercles proches de la Fraternité Saint-Pie X. Ils. ont des mariages jusque-là célébrés en cette paroisse par un prêtre de
voulu prendre position avant même l'achèvement des travaux h1~to­ cette Fraternité.
riques pour aider Mgr Lefebvre et les dirigeants de la Fraternité Samt- Mgr Lefebvre va jusqu'à reconfirmer des enfants déj,~ confirmés
Pie X à ne pas biaiser avec la vérité catholique lorsque fut annon- par leur Évêque en alléguant l'invalidité au sacrement de!à .reç~. L.a
cée la mission du cardinal Gagnon. reconnaissance canonique de la Fraternité Saint-Pie X doit 1mperat1-
Cependant des bruits - que nous savons sans fondement -:- pro~ vement s'accompagner de la reconnaissance par Mgr Lefebvre de la
pagent l'idée que des concessions doctrinales seraient faites a légitimité catholique de tous les Évêques français et du .resi:iec~ absolu
Mgr Lefebvre. Ces rumeurs deviennent plus nombreuses et impor- de leur juridiction propre. Ceux-ci, dans l'obéissance a l'~glise, res-
tantes en raison des prises de position publiques de Mgr Lefebvre. ?ecteront la juridiction donnée à Mgr Lefebvre et aux pretres de la
Le 30 janvier prochain, il signera à Paris son livre « Ils l'ont décou- Fraternité Saint-Pie X.
ronné». Le 11 janvier dernier, il affirmait publiquement à Gand, ~n
Belgique, qu'il ne lui était plus demandé d'adhérer au Concile
Vatican LI. b) li a été question d'une prélature personnelle
La moindre concession doctrinale déjugerait complètement l~
membres de ces deux communautés dont l'effort intellectuel et spi- • la question du rite :
rituel a permis la compréhension du Con ci le Vatican II dans son inté- Une prélature personnelle peut-eue d' abord . et principalement
d'qué par
gralité et l'adhésion à la communion catholique. De plus, cette con- « reposer » sur le rite de Saint Pie V tel qu'il est rep~enX•?
cession doctrinale - fOt-elle purement verbale - ajouterait à la con- Mgr Lefebvre et les membres de la Fratern1te ··s·t1e
ain - i •tes
fusion de pensée en France au sujet de l'autorité magistérielle d.e . Ce rite ne repose pas sur une réalité cult.u~elledcoi:ni:m:O:Uiés
l'Église et conforterait l'idée que tout se négocie en matière doctri- orientaux par exemple. Les mentalités et les acavif~ esar un compor-
nale si le rapport de force est favorable. lefebvristes sont cependant profondément marquees P ro rement
~~ment social pa~ticulier. Loin de CO;"~tituer une c.~~f~e~e ~a,nière
II - Point de vue canonique d~te, qui apporterait des valeurs p0s1~1ves à la soc\re.'.société ».
appréhender la réalité sociale se situe en « con 'gnifie pas non
a) Une remarque préalable s'impose Pl L'attachement actuel au rite de Sain.t f'.le ~ rae i!1anifestation du
r us une manière positive de vivre sa foi ; 1 es l'Église par Je Con-
Le ministère pastoral ordinaire auprès des fidèles de l'Église catho- c~rus
1 d'une expression de la foi proposée à tou.te . considéré par les
lique est confié à la vigilance pastorale des Évêques. Quelle que soit « e Vatican Il. Le rite de Saint Pie V est ains~mbre restreint des
la solution envisagée pour la Fraternité Saint-Pie X, les mariages, les lefebvristes » comme un « contre-rite ». Le n 'd'- selon !'Indult
à la messe de sain
· 1 p·e
1 v' cul
fid
sacrements de pénitence et de confirmation ne pourront être ad~~­ 1
d èles ·
assistant conce ""petit nombre de
nistrés auprès de fidèles catholiques qu'avec l'accord de !'Évêque resi- e 1ean-Paul Il en 1984 en est la preuve: 5 c%1aristique selon le
dentiel (cf. I.C 886, 887, 966, 969, 1108, 1109). , c~tholiques vivent de f~çon positive le culte eu
Les sacrements de pénitence et de mariage actuellement célébres rite de Saint Pie v.
par les prêtres ordonnés par Mgr Lefebvre sont invalides. Cela pose • la ·
un problème assez grave partout en France où se trouve un pr~tre mlSSion de la prélature la wic doil'~-
de la Frate~té Saint~Pie X. Ce problème est particulièrement ~gu clin ~Prélature personnelle regroupe ~es ~ercs~ques cl8a•nrn6P'
pour la paroJSSe de Saint-Nicolas-du-Chardonnet à Paris où des fidèles Cesatio~, en vue de la poursuite d'obJec:Ufs ~s6s afintckl ·~
viennent régulièrement demander le sacrement de mariage. La recon· la CO011bJectif~ devront être soigneusementàΕaction ~~
aborauon des clercs de la praature
112 LA TRADITION « EXCOMMUNIEE» NOTE DE L'EPISCOPAT FRANÇAIS 113
ques. La prélature personnelle ne peut en effet assurer par elle-même Ill - Point de vue de la loi française
un ministère pastoral complet comme le fait une paroisse.
Des laïcs peuvent être associés individuellement par voie contrac- . Ce point est le plus important eu égard à la particularité de
tuelle et collectivement par la constitution d'associations dépendant l'Eglise en France. .
de la prélature. Les associations s'appuieront sur la position théolo- La loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation de l'Eglise
gique de Mgr Lefebvre et de la Fraternité Saint-Pie X concernant l.e et de l'État, complétée par la loi du 2 janvier 1907 « concer~ant
lien entre l'Eglise et l'État. Leur coloration sociale et leur action .P~li­ l'exercice public des cultes » établissent ce qu'on appelle la « Loi de
tique seront évidentes. Elles se feront alors sous l'aval de l'E~1se Séparation » selon laquelle « les édifices affectés à l'e~ercice du
auprès des pouvoirs politiques et de la majorité de la population. culte... continueront à être laissés à la disposition des fideles et des
De ce point de vue une « Eglise » ainsi politiquement asservie à d<;S ministres du culte p~ur la pratique de leur reli~on » ..~ deux te~­
groupes d'extrême-droite légitimera de nouveau son opposé : l'adhe- tes ont donné lieu à une jurisprudence et une 1nterpr~tation doct:1•
sion organique de prêtres et de mouvements apostoliques à la gau· nale constantes dont les principes sont clairement établis et formules.
che militante ou au parti communiste. Ceue éventualité n'est pas une 11 faut noter entre autres : . · ·
chimère... li nous a fallu les quatre décennies d'après-guerre pour • l'arrêt de la Cour de cassation du 5 février 1912. Celw-<:i ~ti­
dégager l'Église de France des conflits politico-religieux. pule qu'en cas de conflit entre d~ux prêtres P?Ur y~ccupatio~
L'implantation des maisons de la prélature devra avoir l'aval de d'une église catholique « l'attribution de celle-<:! doitd~~: :f!~­
!'Ordinaire du lieu, comme pour les maisons des Instituts de vie ~on; sivement réservée à celui qui se soumet aux regles , g .
sacrée (cf. l.C. 609 § 1). Le << ius possidentis » peut jouer mais a .
tion . opose d'assurer 1 exercice,
générale du culte dont 11 .se pr . lé . t"que et qui
la condition de ne pas scandaliser les fidèles. notamment à celles de la h1érarch1e ecc s1as 1

En tou~ état de cause, accorder les paroisses de Port-Marly ~t demeure en communion avec son Ëvêque >) (l) ; . . récise
de Saint-Nicolas-du-Chardonnet à la Fraternité Saint-Pie X créerait • l'arrêt du conseil d'État du 14 févr!~r !9l~i,·~~~~c~,~surer
un grand scandale. li faut en effet rappeler la douloureuse fidélité qu'une association se trouvant dans 1JmP,ossi 1 t désigné e~ en
des paroissiens de Saint-Nic0las-du-Chardonnet qui, depuis plus de le concours d'un ministre du culte ré~uhere~en t . d'un édi·
C?mmunion avec la hiérarchie .ne pàeu ~ etre ~ ~:iili~~ du culte
1
dix ans, ne pouvant entrer dans leur église, se rassemblent sous. un
préau. L'injustice commise par les membres de la Fraternité Saint· f1ce du culte jusqu'alors desuné exerci
Pie X envers les paroissiens de Port-Marly et de Saint-Nicolas-du· catholique. t ministres du culte,
Chardonnet devra être réparée. af• L'affectation n'appartient pas aux lidèles e la loi Les autorit~
•ectataires de l'édifice. Celle-ci est vou1ue P~ ·
c) Les autres solutions envisageables (Société de vie apostolique, l~~­ administratives sont garants de cett~ .affectat~o ~· dégagent de cette
titut de vie consacrée, Association cléricale de droit public) n'bab1h· 1 . Nous soulignons les trois propos1t1ons qui 5
tent pas la Fraternité Saint-Pie X à assurer par elle-même tous les 01
et de sa jurisprudence : . de culte sont proprié-
services ecclésiaux envers les fidèles catholiques. _ • les églises, chapelles ou tout autre heu es (Z) 'et font l'objet
Il faudra l'accord de !'Évêque diocésain. Celui-ci ne pourra eue tés de l'État (cathédrale) ou des commun
donné que s'il y a une communion dans la foi et la reconnaissance
explicite du Concile Vatican II . -- 'est pu un mmillR du
Le risque de voir s'établir une Église parallèle, « équiparée ».à CUI (1) " Un pr~tre qui ne se soume1 P.85 i son E~c J~JO).
une Église particulière, semble i!tre le plus grand danger. La juridiC· '& ca1holique » (arr~t du conseil d'état, 9 d~« rous les bJcm ~
soo l le ~rel du 2.4 novembre J789 dlspoSC qu~ 26 ~ an J?C (15
tion des Évi!ques rbidentiels ne pourrait s'exercer. Leur autorité doc· 18()~ à la disposition de la Narion ». Le concordai U6e en fl#.lai"lf ~
trinale se verrait largement entam~. ;:.:°e1
~~.en restituant à l'Église les biens donr elle 6
•ens à la propri~I~ de l'Élat pour les ca
des CCii"m~
114 LA TRADITION « EXCOMMUNIËE »
NOTE DE L'~PISCOPAT FRANÇAIS 115
d'une affectation à l'exercice du culte catholique qui est exclu-
sive et perpétueUe ; Cela est valable quel que soit l'état de 1',église.. ~·~ffecta:io~u~~~
Perpe"tuelle La désaffection de droit résulte d une dec1s1on de a
• cette affectation va nécessairement aux ministres du culte et aux · . d'É ta t) qui· ne peut la prononcer
fidèles établis par la hiérarchie ecclésiastique et « en commu- sance publique (décret du Conseil · élément essen-
nion » avec celle-ci ; . que dans des conditions précises compr~na~t. c~~:C de fait (incen-
• le respect de l'affectation cultuelle s'impose aux autorités civi- tiel un ac1e de !'Évêque légitime. _Une egli_se esa ul~ catholique ; son
les et aux ministres du culte dans l'utilisation qu'ils font de die, abandon, etc.) reste de dro11 aff~c!ee au .c décrites plus haut.
l'église. affectataire doit corr~pcndr; aux _qua~nes ~~qws~ tout édifice public
Les conséquences de cette législation sont extrêmement importan· Par ailleurs la Loi de Separauon !~ter 11 qu conséquent au culte
tes : seul !'Évêque diocésain, nommé par le Saint Père, peut n.om· soit affecté à quelque cuit~ que ce. soit (etl P~vant le 2 février 1907
mer le curé ou le responsable ecclésiastique d'un édifice affecte au catholique) hormis ceux déJà affectes ~u. cu te "cipal ou apparte-
culte et construit avant 1905. Ce prêtre doit être « en communion» (art. 5 de la loi). A.insi donc a~c~n battme~t àmuu~lque culte que ce
avec la hiérarchie de l'Église catholique. · nant à l'État ne peut désormais etre affecte. q la Loi de Sépara-
Seul ce prêtre est légitime affectataire au regard de la loi fran- s?it. Aucun pouvoir public ~e _peut, sans ;:1~~ la Fraternité Saint-
çaise. Celle~i a en conséquence jugé que les membres de la Frat~r­ ll?n, attribuer un édifice pubhc a d:s me~belle-ci était reconnue par
nité Saint-Pie X occupant par la force les églises de Port-Marly (d10· Pie X pour l'exercice du culte,_ meme si cfi un édifiae affecté au
cèse de Versailles) et de Saint-Nicolas-du-Chardonnet (diocèse de l'Église. Seul /'Évêque diocésa1~ peut. c?n :rou aux membres d'une
Paris) sont en situation illégale ; elle a demandé leur expulsion (3). culte catholique à une congrégation rehgieus de consentement de
La reconnaissance canonique par l'Église catholique de la Fra- Pr~lature en communion avec orne:
· R L'absence
. x yeux de la 101· c1v1_
· ·1e
ternité Saint-Pie X et la levée de la « suspens a divinis » des prêtres ':Evêque diocésain suffirait à re~~re inva~~~ ~~gitimée a posteri?"·
desservant illégitimement des églises occupées par la force ne suffi· 1occupation abusive d'~n ~el ed1fice m . de Séparation ga~anllt la
sent pas à rendre ces prêtres affectaires légaux de leur église. Ils doJ· Cette constante apphcauon de la Loi Toute infracuon à la
vent de plus être nommés par !'Évêque diocésain. st~bilité de la présence catholique en ~~~nc~t serait la porte ouverte
Un maire d'une ~ommune (ou un préfet pour lès cathédrales)_ ne à101 Crançaise remettrait en cause cet équih fC fins que le culte catho-
~ut confier u~e églis~ catholique à un prêtre de Ja F~ater-nité Saint· . . . d ,ég1·1ses à êd•autres
. tous les abus : ut1hsat1on 1
e contraires · ·
à celu1-c1.
Pie X même s1 c~lle·c1 _est reconnue par l'Église catholique. Ei; effet hque, fins pfofanes pouvant même ~r de Mgr Lefebvre remet-
ce prêtre ne ~era1t tOUJOurs pas nommé par !'Évêque diocésain. De Les arguments juridiques des partisa~s évocable » au culte catho-
mê_me un maire :--. pas p_lus qu'un Évêque _ ne peut confier .u~e t~nt en cause « laffectation perpétuelle et irr Ces arguments appc~ellt
église à une assoc1at1on ·q!" ne s'assurerait pas le concours d'un ~s­ hque du patrimoine chrétien de la Franc~. laïcs et parfois anure •
tre du culte nommé par 1 Évêque et en communion avec la hiérarcroe. un concours inespéré aux courants les P. us . e sous couvert de ~ns
·
&1eux · ce patnmo1n
qui tentent de s'appropner ·
une oouveUe mterp rétanon
b li
Culturelles. Ces arguments s'app~ient sur t'que pour l'Église ca~ 0 , -
de la Loi de Séparation. li serait ~ram~~le si peu que ce soit s y
~ paroissiales. La loi de l 90S entérine cela pour toutes les églises const!11Île5
ant~r:eur~1 au 9 d6cembre l 90S.
Que en no1.re pays que la hiérarchie se
rallier.
d IL'"""··alfertauon s'~encl awc meubles ~·~• ..·-t les éd'fi · · - anneites
1 •ces aux sacnsues ~
e • .,....., :wc cours et J~duu ~t à l'q!ise, aux calv~es et monumenl5 tenUS
. . -·-
pour d~1.10~ okn~es de 1 qlise (lrrft du Conseil d'État du .. avril 193~)·
..._!~ .°"
""""''"-""-
" • par
"'°'~ ~tres
peut
exemple •
d
dioc:àc
actes de justice rendus en faveur de
de Nantes (2 juin 1977)
l'Év!Qu~
diocèse
1
de
di<>'
SoisS0
(16 septembre 1986). • 115
ANNEXE Il

RÉFLEXIONS SUR LA NOTE


DE L'ÉPISCOPAT FRANÇAIS

Voici not
lnentaire é :e . com-
co1n!"en1aire de la note de /'épiscopat français,
Nous le d Crtt dès ;anvier 1988 mais jamais publié jusqu'à présent.
onnons tel quel, sans rien ajouter, sans rien retrancher.

Cette crnote veut soulever un certain nombre de probl~CS 9ue


P?Utrait
l>1e )( •. •éer un accord entre le Saint Siège et la Fraternité Salllt-
lcs ptoblèm
· ••1élls c'est. tout à fait le contraire, seul un accord peut résoudre
Pation d'é ~ CXJstants et éviter d'autres difficultés danS le fUtur (OCCU-
J?'autrcgbse, j~ridiction, mariage...). •
Panic des é part, t1 est à noter que ces difficultés Viennent en grantvt.
~ucs, Pastc vêques français. Par exemple : pendant des années let .
d~ ~tholiurs de tous les baptisés, ont refusé de r~n~ a~ f>CSOiDS
à nélirc et ~ues « traditionnels » qui ne demanduent na;i d •
recevoir extravagant mais tout simplement de pouvoll'<
~hisme ~; iu:on leu; avait toujours donné (li~
on Clit furena . tionnel). Pendant des années. ces-~b.Olil
a YoUJu t ign.orés, persécutés, tout au moins.
1eur imposer des abus litur&i(IU.~
118 LA TRADITION " EXCOMMUN IÉE » RÉFLEXIONS SUR LA NOTE JJ9
parcours catéchétiques... Ils se sont repliés dans des garages, di:s s~lles
5) ad II , a) 1cr al. << • •• qu ,avec !'.accord ladeFraternité,
l'évêque.·· permet-
».
d'hôtel. .. Ils ont payé les locations de leur lieu de culte et fait vivre
les prêtres qui les aidaient. Mais lorsqu'ils ont vu des églises vides, Justement une entente entre le Vatican e\t e du Cardinal Villot
abandonnées, bien souvent fermées, pire encore données aux musul- tra aux évêques de donner cet accord. Un~ 1~ rRome peut redonner
mans comme lieu de culte, ces catholique.s se sont dits qu'ils pour- a interdit aux évêques de le leur donner. ais
raient bien avoir une église comme lieu de culte à la place de salles ce pouvoir aux évêques.
louées. Certes, Saint-Nicolas fut occupé. Mais il faut rapp~ler
qu'avant l'occupation, il y avait seulement 30 à 40 participants a la 6) ad Il, a) 2• al. r serait l'illégalité de. 1.a
messe dominicale. Maintenant, chaque dimanche, il y a une moyenn<; Le seul problème canonique à affronte •. ance de la Fraterrute.
de 5 000 fidèles, sans compter la salle Wagram qui rassemble aussi Procédure avec laquelle fut retirée la reconnruss
plusieurs milliers de fidèles. Car de cela dépend tout le reste.
Si les évêques sont des pasteurs, ne devraient-ils pas se réjouir
de voir? une église se remplir, alors qu'aujourd' hui beaucou p se . anonique de la Frater-
vident . 7) ad Il, a), 2• al. « La recon_na1ssance c -
nué Saint Pie X posera le probleme. · · ». d. ·à et alors la recon
Que veut-on dire ? Ou le problème eXJstent)eJre'sout tout pour 1~
· · • Je' galeme
naissance canonique Uamais reuree • une « sanatio · » ·• ou
futur et pour le passé car Rome peut operer rend pas corrunent 1~
1) ad l, l" alinéa. « Leur crédit est grand dans les cercles pro- le Problème n'existe pas et alors on ne cfs~!ce juridique. En :~~s
ches de la Fraternité Saint-Pie X. » ~rOblème vient se poser après une recon~:blème, mais résoudra
Affirmatio!' gratuite. Ces communautés sont suivies par un nom· as la reconnaissance ne posera pas 1~ P
bre très restreint de fidèles. Et après ce changement de posiLion, on les Problèmes canoniques en la matière.
ne sait pas qui continuera à les suivre.
emande rien d ·~~e~
8)
2) ad 1,» 2• al. « des concessions doctrinales seraient faites à Mgr ad Il, b) 2• al. au. e l'expé-
Lefebvre. 1:ous savent que Mgr Lefebv:e rte d. l'on veut, de frur
~?ntinuer ce qu'il a toujours fait, ou si . des« acti·
A l.'occasion de la Visite Apostolique, il n'a pas été question de
ienc~ de la Tradition. . u des « mental!tés »~ituaient en
tractatJons doctrinales, mais de vérifier l'orthodoxie doctrinale.
Vit~ Église jusqu'à Vatican Il all!~tearticulier » qué l~ues fran~
son ~intégralité
3
ad, I, .3•...al.» << ••• la compréhension du Concile Vatican Il dans « », « un comportement soc1a P . Il et les v valeurs posa..
e Contre-société ». L'Église avant _Vatican apporté «des
··à: auPèreSUJet~e Blignières continue à parler d'équivoque et d'arnbî-
li~·rnêrnes avant le Concile, n'auraient pas
gu1 des textes de Vatican li. s à la société». tp0Sée4'1.0/11$
4
,,__ ) ad,
rrance ... »l, 3• al. « ··· ajouterait à la confusion de pensée en t·~ 9( ad II, b) 3• al. « ... une expression de la foi pro.Vatie811
~ '!e Par Vatican Il. » . oi catholique à W.
PCC::i~~: ~u~:J~!<'~:S 1~:i~~nt plus leur propre autorité ou tou~ évêques semblent rédwre la ~ inadlllÏSSlble ~
ct 1• au moins ils mettent une. ruptu;evatican IL !-8 ·
~~esse::~~:~o;ruscion ~1e pensée ? Dans Pierres Vivantes ou tout:~PJCS~ion de la foi ant~neure.tion aveG""Jadi •
tan i::glise ne peut être en op~ c c:e CoP
l>tétéllà. le Pape lui-même, a .~t q: et nQAI!!
u onCJ e de Trente et de Saint Pie X ?
la lumière de la Tradiuon
120 LA TRAOITION « EXCOMMUNlilE » Rill'LEXIONS SUR LA NOTE J2l

10) ad 11, b) 3• al. « le no1nbre restreint des fidèles assistant à 14) ad Il, b) 7• al.
fa 1nesse de Saint Pie V, concédée selon l'indult de Jean-Paul Il en Les fidèles ont occupé l'église de Saint-Nicolas du fait de l'hos-
1984... » tilité des évêques. La réglementation canonique de la Fraternité non
Le nombre restreint a bien d'autres raisons. L'obstruction faite seulement résoudrait ces cas, mais surtout éviterait que d'autres cas
~~ les ~vêques Y est pour une grande part. Combien de messes avec similaires ne se produisent.
1 mdult Jouissent du respc;ct des rubriques du missel de 1962 ? (autel
face a~ peuple, communion dans la main, communion donnée par 15) ad li, c) 2• al. « li faudra l'accord de l'évêque_ diocésain.
des laiques... ). En tout cas, le nombre des fidèles n'est pas restreint Celui-ci ne pourra être donné que s'il y a une communion dans la
pour les messes assur~es par la Fraternité. Il serait plus honnête de foi et la reconnaissance explicite du Concile Vatican n. » .
parler du nombre toujours plus restreint des fidèles qui assistent aux Il s'agit d'établir quelle foi: celle de Pierres Vivant~, du ~vre
messes dans les paroisses officielles. « Les évêques disent la foi ? » L'interprétatio~ _du Concile Vaucan
Il doit être faite à la « lumière de la Trad1t1on » ou contre la
11) ad Il, b) 4:al. « La. P_réfature personnelle ne peut en effet Tradition ? 1
assurer p~r e/fe-1ne1ne un 1n1n1stère pastoral coinp/et coinme Je fait Ainsi l~s évêques français se reconnaissent en désaccord avec a
une paroisse. » doctrine traditionnelle, au point de n'avoir plus rien en commun avec
Ceci est une affirmation gratuite. L'Opus Dei a des paroisses. Mgr Lefebvre el la Fraternité Saint-Pie X.
J
et 2> ad li, b) ~·al ..« ··· la position théologique de Mgr Lefebvre
f'Ét~. 1~ Fraternité Saint-Pie X concernant le lien entre l'Église et
16) ad Ill, 6• al. « Ce prêtre doit être "en communion
· '' avec
la hiérarchie de l'Église catholique. » .é h" de l'Église
Que signifie « en communion » avec la hi rare ~:s les prêtres
goir1;x"~t:t~~ :~éo~l:~u~l~~t ~.lle~e Bon~face V~ll, Martin V, Grê- catholique ? Depuis quand et par qui sont exce~uni
le De Revelation;) M ' ie Il, (voir Garrigou-Lagrange dans et les fidèles de Saint-Nicolas et de Port-Marly ·
sousGrire dans leur i~~: rit~r Lefebv.r~ et la _Fraternité s~nt prêts à , més par l'évêque
nent cette doatrine catgoliq P~u~?uoi les éveques·frança1s con~arn­ . 17) ad Ill, 8• al. « Ifs doivent de plus etre nom
papes 7 Où pensent-ils que Vu~. · si condamne~t peut-être aussi ces diocésain. » . . . . . r er cette nol)lÎnation,
a ican l est en antithèse avec ces papes ? Et ?Ourquo1 l'évêque diocésain de~rÉait~JI re ~~olique ? Est-ce une
13) ad li, b) 5• al « De ce . d . une fois la Fraternité reconnue par 1 glise ca
tiquement asservie à des poin,t e _vue une << Église » ainsi poil- menace?
veau so~ opposé: l'adhtfo~upes d ~treme-d'..oite légitimera de nou- . peut confier un édi-
apostof1ques à la gauche /!(ganique de pretres et de mouvements 18) ad Ill, 11• al. «Seul l'évêque diocésai~ion religieuse ou aux
« Son opposé», c'est-!:!~ir ante ou. a~ parti communiste. » lice affecté au culte catholique à une ~ongréga Rome. »
bres de l'épiscopat français (I ; ~ne rea!1té_ favorisée par des mem- membres d'une prélature en communion avr pprobation, la situa-
bres du parti communiste e~ · ..C. Qui éli_t à la direction des rnem- . Est-ce une menace ? Si l'évêque donne r:Vêque de donner cette
rassemblement de la visite de qui ~t favonsée à l'occasion de leur Iton est clarifiée. Et l'État n'empethera pas
Que Mgr Lefebvre et la Fr s t car~~nau~ Decounray et Lustiger... ). autorisation a posteriori.
d'extr@me-droite est une calo~~ni~ soient asservis à des groupes .~lüon/ion de la Loi de Slpa-
tre la droite sur le meme plan e. n tout cas, on ne peut pas me~­ _19) ad Ill, 12• al. « Cette constante ap""- 'h /iqlle en Frtzll«. »
eu de condamnation de la Part ~ue ,1Éa ~auche, car il n'y a jamais ratio~ garantit la stabilité de /~ prése=. C:: :eYl8iellt d~ ~
ce fut le cas pour le commu . e 1
ghse contre la droite comme s S~ les éveques craignent vrauni:n} Et colll!De ce qu•iJs,c:r"Jl,IM'Dt.
rusme. 0 1Ution canonique avec la Fraterrui.,.
122 LA TRADITION « EXCOMMUNIÉE »

est déjà une situation de fait, il convient donc de régler au plus vite
la situation de la Fraternité.
Pour l'État, la nomination doit venir de l'évêque diocésain. Mais
pourquoi les évêques prévoient-ils déjà de la refuser, même si Rome
a « reconnu » la Fraternité ?

20) ad III, 12• al. « Toute infraction à la loi française re1ne11rait


en cause cet équilibre et serait la porte ouverte à tous les abus : uti-
lisation d'église à d'autres fins que le culte catholique... » 1

C'est déjà en acte : mosquée par exemple, mais cela est l'œuvre
des évêques.
ANNEXE III

Conclusion
COMMENTAIRE JURIDIQUE
Les évêques français ont voulu, dans cette note faire voir les dif-
ficultés qui peuvent surgir d'un accord entre le Vatican et Mgr Lefeb-
vre. Mais, au contraire, les difficultés existent déjà, et elles sont nées
à ca~se du comportement des évêques. Ces difficultés sans un accord, la note de « l'épiscopat fran-
contmueront et se multiplieront. ' . 1) C'est, hélas, s~n~ é~onnement ~ue de vue de la loi française»,
ça1s », dans sa parue 1nutulée « f·~'n~. xpression moderniste mélan-
~ fait, avec cette note, les évêques montrent eux-mêmes l'urgence apparaît au juriste com~e un mo e e ur eaboutir à une mise en garde
de regler le problème. S'ils ont, comme pasteurs la préoccupanion
des âmes, ils ne devraient pas créer de di~ficult~s.
geant habilement le vrai et ,le faux Pâ ce qu'elle dénonce alors que
c0ntre les prétendues co~sequences 1 ~ défend, qui peut seule engen-
c'est précisément la thèse inverse, qu e e .
drer de telles conséquences. . de la technique subve.rs1y,e
Il s'agit là d'un procédé b1~n conn~ dans les mœurs ecclés1asti-
et maintenant, hélas encore, bien entre .
Ques du temps. . . donc pour but de '!1ettre en
Les observations qui su1v!ont o~t ais surtout en droit - que
lumière - en fait, s'il en était b~so1n; ~aditionnels qui « remet!ent
ce ne sont pas les prêtres catholique. é ble au culte catholique
en cause l'affectation perpétuelle et "" vo~a tout au contraire, les
:n
du patrimoine chrétien <!e la France ~:~es puis voir dispanlîtr~
évêques qui préfèrent lll!sser tomber de les confier à ~ 'Pretres
nombre d'églises françaises plutôt que bres de la Fraternit6 Saeer-
• traditionnels qu'ils soient ou non me~eur Marcel Lefeb~
dotale Saint~Pie X fondée par. M~ns;1aire la part du vrai et
li est donc d'abord nécessaire e unaux ~t paitiealijl:l
.du=
et ensuite d'examiner comment.les ~b principeS~la:,.
le Conseil d'État peuvent appliquer es
124 LA TRADITION « EXCOMMUNl~E » COMMENTAIRE JURIDIQUE 125
dégagés par la jurisprudence pour raire race aux circonstances actue~es le culte catholique, l'évêque du ? iocèse ~u le ~ur~ ~~a~o~cff:~~~~!
engendrées par l'état - non pas de crise, comme d 'au; uns p~rs1s­ tout un ensemble d'. « affectataires » Qll;I ~eraJen ce culte.
tent encore à le croire (et l'on comprend, alors, que les memes S'!nt~r­ catholiques et ensuite seulement les m1n.1s~res de , as incliffé-
rogent sur des sacres récents) - mais de décomposition de l' Eglise Au surplus, cet ordre voulu par Je .le,gislateu~ n. C:.~ intéressés
catholique universelle.
rent et ne peut être inve~s~ car, en reahte',!~ruÎt~~~; par Je Jégisla:
ce sont les fidèles, les m1rustresfid~lu c~lte ~tique complète de la reli-
teur que pour permettre aux 1 e es a p_r
2) Tout d'abord, les édifices cultuels sont devenus la propriét.é
de l'État, des départements ou des communes, qui ont le droit gion, ce que ceux-ci ne peuvent pas f~iret:~;n e:'uiement du texte
« d'engager les dépenses nécessaires pour /'entretien et la conserva- Cette primauté du droit d~ fidel~ r~uJ ui il faut y insis-
tion des édifices du culte» (art. 13, in fine, de la loi du 9 décembre littéral de l'article 5 de la 101 du 2 Janvi~r :n.i~~ du culte, mais
1 7
1905). ter a nommé à dessein les fidèles avant .es d Églises et de l'État
D' autre part, « à défaut d'associations cultuelles, les édifices affe~­ au~si de l'esprit même des lois de sépa_r~u~~té:
tés à l'exercice du culte, ainsi que les meubles les garnissant, conti- et du contexte dans lequel _elles on_t ete f · ~s fidèles d'un culte
nueront, sauf désaff ectation dans les cas prévus par la loi du Ce sont, bien sQr, les droits des Cll~~ef:iat1:- n'est pas interv~nu
9 déce1nbre 1905, à être laissés à la disposition des fidèles et des ~n.is­ que ces lois ont voulu protéger. Le ~ . ·sément qu'elles soient
lres du culte pour la pratique de leur religion » (art. 5 de la 101 du dans l'intérêt des Églises, dont il. entendaJt ~~c~es ministres des cultes
2 janvier 1907). séparées de l'État, et, encore moins, dans ce
Ainsi, les textes définissent donc, en ce qui concerne les édifices qu'il a toujours voulu .ignorer· r ne pas dire uniquem:n~, les
cultuels : Ce sont donc essenuellemen~. pou . l'objet des soins v1gtlants
- le propriétaire - une autorité publique (État, département ou droits des fidèles des cultes qui ont Ja1\
commune); et répétés du législateur de 1905 et e 907 ·
- une affectation - la pratique de la religion ;
- les usagers - les fidèles d'abord et les ministres du culte ·1 d'État qui a dQ s'occu-
ensuite. 3) Tout cela est si vrai q~e c'est 1~~:i::~ pouvaient s'exercer les
La doctrine et même certaines décisions de jurisprudence ont parlé per de déterminer quels étaient et c édifices cultuels. . _
d'« ~ffectatatres ». Ce ne peut être que par un abus de langage ou droits des ministres du culte sur le~ de fait : la notion de « des
une 1mpropnété de terme car, en réalité, les fidèles et les ministres Il l'a fait en partant de deux,notu::::ation générale du Cl;'lt~ ». _
servant » et celle de « r~g_les d org: le culte catholiq~e, ladJun:~e
du culte ne sont que les usagers de l'édifice cultuel et les utilisateurs
de son affectation. C'est ainsi qu'en ce qui concern voirs de gesuon °~
dence du Conseil d'État accorde les po~ » (appellation admamstra-
.
Cette appellation est donc impropre, les édifices cultuels n'étant
pas affect~ aux fidèles et aux ministres du culte, qui n'en seraient des églises catholiques aux « desserv_an ecclésiastique) nommés par
« affectata1res » q!'le dans la mesure où ils les utilisent conformément live), c'est-à-dire aux curés (appellation . . t conf6-
à 1C1;1f seule et unique affectation qui est l'exercice du culte pour la les évêques des diocèses. uvoirs qw lw son ès d
pratique de la reUg1on. 1
Mais la qualité de desse!"an~ et Ieesmfoïstère du culte aupr es
On n~ ~urrait donc les considérer comme « affectataires » que rés a pour contrepartie obligatoire le clek
dans la limite de cette affectation bien précise et exclusive de toute fidèles. mmer le desserva.it et il!CD.
autre. L'éveque du diocèse chargé de! pouvoirs de leUr ~cf{~
~ntoute hypothèse, d'ailleurs, il n'y aurait pas un seul « affec- servant ne peuvent pas détourner "t en ne desservant :Rl!$.
ne nommant pas de desservant SOI 1~u:K,
lalaue » ou un « qffectataire » privilégié qui serait, par exemple pour
ment lédifice cultuel.
126 LA TRADITION « EXCOMMUNIJ!E » COMMENTAIRE JURIDIQUE 127
l' .• ue du diocèse peut, selon son
Cela va naturellement sans dire mais la note de l'épiscopat fran- tant, en réalité, à préten.d~e. que evelq omme s'il était à sa disposi-
çais prouve que cela est devenu. nécess~ire. de le rappeler. . . . _ bon vouloir, user d'un ed1f1ce ~ultue c le laissant fermé à l'aban-
Le texte de l'article 5 de la 101 du 2 1anv1er 1907 est p_arucuhe~e tion exclusive et en faire ce. qu'il ve~t en t manifestement contraire
ment clair à cet égard. JI précise que les ~dific~s af~e~tés a l 'exe~c1ce don pendant dix, qui~ze, v1!1gt ann~esÎis~ et de l'État et à la pro-
du culte « continueront » à être laissés a la d1spos1t1on des fide_l~s . à la fois à la loi de separat1on des . g
L'intention du législateur est on ne peut plus nette : c'est de manie~e tection du patrimoine cultuel français. . • publique puisse entre-
continue qu'un édifice cultuel doit être laissé. à. la di~~osi~on des fide- .
En effet comment concevoir que . · n ? Elle se verrait· b.1en
l'autonte
les. L'autorité publique, pas plus que l'autonte eccles1ast1que, ne peut tenir un édfrice cultuel qui ne sert plufs .a nmeau.vais usage des fon~s
faire obstacle à cette libre disposition des fidèles. . . · · és de aire ·nes peu à peu, 1e Patr1 -
vite reprocher par ses adm1n1str
Il est, en effet, surprenant de devoir rappeler de telles ev1d~n­ publics. Ainsi est en train de tomber er -~~ê~e de disparaître de
ces : ce n'est pas une faculté pour l'évêque du diocèse, c'est bien moine cultuel' de la France et, P.ar e :ce que Îes évêques ne veu-
pour lui une obligation de désigner un ministre du culte pour cha-
que édifice cultuel. . nombreux édifices cultuels cat_holiqu~~ prêtres traditionnels. der-
lent pas qu'ils soient desservis p~r roche qu'ils font à ces
C' est d'ailleurs bien de cette manière que jusqu'à cette epoq~e lis encourent donc bien seuls_ e [ep
troublée la hiérarchie de l'Église catholique en France avait compr~s niers avec une si insigne mauvaise 01 •
sa mission. Si tous les presbytères n'étaient pas occupés, la qu_as1-
totalité des églises était desservie, une ou plusieurs fois par se~ai.ne,
par des ministres du culte qui officiaient dans plusieurs eghses
voisines.
Mais, depuis une époque récente et notamment depuis I.e dernier
concile, c'est un nombre toujours croissant d'édifices cultuels s~
situant au milieu d'une populat,ion de plus en plus nombreuse qui
sont abandonnés totalement ou pFesque totalement par llévêque du
diocèse qui ne veut pas ou qui ne peut pas désigner un desservant.

4) Cet évêque manque donc volontairement ou non à son obli-


gation vis-à-vis des fidèles et naturellement l'autorité publique pro-
priétaire,_ qui a la charge de veiller à ce que les édifices cultuels res-
t~nt continuellement à la disposition des fidèles, a l'obligation de pal-
lier la carence de l'autorité ecclésiastique.
,. Bi~n en.tendu, elle ne peut pas nommer un desservant sans
s tm~s~er •l!égalemen~ d~ns l' organisation générale du culte e~ por-
ter ai~1 atteinte au ~rtnc1pe de la séparation des Églises et de 1 Etat.
Mais elle a parfattement le droit, et même le devoir d'une part,
de conserver et d'entretenir ce patrimoine immobilier cult~el que cons-
titue le bâtiment de l'église, et, d'autre part de pourvoir au gar-
diennage accès.afin de permettre aux fid~les du culte d'y avoir
de l'église
habituellement
La solution préconisée par la note de l'épiscopat français consis-
COURRIER DE ROME - Si si no no
Mensuel d'informations religieuses, documents et commentaires
Extrait de lettre (23-8-88) de Mgr Lefebvre à la direction de la revue
~ncEeXrnant le numéro de septembre 1988: «NI SCHISMATIQUES
COMMUNIÉS ».
~On ne. peut être plus vrai, plus clair pour illu1niner de la lumière
,.: la /01 les décisions que j'ai dû prendre depuis 15 ans et partie:'-
·' reinent la dernière celle de la consécration épiscopale. Combien
Jeu~ouhaite que ces pages soient traduites dans toutf! les ~angues,
~· elles paraissent dans toutes nos revues, qu'elles soient mtSes à la
1Sposition de tous nos fidèles.
··· (Deniandez) à tous nos supérieurs et à tous les respo'_'Sables d~
:fe~~Pes tr~ditiona/istes (. .. ) qu'ils répandent c~ pages lumineU: q~~
aient etre lues par tous ceux qui nous suivent et tous ce q
sont
li ' perp lexes. r0 blè
m 11 est pas possible de résoudre n1ieux el plus f ortemenl les P -
c~ actuels. .
st un chef-d'œuvre de pastorale et de théologie. »

Abonnement et
vente au numéro à: "'M.'·"'
COURRIER DE R"' :.:,
B.P. 44 - 78001 VERSAILLES
Abonnements :
1'll-\N F eçcLésiastique : 60 F
spéc· CE : normal : 100 F ; soutien : 2~0 ! F
Ven::1 1988 + J989 : J50 F ; ecclésiasuque · 90
1 e au numéro : 10 F Je numéro
X. : 15 F ; 5 ex. : 60 F; JO ex. et plus:
Êîll-\ . ecc1ésiasrlque : 75 F
SPéc' NGER : normal : 120 F ; soutie~ : :24° ~ '11S F
ia1 1988 + 1989 : 180 F ; eccJés1asuque .
Nom: Prénom:
.\dresse :
l)ésire , à ~ dm
Crnois) s abonner au Courrier de Rome
Itèglcrn·· ··· ·· · ·. (année)
ent : ch~que ou vlreJDeDt c;..c.'I!~
Novembre: .
- Le cardinal Ratzinger demontre l'état de nécessité
dans l'Église .
- Confessions sur le Concile

Décembre: - Avec le Pape sans papolâtrie

1989
. 1ution ecclésiale de
Janvier : - Le P ape, l'archevêque et la revo
notre temps
cardinal Ratzinger)
COURRIER DE ROME - Si si no no Février : - Votre Eminence... (lettred~ucardinal Silvestrini
quelques thèmes abordés depuis le nu méro de janvier 1988 - La campagne él~ct~ralear des évêques
- L'immoralité prechee P .
. « traditionalistes »
1988 Mars : - La Tradition, le Concile et 1es
Janvier : . ?
- Nouvelle rencontre interreligieuse É lise en liqui dauon .
Avril : - Hollande - . g de Cologne » à
- L'écroulement de l'Église en Hollande _ La « déclaration hommage public
- Illégalités pendant le Concile _Le p èlenn. age .· solenne1
Février : Jésus-Ch~ist . Le
- L'humiliation de l'Église et de la Papauté lie . le Commonitonum -
- L'éclipse de Rome : l'affaire Hunthausen Mai : - 1Jne œuvre !rès ac~ue . de Lérins .
- L'anniversaire de l'ouverture du Concile canon de .saint V1n~~~~ique postconcilia1re
Mars: _ La « renaissance »
- Toute la vérité sur Taizé
Avril :
- Pour connaître Mgr Lefebvre et juger Vatican II
Mai:
- Une conversion intellectuelle à l'erreur (liberté
religieuse)

Juin : - Subterfuge face à la Vérité révélée

Juillet/aoOt : - L'Église fondée par le Christ et le modernisme


Septembre : - Ni schismatiques, ni excommuniés

Octobre : - Une excommunication sans fondement canonique


- Non au blasphème hérétique 1
TABLE DES MATIÈRES

9
Préface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
15
Ni schi smat"1ques n1· excommun1"és ........................ .
49
Sur le droit de nécessité dans l'Église ........ .. ... · · · · · · · ·
51
Au sujet de la consécration épiscopale sans mandat pontifical
Le cardinal Ratzinger démontre I'« état de nécessité» dans 59
1'Église ........................................ ........ .
73
La Tradition, le Concile et les « traditionalistes » ... · · · · · · ·
ANNEXE 1 : Note de l'épiscopat français .......... · · · · · · · 109
ANNEXE Il : Réflexions sur la note .............. · · · · · · · 117
ANNEXE II 1 : Commentaire juridique .......... · · . · · • • • · • 123
COURRIER DE ROME
Édition en français du périodique romain
Sl si no no
Directeur : B. de Roquefeuil
Rédacteur : abbé de Taveau
Adresse : B.P. 44 - 78001 Versailles Cedex
Presse n. 62469

Oirec1ion
Adminis1ra1ion, Abonnemen1s
Secrétaria1
B.P. 44
78001 Versailles Cedex

~~~~~~~~~d-."""""*~~-Pl'~'-COltll.~-......
~.-,...,~.-S.A.~~~~~~
N• · -~-
o14110 ... .,,._i
: 14492 • INPOl 16(111 ,.,.,. 1981
........ "' CEE.
Un an après les consécrations épiscopales du 30 juin 1988, qui
secouèrent violemment le monde religieux le COURRIER DE
ROME réunit en un volume une série d'articles diamétralement
opposés aux déclarations et aux publications médiatiques.

*
* *
Le COURRIER DE ROME, édition en français, de la revue
romaine Si si no no, bénéficie de la collaboration de philosophes,
de théologiens, d'exégètes et de canonistes d'une valeur reconnue.
Le sérieux et la profondeur de ces études font que Si si no no
est devenue une des revues les plus répandues dans les milieux
ecclésiastiques romains.
Les collaborateurs de la revue se sont penchés sur le « schisme
d'Ecône ». L'impact de leurs travaux fut tel qu'aujourd'hui à
Rome on ne parle plus que du « soi-disant schisme ».

JSBN : 2·8S480-230-6 Prix : 60 F

Vous aimerez peut-être aussi