Call For Papers
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Cette journée d’études souhaite rassembler des universitaires, des chercheurs, et des étudiants
passionnés par la relation entre l’histoire et la littérature. En plongeant dans les échos du passé qui
vibrent dans les textes littéraires, nous chercherons à comprendre comment la littérature capte,
interpelle, et façonne notre compréhension de l’histoire, contribuant ainsi à des discussions
continuelles sur notre passé collectif et individuel. Comme le propose par exemple Michel
Foucault, dans l’Archéologie du savoir, « Par une mutation qui ne date pas d’aujourd’hui, mais qui
n’est pas sans doute encore achevée, l’histoire a changé sa position à l’égard du document [dans
ce contexte, le texte littéraire] : elle se donne pour tâche première, non point de l’interpréter, non
point de déterminer s’il dit vrai et quelle est sa valeur expressive, mais de le travailler de l’intérieur
et de l’élaborer : elle l’organise, le découpe, le distribue, l’ordonne, le répartit en niveaux, établit
des séries, distingue ce qui est pertinent de ce qui ne l’est pas, repère des éléments, définit des
unités, décrit des relations. »1 Une telle réflexion nous guide en effet vers une compréhension plus
profonde de l’acte d’écrire à partir des traces du passé. Elle souligne notamment le rôle actif de
l’histoire dans la manipulation et la transformation des textes littéraires. En tout état de cause,
l’histoire, la mémoire ou le savoir, avec sa complexité, ses tumultes et ses mystères, continue
d’influencer profondément la littérature française et francophone. Cette journée d’études vise ainsi
à explorer la manière dont les écrivains français et francophones intègrent, interrogent et
réinventent cette histoire dans leurs œuvres romanesques et épistolaires. Comment le passé
résonne-t-il dans le présent à travers les textes ? De quelle manière les écrivains utilisent-ils la
littérature pour préserver la mémoire, adresser les traumas historiques, ou remettre en question les
récits historiques établis ? Ce sont là certaines des questions auxquelles devraient pouvoir répondre
les travaux de la journée d’études. À ce titre, les axes de réflexion proposés ci-après demeurent
non limitatifs :
• Mémoire et trauma :
Sous l’éclairage foucaldien, l’histoire et la littérature transcendent leur rôle de simples témoins
pour devenir des acteurs engagés dans la redécouverte, l’organisation et la transformation des
récits. La littérature, plus spécifiquement, s’avère être un espace de prédilection où les traumas des
guerres, génocides et révolutions sont non seulement relatés, mais également restructurés de «
1
Foucault, Michel. Archéologie du savoir, Gallimard, 1969, p. 14.
l’intérieur ». Elle va au-delà de la simple narration de ces événements pour les disséquer, les relier
et mettre en avant les connexions entre souvenirs, témoignages et traumas. Ainsi, l’acte d’écrire
devient un écho des bouleversements historiques, exhume des mémoires occultées, donne voix
aux témoignages effacés, et propose un espace de réflexion et de guérison pour les traumas du
passé.
• Réécriture et réimagination de l’histoire :
La perspective proposée ici s’intéressera à l’étude des œuvres qui revisitent des événements ou des
périodes spécifiques, offrant de nouvelles perspectives ou des récits alternatifs qui défient l’histoire
officielle.
• Histoire et identité :
Dans ce cadre, la journée d’étude voudra explorer la manière dont les écrivains utilisent l’histoire
pour examiner ou construire des identités, qu’elles soient nationales, ethniques, de genre ou
personnelles.
• Lieux de mémoire :
Une considération sera faite ici à la représentation littéraire des espaces chargés d’histoire et de
mémoire, tels que les monuments, les sites de patrimoine, les lieux de catastrophe, ou les espaces
urbains.
Comité organisateur :
Cherin Chung, Forough Hazrati, Aditi Khasa
Comité scientifique :
Dr. Laté Lawson-Hellu, Dr. Karin Schwerdtner, Dr. Geneviève de Viveiros, Dr. Keling Wei.
Bibliographie indicative
Bhabha, Homi K. Les lieux de la culture : une théorie postcoloniale. Payot, 2007.
Derrida, Jacques. Mémoires pour Paul de Man. Galilée, 1988.
Farge, Arlette., Le Goût de l’archive. Points histoire no 233. Seuil, 1997.
—. Des lieux pour l’histoire. Seuil, 1997.
Genette, Gérard. Palimpsestes. La littérature au second degré. 1982. Points essais no 257. Seuil,
1992.
Glissant, Édouard. Poétique de la relation. Gallimard, 1990.
Gruzinski, Serge. La pensée métisse. Fayard, 1999.
Halbwachs, Maurice. La mémoire collective. Presses Universitaires de France, 1968.
Miller, Timothy. Histoires d’écrivains. La Cinquième, 2000.
Nora, Pierre. Les lieux de mémoire. Gallimard, 1984.
Perrot, Michelle. Introduction. Histoire de la vie privée, dirigé par Philippe Ariès et Georges Duby,
vol. 4, Seuil, 1987.
Poirier, Jean, et al. Les Récits de vie. Théorie et pratique. 3e éd., Presses universitaires de France,
1993.
Ricœur, Paul. La mémoire, l’histoire, l’oubli. Seuil, 2003.
Todorov, Tzvetan. Nous et les autres : la réflexion française sur la diversité humaine. Seuil, 1989.
Viart, Dominique. « L’archéologie de soi dans la littérature française contemporaine : récits de
filiations et fictions biographiques ». Vies en récit. Formes littéraires et médiatiques de la
biographie et de l’autobiographie, dirigé par Robert Dion et al., Nota bene, 2007, pp. 107-37.