TPB Et Personnalité Traumatique
TPB Et Personnalité Traumatique
TPB Et Personnalité Traumatique
PAR
MÉLANIE BEAUMONT
JANVIER 2020
Université du Québec à Trois-Rivières
Service de la bibliothèque
Avertissement
La négligence et les traumas psychiques durant l' enfance semblent être des facteurs
trouble de la personnalité limite (TPL) est celui qui retient le plus l' attention des
cliniciens et des centres de services sociaux (Bouchard, 2010; Gunderson & Hoffman,
2005; Lieb, Zanarini, Schmahl, Linehan, & Bohus, 2004; van Asselt, Dirksen, Arntz, &
Severens, 2007). Cependant, il semble que bon nombre d' individus ainsi diagnostiqués
présentent en fait une symptomatologie beaucoup plus complexe, ce que bon nombre de
cliniciens définissent par l' état de stress posttraumatique complexe (ESPTC). Les
similitudes des tableaux cliniques de ces deux diagnostics présentent des difficultés pour
privilégier. Ce présent essai consiste en une révision critique des concepts théoriques
ainsi que d' articles empiriques portant sur le nouveau diagnostic d' ESPTC, et ce, en lien
avec celui du TPL. Quelles sont les différences et similitudes entre le TPL et l' ESPTC?
concepts d ' attachement, de mentalisation, de régulation des affects, ainsi que des critères
mondiale de la santé [OMS], 2018). La recension des écrits démontre que les diagnostics
de TPL et d' ESPTC présentent beaucoup de similarités, autant du point de vue de leur
étiologie que de leurs critères diagnostiques. Pourtant, les résultats des recherches
IV
Sommaire ...................... .... ..... ....... ..... ....... .. .... ........................ ....... ............... ... ................ iii
Liste des tableaux .......... ............. ... .... .. ........ ... ............... ................................ ................ . viii
Remerciements .... ......... .......... ... ........ ........ .... ............ .... .. ......... ......................................... ix
Introduction ..... ... .... ...... ...... .. ......... ..... ............................................. .... ............................... 1
Méthodologie ............ .............................. .... ...... ... .. ............. .. .. ... .. .... ... ... .. ................... 4
Théorie de l' attachement. ... .......... ....... ... ... ... ............................................................... 6
Modèles internes opérants ... ....... ...... ... ..... .................. ..... .... ....... .......................... 9
Deux ième phase ........... .. ........ ...... .. .......... ... ... ............. ....... ...... ... ..... ........... 13
Troisième phase ..... ...... ..................................... .......... .. ... .... ...... .............. ... 14
Styles d' attachement ......... ........ .................... ... .......... ..... ... ... ............................. 16
Organisation du soi .... ......... ...... ...... .... .. ..... ... .. .. ...... ........................ ............ 22
Développement émotionnel ..... .. .................... ..... ...... ....... .............. .... ....... .. 37
Définition du TPL .... ...................... .. .... .. ....... ... ......... .... .... ... .......... .. .. .. .. ... ..... ........... 54
TPL selon le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux ....... ..... ....... 58
Mentalisation et TPL .. .... ......... .. ......... .......................... ... ... ................. ............... 63
Régulation affective et TPL ...... ........ ........ .... .................... .... ........ ..................... 64
Évolution du concept du diagnostic d'ESPTC ......... .. .. ............ ... .. .... .. .............. ........ 68
Vers une définition ...... ....... ........ ..... ....... ....... ... ......... ...... ......... ... .......... ... ....... .. ........ 80
Définition de l'ESPTC dans la CIM-ll ..................... ........... .. .... .. .... ..... ......... .... ...... 85
Études et publication comparatives menées sur le TPL et l'ESPTC ..... ... .... .. .... .. .... 97
Récapitulatif des études menées sur les distinctions entre le TPL et l'ESPTC ...... 101
Discussion ............. ....... .. .... .. ... ............ ............... .. .. .... .................................................... 103
Références ............. ........... .. .... .. ................. ... .. .... ............................................ ................ 114
Appendice B. Critères diagnostiques proposés pour le TPL : un modèle alternatif.. ... 152
Liste des tableaux
Tableau
1 Critères diagnostiques proposés pour l'ESPTC ...... .. ..... ..... ... ..... .... ..................... 81
2 Les résultats des études les plus récentes avant l' inclusion de l' ESPTC dans la
CIM-ll ...... ..... .... ........ .. .................. ............... .. .. ........... ... ..... ................................ 83
3 Définition des divers types d' attachement selon les apports théoriques de
Shaver, Mikulincer et Pereg ... ............ .................................... .. ..... .. ... ... ........ ..... 140
Remerciements
De prime abord, ma gratitude va à ceux qui m ' ont soutenue et qui ont été présents
comité doctoral.
Introduction
Les différents types de mauvais traitements durant l' enfance semblent être des
troubles psychologiques. Ils induisent différents types de problèmes qui peuvent avoir
d ' importantes répercussions au plan psychologique. Il est généralement admis que les
troubles psychopathologiques (Sroufe, 1997, 2009). D ' ailleurs, il apparait que peu
persistent à travers le temps: les individus traumatisés doivent composer avec des
souvenirs de l' événement traumatique qui reviennent sous différentes formes ainsi que
des peurs spécifiques liées au (x) trauma(s), ils adoptent des comportements répétitifs et
un changement s' observe quant à leurs attitudes face aux personnes, à la vie et au futur
(Terr, 1991).
personnalité limite s' avère le plus onéreux pour le système de santé (Bouchard, 2010;
Gunderson & Hoffman, 2005; Lieb et al., 2004; van Asselt et al., 2007). Cependant, il
semble que bon nombre d ' individus ainsi diagnostiqués présentent en fait une
3
ce syndrome observé chez des individus ayant survécu à des traumas de nature
aux plans de l' étiologie et des critères diagnostiques, qu ' il est d' autant plus difficile pour
Cet essaI consiste en une révision critique des concepts théoriques ainsi que
d' articles empiriques portant sur le nouveau diagnostic d' ESPTC, et ce, en lien avec
celui de TPL. Comment différencier le trouble de la personnalité limite (TPL) de l' état
de stress posttraumatique complexe (ESPTC)? La recension des écrits avait pour objectif
de distinguer le TPL de l' ESPTC suivant les perspectives de la théorie de l' attachement,
des maladies (CIM-II; OMS, 2018) et de discerner s' ils appartiennent à la même
organisation de la personnalité.
Une revue des écrits théoriques portant sur le développement en enfance sera
Méthodologie
Elle se base sur une recension des écrits faite à partir de la base de données
Psychlnfo, l'ensemble des articles parus et comprenant les mots clés suivants:
posttraumatic stress disorder ont été sélectionnés. Cependant, les thèses doctorales ont
été omises et seuls les articles et les études les plus souvent citées ont été retenus. Ainsi,
la recension regroupe des articles publiés dans les périodiques, des publications révisées
L' essai comprend six divisions. Le premier chapitre définit et situe les différentes
ce trouble selon le DSM-5 (AP A, 2013) ainsi que sur les caractéristiques relatives aux
l'ESPTC, la définition de ce trouble selon la CIM-ll (OMS , 2018) ainsi que les
défendre l' idée que la qualité des expériences vécues durant la petite enfance contribue à
former l' adulte de demain, ont largement contribué à l' essor de la compréhension du
apports théoriques des principaux chercheurs qui se sont attardés aux différentes sphères
du développement social, cognitif et émotionnel de l' enfant. L ' une des contributions
majeures du siècle dernier est la théorie de l' attachement élaborée par John Bowlby
(1969) qui souligne l' importance de la qualité du lien de l' enfant à ses parents dans le
d' abord le concept général ainsi que les principaux concepts reliés à celui-ci, puis
illustre le concept des modèles internes opérants, pour ensuite aborder le développement
du processus d' attachement de l' enfant ainsi que les différentes catégories s' y
rapportant.
Théorie de l'attachement
La théorie de l' attachement élaborée par John Bowlby est au centre des recherches
sur le développement social, cognitif et affectif de l' enfant. Celle-ci fut inspirée des
ultérieurement des recherches de Mary Ainsworth, Blehar, Waters et Wall (1978) qui
Les travaux de John Bowlby (1969), basés sur ses études éthologiques concernant
les besoins biologiques et de survie des jeunes primates et sur ses observations de jeunes
enfants négligés, démontrent l' importance critique de l' attachement stable et sécure, et
ce, tant chez les humains que chez les primates. Un tel attachement, basé sur la
sociales et dans d' autres aspects de la vie, active autant le développement que la
équilibré; une base sécure à partir de laquelle l' enfant explore le monde et à laquelle il
retourne pour trouver refuge lorsqu ' il est bouleversé ou menacé d ' une manière ou d' une
Le principe de base de la théorie de l' attachement stipule que l' enfant a besoin de
développer une relation d' attachement, un lien affectif, avec au moins une personne qui
prendra soin de lui de façon cohérente et continue afin de consolider son développement
social, cognitif et affectif. Cette relation est donc indispensable pour l' évolution
comportements qui caractérisent l' espèce (groupes ou systèmes), à l' origine relativement
indépendants les uns des autres, deviennent interdépendants et centrés sur la « mère »,
principal objet, servant à unir la mère à son enfant et l' enfant à sa mère.
protecteur, c' est-à-dire que l' enfant vient au monde équipé d'un nombre de systèmes
comportements dits d' attachement (sucer, attraper, suivre, pleurer et sourire), dont le but
Craik (1943). La théorie de l' attachement stipule que l' enfant développe des MIO, sur la
base des interactions qu ' il entretient avec ses parents, et plus particulièrement sur la
Les MIO sont en quelque sorte l' équivalent des schèmes de Piaget (1937) et se
construisent suivant le principe d' assimilation 1. À partir du moment où l' enfant forme
comme étant plus ou moins aimé et digne d' être aimé alors que le modèle d' autrui
renvoie à sa perception des autres comme étant plus ou moins attentifs et sensibles à ses
besoins (Miljkovitch, 2009). Ces modèles, l' enfant les développera à partir des
interactions qu ' il aura avec les « membres de sa famille »2, qui lui faciliteront l' accès à
(mentalisation).
précoces, l' enfant intériorise des séquences d' événements (mémoire procédurale)
Le principe d' assimilation de Piaget renvoie au processus par lequel une réalité extérieure est intégrée
à un schème. Pour de plus amples informations au sujet du constructivisme piagétien où l' adaptation
s'opère suivant les mécanismes d' assimilation et d'accommodation se référer au livre de Piaget intitulé
« La naissance de l' intelligence chez l' enfant ».
2 Cette expression est mise entre guillemets puisqu ' elle renvoie à une évaluation qui n' est pas
nécessairement contrainte aux liens de sang. « Les membres de sa famille » sont en fait les indi vidus
avec lesquels l' enfant développe un lien d' attachement.
10
associées à des affects ressentis lors de ces événements et adapte son comportement à la
propos de lui-même et des autres; il développe des modèles de relation. Ces modèles lui
l' expérience. Dans un premier temps, le modèle s' accommode aux interactions vécues
pour se constituer, puis, dans un second temps, les nouvelles expériences sont assimilées
au modèle existant. Afin d' alléger le traitement de l' information, l' individu effectue, de
fonction de guider les actions dans le présent et d' anticiper les événements ou
interactions futurs à la lumière de ce qui s' est généralement produit dans le passé
(Bowlby, 1969, 1980). La principale fonction des MIO est d' organiser de la manière la
d' attachement.
Bowlby (1969) souligne que le nourrisson est capable d' intérioriser des séquences
d' événements et d' adapter son comportement en conséquence, bien qu ' il ne soit pas au
stade de construire des structures symboliques à partir de ses interactions. À cet âge,
cette faculté ne s' applique qu ' à ses observations de son monde environnant. Il lui est
donc impossible de se représenter des choses qu ' il ne perçoit pas dans l'immédiat. Ses
réactions sont donc quasi-totalement dépendantes des séquences interactives qui lui sont
fournies par l' environnement dans lequel il se développe (Pipp, 1990; Thompson, 2008).
Et de fait, dans ses premières années de vie, l' enfant a comme seuls moyens de
Durant les premières années de vie, l' enfant, par ses comportements d' attachement,
tente d' éliciter chez la figure d' attachement un comportement de soins (<< careseeking
protéger l' individu attaché, est celui de prodiguer des soins (<< caregiving roie »). Les
Afm de progresser dans cette voie, Ainsworth (1973) et Bowlby (1969) proposent
quatre phases dans le développement de l' attachement qui sont présentées dans la sous-
section qui suit. Les trois premières s' effectuent au courant de la première année de vie
période, l' enfant qui , au départ, peine à différencier les individus (outre aux plans
olfactif et auditif), tente d' obtenir l' intérêt et les soins, à l' aide de comportements
la nutrition et la chaleur humaine. Les premières interactions entre l' enfant et sa figure
d' attachement ont pour objectif de favoriser le développement d' interactions prévisibles,
de minimiser l' intensité ainsi que la fréquence des comportements d' attachement et
d' éliciter d' autres comportements tels que les sourires ou le contact visuel, c' est-à-dire
que durant les premières semaines de vie de l' enfant, ce dernier et sa figure
d' attachement s' accordent afin que l' enfant puisse exprimer ses besoins et que sa figure
d' interactions, lorsque l' enfant envoie un signal particulier (crier) à sa mère, celle-ci en
vient à déduire son besoin, ce qui lui permet d'y répondre (nourrir). La fin de cette phase
13
s' effectue généralement vers la douzième semaine de vie de l'enfant, moment où celui-ci
l' enfant, qui est alors en mesure de sourire intentionnellement (Ainsworth et al., 1978).
Toutefois, lors de circonstances non favorables à cet accordage, cette phase peut
d' attachement. Trois enjeux sont reliés à cette transition: le contrôle comportemental, la
d' attachement. À ce jour, il existe des preuves substantielles que la sélection d' une
stratégie d' attachement débute durant les trois premiers mois de vie (Marvin, Britner, &
Russell, 2018).
Deuxième phase. La deuxième phase est la phase de l' attachement en formation (12
à 24 semaines). Durant cette période, l' enfant établit progressivement, par des réponses
différenciées, ses préférences pour certaines figures d' attachement. Cette hiérarchisation
des figures d' attachement peut se terminer au-delà de six mois, suivant le contexte de
maintien de la proximité avec une figure différenciée par locomotion et d'autres signaux
(6 à 36 mois). Durant cette période, caractérisée par des avancées significatives quant au
des modifications dans l' organisation des systèmes comportementaux, l' enfant consolide
attaché, c' est-à-dire que la locomotion permet à l'enfant de devenir un agent actif dans le
maintien de la proximité avec sa figure d' attachement en plus de lui permettre d' explorer
davantage son environnement. Toutefois, cette motricité accrue le place également face
à de possibles dangers dans son environnement (par exemple, un escalier). Ses capacités
communicatives se développent, tant au plan verbal que non-verbal, tout comme ses
nouveauté, à des événements soudains, mais également face aux inconnus suivant leur
intrusivité.
réciproque corrigé quant au but (après 36 mois) . Durant cette période, l' enfant passe
graduellement d' une position égocentrée à une décentration de son point de vue,
c' est-à-dire que ses compétences acquises lui permettent de commencer à penser que sa
figure d' attachement est une personne indépendante et permanente dans le temps et
15
l' espace (permanence de l' objet), qUI a ses propres sentiments, motivations, buts et
plans, et que les siens propres peuvent influencer le comportement de cette dernière.
Cette transition s' opère en deux temps . D'abord, avec sa nouvelle capacité à inhiber ses
comportements d' attachement, l' enfant en vient à tenir compte des desseins de sa figure
d' attachement dans ses propres desseins de proximité. Puis, avec sa nouvelle capacité à
ses propres intentions et celles des autres et s' engage dans des négociations ouvrant la
L ' ensemble des phases du développement du processus d' attachement ont des
répercussions sur les MIO des individus qui continuent à se développer et à se modifier
avec le temps et l' expérience. Les expériences d' attachement optimales permettent
et à réfléchir aux changements dynamiques de ses états subjectifs (Schore, 2003). Chez
un enfant dont l' attachement est sécure, la détresse ne dure pas au-delà des conditions
qui la provoquent tandis qu ' un retour rapide aux émotions positives est typique
affectives de plus en plus intenses, mais intervenir et le réconforter avant que ses
difficile des soins maternels (Krystal, 1978). Afin d' en arriver à s' acquitter de cette
fonction parentale régulatrice, l' adulte ne doit pas seulement refléter l' état de détresse du
16
« faire face à la détresse », au lieu d'être submergé par elle (Fonagy et al., 1995). Pour
ce faire, il doit ressentir et moduler aussi bien ses états affectifs que ceux de son enfant,
ce qui est particulièrement exigeant sur le plan émotionnel. D'autant plus que les parents
répondent aux comportements et aux caractéristiques de leur enfant avec des attentes qui
sont fondées sur des expériences passées avec leurs propres principales figures de soins
Enfin, dans l' objectif d' attester des différents types de développements, ou
Styles d'attachement
a été reprise et développée par l' équipe de l' une de ses étudiantes ayant collaboré à ses
travaux de recherche. Il s' agit de Mary D. Salter Ainsworth qui , avec son équipe (1978),
ont mis en lumière deux différents sous-types d' attachement insécures; l' attachement
ambivalent et l'attachement évitant. Ces sous-types sont identifiés dans ses recherches
reconnues sous le vocable de Situation Étrange . Ce dispositif d' observation était conçu
pour évaluer l' organisation de l' attachement et le comportement exploratoire d' enfants
dans un contexte non familier et générateur d' un niveau modéré de stress. Quelques
critiques ont été faites au sujet de l' expérience de Mary Ainsworth, entre autres la durée
17
de l'observation qui ne tient qu ' à une vingtaine de minutes et ne prend pas en compte les
culturelles, particulièrement pour la culture japonaise où les enfants ne sont que très
rarement séparés de leur mère (Miyake, Chen, & Campos, 1985). Cependant, une méta-
analyse de 2000 dyades enfant-parent (van IJzendoom & Kroonenberg, 1988) démontre
Main et Solomon (1986) ont étudié les modèles d' attachement de nourrissons ayant
subi un traumatisme dans la première année de la vie. Ils ont ainsi découvert une
nouvelle catégorie d' attachement nommé « le type D ». Il s' agit d' une organisation
Le Tableau 3 décrit de façon plus détaillée chacun des styles d' attachement (voir
Appendice A). À partir de ce tableau, il est possible de vérifier les différents styles
désorganisé/désorienté.
18
En bref, l' attachement sécurisant peut se définir par le maintien d' un équilibre entre
les besoins de proximité et d' exploration de l' enfant causé par une réponse adéquate de
la part du parent qui est influencée par sa sensibilité aux besoins et aux signaux de
l' enfant. Dans ce contexte, parce que le parent s' exprime, l' enfant perçoit que son parent
éprouve du plaisir à interagir avec lui. Dans l' attachement insécurisant de type évitant
(ou fuyant), l' enfant privilégie l' exploration et minimise ses besoins de proximité, car il
constate que son parent, peu sensible, de manière prévisible, est distant, peu disponible
de son expression affective. Dans l' attachement insécurisant de type ambivalent (ou
résistant), l' enfant met l' accent sur ses besoins d' attachement au détriment de
l' exploration afin de retrouver la sensibilité du parent intrus if qui est imprévisible et
inconsistant; parfois sensible, parfois rejetant, ce qui limite l' autonomie. Quant à
l' attachement insécurisant de type désorganisé, il s' agit d' une absence de stratégies
d' attachement cohérentes et organisées qui se présente sous la forme d' un mélange de
stratégies d' attachement évitantes et ambivalentes. Dans ce contexte, l' enfant est en
conflit face à son parent qui est à la foi s source de protection et source de danger. Ce
paradoxe insoluble entraine une incapacité d' organiser une stratégie comportementale
La théorie de l' attachement a fréquemment été critiquée pour avoir négligé l' effet
Cependant, une méta-analyse, réalisée par Groh et ses collègues (2016, 2017), révèle
19
que le tempérament de l' enfant n' est que faiblement associé à la sécurité ou à
l' insécurité de l' attachement. Les résultats soutiennent d' ailleurs que c' est la sensibilité
du parent qui détermine le type d' attachement de l' enfant; une adaptation à son milieu
développement social de l' enfant sont prédominantes, mais le principal élément à retenir
D ' importantes contributions ont également été apportées par les études sur le
de la mentalisation en présentant d' abord le concept général ainsi que les principaux
mécanisme interprétatif interpersonnel pour ensuite faire état des différences au plan du
Théorie de la mentalisation
La théorie, élaborée par Peter Fonagy et inspirée des travaux de Mary Main (1991),
enfant, en coordination dynamique avec son système d' attachement, à comprendre les
comportements interpersonnels en termes d' état d' esprit (Fonagy, Gergely, Jurist, &
Target, 2002). Fonagy et Target (2002) émettent l' hypothèse que l' objectif évolutif de
l' attachement n' est pas, comme Bowlby le pensait, de protéger l' enfant physiquement
par l' entremise de la proximité à la mère. L' objectif évolutif serait de permettre à
l' enfant de créer un espace interpersonnel, biologiquement fondé , dans lequel les
de la capacité de mentalisation se retrouve dans les liens d' attachement. Idéalement, elle
est le produit du lien d ' attachement sécure permettant à l' individu d' accéder à la
l' enfant de répondre non seulement aux comportements des autres, mais à sa conception
de leur subjectivité. Elle est une fonction symbolique spécifique qui réfère à la capacité à
les comportements des autres et à les concevoir de plusieurs points de vue (Fonagy,
2004). La fonction réflective permet aux enfants de « lire » l' esprit des gens
21
(Baron-Cohen, Tager-Flusberg, & Cohen, 1994; Morton & Frith, 1995), c' est-à-dire que
capacité de réfléchir sur ses propres états émotionnels ainsi que sur ceux des autres.
Explorer la signification des actions des autres est alors un précurseur de l' habilité de
l' enfant à référencer et à éprouver ses propres expériences psychologiques comme étant
significatives (Fonagy & Target, 1997). Cette habileté serait, selon Fonagy et Target
et de l' expérience de l' autonomie; l' élément constitutif de l' organisation du soi.
Toutefois, Jean Benjamin Stora (1999) affirmera que cette capacité, la fonction
réflexive, dépend de la richesse des représentations mentales qUI varient selon les
repose la mentalisation, soit l' organisation du soi, qui correspond à une succession de
représentationnelle.
Principaux concepts
expériences reliées au corps, définissant les limites de soi et du monde. Une fois que le
soi physique est établi, les échanges sociaux, l' identification des limites sociales et, un
peu plus tard, l'identification de la causalité sociale deviennent des fonctions centrales
du soi. Entre la naissance et l' âge de 5 mois, les interactions en miroir entre l' enfant et la
affects de l' enfant (Fonagy & Target, 1997). Afin de favoriser le développement de
représentations réalistes, la figure d' attachement doit avoir la capacité de contenir les
Les interactions, durant les premiers mois suivant la naissance, sont distinguées par
leur caractère présymbolique; elles ne sont pas mentalisées par l' enfant qui ne peut se
représenter les pensées et les sentiments du donneur de soins, étant lui-même à ce point
l' intentionnalité permettra d' expliquer et d' interpréter les comportements des autres. Ces
interactions permettent donc de prédire le comportement des autres bien qu'elles soient
1 Les guillemets soulignent que le terme mère renvoie à la principale figure d' attachement de l' enfant.
23
l' enfant est primordiale pour le développement des représentations, et ce, dès la
naissance, même si elle est communiquée de manière non verbale . L' enfant reconnu
comme étant un agent intentionnel se verra en mesure d' insinuer cette intentionnalité sur
Bfro, 1995) suggèrent que les perceptions des contingences de l' enfant vers la seconde
moitié de la première année sont téléologiques; qu ' elles font référence aux états futurs
(buts) en tant qu ' entités explicatives dans l' interprétation des comportements basés sur
le principe des « actions rationnelles »1. La position téléologique est employée par les
enfants tant pour les humains que pour les objets non humains, et ce, sans
mentalisants dans le domaine restreint des actions humaines. lis deviennent pleinement
mentalisants lorsque les représentations des états motivationnels sont considérées en tant
que désirs et que les contraintes sont considérées en termes de croyances à propos de la
réalité physique. Les comportements de l' enfant dans l' interaction dyadique sont
soutenus par un modèle évolutif d' actions rationnelles de la part du donneur de soins
1 Le principe des actions rationnelles fait coïncider une action à une intention. C'est-à-dire qu 'une
intention entrai ne une action ou qu 'une action provient d' une intention.
24
l' enfant devient conscient du pouvoir que lui-même et que les autres exercent sur
l' environnement, par leurs états affectifs, leurs perceptions et leurs intentions, et sa
que le simple reflet de l' expérience par la mère, car elle permet une représentation des
des comportements, qui organise son expérience (Gergely & Watson, 1996). Cette
représentationnelle et lui permettra d' organiser son propre état en tenant compte des
contradictions entre ses diverses représentations. Selon ce modèle, les reflets doivent
s' ajuster à l' expérience de l' enfant afin de maximiser leur potentiel de symbolisation.
Trop près, trop loins ou trop fidèles, ces reflets deviennent défaillants et peuvent devenir
une source de peur pour l' enfant. De même, si les reflets ne sont pas disponibles ou
Fonagy et Target (1997) stipulent que la signification des affects se construit à partir
de l' intégration des représentations des affects en soi et en l' autre et favorise
25
l' élaboration du modèle téléologique de l' enfant. L' appropriation du sens lui permettra
ultimement d' interpréter et de comprendre les manifestations affectives des autres ainsi
l' enfant ce que ce dernier ressent. Cette sensibilité incitera l' enfant à organiser ses
qualité des « traductions » et ses expériences affectives deviendront d' autant plus
significatives lorsqu ' il réalisera qu ' elles sont contraintes à la causalité des interactions.
relation aux autres, sont résumés dans les modèles mentaux internes de représentations
et structurés en tant que MIO, permettant une adaptation des comportements sociaux
dans des contextes interpersonnels spécifiques (Johnson & Multhaup, 1992; Schacter,
1992).
Volterra, 1979), ce que Bowlby (1969) aurait reconnu comme étant la capacité de
l' enfant à concevoir sa mère comme ayant ses propres objectifs et intérêts, séparés des
26
mentalisation préconsciente l .
Target (1997), les pionniers du concept de mentalisation, semble sans contredit le plus
approprié des modèles à présenter. Il parait également nécessaire d' amorcer cette section
Suivant cette prémisse, les trois processus sociaux spécifiques qui assurent la sécurité de
l'attachement sont les mêmes que ceux qui accélèrent la qualité réflexive de
La mentalisation préconsciente correspond aux explications pourvues par les processus sociaux utilisés
par les principales figures d' attachement avant même que l' information ait été assimilée par les
modèles internes opérants de l' enfant.
27
Le premier processus est celui de la simulation. Les études démontrent que les
enfants qui, à l' âge de 3 ans, prennent part à des interactions de coopération (Dunn,
Brown, Somkowski, Telsa, & Youngblade, 1991) et à des jeux de simulation (Astington
& Jenkins, 1995; Y oungblade & Dunn, 1995), manifestent une performance supérieure
simulation favorisent la compréhension des états d ' esprit et que les jeux symboliques
Le second processus est celui de la conversation. Les études confirment que les
dialogues à propos des sentiments et des desseins des actions des autres sont liés à une
concrétisation relativement précoce de la fonction réflexive (Dunn & Brown, 1993). Les
modèles d ' interactions des dyades sécures, où la mère propose à l' enfant des
réflexion quant aux émotions et aux intentions (Fonagy & Target, 1997).
Le troisième médiateur potentiel est l' interaction sociale. Les interactions sociales
1 La zone proximale de développement est un concept élaboré par Lev Vygotsky, Hanfmann et Vakar
(1962), dans ses études sur le développement précoce de l'enfant. Cette zone se retrouve entre la zone
d ' autonomie et la zone de rupture. Autrement dit, cet espace se situe entre ce que l' enfant parvient à
faire de lui-même et ce qui lui est difficile à faire sans aide. Cette zone correspond donc à un défi
réaliste.
28
plusieurs études supportent le lien entre l' attachement sécure en enfance et l' hétéro-
popularité et l' empathie (Elicker, Englund, & Sroufe, 1992; Park & Waters, 1989). De
plus, en partageant et en échangeant lors d' activités avec les membres de sa culture,
l' enfant développe un modèle interprétatif culturel des liens de causalité dans les
communes de la majorité.
De plus, il est primordial que la ou les figures d' attachement de l' enfant
reflétant son intentionnalité, l' enfant en vient à se considérer et à considérer l' autre
comme étant un agent intentionnel. Suivant cette constatation, il peut, lors d' observation
d' interactions de causalité entre les actions et les perceptions, les pensées ainsi que les
émotions, contempler des états mentaux sans peur, ce qui contribue significativement à
Selon F onagy et Target (1997), le modèle d' attachement suggère qu ' il Y a une
transition entre le mode duel d' expérience et la mentalisation. Voici les propositions
jusqu' à l' âge de 3 ou 4 ans, est caractérisée par deux modalités permettant de relier des
29
mode de simulation. Suivant le mode d' équivalence psychique, l' enfant s' attend à ce que
son monde interne et celui des autres correspondent à la réalité externe. Suivant le mode
de simulation, l' état interne est conçu comme n' ayant aucune relation au monde externe.
Puis, normalement, l' enfant intègre ces modalités alternatives pour en arriver à la
mentalisation ou au mode réflexif, dans lequel les états d' esprit peuvent être
expérimentés en tant que représentations. Les réalités interne et externe sont alors
perçues comme étant reliées, mais reconnues pour leurs différences importantes et elles
n' ont plus à être équivalentes ou dissociées (Fonagy & Target, 1997).
l' expression du génotype individuel pourrait être modérée par les expériences précoces
d' attachement et que ces mêmes expériences auraient pour fonction évolutionniste
primaire de contribuer à la création ontogénique d' un mécanisme mental qui peut servir
à moduler les expériences psychosociales, en rapport avec l' expression des gènes. Pour
lui, le développement des capacités d' adaptation ou de la résilience (l ' indice ultime de la
capacité d' attachement) découle du reflet empathique de la mère, car il aurait le potentiel
Pour corroborer ses postulats, Fonagy (2001) propose que la capacité d'interpréter
l' environnement s' effectue à partir de quatre systèmes représentationnels, liés aux MIO,
30
élaborés par Bowlby, pour expliquer les comportements s' inscrivant dans une relation
corrigée quant au but. Ces quatre systèmes représentationnels sont les suivants:
(1) anticipations des caractéristiques interactives des premières figures d' attachement
d' événements à travers lesquelles les souvenirs généraux et spécifiques des expériences
reliés entre eux, en raison de leur lien avec un narratif personnel continu et le
psychologiques d' autrui (inférence et attribution d' états d' esprit motivationnels liés à
une cause comme les désirs, les émotions, et les états d' esprit épistémiques comme les
intentions et les croyances) et différenciation de celles-ci d' avec les SIennes propres
(Fonagy, 2001).
traiter les nouvelles expériences afin de les inclure dans ces derniers. Il s' agit du
Mécanisme interprétatif interpersonnel (MIl). Fonagy (2001) stipule qu ' il s' agit
d' un système représentationnel symbolique de second ordre pour des états mentaux
empathique de sa mère lorsque celle-ci lui renvoie en miroir son état interne, en vient à
31
social. L' expression empathique de la mère correspond au signifiant alors que son
En ce sens, le soi est un produit de l' autre et demeure donc vulnérable aux
influences sociales. La qualité des relations précoces jouerait donc un rôle déterminant
pour la capacité d ' interpréter l' environnement et perdrait de son importance dans le
compréhension des états internes, le type d ' attachement (axe sécure-craintif) qui
réfère rait au MIO et la qualité de l' attachement (axe évitant-préoccupé) qui réfèrerait au
processus sociaux spécifiques et évolue suivant le MIl qui, lui, s' organise à partir de
de mentalisation.
32
Types de mentalisation
Fonagy et al. (1991) ont élaboré une échelle basée sur la qualité de la
compréhension de l' intentionnalité de l' autre. Cette mesure s' échelonne sur neuf points
• Faible évidence que l' individu pense aux motivations qui guident le
comportement de ses parents ou des autres envers lui ou qui guident ses
• L' individu fait référence aux motivations des autres, malS elles sont
fondées sur des raisons externes, telles que le contexte dans lequel ils se
sont retrouvés ou la culture. Les références aux motivations des autres sont
très rares. Si une considération est faite en termes d' états d' esprit, elle est,
des conclusions qui sont peu plausibles ou superficielles. Les individus qui
d'esprit et les relations, malS les conclusions qu ' ils en retirent sont
et désirs. Les états d' esprit sont fréquemment considérés dans les
ceux-ci. La volonté d' envisager les états d'esprit des autres s' étend aux
qu ' être. Les limitations dans de telles considérations peuvent être l' une ou
restriction autoimposée à une catégorie d' état d' esprit (croyances, désirs,
• L' individu qui entre dans cette catégorie serait censé démontrer une
d' un adulte, et ses réflexions quant à ses expériences durant l' enfance
développement cognitif de l' enfant sont appréciables, mais le principe de base à retenir
est celui de l' intentionnalité. L'enfant doit avoir l' opportunité de se percevoir et de
personnalité de l' enfant ont été apportées par les études sur le développement
régulation affective en présentant d' abord le concept général ainsi que l'ultime concept
Leerkes, 2011). Elle réfère aux processus par lesquels les individus influencent quelles
émotions ils ont, quand ils les ont et comment ils expérimentent et expriment ces
émotions (Gross, 1998). Fonagy et Target (2002) précisent que l' autorégulation
correspond aux habiletés des enfants, à contrôler leurs réactions au stress, à maintenir
leur attention de manière dirigée et à interpréter les états d' esprit des autres et d' eux-
transition de la régulation dyadique des affects vers l' autorégulation affective; capacité
s' acquérant dans les interactions affectives avec la figure d' attachement. Ces interactions
lui fournissent des expériences où l' augmentation et la réduction de l' excitation seraient
soulagées par ses actions, et des interactions positives avec ce dernier. De telles
affects, qui se transféreront des figures d' attachement de son environnement immédiat
au monde social des interactions avec les pairs et les autres. Pour Cassidy (1994), les
modèles de réponses affectives, dans le contexte des relations d' attachement, sont en
réalité des stratégies que les enfants utilisent afin de répondre à leurs besoins
d' attachement.
36
autocontrôle sur l' expression de ses émotions, particulièrement ses émotions négatives.
telles que l'autoréconfort, la recherche d' aide et la distraction peuvent assister l' enfant à
gérer des frustrations précoces induites par le tempérament de l' enfant et des réponses de
peur dans les situations où le contrôle des émotions négatives pourraient être nécessaire
(Stifter & Braungart, 1995). De même, les capacités de régulation émotionnelle peuvent
être utiles dans les situations qui suscitent une excitation affective positive puisqu ' elles
régulation des émotions dépend presqu ' exclusivement des parents. Puis, peu à peu, les
interactions avec les parents, dans des contextes émotionnellement chargés, enseignent à
l' enfant que l' utilisation de certaines stratégies, plutôt que d' autres, a le potentiel d' être
des recherches sur le développement émotionnel lié au développement social de l' enfant.
l' enfant, s' appuyant sur l' observation du comportement émotionnel de 62 enfants,
soutient que les nouveau-nés n' éprouvent qu ' une émotion: une excitation indifférenciée
et que le développement émotionnel s' opère de trois façons: les différentes émotions
capacités et des habitudes. Ainsi le changement dans l' expression émotionnelle se fait
une émotion agréable; le plaisir. Vers 6 mois, la peur, l' aversion et la colère se
plaisir. Vers 18 mois, la jalousie, l' affection pour les adultes et l' affection pour les pairs
38
font leur apparition. L ' auteure précise que l' affection réciproque pour les adultes
s' observe à partir de l' âge de 8 mois alors que l' attachement entre deux enfants ne
s' observe qu ' à partir du Ise mois. Et ce n' est que vers 24 mois que l' enfant différencie
Cette théorie a rapidement été critiquée, soit en 1934, par Florence Laura
Goodenough, qui signalait que les enfants possèdent plus de capacités et de complexité
que ce que Bridges propose. Carroll Izard (1978) s' est également opposé à la position de
Bridges en affirmant que les bébés naissent avec des états affectifs distincts. Cependant,
des opposants aux méthodes d ' investigation d' Izard postulent que son guide
débutent qu ' à partir du moment où l' enfant peut concevoir une différenciation entre Soi
et l' environnement, ce qui correspond à l' émergence de la conscience (Spitz, Emde, &
émotions, se précisant avec le temps, et admettent que le développement affectif est lié
Dans une perspective contemporaine, les travaux d' Alan Sroufe (1979), fondés sur
cognitif constitue l' assise du développement émotif. Ses recherches soutiennent que le
d'abord proposées par Spitz (1965), puis reprises par Emde (1989) et Emde, Gaensbauer
et Hannon (1976) et enfin, revisitées par Schore (1994). Selon cette conception, la
première progression qualitative se produit avec l' élaboration dendritique des neurones
corticaux dans les trois premiers mois de vie; la seconde se produit aux alentours de
troisième durant la petite enfance, avec la maturation complète des structures limbiques
précise qu ' au cours de la première année de vie, l' une des plus substantielles
tend que les émotions se développent suivant les enjeux développementaux de chaque
période. C' est pour cette raison qu ' il attribue également un rôle à la figure d' attachement
pour chacune de ces périodes. L' enjeu de la première période, se déroulant durant les
d' attachement est d' établir des routines en douceur. Celui de la deuxième période, se
d' établir des interactions sensibles et coopératives. Lors de la troisième période, allant
40
de 6 mois à 1 an, l' établissement d' une relation d ' attachement efficace constitue l' enjeu
quatrième période, soit durant la première moitié de la seconde année de vie, la figure
d' attachement doit assurer le rôle de la base sécure afin que l' enfant puisse faire
l' expérience de l' exploration et de la maitrise. Entre l' âge de 18 et 30 mois, soit durant
la cinquième période, l' adulte protecteur doit faire preuve d' un support ferme afin de
favoriser l' individuation (autonomie) de l' enfant. Durant la sixième période, soit de 30 à
54 mois, la figure d' attachement doit définir clairement les rôles et les valeurs et faire
l' identification de genre et les relations avec les pairs. Durant la septième phase, soit
support et de corégulation, permettant ainsi à l' enfant de consolider les concepts de soi,
d' amitié fidèle, du fonctionnement effectif dans les groupes de pairs de même sexe et du
figure d' attachement doit servir de ressource disponible et de superviseur à l' enfant dont
les enjeux se rapportent à son identité personnelle, à son intimité et à ses relations
mixtes.
quasi-complète dépendance de l' enfant envers son parent vers une régulation
La théorie développée par Susan D. Calkins et Esther M. Leerkes (2011), qui ont
Avant l' âge de 3 mois, les premIers efforts à l' autorégulation émotionnelle
témoignent de mécanismes physiologiques innés (Kopp, 1982). Vers l' âge de 3 mois
figure d' attachement (Kopp, 1982; Rothbart, Ziaie, & O' Boyle, 1992).
Une transition majeure dans le développement de l' enfant s' effectue entre l' âge de 3
et 6 mois . D' abord au plan biologique en ce qui a trait à la prévisibilité des cycles
l' habileté de l' enfant à contrôler volontairement le niveau d' excitation. Cette habileté
motrices (Rothbart, Ellis, & Posner, 2011 ; Rothbart et al. , 1992; Ruff & Rothbart, 1996)
attentionnel, particulièrement dans les contextes qui induisent des affects négatifs. À ce
négative vers des stimuli sociaux plus neutres . Cependant, d' importantes différences
individuelles s' observent quant à l' habileté à diriger l' attention de manière à ce qu ' elle
Les enfants deviennent de plus en plus actifs et déterminés dans leurs tentatives de
contrôler l' excitation affective un an après leur naissance (Kopp, 1982). Leurs
lorsqu ' ils réalisent que leurs figures d' attachement et les autres objets de leur
environnement tentent de les assister dans la régulation de leurs affects (Rothbart et al. ,
1992).
année de vie, de la voie passive à la voie active (Rothbart et al., 1992). Durant cette
la capacité croissante des enfants à répondre aux directives de la « mère » (Kopp, 1989).
Ce changement s' opère suivant des développements dans le domaine de la motricité, des
représentations ainsi que du langage et suivant la maturation du cerveau. Vers l' âge de
6 ans, les enfants disposent d' habiletés de contrôle exécutif leur permettant de contrôler
43
l' excitation, de réguler leurs manifestations affectives ainsi que d' inhiber ou d' activer
l' enfant avec ses principales figures d' attachement. L' une des majeures sources de
Suivant la disponibilité de la figure d' attachement, l' enfant favorisera l' adoption de
élaboré par Phillip R. Shaver et Mario Mikulincer (2002), qui met en avant plan le
développement des stratégies basées sur la sécurité et des stratégies d' attachement
secondaires.
composantes : (1) l' observation vigilante et l' évaluation d' événements menaçants;
44
proximité); (2) l' observation vigilante et l' évaluation de la disponibilité des figures
d' attachement; ainsi que (3) l' observation vigilante et l' évaluation de la viabilité de la
désactivation).
Chacune des stratégies reliées à l' attachement ont un but régulateur spécifique et les
procédés cognitifs et affectifs sont modulés afin de faciliter l' atteinte de ce but
(Mikulincer, Shaver, & Pereg, 2003), et cela, afin d' apaiser la détresse, de maintenir des
(Mikulincer & Shaver, 2005). Autrement dit, l' enfant adapte son comportement, soit en
des chances qu ' il prévoit d' obtenir le contact avec sa mère. Il est également possible que
l'enfant déduise que certains comportements qui ne relèvent pas de l' attachement
suscitent l' attention du parent et lui procurent, par le fait même, un sentiment de
sécurité. L' enfant adapte alors son comportement afin de promouvoir ce lien
d' attachement, ce qui a un effet direct sur l' organisation de sa pensée qui , pour maintenir
un certain équilibre, détermine ce qui peut et la manière dont cela peut être représentée.
45
De telles restrictions influencent l' encodage et l' intégration de l' information. Bowlby
(1969) parle à cet effet d' exclusion défensive. L' enfant a tendance à ne pas traiter les
informations qui vont à l' encontre des attentes parentales et à les éliminer de son
système de représentations.
modèle propose que la disponibilité active un développement en deux phases. D ' abord,
de corégulation affective. Puis, vers la fin de la première année de vie, une transition
s' effectue, quant aux stratégies basées sur la sécurité, de la corégulation vers
l' autorégulation et l' établissement du soi comme principal agent exécutif. Ces auteurs
proposent que l' acquisition et la consolidation des capacités d ' autorégulation sont
facilitées par les trois mécanismes suivants: (1) l' accroissement des perspectives et des
capacités de l' enfant; (2) l' expansion du soi ; et (3) l' internalisation des fonctions
originellement accomplies par les figures d' attachement (Mikulincer et al. , 2003).
d' attachement. Sans une corégulation efficace de la détresse, l' activation d' autres
d' autorégulation correspond au plus haut niveau dans le développement des stratégies
basées sur la sécurité et que cette stratégie pourrait être utilisée lors des transitions de vie
ou d' expériences traumatiques qui peuvent perturber l' estime de soi de l' individu et
Développement des stratégies secondaires . Le modèle propose que le choix d' une
proximité est perçue comme une option régulatrice viable (Mikulincer et al. , 2003).
Deux types de souffrances psychologiques ont été révélés suivant une analyse
une souffrance découlant de l' insatisfaction des besoins d' attachement et du faible lien
de proximité avec la figure d' attachement ainsi qu ' une souffrance résultant d' une
47
face à la menace.
d' attachement à produire des résultats positifs (proximité, amour) secondé d' un
de la nécessité de gérer seul la menace. Cet état d' esprit s' érige autour de convictions
d' attachement rend l' enfant vulnérable dans un monde menaçant; ce qUi l' amène à
fournir davantage d' efforts pour élaborer une relation de protection avec sa figure
d' attachement. Dans ce contexte, l' enfant ressent périlleusement la distance par rapport à
qui amène les procédés cognitif et affectif à se moduler afin de faciliter l' atteinte de cet
objectif. La visée des stratégies basées sur la sécurité est d' apaiser la détresse, de
48
construire les ressources de la personne et d' élargir ses perspectives alors que la cible
d' attachement et de réduire ou d'éliminer la douleur causée par les tentatives frustrées de
recherche de proximité (Mikulincer et al., 2003). Tout comme elles ont un but, elles ont
également des conséquences. Les stratégies basées sur la sécurité conduisent les gens à
avantage de la créativité améliorée rendue possible par les émotions positives. Les
stratégies de désactivation semblent éloigner les gens de leurs propres émotions, évitant
les expériences douloureuses des émotions négatives, mais également sacrifiant les
effets bénéfiques des émotions positives. Les stratégies d' hyperactivation semblent
obtenir des réponses cognitives qui exacerbent les émotions négatives, empêchent les
obtenues à deux besoins fondamentaux de l' être humain, soit le besoin de sécurité et le
besoin d' exploration. Ce sont donc les réponses obtenues ou l' absence de réponse à ces
développement émotionnel de l' enfant sont substantielles, mais l' élément déterminant de
départ soit : quelles sont les différences et similitudes entre le TPL et l' ESPTC, les deux
auteurs menant aux principaux apports théoriques définissant ces troubles afin d' en
permettre la compréhension.
Chapitre 2
Trouble de la personnalité limite
Ce second chapitre présente une revue des contributions théoriques de différents
auteurs menant aux principaux apports théoriques définissant le TPL, les premiers
DSM-5 (APA, 2013). Enfin, les caractéristiques relatives aux concepts abordés, dans le
des troubles mentaux (DSM-III; APA, 1980). Les premiers écrits concernant ce
diagnostic ont fait surface suite à la communication d' Adolph Stem, psychiatre et père
qui demeuraient malades après avoir traité des phénomènes relevant de la libido
et d' autres relevant des psychonévroses: (1) le narcissisme; (2) l'hémorragie psychique;
(3) l' hypersensibilité excessive; (4) la rigidité psychique et physique (la personnalité
rigide); (5) les réactions thérapeutiques négatives; (6) ce qui ressemble à des sentiments
masochisme; (8) ce que l' on peut décrire comme un état de profonde insécurité
organique ou d' angoisse; (9) le recours aux mécanismes de projection; et (10) les
difficultés de mise à l' épreuve de la réalité, en particulier dans les relations personnelles
(Stem & Hacker, 2011). En décrivant le narcissisme de ce groupe limite, Stem faisait
mention de ce que David M. Levy (1958) nommait la « faim affective » et soulignait que
habituellement à travers les moments de profonde affection entre l' enfant et ses parents.
Puisque la satisfaction narcissique du jeune enfant n' est pas assurée due à une incapacité
du parent à donner, de façon simple et spontanée, de l' affection à l' enfant, s' enchaine
(Stem & Hacker, 2011). Dans ces cas, Stem souligne l' importance de tenir compte de
l' histoire du développement de l' individu (ses apports spontanés et mnésiques) ainsi
Plusieurs auteurs de l' époque ont contribué à la définition des cas limites, se
retrouvant quelque part entre les psychoses et les névroses, dont Deutsch (1942),
Fenichel (1945), Hoch et Polatin (1949), Miller (1940), Pious (1950), Schmideberg
(1947) et Stengel (1945). Ces auteurs ont tenté de les définir en parlant de perturbations
majeure, est Robert P. Knight (1953). Dans un écrit intitulé « Borderlines States », il
souligne que bien que le patient soit malade, il ne présente pas de psychose franche, son
également que son objectif n' est pas de défendre le terme « limite» en tant que
diagnostic, mais plutôt de traiter de la condition clinique associée à ce terme, c' est-à-dire
favorablement aux traitements habituellement utilisés pour les troubles pour lesquels ils
sont référés. Tl propose donc trois considérations diagnostiques permettant une meilleure
que le névrotique ne dénie pas l' existence de la réalité, il tente plutôt de l' ignorer. Pour
ce qui est du psychotique, il dénie son existence et tente de la substituer pour autre
des opérations économiques d' une position plus avancée alors que la majeure partie du
54
soi est régressée loin derrière, et ce, à différents degrés » [traduction libre] (Knight,
1953, p. 207).
Il semble pertinent de mentionner qu ' à cette époque, le terme « limite » était utilisé
psychanalyste américain Otto Kernberg, tous deux reconnus pour leurs travaux sur la
Définition du TPL
Dans une perspective psychodynamique, ces deux auteurs ont apporté d' importantes
précisions théoriques quant au TPL avec des travaux portant principalement sur
l' étiologie du trouble (Masterson, 1967) ainsi que sur la classification et le traitement
(Kemberg, 1967).
Les travaux de Masterson s' inscrivent dans la lignée des travaux de Mélanie Klein
(1975) et de Daniel Stern (1985) en ce qui a trait à la théorie des relations d' objet, et
s' inspirent de la théorie de la psychologie du Soi, initialement élaborée par Jung (1965)
55
pUIS repnse par Kohut (1971) . Ce domaine de la psychologie porte une attention
l' approche Masterson s' est également inspirée des recherches sur l' attachement
(Bowlby, 1969, 1973, 1980) et des principes des neurosciences affectives et sociales se
la fixation de défenses primitives (Orcutt, 1996). C' est-à-dire qu ' un sentiment dépressif
d' abandon induit par le désajustement entre l' enfant et son parent à l' étape de la
moi. L' enfant, dans son rapport à son parent, a fait un apprentissage profond que
l' expression de soi et l' activité autonome suscitent un affligeant retrait de l' approbation
du parent ressenti comme un rejet émotionnel, une perte d' amour. Pour une raison qui
échappe parfois au parent, celui-ci n' est pas en mesure de fournir à son enfant la latitude
revenir vers lui afin de diminuer son angoisse de séparation. L' enfant a plutôt le
sentiment que son parent lui reproche ses explorations et son individuation; il ressent la
frustration de son parent et sait qu ' il doit taire son agressivité, son désir de devenir lui-
même, d' être autonome, car il anticipe le retrait émotionnel du parent. Et c' est cet
56
apprentissage qui marquera le pattern de l' individu limite que Masterson (1976) nomme
la triade des troubles du soi : l' activation autonome mène à la dépression d' abandon, qui
elle mène aux défenses primitives. Selon lui, l' individu limite a une capacité unique de
L' élaboration de son traitement est fondée sur la prémisse que l' individu limite
thérapeute de devenir le parent suffisamment bon, que l' enfant n' a pas eu la chance
la relation thérapeutique, tout en lui apprenant par l' exemple, la régulation émotionnelle
du Soi réel, la régulation narcissique saine, l' activation autonome et les représentations
Kemberg (2004), quant à lui , décrit l' organisation de la personnalité limite comme
une organisation de niveau intermédiaire entre les psychoses et les névroses, et considère
que cette organisation de la personnalité, stable et spécifique, n' est pas un état
transitoire, mais bien une structure au même titre que les structures psychotique et
névrotique. Selon lui, une personnalité limite fait preuve de diffusion de l' identité, de
failles dans la différenciation soi / objet (ou de faiblesse du moi provocant le manque de
d' inhibitions préservant les individus contre le développement de l' angoisse), dont
l' apparition et la consolidation sont le signe d' un échec du refoulement (Petot, 1979).
Dans un éditorial sur le TPL, Kemberg et Michels (2009) mentionnent qu ' il existe
première notion fait référence à une catégorie plus inclusive de patients dont la
psychotiques, mais elle témoigne de difficultés d' intégration, de stabilité dans les
de l' axe 1. Il précise que cette notion d' organisation limite correspond à une structure
terme « limite », Kemberg et Michels stipulent qu ' elle fait davantage référence à la
nosologie officielle du DSM-IV-TR (APA, 2000) en psychiatrie qui renvoie aux troubles
spécifiques du groupe B des troubles de personnalité de l' axe II. Cette définition de cette
seconde notion correspond à une phénoménologie de surface et non d' une structure ou
d' une organisation psychologique sous-jacente. Toutefois, l' ensemble des troubles de
58
limite.
C' est donc dire que tous les troubles de personnalité du groupe B partageraient une
structure organisationnelle limite alors que les organisations limites ne sont pas toutes
limites selon ces critères. Il existerait donc une différence entre la structure sous-jacente
sept critères permettant de différencier les patients limites des groupes de comparaison
(Gunderson & Kolb, 1978). À ces sept critères, Spitzer, Forman et Nee (1979) ont ajouté
le critère de l' identité instable proposé par Grinker, Werble et Drye (1968) et Kemberg
(1967), formant ainsi un ensemble de huit critères qu'ils ont ensuite soumis pour
59
Gunderson et al. , 2002). Ce sont ces huit critères qui sont présents dans la définition du
Lors de la parution du DSM-IV (AP A, 1994), plus de 300 articles avaient été
l' identité instable remplacé par un critère de distorsions sévères dans la perception de soi
ainsi que l' ajout d' un neuvième critère concernant les symptômes dissociatifs sévères
Dans le DSM-5 (APA, 2013), les critères diagnostiques pour le TPL sont demeurés
pallier les nombreux défauts de l' approche traditionnelle des troubles de personnalité »,
où le critère A est reformulé (DSM-5; APA, 2013, p. 896). Les troubles de personnalité
y sont définis par des altérations du fonctionnement de la personnalité et par des traits de
caractéristiques. Dans ce nouveau modèle, la personnalité limite est définie par les
caractéristiques typiques suivantes: l' instabilité de l' image de soi , des objectifs
1 Il est possible d'observer ces modifications de la nomenclature dans un tableau de l' article intitulé
« The Borderline Diagnosis 1 : Psychopathology, Comorbidity, and Personality Structure » (Skodol,
Gunderson et al. , 2002).
60
prise de risque et/ou à l' hostilité. De plus, une précision est faite quant aux difficultés
de l' empathie et/ou de l' intimité associées à des traits mal adaptés spécifiques dans le
domaine de l' affectivité négative, de l' antagonisme et/ou de la désinhibition. Les critères
Ce modèle alternatif pour l' évaluation et le diagnostic du TPL rejoint davantage les
spécifiques au TPL. De récentes études proposent, à la suite d' analyses factorielles, des
modèles à un, deux, trois et quatre facteurs. Toutefois, les modèles à trois facteurs
souffrant d' une pathologie limite sont définies, est-ce possible que les recherches
régulation affective.
Attachement et TPL
Les études portant sur l' attachement des individus limites ont tendance à mettre de
l' avant ce que Bowlby (1977, 1980, 1991) proposait comme perspective éthologique:
une profonde insécurité de l' attachement avec d' extrêmes oscillations entre
la proximité. Bien qu ' elles réfèrent toutes à un attachement insécure, elles proposent
les plus prévalents d' attachement soit les styles anxieux et désorganisé (Agrawal,
Gunderson, Rolmes, & Lyons-Ruth, 2004; Levy, Beeney, & Ternes, 2011).
où il est possible d' observer un manque d' assertion de la perception ou des sentiments
de l' amour, ainsi que de fréquentes séparations prolongées, des placements en famille
62
d' accueil, des abus physiques et sexuels ainsi que de la violence domestique (Sable,
1997). Une étude menée par Sack, Sperling, Fagen et Foelsch (1996) démontre que les
individus présentant une pathologie limite évaluaient leurs parents comme étant plus
Du point de vue génétique, il semble que les parents des individus limites présentent
(Paris, 1998), ce qui suggère une certaine forme d' hérédité (hérédité des traits de
personnalité); le résultat d' apprentissages auprès d' un parent qui souffre de difficultés au
perturbé par l' échec de la figure d' attachement à contenir les affects de l' enfant pourrait
générer des processus dissociatifs et interrompre l' intégration normale du soi. D' ailleurs,
dissociation chez les individus limites : les traitements inconsistants, l' abus sexuel par le
donneur de soins, être témoin de violence sexuelle en enfance ou de viol à l' âge adulte.
Les recherches portant sur le rôle de la dissociation ont identifié que l' abus ou la
négligence émotionnelle étaient fortement liés aux processus dissociatifs chez les
En ce qui concerne les abus sexuels, il convient de réitérer que les abus sexuels en
enfance ne sont pas essentiels, ni suffisants pour le développement d' un TPL (Zanarini
et al., 1997). Toutefois, Westen, Ludolph, MisIe, Ruffms et Block (1990) ont découvert
une haute incidence d' abus sexuels, soit 52 %, chez les adolescentes diagnostiquées
En bref, la pathologie limite repose soit sur des distorsions extrêmes, soit sur deux
types de soins: des parents qui sont anxieux ou intrusifs ou au contraire, distant et
Mentalisation et TPL
Fonagy et ses collègues (Fonagy et al. , 1991 , 1995, 1996) soutiennent formellement
que les expériences précoces de détresse peuvent inhiber les processus mentaux.
L' absence de cohérence altère la capacité à mentaliser et entraine des déficits dans la
conscience et la clarté des émotions (Levine, Marciali, & Hood, 1997). Ces déficits
peuvent rendre compte de la tendance des individus limites à vouloir à tout prix éviter
mentalisation chez les individus limites est l' hypermentalisation (Bateman & Fonagy,
des récits; la fonction intéressée des explications; l' aspect strictement cognitif
considération le point de vue ou les motivations de l' autre (Bateman & Fonagy, 2015).
Cette hypermentalisation serait activée par une sensibilité interpersonnelle chez les
individus limites qui provoquerait une instabilité de l' humeur et une dysrégulation
affective.
D ' ailleurs, il s' avère que les expériences, avant l' âge de 5 ans, d ' abus ou de
défense primitifs tels le déni, le clivage et la projection (Beebe & Lachmann, 1994,
Brown, 1993; Schore, 1994, Silverman, 1994; Westen, 1991) et mènent à une
défaillance dans l' intégration et le maintien du concept de soi ; dans l' organisation du
SOl.
Les études sur la régulation affective et le TPL tendent à s' entendre sur la centralité
de l' instabilité affective ainsi que de l' impulsivité dans les relations et l' image de soi
(First & Tasman, 2004). Le dysfonctionnement affectif relèverait d' une intensité
affective, d ' une réactivité affective, d ' une affectivité négative, d ' une instabilité affective
65
et d' une vulnérabilité émotionnelle (Linehan, 1993; Livesley, Jackson, & Schroeder,
1992; Livesley, Jang, & Vernon, 1998; Skodol, Siever et al., 2002) bien que la
caractéristique centrale de ce désordre soit l' affectivité négative qui engendrerait une
plus grande difficulté avec la modulation et l' expression d' affects intenses, telles que la
Ces difficultés quant à la gestion des affects, particulièrement en ce qui a trait à leur
affective, ce qui se reflètent par de l' impulsivité; une faiblesse du système d' inhibition
de la réponse, de l'hostilité et un manque d' empathie (Allen, 1995 , 2005; Lyons-Ruth &
Jacobvitz, 2018; Schore, 2003 ; Shaver & Mikulincer, 2014; Werner & Gross, 2010). Il
semble également que ces soins conduisent à des altérations dans le circuit de la
niveau de la régulation affective des individus limites seraient l' accès limité aux
Par ailleurs, selon Southwick et Satel (1990), l' abus de substances, caractéristique
relativement présente chez les individus limites, chez les deux tiers d'entre eux, est
perçu comme une forme d ' automédication face aux sentiments de vide, d ' ennui et de
l' immédiat la tension affective engendrée par des sentiments intolérables ou à taire des
pensées douloureuses. Akhtar (1984) souligne que le sentiment d ' ennui indique une
sociabilité compulsive.
l' autonomie, la fonction réflexive, qui correspond à l' habileté à identifier et à interpréter
son environnement, ses comportements et ceux des autres, et la régulation des affects,
qui permet de développer une forme d ' autocontrôle. Plus particulièrement, ces résultats
de différents auteurs menant à la définition de l' ESPTC. Ensuite seront présentées les
différentes études ainsi que les études déterminantes menant à l' inclusion de ce
diagnostic dans la CIM-ll (OMS, 2018), puisqu ' il n' est toujours pas reconnu par le
DSM. Puis seront présentés les critères diagnostiques adoptés. Enfin, les caractéristiques
relatives aux concepts abordés, dans le Chapitre 1 du présent essai, seront développées.
Le diagnostic d' ESPTC a fait son entrée dans la version parue en juin 2018, de la
Pourtant, plusieurs cliniciens soutiennent que l' ajout de ce diagnostic permet de mieux
l' augmentation et l' unification des recherches s' y rapportant, tant du point de vue de la
validation du construit que des apports théoriques et cliniques favorisant l' application de
traitements ciblés.
69
Afin de mieux comprendre les enjeux entourant son inclusion dans la CIM-ll
(OMS, 2018), voici l' histoire de ce diagnostic clinique. Ce sont d' abord les littéraires
qui ont mis en scène les répercussions psychologiques des facteurs de stress traumatique.
Puis, des portraits cliniques sont apparus vers le milieu du 1ge siècle, décrits par des
psychiatres et des médecins des deux côtés de l' Atlantique concernant des syndromes
présents chez d' anciens militaires (trouble affectif du soldat, syndrome de Da Costa,
névrose traumatique, obusite, fatigue du combattant, etc.) et des civils (traumas liés à des
accidents ferroviaires - railway spine) qui présentaient plusieurs sinon tous les
dont la psychologie est modifiée à la suite d' une exposition déstabilisante à des
plusieurs critiques lui ont ensuite été adressées. Toutefois, ce diagnostic s' avère être
celui de réactions névrosées (DSM; APA, 1952), si la condition persiste dans le temps.
L' alternative diagnostique est alors la réaction situationnelle, ce qui avait pour effet de
apparition dans la section des troubles anxieux. Ce diagnostic est venu en réponse au
APA, 1987 - DSM-IV; APA, 1994 - DSM-IV-TR; APA, 2000), le construit, basé sur le
critère diagnostique, est demeuré inchangé bien que les symptômes descriptifs soient
définit pas avec assez de précision la condition dans laquelle se trouvent ces individus
puisque les critères diagnostiques de l' ESPT ont été développés auprès d' individus ayant
faire les recherches pour le DSM-IV (APA, 1994) considère ce diagnostic sous
proche parent de l' ESPTC. Les résultats de leurs études les amènent à conclure que tous
les individus qui présentent les symptômes du DESNOS présentent également les
symptômes de l' ESPT (Roth, Newman, Pelcovitz, van der Kolk, & Mandel, 1997; van
der Kolk, Roth, Pelcovitz, Sunday, & Spinazzola, 2005). Ils jugent alors approprié
71
d ' incorporer certains des symptômes du DESNOS à celui de l' ESPT dans le DSM-IV
(AP A, 1994), présentés comme symptômes associés et descriptifs. Cependant, ces dits
l' ESPT passe au sein des troubles induits par le stress et le diagnostic, de modification
À la suite de ces ajustements, d'autres diagnostics sont proposés pour dépeindre les
un trauma, proposé par van der Kolk (2005), pour des enfants ayant subi des traumas
2006).
Cependant, ces dernières propositions diagnostiques n' ont pas été reconnues et les
chercheurs se sont afférés à démontrer qu ' il y avait une réelle nécessité d' inclure un
favoriser les recherches portant sur son traitement. La prochaine section de ce chapitre
de l'ESPTC.
72
Afin d' inclure le diagnostic d' ESPTC dans la CIM-ll (OMS, 2018), plusieurs
recherches voient le jour. Certaines portent sur les facteurs précipitants : les enfants
ayant subi des sévices sexuels (Choi, Klein, Shin, & Lee, 2009; Jackson, Nissenson, &
Cloitre, 2010; Roth et al., 1997); la négligence et les traumas en enfance (Classen et al.,
complexité ou sévérité (Courtois, 2004; Courtois & Ford, 2009; Cloitre, Petkova, Wang,
D ' autres auteurs s' intéressent à la symptomatologie (Cloitre et al. , 2011; Courtois,
2004; Ford, 1999; Herman, 1992b; Jackson et al. , 2010; Margolin & Vickerman, 2007),
à la mesure de l'ESPTC par The Structured Interview for Disorders of Extreme Stress
(SIDES ; Ford & Kidd, 1998; Pelcovitz et al. , 1997; Scoboria, Ford, Lin, & Frisman,
2008; Zlotnick & Pearlstein, 1997), ainsi que par d' autres mesures initialement validées
pour évaluer d' autres symptomatologies (Choi et al. , 2009; Cloitre et al. , 2010; Resick,
Puis, différentes études tentent d' établir la validité discriminante (Grant, Beck,
Marques, Palyo, & Clapp, 2008; Kessler, Sonnega, Bromet, Hughes, & Nelson, 1995;
Kring, 2008), les distinctions entre l' ESPT et l'ESPTC (Cloitre, Miranda, Stovall-
McClough, & Han, 2005; Klein & Riso, 1993; Lilienfeld, Waldman, & Israel, 1994; van
der Kolk, Pelcovitz, Roth, & Mandel, 1996), les distinctions entre le TPL et l'ESPT ou
73
l'ESPTC (Arntz et al., 2009; Edens, Marcus, & Ruiz, 2008; Gunderson & Sabo, 1993;
Herman & van der Kolk, 1987; Lewis & Grenyer, 2009; Rothschild, Cleland, Haslam, &
Zimmerman, 2003; Trull, Widiger, & Guthrie, 1990). Plus récemment, des études portent
sur les symptômes discriminants l' ESPTC des autres diagnostics comme l'ESPT, le TPL
ainsi que le trouble dépressif majeur (TDM) (Courtois & Ford, 2009; Grant et al., 2008;
Kessler et al. , 1995; Kring, 2008). Enfin, certaines recherches tentent de corroborer la
nécessité du diagnostic en élaborant des traitements qui s' avèrent positifs dans la
réduction des symptômes discriminants (Chard, 2005 ; Cloitre, Koenen, Cohen, & Han,
2002; Cloitre et al., 2010; Dorrepaal et al., 2010; Resick et al., 2003; Robjant & Fazel,
Les études précédemment mentionnées portant sur les facteurs précipitants (facteurs
associés au trauma complexe à partir desquels l' ESPTC a été conceptualisé) permettent
de souligner l' impact des traumas sur la définition et la régulation du soi, qui se
produisent au cours des phases critiques du développement durant l' enfance. L' impact
est un compromis développemental (Courtois & Ford, 2009), relié aux contraintes
auxquelles l' enfant ne peut se soustraire (Cloitre et al. , 2012). Cette dernière étude
démontre que le nombre d' expériences traumatiques vécues durant l' enfance permet de
recherches sont encore nécessaires afin d' établir une relation de causalité entre le trauma
complexe et l'ESPTC.
74
symptômes proposés pour définir l'ESPTC. Toutefois, elles font toutes état d' altérations
Et les plus récentes études présentées dans la prochaine section de ce chapitre semblent
Quant aux études utilisant l'Entrevue structurée pour l'état de stress extrême non
Cependant, le construit de l'ESENS (ou DESNOS) n' est pas identique à celui de
l' ESPTC; l'ESENS comporte des symptômes qui ne sont pas inclus dans l'ESPT alors
que celui de l'ESPTC comporte les symptômes de l' ESPT et des symptômes associés.
Donc, la validation de la fidélité du construit de l'ESPTC par l' utilisation de l' ESENS,
la seule mesure développée à cette période pour évaluer l'ESENS (Pelcovitz et al. , 1997;
Scoboria et al. , 2008), présente des lacunes. La validité (Zlotnick & Pearl stein, 1997) et
les diverses méthodes de compilation des données sont questionnées (Ford & Kidd,
1998; Pelcovitz et al. , 1997; Scoboria et al. , 2008; Zlotnick & Pearl stein, 1997). De
même, il semble que la formulation de cette entrevue ne relie pas les symptômes à un
apparait donc qu ' aucun lien de causalité ne peut être retiré du fait de son utilisation.
Quant aux études portant sur les autres mesures utilisées pour mesurer l'ESPTC, les
mêmes conclusions peuvent être déduites; ces mesures ne sont pas élaborées dans le but
de mesurer l'ESPTC. Il devient alors difficile dans ce contexte de comparer des études
75
utilisant des instruments différents. Des recherches s'avéraient donc indispensables afin
de mettre au point une ou des mesures permettant d' évaluer l' ESPTC de manière
d' inaptitude, qui sont des caractéristiques principales de la dépression (Beek, 1967),
ainsi que les symptômes dissociatifs (Courtois & Ford, 2009). Cependant, dans les
les diagnostics demeurent tout de même distincts quant à leur étiologie. En ce qui a trait
aux diagnostics d' ESPT et d'ESPTC qui, jusque-là partagent la même étiologie,
même fonctionnement d'un trouble ou de deux syndromes dont l' un est simplement une
expression particulière de l' autre (Klein & Riso, 1993). Quant aux résultats obtenus à
partir des études portant sur les chevauchements entre le TPL et l' ESPTC, qui se situent
de l' impulsivité et dans l' instabilité relationnelle (Resick et al. , 2012), ceux-ci ont
poussé plusieurs auteurs à examiner la possibilité de reclasser le TPL parmi les troubles
associés au trauma complexe (Gunderson & Sabo, 1993; Herman & van der Kolk, 1987;
Lewis & Grenyer, 2009). Ces mêmes résultats supportent un consensus croissant
76
personnalité normale par degré et non par type (Haslam, 2007; Trull & Durrett, 2005)
de première instance.
En ce qui concerne les études sur les symptômes discriminants, elles permettent de
mettre en lumière deux symptômes qui demeurent spécifiques à l' ESPTC, soit des
relations interpersonnelles (Resick et al., 2012). Néanmoins, la nécessité d ' effectuer des
recherches subsistent toujours, particulièrement en ce qui a trait aux individus ayant subi
des sévices sexuels en enfance ou toutes autres formes de traumas durant cette période,
interpersonnelles? Bien que plusieurs études portent sur l' incidence de ces symptômes,
aucune association n' est clairement établie prouvant que les individus ayant subi des
traumas sexuels en enfance ont de plus fortes probabilités de présenter des altérations
dans le concept de soi que les individus ayant subi d ' autres formes de traumas.
Enfin, l' ensemble des études portant sur le traitement des symptômes de l'ESPTC
n' ont pas utilisé des critères spécifiques d ' inclusion se rapportant au diagnostic à
77
l' épreuve; elles ne permettent donc pas de mettre en évidence l' efficacité de traitements
L' ensemble de ces études ont été critiquées dans un article intitulé «A critical
al., 2012). Les critiques portent principalement pour les nombreuses limites qu ' elles
présentent; plus particulièrement sur le manque d' unification dans les définitions du
construit et sur l' incertitude quant à son étiologie, et enfin, pour les difficultés que
présentent leurs comparaisons. Cet article soulève de nombreuses plumes dans le monde
nouveau diagnostic ainsi que son utilité conceptuelle. Elle propose une appellation
désordres posttraumatiques. Bryant (2012, p. 252), quant à lui, souligne que le débat
du trouble, car il n' existe pas en tant que catégorie diagnostique, n' est pas formellement
défini par un ensemble de symptômes et ne peut être évalué à partir d' instruments de
mesures standardisés » [traduction libre]. Toutefois, cet auteur souligne que les articles
critiqués n' ont pas tous un lien direct avec la définition de l' ESPTC qui , selon lui, est
une variante complexe de l' ESPT. Il souligne également que le principal facteur
discriminant de l' ESPTC est la dysrégulation affective, et ce, en regard de l' ESPT et du
préventive de l' ajout d' un tel diagnostic dans les systèmes de classification. Il prétend
que jusque-là, la reconnaissance et le traitement des abus en enfance ainsi que de leurs
l' insuffisance des données scientifiques supportant l' inclusion de ce diagnostic, aurait
en bas âge, aux prises avec un trouble développemental induit par le trauma, sert à
prévenir de futures séquelles à l' âge adulte. De plus, il mentionne que bien que les
définitions de Courtois et Ford (2009) et van der Kolk et collègues (2009) utilisées dans
clinique et discriminent le trauma complexe du trauma de type 1. Il insiste sur le fait que
le trauma complexe, une violence répétée de nature interpersonnelle, se produit dans une
relation de dépendance, une relation où l' enfant est dépendant d' une figure
d' attachement abusive. D ' autres chercheurs, dont Cloitre, Garvert, Brewin, Bryant et
Maercker (2013), se sont également opposés aux conclusions de Resick et ses collègues
(2012) en s' afférant à développer des études permettant de mettre en lumière les propos
parce que le diagnostic d'ESPT ne représente que partiellement le spectre des problèmes
Par la suite, la classification dans laquelle il a été possible d' observer le plus de
changements quant au diagnostic d' ESPT était celle du DSM-5 (APA, 2013). D 'abord,
79
Bryant, & Brewin, 2011), puis le reclassement du trouble, initialement considéré comme
un trouble anxieux, dans la section des troubles liés à des traumatismes ou à des facteurs
de stress (Friedman, Resick, Bryant, Strain et aL, 20 Il) où quatre types de symptômes
s' agit de la reviviscence, de l' évitement, des altérations négatives persistantes dans les
cognitions et l' humeur ainsi que de l' hyperréactivité. Un sous-type d' ESPT, le type
dissociatif (Lanius et aL, 2010), y est également proposé ainsi que des critères
Ces changements apportés au diagnostic d' ESPT dans le DSM-5 ont été et sont
dans les critères diagnostiques de l'ESPT ainsi que du sous-type dissociatif compliquent
la tâche des chercheurs s' afférant à valider le construit de l' ESPTC (De Jongh et aL ,
diagnostique, les inclusions des critères centraux dans l' ESPT (dysrégulation
constater une reconnaissance conceptuelle des effets des traumas négligés dans les
histoire de subjection à un contrôle totalitaire pour une période prolongée; (b) des
altérations dans la régulation des affects; (c) des altérations de l'état de conscience;
(d) des altérations dans la perception de soi; (e) des altérations dans la perception de
l' abuseur; (f) des altérations dans les relations interpersonnelles; (g) des altérations dans
les systèmes de croyances; ainsi que (h) de la somatisation, plusieurs chercheurs tentent
d'identifier les critères diagnostiques de l' ESPTC. Courtois (2008) et van der Kolk
(2005) conservent sept des huit critères d'Hermann pour décrire l'ESPTC dans leurs
études. Ils éliminent le premier critère (une histoire de subjection à un contrôle totalitaire
pour une période prolongée) et modifient le troisième critère en incluant des altérations
dans l'attention et l'état de conscience. Cloitre et ses collègues (20 Il) priorisent cinq
types de symptômes: (a) des difficultés dans la régulation émotionnelle; (b) des
perturbations dans les capacités relationnelles; (c) des altérations dans l' attention et l'état
de conscience; (d) des altérations négatives des systèmes de croyances ainsi que (e) une
Maercker, Brewin, Bryant, Cloitre, van Ommeren et al. (2013) réduisent le nombre de
perception négative de soi; ainsi que (c) les perturbations interpersonnelles, symptômes
Hennan (1992) Courtois (2008) et van der Kolk Cloitre et collègues (20 Il) Cloitre et al. (2013) et Maercker,
(2005) Brewin, Bryant, Cloitre, van
Ommeren et al. (2013)
(a) Une histoire de subjection (a) Des altérations dans la (a) Des difficultés dans la Trois regroupements concernant les
à un contrôle totalitaire sur régulation et les affects régulation perturbations dans l'organisation du
une période prolongée émotionnelle soi (POS) :
(b) Des altérations de l' état de
(b) Des altérations dans la conSCIence (b) Des perturbations (1) Dysrégulation affective
régulation des affects dans les capacités
(c) Des altérations dans la (2) Concept de soi négatif
relationnelles
(c) Des altérations de l'état de perception de soi
(3) Perturbations dans les
conscience (c) Des altérations dans
(d) Des altérations dans la relations interpersonnelles
l' attention et l' état de
(d) Des altérations dans la perception de l' agresseur
conSCIence
perception de soi
(e) Dans altérations dans les
(d) Des altérations
(e) Des altérations dans la relations interpersonnelles
négatives des
perception de l' agresseur
(t) Des altérations dans les systèmes de
(t) Des altérations dans les systèmes de croyances croyances
relations interpersonnelles
(g) Somatisation (e) Détresse somatique et
(g) Des altérations dans les désorganisation
systèmes de croyances
(h) Somatisation
82
Avant l' inclusion du diagnostic dans la CIM-II , les plus récentes études concernant
l' ESPTC (Cloitre et al. , 2013; Cloitre, Garvert, Weiss, Carlson, & Bryant, 2014; Eiklit et
al. , 2014; Knefel, Garvert, Cloitre, & Lueger-Schuster, 2015; Perkonigg et al., 2016;
Wolf et al., 2015) ont toutes repris ces trois mêmes types de symptômes afin de rendre
compte de la validité du construit et d' unifier les recherches s'y rapportant. Les résultats
Karatzias et ses collègues (2017) certifient que les résultats de ces SIX études
supportent l' inclusion du diagnostic de l' ESPTC dans la CIM-ll amSl que ses
distinctions qualitatives avec l'ESPT, d' autant plus qu ' à partir de 2013 , Cloitre et al. ont
développé un instrument de mesure validé pour la première fois en 2017 par l' équipe de
Maercker, Brewin, Bryant, Cloitre, van Ommeren et al. (2013) pour l' introduction du
diagnostic dans la CIM-ll. En 2018, une version optimisée comprenant 12 items a été
Les résultats des études les plus récentes avant l 'inclusion de l 'ESPTC dans la CIM-ll
Eiklit et al. Trois échantillons danois: • HTQ-IV • LCA Solution à 3 groupes pour
(2014) chacun des échantillons:
(1) Parents endeuillés (N = 607) • TSC PTSD, CPTSD et Low
(2) Victimes de viol (N = 449) symptom
(3) Victime d'abus physiques (N = 214)
Les résultats des études les plus récentes avant l 'inclusion de l'ESPTC dans la CIM-II
Wolf et al. Deux échantillons des États-Unis: • NSES • CFA Modèle à un facteur (où les
(2015) critères du PTSD et DSO se
(1) Des participants de la communauté qui
combinent)
ont reporté avoir été exposé à un trauma
défini dans le DSM-5 et cotent aux Modèle à 2 facteurs (où les
critères du DSM-5 pour un probable facteurs PTSD et DSO sont
diagnostic d' ESPT à vie corrélés)
(N = 345)
(2) Des vétérans de l' armée
(N = 323) • LPA Solution à 4 groupes avec des
différences dans la sévérité
Solution à 4 groupes et 2
• FMM facteurs différant quant à la
sévérité
85
Bryant, Cloitre, van Ommeren et al. (2013) et Maercker, Brewin, Bryant, Cloitre, Reed
et al. (2013), a mené à l' inclusion du diagnostic d' ESPTC dans la CIM-11 , en juin 2018.
En juin 2018, dans la CIM-ll , l' ESPTC (code 6B41) est introduit et décrit comme
l' ESPT : (a) un sentiment de menace persistant; (b) l' évitement des souvenirs liés au(x)
perturbations dans l' organisation du soi (POS) : (a) des problèmes sévères et
envahissants dans la régulation affective; (b) des croyances persistantes à propos de soi
persistants de honte, de culpabilité ou d' échec, reliés au stresseur; ainsi que (c) des
difficultés persistantes à entretenir des relations et à se sentir près des autres. Ces
86
s' avérer problématique dans les domaines scientifique et clinique (Cloitre et al. , 2018).
Afin de tenter de préserver une certaine uniformité, il s' avère pertinent de définir
l' ESPTC suivant les 12 items de la version optimisée de l'ITQ que voici: les critères de
l' ESPT: REl / rêves troublants, RE2 / revivre l' événement dans l' ici et maintenant,
AVI / rappels internes, AV2 / rappels externes, THI / hypervigilance, TH2 / nerveux,
effrayé, et les critères des perturbations dans l' organisation du soi (POS): AD2 /
sentiment d' échec, NSC2 / sentiment d' être sans valeur, DRI / sentiment d' isolement et
Attachement et ESPTC
chez les gens présentant une symptomatologie complexe de l' ESPT et soutiennent que
l' un des facteurs les plus importants est une anxiété d' attachement. Toutefois, un
questionnement demeure quant à la nature de cette anxiété, découle-t-elle d' une peur du
rejet ou d'une difficulté avec la proximité (van Dijke, Ford, Frank, & van der Hart,
2015)? Les résultats de l' étude comparative d' Annemiek van Dijke et ses collègues
corroborent également que la peur de l' abandon est aussi un médiateur de cette relation .
Laub et Auerhahn (1993) affirment que l' expérience essentielle du traumatisme est
provient de l' insupportable tension induite chez l' enfant, dépourvu de stratégies
d' adaptation et laissé à lui-même, par le retrait de la « mère », dans des contextes de
88
traumatisme relationnel où la réparation interactive n' est pas une option (Lachman &
traitements dont l' abus physique en enfance, des agressions physiques et sexuelles à
l' âge adulte, mais il semble qu ' il ne soit toutefois pas associé aux agressions sexuelles
Mentalisation et ESPTC
réside dans les relations d' attachement et que le plus grand obstacle de la mentalisation
serait le trauma d' attachement (Fonagy & Target, 2002). Schore (2003) soutient que les
expériences d' attachement traumatique entravent l' organisation précoce du cerveau droit
l' environnement ainsi qu ' au rappel de sa propre histoire. Il explique également que ces
carences incitent l' individu à éviter tout contact avec son monde interne afin d' écarter
Selon Fonagy et Target (1997), l' enfant ayant un attachement désorganisé, des
mentalisation des individus présentant une pathologie complexe de l' ESPT tiendrait
d' une hypomentalisation caractérisée par deux modalités permettant de relier des
mode de simulation.
Van der Kolk et Fiisler (1994) soutiennent que la répercussion la plus importante au
plan de la régulation des affects des traumas précoces et de la négligence est la perte de
la capacité de réguler l' intensité des affects. Schore (2003) soutient également cette
affirmation et y ajoute une capacité limitée à moduler la durée des affects, plus
précisément les affects dits primitifs au plan biologique tels la honte, la rage,
l' excitation, l' exaltation, le dégoût, la terreur panique et la détresse désespérée. Pour
Dyer et al., (2009) et Hagenaars, Fisch et van Minnen (2011) le trauma complexe induit
différents types de trauma et des types précis de difficultés dans la régulation affective
(Chaplo, Kerig, Bennett, & Modrowski , 2015). Entre autres, les études relèvent que le
retrait social, l' isolement et l' absence de lien sont des répercussions relativement
90
communes d' une exposition aux traumas interpersonnels en enfance (Walsh, Fortier, &
DiLillo, 2010).
un ESPTC se manifesterait par une oscillation entre l' hyperactivation (haute réactivité
stratégies chaotiques et par des comportements semblables à des états de transe (Main &
Hesse, 1990) ont une probabilité élevée de développer des perturbations dites
Les résultats des recherches développementales sur l' ESPTC permettent de rendre
compte d' importantes altérations dans le développement de l' enfant, en ce qui a trait à la
l' époque, où est survenu le trauma. Bien que les types d' attachement, de mentalisation et
interactive, alors que l' ESPTC n' entrevoit pas cette possibilité, le TPL tente de simuler
un niveau réflexif qu ' il n' a pas atteint, alors que l'ESPTC s' adapte avec ses facultés, le
TPL tente de composer avec l' hyperactivation de son système d' attachement, alors que
l' ESPTC oscille entre une hyperactivation et une hypoactivation de son système
d' attachement. De plus, en ce qui a trait aux traumas, il apparait que les agressions
À présent que l' ensemble des variables de la question de recherche ont été définies,
le prochain chapitre traitera des études comparatives menées, jusqu ' à maintenant,
l' ESPTC. D' abord, sera présentée une brève revue d' études publiées antérieurement à la
définition du second diagnostic. Puis, de manière plus exhaustive, seront présentées les
Enfin, un récapitulatif des études menées jusqu ' à ce jour permettant de différencier ces
Certaines études portant sur les distinctions entre le TPL et l' ESPT ou l' ESPTC
soulignent la validité d' un modèle dimensionnel pour le TPL (Arntz et al., 2009; Edens
et al. , 2008; Rothschild et al. , 2003; Trull et al. , 1990). D' autres recherches appuient
l' étiologie traumatique des diagnostics de TPL, d' ESPT et d' ESPTC (Gunderson &
Sabo, 1993; Herman & van der Kolk, 1987), alors que d' autres signalent l' absence d' une
dans le spectre des troubles liés au trauma (Lewis & Grenyer, 2009).
Enfin, parmi les études portant sur les symptômes discriminants de l'ESPTC des
autres diagnostics comme l' ESPT, le TPL et le TDM, seule l' étude de Courtois et Ford
(2009) atteste d' une présentation complexe de symptômes allant au-delà de l'ESPT. Ces
94
chercheuses affirment qu ' en plus des trois regroupements de symptômes de l' ESPT, les
symptômes et de troubles de l' axe 1 (les troubles majeurs cliniques) et de l' axe II (les
troubles de personnalité et le retard mental), des problèmes de santé physique (axe III) et
Toutefois, de manière générale, les études portant sur les symptômes discriminants,
avant l' unification de la définition de l' ESPTC dans la CIM-Il (OMS, 2018), ne
différencient pas l' ESPT de l' ESPTC. En 1995 , Kessler et ses collègues ont évalué la
prévalence des comorbidités en lien avec l'ESPT. Leurs résultats, obtenus à partir du
5877 individus âgés entre 15 et 54 ans, démontrent que la prévalence de l' ESPT s' élève
à 7,8 % de la population et que cette prévalence est plus élevée chez les femmes et chez
les individus qui ont, antérieurement, été mariés et que les traumas les plus
communément associés à l'ESPT chez les hommes sont l' exposition au combat et voir
quelqu'un gravement blessé ou tué alors que chez les femmes, ce sont le viol et les
attouchements sexuels. Leurs résultats démontrent également que l' ESPT présente une
forte comorbidité avec d' autres troubles, au long court, du DSM-III-R (AP A, 1987).
Cette prévalence est établie à 88,3 % pour les hommes et 79 % chez les femmes. En
outre, leurs résultats révèlent que plus du tiers des individus présentant un épisode
d' ESPT échouent à se rétablir, et ce, même après plusieurs années. En 2008, Grant et ses
collègues ont élaboré une recherche portant sur une analyse factorielle confmnatoire des
95
structures latentes des principales caractéristiques et des symptômes associés aux trois
l'ESPT, le TDM et le TAG (trouble d' anxiété généralisé), où ils évincent le potentiel
et d' entretiens cliniques auprès de 228 survivants d' accidents de véhicules motorisés,
qui ont recherché un traitement pour leurs difficultés émotionnelles, les résultats de leur
étude démontrent que les principales caractéristiques de ces trois troubles, bien que
concernant les symptômes associés, ceux-ci démontrent que les facteurs représentant les
trois regroupements de symptômes de l' ESPT lui sont exclusifs. Cependant, en ce qui a
n' est pas spécifique à l' ESPT puisqu'il représente un facteur d' ordre supérieur corrélé
D' autre part, Kring (2008) aborde, sous forme de revue intégrative, le potentiel
différemment selon les troubles et que la cohérence émotionnelle constitue l' exception et
non la norme. Afin d' appuyer ses propos, elle présente une panoplie de symptômes
l' avant les avantages d' adopter une perspective transdiagnostique en psychopathologie.
Elle examine divers modèles proposant une taxonomie des perturbations émotionnelles,
96
puis propose sa propre classification: perturbations dans la valence des affects de base
perturbations dans la régulation des émotions et perturbations quant à l' expression des
émotions ressenties (déconnection). Elle conclut en soulignant que davantage d ' études
manque d ' unification dans les définitions des construits. Autrement dit, parmi les études
mentionnées précédemment, le construit de l' ESPTC n' est pas été défini par les mêmes
définitions, ces études contribuent à la théorisation du trouble. Ce n' est qu ' avec la
publication de l' article de Maercker, Brewin, Bryant, Cloitre, van Ommeren et al.
(2013), portant sur l'unification de la définition de l' ESPTC proposée pour inclusion
dans la CIM-ll (OMS, 2018) que certaines comparaisons sont rendues possibles avec
traumatic stress disorder », dans la base de données Psycinfo, seules trois publications
La première est une étude empirique portant sur une analyse des classes latentes,
c' est-à-dire des classes qui ne peuvent pas être mesurées directement, mais qui sont
supposées être à la base des variables observées, effectuée par l'équipe de Marylène
Cloitre (2014). Les résultats supportent la validité du construit de l'ESPTC comme étant
distinct de celui du TPL. Leur analyse des classes latentes atteste d' un modèle de
classification par les classes latentes à quatre classes distinctes: une classe à faibles
symptômes caractérisée par un faible endossement de tous les symptômes, une classe
endossement des symptômes qui définissent les diagnostics d'ESPTC et de TPL, une
classe d'ESPTC caractérisée par une forte prévalence des symptômes de l'ESPT et des
faible endossement des symptômes du TPL et enfm, une classe de TPL caractérisée par
considérablement les chances des individus de se retrouver dans la classe de TPL, soit
(1) des efforts effrénés pour éviter l' abandon; (2) une instabilité marquée et persistante
98
phénoménologiquement les construits d' ESPT, d'ESPTC et du TPL. D ' abord, en ce qui
a trait à la distinction entre l'ESPT et l'ESPTC, les auteurs proposent que l' ESPT, tel
que défini dans la CIM-II , est un désordre fondé sur la peur, une émotion, alors que
celui de l' ESPTC est décrit comme étant généralement associé à des traumas chroniques
et répétés, des faits. Puis, les auteurs, tout comme en témoignent plusieurs cliniciens
traitant ces conditions, affIrment que le niveau de fonctionnement des individus atteints
Ensuite, en ce qui a trait à la distinction entre l' ESPTC et le TPL, les auteurs
soulignent d' abord que bien que les taux de comorbidités soient élevés entre ces deux
diagnostics, leur traitement implique différentes considérations; chez l' ESPTC, l' objectif
2006) alors que chez le TPL, il s' agit de la résolution des répétitions de comportements,
traumatique ni des symptômes de l' ESPT, qui pourrait pourtant lui être comorbide. Puis,
le TPL est caractérisé par une peur de l' abandon alors que ce critère diagnostique est
absent dans l'ESPTC. Le TPL présente une instabilité marquée et persistante de l'image
99
ou de la notion de soi alors que ces concepts sont invariablement négatifs chez l' ESPTC.
relationnel et d' un sentiment d' aliénation . De plus, bien que des difficultés de régulation
affective soient présentes dans ces deux pathologies, elles s' expriment différemment.
Les problèmes de régulation de l' ESPTC proviennent principalement d' une sensibilité
également observé chez le TPL. Toutefois, ils précisent que l' une des principales
d'automutilations, dont l' incidence est beaucoup mOInS fréquente chez l' ESPTC
présentant un ESPTC est stable et chronique alors que celle des individus présentant un
TPL est caractérisée par un manque de stabilité. Le seul symptôme partagé par ces deux
La seconde publication est un article de Jayashri Kulkarni (2017) qui insuffle que
l' utilisation de la nouvelle nomenclature qu'est l' ESPTC, tel qu'il est défini dans la
CIM-ll (OMS, 2018), comme étant moins stigmatisant et cliniquement plus utile que le
diagnostic de TPL défini par le DSM-5 (APA, 2013). L ' utilisation du terme ESPTC
l' auteur souligne le manque de distinction entre ces deux diagnostics aux plans de
À la suite des conclusions de Cloitre et al. (2014), une étude empirique, la troisième
publication, utilisant la modélisation par équations structurelles est réalisée par l' équipe
d' Annemiek van Dijke, Hupman et Ford (2018). Leur recherche démontre, de manière
l' âge adulte. Les résultats de l' étude comparative supportent que l' association entre les
affective, aux altérations du concept de soi et aux difficultés relationnelles à l' âge adulte,
soit partiellement médiée à l' âge adulte par une sous-régulation des affects, de
symptômes psychotiques négatifs de dissociation, tels que l' amnésie, et non par des
symptômes psychotiques positifs de dissociation, tels que les flashbacks, ainsi que de
peurs relationnelles de proximité et d' abandon . Les auteurs affirment que ces résultats
De plus, quelques précisions incluses dans l' article permettent de distinguer le TPL
de l' ESPTC. Van Dijke et al. (2018) abordent qu ' au plan phénoménologique, le TPL
implique une extrême sensibilité à se sentir rejeté, honteux ou abandonné alors que
l' ESPTC semble découler d' une hypervigilance aux préjudices (Ford & Courtois, 2014;
Récapitulatif des études menées sur les distinctions entre le TPL et l'ESPTC
En ce qui a trait aux définitions de ces deux diagnostics, il semble bien que certains
des critères diagnostiques s' entrecoupent et que l' étiologie demeure un lieu de
nombreuses distinctions, et ce, principalement en ce qui a trait aux critères reliés aux
perturbations dans l' organisation du soi: les difficultés quant à la régulation affective,
persistante de l'image ou de la notion de soi présente chez le TPL, alors que ces concepts
alors que celui de l' ESPTC tient principalement de l'évitement relationnel et d' un
affective, présentés au Chapitre 1 de ce présent essai , les études menées jusqu ' à ce jour
personnalité.
Cette discussion porte sur les résultats exposés précédemment afin de répondre aux
similitudes et des distinctions, entre les deux diagnostics à l' épreuve, est avancé.
Ensuite, sont évoquées les conclusions obtenues à partir des concepts théoriques
présentés au Chapitre 1 du présent essai ainsi que quelques pistes de réflexion entourant
des concepts associés. Enfin, sont présentés les forces , les limites et l' impact clinique de
Les diagnostics à l' étude présentent beaucoup de similarités, tant du point de vue de
leur étiologie que de leurs critères diagnostiques. Dans une perspective étiologique, il est
enfance contribuent au développement du TPL (Herman & van der Kolk, 1987; Zanarini
et al., 1997) alors qu ' il est également reconnu que l' ESPTC découle d'« une exposition à
C' est ainsi dire que ces deux diagnostics découlent, à différents degrés, de traumas
semblables perturbations dans l' organisation du soi ainsi que de chroniques difficultés
interpersonnelles associées à des angoisses d' abandon, de l' agressivité et des processus
dissociatifs (Pearlman, 2001 ; Roth et al. , 1997; van der Kolk et al. , 2005).
l' instabilité affective et les difficultés relationnelles (Rowan, Foy, Rodriguez, & Ryan,
1994; van der Kolk et al., 1996; Zanarini et al., 1997). Ces similitudes portent à croire
que les individus, aux prises avec ces diagnostics, possèdent une organisation similaire
de la personnalité, soit une organisation limite. Cependant, il est difficile de les ordonner
la sévérité des traumas; chacune de ces caractéristiques ayant une incidence sur le
Dans le domaine de la traumatologique, une distinction est faite quant aux types ou
à la nature des traumas, soient les types 1 et II. Ces traumas proviennent d' événements
manière générale, des événements soudains, inattendus et d' une durée limitée. Par
par un être humain, donc de nature relationnelle, et peuvent être davantage anticipés par
106
les victimes. Par exemple, la violence conjugale, l' abus physique et/ou sexuel ou la
Il semble pourtant que ce soit à la compréhension des principaux MIO qu ' il soit
possible d' observer des différences. La nature et la sévérité des traumas subis lors du
développement de l' enfant est influente sur le développement des MIO; sur la
conception du monde environnant et la notion de soi . Le sujet atteint d' un TPL semble,
de par son mode de fonctionnement, avoir appris que suivant les comportements qu ' il
adopte, il lui est possible d' entrevoir et d' accéder à une forme de réparation interactive.
Cependant, en ce qui a trait au sujet atteint d' un ESPTC, qui a subi différentes formes de
mauvais traitements de manière prolongée, cette option peut ne pas lui sembler
accessible, et cela pourrait expliquer qu ' il adopte des stratégies qui, à première vue,
semblent chaotiques, mais qui pourtant lui permettent de s' adapter à son environnement.
la mentalisation et des stratégies de régulation des affects. Le TPL oscille entre des
et son concept de soi alors que l' ESPTC évite les contacts relationnels en raison d' une
hypervigilance aux préjudices et d' un concept de soi principalement négatif. Bien que
d' évitement, il semble à propos d' émettre l'hypothèse que le TPL présente un
107
fonctionnement découlant principalement d' une anxiété d' attachement alors que celui de
l' ESPTC provient essentiellement d' un évitement de l' attachement. L' évitement
relationnel et le sentiment d' aliénation mis en évidence dans l' article de Cloitre et al.
représentationnelle des enfants s' étant développée dans des contextes de négligence et
d' abus, où les conversations et les interactions sociales ne sont pas encouragées,
d' autant plus difficile de transiger d' un modèle téléologique vers des modèles
satisferait ses besoins, alors que l' ESPTC manifeste de façon chaotique une
108
D' autre part, les théoriciens ayant travaillé sur les processus dissociatifs suggèrent
que le tableau clinique de l' ESPTC se distingue par l' insistance mise sur la dissociation.
que chez le TPL, sa survenue est considérée transitoire, dans des situations de stress
(Kédia, 2009). Tout comme le sujet atteint d' un ESPTC, le sujet atteint d' un TPL a
tendance à vouloir éviter les expériences, les cognitions et les émotions déplaisantes
(Cheavens et al. , 2005; Grantz, Rosenthal, Tull, Lejuez, & Gunderson, 2006; Rosenthal,
Cheavens, Lejuez, & Lynch, 2005). Cependant, le sujet atteint d' un TPL utiliserait
Herman (1992) soutient que le syndrome borderline (limite) est une présentation
Il semble donc convenable de s' interroger sur la possibilité qu ' un trauma de type l
durant le développement de l' enfant puisse produire une symptomatologie limite à l' âge
109
adulte alors qu ' un trauma de type II durant cette même période puisse ultérieurement
fonctionnements. Entre autres, quelle est l' incidence sur le développement de la période
l' ESPTC provient-elle d' altérations dans les facultés auparavant développées
Une des forces de cet essai est la recension exhaustive des écrits, portant sur les
concepts théoriques et les diagnostics à l' épreuve, menée par l' auteure; tout comme l' est
l' effort de synthèse à propos des concepts centraux en psychopathologie, d' attachement,
essai semble novateur, dans la littérature actuelle, compte tenu du faible nombre
d' études portant sur les distinctions entre le TPL et l' ESPTC . De même, l' utilisation des
psychodynamique contribue à sa valeur. Cette étude tend à illustrer l' impact des traumas
nosographie psychologique.
110
Cet essaI comporte certaines limites. L' ensemble ou du mOInS la majorité des
articles portant sur les recherches développementales n' arrivent pas à rendre évidentes
les distinctions entre les deux diagnostics à l' épreuve compte tenu que leurs étiologies
respectives demeurent indistinctes dans la littérature actuelle. Les résultats pouvant donc
parfois être attribués aux deux diagnostics, suivant les critères diagnostiques et la nature
des traumas. Par ailleurs, la recension des écrits n' a pas tenu compte des articles se
La richesse de cet essai consiste à démontrer qu ' il existe des distinctions entre le
TPL et l'ESPTC. La clarification des principaux MIO de ces individus aux prises avec
Perspectives de recherches
diagnostiques, présentés dans le DSM-5 (APA, 2013), pour le TPL et, énoncés dans la
CIM-ll (OMS, 2018), pour l' ESPTC afin de cibler les symptômes discriminants de
chacun de ces diagnostics, c' est-à-dire d' élucider l' origine développementale de ces
111
travaux pourraient porter sur l'hérédité des traits développés des suites de mauvais
traitements. Des équipes de chercheurs pourraient également envisager d' identifier les
l' élaboration de stratégies éducatives préventives pour les générations à venir, non
seulement au sein des centres de services sociaux, mais également dans les
établissements scolaires où l' impact serait multiplié. D ' autres études de nature
nombre de similarités, des distinctions persistent quant aux principaux concepts élaborés
Les résultats des recherches ont permis de mettre en lumière que la nature, la
fréquence et la sévérité des traumas vécus en enfance (traumas de types 1 et II) avaient
un impact majeur sur le fonctionnement de l' individu, sur ses MIO construits sur la base
des liens affectifs qu ' il entretient avec ses principales figures d' attachement (recherche
(l ' hypermentalisation chez le TPL) et sur l' adoption de stratégies de régulation affective
sein de ces deux diagnostics et c' est pour cette raison que les recherches subséquentes
pourraient poursuivre à élucider l'impact des divers traumas sur les relations d' objet, qui
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Appendice A
Complément d' informations concernant les divers types d' attachement
Tableau 3
Définition des divers types d 'attachement selon les apports théoriques de Shaver, Mikulincer et Pereg
Attachement sécure (B) Attachement anxieux (C) Attachement évitant (A) Attachement désorganisé (D)
(L' anxiété et l' évitement (L' anxiété est élevée et l' évitement est (L' anxiété est faible et
sont faibles) faible) l'évitement est élevé)
Définition des divers types d 'attachement selon les apports théoriques de Shaver, Mikulincer et Pereg
Attachement sécure (B) Attachement anxieux (C) Attachement évitant (A) Attachement désorganisé (D)
(L' anxiété et l'évitement (L'anxiété est élevée et l'évitement (L' anxiété est faible et
sont faibles) est faible) l' évitement est élevé)
Éthiologie (d) Expériences traumatiques (d) Messages implicites ou (c) Peut avoir des
(suite) ou abusives rencontrées explicites de la part de deuils ou
alors que l' individu était la figure d' attachement traumatismes non-
séparé de la figure encourageant résolus (Main &
d' attachement. l' autosuffisance et Hesse, 1990).
interdisant de franches
expressions de détresse
et de vulnérabilité.
Apprentissage • Les individus sécures • Les individus anxieux ont • Les individus évitants ont • Les individus
ont probablement appris probablement appris, à cause probablement appris que la désorganisés ont
durant leurs interactions de leur histoire d' attachement, stratégie de régulation probablement appris que
positives avec les de facteurs reliés au qu'est la recherche de la figure d' attachement
fi gures d' attachement tempérament ou d' indices proximité était peu probable est à la fois source de
que la reconnaissance et contextuels, que la recherche d' apaiser la détresse. protection et source de
les manifestations de de la proximité était une danger (menace). Rôle
détresse engendraient stratégie viable ou essentielle. central de la peur dans la
des réponses positives désorganisation.
de la part des autres.
Tableau 3 (suite)
Définition des divers types d 'attachement selon les apports théoriques de Shaver, Mikulincer et Pereg
Attachement sécure (B) Attachement anxieux (C) Attachement évitant (A) Attachement désorganisé (D)
(L'anxiété et l' évitement sont (L' anxiété est élevée et l' évitement (L'anxiété est faible et
faibles) est faible) l' évitement est élevé)
Apprentissage • Ils ont aussi appris que • Les enfants ayant subi de
(suite) leurs propres actions sont mauvais traitements ont
souvent en mesure de appris que leurs parents ne
réduire la détresse et de seront pas convenablement
dissiper les problèmes et réflexifs et sensibles ils ne
les obstacles et que la développent alors pas un
recherche de support des sentiment de sécurité en
autres est un moyen relation à leur monde
d'adaptation efficace. interne (Sable, 1997).
MIO • Perception positive de soi • Perception de soi comme étant • Perception de soi • « La peur sans solution»
en tant qu' être compétent, relativement sans défense et comme étant (Main & Solomon, 1990).
aimé et estimé. incompétent à réguler les affects. autosuffisant.
Définition des divers types d 'attachement selon les apports théoriques de Shaver, Miku/incer et Pereg
Attachement sécure (B) Attachement anxieux (C) Attachement évitant (A) Attachement désorganisé (0)
(L' anxiété et l'évitement (L'anxiété est élevée et l' évitement (L'anxiété est faible et
sont faibles) est faible) l' évitement est élevé)
Définition des divers types d 'attachement selon les apports théoriques de Shaver, Miku/incer et Pereg
Attachement sécure (B) Attachement anxieux (C) Attachement évitant (A) Attachement
(L' anxiété et l' évitement sont (L'anxiété est élevée et l' évitement (L 'anxiété est faible et l'évitement est désorganisé (D)
faibles) est faible) élevé)
Craintif-évitant :
• L'anxiété et l' évitement sont
élevés
Styles de Stratégies basées sur la sécurité Stratégies d' hyperactivation Stratégies de désactivation Stratégies
stratégies • Objectif # 1 : Apaiser la • Ces stratégies requièrent • La supputation que la stratégie d' hyperactivation
et détresse et renforcer constamment de la vigilance, de recherche de proximité est et de
l' ajustement personnel à des préoccupations et des une option non viable peut désactivation
Objectifs
régulateurs travers des mécanismes efforts jusqu' à ce que la figure résulter en désactivation de la
spécifiques constructifs, flexibles et d'attachement soit perçue recherche de proximité,
adaptés à la réalité comme étant disponible et inhibition de la quête de support
qu'un sentiment de sécurité et en tentatives de faire face,
soit atteint seul, à la détresse.)
Tableau 3 (suite)
Définition des divers types d 'attachement selon les apports théoriques de Shaver, Mikulincer et Pereg
Attachement sécure (B) Attachement anxieux (C) Attachement évitant (A) Attachement
(L'anxiété et l'évitement sont (L'anxiété est élevée et l'évitement (L'anxiété est faible et l'évitement désorganisé (D)
faibles) est faible) est élevé)
Comportements Scénario de la base sécure • Une forte approche orientée • Déni des besoins affectifs • Dans la Situation
• Reconnaissance et vers la figure d'attachement Étrange, les bébés
• Évitement de la proximité,
démonstration de la • Des tentatives pour obtenir de l'intimité et de la désorganisés
détresse leur implication, leur attention dépendance dans les présentent des
et leur support à travers des relations intimes comportements
• Engagement désorganisés et/ou
prépondérant dans la réactions d' accrochage et de
• Maximisation de la distance désorientés en
résolution de contrôle cognitive, émotionnelle et présence du parent,
problèmes physique des autres tels que le fait de
rester immobile
Tableau 3 (suite)
Définition des divers types d 'attachement selon les apports théoriques de Shaver, Miku/incer et Pereg
Attachement sécure (B) Attachement anxieux (C) Attachement évitant (A) Attachement
(L'anxiété et l' évitement (L' anxiété est élevée et l'évitement (L' anxiété est faible et l'évitement désorganisé (D)
sont faibles) est faible) est élevé)
Comportements • Recherche de • Des efforts cognitifs et • Effort pour atteindre avec une expression
(suite) support. comportementaux orientés afin l' autonomie et de transe ou d ' avoir
de réduire au minimum la l' indépendance. des comportements
distance avec les autres. contradictoires
• Les gens sécures ont d'approche et de
tendance à détenir des • Les gens évitants réagissent fuite (Main &
croyances positives et • Les gens anxieux ont tendance aux situations menaçantes en Solomon, 1990)
optimistes lorsqu ' ils à réagir aux situations gonflant leurs perceptions
abordaient des situations menaçantes en se dévaluant et positives d 'eux-mêmes et en
menaçantes. en percevant les autres comme percevant les autres comme • Vers 6 ans, ces
similaires à soi (Stratégies différents d ' eux (Stratégies enfants semblaient
d'hyperactivation - exagération de désactivation - vouloir organiser le
de ses propres faiblesses tout diminution des faiblesses comportement de
en essayant de créer une entrai ne « la grandiosité » et leur parent, en
illusion de connectivité maximisation de la distance adoptant à son
entraine une augmentation de la entraine une sous-estimation égard une attitude
similarité aux autres) . des similarités avec les contrôlante
autres). (comportement
punitif ou attitude
protectrice)
• Blocage et
difficultés à
échanger (Main &
Cassidy, 1988).
Tableau 3 (suite)
Définition des divers types d 'attachement selon les apports théoriques de Shaver, Mikulincer et Pereg
Attachement sécure (B) Attachement anxieux (C) Attachement évitant (A) Attachement
(L ' anxiété et l' évitement sont (L ' anxiété est élevée et l' évitement est (L'anxiété est faible et l'évitement est désorganisé (D)
faibles) faible) élevé)
Effets sur le • La création de ressources • De ces stratégies découle une • A vec la pratique et
développement chez la personne tendance à détecter des menaces l' expérience, ces stratégies de
dans presque toutes les transactions désactivation s' élargissent
• L' élargissement des
avec le monde physique et social et souvent pour inclure la
perspectives, des capacités
et des aptitudes à exagérer les conséquences distanciation littérale et
potentiellement négatives de ces symbolique de soi par rapport
• L' activation d' autres menaces à la détresse, qu' elle soit
systèmes tels que directement reliée à
l' exploration, l'affiliation • Elles intensifient également les
réponses émotionnelles négatives l' attachement ou pas
et la prestation de soins
aux événements menaçants et • Cette distanciation implique
• Facilitent le augmentent les ruminations à une inattention active aux
développement de propos de préoccupations reliées événements menaçants et aux
l'autonomie et de aux menaces, ce qui les conserve vulnérabilités personnelles
l' individualisation actives dans la mémoire de travail autant qu ' à l' inhibition et la
• Favorise suppression de pensées et de
• Puisque les signaux de non-
l'autoactualisation disponibilité de la figure souvenirs qui évoqueraient de
d' attachement et de rejet sont vus la détresse et des sentiments
• Plus empathiques face aux de vulnérabilité
besoins des autres comme d' importantes menaces, les
stratégies d' hyperactivation • Stratégies préventives : elles
• Facteur de protection face alimentent l'hypervigilance évitent ou court-circuitent
à un diagnostic de l' axe 1 anxieuse au partenaire ainsi qu ' une l'expérience de la
(Riggs & Jacobvitz, détection rapide des possibles vulnérabilité et de la détresse
2002). signes de désapprobation, de
• Inattention motivée
diminution de l' intérêt ou
d' abandon imminent
Tableau 3 (suite)
Définition des divers types d 'attachement selon les apports théoriques de Shaver, Miku/incer et Pereg
Attachement sécure (B) Attachement anxieux (C) Attachement évitant (A) Attachement
(L' anxiété et l' évitement (L'anxiété est élevée et l' évitement est (L'anxiété est faible et l'évitement est désorganisé CD)
sont faibles) faible) élevé)
Études • Les stratégies de Les études démontrent que l'anxiété de L'évitement de l'attachement est
régulation affective l' attachement est associée avec: associé avec:
s'accordent avec la • l' exagération de l' estimation de la • de faibles niveaux d'intimité
réalité. Transiger de menace et d' engagement émotionnel
façon réaliste avec les dans les relations intimes
demandes de • une perception négative de soi
l' environnement • des croyances pessimistes et • la suppression de pensées
catastrophiques à propos des douloureuses
échanges sociaux et avec le
monde.
Tableau 3 (suite)
Définition des divers types d 'attachement selon les apports théoriques de Shaver, Mikulincer et Pereg
Attachement sécure (B) Attachement anxieux (C) Attachement évitant (A) Attachement
(L'anxiété et l'évitement sont (L' anxiété est élevée et l'évitement (L'anxiété est faible et l' évitement est désorganisé (0)
faibles) est faible) élevé)
Études (suite) • Les gens sécures s' avéraient • Les gens dont l' anxiété • la répression de souvenirs
systématiquement à évaluer d'attachement est élevée ont négatifs
un large éventail tendance à réagir aux • un manque d'accessibilité
d'événements stressants en événements stressants avec une cognitive aux
termes moins menaçants que détresse intense et à ruminer des représentations négatives
les gens insécures, et de inquiétudes reliées à la menace. de soi
détenir des attentes plus Ils ont également facilement
optimistes à propos de leurs accès à de douloureux souvenirs • une projection de leurs
habiletés à s' adapter aux et exhibent une séquence propres caractéristiques
sources de détresse automatique d ' émotions sur les autres
négatives d ' un incident, inscrit • l'échec de reconnaitre les
• Les individus sécures ont
dans la mémoire, à l' autre émotions négatives
accès à des souvenirs
émotionnels désagréables • Les gens dont l'anxiété • le déni des peurs de base.
sans être submergés par ces d'attachement est élevée ont • De récentes études
derniers tendance à réagir aux démontrent que des résultats
événements stressants avec une élevés à l' évitement de
• Les gens sécures sont
susceptibles de divulguer détresse intense et à ruminer des l' attachement sont associés
des informations inquiétudes reliées à la menace. avec un manque d'accès aux
Ils ont également facilement inquiétudes reliées à
personnelles et des
sentiments dans la direction accès à de douloureux souvenirs l' attachement et avec la
et exhibent une séquence désactivation des
de proches significatifs et
automatique d' émotions représentations des figures
d' exprimer leurs émotions
négatives d' un incident, inscrit d' attachement après des
avec une relative ouverture
dans la mémoire, à l' autre souvenirs de séparation.
Tableau 3 (suite)
Définition des divers types d 'attachement selon les apports théoriques de Shaver, Mikulincer et Pereg
Attachement sécure (B) Attachement anxieux (C) Attachement évitant (A) Attachement
(L ' anxiété et l' évitement sont (L' anxiété est élevée et l' évitement (L'anxiété est faible et l'évitement désorganisé (D)
faibles) est faible) est élevé)
Définition des divers types d 'attachement selon les apports théoriques de Shaver, Mikulincer et Pereg
Attachement Libre / Autonome (F) Préoccupé (E) Rejetant (D) Irrésolu (U)
ultérieur
Note. Tableau créé à partir des articles de Shaver et Mikulincer et Pereg (2002, 2003, 2005).
Appendice B
Critères diagnostiques proposés pour le TPL : un modèle alternatif
Personnalité limite
Critères diagnostiques proposés :
A. Altération d' intensité minimum moyenne du fonctionnement de la personnalité
comme en témoignent des difficultés caractéristiques dans au moins deux des quatre
domaines suivants :
(3) Empathie: Incapacité de reconnaitre les sentiments et les besoins d' autrui
associée à une hypersensibilité personnelle (c.-à-d., prêt à se sentir blessé ou
insulté), perception d' autrui sélectivement biaisée vers des caractéristiques
négatives et des fragilités ou « points faibles ».
(2) Tendance anxieuse (un aspect de l' affectivité négative) : sentiments intenses
de nervosité, tension ou panique, souvent en réaction à des stress
interpersonnels, préoccupations par les effets négatifs d' expériences passées et
d' éventualités futures négatives; se sentir craintif, inquiet, menacé par
l' incertitude; peurs de s' effondrer ou de perdre le contrôle.
(3) Insécurité liée à la séparation (un aspect de l' affectivité négative) : peur
d' être rejeté par des gens qui comptent ou d' être séparé d'eux, associée à des
peurs d' une dépendance excessive et d' une perte complète d' autonomie.
(4) Dépressivité (un aspect de l' affectivité négative) : sentiments fréquents d' être
au plus bas, misérable, sans espoir, difficultés à se remettre de tels états d' âme,
pessimisme à propos du futur, sentiments envahissants de honte, sentiments
d' infériorité, idées de suicide et conduite suicidaire.
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(6) Prise de risque (un aspect de la désinhibition) : engagement dans des activités
dangereuses, risquées, potentiellement autodommageables et superflues, sans
penser aux conséquences; ne se soucie pas de ses propres limitations et dénie la
réalité d' un danger personnel.