TD 3 Pouvoir Réglementaire
TD 3 Pouvoir Réglementaire
TD 3 Pouvoir Réglementaire
Selon les représentations les plus souvent admises en doctrine et tirées de l’article 21 de la
Constitution, l’unité du pouvoir réglementaire qui garantit la cohérence de l’ordre juridique
national s’exprime tant au plan matériel qu’au plan organique. Le pouvoir réglementaire est
une compétence détenue en vue d’assurer exclusivement l’exécution des lois confiée au
Premier ministre. Mais dans la pratique, cette unité est largement contestée tant d’un point
de vue organique que matérielle.
C’est une création jurisprudentielle qui permet aux autorités réglementaires d’agir au-delà
des strictes limites de la loi d’habilitation pour vue que les droits des administrés soient
respectés. C’est la manifestation d’un pouvoir non prévu explicitement par le texte mais qui
apparaît utile à la mise en œuvre effective de la loi. L’arrêt Labonne constitue une fois de
plus une belle illustration qui a autorisé au Président de la République d’intervenir en
l’absence de toute habilitation législative. La contestation de l’unité du pouvoir
réglementaire ne se limite pas à l’aspect matériel, elle affecte aussi l’unité organique de ce
pouvoir.
II. L’unité organique : le monopole du Premier ministre
Si le monopole du Premier ministre est contesté au sein de l’exécutif (A), sa primauté est
maintenue à l’égard des autorités secondaires (B).
1. Les CT
Dans le premier cas, l’article 72,3 de la Constitution la libre administration des collectivités
territoriales : « dans les conditions prévues par la loi, ces collectivités s’administrent
librement par des conseils élus… ». Ainsi, les autorités locales (le maire et le préfet) peuvent
prendre des mesures tendant à régler les situations dans leurs collectivités respectives.
Cependant, l’exercice est soumis au respect de la loi. Ici, le pouvoir règlementaire n’existe
que pour l’exercice des compétences des collectivités territoriales dont la relève du
domaine de la loi d’après l’article 34 de la constitution. Le pouvoir réglementaire des
collectivités territoriales est toujours exercé en application ou à l’exécution de la loi, d’où
c’est un pouvoir subordonné. Le caractère subordonné du pouvoir réglementaire des Ct a
été rappelé par le Conseil constitutionnel dans sa décision de 2002, ‘’ loi relative à la Corse.
Par ailleurs, si le pouvoir règlementaire des CT est bien une garantie à l’exercice de leurs
compétences, il est également précaire. Cette précarité apparaît lorsqu’il est confronté au pouvoir
règlementaire national d’exécution de la loi. En effet, l’article 21 de la Constitution donne en principe
au Premier ministre la compétence pour prendre des décrets d’exécution ou d’application de la loi.
Cette position est partagée par Louis Favoreu (Cahiers du CFCP, oct. 1983, n° 13, p. XIV) qui oppose le
pouvoir réglementaire des autorités locales au pouvoir réservé. En effet, considéré comme un
pouvoir résiduel, le pouvoir réglementaire des autorités locales est en effet un pouvoir « susceptible
d’être envahi progressivement. Même dans l’hypothèse où la loi renvoyait aux autorités territoriales
le soin de déterminer ses conditions d’application, rien n’empêcherait le pouvoir réglementaire
national d’intervenir.
Créées au début des années 70, les AAI sont chargées de la mise en œuvre de la régulation
économique et financière. Elles découlent de la volonté du législateur qui décide de déléguer
quelques missions à des institutions autonomes. La Commission nationale de l’informatique
et des libertés (CNIL) est la première AAI mise en place en 1978 en charge de veiller à
l’utilisation et à la protection des données informatiques. D’un point de vue matériel, le
pouvoir réglementaire des AAI est limité à la régulation économique.
De la même manière, l’exercice de leurs missions est juridiquement limité. En effet, selon les
termes de Jean-Marc Sauvé, Vice-Président du Conseil d’Etat, les AAI représentent une
exception à l’article 20 de la Constitution, selon lequel le gouvernement dispose de
l’administration (voir Audition par le Comité parlementaire d’évaluation des politiques
publiques sur les AAI, février 2010). Le pouvoir réglementaire des AAI ne doivent en aucune
circonstance empiéter ou concurrencer le pouvoir réglementaire reconnu au Premier
ministre en vertu de l’article 21 de la Constitution. La jurisprudence constitutionnelle défend
également le pouvoir limité du pouvoir réglementaire des AAI (Décision du Conseil
constitutionnel, loi sur le Conseil supérieur de l’audiovisuel de 1986). Ainsi, les AAI ne
peuvent pas agir après que le pouvoir réglementaire national ait déjà intervenu. En outre,
dans son rapport sur les AAI publié en 2001, le Conseil d’Etat affirme sans équivoque que le
pouvoir réglementaire confié aux AAI est étroitement spécialisé et subordonné. C’est un
pouvoir qui relève par nature d’un pouvoir réglementaire d’application de de la loi, et en
aucun cas d’un pouvoir réglementaire autonome.