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European Scientific Journal February 2020 edition Vol.16, No.

6 ISSN: 1857 – 7881 (Print) e - ISSN 1857- 7431

Première Caractérisation Pomologique Des


Variétés Locales De L’olivier (Olea Europaea L.)
Des Oliveraies Traditionnelles Des Agroécosystèmes
Des Montagnes Du Nord-Ouest Du Maroc

Hicham Barbara,
Laboratoire Botanique Appliquée - Equipe BioAgrodiversité
Université Abdelmalek Essaâdi
Institut des Sciences de l'Evolution de Montpellier (ISE-M | UMR 5554).
Equipe Dynamique de la Biodiversité, Anthropo-écologie
Laboratoire International Associé Evolea (INEE-CNRS /CNRST)
Jean-Frederic Terral,
Institut des Sciences de l'Evolution de Montpellier (ISE-M | UMR
5554).Equipe Dynamique de la Biodiversité, Anthropo-écologie
Laboratoire International Associé Evolea (INEE-CNRS /CNRST)
Mohammed Ater,
Laboratoire Botanique Appliquée- Equipe BioAgrodiversité
Université Abdelmalek Essaâdi
Laboratoire International Associé Evolea (INEE-CNRS /CNRST)

Doi:10.19044/esj.2020.v16n6p556 URL:http://dx.doi.org/10.19044/esj.2020.v16n6p556

Résumé
Les oliveraies traditionnelles du nord-ouest du Maroc se différencient
par une diversité variétale relativement importante contrairement au paysage
oléicole marocain dominé par une seule variété, la Picholine marocaine. En
effet, les pratiques traditionnelles locales à travers le maintien des vergers
poly-variétaux ont permis la conservation de variétés locales rares et sous-
utilisées. Dans cette étude nous avons réalisé l’échantillonnage selon un
dispositif équilibré (10 arbres par variété et 30 olives par arbre) des 6 variétés
locales dénommées et reconnues par les agriculteurs (Zeitoun, Bouchouk,
Hamrani, Kortbi, Asemlal, Semlal), d’un écotype d’oléastre forme spontanée
de l’olivier et deux variétés sélectionnées utilisées par les agriculteurs
(Haouzia et Menara). L’étude pomologique s’est appuyée sur l’utilisation de
15 caractères quantitatifs décrivant la taille et la forme des olives et des noyaux
ainsi qu’une estimation indirecte de la teneur en huile. Les résultats obtenus
montrent que les variétés étudiées se différencient le long d’un gradient de
taille et du potentiel productif, les caractères relatifs à la forme jouent un rôle

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secondaire dans cette différentiation. Ainsi, les variétés à petites olives


(Oléastre et Asemlal) se différencient nettement des variétés à grosses olives
(Meslal) et des variétés à olives de tailles intermédiaires (Zeitoun, Hamrani,
Bouchouk, Kortbi, Haouzia et Menara). Les variétés de tailles intermédiaires
se différencient plutôt par les caractères relatifs à la forme. La variété Kortbi
se différencie nettement en s’opposant aux variétés sélectionnées Haouzia et
Menara. Les variétés Zeitoun, Bouchouk et Hamrani se chevauchent
largement.

Mots clés: Olivier, Variétés locales, Nord-ouest Maroc, diversité, oliveraies


traditionnelles

First Pomological Characterization of Local


Varieties of the Olive Tree (Olea Europaea L.) of the
Traditional Olive Orchads of the Agroecosystems of
the Mountains of North-West Morocco, an Neglected
Agrobiodiversity to Preserve

Hicham Barbara,
Laboratoire Botanique Appliquée - Equipe BioAgrodiversité
Université Abdelmalek Essaâdi
Institut des Sciences de l'Evolution de Montpellier (ISE-M | UMR 5554).
Equipe Dynamique de la Biodiversité, Anthropo-écologie
Laboratoire International Associé Evolea (INEE-CNRS /CNRST)
Jean-Frederic Terral,
Institut des Sciences de l'Evolution de Montpellier (ISE-M | UMR
5554).Equipe Dynamique de la Biodiversité, Anthropo-écologie
Laboratoire International Associé Evolea (INEE-CNRS /CNRST)
Mohammed Ater,
Laboratoire Botanique Appliquée- Equipe BioAgrodiversité
Université Abdelmalek Essaâdi
Laboratoire International Associé Evolea (INEE-CNRS /CNRST)

Abstract
Unlike the Moroccan olive oil landscape characterized by the
dominance of a single variety, the Moroccan Picholine, the traditional olive
groves of north-west Morocco are distinguished by a relatively large variety

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diversity. Indeed, local traditional practices through the maintenance of poly-


varietal orchards have allowed the conservation of rare and underused local
varieties. In this study we carried out the sampling according to a balanced
design (10 trees per variety and 30 olives per tree) of the 6 local varieties
named and recognized by the farmers (Zeitoun, Bouchouk, Hamrani, Kortbi,
Asemlal, Semlal), an oleaster spontaneous form of the olive tree and two
selected varieties used by farmers (Haouzia and Menara). The pomological
study was based on the use of 15 quantitative characters describing the size
and shape of the olives and endocarp, as well as an indirect estimate of the oil
content. The results obtained show that the varieties studied are differentiated
along a size gradient and the productive potential, the characters relating to the
form play a secondary role in this differentiation. The varieties with small
olives (Oleaster and Asemlal) are clearly distinct from the varieties with large
olives (Meslal) and the olive varieties of intermediate sizes (Zeitoun, Hamrani,
Bouchouk, Kortbi, Haouzia and Menara). The varieties of intermediate sizes
are rather differentiated by the characters relating to the form. The Kortbi
variety is clearly differentiated by opposing the selected Haouzia and Menara
varieties. The varieties Zeitoun, Bouchouk and Hamrani largely overlap.

Keywords: Olive tree, Local varieties, Northwest Morocco, diversity,


Traditional olive orchads

Introduction
L’olivier représente la principale espèce fruitière au Maroc où il
occupe des superficies importantes, plus de 560 000 ha (El Mouhtadi et al.,
2014). En effet, l’oléiculture connaît actuellement avec le « Plan Maroc Vert »
une extension soutenue des superficies oléicoles visant d’atteindre 1 220 000
ha à l’horizon 2020 (MAPM, 2008). La conséquence de cette dynamique
menant à la modernisation de la filière oléicole est l’accentuation de la
marginalisation des filières oléicoles traditionnelles. Cependant, il ne faut pas
oublier l’importance socio-économique et territoriale de ces filières et des
oliveraies traditionnelles qui couvrent de larges territoires reconnus comme
des « Zones d’agriculture solidaire » (Kradi, 2012). Il s’agit principalement
d’agroécosystèmes traditionnels des zones montagneuses, comme c’est le cas
dans le nord du Maroc (Hmimsa et al., 2008, Ater et al., 2013).
L’oléiculture pratiquée dans ces agroécosystèmes est extensif et
pluvial. Le type extensif et dispersé des plantations favorise la pratique des
polycultures associées à l’élevage. Ainsi, en plus d’autres fruitiers, les paysans
cultivent des céréales ou des légumineuses sur les mêmes parcelles. Ce type
d’oliveraies s’apparente plus à un système agroforestier qu’à un verger fruitier
au sens strict du terme (Lauri et al., 2019). D’autre part, les formes spontanées
de l’olivier sont exploitées par les agriculteurs. Ces formes spontanées ou

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oléastres sont dénommées localement « Berri » et peuvent correspondre soit à


des formes sauvages de l’olivier (Olea europaea subsp. euroapea var.
sylvestris), soit à des formes férales échappées des cultures et issues de semis
d’oliviers cultivés. Dans les oliveraies traditionnelles, l’oléastre est utilisé
principalement comme porte greffe, mais il peut aussi être utilisé pour la
production de l’huile (Aumeeruddy-Thomas et al., 2014, 2017, Ater et al.,
2016, Adim, 2018). Du point de vue diversité variétale, les oliveraies du nord
du Maroc sont dominées par la variété « Zeitoun » ou « Zeitoun Beldi », ce
qui n’empêche pas la conservation des variétés locales par la pratique courante
de vergers poly-variétaux (Ater et al., 2016). En effet, plusieurs travaux ont
noté l’existence d’une diversité variétal importante dans les oliveraies
traditionnelles du Nord du Maroc (Haouane, 2012; Kartas et al., 2015; Kartas,
2017). Il faut noter que la variété locale « Zeitoun » correspond à ce que les
agronomes appellent la «Picholine marocaine» variété dominante au Maroc et
dénommée « Sigoise » en Algérie (Boulouha et al., 1992 ; Khadari et al.,
2008, 2016; Moukhli et al., 2013, 2016).
Ainsi, il apparaît clairement que l’oléiculture traditionnelle dans les
agroécosystèmes des montagnes du nord du Maroc présente des
caractéristiques importantes, uniques et rares à prendre en considération dans
le contexte actuel des changements globaux (climatiques, socio-économiques,
politiques agricoles,..) : (1) le caractère agroforestier des oliveraies
traditionnelles bien adaptées au contexte socio-économique et
environnemental qui leur confère la résilience nécessaire pour faire face aux
changements, (2) l’existence d’une agrobiodiversité représentée par les
variétés locales (écotypes, cultivars) sous-utilisées et négligées correspondant
à des ressources génétiques permettant d’élargir la base génétique de l’olivier.
Dans ce travail, nous nous intéressons particulièrement à la diversité variétale
sous-utilisée à travers la caractérisation des variétés locales des oliveraies
traditionnelles du Nord-ouest du Maroc. Ainsi, en se basant sur des inventaires
et des enquêtes antérieures sur l’agrobiodiversité dans les agroécosystèmes
traditionnels du nord du Maroc (Ater et al., 2016), nous réalisons une
caractérisation pomologique par une étude morphométrique traditionnelle des
olives et des noyaux des variétés locales recensées dans la région. Il s’agit des
variétés nommés localement Zeitoun, Hamrani, Bouchouk, Asemlal, Meslal
et Kortbi. En plus de ces variétés, nous avons inclus l’oléastre dans cette étude,
eu égard à son importance dans les pratiques traditionnelles ainsi que deux
variétés sélectionnées récemment (Haouzia et Menara), distribuées aux
agriculteurs par les services du Ministère de l’Agriculture dans le cadre des
programmes d’appui au développement de la filière oléicole.

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Matériel et méthodes
Aire d’étude : La zone d’étude correspond à la Péninsule Tingitane au
Nord-Ouest du Maroc. Du point de vue géographique, la zone occupe la
majeure partie de la chaîne du Rif occidental. C’est un territoire caractérisé
par un relief accidenté avec des pentes fortes à l’exception des zones
périphériques orientées vers l’intérieur du pays. Du point de vue
agroécologique, ce territoire se situe dans une zone favorable à pluviométrie
supérieure à 450 mm (Balaghi et al., 2013). Les agroécosystèmes de la région
sont caractérisés par la coexistence d’un système sylvo-pastoral et d’une
activité agricole de subsistance et forment des unités paysagères particulières.
Les principales caractéristiques des agroécosystèmes de la zone d’étude sont :
une agriculture traditionnelle à caractère vivrier, la pratique de la polyculture,
la prédominance de la micro ( superficie < 0.5 ha) et de la petite propriété
(superficie < 5 ha), la présence de la culture du chanvre (Cannabis sativa), une
large utilisation des variétés locales et un savoir-faire local traditionnel vivant
(Ater et al., 2013).
L’échantillonnage a été réalisé dans six localités (Mwawja, El
Achayech, Chaouen, Mesmouda, Mjaâra et Siwana) localisées dans les
provinces de Tétouan, Chaouen, Ouezzane et Taounate (Fig. 1 et Tableau 1).

Figure 1. Carte de localisation des sites d’échantillonnage avec la délimitation des


provinces. (Source, auteurs)

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Tableau 1. Coordonnées des vergers où l’échantillonnage a été réalisé avec les variétés
échantillonnées par site.
Sites Coordonnées géographiques Variétés échantillonnées

Chaouen 35°.10.782´N ; 005°16.960´W Zeitoun


El Achayech 35°.12.409´N ; 005°19.011´W Hamrani, Bouchouk,
Meslal
Mesmouda 34°.45.001´N ; 005°44.039´W Assemlal
Mwawja 35°.30.163´N ; 005° 41.558´W Kortbi
Mjaâra 34°.51.673´N ; 005° 33.298´W Menara et Haouzia
Siwana 35°.29.339´N ; 005°47.348´W Oléastre

Echantillonnage : L’échantillonnage des variétés a été réalisé dans


des oliveraies traditionnelles en présence des agriculteurs pour s’assurer de
l’identification des variétés et des noms utilisés localement. Ainsi, 6 variétés
locales ont été échantillonnées et correspondent selon les dénominations
utilisées à : Zeitoun, Hamrani, Bouchouk, Meslal, Kortbi, Assemlal. Nous
avons également échantillonné dans le même type de vergers, deux variétés
sélectionnées (Menara et Haouzia). L’oléastre a été échantillonné dans un
écosystème forestier de type matorral. Pour chaque variété, nous avons
échantillonné 10 arbres et pour chaque arbre, nous avons prélevé 30 fruits qui
feront l’objet de la caractérisation pomologique et morphométrique.
Caractères mesurés : Les caractères mesurés permettent une
évaluation quantitative de trois aspects du fruit et du noyau concernant la
forme, la taille et des indicateurs sur la teneur en huile (Tab. 2). Ainsi nous
avons mesuré : la longueur, la largeur et la hauteur de la plus grande largeur
des olives et des noyaux à l’aide d’un pied à coulisse avec une précision de
10-2 mm. La masse a été mesurée avec 10-4 g de précision. D’autres caractères
ont été estimés par des rapports entre caractères mesurés (Tab. 2).

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Tableau 2. Liste des caractères mesurés ou calculés avec les codes correspondant
Organe mesuré Code Unité Caractère mesuré
Fruit LF mm Longueur Fruit
lF mm Largeur Fruit
HF mm Hauteur de la plus grande largeur Fruit
MF g Masse Fruit
PC % Pourcentage Chair
LlF --- Longueur sur largeur Fruit
LHF --- Longueur sur la Hauteur de la plus
grande largeur Fruit

Noyau LN mm Longueur Noyau


lN mm Largeur Noyau
HN mm Hauteur de la plus grande largeur
Noyau
MN g Masse Noyau
LlN --- Longueur sur largeur Noyau
LHN --- Longueur sur la hauteur de la plus
grande largeur du noyau

Rapports LFLN --- Longueur du fruit sur longueur du


noyau
PFPN --- Masse du fruit sur masse du noyau

Analyses des données : Pour standardiser les variances, les variables relatives
au poids et longueurs ont été transformées en log10. Pour la décomposition de
la variance nous avons utilisé le logiciel R. Les analyses multivariées (Analyse
hiérarchique (classification hiérarchique ascendante) et Analyse Factorielle
Discriminante) ont été réalisées avec le logiciel XLSTAT.

Résultats et discussions
Les variétés ont été échantillonnées dans des conditions pédoclimatiques et
des pratiques culturales similaires. Elles peuvent être classées en trois
groupes :
1) Les variétés locales reconnues par une dénomination locale et dont les
vergers sont formés d’arbres obtenus par les méthodes traditionnelles de
multiplication pratiquées par les agriculteurs, souvent par greffage sur
l’oléastre (Zeitoun, Hamrani, Bouchouk, Meslal et Kortbi), sauf la variété
Assemlal issues de semis.
2) Les variétés sélectionnées inscrites au catalogue et multipliées par les
pépiniéristes (Haouzia et Menara).

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3) L’oléastre correspondant à l’olivier spontané et que nous pouvons trouver


aussi bien dans les agrosystèmes que dans les écosystèmes forestiers
naturels.
Ces variétés ont des usages différents : Meslal est utilisée comme olive de
table, Asemlal et l’oléastre sont utilisés pour l’huile et le reste des variétés ont
un double usage.
Comme nous pouvons l’observer, ces variétés présentent des olives de tailles
et formes différentes dont la caractérisation morphologique quantitative
(analyse pomologique) est présentée dans cette partie (Fig. 2). Les noyaux sont
également caractérisés par un important polymorphisme morphologique (Fig.
3). L’approche biométrique nous permettra de caractériser la différenciation
de ces variétés à travers des descripteurs ou caractères quantitatifs. Les
caractères utilisés dans cette étude (Tab. 2) sont inspirés des descripteurs
utilisés par le COI (1997). On peut les diviser en trois types : i) des caractères
permettant de décrire la taille de l’olive et du noyau à travers la longueur (LF
et LN), la largeur (lF, lN) et le poids (PF, PN) ; ii) des caractères permettant
de décrire la forme et correspondent à l’allongement du fruit et du noyau
estimée par le rapport de la longueur sur la largeur ; à la forme (elliptique,
ovée ou obovée) estimée par la hauteur de la plus grande largeur et son rapport
avec la longueur.

Figure 2. Olives des variétés échantillonnées : Hamrani (A), Bouchouk (B), Zeitoun (C),
Assemlal (D), Meslal (E), Menara (F), Haouzia (G), Kortbi (H), Oléastre (I). (Crédit photo,
auteurs).

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Figure 3. Noyaux des olives des différentes variétés échantillonnées : Hamrani (A),
Bouchouk (B), Picholine (C), Assemlal (D), Meslal (E), Menara (F), Haouzia (G), Kortbi
(H), Oléastre (I). (Crédit photo, auteurs).

Caractères relatifs à la taille :


Que ce soit pour le fruit ou pour le noyau, les différences de taille entre
les variétés peuvent être appréciées par les valeurs moyennes des caractères
(LF, lF, MF, LN, lN, MN) (Tab. 3).
Tableau 3 : Valeurs moyennes avec intervalle de confiance à P<0,05 pour les caractères
relatifs à la taille.
Variétés LF lF MF LN lN MN
Zeitoune 21,35±0,20 16,23±0,12 3,44±0,08 16,30±0,18 8,05± 0,06 0,53±0,01
Hamrani 22,77±0,22 17,90±0,15 4,39±0,40 16,25±0,18 8,56±0,06 0,62±0,01
Bouchouk 21,62±0,23 15,09±0,16 2,95±0,08 16,71±0,17 8,08±0,06 0,53±0,01
Kortbi 24,63±0,31 16,97±0,22 4,39±0,16 19,13±0,23 9,55±0,11 0,95±0,03
Meslal 29,42±0,41 22,97±0,29 8,72±0,29 20,79±0,27 10,48±0,11 1,09±0,03
Assemlal 15,05±0,65 10,53±0,59 1,12±0,14 12,84±0,56 6,32±0,19 0,26±0,02
Menara 25,12±0,24 18,61±0,13 4,99±0,10 17,85±0,19 8,46±0,06 0,67±0,02
Haouzia 24,91±0,26 18,07±0,17 4,64±0,12 17,81±0,18 8,27±0,06 0,62±0,01
Oléastre 11,98±0,22 8,73±0,17 0,59±0,03 10,04±0,42 5,47±0,07 0,15±0,01
F1 (8, 2601) 1597,323*** 2115,661*** 1229,675*** 721,578*** 1558,030*** 1084,565***
F2 Variété (8, 81) 109,963*** 124,846*** 94,767*** 86,441*** 187,410*** 128,208***
F2 Arbre (81, 2610) 27,158*** 37,255*** 21,861*** 11,193** 11,093** 11,340**
Légende : F1, rapport de variance de l’analyse de variance à un seul critère (variété). F2,
rapport de variance de l’analyse de variance à deux critères (variétés et arbres). Entre
parenthèses le nombre de degrés de liberté. ***, significatif à P<0.001 et ** significatif à
P<0.01. Pour les codes caractères voir Tab. 2.

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Ces différences correspondent à un gradient entre les fruits et noyaux


de petite taille représentés par l’oléastre et ceux de grosse taille représentés
par la variété d’olive de table Meslal. Mis à part la variété Asemlal qui se
rapproche plus des petites tailles, les autres variétés présentent des tailles
intermédiaires. Les variétés sélectionnées Menara et Haouzia présentent des
valeurs de taille sensiblement similaires à celles des variétés locales Zeitoun,
Hamrani, Bouchouk et Kortbi.
Ces données sont cohérentes avec celles obtenues dans une étude sur
l’évaluation des variétés nationales et méditerranéennes cultivées au Maroc
(Hadiddou et al., 2013) qui montrent un gradient similaire entre petite et
grosse olives. Les petites olives correspondent à la variété Arbequine avec un
poids de 1,3 g et une longueur de 13,7 mm ce qui lui donne une taille similaire
à celle des olives de la variété Assemlal. Les olives de grandes tailles
correspondent à celle des variétés Gordal Sevillana, Ascolona dura et
Hojiblanca avec respectivement des olives de 6,2g, 5,5g et 4,0g. Les autres
variétés ont des olives de masse intermédiaire comprise entre 2,3 et 3,7 g.
D’autre part, une étude sur la caractérisation et l’identification d’écotypes
locaux en Algérie portant sur 7 variétés locales a montré que ces variétés ont
des olives de tailles nettement plus petites que celles des variétés du nord du
Maroc (Abdessamad et al., 2018). En effet, la variété Limeli présente des
olives de poids inférieur à 1g (0,62g) comparables à l’oléastre alors que la
variété Sigoise présente les plus grosses olives mais seulement avec une masse
de 3,4g, c’est-à-dire des olives similaires à celles de la variété Zeitoun. Sigoise
et Zeitoun sont des synonymes de la même variété dénommée Picholine
Marocaine. De même, si on compare avec les variétés locales en Tunisie
(Abaza et al., 2002) on trouve le même type de gradient avec : i) des variétés
à petites olives dont la masse est inférieure ou égale à 1g (Zalmati, Chemlali
et Oueslati), ii) des variétés à grosseur moyenne avec des olives à masse
moyenne supérieure à 2g (Seyali, Chetoui, Chemlali ou Garbaoui) et iii) des
variétés à grosses olives comme Meski qui présente un poids moyen de 6,5 g.
Cette dernière est présentée comme une variété à olive de table comparable à
la variété Meslal du nord du Maroc. En ce qui concerne l’oléastre, Hannachi
et al. (2008) ont étudié 78 écotypes en provenance d’agroécosystèmes et
d’écosystèmes naturels. Les données relatives à la masse des fruits montrent
un large intervalle de variation compris entre 0,21g et 0,91g, la masse
moyenne est inférieure à 1g. Donc, les fruits des oléastres tunisiens sont de
taille comparable à celle des oléastres dans le nord du Maroc. D’autre part, il
est intéressant de noter qu’il existe plusieurs variétés locales cultivées en
Afrique du nord comme Limeli en Algérie, Zalmati, Chemlali et Oueslati en
Tunisie ou Asemlal au Maroc qui présentent des olives de petites tailles,
comparables aux olives de l’oléastre. Cette similitude va dans le sens des
travaux réalisés sur la domestication et l’origine de l’olivier cultivé dans

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l’ouest de la méditerranée (Boucheffa et al., 2016, Khadari et al., 2018,


Besnard et al., 2018).

Caractères relatifs à la forme :


Le rapport longueur sur largeur pour le fruit (LlF) permet d’apprécier
son allongement. En effet, plus ce rapport est nettement supérieur à 1, plus la
forme est allongée. Au contraire, plus ce rapport est proche de 1, plus la forme
est arrondie.
Pour les variétés étudiées, les valeurs obtenues pour ce caractère
varient entre 1,27 et 1,45 (Tab. 4). On peut donc considérer que toutes les
variétés ont des olives ovoïdes selon les normes du COI (1997). Les formes
les plus allongées sont celles des olives des variétés Kortbi et Asemlal
(LlF=1,45) et les olives les plus arrondies sont celles de la variété Meslal
(LlF=1,28). Par contre, les noyaux montrent des formes nettement plus
allongées que celles des olives (Tab. 4). Les variétés à noyaux les plus allongés
sont Haouzia et Menara (LlN respectivement 2,16 et 2,11). Les noyaux
d’oléastre tendent plus vers les formes ovoïdes (LlN=1,84) comme démontré
par des analyses géométriques (Newton et al., 2014 ; Bourgeon et al., 2017).
La hauteur de la plus grande largeur du fruit (HF) et du noyau (HN) et le
rapport de la longueur sur la hauteur de la plus grande largeur (LHF et LHN)
permettent d’affiner les différences de formes entre variétés. La forme est
considérée comme elliptique si le rapport est sensiblement égal à 2, ové s’il
est inférieur à 2 ou obové s’il est supérieur à 2. Les résultats obtenus montrent
que la majorité des variétés ont des fruits plus ou moins elliptiques à
légèrement obové (Tab. 4) car la hauteur de la plus grande largeur (HF) est
généralement située au milieu de l’olive. La même constatation a été faite en
ce qui concerne les noyaux.

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Tableau 4. Valeurs moyennes avec intervalle de confiance à P<0,05 pour les caractères
relatifs à la forme.
Variétés HF LlF HN LlN LHF LHN
Zeitoune 10,31±0,11 1,32±0,01 8,12±0,12 2,03±0,02 2,08±0,02 2,02±0,02
Hamrani 11,19±0,15 1,27±0,01 7,87±0,13 1,90±0,02 2,06±0,05 2,09±0,02
Bouchouk 11,89±0,15 1,43±0,01 8,45±0,15 2,07±0,02 1,83±0,02 2,01±0,03
Kortbi 12,6±0,21 1,45±0,01 9,97±0,18 2,01±0,02 1,97±0,02 1,94±0,02
Meslal 14,75±0,25 1,28±0,01 9,76±0,18 1,99±0,02 2,01±0,02 2,16±0,03
Assemlal 7,51±0,38 1,45±0,06 6,96±0,39 2,04±0,08 2,02±0,07 1,86±0,06
Menara 12,19±0,15 1,35±0,01 8,40±0,15 2,11±0,02 2,07±0,02 2,15±0,03
Haouzia 12,41±0,16 1,38±0,01 8,37±0,11 2,16±0,02 2,01±0,01 2,16±0,02
Oléastre 5,98±0,13 1,38±0,01 4,88±0,11 1,84±0,08 2,09±0,16 2,08±0,08
F1 (8, 2601) 1044,513*** 138,813*** 428,548*** 35,809*** 7,792*** 33,976***
F2 Variété (8, 81) 83,274*** 8,320*** 40,350*** 5,341** 5,096** 10,163**
F2 Arbres (81, 2610) 21,284** 36,217** 15,921** 8,381** 1,337 ns 3,649**
Légende : F1, rapport de variance de l’analyse de variance à un seul critère (variété). F2,
rapport de variance de l’analyse de variance à deux critères (variétés et arbres). Entre
parenthèses le nombre de degrés de liberté. **, significatif à P<0.001, ** significatif à P<0.01
et ns, non significatif. Pour les codes caractères voir Tab. 2.

Caractères relatifs à la teneur en huile :


Parmi les caractères utilisés pour une estimation indirecte de la teneur
en huile, c’est le pourcentage de la chair (PC) qui nous semble le plus
informatif. Pour les deux autres rapports (MFMN et LFLN), ils traduisent
également l’importance relative de la chair (mésocarpe) et donc indirectement
la teneur en huile. Certes, ces caractères ne permettent pas de mesurer la teneur
en huile, mais ils sont utiles pour comparer les potentialités de production
d’huile des olives des différentes variétés étudiées. Nos résultats (Tab. 5)
montrent que mis à part l’oléastre, Asemlal et dans une moindre mesure
Kortbi, les autres variétés ont des pourcentages de chair supérieur à 80%. En
effet, les variations du pourcentage de chair entre les variétés ne sont pas très
prononcées. Ainsi les variétés sélectionnées Haouzia et Menara ont des
pourcentages similaires à Hamrani ou Zeitoun par exemple. Par contre, les
autres rapports donnent des gradients de variations plus larges permettant de
mieux différencier les variétés. Ainsi, en ce qui concerne la teneur en huile nos
résultats montrent que les variétés locales des oliveraies traditionnelles du
nord du Maroc y compris l’oléastre présentent un potentiel important. Kartas
et al. (2016) dans une étude comparative entre variétés locales et sélectionnées
dans la région d’Ouazzane située dans notre zone d’étude sont arrivés aux
mêmes conclusions.

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Tableau 5. Valeurs moyennes avec intervalle de confiance à P<0,05 pour les caractères
relatifs à la productivité.
Variétés PC LFLN MFMN
Zeitoune 0,84±0,002 1,31±0,01 6,50±0,10
Hamrani 0,86±0,003 1,14±0,01 7,19±0,50
Bouchouk 0,81±0,004 1,29±0,01 5,54±0,11
Kortbi 0,78±0,003 1,29±0,01 4,61±0,08
Meslal 0,87±0,002 1,42±0,01 8,05±0,18
Assemlal 0,75±0,03 1,17±0,03 4,36±0,47
Menara 0,87±0,008 1,41±0,01 7,63±0,14
Haouzia 0,86±0,002 1,40±0,01 7,48±0,12
Oléastre 0,71±0,01 1,21±0,01 3,81±0,13
F1Variété (8, 2601) 536,594*** 403,066*** 560,778***
F2 Variété (8, 81) 23,918*** 29,153*** 35,662***
F2 Arbres (81, 2610) 86,262** 24,869** 31,871**
Légende : F1, rapport de variance de l’analyse de variance à un seul critère (variété). F2,
rapport de variance de l’analyse de variance à deux critères (variétés et arbres). Entre
parenthèses le nombre de degrés de liberté. ***, significatif à P<0.001, et ** significatif à
P<0.01. Pour les codes caractères voir Tab. 2.

Polymorphisme et pouvoir discriminant des caractères mesurés


L’analyse de la variance à un seul critère montre que l’ensemble des
descripteurs utilisés ont un effet variété hautement significatif. En effet, les
rapports de variance (F1) sont tous hautement significatif. D’une manière
générale, les caractères à rapports de variances les plus élevés peuvent être
considérés comme les plus discriminants. Ainsi, les caractères relatifs à la
taille seraient les plus discriminants (Tab. 3, 4 et 5). Par exemple pour le fruit,
la largeur (lF) et la longueur (LF) et la masse (MF) montrent les F1 les plus
élevés observés avec respectivement 2115,6 et 1597,3. Pour les descripteurs
relatifs à la forme, mis à part la hauteur de la plus grande largeur (HF et HN),
les autres descripteurs présentent les F1 les plus faibles comme par exemple
le cas de LHN avec seulement 7,7. Il semble donc clair que la discrimination
se caractérise essentiellement par un gradient de taille.
L‘analyse de la variance à deux critères nous permet de tester deux
niveaux de variabilité, le niveau « variété » en comparant les variétés entre
elles et le niveau « intra variété » en comparant la variabilité entre les arbres
de la même variété. La comparaison des deux niveaux de variabilité permet
d’avoir une idée sur l’homogénéité et la stabilité des caractères utilisés pour la
discrimination des variétés. Plus la variété est homogène et le caractère est
stable, plus l’effet arbre sera moins important. Les résultats de l’analyse de
variance à deux critères (Tab. 3, 4 et 5) confirment ceux obtenus par l’analyse
de la variance à un seul critère car l’effet variété est hautement significatif
pour l’ensemble des caractères étudiés. Cependant, même si les deux effets
sont significatifs, l’effet variété présente des F2 nettement supérieures à ceux

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de l’effet arbre et cela pour la majorité des caractères étudiés. Ainsi, on peut
estimer que même si la variabilité entre arbre de la même variété est
significative, elle est moins importante que la variabilité observée entre
variétés.
Tableau 6. Décomposition de la variance entre les facteurs Variété, Arbre et la résiduelle.
Caractères Variété (%) Arbre (%) Résiduelle (%)
Taille LF 83,33 8,21 8,46
lF 86,74 7,61 5,65
MF 79,33 9,03 11,64
LN 69,76 8,32 21,92
MN 77,67 6,16 16,17
lN 83,36 4,53 12,11
Forme HN 57,27 15,24 27,49
HF 76,90 9,90 13,20
LlN 8,44 19,86 71,69
LlF 27,38 41,06 31,56
LHF 2,06 1,56 96,38
LHN 9,06 8,41 82,53
Teneur en PC 61,11 29,48 9,41
huile LFLN 55,15 21,13 23,71
MFMN 63,07 19,75 17,19

La décomposition de la variance (Tab. 6) confirme cette interprétation.


En effet, il apparaît clairement pour tous les caractères mesurés relatifs à la
taille que le niveau « variété » englobe la majorité de la variance avec des
pourcentages supérieures à 70%. Alors que pour les caractères relatifs à la
forme seules les hauteurs de la plus grande largeur (HN et HF) expriment un
pourcentage important au niveau « variété ». Pour les caractères en relation
avec la teneur en huile la variation s’exprime au niveau « variété » mais avec
des variances plus importantes au niveau « arbre ».

Structuration du polymorphisme et différenciation des variétés :


La classification hiérarchique ascendante basée sur la similarité
englobant les trois types de caractères mesurés a montré une bonne
structuration des variétés étudiées (Fig. 4).

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0.8988657

0.9188657

0.9388657
Similarité

0.9588657

0.9788657

0.9988657

Mn10
Me10

Ha10
Bo10
Ko10

Hz10

Ze10

As10
Ol10
Mn3

Mn6
Mn8
Mn4

Mn9
Mn2
Mn7
Mn1
Mn5
Me3
Me4
Me6
Me1
Me2
Me5
Me9
Me7
Me8
Ha6

Ha2
Ha3
Ha4
Ha7
Ha8
Ha5
Ha1

Ha9
Bo7
Bo8

Bo2
Bo6

Bo9
Bo4
Bo1
Bo3
Bo5
Ko8
Ko9
Ko6
Ko7
Ko1
Ko2
Ko3
Ko4
Ko5

Hz2
Hz8
Hz6
Hz4
Hz1
Hz3

Hz9

Hz5
Hz7

Ol4
Ol3
Ol7
Ol5
Ol6
Ol8
Ol1
Ol9
Ol2
Ze8

Ze5
Ze1
Ze3
Ze2
Ze7
Ze9
Ze6
Ze4

As2
As7
As6
As9
As4
As8
As1
As3

As5
Figure 4. Dendrogramme de la classification hiérarchique. As: Asemlal, Bo: Bouchouk, Ha:
Hamrani, Hz: Haouzia, Ko: Kortbi, Me: Meslal, Mn: Mnara, Ol: Oléastre et Ze: Zeitoun.

En effet, le dendrogramme montre deux groupes nettement distinct et


qui opposent les variétés à fruit et noyau de petites tailles aux autres variétés.
D’une part, le groupe avec les deux variétés à petites olives et noyaux
correspondant à l’oléastre récolté dans un écosystème naturel et Asemlal,
variété issus de semis et cultivée dans des agrosystèmes traditionnels. Cette
dernière correspondrait à une forme férale (échappée des cultures et dispersée
par semis) d’où la ressemblance avec l’oléastre. D’autre part, on retrouve
l’ensemble des variétés cultivées multipliées végétativement. Parmi ces
variétés la variété Meslal à olive de table se différencie nettement et constitue
le pôle opposé aux variétés à petites olives. En plus de Meslal, la variété Kortbi
se différencie nettement des autres variétés. Ainsi, on constate que les olives
des variétés sélectionnées Haouzia et Menara ne permettent pas de les
différencier des variétés locales du nord du Maroc. En effet, les olives de ces
variétés présentent une forte similarité avec les variétés Zeitoun et Hamrani.
Du point de vue génétique, la variété Zeitoun correspond à la variété Picholine
marocaine dont le pool génétique engloberait les génotypes des variétés
sélectionnées Haouzia et Menara et la variété Hamrani (Haouane, 2012, El
Bakkali et al., 2013).
L’analyse factorielle discriminante a permis de vérifier la structuration
mise en évidence par l’analyse hiérarchique. Le plan factoriel (1,2) présente
une bonne structuration de la variabilité avec 86 % de la variance (Fig. 5).
L’axe factoriel discriminant 1 englobe à lui seul 76,85% de la variance
exprimée et correspond un gradient de taille des olives et noyaux opposant
nettement les variétés à petite olives à la variété à olive de table Meslal (Fig.
5). Cet axe est défini par les variables de taille, de l’estimation de la teneur en
huile et certains caractères de forme. Alors que l’axe factoriel discriminant 2
ne représente que 9,17% de la variance et il est expliqué par un petit nombre

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de caractères relatifs à la forme (LHF, LHN et LlF). Ainsi, on observe une


nette différenciation le long de l’axe 1 selon un gradient de taille opposant du
côté positif la variété Meslal à l’Oléastre et Asemlal du côté négatif de l’axe.
Les autres variétés à olives et noyaux de tailles intermédiaires sont
rassemblées au centre du graphe. Ce groupe présente un gradient de forme le
long de l’axe 2 qui oppose du côté négatif la variété Kortbi aux variétés
sélectionnées Menara et Haouzia. Les variétés Zeitoun, Bouchouk et Hamrani
occupent une position intermédiaire et se chevauchent largement.
Observations (axes F1 and F2: 86,03 %)
10

5
Ol5
Ol7
Hz10 Me1
Hz4Hz1
Ol9
Ol3
Ol10 Ha2Hz7Mn9
Hz6
Mn10
Hz3
Mn8
Hz2 Me7 Me2
Mn6
Mn1
Hz8
Hz9 Mn3Mn7 Me6
Me8
Ol8
Ol6 Ze5 Ze4 Mn4 Mn5 Me4
Ha4 Mn2
F2 (9,17 %)

Ol4 Hz5
Bo6Bo2
Ha1Ha3
Ze6 Me5
As10 Ze1 Ze3
Ha9Bo9 Me9
0
As6 Ze2 Ha10
Bo5Ha8 Me3Me10
Ol2 Ol1 Bo1Bo3
As3 As1
As7 Bo8 Ze7 Ze10
Bo7 Ze8
Ze9
Bo4
As5As2 As9 Ha6
As4 As8 Ha5Ha7
Bo10
Ko8

-5 Ko10Ko9 Ko5
Ko3Ko4
Ko7
Ko6Ko1
Ko2

-10
-15 -5 5 15
F1 (76,85 %)

Figure 5. Projection des axes factoriels discriminant 1 et 2 de l’analyse factorielle


discriminante.

Conclusion
Ce travail est une contribution importante pour la caractérisation des
variétés locales négligées et sous-utilisées des oliveraies traditionnelles du
Nord-Ouest du Maroc. La comparaison avec des variétés sélectionnées
(Haouzia et Menara entre autres) et des variétés locales maghrébines a montré
un important polymorphisme de ces variétés permettant de mettre en évidence
leur potentiel et intérêt pour la sélection et l’amélioration de l’olivier. Les
variétés locales à double usage des oliveraies traditionnelles du nord-ouest du
Maroc présentent des olives de tailles nettement supérieures avec un
intéressant potentiel pour la teneur en huile. En effet, nos résultats ont montré
au niveau des descripteurs morphologiques quantitatifs relatifs à la taille et au

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potentiel en teneur d’huile une nette différenciation de ces variétés. Ainsi, nous
avons mis en évidence un gradient de taille opposant les variétés à petite olives
(Oléastre et Asemlal) à la variété Meslal à grosses olives. Les autres variétés
ont des tailles relativement similaires et se différencient selon un deuxième
gradient en relation avec des descripteurs secondaires relatifs à la forme des
olives. Ce gradient oppose les deux variétés sélectionnées (Menara et
Haouzia) à la variété Kortbi, alors que les autres variétés (Zeitoun, Hamrani et
Bouchouk) se chevauchent largement. Cependant, on peut les différencier
aisément par l’utilisation des caractères qualitatifs non pris en compte dans
cette étude.

Remerciements
Cette étude a bénéficié de l’appui du projet « Laboratoire International
Associé Evolea (INEE-CNRS /CNRST) ».

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