J Revmed 2018 04 008

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REVMED-5551; No. of Pages 2 ARTICLE IN PRESS


La Revue de médecine interne xxx (2017) xxx–xxx

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www.sciencedirect.com

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Une cause rare de sepsis


A sepsis of unusual cause
F. Hodique a , Z. Cambon b , F. Chaix a , B. Condat c , E. Oehler a,∗
a
Service de médecine interne et polyvalente, centre hospitalier de Polynésie française, rue Charles-de-Gaulle, 98714 Pirae, Tahiti, Polynésie française
b
Service de radiologie, centre hospitalier de Polynésie française, rue Charles-de-Gaulle, 98714 Pirae, Tahiti, Polynésie française
c
Service de gastroentérologie, centre hospitalier de Polynésie française, rue Charles-de-Gaulle, 98714 Pirae, Tahiti, Polynésie française

i n f o a r t i c l e

Historique de l’article :
Disponible sur Internet le xxx

Mots clés :
Corps étranger
Arête
Bactériémie polymicrobienne
Pyléphlébite

Keywords:
Foreign body
Fishbone
Polymicrobial bacteremia
Pylephlebitis

1. L’histoire lendemain de son arrivée à Klebsiella pneumoniae et Streptococ-


cus anginosus nécessitant la mise sous amoxicilline/clavulanate.
Un homme, âgé de 62 ans, aux antécédents de dyslipidémie et Devant l’hypothèse d’une origine digestive à cette infection, un
d’accident vasculaire cérébral ischémique était hospitalisé pour un scanner thoraco-abdomino-pelvien était réalisé (Fig. 1).
sepsis sans point d’appel. Il présentait une fièvre à 40 ◦ C depuis
deux jours sans plainte fonctionnelle. La palpation abdominale était 2. Le diagnostic
indolore, et l’auscultation cardiopulmonaire normale ; il n’avait pas
de syndrome méningé, ni de signe fonctionnel urinaire, ni dou- Une migration d’une arête de poisson dans le système veineux
leur lombaire, ni douleur ostéo-articulaire, ni lésion cutanée, ni portal.
signes ORL. Le bilan biologique montrait un syndrome inflamma-
toire biologique (CRP : 110 mg/L sans hyperleucocytose) et une
3. Les commentaires
cytolyse à 10 × N. L’examen cytobactériologique des urines était
négatif. L’échographie abdominale était sans particularité notam-
La reprise de l’interrogatoire retrouvait la consommation de
ment au niveau hépatobiliaire et la radiographie pulmonaire ne
poisson (perroquet) trois semaines auparavant, sans évident syn-
montrait pas de foyer parenchymateux. Devant la suspicion ini-
drome de pénétration. Trois jours après ce repas, il avait présenté
tiale de leptospirose chez ce patient chasseur, un traitement par
une douleur épigastrique aiguë pendant quelques heures et avait
amoxicilline était débuté. Les hémocultures étaient positives le
présenté depuis lors, à plusieurs reprises, des épisodes fébriles pour
lesquels il n’avait pas consulté. L’indication chirurgicale n’était pas
retenue en raison de l’absence de complication locorégionale et des
∗ Auteur correspondant. risques liés à la localisation de l’arête, l’antibiothérapie était pour-
Adresse e-mail : [email protected] (E. Oehler). suivie trois semaines après le contrôle du syndrome inflammatoire

https://doi.org/10.1016/j.revmed.2018.04.008
0248-8663/© 2018 Société Nationale Française de Médecine Interne (SNFMI). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Pour citer cet article : Hodique F, et al. Une cause rare de sepsis. Rev Med Interne (2017), https://doi.org/10.1016/j.revmed.2018.04.008
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REVMED-5551; No. of Pages 2 ARTICLE IN PRESS
2 F. Hodique et al. / La Revue de médecine interne xxx (2017) xxx–xxx

Fig. 1. Scanner abdominal : corps étranger linéaire de densité calcique intravasculaire au niveau du confluent splénomésaraïque, traversant les parois vasculaires jusque
dans l’arrière-cavité des épiploons avec thrombose au sein de la partie proximale du tronc porte (A), 8 jours après : migration du corps étranger au sein de la branche portale
postérieure droite, sans signe de complication locale (B).

et l’anticoagulation curative maintenue trois mois. La surveillance d’un corps étranger en métal ou en lien avec la migration d’une pro-
par écho-doppler à 1, 3 et 6 mois montrait l’absence de migration thèse biliaire, pancréatique ou d’un anneau gastrique. Un seul cas
de l’arête et l’absence de complication infectieuse ou thrombotique de thrombose cave avait jusqu’à présent été décrit suite à une perfo-
locorégionale. ration duodénale par une arête de poisson [4]. La prise en charge de
Les bactériémies polymicrobiennes sont rares (moins de 10 % la pyléphlébite n’est pas codifiée. Dans une revue de Choudhry et al.
de l’ensemble des bactériémies), la très grande majorité étant sur 95 patients ayant présenté une pyléphlébite dans les suites d’un
d’origine nosocomiales, particulièrement postopératoires, chez des processus inflammatoire intra-abdominal, en plus de traitement de
patients ayant une néoplasie, une hémopathie ou un déficit immu- la cause, 91 % des patients recevaient une antibiothérapie adap-
nitaire acquis ou congénital [1]. Les portes d’entrée les plus tée à l’antibiogramme pendant une durée moyenne de 143 jours,
fréquentes sont digestives ou urogénitales, nécessitant une ima- 82 % recevaient une anticoagulation curative et 67 % des patients
gerie complémentaire pour orienter le diagnostic [2]. En dehors recevaient l’association des deux [5].
des arêtes plantées au niveau du tractus oropharyngé, les patients
sont le plus souvent asymptomatiques et n’ont aucun souvenir Déclaration de liens d’intérêts
d’avoir ingéré une arête de poisson avant de déclarer des symp-
tômes en lien avec une perforation. Plusieurs cas de perforations Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
secondaires à l’ingestion d’une arête ont été rapportés notamment
au niveau gastrique, duodénal ou appendiculaire avec des migra- Références
tions possibles au niveau hépatique, splénique ou vasculaire [2–4].
Les symptômes sont le plus souvent aspécifiques à type de fièvre, [1] Rello J, Quintana E, Mirelis B, Gurguí M, Net A, Prats G. Polymicrobial bacteremia
in critically ill patients. Intensive Care Med 1993;19:22–5.
douleurs voire défense abdominales, hémorragie digestive [2,4]. [2] Beh JCY, Uppaluri AS, Koh BFJ, Cheow P-C. Fishbone perforated appendicitis. J
Il n’existe pas de consensus sur la prise en charge en raison de Radiol Case Rep 2016;10:14–22.
la rareté de cette pathologie ; elle est le plus souvent chirurgi- [3] Milner DA, Chatterjee A. A case of portal vein thrombosis caused by ingestion of
a foreign body. Gastrointest Endosc 2011;74:1168–70.
cale, parfois endoscopique et dépend de la localisation de l’arête et
[4] Loveluck M, Liu DSH, Froelich J, Yellapu S. Fishbone perforation causing duode-
des complications locorégionales [3]. La thrombose porte est une nocaval fistula and caval thrombus. ANZ J Surg 2015;85:986–7.
pathologie non rare mais exceptionnellement secondaire à la pré- [5] Choudhry AJ, Baghdadi YMK, Amr MA, Alzghari MJ, Jenkins DH, Zielinski MD.
sence d’un corps étranger : pyléphlébite secondaire à l’ingestion Pylephlebitis: a review of 95 cases. J Gastrointest Surg 2016;20:656–61.

Pour citer cet article : Hodique F, et al. Une cause rare de sepsis. Rev Med Interne (2017), https://doi.org/10.1016/j.revmed.2018.04.008

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