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M.

SEBOUSSI Didactique des textes littéraires Université de Sétif 2019/2020

Troisième partie : L’analyse d’un texte littéraire

Cours N° 03 : Comprendre un texte littéraire

Séance 01 : Le fond et la forme d’un texte littéraire

Séquence 01 : Le fond et la forme

Pour comprendre un texte littéraire, le lecteur doit faire des passerelles entre le fond (le contenu) et la forme de ce texte.
Cette phase de compréhension est déterminante, car elle facilite mieux son analyse.

En effet, l’analyse d’un texte littéraire cherche à trouver de quoi traite le texte et comment il le traite. Elle s'intéresse par
conséquent au contenu du texte (son fond) et à la manière dont il est écrit (sa forme).

LE FOND= Les idées et les thèmes que l'auteur développe dans son texte. Par exemple, le poète romantique Victor Hugo a beaucoup
écrit sur l'amour impossible et les démons intérieurs de l'homme...

LA FORME= Les moyens techniques qui sont mis en œuvre pour transmettre les idées. Dans ses poèmes, on retrouve des oppositions
évidentes, souvent sous la forme d'antithèses. L'auteur utilise aussi la ponctuation expressive, par exemple le point d'exclamation,
pour souligner la force de ses sentiments...

Les éléments qui servent à l'analyse du FOND sont : Les éléments qui servent à l'analyse de la FORME sont :
 le sujet du texte ainsi que son propos  le genre du texte
 les idées principales et secondaires qui y sont  le type de vocabulaire particulier
développées  la conjugaison des verbes
 les thèmes principaux et secondaires  la tonalité
 les images fortes (exemple : symboles, archétypes,  le rythme
stéréotypes) qu'il véhicule  la ponctuation
 les préoccupations idéologiques et esthétiques liées  la structure de l'ensemble ou des parties
au courant littéraire  les figures stylistiques
 la représentation du monde / de l'époque  les figures syntaxiques
 les personnages  les champs lexicaux et sémantiques
 etc.  la progression thématique
 la focalisation
 etc.

En résumé, l’analyse d’un texte littéraire aborde toujours les idées et les thèmes en lien avec la façon dont ils sont présentés
dans le texte littéraire. Elle ne dissocie jamais le FOND de la FORME.

De façon générale, on utilise la FORME (en particulier les figures stylistiques) à titre de preuve, afin d'illustrer les éléments
de contenu.
Exemple : Taisez-vous de tout de suite.
L'analyse de cette phrase peut se faire à deux niveaux :
Analyse du fond Analyse de la forme
(idées et thèmes représentés) (moyens techniques utilisés)
 le thème principal est le silence.  il y a emploi d'un verbe à l'impératif
 on semble vouloir donner un ordre  l'expression "tout de suite" souligne l'intransigeance.
 l'ensemble dégage une certaine autorité, de  l'emploi du mot "tout" peut être considéré comme une hyperbole,
même que de la hâte. laquelle a pour fonction d'amplifier.
 l'utilisation du pronom personnel "vous" indique un ton impersonnel,
ou encore une distance certaine qui est établie entre le locuteur et le
destinataire du message.
 le point d'exclamation placé à la fin de la phrase en accentue le
contenu.

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Séquence 02 : L’analyse d’un thème

1- Qu’est-ce qu’un thème ?

Il s'agit d'un sujet abordé dans l'œuvre. Par exemple : l'absurde, l'ambition, l'amour, l'angoisse, l'argent, la courtoisie, l'éducation...

2- Intérêt de l’étude :

L'étude des thèmes est intéressante dans la mesure où elle permet d'apprécier comment un même sujet a été traité différemment
dans les lettres françaises, elle débouche inévitablement sur les notions de genre : épopée, comédie, roman... d'école littéraire :
classicisme, romantisme, naturalisme... sur les questions littéraires générales : réalisme, invention, création... L'étude des thèmes
permet donc, par comparaison avec d'autres œuvres similaires, une meilleure caractérisation de l'ouvrage étudié par les ressemblances
et les différences, par l'appui sur une tradition ou au contraire par la force de novation...

3- Méthodologie

Il convient d'abord de définir avec précision le sens des termes que l'on emploie. Par exemple si j'étudie le thème de la
république, je devrais d'abord déterminer s'il s'agit du sens ancien qui équivaut à celui d'état ou si je considère le régime politique qui
procède d'élections populaires. De même le thème du pouvoir peut aussi bien concerner l'exercice du pouvoir politique que la volonté
de puissance. À ce sujet, on fera bien attention au fait que les mots évoluent et changent de sens suivant les époques. Le roman
courtois du moyen-âge n'a rien à voir avec notre politesse. L'honnête homme du XVII e siècle dépasse largement la simple notion de
probité.

Séquence 03 : L’analyse d’un personnage

1- Buts recherchés : Vous devez analyser les principales composantes d’un personnage important dans tel livre, c’est-à-dire
déterminer avec précision les éléments de sa personnalité puis étudier le rôle qu’il joue dans l’intrigue, enfin essayer de comprendre
les intentions de l’auteur à son égard. Il faut donc savoir repérer les éléments utiles au cours de la lecture, les caractériser, noter leur
place, leur rôle, leur évolution. Dans un deuxième temps, il faudra classer, grouper ces éléments épars pour présenter une analyse
structurée. Dans tous les cas il faudra prouver ce que l’on avance au moyen d’exemples soigneusement choisis, révélateurs, ou par des
citations courtes et suggestives.

2- Méthodologie :

Lire avec minutie : Vous commencerez par une lecture minutieuse de l’œuvre proposée. Au fur et à mesure que vous rencontrerez
des chapitres, des pages, des titres qui concernent le personnage à étudier, vous marquerez l’endroit au moyen de languettes de papier
suffisamment longues pour pouvoir noter les points essentiels qui vous intéressent et pour que ces indications restent apparentes.
Ensuite vous utiliserez des fiches où vous choisirez, classerez les caractéristiques du sujet.

Le caractère du personnage : Vous vous attacherez à rendre compte du caractère du personnage : c’est-à-dire des tendances liées au
tempérament physique. Par exemple un tempérament lymphatique (apathique, mou) entraînera la nonchalance (manque d’énergie et
d’ardeur). Vous examinerez s’il n’y a pas des rapports étroits entre l’apparence physique et la psychologie. Vous ferez attention au
nom, aux habits, aux manières de se comporter souvent révélateurs. Vous vous demanderez si l’auteur n’y a pas mis une part de lui-
même ou tout au moins si sa créature n’est pas le fruit de son expérience, s’il n’a pas dépeint des contemporains qu’il a bien connus. Il
est alors nécessaire de se renseigner sur l’auteur et les conditions de la création de son œuvre. Souvent vous aurez à justifier les choix
de l’écrivain en vous demandant si la création de tel personnage n’a pas une portée symbolique, philosophique ou morale. Pour ce
faire vous examinerez l’évolution du personnage, les aventures que lui prête son créateur, les images qu’il évoque, le retour parfois
obsédant de thèmes qui lui sont immanquablement rattachés, les liens qu’il entretient avec les autres personnages.
Dans un deuxième temps, il faudra organiser vos notes selon une présentation rationnelle qui ira du moins important au plus important
pour respecter la loi d’intérêt, ou qui, tout du moins, s’attachera à passer des aspects superficiels au plus profond d’une personnalité
sans éluder les ambiguïtés, voire les contradictions. On terminera alors par un jugement sur l’utilité du personnage, sur les intentions
de l’auteur, sur la réussite ou l’échec de cette création. On se demandera si le caractère n’est pas trop simple, s’il ne manque pas de
vérité humaine ou si au contraire il n’est pas un "type", un modèle idéal réunissant à un haut degré les traits, les caractères essentiels
d’une manière de se comporter, sans pour autant tomber dans la caricature ou le stéréotype. Un indice peut vous être apporté par
l’utilisation du nom comme générique ; un Harpagon au lieu d’un avare, un Tartuffe au lieu d’un hypocrite.
Pour nous résumer nous dirons donc qu’on étudiera d’abord les aspects physiques puis les aspects intellectuels, enfin les aspects
moraux du personnage et nous terminerons sur la nécessité de cette création en jugeant sa réussite, sa nouveauté. On peut envisager
d’autres présentations. Si la tranche de vie racontée est longue, si le personnage évolue, on peut alors déterminer des étapes qu’il
faudra caractériser et qui permettront le regroupement des détails notés.

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M. SEBOUSSI D.T.L. 4° PES ENS de Sétif, 2019/2020

Troisième partie : L’analyse d’un texte littéraire


Cours N° 03 : Comprendre un texte littéraire (suite)
Séance 02 : Le champ sémantique et le champ lexical + La focalisation
Séquence 01 : Le champ sémantique et le champ lexical
1- Le champ sémantique :
La sémantique est l'étude scientifique du sens des unités linguistiques et de leurs combinaisons. Elle s'attache à l'étude de la
langue sur le plan de la signification : synonymie, changements de sens d'un mot, structure du vocabulaire...
Le champ sémantique est constitué des différents sens ou cas d’emploi d’un même mot répété plusieurs fois dans un texte ou
dans des textes différents. Autrement dit, c’est l'ensemble des différentes significations d'un même mot dans les différents contextes
où il se trouve. Dans chacune des expressions, le même mot a un sens précis différent : Ex : pièce 1. Espace habitable d'un logement
délimité par des murs ou des cloisons. Un appartement de trois pièces (ou un trois-pièces). 2. Morceau de métal plat, généré, façonné
en disque, et servant de valeur d'échange, de monnaie. Une pièce de un franc. 3. Ouvrage dramatique. Une pièce en trois actes. 4.
Document écrit servant à apporter une information, à établir un fait, etc. Les pièces d'un dossier. Pièces justificatives...
2- Le champ lexical :
Le lexique est l'ensemble des mots formant la langue d'une communauté et considéré abstraitement comme l'un des éléments
constituant le code de cette langue.
Le champ lexical est une série de mots qui possèdent des propriétés communes et se rapportent à une même idée ou notion.
On parle de champ lexical pour désigner un ensemble théorique de noms, de substantifs, d'adjectifs et de verbes appartenant à une
même catégorie syntaxique et liés par leur domaine de sens. Par exemple, le champ lexical du nom nature est l'ensemble des noms s'y
rapportant : forêt, clairière, branche, feuille, nid, pin, chêne, scie, bûcheron, bois, etc.
Il peut se composer :
- De mots appartenant à la même famille parce qu’ils sont formés à partir un même radical : enfant, enfantin, enfanter,
infantile, …
- De synonymes : enfant, marmot, bambin, petit homme,…
- De mots ayant un rapport étroit avec le thème considéré : enfant, jouet, maman, …
Séquence 02 : La focalisation
Cette partie du cours présente, de manière synthétique, les différents « points de vue » (focalisation) que peut adopter le narrateur.
1- La focalisation zéro : On parle de focalisation zéro (ou point de vue omniscient) lorsque le narrateur sait tout, voit tout,
connaît tout. Tout est raconté, y compris ce qui se passe au même moment dans des endroits différents. On accède à l'intimité
des personnages: on connaît leurs sentiments, leurs pensées, leurs souvenirs...
2- La focalisation externe : La focalisation (ou point de vue) externe consiste à raconter les événements par un narrateur qui est
témoin. Les informations se limitent donc aux actions, aux gestes, aux paroles... Les pensées et les sentiments des
personnages restent inaccessibles et le narrateur ne peut qu'émettre des hypothèses à ce sujet.
3- La focalisation interne : La focalisation (ou point de vue) interne consiste à représenter les événements à travers la
sensibilité et le regard d'un personnage.

o Application : Quels sont les points de vue adoptés par les auteurs des textes suivants :

1- « Vers le milieu du mois d'octobre 1829, monsieur Simon Babylas Latournelle, un notaire, montait du Havre à Ingouville,
bras dessus bras dessous avec son fils, et accompagné de sa femme, près de laquelle allait, comme un page, le premier clerc
de l'Étude, un petit bossu nommé Jean Butscha. Quand ces quatre personnages, dont deux au moins faisaient ce chemin tous
les soirs, arrivèrent au coude de la route qui tourne sur elle-même comme celles que les Italiens appellent des corniches, le
notaire examina si personne ne pouvait l'écouter du haut d'une terrasse, en arrière ou en avant d'eux, et il prit le médium de sa
voix par excès de précaution. » [...] (Balzac, incipit de Modeste Mignon, 1844).

2- « Comme il faisait une chaleur de tente-trois degrés, le boulevard Bourdon se trouvait absolument désert. Plus bas le canal
Saint-Martin, fermé par les deux écluses étalait en ligne droite son eau couleur d'encre. Il y avait au milieu, un bateau plein
de bois, et sur la berge deux rangs de barriques. Au delà du canal, entre les maisons que séparent des chantiers, le grand ciel
pur se découpait en plaques d'outremer, et sous la réverbération du soleil, les façades blanches, les toits d'ardoises, les quais
de granit éblouissaient. Une rumeur confuse montait du loin dans l'atmosphère tiède ; et tout semblait engourdi par le
désœuvrement du dimanche et la tristesse des jours d'été. Deux hommes parurent. L'un venait de la Bastille, l'autre du Jardin
des Plantes. Le plus grand, vêtu de toile, marchait le chapeau en arrière, le gilet déboutonné et sa cravate à la main. Le plus
petit, dont le corps disparaissait dans une redingote marron, baissait la tête sous une casquette à visière pointue. Quand ils
furent arrivés au milieu du boulevard, ils s'assirent à la même minute, sur le même banc. Pour s'essuyer le front, ils retirèrent
leurs coiffures, que chacun posa près de soi ; et le petit homme aperçut écrit dans le chapeau de son voisin :
Bouvard ; pendant que celui-ci distinguait aisément dans la casquette du particulier en redingote le mot : Pécuchet. » [...]
(Flaubert, Bouvard et Pécuchet, 1881)

3- « Frédéric, en face, distinguait l'ombre de ses cils. Elle trempait ses lèvres dans son verre, cassait un peu de croûte entre ses
doigts ; le médaillon de lapis-lazuli, attaché par une chaînette d'or à son poignet, de temps à autre sonnait contre son assiette.
Ceux qui étaient là, pourtant, n'avaient pas l'air de la remarquer. » [...] (Flaubert, L'Éducation sentimentale, 1869).

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