Grands Services FUAMBA 1 1
Grands Services FUAMBA 1 1
Grands Services FUAMBA 1 1
UNIVERSITÉ DE KINSHASA
FACULTÉ DE DROIT
TOME I :
L’ETUDE DE LA THEORIE GENERALE DU OU DES SERVICES PUBLICS
TOME I :
L’ETUDE DE LA THEORIE GENERALE DES SERVICES PUBLICS
INTRODUCTION GENERALE
Dans la doctrine dominante à laquelle nous appartenons aujourd’hui, il est soutenu que le
service public est la pierre angulaire du Droit administratif ; dans la mesure où il a donné
naissance à une discipline spéciale susceptible de permettre aux autorités publiques
auxquelles appartient la charge d’assumer la mission de satisfaire l’intérêt général et de
maintenir l’ordre public dans la société globale, d’agir en pleine conscience.
C’est donc à ces personnes publiques tant administratives que techniques ainsi qu’à une
certaine catégorie des personnes privées, auxquelles les premières confient la mission de
service public qu’incombe toute la responsabilité d’assumer les activités d’intérêt général.
Celles-ci consistent donc, aussi bien à prévenir qu’à réprimer toutes les atteintes à l’ordre
public et à fournir, à divers titres et à tous les niveaux de la hiérarchie administrative, tant
territoriale que technique, des prestations de service indispensables à la vie d’une Nation, à la
population vivant sur le territoire national.
Dans cet ordre d’idées, il est également généralement admis qu’une telle lourde responsabilité
ne peut être assumée par les autorités politico-administratives du pays concerné qu’en
organisant, sur tous les plans, l’ensemble des services publics nécessaires à travers toute la
République. Donc, d’un point de vue organique ou structurel réputé non dissociable de l’autre
qui est matériel et fonctionnel, c’est l’ensemble de tous ces services, qu’on appelle d’ailleurs
« l’Etat ou l’Administration publique».
En plus, l’accomplissement de cette tâche n’est, en effet, possible, soutenons-nous, que
lorsqu’il existe une population, non seulement bien déterminée, mais également et surtout bien
établie sur un territoire bien délimité sur tous les plans ainsi qu’une autorité politique reconnue
tant sur le plan interne que dans le concert des nations civilisées sur le plan international.
Ainsi identifiée, insistons-nous en toutes ses catégories d’usagers des services publics, cette
population exprime ses différents besoins humains, sous forme des droits fondamentaux.
Ceux-ci sont, à notre époque contemporaine et en droit positif de chaque Etat moderne,
garantis et consacrés par les lois de la République, comme il en est bien le cas de notre
Constitution (congolaise) de la troisième République du 18 février 2006, en son titre II.
3
De ce point de vue, sur le plan du droit public interne, nous soulignons que, s’agissant de
l’organisation des services publics, sur toute l’étendue du territoire de la République, tout est
problématique au sein de l’Etat. Sans aucun doute possible, cette difficulté impose que les
élites de notre pays soient lucides, conscientes, déterminées et totalement responsables de
leurs actes posés dans l’exercice de leurs fonctions respectives et dévoués à la défense de la
cause commune. Parce qu’en fait, les questions relatives à la fonctionnalité de ces services
publics dans leur ensemble s’enchevêtrent les unes les autres, au point d’élargir, même avec
beaucoup des risques de dérapage, le débat du départ en la matière. De telle sorte qu’il nous
parait très difficile d’admettre, sans adapter notre comportement aux exigences des règles et
principes juridiques, qui régissent la matière, qu’il nous suffit de réformer telle ou telle loi pour
atteindre le développement de notre pays.
Par exemple, former un gouvernement responsable, un parlement intègre ou instituer les
Cours et Tribunaux indépendants dans le pays pose, en cette matière, un problème très
sérieux ; il en est de même, en ce qui concerne la question qui consiste à régler la nationalité
de ses administrés et ou à déterminer le statut juridique de certains d’entre eux.
Surabondamment, gérer l’ensemble des services impératifs, tels que la défense et la sécurité,
la justice, la santé, la diplomatie, l’économie et les finances, etc. en harmonie avec ses
partenaires internationaux, tant bilatéraux que multilatéraux, ne reste pas moins un véritable
problème. Il en va tout autant, quand il faut réunir un consensus intellectuel sur les modes de
gestion de ces divers services pour satisfaire, sur le plan interne, les populations dans leurs
divers statuts.
Voilà pourquoi, pour illustrer cette thèse dans ce premier tome de notre enseignement, nous
diviserons, contrairement à nos prédécesseurs, notre cours en deux grandes parties, à savoir
une partie consacrée à la notion de service public et une autre centrée sur ses différentes
catégories, ses différents modes de gestions ainsi que ses différents principes directeurs.
Tandis que la première s’attardera à reprendre, à la fois, l’étude de ses différentes définitions,
des principes qui gouvernent aussi bien la création que la suppression des différents services
publics ; la deuxième, quant à elle, se consacrera à l’analyse de ses différents principes,
catégories et modes de gestion, avant de présenter, sous forme de projet de société dans
notre pays, une analyse des difficultés pratiques et des perspectives d’avenir en droit positif
des services publics dans notre second tome.
4
PREMIERE PARTIE :
EVOLUTION ET NOTION DE SERVICE PUBLIC EN DROIT ADMINISTRATIF
GENERAL
Dans cette partie du cours des grands services publics, on étudiera, successivement,
l’évolution du concept « service public », la notion même de service public, les principes qui
gouvernent la création, les modes tant de fonctionnement que de gestion ainsi que les
différentes règles qui régissent la suppression des services publics.
De notre point de vue, pour y parvenir, on est obligé d’étudier, d’abord, le concept de l’Etat,
ainsi que celui du citoyen avec tous les autres concepts subséquents, qui s’y rapportent, afin
de faciliter la compréhension de la matière à notre lecteur, particulièrement aux premiers
concernés, à savoir les étudiants de première licence en droit et ou à tous ceux qui évoluent
en sciences politiques et administratives ainsi qu’à tous ceux qui s’adonnent à la recherche
sur la problématique du bon fonctionnement des services publics dans un Etat de droit
moderne.
C’est pourquoi, elle sera composée de cinq chapitres, dont le premier consacré àl’évolution du
concept-même de « service public » ; en effet, tandis que celui-ci reprendra,dans l’ensemble,
essentiellement l’étude des principaux arrêts qui l’avaient non seulement engendré, mais aussi
et surtout controversé et puis confirmé, malgré la crise de son régime juridique constaté çà et
là ; le deuxième réservé à la définition de service public, traitera, en liminaire, toutes les
questions relatives aux concepts avoisinant celui de service public.
Pareillement, tandis que le troisième, affecté à l’étude de son rôle dans la définition des mots-
clés, en droit administratif général, fera l’étude de tous les concepts y relatifs, le quatrième,
quant à lui, étudiera tous les différents principes qui gouvernent la matière en ce qui concerne
la création, le fonctionnement ainsi que la gestion des services publics.
Et, enfin, pour terminer cette partie, le cinquième chapitre analysera les différentes questions
relatives à la suppression des services publics au sein d’un Etat de droit moderne.
5
CHAPITRE PREMIER :
EVOLUTION DU CONCEPT DE SERVICE PUBLIC
Dans l’évolution de ce concept, bien qu’en doctrine on s’accorde d’admettre qu’aucune date
exacte de la naissance de la notion n’est connue, il sera question d’étudier l’époque de
l’apparition du concept (1), la crise du critère de service public (2) ainsi que la question relative
à la qualification d’une activité de « service public » (3) à notre époque.
S/§ 1 : Le principe :
En France, avant les années 17901, soit une année après la Révolution de 1789, Le principe
de séparation de deux ordres de juridictions était dégagé à partir de la résistance des autorités
judiciaires de l’Ancien Régime (Parlements) qui s’opposaient au pouvoir royal, à propos de la
création des tribunaux d’exception. Autrement dit, à cette époque, il y avait une réelle volonté
de ne pas créer ce genre des tribunaux et cette situation conduit l’Assemblée constituante de
voter une loi2 d’interdire les juge judiciaires de citer devant eux, de quelque manière que ce
soit, les administrateurs pour raison de leur fonctions ; laquelle interdiction fut confirmée en
ces termes : « défenses itératives sont faites aux tribunaux de connaitre des actes
d’administration, de quelque espèce qu’ils soient, aux peines de droit » par décret du Roi de
France en l’an III.
1
Loi du 24 Août 1790
2
LOIS des 16 et 24 Août 1790
6
3
Dans l’histoire de la justice administrative en France, on note que ce système d’administrateur-juge (administration étant à
la fois juge et partie) avait duré de 1790 à 1799.
4
Le système de justice retenue fut transformé en justice déléguée par la loi du 24 mai 1872 qui avait fait du Conseil d’Etat
une juridiction statuant au nom du peuple français, en appel contre les décisions rendues en premier ressort par les
ministres.
5
L’arrêt Cadot, C.E. du 13 déc.1789,
7
Après l’arrêt Cadot, la doctrine6, notamment le cas de Laferrière, releva qu’il faut distinguer
dans l’activité administrative les actes de puissance publique des actes de gestion. Tandis que
les premiers seront de la compétence du juge administratif, les seconds seront connus par le
juge judiciaire. Il fut suivi en cela par le législateur français qui confia au juge judiciaire le
contentieux des travaux publics ainsi que celui de la responsabilité pécuniaire de l’Etat.7
S/§ 1 : Le contenu
Agnès Blanco fut renversée par un W agonnet de la manufacture des tabacs de la Gironde
(service de l’Etat) à Bordeaux et les parents de la petite fille intentèrent une action en
réparation des dommages causés à la famille devant le juge judiciaire. Mais le préfet de
Gironde prit un arrêté de conflit demandant au Tribunal des Conflits de déterminer la juridiction
compétente. Ce dernier décida que « la responsabilité, qui peut incomber à l’Etat pour les
dommages causés aux particuliers par le fait des personnes qu’il emploie dans le service
public ne peut être régie par les principes qui sont établis dans le Code civil, pour les rapports
de particulier à particulier »
6
Laferrière dans son Traité de juridiction administrative, paru en 1887
7
L’un par la loi des 17 juillet et 8 août 1790 et l’autre par le décret du 26 septembre 1793
8
C.E., 6 déc. 1855,
8
règles spéciales ». Mais,plus tard,cette spécialité des règles du droit administratif sera très
largement contestée.
Enfin, on admet en doctrine qu’en affirmant la liaison entre la compétence juridictionnelle et le
droit applicable au fond du litige, l’arrêt n’a pas manqué de formuler un critère nouveau
d’application du droit administratif, répartissant ainsi les compétences entre le juge
administratif et le juge judiciaire reposant sur le concept de service public
§ 3 : Confirmation de service public, comme critère déterminant l’application du Droit
administratif
Il nous importe de préciser ici que l’arrêt Blanco, en lui-même, n’a pas formulé le nouveau
critère de la responsabilité de l’Etat puissance publique agissant en cette qualité pour
satisfaire l’intérêt général et maintenir l’ordre public, différent de celui de l’Etat se comportant
comme une personne publique, mais civilement responsable agissant dans les conditions de
droit privé. Parce qu’en fait, se référant à l’arrêt Blanco, le Tribunal des Conflits paraît faire la
différence entre les actes d’autorité et les actes de gestion dans la jurisprudence Barthélemy9.
C’est ce qui fait dire à la doctrine, notamment le professeur Lamarque(recherches sur
l’application du droit privé aux services publics administratifs, L.G.D.J. 1960) que l’arrêt Blanco
n’était pas une décision de principe du fait que même Lafferière, alors vice-président du
Conseil d’Etat, n’avait pas cité l’arrêt suscité dans son Traité de la jurisprudence administrative
(1887) ; car, pour lui, les actes visés par les loi des 16 et 24 août 1790 étaient des actes de
puissance publique qui ne visent pas la répartition des compétences entre juridiction
administrative et juridiction judiciaire.
Cependant, on est unanime de reconnaitre que ce n’est qu’après, donc au tout début du
XXè siècle, que le critère du service public a été valorisé par les partisans de la notion du
service public, dite « école de Bordeaux » avec le Doyen Duguit, qui a considéré, à partir de
ce critère de service public, que l’arrêt Blanco était un arrêt de principe, contrairement à la
jurisprudence du Tribunal des Conflits Compagnie d’assurances Le Soleil10.
Avec l’école du service public, faisant du service public, critère d’application du droit
administratif et de la répartition des compétences entre les juridictions administratives et
judiciaires, on note en faveur du critère du service public, l’arrêtTerrier11conclusions du
gouvernement Romieu.
9
T.C. du 2 mai 1873
10
T.C du 4 juin 1910
11
C.E., 6 février 1903
9
Selon Romieu, tout ce qui concerne l’organisation et le fonctionnement des services publics
proprement dits, généraux ou locaux, soit que l’administration agisse par voie de contrat, soit
qu’elle procède par voie d’autorité, constitue une opération administrative qui est, par nature,
du domaine de la juridiction administrative…Toutes les actions entre les personnes publiques
et les tiers ou entre ces personnes publiques elles-mêmes, et fondées sur l’exécution,
l’inexécution ou mauvaise exécution d’un service public sont de la compétence administrative.
En plus, d’après l’arrêt Thérond12, tous les contrats des départements et des Communes sont
incorporés dans la sphère de compétence du juge administratif. L’arrêt Feutry13retient la
responsabilité quasi-délictuelle des départements à l’occasion des services publics devant le
juge administratif. Il en est de même des arrêts de Fonscolombe14et de Jouillé15.
En résumé, on pourrait retenir que pour l’école du service public, seul le service public est le
critère exclusif de l’application du droit administratif et de la répartition des compétences entre
le juge administratif et le juge judiciaire. Pour les partisans de cette école à laquelle nous
appartenons, un service public désigne, d’un point de vue matériel, une activité d’intérêt
général ; tandis que, d’un point de vue organique, il s’agit d’une activité gérée par une
personne publique et soumise, du point de régime juridique, au droit administratif.
Mais, étant devenu seul critère de détermination de la responsabilité civile de toutes les
personnes publiques au sein de l’Etat, en ce compris toutes les collectivités publiques
décentralisées et de la répartition des compétences entre les juges administratif et judiciaire,
ce critère connut une crise dans application
12
C.E. du 4 mars 1908
13
T.C. , 29 févr. 1908
14
T.C. 11 avr.1908
15
T.C. 23 mai 1908
10
faut parcourir les arrêts Office national des Forêts c/ Abamonte de 1975, Leclert c/ Etat de
1975, Sté. Des granits porphyroïdes des Vosges 1912 et Vingtain et Affortit de 1954
16
C.E. Section, 28 nov. 1975
17
T.C., 17 nov.1975
18
Plusieurs affaires ont été tranchée dans le même sens en faveur du juge judiciaire
19
C.E., du 31 juillet 1912
11
S/§ 1 : Toutes les activités des personnes publiques ne sont pas des activités de
service public
Comme on l’a vu avec le commissaire du gouvernement Romieu dans l’affaire Office national
des Forêts contre Abamonte, malgré que cela soit encore discutable, la gestion par une
personne publique de son domaine privé ne constitue pas une activité de service public. Mais
on voit que dans sa décision renduedans l’affaire association syndicale du canal de Gignac21,
le Tribunal des Conflits avait admis que les associations syndicales de propriétaires
présentaient les caractères essentiels des établissements publics, alors même qu’elles
agissent dans l’intérêt privé des propriétaires privés concernés et que de ce fait, il est
contestable de voir dans leur activité une activité de service public
S/§ 2 : Toutes les activités de service public ne sont pas l’œuvre des personnes
publiques
Comme on peut le constater sans autre forme de savoir, cette affirmation remet
automatiquement en cause l’élément organique de la notion classique de service public, qui
s’ajoute à la notion classique de gestion privée d’un service public par le concessionnaire. En
tout état de cause, il faut retenir que ce phénomène s’est amplifié avec l’admission de mission
de service public dans les activités des particuliers.
20
C.E. sect., du 4 juin 1954
21
TC du 9 décembre 1899
12
22
C.E., 2 avril 31 juillet 1942
23
C.E. 2 avril 1943
24
C.E., Section du 28 juin 1946
25
C.E. du 13 janvier 1961
13
gestionnaire et du régime juridique applicable à chaque service. C’est tout récemment dans
les années 84 que cette controverse prit fin.
26
Arrêt Centre d’Etudes marines avancées, CE du 7 décembre 1984
27
Chapus, (R), Traité de droit administratif général, 9e éd. Montchrestien, Paris, 2001
14
que l’unité de régime juridique applicable aux services publics est remise en cause,
spécialement :
28
C.E. du 23 décembre 1921 ; Arrêt du TC du 22 janvier 1921 ;
29
TC du 22 janvier 1955
30
TC du 13 janvier 1958
31
Jurisprudence, T.C., 4 juillet 1983
15
32
les arrêts Tribunal des Conflits du 17 novembre 1975 dans l’affaire Leclert, du 17 novembre 1988, dans l’affaire Ministre
de l’Economie et des Finances contre mademoiselle Jean, du 22 novembre 1965 dans l’affaire Calmette, du Conseil d’Etat
du C.E.du 28 novembre 1975 dans l’affaire Office national des Forêts contre Abamonte, du Tribunal des Conflits, TC du 9
décembre 1899 dans l’affaire association syndicale du canal de Gignac, du Tribunal des Conflits du 15 janvier 1990 dans
l’affaire Reinhardt contre l’institut géographique national, du TC du 27 octobre 1989 dans l’affaire Marescaux contre
l’institut national de consommation, du TC du 19 février 1990, dans l’affaire Espie contre l’institut national de la
consommation, etc.
33
Jurisprudence Narcy, du C.E., Section du 28 juin 1963 ;C.E. du 20 janvier 1971 dans l’affaire Ministre des Finances
contre le Comptoir français des produits sidérurgiques
34
C.E., Section, du 13 janvier 1961, dans l’affaire Magnier ou du C.E., du 16 novembre 1988 dans l’affaire Mademoiselle
Dejean.
35
Tribunal des Conflits du 25 janvier 1982
16
gérée à titre principal par une personne publique et dont il est clair qu’elle revêt le caractère
d’une activité de service public, il peut paraitre superflu de s’attacher à relever expressément
l’existence de prérogatives de puissance publique. C’est en ce sens qu’il a été jugé, dans
l’affaire Glosgowski36, par le tribunal des Conflits qui )àargumentait en ces termes :
« considérant que si le Groupement d’études des maladies du sein (association constituée
conformément aux dispositions de la loi du Ier juillet 1901) se trouvait ainsi associé à
l’exécution d’une mission de service public, il ne disposait , pour l’accomplissement de cette
mission, d’aucune prérogative de puissance publique ». Ceci dit, il nous importe maintenant de
procéder systématiquement à la définition de ce qu’on appelle réellement « le service
public ».
**************************************
CHAPITRE DEUXIEME :
DEFINITIONS DU SERVICE PUBLIC
Comme on vient de l’annoncer, à l’instant-même, dans le plan précédent, on ne peut pas, de
notre point de vue, définir la notion de « service public », qui nous préoccupe dans cette
étude, sans passer par l’analyse du concept de l’ « Etat»et de ses composantes ; Voilà
pourquoi, il a paru nécessaire de connaitre aussi bien sa nature et son régime juridique, sans
oublierde rappeler sa finalité en rapport avec les concepts « citoyen, citoyenneté, nation ou
nationalité » pour rendre lisible notre enseignement en la matière.
36
Tribunal des Conflits du 22 mars 1993
37
Lexique des termes juridiques, 12e édition, Dalloz, 1999, pp.232-233
17
contrainte organisée » ; tantôt, du point de vue juridique, comme une « personne morale
titulaire de la souveraineté » ; tantôt, dans un sens plus étroit et concret, comme un
« ensemble des organes politiques, des gouvernants » ; tantôt, selon une certaine conception
marxiste, comme un « appareil d’oppression au service de la classe dominante ; en régime
capitaliste, (l’Etat est un) instrument de la bourgeoisie, en vue de l’exploitation du prolétariat ».
Notez toutefois que cette conception ne fera pas l’objet d’un débat particulier ici, si ce n’est
que dans la mesure où elle nous permettra d’expliciter la crise dans notre pays.
Ainsi, dans nos développements suivants, bien que le droit soit fondé sur le principe des
débats controversés, on déduira de cette conception de l’Etat, comme dans le cas du concept
de « service public », la nature juridique et les éléments constitutifs(1), la finalité et les moyens
mis en œuvre pour atteindre cette finalité(2).
38
CHAPUS, R., Op.cit. p. 196, n°250
39
IDEM, Op.cit., T1, 14e éd Montchrestien, 1399p ; et T2, 15e éd. Montchrestien, 797p ; GEZE, G., Op.Cit. pp.10-
62
40
VEDEL, G. et DELVOLVE, P., Droit administratif, T2, Collection Thémis, PUF, Paris, 1992, 802p ; FRIER, P.-L.,
Op.cit., pp.101-167 ;
41
DUGUIT, L., Leçons de droit public général, Op. Cit. p.139 et suivantes
18
l’administration, leurs régimes et sanctions, l’Administration de l’Etat, tant centrale que locale,
sur les autres personnes publiques, les services publics.42
De même, sont aussi pris en compte, l’intervention des personnes privées dans leur gestion,
l’organisation des juridictions, tant administratives que judiciaires, pour connaître des litiges,
qui en résultent, sans oublier le contrôle que l’Etat exerce sur toutes ces institutions. Ajouter à
cette liste, la responsabilité civile, pour ou sans faute, qui lui incombe dans un cas ou dans un
a u tr e .
Partant de ce point de vue, du fait qu’on recherche ici sa fonctionnalité dans une société en
totale décomposition, il importe de rappeler logiquement ses éléments constitutifs.
42
GUGLIELMI, G.J, KOUBI, G. et DUMONT, G., Op.cit. 755p; LACHAUME, J.-F., BOITEAU, C.et PAULIAT, H.,
Op.cit. 453p; FRIER, P.-L. et PETIT, J., Op.cit. , pp199-239
43
FOILLARD, P., Droit Constitutionnel et institutions politiques, Op.cit., pp.8-13 ; IDEM, droit administratif, éd.
Paradigme, Paris, 2003-2004, pp.11-16
44
ETIEN, R, Droit public général, 4e édition, éd. FOUCHER, VANVES, 2010, pp.21-34 nous rappelle, à la suite de
plusieurs autres juristes publicistes, le concept de l’Etat, ses fondements et éléments constitutifs; Signalons
simplement que le plateau continental, en termes de définition, se présente comme étant le prolongement
submergé du territoire sur lequel l’Etat côtier exerce des droits souverains pour l’exploitation des ressources
définis par la Convention de Montego Bay du 10 Décembre 1982. Cette convention fixe les limites du plateau
continental à 200 milles marins et reconnaît la compétence de l’Etat côtier jusqu’à 350 milles ou 100 mille de
l’isobathe de 2500 mètres ; la mer territoriale, quant à elle, elle est une bande maritime qui suit le tracé de la
côte et est fixée à 12 mille marins selon la même convention. D’après la Convention, la zone économique
exclusive mesure 12 milles marins au delà de la mer territoriale séparément d’avec la mer territoriale. Notons
en passant que toutes les deux mesuraient, au départ, ensemble douze milles marins ; mais actuellement,
c’est chacune d’entre elles, qui mesure douze milles. S’agissant de la zone économique exclusive, rappelons
simplement qu’elle résulte d’une décision unilatérale de certains Etats côtiers souverains qui revendiquent d’y
exercer des droits souverains sur les ressources naturelles. On peut trouver toutes ces définitions dans le
Lexiques des termes juridiques, Op. Cit. pp271, 340, 397, 546 ;
19
Dans une discipline-carrefour, ces thèmes sont évoqués ici seulement pour analyser, à la fois,
l’étendue du pouvoir de l’Etat sur ces différents territoires et le rôle qu’il est appelé à y jouer, à
travers ses différents services publics, dans la protection des droits de ses citoyens. A ces
derniers, on l’a vu, l’Etat doit fournir les prestations de service de première nécessité
considérées, à juste titre, comme étant les droits fondamentaux.
A propos de tous ces éléments constitutifs, énumérés pêle-mêle ici, Gérard IGNASSE nous
rappelle, en ce qui concerne l’autorité, que « l’étude des différentes conceptions du pouvoir a
permis de montrer que, dans les sociétés modernes, l’Etat était l’un des instruments privilégiés
de mise en œuvre du pouvoir ».45
Pour sa part, Jean GICQUEL nous enseigne, à propos du territoire et de la population, que
l’Etat est géographiquement « la localisation d’une population déterminée » et juridiquement
« un être de droit en qui se résume abstraitement la collectivité nationale ou la personnification
de cette dernière(…), porte le nom de personne morale par opposition à une personne
physique ».46
C’est à l’Etat seul que revient la charge, poursuit Jean GICQUEL, comme l’enseignait
d’ailleurs le Doyen DUGUIT déjà cité, à propos des services publics,47 « de prendre en charge,
de façon permanente, les intérêts d’un groupe humain (population, peuple ou nation) ».48
C’est en ce sens que l’on peut envisager sa réforme ou sa modernisation, voire son
développement. Pour Philippe FOILLARD, «l’Etat est la forme institutionnalisé du pouvoir
politique ».49
Donc, on peut conclure, à la suite de la doctrine, notamment de Bernard DOLEZ et D.
PARIS,50 et de Jacques PETIT51 que la reconstruction d’un Etat concerne les réformes
politiques et institutionnelles de son territoire national.
Ceci étant, il n’est donc plus nécessaire d’insister sur le fait devenu désormais évident que
l’Etat poursuit le but d’intérêt général et ce sont les services publics, toutes catégories
confondues, qui l’aident à y parvenir.
45
IGNASSE, G, (sous la direction de J. Moreau) « l’Etat » in Droit public, T1, Théorie générale de l’Etat et droit
constitutionnel, droit administratif, 3e édition, Economica, Paris, 1995, p.21
46
CARRE DE MALBERG cité parGICQUEL, J. Op.cit., p.50 et ss :
47
DUGUIT, L. Leçons de droit public général, Op. Cit. p150 : « le monarque est obligé d’employer la force qu’il
détient à l’accomplissement sans interruption de toutes les activités d’intérêt général qui sont de telle nature
que si elles étaient suspendues, même pendant un temps très court, cela entrainerait la désorganisation et
peut-être la mort de la société
48
Ibidem : ici la définition de l’auteur nous permet d’affirmer que la permanence et la continuité des ses services
publics est un élément fondamental de l’existence de l’Etat dans la vie de ses populations
49
FOILLARD, P., Droit constitutionnel, Op. cit., p5
50
DOLEZ, B. et PARIS, D., Métropoles en construction. Territoires, politiques et processus, L’harmattan, Paris,
2004, 294 p.
51
PETIT, J. et FRIER, P.-L., Op.cit., pp.102-167
20
52
VEDEL, G. et DELVOLVE, P., Op.cit., p460-594 ; CHAPUS R., Op.cit., pp. 195-425 ; FOILLARD, P., Droit
administratif, Op.cit., p31
53
Cfr. infra chapitre premier, §3 :Sans anticiper comme on le verra tout à l’heure dans le troisième paragraphe,
l’Etat dispose à la fois des moyens humains (des agents publics ou contractuels), matériels (la police
administrative générale et les polices spéciales, les différents services publics de l’Etat) et juridiques(les actes
administratifs unilatéraux et les contrats administratifs) pour servir l’intérêt collectif. Mais l’exercice de son
pouvoir exécutif, tendant à fournir à sa population sécurité et autres différentes prestations de service de
première nécessité, se déroule sous le contrôle du juge.
54
DUGUIT, L. Leçons de droit public général, Op. Cit., p.149
55
LACHAUME, J.-F, BOITEAU, C. et PAULIAT, H. Op. Cit. p.29
56
FRIER, P.-L et PETIT, J., Op.cit. p.182, n°306
21
précieuses qu’elles permettent, en général, le respect et l’exercice des droits et libertés des
administrés.»57 Il en va de même des moyens d’action de l’Etat.
57
GUGLIELMI, G.J., KOUBI, G. et DUMONT, G, Op.cit, p97, n°212
58
A propos des moyens d’action de l’administration d’Etat, on peut utilement lire pour plus de détails intéressants
les auteurs de droit public administratif tels que Jacques MOREAU, (sous la direction de) « Les actes
administratifs unilatéraux », in Droit public, t1, théorie générale de l’Etat et Droit constitutionnel –droit
administratif, 3e éd. Economica, Paris, pp.521-541 ; Yves Weber, « les contrats administratifs », in Droit
public, Op. Cit. pp543-572 ; Laurent RICHER, Droit des contrats administratifs, 4e éd., LGDJ, Paris, 2004,
677p. ; Jacques PETIT et FRIER, P.-L., Précis de droit administratif, 5e éd. Montchrestien, Paris, 2008,
pp.177-372 ; GONOD, P., « L’acte administratif unilatéral : définition », in les notices droit administratif et
administration, la documentation française, Paris, 2008, pp. 68-72 ; IDEM, « l’Acte administratif : régime
juridique », ibidem, pp73-76 ; ROUAULT, M.-CH, L’essentiel du droit administratif général, 8e édition,
Lextenso éditions, 2010 ; etc.
22
pas autorégulatrice, elle engendre des crises ou des dépressions. Le salut du système
capitaliste réside alors dans la capacité de l’Etat à relancer l’activité économique, en maniant
les taux d’intérêt et les dépenses publiques ».59
Dans l’histoire, l’on note pareillement que les différents aspects de son pouvoir de contrainte
ont été étudiés par plusieurs imminents juristes, dont nous n’entendons nullement reprendre
l’étude des œuvres ici.60
Et pas plus tard qu’hier, Gérard IGNASSE a vu, comme on l’a dit à l’instant, dans l’Etat « un
des instruments privilégiés de mise en œuvre du pouvoir politique ».61
A son tour, René CHAPUS, précise, au même propos que « l’organisation et l’exercice du
« pouvoir exécutif» d’Etat intéresse aussi bien le gouvernement de l’Etat que son
administration ». Il en est de même de André DE LAUBADERE, qui nous rappelle aussi
que « l’étude de l’organisation ministérielle relève, on le sait, à la fois du droit constitutionnel et
du droit administratif, le ministre étant une autorité politique en tant que membre du
gouvernement et une autorité administrative, en tant que chef des services administratifs ».62
Donc, du point de vue juridique, au vu des événements de ces cinq dernières décennies de
son indépendance politique, on peut être autorisé d’affirmer que la RD Congo traverse, depuis
ses origines, une crise des services publics et ou institutionnelle grave ; du fait que ces deux
aspects du pouvoir exécutif de l’Etat, fondement même de tous les débats juridiques ne sont
pas maîtrisés.63
Et ce ne sont donc pas, de notre point de vue devenu presqu’une évidence, des réformes
institutionnelles hâtives (administratives et techniques, qui seraient la réponse à cette crise ;
surtout si on tient compte du fait que les coups d’Etat militaires défient encore le principe
constitutionnel du pouvoir constituant au sein de l’Etat dans notre région.
Et ceci étant, le constitutionnalisme est loin d’y triompher dans les esprits des élites
congolaises, comme ailleurs où on signale,çà et là, l’existence de quelques monarchies
constitutionnelles ou non64
59
KEYNES, J.M.(1883-1946) cité par Christian CHAVAGNEUX, éditorialiste, in Alternative économique, hors-
série, n°77, mai 2008, p.8
60
DUGUIT avec son idée de contrainte irrésistible légitime (Leçons de droit public général, Op. Cit. p.148 ; MAX
WEBER, avec son idée de légitimité ; ROUSSEAU, JJ. Avec le contrat social ; THOMAS HOBBS, avec l’idée
de puissance ;
61
IGNASSE, G. Op. Cit., pp.21-34
62
CHAPUS, R., Op.cit. , p. 196, n°250 ; DELAUBADERE, A. et VENEZIA, J.-C, Op.cit., pp. 41-42 ;
63
BAGUENARD, J. (sous la direction de Jacques MOREAU) « La constitution », in Droit Public, T1, Op.cit. pp35-
43
64
Angleterre, Norvège, Suède, Finlande, Nouvelle Zélande, Australie, Belgique
23
Et pourtant, de ce point de vue aussi, le droit positif a déjà tranché par la détermination nette
des domaines de compétence respectifs entre le Législatif et l’Exécutif dans la loi
fondamentale.65
Finalement, on peut, en clair, affirmer,à ce propos bien précis de répartition des compétences,
que la priorité de la RD Congo serait de disposer, d’abord et absolument, d’un exécutif
capable de gouverner. Autrement dit, d’accomplir les tâches d’intérêt général au profit de la
population auprès de laquelle, il avait sollicité et obtenu un mandat pour légitimer son pouvoir.
Ceci pourrait justifier amplement tout le débat sur les acteurs du droit administratif dans
l’administration publique dont parle Didier TRUCHET,66parmi lesquels on cite, notamment le
citoyen (citoyenneté, nation ou nationalité), qui intervient sur la scène politique de tout Etat
moderne.
Quel qu’il soit du Nord ou du Sud, lorsqu’il est appelé à se structurer en services publics, en
fonction des besoins naturels et fondamentaux de ses populations, aux fins de défendre leurs
droits tant individuels que collectifs.
Ceci dit, on parlera maintenant du concept « citoyen » ainsi que des concepts subséquents ci-
dessus énumérés pour rendre plus tard, aussi facile que possible, la compréhension du
concept « service public », étudié dans la section suivante.
65
FOILLARD, P. Droit constitutionnel et institutions politiques, Op.cit., pp27-32;
BAGUENARD, J., article précité, in Droit public, T1, Op.cit. pp39-41 ; PETIT, J. et FRIER, P.L., Op.cit. , pp.39, 62
et 73
66
TRUCHET, D., Op.cit. p.143
24
67
TRUCHET, D., Op.cit. pp.96-100 ; CE, Sect. Oct.1999, Rolin, Rec., 327, concl. Daussun, RDP, 6-1999, 1845,
RDP, 1-2000.269, note G. Eckert, AJDA, 1999.1043, JCP, 2000. II. 10365 ; CE, Ass. 13 juillet 1942,
Monpeurt, GAJA , n°55
68
De notre point de vue, il importe de souligner ici qu’en principe, tous les enseignements de droit public
administratif concernent le citoyen-administré et on ne devrait pas faire à ce sujet la distinction entre les
personnes, titulaires de droits subjectifs dits fondamentaux de celles qui détiennent les droits essentiellement
politiques, qui sont une infime minorité à laquelle un certain nombre des droits peut être reconnu, laquelle ne
pourrait pas entraîner des conflits sanglants au sein de l’Etat comme c’en est bien le cas dans la partie-Est de
la RD Congo sous examen .
69
TRUCHET, D., Op.cit., p.143
70
Lexique des termes juridiques, Op. Cit. 96.
71
Le lexique des termes juridiques, Op.cit., p.96
72
Le petit Larousse illustré, Op.cit. p.206.
25
Alors que c’est se faisant qu’il peut garantir aux uns et aux autres leurs besoins
fondamentaux, en leur différente qualité des citoyens ou des administrés tout court.73
De même que la citoyenneté se rapporte à la qualité de « citoyen » et des droits y afférant; de
même, le terme renvoie à la nationalité du sujet de ces droits, qui, elle aussi, exprime le lien
de rattachement à la nation (population) d’un Etat que ce dernier sert.
Sur ce point, on l’a vu plus haut avec Jean GICQUEL74, que l’Etat se définit, à la fois, comme
cadre géographique de localisation et cadre juridique de représentation des citoyens au sein
d’une société politique donnée.
Cette qualité consacre un certain nombre d’attributs au profit de celui à qui elle est légalement
attribuée au sein d’un Etat quelconque, à savoir le monopole de la contrainte irrésistible pour
réaliser les activités d’intérêt général, dont parle la doctrine dominante.75
C’est donc dans ce sens qu’on analyse les attributs de la citoyenneté au sein de l’Etat.
73
Comme on le verra dans le chapitre troisième suivant, toute la doctrine des services publics reconnait que, bien
que la tâche soit difficile, c’est une prérogative de l’administration de l’Etat d’assurer aux citoyens-administrés
« l’accès au droit et à l’intelligibilité de la loi la participation au processus administratif de décision, « la
transparence administrative » dans la gestion de toutes les activités d’intérêt général, qui touchent à leurs
droits directement», le droit de la défense, le droit de recours ainsi que toute un série d’obligations qui
s’imposent à eux dans le cadre de leurs rapports avec l’administration publique (cas par exemple de D.
Truchet, Op.cit., p. 146-158),
74
Cfr. Introduction générale, Sect.2, §1, S/§ 2, note 93
75
Cfr. supra, chapitre 2, section, § 2, DUGUIT, note 71 et §3, note 79 (Leçons de droit publics, Op.cit. pp.148 et
150)
76
LOSHAK, D., « Comment définir la citoyenneté ? », in ETRANGER ET CITOYEN, les immigrés et la
démocratie locale, sous la direction de Bernard Delmotte et Jacques Chevalier, L’Harmattan, Paris, 2004 ?,
pp13-25
77
Le petit Larousse illustré, Op. Cit. p.206 définit la citoyenneté comme la situation créée par la pleine
reconnaissance aux personnes de leur statut de citoyen dans le même sens que le lexique des termes qui
définit la citoyenneté européenne comme étant une qualité reconnue à toute personne ayant la nationalité
d’un Etat membre et qui s’ajoute aux droits et obligations liés à la qualité de citoyen de cet Etat.
26
En l’espèce sous examen de la RD Congo, Charles ONANA a recensé pour nous plusieurs
cas des Congolais d’expression rwandaise ayant exercé de grandes responsabilités au
sommet de l’Etat au sortir de la colonisation.78
Cela suppose, sans nul doute de notre point de vue, que pour jouir de tels droits ces
personnalités étaient des « citoyens congolais (Zaïrois) » ou considérés comme tels. Sinon,
cela ne se justifierait pas.
Et pareillement, comme on le voit bien ici, par rapport à la nation, personne juridique fictive et
abstraite en son entier, le terme utilisé est celui de la « nationalité ». Celle-ci contribue à
l’affirmation du principe du droit aux services publics, comme des droits fondamentaux
reconnus aux membres de la nation. C’est donc le membre d’une communauté politique au
sein d’un Etat-nation.
Même si chez-nous, on est encore au stade primitif d’individu-clan et qu’à ce titre, on
appartient encore plus largement aux ethnies-nations, comme le reconnait aussi MW AYILA
TSHIYEMBE79 et non à la nation fictive. C’est pourquoi, dans les conflits frontaliers
interethniques s’exprimant par les armes dans notre pays, on parle encore en termes des
« banyamulenge » contre les autres populations autochtones du même pays à l’Est de la RD
Congo.
A ce sujet, selon les termes du professeur Jean GICQUEL, la nation est « un groupement
humain dans lequel les individus se sentent unis les uns aux autres par les liens, à la fois,
matériels et spirituels et se conçoivent comme différents des individus, qui composent les
autres groupements nationaux ».80
Cependant, selon la même doctrine, qui distingue la conception objective dite « allemande »,
de la conception subjective dite « française »,81on sait désormais que plusieurs facteurs
influencent sa formation.
Subjectivement, il s’agit des souvenirs communs, d’un sentiment de parenté spirituelle, d’un
désir de vivre ensemble dans une même société politique. Ces différents éléments unissent
les hommes et les distinguent des autres groupements nationaux. C’est l’intensité de liens de
solidarité nationale, qui les unissent, qui conduit à la formation de l’Etat-Nation.
78
ONANA, Ch., Ces tueurs tutsis, au cœur de la tragédie congolaise, Op.cit. p88-91
79
MWAYILA TSHIYEMBE, Refondation de la nation et nationalité en République démocratique du Congo,
Op.cit., p.67
80
GICQUEL, J., Droit constitutionnel et institutions politiques, Op.cit. p52
81
IDEM, ibidem, p53
27
Dans cet ordre d’idées, en leur qualité de « nationaux » ou de « citoyens », tous les membres
de la communauté disposent des droits et devoirs vis-à-vis de leur société en fonction de leur
nationalité.
82
Cfr.supra, Sect.3, §2, note n°115
83
La formule sacramentelle utilisée par le constituant est : « la loi fixe les modalités d’exercice de ce droit ou de
ce devoir »et on n’a pas ici l’intention de faire une étude monographique sur les différentes nations qui
composent les Etats de la sous-région des grands lacs africains dont notamment les innombrables nations
congolaises, non pas parce qu’ils ont une pluralité des peuples ou nations ; mais simplement ça n’est pas
l’objet spécifique ici
84
MWAYILA TSHIYEMBE, Refondation de la nation et nationalité en R. D. du Congo, Op.cit. p.58 et 62
28
Voilà pourquoi, ici, on insiste sur la conscience collective ou le sentiment d’appartenir, tant soit
peu, à une même nation juridique (Etat). Cette nation se veut être différente de celles des
autres qui composent d’autres entités juridiques (Etats). Elle est donc, de nos jours, une
nécessité impérieuse, qui ne fait plus l’ombre d’aucun doute en RD Congo.
De toute évidence, il faudrait nous en rendre compte. Car, comme l’enseigne, la doctrine en la
matière, notamment L. DUGUIT, l’intérêt général « se réalise par un échange de services ».
A ce même propos, poursuivant dans le même sens, J.-F LACHAUME et compagnie affirment,
à leur tour, que « l’intérêt général reçoit satisfaction lorsque l’eau coule au robinet, l’électricité
arrive au compteur, le courrier est distribué, le train ou l’autobus part et arrive à l’heure, les
ordures ménagères sont enlevées et traitées, etc. ». 85
Par conséquent, on peut en déduire que c’est sans doute de cette conscience collective qu’il
s’agit et que c’est d’elle que dépend évidemment le concept du devoir civique et dans le chef
du gouvernant et dans celui du citoyen.
Cette réalité est traduite, selon nous, par les conflits qui en résultent et ravagent actuellement
toute la région au cours desquels, les uns et les autres prétendent être attaqués à l’intérieur de
leurs frontières respectives en tant que ressortissants de telle ou telle autre Etat-nation.Qu’ils
s’agissent des Congolais dans leur diversité des nationalités ou d’ethnies, des Rwandais ou
des Burundais, le discours reste le même.86 Or, la nation est au-dessus même de la
constitution comme le disait L’Abbé Sieyès.87
Partant de ce principe, c’est donc elle qui détermine la source de l’autorité politique. En
d’autres termes, c’est elle qui est à l’origine du pouvoir de commander depuis la fin du
XVIIIème siècle. Cette fiction juridique déjà admise ne peut plus faire l’objet d’un débat
théorique à notre époque où la question de nationalité, comme celle relative à ses conditions
d’attribution à un étranger, qui le désire, est déjà tranchée par les lois nationales de chaque
Etat moderne, qui ont fait leur preuve séculaire en Europe (depuis la convention de la Haye du
29 juillet 189988).
85
DUGUIT, L., Leçons de droit public général, Op.cit, p. 150 ; LACHAUME, J.-F. et alii, Op.cit. p. 29
86
Cfr. tout le débat sur la légitimité ou non du pouvoir rwandais de venir pourchasser les FDLR sur le territoire
congolais ;
87
SIEYES (L’Abbé), Qu’est-ce que le Tiers-Etat ?, Paris, 1789, pp.75-76 ; Cité par KAMTO, M., Pouvoir et droit
en Afrique noire. Essai sur le fondement du constitutionnalisme dans les Etats d’Afrique noire francophone
(« elle existeavant tout, elle est à l’origine de tout. Sa volonté est toujours légale, elle est la Loi elle-même.
Avant elle, et au-dessus d’elle, il n’y a que le droit naturel »)
88
La première convention date du 29 juillet 1889 instituant un droit interétatique sur la guerre sur terre et la
conduite des opérations sur mer; elle a été complétée par plusieurs autres dont notamment la convention de
la Haye II et III, la Convention IV du 18 octobre 1907 concernant les lois et coutumes de la guerre sur terre
http://www.icrc.org/dih.nsf/FULL/195, celle du 29 mai 1993 relative à la protection des enfants et le coopération
en matière d’adoption, Genève du www.hcch.net/index_fr.php?, sites consultés le 11 février 2011
29
Depuis cette époque, les Etats ont le droit d’assurer la protection en tout temps, (même
pendant la guerre) de leurs citoyens et de déterminer par la loi, qui les sont et qui ne le sont
pas.89
Ce qui nous importe ici, c’est de ramasser tous ces éléments d’homogénéité entre les nations
congolaises dans une théorie en droit public interne pour fournir une explication à la crise dans
notre pays, la RD Congo.
Parce qu’en fait, à ce sujet, comme l’enseigne Jacques CHEVALLIER, « c’est dans la
collectivité qu’il faut chercher désormais à la fois les bases de l’identité sociale et le fondement
ultime de l’autorité »90et non ailleurs. Mais, comme d’aucuns le savent, pour résoudre leurs
problèmes internes, les Congolais ont pris l’habitude de ne pas s’entendre et recourir
uniquement à la solidarité internationale ; alors que le service public exige la cohésion des
groupes sociaux malgré leur diversité, un esprit public et un consensus intellectuel sur l’intérêt
collectif.C’est ce qu’on verra, en étudiant le concept « service public »dans la section suivante.
89
GICQUEL, J. Op.cit., pp.54-55 ; Cfr. aussi la Loi congolaise de la nationalité et ou le Droit de séjour des
étrangers en France ;
90
CHEVALLIER, J. « L’Etat-Nation », R.D.P., 1980, n°4, p.1273 ;
91
DUGUIT, L. Leçons de droit public général, Op. Cit. pp. 153; FOILLARD, Ph., Droit administratif, Op.cit., p235 ;
PETIT et alii, Op.cit. p. 182 et Ss. ; LACHAUME, J.-F., Grands services publics, 2è éd. Armand Colin, Paris,
2000, pp5-35 ; LINOTTE, D. et alii, Services publics et droit économique, 3è éd. Litec, Op.cit. 43 et suivant
30
Cependant, selon René CHAPUS, « une activité constitue un service public quand elle est
assurée ou assumée par une personne publique en vue d’un intérêt public. Toutes autres
données ou considérations sont indifférentes. »93.Elle a donc un sens matériel et un sens
formel.
Du point de vue matériel, comme on le verra en définissant l’Etat, il s’agit d’abord d’une
activité mais pas n’importe laquelle, mais d’ « une activité d’intérêt général, assurée ou
assumée par l’administration »94 et qui est insusceptible, de notre point de vue, de n’être
assurée, de manière régulière et continue, adaptée, contrôlée et d’une égalité garantie pour
tous, que par l’Administration d’Etat.
Tandis qu’au sens formel ou organique, il s’agit de l’ensemble d’organes mobilisés par l’Etat
ou les autres collectivités publiques pour pouvoir organiser et ou exécuter lesdites activités.
Sous cet angle, employé au pluriel, selon Robert ETIEN, « les services publics sont des
institutions administratives qui ont la double caractéristique d’être investies d’une mission
d’intérêt général et de bénéficier de prérogatives de puissance publique ».95
D’ailleurs, le service public pris dans ce sens est synonyme d’Administration publique ; c’est-à-
dire de l’Etat lui-même en tant que personne morale publique se présentant suivant les termes
du Doyen Duguit, comme « une coopération des services publics organisés et contrôlés par
des gouvernants »96.
De ce point de vue organique, J-F. LACHAUME, C. BOITEAU, et H. PAULIAT nous
enseignent que « le service public est une partie, une composante de l’appareil administratif
de l’Etat ou des collectivités territoriales ».
Par contre, « il s’analyse en une mission -donc une activité- d’intérêt général relevant de façon
plus ou moins étroite d’une personne publique »97 au sens matériel.
De son côté, le doyen Duguit trouva dans le service public, à la fois « le fondement et la limite
du pouvoir gouvernemental » et « la notion fondamentale du droit public moderne ».98
De nos jours, un consensus intellectuel chez l’élite du monde entier a déjà atteint un niveau
presque non discutable sur ce sujet, malgré l’évolution de la notion et sa diversité fonctionnelle
92
CHRETIEN, P., « Divine surprise ou éternels regrets ?! La vacuité de la doctrine juridique du service public »,
Sociétés contemporaines, 1998, n°32, p.11, cité par GAGLIELMI, G et alii, Op.cit., p. 87, note 5
93
CHAPUS, R., Droit administratif général, T1, 14e, éd., Montchrestien, Op.cit. p.569, n°748.
94
CHAPUS, R., Op.cit., pp. 568-569. IDEM, « Le service public et la puissance publique », RDP, 1968, n°239,
cité par PETIT, J. Op.cit. p.182, n°305
95
ETIEN, R., Droit administratif général, éd. Foucher, Paris, 2007, p53
96
DUGUIT, L., Traité du droit constitutionnel, 3e éd. LGDJ, T.II, Paris, 1928, p59, cité par LACHAUME et alii., Op.
Cit. p7 ; DUGUIT, L., Leçons de droit public général, Op. Cit. p.152
97
LACHAUME, J.-F. et alii. , Grands Services publics, op. cit., p5
98
DUGUIT, L., Traité du droit constitutionnel, Op. Cit. , p.62, cité par LACHAUME, J.-F et alii., Op. Cit.p7
31
avec l’apparition de la catégorie des services publics tant industriels et commerciaux que
socioculturels.
Dans l’histoire, le Doyen L. Duguit insinuait que le service public avait été même à la base de
« la tyrannie et de la dictature ».99 A cette époque, sa pensée avait été suivie par la doctrine
dominante en la matière ; mais cela n’a pourtant pas altéré la valeur de la notion.100
Quoi qu’on en pense, de nos jours, la finalité de telles activités, c’est l’intérêt général, même
s’il est presque unanimement admis, en doctrine, et constaté en jurisprudence, que celui-ci
n’est pas aisé à définir.
Voilà pourquoi, la reprise, dans cette étude, d’une rubrique relative à la finalité des activités
d’intérêt général ne manque pas d’intérêt tant théorique que pratique.
99
DUGUIT, L. Traité de droit constitutionnel, Op. Cit., t.I, p, 733, ibidem ;
100
JEZE, G., Principes généraux du droit administratif, Dalloz, Paris, 2005, 443p. ; Bonnard, J., Précis de Droit
Administratif, 3e éd., 1940, p53 ; Rolland, Précis de Droit Administratif, 11e éd. 1957, p1 ; Duez et Debeyre,
Traité de Droit administratif, 1952, p1 et 254 ; A. DELAUBADERE, Traité élémentaire de Droit Administratif,
tome 1, 15e éd. Par MM VENEZIA et GAUDEMET, 1999, LGDJ, p42, cité par LACHAUME et alii. Op. Cit
101
DUGUIT, L., Leçons de droit public général, Op. Cit. pp.152-153, 191, 209 et 232
102
FERRANDON, B. (sous la direction), « La politique économique et ses instruments », notices de la
documentation française, Paris, 2004, notice 16, p106 et Ss. ; par Michel HOUDEBINE, notice 18 par Eric
PREISS, p117 et Ss. Notice19 par Chris. Demaziere, p123 et Ss. ;Notice 21 par Mario Dehove, p138 et Ss. ;
Notice 22 par Daniel Delalande, p.144 et Ss.
103
ETIEN, R., Droit administratif général, Op. Cit., p17 et Ss.
104
CHEROT, J.-I, Droit Public Economique, Economica, Paris, 2002, pp.210-231
32
105
LINOTTE, D. et alii., Services Publics et Droit Public Economique, 3e éd., Litec, Paris, 1995, pp.140-177
33
moyens colossaux, par lui-même ou par ses différents organismes publics ou services
administratifs, pour assurer ses interventions dans chaque domaine spécifique, en vue de
fournir des prestations de service de première nécessité à ses citoyens, à moindre coût.
Ceci demeure théoriquement vrai dans tous les cas, même s’il est admis qu’il peut faire
exécuter des telles tâches par des tiers engagés à concourir à la satisfaction de l’intérêt
général au moyen de la concession ou de la délégation des services publics.
Dans la pratique, ces deux institutions (concession et délégation) ne sont possibles qu’en
dehors de ses attributions de souveraineté. Il s’agit des activités telles que, notamment,
l’administration centrale et ou locale du territoire national, la justice, la défense nationale,
l’économie et les finances, l’Education, la recherche et la technologie, poste, téléphone et
télécommunication, etc., séparément ou regroupés. L’autorité administrative reste donc libre
de se doter des moyens qu’elle estime les plus efficaces pour atteindre son objectif, celui de
satisfaire l’intérêt public107
La teneur de ce débat souligné ici, nous semble-t-il, marque l’ampleur des incertitudes, qui
existent en matière de définition, de modes de gestion et de contrôle des activités d’intérêt
général au sein d’un Etat.Tout est donc fonction de la volonté politique, qui crée ladite activité.
Parce qu’en fait, nous dit Didier TRUCHET, on ne qualifie pas une activité de service public
« pour le seul plaisir intellectuel de le qualifier (…) la définition est (…) conditionnée par le
contexte juridique dans lequel elle intervient.».108
Donc, on ne recherchera pas ici une nouvelle définition du service public parce
qu’ «impossible et ou introuvable » ;109 D’autre part, il ne nous appartient pas non plus de
douter de l’importance du service public.
Ainsi, comme nos prédécesseurs, en théorie, notre définition ne pourrait être qu’une définition
déductive, émanant de la compréhension de toutes les tentatives doctrinales préexistantes,
106
ETIEN, R. Droit administratif général, Op. Cit. p.55 et Ss.
107
Après étude de l’œuvre de LINOTTE, D. et alii., services publics et droit public économique, Op. Cit. p.143 et
SS., on peut conclure que les différents cabinets ministériels de l’Etat sont créés dans le but d’assurer la
gestion quotidienne des citoyens ainsi que de leurs droits fondamentaux ; De même qu’après l’étude des
enseignements doctrinales de LACHAUME, J.-F et alii, Op. Cit. p.77 et SS ; p147 et SS. Sans oublier ce qui
est dit dans la postface de l’ouvrage et avant le Doyen Léon DUGUIT enseignait, à propos, que « Les services
publics deviennent de plus en plus nombreux. (…) les gouvernants ont une mission singulièrement complexe
et des devoirs infiniment nombreux. Ils doivent assurer sans interruption le fonctionnement de tous ces
services, qui sont indispensables à la vie même de leur nation. (Si non) ils ne méritent pas de conserver leur
situation. (…) L’Etat n’est plus une puissance souveraine qui commande ; il est un groupe d’individus détenant
une force qu’ils doivent employer à créer et à gérer les services publics ». (Leçons de droit public général, Op.
Cit. pp.150-153)
108
TRUCHET, D. Op.Cit. p.326
109
IDEM, « Nouvelles récentes d’un illustre vieillard, label de service public et statut de service public », AJDA,
1982, 427 ; Linotte, Mestre et Romi, Op.cit., p.45
34
notamment celles données par Léon Duguit largement référencé dans cet enseignement ainsi
que René CHAPUS.110
De ce point de vue, il s’en suit qu’un débat d’école, qui pourrait éventuellement en résulter,
dépasse de loin l’intérêt pratique d’un Etat en crise, qui n’a pas besoin d’une spéculation
intellectuelle inutile. Car, en effet, des telles activités ne peuvent pas être satisfaites par le
marché, du fait qu’il ne prend pas en compte l’intérêt général que seul l’Etat peut garantir à
toute la collectivité publique.
Ceci demeure vrai en tout temps et surtout en temps de crise permanente ou presque
congénitale, comme celle qui sévit sans doute dans la sous-région des grands lacs africains,
en général, et en RD Congo, en particulier.
Or, comme on vient de le voir à l’ instant même, dans cette abondante doctrine dominante,
notamment avec le doyen Léon DUGUIT, « les services publics sont indispensables à la vie
même »111 de la nation et sont mis en place en vue de satisfaire l’intérêt public.
C’est donc de bon droit que l’on peut affirmer ici qu’il ne peut pas y avoir des services publics
fondés sur les besoins fondamentaux des populations inexistantes. Tout autant, il ne pourrait
jamais y avoir des populations, en leur diverses qualités, sans droits fondamentaux et devoirs
envers leur collectivité politique ; autant il ne pourrait exister des populations dépourvues de
nationalité ni de nationalité sans Nation encore moins, de citoyenneté sans Etat.
Autrement dit, comme on le verra dans notre liste des droits garantis par les lois au sein d’un
Etat,112 on peut affirmer avec la doctrine dominante en la matière, qu’il n’y a aucun droi t
opposable à l’Etat en dehors de sa législation.
A ce propos, la doctrine, notamment Dominique TURPIN, dresse une liste des protecteurs des
libertés113 et Didier TRUCHET établit la liste des acteurs du droit administratif parmi lesquels
on trouve le citoyen, qui dispose, autant d’ailleurs, d’un certain nombre des droits en plusieurs
110
CHAPUS, R., Droit administratif général, T1, 14e éd., Op. Cit. p569, n°748 : cette définition reprise par
beaucoup d’auteurs contemporains tourne autour de l’intervention d’une personne publique dans la création
d’une activité de service pour assurer la satisfaction de l’intérêt général de la population et qui laisse libre
parcours au pouvoir réglementaire de choisir les modes de gestion et ou régimes appropriés afin de mieux
satisfaire le besoin fondamental naturel pour lequel ladite activité a été créée.
111
Cfr. Supra, chapitre I, section 1, §3, note 61, DUGUIT, L, Leçons de droit public général, Op. Cit.
112
Cfr. infra, titre troisième, chapitre 7e établissant les rapports entre les services publics et les droits
fondamentaux du citoyen
113
TURPIN, D., Libertés publiques et droits fondamentaux, éd. Du Seuil Paris, 2004, 623p. : dans sa liste, on
trouve notamment comme organes protecteurs des libertés tant individuelles que collectives : le pouvoir
exécutif dans son ensemble qualifié de « noble gardien de la liberté générale » (p.117), le parlement qualifié
de « délégué de la liberté face au pouvoir » (p120), l’autorité judiciaire qualifié de « gardienne de liberté
individuelle »(p129), le juge administratif(p.145), le conseil constitutionnel et les chartes (p.170)
35
qualités vis-à-vis des pouvoirs qu’il accomplit, autant, en diverses qualités également, un
certain nombre des devoirs au sein de la société. 114
Il en va de même de toute l’abondante doctrine juridique, dont notamment René CHAPUS ,115
qui nous enseigne la notion de la responsabilité administrative pour ou sans faute, en vue de
protéger les citoyens, victimes des dommages causés par l’administration et ou par l es
agents publics. Ceci dit, on va maintenant dégager les différentes définitions de ce qu’on
appelle « service public ».
S/Section deuxième : Définitions : le service public est une activité d’intérêt général
A titre de rappel, il faut préciser, comme on vient de l’affirmer ci-haut, que depuis l’invention
du concept « service public » par ses fondateurs au tout début du XXe siècle, sa notion
coïncidait presque totalement avec le champ d’application du juge administratif ainsi qu’avec
celui de la compétence du juge administratif.
Pour l’appréhender, la doctrine est presqu’unanime de reconnaitre que le service public
s’emploie, on l’a vu, en deux sens presqu’indissociables, à savoir un, dit organique et l’autre,
matériel.
Mais, c’est le sens matériel s’analysant en une mission ou en une activité d’intérêt général
organisée par une personne publique, qui prime à notre époque contemporaine où certaines
missions de l’Etat peuvent être gérées par les personnes privées.
Voilà pourquoi, bon nombre d’auteurs, suivis en cela par une jurisprudence constante,
s’accordent d’admettre que le service public est « une activité d’intérêt général assumée par
les personnes publiques » pour satisfaire les besoins fondamentaux de la population(cfr
bibliographie Lachaume et alii p. 6 à14).
Dans cette définition, il y a lieu de distinguer deux substrats, à savoir qu’il s’agit, d’abord, d’une
activité (§1);et qu’ensuite, d’une activité d’intérêt général (§2) et que celle-ci est assumée par
une personne publique.
114
TRUCHET, D., Op.cit., pp. 143-161: par exemple: l’accès au droit et à l’intelligibilité de la loi(p146-), la
transparence administrative(p.147-), la participation(p.149-), le droit de s’adresser à l’administration(p.151-),
les droits en tant que personne humaine(p.155-) ainsi que les obligations et leurs sanction(p.159-)
115
CHAPUS, R., Droit administratif général, T1, 14e éd, Op.cit., pp.1209-1347
36
116
RIVERO (J.), Op.cit. p.419.
117
DELVOLVE, (P), « service public et libertés publiques », RFDA, 1985.1
37
Parce qu’en fait, la police administrative s’adresse en priorité aux activités des particuliers,
dont elle réglemente le comportement ; et, à ce titre, elle est donc, selon Jacques Chevalier,
« une activité de prescription »,118 alors que, dans la pratique, les services publics sont « des
prestations » ; c’est-à-dire des activités créées pour fournir des prestations indispensables à la
vie d’une nation, sans lesquelles rien ne pourrait, même au profit des activités des particuliers,
marcher dans la société.
En ce sens, elles peuvent même être confiées en mission de service public pour gestion,
selon la jurisprudence administrative, aux organismes privés, qui peuvent, non pas fournir une
prestation, mais édicter une réglementation ou la mettre en œuvre.119Dans le même ordre
d’idées, on admet, en théorie générale, que la police administration constitue, elle-aussi, une
véritable activité de service public, lorsqu’elle tend à assurer la protection des personnes et de
leurs biens.120. De plus, du point de vue organique, la police administrative est, en elle-même,
un service public et, à ce titre, elle ne peut s’exercer que par la technique de l’acte
administratif unilatéral et par voie contractuelle.121Toutefois, en théorie générale, on admet
toujours que l’existence des activités de service public dans le domaine économique peut
concurrencer celles des particuliers et parfois les rendre inutiles ou injustifiées ; surtout en cas
de monopole public à l’exemple de l’activité des assurances nationales en RD Congo avant la
libéralisation.
De plus, on souligne également aujourd’hui la différence qu’il faut opérer entre les missions
régaliennes de service public, liées à la souveraineté de l’Etat, telles que la diplomatie, la
monnaie et les impôts) et les simples prestations de service précitées (transports, eau, gaz,
électricité, enseignement, santé, etc.).
Mais, il reste qu’on peut s’interroger avec une partie de la doctrine sur la question de savoir si
l’on est légitimement fondé de distinguer la police administrative des autres prestations de
service fournies aux populations par l’administration, étant donné que la notion d’intérêt
général est non seulement présente dans les deux formes d’action administrative.
118
CHEVELLIER, (J), Le service public, Que sais-je ?, n°2359, p.21).
119
CE 31 juillet 1949, Monpeurt, Rec 239 ; GAJA, p.347 : Comités d’organisation ; CE 2 avril 1943, Bouguen, Rec.86 ; GAJA,
p.357 : Ordres professionnels ; CE, Sect., 22 novembre 1974, Fédération des industries françaises d’articles de sport,
Rec.537, concl. Théry ; D.1975.739, note Lachaume, JCP 1975.I.2274, art. Plouvin ; RDP 1975.1109, note Waline ; AJDA
1975.19, chr. Franc et Boyon : fédérations sportives.
120
Il en est ainsi, dans la jurisprudence Mimouni (CE 1é avril 1957, Rec.262 ; D. 1957.413, concl. Tricot ; S.1957.284, concl.
Tricot ; AJDA 1957.II.272, chr. Fournier et Braibant), du maintien de la sécurité publique
121
CE 8 mars 1985, Association les Amis de la Terre, Rec.73 ; RFDA 1985.363, concl. P.-A Jeanneney., Jacques Moreau, « De
l’interdiction faite à l’autorité de police d’utiliser une technique d’ordre contractuel », AJDA 1965.3.
38
Surtout lorsqu’il est également admis que la police administrative, en tant qu’un service
public, du point de vue organique, utilise certaines techniques juridiques employées dans
d’autres prestations de service dans l’action administrative.122Ceci dit, il faut insister sur le fait
que l’activité de service est surtout créée pour satisfaire un but d’intérêt général.
122
Lire à ce sujet pour plus de détails les auteurs tels que PICARD, la notion de police administrative, BDP, 2 vol., 1984 ;
Linotte et autres, la police administrative existe-t-elle ?, Economica, PU d’Aix-Marseille, 1988.
123
CE 25 mars 1966, Rec. 237.
124
LACHAUME (J.-F.), BOITEAU, (CL.) et PAULIAT, (H), Op.cit.
39
S/§ 1 : L’intérêt général, but du service public dans les activités des personnes privées
et publiques
Partant de l’hypothèse selon laquelle l’intérêt général est la mesure même du service, il faut
séparer les activités des personnes publiques qui couvrent l’intérêt général de celles des
personnes privées qui procèdent aussi à la satisfaction du même but collectif mais en
poursuivant un but lucratif. Parmi ces activités, se rangent toutes les boulangeries, les
alimentations, les professions de santé, les garages, les stations-services. Donc, ici, l’intérêt
général trouvant sa satisfaction en dehors du service public, il faut isoler la partie de l’activité
de service qui devrait être érigée en but du service public quand l’Etat entend satisfaire tel ou
tel autre besoin d’intérêt général lui-même, en dépit de l’existence du marché. C’est en ce
sens que, dans l’affaire Gemeente Arnheen(C-360/96), qui est l’une de ses jurisprudences
récentes datant du 10 novembre 1998, la cour européenne a jugé que le besoin d’intérêt
général autres que ceux de nature industrielle et commerciale ne sont pas insusceptibles
d’être satisfaits par le marché et qu’il est difficilement concevable que des autorités ne
puissent en aucun cas être exercées par des entreprises privées.
Toutefois, le principe est que, contrairement aux activités industrielles et commerciales des
privées qui poursuivent un but lucratif, dans la vie des personnes publiques, l’intérêt général
demeure toujours la raison même d’être de la création et de l’organisation des activités de
service public et justifie que de telles activités soient assumées par les personnes publiques
gratuitement ou à perte. Il reste évident que le débat n’a pas lieu lorsque les pouvoirs créatrice
d’une activité la qualifient de « service public » ; de même lorsqu’en la créant décide d’en
confier la gestion à une autre personne publique en mission de service public, le problème ne
se pose. En ce sens, on admet qu’il y a parfaite coïncidence entre les activités des personnes
publiques avec leur mission qui est celui de rendre le service au public.
Par contre, il arrive que certaines activités des personnes publiques ne rentrent pas dans leur
mission traditionnelle pour être qualifiées de « service public » et, partant, être considérées
comme poursuivant un but d’intérêt général. Parmi ces activités, la jurisprudence du CEF a
retenu, entre autre,
-l’organisation par une commune d’une fête locale dépourvue de tout caractère traditionnel
ancré dans la mémoire collective des habitants.125
-l’organisation par une commune une course de chevaux qui ne saurait se rattacher à une
mission de service public communal.126
125
CE 12 avril 1972, Chatelier, Rec.262 ; D.1973.545, note Duprat ;
40
-un café-restaurant installé sur le domaine public (ex du bois de Boulogne) faisant l’objet d’une
concession d’exploitation domaniale par un établissement public ayant son intérêt propre.127
-un entretien des bâtiments du culte où l’utilité générale confère aux travaux ainsi effectués
par la Commune, le caractère des travaux publics sans prétendre y voire une mission de
service public.128
-la gestion de leur domaine privé par les collectivités publiques qui ne se rattache pas à leur
mission de service public.129A la suite de cette abondante jurisprudence, on conclut en
doctrine que toutes les activités des personnes publiques ne sont pas nécessairement des
activités de service public ; quand bien même l’intérêt général, non pourtant caractérisé
puisque n’étant pas le but même du service, se trouve satisfait par le jeu de la connexité
d’objet réalisé par l’établissement public en cause. Donc il ne peut être considéré que comme
une simple extension de la finalité même du service ainsi créé et organisé par la personne
publique.
126
CE, sect., 30 octobre 1953, Bossuyt, RDP 1954.178, note Waline ;
127
CE 12 mars 1999, ville de Paris, DA 1999, n°127 ;
128
CE 10 juin 1921, Commune de Monségur, S.1921, 3.49, conclusion Corneille, note Hauriou, RDP 1921.361, concl.
Corneille, note G. Jèze ;
129
TC 25 juin 1973, Office National des Forêts c/ Beraud, Rec.847 ; D.1975.350, note Comte ; AJDA 1974.29, note Moderne ;
TC. 6 janvier1972 Consorts Apap c : Etat français, Rec. 792 ;
130
Le Tribunal des Conflits Français par sa décision du 9 décembre 1899 ;
41
131
Il en est ainsi des activités telles que les énergies nécessaires à la vie communautaire (électricité, gaz, l’eau, charbon,) de
la poste et des télécommunications, du transport, des habitations, de la santé, de la justice, de la défense et sécurité,
des finances, de l’alimentation, etc.
42
**************************************
43
CHAPITRE TROISIEME :
APPORT DU SERVICE PUBLIC DANS LA DEFINITION DES NOTIONS-CLES
DU DROIT ADMINISTRATIF GENERAL
Il faut entendre par notions-clefs du droit administratif, tous les moyens d’action dont se dote
l’Administration publique pour accomplir sa double mission de satisfaire l’intérêt général et de
maintenir l’ordre public. Au départ, on l’a déjà vu, le problème ne se pose pas parce que
l’accomplissement d’une mission de service public et l’activité de maintien de l’ordre public
exigeait la présence d’une personne publique et l’application du droit public. Après la crise de
la notion de service public résultant du fait que les personnes privées intervenaient à divers
titres dans la réalisation d’une mission d’intérêt général, l’équation service public-droit
administratif a perdu son actualité de telle sorte qu’il fallait désormais examiner de près
chaque cas d’espèce afin de déterminer les régime juridique applicable. C’est ainsi que la
doctrine dominante à laquelle nous appartenons aujourd’hui,132affirme c’est la notion de
service public qui nous aide à déterminer la personne responsable de l’acte ayant fait grief et
du même coup, le régime juridique applicable dans le cas d’espèce. Sans doute ce rôle est
pleinement rempli aussi bien dans la définition des actes administratifs (1), de l’agent
public(2), du domaine public (3), du travail public (4), que dans celle de la responsabilité
administrative (5)
132
De Laubadère, (A), « Revalorisations récentes de la notion de service public en droit administratif français », AJDA
1961.591 ; Huilier, deux chroniques relatives au service public, D.1955.91 ; Chapus, (R), « service publique et la puissance
publique », RDP 1968.235 ; Amselek, « Réponse à l’article de R. Chapus », AJDA, 1968.000 ; Lachaume, « Remarques sur
quelques aspects récents du renforcement jurisprudentiel de la compétence de la juridiction administrative », Mélanges
Waline, 1974, p.479 ; Mfuamba Lobo Muenga, Problématique de la « transposabilité » de la théorie générale des services
publics dans la sous-région des grands lacs : cas de la RD CONGO », thèse, Paris 13, 2011 ; Laingui, Caractères et fonctions
des notions en droit administratif, thèse, Rennes, 1992 ; Truchet, (D), Les fonctions de l’intérêt général dans la
jurisprudence du Conseil d’Etat, BDP, n°125, 1977 ; Linotte, (D), Recherches sur la notion d’intérêt général en droit
administratif français, thèse, Bordeaux, 1975
44
de l’acte unilatéral ou du règlement autonome pris par une personne publique, dans l’exercice
de ses fonctions ;en l’occurrence le premier ministre, en sa qualité de chef de gouvernement
et d’autorité dotée du pouvoir réglementaire. Ses actes sont dits décisoires, puisqu’ils ont la
même portée que la loi ; c’est-à-dire ils sont impératifs et imposables à tous les citoyens sur
toute l’étendue du territoire national. Autrement dit, ils ont une portée générale et
transcendantale. Donc, d’un point de vue organique ou structurel, on les reconnait, non
seulement grâce à la place qu’occupe leur auteur dans la hiérarchie administrative et
technique, mais aussi et surtout à sa compétence tant matérielle, personnelle que locale. Par
exemple, dans le cas du premier ministre, on dit qu’il détient le pouvoir de police générale.
Tandis que, d’un point de vue matériel ou fonctionnel, quand le ressort du pouvoir du premier
ministre s’étend à toute l’étendue du territoire national,les autres autorités administratives, en
l’occurrence les autres membres du gouvernement, les chefs de service et autres autorités
administratives qu’elles soient indépendantes ou locales, exercent un pouvoir de police
spécial. C’est donc grâce à la notion de service public qu’on parvient à déterminer leurs
compétences respectives et à opérer une différence technique entre elles. Dans la
jurisprudence suivie en cela par la doctrine, à laquelle nous appartenons aujourd’hui, on
affirme qu’ils sont actes administratifs par la nature administrative de leur auteur133que ce
dernier soit une autorité administrative de l’Etat, d’une collectivité territoriale locale ou d’un
établissement public.134Dans le deuxième cas, les actes des personnes privées gérant un
service public industriel et commercial sont identifiés par l’exercice des prérogatives
exorbitantes de droit commun ou de puissance publique. Du coup, si le service public est de
nature administrative, il a été jugé que tous les actes (individuels ou réglementaires) relatifs à
la gestion de ce service sont assimilés aux actes unilatéraux, malgré leur édiction par une
personne privée.135Il en est ainsi de tous les actes relatifs à l’organisation et au fonctionnement
dudit service édictés par les gestionnaires publics ou privés à l’occasion de l’exercice de leurs
fonctions de gestionnaire.136Partant, il faut admettre, avec la jurisprudence suivie en cela par la
doctrine à laquelle nous appartenons aujourd’hui, que le critère matériel prédomine celui de
133
CE, 6 décembre 1907, Cie des chemins de fer de l’Est, Rec.913, conclusion de Tardieu ; S.1908.3.1, note Hauriou, concl.
Tardieu ; D.1909.3.57, concl.Tardieu, RDP 1908.38, note de Gaston Jèze,cités par Lachaume, Op.cit., p.77
134
TC 22 avril 1974 dans l’affaire Directeur Régional de la sécurité sociale de Nancy conter Dame Léotier, D.1974, note
Lachaume, Idem, ibidem.
135
CE du 13 janvier 1961 dans l’affaire Magnier ; CE, Sect., du 22 novembre 1974 dans l’affaire Branchet
136
TC 15 janvier 1968, Cie Air-France contre époux Barbier, Rec.789, concl. Kahn, RDP 1968.893, note Waline ;Voir aussi :
D.1969.202, note Auby ; AJDA 1968.225, chr.Massot et Dewost ;GAJA, p.621 ; GDJDA, p.117 ; TC 17 avril 2000, Préfet du
Val de Marne, Air-France, D.2000, Inf.Rap.135
45
l’organe.137Il en va ainsi de tous les actes des personnes publiques gérant un service public
industriel et commercial, à propos desquels il a été jugé qu’ils sont des actes administratifs du
simple fait d’être pris par leurs auteurs publics (cas des entreprises publiques gérant un
service public industriel et commercial) dans l’organisation du service public.138Il en est de
même des actes dits individuels ou collectifs.
137
TC du 2 mars 1987, Gounot, Rec. 446 ; Chapus,(R), Droit Administratif, 13è éd., Montchrestien, Paris, n°717 ; Geffroy,
« service public et prérogatives de puissance publique. Réflexions sur les déboires d’un couple célèbre », RDP 1987.49
138
TC français, 12 octobre 1992, dans l’affaire du Syndicat CGT d’EDF, Rec., 490, CJEG 1993.480, note Lachaume ; CE du 28
juin 1989, dans l’affaire Association « Etudes Consommation CFDT », CJEG 1990.180, note Lachaume ; CE, Ass., 7 juillet
1995, Damiens, Rec.290 ; LPA 1995.131.6, concl. Bonichot ; AJDA 1995.692, Chronique Stahl et Chauvaux ; CJEG
1995.449 , note Collin et Delpirou, cités par Lachaume, op.cit, p.78
139
Dans sa note adressée au CE, Ass., 17 juillet 1967 dans l’affaire Allegretto, Carron avait soutenu que les « décisions
d’attribution ou de retrait de la carte de Docker professionnel constituaient des actes administratifs, car édictés par des
autorités administratives portuaires dans le cadre de l’exercice de leur mission de service public administratif. Ce qui
avait conduit à l’abandon de la jurisprudence Avallone du CE, 23 janv. 1953 ; Waline soutint la même chose dans
l’affaire Préfet de Paris immatriculant un enfant comme pupille de l’Etat, TC é avril 1973 ; de même que Franc et Boyon
dans leur note au CE, Ass., 8 nov.1974 dans l’affaire Bender ; Moderne dans sa note au CE 3 mars 1975 dans l’affaire
Courrière où il estime que les décisions relatives à l’assiette des coupes de bois dans les forêts de l’Etat étaient des actes
administratifs détachables de la gestion privée du domaine pris par les autorités dans le cadre de leur mission de service
public administratif.
140
Rapport avec l’usager : CE 21 avril 1961 dans l’affaire Veuve Agnési, Rec.253 ; Rapport avec son agent : CE 8 mars 1957
dans l’affaire Jalenques de Labeau, Rec. 158, note Mosset et de Laubadère ; JCP 1957.II.9987, note de Dafau ;
141
CE 14 janvier 1998, dans l’affaire Commune de Toulon, Rec. 8 ; RFDA 1998.460 ; DA 1998.82
46
142
Présomption d’administrativité : TC 21 mars 1983, Rec.537 ; AJDA 1983.356, note de Labetoulle ; RA 1983.368, note
Pacteau ; voir également D.1984.33, note Hubrecht et J.-B. Auby ; Objet de droit privé : CE 16 avril 1969, SNCF, Rec.194 ;
CE 11 mai 1990, bureau d’aide sociale de Blénod-les-Ponts-à-Mousson, Rec.123 ; CJEG 1990.348, concl. Hubert ; AJDA
1990.615, note Colly ; CE 1er mars 2000, Commune de Morestel
143
CE 20 avril 1956, dans l’affaire Bertin ; Commentaires de Lachaume dans les arrêts Bertin et Grimouard, AJDA, p.373,
note Auby sous CE 26 juin 1974, dans l’affaire Sté La Maison des Isolants-France, RDP 1974.1486
144
TC 14 nov. 1960 dans l’affaire Sté Vandroy-Jaspar, Rec.866 ; AJDA 1961.89, note de de Laubadère
145
Dans l’affaire Sté des granits porphyroïdes des Vosges : CE 31 juillet 1912 ; dans l’affaire Sté d’exploitation
électrique de la rivière du Sant. : CE, Sect., 19 janvier 1973 ; AJDA 1973.358, chr Léger et Boyon ; JCP 1974.II.17629,
note Pellet ; CJEG 1973.239, concl. Rougevin-Baville, note Caron ; GDJDA, p.378
47
146
CE, Sect., 13 déc. 1963 dans l’affaire Syndicat des praticiens de l’art dentaire du département du nord ; AJDA 1964.25,
chr. Fourré – Mme Puybasset ; D., 1964.55, concl. Braibant ; GDJDA, p.366 ; TC 3 mars 1969, etc
147
TC 8 juillet 1963 dans l’affaire Entreprise Peyrot, GAJA, p.603 ; TC 16 mai 1983, SA Cie Toulousaine de Transports publics
de voyageurs de l’agglomération de la région toulousaine, Rec. 659 ; CE Sect., 30 mai 1975, Sté d’équipement de la
région montpelliéraine, Rec. 326 ; AJDA 1975.345, chr.Franc et Boyon
148
CE, Sect., 4 juin 1954, Rec . 342, chr. Chardeau, AJDA 1954.II.bis 6 ; CE, Sect. 20 mars 1959, dans l’affaire Lauthier,
Rec.198, RDP 1959.770, concl. Bernard ; D. 1960.280, note de Laubadère, etc
149
CE 26 janv. 1923 dans l’affaire de Robert Lafreygère, GAJA, p.245 ; CE 8 mars 1957 dans l’affaire Jalenques de Labeau
déjà citée. Il en est de même si les contrats des agents contiennent chacun les clauses exorbitantes du droit privé ou
s’ils sont soumis au même statut que le personnel fonctionnaire du service : CE, Sect., 15 déc. 1967 dans l’affaire Level,
Rec. 501 ; AJDA 1968.228, Chr. Dewost et Massot
48
150
CE 28 juin 1935 dans l’affaire Marécar, Rec. 734 ; D. 1936.3, 20, concl.Latournerie, note Waline
151
CE., Ass. 11 mai 1959, dans l’affaire Dauphin, Rec. 294 ; D. 1959.314, concl. Mayras ; GDJDA, p.529
152
TC 10 juin 1921, dans l’affaire Commune de Monségur déjà citée ; TC 8 février 1965, dans l’affaire Henri Martin, Rec.
811 ; Lachaume et alii, Op.cit., p.89
153
CE 14 octobre 1966, dans l’affaire Ville de Montdidier, Rec.539
49
154
TC 28 mars 1955 dans l’affaire Effimieff suivie par les arrêts Béton, Bertin, CE, Sect., 20 avril 1956, Grimourd, GAJA,
p.520 ; GDJDA, p.373 ; CE, Ass., 12 avril 1957, dans l’affaire Mimouni, Rec. 261 ; AJDA 1957.II.272, chr .Fournier et
Braibant en confirmation du principe ;
155
TC, 30 juillet 1873, pelletier, GAJA, p.9 ; GDJDA, p.553
156
CE 3 février 1911, dans l’affaire Angeut, GAJA, p.141, GDJDA, p.568 ; - CE 26 juillet 1918dans l’affaire Lemonnier, GAJA,
p.201 ; GDJDA, p.571 ; - CE, Ass., 26 octobre 1973 dans l’affaire Sadoudi, Rec.603 ; GDJDA, p.574
50
157
CE, Ass., 10 avril 1992, GAJA, p. 760 ; GDJDA, p. 557, concl. Légal ; CE, Sect., 3 novembre 1997, Hôpital Joseph Imbert
d’Arles, rec. 412 ; AJDA 1997.959, Chr. Girardot et Raynaud
158
Voir à ce sujet l’arrêt du CE du 19 décembre 1969 dans l’affaire Etablissement Delannoy ; CE, Sect., 2 février 1979,
Ministre de l’agriculture contre Gauthier, Rec. 39, AJDA 1979.48, n°11, concl. Dondoux ; JCP 1980.II.19378, note Simon ;
GAZ. Pal 1980.I.282, note Plouvin
159
Truchet, (D), « Label de service public et statut du service public», AJDA 1982.427 et s. ; CE 28 juin 1963, Narcy, GDJDA,
p.209
160
Favoreu, (L), « Les bases constitutionnelles du droit des collectivités locales », in La nouvelle décentralisation, S 1983.33 ;
Mfuamba Lobo Muenga, Thèse, Op.cit
51
de vue de l’intérêt général national qui ne peuvent pas être laissés à l’initiative des autorités
locales sans risque de glisser vers le fédéralisme. Il en va ainsi des tous les services qui
constituent le fondement de son existence et l’exercice de sa souveraineté.161Mais en doctrine
on admet que ce principe n’empêche pas les autorités locales d’exercer leurs compétences
constitutionnelles et légales en la matière dans le cadre des lois sur la décentralisation qui les
précisent.162Ceci dit, examinons à présent, la question de la nature juridique de la compétence
de l’Etat.
161
En France, par exemple : CC 25 février 1982, décis 82-137 DC, « Lois de décentralisation », GDCC, n°32, p.504 ; CC, DC
n°96-380 DC du 23 juillet 1996, « Loi relative à l’emprise nationale France Télécom », AJDA 1996.696, note
O.Schrameck
162
Peyrical, (J.-M.) « Réflexions autour de la sphère des compétences particulières des Communes », D.1998, Chr.341, qui
évoque « la nécessité d’une définition législative nationale d’un minimum de compétences obligatoires » pour les
entités locales, l’en occurrence les Communes.
163
CC 25-26 juin 1986, Privatisations, GDCC, n°39, p.667 ; CE 7 juin 1999, dans l’affaire Syndicat hippique national et autre,
RFDA 1999.887 ; CE, Sect., 27 octobre 1999, Rolin, AJDA 1999.1043, Chr. Fombeur et Guyomar, 1008, RDP 1999.1845,
concl. A Daussun ; Mise à disposition des textes aux organes de gestion des Syndicats professionnels constitue un service
public : CE 17 déc. 1997, Ordre des Avocats à la Cour d’Appel de Paris, AJDA 1998.362, concl. J.-D Combrexelle, note B.
Nouel, le juge avait qualifié cela de mission de service public ; J.-P. Bouchut, AJDA 1998.291 ; Rapport public du CE 1999,
l’intérêt général, 272 et s. ; CE 2 juillet 1969, Ministre de l’Education nationale contre Association d’éducation populaire
« L’Espérance » à confolens, Rec.351 : a consisté dans un refus d’homologation d’un circuit de transport scolaire qui ne lui
paraissait pas utile au regard de la carte scolaire, exemples cités par Lachaume et alii, Op.cit.pp.100-103
52
164
Lire à ce sujet, en doctrine, Chapuisat et Bouyssou « Commentaires de la loi du 7 janvier 1983», AJDA 1983.81 sur la
décentralisation en France.
165
Du Bois de Gaudusson (Notamment), « L’usager du service public administratif, BDP 1974, tome 65, 111, cité par
Lachaume et alii, Op.cit.p.112 ; CE 25 juin 1999, Association amicale de bienfaisance des écoles libres de Saint-Marc-sur-
Mer, AJDA 2000.81, note Chouvel
166
Lire à ce sujet avec intérêt, à propos de la différence entre les services publics obligatoires et les dépenses publiques
obligatoires du fait qu’ils ne se recoupent pas nécessairement au niveau local : Mescheriakoff, (A.-S.), Droit des services
publics, PUF, Coll. « Droit fondamental », 2è éd., 1997, n°55, 133 et s. ; Peyrical, (J.-M.), « Réflexions autour de la sphère
des compétences particulières des Communes », D.1998, Chr.341, spécialement 342 ;
53
d’attribution ; sauf bien entendu dans le domaine industriel et commercial où il a toujours été
jugé et soutenu en doctrine qu’une collectivité territoriale reste compétente pour apprécier, « in
concreto » et exceptionnellement, les besoins locaux de ses administrés en vue de créer
l’ensemble des services publics indispensables à la vie de la nation, si l’initiative privée ne
parvient pas y pourvoir ; malgré qu’on estime toujours qu’elle ne peut pas le réaliser sans
concurrencer déloyalement les activités privées et violer ainsi la liberté de commerce et de
l’industrie.167
167
CE 16 décembre 1988 , Association des pêcheurs aux filets et engins, Garonne, Isle et Dordogne maritimes, RDP
1989.521, concl. E. Guillaume, AJDA 1989.82, chr.M Azibert et de Boisdeffre pour les activités telles que ravitaillement,
boucherie , Cabinet dentaire, cabinet médical, théâtre, cinéma, station-service; TA Clermont-Ferrand, 21 octobre 1983,
Tay ; CE 25 juillet 1986, Commune de Mercœur contre Morand, DA 1986.489 :Café-restaurant, bar-restaurant, etc. ; CE 4
juillet 1984, Département de la Meuse c/ poilera et autres, RFDA 1985.58, observations Douence ; RDP 1985.199, note de
Soto ; CE 27 oct.1971, Delle Degraix, Rec.632 ; CE, Sect., 23 juin &çèé ? Société La plage de la Forêt, Rec.477, AJDA
1972.452, chr. Labetoulle et Cabanes, RDP 1972.1259, concl. A. Bernard ; CE 12 juin 1959, Syndicat des exploitants
cinématographiques de l’Oranie, Rec.363, AJDA 1960.85, concl. Mayras ; D.1960.402, note Robert ;CE, Sect., 20nov. 1964,
Ville de Nanterre, Rec. 563, GDJDA, p.275 ; Chapus, (R), DA, n°234, p.297
168
CE 9 mars 1951, Ville de Villefranche-sur-Saône, Rec.145 ; Auby, « L’incompétence ratione temporis », RDP 1953.1 ;
Blumann, La renonciation en droit administratif français, BDP, tome CXIII, p.257
54
§ 2 : Problème de la création d’un service public par une personne publique (un Ets.,
par exemple)
L’établissement public, on le verra, un est mode de gestion personnalisé de service public.
Donc, par principe, le problème ne se pose pas étant donné que seules personnes publiques
créatrices, qui sont principalement les collectivités publiques territoriales) d’un service public
sont compétentes pour en déterminer le mode de gestion par elles –mêmes directement par
leurs déléguées. Et généralement, les services publics précèdent la détermination de leur
mode de gestion ; mais il arrive souvent que les deux soient créés en même temps par le
même texte ; en ce cas, c’est le texte qui crée qui en précise non seulement l’objet et la
spécialité mais également et surtout le mode de gestion.
§ 3 : Problème posé par les services publics indifférenciés ou services publics virtuels
Ici il faut souligner que leur création ne résulte pas nécessairement d’une œuvre de l’autorité
publique. Ils peuvent être créés par les particuliers dans une dépendance de l’Etat pour
assurer la protection de leurs intérêts professionnels. Il en va ainsi des syndicats
professionnels, des mutuels d’entraide de toutes sortes dans divers domaines de la vie
sociale. Par exemple, dans le domaine agricole, sanitaire, de sécurité de justice, de
l’enseignement, des ordres professionnels tels que Ordre des avocats, ordre des médecins,
Ordre des Pharmaciens, des coopératives agricoles, etc.
*****************************
169
CE 12 avril 1973, Chatelier, Rec.262 ; D. 1973.545, note Duprat ; CE 12 mars 1999, Ville de Paris, DA 1999.127
170
De Laubadère, (A), « Revalorisations récentes de la notion de service public », AJDA 1961.596
55
CHAPITRE QUATRIEME :
DE L’ANALYSE DES PRINCIPES DE CREATION, D’ORGANISATION ET
DEGESTION DES SERVICES PUBLICS
On séparera ici les règles relatives à l’organisation de celles qui se rapportent à la création
des services publics au sein de l’Etat, pour mettre en exergue, non seulement, le
comportement médiocre et irrégulier de notre élite dans son ensemble, mais aussi et surtout,
l’incertitude caractérisée desdites règles fondamentales, qui régissent le domaine des services
publics dans son ensemble aussi.
L’objectif final est de parvenir à démontrer en conclusion que sans conscience collective, sans
élite consciente et responsable, sans unité nationale et amour de la patrie, fruits d’une société
réconciliée avec elle-même, la RD Congo n’existerait, comme à ses débuts depuis 1960 à ce
jour, que sur le plan purement formel, comme un château des cartes avec les menaces
permanentes d’une explosion (balkanisation) à la porte.
171
ODERZO, J.-C, « La référence au service public dans les textes législatifs français », RRJ, 2000, p.1577, cité
par GUGLIELMI, G., KOUBI, G.et DUMONT, G., Op.cit. pp.175, n°374 et s.
172
DOUENCE, J.-C, « les incidences du caractère national ou loca du service public », AJDA, 1997, n° spécial :
« le service public unité et diversité », p.115, ibidem, p.376, n°377 et s. ; CE, 29 avril 1970, Sté Unipain,
Rec.p.280, AJDA 1970, p.430, concl. Braibant ; RDP 1970, p1423, concl. Waline, ibidem, p176, n°377-378
173
GUGLIELMI, G., KOUBI, G. et DUMONT, G., Op.cit., p.173, n°369
56
174
DE LAUBADERE, A. et VENEZIA, J.-C, Op. Cit., pp. 87 et 339
175
DUGUIT, L., Leçons, Op.cit p. 150-151 : selon les enseignements du Doyen contenus dans ces lignes ci-
référencées, qui nous ont largement inspiré « certains services publics existent et existeront encore tant qu’il y
aura des sociétés humaines(…), ce sont des services de guerre, de police et de justice. Les gouvernants
doivent assurer la défense de la société contre les ennemis de l’extérieur. Ils doivent assurer la paix à
l’intérieur et une égale justice à tous les membres du corps social(…). S’ils n’en ont pas le pouvoir et s’ils ne
savent pas remplir ces fonctions, ils ne méritent pas de conserver leur situation ; leur puissance n’est plus
légitime et elle doit cesser »
176
GUGLIELMI, G., KOUBI, G. et DUMONT, G., Op.cit., pp.151-295, n°327- reprennent ici les leçons sur
l’ensemble de ces principes tant au niveau de l’administration centrale qu’au niveau local ; LINOTTE, D,
MESTRE, A. et ROMI, R., Services publics et droit public économique, Op.cit. pp.143-349 : d’après nos
analyses, ces auteurs font de même en analysant les principes en termes des structures administratives et
politiques d’intervention de l’Etat dans la vie de la nation et en matière économique; LACHAUME, J.-C,
BOITEAU, C. et PAULIAT, H., Op.cit., pp.15 et 99-138 nous décrivent les règles en détail et en stigmatisent
les problèmes communs rencontrés tant au niveau national que local ; PETIT, J. et FRIER, P-L, Précis de
droit administratif, Op.cit. pp182-239, nous en donnent la substance au cours de l’action administrative dans le
rang des finalités de l’action administrative ; « L’intérêt général », Rapport du Conseil d’Etat, EDCE 1998,
n°253, cité par PETIT et FRIER, p183 ; Arrêt Terrier, CE, 6 fév. 1903 : GAJA, n°12 ; Arrêt Naliato, TC, 22
janv.1955 : Rec. CE, p.614 ; Arrêt Magnier, C.E.13 janv.1961 : RDP 1961, p155, concl. FOURNIER ; Arrêt
Narcy, C.E.28 juin 1963 : Rec. C.E, p.694
177
CHAPUS, R., Droit administratif général, Op.cit., p.612, n°795
57
Tels sont, notamment, les besoins de sécurité sous toutes ses formes, de justice, de transport,
de communication, de diplomatie, de s’approvisionner tant en énergie qu’en denrées
alimentaires de première nécessité (gaz, électricité, eau, charbon de bois, bois de chauffage),
de formation et ou d’instruction (professionnelle, de recherche scientifique).
Cependant, du point de vue juridique, il est admis que « toute activité humaine est d’intérêt
collectif ».178
Dans ce même ordre d’idées, selon la doctrine, la création d’une telle activité « résulte d’un
acte de volonté formel des autorités publiques » 179 ; dansl’objectif de répondre aux besoins de
la population au sein de l’Etat.
Et chez les juristes, le débat est dominé par la distinction de deux points de vue, dont l’un est
organique et l’autre matériel.
Tandis que le premier concerne l’autorité compétente (les organes constitutionnels de l’Etat et
sur leurs domaines respectifs de compétence qui peut être légale et ou réglementaire,
générale et ou spéciale), le deuxième (aspect matériel) renvoie à la compétence personae,
materiae ou loci).
Mais, on a déjà vu que les deux aspects organique et matériel sont indissociables. D’ailleurs,
d’après la doctrine,180 on peut dire, de nos jours, que la distinction constitutionnelle des
domaines de compétence, en domaine de la loi réservé au législateur national et en celui du
règlement attribué au pouvoir exécutif, règle la question.
Toutefois, le débat demeure quant à la question de savoir si, dans l’exercice de leurs
compétences respectives, les uns et les autres ne violent pas les libertés fondamentales tant
individuelles que collectives accordées aux citoyens. Et, à notre humble avis, c’est ce qui
justifie amplement à la fois l’institution du juge pour prévenir tout abus de l’autorité et son
intervention dans tous les cas de violation contre tout acte de l’autorité ayant fait grief.
A ce propos, en cas de violation d’un droit subjectif, le juge examine, au cas par cas, si
l’autorité compétente n’a pas commis d’erreur d’appréciation manifeste dans le cas où sa
compétence était exclusive et discrétionnaire ou encore résiduelle conformément aux
dispositions constitutionnelles, qui la prévoient.181
178
LINOTTE et alii, ibidem, p48, n°114
179
PETIT, J. et FRIER, P-L., Op.cit. p. 188, n°314
180
CHAPUS, R., Droit administratif général, T1, 14e éd., Op.cit. pp.612-614, n°796-798 ; FRIER, P.-L, et PETIT,
J., Op.cit., pp. 189-194, n°315-322 ; GUGLIELMI, G., KOUBI, G. et DUMONT, G., Op.cit. pp.154-163, n°333-
347
181
GUGLIELMI, G. KOUBI, G. et DUMONT, G, Op.cit. pp.158-163, n° 340-. PETIT, J. et FRIER, P.-L., Op.cit, pp.
191-
58
182
IDEM, ibidem, pp.185 et SS
183
PETIT, J. et FRIER, P.-L., Op.cit. pp.471 et suivantes, n°786 et suivantes ; LACHAUME, J.-F, BOITEAU, C. et
PAULIAT, H., Op.cit. pp.97-102
184
C.E. 28 juin 1963, Narcy, GDJDA, p.209, cité par LACHAUME et alii, Op.cit. ibidem
185
Dans l’histoire, les constitutionnalistes nous renseignent, dont notamment Eric OLIVA, que sous l’Etat légal,
par opposition à l’Etat de droit constitutionnel moderne actuel qui applique le principe de séparation des
pouvoirs et la hiérarchie des normes juridiques, le parlement se comportait en véritable souverain considérant
qu’il ne pouvait y avoir aucune disposition légale qui lui soit supérieure ; ce qui ne pouvait aller sans abus
59
De notre point de vue, c’est parce que c’est l’autorité administrative, organe d’exécution des
lois, habilité à prendre les mesures pratiques de leur exécution, qui est à même de justifier son
action sur terrain.
Toutefois, le débat sur cette question reste ouvert.186 Et le bel exemple du renforcement des
compétences de l’exécutif est donné par la constitution française de 1958.
Aujourd’hui, elle est suivie en cela, mutatis mutandis, par la constitution congolaise de la
troisième République (autant que par toutes les autres constitutions de l’Afrique noire
francophone).
A ce propos aussi, du point de vue constitutionnel classique, le pouvoir réglementaire
appartient à la fois au premier ministre et au président de la République, par décret et ou
ordonnance, c’est selon, délibéré en conseil des ministres et contresigné par le premier
ministre.187
Suivant que l’on se trouve dans l’Etat fédéral ou l’Etat unitaire, les compétences se
répartissent toujours entre le parlement national ou fédéral et les assemblées provinciales ou
entités fédérées et ou entre le gouvernement national et les exécutifs provinciaux ou fédéraux.
Selon que la compétence appartient au législateur ou au pouvoir réglementaire (principe de
séparation des pouvoirs horizontale et verticale oblige).
Mais, la doctrine est presque unanime de reconnaitre qu’il n’existe pas de dispositions
constitutionnelles qui limitent le nombre des ministères et ou qui exigent absolument soit un
regroupement ou une scission.188 Il peut y en avoir autant que possible, si le besoin
fondamental de la population à satisfaire l’exige. L’autorité peut scinder une activité en
plusieurs ou regrouper plusieurs activités pour beaucoup plus d’efficacité de l’action publique,
selon que l’intérêt général le commande.
C’est pourquoi, au sein de l’Etat, moderne soit-il, tout se prête toujours à des critiques, dues
parfois aussi bien à l’incertitude des règles que purement à la faiblesse humaine.
186
C.E avis du 6 février 1953, RDP, 1953, p. 170 ; CE, sect., 13 novembre 1953, Chambre synd. des industries et
du commerce des cartouches de chasse ; CE, 22 février 2007, APREI, préc. ; CE sect. ; 6 avril 2007,
Commune d’Aix-en-Provence, req.384736 ; AJDA 2007, p. 1020 chron. cités par GUGLIELMI, G. et alii,
Op.cit., pp.155-156, n° 333-334, notes 2, 3 et 6 ;
187
CHAPUS, R., Op.cit. pp.614-615 ; C.E. 29 janvier 1932, Soc.des autobus antibois non dissociable du régime
de l’exploitation du domaine public, v. DAG.II., n°250 ; C.EAss.13 mai 1983, SA René Moline, p.191, AJ 1983,
p.624, note M. Bazex, rev.adm.1983, p.578, note B. Pacteau. Cfr. ici les articles de la constitution congolaise
de la troisième République équipollents à ceux de la constitution française de 1958
188
LINOTTE, D., MESTRE, A. et ROMI, R., Op.cit., p145, n° 307-309.
60
Désormais, selon la doctrine, un débat s’est installé sur la question de savoir si un service
industriel et commercial, en monopole public de principe, pouvait être confié en mission de
service public aux particuliers.189
Ce débat conduit inévitablement n’importe quel expert en droit de conseiller un certain
réalisme aux autorités publiques compétentes pour créer un service public.
§ 3 : Du réalisme du principe de création des services publics
En l’état actuel du système romano-germanique, auquel notre droit positif appartient, il n’est
plus de doute que l’application du principe de création et d’organisation des différents services
publics obligatoires ne dépend nullement, ni de la forme de l’Etat, ni de celle de son
gouvernement.
Pour notre part, que le gouvernement soit autocratique ou démocratique, il y est obligé.
Puisque c’est clair que les services publics justifiant sa propre existence, il y va de son propre
intérêt de les créer et de les faire fonctionner régulièrement.
Mais, à ce propos, la doctrine reconnait que le législateur ne dit pas toujours clairement dans
le texte, s’il crée ou non un service public.
Ainsi, les tentatives doctrinales, en la matière, n’ayant presque pas totalement tranché la
question, il appartient à l’autorité d’en apprécier l’opportunité de le faire et au juge d’en juger,
en cas du contentieux administratif, au cas par cas ;190tant il est vrai que dans sa
souveraineté, l’Etat demeure libre de créer les services publics dans le but de satisfaire
l’intérêt général.
Et dans ce but, il reste libre aussi d’« entraver », en quelque sorte, le libre exercice de
certaines activités industrielles et commerciales dans les domaines jugés stratégiques,
pourtant régulièrement confiées aux particuliers.191 Par conséquent, il faut admettre que cela
ne puisse point être exempt de risque d’abus dans le chef de l’autorité administrative.
189
LACHAUME, J-F., BOITEAU, C. et PAULIAT, H. Op.cit. p. 59
190
LINOTTE et alii, Op.cit, pp.61-70 : selon cette doctrine, l’idée des incertitudes des critères des services
publics se rapporte à l’indétermination des catégories des services publics à l’heure actuelle due pour une
large part au succès qu’a connu la notion de service public en matière économique avec l’apparition des
services publics industriels et commerciaux à tel point que les critères (qualification législative, objet de
service, but d’intérêt général, mode de financement, régime juridique) jusqu’ici retenus ne parvenaient plus à
trancher la question de la définition d’un en service public ; seul le cas par cas examiné par le juge en fonction
des faisceaux d’indices et des circonstances de fait ayant conduit à la création du service concerné permette
de déterminer le responsable de la réparation des dommages.
191
CHAPUS, R., Op.cit. pp.693-694 ; Linotte et alii, Op.cit., p.128 : selon cette doctrine, suivie en cela par
abondante jurisprudence, en France, la police générale ou les polices spéciales de l’ordre public peuvent
entraver l’exercice de certaines activités commerciales et industrielles telles que le cinéma, l’organisation des
spectacles ;Arrêt de principe : C.E.,Sect. 18 déc.1959, sté les films Lutétia, p.693, AJ, 1960, 1, p.20, chron.
M. Combarnous et J.-M. Galabert, D1960, p. 171, note P. Weil, JCP 1961GAJA, n°100 ; CE 11 juillet
1975, Clément : AJDA 1975, 564, chron. BOYON et NAUWELLAERS ; CE 2’ janvier 1975, Min de
61
Mais dans le cadre de ce cours des grands services publics, les services publics, dont il est
question, sont ceux qui sont constitutionnellement prévus et obligatoires.
A ce titre, ils s’imposent à tout sujet de droit, y compris l’Etat, lui-même. Ainsi, considérés sous
l’angle des services au profit de la nation, l’Etat ne peut point s’en passer, sans mettre en
danger sa propre existence.
En d’autres termes, ce sont les services, dont la création s’impose aux organes compétents,
en la matière, en vertu de la constitution, des lois et des principes généraux du droit y
assimilés (principes à valeur constitutionnelle) pour faire exister l’Etat national, selon le cas.
Par exemple, l’existence d’un certain nombre des ministères pour assurer les activités de
service telles que la défense et la sécurité nationales, la diplomatie, l’intérieur et
l’administration du territoire, la justice, la santé, l’éducation, les travaux publics et
l’aménagement du territoire, etc. ne dépend pas uniquement de la volonté de l’autorité, mais
de la survie même de la nation.
C’est sans aucun doute la véracité de cette assertion, qui fait dire simplement à la doctrine
que « les ministères sont des administrations en régie (…), qui gèrent des services publics
essentiels à la vie de la nation. ».192Et, à ce titre, ils participent sans doute à la fonction
administrative de l’Etat.193
Malgré tout, il demeure toujours vrai, dans un sens comme dans l’autre, que c’est le but
d’intérêt public, de sécurité tant intérieure qu’extérieure de la nation (l’Etat), qui commande
l’action de l’autorité administrative.
De nos jours, on assiste aux changements politiques obligeant, d’ailleurs, tout détenteur du
pouvoir politique, quel qu’il soit, d’où qu’il émane, des urnes ou du bout du canot, à s’engager
dans la recherche continue et constante de la satisfaction de l’intérêt général.194 Celui-ci
(intérêt général) demeure donc la finalité même de toute action publique.
Donc, qu’il s’agisse de la survie de l’Etat lui-même ou de celle de sa population, il faut qu’il ait
toujours des services publics dans un Etat donné et à un moment donné de son existence.
Ceci demeure constant partout dans le monde, même si le pouvoir est issu du coup d’Etat
militaire ou des élections.
l’information c. Sté Rome-Paris films :RDP 1975, concl. ROUGEVIN-BAVILLE, AJDA 1975, p.131, Chron
FRANC et BAYON, citées par les auteurs précités
192
LINOTTE, D.et alii, Op.cit, p.143
193
PETIT, J. et FRIER, P.-L., Op.cit , pp.283-284
194
Par exemple au nom de l’intérêt supérieur de la nation (droits de l’hommiste), la communauté internationale
impose même aux putschistes le respect des droits de l’homme et l’organisation des élections à tous les
niveaux pour faire participer tous les peuples à l’exercice du pouvoir politique ; ce qui ne donne pas des
garanties suffisantes pour l’exercice desdits droits aux populations concernées
62
Sous tous ces points de vue, l’essentiel pour nous, c’est de réaliser l’efficacité de l’action de
l’Etat et d’assurer l’effectivité des droits du citoyen. Parce qu’en fait, en dépit du fait qu’il reste
difficile à définir, l’intérêt général ou l’intérêt « supérieur de la nation », tel qu’on l’entend, n’est
en réalité qu’une somme des intérêts particuliers de chaque individu, membre de la
communauté nationale qu’il faut satisfaire.
Car, l’expérience montre que l’on ne sert l’intérêt général qu’à travers la satisfaction de la
somme des intérêts des particuliers qui dirigent tous les membres de la société politique
globale tant au niveau national qu’au niveau local. A ce sujet, le Doyen L. DUGUIT soutient la
légitimité de la puissance politique ou la contrainte irrésistible des gouvernants195.
Mais, avant d’étudier le fond commun des services publics ou lois des services publics, on
rappelle, d’abord, comme on vient de le faire au sujet des règles de la création, qui sous-tend
l’organisation, les principes qui gouvernent aussi bien la gestion que la suppression de
services publics.
195
On est autorisé de penser à la suite de la doctrine dominante ci-haut référencée que la création même de
l’Etat et la mise en place de ses différents services publics sert à la satisfaction de l’intérêt général. Par
exemple, c’est ce qu’on peut sous-entendre dans les propos du Doyen lorsqu’il dit que « l’Etat est une société
dans laquelle un ou plusieurs individus, appelés gouvernants possèdent la puissance politique(…) l’exercice
de cette puissance de contrainte est légitime si elle tend à réaliser les devoirs qui s’imposent aux
gouvernants(…) aux individus, en chair et en os, qui détiennent en fait la puissance politique, aux trois cents
sénateurs, aux six cents députés, au président de la République, aux treize ministres ; c’est à eux que nous
disons : vous êtes les gouvernants » (Leçons de droit public, Op.cit.p148-149)
196
C.E, 4 mai 1906, Arrêt Babin
197
Par exemple, si la nature du service en cause n’y fait pas obstacle, elle doit respecter les règles à la publicité
et de mise en concurrence dans le choix de son cocontractant;
63
périls dans le respect du cahier des charges.198 Il se rémunère au moyen des redevances qu’il
perçoit sur les usages. Sinon, selon la jurisprudence, il n’y a pas concession.199
Cependant, eu égard à ce qui précède cette section, de même que la gestion directe (régie)
par l’autorité de tous les services publics qu’elle crée dépend de ses moyens d’action ; de
même, confier la gestion aux particuliers dépend de sa volonté de rendre son action effective
et efficace au profit de ses administrés.
En règle générale, il ne s’agit pas nécessairement de rendre le service public concerné
rentable ; puisqu’au nom de l’intérêt général, ledit service peut, dans certains cas, fonctionner
à perte, quitte à indemniser, le cas échéant, l’exploitant qui a subi les préjudices.
En tout état de cause, quel qu’en soit le mode, la gestion des services publics exige que
l’autorité administrative dispose des moyens financiers suffisants, soit pour gérer directement
elle-même le service en cause, soit pour suppléer à la carence du gestionnaire privé en cas de
mission de service public.
Voilà pourquoi, ici aussi en théorie ou en pratique, une étude critique et systématique des
modes de gestion de différents services publics, ne s’impose pas dans ce cours. Parce qu’en
réalité, il ne s’agit pas des activités, dont le mode de gestion est au libre arbitre de l’autorité ;
mais plutôt des activités impératives qui fondent l’existence même de l’Etat et dont la gestion
publique, en régie directe ou intéressée, de même que l’affermage, s’impose.
A ce sujet, comme on l’a vu, elles prennent en charge la promotion des droits fondamentaux
des populations par la régularité de leur fonctionnement. Tel le cas de l’ensemble des organes
de l’Etat et des ministères qui forment un gouvernement, dont le fonctionnement régulier
participe à la satisfaction des attentes légitimes des populations en son sein.
Par exemple, s’ils respectent le principe de séparation des pouvoirs constitutionnels, en
acceptant de collaborer entre eux correctement, ils évitent la crise qui engendre des conflits
sanglants, qui causent mort d’hommes et déplacements massifs des populations. Il en va
aussi ainsi du fonctionnement normal des activités administratives dans une commune, une
province ou une région, un département, un tribunal, une institution de soins de santé
primaires, une école, le paiement des personnels administratifs, quels qu’ils soient, etc.
Donc, l’activité administrative de l’Etat constitue, en elle-même, une activité d’intérêt général.
C’est autrement dire que l’Etat apparaît, à ce titre, lui-même, comme un bien public par
excellence et par-dessus tout, le protecteur de l’ensemble des intérêts des membres de sa
198
Selon le C.E., ass., 16 avril 1986, Cie luxembourgeoise de télévision : le concessionnaire doit construire les
ouvrages nécessaires à l’exploitation du service
199
C.E., Sect., 26 novembre 1971, Sté industrielle De fertilisants humiques
64
communauté nationale. Cela se réalise sans doute à travers sa fonction administrative, dont la
finalité première est de satisfaire les administrés200.
De ce point de vue, il n’y a pas mille manières de satisfaire les populations que de bien faire
fonctionner les services de l’Etat. Parce qu’en fait il est évident que la crise de ces services
entraîne celle de besoins fondamentaux de ses populations.
On peut bien vérifier cette affirmation à travers les mécanismes qui président aussi bien à
l’organisation qu’à la gestion des activités de service public réalisées au sein de l’Etat de droit
moderne. Ceci reste constant, quelle que soit la forme de son gouvernement et ou la forme de
son territoire national.
Voilà pourquoi, on rappellera succinctement ici la portée du principe (1) et ses différentes
applications(2), avant de terminer également par une critique(3)
200
D’après les enseignements doctrinaux, on peut conclure que toutes les missions administratives (décisions,
contrats, services publics, police administrative, pouvoir réglementaires, tous les principes généraux de droit
administratif, la responsabilité de l’administration publique et de ses agents servent à la satisfaction de l’intérêt
général et des droits fondamentaux des populations concernées
201
HAURIOU, M., Précis de droit administratif, éd Sirey, Paris, 1921, pp.353 et 394 ; FOILLARD, Ph., Droit
administratif, Op. Cit., pp.177 et suivants ; PETIT, J. et FRIER, P.-L, Op. Cit, pp. 271 et ss enseignent les
moyens juridiques de l’action de administrative ; ETIEN, R., Droit administratif, Op. Cit., p. 17 ; MOREAU,
J.(S/la direction), Droit public, T1, Op. Cit., pp.521 et suivants ; WEBER, Y., « les contrats administratifs », in
Droit public, (S/la direction de J. Moreau), T1, Op. Cit. pp. 543-572 ; etc.
202
MESCHERIAKOFF, A.-S, Droit des services publics, PUF, 1997, p. 268et S., cité par GUGLIELMI, G., KOUBI,
G. et DUMONT, G, Op.cit., p.301, n°648
65
Mais l’on sait que l’Etat utilise, en plus de ses propres moyens, ceux appartenant aux
personnes privées, dont il charge des missions de services publics et ou en s’associant avec
eux, en créant ainsi les sociétés d’économie mi xte pour plus d’efficacité de l’action publique.203
Il s’en suit donc, d’après les enseignements de la doctrine dominante, en la matière, qu’il
existe trois principes distincts.
Premièrement, il y a gestion publique directe ou déléguée : en ce cas, l’Etat utilise ses moyens
propres sous la forme de régies directes (gestion par organes non personnalisés), ou
d’établissements publics ou d’entreprises publiques (gestion par organes de gestion
personnalisés). Partant de ce principe, il se passe de tout commentaire d’affirmer que l’Etat
devra disposer de l’argent liquide pour se faire.
Deuxièmement, il y a possibilité de gestion privée par investiture unilatérale ou contractuelle
des organes de gestion pour beaucoup plus d’efficacité, mais pas nécessairement, comme l’a
vu, pour besoin de rentabilité. Même dans ce cas, il est admis que l’autorité garde la maitrise
du service concédé ou délégué.
Troisièmement, il existe la gestion mixte, mélangeant les deux premiers modes de gestion.204
En somme, on admet que l’Etat ne gère pas nécessairement seul toutes les activités d’intérêt
général qu’il crée en son sein. Surtout depuis l’apparition de la catégorie des services publics
dits « industriels et commerciaux » aux côtés des services publics sociaux et ou administratifs
classiques.
Donc deux situations sont possibles : il peut le gérer en régie directe et ou intéressé : en ce
cas, il s’agit de la « gestion par le maître du service » ; ou en déléguer la gestion aux
personnes privées : en ce dernier cas, il s’agit de « la gestion déléguée réservée en principe à
des personnes privées ». 205
Mais, dans ce cours des grands services publics où l’on recherche le bien fondé de la finalité
des principes et situé au niveau de la prise de conscience de responsabilité, tous ces
principes classiques ne font pas l’objet de débat critique ici, mais d’une analyse classique. En
ce sens, on retiendra de l’affermage, qu’il d’un contrat par lequel une autorité publique confie à
203
ETIEN, R., Op.cit., p.55 ; LACHAUME, J.-F., et alii, Op. Cit. pp147-268 ; LINOTTE et alii, Op.cit. pp. 179-190.
204
A ce propos, par exemple, en droit administratif général, la doctrine dominante, (notamment A. Delaubadère,
René Chapus, G. Vedel, etc.) reprend généralement, en plus de l’étude des sources classiques de droit
administratif et de ses caractères généraux que tout juriste est censé connaitre, l’étude de toutes les
questions relatives à l’organisation générale (centrale, locale) de l’Etat, de toutes les personnes morales de
droit public, les services publics et les principes qui les gouvernent, sans oublier la question de la
responsabilité pour ou sans faute de l’Etat. Ici, on pense que c’est absolument dans l’intérêt public.
205
GUGLIELMI, G., KOUBI, G. et DUMONT, G., Op.cit., pp. 319 et s., n°695 et p.351, n°778 et s. ; FRIER, P.-L et
PETIT, J., Op.cit., p.196, n°325 et S. ; p. 207, n°344 ; J.-F. LACHAUME, C. BOITEAU et H. PAULIAT, Op.cit.
p.147 et p. 199
66
une personne privée, appelée « fermier », la gestion d’un ouvrage public quitte à ce dernier de
se rémunérer au moyen des redevances tirées sur les usagés.
En revanche, la question qui demeure est celle de savoir, qui gérerait les services publics
dans l’intérêt de tous, en RD Congo, si les élites se haïssent et se détestent entre elles à
cause de leur origine ethnico-tribale ?
Il en est de même des particuliers issus des mêmes tissus sociaux, qui affichent le même
comportement, surtout lorsqu’on sait que dans une telle atmosphère de haine, aucune règle
de droit ne pourrait trouver application !
§ 2 : De la mise en œuvre du principe de gestion
Ici, le principe retenu est qu’une fois créé, selon la doctrine et la jurisprudence en la matière,
« tout service (…) suppose, dans la plus grande majorité des cas, un minimum d’organisation :
recrutement de personnel, achat de biens meubles et immeubles, structure juridique avec
pouvoir de décision et possibilité de passer des contrats etc.
Cette organisation prend forme, soit dans un cadre public(…), soit dans un cadre
privé(…) ».206 Il y a donc en ce domaine, comme on l’a déjà vu, liberté de gestion publique à
des degrés divers et gestion privée des services publics au sein d’un Etat de droit.
De ce point de vue, on peut affirmer ici que l’organisation et ou la structuration de l’activité de
l’Etat en différents ministères (services publics administratifs, SPA) et ou en différents services
industriels et commerciaux (SPIC) constitue bel et bien un acte matériel de la mise en œuvre
du principe d’organisation des services publics à gestion publique directe ou déléguée au sein
de l’Etat.207
Il en est de même de l’aménagement du territoire national en différents échelons de
l’administration publique. Et cela va de soi, peu importe la dénomination que ces échelons
prennent dans la pratique. En effet, cette dénomination peut différer d’un Etat à l’autre
(commune, département, région, province, chefferie, cité, district, Zone, secteur ou autres).208
206
LACHAUME, J.-F, BOITEAU, C. et PAULIAT, H., Op.cit., p.143 ; CE 28 juin 1989, synd. pers. Industries
électriques et gazières du centre de Grenoble, RFDA 1989. 929, concl. E. GUILLAUME (« les communes(…)
peuvent librement choisir, entre(…) différentes solutions, les modalités de gestion et d’organisation des
services publics de distribution du gaz »), cité par FRIER, P.-L et PETIT, J. Op.cit., p.195 ;
207
Par exemple, presque tous les livres de droit administratif reprennent la leçon sur la personnalité morale de
droit public ou de droit privée, les structures administratives de l’Etat, réputées instruments
d’interventionnisme en matière socioéconomique pour devoir démontrer comment les services publics sont
créés, organisés et comment ils doivent être gérés en ces différents domaines afin de satisfaire l’intérêt
général et maintenir l’ordre public, notamment G.VEDEL et P. DELVOLVE, Op.cit. p. 391et s
208
Par exemple, la notion de personne administrative centrale ou locale, de police administrative, des
compétences des juridictions administratives et ou judiciaires, ne peut pas avoir une signification si elle ne
vise pas à savoir qui fait quoi et à quel niveau ou moment pour qu’il y ait de l’ordre et de l’harmonie dans la
société.
67
209
LINOTTE et alii, Op ; Cit. p.50, n°119 ;
68
sociale du moment, comme on l’a vu à l’instant même, autant des besoins fondamentaux de la
population à satisfaire.210
Dans le même ordre d’idées, il est,en théorie, généralement admis que plusieurs activités
d’intérêt général peuvent être aussi regroupées en un seul super ministère suivant leurs
affinités ou inversement scindé en plusieurs ministères.211
Dans la pratique, tel peut en être le cas, notamment, du ministère de l’économie, qui peut
avoir en son sein les finances, le budget ; de l’intérieur qui peut contenir l’administration du
territoire et la décentralisation ; celui de la défense, qui peut gérer les anciens combattants ;
celui du travail, qui peut superviser les affaires sociales et famille ; celui des affaires
étrangères, qui peut traiter aussi de la coopération internationale, etc.
Et, en réalité, au vu de leurs principes de fonctionnement que nous allons voir à l’instant
même, les services que nous venons d’énumérer ne peuvent souffrir en soi d’aucune tentative
de suppression.
Par ailleurs, d’un point de vue économique, les droits fondamentaux s’expriment en termes de
besoins de première nécessité, de besoins économiques essentiels ou simplement en termes
de besoins fondamentaux de la population d’un Etat donné.
Ceci permet d’établir leurs relations intimes réciproques avec les droits et libertés
fondamentaux pour lesquels ils sont créés. C’est également ces rapports qui justifient
indéniablement, de la part de l’Etat, la mise en place des différentes structures tant politico-
administratives, économiques et financières, que socioculturelles pour satisfaire l’intérêt
général.
Donc, partant de ce point de vue juridique et organique, ce sont les structures politico-
administratives de l’Etat, qui conçoivent la politique économique de la nation et qui prennent
en charge les services publics créés pour la réaliser.
A ce propos précis, d’aucuns ne peuvent contester le fait que la création et l’organisation des
différents services publics adaptés aux besoins tant nationaux que locaux répondent à cet
objectif.
D’autre part, il n’est point surprenant d’affirmer que ces besoins sont exprimés dans la
politique économique nationale du pays concerné, en l’occurrence la RD Congo.
210
Le cas de la République démocratique du Congo qui, en sortant de la transition, n’a pas hésité de former un
gouvernement d’environ soixante ministères, secrétariats compris pour satisfaire tous les protagonistes en
présence couvrant ainsi tous les domaines de la vie sociale où les besoins de la population se faisaient
sentir ;
211
Par contre, on a vu, en France, par exemple, le président français constituer un gouvernement d’environ 20
ministères seulement ayant regroupé plusieurs activités d’intérêt général en une seule direction sous le
patronage d’un seul ministre
69
Enfin, il n’est pas surabondant de dire que toutes ces activités sont assurées par les agents
publics (personnes physiques ou morales de droit public) ou privés ( personnes physique ou
morale de droit privé), chargés de mission de service public économique en lieu et place de la
collectivité publique. Cela se réalise sans doute à travers les différents ministères ou autres
organismes publics spécialisés ainsi créés pour en assumer la charge.
Or, tous ces organismes ne sont rien d’autre que des services publics administratifs. Et de
plus, ce sont eux, qui prennent,par ailleurs, directement les activités d’intérêt général en
charge au moyen des deniers publics (l’exemple le plus classique des services publics gérés
en régie) ou créent des établissements publics personnalisés (offices et commissions) pour se
charger de la gestion du service public ainsi créé.
Sans doute, ces procédés permettent le gouvernement d’un Etat de jouer son rôle de
coordonnateur et ou de réalisateur de la politique économique nationale dont on parlera sans
anticipé dans le chapitre 8e du titre 3 de cde travail.
Pour l’instant, on verra ici les principes régissant le fonctionnement normal des services
publics pour voir comment, du point de vue strictement juridique, le comportement de l’Etat
assure-t-il la protection des droits fondamentaux du citoyen ?
Ceci prouvé, il nous seratrès facile de faire admettre par cet enseignement que la faillite de
l’Etat congolais, dont a parlé Gérard CAPLAN, pourrait, à elle seule, justifier la crise profonde
et multidimensionnelle actuelle qui sévit au sein de notre société globale.
70
CHAPITRE CINQUIEME :
LE PRINCIPE DE SUPPRESSION DES SERVICES PUBLICS A TOUS LES
NIVEAUX DE LA HIERARCHIE ADMINISTRATIVE DE L’ETAT
Le principe est que seule l’autorité compétence pour créer un service peut seule le supprimer.
Mais il faut déjà souligner à ce niveau qu’il ne s’agit pas, d’un point de vue organique ou
structurel, des services publics administratifs et territoriaux impératifs qui, à eux seuls,
justifient l’existence de l’Etat. On verra ici, d’une part, les différentes causes de suppression
des services publics et, d’autre part, la procédure à suivre pour supprimer un service public.
212
C.E. 20 avril 1956, époux Bertin ; arrêt Monpeurt : C.E. 3 juillet 1942
71
*******************************
72
DEUXIEME PARTIE :
DE L’ETUDE DES CATEGORIES, DES MODES DE GESTION ET DES
PRINCIPES COMMUNS DE SERVICES PUBLICS
Comme son intitulé l’indique ; cette partie est consacrée à l’étude des différentes catégories
de services publics, aux modes de gestion ainsi qu’aux principes tant fondamentaux que
subsidiaires qui gouvernent la matière.
CHAPITRE SIXIEME :
LES DIFFERENTES CATEGORIES DE SERVICES PUBLICS
En principe, au tout début du XXè siècle, le débat doctrinaire soulevé vers la fin du XIXè était
de savoir si on ne pouvait distinguer dans les activités des personnes publiques les catégories
des services publics obligatoires dont les prestations indispensables à la vie d’une nation en
devaient pas absolument manquer des autres prestations pouvant ne pas exister malgré le fait
qu’elles pouvaient aussi concourir à la satisfaction des besoins collectifs des administrés, mais
qui pouvaient être payantes. Il s’agit des prestations telles que l’eau, l’électricité, le gaz, le
charbon, etc. qui pouvaient être tarifées par les communes (CE, 3 févr.1911, Commune
Mesle-sur-Sarthe.
Ainsi, pour répondre à la question de savoir quelle était la juridiction compétente pour
connaitre les conséquences dommageables d’un accident survenu un un bac de transports,
créé par la colonie de Côte d’Ivoire effectuant moyennant rémunération les opérations de
passage des piétons et des voitures d’une rive à l’autre d’une lagune, MATTERa estimé qu’ «
entrent dans les fonctions normales de l’Etat, seuls les services publics et que les autres
activités sont entreprises dans les mêmes conditions que celles des particuliers ». D’où la
distinction de deux catégories principales des services publics en services publics
administratifs et en services publics de nature privée ; donc des services publics industriels et
commerciaux. Parce qu’en fait les deux autres catégories qui auraient pu exister rentrent dans
les deux premiers. Il s’agit des services publics centrifuges ou à double visage et les services
publics sociaux.
73
S/§ 2 : Des solutions retenues en Droit positif au sein d’un Etat de droit
Il faut ici la qualification des services publics fondée sur un texte législatif ou réglementaire et
qualification en cas du silence du texte, donc jurisprudentielle. Mais elles sont rares ; puisque
le législateur ne dit pas toujours qu’il a créé un service public administratif ou industriel et
commercial. Sauf, quand il crée un établissement public pour gérer un ou plusieurs services
publics. C’est plus le juge qui détermine le critère de qualification d’un service public en
service public administratif ou en service public industriel et commercial ; cela même en
présence de la qualification textuelle lorsqu’il estime qu’elle ne répond pas au cas d’espèce.
74
(T.C. 12 nov.1984, Sté. Interfrost c/ FIOM, RFDA, 1985, 250). Das le même sens, le Conseil
constitutionnel français considère que la qualification d’un service public en service industriel
et commercial relève du pouvoir règlementaire (C.C 25 juillet 1979, ANPE, D 1980, 201, note
Hamon). A ce sujet, la jurisprudence retient les critères d’objet du service, du mode de
financement du service en cause ainsi que celui des modalités de gestion du service entrepris
et recourt souvent à la technique du faisceau d’indices pour trancher les litiges qui lui sont
soumis ; car celle-ci lui donner la liberté d’appréciation. Ceci dit, il nous faut maintenant
dégager les conséquences juridiques qui en résultent.
§ 3 : Des conséquences juridiques attachées à la qualification de services publics
industriels et commerciaux
L’une d’entre elles est l’introduction du droit privé dans les activités des personnes publiques
comparables à celles entreprises par les personnes privées. L’autre c’est la remise en cause
de l’unité du régime juridique applicable aux activités de service public. Désormais, le régime
juridique du service public est devenu mixte. C’est-à-dire, il admet à la fois l’application du
droit public et du droit privé au même service, l’un à la partie relative à l’organisation et au
fonctionnement du service et l’autre à la partie des règles relatives à la gestion du même
service.
Section deuxième : De la classique catégorie des services publics administratifs
On verra ici aussi, comme dans le ca précédent, les critères d’identification et les
conséquences juridiques qui en découlent.
********************************
76
CHAPITRE SEPTIEME :
DES DIFFERENTS MODES DE GESTION DES SERVICES PUBLICS
Dans ce chapitre, on distingue deux sortes de gestion, à savoir la gestion publique de la
gestion privée ou déléguée des services publics.
Section première : Les services publics gérés par des personnes publiques
Dans la gestion publique, on distingue trois modes de gestion publique, à savoir la régie
directe, la régie indirecte ou la régie intéressée ainsi que l’établissement public.
Section deuxième : Des services publics gérés par les personnes privées
Le principe est que l’investiture peut concerner une personne publique tout comme il peut
s’agir d’une personne privée. Mais elle est essentiellement utilisée pour des services publics
de nature administrative, qui relèvent de l’autorité de l’Etat en ce qui concerne leur création.
Toutefois, les personnes privées peuvent aussi se voir confier une mission de service ou une
part importante de celui-ci par une personne publique. Ici, il faut distinguer l’investiture
unilatérale d’un gérant d’un service public par l’administration de l’investiture contractuelle.
213
CE des 23 juin 1965 dans l’affaire SETA et 5 mai 1972 dans l’affaire Sté d’équipement de l’Indre
214
TC. 10 déc.1956, Audouin, concl. Guionin)
215
CE, Sect. 13 janvier 1961 dans l’affaire Magnier et CE, Sect., du 22 novembre 1974 dans l’affaire fédérations françaises
des industries d’articles de sport
82
sombré dans la corruption et les pots de vin. En France, par exemple, le phénomène s’est
surtout amplifié dans les années quatre-vingt-dix. Ceci avait poussé le législateur à fixer le
régime juridique applicable aux conventions de délégation de service, mais sans toutefois
définir la notion de délégation de service en elle-même. Donc, il séparer ici la concession de
l’affermage.
S/§ 1 : La concession
C’est le plus vieux et classique mode de gestion des services publics par délégation. Il s’agit
d’un contrat par lequel une personne publique, « autorité concédante », confie,moyennant un
cahier des charges à respecter scrupuleusement, l’exécution du service public à un particulier
(personne physique ou morale), nommé « concessionnaire », à ses risques et périls, quitte à
ce dernier de se rémunérer au moyen des redevances tirées sur les usagers. Dans la
pratique, malgré le fait de prendre tous les risques sur lui, le concessionnaire exploite le
service sous le contrôle de l’autorité concédante, qui peut, à tout moment, soit résilier le
contrat ou redéfinir son objet, quitte au cocontractant qui a subi des préjudices de s’en
prévaloir. D’où l’existence des théories du fait du Prince et de l’imprévision. Il y a fait du Prince
lorsque l’autorité administrative concédante décide unilatéralement soit de résilier ou de
modifier le contenu du contrat sans que le cocontractant n’ait commis de faute. En ce cas, il
doit être indemnisé intégralement. Tandis qu’il y a imprévision lorsque la cause de modification
ou de rupture du contrat est étrangère aux parties : en ce cas, le cocontractant de
l’administration doit être indemnisé de moitié le prix de l’ouvrage perdu.
S/§ 2 : L’affermage
Par ce contrat de délégation de service, l’administration confie la gestion d’un service public
ou des ouvrages publics à un particulier, le fermier, à l’exclusion des investissements qui s’y
rapportent, quitte à ce dernier de se rémunérer sur les redevances perçus sur les usagers du
service. Autrement dit, tous les ouvrages appartiennent à la collectivité cocontractante. C’est
pourquoi, on affirme que l’affermage se ressemble à la concession, mais s’en distingue par le
fait que le fermier ne finance pas la construction des ouvrages nécessaires à l’exploitation du
service. A la différence du fermier, dans la régie intéressée ou gestion publique indirecte, le
régisseur assure l’exploitation du service public, entretient une relation avec les usagers mais
effectue les opérations de recettes et de dépenses pour le compte de la collectivité et perçoit
une rémunération figurant en dépenses dans le budget de la collectivité. C’est pourquoi, on dit
en doctrine (notamment chez J.-F. Lachaume) que le régisseur reçoit le service public « clé en
83
main » et n’assume que des travaux de petit entretien, ceux de premier établissement et de
renouvellement ou de gros entretien étant réservés à la collectivité propriétaire des ouvrages.
Selon J. Dufau, le régisseur a une autonomie limitée mais reçoit une sorte de « minimu m
garanti » et prend en charge les frais des travaux sur les équipements dont il a la charge ; en
plus, il peut les amortir dans ses comptes.
SECTION TROISIEME : Des services publics gérés par les Entreprises publiques
Les entreprises nationales jouent un rôle très important dans l’économie nationale dans un
Etat de droit, cas notamment de la France, qui est notre modèle institutionnel. Elles sont très
d’origines diverses et diverses formes qui occupent tous les domaines de la vie sociale au sein
de l’Etat sur le plan national; car les unes gèrent les services publics administratifs, d’autres
les services publics industriels et commerciaux.
§ 2 : Du Personnel de l’Entreprise
Elle un personnel de droit public composé de tous ceux qui occupent un poste de
commandement et un personnel de droit privé dans l’exécution de l’objet de l’entreprise.
*********************************
CHAPITRE SEPTIEME :
DE PRINCIPES COMMUNS A TOUS LES SERVICES PUBLICS
En doctrine, notamment chez Lachaume, Boiteau et Pauliat, dans la deuxième édition de leur
ouvrage collectif sur les grands services publics, paru chez Armand Collin dans les années
2000, qui nous ont inspirés dans la rédaction de ce travail, on distingue les principes
fondamentaux de principes subsidiaires.
Tandis que les principaux se nomment également les lois de ROLLAND, juriste français du
début de la première moitié du XXe siècle, qui était à la base de leur formulation ; les
seconds, font figure des principes corollaires.
Mais,ces derniers font l’objet d’une controverse doctrinale ; puisqu’encore en élaboration, une
certaine doctrine considère certains d’entre eux, comme justifiant l’existence des principes
fondamentaux, une autre estime que certains autres affichent une existence autonome.
Voilà pourquoi, ce chapitre passera d’abord en revue, en trois grandes sections,tous les
principes fondamentaux des services publics, avant d’aborder la question controversée de
86
l’existence d’une catégorie des principaux subsidiaires, afin de permettre, non seulement, aux
étudiants en première licence en Droit, mais également et surtout à tous les praticiens et
chercheurs en ce domaine, de comprendre la problématique de la crise de l’Etat dans notre
société politique.
Pour l’essentiel de ce chapitre, on retiendra que l’étude du fondement de tous les principes
des services publics est faite dans le but d’expliquer la crise des services publics en RD
Congo.
De notre point de vue, cette crise provient non pas des règles qui régissent la matière des
services publics, malgré une certaine incertitude qui caractérise certains de ses principes.
Bien au contraire, elle émane plutôt de la haine ethnico-tribale presque viscérale, qui annihile
tout esprit de discernement dans les esprits des élites congolaises au point de les faire
sombrer toutes dans l’inconscience, la médiocrité, la corruption à grande échelle et
l’irresponsabilité politique et administrative!
S’agissant de l’analyse des principes de fonctionnement des services publics, on retiendra
qu’en doctrine,on distingue216 deux groupes des principes : les premiers dits « principes
fondamentaux » et incontournables, qui fondent le fonctionnement même de l’ensemble des
services publics (Section1) et les seconds dits « principes subsidiaires », par rapport aux
premiers, pour les compléter dans leur application et ou signification sur terrain (Section 2).
D’autre part, on verra, enfin, le principe de suppression des services publics pour clore le
chapitre.
216
D’après le doyen DUGUIT, comme pour d’autres doctrinaires dont nous analysé et référencé les œuvres dans
ce titre préliminaire, notamment, LINOTTE et alii,, Op.cit.,pp. 43-82 ; LACHAUME et alii, Op.cit. pp.5-
142(notion) 144 à 271(modes de gestion) et 273-443 ; FRIER, P.-L et PETIT, J., Op.cit., pp. 179-239 ;
Jacques MOREAU, t2, Op. Cit..903-1001, etc., au sujet des services publics et de leurs principes
fondamentaux, les gouvernants doivent impérativement assurer sans interruption et d’une manière
permanente le fonctionnement de toutes les activités d’intérêt général (services publics) indispensables à la
vie sociale ; il en va ainsi de la défense de la société contre les ennemis extérieurs, assurer la paix à l’intérieur
des frontières, une égale justice à tous les membres du corps social, (populations) sans oublier tous les autres
services à caractère technique, industriel et commercial qui sont les inventions en bon nombre de monde
moderne (chemin de fer, éclairage électrique, les téléphones et autres qui sont indispensables à la vie
nationale. On y trouve donc la continuité, l’égalité et l’adaptation même si cette dernière n’apparait pas à
travers le récit du Doyen que nous avons choisi en exemple.
87
217
BEZIE, L., « Louis Rolland, théoricien oublié du service public », RDP 2006, p.847, cité par GUGLIELMI, G.,
KOUBI, G. ET DUMONT, G., Op.cit., p.525, n°1166-1167, note 1 ; LINOTTE, MESTRE et ROMI, Op.cit.,
n°160, p.73 ;
218
ROLLAND, L., Précis de droit administratif, 7e éd. Dalloz 1938, n°23, cité par FRIER, P.-L et PETIT, J., Op.cit.,
n°377-378, note 187, p.230 ; GUGLIELMI, KOUBI et DUMONT, Op.cit., n°1172, p.529 ;
219
Les uns, notamment GUGLIELMI, KOUBI et DUMONT (Op.cit., p.529, n°1173) estiment qu’ « il n’existe pas de
hiérarchie fonctionnelle entre les principes ainsi retenus comme règles de fonctionnement du service public »
et commencent leur analyse par le principe d’égalité, enchainent par la continuité et clôturent par l’adaptation ;
tandis que les autres, notamment R. CHAPUS (Op.cit., p. 593, n°776), par celui dit de mutabilité, poursuivent
par la continuité et finissent par l’égalité ; d’autres encore notamment LACHAUME, BOITEAU et
PAULIAT(Op.cit., pp.275-366), par la continuité, passent par l’adaptation et finissent par celui d’égalité
220
Arrêt CE, 7 août 1909, Winkell, Rec. p.826, S. 1909, III, p. 145 précité
221
C.E., 13 juin 1980, arrêt Beaujean
222
ROUAULT, M.-CHR., Op.cit., p.86
223
C.E., ass., 7 juillet 1950, Arrêt Dehaene, p.426, D1950, p.538, note A. Gervais, RDP, 1950, concl. F. Gazier,
note Waline
88
Mais ici cette énumération, du reste, non exhaustive de ce qu’on peut surnommer « les sous-
principes ou règles fondamentales», n’appelle pas une étude critique et systématique
particulière de chacun d’entre eux.
Ainsi, on se limitera donc ici à l’étude de la portée du principe de continuité, de sa mise en
application et, puis, on en fera suivre par une petite critique pour corroborer avec notre idée de
base selon laquelle, le fonctionnement normal des services de l’Etat répond aux besoins
fondamentaux de ses administrés, en leurs diverses qualités.
224
CC, n°79-111 DC, 30 déc. 1979, Vote du budget, Rec. P. 39 ; CC, n°85-188 DC, 22 mai 1985, Protocole n°6
additionnel à la Convention européenne de sauvegarde des Droits de l’homme et des libertés fondamentales
concernant l’abolition de la peine de mort, Rec. p. 15, citées par GUGLIELMI, G., KOUBI, G. et DUMONT, G.,
Op.cit., pp.571-572, n°1265-1267, notes 150-152
225
LACHAUME, J.-F, BOITEAU, C. et PAULIAT, H., Op.cit. p.275 ; CE, 25 juin 1969, Vincent, rec.334, AJDA
1969.55, Chr. Dewost et Denoix de Saint-Marc ; JCP 1969.II.15952, note Doll ; CC, 25 juillet 1979 et 27 janv.
1994 ; CE 13 juin 1980, Mme Bonjeau, citées par R. CHAPUS, Droit administratif, T1 ? 14e éd., Op.cit. p.796,
n°782
226
Cfr. supra, Chapitre3, introduction, note 121, Duguit ; FRIER, P.-L et PETIT, J., Op.cit., p.234, n°386 et Ss. ;
LINOTTE MESTRE et ROMI, Op.cit., n°161, p.72; LACHAUME, BOITEAU et PAULIAT, Op.cit., p.275
89
227
Selon DUGUIT, de tels services, s’ils étaient suspendus, « même pendant un temps très court, cela
entrainerait la désorganisation et peut-être la mort de la société » (Leçon, Op. Cit. p150) ; LINOTTE, MESTRE
et ROMI, Op.cit., n°161
228
Cfr. supra S1, S/1, §1, note 174 : C.E. 7août 1909, S. 1909.3.145, arrêt Winkell, concl. Tardieu ; DUGUIT, L.
Traité de droit constitutionnel, 3e éd., 1928, t3, p.61, cités par LACHAUME, J.-F., BOITEAU, C. et PAULIAT,
H., Op.cit., p.272 ;
229
KEMPF, H. « les fondements théoriques de la politique économique », in les notices la politique économique
et ses instruments, la documentation française, Paris, 2004, pp.5-9
230
LEVEQUE, F. « Concepts économiques et conceptions juridiques de la notion de service public», in Le droit
dans l’action économique, sous la direction de KIRAT, Th. SERVERIN, E. CNRS EDITIONS, Paris, 2000,
pp.179-192
231
PETIT, J. et FRIER, P.-L., Op.cit. p.192, n°320; CHAPUS, R., Droit adm. général, T1, 14e éd., Op.cit., p.577,
n°761
90
A ce jour, comme à l’époque de Louis Rolland, qui le considérait comme « une véritable loi de
nature » et « une règle de droit constitutionnel coutumier »,232 le principe de continuité a
aujourd’hui valeur constitutionnelle.
Et, à ce titre, il s’impose et au législateur national et à toute l’administration publique dans un
Etat de droit constitutionnel moderne, comme voudrait l’être la RD Congo, à l’instar de la
France, notre modèle institutionnel de référence.
Tel que nous venons de l’expliciter, le principe produit un certain nombre de conséquences
juridiques directes, qui fondent son existence aussi bien à l’égard tant des exploitants des
services publics, des agentes publics gestionnaires du service, des citoyens, que des usagers
du service public.
232
ROLLAND, L., Cours de DES, Paris, 1934, cité LCHAUME, J.-F., BOITEAU, C. et PAULIAT, H., Op.cit., p.273
233
GUGLIELMI, G., KOUBI, G. et DUMONT, G., Op.cit., P.571, n°1265
234
LACHAUME, J.-F., BOITEAU, C. et PAULIAT, H. Op.cit., 276 ; C.E. 7 juillet 1950, GDJDA, p.288, arrêt
Dehaene, concl. Gazier dans lesquelles l’auteur estime que « admettre sans restriction la grève des
fonctionnaires, ce serait ouvrir des parenthèses dans la vie constitutionnelle et consacrer officiellement la
notion d’un Etat à éclipses. Une telle solution est radicalement contraire aux principes les plus fondamentaux
de notre droit positif »;
91
catalysant toutes les énergies publiques et privées pour assurer le développement de toute la
collectivité tant territoriale que humaine nationales.
C’est d’ailleurs, en ce sens, qu’on admet avec Duguit, comme nous le rappelle François
LEVEQUE précité que « l’Etat ne se définit pas par le monopole de la violence, mais comme
l’architecte de la solidarité sociale. Le service public est le fondement et la limite du pouvoir
gouvernemental ».235
Voilà pourquoi, selon la doctrine dominante en la matière, les mesures ainsi prises dans
l’intérêt de tous s’imposent tour à tour comme suit :
235
LEVEQUE, F., Op.cit. p. 180
236
LACHAUME, J-F. et alii, Op.cit., pp. 181-185 ; C.E., 25 juin 1969, Vincent préc. ;
C.E.26 juillet 1985, Association « Défense des intérêts des lecteurs de la Bibliothèque nationale », Rec.478 :
légalité de conditions restrictives d’accès à la Bibliothèque nationale le samedi ; C.E. 13 févr. 1987, Touche-
bœuf, DA 1987, n°160 ; C.E. 28 juin 1918, Heyriès, préc. ; C.E.12 nov. 1976, Syndicat unifié de radio et de
télévision CFDT, Rec.484 ;
92
« des services dans lesquels ils sont affectés » dans l’intérêt du service et de la bonne
administration de l’Etat.237
A ce titre, la jurisprudence administrative a tranché que « le statut des personnels et les
« nécessités du service public » 238 doivent se concilier.
Par conséquent, malgré la reconnaissance actuelle du droit de grève aux salariés du secteur
public par la jurisprudence, le principe dicte que le gouvernement peut même interdire
l’exercice de certains droits et libertés fondamentaux du citoyen aux agents publics
proprement dits.239
Dans la pratique des Etats, il en va aussi ainsi des collaborateurs occasionnels et bénévoles
et ou les fonctionnaires de fait. Par exemple, les fonctionnaires de certains services publics
stratégiques (membres de forces armées, de police, électricité eau, gaz, etc.) ne sont pas
admis d’aller en grève.240
D’autre part, s’appellent « les agents assimilés », certains agents, qui, sans être régis par le
statut du personnel de la fonction publique, ni justifier apparemment d’un lien juridique direct
avec le service en cause, y contribuent bénévolement et occasionnellement, comme bras
séculier de l’administration défaillante.
A ce titre, ils doivent, eux-aussi, respecter le principe de continuité du service dont ils ont eu
occasionnellement la charge. Il en est de même de ceux que la jurisprudence qualifie de
« fonctionnaires de fait ». C’est-à-dire des personnes ou des organismes qui, sans être
chargés d’une tâche publique à quelque titre que ce soit, s’en chargent à l’occasion des
circonstances exceptionnelles, ayant paralysé occasionnellement la vie d’une nation dans un
secteur important d’activités d’intérêt général.
Par exemple, nous enseigne la doctrine, les agents de services publics pénitentiaires et les
militaires, on l’a vu, ne peuvent pas grever. Il est également admis d’interdire toutes formes de
237
FRIER, P.-L et PETIT, J., Op.cit., p.325, n°388 : CE, 8 mars 2006, M. Onesto et autres, AJDA 2006. 576 ;
RFDA 2006, p.1236, concl. Keller (note 210); CE, Sect., 16 déc. 1966, synd. nat. Des fonctions des
préfectures, R. 662, AJDA 1967.99, concl. Bertrand (note 212); CE, 9 déc. 2003, Mme Aiguillon, RFDA,
2004.306, concl. Stahl (note214) : service minimum
238
CE sect., 6 mai 1970, syndicat national des cadres et de secrétaire comptable de la Banque de France, Rec.
p. 306, cité par GUGLIELMI, G., KOUBI, G. et DUMONT, G, Op.cit., p.599, n°1284
239
CE, 1er déc. 2004, Onesto et autres, concl. P. Colin, RDP 2005, p. 1104 ; note R. Noguellou, RDP éàà(, p.
1087 ; tc, 22 juin, 1992, Abella et autres, et TC, 12 Oct. 1992, Synd. cgt d’EDF et autres, note J.-F. Lachaume,
CJEG 1992, p. 481, ibidem, pp. 581-582, n°1288
240
CC 94-346 DC 21 juill. 1994, R.96 et 23 juill. 1996 préc.n°320 : nécessité, dans l’exploitation du domaine
public, voire du domaine privé de ne pas compromettre la continuité des services publics utilisateurs de ces
biens : CE 7 juill. 1909, arrêt Winkell, R. 826 et 1296, concl. Tardieu selon lesquelles « le fonctionnaire s’est
soumis aux obligations dérivant des nécessités mêmes du service public et a renoncé à toutes les facultés
incompatibles avec une continuité essentielle à la vie nationale », cités par FRIER, P.-L et PETIT, J., Op.cit.,
p.234, notes 206 et 207
93
grève surprise ou surprenante à effets pervers pour éviter leur usage abusif et contraire aux
nécessités de l’ordre public.241
C’est également dans ce sens qu’on prescrit le principe à l’égard des citoyens-usagers.
241
LACHAUME, J.-F. et alii, pp.283-284 ; C.E. 4 avril 1952, Syndicat régional des quotidiens d’Algérie, Gaz. Pal.
1953, I., 261 ; C.E. 19 oct.1962, BROCAS, Rec. 553 ;
242
IBIDEM, pp. 294-303
243
BARUCH, M.-O, Servir l’Etat français. L’administration en France de 1940à 1944, Fayard, 1997, cité par
GUGLIELMI, G., KOUBI, G. et DUMONT, G., Op.cit., p.578, n°1281, note 170
244
CE, Ass., 22 nov. 1946, Commune de Saint-Priest-la-plaine, rec. 279 ; D.1947.375, note Blaevoet ; S ;
1947.3.105, note F.PB., GAJA, p. 296, GDJDA, p. 311 ; CE, Sect., 9 0ct. 1970, Gaillard, Rec.565, concl.
Rougevin-Baville ; RDP 1970.1431, concl. Rougevin-Baville ; CJEG, 1971.200CE, 27 Oct. 1961, Kormann,
Rec.6007 (participation désintéressée du bénévole mais sollicitée par l’administration dont relève la mission
de service défaillant (sauf en cas d’urgence ou de sauvetage où le bénévole n’a pas besoin d’une autorisation
pour intervenir), l’associant effectivement au fonctionnement du service public comme s’il avait reçu mission
de service public ; pas une intervention sporadique ; donc s’il cause dommage, l’adm devrait répondre); CE,
Sect. 25 sept. 1970, Commune de Batz-sur-mer et Veuve Tesson, Rec.540 ; D.1971.55, cocl. Morisot ; AJDA
1970.37, chr. Labetoulle et Cabanes (Collabo-prompt bras séculier de la police admin. défaillante du Maire;
PREVOST, « la notion de collaborateur occasionnel et bénévole du service public », RDP 1980.1078, citées
par Lachaume et alii, ibidem, p.304
94
Donc, sur le plan administratif, le principe d’égalité se matérialise en termes d’égalité d’accès
aux charges publiques et devant les services publics dans le fonctionnement régulier des
institutions étatiques.
Autrement dit, au nom de l’égalité d’accès, tout citoyen a droit au recours en réparation des
dommages causés aussi bien par l’absence que par le fonctionnement défectueux dudit
service devant le juge. Celui-ci, une fois saisi, il examine le bien-fondé de la demande au cas
par cas.
Il en est de même de toute rupture abusive dans la continuité du service parce que
l’administration de l’Etat a l’obligation de prendre toutes les mesures d’application, qui
s’imposent, pour assurer l’exécution des lois de la République au sein de l’Etat. Dans la
mesure où, comme l’affirme Denis Clerc, « le marché est aussi un bien public, (…) pour ne
pas devenir le règne du plus fort et l’exploitation du plus faible, a besoin d’être contenu. Dans
le domaine de la santé, de l’alimentation, de l’éducation, du transport, des mines, du logement,
du commerce et, surtout, du travail. ».245
Mais, si on admet l’adage qui dit que « le ventre affamé n’a point d’oreilles », devant quel juge
peut-on amener des tels contentieux en R.D. Congo ? Difficile de répondre à la question.
Devant cette impasse, il faudrait décidément admettre que les Etats en crise doivent, en vue
de se doter des chances d’un développement durable, lutter avec acharnement contre le
libéralisme sauvage et appliquer avec discernement les principes du néolibéralisme
triomphant à notre époque.
Non seulement parce que ce libéralisme sauvage a prouvé sa vulnérabilité à travers la crise
financière internationale ; mais aussi et surtout parce que théoriquement, il engendre la crise
sous toutes ses formes. Et ce faisant, il n’encourage pas, dans la pratique, la production
nationale en vue de soutenir le marché intérieur, visiblement inoffensif et écrasé par les
importations anarchiques de toutes sortes.
Ainsi, l’Etat en gestation devrait donc imposer ses vues aux initiatives privées, tout en
fournissant, grâce à une saine justice, aux citoyens les outils nécessaires à la sauvegarde de
leurs différents droits et libertés fondamentaux, sur pied d’égalité.
245
CLERC, D., « Le marché n’a réellement pris son essor que lorsqu’il a été organisé et réglementé. Il est donc
d’abord une affaire d’institutions, desquelles dépend son dynamisme », in L’économie de marché, n°77,
Alternatives Economiques, hors série, Paris, 2008, pp.17-19
95
246
D’après les articles 1, 6 et 13 de la déclaration de 1789 : « les hommes naissent et demeurent libres et égaux
en droits » ; « la loi est la même pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse. Tous les citoyens étant
égaux à ses yeux, sont également admissibles à tous, dignités, places et emplois publics » bénéficient de
« l’égalité devant les charges publiques ».
247
CC, n°84-141 DC, 27 juillet 1982-loi sur la communication audiovisuelle, Rec., p.48 ; CC, 86-217 DC du 18
sept 1986, R.141 : « Principes fondamentaux du service publics et notamment le principe d’égalité » ; CC 12
juillet 1979, loi sur les ponts à péage ; AJDA 1979, n°9, 38, chr. De Laubadère ; CC 15 juillet 1976, Statut
général des fonctionnaires, JCP 1977, II, 18761, note Nguyen Quoc Vinh
248
; CE,, Ass., 1er avril 1938, L’Alcool dénaturé de Coubert, rec. p ;337, RDP 1939. 487 : égalité des candidats
usagers et usagers du service public; CE, Sect., 26 oct. 1979, Millan, Rec.396 ; AJDA 1980, 87, chr. Robineau
et Feffer : égalité de traitements des agents du même corps; C.E., Sect., 9 mars 1951, Sté des concerts du
conservatoire : égalité des usagers; C.E., Ass., 28 mai 1958 Arrêt Barel :égalité d’accès aux emplois publics ;
C.E., Sect., 26 avril 1985, ville de Tarbes : discriminations tarifaires sont illégales ; CE, Sect. 10 mai 1974,
Denoyez et Chorques : égalité des usagers dans la même situation ; tarifs différenciés : CE, 5 oct. 1984, Co.
Rép. Ariège ; CE, 12 juillet 1995, Cne de Mainteron : absence d’intérêt général
249
GUGLIELMI, G., KOUBI, G et DUMONT, G, Op.cit., p.533, n°1180 ;
96
De nos jours, on admet avec la doctrine que l’égalité juridique de tous est « l’une des
préoccupations majeures des sociétés démocratiques contemporaines ».250 Après la
continuité et l’adaptation des services publics, malgré l’absence de la hiérarchie entre les trois
principes, « l’égalité constitue la troisième règle fondamentale, qui gouverne l’organisation et
le fonctionnement des services publics ».251
Il s’agit, d’après la jurisprudence française en la matière, de l’égalité de traitement entre les
usagers devant les charges publiques et devant les services publics, de l’égal accès aux
emplois publics autant que devant la loi.252 C’est le juge, réputé être le gardien des libertés,
qui examine l’établissement ou non de cette égalité entre les citoyens.253
Mais nul ne peut contester également, à ce jour, le fait qu’au sein d’un Etat de droit, le juge est
investi par les pouvoirs publics eux-mêmes. En plus, il n’exerce ses fonctions que dans le
cadre dudit Etat, qui lui en donne les moyens tant matériels (infrastructures qui abritent les
différents services publics et fournitures des bureaux) que financiers (subventions et divers
frais de fonctionnement, sans oublier les salaires).
Aussi, semble-t-il évident que, pour assurer l’égal accès des citoyens à n’importe quel service
public et devant la loi et devant les charges publiques, il faut partir d’une situation concrète.
En théorie, dans la mesure où les situations diffèrent, on admet que l’égalité se réalise par la
discrimination et à l’intérieur de la discrimination.254 Autrement dit, pour qu’il y ait l’égalité,
certaines conditions doivent être réunies pour que les agents placés dans la même situation
accèdent dans les mêmes conditions au service public concerné par leur situation. Donc, il n’y
a pas d’égalité entre les citoyens devant les lois et ou devant les charges publiques, qui ne
soit garantie à ce dernier par l’Etat.
Sans risque d’être contredit, en application de la jurisprudence, qui le confirme,255 l’on peut
donc aisément affirmer qu’un Etat démissionnaire aggrave, non seulement l’état des inégalités
250
IBIDEM, p.532, n°1178
251
LACHAUME et alii, Op. Cit. , p.335 ; GUGLIELMI, G., KOUBI, G et DUMONT, G, Op.cit., p.533, n°1180
252
CE, 29 nov. 1911, Chomel, Rec. 1265. S. 1914.3.102 ; Cfr. note, 222 : CE, Sect., 9 mars 1951, Société des
concerts du conservatoire, Rec. 151, Dr. Soc. 1951.368, concl. Letourneur, note Rivero ; CE 16 mars 1998,
Durante, RFDA 1998.661 ; CE 12 juillet 1993, Chaulet et autres, Rec. 216 ; CE 10 mai 1996, Ville d’Evreux,
Rec. 163. CE, Ass., 5 mars 1999, Confédération nationale des groupes autonomes de l’enseignement public,
RFDA 1999.678 ; CE 28 avril 1997, union nationale autonome de la police municipale
253
Cfr. supra, notes 221-222 ; 226
254
CE, 28 mars 1997, Sté Baxter : traitement égal des usagers placés dans des conditions différentes ; CE, Sect.
10 mai 1974, Denoyez et Chorques
255
CE, 12 oct. 1984, chr. Synd. Agents Assurances des Hautes-Pyrénées, R.326, RFDA 1985.13, concl.
Dandelot : égalité dans la passation des contrats; CE, 9 mars 1951, Soc. Concerts du Conservatoire, R.151,
CC, 99-414 DC du 8 juill. 1999, R.92 (l’égal accès au service) ; (FRIER, P.-L. et PETIT, J., Op.cit, p.354,
n°581, note 84) ; IBIDEM, p.231, n°380, note 193
97
entre les citoyens, mais également accentue l’exploitation de plus démunis par les plus nantis
ou les plus riches.
En ce sens, en l’absence d’une régulation politique, les plus rusés et détenteurs des moyens
économiques et financiers de production, les utilisent à leur seul profit au détriment de
l’ensemble des populations les plus démunies.
Pour mémoire, on peut rappeler que tous les anciens régimes politiques étaient fondés sur les
inégalités de toutes sortes et sur les droits aux privilèges de divers ordres basés, notamment
sur le droit à la différence axée sur le sexe, la fortune, le niveau d’instruction, l’appartenance à
un groupe social (race, ethnie, etc.).
C’est sans doute, de notre point de vue, contre ces inégalités et discriminations que les
différentes révolutions, dont notamment la révolution française, qui nous sert de base,
s’étaient toutes soulevées.
De nos jours aussi, il n’est point de doute d’admettre que même le combat pour la démocratie,
tant vantée à notre époque, trouve son fondement dans la lutte contre les inégalités.
Parce qu’en fait, comme l’affirme Gerald Caplan, « sans l’enracinement du respect de la loi et
des droits de l’homme, un engagement envers l’égalité entre les sexes, un système judiciaire
indépendant, une armée qui se tient toujours scrupuleusement à l’écart de la politique, la
liberté d’expression (…) aucun Etat ne peut être qualifié de véritable démocratie ».256
D’où nécessité d’outiller le gardien des libertés contre tout abus, quels qu’en soient les auteurs
et d’où qu’ils viennent, voire à quelle classe sociale ils appartiennent.
256
CAPLAN, G. Op. Cit. pp.162-163
257
Cfr. supra S/2, §1, notes 221-222
258
CHAPUS, R., Droit administratif général, t14, Op.cit., p.598, n°786, in fine
98
jurisprudence française ci-haut, de l’égalité d’accès des usagers au service public (1), de
l’égalité de traitement des usagers se trouvant dans la même situation juridique (2), de l’égalité
d’accès aux fonctions publiques et ou devant les charges publiques(3).
259
GUGLIEMI, G., KOUBI, G. et DUMONT, Op.cit., p.534, n°1184 ; CE, 29 déc. 1911, Chomel, Rec. p.1265, note
6 ; CE, 10 fév. 1928, Chambre synd. des propriétaires marseillais, Rec. p. 222 et CE, 6 mai 1931, Tondut,
Rec. p.477 ; S.1931.3.81, note Laroque consacrent l’égalité devant les services publics; CE, Sect. Du 19
déc.1979, Meyet, Rec. p. 145 et CE, 16 mars 1977, Assoc Loisirs et Défense, Rec. p. 139 : consacrent
l’égalité des usagers dans les services publics
260
FOILLARD, Ph., Droit administratif, Op.cit. p.197
261
GONOD, P. « l’acte administratif unilatéral : régime juridique », in les notices droit administratif et
administration, la documentation française, Paris, 2008, pp. 73-76 ;
99
autorité agit librement sans que la conduite à tenir soit dictée à l’avance par une règle de
droit ».262
Toutefois, ce pouvoir discrétionnaire n’est pas absolu ; car, toujours est-il qu’il reste soumis au
principe de légalité obligatoire pour tous actes administratifs. Par ailleurs, le contrôle est
exercé, en principe, tant du point de vue de la compétence matérielle, personnelle que du
temps et du lieu de l’acte.
Dans tous les cas, on l’a vu, le droit aux services publics n’existe pour les citoyens que dans le
cadre des lois et règlements qui en déterminent les autorités compétentes et en délimitent le
cercle des bénéficiaires (citoyens-administrés, titulaires des droits). Ceux-ci sont seuls
autorisés à pouvoir en réclamer le bénéfice auprès de l’autorité et ou du juge.
De même que tout refus de la part de l’administration débitrice de la prestation doit être
motivé ; de même, tout octroi d’un droit d’accès au service doit être justifié, selon qu’il était
obligatoire ou facultatif. Tant il demeure vrai, comme l’affirme Jacques Moreau,263
qu’aucune « liste des « autorités administratives » n’a jamais été dressée dans un texte
unique ».
Eu égard à ce qui précède, il est amplement raisonnable qu’un tel droit réserve, à ses
titulaires, un droit de recours devant le juge pour excès de pouvoir, si un usager estime que
l’autorité administrative a abusé de son pouvoir de décision dans un cas comme dans un
a u tr e .
Par exemple, s’il devait bénéficier d’un droit en tant qu’administré au nom du principe d’égalité
au même titre que ceux des autres usagers, dont les droits ont été protégés.
Il en est de même du droit d’accès de tous les citoyens au service public dans les mêmes
conditions que les autres.
262
MICHOUD, L. Etude sur le pouvoir discrétionnaire de l’administration, LGDJ, 1913, cité par Jacques PETIT,
Op.cit. p.311où il enseigne en même temps la notion de l’échelle de discrétionnalité selon les éléments
concernés
263
MOREAU, J. (Sous la direction), Droit public, t.1, Op.cit. p.522
264
JORION, B., « Les principes généraux du droit », in les notices Droit administratif et administration, la
documentation française, Paris, mars 2008, pp. 5-9 ; PETIT, J. et FRIER P.-L., Op.cit. p231 ; CE, Sect., 9
100
le droit des candidats à un même examen et266 celui d’accès au scrutin267et aux fonctions
publiques 268 dans les mêmes conditions. Le droit au même traitement des fonctionnaires d’un
même corps269 s’ajoute à cette longue liste.
En doctrine et en jurisprudence, en France par exemple, l’égalité de droit implique que tout
projet ou toute décision, tendant à réorganiser et ou à supprimer un service public en cause,
doit être précédé désormais d’une étude d’impact sur les droits des usagers. Il entraîne avec
lui le droit d’égal accès aux emplois publics, sans aucune discrimination.270 Autrement dit, ce
droit implique la suppression de tout esprit de favoritisme, du despotisme, et de patrimonialité
des fonctions publiques.
De ce point de vue, aucune attribution d’une fonction, à un citoyen ou à un groupe des
citoyens, fondée sur la fortune ou toute autre discrimination, par exemple, sur l’origine
ethnique ou régionale, et ou politique du candidat à l’emploi, etc.), n’est admise.
À l’exception bien entendu de certaines fonctions, qui présentent un caractère plus technique,
exigeant des postulants une certaine connaissance technique ou une certaine formation.
En ce cas, l’administration est ainsi autorisée de réserver pareils emplois à cette catégorie des
citoyens détenant certains titres ou certaines qualifications tels les ingénieurs en construction
ou en bâtiment (un architecte), en informatique (informaticien), etc.
Même dans ce cas, il devrait s’agir des fonctions dont l’attribution relève du pouvoir
discrétionnaire du gouvernement, auquel cas le droit d’égal accès ne joue qu’à l’égard de ceux
des postulants qui détiennent les mêmes titres et qui remplissent ainsi les mêmes conditions.
Comme on l’a vu, en tant que principe général du droit, tout justiciable peut invoquer l’égalité
d’accès dans et devant les services publics devant le juge pour vaincre l’inertie ou le silence
de l’administration à sa demande d’accéder à un emploi public lorsqu’il prétend remplir les
conditions comme les autres dont les demandes ont été traitées à son préjudice.
Le même principe reste aussi de mise dans le fonctionnement des services publics
mars 1951, Société des concerts du conservatoires, Leb. p. 151, cité par JORION, B., Op.cit. p.7 et PETIT, J.
et FRIER, P.-L. Op.cit. p. 231
265
CE, Ass., 22 févr.1974, Association des maires de France, Leb. p. 136
266
CE, 23 déc.1995, Patrick, X., Rec. N°288403
267
DOLEZ, B., « L’accès au scrutin », in « Campagnes électorales », Regards sur l’actualité n°329, la
documentation française, Paris, mars 2007
268
CE, Ass., 28 mai 1954, Barel, Leb. p.308
269
CE, Sect., 26 oct. 1979, Millan, Leb. p. 396
270
CE, 13 juin 1997, Sté des transports pétroliers par pipe-line, concl. Bergeal, AJDA 1997, p. 794 et CE, 14 mai
1990, Lille Université Club, AJDA 1991, p. 742, note Théron : l’égalité d’accès à certaines activités,
prestations, ouvrages ou équipements, n’est pas exclusive au service public (GUGLIELMI, G., KOUBI, G. et
DUMONT, G., Op.cit., p.536, n°1186-1189, notes 20-29 ; CE, Ass., 28 mai 1954, Arrêt Barel et autres, p.138,
concl., M. Letourneur, D.1954, p594, note Morange, DA 1954, p.149, concl., note C. Eisenmann, RDP 1954,
p. 509, concl., note M. Waline, S 1954.3.97, note A. Mathieu dans l’affaire des « candidats communistes à
l’ENA », cité par R. CHAPUS, DAG, 14e, éd, Op.cit., p.602, n°788, 1°
101
271
L’arrêt fondamental, qui selon R. Chapus a été d’un retenissement exceptionnel est celui du conseil d’Etat du
28 mai1954 déjà référencé au sous paragraphe 2, note 242
272
TA d’Amiens, 31 octobre 1978, Hosten et Dlle Mahiu, AJ 1979, n°11, p.3é, note de Richer : exclusion d’un
journal de la liste des bénéficiaires, pour cause de divergences politiques ; CHAUS, R., Droit administratif
général, TII, Op.cit., n°173 et s ; CC, 15 juillet 1976, Statut général des fonctionnaires, p.35, JCP 1977,
n°18760, note Nguyen Quoc Vinh
273
Cfr. supra, chapitre troisième, S/Section deuxième, §1-2, notes 193-199 et 201-211
274
CE 10 juillet 1995, Contremoulin, p.293, AJ 1995, p.925, concl. Y.Anguila, DA 1995, n°589 où il s’était agi d’un
refus d’accorder une dérogation à la carte scolaire fondée sur la proximité du lieu de travail des parents, alors
que des dérogations fondées sur ce motif ont été légalement accordées à d’autres personnes ; CE 28 juillet
1999, Griesmar
275
CE 1 novembre 1997, Poirrez, p.143, RFDA 1998, p.201 : différences de traitement entre usagers de la poste
tenant à une inégale répartition des boites aux lettres dans la commune ; CE 18 mars 1994, Mme
Dejnckeere, : reconnaissance d’un intérêt général justifiant la différenciation tarifaire en cause
102
Dans ce cas, chacun des citoyens d’un Etat donné doit supporter, à un moment donné, une
part des charges fiscales de l’Etat appelée « égalité en face des charges » et avoir part égale
à la redistribution des ressources nationales considérée comme une égalité dans les charges.
S’applique ainsi ici le principe d’égalité, selon lequel, à revenu égal, impôt égal. Laquelle
égalité est considérée comme une égalité rendue effective par les charges.
Au final, dans toutes ces situations pré-rappelées, il faut souligner que le rôle du juge, en sa
qualité de gardien des libertés fondamentales, consiste à contrôler l’exactitude matérielle de la
différence des situations invoquée pour justifier la rupture d’égalité contestée. Cela lui permet
d’établir le rapport de cause à effet entre la discrimination réalisée et la différence des
situations concernées et ou le motif d’intérêt général prétendu le justifiant.276 Excepté, si l e
juge se prononce en sens contraire.277
Mais, de notre point de vue, le débat en RD Congo se situerait, non pas à ce niveau d’égalité
individuelle, mais plutôt à celui de l’égalité des différents groupes sociaux, dont l’inconscience
d’appartenir à une même nation a détruit tout esprit public dans le chef de tous les Congolais.
Cette rupture d’égalité entre les groupes proto-nationaux congolais cause un énorme désastre
sur le plan du fonctionnement de l’ensemble des services publics dans le pays.
Il en va de même du principe d’adaptation de services publics, dont l’étude s’impose ci-
après, qui a du mal à s’en raciner, en général, dans l’esprit de tous les congolais et, en
particulier, dans celui des élites congolaises autant que les précédents :
276
C’est le cas de la rupture d’égalité pour le motif d’intérêt général et la différence des situations des agents
économiques et ou des usagers des services publics concernés.
277
CE 28 avril 1993, Commune de Coux et Sect 19 décembre 1979, Meyet ; CE, Sect. 10 mai 1974, Denoyez et
Chorques ;
103
278
PETIT, J. et FRIER P.-L Op.cit. p.237 utilise le substantif « mutabilité » et cite la jurisprudence fédération
nationale Ass. Usagers des transports, CE 19 juil. 1991, R.295, et Vincent du CE 25 juin 1969, R.334 pour
justifier l’application du principe de mutabilité ; LINOTTE, D. MESTRE, A. et ROMI, R. Op.cit. p.79 ;
LACHAUME, J.-F et alii, Op.cit. p.309
PECHILLON, E. « Le service public », in les notices Droit administratif et administration, La documentation
française, Paris, mars 2008, pp.117-122 cite à ce propos la jurisprudence Vannier du Conseil d’Etat, Section
du 27 janv. 1961
279
CHAPUS, R., Droit administratif général, TII, 14e éd. Op. cit., p.593, n°776 ;
280
LACHAUME et alii, Op. Cit. pp. 309-334 ; GUGLIELMI, G., KOUBI, G. et DUMONT, G., Op.cit., p. 597, n°1317
PETIT, J. et FRIER, P.-L. Op.cit. p.237 : « Mais les conditions dans lesquelles il exerce peuvent changer ; aussi
l’autorité compétente doit-elle pouvoir prendre les mesures nécessaires pour adapter le fonctionnement du
service public à celles-ci »
281
CHAPUS, R., Droit administratif général, T1, 14e éd., Op.cit., p.593, n°576
282
CE, 27 janv.1988, Giraud, R.39 à propos de la responsabilité de l’Etat pour ne pas avoir mis en place un
enseignement pourtant prévu par les programmes scolaires, citée par FRIER, P.-L et PETIT, J., Op.cit., p.237,
n°389, in fine, note 220
104
ils sont prétendus besoins publics impératifs devant être satisfaits indépendamment de la
satisfaction de l’intérêt général.
Mais, en réalité, ils ne peuvent être justifiés paradoxalement que par rapport à l’intérêt de tous
les membres de la société politique globale.
Comme les deux premiers principes, celui de mutabilité produit aussi deux incidents majeurs,
l’un à l’égard des agents publics et l’autre à l’égard des usagers de services publics eux-
mêmes.
283
CHAPUS, R., Droit administratif général, 14 e éd, Op.cit. p.593, n°777
284
JEZE, G. Principes généraux du droit administratif, 3è éd. Paris, 1934, IV, p.222, cité par LACHAUME, J.-F.,
BOITEAU et PAULIAT, H., Op.cit. p.311 ;
285
GUGLIELMI, G., KOUBI, G. et DUMONT, G., Op.cit., P.599, n°1320
105
C’est en ce sens qu’on peut affirmer avec la doctrine, notamment Didier LINOTTE, Achille
MESTRE et Raphaël ROMI, que pour mieux gouverner, les gouvernants doivent, non
seulement absolument apprécier correctement les exigences d’intérêt général, mais
également rester précisément « à l’écoute des gouvernés et qu’ils entendent et répondent à
leurs demandes ».286Mais, toutefois, selon la doctrine, il n’y a pas d’obligation de résultat pour
certains services publics.287
Cependant, selon la jurisprudence, « le principe de l’adaptation constante des services publics
doit jouer de telle façon qu’il assure à l’usager un droit au fonctionnement normal du service
qui postule, au minimum, un droit d’accès normal au service »288 .
De ce point de vue, pour un citoyen digne de ce nom, tout se passe par et dans son Etat ; et,
dans cet objectif, il a le devoir de participer, en conscience, autant à l’organisation qu’à la
gestion des services publics au sein de ce dernier.
Donc, la mutabilité s’impose autant à l’administration et à ses agents qu’à tous les exploitants
publics.
286
LINOTTE, D. et alii, Op.cit p79, n°176 ;
PETIT, J. et FRIER, P.-L., Op.cit. p.237, n°391;
ETIEN, R. Op. Cit. pp. 17, 53 et 109; MOREAU, J. (dir.), Op.cit. pp.525-540 ;
FOILLARD, Ph., Droit Administratif, Op. Cit. pp.194-210;
LACHAUME, J.-F. et alii, Op. Cit. pp. 272-334 ;
287
MESCHARIAKOFF, droit des services publics, 2è éd., 1997, n°84, cité par LACHAUME et alii, Op.cit., p.318
288
Voir aussi la CE 25 juin 1969, Vincent, préc. précité repris ici par LACHAUME et alii, Op.cit.318
289
LACHAUME, J.-F., BOITEAU, C. et PAULIAT, H. Op. Cit. pp. 315-334 ;
PECHILLON, E., article précité, p. 121 ;
290
GUGLIELMI, G., KOUBI, G. et DUMONT, G., Op.cit., p.601, n°1326
106
Dans cet ordre d’idées, à l’exception de l’agent contractuel régis par le droit privé, tout
fonctionnaire doit, en cas de refus des règles tendant à faire évoluer le service public,
démissionner. Mais sa démission ne peut produire ses effets qu’à partir du moment où elle est
acceptée par son supérieur hiérarchique.
Toutefois, il faut souligner que tous les agents publics sont concernés, y compris les
contractuels lorsqu’il s’agit des mesures d’ordre intérieur tels que les avis, les communiqués,
les instructions, les directives, les circulaires et autres instructions contenant les
recommandations faites dans l’intérêt de service. Car, en droit public, contre de telles
mesures, destinées à la bonne marche du service, il n’existe pas de recours pour excès de
pouvoir. Il en est de même des usagers du service concerné.
A ce sujet, la doctrine et la jurisprudence291 admettent que l’administration dispose du
« pouvoir de contrôle et de direction », et même de sanction à l’égard du cocontractant, non
fonctionnaire, à qui elle a confié la gestion du service concerné. Ainsi, conservant la maîtrise
du service concédé, elle a donc le pouvoir de l’obliger ainsi d’adapter la gestion dudit service
aux variations de l’intérêt général.292
Donc, dans cet ordre d’idées aussi, on admet que tous les usagers sont, eux-aussi, obligés de
s’y soumettre.
291
IBIDEM, p.602, n°1326, in fine; CE, 22 fév. 1952, Soc. Pour l’exploitation des procédés, Ingrand, Rec., p.130,
note272 ; Ce, 2 nov. 1962, ASSEDIC de la sidérurgie de l’Est, Rec., p.588, note 273 ; JEZE, G., Les Contrats
administratifs, tII, 1932, p.365 ; PEQUIGNOT, G., Théorie générale du droit administratif, 1945, p.306 et s. ;
De Laubadère, A.et alii, Traité des contrats administratifs, tII, LGDJ, 1984, n°1180 et ss. ; POUYAUD, D., La
nullité des contrats administratifs, LGDJ, 1991, p.243, cités par GUGLIELMI, KOUBI et DUMONT, Op.cit.,
p.602
292
LACHAUME, J.-F, et alii, Op. Cit. p.309, d’après cette doctrine, on pourrait admettre la variation des intérêts
de la société moderne en fonction de l’évolution de la technologie, qui oblige l’Etat de changer ses
mécanismes juridiques de protection de l’intérêt général dans le temps et l’espace ; et ce faisant oblige aussi
les usagers à se comporter en conséquence au rythme du changement des méthodes et techniques
imaginées, je l’espère dans leur intérêt. ; même si cela ne parait pas évident dans la pratique
293
GUGLIELMI, G, KOUBI, G. et DUMONT, G., Op.cit., p.604, n°1332
107
surtout, être accessible à tous les usagers, sans exception aucune, dans les mêmes
conditions.294
Voilà pourquoi, tout dysfonctionnement (ou toute absence) du service public administratif
obligatoire et « essentiel à la vie collective », imputable à l’administration, donne droit à
l’usager, en situation légale et réglementaire, de faire recours pour excès de pouvoir devant le
juge.
Mais, même dans ce cas, l’usager ne dispose pas d’un « droit au maintien d’un certain type de
fonctionnement, un certain mode de gestion du service ». L’autorité peut donc en décider
autrement. Sauf s’il s’agit de l’existence du service réputé vital pour la collectivité et non celle
d’un service non obligatoire.295
Par conséquent, en cas de mauvais fonctionnement ou de toute autre cause liée à la défection
du service ou d’erreur manifeste d’appréciation de l’administration, le juge doit sanctionner le
comportement fautif de l’administration compétente. Dans la mesure où les mesures
d’adaptation portent atteinte aux droits reconnus aux usagers dans le cadre de la loi qui les
leur octroie, comme on l’a vu en jurisprudence et doctrine, consacrant le « droit au
fonctionnement normal et juridiquement régulier » du service public en cause.296
Cette exigence de régularité de fonctionnement du service en cause entraîne, par le fait même
pour l’administration, le pouvoir de modifier de façon unilatérale les clauses réglementaires
des contrats de concession, en vue d’assurer la marche normale du service public dans
l’optique de pouvoir protéger l’intérêt général. En d’autres termes, les modifications ne peuvent
être opérées que si elles sont utiles au bon fonctionnement du service ; c’est-à-dire utiles aux
usagers.
Partant de ce point de vue, on est autorisé d’affirmer que c’est la satisfaction des intérêts des
usagers, qui commande, bien entendu en théorie, l’adaptation du service public à tous égards
et que, par principe, nul n’est permis d’évoquer un quelconque droit acquis selon les
anciennes modalités de fonctionnement du service.
294
PETIT, J. et FRIER, P.-L., Op. Cit. p.237, n°390
295
CE, ass., 9 déc.1932, Compagnie des tamways de Cherbourg, Rec. p.1050, RDP, 1933, 11è, concl. Josse,
note JEZE ; CE, 25 juin 1954, Synd.nat. de la meunerie à Seigle, Rec. p.379 ; CE, 27 janv.1961, Vannier,
Rec., p.60, concl. Khan, AJDA 1961, p.74, chron.
296
LACHAUME, D. et alii, Op. Cit., p318-324 ; CE 6 nov. 1985, Société Condor-Flugdienst, Rec.313 ; AJDA
1986.84, chr. Hubac et Azibert, a contrario ;
CE 6 nov. 1985, ministre d’Etat, ministre des transports c/ TAT, mêmes références
CE, Ass., 17 févr. 1995, Hardouin et Marie, GAJA, p.777 ; GDJDA, p.488
108
Donc, le changement est incontournable, lorsque l’intérêt de service l’exige. Pareillement, les
recours en justice introduits par les usagers contre les mesures d’adaptation de service au
nom des droits acquis ne peuvent être fondés en droit.
Dans le même sens, on admet avec Didier LINOTTE, Achille Mestre et Raphaël ROMI et la
jurisprudence française que dans le cas où le service à été concédé « le concédant doit
surveiller le bon fonctionnement de la concession, vérifier la correcte exécution du cahier des
charges ».297
Mais on ne s’en doute pas qu’un tel principe ne soit exempt de critique dans une société en
gestation et en crise, à l’instar de la R.D. Congo, sous examen.
297
LINOTTE, D et alii, Op. Cit. , p309 ; CE 18 juillet 1930, Cie PLM : RDP 1931, p142 cité également par les
mêmes auteurs dans le même ouvrage précité
298
Selon LINOTTE D. et alii, Op., Cit., p. 309 , le fonctionnement régulier continu et adapté du service public
oblige l’autorité concédante de contrôler et de surveiller les exigences d’adaptation même dans l’opération de
la délégation des services publics ; PECHILLON, E., article précité p.121 : Actuellement, la jurisprudence CE,
Ass., 24 mars 2006, KPMG et CE, 13 déc.2006, Lacroix, admettent même qu’en cas d « atteinte excessive
aux intérêts publics ou privés en cause » l’instauration d’un période de transition
109
Dans ce pays, l’Etat, encore perçu au stade actuel, comme un phénomène presque
patrimonial en pleine évolution, par intérêt général, il faudrait entendre un intérêt beaucoup
plus tribalo-ethnique et ou régional que nullement national.
En pareilles circonstances, sur le plan juridique, réaliser l’intérêt collectif, déjà difficile à définir,
devient tout simplement hypothétique dans une société plurinationale.
D’abord, parce que le modernisme exige, aux régions en pleine décomposition, de tout
embrasser, dans un laps de temps, pour garantir à la fois la liberté et l’égalité à toutes les
proto-nations face à une autorité en gestation.
Ensuite, parce que, sans toutefois se préoccuper de la manière dont cela pourrait se réaliser
en harmonie avec les exigences actuelles des relations économiques internationales, telle
entreprise relève de toute évidence de la fiction juridique.
Enfin, l’intérêt général exige, de toute évidence, un climat de paix et de réconciliation nationale
presque impossible à l’heure actuelle où les élites congolaises vivent dans un climat de
suspicion, de violence tribalo-ethniques de toutes sortes.
Dans un tel climat, il y a donc fort à parier incontestablement qu’aucune autorité politico-
administrative quelle qu’elle soit et d’où qu’elle vienne, des urnes ou du bout du canot, et, ce
quelle que soit sa bonne volonté de vouloir assurer la protection des droits fondamentaux du
citoyen, ne puisse prétendre gérer, en conscience, l’Etat en toute transparence et neutralité
dans le strict respect des principes qui régentent la vie des services publics.
Puisqu’en fait, autant que les principes fondamentaux des services publics s’avèrent difficiles
à appliquer, autant leurs corolaires encore en élaboration et ou en discussion dans les vieilles
nations peinent à trouver un terrain favorable dans une société en crise congénitale.
Et pourtant partout dans le monde et en RD Congo, pour les uns, on est déjà en démocratie
en RD Congo ; donc, dans cette hypothèse, il suffit de réformer nos institutions politiques et
administratives pour développer notre société.
Tandis que pour les autres, catégorie à laquelle on appartient, les conditions humaines des
populations congolaises détériorées par la destruction de l’esprit public dans le chef des élites
congolaises ne s’y prêtent pas encore.
Donc, pour y arriver, il faudrait récréer l’esprit public, réconcilier les congolais entre eux,
déterminer nos priorités et les exécuter ou procéder par étape, en RD Congo.
110
299
DELVOLVE, P., Droit public de l’économie, Dalloz, Paris, 1998, pp.598-602. ; LINOTTE et alii, Op. Cit., pp.62-
69, n°144-157 ; LACHAUME et alii, Op. Cit., pp. 52-70 ; T.C. 10févr.1949, Guis, p.290 ; T.C. 12 nov.1984,
Société Interfost c/ F.I.O..M, p.450 ; RFDA, 1985.250, conc. B. Genevois ; T.C. 24 juin 1968, Sté
d’approvisionnements alimentaires et Soc. Distilleries bretonne, AJDA, 1969.131, note A. de Laubadère ;
J.C.P 1969.II.15764, note Gégout ; D.1969.116, note Chevallier marquent les limites de la
qualification textuelle du service; tandis que la jurisprudence C.E. 30 juin 1950, Min. des travaux publics c/
soc. Merrienne, p.408 ; 10 mai 1974, Denoyez et Chorques, AJDA, 1974.298, chron. Franc et Boyon à propos
de bacs (activité de transports); CE 23 mai 1924, Soc.les affréteurs réunis, p.498 ; 12 nov 1948, Cie des
messageries maritimes, p.428 (activité d’assurances); T.C. 15 janv. 1979, caisse de crédit municipal de
Toulouse c/Creus (activité de crédit), etc.;
300
GUGLIELMI, G, KOUBI, G et DUMONT, G, Op.cit, pp. 607-625, n°1340-1383 ; pp. 627-674, n°1384-1474
301
LACHAUME et alii, Op. Cit. pp.367-390 ; CHAPUS, R., Droit administratif général, T1, 14e éd., Op.cit., p599,
n°787
111
302
PETIT, J. et FRIER, P.-L ; Op. Cit. p.238, n°392-393 ; de même que l’article 193, al.1 de la constitution
congolaise actuelle parle de l’administration publique « apolitique, neutre et impartiale »
303
RIVERO, Libertés publiques, PUF, Paris, 1977, tome 2, p. 130
304
COLLIARD, Libertés publiques, Précis, 6è éd. Dalloz, Paris, 1996, p.401 ;
305
LACHAUME, J.-F. et alii, Op. Cit., p.371
306
LINOTTE, D. et alii, Op. Cit., p.82 ; CHAPUS, R., Droit administratif général, T1, 14e éd., Op.cit., p599, n°786-2
et 787
112
principe, les avantages à une catégorie des citoyens au détriment de l’autre, placée dans les
mêmes conditions pour des raisons que nous venons d’évoquer à l’instant même.
Excepté, le cas du service public exigeant des prétendants une certaine spécialité ou une
certaine connaissance technique quelconque, auquel cas, seuls les candidats présentant les
mêmes qualifications, à l’occasion d’un marché public, peuvent y participer et devront tous
également être placés sur le même pied d’égalité.
Mais on sait que la doctrine reste divisée sur la question. En effet, une partie le rattache, non
pas au principe d’égalité, mais à celui de continuité et de régularité des services publics en
même temps.
Tandis qu’une autre, tenant compte du fait que presque toutes les prestations de services
publics fournies par l’Etat à sa population ont vocation à être a priori neutres, car n’étant ni de
gauche ni de droit, ni encore moins du centre, le considère comme un principe spécifique.
C’est en faveur de cette dernière position que s’étaient prononcés Jacques Chevallier et
Loschak, lorsqu’ils affirmaient que dans une société civile « déchirée des conflits insolubles,
(…); l’Administration a pour fonction d’unir, de rassembler, d’intégrer (…) neutre et objective :
échappant aux clivages sociaux, aux antagonismes de classes, c’est un arbitre impartial, au
service de la collectivité et capable de définir un intérêt général qui dépasse et transcende les
particularismes sociaux ».307
Donc, on se conviendrait avec nous que le service public est l’affaire de tous et devrait, à ce
titre, être, à tout prix, considéré comme une activité, qui peut bien réunir un consensus chez
tous les citoyens de bon sens, engagés dans le combat contre la misère de leurs concitoyens.
D’où l’étude de la problématique de sa mise en œuvre.
307
CHEVALLIER, J. et LOSCHAK, Science administrative, LGDJ, 1978, n°1113 cité par LACHAUME et alii,
Op.cit., p.373
308
CE 8 nov.1985, Ministre de l’éducation nationale c/ Rudent, RDP, 1986. 248, note de Llorens
113
d’accès aux emplois publics sans discrimination ainsi que l’égalité de traitement des
fonctionnaires, membres du même corps et les usagers de mêmes services publics.309
Ainsi, dans la conception de ce travail, sachant que les services publics ont un rôle important à
jouer dans une société en décomposition dans la promotion des droits fondamentaux du
citoyen, on dirait que le principe de neutralité fait partie de la gamme des principes
démocratiques, qui gouvernent le domaine de services publics.
A ce titre, le principe trouve application, de façon autonome, aussi bien dans le contenu des
prestations des services publics, dans l’utilisation des biens publics, dans le comportement
des agents publics que dans l’usage des moyens financiers de l’Administration publique.
En droit administratif général, il en résulte sans doute, d’après la doctrine à laquelle nous
appartenons, que des théories juridiques suivant lesquelles le principe de la neutralité peut
être utilisé, dans son sens spécifique et autonome, comme un si mple principe général du droit
ayant valeur soit législative, soit infra-législative ou supra-décrétale.
En d’autres mots, son usage peut résulter soit de la loi ou d’un décret, soit être employé
comme principe général du droit, ou encore être considéré comme principe subsidiaire à celui
de l’égalité, doté de valeur constitutionnelle au même titre que ce dernier.
En RD Congo, on est bien loin d’atteindre un tel niveau de débat en droit ; dans la mesure où
tout est encore à construire au niveau élémentaire du ventre affamé réputé sans oreilles. C’est
sans doute, à cause de la faim, que même les élites se jalousent, se haïssent et se
comportent comme des médiocres analphabètes affaiblis par l’illettrisme. D’où nécessité de
discuter de la valeur scientifique d’un tel principe
S/§ 3 : De la critique du principe de neutralité des services publics dans la vie des
usagers
Eu égard à ce qui précède, l’essentiel à retenir ici, c’est que l’Etat avec ses collectivités
publiques territoriales et ses établissements publics personnalisés, demeure, en sa qualité de
service public organique, le seul acteur public neutre capable de fournir à une population,
déshéritée et complètement meurtrie et démunie, les biens de première nécessité à moindre
309
CHAPUS, R. Droit administratif général, T1, 14e éd., Op.cit., p602, n°788 ; CEAss., 28 mai 1954, Barel et
autres , p308, concl. M. Letourneur, D1954, p.594, note G. Morange, DA 1954, p.149, concl., note Eisenmann,
RDP 1954, p. 509 ; CC 15 juill. 1976, Statut général des fonctionnaires, p. 35, JCP 1977, n°18760, note
Nguyen Quoc Vinh ; CE.Sect., 26 oct. 1979, Millan, p.396, AJ 1980, , p.99 ; CE, avis du 24 juin 1993, Grands
avis CE, p.361, obs. E.. Desmons : s’agissant de la politique tarifaire de la SNCF, relative au TGV ; CE 28
avril 1993, Comm. De Coux, p.138 : différenciation tarifaire en fonction du caractère permanent ou non de la
résidence des abonnés dans la commune
114
coût et non le privé. D’où l’importance de défendre l’idée des services publics dans une
société en décomposition comme la nôtre.
A ce sujet, la controverse doctrinale allant dans le sens de le rattacher tantôt au principe
d’égalité,310 tantôt au principe de continuité311 ou encore à le considérer comme un princi pe
spécifique,312 ne présente, pour le juriste publiciste d’un Etat à neuf frontières conventionnelles
difficiles à maitriser, aucun intérêt sous tous points de vue théorique et pratique.
En effet, théoriquement, à ce titre bien précis, en doctrine,313 les sous-principes naissent de l a
nécessité d’améliorer la vie des citoyens dans l’application les principes fondamentaux.
Dans la pratique, ce serait une perte de temps et de l’énergie, un débat vide de sens qui
n’avance pas d’un seul iota les juristes congolais sur la voie, à la fois, de l’explication et de la
résolution de la crise qui nous intéresse ici.
C’est à cet objectif affiché d’expliquer la crise congolaise que sera également fait le rappel du
deuxième principe subsidiaire qu’est la gratuité des services publics.
310
PETIT, J. et FRIER, P.-L., Op. Cit. p. 230, n°379 ; CHAPUS, R., Droit administratif général, T1, 14e éd.,
Op.cit., pp.599-607, n°787-792 ; LACHAUME, J.-F., BOITEAU, C. et PAULIAT, H., Op.cit., p371(neutralité-
égalité)
311
HUBAC et AZIBERT, AJDA 1985.712, cité par LACHAUME, J.-F. et alii, Op. Cit., p.372
312
LACHAUME et alii, ibidem, p379 ; CC 12 juill. 1979, préc. ; CC, 23 juill., 1996, France Télécom, RJC, I. 681
313
Cfr. supra, chap., deuxième, sect. deuxième, introduction, note 278 :GUGLIELMI, G., KOUBI, G. et DUMONT,
G., Op.cit.
314
FRIER, P.-L. et PETIT, J., Op.cit., p.238, n°393 ; CC, 12 juill.1979, préc. : existence des péages sur certaines
voies et ouvrages d’un art jugés conformes à la constitution
315
PECHILLON, E., article précité, p.121
115
316
HAURIOU, M., Droit administratif, 9è éd., p. 47 ; IDEM, Précis de Droit administratif, 3è éd. 1933, p.56, cité par
LACHAUME et alii, p. 368
317
IBIDEM, p. 367 ;
318
HAURIOU, M., Droit administratif, 9e éd., p.47 ; LONG, M. Les problèmes juridiques liés à la tarification des
services publics locaux, thèse, Pau, 1994 affirme qu’ « en la matière, il n’y a ni mystère, ni miracle », cité par
Lachaume et alii, Op.cit., p.367
319
PETIT, J. et FRIER, P.-L., Op.cit. p238, n°393 ; LACHAUME et alii, Op.cit. p370 ; WALINE, Précis de droit
administratif, 1969, tome 1, p. 514 ; du Bois de Gaudusson, L’usager de service public administratif, BDP,
n°115, 1973.172 ;
320
PETIT, J. et FRIER, P.-L., Op.cit. p. 238 ; ; CHAPUS, R., Droit administratif général, tome 1, 13è éd. 1999,
n°793 ; IDEM, Droit administratif général, T1, 14e éd, Op.cit., pp.608-611, n°793 ; FEVRIER, La spécificité des
principes du service public, thèse, Rennes, 1998, n°308 et 541 ; A.S. MESCHARIAKOFF, Droit des services
publics, 2è éd.1997, n°95 et s cités par LACHAUME, J.-F. et alii, Op. Cit, p.368 ; PECHILLON, E., Op.cit.
p.122; GUGLIELMI, G., KOUBI, G. et DUMONT, G., Op.cit., p.607, n°1341 ; CE ass., 10 juillet 1996, Société
Direct Mail Promotion : Rec p. 277, AJDA, 1997, p. 191, note Maisl
116
commerciaux, qui sont, par principe, financés par les redevances tirés sur les usagers. Cette
controverse demeure à ce propos.
Mais de notre point de vue, théoriquement, cette controverse ne présente pas d’intérêt
pratique dans ce cours pour plusieurs raisons majeures ci-après.
D’abord, parce que, d’une part, dans son entendement actuel, comme on l’a dit à propos de la
neutralité, la gratuité fait partie des règles de droit écrit qui ne gèrent pas notre société
dominée par le droit informel. Ici, notre apport consisterait à trouver chez l’élite intellectuelle
congolaise un consensus et autour de nos objectifs prioritaires, et à celui des incertitudes des
règles juridiques qui demeurent cependant des acquis juridiques.
Ensuite, parce que, d’autre part, en l’état actuel, la gratuité fait partie des principes qui font
déjà fonctionner, tant bien que mal, l’ensemble des structures administratives (services
publics) dans les sociétés développées qui nous servent de modèle institutionnel en Occident.
Donc, assurer la promotion des principes des services publics demeure un objectif à
atteindre ; même si, appliqués aux nôtres, tous ces principes conduisent à l’immobilisme total
et délirent. Ce qui accrédite à la face du monde, la thèse humiliante selon laquelle les hommes
noirs sont tarés, principalement nous les Congolais.
Surabondamment, on dirait qu’on est bien une espèce humaine à part ; alors qu’il n’en est
rien.
Parce qu’en fait, il est vrai que, dans la pratique, le contenu du principe de gratuité pose
problème partout dans notre système juridique ; dans la mesure où il y est admis d’autorité
qu’au sein de l’Etat certains services administratifs sont facultatifs. Et cette catégorie,
unanimement reconnue payante par la doctrine321 existe aux côtés des services publics
constitutionnels obligatoires.
Et à ce titre, il est admis que, même s’ils répondent au besoin d’intérêt général important, de
tels services ne sont pas du tout gratuits, surtout au niveau local.
A ce niveau, en doctrine et jurisprudence, on admet que plusieurs services publics, pourtant
réputés d’intérêt général local important, relèvent légalement de l’initiative de l’autorité
administrative locale et, partant peuvent être payants.
En France, par exemple, il a été mainte fois jugé, à ce sujet que « sauf disposition contraire ou
exigence de nature constitutionnelle, l’autorité publique compétente pour créer le service
321
PECHILLON, E. Op. Cit. p.122 ; PETIT, J. et FRIER, P ;-L., Op. Cit. p.193 ;
117
public (au niveau local s’entend, c’est nous qui ajoutons), l’est également pour mettre à la
charge de l’usager une redevance correspondante ».322
322
Voir aussi la jurisprudence du Conseil d’Etat : C.E. Sect. 27 juillet 1984, Commune de la Teste du buch,
Rec.282 ; AJDA 1983.565, concl. Racine cité par LACHAUME et alii, Op. Cit. p. 370 ;
323
PETIT, J. et FRIER, P.-L., Op. Cit. p.192, n°320 ; C.C. 25-26 juin 1986, préc cité par PETIT, J et FRIER P.-L.
Op. Cit
324
PETIT, J. et FRIER, P.-L. Op.cit. p.192, n°320, précité
325
LACHAUME, J.-F., BOITEAU, C. et PAULIAT, H., Op.cit., pp.367-371 ; CE, 7août 1896, Bonnardot cité par
GUGLIELMI, G., KOUBI, G. et DUMONT, G, Op.cit., p.611, n°1352
118
en fait l’analyse, il reste quand même d’application dans la pratique, quelles que soient les
vicissitudes, qui caractérisent son application.
Et de cette façon, on peut conclure qu’il répond déjà, tant soit peu, à l’objectif affiché du cours
des grands services publics au même titre que les autres au nombre desquels s’ajoute aussi
le principe de transparence.
326
Selon les termes de GUGLIELMI, G., KOUBI, G. et DUMONT, G, Op.cit., p.613, n°1355 ;
327
LACHAUME, J.-F, BOITEAU, C. et PAULIAT, H., Op.cit., p.380;
328
LASSERE, B., LENOIR, N. et STIRN, B., La transparence administrative, PUF, 1987 ; JEGOUZO, Y. »Le droit
à la transparence administrative », EDCE, 1992, n°43, p.199 ; CE, Rapport public 1995, « La transparence et
119
le secret », EDCE 1995, n°47, p.17 cité par GUGLIELMI, G., KOUBI, G. et DUMONT, G., Op.cit, p. 649,
n°1432, note 63 ;
329
Selon l’expression de J.-F. LACHAUME et alii, ibidem, p.380
330
GUGLIELMI, G. KOUBI, G. et DUMONT, G., Op.cit., p.629, n°1388-1389
331
Loi de 1978 sur le CADA, révisée en 2005, la CNIL, la CSA, etc., comparables à la CSA, la CSM et ou à la
CNE en RDC
120
En droit des services publics, les tiers sont des personnes, qui entrent en contact avec le
service public, sans pour autant avoir été ni usager, ni agent public de ce service. C’est, en
fait, tout citoyen de la République, non directement concerné mais pris en sa qualité de
citoyen et ou en celle de contribuable, qui est considéré comme un tiers au service public.
A ce sujet, il est aujourd’hui admis que tout citoyen dispose, en sa double qualité de citoyen et
de contribuable, d’un droit constitutionnel de prendre connaissance des dossiers retraçant les
dépenses et les crédits des différents services publics des collectivités publiques territoriales
locales.
Ce qui est, au stade actuel, loin d’être une préoccupation des élites congolaises, pour la
plupart irresponsables et hantées sans scrupule par l’appât de gains faciles et les
détournements des deniers publics au détriment de la majorité de leurs concitoyens,
totalement écartés de la gestion des grands services publics de l’Etat ; pourtant réputés
indispensables à leur survie.
En l’état actuel de notre droit positif, on peut visiblement le constater, en substance, le principe
de transparence n’est pas de mise dans l’administration publique, même dans les pays à plus
haut niveau de vie. D’aucuns exigeraient l’instauration d’un système susceptible de l’appliquer.
D’où son existence nécessite une critique
332
PECHILLON, E., « le service public », Op. Cit., p. 121
333
La jurisprudence du Conseil d’Etat : C.E. 27 oct.1961, Kormann, Rec. 602,
cité par LACHAUME et alii, Op. Cit. p.385
122
334
ETIEN, R.., Op. Cit. , p. 17 et s ;
PETIT, J. et FRIER, P.-L., Op.cit. p.219, n°361-371 ; p. 271 et s, n°440 et s ;
335
FRIER, P.-L et PETIT, J., Op.cit., pp. 271 et s., n°440 et s.
336
LACHAUME, J.-F. et alii, Op. Cit. p389, conclusion du sous-titre1
123
conflits entre les différents pouvoirs politiques classiques, à savoir l’exécutif, le législatif et le
judiciaire.
Et comme d’aucuns le savent, à leur tour, ces différents pouvoirs sont constamment sujets à
des recompositions et ou à des modifications de toute sorte à la fin de chaque législature.
Dans cet ordre d’idées, la doctrine, à laquelle nous appartenons, on le sait, reconnait que les
ministères, en tant que structures du pouvoir politique, constituent à la fois « les
administrations centrales(…) réparties entre les portefeuilles ministériels, sachant que chaque
ministre est en principe (…) à la tête d’une administration et des services ».337
A ce sujet, Pierre DELVOLVE enseigne qu’en plus du chef de l’Etat et de son premier ministre
ainsi que des organismes spécialisés qu’ils créent pour gérer les services publics, les
ministères sont des instruments d’intervention de l’Etat en matière socioéconomique.338 Pour
réaliser ce but, ils fonctionnent « en directions générales et en directions qui sont elles-mêmes
divisées en sous-directions et en bureaux ».339
Cependant, leurs membres officieux des cabinets ministériels partent et reviennent au gré des
vagues de remaniements ministériels. Ceux-ci sont faites en fonction soit des besoins
fondamentaux de la nation, soit purement et simplement en fonction des choix politiques des
dirigeants et de la conjoncture socioéconomique nationale. Or, on le sait aussi qu’en doctrine
« les ministères sont des administrations en régie (…), qui gèrent les services publics
essentiels à la vie d’une nation ».340
On est donc autorisé d’affirmer qu’il n’y a que les fonctionnaires de l’Etat, qui peuvent servir,
par leur expérience et technicité, des arrière-gardes de la tradition administrative et
républicaine en conservant les archives de l’Etat.341
Mais cela ne va pas sans heurt dans le monde où vivent les hommes politiques sans foi, qui
ne croient même pas, ni ne tiennent généralement pas à leur propres promesses électorales.
Surtout lorsqu’on est conscient du fait que dans la vie courante, comme le dit un adage, « les
promesses n’engagent que ceux qui y croient ».
D’où nécessité d’engager un débat critique théorique sur l’état actuel de nos services publics
en République Démocratique du Congo.
337
CHEROT, J.-Y., Droit public économique, Op. Cit. pp.210-214 ;
338
DELVOLVE, P., Droit public de l’économie, Op. Cit. p.239 et ss.
339
CHEROT, J.-Y, Op. Cit., p. 212 et ss. ; LINOTTE, D., MESTRE, A. et ROMI, R., pp.155- 163
340
LINOTTE, D., MESTRE, A. et ROMI, R., Op. Cit. , p.143, n°304, in fine ;
341
IBIDEM, p. 167, n°360 et 361
124
S/§ 3 : De la critique de l’état actuel du droit des services publics et des droits
fondamentaux du citoyen au sein de l’Etat de droit
Eu égard à toutes les analyses précédentes, en l’état actuel du droit positif de nos Etats issus
de la décolonisation dans les années 1960, il faut reconnaitre que les services publics ne
peuvent servir à la satisfaction des besoins fondamentaux des populations congolaises que si
les intérêts de toutes les forces en présence sont sauvegardés.
Depuis cette époque, rappelons que la notion de service public était devenue une notion
fonctionnelle chez les juristes publicistes. Et sur ce, désormais, le rôle du pouvoir exécutif s’est
considérablement accru au sein de l’Etat au détriment des autres organes constitutionnels.
Donc, partant de ce constat sans appel, quoi que l’on fasse, il nous est impossible de concilier
le pouvoir et la liberté au sein de notre société.
Pour s’en convaincre, il existe plusieurs arguments juridiques au nombre desquelles, on
pourrait utilement citer notamment la rivalité, qui caractérise les intérêts publics et privés, en
présence, la complexité et ou l’incertitude avérée, tant des mécanismes de gestion des
services publics que de leurs critères de détermination, l’état d’illettrisme et de pauvreté très
avancé des populations congolaises, l’environnement presqu’hostile, ta n t national
qu’international, dans lequel on vit, etc.
Ainsi, pour tout homme diligent et de bon sens, toutes choses restant égales par ailleurs, tous
ces obstacles ne nous permettent pas d’organiser et de faire fonctionner régulièrement
l’ensemble des services publics impératifs au profit des populations congolaises.
Ajouter à cela le laps de temps trop limite, qui nous sépare de nos « indépendances
politiques », non suivies des indépendances économiques, qui ne permet pas non plus les
institutions politiques et administratives de s’enraciner dans nos mœurs pour fonctionner
convenablement.
Il en résulte que, quelle que soit la bonne volonté, qui pourrait être exprimée par les uns et les
autres, il nous est impossible de prétendre réaliser un quelconque projet de développement
par des simples réformes copiés-collées en RD Congo, comme d’ailleurs partout ailleurs dans
la région-Afrique.
Pour preuve, il suffit de se rendre à l’évidence que tous les principes des services publics
qu’on a évoqués ici ne sont exempts ni de limites, ni d’inconvénients. Bien au contraire, ils
sont d’ailleurs considérables même dans leurs pays d’origine.
Ainsi, pour parer à toute éventualité d’échec institutionnel, on devrait d’abord, les considérant
comme des acquis juridiques, les enraciner d’abord dans nos esprits pour maintenir, tant soit
125
peu, notre présence dans le concert des nations, en tant qu’Etat souverain et indépendant
avant d’envisager une quelconque réforme en la matière.
Ce n’est qu’à cette condition, et à cette condition seulement, que l’on pourrait, sans nous
tromper nous-mêmes, parler démocratie, droits fondamentaux du citoyen et développement
durable au sein de nos sociétés an-étatiques, qui veulent aussi être appelés « Etats de droit
constitutionnels modernes ».
De ce point de vue, leur application rigoureuse et pratique dans la vie quotidienne des
citoyens avec toutes les éventualités d’en faire avec beaucoup plus d’erreurs que les autres,
nous éviterait tout de même la dérive actuelle.
Et, après cinquante ans de refus d’en faire usage, on est autorisé de considérer que la dérive
actuelle est due essentiellement à l’absence très caractérisée de l’Etat catalyseur et
incarnation juridique des proto-nationalités congolaises dans leur diversité. Onle verra aussi à
propos du principe de suppression des services publics.
Mais, on ne s’attardera pas sur la théorie de suppression ; puisque, de notre point de vue, elle
découle logiquement du principe de spécialité, qui veut qu’une institution en sa qualité d’une
chose créée pour atteindre un objectif puisse un jour disparaître, dès que le besoin pour lequel
elle a été créée disparaît.
Cependant, on l’exposera quand même ici, puisque, comme d’aucuns le savent, les besoins
fondamentaux de l’être humain-citoyen défendus ici à travers le thème des « services
publics » ne disparaissent point de générations en générations.
Et à ce sujet, si on est sérieux, la RD Congo ne devrait pas faire exception à la règle.
Section troisième : Du principe de suppression des services publics au sein d’un Etat
de droit moderne
Comme on vient de le souligner à la fin du paragraphe précédent, il s’agira ici de la
suppression des services publics facultatifs, dont la création relèverait de la faculté ou du libre
arbitre des autorités administratives de l’Etat et non des services publics impératifs.
Parce que ceux-ci, on l’a déjà vu, fondent l’existence même de l’Etat et, selon la doctrine, à
laquelle on appartient, il s’agit des activités dites de « protection » ou de souveraineté. Celles-
ci ne peuvent nullement disparaitre « sur un territoire donné » sans faire disparaitre l’ensemble
de l’organisation politique.
126
Mais on admet la disparition de tels services impératifs au sein d’un Etat uniquement dans
l’hypothèse « d’un cataclysme nucléaire»,342 qui détruit tout sur son passage, pour reprendre
l’expression des professeurs Jean-François Lachaume, Claudie Boiteau et Hélène Pauliat.343
Il en est ainsi, par exemple, de plusieurs services insusceptibles d’être interrompus comme les
services de la défense nationale, de la sécurité intérieure, de la police administrative, de la
justice, de la diplomatie, de l’énergie, de l’économie, des finances et budget, de
l’enseignement, de la santé, des transports, poste et communications, du cadastre ou de
l’urbanisme et de l’habitat, etc.
Comme d’aucuns le savent, ces genres de services-là ne peuvent pas faire l’objet d’une
suppression ; mais plutôt d’un éventuel regroupement de leurs activités spécifiques dans un
ministère, au lieu de les traiter séparément pour plus d’efficacité.
En ce cas, la question à traiter serait celle de savoir comment l’autorité publique jouissant de
la liberté de créer les services publics facultatifs, pourrait-elle supprimer un service public créé
pour des objectifs bien précis, mais sans les atteindre et sans porter atteinte aux droits
fondamentaux du citoyen pour lesquels elle avait créé ledit service au sein de l’administration
de l’Etat ?
Pour répondre à cette question, on fera ici l’étude de sa portée(1), de sa mise en œuvre (2) et
des causes de suppression d’un service public(3), avant d’en faire une critique sommaire.
342
Comme celle que le Japon vient de connaitre de suite d’un séisme d’une amplitude de 8, 9 qui a entraîné
l’explosion des réacteurs nucléaires au nord du pays et qui a fait des millions de morts
343
LACHAUME, J.-F. et alii, Op. Cit. p. 419
344
CE 15 juin 1945, Commune de Turny, Rec.123
127
Cependant, il ne signifie pas que l’autorité compétente pour créer un service public puisse y
renoncer à l’avance, ni être obligée de ne le faire qu’à un moment donné, ni être liée par la
demande, soit de suppression, soit de localisation des usagers d’un service public, quand il
s’agit d’un service public non obligatoire.
Mais, comme on l’a affirmé ci-haut, ce principe s’explique aisément puisqu’il ne s’agit
nullement pas ici de supprimer les services publics obligatoires ou « impératifs ».
Au sujet de la nécessité de tels services, la jurisprudence a tranché qu’elle « découle des
345
principes ou des règles de valeur constitutionnelle », imposés par la loi pour satisfaire les
besoins fondamentaux de la nation. Contrairement aux services facultatifs, dont l’existence
légale n’altère en rien le pouvoir discrétionnaire de l’administration.
Par conséquent, selon la doctrine en la matière, cette liberté a pour corollaire l’inexistence
« d’un droit acquis au maintien du service public qu’il soit administratif ou industriel et
commercial ».346
En revanche, il est admis que l’autorité compétente pour créer est libre de supprimer le
service ; même si le besoin d’intérêt général n’a pas disparu ; à condition de trouver un autre
procédé pour satisfaire au besoin d’intérêt général, qui subsiste après la suppression du
service public concerné.
Autrement dit, il existe, selon la doctrine, deux cas de figure pour supprimer un service public :
soit le besoin à satisfaire a disparu, soit le besoin persiste, mais l’autorité a trouvé un autre
moyen pour le satisfaire.
Mais dans le cadre de notre présent cours, on peut affirmer qu’il ne s’agit à proprement parler
que de tout service qui ne serait plus nécessaire à la vie d’une nation. Or, les grands services
publics, dont on parle ici, sont ceux qui constituent en même temps selon la doctrine « les
droits fondamentaux du citoyen » et qui ne sont pas, à notre humble avis, concernés par la
suppression, de peur que l’autorité n’apparaisse pas comme quelqu’un, dit-on, qui scie la
branche sur laquelle, il est assis, lui-même.
Et pour cause ? Simplement parce que leur existence sous-tend intégralement l’existence
même de l’institution créatrice et leur manifestation matérielle traduit en réalité, dans le concert
des nations civilisées, celle de l’Etat lui-même. C’est pourquoi leur suppression exige les
345
La jurisprudence du Conseil Constitutionnel : CC, n°86-207 DC, 25-26 1986, citée par PECHILLON, E., « le
service public »,Op. Cit. p. 122 ;
346
CE 27 janv.1961, Vannier, préc. ; CE 11 déc.1963, Syndicat de défense en vue du rétablissement de la voie
ferrée Bort-Eygurande, Rec.610, JCP 1964.II.13753, note Dufau, AJDA 1964.238 ; CE 18 mars 1977,
Chambre de commerce de la Rochelle, Belfort, Lille, Rec.153, concl. Massot
128
347
La RD Congo, cas pathologique ne dispose même plus des services publics essentiels à la vie d’une nation,
en l’occurrence l’armée, la justice, la diplomatie, la santé, l’éducation, etc. ; et s’ils en existent encore ils sont
dans un état piteux avec un délabrement très avancés des infrastructures qui les abritent ou devaient les
129
abriter et comme on le sait, les agents de l’Etat souffrent de manque cruel de rémunérations décentes et
lorsqu’ils en perçoivent celles-ci ne sont que dérisoires.
348
LACHAUME, J.-F., BOITEAU, C et PAULIAT, H. Op.cit. pp. 423-42 ;
130
A ce jour, en RD Congo, mêmes les services publics régaliens réputés obligatoires, comme
ceux de justice, de défense et de police, des relations extérieures, de l’éducation, de la santé,
d’approvisionnement en énergie et en denrées alimentaires de première nécessité, sont dans
la dérive totale.
Aujourd’hui, tous les prétextes sont permis pour justifier la prise des armes dans le pays
mettant ainsi le gouvernement dans l’impossibilité matérielle de s’occuper des besoins
fondamentaux du citoyen.
Et pourtant, la doctrine est unanime de reconnaitre que ce sont visiblement ces besoins
fondamentaux, qui commandent la création des différents services publics au sein d’un Etat.
Ce sont également ces besoins fondamentaux qui constituent la finalité même de la fonction
administrative de l’Etat ainsi que des principes qui président au fonctionnement régulier de
l’ensemble de l’administration publique.
Au final, il n’y a point de doute que, ce faisant, ils rendent l’Etat perpétuellement présent dans
la vie quotidienne du citoyen, malgré les vicissitudes reconnues à la nature humaine et
l’incertitude des règles et principes qui régissent le domaine des services publics.
131
CONCLUSION PARTIELLE
Ces notes des services publics sont destinées aux étudiants de première licence en droit ainsi
qu’aux autres étudiants en sciences sociales, telles que la science politique et administrative
sont à proprement parler en cours d’élaboration ; elles dans leur contenu, plusieurs extraits
commentés et mis à jour de notre thèse de doctorat en droit public soutenu publiquement qui
nous a valu la mention « très honorable » avec les félicitations du jury chargé d’examiner notre
thèse à Paris 13, en France.
Mais, il nous importe de faire savoir à leurs destinataires, qui sont les étudiants de première
licence en Droit, troisième de sciences politique et administrative ainsi qu’à autre lecteur
qu’elles constituent toutefois l’essentiel à connaitre pour détenir une formation solide et
complète en Droit public général. Elles seront publiées sous forme d’ouvrage à la fin de leur
rédaction définitive qui peut intervenir d’ici à la fin de cette année civile 2013. Nous invitons
donc, à cet effet, nos lecteurs à y réserver toutes les suggestions nécessaires afin que tous
les thèmes souhaités y soient insérés.
132
NOTE BIBLIOGRAPHIQUE
Pour une notion inventée au tout début du XXe siècle, il nous est impossible de présenter une
bibliographique originale qui ne ressemble à aucune autre déjà élaborée par nos
prédécesseurs en la matière. Voilà pourquoi, nous nous référerons ici même, en plus de ce
qui est développé dans les ouvrages classiques de Droit administratif général et ou de droit
public économique qui analysent la notion de service public, aux ouvrages et articles qui ont
été consacrés uniquement aux services publics que nous avons eu personnellement la chance
de consulter. L’objectif de notre méthode est donc de permettre à notre lecteur d’avoir une
idée exacte de ce qu’on appelle « services publics », au sein d’un Etat de droit, à notre
époqueoù la crise perdure dans notre société politique et d’expliquer aussi aisément que
clairement particulièrement la crise des services publics dans la société congolaise. A ce
propos, nous reprendrons intégralement la bibliographie qui nous permis d’élaborer notre
thèse en droit public sur le thème des services publics que nous recommandons vivement à
notre lecteur que voici.
I. OUVRAGES GENERAUX
AGRIKOLIANSKY, E., La ligue française des Droits de l’Homme et du Citoyen depuis 1945,
L’Harmattan, paris, 2002, 387 p.
ALLIOT, M. « Démocratie et pluralisme dans l’Afrique en transition vers le pluralisme
politique », Economica, Paris, 1993, pp.121-123
APTERS, D., Pour l’Etat contre l’Etat, Economica, Paris, 1988, 288 p.
AUBY, J.-F. et DUCOS-ADER, R., Grands services publics et entreprises nationales, PUF,
Paris, 1969, 370p. ;
AUBY, J.-F., La délégation de service public, Guide pratique, Dalloz, Paris, 1997, 234p. ;
BAGUENARD, J., La décentralisation, 7e éd. Que sais-je, PUF, Paris, 2004, 127p.
BAGUENARD, J. et BECET, J.-M., La démocratie locale, Que sais-je, 1ère éd., PUF, Paris,
1995, 127p.
BAUBY, P., Reconstruire l’action publique. Services publics, au service de qui ?, Col.
Alternatives économiques, éd. La Découverte et Syros, Paris, 1998, 201p.
BAYART, J.-F., L’Etat en Afrique, la politique du ventre, Fayard, Paris, 1989, 439
BECET, J.-M. et DANIEL COLARD, Les Droits de l’Homme, dimensions nationales et
internationales, Economica, Paris, 1982, 301 p.
BIOY, X., Le concept de la personne humaine en Droit Public, recherche sur le sujet des droits
fondamentaux, Dalloz, Paris, 2003, 913 p.
BRACHET, P., le partenariat de service public, avec usagers, élus et professionnels,
l’Harmattan, Paris, 1994, 199 pages
BRACONNIER, S., Droit des services publics, collection Thémis, PUF, Paris, 2003, 531p
BRAECKMAN.C, Le Dinosaure, le Zaïre de Mobutu, Fayard, Paris, 1992, 382 p.
BREILLAT, D., Libertés publiques. Droits de la personne humaine, Gualino éditeur, EJA,
Paris, 2003, 291 p.
133
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255. MFUAMBA LOBO MUENGA, J.-C. F., « La problématique de la succession de L.D.
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d’Etudes Approfondies en Droit public économique, UFR de Droit, Université Paris 13, 2004-
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145
Toutefois, on pourrait lire aussi utilementque possible, notamment, les auteurs ci-après :
AUBY J.-Fr., Les services publics locaux, éd. Berger-Levrault, 1997 ;
AUBY J.-Fr., La gestion des satellites locaux, Berger-Levrault, 2000 ;
AUBY J.-M et Ducos-Ader R., Grands services publics et entreprises nationales (en deux
volumes), éd. Thémis, PUF, Paris, 1975
BERLOGEY J.-M., Service public, services publics : déclin ou renouveau ?, Rapport public du
Conseil d’Etat, 1994, EDCE n°46
151
BOITEAU CL., Les conventions de délégation de service public, éd. Imprimerie Nationale,
199 9 ;
BORGUETTOM. et LAFORE R., Droit de l’aide et de l’action sociale, éd. Montchrestien, 2000 ;
CHAPUS R., Le service public et la puissance publique, RDP 1968, pp235 et suivantes ;
CARBAJO J., Droit des services publics, Mémentos, Dalloz, 1995 ;
CHEVALIER, J., Le service public, Que sais-je ?, n°2359, PUF, Paris ;
CHEVALIER J., EKALAND I. et FRISON-ROCHE M.-A., L’idée de service public est-elle
encore soutenable ?, PUF, 1999 ;
DEMICHEL A., Grands services publics et entreprises nationales, Mémentos, Dalloz, 2
volumes, 1974 ;
DENOIX-DE-SAINT-MARC R., Le service public, La Documentation française, 1996 ;
DEVAUX E., Le Droit de grève dans les services publics, 2 vol., PULIM, 1993 ;
DOUANCE J.-CL., Développements sur les services publics locaux in Encyclopédie Dalloz ;
DURUPTY M., Les entreprises publiques, Thémis, PUF, 2 vol, 1996 ;
ESPLUGAS P., Le service public, Connaissance du Droit, Dalloz, 1998 ;
FIALAIRE J., Le droit des services publics locaux ;
FROMENT J.-C. et SAYAH J., Le service public local, PUG, 1998 ;
JEANNEAU B., Droit des services publics et des entreprises nationales, Précis, Dalloz, Paris,
19 84 ;
MESCHERIAKOFF A.-S., Droits des services publics, PUF, 1997 ;
MFUAMBA LOBO MUENGA J.-CL, La problématique de la « transposabilité » de la théorie
générale des services publics dans la sous-région des grands
lacs : cas de la RD Congo, Thèse, Paris 13, 2011
PAULIAT H. (S/la direction), L’avenir des missions de service public en Europe, PULIM, 1999 ;
PISIER E., Les fondements de la notion de service public dans l’œuvre de Léon Duguit, LGDJ,
Paris, 1972 ;
PONTIER J.-M., Les services publics, Hachette Supérieur, Paris 1996 ;
RAYMUNDIE O., Gestion déléguée des services publics en France et en Europe, Le Moniteur,
2 vol, Paris, 1995 ;
RICHIER L., (S/la direction), Droit des services publics locaux, Le Moniteur, 2 vol., mise à jour
régulière ;
STOFFAËS C., Services publics, questions d’avenir, Odile Jacob, 1995
TERNEYRE Ph., La grève dans les services publics, Sirey, 1991 ;
VA DE VYVER P.-G., Le service public local, Guide pratique de gestion, Sorman, 1989
Et enfin, sur la République Démocratique du Congo (RD C), on peut consulter particulièrement
toute la législation sur l’organisation et le fonctionnement des entreprises publiques ainsi que
la gestion ou la privatisation de ces dernières. En ce sens, on peut consulter notamment les
textes de lois ci-après :
La Constitution de la République Démocratique du Congo, in journal officiel de la République
Démocratique du Congo, n° spécial, Kinshasa, 18 février 2006 ;
Le texte de la loi Fondamentale relative aux structures politiques du Congo du 19 mai 1960
Le texte de la Constitution du 04 Août 1964, dite « Constitution de Luluabourg »
152
De la République du Congo ;
La Constitution du 24 juin 1967 de la deuxième République du Congo
Acte général de Berlin du 26 février 1885
Acte constitutif de l’Union Africaine du 11 juillet 2000
Charte coloniale du 18 Octobre 1908
Décret n°08/20 du 24 septembre 2008 portant création, organisation et fonctionnement d’une
cellule nationale des renseignements financiers « CENAREF » en sigle, in Journal Officiel de
la République Démocratique du Congo, n° Spécial du 22 Octobre 2008 ;
Décret n°08/21 du 24 Septembre 2008 portant création du Comité Consultatif de Lutte contre
le Blanchiment de Capitaux et le Financement du Terrorisme « COLUB» en sigle, in Journal
Officiel de la République Démocratique du Congo, n° Spécial du 22 Octobre 2008 ;
Décret n°08/22 du 24 Septembre 2008 portant création du Fonds de Lutte contre le Crime
organisé, en sigle « FOLUCCO», in Journal Officiel de la République Démocratique du Congo,
n° Spécial du 22 Octobre 2008
Décret n°09/11 du 24 Avril 2009 portant mesures transitoires relatives à la transformation des
entreprises publiques ;
Décret n°09/12 du 24 avril 2009 établissant la liste des entreprises publiques transformées en
sociétés commerciales, établissements publics et services publics », in Journal Officiel de la
République Démocratique du Congo, spécial du 30 avril 2009 ;
Décret n°09/13 du 24 avril 2009 portant création, organisation et fonctionnement d’un
établissement public dénommé « Fonds Spécial du Portefeuille » en sigle « F.S.P.», in Journal
Officiel de la République Démocratique du Congo, n° spécial du 30 avril 2009
Décret n°09/15 du 24 avril 2009 portant création, organisation et fonctionnement d’un
établissement public dénommé « Comité de Pilotage de la Réforme des entreprises du
Portefeuille de l’Etat», en sigle « COPIREP », in Journal Officiel de la République
Démocratique du Congo, n°spécial du 30 avril 2009 ;
153
CHAPITRE TROISIEME :43 APPORT DU SERVICE PUBLIC DANS LA DEFINITION DES NOTIONS-
CLES DU DROIT ADMINISTRATIF GENERAL .................................................................................. 43
SECTION PREMIERE : LE SERVICE PUBLIC DANS LA DEFINITION DES ACTES ADMINISTRATIFS ............. 43
§ 1 : DANS L’ACTE ADMINISTRATIF DECISOIRE OU AUTONOME ............................................................... 43
§2 : DANS LES ACTES INDIVIDUELS ET OU COLLECTIFS ......................................................................... 45
§ 2 : DANS LE CONTRAT ADMINISTRATIF .............................................................................................. 46
SECTION DEUXIEME : LE SERVICE PUBLIC DANS LA DEFINITION DE L’AGENT PUBLIC .......................... 47
§ 1 : DANS LA DEFINITION DES AGENTS DU SERVICE PUBLIC ADMINISTRATIF (SPA) ................................ 47
155
§ 2 : DANS LA DEFINITION DES AGENTS PUBLICS DU SERVICE INDUSTRIEL ET COMMERCIAL (SPIC) ......... 47
SECTION TROISIEME : LE SERVICE PUBLIC DANS LA DEFINITION DU DOMAINE PUBLIC ........................ 47
§ 1 : LE DOMAINE PUBLIC SE DEFINIT PAR L’USAGE PUBLIC ................................................................... 48
§ 2 : LE DOMAINE PUBLIC SE DEFINIT PAR LE SERVICE PUBLIC ............................................................... 48
SECTION QUATRIEME : LE SERVICE PUBLIC DANS LA DEFINITION DU TRAVAIL PUBLIC ........................ 48
§ 1 : LE TRAVAIL PUBLIC EST DEFINI PAR L’INTERET GENERAL OU L’UTILITE PUBLIQUE............................. 48
§ 2 : LE TRAVAIL PUBLIC EST DONC DEFINI PAR LE SERVICE PUBLIC ....................................................... 49
SECTION CINQUIEME : LE SERVICE PUBLIC ELARGIT LA NOTION DE LA RESPONSABILITE ADMINISTRATIVE
EN DROIT ADMINISTRATIF GENERAL .................................................................................................... 49
§ 1 : LA THEORIE DES COLLABORATEURS BENEVOLES DE L’ADMINISTRATION PUBLIQUE.......................... 49
§ 2 : LE PRINCIPE DE LA GESTION PUBLIQUE DU SERVICE PUBLIC .......................................................... 49
§ 3 : L’ADMISSION DU PRINCIPE DE LA GESTION DU SERVICE PUBLIC PAR UNE PERSONNE PRIVEE............ 50
S/SECTION PREMIERE : DE LA CREATION DES SERVICES PUBLICS AU NIVEAU NATIONAL.................... 50
§ 1 : DEFINITION DU DOMAINE DES SERVICES PUBLICS NATIONAUX........................................................ 50
§ 2 : NATURE JURIDIQUE DE LA COMPETENCE DE L’ETAT DANS LA CREATION DES SERVICES PUBLICS
NATIONAUX ....................................................................................................................................... 51
S/SECTION DEUXIEME : DE LA CREATION DES SERVICES PUBLICS AU NIVEAU LOCAL......................... 51
§ 1 : DE LA DETERMINATION DU DOMAINE DES SERVICES PUBLICS LOCAUX ............................................ 52
S/§ 1 : LES SERVICES PUBLICS COMMUNAUX OU MUNICIPAUX ............................................................... 52
S/§ 2 : LES SERVICES PUBLICS AU NIVEAU PROVINCIAL OU REGIONAL ................................................... 52
§ 2 : DE LA PROCEDURE DE CREATION DES SERVICES PUBLICS AU NIVEAU LOCAL .................................. 53
SECTION SIXIEME : DES PROBLEMES COMMUNS AU PRINCIPE DE CREATION DESSERVICES PUBLICS A
TOUS LES NIVEAUX DE LA HIERARCHIE ADMINISTRATIVE DE L’ETAT ........................................................ 53
§ 1 : PROBLEME DE LA DETERMINATION DE LA RELATION ENTRE L’ACTIVITE D’UNE PERSONNE PUBLIQUE ET
SON CARACTERE DE SERVICE PUBLIC.................................................................................................. 54
§ 2 : PROBLEME DE LA CREATION D’UN SERVICE PUBLIC PAR UNE PERSONNE PUBLIQUE (UN ETS., PAR
EXEMPLE) ......................................................................................................................................... 54
§ 3 : PROBLEME POSE PAR LES SERVICES PUBLICS INDIFFERENCIES OU SERVICES PUBLICS VIRTUELS .... 54
CHAPITRE SEPTIEME : DES DIFFERENTS MODES DE GESTION DES SERVICES PUBLICS ...... 76
SECTION PREMIERE : LES SERVICES PUBLICS GERES PAR DES PERSONNES PUBLIQUES ......................... 76
S/SECTION PREMIERE : DE LA REGIE GESTION DIRECTE PAR LA PERSONNE PUBLIQUE ........................... 76
§ 1 : LA NOTION DE LA REGIE OU GESTION DIRECTE ............................................................................. 76
§ 2 : DU CHOIX DU SYSTEME DE LA REGIE ........................................................................................... 76
§ 3 : DE L’ORGANISATION DES SERVICES PUBLICS EN REGIE ................................................................ 76
S/§ 1 : AU NIVEAU NATIONAL : ............................................................................................................ 77
S/§ 2 : AU NIVEAU LOCAL ................................................................................................................... 77
S/SECTION DEUXIEME : DU PROCEDE DE L’ETABLISSEMENT PUBLIC COMME MODE DE GESTION DES
SERVICES PUBLICS ADMINISTRATIFS ................................................................................................... 77
§ 1 : DE LA CREATION DE L’ETABLISSEMENT PUBLIC COMME MODE DE GESTION ..................................... 78
157
§ 1 : DE LA PORTEE DU PRINCIPE D’EGALITE DE TOUS LES CITOYENS DEVANT LES SERVICES .................. 95
§ 2 : DU FONDEMENT DU PRINCIPE ET DE SES CONSEQUENCES ............................................................ 97
S/§ 1 : DE L’EGALITE DES USAGERS DEVANT LES SERVICES PUBLICS..................................................... 98
S/§ 2 : DE L’EGALITE D’ACCES DE TOUS LES CITOYENS AU SERVICE PUBLIC ........................................... 99
S/§ 3 : DE L’EGALITE DES CITOYENS DANS LE FONCTIONNEMENT DES SERVICES PUBLICS..................... 101
S/SECTION TROISIEME : DU PRINCIPE D’ADAPTATION CONSTANTE DES SERVICES PUBLICS AUX BESOINS
D’INTERET GENERAL DES USAGERS................................................................................................... 102
§ 1 : DE LA PORTEE DU PRINCIPE D’ADAPTATION DES SERVICES PUBLICS ............................................ 103
§ 2 : DU FONDEMENT DU PRINCIPE ET DE SES CONSEQUENCES JURIDIQUES ........................................ 104
S/§ 1 : DE LA MUTABILITE A L’EGARD DE L’ADMINISTRATION, SES AGENTS ET SES EXPLOITANTS PUBLICS
...................................................................................................................................................... 105
S/§ 2 : DE LA MUTABILITE A L’EGARD DES USAGERS DES SERVICES PUBLICS :...................................... 106
S/§ 3 : DE LA CRITIQUE DU PRINCIPE D’ADAPTATION DES SERVICES PUBLICS ....................................... 108
SECTION DEUXIEME : DES PRINCIPES SUBSIDIAIRES DU FONCTIONNEMENT DES SERVICES PUBLICS 110
§ 1 : DU PRINCIPE DE NEUTRALITE DU SERVICE PUBLIC ...................................................................... 111
S/§ 1 : DE LA PORTEE DU PRINCIPE DE NEUTRALITE ........................................................................... 111
S/§ 2 : DE LA PROBLEMATIQUE DE LA MISE EN ŒUVRE DE LA NEUTRALITE............................................ 112
S/§ 3 : DE LA CRITIQUE DU PRINCIPE DE NEUTRALITE DES SERVICES PUBLICS DANS LA VIE DES USAGERS
...................................................................................................................................................... 113
§ 2 : DU PRINCIPE DE LA GRATUITE DU SERVICE PUBLIC ..................................................................... 114
S/§ 1 : DE LA PORTEE DU PRINCIPE DE GRATUITE .............................................................................. 115
S/§ 2 : DE LA PROBLEMATIQUE DE LA MISE EN ŒUVRE DU PRINCIPE DE GRATUITE................................ 115
S/§ 3 : DE LA CRITIQUE DU PRINCIPE DE GRATUITE ............................................................................ 117
§ 3 : DU PRINCIPE DE TRANSPARENCE DANS LA GESTION DES SERVICES PUBLICS ................................ 118
S/§ 1 : DE LA PORTEE DU PRINCIPE DE TRANSPARENCE DANS LA GESTION DES SERVICES PUBLICS ....... 118
S/§ 2 : DE LA PROBLEMATIQUE DE LA MISE EN ŒUVRE DU PRINCIPE DE TRANSPARENCE DANS LA GESTION
DES SERVICES PUBLICS.................................................................................................................... 119
S/§ 3 : DE LA CRITIQUE DU PRINCIPE DE TRANSPARENCE DANS LA GESTION DES SERVICES PUBLICS ..... 120
§ 4 : DU PRINCIPE DE PARTICIPATION DES CITOYENS DANS LE FONCTIONNEMENT DU SERVICE PUBLIC .. 121
S/§ 1 : DE LA PARTICIPATION DU CITOYEN-USAGER DE SERVICE PUBLIC .............................................. 121
S/§ 2 : DE LA PARTICIPATION DU CITOYEN-AGENT PUBLIC................................................................... 122
S/§ 3 : DE LA CRITIQUE DE L’ETAT ACTUEL DU DROIT DES SERVICES PUBLICS ET DES DROITS
FONDAMENTAUX DU CITOYEN AU SEIN DE L’ETAT DE DROIT ................................................................ 124
SECTION TROISIEME : DU PRINCIPE DE SUPPRESSION DES SERVICES PUBLICS AU SEIN D’UN ETAT DE DROIT
MODERNE ....................................................................................................................................... 125
§ 1 : DE LA PORTEE DU PRINCIPE DE SUPPRESSION D’UN SERVICE PUBLIC........................................... 126
§ 2 : DE LA MISE EN ŒUVRE DU PRINCIPE DE SUPPRESSION................................................................ 128
§ 3 : DE LA CRITIQUE DU PRINCIPE DE SUPPRESSION DES SERVICES PUBLICS AU SEIN D’UN ETAT DE DROIT
MODERNE ....................................................................................................................................... 129
MAISON : MABI.NET
Faculté de Droit/Unikin 1ère entrée
Téléphone : 089 82 72 485