A - Kantagba - S - Coulibaly - La Colère Des Dieux - Film Magique

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LITTÉRATURE AFRICAINE ET PHÉNOMÈNES PARANORMAUX

Enjeux idéologiques, esthétiques et épistémologiques

LITTÉRATURE AFRICAINE ET
PHÉNOMÈNES PARANORMAUX
Enjeux idéologiques, esthétiques et épistémologiques

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LITTÉRATURE AFRICAINE ET PHÉNOMÈNES PARANORMAUX
Enjeux idéologiques, esthétiques et épistémologiques

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Enjeux idéologiques, esthétiques et épistémologiques

LITTÉRATURE AFRICAINE ET
PHÉNOMÈNES PARANORMAUX
Enjeux idéologiques, esthétiques et épistémologiques

Sous la direction
de Pierre Martial ABOSSOLO
et de Adamou KANTAGBA

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LITTÉRATURE AFRICAINE ET PHÉNOMÈNES PARANORMAUX
Enjeux idéologiques, esthétiques et épistémologiques

Educ Afrique
13 BP 102 Ouagadougou 13
Mél : [email protected]
Tél. : (00226) 70 79 66 03

Tous droits réservés pour tous pays


©By Educ Afrique, Ouagadougou 2024
ISBN: 979-10-96835-02-7
EAN: 9791096835027

Dépôt légal Bibliothèque Nationale du Burkina Faso N°24-079

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Enjeux idéologiques, esthétiques et épistémologiques

COMITÉ SCIENTIFIQUE

Pr Adrien HUANOU, Littératures africaines, Université d’Abomey-


Calavi, Benin.
Pr Augustin Emmanuel EBONGUE, Sociolinguistique, Université de
Buea, Cameroun.
Pr Alain Joseph SISSAO, Littérature orale africaine, Centre national
de la recherche scientifique et technologique, Burkina Faso.
Pr Alain Sié KAM, Littérature orale africaine, Université Joseph Ki-
Zerbo, Burkina Faso.
Pr Antoinette Tidjani ALOU, Littérature comparée, Université
Abdou Moumouni, Niger.
Pr Boulama KAOUM, Littératures africaines, Université Abdou
Moumouni, Niger.
Pr Charles TEKE, Gender studies, Université de Buea, Cameroun.
Pr Désiré Atangana KOUNA, Littérature comparée, Université de
Yaoundé 1, Cameroun.
Pr Georges SAWADOGO, Sciences du langage, Université Norbert
Zongo, Burkina Faso.
Pr Ladislas NZESSE, Sémiotique, université d'Ebolowa, Cameroun.
Pr Landry K. G. YAMÉOGO, Sciences du langage, Université
Norbert Zongo, Burkina Faso.
Pr Mahougnon KAKPO, Littératures africaines, Université
d’Abomey-Calavi, Benin.
Pr Mahamadou Lamine OUÉDRAOGO, Sciences du langage,
Université Norbert Zongo, Burkina Faso.
Pr Martin Ango MEDJO, Littérature africaine, Université de
Yaoundé 1, Cameroun.
Pr Moïse Germain EBA'A, Sciences du langage, Université de
Yaoundé, Cameroun.
Pr Pierre Martial ABOSSOLO, Littérature comparée, Université
d’Ebolowa, Cameroun.

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Pr Raymond MBASSI, Littérature francophone, Université de


Douala, Cameroun.
Pr Salaka SANOU, Littératures africaines, Université Joseph Ki-
Zerbo, Burkina Faso.
Pr Sidiki TRAORÉ, Grammaire et stylistique française, Université
Joseph Ki-Zerbo, Burkina Faso.
Pr Vincent OUATTARA, Culturologie, Culture et littérature
africaine écrite, Université Norbert Zongo, Burkina Faso.
Pr Yves DAKOUO, Sémiotique littéraire, Université Joseph Ki-
Zerbo, Burkina Faso.
Pr Xavier GARNIER, Littérature francophone, Sorbonne Nouvelle –
Paris 3, France.
Dr (MC) Boulkindi COULDIATI, Littératures africaines, Université
Joseph Ki-Zerbo, Burkina Faso.
Dr (MC) CISSÉ Mahamadou Hassane, Sémiotique, Université Nazi
Boni, Burkina Faso.
Dr Ernest BASSANÉ, Culturologie, Culture et littérature africaine
écrite, Université Norbert Zongo, Burkina Faso.
Dr (MC) Ghislaine SANOU, Littératures africaines, Université
Joseph Ki-Zerbo, Burkina Faso.
Dr (MC) Hamadou MANDÉ, Etudes théâtres, Université Joseph Ki-
Zerbo, Burkina Faso.
Dr (MC) Honorine SARÉ, Littératures africaines, Université Joseph
Ki-Zerbo, Burkina Faso.
Dr (MC) Komi KPATCHA, Littérature française, Université de Kara,
Togo.
Dr (MC) Noël SANOU, Sciences du langage, Université Joseph Ki-
Zerbo, Burkina Faso.

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COMITÉ DE LECTURE

Pr Désiré Atangana KOUNA, Littérature comparée, Université de


Yaoundé 1, Cameroun.
Pr Mahamadou Lamine OUÉDRAOGO, Sciences du langage,
Université Norbert Zongo, Burkina Faso.
Pr Pierre Martial ABOSSOLO, Littérature comparée, Université
d’Ebolowa, Cameroun.
Pr Sidiki TRAORÉ, Grammaire et stylistique française, Université
Joseph Ki-Zerbo, Burkina Faso.
Dr (MC) CISSÉ Mahamadou Hassane, Sémiotique, Université Nazi
Boni, Burkina Faso.
Dr (MC) Hamadou MANDÉ, Etudes théâtres, Université Joseph Ki-
Zerbo, Burkina Faso.
Dr (MA) Adamou KANTAGBA, Littératures africaines, Université
Nazi Boni, Burkina Faso.
Dr (MA) BARRO Jacques, Sciences du langage, Université Norbert
Zongo, Burkina Faso.
Dr (MA) Boukary BORO, Littérature orale africaine, Université de
Ouahigouya, Burkina Faso.
Dr (MA) Clément KOAMA, Sciences du langage, Université Nazi
Boni, Burkina Faso.
Dr (MA) Oboussa SOUGUÉ, Sciences du langage, Centre
universitaire de Banfora, Burkina Faso.
Dr GUIATIN Bruno, Assistant, Sciences du langage, Université de
Fada N’Gourma, Burkina Faso.
Dr Pierre NDUWAYO, Assistant, Littératures africaines, Ecole
normale supérieure, Burundi.
Dr Youssoufou OUÉDRAOGO, Assistant, Linguistique, Université
Nazi Boni, Burkina Faso.
Dr Adeline Simo SOUOP, Chargée de cours, Didactique, Université
de Buea, Cameroun.

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Dr Blaise TSOUALLA, Chargé de cours, Littérature africaine,


Université de Buea, Cameroun.

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COORDINATION

Pr Pierre Martial ABOSSOLO, Littérature comparée, Université


d’Ebolowa, Cameroun.
Dr (MA) Adamou KANTAGBA, Littératures africaines, Université
Nazi Boni, Burkina Faso.

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Enjeux idéologiques, esthétiques et épistémologiques

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SOMMAIRE

AVANT-PROPOS : PRÉSENTATION GÉNÉRALE

1. Adamou KANTAGBA, Soungalo COULIBALY


La Colère des dieux, un film magique………......…………………19

2. Dénis Adrien ATANGANA NGONO


De la déréliction dans Quand saigne le palmier
de Charly Gabriel Mbock et La Possibilité d’une île
de Michel Houellebecq……………………………………..….…..39

3. Adamou SIDDO
Le « Horendi », de la possession à la thérapie psychosomatique
des médiums des « Hooley » chez les Zarma-Songhay……….........55

4. Paul Youba KIÉBRÉ


Intertextualité et poétique magique dans Mari
De Nuit d'Éléonore Élo’o et d’Aline Thierry……........……………71

5. Michel SAWADOGO
Perception et décodage des signes magiques
dans L’Enfant noir de Camara Laye……………………........….....95

6. Rodolphe Ghislain NDJIBADI


Le Paranormal par le truchement de l’animisme.
Une lecture de deux textes de Gaston Paul Effa………........……..119

7. Mohamed ALGAMISS, Kaoum BOULAMA


L’Occultisme et le changement climatique dans
Le Baiser amer de la faim d’Ada Boureima……….....…………...145

8. Alfred KIÉMA, Théophile ZONGO


Manifestation et esthétique des phénomènes paranormaux
dans The Fishermen de Chigozie Obioma……………........…..…163

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Enjeux idéologiques, esthétiques et épistémologiques

9. Seydou ZAKOU
Les Africanismes dans le texte romanesque :
l’enracinement traditionnel et culturel de la littérature
moderne à travers Civilisation sauvage de Dogo Mayaki…….…..187

10. Issaka SAWADOGO


L’Empreinte du renard de Moussa Konaté :
un roman magique pour la sauvegarde du patrimoine
culturel et de l’environnement……………………………………205

11. Ignace SANGARÉ


Les Phénomènes paranormaux dans
Gombèlè, l’albinos de Issa Traoré de Brahima…………....……...223

12. Patoingnimba Sandrine KIENTÉGA


Des manifestations du paranormal dans
L’Âge d’or d’Ousséni Nikiéma…………....……………………..247

13. Lamoussa TIAHO


Pour une herméneutique du paranormal
dans le roman africain.....................................................................273

14. Nongzanga Joséline YAMÉOGO, Fourmié HÉMA


La Destruction de l’écosystème dans
Terre rouge de Aristide Tarnagda : une action magique
de la transgression d’un interdit…......……………………………293

15. Torbilinla Élisabeth THIOMBIANO, Noaga NOMBRÉ


La Magie du pouvoir dans Moah, le fils de la folle
de Clément Zongo…………………………………………….....313

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AVANT-PROPOS

PRÉSENTATION GÉNÉRALE

Le paranormal appréhendé par Hebga (1998 : 4) comme :


« […] tout ce qui a trait à la sorcellerie et à la magie, en somme tout
le domaine de l’occulte » n’est pas un fait isolé, encore moins une
marque déposée ou une propriété exclusive de l’Afrique. Il est une
donnée universelle que toutes les sociétés ont en partage depuis les
temps immémoriaux, même si l’Afrique semble en avoir fait un
savoir ésotérique qui intrigue et fascine aussi bien le citoyen lambda
que le chercheur.
Sous cet angle, le paranormal africain, déjà dans les années 30,
faisait l’objet d’importantes études dans le domaine des sciences
humaines (A. H. Bâ, Koumen, texte initiatique des pasteurs peuls,
1934 ; D. D. A. A. Ouédraogo, Les Secrets des sorciers noirs, 1934,
etc.). Ces études ont été poursuivies, voire approfondies par différents
chercheurs (R. Dugast, « Une corbeille divinatoire », 1946 ; J.
Kerboul, le Vaudou, pratiques magiques, 1977 ; P. Joset, Les Sociétés
secrètes des Hommes-léopards en Afrique Noire, 1955 ; C. Bertaux,
« La Technique des prescriptions sacrificielles dans la géomancie
bambara », 1984 ; M. Hebga, La Rationalité du discours africain sur
les phénomènes paranormaux, 1998, etc.).
En dépit de la forte thématisation du paranormal sous ces
différentes déclinaisons (magie, sorcellerie, fantastique, etc.), par les
écrivains du continent (Batouala : véritable roman nègre de R.
Maran, Ngando de P. L. Tchibamba, On consulte les morts de F.
Kouchoro, Le Monde s’effondre de C. Achebe, L’Étrange Destin de
Wangrin de A. H. Bâ, Les Soleils des indépendances de A.
Kourouma, Jusqu’au seuil de l’irréel de A. Koné, Le Souffle des
ancêtres de J. M. Nzouankeu, La Légende de N’Zi le grand guerrier
d’Afrique de T. G. Kouadio, Xala de O. Sembène, Crépuscule des
temps anciens de N. Boni, l’Arbre fétiche de J. Pliya), pour ne citer
que ces quelques classiques du continent, il a fallu attendre
pratiquement la fin du vingtième siècle pour qu’enfin le paranormal

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Enjeux idéologiques, esthétiques et épistémologiques

littéraire africain soit étudié de façon plus conséquente ! Cela au-delà


des quelques articles qui lui étaient consacrés ici et là.
L’une des premières thèses consacrées au paranormal dans
cette perspective est bien celle de X. Garnier (1992) : La Magie dans
le roman négro-africain d'expression anglaise et française, qui sera
publiée aux Presses universitaires de France en 1999, sous le titre La
Magie dans le roman africain. Ce point de départ va donner suite à
d’autres ouvrages : Magie et écriture au Congo publié en 1993 sous
la direction de J. M. Devésa, Aspects du fantastique et romans négro-
africains de A. I. Abdourahman (2003), Introduction à une poétique
du Fa de M. Kakpo (2009), Les Secrets des sorciers noirs de V.
Ouattara (2013), Poétique et esthétique magiques de I. Go (2014),
Fantastique et littérature africaine contemporaine de P. M. Abossolo
(2015), Interdits, maléfices et pactes diaboliques dans la nouvelle
magique burkinabè : caractéristiques, typologie et fonctions de A.
Kantagba (2023).
Le paranormal est donc au cœur de la recherche en littérature
ces dernières décennies. Le pari du présent ouvrage collectif est de
réunir sous un même volume quinze riches contributions touchant
aux différentes représentations des phénomènes paranormaux. Les
articles, dans leur configuration et leur succession, se présentent
comme une odyssée vers l’espace physique et psychologique du
paranormal. Chaque contributeur tient un pan de la magie qui tient
lieu parfois de doctrine, de thérapie, d’évasion, de menace et de
refuge.
Adamou Kantagba et Soungalo Coulibaly déterminent la
magicité du film La Colère des dieux d’Idrissa Ouédraogo en
identifiant les éléments justifiant la désignation du film comme film
magique de la transgression d’un interdit. Le châtiment cruel réservé
à Tanga après ses multiples crimes de transgression est une
interpellation à peine voilée : nul ne peut violer impunément les
coutumes, fut-il roi ! L’interdit vise ainsi la protection des valeurs
culturelles.
Dénis Adrien Atangana Ngono, dans une approche
comparative, montre comment fonctionne chez Charly Gabriel
Mbock et Michel Houellebecq, l’écriture de la déréliction qui

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exprime « la part du diable » ou du mal comme élément intégrateur


de l’univers. Il part des formes esthétiques de la déréliction
constituées de la posture transhumaine et satanique, des traditions
occultes et abominations spirituelles pour identifier le
paranormal comme modalité de l’épistémologie postmoderne, avec à
la clé la déconstruction du logocentrisme et l’énonciation de
l’ontologie africaine.
Adamou Siddo décrit avec réalisme le fonctionnement du
« Horendi », une initiation pour la thérapie psychosomatique des
médiums chez les Zarma-Songhoy, groupe humain de l’Ouest
nigérien. Il considère le rite à la fois comme une école pour la
promotion humaine, une stratégie pour une véritable ingénierie
sociale et une illustration d’un modèle de vie sanitaire. Ses analyses
s’appuient sur les observations sociales et sur un film long métrage
réalisé lors d’une initiation de femmes possédées par
l’Anthropologue français Jean Rouch à Niamey et monté au CNRS à
Niamey en 1970.
Paul Youba Kiébré, en mettant en parallèle les deux versions
de Mari de nuit d'Eléonore Elo’o et Aline Thierry, oriente sa
recherche vers la problématique des maris de nuits, ces incubes qui
font vivre le lien entre la magie et la sexualité. Sont abordés avec
méthode, les motivations du phénomène et sa thérapie.
Michel SAWADOGO arrive à montrer comment Camara
Laye a su construire une œuvre dans une totale maîtrise des réalités
socioculturelles de son terroir. Les signes magiques que le chercheur
identifie dans L’Enfant noir sont : les devins professionnels, les
signes magiques en lien avec les animaux totémiques et l’initiation.
Rodolphe Ghislain Ndjibadi procède à une analyse du roman
Le Cri que tu pousses ne réveillera personne et de l’essai Le Dieu
perdu dans l’herbe de Gaston Paul Effa, dans une double perspective
de valorisation de l’animisme comme l’essence fondamentale du
monde et de reconnaissance de l’influence des dieux sur la vie des
humains.
Mohamed Algamiss et Kaoum Boulama analysent les
conséquences du non-respect de la tradition dans Le Baiser amer de
la faim d’Ada Boureima et fait lire le roman comme une courbe

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descendante qui va du bonheur au malheur. Le bonheur, c’est ce qui


se vit quand la tradition est respectée : l’abondance des récoltes, la
paix et la quiétude. Le malheur, c’est ce que vit la société quand la
tradition est transgressée : la sècheresse et la famine.
Alfred Kiéma et Théophile Zongo identifient, dans The
Fishermen de Chigozie Obioma, trois principaux éléments du
paranormal : l’influence démoniaque, les visions spirituelles et la
prémonition. Il arrive aussi à circonscrire les éléments esthétiques
déployés par l’auteur pour écrire le paranormal : le tragique, l’ironie,
le symbolisme, la comparaison, les métaphores et les proverbes.
Seydou ZAKOU s’intéresse au substrat culturel dans
Civilisation sauvage de Dogo Mayaki. Le roman permet d’analyser
les africanismes et leurs enjeux dans le texte africain. Si les
appellations d’origine africaine, les expressions arabo-musulmanes,
l’évocation du terroir et l’expérimentation d’une écriture hybride
faite du parler haoussa et du français couleur locale structurent le
texte, il faut surtout les lire comme une écriture pour la réhabilitation
de la culture africaine.
Issaka Sawadogo revient sur un classique : L’Empreinte du
renard de Moussa Konaté, pour le faire lire comme un roman
véritablement magique organisé en deux phases : la violation de
l’interdit : la vente du terrain appartenant au chef spirituel aux
étrangers et le châtiment : la condamnation à mort des offenseurs.
Derrière ce schéma crime et châtiment, le chercheur arrive à
percevoir une écriture au service de la sauvegarde des valeurs
culturelles africaines et de la protection de l’environnement.
La contribution de Ignace Sangaré s’articule autour d’une
question culturelle : le sort réservé aux albinos. Le film Gombèlè,
l’albinos de Issa Traore de Brahima qu’il analyse retrace le destin
d’un enfant albinos confronté aux dures réalités de la société dioula.
Le chercheur démontre que, si le rapport à l’albinos chez les Dioula
s’explique par un mythe qui attribue au génie rouge, le jiina wulen,
des pouvoirs paranormaux à exploiter, le film, lui, par son pouvoir
visuel, parvient à mêler le tragique et le ludique pour susciter l’émoi,
mais surtout un changement de regard vis-à-vis de l’albinos.

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Enjeux idéologiques, esthétiques et épistémologiques

Patoingnimba Sandrine Kientéga travaille sur les six récits


de L’Âge d’or d’Ousséni Nikiéma, une collection de récits pour
enfants. Les textes sont autant d’aventures vers l’univers magique,
avec comme sujets : le miracle, l’existence des fantômes ou âmes, la
réincarnation ou le revenant, les sorciers ou mangeuses d’âmes, la
transmission mystique de maladies infantiles par un oiseau, le totem.
Tous ces sujets jouent un rôle dans les différents schémas narratifs
empruntés à Greimas et appliqués aux textes. Mais l’article ramène
la fiction à la réalité en faisant observer que les fictions examinées
représentent les réalités paranormales considérées comme tabous au
Burkina-Faso.
La contribution de Lamoussa Tiaho, après avoir retracé
l’historique du fantastique occidental, trouve dans Jusqu’au seuil de
l’irréel d’Amadou Koné et La Mangeuse d’âmes d’Adèle Nikiéma,
un corpus idéal pour faire fonctionner la grille de lecture magico-
africaine de Issou Go. Une des actions récurrentes qui émerge de cette
grille est l’ordalie censée nettoyer la société sorcière et traditionnelle
des êtres impurs. Le chercheur démontre à la fin que les deux textes
s’inscrivent dans une forme de code scientifique africain et
témoignent du manichéisme engendré par les phénomènes
paranormaux en Afrique.
Nongzanga Joséline Yaméogo et Fourmié Héma observent
la dégradation de l’environnement comme un crime magique dans la
pièce Terre rouge d’Aristide Tarnagda. Le gouvernement, au nom
d’un projet moderniste, a décidé de façon unilatérale de détruire
l’écosystème. Si le critique identifie bien la présence d’un élément de
la triade magique, à savoir la magie de la dégradation (Md), il
souligne l’absence de la magie de l’action de la réparation (Ma) et de
la magie de la solution (Ms). Sur le plan formel, il mentionne parmi
les mécanismes et techniques de mise en valeur de l’éco-destruction,
l’usage de la symbolique, les dialogues poétiques, des monologues
introspectifs et la manipulation de la temporalité.
Enfin, Torbilinla Élisabeth Thiombiano et Noaga Nombré
montrent comment les politiciens agissant dans Moah le fils de la
folle utilisent la magie dans la quête du pouvoir. Leur voracité les
plonge au cœur de la magie du pacte diabolique. Comme crimes

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Enjeux idéologiques, esthétiques et épistémologiques

magiques courants, les critiques identifient le viol et l’assassinat qui


laissent voir des figures terrifiantes et apocalyptiques usant de
stratégies poignantes aux fins de domination. Les analystes
identifient un texte à trois phases combinant un désir d’ascension
sociale, avec les mécanismes d’ascension qui l’accompagnent (viol,
assassinat), une réussite sociale (jouissance du pouvoir de l’argent) et
une dégradation (la mort du héros).
Comme on peut le voir, chaque contributeur, par le biais du
fantastique, de la magie, de la sorcellerie ou d’autres branches de
l’occultisme, apporte des éléments de réponse sur les modalités de
prise en charge des phénomènes paranormaux par le discours
littéraire africain. Les réflexions permettent par ailleurs d’inscrire les
différentes démarches et réflexions dans divers enjeux idéologiques,
esthétiques ou épistémologiques se rattachant à l’écriture du
paranormal. En cela, l’ouvrage constitue un précieux outil pour tous
les chercheurs qui s’intéressent au paranormal africain et à son
expression littéraire.

Pierre Martial ABOSSOLO


Adamou KANTAGBA

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LITTÉRATURE AFRICAINE ET PHÉNOMÈNES PARANORMAUX
Enjeux idéologiques, esthétiques et épistémologiques

LA COLÈRE DES DIEUX, FILM MAGIQUE

Adamou KANTAGBA
Université Nazi BONI, Burkina Faso
[email protected]
Soungalo COULIBALY
Université de Dédougou, Burkina Faso
[email protected]

Résumé

Depuis qu’elle a été portée sur les fonts baptismaux, la poétique


magique, en tant que théorie, a permis la (re)lecture de nombreux récits
littéraires : romans (I. Go, 2014 ; F. Nombré, 2019 ; I. Sawadogo, 2020),
nouvelles (A. Kantagba, 2017, 2023), contes (M. L. Ouédraogo, 2020 ; M.
Sawadogo, 2021). Toutefois, aucune recherche ne s’est intéressée à la
dimension magique du récit filmique. C’est d’ailleurs ce qui justifie tout
l’intérêt de la présente contribution qui établit un lien entre les techniques
de narration du récit et la magie dans le cinéma burkinabè, et plus
singulièrement dans la Colère des dieux.
L’objectif majeur de cette étude est donc de déterminer, à l’aune de
la poétique de Go, la magicité du film d’Idrissa Ouédraogo, sa typologie
magique ainsi que les enjeux idéologiques de la thématisation de la magie.

Mots clés : Film – Magie – Poétique – Narratologie – Burkina Faso.

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LITTÉRATURE AFRICAINE ET PHÉNOMÈNES PARANORMAUX
Enjeux idéologiques, esthétiques et épistémologiques

Abstract

Since it was placed on the baptismal font, magical poetics, as a


theory, has allowed the (re)reading of many literary stories: novels (I. Go,
2014; F. Nombré, 2019; I. Sawadogo, 2020), short stories (A. Kantagba,
2017, 2023), stories (M. L. Ouédraogo, 2020; M. Sawadogo, 2021).
Paradoxically, no research has focused on the magical dimension of film
narrative. This is moreover what justifies all the interest of this contribution
which establishes a link between the techniques of narration of the story
and magic in Burkinabe cinema, and more particularly in the La Colère des
dieux. The main objective of this study is therefore to determine, in the light
of Go poetics, the magic of Idrissa Ouédraogo’s film, its magic typology
as well as the ideological issues of the thematization of magic.

Keywords : Movie-Magic-Poetics- Narratology-Burkina Faso.

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LITTÉRATURE AFRICAINE ET PHÉNOMÈNES PARANORMAUX
Enjeux idéologiques, esthétiques et épistémologiques

INTRODUCTION

La réflexion s’articule autour de la magicité du récit


cinématographique dans le film burkinabè en l’occurrence, celui d’Idrissa
Ouédraogo. Il s’agit, plus concrètement, d’examiner la structure, la
typologie et la fonction de la magie dans La Colère des dieux à l’aulne des
nouvelles grilles d’évaluation des récits qu’ils soient littéraires ou
filmiques. Comment la magie structure-t-elle La Colère des dieux au point
d’en faire un récit singulier qu’on pourrait appeler film magique de la
même manière qu’on a déterminé une prose magique : roman (Go, 2014),
nouvelle (Kantagba, 2017) et conte (Sawadogo, 2021) ? Quel type de magie
s’y déploie-t-il ? Quelle fonction la magie y assume-t-elle ? Telles sont les
principales interrogations qui servent de fil d’Ariane dans la présente
réflexion, et auxquelles la poétique de Go (2014) permet d’apporter des
réponses.

1. Cadre théorique et clarification conceptuelle

Portée à la connaissance de la communauté scientifique en 2014,


avec Poétique et esthétique magiques, la théorie du professeur Go
constitue, ainsi que le rappelle A. Kantagba et M. Sawadogo (2021, p. 37)
sur le plan épistémologique, un apport majeur à la critique littéraire. Cela
dans le sens où elle permet une nouvelle herméneutique des récits,
partiellement ou totalement, irrigués par la magie. Justement, à l’instar de
la plupart des fictions cinématographiques burkinabè (Sya, le rêve du
python, Un fantôme dans la ville, Cœur de lion, etc.) et africaines (il n’y a
qu’à voir les films nollywoodiens), le film de Ouédraogo, qui intéresse la
présente recherche, est imbibé de magie dans ses principales séquences
narratives ainsi que le suggère son titre thématique transparent (La Colère
des dieux). Grille évaluative et interprétative, la poétique de Go se fonde
sur l’axiome, maintenant bien connu, qui veut que l’importante toile de
fond magique de la culture africaine ait engendré une influence sur ses
récits. Une influence qui dépasse la simple dimension thématique desdits
textes pour marquer leur fonctionnement, lequel repose sur des structures
spécifiques communes. Cela au point de générer, au plan africain, une
nouvelle typologie de récits dits magiques ainsi qu’il a été question, par
exemple, en Europe de récits fantastiques avec Todorov (1970).
De fait donc, la poétique magique opère une différence, une nuance
entre un récit (texte/film) de magie (aspect thématique) et un récit

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Enjeux idéologiques, esthétiques et épistémologiques

(texte/film) magique (aspect rhématique). En effet si, sur le plan


grammatical, le complément du nom dans le groupe nominal (récit de
magie) équivaut à l’adjectif qualificatif dans le groupe adjectival (récit
magique) au point d’établir une équivalence sémantique : récit de magie =
récit magique ; sur le plan de la critique, et plus précisément de la poétique
magique, il en va (un peu) autrement. Il faut entendre par récit de magie,
en poétique magique, tout récit dont la diégèse prend en charge les
questions magiques (magie dans un récit). Or, ainsi que le notifie A.
Kantagba (2023, p.19) : « […] il faut distinguer de prime abord la magie
dans un récit et un récit magique. Si dans un récit magique, il est forcément
question de pratiques magiques ou de magie, tout récit dont la thématique
est la magie n’est pas systématiquement, et pour autant, un récit magique. »
C’est dire donc que sur le plan thématique, il y a une certaine
homologie entre récit de magie et récit magique du fait de leur
dénominateur commun : l’effectivité de la magie dans la diégèse dans les
deux cas de figure. La différence, la nuance, annoncée plus haut, se situe
alors au niveau formel (rhématique) avec une structure spécifique pour le
récit magique au-delà de la thématique magique.
Des différents sens (r)attachés au mot magie, il est privilégié, dans
ce contexte précis, celui de I. Go (2014, p. 309) :

[…] une pratique sociale qui vise [en Afrique] à


résoudre des problèmes concrets. Le secret en est
un élément constitutif indispensable. Elle franchit
allégrement les frontières des religions, des
idéologies, des pays et mêmes des continents.

L’équivoque levée, à quel moment un récit de magie accède-t-il au


statut de récit magique ? En d’autres termes, quels sont les critères qui
déterminent si La Colère des dieux est un film de magie ou un film
magique ? Dans le contexte de la poétique magique (PM), trois
caractéristiques principales déterminent la magicité d’un récit. Il s’agit
fondamentalement de : l’intrigue magique (IM), la triade magique (TM) et
du secret magique (SM). Elles seront définies, opportunément, dans
l’articulation portant sur la structure du film.

2. Structure de La Colère des dieux

Cinéaste prolifique, Idrissa Ouédraogo est le réalisateur du film-


objet de la présente étude. Réalisé en 2003, ce long métrage traite de la

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Enjeux idéologiques, esthétiques et épistémologiques

gestion du pouvoir dans un royaume moaga. L’enjeu, à cette étape, est de


soumettre sa structure à la grille évaluative des récits magiques établie par
la PM qui comprend entre autres critères l’intrigue magique, la triade
magique et le secret magique. Comment se manifeste l’intrigue magique
dans la diégèse de La Colère des dieux ?

2.1. L’intrigue magique


Des différentes acceptions que peut revêtir le vocable « intrigue »,
il est retenu celle de R. Baroni (2017, p. 31) ci-après :

L’intrigue est un dispositif textuel dont la


fonction est d’intriguer le lecteur. Elle se noue par
l’établissement d’une tension qui oriente la
progression dans le texte en créant l’attente
anxieuse d’un dénouement. La tension narrative,
créée par le nœud de l’intrigue, repose sur la mise
en relation de l’événement, tel que le lecteur peut
se le représenter à un stade précoce de sa
progression dans le texte, avec des virtualités
passées, actuelles ou futures. Le récit intrigant
(ou récit à intrigue) se caractérise par une forme
minimale d’immersion du lecteur dans un monde
raconté distinct de son monde actuel et, par
ailleurs, par la création d’un intérêt narratif qui se
caractérise par un sentiment de suspense, de
curiosité ou de surprise.

Ainsi défini, tout texte narratif (« récit intrigant ») est, en principe,


doté d’une intrigue. La singularité de l’intrigue dite magique est qu’elle est
nouée autour d’un crime magique. Pour A. Kantagba (2023, pp. 34-35) :

Il faut entendre par ce néologisme nominal,


propre à la poétique magique, tout crime commis
par le biais d’une action magique, c'est-à-dire par
les sortilèges et autres maléfices des sorciers […]
A cela, il faut ajouter également les différentes
formes de violation des interdits ainsi que les
sacrifices rituels propitiatoires à des fins
d’ascension sociale fulgurante.

23
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Enjeux idéologiques, esthétiques et épistémologiques

Sous ce rapport, quel CM fonde l’IM dans l’œuvre


cinématographique de Ouédraogo ? Récit d’un guerrier, La Colère des
dieux est un film de fiction qui met en exergue non pas un mais plusieurs
CM liés précisément à la violation des interdits dans les sociétés
traditionnelles en l’occurrence, celle moaga. En effet, dans un premier
temps, Tanga, grand guerrier de son état, désobéit aux ordres de son père.
La désobéissance se manifeste dans la diégèse par sa prise du pouvoir par
les armes. Or, dans l’organisation de la société de référence du film, et selon
les traditions, seul le « Collège des sages » est habilité à désigner le
successeur du roi après son passage de vie à trépas. La mise en garde du
père (mourant) au fils (bien portant), ci-dessous, filmé dans un plan
dramatique, en rend bien compte :

Tanga, n’oublie pas nos traditions…Tu veux le


pouvoir…Ton oncle Halyaré veut le
pouvoir…Tous tes frères aussi veulent le
pouvoir…Mais…seul le collège des sages peut
élire le nouveau Roi. Si jamais tu t’entêtais à
prendre le pouvoir par la force, un malheur va
t’arriver1.

Le père mettant en le fils


garde…

1
La Colère des dieux, 2003, 00 :05 :10.

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Enjeux idéologiques, esthétiques et épistémologiques

L’adage veut que qui peut le plus peut le moins. C’est le cas avec
le protagoniste, Tanga. En effet, au-delà du CM qui consiste en une
confiscation du pouvoir au mépris des règles traditionnelles
(Constitution ?) et des dernières volontés d’un candidat à la mort, qui plus
est, son paternel, il se rend également coupable d’une autre série de CM2
dont le plus grave est l’enlèvement de Awa, la femme de Rasmané alors
que les deux avaient été unis par les fiançailles. Désunir, sans autre forme
de procès, ce que les ancêtres ont uni est un sacrilège. Les captures
d’images, ci-dessous, l’illustrent fort bien.

Le Roi Tanga en route pour le Palais après Awa, obligée à se soumettre à la volonté de
l’enlèvement de Awa Tanga malgré l’amour pour Rasmané qu’elle
confesse.

L’analyse de l’intrigue du récit filmique révèle qu’il s’agit bel et


bien d’une IM en ce sens qu’elle est nouée autour d’un crime magique ou,
plus exactement, d’une série de CM au sens où l’entend la poétique de Go.
Cela ne suffit pas pour autant à faire de La Colère des dieux un film
magique. Encore faut-il qu’il manifeste la triade et le secret magiques.

2.2. La triade magique


Dans la Poétique de la prose, Todorov (1975) décompose le récit
en cinq étapes fondamentales à savoir : 1) La situation initiale, 2) La force

2
L’humiliation répétée de l’oncle Halyaré (brutalisé, d’abord, par les soldats de Tanga
avec sa bénédiction, ensuite menacé, par Tanga lui-même, devant ses guerriers, les
dignitaires et toute la population sortie pour accompagner le défunt Roi à sa dernière
demeure) que le cinéaste, dans sa perspective d’agrandissement, filme dans un plan
d’ensemble est un acte condamnable dans les sociétés traditionnelles. Humilier
publiquement les aînés est un CM.

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Enjeux idéologiques, esthétiques et épistémologiques

perturbatrice, 3) L’état de déséquilibre, 4) La force équilibrante, 5) La


situation finale. Dans son sens alors, un récit idéal commence par une
situation stable qu'une force quelconque vient perturber. Il en résulte un
état de déséquilibre. Par l'action d'une force dirigée en sens inverse,
l'équilibre est rétabli. Le second équilibre est bien semblable au premier,
mais les deux ne sont jamais identiques. Ainsi décliné, le récit apparait
comme le passage d'un état (1) à un autre (5) par la transformation (2, 3 et
4). Il résulte de cette configuration la triade suivante : dégradation, action
de réparation et solution. C’est la triade que l’on retrouve dans tous les
récits. Qu’en est-il de la structure triadique magique ? Interdits, maléfices
et pactes diaboliques dans la nouvelle magique burkinabè apporte des
éléments de réponse :

Le théoricien [Go] part donc de la triade


(dégradation, action de réparation et solution) qui
découle des différentes phases de la structure
quinaire (Todorov) pour en faire une triade
magique en l’imbibant, cela s’entend, de magie.
Dans le cadre d’un récit magique, chaque étape
de la triade, ainsi dégagée, est alors marquée du
sceau de la magie : magie de la dégradation (Md),
magie de l’action de la réparation (Ma) et magie
de la solution (Ms). C’est la triade magique
inhérente à la structure de tout récit magique. (A.
Kantagba, 2023, p. 22).

Dans le contexte de la PM, il est postulé alors que lorsqu’un


protagoniste commet un crime magique, ainsi que défini plus haut, sa
situation initiale (SI) enviable et enviée se détériore du fait de la magie de
la dégradation (Md) qui se met en branle. Pour retrouver/ rétablir l’équilibre
de la situation de départ, il faut une magie de la solution (Ms) qui passe par
la magie de l’action de la réparation (Ma). Sous ce prisme, la TM
s’actualise-t-elle dans le récit filmique objet de l’étude ?
Si le film s’ouvre avec une scène désolante avec le roi agonisant
(cf. capture ci-dessus), elle fait rapidement place à une autre plus exaltante
avec un Tanga resplendissant au milieu de ses soldats prêts à sacrifier leur
vie pour lui ainsi que le suggère la capture ci-dessous.

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Enjeux idéologiques, esthétiques et épistémologiques

C’est fort justement de ce prestige dont il jouit au début du film (SI)


qu’il confisqua le pouvoir, et s’adonna à bien d’autres pratiques, hélas, aux
antipodes des coutumes. Ainsi enleva-t-il Awa à son mari, Rasmané et
l’épousa. Neuf mois plus tard, naquit Salam. Les multiples crimes
magiques perpétrés par Tanga (violations des coutumes3) mirent en branle
la magie de la dégradation (Md), à travers la colère des dieux, des ancêtres,
(c’est tout le sens du titre du film) avec en filigrane la détérioration de la
situation initiale d’abondance du royaume. Seule une magie de l’action de
la réparation (Ma), ainsi que le révèlent les mystèmes (signes magiques, ici,
auguraux) décodés par le mystagogue, peut l’enrayer :

Un malheur va venir. Vite, un Cheval. Où est le


Roi ? J’ai quelque chose à lui dire ! […] Le
nouveau-né, il portera malheur. Il portera
malheur, à toi, à ton peuple, et à tout le royaume.
Un homme averti en vaut deux. […] Je ne suis
pas fou. Je détiens le savoir. C’est le savoir de

3
Prise illégale du pouvoir, irrévérence filiale (non-respect des dernières volontés de son
géniteur), humiliation publique de l’oncle, enlèvement de la femme d’autrui, etc.

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Enjeux idéologiques, esthétiques et épistémologiques

mes ancêtres. J’ai hérité ce don pour aider le


peuple. C’est pourquoi je suis venu te prévenir.
Majesté, regarde ! Lève la tête et regarde le soleil.
Le signe que tu vois là, C’est le signe d’un grand
malheur. (La Colère des dieux, 2003, 00 :23 :40).

Le malheur, comme c’est invariablement le cas lors de la


commission de crimes magiques, s’abattit sur le roi et son royaume ainsi
que l’avaient annoncé les propos prophétiques du devin, ci-dessus. En effet,
dans le récit filmique, les crimes de transgression commis par le
protagoniste Tanga ont occasionné d’abord la rareté des pluies et installé la
famine dans la contrée. Un malheur ne venant jamais seul, le roi découvrit,
par la suite, que Salam qu’il avait chéri n’était pas son enfant. Il sombra
alors dans la dépression. En dehors de toute magie réparatrice4, l’étonnante
déchéance de Tanga se poursuivit pour se solder tragiquement dans la
situation finale avec sa propre mort. « Le scorpion, dit l’adage, peut mourir
de son propre dard. » C’est toute l’ironie de la situation de Tanga qui périt
des mains de Salam qu’il a lui-même élevé. Le crime de l’enlèvement de la
femme de Rasmané lui est ainsi fatal. Sous ce prisme, La Colère des dieux
est un récit tragique à séquence unique et descendante. La magie de l’action
de la réparation (Ma) qui devait permettre de remonter la pente, et qui
passait par le sacrifice rituel de Salam et sa mère, n’a pas lieu. Le schéma
de la TM dans La Colère des dieux se présente ainsi qu’il suit :

4
Une fois que la magie de la dégradation (Md) se met en branle (cf. infortunes de Tanga),
il faut une magie de la solution (Ms) qui passe par une magie de l’action de la réparation
(Ma). Dans le film, elle passe par le sacrifice de Salam et de sa mère par Tanga. C’est ainsi
qu’il sollicita l’aide de son oncle Halyaré ignorant que celui-ci avait gardé une dent contre
lui parce qu’il lui avait volé le pouvoir. Halyaré mit en branle son plan de vengeance. Au
lieu d’aider son neveu, comme convenu, à sacrifier Awa et son fils, il leur apporta plutôt
son soutien en les aidant à s’enfuir. Awa est rattrapée et exécutée. Mais Salam est sauf. La
réparation n’a donc pas lieu.

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Enjeux idéologiques, esthétiques et épistémologiques

- Prise de pouvoir de Tanga par la force


- Humiliation de l’oncle Halyaré
- Enlèvement de la femme de Rasmané

Colère des dieux

- Famine dans le royaume


- Folie du roi, Tanga
- Assassinat tragique de Tanga

Les captures d’image ci-dessous présentées illustrent fort bien ce


schéma triadique.

Mauvaise récolte (rareté des pluies dans le royaume de Tanga)

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Enjeux idéologiques, esthétiques et épistémologiques

Dépression (folie ?) de Tanga Fin tragique de Tanga (assassinat par Salam)

La Colère des dieux, ainsi que cela a été observé, concentre deux
caractéristiques communes aux récits magiques à savoir l’intrigue et la
triade magiques. Qu’en est-il du secret magique ?

2.3. Le secret magique


Depuis les nombreux travaux de Go sur la magie africaine dans le
contexte de sa poétique, il est admis que derrière toute pratique magique, il
y a, généralement, un secret magique ou dessous de la magie. Pour le
critique alors, le récit magique a son langage qu’il faut chercher à décoder.
Derrière les formes imagées du dire, se cachent des réalités à dévoiler. D.
D. Ouédraogo (1934) parle de « secrets des sorciers noirs ». Quant à M.
Hebga (1998), il préfère parler de « rationalité du discours africain sur les
phénomènes paranormaux ». Dans cette dynamique, l’étude des récits
magiques (A. Kantagba, 2023) révèle, par exemple, que dans ceux des
maléfices on use et abuse même parfois de la science. Dans le cas de la
transgression des interdits, les sociétés traditionnelles disposent de
plusieurs armes secrètes dont les plus redoutables sont : l’élimination
physique et la torture psychologique qui résultent d’un conditionnement à
la base.
Sous cet angle, comment expliquer, rationnellement, dans La
Colère des dieux de Ouédraogo, la curieuse défaite du géant Tanga
(Goliath ?) face au petit (David ?), son « fils » Salam après ses crimes
magiques ? Même si ce dernier, en cela, a été quelque peu aidé par un
mystérieux magicien-adjuvant, la mort du roi est d’autant plus étrange
(magique ?) qu’à sa prise de pouvoir, il avait bénéficié de
l’accompagnement des meilleurs magiciens dont l’un d’eux lui avait donné
trois amulettes supposées le rendre invincible ainsi que l’atteste la capture
ci-dessous.

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Enjeux idéologiques, esthétiques et épistémologiques

La bonne saisie du sens des récits magiques dépend inéluctablement


de l’appréhension que l’on fait du secret magique. Dans La Colère des
dieux, au-delà de l’explication première magique manifeste (niveau de
surface), il y a une autre piste plus rationnelle (SM). C’est toute la
signification de la séquence dialoguée (Tanga vs Salam) insérée à dessein
dans la diégèse. Son insertion immédiatement avant le combat magique est
tout aussi porteuse de sens. Cette séquence du film, qu’il s’agisse de sa
substance (contenu) ou même de sa forme (positionnement temporel) n’est
pas sans rappeler le « dialogue des rois sorciers » qui opposa Soumaoro et
Soundjata la veille de la mythique bataille de Krina dans Soundjata ou
l’épopée mandingue (1960, pp. 111-113).
A l’issue de cette « guerre des bouches », selon l’heureuse formule
de D. T. Niane (1960), qui consacre la suprématie du « fils » sur le père (cf.
captures ci-dessous), le dénouement du combat physique/magique à venir
était connu. Cela exactement comme dans le roman du Guinéen.

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Enjeux idéologiques, esthétiques et épistémologiques

Tanga étonné et effrayé par les arguments de Sentence finale de Salam (Eau) à l’endroit de Tanga
Salam (Feu)

La sagesse ancestrale plusieurs fois millénaire stipule que rien n’est


mauvais, rien n’est bon. C’est la pensée qui crée le bonheur ou le malheur.
On devient donc ce qu’on pense. On se rappelle bien Caïn après sa
transgression dans l’Ancien Testament. Persuadé qu’il avait mal agi, avec
le regard de Dieu qui le suivait partout, il finit par se suicider. Il est tout
aussi loisible de postuler qu’à l’instar de Caïn, Tanga, s’était déjà persuadé,
convaincu, à la faveur de la « guerre des bouches », qu’il sera vaincu, et
s’est laissé, pour ainsi dire, vaincre effectivement le jour de la « vraie
guerre ». Dans cette veine, C. Viktorovitch (2021, p. 41) écrit justement :
« […] à l’échelle du débat public, remporter la bataille des mots, c’est déjà
prendre un ascendant majeur dans la guerre […] » C’est précisément la
prouesse que réussit Salam. A force d’asséner à Tanga qu’il est plus fort
que lui, même si cela n’était vraiment pas vérifié (rhétorique incantatoire),
celui-ci finit par l’intérioriser. Cette autosuggestion pourrait bien expliquer,
au-delà de toute magie, sa défaite inattendue qui se solde par sa mort
tragique.
Avec l’effectivité du secret magique qui s’ajoute à l’intrigue et à la
triade magiques déjà appréhendées plus haut, la magicité de La Colère des
dieux est bel et bien établi. Il s’agit alors d’un film magique. De quelle
typologie magique relève-t-il ? Pourquoi faut-il que Tanga meure ? En
d’autres termes, quel enjeu idéologique de la magie dans le récit filmique ?

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Enjeux idéologiques, esthétiques et épistémologiques

3. Typologie magique et fonction de la magie

Après avoir prouvé et éprouvé, sur le plan structural, l’existence


d’un type de récits aux structures spécifiques au point qu’on peut les
qualifier de récits magiques, Go procède à leur exégèse. Il découvre, in fine,
que dans leur ensemble ils peuvent se répartir en trois grands types. Il s’agit
des récits magiques des maléfices qui se décomposent en trois sous-types
(magie de l’empoisonnement, magie de l’ordalie et magie du destin), des
récits magiques du pacte diabolique qui comprennent deux sous-catégories
(magie de la politique et magie du commerce) et des récits magiques de la
transgression d’un interdit. A l’instar des deux premiers types, ils se
décomposent également en sous-types (magie de la protection de
l’environnement, magie de la protection sociale et magie de la protection
des valeurs culturelles). Au sujet de cette dernière catégorie magique qu’est
la transgression d’un interdit, A. Kantagba écrit :

À l’instar du peuple juif, dans l’Ancien


Testament, les sociétés traditionnelles en
Afrique, et sans doute partout ailleurs, soucieuses
de préserver l’équilibre tant social qu’écologique
dont tout individu a besoin pour s’épanouir, ont
souvent créé un certain nombre d’interdits qui ne
sont certes pas écrits, mais se transmettent de
bouche à oreille et dont la transgression appelle
une sanction adéquate de façon à ce que le
malheureux sort du transgresseur dissuade
d’éventuels fautifs. Ce sont donc ces règles et ces
lois créées pour « modéliser » le comportement
de l’individu vis-à-vis de son environnement
socioculturel et écologique qui constituent la
magie de la transgression d’un interdit. De même
que la science a besoin, en effet, de codification
pour son bon usage et pour le bien de l’homme,
la société aussi a besoin de règles et de lois pour
une meilleure gestion. Si celles-ci prennent la
couleur de la magie, en grattant leur surface
miroitante de miracle et de sacré, on y
découvre des raisons sociales à la quête
perpétuelle du bonheur de l’homme. (2023,
p. 28).

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Enjeux idéologiques, esthétiques et épistémologiques

Ainsi défini, il apparait clairement que le film La Colère des dieux


de Ouédraogo appartient à la typologie des récits magiques de la
transgression d’un interdit. En effet les différents crimes magiques dont est
responsable Tanga dans le film (de la confiscation du pouvoir à la
confiscation de la femme de Rasmané en passant par l’humiliation publique
de son oncle) sont relatifs à la violation des interdits de la société
traditionnelle moaga. Dans cette catégorie des récits magiques de la
transgression d’un interdit, il relève plus précisément de la sous-typologie
de la sauvegarde des valeurs culturelles. Et ainsi que le dit fort à propos
Kantagba, à la fin de l’extrait ci-dessus, le halo magique dont sont auréolés
les interdits dans les sociétés traditionnelles cache bien souvent des
préoccupations humaines. En partant de l’hypothèse qu’il n’y a pas de
magie sans secret, que couve la magie de l’interdit dans La Colère des
dieux ?
Dans le récit filmique, et pour rappel, les crimes magiques de
transgression des interdits de Tanga commencent avec sa prise illégale du
pouvoir et atteignent leur point culminant avec le rapt de Awa malgré ses
fiançailles avec Rasmanè. C’est véritablement ce crime magique, ce
sacrilège qui noue l’intrigue du film. Or, ce type de lien bénéficie de facto
de la bénédiction des ancêtres et surtout de leur protection comme le
souligne G. Dumur (1965, p. 136) : « [...] fait religieux, si simple soit-il en
apparence, [le mariage traditionnel] met en jeu tout un réseau de relations
avec le temps, l’espace, les puissances surnaturelles qui le justifient, le
conditionnent et le sacralisent. » C’est pourquoi la destruction de ce
sacrement traditionnel qui unit Rasmané à Awa est un manquement grave
à la tradition.5 Par conséquent, c’est une transgression d’un interdit de taille
dont la sanction est invariablement la mort ainsi que l’illustre la fin cocasse
et tragique de Tanga tué par le fils même de celui qu’il pensait avoir
« ridicoculisé6 ».
« Chaque société a un certain nombre de biens de valeurs auxquels
elle s’identifie, qu’elle tient à sauvegarder et dont la transgression peut être
cause de catastrophe sociale », A. Kantagba (2023, p. 58). Sous ce prisme,
la magie de l’interdit, dans la Colère des dieux, vise la protection des

5
« C’est le rogom-miki en moore qui signifie la tradition. Or quand on parle du rogom-
miki en milieu moaga, nul n’a le droit d’enfreindre aux règles qui existent et qui
fonctionnent comme norme absolue sous prétexte de recevoir la sentence du monde
invisible ». J.P. Ouédraogo et S.E. Sawadogo (2023, p. 38).
6
Ridiculiser quelqu’un en le rendant cocu. Le mot-valise à Edmond Rostand dans Cyrano
de Bergerac.

34
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Enjeux idéologiques, esthétiques et épistémologiques

valeurs culturelles : l’obéissance aux anciens mais aussi et surtout le


mariage traditionnel. Le châtiment cruel, ainsi, réservé au transgresseur,
dans le récit, est une interpellation à peine voilée : nul ne peut désunir
impunément ce que les ancêtres ont uni, fut-il roi !

35
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Enjeux idéologiques, esthétiques et épistémologiques

CONCLUSION

Il ressort de l’analyse de La Colère des dieux, sous le prisme de la


poétique magique qu’il s’agit bien du point de vue rhématique d’un film
magique et non simplement d’un film de magie. Comportant une intrigue
magique nouée autour d’une série de crimes magiques dont le plus fatal est
l’enlèvement et la prise pour femme de la fiancée de Rasmané par Tanga,
il manifeste également la triade et le secret magiques. En termes de
typologisation, le film de Ouédraogo appartient la famille des récits
magiques de la transgression d’un interdit et dans la sous-catégorie de la
protection des valeurs culturelles. Tel est justement, l’enjeu de la magie de
l’interdit, dans le film, qui vise la sauvegarde d’un bien de valeur culturelle,
le mariage traditionnel. C’est précisément cette fonction de régulation qui
passe par la protection des femmes, des enfants, des handicapés mais aussi
des valeurs sociales et culturelles qui fait dire à Go (2014) que la magie de
la transgression d’un interdit fonctionne dans les sociétés traditionnelles
comme un véritable code pénal africain.

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Enjeux idéologiques, esthétiques et épistémologiques

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