Procedure Penale NDC

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Deuxième partie : introduction à la procédure pénale

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A. Phases préliminaires – Information et instruction


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I. Principe de l’action publique

Définition : procédures visant à la recherche des infractions et à leur répression

La mise en œuvre de procédures en vue de réprimer une infraction pénale, en ce qu’elle est
habituellement et en principe exclusivement diligentée par l’autorité publique étatique, par le
biais du Parquet, est communément appelée l’action publique.

Indemnisation de la victime

Parallèlement, et simultanément à l’action publique, la victime de l’infraction pourra faire valoir


ses droits propres (intérêt civil à une indemnisation) dans le cadre d’une action civile ou action
sur intérêts civils.

Exercice de l’action publique

La mise en œuvre de l’action publique, et les procédures en vue de recherche et de la


répression d’infractions relève de l’autorité publique, à savoir le Parquet et les services de
police.

Le rôle du Parquet, mais aussi de la police (qui a aussi d’autres fonctions : ex. : maintien de
l’ordre), est ainsi i) la recherche des infractions, ii) en vue de leur répression éventuelle.

C’est donc habituellement le Parquet qui déclenche l’action publique et la procédure


répressive sur base des infractions constatées, entre autres, par les services de police.

Entre autres, ceux-ci seront « alimentés » par les dépositions faites par les particuliers, à
l’occasion ou à la suite d’infractions qu’ils auraient subies.

A noter que tous rapports ou constats d’infraction dont les services de police ou du Parquet
seraient informés ne mettent pas systématiquement l’action publique en marche (v. infra :
principe d’opportunité des poursuites dans le chef de la police et du parquet)

1
Toute personne privée victime d’une infraction pourra par ailleurs déclencher la procédure
répressive :

1) par le dépôt d’une plainte :

- en mains de services de police


ou
du Parquet du Procureur du Roi, ce qui déclenche une procédure d’information judiciaire

- en mains d’un Juge d’instruction, ce qui déclenche une procédure d’instruction judiciaire

2) par citation directe de l’auteur présumé de l’infraction devant la juridiction correctionnelle,


ce qui déclenchera la procédure au fond

Sans information ou instruction préalable, une citation directe diligentée par une victime
souhaitant ainsi obtenir condamnation pénale d’une autre personne et se constituer partie
civile à son encontre aura cependant peu de chance d’aboutir. La procédure est ainsi plus
théorique que pratique.

II. L’information

Le rôle du parquet

Recherche de l’infraction :

D’initiative ou sur plainte, le Ministère Public a pour rôle de rechercher et détecter toutes
infractions et d’en poursuivre les auteurs.

Par Ministère Public, il faut entendre les services du Parquet du Procureur du Roi près le
Tribunal de Première instance de l’arrondissement judiciaire dans lequel l’infraction a été
constatée. Les services du Parquet travailleront avec les services de police locaux. A noter
que, si l’enquête doit s’étendre à d’autres arrondissements judiciaires, les Parquets relayeront
leur demandes autres Parquets concernés et aux services de police en dépendant.

Démarches et réquisitions en vue de faire réprimer l’infraction : le Parquet prend toutes


dispositions et demandes toutes mesures, entre autres, aux services de police, en vue de
connaître les circonstances de l’infraction, sa portée, ses auteurs, etc ; pour ce faire, il prend
toutes réquisitions auprès de ses services, de la police, et peut également saisir un juge
d’instruction pour pouvoir mener certaines mesures et procédures destinées à rechercher et
réprimer l’infraction.

2
Principe de l’opportunité des poursuites :

Le parquet n’a pas l’obligation de poursuivre toutes les infractions constatées ou dénoncées.

Ses services apprécieront de l’opportunité ou non de poursuivre les infractions dénoncées ou


constatées.

Le rôle de la police

Le rôle de la police dans la recherche et la répression des infractions est similaire à celui du
Parquet, dont la police dépend d’ailleurs pour ces différentes missions.

La police est en réalité le bras actif et armé du Parquet sur le terrain, et procède et réalise
effectivement les différentes missions développées ou demandées dans le cadre de
l’information : constat des faits, relevés de traces, empreintes, interrogatoires, surveillance,
garde à vue de maximum 24 heures, etc. Elle fait rapport de ses démarches au Parquet, en
la personne du substitut du Procureur du Roi chargé de dossier et supervisant l’enquête.

Aboutissement de l’information

Au terme de l’information, le Parquet peut décider (cf. opportunité des poursuites)

- soit de classer le dossier sans suite ;


le parquet et les services de police n’iront pas plus loin dans l’enquête en l’état

- soit de demander la désignation d’un Juge d’instruction


pour que puisse être prise des mesures d’instruction aux fins de faire avancer l’enquête ;

- soit de renvoyer le dossier devant la juridiction de fond (Tribunal de Police ou une


chambre correctionnelle du Tribunal de Première instance)
pour que l’affaire soit jugée au fond

- soit par la mise en place d’une médiation pénale,


procédure particulière, qui, si elle est respectée, met fin aux poursuites sous conditions
fixées par le parquet et acceptées par l’inculpé

le parquet confie à un médiateur pénal mission de rencontre des parties inculpées et


victime au fins de voir si un accord (d’indemnisation) peut intervenir entre eux, et si
l’inculpé reconnait la prévention et serait disposé à suivre des mesures particulières en
vue de sa reintégration sociale

une telle procédure, pour aboutir, doit être acceptée à tout moment et à chaque étape
par les partie inculpé et victimes, mais aussi par le parquet lui-même.

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- soit de proposer une transaction pénale à l’inculpé,
par exemple par le paiement d’une amende transactionnelle dont l’acceptation et le
paiement par l’inculpé met fin à l’information

En cas de classement sans suite, l’action publique peut être remise en oeuvre :

− par dépôt de plainte de la victime en main d’un Juge d’instruction et la mise ainsi en
oeuvre d’une instruction judiciaire (v. infra)
ou
− par citation directe, sous les réserves rappelées plus haut, devant le Tribunal du fond
(Tribunal de Police ou une chambre correctionnelle du Tribunal de Première instance)

A noter que le Parquet peut se ressaisir du dossier et le rouvrir, par exemple, en cas
d’éléments ou de faits nouveaux. Ce pour quoi le plaignant initial pourrait d’ailleurs déposer
une nouvelle plainte.

III. L’instruction

Saisine du Juge d’instruction

Le Juge d’instruction intervient dans le cadre de l’action publique, au terme de l’information


judiciaire, soit sur réquisition du Parquet, soit sur dépôt de plainte entre ses mains d’une
victime présumée, ayant vocation à se constituer partie civile.

Pouvoirs du Juge d’instruction

Le Juge d‘instruction, sur base des éléments qui lui sont présentés, peut décider de
nombreuses mesures s’avérant nécessaires à la bonne évolution de la recherche de
l’infraction et de la répression de ses auteurs.

Il peut ordonner toutes mesures supplémentaires ou qui n’auraient pas déjà été effectuées par
la police ou Parquet : constat de faits, relevés de traces, empreintes, interrogatoires,
surveillance, etc.

Il peut également ordonner toutes mesures supplémentaires, même privatives ou restrictives


de libertés individuelles. Il peut ainsi délivrer mandat d’amener, de perquisition, d’écoutes
téléphoniques, mandat d’arrêt, etc., soit toute série de mesures que ne pourraient prendre
seuls la police ou le parquet, et pour lesquelles une décision en bonne et due forme d’un Juge
d’instruction est indispensable et légalement obligatoire.

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Contrôle des actes du Juge d’instruction

Par la Chambre de mises en accusation

Les actes et décisions du Juge d’instruction sont suivis voire contrôlés par la Chambre des
Mises en accusation, chambre composée de magistrats de la Cour d’appel.

La Chambre de mises en accusation procède à la « surveillance de l’instruction »1 . En tant


que telle, elle est la juridiction de référence éventuellement saisie, par exemple par un inculpé
ou un plaignant, pour contrôler la légalité des ordonnances du juge d’instruction lorsque prend
ordonnances sur la requête d’une partie, sur une réquisition du parquet ou encore en
ordonnant ou non la réalisation d’un acte d’instruction.

La Chambre de Mises en accusation a ainsi un pouvoir général de suivi et contrôle des


procédures d’instruction, soit un suivi et une surveillance possible sur l’instruction. Elle peut
ainsi demander des rapports sur l’état d’instructions en cours et prendre connaissance des
dossiers, pouvant même se saisir elle-même d’un dossier d’instruction si nécessaire (par
exemple, en cas de retard caractérisé, de fuites d’informations, d’irrégularités flagrantes, etc.)

La Chambre de Mises en accusation intervient par exemple en cas de demande de devoirs


complémentaires demandée au juge d’instruction par l’inculpé ou par le parquet dans le cadre
d’une instruction en cours et qui auraient été refusée par la magistrat instructeur. En ce cas,
recours peut être porté devant la Chambre des Mises en accusation.

Rôle de la Chambre du conseil

Par contre, il reviendra à la Chambre du conseil de connaître de la régularité des mandats


d’arrêt délivrés par le juge d’instruction (v. infra) mais aussi du règlement de procédure au
terme de celle-ci. Lors de ses interventions, la Chambre du conseil peut demander des devoirs
d’instructions complémentaires au juge d’instruction.

De façon générale, la Chambre du conseil instruit la demande en présence du Juge


d’instruction, écoute les réquisitions du Parquet relativement au problème posé et les moyens
de défense des avocats des parties en cause. La Chambre du Conseil se réunit à huis clos,
seul l’inculpé et son avocat, ainsi qu’une éventuelle partie civile constituée comme telle et son
avocat, pouvant y comparaître.

Appel peut être interjeté des décisions (ordonnances) de la Chambre du Conseil. L’instance
d’appel sera la Chambre des Mises en Accusation de la Cour d’appel.

1
v. D. VANDERMEERSCH et O. KLEES, « La réforme « Franchimont », Commentaire de la loi du 12 mars 1998 relative à
l’amélioration de la procédure pénale au stade de l’information et de l’instruction », J.T., 1998, p. 444.

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Règles particulières relatives à la détention préventive

La détention préventive est régie de façon stricte par la loi du 20 juillet 1990

Mandat d’arrêt peut être décerné par le Juge de d’instruction, sur base de critère précis :

- nécessité de l’instruction et d’isoler l’inculpé de contacts extérieurs

- danger pour la sécurité et l’ordre public, par exemple en cas de dangerosité manifeste de
l’inculpé.

Le Juge d’instruction apprécie du maintien ou de la levée de ce mandat d’arrêt.


La validité et la légalité (ex. : respect des règles de forme en matière de délai, de motivation,
etc.) du mandat d’arrêt, mais non de son opportunité (v. critères ci-dessus) est contrôlée à
l’occasion d’une audience de la Chambre du conseil intervenant dans les 5 jours suivant la
date à laquelle a été décerné le mandat d’arrêt.

L’opportunité du mandat d’arrêt est contrôlée de la même façon à l’occasion des audiences
de la Chambre du conseil intervenant au terme du premier mois puis du deuxième mois de
détention préventive, puis de deux mois en deux mois pour la suite.

La partie inculpée peut avoir accès au dossier répressif 2 jours avant l’audience en Chambre
du conseil.

Les décisions de la Chambre du conseil, de maintenir ou non le mandat d’arrêt, peuvent être
frappées d’appel par l’inculpé ou le parquet, et sont re-jugées en appel devant la Chambre des
Mises en accusation.

En cas d’appel interjeté, l’inculpé reste détenu dans l’attente de la décision d’appel.

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La fin de l’instruction : le règlement de procédure

Fin de l’instruction et accès au dossier.

Au terme de l’instruction, lorsqu’il estime avoir réuni toutes informations possibles relatives
aux infractions constatées et leur répression à intervenir, le Juge d’instruction informe le
parquet de ce qu’il estime l’instruction terminée.

Il revient alors au Parquet du Procureur du roi de demander fixation du dossier devant la


Chambre du conseil pour le règlement de procédure.

Les parties, en ce compris la partie civile, a alors accès au dossier répressif en sa totalité et
ce, souvent pour la première fois depuis le début de la mise en oeuvre de l’action publique.
(Sauf procédure pendant l’instruction permettant l’accès au dossier pour l’inculpé, la partie
civile ou personne lésée et ce, sous l’autorité du juge d’instruction depuis la loi Franchimont)

Le règlement de procédure : décisions possibles de la Chambre du conseil

La Chambre du conseil décide des suites qui seront réservées à l’action publique :

1ère possibilité : le renvoi devant la juridiction de fond ;

en ce cas, l’affaire reçoit fixation ultérieure, s’il s’agit de préventions correctionnelles, devant
une chambre correctionnelle ou, s’il s’agit de préventions criminelles, fait l’objet d’une audience
de prise de corps devant la Chambre de mises en accusation pour un renvoi ultérieur devant
la Cour d’assises.

2e possibilité : le non-lieu ;

la Chambre du conseil estime qu’il n’y a pas suffisamment d’éléments qui pourraient permettre
le renvoi et le jugement devant une juridiction de fond de la (ou les) infraction(s) initialement
constatée(s) (par exemple parce que l‘auteur n’a pas été identifié ou que, si inculpé il y a, les
charges et preuves à son encontre sont manifestement insuffisantes pour l’aboutissement d’un
procès correctionnel).

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3e possibilité : l’ordonnance d’un complément d’instruction

la Chambre du conseil estime que d’autres mesures d’instruction auraient dû être effectuées
pour la recherche des infractions, responsabilité, etc ; elle demande alors au Juge d’instruction
de procéder à de nouvelles mesures d’instruction ;

4e possibilité : la suspension du prononcé (v. infra)

La suspension du prononcé met fin à l’action publique

5e possibilité : ordonnance de transmission des pièces au Procureur général (v. infra)

Lorsque les faits sont de nature à entraîner un peine criminelle qu’il n’est pas envisageable de
pouvoir correctionnaliser et qu’un renvoi devant la Cour d’Assises est envisagé.

Cette ordonnance sera souvent doublée d’une ordonnance de prise de corps qui ordonnera la
détention de l’inculpé jusqu’au procès d’assises, prolongeant souvent une détention préventive
antérieure

6e possibilité : internement en vertu de la loi de défense sociale (v. infra)

Si l’inculpé est dans un état de démence, soit de profond déséquilibre ou débilité mental le
rendant incapable de contrôle de ses actions, la chambre du conseil peut ordonner
l’internement de l’inculpé, en application de la loi de défense sociale du 1er juillet 1964.

Le dossier est alors confié à une Commission de Défense Sociale qui appréciera du maintien
ou non en internement. Le dossier sort alors du champ judiciaire…

Appel possible de l’ordonnance de règlement de procédure

Un appel de l’ordonnance de règlement de procédure, rendue par la Chambre du conseil au


terme de l’instruction n’est possible et recevable que pour le parquet et la partie civile, mais
non pour l’inculpé, sauf si l’ordonnance est entachée d'irrégularités, d'omissions ou de causes
de nullité. Un tel appel est diligenté devant la Chambre des mises en Accusation.

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B. Procédure devant la juridiction de fond
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Au terme de l’information (sauf classement sans suite), ou de l’instruction (en cas de renvoi
par la Chambre du conseil), les auteurs présumés d’infractions pénales sont convoqués
devant la juridiction de fond par voie de citation d’huissier.

Ceci, à la requête du Parquet de procureur du Roi pour les citations à comparaître devant le
Tribunal de Police ou le Tribunal correctionnel ; à la requête du parquet général pour les
citations à comparaître devant la Cour d‘assises.

Les auteurs présumés, jusqu’alors qualifiés d’inculpés deviennent ainsi contrevenants,


prévenus, ou accusés selon qu’ils sont respectivement renvoyés devant le Tribunal de
Police, le Tribunal de Première instance (chambre correctionnelle) ou la Cour d’assises.

A noter qu’une la loi de 2016 prévoyait la possibilité pour des procédures devant conduire
au jugement de faits criminels par les chambres correctionnelles du Tribunal de Première
instance, ce qui donnait possibilité aux juridictions correctionnelles de statuer sur des
préventions criminelles et de prononcer des peines pouvant aller jusqu’à un maximum de 40
ans d’emprisonnement.

Cette loi a cependant été frappée d’inconstitutionnalité par un arrête de la Cour


constitutionnelle, ce qui fait actuellement perdurer la situation antérieure (sur base de la loi
de 2009 réformant la Cour d’assises).

I. La procédure au fond en matière correctionnelle

- Présence et vérification des identités :

La présence à l’audience du (des) prévenu(s) est obligatoire.


L’audience est habituellement publique.
Le huis clos est l’exception (par exemple : lorsque l’intérêt ou la présence de mineur sont
en jeu)

- Possibilité de remise et de calendrier judiciaire

Souvent, par exemple pour cause d’encombrement du rôle d’audience (soit du nombre
des affaires inscrites), l’affaire est remise à date ultérieure ;
A cette occasion peut être fixée un calendrier pour échanges de conclusions, entre
partie(s) civile(s), prévenu(s) et même avec le parquet.

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- Instruction d’audience :

Interrogatoire du prévenu par le président relativement aux faits


(habituellement, le président passe en revue le dossier d’instruction ou l’information
judiciaire et interroge le prévenu sur cette base)
questions du ministère public (parquet) et des avocats de la
partie civile et du prévenu
Audition des éventuels témoins convoqués à la demande du
tribunal, du ministère public ou des parties ;

- Plaidoirie pour la partie civile

Demande sur intérêts civils, souvent avec conclusions écrites

- Réquisitoire du ministère public (substitut du procureur du roi)

Le réquisitoire est oral et rendu sur les bancs ;

Le Ministère public ne dépose pas ni ne communique son réquisitoire ni, en principe,


aucune note écrite

Prise de position sur les faits : demande que l’infraction (prévention) soit déclaré établie
demande de reconnaissance de culpabilité du prévenu par
rapport à la prévention

Demande de condamnation du prévenu

− Plaidoirie pour le prévenu

L’avocat du prévenu peut déposer des conclusions écrites. A noter que, à l’audience
d’introduction, première audience dans la procédure de fond, le Tribunal peut remettre
l’affaire à date ultérieure et fixer un calendrier pour échange et dépôt de conclusions des
parties civiles et prévenues, et aussi éventuellement pour la Parquet).

L’intervention et la plaidoirie orale finale reste déterminante dans la mesure où les


parties ne prennent connaissance du réquisitoire du ministère public qu’à l’audience.

Le dernier mot est toujours donné au prévenu lui-même.

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- Prononcé :

Le jugement intervient habituellement à une audience ultérieure fixée à quinzaine ;


il est prononcé oralement.

A noter que si le jugement prononcé une peine d’emprisonnement ferme (soit sans
sursis) , le Procureur du Roi peut requérir, juste après le prononcé, l’arrestation
immédiate.

Parole est alors donnée à l’avocat du prévenu qui plaide sur cette demande.

Le Tribunal prononce alors son jugement relativement à cette demande d’arrestation


immédiate. S’il y fait droit, le prévenu est emmené immédiatement en détention.

A noter que les audiences en matière pénale impliquent souvent plusieurs prévenus pour
plusieurs préventions différentes, rendant parfois les débats longs et complexes, les
audiences de fond se scindant souvent en plusieurs séances successives.

II. Les voies de recours

Délais de recours

➢ Appel

Les parties au jugement (prévenu, partie civile, parquet) ont 30 jours à partir du prononcé du
jugement pour en interjeter appel. L’appel doit être motivé ou du moins indiquer les
principaux griefs à l’encontre du jugement dont appel est interjeté.

➢ Opposition

En cas de jugement prononcé par défaut contre le prévenu absent à la procédure au fond,
ce dernier à 15 jours pour faire opposition à parti du moment où le jugement lui sera signifié
soit par voie d’huissier soit par notification à personne par les services de police.

A noter qu’une procédure d’opposition à un jugement rendu par défaut ne sera déclarée
recevable que si le prévenu condamné par défaut établit qu’il n’a pu se présenter à
l’audience initiale, où il a été pris défaut, pour des causes relevant de la force majeure,
c’est-à-dire pour des motifs totalement indépendants de sa volonté, et dont il n’est
absolument pas responsable…

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➢ Exécution de la décision contestée ?

A noter que, sauf le cas particulier de l’arrestation immédiate (v. supra), tant les délais de
recours que les recours eux-mêmes (opposition ou appel) sont suspensifs de l’exécution du
jugement initial.

Procédure

En cas d’opposition, la cause est réintroduite et instruite, dans les formes décrites plus haut,
devant la juridiction qui a rendu le jugement par défaut.

En cas d’appel, après procédure en présence du prévenu, la cause est réintroduite et


instruite, dans les formes décrites plus haut, devant la juridiction d’appel.

Cassation

En cas d’erreur de droit ou de forme dans le jugement d’appel, un pourvoi en cassation est
possible.

La Cour de cassation ne pourra cependant jamais être saisie ou se prononcer relativement


aux faits relatifs à la cause.

Le délai pour se pourvoir en cassation est de 15 jours après prononcé de l’arrêt.

En cas de cassation, la cause est renvoyée pour être rejugée en son entier devant une autre
juridiction d’appel

Recours devant la C.E.D.H.

A noter, une fois les procédures « nationales » épuisées, qu’un recours devant la Cour
Européenne des Droits de l’Homme (Strasbourg), pour non-respect, par les juridictions
nationales, de règles contenue au sein de la C.E.D.H., ne pourrait conduire, en cas de
succès, qu’à une condamnation de l’Etat à des dommages et intérêts à payer à la partie
condamnée.

En aucun cas, une décision de la C.E.D.H. ne conduirait à une modification de la décision


(nationale) rendue et devenue définitive.

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III. Procédure particulière devant la Cour d’assises (lois de réforme de la Cour
d’assises: 2009)

A. L’instruction préalable

Devoirs particuliers

Toute affaire renvoyée devant la Cour d’assises doit avoir fait l’objet d’une instruction
préalable.

A l’occasion de cette instruction préalable, le Juge d’instruction aura fait procéder à différents
devoirs particuliers, parmi lesquels :

− une expertise psychiatrique de la personne accusée ;


− une enquête de moralité relativement à la personne accusée, soit une enquête auprès de
personnes proches de la personne accusées, relativement à sa personnalité, enquête à
charge et à décharge.

Clôture de l’instruction et renvoi

➢ Ordonnances de la Chambre du Conseil

Au terme d’instruction judiciaire, la Chambre du conseil prononcera une ordonnance de


transmission des pièces au Procureur général si :

− les infractions qui ont fait l’objet de l’instruction sont manifestement criminelles ;
− les infractions ne semblent pas a priori de nature à pouvoir être correctionnalisées (par
exemple, par d’évidentes circonstances atténuantes),

En cas de transmission des pièces au Procureur général, l’ensemble du dossier répressif sera
transmis pour que cde même Procureur général saisisse la Chambre des Mises en accusation,
soit la chambre de la Cour d’appel qui, seule, pourra demander renvoi du dossier devant la
Cour d’assises.

Une telle ordonnance de la chambre du conseil se doublera très souvent d’une ordonnance
de prise de corps qui décidera de la détention de la personne accusée jusqu’à son procès
d’assises et pendant celui-ci.

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➢ Arrêt de la Chambre des Mises en Accusation

Sur réquisition du Procureur général près la Cour d’appel, la Chambre des Mises en
accusation peut seule prononcer la mise en accusation d’un inculpé et de son renvoi devant
la Cour d’Assises.

➢ Fixation d’une session d’assises

La Cour d’Assises n’est pas une juridiction ordinaire permanente. Le Premier Président de la
Cour d’appel, sur avis du Procureur général, et après consultation de parties, fixe la date
d’ouverture d’une session de la Cour d’Assises qui statuera sur l’affaire à juger pour se
dissoudre dès après avoir statué.

B. Composition de la Cour d’Assises

Siège et jury (dualité d’organes!)

Siège d’un Président et de 2 conseillers assesseurs désignés par le Président de la Cour


d’appel au sein des magistrats de la Cour d’appel.

Un jury de 12 jurés sera désigné, avec de 1 à 12 jurés suppléants possibles, selon


l’importance et la longueur présumée des débats.

Les jurés seront choisis parmi une liste de citoyens préparée par les autorités communales
de l’arrondissement judiciaire sur base des listes électorales, tenant compte de l’âge (plus de
27 ans), des professions (professionnels de l’ordre judiciaire exclus !) mais également de la
jouissance ou non des droits civiques…

Parties (accusation - partie civile - défense)

Accusation représentée par le Procureur général (ou le plus souvent, un substitut du


Procureur généra, encore appelé avocat général) près la Cour d’appel.

Partie(s) civile(s), dont la présence personnelle n’est pas obligatoire, qui pourra (pourront)
être représentée(s) par avocat(s)

Accusé dont la présence personnelle est obligatoire, assisté par un avocat. Si l’accusé n’a
pas d’avocat, le Président lui en fait désigner un d’office.

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C. Citation et acte d’accusation

En vue de la session de la Cour d’Assises, le Procureur général doit rédiger un acte


d’accusation exposant :

- la nature du délit qui forme la base de l’accusation ;


- faits et circonstances qui pourraient aggraver ou diminuer la peine

Le Procureur général fait signifier cet acte d’accusation à l’accusé, ainsi que la citation à
comparaître devant la Cour d’Assises, avec un délai de citation d’au moins 20 jours.

Cette citation peut prévoir outre la convocation à la session d’Assises, la convocation à une
audience préliminaire pour formation du jury de jugement.

D. La session d’Assises :

Possibilité, depuis 2009, d’une audience préalable (sans jury encore constitué) :

− pour établir la liste des témoins (témoins obligatoires de l’enquête + témoins


supplémentaires de l’accusation et de la défense)

− pour constituer le jury : la phase initiale du procès proprement dit est ainsi « détachée »
une semaine avant la session elle-même, pour désigner les jurés et permettre à ceux-ci
de s’organiser pour la session

Audience préalable de formation du jury de jugement

- Présence et vérification de l’identité de l’accusé

- Désignation d’un jury (si cela n’a pas fait l’objet d’une audience préalable)

12 personnes jurés effectifs et de à 1 à 12 jurés suppléants


personnes (au moins 50) tirées au sort sur les listes électorales
possibilité de récusation par le prévenu, le parquet général mais pas par la partie civile
(les motifs de récusation ne sont pas communiqués)

le jury ne peut comprendre plus de 2/3 de jurés du même sexe

les jurés prêtent serment

- Etablissement de la liste des témoins qui viendront témoigner à la barre de la Cour


d’Assises.

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Session d’assises proprement dite : grands principes de fonctionnement :

a) Publicité des débats

Les débats sont publics, sauf exception demandées, pour tout ou partie des débats, par
exemple parce que ceux-ci impliqueraient des mineurs d’âge.

b) Oralité des débats

Bien que des conclusions pourront être déposées au Président de la Cour d’Assises, par
exemple, pour des questions ou incidents d’ordre technique, les débats seront
essentiellement des débats oraux.

Pour leur délibéré, les jurés auront cependant accès au dossier répressif tel que constitué
pendant l’instruction.

c) Continuité des débats

Les débats et la session d’Assises continuent jour après jour, jusqu’à ce que toutes les
questions aient reçu réponse sous forme d’arrêts de la Cour.

d) Liberté de la demande et de la défense

L’accusation et la défense sont libres de leurs moyens d’accusation et de défense, sans


devoir s’en tenir, par exemple, à ce qui a déjà été jugé au niveau des juridictions
d’instruction.

Session d’assises proprement dite : déroulement de la session et des audiences

Introduction d’audience

- Lecture par le greffier de l’acte d’accusation préparé par l’avocat général


reprise et énumérations des préventions qui feront l’objet du procès et des faits et
circonstances qui pourraient aggraver ou diminuer la peine

- Lecture par le conseil de l’accusé d’un éventuel acte de défense


première énumération des moyens de défense

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Première instruction d’audience :

➢ Interrogatoire de l’accusé par le président relativement à sa personnalité et par rapport aux faits.

➢ Le président pose ses questions sur base du dossier répressif dressé pendant l’instruction.

A noter que ce dossier n’est pas en possession des jurés qui découvrent donc l’affaire à juger de
façon essentiellement orale.

➢ Questions du Ministère public (parquet) et des avocats de la partie civile et de l’accusé

Instruction des faits (auditions relatifs aux faits)

➢ enquêteurs et Juge d’instruction

➢ experts ayant examinés les faits (ex : experts balistiques, médecins-légistes, etc.)

➢ témoins des faits

N.B. : descente sur le lieux possibles… ?

Instruction de la personnalité de l’accusé (auditions relatifs à la personne de l’accusé) :

➢ experts psychiatriques et psychologues

➢ témoins de moralité à charge

➢ témoins de moralité à décharge

Tous les témoins intervenant à l’instruction des faits sont convoqués d’office à la demande de la Cour
lorsqu’ils ont déjà été entendus lors de l’instruction du dossier, d’autres témoins sont entendus à la
demande des parties (partie civile, ministère public, accusé)

Ils témoignent sous serment (de dire toute vérité quant à ce qu’ils savent)

Plaidoiries pour la partie civile

La partie civile fait part de sa position sur les faits et expose son préjudice

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Réquisitoire du Ministère public (substitut du Procureur général = avocat général)

Prise de position sur les faits : demande que les préventions criminelles soient déclarées
établies
demande de reconnaissance de culpabilité de l’accusé

Le réquisitoire de l’avocat général conclut aux questions de culpabilité qui pourraient être
posées au jury

Plaidoiries pour l’accusé :

éléments de défense
le dernier mot étant donné par à l’accusé lui-même

Le Président et les assesseurs fixent la liste et l’énonciation précise des questions posées au
jury

Délibération à huis clos du jury (en présence, depuis 2016, des magistrats professionnels)
sur les questions de culpabilité :

le jury délibère et échange oralement ;


sa décision intervient par vote écrit et secret ;
en cas de parité (6/6), la réponse favorable à l’accusé est retenue

le jury, avec le Président et les assesseurs, motive son verdict

Prononcé de l’arrêt portant sur les faits et la culpabilité ;

L’arrêt est motivé

Il répond par l’affirmative (coupable) ou la négative (non coupable) aux questions posées par
la Cour, relativement aux préventions discutées à charge de l’accusé ;

Si le verdict prononce l’acquittement sur la (les) prévention(s), la procédure prend fin.

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En cas de verdict de culpabilité : nouveaux débats publics

plus d’intervention de la partie civile

réquisitions du Procureur générale quant à la peine à prononcer ;

plaidoiries de la défense de l’accusé quant à la peine (évocation des circonstances


atténuantes, etc.)

Seconde délibération du jury et de la Cour (Président et les deux assesseurs) sur la


peine ;

Prononcé de l’arrêt portant sur la peine ;

L’arrêt doit être motivé

Fin du travail du jury qui se retire

(Brefs) débats sur les intérêts civils

Demande (de l’avocat) de la partie civile

Réponse (de l’avocat) de l’accusé

Ultime arrêt de la Cour (les 3 magistrats seuls) sur les intérêts civils.

Session d’Assises en cas d’absence de l’accusé

En cas de défaut, d’absence de l’accusé, la procédure suit son cours en son absence, de
façon évidemment plus rapide, qui conduit à un arrêt de défaut dit par contumace.

Opposition peut être faite de ce contumax, qui devra intervenir dans les 15 jours de la
notification de l’arrêt à l’accusé, et qui entraînera la tenue d’un nouveau procès en présence
de l’accusé, après prise de corps de ce dernier.

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IV . Prononcés des juridictions pénales

Au niveau des juridictions de fond, les décisions suivantes peuvent être rendues :

L’acquittement

La prévention n’est pas établie et le prévenu est acquitté ;

La suspension du prononcé (peut déjà intervenir devant une juridiction d’instruction)

Si la prévention est déclarée établie, la suspension de tout prononcé de condamnation peut


cependant intervenir, dans les conditions suivantes :

• elle doit être acceptée par le prévenu


• prévention est établie (et donc reconnue par le prévenu)
• pas de peine antérieure supérieure à plus de 6 mois d’emprisonnement
• pour des faits ne pouvant entraîner comme peine principale un emprisonnement
supérieur à 5 ans ;

Portée d’une suspension de prononcé:

• pas de prononcé de peine si, pendant une période de 1 an à 5 ans (période décidée
par le juge)
• pas de nouvelle infraction ayant entraîné une peine d’emprisonnement d’au moins un
mois ;
• peut s’accompagner de conditions de suivi du prévenu (sursis probatoire)
• pas de mention au casier judiciaire ;

Les condamnations :

La prévention est établie et condamnation à une amende et/ou emprisonnement (+ peines


accessoires éventuelles) est prononcée ;

A noter que, à la place des peines traditionnelles d’amende ou emprisonnement, des peines
dites de substitution, soit des travaux d’intérêts général, surveillance électronique, probation
autonome, peuvent également être prononcées et ce, en lieu et place (ou parfois
simultanément, par ex., pour les amendes), à des peines classiques.

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Les condamnations avec sursis :

Certaines condamnations peuvent être prononcée dont l’exécution est cependant reportée ;
ce sont les condamnations prononcées avec sursis ;

Conditions qui permettent l’octroi d’un sursis à une condamnation pénale :

• pas de peine antérieure supérieure à plus de 12 mois d’emprisonnement


• peine prononcée n’est pas une peine de travail, ou n’est peut être supérieure à 5 ans
d’emprisonnement

Portée d’une décision prononcée avec bénéfice du sursis :

• le sursis peut porter sur la totalité ou sur une partie de la peine, qu’il s’agisse de
peines d’amende ou d’emprisonnement ;
• peut s’accompagner de conditions de suivi du prévenu (sursis probatoire)
• sursis révoqué de plein droit (c-à-d que la peine sera effectivement exécutée) si,
pendant le délai d’épreuve, est commise une nouvelle infraction pour laquelle il y a
condamnation à une peine criminelle ou à un emprisonnement de plus de six mois
sans sursis ;; sursis peut être révoqué si, pendant le délai d’épreuve, sont commises
de nouvelles infractions pour lesquelles il y a condamnation à un emprisonnement
d’un mois minimum et de six mois maximum.
• à noter que la révocation d’un sursis intervient via décision judiciaire, à la demande
du parquet
• mention au casier judiciaire ;

Le cas particulier de l’internement

En application des articles 1 et 7 de la loi de défense sociale de 1964, lorsque le juge constate
que le prévenu est en état de démence ou dans un état grave de débilité mentale ou
déséquilibre mental le rendant incapable de contrôler ses actes, il peut décider qu’il représente
un danger social tel, pour les autres mais aussi pour lui-même que la défense de la société
exige son internement. L’internement ne constitue pas une peine mais bien une mesure de
sûreté.

L’état de démence conduisant à l’internement est constaté au moment du jugement et de façon


générale dans le chef du prévenu.

S’il ne s’agit d’un état de démence constaté et avéré qu’au moment des faits à juger, c’est la
cause d’excuse visée par l’art. 71 C.P. qui sera visée et la personne éventuellement acquittée.

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