Pr. Benjamaa Téléenseignement-4

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UNIVERSITÉ MOHAMMED V-

Faculté des Sciences


Juridiques, Économiques
Semestre S3 et Sociales de Salé

ECONOMIE MONETAIRE

ET FINANCIERE

Pr: Sonia BENJAMAA


1
CHAPITRE III:

La demande de monnaie

2
Introduction

Etudier la demande de monnaie revient à se poser un certain


nombre de questions:
 Pourquoi les agents non financiers (secteur détenteur de la monnaie)
désirent-ils détenir de la monnaie ? De quels facteurs dépend cette
détention ? En d’autres termes, cela revient à rechercher « les motifs
de détention de la monnaie ».
 Quelle place la monnaie occupe-t-elle dans le fonctionnement de
l’économie ? Est-elle indépendante de la sphère réelle (monnaie
neutre) ou a-t-elle un impact sur les variables économiques réelles:
consommation, investissement, emploi, croissance réelle (monnaie
active) ?
Deux grands courants théoriques vont s’opposer : le courant
classique (au sens large du terme) et le courant keynésien:

3
Introduction

 Du 16ème siècle au début du 20ème siècle, les économistes libéraux


(classiques et néo-classiques) ont pour la plupart adopté une analyse
dichotomique, qui consiste dans la séparation stricte entre la sphère
réelle (marché des biens et services) et la sphère monétaire (marché
de la monnaie), et ont donc conclu au principe de la neutralité de la
monnaie.
 L’approche keynésienne (ou approche intégrative) rompt avec
l’analyse dichotomique et considère à l’inverse de l’approche
traditionnelle (classique ou néo-classique) que la monnaie exerce des
effets importants et durables sur les variables réelles (monnaie
active).

4
Section 1:La théorie quantitative de la
monnaie
La théorie quantitative de la monnaie découle principalement de
l’analyse classique. Cette analyse repose sur la loi des débouchés
de Jean-Baptiste Say.
1. La loi des débouchés :
Dans son « Traité d’Économie Politique » publié en 1803, Jean-
Baptiste Say, économiste classique français, avance l’idée selon
laquelle l’offre crée sa propre demande. Il ne peut donc pas y
avoir sur ou sous-production puisque tout ce qui est produit est
vendu:
 « Pour une marchandise qui est offerte sur le marché, des salaires ont
été versés à ceux qui ont contribué à la production de cette
marchandise. Ces salaires vont être dépensés, ils serviront à acheter
d’autres marchandises, ou même celle-là ; de nouveaux revenus
seront ainsi payés et, en fin de compte, la marchandise offerte – à
condition qu’elle corresponde à un besoin réel – trouvera sa propre
demande ».
Section 1:La théorie quantitative de la
monnaie
Dans la « loi des débouchés », la monnaie est donc utilisée
seulement comme moyen de paiement. La monnaie n’est donc
pas demandée pour elle-même mais pour ce qu’elle est
susceptible d’acheter. Comme l’écrit Jean-Baptiste Say, «l’argent
n’est qu’un office passager (…) et, les échanges passés, il se
trouve qu’on a payé des produits avec des produits ».
Il y a donc un équilibre qui ne dépend en aucune manière du
marché de la monnaie dont le seul rôle est de fixer le niveau
général des prix. La monnaie n’influence donc pas le
fonctionnement de la sphère réelle. Les classiques comparent la
monnaie à un voile (idée avancée par Adam Smith) qui recouvre
les phénomènes économiques réels mais ne les modifie pas.

6
Section 1:La théorie quantitative de la
monnaie
La neutralité de la monnaie chez les classiques est donc illustrée
par la formule « la monnaie est un voile ».
La neutralité de la monnaie revient à nier la fonction de « réserve
de valeur de la monnaie ». Dans la mesure où elle n’est qu’un
instrument de règlement, le seul motif de détention de la
monnaie est donc le motif de transaction.
Dans la sphère réelle:
 Le volume de production globale est déterminé par la loi des
débouchés de Say et;
 Les valeurs d’échange, ou prix relatifs des produits entre eux, sont
déterminées par la quantité de travail nécessaire pour les produire
(théorie de la valeur travail) .

7
Section 1:La théorie quantitative de la
monnaie

Dans la sphère monétaire:


La quantité de monnaie va déterminer le niveau général des prix,
c’est-à-dire les prix absolus exprimés en unité de compte sans
influencer les prix relatifs des marchandises fixés au niveau de la
sphère réelle .
Par conséquent, « la mise en circulation de moyens de paiement
supplémentaires ne peut que faire augmenter dans les mêmes
proportions tous les prix absolus », laissant inchangés les prix
relatifs et le volume de la production (David Ricardo et David
Hume).

8
Section 1:La théorie quantitative de la
monnaie
 Plein-emploi
 de travailleurs
Niveau
 (réalisé par les variations
Demande =
 Des salaires)
de la production
Production
Facteurs  Capital (loi des débouchés)
de production

 Quantité de monnaie
Niveau
général
Section 1:La théorie quantitative de la
monnaie

2. La formulation de la théorie quantitative de la monnaie:


L’idée centrale de la théorie quantitative de la monnaie
(précurseurs: Jean Bodin 1568, mercantiliste français; David
Hume, 1752 et Richard Cantillon, économistes classiques) est que
le seul rôle de la monnaie est de fixer le niveau général des prix.
La théorie quantitative de la monnaie a été formulée pour la
première fois en 1911 par l’économiste et mathématicien
américain Irving Fisher.
Une seconde formulation émane de deux économistes anglais
appartenant à l’école de Cambridge: Alfred Marshall, 1922 et
Arthur Cecil Pigou, 1917.

10
Section 1:La théorie quantitative de la
monnaie

a) La formulation de Irving Fisher (approche par les transactions):


Fisher avance que « dans chaque vente ou achat, la monnaie et
les biens échangés sont, ipso facto, équivalents ».
Un agent économique qui vend un bien reçoit donc de la monnaie
pour un montant égal au prix de ce bien. Par exemple, la monnaie
qui a payé la voiture est équivalente au prix (ou à la valeur) de la
voiture achetée.
Donc le total de la monnaie reçue est égal à la valeur totale des
biens échangés
Les n biens xi échangés pendant une année, ∑ xi, représentent le
volume global des transactions appelé T
Les n prix pi des biens échangés ∑pi représentent le niveau
général des prix (ou moyenne pondérée des prix) noté P 11
Section 1:La théorie quantitative de la
monnaie

La valeur globale des échanges ∑ pi xi peut ainsi être notée PT.


Exemple:
Au cours d’une période donnée, ont été réalisées les transactions
suivantes:
3 voitures au prix unitaire de 100000 dirhams; 4 bicyclettes au prix
unitaire de 900 dirhams; 6 vaches au prix unitaire de 8000 dirhams et
5 moutons au prix unitaire de 2000 dirhams.
On a:
∑ pi xi = p1x1 + p2x2 + p3x3 + p4x4
= (100000 x 3) + (900 x 4) + (8000 x 6) + (2000 x 5)
= 361600
Et ∑ xi = T = 18 12
Section 1:La théorie quantitative de la
monnaie

On a: ∑ pi xi = PT
D’où P= ∑ pi xi / T = (∑ pi xi / ∑ xi) = ((100000 x 3) + (900 x 4) +
(8000 x 6) + (2000 x 5)) / 18 = 361600 /18
= 20088,88889
∑ pi xi = PT = 20088,88889 x 18 = 361600
Ces échanges ont donc été réglés par des paiements d’un montant
égal à PT.
Les mêmes moyens de paiement vont été utilisés plusieurs fois au
cours de l’année.
La quantité de monnaie disponible notée M va donc être utilisée
pour ce paiement et pour plusieurs autres paiements.
Si on note V la vitesse de circulation de la monnaie, les dépenses
monétaires se sont élevées pour l’année à MV.
13
Section 1:La théorie quantitative de la
monnaie

Et puisque qu’on part de l’hypothèse que:


la valeur des biens échangés est nécessairement égale
à la valeur des livraisons de monnaie, on peut écrire
l’égalité suivante qui constitue la formulation de base de
l’équation de Fisher :
MV = PT
 M représente la masse monétaire (au sens de moyens de paiement,
c’est-à-dire monnaie fiduciaire ou M1)
 V désigne la vitesse transaction de circulation de la monnaie, c’est-à-
dire le nombre de fois par unité de temps qu’une unité de monnaie
est utilisée dans une transaction, soit le nombre de transactions
effectué en moyenne, au cours d’une période donnée, par une unité
monétaire. V désigne également la vitesse revenu de circulation de la
monnaie, calculée par rapport au PIB (ou au revenu).
14
Section 1:La théorie quantitative de la
monnaie

A titre d’exemple, si au cours d’une période donnée la masse


monétaire nationale est de 2000 dirhams et si la valeur des
transactions (PT) est de 8000 dirhams, la vitesse transaction de
circulation de la monnaie est égale à 4:
V = PT / M = 8000 / 2000 = 4
Cela signifie que, pour financer les transactions de l’économie, le
stock de monnaie a été utilisé 4 fois. Donc l’ensemble des transactions
ne peut être effectué que si chaque unité monétaire a été utilisée en
moyenne 4 fois.
La définition la plus simple et la plus opérationnelle de la vitesse de
circulation est celle où l’on considère que la valeur des transactions
est égal au PIB (Vitesse revenu de circulation de la monnaie) . On a :
V = PIB / M représente l’intensité d’utilisation de la
monnaie.

15
Section 1:La théorie quantitative de la
monnaie
Une baisse de V signifie alors que M croit plus vite que le PIB (à prix
courant), c’est-à-dire que la monnaie est utilisée avec moins
d’intensité dans les échanges.
Tandis qu’une hausse de V signifie que la croissance du PIB est
supérieure à celle de M, c’est-à-dire que la monnaie est utilisée avec
plus d’intensité dans les échanges.
La notion de vitesse revenu de circulation de la monnaie permet
d’introduire celle de demande de monnaie: une augmentation de V
traduit une hausse de la demande de monnaie et inversement.
Des travaux empiriques, effectués sur des périodes extrêmement
longues, ont identifié les quatre déterminants économiques principaux
de la demande de monnaie:
- la production, les revenus et les prix (corrélation positive)
- les taux d’intérêt (corrélation négative)

16
Section 1:La théorie quantitative de la
monnaie


P correspond au niveau général des prix.
 T désigne le volume des transactions (c’est-à-dire l’ensemble des
transactions réalisées durant une période de temps donnée :
opérations portant sur des biens et services, sur des achats de
consommations intermédiaires ou encore de rémunérations des
facteurs de productions, opérations financières, réalisées au sein de
l’économie au cours d’une période de temps donné (généralement une
année).
A partir de l’identité comptable MV = PT (ou MV = PIB à prix
courants), et de trois hypothèses, Irving Fisher établit une
relation de causalité entre la quantité de monnaie en circulation
et le niveau général des prix.
Les hypothèses sont les suivantes:

17
Section 1:La théorie quantitative de la
monnaie

 La stabilité à court terme de la vitesse de circulation de la monnaie


(V constant). Cette première hypothèse suppose que les
comportements monétaires sont stables et prévisibles et se modifient
donc très peu à court terme.
 Le plein emploi des capacités de production: T est constant, et
déterminé au niveau de la sphère réelle. Ce postulat découle de la loi
des débouchés selon laquelle l’offre crée sa propre demande
 Les autorités monétaires maîtrisent parfaitement la masse monétaire:
caractère exogène de l’offre de monnaie.

18
Section 1:La théorie quantitative de la
monnaie

Etant donné que les variables V et T sont données et stables,


toute variation de la part des autorités monétaires de la
quantité de monnaie en circulation se traduit nécessairement par
un changement proportionnel du niveau général des prix.
Par exemple, si M triple, V et T étant constants, alors P va tripler
aussi, car l’ajustement ne peut s’effectuer que par une hausse
proportionnelle des prix.
Par conséquent, selon Fisher, tout accroissement de la quantité
de monnaie en circulation à des fins de relance de l’activité
économique ne peut-être que source d’inflation.
Fisher reprend ainsi les deux points évoqués par les classiques:

19
Section 1:La théorie quantitative de la
monnaie

 L’approche dichotomique ou la séparation stricte entre la


sphère réelle et la sphère monétaire et,
 La neutralité de la monnaie
Le lien, entre masse monétaire et prix, établi par Fisher est
purement mécanique. L’auteur ne montre nullement par quel
mécanisme une variation de l’offre de monnaie induit une
variation des prix.
L’école de Cambridge va apporter une réponse à ce sujet en
faisant apparaître pour la première fois la notion de demande de
monnaie.

20
Section 1:La théorie quantitative de la
monnaie
b)Formulation de la demande de monnaie de l’école de Cambridge
(Analyse par les encaisses):
L’apparition pour la première fois de la notion de demande de
monnaie est liée à l’école de Cambridge. Alfred Marshall et Arthur
Cecil Pigou, transforment l’équation des échanges de Fisher en
une fonction de demande de monnaie.
Pour ces auteurs, les agents économiques cherchent à détenir de
la monnaie pour faire face à l’absence de synchronisation entre la
perception de leur revenu et leurs dépenses. Les agents
économiques expriment ainsi une demande de monnaie ou
demande d’encaisses réelles qui se présente sous la forme
suivante:

MD / P = k Y (ou MD = k PY)
21
Section 1:La théorie quantitative de la
monnaie

 MD : demande de monnaie
 P : niveau général des prix
 (MD / P) : demande d’encaisses réelles
 k : part du revenu réel que les agents économiques cherchent à
détenir sous forme de monnaie (il est possible d’en déduire
que k = 1/V : avec V vitesse revenu de circulation de la
monnaie).
 Y : revenu réel
 L’encaisse réelle désirée (MD / P) est une proportion constante
k du revenu réel Y. Le coefficient k représente la disposition
des agents économiques à conserver en moyenne un certain
pourcentage de leur revenu réel sous forme monétaire.
22
Section 1:La théorie quantitative de la
monnaie
Cela veut dire que les agents économiques définissent leurs
besoins de monnaie non en termes nominaux mais en termes
réels, c’est-à-dire qu’ils désirent détenir sous forme de monnaie
un certain pouvoir d’achat.
En se basant sur ce raisonnement, Pigou va expliquer le lien
causal entre monnaie et prix à travers le mécanisme appelé effet
d’encaisses réelles ou effet Pigou:
 Partant d’une situation d’équilibre (c’est-à-dire d’un niveau
d’encaisses réelles désirées donné), si l’offre de monnaie
augmente (Ms), les agents économiques perçoivent de la
monnaie supplémentaire, à niveau de prix inchangé, cela
accroît leurs encaisses réelles (MD /P augmente).
 Les agents, qui jusque là détenaient des encaisses à un niveau
qu’ils jugeaient satisfaisant pour assurer leurs transactions, se
retrouvent avec des encaisses réelles excédentaires. Ils
dépensent cet excédent sur le marché des biens et services,
pour ne garder que l’encaisse réelle désirée. 23
Section 1:La théorie quantitative de la
monnaie

 Ce comportement entraîne un accroissement de la demande de


biens et services. Comme on est en situation de plein-emploi
des facteurs de production, il n’est pas possible de produire
plus, et la pression sur la demande va donc entraîner une
augmentation des prix.
 Cette hausse des prix réduit la valeur réelle des encaisses
monétaires détenues par les agents économiques jusqu’au
moment où les encaisses réelles retrouvent leur valeur initiale.
Pigou explique ainsi le mécanisme par lequel une modification de
la quantité de monnaie entraîne seulement une modification des
prix.

24
Section 1:La théorie quantitative de la
monnaie
En conclusion, l’école de Cambridge reprend le principe de la
neutralité de la monnaie développé par les classiques et Fisher.
Mais l’école de Cambridge se distingue de ses prédécesseurs, en
formulant pour la première fois une demande de monnaie qui est
une fonction croissante du revenu réel, et en expliquant le
mécanisme par lequel une variation de la masse monétaire influe
uniquement sur le niveau général des prix.
Cette approche traditionnelle de la demande de monnaie qui
s’appuie sur des hypothèses hautement restrictives (stabilité à
court terme de la vitesse de circulation de la monnaie, plein
emploi des facteurs de production) et écarte des variables clés
tels que le taux d’intérêt, a été fortement critiquée et remise
totalement en cause par Keynes.
25
Section 2: La demande de monnaie formulée
par J.M. Keynes
Dans son ouvrage intitulé la « Théorie générale de l’emploi, de
l’intérêt et de la monnaie », John Maynard Keynes (1883-1946)
marque une rupture majeure avec l’analyse de la plupart des
auteurs qui l’ont précédé, c’est pourquoi l’on parle souvent de
« révolution keynésienne ».
1.Les motifs de la préférence pour la liquidité
Pour Keynes la monnaie n’est pas uniquement comme l’avançait
J.B. Say la « simple voiture des produits », c’est-à-dire un simple
instrument de règlement des échanges, elle est également
recherchée pour elle-même.
En effet, pour Keynes, les agents économiques peuvent renoncer
à une consommation immédiate et constituer une épargne en
choisissant la forme sous laquelle ils veulent la conserver: soit
sous forme de monnaie, soit sous forme d’obligations à taux fixe..26
Section 2: La demande de monnaie formulée
par J.M. Keynes

Une partie de l’épargne sera donc gardée sous forme monétaire


et une autre sous forme d’obligations.
La part de l’épargne gardée sous forme monétaire représente la
préférence des agents économiques pour la liquidité.
La préférence pour la liquidité est un concept keynésien selon
lequel les agents économiques préfèrent la liquidité aux autres
formes de richesse.
La préférence pour la liquidité représente donc la tendance des
épargnants à conserver une fraction de leurs avoirs sous forme
monétaire. Ainsi, la monnaie peut être désirée pour elle-même,
ce qui explique que la loi des débouchés n’est plus vérifiée et
que des crises de sous-emploi deviennent envisageables.

27
Section 2: La demande de monnaie formulée
par J.M. Keynes

Les agents économiques désirent détenir de la monnaie pour trois


motifs: le motif de transaction, le motif de précaution et le motif
de spéculation.
a) Le motif de transaction :
Ce premier motif correspond à la fonction d’instrument de
paiement de la monnaie. La monnaie est demandée pour faire
face à l’absence de synchronisation entre la perception du revenu
et le paiement des achats (« Une première raison de conserver de
la monnaie est de combler l’intervalle entre l’encaissement et le
décaissement du revenu ».).
On retrouve ici le motif identifié par l’école de Cambridge, la
monnaie est détenue seulement pour réaliser les transactions
courantes, c’est à dire les achats courants de biens et services
(nourriture, vêtements, …). 28
Section 2: La demande de monnaie formulée
par J.M. Keynes
b) Le motif de précaution :
Le motif de précaution renvoie à l’incertitude sur les dépenses qui
peuvent être engagées dans le futur. La détention de monnaie
s’explique par « Le souci de parer aux éventualités exigeant une
dépense soudaine, l’espoir de profiter d’occasions non prévues
d’achats avantageux et enfin le désir de garder un avoir de valeur
nominale immuable pour faire face à une obligation future
stipulée en monnaie… ».
L’encaisse pour motif de précaution correspond donc à la monnaie
détenue pour faire face à des dépenses imprévues (maladie,
accident, chômage, soldes, …).
Pour Keynes, ces deux premiers motifs déterminent une demande
de monnaie transactionnelle. La demande de monnaie
transactionnelle (Mt) est une fonction croissante du revenu
national (Y). 29
Section 2: La demande de monnaie formulée
par J.M. Keynes
Mt = L1 (Y)
Y
L1 (Y)

Mt
Section 2: La demande de monnaie formulée
par J.M. Keynes

c) Le motif de spéculation:
Pour expliquer le motif de spéculation, Keynes suppose
l’existence de deux types d’actifs : la monnaie et les
obligations à taux d’intérêt fixe.
Les agents économiques vont effectuer des arbitrages entre
monnaie et titres compte tenu de l’évolution (future,
anticipée) du taux d’intérêt. En effet, les agents économiques
peuvent préférer garder leur épargne sous forme monétaire (la
monnaie est un actif non rémunéré mais sans risque) plutôt
que de la placer en obligations avec un risque de perte en
capital.
La demande de monnaie des agents économiques pour motif
de spéculation correspond donc à une épargne conservée sous
forme monétaire compte tenu du niveau du taux d’intérêt.
31
Section 2: La demande de monnaie formulée
par J.M. Keynes
L’encaisse (ou demande de monnaie) dépend donc des possibilités
de réaliser des plus-values c’est à dire de tirer profit de l’évolution
future du cours des obligations qui est en liaison avec l’évolution
du taux d’intérêt.
Lorsque les agents économiques anticipent une hausse du taux
d’intérêt, qui se traduira mécaniquement par une baisse future
des cours des obligations, ils préféreront détenir de la monnaie qui
ne rapporte rien mais dont la valeur nominale est constante, plutôt
que de détenir des obligations qui seraient selon leurs prévisions
source de perte en capital (moins-value).
Inversement, s’ils prévoient une diminution des taux d’intérêt, ils
préféreront acheter des obligations dont les cours devraient
s’accroître dans le futur. Il existe ainsi une relation mécanique
inverse entre l’évolution du taux d’intérêt et celle du cours des
obligations.
32
Section 2: La demande de monnaie formulée
par J.M. Keynes
Exemple: un agent économique achète une obligation dont la
valeur nominale est de 1000 DH avec un taux de coupon de
5%.
Si l’agent économique veut vendre cette obligation quelques
mois plus tard mais que les taux d’intérêt ont augmenté et que
le taux de coupon de l’obligation sur le marché est de 6%, il
sera obligé de réduire le prix de vente de l’obligation pour la
rendre aussi attrayante aux yeux de l’acheteur que les autres
obligations ayant la même valeur nominale mais un taux de
coupon plus élevé.
Donc dans le cas de l’obligation dont le taux de coupon est de
5%, il faudra la vendre à 833,33 DH pour que le rendement
actuel atteigne celui d’une obligation dont le taux de coupon
est de 6%:

33
Section 2: La demande de monnaie formulée
par J.M. Keynes

Soit Pt le prix d’une obligation, C son revenu (coupon) annuel et


i son rendement (taux d’intérêt), nous pouvons écrire :
Pt = C /i ou i = C / Pt
Dans notre exemple: Pt= 5%x1000/6%=833,33 DH
Le prix de l’obligation a baissé suite à l’augmentation des taux
d’intérêt.

Pour Keynes, le montant d’épargne est déterminé par le revenu


mais le taux d’intérêt joue un rôle déterminant dans l’affectation
de cette épargne entre obligations et monnaie.
On a:
MS = L2 (i)
34
Section 2: La demande de monnaie formulée
par J.M. Keynes

Taux d’intérêt
i
Uniformité des anticipations

Préférence absolue pour les titres, pour tous les agents,


le taux d’intérêt ne peut que baisser

iM
Zone de spéculation

Trappe à liquidité
im L2 (i)
Préférence absolue pour la monnaie, pour tous les agents, le taux
d’intérêt ne peut qu’augmenter

Ms
Section 2: La demande de monnaie formulée
par J.M. Keynes
La partie verticale de la courbe de demande de monnaie pour
motif de spéculation est confondue avec l’axe des ordonnées et
correspond à une unanimité des opinions (uniformité des
anticipations) sur la baisse future du taux d’intérêt.
Le taux iM est le taux d’intérêt maximum à partir duquel les agents
économiques ne peuvent que prévoir une baisse du taux d’intérêt futur
et donc une hausse des cours des obligations. Ils ne souhaitent plus
détenir de monnaie pour motif de spéculation, les agents ont une
préférence absolue pour les obligations, sources selon eux de plus-values.
La partie horizontale de la courbe correspond à une unanimité
des opinions (uniformité des anticipations) sur la hausse future
du taux d’intérêt.
Le taux im est le taux d’intérêt minimum à partir duquel l’ensemble des
agents ne peut qu’anticiper une hausse du taux d’intérêt et donc une
baisse des cours des obligations. Cette partie de la courbe correspond à
ce que Keynes appelle la trappe à liquidité, la préférence des agents
pour la monnaie est absolue. 36
Section 2: La demande de monnaie formulée
par J.M. Keynes

La partie intermédiaire de la courbe (entre le taux d’intérêt


maximum et le taux d’intérêt minimum) correspond à la zone de
spéculation (situation la plus courante). Les anticipations des
agents économiques sont différentes, certains estiment que le
taux d’intérêt va baisser, d’autres qu’il va augmenter.
En règle générale, les agents ne sont jamais absolument certains
de leurs prévisions et chercheront le plus souvent à détenir à la
fois de la monnaie et des obligations selon des proportions
variables.
Les agents non financiers arbitrent entre monnaie et obligations
en fonction du niveau du taux d’intérêt courant et du taux
d’intérêt anticipé ou futur.

37
Section 2: La demande de monnaie formulée
par J.M. Keynes
En conclusion, la demande de monnaie pour motif de spéculation
est une fonction décroissante du taux d’intérêt dans la partie
intermédiaire(oblique) .
Cette demande de monnaie pour motif de spéculation est
particulièrement instable puisqu’elle dépend des anticipations
des agents économiques qui par définition sont instables.
La demande de monnaie globale est égale à :
L = Mt + Ms = L1 (Y) + L2 (i)
La demande de monnaie globale est décalée vers la droite, car la
demande de monnaie pour les motifs de transaction et de
précaution (pour motif transactionnel) est ajoutée à la demande
de monnaie pour motif de spéculation.
Elle a la forme suivante:

38
Section 2: La demande de monnaie formulée
par J.M. Keynes

L = Mt + Ms = L1 (Y) + L2 (i)

iM

L = L1 (Y) + L2 (i)
im

L1 (Y) L2 (i)
L
Section 2: La demande de monnaie formulée
par J.M. Keynes

2. La détermination du taux d’intérêt


Pour les classiques le taux d’intérêt est considéré comme une
variable réelle: le taux d’intérêt est déterminé au niveau de la
sphère réelle par la confrontation de l’offre des fonds prêtables
(l’épargne) et la demande des fonds prêtables (l’investissement).
Pour Keynes et à l’inverse des classiques, le taux d’intérêt est une
variable monétaire: il est déterminé au niveau de la sphère
monétaire (marché de la monnaie) par la confrontation de la
demande de monnaie et de l’offre de monnaie.

40
Section 2: La demande de monnaie formulée
par J.M. Keynes

Lorsqu’on se situe au niveau de la partie intermédiaire de la


courbe de demande de monnaie globale, une augmentation de
l’offre de monnaie par les autorités monétaires (politique
monétaire expansionniste) se traduit, toutes choses égales par
ailleurs, par une baisse du taux d’intérêt d’équilibre.
Et une diminution de l’offre de monnaie (politique monétaire
restrictive) se traduit par une hausse du taux d’intérêt
d’équilibre.
Lorsque l’économie se situe en dehors de la trappe à liquidité,
Keynes démontre qu’une politique monétaire expansionniste se
traduit par une baisse du taux d’intérêt et a ainsi un impact
positif sur les variables réelles:

41
Section 2: La demande de monnaie formulée
par J.M. Keynes
Taux d’intérêt Ms2
Ms1
i

iM

i1

i2
L = L1 (Y) + L2 (i)
im

L1 (Y) L2 (i) L, Ms
Section 2: La demande de monnaie formulée
par J.M. Keynes

En effet, en agissant sur le taux d’intérêt, la politique monétaire


modifie la décision d’investissement. Selon Keynes, la dépense
d’investissement obéit à deux déterminants:
 Le taux d’intérêt qui dépend de l’offre de monnaie de la
banque centrale, et qui représente pour l’entrepreneur le coût
de financement de l’investissement
 Le profit escompté ou « efficacité marginale du capital »
(notion introduite par Keynes): l’efficacité ou rentabilité est
fonction des investissements déjà réalisés. Les plus rentables
sont réalisés en premier. Ainsi, l’efficacité marginale diminue
quand la quantité d’investissement augmente. Pour un taux
d’intérêt i donné, tous les projets d’investissement dont
l’efficacité e est supérieure à ce taux seront réalisés.
L’entrepreneur fait donc une comparaison entre e et i et,
quelque soit la situation financière de l’entreprise,
l’investissement est réalisé si e>i
43
Section 2: La demande de monnaie formulée
par J.M. Keynes

Une politique monétaire expansionniste ou augmentation de


l’offre de monnaie par la banque centrale va donc se traduire par
une baisse du taux d’intérêt, toutes choses égales par ailleurs (e
constant), une augmentation du rapport e/i et donc une hausse
de l’investissement qui va se traduire à son tour par une hausse
de la production et donc du revenu.
Par contre, la politique monétaire est inefficace si l’économie se
situe au niveau de la trappe à liquidité parce que le taux
d’intérêt est à son niveau le plus bas et ne peut donc plus
baisser.
Dans une telle situation, il faut donc, selon Keynes agir
directement sur la demande à travers les dépenses publiques en
utilisant la politique budgétaire.
44
Section 2: La demande de monnaie formulée
par J.M. Keynes
Dans une situation de trappe à liquidité, la politique budgétaire ne
pourra pas être financée par la vente de titres sur le marché
financier puisque les agents économiques ont une préférence
absolue pour la liquidité. Il faudra donc avoir recours au
financement monétaire de la politique budgétaire c’est-à-dire à la
planche à billet.
Dans son analyse, Keynes accorde le premier rôle à la politique
budgétaire dans la mesure où la politique monétaire accompagne
la politique budgétaire.
Pour Keynes, une politique monétaire expansionniste constitue un
complément utile à la politique budgétaire dans la mesure où elle
neutralise l’effet d’éviction (l’accroissement de l’investissement
public se fait au détriment de l’accroissement de l’investissement
privé et se traduit par une hausse du taux d’intérêt).
45
Section 2: La demande de monnaie formulée
par J.M. Keynes

Par ailleurs, Keynes met fin, grâce à une variable clé, le taux
d’intérêt, à la vision dichotomique des auteurs qui l’ont précédé
d’une part, et d’autre part à la neutralité de la monnaie. Mais la
remise en cause par Keynes de la théorie quantitative de la
monnaie ne s’est pas traduite par sa mise à l’écart définitive.

46
SECTION 3: le MODELE IS – LM

Le modèle de la demande agrégée que l’on appelle modèle IS-LM


représente la formalisation de la théorie keynésienne .
C’est l’économiste John R Hicks, prix Nobel d’économie, qui a
proposé la première formulation du modèle dans un article publié
en 1937: « Mr Keynes and the classics: a suggested
interpretation ».
L’analyse de Hicks fut ensuite développée par Alvin Hansen. Hicks
et Hansen appelèrent leur cadre formel le modèle IS-LM.
L’objectif de ce modèle est de montrer quels sont les
déterminants de la variation du revenu national à court terme
lorsque le niveau des prix est fixe.

47
SECTION 3: le MODELE IS – LM

Les hypothèses du modèle sont les suivantes:


 Le modèle IS-LM est un modèle en économie fermée (son équivalent
en économie ouverte est le modèle de Mundell-Fleming).
 Les prix et salaires sont fixes, c’est donc un modèle de court terme.
 Les taux d’intérêts sont flexibles
Le modèle IS-LM est représenté par deux courbes, la courbe IS et
la courbe LM:
 La courbe IS (investment-saving) désigne l’investissement et l’épargne
et représente le marché des biens et services.
 La courbe LM (liquidity-money) désigne l’offre et la demande de
monnaie et représente le marché financier.

48
SECTION 3: le MODELE IS – LM

Dans la mesure où il influence à la fois la demande


d’investissement et la demande de monnaie, le taux d’intérêt
relie les deux moitiés du modèle IS-LM.
Ce modèle montre comment les interactions entre ces deux
marchés déterminent la demande agrégée et donc le niveau à
court terme du revenu national.
La macroéconomie a fait des progrès substantiels depuis le début
des années 40, mais le modèle IS-LM reste un modèle essentiel
parce qu’il saisit ce qui se passe à court terme dans une
économie. C’est pourquoi ce modèle est toujours enseigné et
utilisé aujourd’hui.

49
SECTION 3: le MODELE IS – LM
1. Construction de la courbe IS
A un niveau de taux d’intérêt (i1) donné correspond un niveau
d’investissement donné (I1), un niveau d’épargne (S1) donné (I=S)
et par conséquent un niveau de revenu (Y1) donné.
Le couple (Y1, i1) correspond à un équilibre du marché des biens
et services.
Si le taux d’intérêt diminue de i1à i2 :l’investissement augmente et
passe à I2
alors S doit augmenter également dans les mêmes
proportions(puisque I=S) et devient S2. A ce nouveau niveau
d’épargne correspond un nouveau niveau de revenu Y2
Le couple (Y2, i2) correspond à un équilibre du marché des biens
50
et services.
SECTION 3: le MODELE IS – LM
Construction graphique de la courbe IS
i
i1
(1)
IS
I(i) (4)

i2

I Y
I2 I1 Y1 Y2
S1

S(Y)
(2) (3)
S2

I=S S
SECTION 3: le MODELE IS – LM

L’équilibre sur le marché des biens et services implique que plus


le taux d’intérêt i est élevé, plus le niveau de production Y est
faible. Cette relation entre le taux d’intérêt et la production est
représentée par une courbe décroissante appelée courbe IS. Le
long de la courbe IS, on a toutes les combinaisons de Y et de i
donnant les équilibres du marché des biens et services.
La courbe IS représente donc l’ensemble des couples (Y, i) qui, par
égalisation de l’épargne et de l’investissement, assure l’équilibre
du marché des biens et services

52
SECTION 3: le MODELE IS – LM
Le revenu (Y) est une fonction décroissante du taux d’intérêt (i).

IS

Y
SECTION 3: le MODELE IS – LM
Déplacements au niveau de la courbe IS:
Lorsqu’on se déplace vers le bas, le taux d’intérêt baisse et la
production (ou revenu) augmente. Ces deux phénomènes font
croître l’investissement. La hausse de la production, c’est-à-dire
du revenu, fait croître l’épargne.
Déplacements de la courbe IS:
Pour un taux d’intérêt donné, toute augmentation d’une
composante de la demande (consommation C, investissement I,
dépenses publiques G) se traduit par un déplacement parallèle et
vers la droite de la courbe IS (de IS1 à IS2), et une augmentation du
revenu d’équilibre de Y1 à Y2.
Inversement, toute diminution d’une composante de la demande
se traduit, pour un taux d’intérêt inchangé, par un déplacement
parallèle et vers la gauche de la courbe IS et le revenu d’équilibre
54
diminue.
SECTION 3: le MODELE IS – LM

A titre d’exemple, considérons une hausse des impôts T


(équivalant à une baisse de G). Pour un taux d’intérêt i donné,
une augmentation de T réduit le revenu disponible (Y-T) et donc
le niveau de consommation C(Y- T, i). La baisse de la
consommation entraine une baisse de la demande sur le marché
des biens et services, et, par l’effet multiplicateur, une baisse du
niveau de production (revenu) d’équilibre. La courbe IS se
déplace vers la gauche: quel que soit le taux d’intérêt, le niveau
de revenu d’équilibre est inférieur à ce qu’il était avant la hausse
des impôts.

55
SECTION 3: le MODELE IS – LM

i Exemple 1: augmentation des dépenses publiques de G1 à G2

IS2
IS1
Y1 Y2 Y
SECTION 3: le MODELE IS – LM
Exemple 2: augmentation des impôts de T1 à T2:
i

IS1
IS2
Y2 Y1 Y
SECTION 3: le MODELE IS – LM
En conclusion:
L’équilibre sur le marché des biens implique que:
 La production Y est une fonction décroissante du taux d’intérêt i.
Cette relation est représentée par la courbe IS
 La courbe IS représente toutes les combinaisons (Y,i) compatibles avec
la réalisation de l'équilibre sur le marché des biens et services.
 La pente de IS est négative parce que i et Y varient en sens inverse: si
i diminue, I augmente, alors S doit augmenter également (I=S) suite à
l’augmentation de Y.
 Pour un taux d’intérêt donné i, une hausse de T ou une baisse de G se
traduira par une baisse de Y, et donc un déplacement de la courbe IS
vers la gauche.

58
SECTION 3: le MODELE IS – LM

La partie réelle du modèle (c’est-à-dire IS) montre que le revenu


national d’équilibre est indéterminé puisqu’il dépend du taux
d’intérêt. En intégrant la partie monétaire à la partie réelle du
modèle, on pourra lever cette indétermination.
1. Construction de la courbe LM
L’équilibre (point A1) sur le marché de la monnaie est défini par
l’égalité entre l’offre de monnaie et la demande de monnaie:
MS = MD ou MS = L1 (Y) + L2 (i)

Si l’offre de monnaie est fixée (offre de monnaie exogène), cette


équation montre qu’à l’équilibre il existe une relation entre le
revenu national et le taux d’intérêt:

59
SECTION 3: le MODELE IS – LM
 En effet, une hausse du revenu de Y1 à Y2 conduit les agents à
accroître leur demande de monnaie pour motif transactionnel quel que
soit le taux d’intérêt.
 Quand le revenu augmente, la demande de monnaie (pour motif
transactionnel) va donc augmenter, mais l’offre Ms reste inchangée.
 Dans la mesure où à l’équilibre, il y a égalité entre l’offre de monnaie
et la demande de monnaie, il faut donc que le taux d’intérêt s’élève
pour que les deux effets opposés sur la demande de monnaie
s’annulent: la hausse du revenu augmente la demande de monnaie
pour motif transactionnel, mais la hausse du taux d’intérêt réduit la
demande de monnaie pour motif de spéculation.
 L’augmentation de Mt se traduit par un déplacement vers la droite de
la demande de monnaie. On passe à un nouvel équilibre (point A2) avec
un nouveau taux d’intérêt plus élevé (de i1 à i2). Au point A2, la
demande de monnaie est égale à l’offre de monnaie restée inchangée,
et le marché de la monnaie est à nouveau à l’équilibre. 60
SECTION 3: le MODELE IS – LM
Taux d’intérêt
MS
i

i1 A1

MD1= L1 (Y1) + L2 (i)

MD, MS
SECTION 3: le MODELE IS – LM
Taux d’intérêt MS
i

A2
i2

i1 A1
MD2= L1 (Y2) + L2 (i)

MD1= L1 (Y1) + L2 (i)

MD, MS
SECTION 3: le MODELE IS – LM
Si le taux d’intérêt est fixé à un niveau i 1, la quantité de monnaie
demandée à des fins spéculatives est L2(i1). L’offre de monnaie
(MS) étant constante, si l’on consacre L2(i1) à la spéculation, il
reste:
MS – L2(i1) = L1(Y1) disponible pour motif transactionnel (motifs de
transaction et de précaution). Cette quantité de monnaie
transactionnelle correspond à un niveau de revenu Y1.
Donc, au taux d’intérêt i1 correspond le niveau de revenu Y1. Le
couple (Y1, i1) correspond à un équilibre du marché de la monnaie.
Si le taux d’intérêt augmente et passe de i1 à i2, la quantité de
monnaie demandée à des fins spéculatives est L2(i2). Il reste
MS – L2(i2) = L1(Y2) disponible pour motif transactionnel (motifs de
transaction et de précaution). Cette quantité de monnaie
transactionnelle correspond à un niveau de revenu Y2. Ainsi, au
taux d’intérêt i2 correspond le niveau de revenu Y2. Le couple (Y632,
SECTION 3: le MODELE IS – LM
Construction graphique de la courbe LM: LM
i

i2
(1) (4)
i1

L2(i)

Ms
L2(i1) L2(i2) Y1 Y2 Y
L1(Y1)

(2) L1(Y2) (3)


Mt = MS – Ms
L1(Y)

Mt
SECTION 3: le MODELE IS – LM

MS = M D
MD = L1 (Y) + L2 (i)
L1 (Y) = l1Y

l1 est la part du revenu que les agents désirent conserver pour


satisfaire les motifs de transaction et de précaution (soit la vitesse
de transformation du revenu en monnaie). l1 mesure la sensibilité
de la demande de monnaie au revenu.
L2 (i) = -l2i + l0
I2 exprime l’intensité de la préférence pour la liquidité et mesure
la sensibilité de la demande de monnaie au taux d’intérêt.
I2i correspond à la demande de monnaie purement spéculative et
I0 représente la quantité de demande de monnaie conservée pour
65
maintenir un niveau donné d’encaisses (ou encore le niveau de la
SECTION 3: le MODELE IS – LM

On a: MS = MD
MS = l1Y – l2i + l0
Soit,
i = (l1 / l2) Y + (l0 – MS) / l2
ou

Y = (l2 / l1) i + (MS – l0) / l1

La courbe LM représente l’ensemble des couples (Y, i) tels que la


demande de monnaie est égale à l’offre de monnaie.il s’agit donc
de l’ensemble des couples (Y, i) qui assure l’équilibre du marché
de la monnaie.
66
SECTION 3: le MODELE IS – LM
La courbe LM est croissante, exprimant une relation positive entre le
revenu et le taux d’intérêt.
i
LM

Y
SECTION 3: le MODELE IS – LM

Déplacement de la courbe LM:

Si l’offre de monnaie augmente, pour un niveau de revenu donné,


cela entraine une baisse du taux d’intérêt d’équilibre (de i 1 à i2),
soit un déplacement de la courbe LM vers le bas ou vers la droite.
Si l’offre de monnaie diminue, quelque soit le niveau du revenu,
cela entraine une hausse du taux d’intérêt (de i1 à i2), c’est-à-dire
un déplacement de la courbe LM vers le haut.

68
SECTION 3: le MODELE IS – LM
Politique monétaire expansionniste:
LM1 LM2
i

i1

i2

Y
SECTION 3: le MODELE IS – LM
Politique monétaire restrictive:
LM2 LM1
i

i2

i1

Y
SECTION 3: le MODELE IS – LM
Tout point de la courbe décroissante IS correspond à un équilibre
sur le marché des biens et services.
Tout point de la courbe croissante LM correspond à un équilibre
sur le marché de la monnaie.
C’est seulement au point d’intersection entre ces deux courbes
que ces deux conditions sont vérifiées. Cela signifie que le point
d’intersection, associé au niveau de production YE et au taux
d’intérêt iE est le point d’équilibre.

71
SECTION 3: le MODELE IS – LM
Résolution graphique:

i LM
IS

iE

YE Y
CHAPITRE IV:

Le système bancaire marocain

73
SECTION 1: le système financier: notion et rôle
Le système financier désigne l’ensemble des institutions
(intermédiaires financiers et marchés de capitaux) qui rendent
possible les échanges de monnaie entre les agents économiques
qui disposent d’une épargne et les agents économiques qui
désirent emprunter pour financer une dépense d’investissement
Le système financier permet ainsi la rencontre entre les agents
économiques ayant une capacité de financement (les prêteurs) et
les agents ayant un besoin de financement (les emprunteurs).
Le transfert des fonds des prêteurs vers les emprunteurs peut se
faire de deux manières: directe et indirecte. On distingue donc
deux grands modes de financement externe:
 Le financement direct
 Le financement indirect ou intermédié
74
SECTION 1: le système financier: notion et rôle

Les premiers auteurs à avoir opéré cette distinction entre finance


directe et finance indirecte sont deux auteurs américains Gurley
John G. et Shaw Edward S. (1960).
Lorsque le financement est indirect ou intermédié, un
intermédiaire financier s’interpose entre les agents à capacité de
financement, auprès desquels ils collectent des fonds, et les
agents à besoin de financement auxquels ils apportent leurs
concours financier essentiellement par le biais du crédit
bancaire. Les prêteurs prêtent donc leur argent non pas
directement aux agents à besoin de financement mais aux
intermédiaires financiers essentiellement sous forme de dépôt.

75
SECTION 1: le système financier: notion et rôle

Les banques peuvent aussi apporter leurs concours financiers aux


agents à besoin de financement en achetant des titres que ces
derniers émettent. D’autres intermédiaires financiers
(compagnies d’assurance, OPCVM) participent aussi de cette
manière au financement indirect.
Lorsque le financement est direct, les emprunteurs obtiennent
directement des fonds de la part des prêteurs en leur vendant des
titres sur le marché financier. On parle de finance de marché. Une
partie des financements directs inclut également des formes de
crédit non bancaire tels que les crédits commerciaux.

76
SECTION 1: le système financier: notion et rôle

Quelque soit le mode de financement direct ou indirect, le


système financier favorise la bonne allocation des ressources au
sein de l’économie et améliore l’investissement et la croissance.
En l’absence de système financier, deux agents économiques ne
pourraient pas réaliser une transaction mutuellement
avantageuse: ce qui empêcherait l’un de recevoir des intérêts ou
des dividendes, et l’autre de réaliser un investissement rentable.
Le bon fonctionnement du système financier est donc
indispensable à l’économie réelle (investissement, production)
puisqu’il permet le financement de l’économie réelle. Les crises
financières en témoignent indirectement puisqu’elles se
traduisent par de fortes récessions économiques.

77
SECTION 1: le système financier: notion et rôle

Moyens de financement

Investissement

Production
SECTION 1: le système financier: notion et rôle

Bien que l’on accorde beaucoup plus d’attention aux marchés


financiers, la finance indirecte reste le principal moyen par lequel
les fonds sont transférés des prêteurs aux emprunteurs, que ce
soit dans les pays industrialisés ou les pays en développement
comme le Maroc.
L’importance cruciale de l’intermédiation financière s’explique
par son rôle:
 dans la réduction des coûts de transaction,
 dans le partage des risques,
 et la réduction des coûts d’information sur les marchés financiers.

79
SECTION 1: le système financier: notion et rôle

1. La réduction des coûts de transaction


Les coûts de transaction c’est-à-dire le temps et l’argent dépensés
pour réaliser les transactions financières sont un problème majeur
pour les agents économiques investisseurs ou prêteurs.
Les intermédiaires financiers permettent de réduire les coûts de
transaction et donc permettent à de petits prêteurs de fournir
indirectement des capitaux à de petits emprunteurs:
Par exemple, un ménage qui désire prêter de l’argent à un
entrepreneur qui veut créer son entreprise doit, pour se protéger,
payer un juriste pour rédiger le contrat de prêt et préciser les
conditions de paiement des intérêts et du remboursement. Si le
montant du prêt est peu élevé, le paiement du juriste risque de lui
coûter plus cher que les intérêts qu’il pourra obtenir.
80
SECTION 1: le système financier: notion et rôle

2. Le partage des risques


Un deuxième avantage pour les prêteurs, de passer par un
intermédiaire financier est que cela leur permet de réduire leur
exposition au risque, c’est-à-dire l’incertitude sur le rendement
qu’ils peuvent attendre de leurs placements. Les intermédiaires
financiers permettent en effet le partage du risque en permettant
aux épargnants de diversifier leur portefeuille d’actifs et de
diminuer ainsi le risque auquel ils sont exposés, le risque de
portefeuille étant moindre que le risque des actifs particuliers. La
diversification est permise par la faiblesse des coûts de
transaction des intermédiaires financiers qui peuvent réunir un
portefeuille d’actifs et en faire un actif global qu’ils vendent aux
épargnants.

81
SECTION 1: le système financier: notion et rôle

3. Réduction du coût de l’information et du risque d’aléa moral


En général, les prêteurs connaissent trop peu les emprunteurs et
leurs projets pour pouvoir prendre les bonnes décisions. Cette
situation porte le nom d’asymétrie de l’information. Cette
situation est asymétrique parce que l’entrepreneur qui veut
emprunter pour réaliser un projet connait mieux le rendement
potentiel et les risques associés à ce projet que le prêteur.
L’asymétrie de l’information peut se traduire par un problème
d’aléa moral. Le risque moral sur les marchés financiers est le
risque que l’emprunteur s’engage sans prévenir dans des activités
considérées comme risquées par le prêteur parce qu’elle diminue
la possibilité qu’il soit remboursé.

82
SECTION 1: le système financier: notion et rôle

Les prêteurs courent donc moins de risques en prêtant leurs fonds


à des intermédiaires financiers qu’en prêtant directement à des
entrepreneurs dans la mesure où les intermédiaires financiers
sont mieux équipés pour sélectionner les bons emprunteurs et
disposent d’outils de surveillance pour éviter les risques d’aléa
moral.

83
SECTION 2: historique du système bancaire marocain

Au Maroc, c’est à partir de la création de la banque d’Etat du


Maroc (1906), du traité de Protectorat (1912) et surtout de
l’élaboration de la première législation régissant les banques et
les professions liées au métier de banquier, en 1943, qu’il est
possible de commencer à parler de secteur bancaire.
Cependant, cette législation de 1943 n’avait pas intégré dans son
champ d’application un certain nombre d’établissements
financiers à statut légal spécial:
 Caisses de Crédit Agricole (janvier 1919): spécialisées dans le crédit
agricole à court et moyen terme.
 Caisse des Prêts Immobiliers du Maroc (décembre 1919): orientée vers
les crédits immobiliers, hôteliers et maritimes à moyen et long terme.
 Banques Populaires (mai 1926): octroient des crédits à la petite et
moyenne entreprise.
84
SECTION 2: historique du système bancaire marocain
Une situation de cloisonnement commence ainsi à se mettre en
place dans laquelle étaient différenciés d’une part les banques
directement contrôlées par la banque centrale, et d’autre part les
organismes financiers spécialisés faisant l’objet d’une
réglementation spécifique échappant à la législation bancaire
de 1943.
Au lendemain de l’indépendance, l’Etat créa les principales
institutions financières marocaines ou les transforma. Il favorisa
également la concentration des banques, tout en encourageant
l’extension de leurs réseaux et la bancarisation:
Banque du Maroc et BNDE (juillet 1959)

BMCE (septembre 1959)


Crédit Populaire, CIH, et CDG (février 1959),


Caisse d’Epargne Nationale (février 1959).


85
SECTION 2: historique du système bancaire marocain

La législation bancaire du 21 avril 1967 marqua la volonté de


l’Etat d’assurer le contrôle de la distribution du crédit et sa
volonté d’orienter l’économie conformément aux priorités
définies. Cependant, la loi ne s’intéressa qu’aux banques de dépôt
et à leurs activités et oublia, au même titre que la législation de
1943, les institutions et organismes financiers spécialisés à statut
particulier devenus de plus en plus nombreux, et la situation de
cloisonnement ne fit que s’intensifier..
Un mouvement de décloisonnement s’amorça au cours des
années 70 dans la mesure où on assiste à l’extension des
modalités de la loi de 1967 au Crédit Populaire (1970).
Ce mouvement de décloisonnement (décennie 1970) s’est
renforcé dès lors que les autorités monétaires décidèrent
d’intéresser les banques au financement de l’investissement,
considéré comme prioritaire pour le développement économique.

86
SECTION 2: historique du système bancaire marocain

Le financement de l’investissement qui appartenait presque


exclusivement à cinq institutions financières spécialisées ou OFS
(la BNDE, le CIH, la CDG, la CNCA et le Crédit Populaire) fut ouvert
aux banques en 1972:
. En effet, dans le cadre de la sélectivité du crédit, et plus précisément
des emplois obligatoires, les banques ont été obligées de détenir un
portefeuille minimum d’effets représentatifs de crédits à
l’investissement.
- Les organismes financiers spécialisés dont la BNDE et le CIH,
qui avaient subi la concurrence par les banques dans des
domaines où ils avaient le monopole, furent autorisés, à partir
de 1986, à recueillir des dépôts à vue, à ouvrir des agences et
à consentir des crédits à court terme.

87
SECTION 2: historique du système bancaire marocain

La CNCA a été habilitée en 1987 à élargir son intervention au


financement de l’accession à la propriété, de la pêche, des
activités de commerce et de service en milieu rural.
La BNDE et la CNCA ont été habilitées à effectuer des opérations
avec l’étranger.
Parallèlement à ce mouvement de décloisonnement, et comme
partout dans le monde, les banques ont créé des sociétés filiales
(au début essentiellement des sociétés de crédit à la
consommation et de leasing) pour faire face aux contraintes tant
de l’encadrement du crédit que des emplois obligatoires, et
échapper à la législation bancaire de 1967.

88
SECTION 2: historique du système bancaire marocain

La législation de 1967 est donc très vite apparue comme


totalement dépassée face au processus de libéralisation
financière qui avait été entamé à partir du début des années 90:
 A la veille de 1993, cette législation était basée sur le
cloisonnement des « organismes financiers » entre:
• les banques de dépôt,
• les organismes financiers spécialisés (OFS) et
• les autres organismes financiers comme les sociétés de crédit à la
consommation et de crédit-bail.
 Jusqu’en 1986, les OFS ne pouvaient pas recevoir de fonds du
public: leurs ressources provenaient, principalement, des fonds
propres et des émissions d’emprunts sur les marchés financiers
nationaux et internationaux. La levée de cette restriction a permis à
certains OFS de développer leurs activités et leurs réseaux
d’agences.
89
SECTION 2: historique du système bancaire marocain

 Peu de règles régissaient les rapports de concertation entre les


autorités monétaires et les banques ainsi que les relations entre les
banques et leur clientèle.
 De plus, cette législation ne tenait pas compte de l’apparition de
nouveaux moyens de paiement (exemple des cartes bancaires)
 Enfin, avec le temps, le secteur financier avait connu de profondes
mutations, ce qui avait pour résultat le fait qu’un ensemble
d’institutions et d’organismes exerçaient en partie l’activité de
banque sans être soumis à la loi bancaire.

90
SECTION 3: la loi bancaire de 1993

La « Loi bancaire » du 06 juillet 1993 avait ainsi pour objet:

 d’instituer un dispositif juridique unifié applicable à l’ensemble des


établissements de crédit,
 d’instaurer le cadre d’une plus grande concertation entre les autorités
monétaires et la profession (tout en renforçant les pouvoirs des
autorités monétaires principalement ceux du Ministre des Finances),
et

d’assurer une meilleure protection des déposants et des emprunteurs.


91
SECTION 3: la loi bancaire de 1993

La loi bancaire de 1993 a introduit la notion d’« établissement de


crédit »:
« Est considérée comme établissement de crédit toute personne morale
qui effectue, à titre de profession habituelle, l’une des opérations
suivantes:
- la réception de fonds du public;
- la distribution de crédits;
- la mise à la disposition de la clientèle de tous moyens de
paiement ou leur gestion ».
« Sont considérés comme moyen de paiement tous les instruments qui,
quel que soit le support ou le procédé technique utilisé, permettent à
toute personne de transférer des fonds » (art 4).

92
SECTION 3: la loi bancaire de 1993
1. Les différentes catégories des établissements de crédit:
Les établissements de crédit comprennent:
 Les banques
 Les sociétés de financement
a) Les banques:
Les banques (y compris certains ex-OFS, BNDE, CIH et CNCA) sont
des établissements à vocation universelle, vu la gamme des
opérations qu’elles peuvent effectuer. On parle de « banque
universelle ». En effet, les banques peuvent effectuer toutes les
opérations suivantes:
 Recevoir des fonds du public quelle que soit la durée du dépôt
 Effectuer des opérations de crédit en faveur des entreprises et des
particuliers quelle que soit la durée
93
SECTION 3: la loi bancaire de 1993
 Mettre à la disposition de la clientèle tous moyens de paiement ou
leur gestion
 Effectuer des opérations connexes comme les opérations de change,
les opérations sur or, métaux précieux, placement achat et garde de
valeurs mobilières et de tout produit financier, conseil et assistance
en matière de gestion de patrimoine, conseil et assistance en matière
de gestion financière des entreprises, …
Seules les banques sont habilitées à recevoir des dépôts à vue du
public ou à court terme (inférieur ou égal à deux ans).
Les métiers de la banque peuvent être classés en trois grands
ensembles:
 L’intermédiation financière, qui consiste en la collecte de fonds (à vue
ou à court, moyen et long terme) et en l’octroi de financement par
crédit (créances non négociables) et par acquisition de titres
(créances négociables).
 Les activités de marché (opérations sur titres et opérations sur 94
instruments financiers)
SECTION 3: la loi bancaire de 1993
 La prestation de service pour le compte de tiers: gestion et mise à
disposition des moyens de paiement (chèque, carte bancaire, …); la
gestion d’actifs pour le compte de tiers (collective ou individuelle); le
conseil et l’ingénierie financière (lors de fusions-acquisitions,
émissions de titres, …)
b. Les sociétés de financement:
Les sociétés de financement sont soumises pour la première fois à
la loi bancaire. Elles ne peuvent effectuer que les opérations pour
lesquelles elles ont été agréées:
 les opérations de crédit à la consommation
 les opérations de crédit bail,
 les opérations de crédit immobilier,
 Les opérations d’affacturage (recouvrement de créances surtout
étrangères…), de cautionnement, de gestion des moyens de paiement
ou autres… 95
SECTION 3: la loi bancaire de 1993

Les sociétés de financement ne peuvent recevoir du public des


fonds d’un terme inférieur ou égal à deux ans.
La loi bancaire de 1993 exclut de son champ d’application:
 Bank Al-Maghrib
 La Trésorerie générale du Royaume,
 Le Service de comptes courants et de chèques postaux,
 Le Service de mandats postaux,
 La Caisse de dépôt et de gestion (CDG),
 La Caisse centrale de garantie,
 La Caisse d’épargne nationale (CEN),
 Les banques off-shore,
 Les entreprises d’assurance et de réassurance, … 96
SECTION 3: la loi bancaire de 1993
Conformément à la loi bancaire:
 Les autorités monétaires ou autorités de tutelle sont le Ministère des
Finances et Bank Al-Maghrib
 Les organes de consultation sont le Conseil National de la Monnaie et
de l’Epargne (CNME), le Comité des Etablissements de Crédit (CEC), et
la Commission de Discipline des Etablissements de Crédit (CDEC).
 Les organes de coordination sont le Groupement professionnel des
banques du Maroc (GPBM) et l’Association professionnelle des sociétés
de financement.
2. Les autorité monétaires, les organes de consultation et les
associations professionnelles
a) Les autorités monétaires
Il s’agit des autorités de tutelle et de contrôle des établissements
de crédit. Elles sont constituées de deux entités: le Ministre des
Finances et Bank Al-Maghrib. 97
SECTION 3: la loi bancaire de 1993

Le Ministre des Finances:


Dans la loi bancaire de 1993, le Ministre des Finances exerce une
influence considérable sur l’ensemble du dispositif mis en place
puisqu’il a la responsabilité des décisions relatives à la politique
monétaire et à la réglementation et au contrôle des
établissements de crédit. Le Ministre des Finances:
 octroie l’agrément d’exercer la profession d’établissement de crédit,
 fixe le montant minimum du capital,
 arrête les modalités de collecte et les conditions de rémunération des
dépôts,
 fixe les conditions et modalités d’octroi des crédits,
 prononce des sanctions pouvant aller jusqu’au retrait de l’agrément,
 préside le CNME 98
SECTION 3: la loi bancaire de 1993

Bank Al-Maghrib:
Outre les missions qui lui sont dévolues par ses statuts, BAM s’est
vu confier par la loi bancaire de 1993 un certain nombre
d’attributions:
 détermine les modalités d’application des dispositions du dahir relatif
à l’exercice de l’activité des établissements de crédits et des textes
pris pour son application,
 a pour mission la surveillance de l’activité des établissements de
crédit à travers des contrôles sur place et sur pièces,
 préside le CEC, …

99
SECTION 3: la loi bancaire de 1993
b.Les organes de consultation
Les décisions du Ministre des Finances ne sont prises qu’après avis
des organes de consultation:
 Du CNME en ce qui concerne la politique monétaire
 Du CEC en ce qui concerne les mesures de réglementation et de
contrôle des établissements de crédit
 Du CDEC quand il s’agit de sanctions graves à l’encontre des
établissements de crédit ou de leurs administrateurs.
Le Conseil National de la Monnaie et de l’Epargne (CNME):
Le CNME est présidé par le Ministre des Finances et est composé
de 29 membres permanents représentant notamment les pouvoirs
publics, les opérateurs économiques, les établissements de
crédit..
100
SECTION 3: la loi bancaire de 1993

Le CNME :
 est consulté par les autorités monétaires sur toute question
intéressant les orientations de la politique monétaire et du crédit et
les moyens de sa mise en œuvre;
 donne son avis sur les conditions générales de fonctionnement des
établissements de crédit et
 peut formuler des propositions ou suggestions dans les domaines qui
entrent dans sa compétence.

101
SECTION 3: la loi bancaire de 1993

Le Comité des Etablissements de Crédit (CEC):


Le CEC est présidé par le Gouverneur de BAM et comprend
8 membres. Le CEC:
 donne son avis sur toutes les questions intéressant l’activité des
établissements de crédit: octroi, renouvellement ou retrait
d’agrément; exercice d’une activité autre que celles prévues par le
Dahir du 06 juillet 1993; conditions de prise de participation dans le
capital des entreprises; modalités de fonctionnement du « Fonds
Collectif de Garantie et de Dépôts »;
 donne également son avis sur les questions relatives aux aspects
techniques des instruments de la politique monétaire;

102
SECTION 3: la loi bancaire de 1993

La Commission de Discipline des Etablissements de Crédit (CDEC):


La CDEC est présidée par le Vice-Gouverneur ou par le Directeur
Général de BAM et est composée de 5 membres.
La CDEC:
 est chargée d’instruire les dossiers disciplinaires et de proposer les
sanctions susceptibles d’être prononcées à l’encontre des
établissements de crédit par les autorités monétaires;
 son avis est exigé avant que le Gouverneur de BAM ne propose au
Ministre des Finances la prise des sanctions relatives à l’interdiction
ou à la restriction de l’exercice de certaines opérations, à la
nomination d’un administrateur provisoire et au retrait de l’agrément

103
SECTION 3: la loi bancaire de 1993
c. Les associations professionnelles:
Les établissements de crédit sont tenus d’adhérer, selon la nature
de leur activité, soit au Groupement professionnel des banques du
Maroc (GPBM), soit à l’Association professionnelle des sociétés de
financement (APSF).
Ces deux organisations professionnelles jouent plusieurs rôles:
 Rôle de surveillance: elles veillent à l’observation par leurs membres
de la réglementation en vigueur et doivent aviser les autorités
monétaires de tout manquement relevé dans ce domaine, …
 Rôle d’intermédiaire entre leurs membres et les pouvoirs publics ou
tout autre organisme pour les questions intéressant la profession.
 Rôle d’encadrement: elles procèdent à l’étude de toute question
intéressant l’amélioration de l’exercice de la profession, notamment
les techniques de banque, l’introduction de nouvelles technologies, la
104
formation du personnel, …
SECTION 3: la loi bancaire de 1993

 Rôle consultatif auprès des autorités monétaires pour toute question


intéressant la profession.
 Rôle de défense des intérêts de la profession: elles peuvent aller en
justice chaque fois que les intérêts de leurs membres sont en cause.
3. Les nouvelles dispositions de la loi bancaire de 1993
a. Définition précise des conditions d’exercice de l’activité
Toute personne morale doit, avant d’exercer l’activité
d’établissement de crédit, être agréée par le Ministre des
Finances et offrir des moyens techniques, financiers et humains
appropriés (bonne moralité des dirigeants etc…)
Par ailleurs, les dirigeants ont l’obligation d’informer BAM de
toute anomalie ou évènement grave survenant dans l’activité de
leur établissement; …
105
SECTION 3: la loi bancaire de 1993

2. Renforcement de la protection aussi bien des déposants que des


emprunteurs auprès des établissements de crédit
Pour mieux gérer les risques bancaires (risque de contrepartie,
risque de liquidité ou risque de transformation, risque de
solvabilité, risque de marché, …), les règles prudentielles ont été
renforcées : capital minimum, coefficient minimum de liquidité
des banques, coefficient minimum de solvabilité des
établissements de crédit (ratio Cooke), coefficient maximum de
division des risques, coefficients relatifs à la position de change,
respect de normes comptables, communication de renseignements
aux autorités monétaires, …
Des mesures directes de protection de la clientèle ont été
instaurées telles que l’institution d’un taux maximum des intérêts
conventionnels, …), intervention du « Fonds collectif de garantie
des dépôts », droit au compte…
106
SECTION 3: la loi bancaire de 1993

3. Accentuation du contrôle et des sanctions applicables aux


établissements de crédits
Bank Al-Maghrib est habilitée à faire des contrôles sur place et sur
documents.
Les établissements de crédit recevant des fonds du public ont
l’obligation de faire auditer leurs comptes par des auditeurs
externes.
Un grand éventail de sanctions a été mis en place.

107
SECTION 4: la loi bancaire de 2006

La loi bancaire de 2006 est venue répondre aux insuffisances de la


précédente loi bancaire de 1993 compte tenu des évolutions des
environnements national et international en matière financière,
et des évolutions significatives du système financier marocain.

La nouvelle loi reflète également les efforts déployés par les


autorités monétaires en vue de doter le Maroc d’un dispositif
réglementaire et de supervision bancaire s’alignant sur les
meilleurs standards internationaux et à même de faire face à
l’exposition aux risques systémiques.

108
SECTION 4: la loi bancaire de 2006

La loi bancaire de 2006 a apporté plusieurs améliorations:


 Le réaménagement du cadre institutionnel
 Le renforcement des règles de bonne gouvernance
 L’élargissement du champs d’application de la loi bancaire à de
nouveaux organismes
 Le renforcement de la protection des intérêts de la clientèle
 La redéfinition du cadre de contrôle des établissements de crédit par
les commissaires aux comptes
 La mise en œuvre d’un nouveau cadre approprié pour le traitement
des difficultés des établissements de crédit
 La mise en œuvre d’un cadre pour la coopération entre BAM et les
autres autorités de supervision du secteur financier

109
SECTION 4: la loi bancaire de 2006
1. Le réaménagement du cadre institutionnel s’est traduit par:
 La consécration de l’autonomie de Bank Al-Maghrib et le renforcement
de ses attributions
 Les réaménagements de la composition et des prérogatives des
organes consultatifs

a. La consécration de l’autonomie de Bank Al-Maghrib et le renforcement


de ses attributions

les prérogatives de Bank Al-Maghrib ont été renforcées, et c’est


désormais la banque centrale qui décide de la politique
monétaire.
A cet effet, le Conseil de la Banque :
 Fixe les taux d’intérêt des opérations de la Banque

110
SECTION 4: la loi bancaire de 2006
 Peut exiger la constitution de la réserve monétaire, en fixe le ratio et
détermine les modalités de son calcul et de sa rémunération
 Arrête les conditions des titres d’emprunt émis par la Banque dans le
cadre de la régulation du marché monétaire
 Les décisions du Conseil relatives à la politique monétaire sont
rendues publiques, selon les modalités qu’il détermine
 Les avances à l’Etat sont interdites à l’exception d’une facilité de
caisse très encadrée (…)
 Le plan comptable de la Banque est adopté après avis du Conseil
national de la comptabilité
 Les comptes de la Banque sont soumis à un contrôle indépendant
(commissaires aux comptes, …)

111
SECTION 4: la loi bancaire de 2006

De plus l’essentiel des prérogatives du Ministre des Finances (loi


bancaire de 1993) tant en matière de réglementation,
d’agrément, de contrôle, de sanction que de traitement des
difficultés des établissements de crédit ont été transférées au
Gouverneur de Bank Al-Maghrib.
Le Ministre des Finances n’est plus compétent qu’en matière:
 D’extension de certaines dispositions de la loi aux organismes
nouvellement assujettis à la loi bancaire
 De fixation des conditions de collecte de fonds du public et de
distribution de crédits.

112
SECTION 4: la loi bancaire de 2006

La nouvelle loi s’aligne ainsi sur les meilleurs standards


internationaux régissant les banques centrales:
 En consacrant l’autonomie de la Banque centrale en matière de
politique monétaire qui a pour objectif fondamental la stabilité des
prix
 En établissant la responsabilité accrue de la Banque avec pour
corollaire une communication externe renforcée

113
SECTION 4: la loi bancaire de 2006
Conformément aux nouveaux statuts, les missions fondamentales
de Bank Al-Maghrib sont les suivantes:
 Mener la politique monétaire avec comme objectif prioritaire (ou
fondamental) la stabilité des prix
 Le privilège d'émission de la monnaie
 Organiser et veiller au bon fonctionnement du marché monétaire
 Déterminer les rapports entre le Dirham et les devises étrangères
dans le cadre du régime de change et de la parité du Dirham, fixés
par voie réglementaire (Ministre des Finances)
 Détenir et gérer les réserves de change
 S'assurer du bon fonctionnement du système bancaire et veiller à
l’application des dispositions législative et réglementaire relatives à
l’exercice et au contrôle de l’activité des établissements de crédit et
organismes assimilés
 Veiller à la sécurité des systèmes de paiement, de compensation et
de règlement-livraison 114
SECTION 4: la loi bancaire de 2006

En plus de ces missions fondamentales, la banque a également


d’autres missions:
 Conseiller financier du Gouvernement
 Agent du Trésor pour ses opérations bancaires au Maroc et à l’étranger
 Représentation du gouvernement au sein des institutions financières
et monétaires internationales
Les organes d’administration, de gestion et de contrôle :
 Les organes d’administration et de gestion sont:
• Le Conseil de la Banque
• Le Gouverneur (ou Wali)
• Le Comité de Direction

115
SECTION 4: la loi bancaire de 2006
 Les organes de contrôle sont:
• Le Commissaire du Gouvernement
• Le Commissaire aux comptes
• La Cour des comptes
Le Conseil de la Banque
Composition:
 Le Gouverneur : Président
 Outre le Directeur Général de la Banque et le Directeur du Trésor et
des Finances Extérieures, il comprend 6 membres désignés pour leur
compétence en matière monétaire, financière ou économique.
 Ces derniers (6 membres) ne doivent pas assumer de fonctions de
responsabilité dans un établissement de crédit ou à caractère financier
ou dans l’administration publique, ni exercer de mandat électif.
 Le Directeur du Trésor et des Finances Extérieures ne prend pas part
au vote des décisions relatives à la politique monétaire 116
SECTION 4: la loi bancaire de 2006

De larges attributions:
 Détermine les objectifs quantitatifs de la politique monétaire

 Arrête les caractéristiques des billets et des monnaies métalliques et


décide de leur mise en circulation et de leur retrait

 Arrête les règles générales de placement des réserves de change

117
SECTION 4: la loi bancaire de 2006
Les attributions du Gouverneur
 Veille à l’observation des dispositions légales et réglementaires
régissant les activités de la Banque
 Veille à l’exécution des décisions du Conseil
 Présente au Conseil les questions et les propositions relatives à la
politique monétaire et à la gestion des réserves de change
 Présente les projets de budget au Conseil
Le Comité de Direction
Le Comité de Direction est composé du Gouverneur, du vice gouverneur
ou du directeur général et de directeurs désignés par le Gouverneur.
Le Comité de Direction assiste le Gouverneur dans la gestion quotidienne
des affaires de la Banque.
D’autres comités internes ont été institués notamment le Comité
monétaire et financier qui assiste le Gouverneur en matière de politique
monétaire, gestion des réserves de change, supervision bancaire … et le
118
Comité des systèmes de paiement.
SECTION 4: la loi bancaire de 2006

Les réaménagements tant de la composition que des prérogatives des


organes consultatifs:
Délimitation plus claire des domaines d’intervention des
différents organes consultatifs de sorte à éviter tout
chevauchement de compétences.
Le CEC a vu ses prérogatives renforcées puisqu’il est consulté
concernant toutes les questions, à caractère général ou
individuel, ayant trait à l’activité des établissements de crédit.
Toutefois, pour éviter tout conflit d’intérêt, lorsque le CEC est
saisi de questions intéressant les établissements de crédit à titre
individuel, sa composition est restreinte aux seuls représentants
de Bank Al-Maghrib et du Ministère chargé des finances.

119
SECTION 4: la loi bancaire de 2006

Le CEC peut, également, mener toutes études portant sur


l’activité des établissements de crédit (rapports avec la clientèle,
information au public, …).
Ces études peuvent donner lieu à des directives (ou circulaires)
ou recommandations du gouverneur de Bank A-Maghrib.
Le CNME a changé d’appellation pour devenir le Conseil National
du Crédit et de l’Epargne (CNCE).
Le CNCE a vu sa composition changer (// TD) et ses prérogatives
restreintes aux questions intéressant le développement de
l’épargne et l’évolution de l’activité des établissements de
crédit.

120
SECTION 4: la loi bancaire de 2006

Le CEC et le CNCE n’émettent plus d’avis concernant les questions


ayant trait à la politique monétaire (// indépendance de Bank Al-
Maghrib en matière de politique monétaire).
La composition de la CDEC a été renforcée par la désignation d’un
deuxième magistrat. L’avis de cette commission est requis sur
toutes les questions susceptibles de donner lieu à des sanctions à
l’encontre des établissements de crédit et organismes assimilés.

121
SECTION 4: la loi bancaire de 2006
2. Le renforcement des règles de bonne gouvernance

En plus du partage clair des attributions entre le Ministre des


Finances et le Gouverneur de Bank Al-Maghrib (tout en renforçant
celles du Gouverneur de BAM), la loi bancaire prévoit des
dispositions visant à améliorer la transparence des activités de la
Banque centrale en matière de supervision:
 Bank Al-Maghrib est tenue de notifier, dans un délai de 120 jours
maximum à compter de la date de réception définitive de l’ensemble
des documents et renseignements requis, ses décisions relatives aux
demandes d’agrément et de motiver toutes celles emportant refus.
 BAM publie, annuellement, un rapport sur le contrôle des
établissements de crédit, l’activité et les résultats de ces
établissements ainsi qu’une situation comptable retraçant les
opérations du Fonds collectif de garantie des dépôts.

122
SECTION 4: la loi bancaire de 2006

 La banque centrale transmet les résultats de ses vérifications sur place


aux membres du conseil d’administration ou de surveillance de
l’établissement concerné.
 Bank Al-Maghrib consulte la profession bancaire pour tout ce qui est
des textes réglementaires et des mesures ayant trait à l’exercice de
l’activité bancaire.

123
SECTION 4: la loi bancaire de 2006
3. L’élargissement du champs d’application de la loi bancaire à de
nouveaux organismes

La loi bancaire a étendu le contrôle de la Banque centrale à toutes


les entités qui exercent des activités à caractère bancaire.
A titre d’exemple, la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG), la
Caisse Centrale de Garantie (CCG), les Services Financiers de Barid
Al-Maghrib, les banques offshores et les Associations de
microcrédit ont été soumis à certaines dispositions ayant trait
notamment aux domaines comptables, prudentiels et de contrôle.
Demeurent, toutefois, exclus du champs d’application de la loi
bancaire:
 Bank Al-Maghrib
 La Trésorerie Générale du Royaume
124
SECTION 4: la loi bancaire de 2006
 Les entreprises d’assurances et de réassurances
 Le Fond Hassan II pour le développement économique et social

4. Le renforcement de la protection des intérêts de la clientèle


®Les règles prudentielles ont été renforcées: capital minimum,
coefficient minimum de liquidité des banques, coefficient
minimum de solvabilité des établissements de crédit avec
l’application du ratio Mc Donough, coefficient maximum de
division des risques, coefficients relatifs à la position de change,…
Le ratio Mc Donough intègre une nouvelle catégorie de risque, à
savoir, le risque opérationnel. « Les risques opérationnels sont
définis comme étant les risques de pertes résultant de carences
ou de défaillances inhérentes aux procédures, au personnel et aux
systèmes internes ou à des évènements extérieurs » (// vol
commis par un employé, piratage informatique, catastrophes
naturelles, trading délictueux, erreurs de transaction, …).
125
SECTION 4: la loi bancaire de 2006

®Les établissements de crédit sont tenus de mettre en place un


système de contrôle interne. Le système de contrôle interne
« consiste en un ensemble de dispositifs conçus en vue d’assurer
en permanence, notamment:
 la vérification des opérations et des procédures internes;
 la mesure, la maîtrise et la surveillance des risques;
 la fiabilité des conditions de collecte, de traitement, de diffusion et de
conservation des données comptables et financières; »

126
SECTION 4: la loi bancaire de 2006

®La clarification des relations entre les établissements de crédit


et la clientèle à travers l’institution de l’obligation de signature
d’une convention de compte précisant les conditions de
fonctionnement et de clôture des comptes de la clientèle.
®Une plus grande protection des intérêts des déposants en cas
d’indisponibilité de leurs dépôts, par la révision de la procédure
d’indemnisation par le Fond Collectif de Garantie des Dépôts.
®Une meilleure information du public notamment en ce qui
concerne l’affichage des conditions des banques et la garantie de
transfert du compte sans frais si l’initiative en revient à la banque
en cas de fermeture d’agences.

127
SECTION 4: la loi bancaire de 2006

5. La redéfinition du cadre de contrôle des EC par les


commissaires aux comptes:
En plus de la certification des comptes, la mission des
commissaires aux comptes porte sur:
 la vérification du respect des dispositions comptables et prudentielles;
 l’évaluation de l’adéquation du système de contrôle interne
 la vérification de la sincérité des informations destinées au public

128
SECTION 4: la loi bancaire de 2006

Les commissaires aux comptes doivent, par ailleurs, porter à la


connaissance de Bank Al-Maghrib tous faits ou décisions dont ils
ont connaissance au cours de l’exercice de leur mission et qui
sont de nature à affecter la situation financière de l’établissement
contrôlé et/ou à mettre en danger la continuité de son
exploitation.
Ils sont, en outre, tenus de lui fournir tous les éclaircissements et
explications requis à propos des conclusions et opinions exprimées
dans leur rapports.
De son coté, Bank Al-Maghrib peut mettre à la disposition des
commissaires aux comptes les informations estimées nécessaires à
l’accomplissement de leur mission, y compris les rapports de
contrôle sur place.

129
SECTION 4: la loi bancaire de 2006
6. Mise en œuvre d’un nouveau cadre approprié pour le
traitement des difficultés des EC:
Le traitement des difficultés des établissements de crédits relève
entièrement de Bank Al-Maghrib qui peut décider de la mise d’un
établissement sous le régime de l’administration provisoire ou de
sa liquidation, dans le cas où elle estime que sa situation
financière est irrémédiablement compromise.
7. Coopération entre BAM et les autres autorités de supervision
du secteur financier:
En vue d’un meilleur contrôle consolidé des risques, il a été
institué une « Commission de Coordination des Organes de
Supervision du Secteur Financier » (CCOSSF) dont la mission

130
SECTION 4: la loi bancaire de 2006

consiste à coordonner les actions de supervision des régulateurs


des différents compartiments du système financier (Bank Al-
Maghrib, CDVM // AMMC (Autorité marocaine du marché des
capitaux), Direction des assurances et de la prévoyance sociale //
ACAPS) et à organiser l’échange d’informations relatives aux
entités soumises à leurs contrôles respectifs.
La loi bancaire autorise également BAM, à conclure des
conventions en vue d’échanger des informations et à organiser
des missions d’inspection conjointes avec ses homologues
étrangers.

131
SECTION 5: la loi bancaire de 2014
Les apports de la nouvelle loi bancaire de 2014 s’articulent ainsi
autour des principaux volets suivants:
 Champs d’application

 Révision du cadre institutionnel

 Renforcement de la réglementation prudentielle

 Mise en place d’un cadre de surveillance macro-prudentielle et de


gestion des crises systémiques

132
SECTION 5: la loi bancaire de 2014

Champs d’application
Contrairement à l’ancienne loi bancaire, la nouvelle loi prévoit
que l’agrément des banques peut être limité à l’exercice d’une
partie seulement des activités liées à la collecte des dépôts et à
l’octroi de crédit.
Les banques participatives
La nouvelle loi instaure un cadre législatif régissant l’activité des
banques participatives parce qu’il est nécessaire d’intégrer ce
segment de la finance compte tenu de son potentiel d’épargne,
d’investissement et de financement (…)

133
SECTION 5: la loi bancaire de 2014

Les Associations de micro-crédit et banques offshore:


Les associations de micro-crédits et les banques offshore, tout en
restant régies par leurs textes spécifiques, seront soumises aux
dispositions de la loi bancaire relatives à l’octroi et au retrait
d’agrément, à la réglementation prudentielle et comptable et au
régime des sanctions.
Les établissements de paiement:
Tenant compte du développement de nouveaux canaux de
paiement (cartes prépayées, paiement par internet, …) et
d’acteurs sur le marché des paiements, la loi bancaire a introduit
le statut d’établissements de paiement.

134
SECTION 5: la loi bancaire de 2014

Ces derniers seront habilités à effectuer une ou plusieurs


opérations de paiement telles que prévues par la loi et
engloberaient les sociétés de transfert de fonds régies par la loi en
vigueur.
Les conglomérats financiers:
En vue de faire converger la législation nationale avec les
standards internationaux, la loi comporte des dispositions
relatives à la définition des conglomérats financiers (// TD) et à
leur surveillance.

135
SECTION 5: la loi bancaire de 2014

Révision du cadre institutionnel:


Le Comité des établissements de crédit (CEC), dont l’avis est
requis par le Wali de Bank Al-Maghrib, se voit confier de nouvelles
attributions concernant l’octroi et le retrait d’agrément des
associations de micro-crédit et des banques offshore ainsi que
l’activité des banques participatives et des établissements de
paiement.
À cet égard, la composition du CEC sera élargie aux représentants
de la fédération nationale des associations de micro-crédit et
l’association professionnelle des établissements de paiement.

136
SECTION 5: la loi bancaire de 2014

Renforcement de la réglementation prudentielle


Les prises de participations:
La nouvelle loi bancaire permet à Bank Al-Maghrib de s’opposer à
toute prise de participation de la part d’un établissement de
crédit, même en cas de respect des limites imposées, si elle juge
que la participation considérée pourrait altérer la situation de
l’établissement sur le plan de la solvabilité, de la liquidité ou de la
rentabilité, ou de lui faire courir un risque excessif.
La gouvernance bancaire:
La nouvelle loi bancaire introduit la notion d’administrateur
indépendant (// TD) et prévoit l’obligation de mettre en place des
comités d’audit et des risques.

137
SECTION 5: la loi bancaire de 2014

Le comité d’audit est chargé d’assurer l’évaluation des dispositifs


de contrôle interne.
Le comité des risques est chargé du suivi du processus
d’identification et de gestion des risques.
Ces comités doivent comporter un ou plusieurs administrateurs ou
membres indépendants.

138
SECTION 5: la loi bancaire de 2014

Mise en place d’un cadre de surveillance macro-prudentiel et de gestion


des crises systémiques
La nouvelle loi bancaire prévoit la création d’un comité dénommé
« Comité de Coordination et de Surveillance des Risques
Systémiques » en lieu et place du « Comité de Coordination des
Organes de Supervision du Secteur Financier », chargé d’analyser
les risques pesant sur la stabilité du système financier et de
proposer les mesures appropriées permettant d’atténuer les
effets de tels risques.
A ce titre, il a notamment pour mission:
 de coordonner les actions de ses membres en matière de supervision
des établissements soumis à leurs contrôles;
 de coordonner la surveillance des organismes qui contrôlent les
entités constituant un conglomérat financier;
139
SECTION 5: la loi bancaire de 2014
 de déterminer les établissements financiers ayant une importance
systémique (// TD) et de coordonner la réglementation commune
applicable à ces établissements ainsi qu’à leur surveillance;
 d’analyser la situation du secteur financier et d’évaluer les risques
systémiques;
 de veiller à la mise en œuvre de toutes mesures pour prévenir les
risques systémiques et en atténuer les effets;
 et de coordonner la coopération et l’échange d’informations avec les
instances chargées de mission similaires à l’étranger.

140
SECTION 5: la loi bancaire de 2014
 de déterminer les établissements financiers ayant une importance
systémique (// TD) et de coordonner la réglementation commune
applicable à ces établissements ainsi qu’à leur surveillance;
 d’analyser la situation du secteur financier et d’évaluer les risques
systémiques;
 de veiller à la mise en œuvre de toutes mesures pour prévenir les
risques systémiques et en atténuer les effets;
 et de coordonner la coopération et l’échange d’informations avec les
instances chargées de mission similaires à l’étranger.

141
SECTION 5: la nouvelle loi bancaire de 2019

L’évolution de l’environnement national et international a imposé


une refonte de la loi bancaire de 2006. La loi bancaire 40-17
portant statut de Bank Al-Maghrib a été promulguée le 21 juin 2019
après avoir été adoptée par la Chambre des Représentants et la
Chambre des Conseillers (voir documents annexes de Bank Al-
Maghrib). Cette loi qui va commencer à entrer progressivement en
vigueur dans les prochains mois a comme objectifs notamment:
 La consécration de la pleine indépendance de la Banque centrale en
matière de politique monétaire
 L’élargissement des missions de l’Institut d’émission pour englober
notamment les aspects liés à la stabilité financière
 La consécration des principes de bonne gouvernance

142
CHAPITRE V:

La politique monétaire

143
Introduction
« La politique monétaire désigne l’ensemble des moyens mis en
place pour contrôler la croissance monétaire au niveau d’un pays
ou d’un ensemble de pays ayant la même monnaie ».
A travers la politique monétaire, les autorités monétaires (banque
centrale) cherchent donc à contrôler la croissance de la masse
monétaire de façon à assurer une bonne adéquation entre la
quantité de monnaie en circulation (MV) et les besoins des agents
économiques (PIB).
« La quantité de monnaie en circulation dans une économie ne
doit être ni trop faible car les agents économiques seront obligés
de limiter leurs activités économiques (consommation,
production, investissement), ni trop abondante car elle mettrait à
la disposition de ces mêmes agents un pouvoir d’achat bien
supérieur à la quantité de biens disponibles, ce qui pourrait
provoquer une hausse des prix ». 144
Introduction

Une stratégie de politique monétaire est l’articulation cohérente


d’un objectif final, d’un objectif intermédiaire, et de plusieurs
instruments ».
Les objectifs de toute politique économique sont:
 la croissance,
 le plein emploi,
 la stabilité des prix
 et l’équilibre extérieur (pas de déficit structurel).
C’est la recherche du fameux « carré magique »
La politique monétaire, à l’instar de la politique budgétaire,
représente l’un des principaux instruments de la politique
économique et contribue à la réalisation de ces objectifs finals.

145
Introduction

Ces différents objectifs sont tous souhaitables mais difficiles à


atteindre ensemble et en même temps.
Il faut donc choisir entre ces objectifs:
 Dans les années 60, l’objectif était plutôt la croissance économique.
La politique monétaire était donc plus laxiste par rapport à l’objectif
de stabilité des prix.
 Mais peu à peu, les taux d’inflation ont augmenté pour passer à deux
chiffres à la fin des années 70.
 A partir du début des années 80, c’est l’objectif de stabilité des prix
qui est devenu prioritaire pour un grand nombre de banques centrales
(taux d’inflation légèrement inférieur à 2 %). Ce recentrage de la
politique monétaire sur un objectif prioritaire découle à la fois de
considérations empiriques (résultats des politiques monétaires
expansionnistes menées par le passé) et théoriques (Ecole
monétariste).

146
Introduction

En effet, la plupart des politiques monétaires expansionnistes


menées par le passé dans plusieurs pays se sont soldées par des
résultats décevants tant au niveau de l’emploi, de la croissance,
de l’équilibre extérieur que de l’inflation.

Sur le plan théorique, l’affectation à la politique monétaire d’un


objectif prioritaire de stabilité des prix trouve son origine dans les
thèses monétaristes, qui ont été adoptées par plusieurs pays
industrialisés dans les années 80 (Grande Bretagne, Etats-Unis),
et qui avancent que la monnaie est neutre sur le long terme, et
que toute variation de la quantité de monnaie n’a d’impact que
sur le niveau général des prix: (« l’inflation est toujours et
partout un phénomène monétaire », Milton Friedman).

147
Introduction

Toutefois, la politique monétaire peut-être utilisée, en


coordination avec d’autres politiques (budgétaire…), surtout dans
le cas de baisse passagère de l’activité économique pour
contribuer à la réalisation des autres objectifs de la politique
économique générale à condition que cela ne se fasse pas au
détriment de l’objectif prioritaire de stabilité des prix.

148
Section 1: les objectifs de la politique monétaire
(Cadre stratégique de la politique monétaire)

Actuellement, la politique monétaire, comme toute politique


économique, vise donc la réalisation du fameux « carré
magique », tout en ayant un objectif final principal qui est la
stabilité des prix.
Dans le cadre de la politique monétaire, les autorités monétaires
disposent de plusieurs instruments pour atteindre cet objectif
prioritaire qui est le maintien du pouvoir d’achat de la monnaie
(stabilité interne de la monnaie).

Instruments Objectifs finals


(stabilité des prix,croissance)
Section 1: les objectifs de la politique monétaire
(Cadre stratégique de la politique monétaire)

Dans la mesure où il est très difficile d’établir une relation directe


et précise entre les instruments et les objectifs finals, les
autorités monétaires intercalent entre les instruments et les
objectifs finals de la politique monétaire des objectifs
intermédiaires.
Les objectifs intermédiaires correspondent à des variables
monétaires que les instruments de la politique monétaire peuvent
influencer, Ces objectifs intermédiaires ont à leur tour un lien
causal avec l’objectif final, ce qui permet d’atteindre plus
efficacement l’objectif final.
Pour être considérée comme objectif intermédiaire, une variable
monétaire doit satisfaire à trois critères:

150
Section 1: les objectifs de la politique monétaire
(Cadre stratégique de la politique monétaire)

 Tout d’abord, l’objectif intermédiaire doit être contrôlable:


la banque centrale doit être en mesure de contrôler l’évolution
d’une variable pour qu’elle devienne un objectif intermédiaire.
La cible intermédiaire doit donc réagir rapidement aux
manipulations des instruments: par exemple, si l’objectif
intermédiaire s’éloigne de sa croissance prévue, la banque
centrale doit être en mesure de corriger sa trajectoire, par le
biais des instruments utilisés.
 Le deuxième critère est que l’objectif intermédiaire doit avoir
un impact effectif sur l’objectif final (relation stable entre
objectifs intermédiaire et final).
 Enfin, son évolution doit être facilement mesurable et connue
dans des délais rapides (disponibilité statistique)

151
Section 1: les objectifs de la politique monétaire
(Cadre stratégique de la politique monétaire)

Par conséquent, le choix d’un ou de plusieurs objectifs


intermédiaires dépend de leur capacité à remplir simultanément
les trois conditions mentionnées ci-dessus.
Quelles sont donc les variables monétaires retenues en tant
qu’objectifs intermédiaires ?
Deux principales variables: le taux de change et les agrégats
monétaires ont été le plus utilisées de manière individuelle ou
combinée comme objectifs intermédiaires.
Actuellement, les politiques monétaires choisissent de plus en
plus comme objectifs intermédiaires le suivi d’indicateurs relatifs
à la sphère réelle et à la sphère financière (Évolution de la
demande globale, prix des actifs, prix à l’importation etc..) qui
permettent de mesurer les tendances inflationnistes en
identifiant les différents facteurs de pression inflationniste (voir
section sur l’évolution récente de la politique monétaire).
152
Section 1: les objectifs de la politique monétaire
(Cadre stratégique de la politique monétaire)

Instruments Objectifs finals

Objectifs intermédiaires
Section 1: les objectifs de la politique monétaire
(Cadre stratégique de la politique monétaire)

le taux de change
Le taux de change exprime le prix d’une monnaie nationale par
rapport à une monnaie étrangère. Avec l’ouverture croissante des
économies sur l’extérieur, le taux de change est un objectif
intermédiaire qui a été de plus en plus privilégié par les autorités
monétaires.
Le taux de change remplit les conditions d’une bonne variable
intermédiaire:
 le taux de change est un indicateur facilement et rapidement
observable.
 Il réagit aux instruments de la banque centrale: par exemple
une hausse des taux d’intérêt augmente la rémunération des
placements en monnaie nationale, ce qui accroît la demande
de la monnaie nationale et par la même occasion provoque une
appréciation du taux de change.
154
Section 1: les objectifs de la politique monétaire
(Cadre stratégique de la politique monétaire)
 Il existe une relation entre les variations du taux de change et
l’objectif final de stabilité des prix surtout dans une économie
ouverte où la part des importations est relativement
importante: par exemple, l’appréciation du taux de change
suite à la hausse du taux d’intérêt a une influence directe sur
le prix des produits importés dont la baisse va se répercuter,
avec des délais plus ou moins longs, sur les prix internes donc
sur le niveau général des prix.
Un taux de change stable et fort a donc des effets favorables sur
la valeur interne de la monnaie car il diminue le prix des
importations et contribue de ce fait à la stabilité des prix.
Toutefois, la recherche d’une valeur externe stable et forte de la
monnaie peut avoir des effets négatifs sur la balance commerciale
(diminution du prix des importations et renchérissement du prix
des exportations) et sur l’investissement (taux d’intérêt élevé) et
affecter ainsi l’économie réelle (exemple: politique du Franc fort
suivie par la France avant la mise en place de l’euro)
155
Section 1: les objectifs de la politique monétaire
(Cadre stratégique de la politique monétaire)

L’agrégat de monnaie:
L’utilisation du taux de change comme cible intermédiaire s’est
souvent accompagnée d’un autre objectif intermédiaire: l’agrégat
de monnaie M1, M2 ou M3.
La croissance de la masse monétaire peut en effet servir
d’objectif intermédiaire puisque:
 la banque centrale a les moyens d’agir sur la création
monétaire (multiplicateur de crédit, diviseur de crédit) à
travers les instruments dont elles disposent.
 la variation de l’offre de monnaie n’a d’impact à long terme
que sur l’inflation (thèses monétaristes).
 De plus les agrégats de monnaie présentent des qualités
intrinsèques indéniables (observables, fiables, disponibles,
représentatifs et cohérents).
156
Section 1: les objectifs de la politique monétaire
(Cadre stratégique de la politique monétaire)

Dans la mesure où un excès de création monétaire peut être


inflationniste, le contrôle de la masse monétaire permettra
d’atteindre plus rapidement l’objectif final de stabilité des prix.
La question délicate qui se pose à ce niveau est celle du choix de
l’agrégat : faut-il retenir M1, M2 ou M3 comme objectif
intermédiaire ?
Il s’agit en fait de prendre l’agrégat:
 qui reflète au mieux la capacité globale de dépense des agents
non financiers (secteur détenteur de la monnaie)
 qui soit le mieux influençable par les instruments

 et le mieux corrélé avec l’objectif final (stabilité des prix).

157
Section 1: les objectifs de la politique monétaire
(Cadre stratégique de la politique monétaire)

Le choix de l’objectif intermédiaire: M1, M2 ou M3 diffère donc


selon les pays et selon les périodes au sein d’un même pays:
 la France, avant l’adoption de la monnaie unique, avait deux
objectifs intermédiaires: le taux de change et un agrégat
monétaire. La stratégie adoptée ensuite par la BCE repose sur
un objectif quantifié de stabilité des prix et sur deux piliers :
M3 et une batterie d’indicateurs sur les tendances
inflationnistes.
 le Maroc avait un seul objectif intermédiaire: M3 jusqu’en
1998-1999, M1 de 2000 à 2005; M3 en 2006. Depuis 2006, le
Maroc a adopté une approche multicritère.

158
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)

Pour atteindre les différents objectifs (intermédiaire(s) et final)


que nous venons de présenter, les autorités monétaires doivent
utiliser des instruments.

Quels sont ces instruments ?

Les instruments de la politique monétaire ont-il connu une


évolution dans le temps ?

159
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)
Le cadre opérationnel de la politique monétaire est l’ensemble
des instruments et procédures que la banque centrale met en
œuvre en vue de réguler la liquidité bancaire et piloter les taux
interbancaires ».
Dans le but d’assurer le contrôle de la croissance de la masse
monétaire, les autorités monétaires vont se munir d’un certain
nombre d’instruments pour agir sur la principale source de
création de monnaie, les crédits bancaires.
A ce titre, les autorités monétaires peuvent intervenir:
 soit directement en agissant sur la principale cause de la
création monétaire, les crédits bancaires (action sur les
quantités),
 soit indirectement en agissant sur la liquidité bancaire (action
sur les coûts).

160
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)

Il faut donc faire la distinction entre:


 les instruments directs de la politique monétaire : ceux qui
agissent de manière directe sur l’offre de crédits bancaires,
 et les instruments indirects: ceux qui agissent de manière
indirecte sur la distribution de crédit.
1. Les instruments de contrôle direct
Les instruments de contrôle direct sont des mesures:
 Soit ayant pour objet de contrôler directement le montant des
crédits accordés (encadrement du crédit ou rationnement du
crédit).
 Soit destinées à orienter l’offre de crédits dans la direction
désirée par les autorités monétaires (sélectivité du crédit)
161
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)
a) L’encadrement du crédit
« L’encadrement du crédit est une réglementation qui limite le
pouvoir de création monétaire des banques en définissant, par
rapport au volume antérieur de crédits accordés à la clientèle, les
conditions d’évolution. L’offre de crédit est ainsi limitée
réglementairement ».
Compte tenu de l’objectif intermédiaire fixé (taux
d’accroissement de l’un des agrégats monétaires), les autorités
monétaires imposent à chaque banque une norme de croissance
de ses crédits:
 Par exemple, les crédits octroyés par les banques commerciales
l’année N ont été de 400 milliards de dirhams.

.162
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)
 Pour l’année N+1, l’institut d’émission fixe le taux de progression
maximum des crédits à 10 % (soit une augmentation des crédits de 40
milliards de dirhams) par rapport à ceux de l’année N, soit une
enveloppe globale maximale des crédits à accorder à l’économie au
cours de l’année N+1 égale à 440 milliards de dirhams.
Tout dépassement du plafond fixé à chacune des banques fait
l’objet de sanctions. Les sanctions pouvaient prendre trois
formes :
 Constitution de réserves supplémentaires (non rémunérées) auprès de
l’institut d’émission.
 Coût plus élevé du refinancement, lorsque la banque fautive (c’est-à-
dire, celle qui a dépassé l’enveloppe qui lui a été fixée) doit se
procurer de la monnaie centrale auprès de la banque centrale.
 Abaissement du plafond de réescompte de la banque en infraction.
163
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)

Le système de rationnement du crédit est particulièrement


efficace:
 dans le cadre d’une économie d’endettement où sévit une forte
inflation. (l’encadrement du crédit est particulièrement inefficace
dans le cadre d’une économie de marché, parce que les entreprises se
financent principalement au niveau du marché financier)
 lorsqu’il est utilisé de manière temporaire et non permanente.
L’institut d’émission dispose de deux manières pour agir sur la
création monétaire: soit indirectement essentiellement à travers
le coût de la liquidité, soit directement à travers les crédits
bancaires, principale contrepartie de la masse monétaire.

164
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)

Mais dans une économie d’endettement où l’inflation est élevée, le


recours aux instruments indirects présente un certain nombre
d’inconvénients:
 l’augmentation du coût de la liquidité ne peut enrayer rapidement et
efficacement les fortes tensions inflationnistes car cela suppose de la
part de la banque centrale une hausse très importante du taux de
refinancement.
 la transmission de cette hausse du taux de refinancement aux taux
débiteurs pratiqués par les banques nécessite un certain délai.
 De plus, dans une économie d’endettement se pose le problème de
l’élasticité de la demande de crédits dans la mesure où les entreprises
ne disposent pas d’autres moyens de financement externe.
 Enfin, il existe un risque de conflits entre objectifs internes d’une
part, et entre objectif interne et objectif externe d’autre part
(stabilité du taux de change et équilibre extérieur).
165
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)

Dans un tel contexte, il est préférable de recourir à


l’encadrement du crédit dans la mesure où:
 cet instrument a un impact immédiat sur l’inflation,

 Il n’entraîne pas de hausse excessive des taux d’intérêt

 Et permet donc d’éviter les conflits entre objectifs internes d’une


part, et entre objectifs interne et externe d’autre part.

166
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)

Toutefois, l’utilisation de l’encadrement du crédit sur une longue


période engendre plusieurs inconvénients :
 l’encadrement du crédit entrave la concurrence entre banques en
cristallisant leur part de marché (leur part de marché en valeur
relative dans le total des crédits accordés en T est égale à celle en
T-1), ce qui est de nature à défavoriser les banques les plus
dynamiques.
 Il est peu favorable aux financements des PME/PMI. Dans le cas d’une
limitation des crédits, les banques accordent la priorité à leur
meilleure clientèle à savoir les grandes entreprises.
 Il est peu favorable aux entreprises et secteurs d’activité dynamiques
(en pleine croissance).

167
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)

 Il incite les banques et les entreprises à contourner les contraintes du


rationnement du crédit à travers:
• la mise en place de nouveaux moyens de financement (exemple
des billets de trésorerie),
• La création de filiales prenant la forme de sociétés de
financement,
• Le financement à l’étranger pour les entreprises dans les pays où il
n’y a pas de contrôle des changes.
Compte tenu de toutes ces limites, l’encadrement du crédit a été
définitivement supprimé au Maroc en 1991.

168
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)

b) La sélectivité du crédit
La politique sélective du crédit est notamment mise en place par
les autorités monétaires pour atténuer certaines des rigidités
découlant de l’encadrement du crédit. La sélectivité du crédit
est une procédure qui permet d’orienter les crédits accordés à
l’économie vers des agents (Etats, PME/PMI, …) ou des domaines
d’activités (exportations, logement, agriculture, hôtellerie, …)
jugés prioritaires, et ce de façon incitative et/ou contraignante.

169
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)

Ces financements peuvent transiter par le système bancaire ou par


des institutions financières spécialisées créées à cet effet
(exemple pour le Maroc des ex-OFS : CIH, BNDE, CNCA,…).
Les mesures d’ordre incitatif peuvent prendre plusieurs formes :
 Absence de rationnement de ce type de crédits (crédits non encadrés
en période de rationnement de crédit).
 Les effets représentatifs de ces crédits peuvent être réescomptés par
les banques auprès de la banque centrale hors plafond de réescompte.
 Le taux de réescompte appliqué à ces effets est inférieur au taux de
réescompte normal.

170
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)

Les mesures d’ordre contraignant ont pris essentiellement la forme:


de crédits imposés aux banques à des taux privilégiés (taux inférieurs
aux taux du marché) sous forme d’emplois obligatoires (différents
portefeuilles minimums).
Dans la pratique, afin d’orienter les crédits dans les directions
souhaitées, les autorités monétaires ont utilisé simultanément des
mesures incitatives et contraignantes.
La sélectivité du crédit permet de contrôler les types de crédits et
de cibler les bénéficiaires (agents ou secteurs), mais cet
instrument direct ne constitue pas un moyen de contrôler la
masse monétaire.

171
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)

2. Les instruments de contrôle indirect


A travers les instruments indirects de la politique monétaire, les
autorités monétaires visent à contrôler la création monétaire non
plus à partir d’une limitation réglementaire des crédits mais
plutôt à travers une action indirecte sur la quantité et/ou le coût
de la liquidité bancaire qui à son tour va agir sur l’offre ainsi que
sur la demande de crédits.
a. Le réescompte
Le réescompte est une procédure de refinancement hors marché
(relation bilatérale) à l’initiative des banques.
C’est une technique par laquelle la banque centrale fournit de la
monnaie centrale à une banque, moyennant le paiement d’un
intérêt, le taux de réescompte, qu’elle fixe de manière
unilatérale. 172
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)

2. Les instruments de contrôle indirect


A travers les instruments indirects de la politique monétaire, les
autorités monétaires visent à contrôler la création monétaire non
plus à partir d’une limitation réglementaire des crédits mais
plutôt à travers une action indirecte sur la quantité et/ou le coût
de la liquidité bancaire qui à son tour va agir sur l’offre ainsi que
sur la demande de crédits.
a. Le réescompte
Le réescompte est une procédure de refinancement hors marché
(relation bilatérale) à l’initiative des banques.
C’est une technique par laquelle la banque centrale fournit de la
monnaie centrale à une banque, moyennant le paiement d’un
intérêt, le taux de réescompte, qu’elle fixe de manière
unilatérale. 173
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)

Cette méthode de refinancement repose sur deux éléments:


 le plafond de réescompte qui vise un effet quantité
 et le taux de réescompte qui vise un effet prix.
Les banques commerciales subissent un certain nombre de fuites
sous forme de monnaie centrale:
 Lorsqu’elles sont obligées de recourir à la banque centrale pour
satisfaire leurs besoins en monnaie centrale, on dit que les banques
sont en banque parce que la satisfaction de leurs besoins nets en
monnaie centrale est tributaire de la banque centrale.
 Lorsque les banques arrivent à satisfaire leurs besoins nets (excédents
nets) en monnaie centrale sans recourir à l’institut d’émission, on dit
que les banques sont hors banque.

174
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)

Dans le but de contrôler la création monétaire, la banque centrale


fixe:
 un plafond de réescompte, et
 les effets pouvant être réescomptés pour chaque banque, ce qui limite
de ce fait la quantité de monnaie centrale qu’elle peut obtenir.
Afin de dissuader les banques de dépasser les plafonds qui leur
sont fixés, la banque centrale, en fonction de l’ampleur du
dépassement, applique des taux de réescompte supérieurs au taux
normal, appelés taux d’enfer et taux de super enfer.

175
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)

En fonction de l’orientation donnée à la politique monétaire, les


autorités monétaires agissent donc sur les plafonds de réescompte
et/ou le taux de réescompte.
Les variations des volumes et du coût du refinancement des
banques commerciales sont censées se répercuter sur leur
pouvoir de création monétaire (l’offre de crédits) et sur leurs taux
d’intérêt débiteurs (impact sur la demande de crédits; même les
banques deviennent réticentes quant à l’octroi des crédits car cela devient de plus
en plus risqué; en effet, le risque d’insolvabilité devient plus élevé).

La technique de réescompte n’est efficace que si le système


bancaire est en banque car dans le cas inverse un tel instrument
est inopérant.

176
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)

b. La réserve monétaire
La réserve monétaire est un instrument de nature réglementaire
dans la mesure où sa constitution est obligatoire (d’où parfois
l’appellation de réserve obligatoire).
En effet, les banques commerciales sont tenues de détenir sous
forme de dépôts (non rémunérés depuis le 19 décembre 2013)
disponibles auprès de la banque centrale un pourcentage
minimum (2% depuis le 24 septembre 2019) de leurs
exigibilités libellées en dirhams (total des comptes courants
créditeurs, …).

177
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)
La réserve monétaire représente une fuite institutionnelle ou
facteur non autonome de la liquidité bancaire qui réduit la
liquidité bancaire. Toute modification du taux et/ou de l’assiette
de la réserve monétaire (éléments servant de base au calcul de la
réserve monétaire) influence donc le pouvoir de création
monétaire des banques à travers un effet quantité et un effet
prix:
 une diminution du taux et/ou de l’assiette de la réserve monétaire
accroît les avoirs excédentaires en monnaie centrale des banques, ce
qui permet d’augmenter leur offre de crédits (capacité théorique à
travers le multiplicateur de crédit).
 La diminution de la réserve monétaire (taux et/ou assiette) se traduit
également par un allègement du coût des ressources des banques (la
réserve monétaire est très faiblement rémunérée ou pas rémunérée)
qui peut les inciter à réduire leurs taux d’intérêt débiteurs d’où un
effet favorable sur la demande de crédits.
178
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)
 Un des principaux avantages de cet instrument est son action directe
et immédiate sur l’excédent de liquidité bancaire et par conséquent
son extrême efficacité à rendre le système bancaire en banque (en
créant un besoin de refinancement durable) en cas de surliquidité
suite par exemple à un afflux massif de devises.
c. Les avances
Les avances sont des crédits (moyennant des garanties) en
monnaie centrale que la banque centrale octroie, sur le court
terme (par exemple, avances à 7 jours sur appel d’offres), aux
banques qui en expriment le besoin.
Au Maroc, ces avances se présentent actuellement sous deux
formes :
1. les avances à 7 jours sur appel d’offres à l’initiative de la banque
centrale sont les opérations principales. L’institut d’émission effectue,
à intervalle de temps régulier (tous les mercredis), un appel d’offres

179
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)

auquel les banques répondent en exprimant leurs besoins (quantité de


monnaie centrale).
Depuis la suppression de la technique de réescompte en 1995, les
avances à 7 jours sur appel d’offres constituent le mode principal
d’alimentation des banques en monnaie centrale, lorsque le système
bancaire est en banque.
Le taux des avances à 7 jours sur appels d’offres (2% actuellement,
depuis la décision du Conseil de BAM du 17 mars 2020) fixé par la
banque centrale constitue le taux directeur de la banque centrale.

180
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)
2. Les avances à 24 heures sur initiative des banques: ces avances
sont venues remplacer les avances à 5 jours sur l’initiative des
banques qui ont été supprimées le 31 décembre 2004.
A l’origine, c’est-à-dire de 1995 jusqu’au 31 décembre 2004, les
avances à 24 heures avaient pour objectif principal de permettre
aux banques de couvrir en fin de journée l’éventuel solde débiteur
de leurs comptes ordinaires auprès de la banque centrale. Le taux
appliqué à ces avances était supérieur à celui des avances
à 5 jours.
Mais, depuis le 31 décembre 2004, les avances à 24 heures
remplissent le rôle tant des anciennes avances à 5 jours que de
celles à 24 heures puisqu’elles ont pris la forme d’une facilité
permanente c’est-à-dire une possibilité offerte en permanence par
Bank Al-Maghrib aux banques, à leur initiative, de pouvoir
emprunter de la monnaie centrale pour une durée de 24 heures et
ce en vue de couvrir des besoins temporaires ou imprévus de
liquidité (monnaie centrale).
181
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)

 Ces concours sont accordés à un taux préétabli (3% actuellement) qui


est supérieur à celui des avances sur appel d’offres à 7 jours.
Le taux des avances à 24 heures à partir du 31 décembre 2004 est
donc le taux plafond des taux au jour le jour au niveau du marché
interbancaire.
Lorsque le système bancaire est en banque, la banque centrale
contrôle le coût de refinancement des banques sur le marché
interbancaire, à travers les modifications de son taux directeur.
Ce prix va influencer les taux débiteurs des banques et donc la
demande et l’offre de crédits.
En fonction de l’orientation donnée à la politique monétaire, la
banque centrale fera donc varier le volume et surtout le taux de
ses avances à 7 jours sur appel d’offres.

182
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)

Toutefois, cet instrument, comme la technique de réescompte,


n’est efficace que si le système bancaire est en banque.
En revanche, si le système bancaire est hors banque, la banque
centrale devra disposer d’autres instruments pour réguler la
liquidité bancaire et donc la création monétaire.
Ces instruments sont:
la réserve monétaire,

la reprise de liquidité à 7 jours,


la facilité de dépôt à 24 heures,


les swaps de change,


La vente de titres sur le marché secondaire,


 L’émission par la banque centrale de ses propres titres d’emprunt et


leur rachat
183
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)
d. La reprise de liquidité à 7 jours
La reprise de liquidité est une procédure offerte aux banques, sur
l’initiative de la banque centrale, de placer auprès d’elle, pour
une durée de 7 jours, leurs excédents de trésorerie en monnaie
centrale, sous forme de dépôts rémunérés à un taux de 2 %
(Directive du 13 avril 2011, et décision du Conseil de BAM du 16
décembre 2014). Les opérations de reprise de liquidité, à l’image
des avances à 7 jours, s’effectuent par voie d’appel d’offres
hebdomadaire.
A travers cet instrument, l’institut d’émission vise à éponger la
surliquidité bancaire.
La reprise de liquidité a à la fois un effet quantité et un effet prix
sur la liquidité bancaire. Cet instrument est surtout efficace
lorsque la surliquidité n’est pas très importante et qu’elle a un
aspect conjoncturel.
184
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)

e. La facilité de dépôt
La facilité de dépôt est une possibilité offerte aux banques par la
banque centrale, de pouvoir constituer à leur initiative, auprès
d’elle des dépôts rémunérés pour une durée de 24 heures.
Ces dépôts sont rémunérés à un taux préétabli (1% actuellement).
Le taux de rémunération de ces dépôts constitue le taux plancher
que l’institut d’émission fixe aux fluctuations des taux d’intérêt
interbancaires.
f. Les opérations de swap de change
Une opération de swap de change permet à la banque centrale
d’acheter (ou de vendre) aux banques de la monnaie nationale au
comptant contre devise et, simultanément, de la leur revendre
(ou de la leur racheter) à terme, à une date et à un taux de
change prédéterminés.
185
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)

Selon la circulaire du 13 avril 2011, cet instrument fait partie des


opérations de long terme dont la durée est supérieure à 7 jours,
et permet à la banque de premier rang de retirer de la monnaie
centrale ou d’en injecter, selon l’état de la liquidité bancaire.
e. Vente de titres sur le marché secondaire
Cet instrument consiste en l’achat ou en la vente ferme (c’est-à-
dire définitive) de titres publics (bons du Trésor) par la banque
centrale et à son initiative sur le marché interbancaire au taux du
marché au jour le jour.
Les opérations d’open market peuvent inclure également les
opérations temporaires telles que les opérations de pension
livrée.

186
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)

Si l’institut d’émission veut freiner la progression de la masse


monétaire, il va donc vendre des titres publics aux banques sur le
marché monétaire et recevoir en échange de la monnaie centrale.
Cette action a un effet quantité puisqu’elle se traduit par une
destruction de monnaie centrale.
Elle a également un effet prix parce qu’une baisse de l’offre de
monnaie centrale se traduit par une hausse du taux d’intérêt sur
le marché de la monnaie centrale. Le durcissement des conditions
de refinancement des banques touche la création monétaire aussi
bien à travers l’offre que la demande de crédit.
Cet instrument tend à devenir aujourd’hui l’instrument privilégié
d’intervention des banques centrales surtout au niveau des pays
où le marché des titres publics est très développé comme le
marché des bons du trésor aux Etats-Unis.
187
Section 2: les instruments de la politique monétaire
(Cadre opérationnel de la politique monétaire)

Cette technique présente deux avantages majeurs :

 Elle s’effectue aux conditions du marché: l’institut d’émission


intervient sur le marché des titres de créance négociable comme
n’importe quel agent, et effectue ses opérations au taux du marché.

 Les interventions de la banque centrale ne sont plus automatiques. La


banque centrale décide seule du moment et des montants de ses
interventions. Son comportement est difficile à prévoir, ce qui crée un
climat d’incertitude pour les banques et les incite à plus de prudence
dans leur gestion de trésorerie.

188
Conclusion

Les instruments directs et indirects de la politique monétaire


étaient considérés le plus souvent, lors de leur utilisation par le
passé, comme complémentaires: par exemple, l’encadrement du
crédit permettait de limiter directement la création monétaire, et
le réescompte permettait d’assurer le refinancement en monnaie
centrale des banques de second rang.
Par le passé, ces deux types d’instruments direct et indirect ont
donc coexisté au Maroc : encadrement du crédit, sélectivité du
crédit, mécanisme de réescompte et réserve monétaire.

189
Conclusion

Toutefois, au fur et à mesure de la libéralisation et du


développement des systèmes financiers (libéralisation du système
bancaire et développement des marchés de capitaux), les
autorités monétaires ont substitué les instruments indirects aux
instruments directs (suppression de l’encadrement du crédit).
De plus, on assiste, au sein même des instruments indirects de la
politique monétaire, à la diminution ou à la disparition des
instruments ayant un caractère réglementaire (suppression de la
technique de réescompte, diminution du rôle de la réserve
monétaire).

190
Section 3 : Évolution récente de la politique monétaire
au Maroc (1995 – 2019)

1. La refonte des modalités de refinancement des banques:


Plusieurs facteurs ont motivé l’abandon des instruments de
contrôle direct de la politique monétaire:
 Le développement important des crédits accordés par des institutions
non soumises à l’encadrement du crédit (OFS, sociétés de
financement).
 le développement important de la part des crédits non encadrés
distribuée par les établissements bancaires (crédits d’investissement,
crédits destinés à l’exportation,…) dans le cadre de la politique de
sélectivité du crédit.
 Les inconvénients, déjà cités, de l’encadrement du crédit et son
inefficacité par rapport à l’orientation donnée au système financier
marocain (réforme financière, libéralisation progressive des taux
d’intérêt, réforme bancaire, réforme boursière, réforme du marché
monétaire).
191
Section 3 : Évolution récente de la politique
monétaire au Maroc (1995 – 2019)
 L’utilisation des emplois obligatoires est en contradiction totale avec
les pratiques de marché, qui supposent une allocation rationnelle des
ressources en fonction des conditions du marché et non de manière
autoritaire (administrative, réglementaire). De plus, ces emplois
constituent un coût pour les banques qui se répercute sur les taux
d’intérêts débiteurs.
 La meilleure maîtrise de l’inflation.
 La création d’un nouveau moyen de financement à travers le marché
des capitaux avec l’émission des billets de trésorerie à partir de 1986.
Plusieurs facteurs ont également motivé l’abandon de la
technique de réescompte:
 La technique de réescompte est une procédure très lourde à gérer et
dépassée par rapport à la logique de marché dominante.
 De plus, l’introduction du réescompte hors plafond et à des taux
d’intérêt privilégiés a remis en cause l’efficacité de cette technique.192
Section 3 : Évolution récente de la politique
monétaire au Maroc (1995 – 2019)

En 1995, on assiste à la refonte globale des modalités de


refinancement des banques auprès de Bank Al-Maghrib avec la
suppression définitive de la technique de réescompte:.
 Dorénavant, le refinancement des banques auprès de l’institut
d’émission se fera essentiellement à travers la procédure des avances
sur le marché interbancaire.
 Il est également prévu la possibilité d’effectuer des opérations
d’open market (Achat/Vente de titres sur le marché secondaire depuis
le 13 avril 2011), et d’utiliser la réserve monétaire.

2. Le cadre stratégique de la politique monétaire


a. De 1995 à 2006:
Pour atteindre l’objectif prioritaire de stabilité des prix, les
autorités monétaires marocaines vont agir sur la masse monétaire
et donc sur la création monétaire.
193
Section 3 : Évolution récente de la politique
monétaire au Maroc (1995 – 2019)

Elles vont se fixer un objectif intermédiaire de croissance


monétaire (taux unique ou fourchette de taux) compatible avec
les taux d’accroissement prévus du PIB réel (potentiel) et de la
vitesse de circulation de la monnaie d’une part, et d’autre part
avec l’objectif de stabilité des prix.
Exemple: si les taux d’accroissement prévisionnels du PIB réel
(potentiel) et de la vitesse de circulation de la monnaie sont
respectivement de 6 % et de -1 % d’une part et si d’autre part les
autorités monétaires visent un taux d’inflation de l’ordre de 2 %,
alors, l’objectif de croissance de l’agrégat monétaire choisi comme
objectif intermédiaire devrait se situer aux alentours de 9 % (…).

MV = PIB nominal
∆M + ∆V = ∆P + ∆PIB réel
9 % + (-1 %) = 2 % + 6 %
194
Section 3 : Évolution récente de la politique
monétaire au Maroc (1995 – 2019)

b. Fin 2006 à aujourd’hui: nouveau cadre stratégique


A partir de la fin de 2006, le nouveau cadre stratégique
correspond à une approche multicritère: « approche qui permet à
travers le suivi d’indicateurs relatifs, d’une part, à la sphère
réelle et, de l’autre à la sphère financière, d’identifier les
différents facteurs de pressions inflationnistes »
Le suivi de l’évolution de la demande globale, des pressions sur
les capacités de production, des conditions monétaires et prix des
actifs (par exemple, prix à l’importation) permet de réaliser des
prévisions de l’inflation (aujourd’hui sur un horizon de six
trimestres), et d’établir un diagnostic des risques inflationnistes.

195
Section 3 : Évolution récente de la politique
monétaire au Maroc (1995 – 2019)

Instruments Objectif intermédiaire Objectifs finals

- Avances à 7 jours MM, M3, M1, STABILITE DES PRIX

(Taux directeur) puis M3 en 2006 Croissance


- Avances à 24 heures Plein emploi
- Reprise de liquidité à 7 jours Équilibre extérieur
- Facilité de dépôt à 24 heures
- Achat/Vente de titres sur le marché secondaire
- Swap de change
- Pension livrée
- Prêt garanti
- Titres d’emprunt (23/11/05)
- Réserve monétaire
Section 3 : Évolution récente de la politique
monétaire au Maroc (1995 – 2019)
Au cours des dernières décennies, la banque centrale a pu
maîtriser et consolider l’objectif prioritaire de stabilité des prix:
A l’exception des années 1995, 2006 et 2008, le taux d’inflation est
toujours resté inférieur ou égal à 3 %, soit sur l’ensemble de la
période un taux d’inflation moyen de l’ordre de 1,9 % même en tenant
compte des années 1995, 2006 et 2008.
Cette maîtrise de l’inflation a amené les autorités monétaires, au
cours de ces dernières années à chercher à atteindre à la fois
l’objectif prioritaire de stabilité des prix (cadre institutionnel de
la politique monétaire chapitre II, section I, article 6 du statut de
la banque centrale du 23/11/05), et l’objectif de croissance afin
de contribuer à la création de conditions favorables à une
croissance économique soutenue et équilibrée

197
Section 3 : Évolution récente de la politique
monétaire au Maroc (1995 – 2019)
A cet effet, la banque centrale a baissé de manière régulière son taux
directeur sur la période 1995 – 2020 : le taux des avances à 7 jours
sur appel d’offres est passé de 7 % en 1995 à 2,25 % en mars 2016 et
2% en mars 2020, et ce dans le but d’assouplir les conditions de
financement de l’économie (politique monétaire accommandante).
Toutefois, les résultats obtenus en matière d’amélioration des
conditions de financement de l’économie marocaine ne sont pas
aussi satisfaisants que les résultats en matière de stabilité des
prix:
les banques n’ont pas répercuté immédiatement et intégralement la
diminution du taux directeur sur la baisse de leurs taux d’intérêt
débiteurs (contrairement à leur comportement en matière de taux
d’intérêt créditeurs), ce qui entrave surtout le financement des PME
et des TPE et affecte la croissance.
Seule une plus grande concurrence entre établissements
bancaires d’une part, et, d’autre part, entre ces derniers et le
marché est de nature à exercer une plus grande pression à la
baisse sur les taux d’intérêt. 198
Section 3 : Évolution récente de la politique
monétaire au Maroc (1995 – 2019)

2. Le cadre opérationnel de la politique monétaire


Afin d’atteindre l’objectif intermédiaire de croissance monétaire
et donc celui de stabilité des prix, la banque centrale va agir à
travers les différents instruments dont elle dispose.
Il est possible de distinguer trois grandes phases concernant
l’évolution des instruments utilisés en fonction de la situation du
système bancaire :
 1995 – 1999 (premier semestre) : Système bancaire en banque, la
banque centrale a pu réguler la liquidité bancaire grâce aux avances
(principalement les avances à 7 jours sur appel d’offres) et à son taux
directeur (celui des avances à 7 jours sur appel d’offres).
 1999 (second semestre) : Système bancaire hors banque, suite à
l’attribution de la deuxième ligne GSM, d’où l’utilisation pour la
première fois par Bank Al-Maghrib de l’open market et d’un nouvel
instrument, la reprise de liquidité en vue d’éponger la surliquidité
bancaire.
199
Section 3 : Évolution récente de la politique
monétaire au Maroc (1995 – 2019)
2000 – février 2007 : les banques étaient la plupart du temps hors
banque suite à l’ouverture du capital de Maroc Telecom en 2001 /
2006, la privatisation de la Régie des Tabacs en 2003, aux transferts
des MRE ainsi qu’à l’accroissement des devises provenant du tourisme
durant toute cette période.
Malgré l’utilisation de l’ensemble de son portefeuille de bons du trésor
(dans le cadre de la politique d’open market) et de la reprise de
liquidité de manière quasi-permanente, la banque centrale n’est pas
parvenue à assécher l’excès de liquidité bancaire, d’où
l’augmentation à deux reprises du taux (taux qui est resté inchangé
pendant une dizaine d’années) de la réserve monétaire en décembre
2002 (10 % à 14 %) puis en septembre 2003 (14 % à 16,5 %).

200
Section 3 : Évolution récente de la politique
monétaire au Maroc (1995 – 2019)

Dans le but de juguler cet excédent de monnaie centrale, Bank Al-


Maghrib, a utilisé pour la première fois à la fin de l’année 2003 un
nouvel instrument, le swap de change d’une part, et d’autre part
réformé les opérations de reprise de liquidité (reprise de liquidité sur
appel d’offres pour une durée de 7 jours) et mis en place la facilité de
dépôt à 24 heures.
Le dispositif d’instruments a été enrichi (23/11/05) par la possibilité
offerte à la banque centrale, d’émettre des titres d’emprunt (c’est à
dire racheter ses propres titres), et d’effectuer des opérations de
pension livrée et de prêt garanti.
 Mars 2007 – jusqu’à aujourd’hui: système bancaire en banque:
avances à 7 jours sur appel d’offres avec une baisse progressive du
taux directeur surtout en fin de période (sauf entre septembre 2008
et mars 2009); baisse progressive du taux de la réserve monétaire;
opérations de long terme sous forme de pension livrée et un peu plus
récemment de prêts garantis.
201
Conclusion
Il est difficile pour la politique monétaire d’atteindre à elle seule
de manière satisfaisante l’ensemble des objectifs : stabilité des
prix, croissance, plein emploi, et équilibre extérieur, d’où
l’attribution à la politique monétaire d’un seul objectif prioritaire
à partir du début des années 80, celui de la stabilité des prix.
La politique monétaire présente un certain nombre de limites:
- le problème de conflits entre objectifs internes d’une part, et
d’autre part entre objectifs interne et externe, ainsi que l’impact
incertain de la politique monétaire sur les variables réelles.
- l’instabilité de la relation entre la monnaie et l’inflation qui est
apparue à partir des années 2000 suite à l’apparition de nouveaux
instruments financiers (TCN, titres d’OPCVM, Bons du Trésor)
comme actifs alternatifs à la monnaie…).
L’apparition de ces produits financiers a rendu de plus en plus
difficile la délimitation des contours de la masse monétaire et donc
le suivi de l’évolution de l’objectif intermédiaire, d’où le passage
202
à l’approche multicritère.

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