L'histoire d'Hildegarde de Bingen, sainte guérisseuse et pionnière de la naturopathie
Pionnière de la médecine monastique et de la pharmacopée naturelle, cette abbesse érudite et mystique est plus que jamais dans l'air du temps. Une histoire racontée par Virginie Girod*.
Passer la publicitéAujourd’hui, les naturopathes sont à la mode. Ils semblent renouer avec un savoir ancestral et une connaissance des plantes médicinales négligés par notre époque moderne. Il est vrai qu'au Moyen Âge, très loin du développement des grands groupes pharmaceutiques, les meilleurs médicaments se trouvaient… dans nos jardins. Encore fallait-il connaître les propriétés des fleurs et des racines.
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Au XIIe siècle, Hildegarde de Bingen aurait reçu ce savoir par la grâce de Dieu. La jeune fille intègre à l'adolescence un monastère bénédictin situé dans le Saint-Empire romain germanique. Depuis l'enfance, elle a des visions divines, et la vie monacale se dessine pour elle telle une vocation. Comme elle est riche et éduquée, elle grimpe vite les échelons de son ordre et devient prieure, puis abbesse à l'âge de 38 ans.
La culture de plantes médicinales
Peu après, Dieu lui intime de fonder deux nouveaux monastères pour femmes, l'un près du petit port de Bingen et le second sur l'autre rive du Rhin, à Eibingen. C'est là qu'Hildegarde se met à cultiver ses plantes médicinales et à fabriquer des décoctions et des onguents. Bien qu’elle affirme que ses connaissances lui sont envoyées par le Seigneur, elle a étudié toute la littérature à sa disposition, et parfois même des manuscrits centenaires ; sa maîtrise de la théorie des humeurs héritée de la médecine hippocratique l'atteste. Pour être en bonne santé, le corps devrait ainsi trouver son équilibre entre le chaud, le froid, le sec et l'humide. Cela passe par une alimentation adéquate et des remèdes aptes à corriger les excès.
Épaautre et pommes
Pour Hildegarde de Bingen, les céréales forment la base d'une alimentation équilibrée. Elle comprend qu'il faut privilégier l'épeautre, dont on sait aujourd'hui que sa composition est bonne pour les muscles grâce à sa richesse en oligoéléments. Elle recommande aussi les pommes, or il s'avère que la pectine a vraiment des effets sur le cholestérol. D'autres remèdes sont plus fantasques : la framboise serait une baie froide qui aurait une action contre la fièvre… Plus surprenant, Hildegarde connaît même les plantes exotiques, comme le galanga, venu d'Asie, pour traiter les problèmes de cœur et de circulation sanguine.
L'abbesse, perçue de son vivant comme une sainte guérisseuse, s'intéresse également à la lithothérapie, une pratique qui attribue des propriétés curatives aux pierres et aux cristaux. Ainsi, selon elle, déjà, les minéraux de couleur bleue auraient un pouvoir apaisant… Les préceptes d'Hildegarde ont inspiré toute une vague new age qui s'est développée dans les années 1970. Mais à son époque, pour ne pas être taxée de sorcellerie, la moniale se protège en invoquant Dieu. Ses recettes médicinales, conservées dans différents livres qu'elle a écrits selon la volonté de son Créateur, guérissent les malades, sauf s'Il en a décidé autrement…
La prophétesse est canonisée en 2012 par Benoît XVI, qui admirait son «écologie de l'humanité», mettant l'Homme au centre de la création divine. Il fait même d'elle une docteure de l'Église, une sainte dont les écrits font autorité. Elle rejoint alors un club très fermé en devenant la 35e auteure chrétienne honorée par ce titre pour avoir eu une main aussi verte qu'inspirée.
(*) Virginie Girod est docteure en histoire. Retrouvez-la dans le podcast Au cœur de l'histoire , d'Europe 1 Studio, sur votre plateforme d'écoute préférée.
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