Thèse - Gouvernance Territorielle - DMZ0904
Thèse - Gouvernance Territorielle - DMZ0904
Thèse - Gouvernance Territorielle - DMZ0904
Contact : [email protected]
LIENS
Par
Membres du jury :
Jacques SPINDLER
Professeur lUniversit Sophia Antipolis Nice
Guy SOLLE
Professeur lUniversit Paul Verlaine METZ
Henri BEGORRE
Professeur mrite de l'Universit Henri Poincar (ESSTIN) et
Maire de la commune de Maxville
A mon mari,
mes enfants.
mes parents,
ma soeur,
et mes frres.
2
Luniversit nentend donner aucune
approbation, ni improbation aux opinions
mises dans la thse, celles-ci devant tre
considres comme propres leur auteur.
3
Remerciements
REMERCIEMENTS
Recevez, Monsieur Mohamed BAYAD, mes plus sincres remerciements pour votre
grande disponibilit, votre enthousiasme et vos prcieux conseils. La confiance que vous mavez
accorde ainsi que nos nombreuses discussions mont permis de progresser et de mieux
apprhender les diffrentes facettes du mtier denseignant-chercheur. Soyez assur, Monsieur,
de toute mon estime et de mon profond respect.
Au Professeur Guy SOLLE, je suis trs touche de lhonneur que vous me faites en
acceptant de juger ce travail. Veuillez accepter mes plus sincres remerciements pour votre
prsence dans ce jury et soyez assur, Monsieur, de tout mon respect et de ma profonde
gratitude.
En tant que Maire de la ville de Maxville et Professeur, Henri BEGORRE, se doit tre
remerci vivement pour laccueil quil ma rserv dans son cabinet, sa disponibilit et les
prcieuses informations que jai pu collecter lors de mon enqute. Vous nous faites un grand
honneur en acceptant de participer au jury de cette thse.
Cette recherche doit beaucoup lensemble des Maires et lus de la Commune Urbaine
du Grand Nancy. Sans tre exhaustive, mes remerciements vont tout particulirement Monsieur
Michel DINET Prsident du Conseil Gnral de la Meurthe-et-Moselle pour sa disponibilit et
ses conseils si prcieux qui mont permis de parfaire les outils dinvestigation et de raliser
lenqute de recherche.
Je renouvelle mes vifs remerciements mes amis Isabelle et Jean Pierre pour leurs aides et leurs
encouragements tout au long de ce travail.
Je ne peux oublier tous ceux qui mont soutenu et mont encourag dans les moments critiques.
4
Remerciements
Ma pense va mes parents, ma sur et mes frres qui mont donn le sens de la persvrance,
et qui je voue un amour incommensurable. Quils retrouvent dans ce travail ma plus profonde
reconnaissance pour leurs soutiens inestimables.
Tous les mots ne pourront tmoigner toute ma reconnaissance et sentiments les plus dvous
mon cher mari qui a support pendant toutes les annes passes le stress et tous les sacrifices
sans limites. Je ne le remercierai jamais assez de tout ce quil ma fait et continue faire pour
moi.
5
Rsum
RSUM
Cette thse est consacre ltude de limplication des acteurs dans le processus de la
gouvernance territoriale. Elle met en uvre une recherche empirique qui permet, au travers de la
dmarche de triangulation, dexplorer le rle des acteurs dans la gestion de leur territoire.
Une analyse thorique des principaux concepts lis la gouvernance territoriale permettra de
mettre en vidence un cadre conceptuel adapt ltude des outils dont disposent les acteurs pour
favoriser une gouvernance territoriale. En effet, cette tude propose une approche intgrant les
diffrentes thories pour dterminer lensemble des facteurs qui permet aux acteurs de sinscrire
dans un contexte de gouvernance territoriale.
La recherche suggre aux acteurs territoriaux quun modle de gouvernance territoriale ne peut
tre considr comme universel. En revanche, elle peut tre investie au travers de certaines
caractristiques lies la rationalit, la coopration et au processus de prise de dcisions.
6
Rsum
ABSTRACT
This thesis is devoted to study the involvement of stakeholders in the process of territorial
governance. It uses an empirical research which, through the process of triangulation, to explore
the role of stakeholders in the management of their territory.
A theoretical analysis of main concepts related to the territorial governance will highlight a
conceptual framework adapted to the study of tools available to actors to promote a territorial
governance. Indeed, this study suggests an approach that integrates the various theories to
determine all the factors that allow players to register in a context of territorial governance.
The thesis introduced the project in terms of issues and methodology, through a survey of the 20
municipalities of the Meurthe and Moselle and a content analysis of various reports and internal
memoranda relating to a company located in a department of the North eastern France.
Research suggests that the territorial model of territorial governance cannot be considered as
universal. However, it can be invested through certain characteristics related to rationality,
cooperation and decision-making process.
7
Sommaire
SOMMAIRE
REMERCIEMENTS ____________________________________________________________ 4
RSUM ____________________________________________________________________ 6
SOMMAIRE __________________________________________________________________ 8
8
Introduction gnrale
INTRODUCTION GNRALE :
La gouvernance mdivale :
l'origine, au XIII sicle en France, les termes de gouvernance, gouverne et gouvernement,
ne semblaient pas vritablement distincts sur le plan smantique. Renvoyant toutes la
mtaphore du gouvernail d'un navire, ces notions signifiaient l'action de piloter quelque
chose .
9
Introduction gnrale
La gouvernance moderne :
C'est selon cette conception, plus lie l'ide de gestion qu' celle de pouvoir, que la
gouvernance va s'exporter vers le monde anglo-saxon, notamment les tats-Unis. Ainsi, se
nourrissant du pragmatisme amricain, la notion de Gouvernance va occuper une place de
choix dans l'analyse mthodique des politiques publiques, de la gestion, voire de la sociologie
des organisations. Le terme rejaillit dans les annes 1990 pour rfrer un pilotage
pragmatique des pouvoirs, tendant ainsi reconqurir son sens politique initial.
La gouvernance aujourd'hui :
Sans que cela soit le fait d'un thoricien ou d'une cole particulire, la notion de gouvernance
rapparat l'intrieur d'un courant de pense assez htroclite au dbut des annes 1990, qui
entend redfinir les processus classiques de prise de dcision en tenant compte de la
multipolarit naissante au sein d'un monde en pleine transformation.
En fait, avec la chute du mur de Berlin qui symbolisait la fin du monde bipolaire, il semblerait
que l'tat ait perdu son caractre central dans l'action politique, et ce, dans trois domaines
essentiellement : les relations internationales, les rgulations conomiques et le rapport aux
pouvoirs locaux.
Au cours des dernires dcennies, plus que dans la sphre politique, on s'est grandement
interrog sur la lgitimit de l'tat dans le domaine conomique. Ainsi, l'tat ne serait pas
seulement cette abstraction charge de maintenir lordre, de faire respecter les lois et
d'administrer les affaires publiques. Au-del de la suppose moralit objective qu'il
incarnerait (WEIL, 1966), il joue galement un rle important dans le jeu conomique. Les
questions touchant au rle et place de l'tat continuent d'alimenter les dbats, tout comme
les thmatiques lies la pertinence des politiques publiques et des programmes
gouvernementaux de mme qu' l'efficacit des administrations publiques n'ont cess
d'agiter tant les milieux politiques, syndicaux et conomiques que l'ensemble de la socit
civile.
Aujourd'hui plus que jamais, c'est d'un tat efficace capable de jouer un rle aux cts de
citoyens, de collectivits locales et des marchs, dans la fourniture quitable des biens qui
s'impose.
La persistance et l'ampleur des problmes conomiques que vivent les gouvernements l'chelle
plantaire semblent avoir conduit les dcideurs politiques un plus grand ralisme et on admet
qu'il est aujourd'hui important, voire fondamental, de dpasser ces considrations qui sont de
l'ordre des paradigmes et qui visaient jadis opposer l'tat et le march, alors qu'on devrait
10
Introduction gnrale
plutt les examiner dans une dynamique de partenariat et de collaboration (DE NEUFVILLE, 1987
; MORALES, 1994; LEVESQUE, 2001).
En effet, les exigences d'un environnement de plus en plus complexe et en perptuelle mutation,
les dfis poss par le dveloppement (lutte contre la pauvret, exigences en termes de scurit,
protection de la sant et de l'environnement, dveloppement des infrastructures dans un contexte
de rarfaction des ressources), requirent la mobilisation totale de diffrents acteurs. Cette
mobilisation, doit viser cultiver les atouts des uns et les qualits des autres et utiliser au
mieux les comptences de chacune des pallies afin de rpartir les risques et de partager les
bnfices communs (OSBORNE, 2000) pour le plus grand bien de la collectivit.
Dans ce contexte de crise de l'tat moderne, il est apparu ncessaire de repenser les rapports
entre les diffrents acteurs, que ce soit au sein des entreprises, dans les tats nationaux ou dans
le systme mondial. Cette nouvelle approche en terme de partenariat, de pluralit d'acteurs et
de pouvoirs multicentrs, rejette l'analyse classique des rapports de pouvoirs conus sur le
mode de la verticalit entre des autorits ordonnances de manire hirarchique. Elle privilgie
plutt l'analyse en rseaux, au sein desquels une pluralit d'acteurs changent et interagissent
sur le mode de la coopration ou de la concurrence, ce qui implique une nouvelle forme
procdurale la fois de la prise de dcision, mais aussi de l'action publique.
Il a donc t ncessaire de repenser la manire de gouverner et le rapport entre l'tat et la
socit.
En effet, dans un contexte de nolibralisme triomphant qui prne la rforme de l'tat, alors
que tendent se multiplier les niveaux de responsabilit partage et que la frontire entre
secteur priv et domaine public, entre intrt gnral et intrt particulier, le concept de
gouvernance suppose l'instauration de nouveaux modes d'laboration des politiques publiques,
centrs sur la ngociation et la coopration.
Ce concept conduit donc repenser les relations entre les diffrents acteurs conomiques,
sociaux et politiques sur le mode d'une interaction se fondant sur le principe, et l est
l'innovation, de la relativisation de la puissance publique diffrents niveaux, local, national
et international.
De mme, toutes les dfinitions donnes au concept de gouvernance mettent laccent sur
limplication des acteurs.
11
Introduction gnrale
Figure 1 Problmatique
12
Introduction gnrale
Positionnement de la recherche
Les conceptions de lpistmologie diffrent donc entre les approches normatives, descriptives ou
phnomnologiques. Toutefois, POPPER, PIAGET, EINSTEIN, HEISENBERG et HUSSERL
reconnaissance tous la contribution majeure lhistoire de la philosophie des sciences dun
ouvrage : la Critique de la Raison Pure de KANT (1781).
KANT parvient synthtiser cette histoire en quatre : Quel est lobjet que lon cherche tudier?
Quelle est lorigine de nos connaissances sur cet objet? Quelles sont les relations causales que
lon cherche mettre en vidence? Quelle mthode utiliser ? (figure 2).
PROBLEMATIQUE
LA QUESTION
DE RECHERCHE
THEORISATION OBJECTIVATION
LA CAUSALITE LOBJET DE
RECHERCHE
EXPERIENCE
LORIGINE DES
CONNAISSANCES
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Introduction gnrale
Linterprtativisme
Mthodologie de recherche
Lapprhension de lobjet de recherche, rle des acteurs, va se faire par le biais de deux
mthodes diffrentes, mais complmentaires.
La premire mthode est relative lapproche hypothtico-dductive. Celle -ci va du gnral
au particulier. La dtermination dune thorie de porte gnrale prcde la vrification dans
une situation particulire. La premire partie du processus de recherche est compose de
lexposition de la problmatique de recherche, de llaboration du cadre thorique, de
lnonciation des hypothses et de la spcification du cadre opratoire.
La deuxime mthode est relative aux mthodes qualitatives qui sont une mthode de recherche
utilise en sciences sociales, par exemple en sociologie, en ethnologie et anthropologie. Elles
laissent dlibrment de ct l'aspect quantitatif pour gagner en profondeur dans l'analyse de
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Introduction gnrale
l'objet d'tude. Pour cela diverses techniques sont mises en uvre. Les focus groups , l'analyse
de contenu, l'observation participative sont les plus importants.
Dans notre cas, on va sintresser lanalyse du contenu dun ct des diffrents discours,
tmoignages et apports des diffrents acteurs territoriaux interviews, et ce, dans le cadre dune
enqute et de lautre ct des rapports internes dune entreprise se situant au Nord Est de la
France. Faisant lobjet dune tude de cas illustratif des rsultats obtenus par lenqute.
1-La constitution :
Une analyse de contenu ncessite une slection de documents textuels ou visuels. Cette slection
est gnralement effectue en accord avec une question de recherche dtermine au pralable ou
en cherchant questionner un objet dont on a une ide gnrale pralable.
Les textes utiliss peuvent provenir de nombreuses sources : livres d'auteurs, rapports
administratifs, transcription d'entretiens ou de discours, de conversations, dialogues de films
2- Lecture :
Ensuite, lanalyse de contenu procde une lecture des documents. Cette lecture peut seffectuer
par ordinateur ou non.
3- Classification :
4- Interprtation :
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Introduction gnrale
Fonde sur les phases antrieures de la recherche, elle se prsente comme une prsomption
non gratuite portant sur le comportement des objets tudis.
En mme temps lhypothse servira aussi de fil conducteur, elle remplacera en quelque sorte la
question de dpart (qui ne devra pas tre oublie). Elle permettra de slectionner dans la
multitude des donnes du terrain, celles qui sont les plus pertinentes, c'est--dire leur efficacit
pour tester lhypothse.
Donc, en fait elle se prsente comme une proposition de rponse aux questions de recherche.
Ces rponses provisoires et sommaires guideront le travail de recueil et lanalyse des donnes
et devront en revanche tre testes, corriges et approfondies.
16
Introduction gnrale
17
Introduction gnrale
H 1 : Laction des acteurs est une dimension de la gouvernance qui est elle-mme une vision
de laction publique.
H 1-4 : Le territoire est une forme particulire de coordination entre acteurs, de cration de
valeurs et dmergence de ressources latentes.
H 2-2 : La gouvernance territoriale sapplique travers les liens et les interactions entre les
diffrents acteurs.
Il sagit de vrifier si :
La diversit des rseaux est lorigine de cette complexit.
Les conjonctures conomiques et sociales peuvent nuire la gouvernance territoriale,
Les discordances des dcisions entre acteurs sont lorigine de cette complexit.
18
Introduction gnrale
Cette partie a t consacre la dlimitation de notre objet de recherche. Elle est structure
autour de deux interrogations. Le premier chapitre porte sur lessence et dveloppement
conceptuel et thorique de la gouvernance territoriale. Nous abordons ainsi les diffrentes
dfinitions donnes au concept de la gouvernance et nous nous attachons le mettre en relation
avec la notion du territoire tout en le situant dans un contexte de management public et de
dmocratie.
Le second chapitre sera consacr aux diffrentes thories lies la gouvernance territoriale, la
recherche des facteurs de russite ou dchec de la gouvernance territoriale. En plaant la
dcision ainsi que ses modles au centre de cette recherche, nous nous efforons la mettre en
relation avec la rationalit et la coopration des acteurs pour expliquer le succs du processus de
la gouvernance territoriale. De mme, nous allons voir comment les conflits, multitudes des
rseaux et contraintes financires peuvent causer lchec du processus de la gouvernance
territoriale et proposer les solutions adopter.
La deuxime partie vise, en se basant sur les apports de la premire partie, de dfinir la fois le
rle dun acteur dans la gestion de son territoire et dterminer les modalits et procdures
dmocratiques qui prvalent dans cette gestion, et ce, dans un contexte territorial.
Cette thse sera couronne par une enqute exploratoire effectue auprs des acteurs territoriaux
des 20 communes de la Meurthe-et-Moselle, par une tude de cas, et au rapprochement entre les
conclusions thoriques et les rsultats statistiques de lenqute ainsi quaux propos des rapports
et notes internes dune entreprise se situant au Nord Est de la France (SOFADICOM).
Conclusion :
Dans la conclusion gnrale, nous reviendrons sur les principaux apports thoriques et
mthodologiques de la recherche, les rsultats mis en vidence, et les applications oprationnelles
de ces derniers. Nous soulignerons galement les diffrentes limites mthodologiques et
conceptuelles de ce travail, et nous conclurons sur les perspectives de recherches ultrieures.
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Introduction gnrale
20
Premire Partie Chapitre 1 : Essence et dveloppement conceptuel et thorique de la gouvernance territoriale
PREMIRE PARTIE
LAPPRHENSION DU CONCEPT DE LA
GOUVERNANCE TERRITORIALE DANS
UN CONTEXTE DE MANAGEMENT PUBLIC
CHAPITRE 1
CHAPITRE 2
CHAPITRE 3
21
Premire Partie Chapitre 1 : Essence et dveloppement conceptuel et thorique de la gouvernance territoriale
De mme, la notion de gouvernance est intimement lie un espace quon dsigne souvent du
territoire. Cest dans ce sens quil est impratif de dfinir le territoire en tant que champ
dapplication de la gouvernance avant dillustrer la relation entre la gouvernance et lapproche
territoriale. Cela ne va pas sans dfinir la notion du territoire.
Le territoire est un espace quil a fallu parfois conqurir puis dfendre. Ses limites ont pu varier
dans le temps : le territoire est le fruit de lHistoire, un espace patrimonial.
Inversement, les caractristiques physiques du territoire, sa position dans lespace mondial, sa
protection ou non par des obstacles naturels, ont influ sur le cours de ses relations au monde
extrieur et son destin.
Le territoire simpose aussi comme un construit social permanent, en constante appropriation.
Dans ce sens, il peut tre apparent un systme dynamique complexe. Il se construit ainsi grce
aux relations durables de proximit gographique dveloppe entre une pluralit dacteurs, ces
relations de voisinage peuvent mener des actions concrtes voire llaboration commune
de normes on se rejoint alors la notion de proximit institutionnelle.
Cest dans ce contexte que la gouvernance territoriale repose la fois sur les flux : un rseau
c'est--dire une configuration de connexions entre les diffrents acteurs avec des flux circulant
dans le rseau.
Outre la multiplicit dacteurs dans le processus dcisionnel, et les questions de coordination,
ngociation, compromis ou conflit qui en dcoulent, le territoire tel que dfini ici ne correspond
plus forcment une unit politico-administrative.
Nous aborderons galement dans cette premire partie les diffrentes thories lies au concept et
la logique de la gouvernance territoriale savoir : la thorie de conventions, la thorie des jeux
et la thorie de la dcision.
Nous dfinissons en fin les facteurs qui dterminent soit le succs soit lchec de la gouvernance
sur un territoire.
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Premire Partie Chapitre 1 : Essence et dveloppement conceptuel et thorique de la gouvernance territoriale
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Premire Partie Chapitre 1 : Essence et dveloppement conceptuel et thorique de la gouvernance territoriale
Pendant ces dernires dcennies, plusieurs tudes se sont alternes en vue de dfinir le concept
de la gouvernance territoriale, spcialement travers linteraction entre les acteurs.
En effet, le terme de gouvernance est dfini et entendu aujourdhui de manire trs diverse et
parfois contradictoire. Cependant et malgr la multiplicit des applications du mot, il existe une
dynamique commune dans lusage de ce terme. Chez la plupart de ceux qui, au sein du secteur
public comme au sein du secteur priv, emploient le terme de gouvernance, celui-ci dsigne avant
tout un mouvement de dcentrement de la prise de dcision, avec une multiplication des lieux
et des acteurs impliqus dans cette dcision. Il renvoie la mise en place de nouveaux modes de
rgulation plus souples, fonds sur le partenariat entre diffrents acteurs.
Cest dans cette perspective que la premire section de ce chapitre va tenter de mettre laccent sur
les diffrentes dfinitions qui lui ont t attribues ainsi que sur limportance de ce concept et sa
relation avec dautre terme tel que la dmocratie.
Il est difficile de consacrer une thse la gouvernance, fut-ce en limitant l'analyse la seule
gouvernance territoriale, sans d'abord s'interroger sur le ou les sens de ce concept, sur l'intrt
qu'il prsente et sur la ralit et la porte des critiques qu'il subit. La gouvernance apparat
comme un nouveau paradigme de laction publique. Elle est la fois matrice conceptuelle et
programme de recherche, l'intrt de la gouvernance apparat comme en grande partie li aux
dbats que ce concept et son succs permettaient et imposaient entre les diffrentes sciences
sociales d'une part et entre celles-ci et les acteurs publics, privs ou associatifs d'autre part.
Mais la fcondit de ces dbats n'tait-elle pas largement obre par les difficults de
dfinition, les incomprhensions et les malentendus sur la gouvernance, ainsi que par le temps et
les efforts consacrs percevoir et rduire ces derniers.
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Premire Partie Chapitre 1 : Essence et dveloppement conceptuel et thorique de la gouvernance territoriale
En effet, la gouvernance peut vhiculer un principe de lgitimit concurrent de celui qui fonde les
institutions dmocratiquement constitues. Il est vrai que le credo de la bonne gouvernance
soutenu par les grandes organisations internationales vocation mondiale a souvent t un moyen
de parler de dmocratie sans le dire, mais il a permis aussi de rpondre par l'organisation d'une
gouvernance qui s'y substituait aussi en partie.
La gouvernance partage cette ambigut avec les multiples dclinaisons particulires de
dmocratie, la dmocratie peut ainsi tre qualifie de participative, de locale ou de populaire.
Ainsi, la participation peut, selon les cas, renforcer la dmocratie ou la fausser : tout dpend des
conditions dans lesquelles elle exerce et de ses liens avec les institutions lectives.
Or, la notion de gouvernance, dans toutes les interprtations qui en sont donnes, tend
relativiser le rle des institutions publiques dans le gouvernement compris comme fonction et
non comme institution. Le gouvernement comme institution ou ensemble d'institutions prend
place dans un systme complexe d'activits gouvernantes exerces par les acteurs les plus divers,
et quelquefois n'y occupe qu'une place limite. De telles situations sont souvent rvles par
l'analyse (conception analytique de la gouvernance), mais souvent aussi prnes comme
rpondant un renouvellement, ou une adaptation, du gouvernement dmocratique de la socit
dont la complexit croissante ne peut plus s'accommoder des modes d'action traditionnels de
puissance publique.
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Premire Partie Chapitre 1 : Essence et dveloppement conceptuel et thorique de la gouvernance territoriale
1
JOHN L. CAMPBELL, J. Rogers HOLLINGSWORTH et LEON N. LINBERG, Governance of the American
Economy, Cambridge, Cambridge University Press, 1991.
2
BRUNO JOBERT, La rgulation politique : le point de vue dun politiste , in JACQUES COMMAILLE ET
BRUNO JOBERT (sous la dir.), Les mtamorphoses de la rgulation politique, Paris, LGDJ, coll. Droit et
Socit , 1998.
3
BEATE KOHLER-KOCH ET RAINER EISING (eds.), The Transformation of Governance in the European Union,
London, ROUTLEDGE, 1999.
4
Philip SELZNICK, TVA and THE GRASS ROOTS. A Study in the Sociology of Formal Organization, Berkeley,
University of California Press, 1949.
5
Raymond BOUDON et Franois BOURRICAUD, Dictionnaire critique de la sociologie, Paris, PUF, 2000, p. 617.
26
Premire Partie Chapitre 1 : Essence et dveloppement conceptuel et thorique de la gouvernance territoriale
Si lon retient cette seconde dfinition, il nest plus possible dappliquer le terme de gouvernance
des poques anciennes tant il est li une situation historique donne. La gouvernance
correspond non plus un mode de coordination parmi dautres, mais un ensemble de processus
qui permettent laction collective dans une situation donne de recomposition de ltat et de
laction publique.
Selon que lon retient la premire ou la seconde de ces dfinitions, le statut de la gouvernance
apparat bien videmment fondamentalement diffrent. Celle-ci constitue une simple adaptation
dans le premier cas et se rapproche de la dfinition quont donne RAYMOND BOUDON et
Franois BOURRICAUD du paradigme, cest--dire un ensemble de propositions ou dnoncs
mtathoriques portant moins sur la ralit sociale que sur le langage employer pour traiter de
la ralit sociale 6. Parmi les trois types de paradigme (formel, conceptuel, analogique) quils
distinguent, la gouvernance de cette premire dfinition est lvidence un paradigme
conceptuel. Cest une innovation de la recherche en sciences sociales pour dcrire une pratique
sociale qui na gure chang qu la marge.
Lavantage indniable de cette perspective est quelle permet la comparaison non seulement des
modes de coordination entre eux, mais aussi des diffrentes formes quun mme mode de
gouvernance peut prendre dans un secteur ou un pays donn. Son second atout est que, du fait
quelle rduit la gouvernance un mode de coordination parmi dautres, elle limite la charge
idologique et prnotionnelle du terme gouvernance qui, par son tymologie, voque la
notion de pilotage et peut conduire une vision qui survalorise le systme de guidage, raison
pour laquelle les tenants de cette approche lui prfrent parfois le terme de rgulation.
On comprend mal toutefois pourquoi un simple acquis mthodologique des chercheurs se serait
accompagn dun tel engouement des praticiens et pourquoi ces derniers auraient adopt cette
notion pour dcrire des ralits exclusivement contemporaines et dans une finalit le plus souvent
rsolument normative. Qui plus est, la perspective systmique nous a appris depuis longtemps
quajouter un nouvel lment un systme ne sapparente que rarement une simple addition et
oblige le plus souvent une recomposition densemble. Cest typiquement face cette difficult
que se trouvent RAINER EISING et BEATE KOHLER-KOCH et on peut trouver difficilement
soutenable, voire contradictoire, leur position qui consiste distinguer en introduction quatre
modes de gouvernance, dont un quils appellent gouvernance rticulaire tout en concluant que
ces quatre modes interagissent aussi bien au niveau europen qu celui des tats-Nations 7, ce
qui est la dfinition mme de la gouvernance donne par JAN KOOIMAN et GERRY STOKER.
Il semble donc que cette premire dfinition rduit par trop la porte de la gouvernance et ne
permet pas dexpliquer son succs.
6
Jacques COMMAILLE et Bruno JOBERT (sous la dir.), Les mtamorphoses de la rgulation politique, op. cit.
7
BEATE KOHLER-KOCH ET RAINER EISING (eds.), The Transformation of Governance in the European Union,
op. cit., p. 267.
27
Premire Partie Chapitre 1 : Essence et dveloppement conceptuel et thorique de la gouvernance territoriale
Une seconde difficult laquelle se heurte cette premire dfinition tient ce quelle ne rend pas
compte de ce qui a prcisment permis au moins en partie cette extension prodigieuse par son
ampleur et sa rapidit du concept de gouvernance, cest--dire la similitude croissante des
organisations et institutions travers le monde. Si on peut appliquer un mme terme de
gouvernance, quelques nuances et adaptations prs, toutes les organisations, quelles soient
publiques, associatives ou prives, cest sans doute aussi que celles-ci se ressemblent de plus en
plus par certains traits.
On tombera certes daccord avec ERHARD FRIEDBERG 8 Pour reconnatre que ces
ressemblances sont souvent superficielles et avec les politologues pour souligner quon nassiste
en rien une convergence irrversible et irrsistible de laction publique dans les diffrents pays.
Elles nen permettent pas moins le dialogue et la coopration entre des organisations qui nont
rien en commun, et constituent ce titre le soubassement concret de la gouvernance. On est ici
face ce que les No-institutionnalistes ont thoris sous le terme disomorphisme institutionnel,
et qui passerait par les canaux du mimtisme, de la coercition et de la norme9. Une dfinition
historique de la gouvernance ne peut clairer ce phnomne et perd donc de son intrt
heuristique et de sa porte scientifique.
La gouvernance apparat en revanche dans le second cas comme un nouveau mode de
gouvernement qui aurait plus ou moins remdi au dficit de lgitimit et defficacit que
connaissait laction publique depuis la crise de ltat-providence. La notion de gouvernance nest
plus alors un outil intemporel quon vient seulement de dcouvrir, mais une notion
historiquement situe qui nest vraiment applicable qu la priode contemporaine et en signale la
singularit.
Singularit qui est notamment lie la mondialisation, lapparition et au dveloppement
despaces rgionaux dont lUnion europenne est le plus avance, mais non le seul, la
drglementation, la place croissante des acteurs non tatiques et des organisations
multilatrales, sans doute galement aux nouvelles techniques de linformation et de la
communication qui ont contribu rendre possibles de nouvelles modalits moins hirarchiques
et formelles de laction publique, voire enfin lapparition dun nouvel esprit plus joueur qui
tolre davantage le risque, lincertitude et fuit moins le face--face10.
Cest seulement si lon retient cette seconde acception que lon peut adopter son propos le
terme de paradigme tel quil a t dfini par THOMAS KUHN. Celui-ci avait dfini les
paradigmes comme les dcouvertes scientifiques universellement reconnues qui, pour un temps,
fournissent une communaut de chercheurs des problmes types et des solutions . Le fait que
le terme de gouvernance soit polysmique, voire flou, nest pas un rel obstacle cette adoption
8
ERHARD FRIEDBERG, En lisant Hall et Taylor : no-institutionnalisme et ordres locaux , Revue franaise de
science politique, 48 (3/4), 1998, p. 507-514.
9
WALTER W. POWELL ET PAUL J. DI MAGGIO, The New Institutionalism in Organizational Analysis,
Chicago, University of Chicago Press, 1991.
10
ERHARD FRIEDBERG, Le pouvoir et la rgle, Paris, Seuil, 1993.
28
Premire Partie Chapitre 1 : Essence et dveloppement conceptuel et thorique de la gouvernance territoriale
puisque THOMAS KUHN soulignait lui-mme combien un paradigme peut tre limit, tant en
envergure quen prcision, au moment de sa premire apparition . Ce qui est important, ce nest
ni sa prcision, ni son pouvoir explicatif, mais quil apporte le moyen de choisir des problmes
dont on peut penser quils ont une solution . tel point que KUHN insistait davantage sur les
fonctions normatives des paradigmes que sur leurs fonctions cognitives, montrant quils
fournissent aussi une thorie, des mthodes et des critres de jugement.
Confronter cette dfinition aux dbats actuels sur la gouvernance amne souligner que la
gouvernance fournit bien une communaut de chercheurs (et de praticiens) des problmes
types, des mthodes et des solutions. Elle a galement dindniables fonctions normatives en ce
quelle est lie une dvalorisation de la hirarchie et une mise en valeur des pratiques de
concertation, dcoute et de contractualisation. Elle exprime une vision du monde comme
complexe et ingouvernable, et de laction publique comme devant de ce fait privilgier le
partenariat, la coopration et fuir la hirarchie.
Que cette vision soit en grande partie un mythe ne change rien ce que le terme de gouvernance
est plus quun simple mot pour dsigner quelques pratiques, il est la manifestation la plus
apparente dune Weltanschauung, dune vision de la socit contemporaine et de la faon dont il
est souhaitable de la grer et de sy mouvoir.
En outre, en ce quelle organise aussi de plus en plus la pratique sociale, et pas seulement les
recherches, la notion de gouvernance va bien au-del des limites initiales dans lesquelles
THOMAS KUHN avait circonscrit sa rflexion sur les paradigmes. Elle apporte
incontestablement du sens dans le domaine de laction publique, comme en tmoigne du reste sa
trs forte utilisation.
Elle a au surplus la proprit indite de se dcliner en fonction de lobjet auquel elle sapplique,
et de donner ainsi naissance des recherches proches en termes de gouvernance locale,
gouvernance territoriale, gouvernance europenne, gouvernance mondiale, gouvernance
polycentrique, etc. Elle permet ainsi dorganiser lensemble de la recherche portant sur laction
publique derrire un seul terme et de favoriser le dialogue entre les chercheurs, une certaine
interdisciplinarit et linterrogation et la fcondation des terrains et des thories les uns par les
autres. Elle assure les conditions dune communication, dune part, entre chercheurs et praticiens
de laction publique et, dautre part, entre chercheurs et/ou praticiens de divers domaines
spcialiss au sein de cette mme action publique, par exemple les spcialistes de la gouvernance
urbaine et ceux de la gouvernance europenne.
Plutt qu un paradigme, elle nous parat davantage de ce fait correspondre ce que Bruno
JOBERT et Pierre MULLER11 ont qualifi de rfrentiel . Selon eux, le rfrentiel global est
une image sociale de toute la socit, cest--dire une reprsentation globale autour de laquelle
vont sordonner, se hirarchiser les diffrentes reprsentations sectorielles . ce rfrentiel
11
Bruno JOBERT et Pierre MULLER, Ltat en action. Politiques publiques et corporatismes, Paris, PUF, 1987.
29
Premire Partie Chapitre 1 : Essence et dveloppement conceptuel et thorique de la gouvernance territoriale
12
Michel CROZIER, SAMUEL P. HUNTINGTON. JIJO WATANUKI, The Brisis of Democracy, New York
University Press, New York, 1975.
13
Sabine MONTAGNE, Les mtamorphoses du trust: les fonds de pension amricains entre protection et
spculation, Thse de doctorat de Sciences conomiques, Universit Paris X-Nanterre, 2003.
14
On peut relier l'mergence du thme de la corporate governance dans la littrature conomique l'adoption en
1970 de la loi Brisa qui modifia les dispositions fiscales portant sur les fonds de pension amricains. Alors que
les fonds taient prestations
Defined Benefits ), ils purent devenir A cotisations dfinies (ou DC pour Defined Contributions ), l'obligation
de rsultats pour les gestionnaires tant de ce fait remplace par une simple obligation de moyens. Cela leur permit
d'adopter un comportement beaucoup plus risqu et d'imposer de nouvelles formes de gestion aux entreprises sous
la forme de chartes de gouvernance et plus gnralement de tout ce qui relve de la corporate governance . Le lec-
teur intress trouvera dans la thse de Sabine Montagne une analyse approfondie des consquences de la dcision
Frisa .
15
Vincent SIMOULIN, 1s gouvernance et l'action publique: le succs d'une forme simmtienne , dans Droit et
socit, n 54, 2003, p. 307-328.
30
Premire Partie Chapitre 1 : Essence et dveloppement conceptuel et thorique de la gouvernance territoriale
coopration qui ne peuvent plus tre ordonnes par la hirarchie et dont celui de
gouvernement ne permettait plus de rendre compte de faon satisfaisante lui seul.
On peut mme avancer que l'inadaptation croissante de ce dernier tenait soit ce que les acteurs
se rattachaient de plus en plus des espaces diffrents (public/priv/associatif), des secteurs qui
n'taient pas identiques ou des niveaux territoriaux distincts (local/rgional/national/euro-
pen/global), soit ce que leur niveau d'ducation avait cru au point qu'ils taient capables
d'une plus grande distance critique face aux ordres et instructions qui leur taient transmis. C'est
en tout cas cette double situation que le concept de gouvernance en est aujourd'hui venu dcrire
: celle d'une coopration non purement hirarchique et celle d'une situation de brouillage des
frontires traditionnelles et de porosit croissante entre les secteurs, les niveaux territoriaux et les
diffrents espaces de rattachement de l'activit professionnelle.
Dans cette perspective, la gouvernance territoriale recouvre l'ensemble des situations de
coopration non ordonnes par la hirarchie qui correspondent la construction, la gestion ou
la reprsentation de territoires, en particulier face leur environnement conomique ou
institutionnel. Conformment la dfinition propose par Patrick Le GALES16, le sujet qui est au
cur des interrogations des chercheurs qui rflchissent dans ces termes est celui des modes de
constitution d'un acteur collectif dans un contexte nouveau. C'est l'tude de la faon dont cet
acteur nat et se renforce travers la construction de nouvelles rgles ou de celle dont il gre
plus ou moins consciemment et explicitement les interdpendances entre les diffrents individus
ou groupes qui le constituent. L aussi, le concept de gouvernance territoriale prend en
considration la faon dont le niveau d'ducation, le domaine de comptences et l'espace
d'action des acteurs se sont transforms, globalement accrus et formidablement complexifis.
Non seulement les acteurs locaux sont de plus en plus impliqus, mais ils doivent dvelopper et
mettre en uvre des stratgies, et ce, dans un environnement toujours plus complexe et o ils leur
faut toujours plus tenir compte de leurs interactions et des intrts et stratgies propres de ceux-
ci, ce qui se traduit par des pratiques croissantes de ngociation et de participation la
construction sociale que reprsente tout territoire.
Il convient toutefois de reconnatre qu'il faudrait tre dot d'un solide optimisme, voire d'un
certain manque de lucidit, pour croire possible de proposer des dfinitions plus prcises ou
mme d'accorder tous les auteurs sur les simples cadrages thoriques. Du fait de l'adoption
simultane du registre de la gouvernance dans divers domaines, il n'est pas tonnant que les
emplois de ces termes soient aujourd'hui plus pluriels que jamais, que ces derniers soient de ce
fait relativement difficiles dfinir prcisment et qu'ils soient galement avancs pour dpeindre
des ralits trs diffrentes. Ainsi, les usages auxquels le concept de gouvernance donne lieu,
mme chez les chercheurs et les praticiens les mieux intentionns son gard, sont
incontestablement pour le moins fluctuants. Les conomistes l'emploient par exemple pour
dsigner une forme de coordination qui limite les cots de transaction lintrieur d'une
entreprise. Les politistes et sociologues cherchent dsigner un mode de gestion de
l'ingouvernabilit et considrent comme essentiel le fait que la gouvernance correspond un
effacement des frontires entre public et priv, comme entre les divers niveaux territoriaux, ce
qui devrait videmment rendre absurde l'ide aussi bien d'une gouvernance prive que
d'une gouvernance publique . Encore convient-il d'ajouter qu'il arrive que des chercheurs
16
Patrick Le GALES, Du gouvernement des villes la gouvernance urbaine , dans Revue franaise de science
politique, Vol. 45, n I, 1995, p. 57-95.
31
Premire Partie Chapitre 1 : Essence et dveloppement conceptuel et thorique de la gouvernance territoriale
ou plus souvent des praticiens voquent une gouvernance publique lorsqu'ils font des
membres du secteur priv des acteurs qui prennent part parmi d'autres l'action publique.
Cette richesse polysmique ne se limite pas la seule dfinition du concept gouvernance mais
tient galement aux usages de celui-ci. Comme le note Antoine GOXE, les termes gouvernance
et participation sont employs en partie comme des synonymes par les praticiens. De fait, la
gouvernance ne dsigne pas un phnomne prcis, mais un ensemble d'volutions de l'action
publique comme la dcentralisation, la contractualisation ou l'appel au partenariat, qui sont sans
doute en partie lies mais qui n'en ont pas moins chacune leur rythme propre et une logique
spcifique.
D'une certaine faon, le concept de gouvernance est une faon de dsigner de faon
intelligible un dsordre qui ne l'est pas, de regrouper des phnomnes spars et sans doute
partiellement contradictoires et de donner un sens doublement rassurant au chaos, d'une part en le
nommant et d'autre part en donnant l'impression que ce sens est partag par d'autres. Le
pige rside dans le fait que cette impression est largement illusoire et que l'emploi d'un
mme terme par des acteurs qui en ont des perceptions trs diverses accrot parfois les
malentendus au lieu de permettre une convergence des attentes et des reprsentations.
Beaucoup de chercheurs et peut-tre plus encore de praticiens, depuis longtemps et souvent avec
ferveur, dnoncent de ce fait les ambiguts, le flou et les usages politiques et idologiques qui
sont selon eux insparables de la gouvernance et en particulier de la bonne gouvernance, celle
qui est prne par les organisations internationales et qui servent parfois celles-ci masquer une
intervention politique pour laquelle elles n'ont aucune lgitimit. Ces opposants considrent que
de telles caractristiques rendent impossible de fonder sur ce concept un travail scientifique et un
programme de recherche et que la gouvernance est davantage une mode qu'un apport vritable
l'analyse de l'action publique.
32
Premire Partie Chapitre 1 : Essence et dveloppement conceptuel et thorique de la gouvernance territoriale
Plus rcemment, le concept de gouvernance locale apparat comme une forme de rgulation
territoriale et dinterdpendance dynamique entre agents notamment productifs et institutions
locales. Dans cette approche, le territoire contribue rduire les cots de transactions entre les
firmes et constitue de ce fait un niveau pertinent pour coordonner les actions collectives.
Le point commun des diverses approches rside dans la prise en compte de llargissement
du champ des acteurs impliqus, de linterdpendance des acteurs et des organisations tant
prives que publiques dans le processus des prises de dcision et de laction et dans
limbrication de ces divers niveaux de pouvoir, tant infranational que transnational.
Toutefois, la dfinition du concept de gouvernance est loin dtre tablie lunanimit. Celle-ci
varie selon les approches thoriques et organisationnelles internationales.
En effet, nous allons voir dans le paragraphe suivant, comment les diffrentes organisations
internationales ont pu dfinir le concept de la gouvernance.
33
Premire Partie Chapitre 1 : Essence et dveloppement conceptuel et thorique de la gouvernance territoriale
La dfinition utilise par la Banque Mondiale est la suivante : Governance is the manner in
which power in exercised in the management of a countrys economic and social ressources for
development 17. Elle tablit une distinction prcise entre les dimensions politiques et
conomiques de la gouvernance. institutional framework for transparency, predictability and
competence in the introduct of public affaires and the management of economic development.
Ainsi, The Banks call for good governance is to encourage governments to create the legal
and Is concern with accountability, transparency, and the rule of law, therefore is exclusively
with the contribution they make to social and economic development, and to the Banks
fundamental objective of sustainable poverty reduction in the developing world18.
La Banque identifie les composantes suivantes relies la gouvernance: la gestion du secteur
public, limputabilit, le cadre juridique, la transparence et linformation.
Le CAD utilise une dfinition de gouvernance qui rejoint celle de la Banque mondiale, mais en
tenant compte des aspects politiques, sociaux et conomiques du concept. Ainsi, la gouvernance
est dfinie comme" lexercice du pouvoir politique, ainsi que dun contrle dans le cadre de
ladministration des ressources de la socit aux fins du dveloppement conomique et social "19.
Cette dfinition assez gnrale rend compte la fois du rle que jouent les pouvoirs publics dans
la cration du cadre de lactivit des agents conomiques et dans la dcision en matire de
rpartition des avantages et de la nature des rapports entre gouvernements et gouverns. La bonne
gestion des affaires publiques possde les caractristiques suivantes: imputabilit, efficience et
efficacit, cadre judiciaire indpendant, administrations responsables et quitables tous les
niveaux de gouvernement.
Le CAD distingue trois dimensions associes la gestion des affaires publiques: la nature du
rgime politique; les mcanismes dexercice de lautorit dans la gestion des ressources
conomiques et sociales dun pays; laptitude des pouvoirs publics dfinir et mettre en oeuvre
des politiques et sacquitter des fonctions qui leur incombent. Les aspects de la bonne gestion
des affaires publiques sur lesquelles le CAD porte une attention particulire sont: la primaut du
droit, la gestion du secteur public, la lutte contre la corruption, et la rduction des dpenses
militaires.
17
World Bank, Managing Development-the Governance Dimension, 1994, Washington D.C.
18
ibid
19
CAD-OCDE, Orientations du CAD sur le dveloppement participatif et la saine gestion des affaires publiques,
dcembre 1993.
34
Premire Partie Chapitre 1 : Essence et dveloppement conceptuel et thorique de la gouvernance territoriale
La gouvernance est galement dfinie comme the exercise of political, economic and
administrative authority to manage a societys affairs. It is a broad concept that encompasses the
organizational structures and activities of central, regional and local governement, the
parliament and the judiciary and the institutions, organizations and indicviduals that comprise
civil society and the private sector insofar as they actively participate and influence the shaping
of public policy that affects peoples lives21.
Le PNUD identifie les facteurs suivants comme affectant le plus la gouvernance: les
organisations, ou les entits telles que les rgimes politiques, le parlement, les pouvoirs
judiciaires et les ONG; les institutions, ou le systme formel ou informel de valeurs et de rgles et
les procdures utilises pour grer les ressources humaines, naturelles et conomiques; laptitude
du gouvernement formuler et mettre en oeuvre des politiques, incluant changer les
organisations, influencer les institutions, et changer la nature des interactions entre les
organisations et les institutions. La nature des interactions entre lautorit politique et la socit
civile; la libert dexpression et le rle des mdias.
Le PNUD appuie, par le biais du Management Development Governance Division (MDGD) cinq
catgories de projets :
- les rformes du secteur public, et la gestion conomique et financire
- la gouvernance participative (appui aux parlements, pouvoirs judiciaires, mdias) la gestion de
laide et limputabilit.
- la dcentralisation et lappui au gouvernement local
- la socit civile
- la planification et lappui la formulation de politiques
20
UNDP, Public Sector Management, Governance, and Sustainable Human Development, New York, January 1995.
21
UNDP, Decentralised Governance Programme, New York, 1996.
35
Premire Partie Chapitre 1 : Essence et dveloppement conceptuel et thorique de la gouvernance territoriale
LUnion europenne, particulirement dans le contexte de son appui aux pays africains, des
Carabes et du Pacifique (ACP) et de ses initiatives dans le bassin mditerranen, est
principalement concerne par les aspects politiques, conomiques, et sociaux de la gouvernance.
Une attention particulire est porte aux droits humains et liberts fondamentales, la
reconnaissance et lapplication des principes dmocratiques, et la consolidation de la primaut
du droit et du bon gouvernement.
Lensemble de ces dfinitions montre que, certes, la dfinition de la gouvernance est toujours la
mme, mais reste tributaire du contexte dans lequel elle se trouve.
Si la notion nous est revenue en langue anglaise (governance), il ne faut pas oublier que c'est en
fait du vieux franais, et mme de l'anglo-normand, ce mlange d'anglais et de vieux franais
dont la langue juridique anglaise conserve jusqu' nos jours tout un vocabulaire. La premire
occurrence, ayant eu quelque retentissement. Du mot governance semble due John
FORTESCUE, lgiste anglais du xve sicle, dans son livre The Governance of England, paru en
1471, dans lequel il explique les avantages d'une monarchie limite22. Le roi doit gouverner
politiquement (dominium politicum et regale), crit-il, c'est--dire en appliquant son peuple
des lois auxquelles celui-ci a consenti23. L'essence du politique, selon FORTESCUE, est que les
gouvernants tiennent leurs pouvoirs de l'lection ou du contrat24. FORTESCUE opposait ce mode
22
dition de CHARLES PLUMMER, Oxford, Clarendon Press, 1885
23
Ibid., p. 112-
24
Voir le commentaire de CHARLES PLUMMER, ibid.p.172
36
Premire Partie Chapitre 1 : Essence et dveloppement conceptuel et thorique de la gouvernance territoriale
de gouvernance celui des rois de France, qui gouvernaient par la tyrannie , et sans gard
pour leurs sujets.
Il n'est pas difficile de retrouver dans cette opposition, certes sommaire et dicte par le contexte
politique de l'poque, la prfiguration de l'opposition moderne entre gouvernement (=
commandement, d'en haut) et gouvernance (= participation intrts en cause, recherche d'un
accord).
Pourtant, c'est par de curieux dtours que le mot et l'ide sont revenus l'agenda la fin du
XIe sicle. la fin des annes les blocages institutionnels sur lesquels se heurtent les
politiques d'ajustement structurel dans de nombreux pays d'Afrique conduisent certains politistes
et sociologues rechercher o se trouve le contrle effectif dans les socits africaines; la notion
de governance rapparat alors comme alternative la notion de gouvernement, car elle ne
prjuge pas du lieu et du caractre de la vritable autorit de dcision 25.
C'est dans le prolongement de ces travaux que la Banque mondiale s'empare de la notion
pour en faire le point d'appui de ses prescriptions l'intention des gouvernements des pays o elle
intervient26 : elle met alors en avant la ncessit bonne gouvernance , laquelle ncessite des
changements institutionnels, qui peuvent dsormais entrer dans la conditionnalit des aides et
doivent garantir l'amlioration de la gestion publique27.
Le retrait de l'tat provoqu par les programmes d'ajustement structurel augmente
corrlativement l'enjeu que reprsentent les villes dans les stratgies de dveloppement.
L'importance nouvelle reconnue par la Banque mondiale des Nations Unies aux enjeux
institutionnels se reporte sur les villes, et mme sur les mtropoles. Plus gnralement, la
notion de gouvernance par son abstraction pouvait faire consensus et permettait aux organisations
internationales de prescrire les engagements institutionnels sans paratre porter de jugements sur
les institutions et le rgime politique.
Le second dtour est celui de la science des organisations, qui est elle-mme un produit des
observations ralises sur l'organisation et la gestion des entreprises transformation des systmes
productifs remet en cause l'organisation hrite du taylorisme et du fordisme, on recherche
comment on peut piloter l'entreprise autrement que selon le modle hirarchique, et quelles
formes de coordination peuvent s'appliquer une organisation dans laquelle les units de
production ont une autonomie de plus en plus grande28.
25
P.MC CARNEY, M. HALFANI et A. RODRIGUEZ, e Towards an Understanding of Governance : The
Emergence of an Idea and its Implications for Urban Research in Developing Countries , dans R. STREN et BEL
(d.), Perspectives on the City, Toronto, University of Toronto Press, p. 94 s.
26
World BANK. Africa : Crisis in Governance, Washington DC, 1994.
27
A. OSMONT Banque mondiale et les villes.
28
Cette volution est voque par Jean-Pierre GAUDIN, op.cit.,p. 58-63
37
Premire Partie Chapitre 1 : Essence et dveloppement conceptuel et thorique de la gouvernance territoriale
La conception analytique n'est, certes, pas sans lien avec la conception normative, mais elle fournit
une grille de lecture des observations faites sur la structure et le fonctionnement d'un systme
politique et administratif. La notion de gouvernance attire l'attention sur le fait que la socit n'est
pas gouverne seulement par le gouvernement, mais que le gouvernement s'inscrit au contraire
dans une trame complexe dinteractions avec des institutions et des groupes d'intrt, si bien que
les institutions publiques ne forment, en quelque sorte, que la partie visible, ou officielle, de la
gouvernance.
Si l'on ose une mtaphore emprunte la psychanalyse, on dira que a gouverne , sans
pouvoir l'imputer une institution dtermine, et la gouvernance en exprime la reconstitution des
processus, qu'il s'agit de dvoiler. La notion de gouvernance parat ainsi particulirement apte
rendre compte des relations interactives entre acteurs privs, institutions publiques ou
parapubliques, groupes d'intrt ou communauts de citoyens qui prennent part la formulation
des politiques29. Comme lcrit J. KOOIMAN, la gouvernance est la trame qui merge des
activits gouvernantes des acteurs sociaux, politiques et administratifs30 .
Toutefois, la gouvernance ainsi comprise ne se distingue pas beaucoup des prceptes de l'analyse
de politiques publiques. Deux lments essentiels de celle-ci sont en effet l'identification des
autorits politiques porteuses de la politique en cause, et le ressort social de celle-ci, c'est--
dire le public au sens large de cette politique, affect par elle, ce qui comprend les diffrents
acteurs qui participent au systme d'action propre a cette politique31. Dans les deux cas la
construction, ou la constitution, du systme d'action est au centre de l'analyse.
La diffrence, c'est que dans l'analyse des politiques publiques on part de la substance de la
politique, c'est dire du problme qui s'est impos l'agenda des autorits politiques et
dterminer celles-ci adopter des mesures. Au contraire, la notion de gouvernance conduit une
approche plus globale, porte sur les mcanismes de pouvoir indpendamment de la matire sur
laquelle ils s'exercent. Mais dans ce cas, la gouvernance ne constitue pas un rel progrs dans
les mthodes d'analyse ; elle n'est gre plus qu'une actualisation de l'analyse systmique, et elle
29
G. MARCOU, Metropolitan Governance : Patterns and Leadership , article cit, p. 21-26. .4- Op- cit., p.2.
30
Op- cit., p.2.
31
Voir notamment en ce sens : Y. MENY et J.-CI. THOENIG Les Politiques publiques, Paris, PUP, Thmis , 1989 ;
.J.-Cl. THOENIG L'analyse des politiques publiques , dans M. GRAWTZ et 1. LECA Trait de science politique, t.
4, 1985 ; J-G. PADIOLEAU, L'tat au concret, Paris, PUP, 1982
38
Premire Partie Chapitre 1 : Essence et dveloppement conceptuel et thorique de la gouvernance territoriale
peut mme masquer un recul, en ignorant la substance des politiques, dont il a bien t montr
qu'elle conditionne souvent le systme d'action. Cependant, l'opposition n'est pas si nette qu'il y
parat, car l'indtermination de la notion de gouvernance fait qu'elle est parfois utilise dans le
cadre d'analyses sectorielles, ou pour la promotion de politiques sectorielles, pour lesquelles on
propose de dfinir une nouvelle gouvernance.
Enfin, dans la conception normative comme dans la conception analytique, le volet institutionnel
de la gouvernance accorde une place privilgie la construction d'accords. C'est pourquoi de
nombreuses politiques donnent lieu des contrats entre institutions publiques ou avec des acteurs
privs, ou font appel des notions telles que le partenariat, les forums ou d'autres modalits
tendant scuriser et stabiliser dans une certaine mesure les rapports mutuels32.
On voit que l'apport de la notion de gouvernance appelle une valuation nuance. Elle entretient
en outre des relations ambigus avec les deux valeurs fondamentales qui lgitiment l'action
publique : la dmocratie et l'intrt gnral.
Ces contributions relvent de trois aspects diffrents de la gouvernance, bien sr lis entre eux,
mais que l'on doit distinguer pour la clart de l'expos : l'arne, les normes et les acteurs.
a. L'arne
On entend par cette expression mtaphorique le cadre l'intrieur duquel se dterminent les
politiques et se prennent les dcisions, mais dont la dfinition et les limites chappent en grande
partie aux acteurs.
L'article de Vincent HOFFMANN-MARTINOT et JEFFEREY SELLERS, L'Observatoire
international des mtropoles : pour une comparaison internationale de la gouvernance
mtropolitaine, s'attache aux mutations de la gouvernance qui accompagnent la progression de
la mtropolisation. La mtropolisation se caractrise par le fait, selon l'auteur, que la division
traditionnelle entre la ville et la campagne s'efface et que l'on voit se former, dans tous les pays,
des rgions urbaines formes de centres urbains lis entre eux et de zones faiblement
urbanises qui en dpendent et les entourent ; un nombre croissant de rsidents prfre s'installer
dans les zones priurbaines, qui leur permettent de conserver les avantages du centre urbain tout
en profitant des amnits des petites villes et de la campagne. Aujourd'hui, la population
priurbaine l'emporte souvent en nombre sur la population des centres urbains des grandes
rgions. Seule une analyse de politique publique pourrait en clairer la porte long terme
compte tenu des nombreuses dispositions devant encore tre adoptes pour la mise uvre de la loi.
32
Voir en ce sens : G. MARCOU, La coopration contractuelle, la ville et le droit a dans G. MARCOU, F.
RANGEON et J. L. THBAULT (dir), ln Coopration contractuelle et le gouvernement des villes, Paris,
L'Harmattan, 1997, notamment p. 91 s. ; OECD, Symposium on Innovative lnstitutional Co-Ordination Mechanism,
Paris, 3 juin 2004, et en particulier G. MARCOU], Contractual Arrangements Across Levels of Government to
Enhance Territorial Development .
39
Premire Partie Chapitre 1 : Essence et dveloppement conceptuel et thorique de la gouvernance territoriale
b. Les normes
Bien entendu, le changement des normes dtermine aussi des changements dans la
gouvernance, qu'il s'agisse des normes internes au fonctionnement des administrations ou des
normes propres un secteur donn.
Bien que la LOLF ne s'applique qu' la gestion financire de l'tat, elle a de, consquences
indirectes trs importantes sur la gestion locale, au travers de l'volution qu'elle a provoque dans
l'activit des comptables publics. Comme le montre VELYNE LANDE ( Amliorer la gestion
locale, L'impact de la LOLF sur le secteur local ), la rforme de la gestion financire de l'tat
modifie aussi la gouvernance de la dpense publique locale. En effet, les services de l'tat,
soumis dsormais l'obligation de rendre compte de l'efficacit de l'emploi des moyens, ont
introduit de nouveaux modes de relation avec les ordonnateurs des collectivits territoriales pour
atteindre cet objectif. Les comptables publics mettent dsormais en uvre des contrles
hirarchiss, en fonction de l'apprciation des risques de la dpense, un contrle partenariat, qui
les conduit valuer les procdures d'engagement au sein de la collectivit territoriale et tendre
leur rle vers le contrle interne, et enfin des conventions de services comptables et financiers
passs avec les collectivits territoriales les plus importantes, qui conduisent rapprocher les
comptables publics des services gestionnaires et valoriser leur expertise dans le conseil financier
et l'aide la dcision.
c. Les acteurs
On retient dans cette dition seulement trois catgories d'acteurs de la gouvernance territoriale,
bien qu'ils soient loin d'tre les seuls : les citoyens, les lus et les fonctionnaires.
Anne-Sophie CHAMBOST retient de la gouvernance une approche qui postule une
concertation avec les citoyens, en leur permettant de participer directement aux actions qui les
concernent. Mais elle fait apparatre que les termes du dbat sur la relation entre le
gouvernement municipal reprsentatif et la participation directe des citoyens, et le conflit de
lgitimit qu'elle recle, n'ont gure chang depuis le temps de la Rvolution franaise, de mme
que sur les modalits de cette participation (rfrendum, ptitions...). Toutefois, la dmocratie
locale ne met en prsence que les citoyens et les institutions, tandis que la gouvernance prend
aussi en compte les interactions avec les intrts organiss.
ric KERROUCHE met en vidence la transformation progressive de la fonction du maire, sous
l'effet des volutions sociales, mais surtout des politiques de dcentralisation qui ont largi ses
pouvoirs et accru la complexit du systme local, lequel fait intervenir un nombre d'acteurs bien
plus grand que par le pass ( Les maires franais des managers professionnels ? ). Dot de plus
de pouvoirs, le maire n'a pas pour autant plus de capacit d'action, en raison de l'interdpendance
des ressources et ces moyens d'action, de la ncessit de construire des consensus pour pouvoir
agir et de limplication du secteur priv dans les processus dcisionnels. Le maire apparat au
centre de la gouvernance locale, et les nouveaux dispositifs d'action fonds sur le contrat ou le
partenariat concurrencent les modes d'action traditionnels, qu'ils soient fonds sur l'autorit ou les
rapports de clientle.
L'article de Frank BACHELET ( Sociologie, formation et carrire des hauts fonctionnaires
territoriaux ), prend toutefois ses distances avec la notion de gouvernance en soulignant qu'
40
Premire Partie Chapitre 1 : Essence et dveloppement conceptuel et thorique de la gouvernance territoriale
Comme pour toute notion qui a connu un grand succs, il est bien difficile dans le cas de la
gouvernance de tracer une chronologie dtaille et dattribuer des paternits dfinitives, mais il
ne fait pas de doute que la vogue du terme est ne outre-Atlantique. Il faut donc tout dabord
raisonner sur la governance et une simple consultation de la base de donnes PAIS33 peut
dj nous fournir quelques indications (cf. tableau).
Insistons bien toutefois sur le fait quil ne peut sagir que dindications, dabord parce que cette
base de donnes ne date que de 1972, ensuite parce quelle est trs loin de recenser tous les
documents publis34 et privilgie nettement les documents en langue anglaise, et enfin parce
quun document portant sur la gouvernance sans pour autant la mentionner dans son titre ou un
endroit aisment accessible au documentaliste ne sera pas rfrenc cette rubrique.
Malgr ces rserves, cette base constitue un instrument de travail prcieux et, si lon ne peut
considrer que les 1 301 documents quelle rfrence constituent lintgralit du corpus sur la
33
La base de donnes PAIS (Public Affairs Information Service) recense depuis 1972 les ouvrages, revues, rapports
gouvernementaux et publications officielles dans le domaine des politiques publiques, des politiques sociales et des
sciences sociales.
34
Soulignons ce titre que, pour incroyable que cela puisse paratre, elle ne rfrence pas les ouvrages de Oliver
WILLIAMSON ni ceux de James ROSENAU. Il sagit bien dune base qui recense les usages du terme en matire
daction publique, et non dans la sphre universitaire. Inversement, cette absence nous renseigne sur le vritable
statut des ouvrages de ces auteurs lors de leur parution et nous signale que nous en exagrons peut-tre
rtrospectivement limportance.
41
Premire Partie Chapitre 1 : Essence et dveloppement conceptuel et thorique de la gouvernance territoriale
42
Premire Partie Chapitre 1 : Essence et dveloppement conceptuel et thorique de la gouvernance territoriale
35
Tableau 1 Nombre de notices portant sur les diffrents types de gouvernance dans PAIS
corporate gouvernance municipale, Relations internationales,
Priode governance Autres
governance locale, rgionale ou urbaine dveloppement, globalisation
1972 0 0 0 0 0
1973 0 0 0 0 0
1974 0 0 0 0 0
1975 0 0 0 0 0
1976 2 0 1 0 1
1977 11 1 2 0 8
1978 4 1 1 0 2
1979 6 4 0 0 2
1980 11 3 1 0 7
1981 19 10 1 0 8
1982 9 3 1 1 4
1983 7 3 0 2 2
1984 28 22 2 0 4
1985 14 10 3 0 1
1986 40 18 7 2 13
1987 46 25 8 0 13
1988 23 9 4 0 10
1989 23 11 3 0 9
1990 36 16 8 3 9
1991 46 12 15 1 18
1992 56 20 12 6 18
1993 47 18 4 6 19
1994 71 23 14 15 19
1995 93 32 13 20 28
1996 99 30 17 21 31
1997 98 26 14 21 37
1998 138 27 25 49 37
1999 153 31 21 49 52
2000 130 19 15 35 61
2001 91 12 23 19 37
Total
386 215 250 450
1972- 1301
(29,7 %) (16,5 %) (19,2 %) (34,6 %)
2001
Du point de vue quantitatif, on constate tout dabord que le terme est relativement peu utilis
dans les annes 1970, et mme pas du tout avant deux premires mentions en 1976, onze en
35
Les chiffres indiqus correspondent au moins une mention du terme governance dans une notice, que ce soit
dans le titre du document recens, ou dans le rsum, les mots-clefs et institutions lorigine de la publication.
Mme si le terme apparat plusieurs fois dans cette notice, il nest compt quune seule fois.
43
Premire Partie Chapitre 1 : Essence et dveloppement conceptuel et thorique de la gouvernance territoriale
1977, quatre en 1978, six en 1979. Il connat un trs net essor dans les annes 1980, surtout
partir de 1986. Un autre indice de cet essor est, ds 1983, la fondation dune revue semestrielle
intitule Governance par la JOHN F. KENNEDY School of Government (qui deviendra la
Harvard Public Policy Review), bientt remplace en 1988 par une nouvelle revue du mme titre,
cette fois-ci trimestrielle et dite en Angleterre par Oxford Print. Le terme continue progresser
fortement durant les annes 1990 avant de se stabiliser un haut niveau partir de 2000. Les
usages de la corporate governance reprsentent le tiers du total, beaucoup plus de cette
proportion dans les annes 1980 et perdent relativement en importance compter de 1997. Les
usages en termes de gouvernance locale sont prcoces et reprsentent assez rgulirement autour
de 15 % du total compter de 1986. Enfin, les utilisations dans le domaine des relations
internationales sont plus tardives, mais deviennent trs importantes dans les annes 1990, ce dont
tmoigne par ailleurs en 1995 la fondation de la revue tri-annuelle Global Governance.
Du point de vue qualitatif, il importe tout dabord de noter que, ds la priode 1972-1979, les
usages du terme sont multiples et que, si six documents portent sur la corporate governance (en
franais : gouvernance dentreprise , mme si les conomistes aiment souligner que les deux
termes ne sont pas exactement synonymes), quatre portent sur la gestion des rseaux de librairies,
quatre sur celle des universits, un sur la gouvernance urbaine, un sur la gouvernance locale et un
sur lapplication en termes de gouvernance tribale de la libert dexpression aux tribus
indiennes selon lActe de 1968 sur les droits civiques des Indiens. Un second constat est que, ds
1994, le terme de bonne gouvernance commence apparatre dans les notices relevant du
domaine des relations internationales dans une perspective rsolument normative et opratoire.
En tmoigne parmi dautres un rapport de la Banque asiatique de dveloppement publi en 1995
par HILTON ROOT dont le titre est particulirement reprsentatif de ce glissement smantique :
Managing Development through Institution Building.
On peut donc distinguer chronologiquement une priode de gestation (1976-1983) durant laquelle
un terme relativement banal est repris dans quelques rapports et articles isols, une priode de
spcification et dextension de ce terme (1984-1993), et une priode de diffusion exponentielle
(1994-2001) durant laquelle il a conquis lensemble du domaine de laction publique. Cest
durant cette troisime priode que sa visibilit sest spectaculairement accrue et quil a t
massivement repris par les organisations internationales comme par les chercheurs, en particulier
ceux qui taient dsireux de participer aux rapports et appels doffres que celles-ci ont commenc
lancer. Bien que le recul soit encore insuffisant, les donnes dont nous disposons indiquent que
cette progression sarrte en 2000, date partir de laquelle lutilisation du mot recule lgrement.
Mme si cest limpression premire, il serait donc erron davancer que la gouvernance, apparue
avec la notion de corporate governance , se serait ensuite progressivement dcline dans
dautres champs et selon dautres logiques en gouvernance locale , gouvernance urbaine ou
gouvernance territoriale puis en bonne gouvernance dans le domaine des relations
44
Premire Partie Chapitre 1 : Essence et dveloppement conceptuel et thorique de la gouvernance territoriale
internationales compter du dbut des annes 1990. Ds lorigine, les usages du terme ont t
pluriels et il nest de ce fait gure tonnant quil soit difficile si ce nest impossible de le dfinir
de faon rigoureuse.
4 Gouvernance et dmocratie
En effet, la gouvernance peut vhiculer un principe de lgitimit concurrent de celui qui fonde les
institutions dmocratiquement constitues. Il est vrai que le credo de la bonne gouvernance
soutenu par les grandes organisations internationales vocation mondiale a souvent t un moyen
de parler de dmocratie sans le dire, mais il a permis de rpondre par l'organisation d'une
gouvernance qui s'y substituait aussi en partie.
La gouvernance partage cette ambigut avec les multiples dclinaisons particulires de
dmocratie, la dmocratie peut ainsi tre qualifie de participative, de locale ou de populaire, par
exemple sans que l'on sache toujours si l'on vise ainsi une application particulire de la
dmocratie ou une restriction de la dmocratie par l'objet, les institutions ou les buts auxquels on
la rapporte. Ainsi, la participation peut, selon les cas, renforcer la dmocratie ou la fausser : tout
dpend des conditions dans lesquelles elle exerce et de ses liens avec les institutions lectives.
Or, la notion de gouvernance, dans toutes les interprtations qui en sont donnes, tend
relativiser le rle des institutions publiques dans le gouvernement compris comme fonction et
non comme institution. Le gouvernement comme institution ou ensemble d'institutions prend
place dans un systme complexe d'activits gouvernantes exerces par les acteurs les plus divers,
et quelquefois n'y occupe qu'une place limite. De telles situations sont souvent rvles par
l'analyse (conception analytique de la gouvernance), mais souvent aussi prnes comme
rpondant un renouvellement, ou une adaptation, du gouvernement dmocratique de la socit
dont la complexit croissante ne peut plus s'accommoder des modes d'action traditionnels de
puissance publique.
45
Premire Partie Chapitre 1 : Essence et dveloppement conceptuel et thorique de la gouvernance territoriale
dimension politique de la fonction gouvernante. Tel nest pas le cas des conceptions qui se
veulent consensuelles et qui, sous couvert de planning stratgique pour fonder une vision d'avenir
de la ville associant toutes les forces vives , subordonnent en fait les options politiques
l'accord des intrts conomiques dominants. Mais, dans les conditions conomiques
d'aujourd'hui, il est frquent qu'il n'existe pas d'alternative, et que dans les faits la gouvernance
reflte une certaine perte de contrle de la part des autorits publiques.
Rponse des gouvernants aux ncessits nes de l'interdpendance sociale, selon Duguit, le
service public est l'expression de la solidarit sociale, en mme temps qu'il puise les missions de
l'tat. Pourtant, il y avait une contradiction entre l'extension des missions de l'tat et la diversit
des proccupations particulires et catgorielles que l'tat devait assumer, entre l'abstraction de la
loi et la complexit, la diversit croissante des conditions de mise en uvre des interventions
publiques. C'est la loi elle-mme qui a rpondu cette contradiction en recherchant la
dstatisation de certaines fonctions et en amnageant la participation des intresss certaines
36
Sur cette question, voir pour plus de dtails G. MARCOU, L'administration entre contrle parlementaire et
participation des personnes prives , dans O. JOUANIAN et J. MASSING (dir.), Deutsch-Franzsischer
Gesprchskreis fr ffentliches Recht, Augsburg, 19-20. Novembre 2004 ( paratre).
46
Premire Partie Chapitre 1 : Essence et dveloppement conceptuel et thorique de la gouvernance territoriale
fonctions, allant parfois jusqu' des formes de no-corporatisme37. Cette conception de lintrt
gnral est toujours inscrite dans les institutions ; elle s'exprime dans les objectifs et les missions
dfinies par la loi et dont la mise en uvre est poursuivie par le gouvernement. Mais elle est
aujourd'hui concurrence par le dveloppement de la conception pluraliste de l'intrt gnral.
La conception pluraliste de l'intrt gnral s'exprime dans des procdures permettant de
confronter les diffrents intrts en prsence, de telle sorte que la dcision finale les respecte tous.
Elle drive d'une conception individualiste de la socit, qui fait passer au second plan la notion
de corps politique et doute qu'une volont gnrale soit possible. Elle prend diffrentes formes.
Elle comporte la participation des intrts concerns la prparation des normes au travers de
procdures formelles. Par exemple en matire de normalisation technique, ou de normes
techniques ou conomiques produites par les autorits de rgulation sectorielle (ARCEP, CRE,
notamment).
Mais elle se reflte aussi et surtout dans les procdures qui confrontent les grands projets des
collectivits publiques aux intrts individuels ou collectifs concerns, ou encore aux
expressions concurrentes normatives de l'intrt gnral. C'est ainsi que la loi du 13 juillet 1983
a largi le champ de l'enqute publique au-del des propritaires tous les intresss, et que la
procdure du dbat public a t introduite par la loi du 3 janvier 1995, puis la loi du 27 fvrier
2002 (aujourd'hui Code de l'environnement, art. L. 121-1 s.), sous le contrle d'une nouvelle
autorit administrative indpendante, la Commission nationale du dbat public, et portant cette
fois, selon les termes de la loi, sur l'opportunit, les objectifs et les caractristiques principales
du projet . L'objectif poursuivi par cette procdure est de construire un consensus, ou de rendre
compte aux matres d'ouvrage des objections auxquelles le projet continue de se heurter.
37
Sur cette notion, voir notamment Alan CAWSON (d.), Organized lnterests and the State. Studies in Meso-
Corporatism, Londres, Sage. 1985.
47
Premire Partie Chapitre 1 : Essence et dveloppement conceptuel et thorique de la gouvernance territoriale
S'appuyant sur ce constat que la gouvernance reflte des carts de reprsentations importants,
notre projet original est relatif l'ide que la gouvernance, par l'expertise laquelle elle
correspond, favorise une re-territorialisation de l'action publique et une recomposition de l'tat. Il
n'est pas indiffrent de constater que son mergence et son succs ont correspondu une
professionnalisation progressive des mtiers du dveloppement territorial et un renforcement du
rle de l'expertise dans la dcision politique.
Pour autant, il ne s'agit aucunement d'affirmer que tous les acteurs et toutes les paroles ont le
mme poids, que la gouvernance territoriale est dmocratique ou consensuelle par nature ou
qu'elle efface l'importance des variables idologiques, partisanes ou simplement personnelles. La
couleur politique d'un lu, et notamment son positionnement sur l'axe droite/gauche, l'envergure
et la puissance de ses rseaux, continuent, mais sans doute de faon diffrente, peser sur les
jeux politiques locaux, nationaux et supra-nationaux. Tout d'abord, il y a une mise en scne de la
gouvernance et les procdures de concertation ou de partenariat sont comme on le sait parfois
bien artificielles. Il arrive que ces dernires n'aient d'autre but que de faire le constat de
dsaccords qui obligent l'un des acteurs prendre une dcision souveraine ; il arrive mme que
ces dsaccords soient proclams, voire aliments plus que rellement analyss et qu'aucune
tentative ne soit faite pour les claircir, l'impratif tant effectivement de lgitimer une dcision
et non de rellement la fonder.
Certains savent tirer le meilleur parti de cette complexit, en sont parfois le fruit ou au moins
s'organisent pour la grer, d'autres sont dpasss et progressivement dlits par elle.
48
Premire Partie Chapitre 1 : Essence et dveloppement conceptuel et thorique de la gouvernance territoriale
Une telle analyse est du reste parfaitement congruente avec le travail de Philippe BESNARD qui
dmontre que le terme anomie fonctionne davantage comme marqueur professionnel que
comme un vecteur de sens ; il permet de signaler sa qualit de sociologue davantage qu'il ne
dcrit des phnomnes prcis. Plutt que de regretter le flou et la polysmie de la gouvernance,
il faudrait par consquent se demander si le terme ne joue pas lui aussi un rle de marqueur
professionnel, n'est pas une faon de se signaler comme membre de la tribu des experts et
praticiens de l'action publique pour ceux qui l'emploient.
un second degr, on pourrait mme avancer que le fait de critiquer le flou de ce terme est
galement un moyen de signaler son rattachement au sous-tribu des chercheurs au sein de ce
vaste et htrogne tribu de l'action publique. Autrement dit, la diffusion du lexique et du registre
de la gouvernance correspond une recomposition de l'action publique dans un double sens :
comme fondement de lgitimit de l'ordre politique et comme espace de lutte stratgique.
49
Premire Partie Chapitre 1 : Essence et dveloppement conceptuel et thorique de la gouvernance territoriale
Aprs avoir abord le concept de la gouvernance, il est ncessaire, avant de voir les diffrentes
thories relatives ce concept et avant de dterminer les facteurs du succs ou dchec de la
gouvernance territoriale, daborder le concept du territoire (sa dfinition, sa fonction, rle et
nature des diffrentes sphres). En effet, la notion de gouvernance tant intimement lie un
espace, quon dsigne souvent du territoire, il savre impratif de dfinir le territoire en tant que
champ dapplication de la gouvernance avant dillustrer la relation entre la gouvernance et
lapproche territoriale.
Lintrt de cette notion (territoire) par rapport notre problmatique consiste dans la
dlimitation de lespace appropri pour lapplication de la gouvernance par les diffrents acteurs.
En thologie, le territoire est dfini comme une tendue limite de la surface de la Terre sur
laquelle vit un ensemble donn dindividus dune mme espce (ESSER, 1971). Il est organis,
chez les vertbres, par une autorit qui dtermine des rgles dlimitant les structures sociales. Ces
structures voluent sous la pression de deux exigences complmentaires : la maximisation des
interactions (BAILLY, 1998), par la multiplication des contacts et par la coopration entre
individus, par la recherche de nourriture, lutilisation dabris, la reproduction, llevage, la
protection des jeunes, et lutilisation optimale de lespace, par la dispersion des individus dans
lhabitat, afin que la population se maintienne un niveau compatible avec les ressources limites
du milieu (HEDIGER, 1961). Ces deux principes ne vont pas sans la dtermination des objectifs
de la thorie des cots de transaction (WILLIAMSON, 1975, 1985) et le modle de prise de
dcision comme processus itratif dallocations de ressources (NODA et BOWER, 1996) en
sciences de gestion.
Les thologistes (RABAND, 1929, 1937, PICARD, 1933, GRASSE, 1946) ont commenc
envisager la notion de territoire lorsquils ont d rpondre une question importante : quelle est
la diffrence entre une collectivit et une socit ? Cette question laissait entendre que
lenvironnement des espces tudies ntait pas constitu dun tout, mais quil tait au contraire
possible de distinguer diffrents types denvironnement, ici identifis au travers des deux notions
de collectivit et de socit.
En termes de perspectives, il faut avoir une comprhension du territoire en considrant que les
affaires ne peuvent pas tre oprationnelles sous un systme bureaucratique ou un systme de
jugement inadapt pour rsoudre rapidement les conflits de manire quitable.
50
Premire Partie Chapitre 1 : Essence et dveloppement conceptuel et thorique de la gouvernance territoriale
Lanalyse spatiale nimplique pas pour autant la prise en compte du territoire, mais, de faon plus
large, de lespace physique dans lanalyse conomique de lvolution de la firme.
Lanalyse du territoire est mene au travers des diffrentes sciences humaines. En sciences
conomiques, on dnombre un grand nombre dauteurs qui tendent quitter lanalyse sectorielle
classique pour orienter leurs recherches dans une approche territoriale tels que MARSHALL et
Perroux. La filiation de ces conomistes se retrouve au travers des diffrentes coles de pense
en matire de dveloppement territorial.
On notera lensemble des axes de penses o le territoire constitue la base, mais dont les axes de
dveloppement, sans pour autant tre contradictoire, ont des orientations diffrentes.
Ainsi, les penses issues des districts industriels (BECATINI, 1979, MARSHALL, 1980), ont
leurs reprsentants sur le territoire franais par des auteurs tels que COURLET, PECQUEUR
avec le dveloppement de la Valle de lAvre ou de lindustrie de la chaussure dans le Choletais.
Il convient de ne pas oublier les auteurs principalement axs sur lvolution territoriale dans un
processus post-fordien (LEBORGNE, LIPIETZ, 1988).
Mme si dans ces diffrents courants les origines du dveloppement territorial, sans pour autant
dj parler de dveloppement local, sont dordre multiple et souvent additionnel, lapproche
essentielle de ce dveloppement est avant tout le territoire en tant que cadre gographique
dlimit et permettant une dynamique fonde sur la structuration territoriale des entreprises en
tant quauteurs.
Lapproche en termes dacteurs nous permet dintroduire la vision des sociologues qui
sintressent la problmatique du territoire.
Dans ces domaines des sciences sociales, le territoire est peru en tant qulment structurant de
jeux dacteurs. Ainsi, des sociologues comme GANNE (1991) dpassent le simple champ de
lentreprise, perue comme simple structure de production, dans le cadre des systmes industriels
localiss, pour montrer quelle a galement une fonction dorganisation du territoire la
valorisation optimale des ressources effectues par lentreprise dborde aussi sur le plan
conomique amenant prendre en compte dune autre faon les autres facteurs constituant son
38
Tels que les modles de VON THNEN (1926) de ISARD (1954) et plus rcemment des adeptes de lconomie
gographique qui sont KRUGMAN (1995) et ARTHR (1995).
51
Premire Partie Chapitre 1 : Essence et dveloppement conceptuel et thorique de la gouvernance territoriale
environnement, ou plutt les diffrentes faons dont lentreprise construit et organise ce dernier
(GANNE, 1991).
Outre les sciences conomiques, la thorie des organisations sest intresse la dfinition du
territoire. Cette dernire est spcifique aux organisations (dans le sens o elle met en relation le
territoire aux acteurs et aux entreprises).
Lapproche en matire dorganisation du territoire par un systme dacteurs dont lentreprise est
un maillon important, voire fondamental, est galement souligne par THOENIG (1993) lorsquil
prsente le territoire (local) sous langle de la sociologie des organisations. Selon lui, le local, en
tant quentit territoriale dtermine, devient un acteur autonome participant une rgulation
collective densemble, ct du central qui est lui-mme un acteur parmi dautres des dcisions
ou des choix (THOENIG, 1993).
En ce sens, le territoire du gographe nest pas un espace abstrait mais un espace concret
dont les caractristiques physiques et historiques ne doivent pas tre ignores (GIBLIU,
DELVALLET, 1993). FERMONT complte cette dfinition en prcisant que, pour les
gographes, cest la notion despace vcu qui devient fondamentale. Lespace vcu
(FREMONT, 1976) reprsente la matrise qua chaque acteur de son environnement. Notons que
lconomiste PERROUX avait dj introduit cette notion despace lorsquil a dvelopp le
concept despace polaris , dans sa thorie de la polarisation des activits productives
(PERROUX, 1961).
Cette affectation disciplinaire semble orienter de fait les conomistes et les sociologues, ainsi que
quelques chercheurs des sciences de gestion, vers une analyse plus localise du territoire dans
un principe de dveloppement. Il va sans dire que cette affirmation reste toute relative puisque
les approches macro et micro conomiques demeurent relles.
Toutefois, et dans une optique conomique cest plus dans un cadre mso conomique que se
prsente le concept du territoire.
Enfin, il est impratif de souligner quil est ncessaire de montrer la diffrence entre le territoire
et lespace pour viter toute confusion sachant que les deux termes malgr leur ressemblance
smantique restent diffrents lun de lautre.
52
Premire Partie Chapitre 1 : Essence et dveloppement conceptuel et thorique de la gouvernance territoriale
Espace est un mot du langage courant que le dictionnaire Robert dfinit ainsi lieu plus ou moins
bien dlimit o peut se situer quelque chose 39. C'est dans ce sens trs large que les gographes
l'utilisent parfois. Il signifie alors portion ou totalit de l'tendue terrestre. S'il s'agit d'une portion,
elle est plus ou moins dlimite et l'adjectif qui la qualifie fournit l'indication de ses limites.
Cependant, les recherches des gographes, soucieux de comprendre la distribution des
phnomnes gographiques, ont charg ce mot d'un sens plus prcis.
a. Du milieu l'espace :
Les gographes, jusquaux annes 1960, utilisaient plus volontiers le concept de milieu plutt
que celui d'espace parce qu'ils recherchaient la raison principale de la disposition des
phnomnes gographiques dans les caractristiques du milieu naturel dans lequel ils
s'inscrivaient. Le terme d'espace a t introduit lorsque les gographes ont commenc tudier
des objets gographiques pour lesquels le milieu naturel n'tait pas en mesure de fournir des
explications satisfaisantes (villes, transport). Ainsi, CHRISTALLER40 montre en 1933 que la
rpartition des villes dans un espace ne s'explique pas par des lments du milieu naturel41.
Il analyse les rgularits qui font qu'une grande ville ne peut se dvelopper qu' une certaine
distance d'une ville de mme taille. Beaucoup de gographes comprennent aussi, dans les annes
1960, que chaque lieu peut se comprendre davantage par les relations quil entretient avec
dautres lieux (ce que PINCHEMEL appelle les relations horizontales) que par les relations quil
entretient avec son support naturel anthropis (relation verticale).
La mise lhonneur des premiers travaux modlisant42 et la grande attention accorde aux
relations horizontales conduisent donc la nouvelle gographie utiliser la notion despace
plus dtache du support naturel.
Les philosophes, les astronomes, les mathmaticiens ont donn un sens au mot espace plus prcis
que celui du langage courant. Il tait normal que les gographes s'efforcent de dfinir avec plus
de rigueur ce concept. Ainsi, R. BRUNET dfinit ainsi l'espace gographique : tendue terrestre
utilise et amnage par les socits humaines en vue de leur reproduction - au sens large : non
seulement pour se nourrir et pour s'abriter, mais dans toute la complexit des actes sociaux43.
Ainsi dfini, l'espace est un des produits de l'activit des socits humaines. Pas un produit fini,
lisse, le meilleur possible, non, une uvre humaine, donc absurde et sublime, pleine de bruits et
39
Voir aussi la dfinition du Dictionnaire de gographie humaine, BARRET, LIRIS, ensemble des lieux la
surface de la terre o se situent les objets gographiques .
40
CHRISTALLER, Les lieux centraux en Allemagne du Sud, 1933.
41
Ils existent encore des espaces non anthropriss a surface de la terre
42
Outre CHRISTALLER, citons aussi les travaux de Von THNEN, LOSH, REILLY etc
43
R. BRUNET, Champs et contrechamps, Berlin, Mappemonde, 1997.
53
Premire Partie Chapitre 1 : Essence et dveloppement conceptuel et thorique de la gouvernance territoriale
de fureurs, d'erreurs autant que de bonheur 44. Les espaces comportent donc des acteurs
(individus, familles, groupes, entreprises, collectivits territoriales) qui ont des intrts, entrent en
conflit, aboutissent des compromis et construisent cet espace.
Il est hritage d'action et de choix de socits antrieures. Cet hritage exerce une influence sur
les actions que la socit y dploie et peut rendre un espace plus ou moins performant. La
manire dont les cosystmes ont t transforms par les socits constitue une de ces mmoires.
Plus globalement, tous les amnagements antrieurs tracent des sillons dont les socits
actuelles doivent tenir compte. L'espace gographique est donc le milieu de l'activit sociale.
L'espace est l'ensemble des lieux et de leurs relations 45. Les espaces n'existent que dans leurs
interrelations avec les espaces qu'ils incorporent o au sein desquels ils s'insrent. Ils n'existent
que dans leurs interrelations avec les autres espaces du monde. Les mmoires de l'espace et les
acteurs dj voqus sont partis prenants de ce systme que R BRUNET dans le premier volume
de la Gographie Universelle a symbolis dans le schma ci-dessous.
Lespace de vie correspond lespace des pratiques sociales de chaque individu. Cest une
ralit, un espace dusage qui peut tre analys par un observateur extrieur (un sociologue ou
un gographe par exemple). Il peut comme tout espace tre compos daires, de ples et daxes.
Avec la mobilit de plus en plus grande des individus, cet espace se dessine de plus en plus sous
la forme de rseau (pensons lespace de vie du Jet society ou de J. BOVE).
Lespace vcu correspond la manire dont chaque individu (avec sa part dimaginaire, les
dformations qui viennent de sa culture ou du groupe social auquel il appartient) se reprsente
son espace de vie. Lespace vcu exprime le rapport existentiel que lindividu socialis (donc
inform et influenc par la sphre sociale) tablit avec la terre 46.
Le mot territoire peut-tre utilis dans le sens que lui donne le langage courant. Il peut sagir dun
champ de lactivit humaine (le territoire de lhistorien), dun simple dcoupage administratif
(les TOM), de ltendue correspondant lextension dun phnomne gographique (le territoire
couvert par le nuage de Tchernobyl), ou simplement de ltendue correspondant lespace dun
tat. Les gographes ont cependant dans les annes 1980, donn ce concept un sens plus prcis
quil convient de confronter avec celui despace.
44
R. BRUNET, Champs et contrechamps, Belin, 1997.
45
R. BRUNET, Les mots de la gographie, Reclus, 1992.
46
G. DI MEO, Gographie sociale et territoires, Nathan, 1998.
54
Premire Partie Chapitre 1 : Essence et dveloppement conceptuel et thorique de la gouvernance territoriale
Un territoire est un espace socialis, appropri par ses habitants, quelle que soit sa taille 47,
cest une portion de la surface terrestre que se rserve une collectivit humaine qui lamnage
en fonction de ses besoins .48 Que veut dire appropri ? R. BRUNET y voit deux sens : propre
soi et propre quelque chose. Si le premier sens va de soi, le second sens conduit sinterroger
sur la manire dont est affect lespace : il sapproprie des activits, se spcialise, squipe, se
travaille, se recompose 49.
cette vision enracine du territoire, que D. RETAILLE considre comme une construction
idologique dun monde domin par les paysans et les guerriers, il est possible dopposer une
conception plus fluide du territoire. Pour RETAILLE il est aussi des territoires sans limites,
faits du quadrillage des rseaux de la communication, car lespace des relations produit aussi du
territoire . Dans le monde irrigu de multiples rseaux o nous vivons, de nouveaux territoires
mergent, plus mobiles, plus difficiles cerner.
Le territoire est un espace quil a fallu parfois conqurir puis dfendre. Ses limites ont pu varier
dans le temps : le territoire est le fruit de lHistoire, un espace patrimonial.
Inversement, les caractristiques physiques du territoire, sa position dans lespace mondial, sa
protection ou non par des obstacles naturels, ont influ sur le cours de ses relations au monde
extrieur et son destin
Dautre part, le territoire recle un bti qui dmontre lvolution de la culture au fil des sicles et
les influences externes. Il est couvert de paysages ruraux illustrant une certaine vision de lespace
(habitat dispers ou concentr, clture ou non des champs). Il est facile de montrer combien le
territoire influence la culture.
Quels sont les liens du territoire avec lidentit collective ? Il est utile de prciser que lidentit
collective se dessine dans les rponses aux questions qui tes-vous ? Quest-ce qui vous unit ?
Quest-ce qui vous distingue des populations voisines ? Toutes les populations de la plante sauf
exceptions, accordent une place importante lamour de la terre natale, c'est--dire au territoire,
dans ce qui cimente une socit et la distingue des autres.
47
P. BAUD, C. BRAS, S. BOURGEAT, Dictionnaire de gographie, Hatier, 1995.
48
M. Le BERRE, Dans lEncyclopdie de la gographie, Economica, 1992.
49
R. BRUNET, Le territoire dans les turbulences, Reclus, 1990.
55
Premire Partie Chapitre 1 : Essence et dveloppement conceptuel et thorique de la gouvernance territoriale
Le territoire, dans ses dimensions terrestre et maritime, est la fois le support dactivits
conomiques et sociales, mais aussi un ensemble de lieux familiers auxquels on sattache : cest
un lment constitutif de lidentit rgionale, tout comme la culture et lhistoire.
Le territoire tmoigne dune appropriation () par des groupes qui se donnent une
reprsentation particulire deux-mmes, de leur histoire, de leur singularit 50. G DI MEO
illustre par le schma ci-dessous les deux aspects du territoire, la fois appropri et support
didentit et confronte le territoire avec les diffrentes formes de lespace
Il est un support didentit et dunit par lexercice de la fonction politique. Il permet de rduire
les distances lintrieur et dtablir une distance infinie avec lextrieur, par del les
frontires51.
Allant dans le mme sens R. BRUNET suggre, de manire image, de poser que le territoire
est lespace ce que la conscience de classe, ou plus exactement la classe sociale conscientise,
est la classe sociale potentielle : une forme objective et consciente de lespace
Ainsi, le territoire est un espace qui nous appartient et auquel on appartient. De ce fait, il
contribue construire notre identit. Le territoire se drobe donc en partie au discours de la
science, il frle lirrationnel, il est vcu, affectivit, subjectivit 52. cet gard, si lespace
comporte des mmoires, le territoire peut sappuyer sur des manipulations de la mmoire des
fins idologiques et politiques. Lespace est un enjeu du pouvoir tandis que le territoire est un
produit du pouvoir 53.
50
Retaill, le monde du gographe, presses de Sciences Po, 1997.
51
J. BONNEMAISON, voyage autour du territoire, Lespace gographique, 1982.
52
C. RAFFESTIN, pour une gographie du pouvoir, PUF.
53
Retaill, le monde du gographe, presses de Sciences Po, 1997.
56
Premire Partie Chapitre 1 : Essence et dveloppement conceptuel et thorique de la gouvernance territoriale
Source : Le respect des territoires, principe de base dune organisation rgionale dmocratique Par Pierre Yves
LE RHUN
Les liens interactifs entre les trois composantes dterminent un systme. Le graphe montre que
lidentit dune population rsulte des interactions constantes entre Culture, Histoire et Territoire,
dont le jeu est soumis des influences externes. Il en dcoule que lidentit collective volue en
permanence.
Le territoire est faonn par la politique et lconomie, ce que nindique pas le graphe dont lobjet
se limite aux relations territoire-identit. La cration des paysages ruraux et les modifications
ultrieures rpondent une certaine conception de lespace, mais aussi et surtout des ncessits
conomiques. La politique encourage ou freine les volutions conomiques, favorise des villes au
dtriment dautres, etc.
Le territoire est la base de la solidarit, avant mme la langue ou les parents culturelles. Il tablit
le cadre dans lequel sopre lunion que maintient ltat, personnification juridique dune
nation, conscutive la centralisation politique, conomique, juridique des lments de la
nation .
57
Premire Partie Chapitre 1 : Essence et dveloppement conceptuel et thorique de la gouvernance territoriale
Le territoire est la fois une substance de ltat, un objet de son pouvoir de lespace de sa
comptence. Le dploiement de cette notion puisse obir des logiques diverses suivant
notamment que les pays soient ou non centraliss.
Notion juridique, le territoire renvoie ltat dont la lgitimit se mesure en grande partie sa
capacit en garantir lintgrit. Pour R. CARRE DE MALBERG, le territoire nest point un
objet situ en dehors de la personne juridique tat, et sur lequel cette personne possderait un
pouvoir plus ou moins comparable aux droits qui peuvent appartenir une personne prive sur
les biens dpendant de son patrimoine, mais il est un lment constitutif de ltat, c'est--dire un
lment de son tre, et non point de son avoir, un lment par consquent de sa personnalit
mme .
On constate alors que le territoire est un espace limit par des frontires et qui dispose du
sentiment dappartenance qui le distingue des autres territoires.
Cest ce sentiment dappartenance un espace donn qui constitue la condition sine quoi non
pour quun espace constitue rellement un territoire. Alors quune identit collective est
complexe, difficile dfinir avec prcision et donc sujette controverses, le sentiment
dappartenance se mesure par des classiques enqutes dopinion qui fournissent des rsultats
fiables si les questions sont claires.
Le citoyen peut prouver un sentiment dappartenance pour des espaces dchelles fort
diffrentes selon ses proccupations et centres dintrt. Au niveau local (le quartier, la
commune) se vivent les relations de voisinage. Le Pays ou lagglomration correspond aux
rseaux de travail (bassin demploi) et de la vie prive. La rgion est un niveau dorganisation et
daction dune communaut pour les questions qui se posent cette chelle (dveloppement
conomique et culturel, formation, environnement, etc.). Puis le territoire national rassemblant la
communaut franaise.
58
Premire Partie Chapitre 1 : Essence et dveloppement conceptuel et thorique de la gouvernance territoriale
Source : Le respect des territoires, principe de base dune organisation rgionale dmocratique Par Pierre Yves
LE RHUN
Le graphe ci-aprs visualise la faon dont les territoires rels ou en gestation sont embots les
uns dans les autres et pour chacun deux le mme individu peut ressentir un sentiment
dappartenance plus ou moins fort et mesurable par des enqutes et sondages. Les diffrents
territoires dappartenance sont donc fondamentalement complmentaires.
Le territoire peut se dfinir par rapport ses fonctions ou son usage. En effet, le territoire peut
tre la fois un enjeu dans la politique damnagement du territoire qui en recherche
lexploitation optimale, un cadre avec toutes ses singularits qui influent sur la vie politique
ou sur le travail administratif et un thtre c'est--dire le champ stylis dune action.
59
Premire Partie Chapitre 1 : Essence et dveloppement conceptuel et thorique de la gouvernance territoriale
Le territoire doit tre conu tout la fois comme un instrument dunit et de diversit de ltat. Il
est indissolublement territoire de ltat- Nation, c'est--dire de lensemble de la communaut
nationale, et territoire de collectivits territoriales, qui situes au sein de la rpublique indivisible,
permettent den exprimer la diversit.
De mme, le territoire est un instrument dont use le pouvoir central pour assurer sa domination.
Dans le mme temps, il assure lunit de lappareil administratif tatique et la diffusion univoque
de la volont centrale, fournissent des cadres territoriaux commodes lexercice de ses fonctions.
Une telle conception est largement alimente par lanalyse historique et le droit public
rvolutionnaire.
Le territoire est la base de la solidarit, avant mme la langue ou les parents culturelles. Il tablit
le cadre dans lequel sopre lunion que maintient ltat, personnification juridique dune
nation, conscutive la centralisation politique, conomique, juridique des lments de la
nation .
Le territoire est la fois une substance de ltat, un objet de son pouvoir de lespace de sa
comptence. Le dploiement de cette notion puisse obir des logiques diverses suivant
notamment que les pays soient ou non centraliss.
Tout territoire rsulte dun processus dappropriation, et la socit en fait son espace
gographique, quelle soumet une logique de dcoupage et dorganisation. Ce territoire requiert
la clture, la frontire, pour sa dfense, la division, le maillage interne, pour son organisation
administrative. La domination de lespace ncessite un dcoupage, qui permet le maillage, qui
facilite le processus dappropriation.
La matrise du territoire et de ses ressources tant humaines que physiques est entreprise par tous
les tats : il sagit pour le pouvoir de disposer de relais, assis sur une circonscription dlimite.
Ltat, organisme enracin , fait de son territoire une donne politique.
Toutefois, le territoire ne peut plus tre conu comme un instrument permettant dencadrer
strictement la diversit infranationale. Tout au contraire, sous linfluence de la construction
europenne, mais galement et surtout grce aux progrs de la libre administration de la libre
administration des collectivits territoriales, il doit tre dsormais conu comme un puissant
instrument de reconnaissance et de promotion de la diversit des communauts infra-nationales.
Cette affirmation est vrifie en ce qui concerne les dcoupages territoriaux eux-mmes.
Enfin, le territoire ne se contente pas de connatre des industries tenues pour naturelles, mais
participe activement leur construction. Une telle conception, qui fait donc du territoire un
60
Premire Partie Chapitre 1 : Essence et dveloppement conceptuel et thorique de la gouvernance territoriale
La gouvernance territoriale repose la fois sur les flux : un rseau c'est--dire une configuration
de connexions entre les diffrents acteurs avec des flux circulant dans le rseau.
Ces flux sont des informations induites par une stratgie commune due lexistence dune
proximit institutionnelle et dune dlimitation spatiale claire, constitue par lexercice dune
proximit gographique.
Outre cette multiplicit dacteurs dans le processus dcisionnel, et les questions de coordination,
ngociation, compromis ou conflit qui en dcoulent, le territoire tel que dfini ici ne correspond
plus forcment une unit politico-administrative. Ses limites mergent du construit et ne sont
pas donne exacte
Ds lors, lespace dfini correspondra souvent un espace rgi par diverses autorits publiques
(regroupant plusieurs organisations politico-administratives), voire crera de nouveaux espaces.
61
Premire Partie Chapitre 1 : Essence et dveloppement conceptuel et thorique de la gouvernance territoriale
Lacteur public, entre autres, aura donc rendre possible une mobilisation de lensemble de ces
acteurs -privs, associatifs et publics- et institutions sur des objectifs communs de dveloppement
dans le cadre dun projet intgr et cohrent, partageant ou acceptant de partager une mme
vision moyen et long terme du territoire.
Diverses modalits daction refltent ces aspirations, citons ainsi la ncessaire coordination
rsiliaire ( lintrieur du territoire, mais aussi en relation avec lenvironnement externe du
territoire), le dveloppement de procdures contractuelles et de nouveaux instruments ou
techniques daction afin de stabiliser les relations et les engagements des acteurs.
Ceci implique des jeux de ngociations, de compromis, dalliances et des rapports de force entre
groupes et acteurs divers obissant leurs propres logiques dintrt et/ou exerant des
responsabilits sur des domaines de comptences tantt partags, tantt disputs, mais jamais
absolument tanches (N.BERTRAND et ALII, 2001, p.6). Ceci suppose lactivation de relations
et des rseaux multiples o diverses formes de proximit -tant gographiques
quorganisationnelles- pourront jouer.
Il ne sagit pas seulement de demander leurs avis aux acteurs locaux, mais bien plus
fondamentalement de susciter leur adhsion, leur participation et leur implication, dans une ide
de construction collective des systmes daction publique. Dans ce contexte, laction sur le
dveloppement territorial nest plus prsente comme la seule responsabilit du pouvoir public
(local, rgional ou tatique), mais comme la rsultante dun processus de coopration et de
coordination entre de nombreux acteurs et oprateurs, dans lequel la collectivit locale (qui doit
maintenant composer avec divers acteurs et institutions publiques et privs) a un quadruple rle
dorientation, danimation, de pilotage et de rgulation.
Le concept de gouvernance territoriale permet dinclure dans les processus de prise de dcision
territoriale lexistence de ces acteurs et relations multiples, limportance des rseaux, lmergence
de conflits et de ngociations, le dveloppement traduit en objectifs et en actions (Bertrand,
GORGEU, MOQUAY, 2001).
62
Premire Partie Chapitre 1 : Essence et dveloppement conceptuel et thorique de la gouvernance territoriale
Dans les volutions portes par les notions de dveloppement local et territorial, le territoire ne
sentend pas comme un simple chelon spatial parmi dautres o slaboreraient, par lapplication
dune bonne subsidiarit, des politiques de proximit et dinterface adquates. Il ne correspond
pas un niveau administratif neutre o une politique sapplique selon une dmarche hirarchique
descendante. Le territoire simpose au contraire comme un construit social permanent, en
constante appropriation. Dans ce sens, il peut tre apparent un systme dynamique complexe
(F. LELOUP et L. MOYART, 2003). Il se construit ainsi grce aux relations durables de
proximit gographique dveloppe entre une pluralit dacteurs, ces relations de voisinage
peuvent mener des actions concrtes voire llaboration commune de normes on se rejoint
alors la notion de proximit institutionnelle-.
En tant que systme, le territoire se dfinit par rapport son environnement. Il rsulte dun
processus de discrimination, dune dynamique de construction dun dedans par rapport un
dehors 54. On prend donc ici le parti de considrer le territoire (qui est le rsultat) ou la
territorialisation (qui est le processus) comme une forme particulire de coordination par cration
de groupe. Cette forme de coordination est lorigine dune modalit particulire de cration de
valeur et dmergence de ressources nouvelles ou latentes. Ces ressources
territoriales spcifiques sont plurielles et dbordent dans de nombreux cas la seule sphre
productive. (PAGES D., PELISSIER N., 2000).
Le territoire est par essence ouvert, nourri par les changes et les relations, embot dans un
ensemble dautres espaces quil influence et qui influencent rciproquement. (MATHIOT P.,
2003).
Par ce contexte, les limites du territoire ne sont plus dfinies en rfrence un primtre politico-
administratif (aspect politique) ou comme un fragment dun systme productif national (aspect
conomique), elles dfinissent le lieu de production, de ngociation, de partage dun devenir
commun. Le systme est bti sur la proximit gographique de ses acteurs, mais aussi sur la
dynamique commune qui les rassemble, le construit les actions- qui rsultent de ces relations,
voire les rgles, normes et principes accepts et mis en uvre ensemble.
Un tel construit commun ne se forme pas seulement par lidentification dun problme commun,
mais aussi travers la transformation et lappropriation des ressources non valorises des
territoires. Cest dans ce sens que les auteurs parlent de mtamorphose des ressources comme un
changement structurel avec une irrversibilit incomplte selon laquelle on ne peut pas toujours
revenir de lactif vers la ressource et du spcifique du gnrique en retrouvant ltat initial exact.
En ce sens, le territoire est un systme aux limites autoconstruites et ds lors fluctuantes en
fonction du processus dappropriation des acteurs.
Les acteurs ou groupes dacteurs qui participent cette construction territoriale peuvent avoir des
mobiles et des processus trs divers pour se regrouper en vue dun avantage dont chaque membre
serait bnficiaire (groupe de pression, syndicat, entreprise).
Le systme-territoire volue donc en fonction des interactions unissent ses acteurs, les changes
avec lenvironnement, lvolution mme de ces variables. Les processus dappropriation, de
rgulation, de construction sociale et identitaire amenant ou non la prennit et lauto-
renforcement du territoire.
54
Le territoire ainsi constitu a aussi une fonction particulire de repoussoir des acteurs qui ne viennent pas de
l'intrieur de ses limites.
63
Premire Partie Chapitre 1 : Essence et dveloppement conceptuel et thorique de la gouvernance territoriale
Le territoire devient un tout, cohrent et construit, ce qui signifie quil dveloppe sa propre
identit, sa propre histoire, sa propre dynamique diffrencie des autres espaces, une certaine
autonomisation et autoorganisation en rsultant (F. LELOUP et L. MOYART, 2003). En outre, il
devient potentiellement un acteur du systme global, son volution dpend notamment des
changes quil entretient avec les autres acteurs du systme, national et international,
conomique, politique et social : un territoire ainsi dfini en tant que systme ne peut voluer
quouvert et non repli sur lui-mme.
64
Premire Partie Chapitre 1 : Essence et dveloppement conceptuel et thorique de la gouvernance territoriale
Le territoire apparat donc comme une entit active qui puise son potentiel de dveloppement
dans ses ressources locales, entendues au sens large, cest--dire avec ses activits, ses acteurs,
ses rseaux La coordination dacteurs lchelle territoriale entrane une mutation : la dcision
sautonomise en partie par rapport au pouvoir central public; on assiste une certaine
polycentralit des formes de rgulation, qui slargissent au social, au culturel et lconomique.
Par ailleurs, ltat et ses structures politico-administratives connaissent une double volution : le
dcentrement des pouvoirs au profit dautres niveaux (suprieurs, transversaux, infranationaux) et
une recomposition des espaces dexercice du pouvoir. Lespace politico-administratif est ainsi
entran dans un mouvement de recomposition qui se traduit la fois par une dterritorialisation
et par la rappropriation dautres niveaux spatiaux (reterritorialisation).
Ils se construisent sur la mise en uvre deffets sociaux et conomiques non seulement de
production et dchange marchands, mais galement de relations, dhistoire commune, de vie
quotidienne. Il ne sagit plus de gouvernement dunits administratives locales, mais de
gouvernance coordonne des acteurs dun territoire, tel que dfini en dveloppement local.
capacit daction collective dtermine la qualit, elle est prioritairement une interrogation sur le
pilotage de laction publique. (P. DURAN, 2001, p.370)55.
Chaque territoire est considr comme abritant un stock dinstitutions au sens le plus large que
lon puisse donner au terme. Il englobe, par exemple, aussi bien les entreprises que les
associations, les administrations comme toutes les autres forces vives.
Cest notamment travers ces relations dinterdpendances que dpendra la mise en place dune
bonne gouvernance. Cest travers les liens et les interactions entre les diffrents acteurs que la
gouvernance peut tre applique. Le dveloppement est un processus complexe. La mise en
place de cette nouvelle approche fait appelle lanalyse systmique dans laquelle, le territoire,
systme productif et socit locale ne peuvent plus tre traits sparment.
Le territoire ne peut tre en effet apprhend par ltude de ses parties prises isolment, il est
apprhend travers tout ce quil englobe de densit humaine et sociale et de sdimentation
historique.
Dans ce nouveau cadre, le spatial redevient alors une condition du dveloppement au mme titre
que le politique, le social et lconomique. Quatre sphres sont ainsi mises en vidence : la sphre
politique, la sphre conomique, la sphre sociale et la sphre spatiale.
Les diffrents niveaux du systme territoire ainsi que leur mode d'organisation sont mis en
vidence par le schma suivant :
55
Cette manire de poser le problme du dveloppement et de la gouvernance en terme de territoire implique un
changement profond dans la culture du dveloppement (LELOUP, MOYART, PECQUEUR, 2003). En d'autres
termes, il faut dpasser une vision sectorielle ou administrative du territoire et l'apprhender comme un construit
social, dans sa complexit holistique.
56
BARTOLI, Lconomie multidimensionnelle, Economica, 1991, p. 75.
66
Premire Partie Chapitre 1 : Essence et dveloppement conceptuel et thorique de la gouvernance territoriale
Chacune des sphres est dfinie en fonction de la dynamique relationnelle des acteurs qui en sont
partie prenante et non en fonction des acteurs eux-mmes. Chaque sphre est en effet capable
d'actions, selon des critres faonns en elle-mme et participe activement l'organisation du
dveloppement (voire sa dsorganisation), mais elle est, en mme temps, contrainte dans ses
marges de manuvre par les influences que vont dployer toutes les autres.
travers lanalyse de lenjeu des diffrentes sphres, on va essayer de donner un bref clairage
sur la nature et le rle de chacune dentre elles.
67
Premire Partie Chapitre 1 : Essence et dveloppement conceptuel et thorique de la gouvernance territoriale
Cest cette sphre qui nous intresse dans le cadre de notre recherche. Elle regroupe les
responsables lus ou administrateurs et peut tre tendue jusqu' englober les acteurs relevants de
la formation et de la culture. Elle a pour fonction spcifique d'assurer la cohsion de la socit et
la cohrence de l'ordre social.
Cependant, si l'tat, en tant que cur du systme politique, est un point de passage oblig de
l'analyse des stratgies politiques territorialises, il n'est pas l'unique pouvoir tenter d'asseoir
son emprise territoriale : les collectivits locales, les partis politiques, les groupes de pression les
plus divers, les associations sont autant de relais qui vont participer au jeu relationnel complexe
de la sphre politique.
Dans le but d'accrotre son autorit sur l'ensemble du territoire, l'tat dispose de points d'ancrage
territoriaux lui permettant le contrle des populations, de leur mobilit et de l'mergence de
contre-pouvoirs. Les collectivits locales pouvaient tre considres comme des relais de gestion
entre l'chelon local et l'tat, asseyant l'autorit du pouvoir central.
Toutefois, et bien que soumises au principe de l'intrt national, elles disposent dsormais d'une
certaine marge de manuvre qui leur permet d'intervenir plus largement dans le domaine
conomique. Ces transformations dfinissent de nouveaux rles tant pour l'tat que pour les
collectivits locales visant parvenir un nouvel quilibre de leurs pouvoirs respectifs.
Les collectivits locales ont dsormais en charge des secteurs stratgiques de l'action publique.
Elles vont agir dans leurs primtres d'action et entrent ainsi en concurrence directe avec l'tat
dans le domaine de l'amnagement du territoire.
Les collectivits locales ne sont pas seules jouer ce rle (quilibrateur) et d'autres organes
(syndicats, association...), gnralement tourns vers la dfense d'intrt commun souvent
particulier et bien cibl, participent la formation de ce tissu institutionnel complexe. Dots d'un
rle indniable dans la dynamique mme des stratgies politiques rgulatrices, ils vont peser de
tout leur poids, au demeurant variable, pour donner la sphre politique une configuration, des
objectifs et des moyens d'actions propres chaque territoire.
Ainsi donc, lenjeu de la sphre politique confre au territoire une double mission celle
damliorer lefficacit conomique et lefficacit dmocratique et celle daccrotre
linitiative des citoyens et leur participation la dcision publique57. Condition indispensable
pour une bonne gouvernance.
57
GUIGOU. J. L. Une nouvelle pense territoriale. 2001. Op cit., p 57.
68
Premire Partie Chapitre 1 : Essence et dveloppement conceptuel et thorique de la gouvernance territoriale
Paralllement aux volutions de la sphre politique, les structures conomiques ont galement
volu. Cette volution na pas manqu davoir des effets sur les formes dorganisation
territoriale.
En effet, longtemps compacte est domine par les grandes units de production qui vhiculaient
la toute puissance rgulatrice en matire conomique, la sphre productive connat depuis
quelques dcennies des mutations qui remettent en cause lordre tabli jusqualors. Les
dimensions et les structures des plus grandes units de production, leurs liens avec les tissus
locaux, les formes de leur gestion, les relations interentreprises, ainsi que la place et le rle des
PME/PMI ont subi des mutations importantes.
Au moment o la grande entreprise tait considre comme le modle le plus apte vhiculer le
"dveloppement industriel", les PME avaient jou un rle de second ordre assimilable des
forces annexes.
Aujourd'hui les PME sont considres comme vritables acteurs du dveloppement au mme titre
que les grandes entreprises. Plusieurs tudes se sont attaches mettre en exergue l'importance
quantitative des PME dans le tissu productif.
En Europe comme aux tats-Unis et dans certains pays en voie de dveloppement, on n'a pas
manqu de relever leur utilit pour attnuer la crise de l'emploi, pour gnrer des performances et
des innovations remarquables.
La lecture de l'conomique ne passe donc plus seulement par l'analyse des grandes units
productrices, mais se doit de considrer les relations complexes entre grandes entreprises et PME.
Paralllement, nous vivons l'chelle plantaire une phase de transition structurelle profonde qui
sonne la fin de la rvolution industrielle classique et ouvre la voie pour une nouvelle "conomie
des services". Principal moteur de la richesse des nations pendant plus de deux sicles, le
processus d'industrialisation a longtemps focalis toute l'attention des conomistes.
Or, depuis plusieurs dcennies, l'essentiel des innovations et des possibilits d'accrotre la
richesse conomique s'est dplac en direction des activits de service qui se dveloppent
aujourd'hui de faon considrable. Longtemps considr comme un secteur basse productivit
servant de rservoir pour absorber les excdents de main-duvre qui ne pouvaient s'employer
dans les secteurs primaires et secondaires, le tertiaire joue dsormais un rle prpondrant qui
accompagne et soutient l'activit de production.
La comprhension des transformations qui soprent dans la sphre productive est une variable
importante dans la mise en place de moyens ncessaires pour assurer une dynamique conomique
dans un territoire.
69
Premire Partie Chapitre 1 : Essence et dveloppement conceptuel et thorique de la gouvernance territoriale
La sphre sociale acquiert une spcificit par le fait qu'elle s'attache ce qui fait l'individu en tant
qu'tre unique. La dcouverte des ralits territoriales par rapport aux contradictions engendres
par le dveloppement exogne a largement particip reconnatre lindividu un rle dynamique
en tant quacteur dans le processus du dveloppement territorial.
En effet, pendant longtemps, lacteur, lindividu, tel que le dfinit la thorie noclassique, agit
hors de lenjeu social effectif. Aujourdhui on ne peut exclure les comportements individuels et
sociaux de toutes actions conomiques. Lindividu agit dans un contexte social, familial,
communautaire, variant dans le temps et dans lespace. Les relations marchandes ne sont donc
pas les seuls repres qui guident laction conomique.
La sphre spatiale donne au territoire la dimension spatio-temporelle qui lui est due. Lespace a
longtemps t considr comme une donne immatrielle sans aucune dimension.
Ce nest que tardivement que seffectue lintgration de lespace dans lanalyse conomique et
quon commence reconnatre lespace un rle dans la construction de lentit territoriale.
Lenjeu spatial apparat comme lassemblage denjeux passs qui resurgissent au prsent et
auquel les actions et projets du moment doivent saccommoder et, au besoin, intgrer au cur de
leurs stratgies.
travers la lecture des diffrentes sphres, ainsi que des liens de dpendance mutuelle entre
elles, apparaissent la diversit et la complexit qui existent quant la comprhension dune
organisation territoriale qui suppose que soient pris en compte tous les aspects des relations qui
lient les diffrents acteurs intervenant sur le territoire. La mise en place dune bonne gouvernance
nous invite prendre en considration lensemble de ses relations dans le but doptimiser toutes
les actions entreprises sur un territoire.
Les volutions tant de la socit dans son ensemble que de notre systme administratif semblent
avoir remis en cause cet quilibre. Concernes au premier chef, les collectivits locales sont
aujourdhui la recherche dune nouvelle efficacit.
70
Premire Partie Chapitre 1 : Essence et dveloppement conceptuel et thorique de la gouvernance territoriale
Intrt gnral
Systme
Administratif
Traditionnel
Dun ct, le systme bureaucratique est indissociable de la gestion de certains services publics et
pourrait mme de surcrot tre considr comme le mode de fonctionnement et dorganisation le
plus adapt pour la gestion des services ou des biens purs. Il nest donc pas possible de juger le
systme administratif traditionnel sans apprhender simultanment les trois piliers qui lui
assurent sa stabilit, le service ou le bien public, lorganisation bureautique et le concept de
lintrt gnral.
71
Premire Partie Chapitre 1 : Essence et dveloppement conceptuel et thorique de la gouvernance territoriale
De la premire section, relative la gouvernance territoriale, nous avons retenu les ides
suivantes :
La gouvernance vhicule un principe de lgitimit concurrent de celui qui fonde les institutions
dmocratiquement constitues.
Le concept de la gouvernance doit tre apprci lui-mme par rapport la dmocratie comme
valeur. Elle ne saurait faire perdre de vue ce qui fait le sens mme de la dmocratie : 1)
produire une volont collective ; 2) en contrler l'exercice et en prvenir ainsi les
dtournements; 3) assurer l'imputabilit des dcisions et la responsabilit de leurs auteurs.
72
Premire Partie Chapitre 1 : Essence et dveloppement conceptuel et thorique de la gouvernance territoriale
sur une dnonciation du modle politique traditionnel descendant et centralis. Elle met
laccent sur la multiplicit et la varit (de nature, de statut, de niveau) des acteurs
(organisations but non lucratif, entreprises prives, citoyens, organisations locales,
rgionales, nationales et trangres) associs la dfinition et la mise en uvre de
laction publique qui repose sur des processus dinteraction, de collaboration et de
ngociation entre intervenants htrognes.
Lensemble de ces ides nous apporte des lments relatifs notre problmatique dans le sens
o la gouvernance prne le principe de la dmocratie, de coordination et implication des
acteurs.
De la deuxime section, relative au territoire, nous avons retenu les ides suivantes :
La gouvernance territoriale repose la fois sur les flux : un rseau c'est--dire une
configuration de connexions entre les diffrents acteurs avec des flux circulant dans le rseau.
Ces flux sont des informations induites par une stratgie commune due lexistence dune
proximit institutionnelle et dune dlimitation spatiale claire, constitue par lexercice dune
proximit gographique.
Chaque territoire construit reprsente un cas irrductiblement particulier du fait de la quasi
infinie combinaison des variables qui sy jouent ; appelle par consquent un mode particulier
de gouvernance.
La gouvernance est une combinaison des dimensions politico-sociales caractrise par une
densit variable des interactions entre les trois catgories dacteurs (GILLY et PERRAT,
2003).
Lacteur territorial doit rendre possible une mobilisation de lensemble des autres acteurs -
privs, associatifs et publics- et institutions sur des objectifs communs de dveloppement dans
le cadre dun projet intgr et cohrent, partageant ou acceptant de partager une mme vision
moyen et long terme du territoire.
Le systme-territoire volue donc en fonction des interactions unissent ses acteurs, les
changes avec lenvironnement, lvolution mme de ces variables. Les processus
dappropriation, de rgulation, de construction sociale et identitaire amenant ou non la
prennit et lauto-renforcement du territoire.
Les ides cites ci dessus compltent ceux avancs par le premier encadr et ajoutent
dautres lments de rponse notre problmatique notamment en matire de rle des acteurs
sur un territoire.
73
Premire Partie Chapitre 2 : La gouvernance territoriale au carrefour des diffrentes thories
74
Premire Partie Chapitre 2 : La gouvernance territoriale au carrefour des diffrentes thories
La thorie des conventions est un courant de recherche dont les caractristiques mritent une
rflexion non seulement sur son contenu, mais aussi sur sa place dans la recherche en gestion.
Cest, en effet, un des rares cas o les chercheurs en gestion se sont appropris une approche
issue de la sociologie et de lconomie pour linculturer dans leurs disciplines et en faire un
courant de recherche propre la gestion.
Ce courant se caractrise par le fait quil prsente une alternative francophone aux thories
institutionnalistes aujourdhui en vogue (GIDDENS, GRANOVETTER). Deux raisons qui
conduisent rflchir et dbattre sur ses forces et faiblesses, et sur son futur. Ses forces
rsident dans sa capacit proposer une lecture simple de la construction sociale de la
rationalit conomique et de son volution. Ses faiblesses se trouvent principalement dans les
limites de ses mthodologies empiriques, notamment dans les normes du mainstream
international.
Depuis plusieurs annes, les sciences de gestion se signalent par une volont dintgrer une
dimension proprement collective dans lanalyse des phnomnes de coordination et de
coopration. Cela sexplique par le succs de certaines notions comme culture, dinstitution,
de paradigme ou de reprsentation collective et bien sr, comme celle de convention qui se
prsente comme une des tentatives les plus ambitieuses et les plus construites de rendre
compte de la dimension collective de la coordination.
De linstitutionnalisme la VEBLEN la structuration la GIDDENS, de nombreuses
thories des institutions ont t proposes. Elles ont pour point commun de privilgier une
lecture de la dynamique sociale non pas partir des seuls calculs ou intrts conomiques,
mais en prenant en compte le jeu des institutions qui dpendent, mais aussi dfinissent les
rgles des comportements individuels. La thorie des conventions sinscrit dans cette
tradition.
75
Premire Partie Chapitre 2 : La gouvernance territoriale au carrefour des diffrentes thories
Lobjectif est de dfinir la notion de convention afin den prciser les contours. Ensuite, se
pencher sur les modes dexistence et laxiomatique des conventions, en sappuyant
majoritairement sur GOMEZ (1994 ; 1997 ; 1998).
Les conventions ne constituent pas un nouvel objet d'tude pour les sciences sociales. Elles se
sont depuis longtemps interroges sur la nature des mcanismes qui permettent d'assurer
la coordination entre les individus sur une base arbitraire et mal dfinie. Les conomistes
ont dcouvert le concept beaucoup plus tard. Ce n'est que depuis une quinzaine
d'annes environ que l'on a mis en avant le fait que l'activit conomique tait influence
par des rgles de nature particulire, nommes "conventions". Il est vrai que faire une
thorie de l'arbitraire et de l'indfini en conomie pose de srieux problmes. Pour l'analyse
conomique standard, on ne peut en effet rien dire d'un tel phnomne, car il ne peut
s'accorder a priori avec l'hypothse de rationalit. On ne peut pas nier la ralit de la
convention, mais elle n'a pas sa place dans le champ de l'conomie.
Dans l'usage ordinaire du mot, une convention permet de prendre une dcision sans raison
apparente. Il suffit que les autres, auxquels on prte crdit ou intrt, soient suspects de
prendre la mme dcision. Pour saluer quelqu'un, cest la main droite qui est tendue
lautre sachant que ce dernier fera pareil sans avoir besoin de rechercher une explication de ce
geste. Le suivi de la convention se contente dune prfrence pour la conformit.
la diffrence de la routine, une convention n'a de sens que dans un collectif. On peut suivre
une routine tout seul, mais il faut tre au moins deux pour que la notion de convention
soit pertinente. Le respect de la convention est un moyen de se mettre en phase avec les
autres. L'attitude qui va de soi, dont rend compte la convention, n'est donc pas
automatique.
Le collectif tant identifi, une convention prconise un comportement sans que
l'individu ait besoin d'expliquer les motifs qui le poussent adopter un tel comportement.
Plus exactement, l'effort de volont ou de mmoire permettrait d'expliquer la dcision, mais
cet effort n'est pas ncessaire.
Suivre une convention, c'est slectionner une possibilit parmi les choix alternatifs. Cette
slection ne repose pas sur un argumentaire serr. En ce sens, la convention est arbitraire.
L'important est que la convention coordonne les comportements plutt que le contenu
mme de la convention. La forme est plus importante que le fond. (BATIFOULIER, 2001).
76
Premire Partie Chapitre 2 : La gouvernance territoriale au carrefour des diffrentes thories
peut toujours se rfrer. Cependant, on peut souvent dcrire une rgle conventionnelle par
une ou plusieurs phrases. La convention n'est donc pas pour autant totalement implicite.
Le point central est qu'il n'y a pas de formulation convenue ou consacre de la
convention. Ceci est imputable au fait qu'une rgle fonctionne comme convention parce
qu'elle a perdu la trace de ses origines.
La convention est une rgle particulire qui coordonne les comportements. Cette convention
prsente trois caractristiques :
Le vague de la dfinition : Mme si l'on peut parfois en donner une nonciation explicite, il
n'existe pas de formulation officielle, ou consacre, de la convention. La connaissance
ventuelle de son histoire est sans effet sur son application.
Les conventions fournissent des solutions des problmes de coordination qui ncessitent
aussi bien des petites dcisions que des choix importants. S ' a g i t - i l d e l a m m e
c o n v e n t i o n c h a q u e f o i s ? I l s e m b l e que les grandes dcisions mobilisent un
concept de convention plus fort que les petites.
La convention est respecte par conformisme et indpendamment de sa propre valeur. Elle est
suivie spontanment par observation de ce que font les autres et la mise en correspondance
avec les autres. Elle ne comporte aucun lment normatif.
Pour HUME, la convention repose sur l'anticipation de rciprocit du comportement et
de l'action entre individus de la mme socit. Il nat ainsi le "sens commun de l'intrt" ou le
"sens gnral de l'intrt commun" qui les conduit rgler leurs comportements selon "
"certaines rgles" (HUME, 1740, vol. III, 2, 2, p. 90). Pour HUME, comme le souligne Postel
(2000), la force de l'histoire fait tenir ensemble les individus parce qu'ils ont intrt
respecter les habitudes communes qui les lient. Autrement dit, pour l'auteur du Trait sur la
Nature Humaine, l'intrt individuel est compatible avec l'intrt collectif condition que
chacun soit convaincu que cela est permis par le suivi de "certaines rgles" donc, de
facto, les rgles "conventionnelles". Si chacun a conscience de cette quivalence,
vaguement apparente la notion smithienne de main invisible, alors la socit peut faire
l'conomie de la promesse (ou engagement) pralable l'interaction entre deux individus.
Cette efficacit constate de l'accord ou convention ("agreement or convention") sans
promesse est argumente par HUME dans les termes suivants : "les promesses elles-mmes
(...) naissent des conventions humaines . Autrement dit, il est redondant de suggrer que
la promesse; puisse jouer un rle crucial dans l'ordre social; celui-ci est assur par l'accord
77
Premire Partie Chapitre 2 : La gouvernance territoriale au carrefour des diffrentes thories
spontan entre individus sur le respect d'un corpus de "rgles" consacr par l'exprience et
l'habitude.
Pour rsumer, la convention au sens de HUME est un accord gnral, sans promesse,
assurant l'ordre social la condition expresse que .les actions de chacun fassent
rfrence celles de l'autre en comptant que l'autre accomplisse "quelque chose".
WEBER va plus loin dans cette vision prescriptive de la convention. Pour lui, la
convention est "une coutume dont la "validit" est approuve au sein d'un groupe humain et qui
est garantie par la rprobation de tout cart" (1971a, p. 69). Toute convention implique une
sanction potentielle en cas de non-respect. La nature de cette sanction permet de distinguer la
convention de la rgle de droit. La convention n'a pas besoin d'appareil de coercition, c'est-
-dire de contrainte juridique confie un groupe. Cette absence de sanctions
juridiques n'affaiblit pas la force de la convention au contraire. "L'existence d'une
convention peut tre souvent beaucoup plus dterminante pour le comportement d'un individu
que la prsence d'un appareil de coercition juridique, car, dans un nombre incalculable de
relations personnelles, l'individu dpend entirement de La bonne volont de son entourage,
qui est accorde tout fait librement et n'est garantie par aucune autorit, ni naturelle, ni
surnaturelle"(WEBER 1971, p.24).
La convention, au sens wbrien, n'est pas suivie spontanment. Son respect est subordonn
l'existence de sanctions qui dpassent le cadre de l'intrt bien compris pour mobiliser la
menace d'une dsapprobation sociale. Ce type de conception met clairement en avant
un lment normatif dans la dfinition de la convention. Certaines visions traditionnelles de
la convention permettent de reprer deux types de conventions. Le premier type, expos
par HUME, dfinit la convention comme un substrat la promesse.
La convention est alors suivie, par intrt certes, mais par intrt commun et dfini donc un
ordre spontan qui merge de l'intrt bien compris quont les acteurs la suivre. Cette vision
s'inscrit donc dans la tradition smithienne de l'conomie condition de considrer non
pas l'intrt uniquement priv, mais de lui substituer une notion d'intrt gnral.
Dans l'approche interprtative, les conventions ne sont pas seulement des rgles de
comportement. Elles sont aussi des modles d'valuation qui permettent d'interprter toutes
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Premire Partie Chapitre 2 : La gouvernance territoriale au carrefour des diffrentes thories
les rgles. Les rgles peuvent ainsi tre juges grce au recours la notion de convention et
recouvrent donc une dimension normative. Les individus se trouvent ainsi dots d'une
capacit d'interprtation. La convention est donc, comme l'avait dj suggr KEYNES,
un moyen de coordination des reprsentations sur les comportements. Dans cette
optique, il est ncessaire de reconnatre le caractre procdural de la rationalit des
individus, tout en leur prtant une capacit smantique. Suivre une rgle, c'est en chercher le
sens.
L'approche interprtative propose donc une analyse smantique des rgles par opposition
l'analyse syntaxique de l'approche stratgique.
58
Dictionnaire encyclopdique Hachette Multimdia, dition 1999.
79
Premire Partie Chapitre 2 : La gouvernance territoriale au carrefour des diffrentes thories
AUTEUR DFINITION
Introduction collective, Dispositif constituant un accord de volonts [] dot dune force normative
(Revue Economique, n2, obligatoire, la convention doit tre apprhende la fois comme le rsultat
mars 1989 : 143p) dactions individuelles et comme un cadre contraignant les sujets
ORLEAN, 1989 : 265-267 ( Elle dsigne lorganisation sociale au travers de laquelle la communaut se
propos de la convention dote dune rfrence commune, produit dune imagination collective
59 extriorise qui fonde les anticipations individuelles. [Sa caractristique est]
financire )
dagir sur les interprtations des agents. Elle sidentifie une reprsentation
collective qui dlimit a priori le champ des possibles. [] Il sagit dun
dispositif cognitif qui tend faire prvaloir les attitudes confirmationnistes
. En rsum, La convention consiste en un dispositif cognitif collectif
reposant sur un principe dconomie des ressources cognitives, au sens o on
ne cherche produire de nouvelles connaissances que dans la mesure o ont
t puises toutes les tentatives dinterprtations compatibles avec ltat
antrieur du savoir .
60
FAVEREAU, 1989 Dispositif cognitif collectif .
RAMAUX, 1996
Cadre dinterprtation et de rfrence collectives que lon accepte comme un
cadre commun, dans la mesure o il est peru comme allant de soi et, pour
aller de soi, il nest pas le produit direct dune volont dune (ou de plusieurs)
personne (s) engage dans laction .
59
Les recherches suscites ont t essentiellement menes en conomie, domaine dans lequel les recherches sur
le sujet semblent relativement plus nombreuses quen Sciences de Gestion (BATIFOULIER et de LARQUIER,
2001 : 16).
60
Nous touchons un type particulier de convention, tandis que les autres dfinitions concernent les conventions
selon une signification gnrique. Nous verrons plus loin quexistent de multiples conventions particulires.
61
Nous avons intgr la dfinition donne par FAVEREAU en nous faisant ainsi lcho de nombreuses autres
prsentations (de MONTMORILLON, 1999 : 171 ; ORLEAN, 1994). Toutefois, remarquons que, plus
exactement, lauteur dfinit les rgles par cette expression.
80
Premire Partie Chapitre 2 : La gouvernance territoriale au carrefour des diffrentes thories
GOMEZ, 1996
Rfrentiel commun sans autre raison dtre que celle-ci : elle est adopte
comme rfrentiel . Il y a coconstruction de normes et de comportements .
GOMEZ, 1997
Systmes de rgles auxquelles les individus font rfrence lorsquils
justifient leurs comportements .
62
Adopte explicitement la dfinition fournie par GOMEZ, 1996.
81
Premire Partie Chapitre 2 : La gouvernance territoriale au carrefour des diffrentes thories
objets thoriques la thorie standard. Plus fondamentalement, elle dplace l'axe d'analyse
vers des entits plus fines, plus centrales parmi celles qui fondent le lien social et elle pose
clairement la question de la frontire entre l'conomie et la sociologie.
Un des objectifs de la thorie des conventions est justement de redonner lindividu la place
quil avait perdue dans ces modles sociologiques, sans toutefois lui accorder le primat
comme dans lconomie no-classique. Ds lors, si l'on se place dans la logique d'action des
individus, il est difficilement concevable qu'il puisse exister une sparation absolue entre des
dimensions qui seraient conomiques et d'autres qui ne le seraient pas.
63
SIMON H.A., [1976], From substantive to procedural rationality, in Methods and appraisals in economics,
LASTIS Ed., Cambridge University Press.
82
Premire Partie Chapitre 2 : La gouvernance territoriale au carrefour des diffrentes thories
totalit. Par consquent, les individus ne sont pas conduits effectuer les choix qui
maximisent leur utilit, mais les agents se satisfont d'un niveau d'utilit. Ds lors, les
individus reclent en eux une incompltude fondamentale qui est en opposition frontale avec
la conception de la rationalit sous-jacente la thorie standard. Par consquent, la capacit
contracter librement est remise en question, et ce d'autant que l'change se droule dans un
univers incertain.
Les choix des individus s'effectuent donc dans un univers incertain, ce qui bouleverse
singulirement les conclusions auxquelles on parvient. Dans un univers incertain, la difficult
pour les individus contracter librement et volontairement augmente. Cela permet de montrer
que les mcanismes de coordination par le march sont insuffisants rguler les changes
entre agents66. La prise en compte de l'incertitude permet de mettre en lumire le fait que les
agents mettent en uvre des formes de coordination autres que le march et qui ne reposent
pas uniquement sur le mcanisme des prix.
Pour rendre compte de cette diversit de formes de coordination, la thorie des conventions
propose un concept central qui permet de dcrire la pluralit des modes de coordination mis
en uvre par les agents dans un univers incertain : la convention. Ce concept n'est pas encore
stabilis au sens o il n'y a pas une dfinition admise par tous. J.P. DUPUY [Revue
conomique, 1989] parle d'un "sens commun" (common knowledge), R. SALAIS [ibid.,
1989] d'un "systme de connaissances", O. FAVEREAU [ibid, 1989] d'un "dispositif cognitif
collectif". Nous retiendrons cette dernire approche parce qu'elle s'inscrit ouvertement dans le
cadre de la rationalit limite.
64
KNIGHT F., [1921], RISK, uncertainty and profit, Houghton Mifflin Company.
65
SALAIS R., [1994], Incertitude et interactions de travail : des produits aux conventions, p.381, in Orlans A.,
Analyse conomique des conventions, P.U.F.
66
cf. l'article pionnier de AKERLOF G.A., [1970], "The market for lemons: quality uncertainty and the market
mecanism", Quaterly Journal of Economics, vol. 84, pp. 488-500.
83
Premire Partie Chapitre 2 : La gouvernance territoriale au carrefour des diffrentes thories
individus dsireux de cooprer, ne pouvant pas dnombrer les tats futurs de la Nature, vont
dfinir leur relation non pas en extension, mais en comprhension.
Le passage une relation en comprhension permet une conomie de Savoir, car l'accord
conventionnel ncessite peu d'informations (elles sont synthtises dans la convention), et
l'accord conventionnel permet une dcomposition du Savoir en Savoir-comment/Savoir-
pourquoi, ce dernier devenant totalement secondaire. F.EYMARD-DUVERNAY parle de
"l'conomie cognitive permise par la rgle"; il note encore:" le durcissement du rsum dans
les rgles objectives, ayant un caractre collectif, permet de faire l'conomie des calculs
d'optimisation complexes."67, et permet l'individu de trouver dans la convention une
alternative son incompltude.
La rgle apparat comme un modle de comportement dont la forme rduite est disponible,
sans que la forme structurelle soit ncessaire. La rgle n'est donc pas un simple rsum. C'est
en cela que la rgle est un dispositif cognitif, c'est--dire un dispositif qui permet une
conomie de savoir. L'efficacit dans l'action peut s'accompagner d'une non-exhaustivit dans
le savoir, et peut mme l'exiger en dlimitant des zones d'ignorance. L'incompltude de
l'individu est dpasse parce que, pour agir, il s'appuie sur le savoir des autres contenus dans
les conventions. C'est en ce sens que les conventions sont des dispositifs collectifs.
Dans le cadre de la rationalit limite, les conventions sont donc de vritables outils qui
augmentent la capacit d'action de l'individu. L'individu peut s'appuyer sur le savoir des
autres, cristallis dans la convention, pour pallier son ignorance, et ce, d'autant plus aisment
que les conventions sont diffuses par une communaut d'acteurs, et qu'elles acquirent ainsi
le statut de biens collectifs. Nanmoins, la convention n'est pas un objet social autonome, elle
est l'expression d'une communaut de personnes et d'objets.
La mthode recherche pour objectif de mettre jour un champ danalyse de lespace qui va
de lintention la ralisation de laction collective. Mais, il y a plusieurs faons de remplir cet
espace. Ds les premiers travaux, notamment dans le texte constitutif de 1989, au moins deux
orientations se dessinent pour occuper lespace entre lintention et la ralisation dune action
collective.
67
cf. EYMARD-DUVERNAY F., [1994], "Coordination des changes par l'entreprise et qualit des biens", in
Analyse conomique des conventions, pp.308-334, op. cit.
84
Premire Partie Chapitre 2 : La gouvernance territoriale au carrefour des diffrentes thories
La premire mobilise la raison pratique. Les rgles et les usages orientent lactivit
conomique, mais, dans limmdiat de la ralisation dun projet o autrui impose sa prsence,
cest le produit vis qui tire laction collective ; pour autant, celle-ci ne se droule pas comme
un plan, elle peut faire lobjet de rorientations, de surprises o sont associes crativit et
rgularit dans le comportement.
85
Premire Partie Chapitre 2 : La gouvernance territoriale au carrefour des diffrentes thories
La thorie des conventions a lambition de construire une conomie politique qui tente de
concilier efficacit, justice sociale et dmocratie, autrement dit une conomie qui soit une
science la fois morale et politique. Nous avons montr que lconomie des conventions na
pas suffisamment clarifi le concept de convention dont elle se rclame, glissant, sans le
justifier pleinement, du terme de convention celui dinstitution et laissant se dvelopper des
voies de recherches divergentes dans leurs fondements mthodologiques. Nous proposons
ainsi de contribuer cet claircissement mthodologique dans deux directions. Dabord, il
sagit de prendre acte de lvolution de lconomie des conventions vers la reconnaissance du
caractre central des institutions. Les institutions, entendues au sens sociologique, sont l
avant laction et, de la sorte, lorientent, tout comme celle-ci, en retour, peut engendrer leur
volution. Il faut donc tirer les consquences mthodologiques de cette prsence des
institutions dans laction ; ces consquences concernent la notion dacteur et son rapport aux
autres et conduisent renoncer lindividualisme mthodologique. Dans un deuxime temps,
nous montrerons ce que le pragmatisme apporte une rflexion sur la conduite de laction
publique et, plus prcisment, quelles rponses il apporte la question des bonnes institutions.
Lconomie des conventions renoue avec lconomie politique classique en mettant en avant
la dimension politique dans son objet. En considrant que les questions dengagement dans
laction collective, de justice, de bien commun ne peuvent tre abordes uniquement en
termes de calcul, elle rompt avec lorthodoxie qui a tendu le champ de la discipline
conomique moyennant cette hypothse. Les conomistes des conventions savent quil ne
suffit pas de prconiser de bonnes institutions. Parce quil existe un espace entre lintention
dagir et la ralisation, il ne suffit pas de dcider des bonnes institutions. Ils sont attentifs la
ralisation effective de laction, avec lincertitude que contient son cours. Celle-ci est voque
par certains conventionnalistes comme preuve de ralit , terme qui fait cho au thme de
lexprience chez DEWEY. Cette conception de laction tourne le dos la rationalit
optimisatrice et, de ce fait, rompt avec la rduction de laction la dcision. Par ailleurs,
lconomie des conventions se dmarque de lconomie cognitive en soulignant que les
interactions ont une dimension normative. Efficacit et justice sociale se conjuguent dans une
approche qui entend prendre rsolument en charge lexigence de dmocratie dans les actions
conomiques elles-mmes et pose que les jugements des acteurs sont tays par des
dispositifs institutionnels qui permettent dconomiser leurs capacits morales ((EC, 2003,
p.2).
Les avances les plus nettes dans ltude de la formation de ces jugements qui conjuguent
russite de la coordination, et justice sociale se trouvent dans le travail de BOLTANSKI et
THEVENOT (1991). Leur modlisation engage dans une posture comprhensive vis--vis des
acteurs dont les justifications sont prises en considration. Elle permet danalyser les
jugements effectifs comme tant pris en tension entre divers principes de justice, mais elle ne
fournit pas un mtacritre pour bien agir dans le cours de laction. Or, lconomie des
conventions, comme les autres htrodoxies, rencontre la question des bonnes institutions .
86
Premire Partie Chapitre 2 : La thorie de convention comme base thorique de la gouvernance territoriale
Les interactions locales sont caractrises par une interdpendance stratgique des dcisions.
Le bien-tre de chacun dpend non seulement de ses propres choix, mais galement
de ceux que les autres entreprennent avant, en mme temps et mme aprs soi, ces
derniers dpendant eux-mmes de ses choix. Il n'est alors plus possible de dcider de sa
conduite indpendamment de celle des autres.
Il convient de ne plus considrer indpendamment les choix des individus, mais d'tendre
leur conception la prise en compte de leur interdpendance (Von NEUMANN et
MORGENSTERN, 1944).
La solution la plus directe pour redfinir la rationalit individuelle consiste maintenir la
conception instrumentale et maximisatrice utilise puisqu'alors et axiomatise par
SAVAGE (1954) en ne levant quhypothse d'un comportement paramtrique.
Dornavant, un agent maximise sa satisfaction, de manire goste, compte tenu non
seulement des contraintes que lui impose son environnement, mais aussi des dcisions
que vont prendre les autres avec lesquels il interagit. Une telle solution introduit une certaine
incertitude, que l'on peut qualifier de stratgique, sur ce que vont faire les autres.
Pour rsoudre cette incertitude, l'agent se met la place des autres. Il suppose alors que le
comportement qu'autrui va adopter correspond celui que lui-mme adopterait s'il tait la
place d'autrui. Autrement dit, il suppose qu'autrui a la mme rationalit que lui. Il choisit
lui aussi toujours l'action qui optimise sa satisfaction compte tenu des contraintes qu'il subit
et des actions des autres. Ainsi, pour que la coordination soit envisageable, il est
ncessaire de supposer un minimum de savoir commun entre les agents ; ici, celui du
principe de rationalit.
87
Premire Partie Chapitre 2 : La thorie de convention comme base thorique de la gouvernance territoriale
88
Premire Partie Chapitre 2 : La thorie de convention comme base thorique de la gouvernance territoriale
Le passage d'une proprit la suivante dote ainsi l'homo conventionalis d'un ensemble de
comptences tel que la dimension sociale de son identit constitue sa source fondamentale pour
se coordonner avec les autres.
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Premire Partie Chapitre 2 : La thorie de convention comme base thorique de la gouvernance territoriale
dans lesquelles il est possible de dgager un intrt gnral auquel puisse se rallier un
ensemble de joueurs relve de la thorie des jeux: c'est le problme de l'agrgation des
prfrences individuelles, qui claire celui de la formation des alliances.
Dans les jeux de lutte l'tat pur, aucune possibilit de coopration n'existe entre les joueurs.
Il en rsulte que ces jeux sont des duels, c'est--dire des jeux deux joueurs dont les intrts
sont strictement opposs (two-person zero-sum games). Bien que deux joueurs engags dans
un conflit s'opposent rarement sur tous les terrains, l'tude du duel est indispensable, non
seulement parce qu'elle peut tout de mme s'appliquer certains conflits bien dlimits o le
rle de la coopration est ngligeable, mais aussi parce qu'elle contribue l'tude des jeux
plus gnraux, l'intrieur desquels il est souvent utile de considrer la possibilit de certains
duels entre deux coalitions complmentaires. La thorie du duel cherche mettre en vidence
un ou plusieurs rsultats privilgis selon certains points de vue (prudence ou quilibre) pour
l'un et l'autre joueur. C'est la partie la plus acheve de la thorie des jeux.
Dans les jeux de lutte et de coopration se rencontrent simultanment des intrts concordants
et des intrts divergents. Ces jeux se prtent mieux que les duels la reprsentation des
situations relles, mais il est plus difficile de les tudier systmatiquement en raison de la
varit des aspects que peut prendre la coopration, selon les modalits de la communication
entre les joueurs et les possibilits de formation et d'volution des alliances (il s'agit de
vritables conditions sociologiques). La thorie des jeux de lutte et de coopration propose
plusieurs points de vue pour l'analyse de ces jeux (rationalit et stabilit par exemple), et,
faute de pouvoir en gnral isoler des rsultats privilgis, elle cherche mettre en vidence
des classes de rsultats, privilgies en tant que classes selon ces points de vue. Mais cette
thorie ne peut prsenter la mme unit que la thorie du duel.
Pour aborder un problme de jeu, il faut d'abord construire un modle, reprsentant plus ou
moins fidlement la situation relle. L'tude de ce modle, selon les mthodes de la thorie
des jeux, peut avoir pour objet, soit de guider les joueurs dans leur manire de jouer
effectivement le jeu, soit de les aider atteindre, par marchandage ou par arbitrage, une
solution de compromis qui tienne compte de leurs moyens d'action et de leurs intrts
respectifs, soit enfin d'expliquer l'volution d'une situation concrte par rfrence des
principes unificateurs d'une porte plus gnrale.
Dans tout problme de jeu, et plus gnralement dans tout problme de dcision, l'analyse de
la situation concrte suit toujours les mmes tapes, pour aboutir la construction d'un
modle reprsentatif qui se prte au moins une rflexion mthodique, et si possible une
tude mathmatique.
Celui qui, dans un jeu, va prendre une dcision doit d'abord chercher dcrire soigneusement
l'ensemble des possibilits qui lui sont offertes, mais aussi chercher se faire une ide prcise
des possibilits offertes aux autres joueurs, adversaires ou non. Il lui faut ensuite examiner les
consquences, certaines ou alatoires, attaches tous les systmes possibles de dcisions
prises par tous les joueurs. Car ces consquences ne dpendent pas seulement des dcisions
d'une personne, et c'est ce qui fait la spcificit et la difficult des problmes de jeu. Ces deux
tapes tablissent le schma de causalit du jeu, dont on peut dire qu'il constitue la rgle du
jeu considr.
90
Premire Partie Chapitre 2 : La thorie de convention comme base thorique de la gouvernance territoriale
Il importe d'observer que chacun des joueurs peut envisager non seulement de choisir
dlibrment l'une des tactiques dont il dispose, mais encore de procder un tirage au sort
entre ces tactiques en choisissant une distribution de probabilit sur leur ensemble. Cela
revient remplacer l'ensemble des tactiques (pures stratgies) de chaque joueur par
l'ensemble plus riche de ses stratgies (mixed strategies). Les consquences attaches aux
systmes de stratgies sont alors ncessairement alatoires. (Il faut remarquer, avec mile
Borel, que les probabilits sont utilises dans les stratgies comme instrument de dcision et
d'action, pour traduire les variations potentielles de la tactique d'un joueur.)
Afin de guider son choix, chaque joueur doit ensuite tablir un ordre de prfrence sur
l'ensemble des consquences, certaines ou alatoires, mises en vidence par le schma de
causalit. Mais il doit aussi chercher se faire une ide prcise des ordres de prfrence des
autres joueurs sur ce mme ensemble de consquences. C'est ce que l'on appelle tablir le
schma de finalit du jeu, et cela revient le plus souvent construire un indicateur de
prfrence ou indicateur d'utilit pour chacun des joueurs. Cette tche est en gnral
dlicate, car les consquences comparer peuvent tre fort complexes (mettant en jeu, par
exemple, des vies humaines ou des considrations morales en mme temps que des biens
matriels) et elles sont souvent alatoires.
On suppose en gnral, dans les jeux stratgiques, que les prfrences des joueurs peuvent
tre traduites par des indicateurs d'utilit linaire, c'est--dire des indicateurs numriques dont
les valeurs puissent tre calcules par des oprations de moyenne en probabilit. C'est
l'hypothse de Daniel BERNOULLI, quivalente l'axiomatique de Von NEUMANN et
MORGENSTERN. Cependant, la construction d'un tel indicateur d'utilit dans le jeu
stratgique ne rsulte pas immdiatement de la connaissance d'un indicateur de prfrence
dans le jeu tactique, et il peut mme arriver que le passage du jeu tactique au jeu stratgique
pose des problmes psychologiques difficiles.
Enfin, malgr le caractre schmatique de cette hypothse, les modles usuels de jeux
supposent, le plus souvent, par souci de simplification, que les possibilits et les prfrences
de chaque joueur sont connues de tous les autres.
Ds qu'un jeu laisse place en mme temps la lutte et la coopration, c'est--dire ds qu'il ne
s'agit plus d'un duel, il est difficile de le reprsenter, sans hypothse ni condition
supplmentaire, par un schma de causalit et un schma de finalit traduisant correctement
les moyens d'action et les prfrences des joueurs.
Il est d'abord essentiel de prciser les conditions dans lesquelles peut s'exercer une ventuelle
coopration entre les joueurs (mme s'il n'y en a pas plus de deux), et en particulier les
possibilits de formation et d'volution des alliances, ainsi que les modalits de leur
fonctionnement et les paiements compensatoires auxquels des joueurs allis peuvent
procder en marge du jeu proprement dit. S'il est permis certains joueurs de communiquer
entre eux, il faut aussi prciser si tel ou tel de ces joueurs est libre de refuser cette possibilit
(des considrations psychologiques peuvent l'y inciter si un point faible le rend vulnrable aux
menaces de ses adversaires). Il y a l de vritables conditions sociologiques qu'il est
indispensable d'introduire, sous une forme ou sous une autre, dans les modles de jeux plus
gnraux que le duel.
91
Premire Partie Chapitre 2 : La thorie de convention comme base thorique de la gouvernance territoriale
D'autre part, la mise en uvre de la coopration prsente le plus souvent un aspect dynamique
dont il est difficile de rendre compte de faon satisfaisante dans un modle global. Il est
mme possible que, toute communication entre les joueurs tant interdite, la coopration ne
puisse s'exercer que par un vritable apprentissage mutuellement donn et reu au cours du
droulement d'une partie, travers l'enchanement des dcisions lmentaires des joueurs.
Une telle forme tacite de coopration n'en joue pas moins un rle important dans certains jeux
squentiels, et par exemple dans les superjeux constitus par certaines suites finies ou
infinies de parties d'un mme jeu.
On comprend ainsi que la forme normale ne soit pas toujours le cadre le mieux adapt
l'tude des jeux de lutte et de coopration, et que de nombreux modles puissent tre proposs
pour les reprsenter, selon les conditions sociologiques retenues, sans qu'il y ait lieu d'tablir
une hirarchie entre ces modles. Leur tude, souvent fort dlicate, procde toujours plus ou
moins directement des quatre principes dj considrs: calculs d'esprance, considrations
de dominance, recherche de l'quilibre, principe de rcurrence, mais l'existence de
possibilits de coopration compliquent la mise en uvre de ces principes.
Il est rare que cette tude puisse, comme celle du duel, conduire considrer certaines
manires de jouer comme optimales ou certains rsultats isols comme privilgis. Mais on
peut penser que le caractre plus nuanc et la structure plus complexe des solutions
proposes pour les jeux de lutte et de coopration sont conformes la nature des choses.
Quel que soit le modle adopt, l'tude d'un jeu de lutte et de coopration doit toujours
prendre en considration deux lments importants:
les esprances des diffrents joueurs, caractrisant les buts qu'ils sont srs de pouvoir
atteindre (au moins peu prs) par leurs seules force, quoi que fassent les autres joueurs;
l'extremum de Pareto, qui est l'ensemble des rsultats, dits extrmes ou collectivement
admissibles, qu'il est impossible d'amliorer pour un joueur sans qu'un autre au moins en
ptisse.
On peut en effet penser que des joueurs individuellement rationnels ne sauraient se contenter
d'un rsultat ne leur assurant pas leur esprance, et que des joueurs collectivement rationnels
devraient considrer comme inadmissible tout rsultat non extrme. L'ensemble des rsultats
ralisables qui satisfont la double condition de rationalit individuelle (ils assurent chacun
des joueurs au moins son esprance) et de rationalit collective (ils sont extrmes) est une
partie de l'extremum de Pareto: ce est-ce que l'on appelle l'ensemble de ngociation et, dans le
cas particulier des problmes de partage, l'ensemble des imputations.
Malgr l'intrt de l'ensemble de ngociation, il ne faut pas oublier que des joueurs, mme
rationnels et libres de cooprer, peuvent prouver de grandes difficults atteindre
l'extremum et que la prudence peut les inciter y renoncer quand une dfiance mutuelle
apparemment irrmdiable leur fait craindre l'ascendant des intrts particuliers. Pour
atteindre coup sr un rsultat extrme, les joueurs devraient en effet s'accorder,
explicitement ou implicitement, pour jouer un jeu sur l'extremum (ou mieux sur l'ensemble
de ngociation) dont la rgle ne rsulte pas en gnral de celle du jeu propos. Mais il se peut
qu'un tel accord soit difficile raliser, et que son ventuelle ralisation sans garanties
suffisantes fasse courir de grands risques certains joueurs dont la loyaut pourrait tre
exploite par des partenaires dloyaux. Il est mme possible que chacun des joueurs ait
personnellement intrt ne pas respecter l'accord, quoi que fassent par ailleurs les autres
joueurs, mais que chacun ait grand intrt ce que l'accord soit respect par les autres, et que
tout le monde perde ce que l'accord ne soit respect par personne (le clbre dilemme des
92
Premire Partie Chapitre 2 : La thorie de convention comme base thorique de la gouvernance territoriale
prisonniers en donne un exemple classique). Dans de tels cas, la recherche individuelle des
intrts particuliers peut compromettre l'intrt d'un ensemble de joueurs, en conduisant des
rsultats collectivement irrationnels. Seuls une coopration confiante (impliquant le respect
des accords), ou un arbitrage accept (parfois reprsent par une contrainte sociale)
permettraient de sortir de telles impasses et d'atteindre l'extremum, mais les conditions
psychologiques ou sociologiques n'en sont pas toujours runies.
Certains thoriciens, tels que J. F. NASH et J. C. HARSANYI, ont cherch dfinir des
procdures d'arbitrage ou de marchandage sur l'ensemble de ngociation, soit en s'appuyant
sur des considrations de symtrie, d'invariance, de stabilit (plus ou moins fondes sur un
certain dsir d'quit), soit en s'efforant de tenir compte de certains postulats de rationalit et
des moyens de marchandage dont disposent les joueurs, en particulier de leurs possibilits
mutuelles de menaces (ce qui peut imposer une dlicate comparaison interindividuelle des
utilits). D'autres thoriciens, comme Von NEUMANN et MORGENSTERN, prfrent s'en
tenir mettre en vidence le rle privilgi de l'ensemble de ngociation, ou de certains
ensembles d'imputations qui y sont inclus, sans aller jusqu' privilgier un rsultat dtermin:
cette dernire slection, dpendant des aptitudes relatives des joueurs au marchandage, est
alors considre comme relevant de la psychologie plus que de l'analyse mathmatique.
ct des conditions de rationalit individuelle et collective, on peut parfois considrer des
conditions de rationalit interindividuelle relatives certaines alliances et excluant les
rsultats qu'une telle alliance aurait le moyen d'amliorer pour l'un au moins de ses membres
sans qu'aucun autre en ptisse. Mais de telles conditions ne s'imposeraient que si leur
violation devait coup sr entraner la formation des alliances correspondantes en vue de les
dfendre. De plus, comme un joueur dtermin ne peut participer qu' une seule alliance la
fois, il est naturel que les conditions de rationalit interindividuelle, crites pour toutes les
alliances, soient en gnral incompatibles. Cependant, quand toutes ces conditions sont
compatibles, elles dfinissent une partie de l'ensemble de ngociation que l'on appelle le cur
du jeu (CORE).
stratgique o les n joueurs disposent d'un nombre fini de tactiques, il existe au moins un
systme de stratgies en quilibre. Mais, mme dans le cas o il y a seulement deux joueurs, il
peut exister plusieurs quilibres non quivalents et non interchangeables, et les systmes de
stratgies prudentes ne sont pas, en gnral, en quilibre. Cependant, tout point d'quilibre
donne chacun des joueurs au moins son esprance.
Il est alors difficile de tirer de la dtermination des quilibres une solution du jeu, malgr
les efforts effectus dans cette voie par NASH et par D. Gale l'aide de considrations de
dominance et de rationalit collective. Certaines considrations psychologiques, fondes sur
les risques courus par les joueurs, peuvent parfois inciter privilgier tel ou tel point
d'quilibre, et Harsanyi a exploit ce principe pour proposer une solution gnrale des jeux de
NASH finis.
Les rsultats extrmes, au sens de Pareto, sont les partages sans reste de l'utilit globale
disponible entre les n joueurs. Les partages sans reste qui donnent au moins son esprance
chacun des joueurs sont appels les imputations. L'ensemble des imputations est ainsi
l'ensemble des rsultats qui satisfont la double condition de rationalit individuelle et
collective, et Von NEUMANN et MORGENSTERN considrent que le jeu se joue sur cet
ensemble. S'il existe des imputations qui satisfassent toutes les conditions de rationalit
interindividuelle, imposant que chacune des alliances possibles reoive au moins son
esprance, elles constituent le cur du jeu.
On peut alors considrer qu'une imputation s exclut une imputation t si, et seulement si, il
existe une alliance qui reoive au plus son esprance dans s (de telle manire qu'elle puisse
s'opposer toute diminution de sa part si s est ralise), et dont tous les membres perdraient
au passage de s t. Ces relations d'exclusion permettent de dfinir des ensembles privilgis
d'imputations, qui sont les solutions des problmes de partage, au sens de Von NEUMANN
et MORGENSTERN: chacune de ces solutions est caractrise par le fait qu'elle est stable
intrieurement (pas d'exclusion entre imputations appartenant une mme solution) et stable
extrieurement (pas d'imputation extrieure une solution qui ne soit exclue par l'une au
moins des imputations qui lui appartiennent). Le cur du jeu, s'il n'est pas vide, fait
manifestement partie de toute solution, mais il ne constitue pas en gnral une solution lui
tout seul.
Une solution d'un problme de partage est ainsi un ensemble d'imputations qui peuvent tre
simultanment considres comme ralisables, et dont les possibilits de ralisation excluent
celle de toute autre imputation. Mais il n'est pas vrai que tout problme de partage admet au
moins une solution (W. F. LUCAS, 1968). Et l'on connat beaucoup d'exemples de problmes
admettant un grand nombre ou une infinit de solutions, dont chacune peut son tour
comprendre un grand nombre ou une infinit d'imputations. Selon Von NEUMANN et
94
Premire Partie Chapitre 2 : La thorie de convention comme base thorique de la gouvernance territoriale
Il est sans doute permis de dire, en se rfrant une exprience dj significative, que la
thorie des jeux apporte, dans certains cas, des lments prcis pour guider la dcision et
l'action des joueurs ou pour expliquer l'volution d'une situation relle de conflit, et qu'elle
95
Premire Partie Chapitre 2 : La thorie de convention comme base thorique de la gouvernance territoriale
fournit, pour la plupart de ces situations, un cadre de pense et des lments de rflexion
extrmement fructueux.
La prsentation des modles de prise de dcision se fera en deux temps. D'abord, le profil
global du modle sera dress sur la base d'une prsentation synthtique et succincte. Ensuite,
chaque modle sera illustr, par quelques modles ou thories spcifiques afin de mieux saisir les
ressorts des modles de base et nourrir la rflexion. Par ailleurs, pour chaque modle, nous
nous demanderons dans quel courant de la pense il se situe et quels sont ses apports ainsi que ses
limites.
68
Rationalistic models are widely held conceptions about how decisions are and ought to be made. Are actor
becomes aware of a problem, posits a goal, carefully weighs alternative means, and chooses among them
according to his estimates of their respective merit, with reference to the state of affairs he prefers (A.ETZIONI,
1967, p.385).
Une caractristique essentielle de ce modle est son fort degr de formalisation et de structuration, qui a fini
par lui procurer la rputation d'un modle presque mcaniste. Le processus de dcision est compos d'un certain
96
Premire Partie Chapitre 2 : La thorie de convention comme base thorique de la gouvernance territoriale
Le modle rationnel traduit les objectifs du dcideur dans une fonction de prfrences qui
prsente l'utilit d'une srie d'alternatives donnes. chaque alternative a t attache
une srie de consquences possibles. L choix, consiste slectionner l'alternative qui
possde l'utilit la plus leve pour le dcideur. La prise de dcision est ainsi simplement
identifie un processus de maximisatilit attendue (E.F. HARRISON, 1995,
p. 80) 72.
nombre de phases logiques successives standardises qui se rsument essentiellement dans les 5 phases
suivantes :
- identifier les objectifs,
- rechercher toutes les lignes de conduite alternatives,
- prdire les consquences de chacune des alternatives,
- valuer chaque alternative en fonction de ses consquences sur les objectifs.
- slectionner la meilleure alternative pour atteindre les objectifs.
69
The rational model explicitly presumes that if a given variable cannot be assigned a numeric value, it should
be disregarded or assumed away as a constant or given value. It is a model that operates within a closed environment
with a rather precise number of variables (E.F. HARRISON, 1995, p. 156).
70
M.V. JOSHI (1980, p. 71) rsume les principales suppositions du modle dans les cinq points suivants : (1)
There is only one decision-maker. (2) The decision-maker has only one objective, (3) The objective can be written in
quantitative terms. (4) The potential states of nature and courses of action are finite and have been identified. (5) The
decision problem consists simply of choosing the best course of action .
71
Selon J. FORESTER (1984, p. 23-24) le modle rationnel comprhensif suppose que le dcideur dispose : a
welldefined problem ; a full array of alternatives to consider ; full baseline information ; full information about
the consequences of each alternative ; full information about the values and preferences of citizens ; and fully
adequate time, skill and resources .
72
Given this assumption, decision-making is simply a process of maximizing expected utility (E.F.
HARRISON, 1995, p. 80).
97
Premire Partie Chapitre 2 : La thorie de convention comme base thorique de la gouvernance territoriale
73
Tableau 4 Synthse des caractristiques essentielles du modle de l'acteur rationnel
73
Le tableau est labor partir des reprsentations synthtiques de ce modle apportes par d'autres auteurs et
notamment par L. SFEZ (1973, 1984), P.C. NUIT (1976), M. GHERTMAN (1981), M.A. LYLES et H.
THOMAS (1988), STRATEGOR (1991), P.J.H. SCHOEMAKER (1993), E.F. HARRISON (1995).
74
L'auteur dans son analyse des principaux modles de l'acteur rationnel, distingue quatre catgories d'acteurs
rationnels : (1) l'acteur conomique, (2) l'acteur stratgique, (3) l'acteur portefeuille et (4) l'acteur stratgique
international.
98
Premire Partie Chapitre 2 : La thorie de convention comme base thorique de la gouvernance territoriale
intrts propres (T.M. DEVINNEY, 1989). Ces prfrences constituent ce que les
conomistes appellent, l'utilit, ou le pouvoir de satisfaction du besoin. tant donn cet
tat idal des choses, l'homme conomique a seulement peser les opportunits,
confronter une rationalit une autre, et slectionner la ligne de conduite offrant l'utilit
maximale (G. KATONA, 1963).
De nombreux modles de l'acteur unique rationnel nous proviennent des thoriciens ou des
praticiens de la formulation de la stratgie. C'est l'quipe de Harvard Business School
que l'on doit le premier modle gnral de la formulation de la stratgie, que l'on identifie
souvent sous l'abrviation LCAG, tenant compte des initiales des auteurs du
modle : E.P. LEARNED, C.R. CHRISTENSEN, K.R. ANDREWS et W.D. GUTH
(1965). Le modle de base a t perfectionn plus tard, par un des ses auteurs, K.R.
ANDREWS (1971), et a t repris sous diffrentes formes par un grand nombre de spcialistes
amricains et europens de l'poque. La figure 12 reprend ce modle, devenu depuis un trs
grand classique.
75
In terms of the elements common to most decision situations, the closed model contains the following parts :
A fixed or relatively unchanging objectives.
A known set of relevant alternatives with corresponding outcomes.
An established rule or set of relationships that produces a preference ordering of the alternatives.
The maximization of some sought end such as profits, income, physical goods, or some form of utility.
General disregard for environmental constraints (E.F. HARRISON, 1995, p. 81).
99
Premire Partie Chapitre 2 : La thorie de convention comme base thorique de la gouvernance territoriale
Source : Adaptation du modle par les chercheurs de l'quipe STRATEGOR (1991, p. 345)
Le modle est constitu d'un certain nombre d'tapes qui refltent le chemin emprunt par le
raisonnement du dirigeant d'entreprise lors du processus de formulation de la stratgie.
Les deux premires tapes concernent l'analyse (I et/ou le diagnostic externe et interne de
l'entreprise. L'analyse externe porte sur l'environnement conomique social et politique de
l'entreprise. Elle conduit l'identification des menaces et des opportunits possibles au
fonctionnement de l'entreprise, le rapport final qui permet de reprer un ou plusieurs facteurs cls
du succs. Quant l'analyse interne, elle fait le bilan des ressources internes de
l'entreprise entre les forces et les faiblesses, et conclut avec l'identification des comptences
distinctives. L'ensemble des possibilits d'action merge alors de la comparaison entre les
capacits internes et les potentialits externes de l'entreprise. L'tape finale de ce
processus est la formulation de la stratgie qui intgre la fois les valeurs de
l'environnement (exprimes sous forme de responsabilit sociale de l'entreprise), et les
100
Premire Partie Chapitre 2 : La thorie de convention comme base thorique de la gouvernance territoriale
valeurs personnelles du dirigeant (sous-titres dans les systmes de volont ou les buts
gnraux). Elle consiste effectuer un choix en termes d'activits (segments produits -
marchs), d'objectifs, et de moyens ou programmes d'action pour la mise en oeuvre de la
stratgie.
Malgr les avantages reconnus du modle rationnel, un grand nombre de critiques lui ont t
faites, aussi bien sur sa nature propre que sur ses hypothses de base. Le modle est ainsi
rput pour sa dimension entirement normative et prescriptive du processus de dcision qu'il
propose, incapable de rendre compte du processus rel de la prise de dcision ainsi que
des conditions dans lesquelles le processus a lieu. La confrontation des Suppositions du modle
avec la ralit empirique de la prise de dcision dans les organisations a remis en cause la
majorit de ses postulats. Ainsi, contrairement au modle de l'acteur unique rationnel, on
dcouvre que :
- Les objectifs de l'organisation sont rarement fixs au pralable et ils se modifient sans
cesse en vue des changements produits dans l'environnement. Les lignes de conduites alternatives ne
sont pas gnralement donnes et la recherche des alternatives est une des tches du processus de
dcision. Les informations sont aussi rarement entirement disponibles et la collecte et le traitement
de l'information constituent une partie trs importante du processus de dcision. Enfin, le problme
de dcision, lui-mme, est rarement donn et sa dfinition constitue souvent un enjeu important.
- Le dcideur, lui-mme, a des limites cognitives susceptibles de restreindre la quantit de
l'information traite ainsi que le nombre des solutions alternatives considres. Ses prfrences
ne sont pas toujours claires et stables et leur quantification est parfois impossible.
Sa prise de dcision n'est jamais libre et elle est sujette des contraintes de temps et d'argent.
Le contrle complet de l'ensemble des variables relatives une situation relle de dcision est
presque illusoire et ne peut tre envisageable que dans une situation de dcision conue
artificiellement.
- La comparaison des solutions alternatives sar le dcideur ainsi que son choix final ne se fait pas,
d'habitude, selon un rsultat maximisant (notamment du profit), mais plutt selon un rsultat
satisfaisant . Les changements introduits dans l'organisation sont rarement le produit de
choix volontaires et libres d'un dcideur unique (ou d'une dcision collective), mais plutt le
101
Premire Partie Chapitre 2 : La thorie de convention comme base thorique de la gouvernance territoriale
rsultat d'un jeu de pouvoir ou d'une rsolution de conflits entre des individus ou groupes
d'individus d'intrts divergents76.
76
L'ensemble des limites rsumes ainsi est inspir de celles mentionnes par STRATEGOR (1991, p. 346-347)
et E.F. HARRISON (1995, p. 157-159). Pour des dveloppements plus dtaills, ce sujet voir C. GREMION
(1972), R. MAYNTZ (1976), D.J. PALUMBO et P.J. WRIGHT (1980).
77
L. SFEZ (1988) dans son ouvrage intitul La dcision fait une analyse critique approfondie de l'volution
du concept de dcision dans une logique plutt historique. Il dfinit la dcision en fonction de trois priodes
historiques : l'ge classique, l'ge moderne, l'ge contemporain ; l'homme dcideur y est d'abord considr comme
"certain", ensuite comme "probable" et enfin comme "alatoire".
78
L'argumentaire tabli dans ce paragraphe est inspir de la prsentation du modle organisationnel fait par les
chercheurs du groupe STRATEGOR (1991, p. 347-348).
102
Premire Partie Chapitre 2 : La thorie de convention comme base thorique de la gouvernance territoriale
Le dcideur organisationnel se place ainsi au sein d'une structure prtablie, guide par des
objectifs multiples, changeants et contradictoires la fois. Sa connaissance des alternatives
possibles ainsi que de leurs consquences nest pas parfaite. Son choix vise plutt un niveau
acceptable de satisfaction que le maximum des avantages possibles (C. GREMION, 1972).
Le changement pose problme et se matrise difficilement. Le dcideur a tendance gnrer
un comportement organisationnel rptitif et relativement dconnect de l'environnement du
fait que les solutions apportes aux problmes nouveaux se dirigent vers des solutions
rencontres auparavant. Ainsi, le changement n'est pas facile et il peut s'induire uniquement
travers deux sources : soit par une lente volution par l'apprentissage et la modification
progressive des procdures : soit par la crise (STRATEGOR, p. 348).
En vue des lments mentionns ci-dessous, il est possible de rsumer les caractristiques
de modles organisationnels selon le tableau suivant.
Les conceptions thoriques fondamentales qui ont le plus marqu l'histoire du modle
organisationnel de la prise de dcision sont celle de la thorie de la rationalit limite
de H.A. SIMON (1947) et celle de la thorie comportementale de la firme de R.M.
103
Premire Partie Chapitre 2 : La thorie de convention comme base thorique de la gouvernance territoriale
CYERT et J.G. MARCH (1963): Ces deux thories sont la base des autres modles de prise
de dcision dvelopps ultrieurement et qui sont identifis le plus souvent sous
les noms de Y. AHARONI (1966), E.E. CARTER (1971), H. MINTZBERG, D.
RAISINGHANI et A. THEORET (1976), etc. titre d'exemple, ne seront prsentes ici
que la thorie de la rationalit limite de SIMON et la thorie comportementale de la
firme, d'une faon trs succincte, elles aussi, puisque les revues compltes et dtailles
sont abondantes dans la littrature79.
Le nom de H.A. SIMON, occupe une place charnire la fois dans l'histoire des thories de
l'organisation et dans celle des thories de la dcision. Ses premires contributions nous
proviennent de son ouvrage fondateur Administrative Behavior, publi initialement en 1945,
o il expose pour la premire fois la thorie de la rationalit limite80.
La prise de dcision telle qu'elle est tudie par H.A. SIMON, met l'accent sur le processus de
pense de l'homme dcideur. Pour lui, l'laboration d'une thorie raliste de la prise de
dcision passe par une observation des pratiques dcisionnelles de l'homme administratif ,
qui effectue des choix individuels. Sa thorie est compose de quatre lments essentiels : 1)
les choix avec une rationalit limite, 2) les conduites orientes, 3) l'intgration des conduites
individuelles au sein de l'organisation et 4) la dcision de participer. Les deux premiers
lments se concentrent sur le comportement psychologique du dcideur individuel alors que
les deux derniers lments portent plus sur l'organisation et ses relations avec le
comportement individuel.
En ce qui concerne le premier lment de la thorie, les choix avec une rationalit limite ,
H.A. SIMON, postule que l'homme administratif , est un homme rationnel, mais sa
rationalit est limite, de par ses connaissances, qui ne s'talent pas sur l'ensemble des
solutions alternatives, et de par ses capacits intellectuelles, qui ne lui permettent pas de
calculer les avantages ou les inconvnients respectifs de tous les choix possibles (M.
GHERTMAN, 1981). De plus, l'homme administratif ne se souvient que partiellement des
choix antrieurs et il lui est difficile d'anticiper les vnements futurs. Il a des objectifs court
terme, ses besoins ne sont pas insatiables et il ne cherche pas satisfaire tous ses objectifs
intermdiaires. Il procde donc par choix squentiel, grce sa capacit de stocker des
lments de satisfaction, et d'ajuster ainsi son niveau d'exigence (STRATEGOR, 1991, p.
348)
79
Pour des dveloppements plus labors consulter les auteurs suivants : L. SFEZ (1973, 1984), P.C. NUTT
(1976), M. GHERTMAN (1976, 1981), M. NUSSENBAUM (1978), J. BOWER et Y. DOZ (1979), J.
MOSCAROLA (1980), D.J., HICKSON, R.J. BUTLER, D. CRAY, G.R. MALLORY et D.C. WILSON (1986),
M.A. LYLES et H. THOMAS (1988), STRATEGOR (1991), K.M. EISENHARDT et M.J. ZBARACKI (1992),
P.J.H. SCHOEMAKER (1993), E.F. HARRISON (1995), etc.
80
Hormis, l'ouvrage de SIMON H.A. (1945), Administrative behavior, New York : Free Press, chapitre 1 5, la
thorie de la rationalit limite est expose aussi de faon dtaille dans l'ouvrage de MARCH J.G. et SIMON
H.A. (1958), Organizations, New York : John WILEY., chapitre 6, et dans l'article de SIMON H.A. (1964), On
the concept of organizational goal , Administrative Science Quarterly, vol. 9, n 1, p. 1-22. L'analyse de la
thorie que nous avons faite est base sur ces rfrences, mais aussi sur les prsentations de la thorie
effectues par M. GHERTMAN (1981, p. 86-105) et STRATEGOR (1991, p. 348-351).
104
Premire Partie Chapitre 2 : La thorie de convention comme base thorique de la gouvernance territoriale
d'abord rsulter d'une activit de recherche parmi les solutions les plus familires et plus
proches des objectifs existants. Et c'est seulement aprs ne pas avoir trouv une solution
satisfaisante sur ce terrain connu qu'un processus de recherche plus largi est entam,
passant par un rexamen plus intensif des alternatives en considration, voire mme
par une rvaluation des objectifs existants (E.F. HARRISON, 1995).
Le deuxime lment de la thorie de H.A. SIMON concerne les conduites orientes de
l'homme administratif, dtermines par son environnement psychologique.
Cet environnement unifie et donne de la cohrence toute une srie de choix squentiels
effectus par le dcideur. Il est constitu de six lments : (1) l'apprentissage, (2) la
mmoire. (3), l'habitude, (4) les stimuli, (5) les dterminants de nouveaut - persistance,
et (6) les mcanismes de persistance du comportement.
Le troisime lment de la thorie de H.A. SIMON est celui de l'intgration des conduites
individuelles au sein de l'organisation. Selon l'auteur, l'organisation influence l'individu
travers cinq mcanismes : (1) la division du travail (2) les pratiques standards (3)
l'autorit. (4) la communication, et (5) l'identification.
Le dernier lment de la thorie de H.A. SIMON est constitu par la dcision de l'individu de
participer soit de devenir membre de l'organisation. Selon l'auteur, les individus
acceptent de devenir membres de l'organisation et de subir son influence seulement dans la
mesure o elle contribue directement ou indirectement la ralisation de leurs objectifs
personnels. L'organisation est donc un systme en quilibre qui reoit des
contributions sous forme d'argent, d'effort, ou de loyaut de la part de ses membres et,
qui, en contrepartie, leur offre des incitations ou des rcompenses financires,
sociales ou idologiques (STRATEGOR, 1991).
Dans la ligne des travaux de H.A. SIMON et de sa thorie de la rationalit limite. R.M.
CYERT et J.G. MARCH (1963) laborent la thorie comportementale de firme qui apporte
d'autres concepts thoriques importants pour la conception du processus de prise de dcision
organisationnelle. Le processus de dcision conu par ces deux auteurs comporte trois
catgories de variables exhaustives : (1) les objectifs (goals), (2) les attentes (expectations) et
(3) le choix (choice), quatre concepts relationnels : (1) la quasi-rsolution du conflit (quasi-
resolution of conflict), (2) l'vitement de l'incertitude (uncertainty avoidance), (3) la recherche
problmatique (problemistic search) (4) l'apprentissage organisationnel (organizational
learning)81.
L'organisation est considre comme une coalition d'individus ayant des objectifs diffrents
qui mergent et se dveloppent travers une ngociation formelle et informelle entre les
membres de la coalition. Ces objectifs changent chaque fois que la composition de la coalition
change. Mais la modification des relations entre les membres ainsi que les feed-backs sur la
ralisation des objectifs peuvent aussi y provoquer des changements. Les dimensions des
objectifs sont influences par la composition de la coalition organisationnelle, par la division
du travail de dcision ainsi que par la nature des problmes auxquels l'organisation fait face.
Alors que le niveau d'aspiration de l'organisation sur les diffrentes dimensions des objectifs
81
Le rsum qui a t fait ici est une adaptation de ceux faits par : R.M. CYERT et J.G. MARCH (1963, p. 114-
125); E.E. CARTER (1971, p. 413-428) ; M. GHERTMAN (1981, p. 106-112) ; STRATEGOR (1991, p. 350-
352).
105
Premire Partie Chapitre 2 : La thorie de convention comme base thorique de la gouvernance territoriale
est influenc par les objectifs passs, par la performance passe de l'organisation ainsi que par
la performance passe d'autres organisations comparables.
Les attentes (ou prvisions) des membres de la coalition sont formes partir des dductions
ou des conclusions dgages des informations disponibles. Ainsi, les changements dans le
systme de collecte de l'information, la faon dont l'information est prsente ainsi que sa
disponibilit globale, affectent les attentes. L'excdent organisationnel (orgnizational slack)82
est suppos aussi influencer les attentes, puisqu'il affecte l'intrt et la motivation de l'individu
faire sortir une information moins vidente pour la formation des attentes, biaisant ainsi les
donnes sur lesquelles les dcisions sont prises.
Le choix est considr comme une rponse un problme peru. Il est affect par les rgles et
procdures standards indiquant le chemin suivre pour grer un environnement incertain. Un
cycle typique d'une dcision commence par la dfinition d'un problme de dcision ; il
continue ensuite par l'application de rgles et procdures standards dans la rsolution du
problme ; aprs cela, diffrentes alternatives sont formules ou considres pour aboutir
enfin, la slection de la premire alternative qui atteint le niveau minimum d'acceptabilit
sur la totalit des standards fixs.
La quasi-rsolution du conflit exprime le fait que l'organisation fait face, continuellement,
des conflits potentiels cause des diffrences dans les objectifs, entre les diffrents sous-
systmes de l'organisation et que ces conflits ne sont jamais rsolus, mais seulement
maintenus un niveau raisonnable. La rsolution des conflits est assure : (1) par l'application
des rationalits locales, c'est--dire par la division des problmes de dcision dans des sous-
problmes, chacun d'entre eux tant attribu un sous-systme de l'organisation qui le traite
selon sa propre rationalit, en respectant toutefois une contrainte d'objectif ; (2) par un
traitement squentiel des objectifs qui consiste satisfaire les objectifs des diffrents sous-
systmes de l'organisation, les uns aprs les autres; (3) par l'application de rgles
d'acceptabilit des dcisions exigeant que les optimisations au niveau local gnrent une
optimisation un niveau plus gnral.
L'organisation de R.M. CYERT et J.G. MARCH cherche viter l'incertitude de deux faons
: (1) soit, en utilisant des rgles de dcision qui mettent l'accent sur les ractions court terme
partir des feed-backs renvoyes par l'environnement, en rponse aux actions de
l'organisation ; (2) soit, en ngociant l'incertitude avec l'environnement, en lui imposant des
procdures standards spcifiques, une tradition industrielle, ou des contrats qui absorbent ou
limitent l'incertitude.
La recherche de solution n'existe que lorsqu'un problme rsoudre est nonc par
l'environnement. Elle vise apporter une solution aux problmes poss. La recherche se fait
d'abord parmi les solutions les plus habituelles, les plus simples, et elle ne se dirige vers des
solutions plus complexes que si les premires solutions ne s'avrent pas satisfaisantes. Elle a
trois caractristiques : (1) elle est motive par un problme et elle prend fin lorsqu'une solution
satisfaisante est trouve ; (2) elle est nave, c'est--dire qu'elle cherche des modles de
causalit simple, proches des manifestations premires du problme, avant de rechercher des
causes plus profondes ; (3) elle est biaise, par l'exprience acquise par les diffrentes parties
de l'organisation, par les souhaits ou les prvisions, et par les conflits internes non rsolus.
L'apprentissage organisationnel est considr comme un processus d'adaptation en trois
niveaux diffrents : (1) l'adaptation des objectifs en fonction des rsultats obtenus
prcdemment et de l'exprience acquise ; (2) l'adaptation des rgles d'attention porte sur
82
L'excdent organisationnel survient quand le niveau rel des encouragements (tels que les revenus et le
prestige) excde le niveau ncessaire obtenir la contribution des membres. Cet excdent n'est pas planifi et en
priode de difficult il a tendance diminuer, afin d'absorber le choc ou d'accommoder les diffrentes rductions
survenues (par ex., dans les profits, etc.).
106
Premire Partie Chapitre 2 : La thorie de convention comme base thorique de la gouvernance territoriale
Deux points essentiels peuvent tre nots quant l'apport du modle organisationnel :
L'introduction d'une conception thorique renouvele de la prise de dcision, par rapport la
conception classique traditionnelle, rendant compte de la non-rationalit des dcisions (L.
SFEZ, 1984), ouvre droit de cit dautres que celle de l'acteur rationnel.
La place prpondrante laisse au processus de dcision dans la dtermination d'un choix
introduisant la ncessit de l'observation directe des pratiques relles de prise de dcision
dans les organisations.
Un certain nombre de limites peuvent aussi tre formules, la fois sur la forme et sur le
contenu83.
Les modles ainsi que les concepts labors sont relativement complexes rendant difficiles
leur comprhension ainsi que leur utilisation des fins d'analyse. La complexit est d'autant
plus grande du fait qu'elle ncessite des donnes en provenance de l'entreprise, souvent
difficiles tre obtenues.
Le rle de l'organisation en tant qu'acteur de dcision n'est pas encore trs clair. Une certaine
illusion subsiste quant la possibilit de prise de dcision par un individu isol tout comme les
modles de l'acteur unique rationnel
L'ide d'un processus de dcision segment dans des phases hirarchiques bien dfinies est
encore conserve. Les schmas de procdures qui guident les processus de rsolution de
problme ont gnralement une structure hirarchique d'tapes rsolutoires qui se succdent.
L'innovation est considre comme une vidence naturelle qui mrite d'tre favorise et
stimule, mais des informations claires manquent sur sa dfinition, son objet, sa raison
d'tre et ses consquences au sein de l'organisation. Elle est fortement conditionne par la
structure et les procdures dcisionnelles existantes.
Le rle du pouvoir de la direction et celui des sous-units organisationnelles ainsi que de
leur interaction dans la prise de dcision ne sont pas explicits clairement. La vision selon
laquelle les rgles et les procdures sont suivies de faon efficace voire sans contestation
par les membres de l'organisation est un peu simpliste. Elle ne prend pas en compte
suffisamment les jeux et les stratgies individuelles ou de groupes qui se mettent en place
vis--vis de ces rgles.
107
Premire Partie Chapitre 2 : La thorie de convention comme base thorique de la gouvernance territoriale
sont considres comme le rsultat d'un processus de ngociations ou d'un jeu de pouvoir
entre dcideurs ou groupes de dcideurs d'objectifs diffrents ; le choix final n'est qu'une
dcision qui sert les intrts ou les prfrences du plus puissant. Cette vision semble trs bien
convenir la branche lgislative du gouvernement, o se manifestent des intrts
contradictoires, des coalitions dfinies soigneusement et des gagnants imminents.
84
While the boundedly rational model was a reaction to cognitive assumptions about individuals, the political
model was a reaction to social assumptions about groups. In the political model, people are individually
rational, but not collectively so (K.M. EISENHARDT et M.J. ZBARACKI, 1992, p. 23).
108
Premire Partie Chapitre 2 : La thorie de convention comme base thorique de la gouvernance territoriale
85
Adaptation des points prsents par G.T. ALLISON (1971, p. 154), repris par E.F. HARRISON (1995, p.
163).
109
Premire Partie Chapitre 2 : La thorie de convention comme base thorique de la gouvernance territoriale
Cette perspective thorique a t intgre par plusieurs autres auteurs, dont les travaux
peuvent tre spars entre ceux qui proposent des modles relativement politiques,
relativement purs et qui adhrent un seul paradigme thorique (par ex., R. NEUSTADT,
1960 ; A. WILDAVSKY, 1964 ; J.V. BALDRIDGE, 1971 ; A.M. PETTIGREW, 1973,
1977 ; M. GHERTMAN, 1976, 1981 ; M. NUSSENBAUM, 1978 ; F. BORUM, 1980 ;
etc.) ; et ceux qui proposent des modles ayant une dimension politique importante, mais qui
adhrent plusieurs perspectives thoriques la fois (par ex., M. CROZIER, 1964 ; G.T.
ALLISON, 1969, 1971 ; J. BOWER, 1970 ; M. CROZIER et E. FRIEDBERG, 1977 ; J.B.
QUINN, 1978, 1980 ; etc.)
Parmi ces nombreux modles, la recherche n'en prsentera que deux : le modle de
l'incrmentalisme disjoint de C.E. LINDBLOM et le modle itratif de M.
GHERTMAN, tous les deux faisant partie des modles typiquement politiques.
Cependant, la dimension politique sera de nouveau mentionne lors de la prsentation des
modles combinant plusieurs paradigmes thoriques, o il sera fait tat du modle de
l'incrmentalisme logique de J.B. QUINN et de celui de l'allocation des ressources de J.
BOWER.
86
Le concept de l'incrmentalisme a t nonc pour la premire fois en 1959, lors de la publication par C.E.
LINDBLOM de l'article la fois of Muddling Through . La notion de Muddling Through , a t par
la suite formalise par D. BRAYBROOKE et C.E. LINDBLOM (1963) sous le nom de thorie de
l'incrmentalisme disjoint et dveloppe plus profondment dans l'ouvrage de C.E. LINDBLOM (1965) :
The Intelligence of Democracy : Decision Process Through Mutual Adjustment .
110
Premire Partie Chapitre 2 : La thorie de convention comme base thorique de la gouvernance territoriale
- L'incrmentalisme est engag plus vers la solution des problmes courants que vers le
dveloppement et la mise en uvre de choix promettant des profits long terme87.
Au cur du modle rside la notion d'un choix de nature marginale signifiant que les actions
choisies ne diffrent que marginalement des politiques existantes. Les dcideurs
procdent par des comparaisons successives limites (successive limited comparisons) ou
par une analyse disjointe qui consiste examiner les aspects varis de la politique ou du
problme pos des points prcis, sans recourir une coordination apparente ou une
articulation globale entre les parties. La prise de dcision s'adresse plutt des mesures
correctives qui sont porte de main, qu' une srie d'objectifs ou de politiques alternatives
rationnelles bien dtermines au pralable. Si les retours en arrire et les rorientations sont
possibles, les problmes majeurs et les changements radicaux sont plutt viter. Les
choix se font ainsi sans prciser au pralable les objectifs poursuivis, puisque les
diffrentes parties prenantes sont gnralement en dsaccord sur ces lments. La
discussion porte sur des actions concrtes, qui on attribue des fins et des valeurs perues
ou dsires. Le choix d'une action est alors fonction du degr d'accord que cette dcision
suscite auprs des acteurs en jeu.
Le processus incrmental permet une prise de dcision intelligente travers un
mcanisme d'ajustement mutuel entre les dcideurs. Les omissions invitables
survenues chez un dcideur seront prises en compte par un autre dcideur, permettant
ainsi une reconstruction globale de la dcision et une meilleure qualit de celle-ci.
L'incrmentalisme semble appropri pour la prise de dcision dans les situations
remplissant au moins les deux conditions suivantes :1) l'amplitude des changements est
petite et (2) les attentes des dcideurs propos de la dcision sont faibles (N.
RAJAGOPALAN et A.M.A. RASHEED, 1995).
Le modle itratif labor par M. GHERTAMN (1981)88, partir de l'tude empirique des
processus de dcision d'acquisition d'entreprises au sein d'une entreprise multinationale,
vise dcrire les relations qui existent entre les membres de la direction gnrale de la
maison mre et les dirigeants des filiales trangres. Au coeur du modle rsident deux
lments essentiels : (1) les phases du processus de dcision et (2) les niveaux
hirarchiques des participants aux processus de dcision.
En ce qui concerne les phases du processus, le modle propose une description du
processus n trois phases : 1) la phase de l'initiative, lors de laquelle un acteur (ou groupe
d'acteurs) est amen proposer le contenu d'un projet aux autres participants, afin d'obtenir
leurs premires ractions ; 2) la phase de locomotive, pendant laquelle un acteur d'un niveau
lev donne son accord un projet et dcide de le parrainer en engageant sa rputation et
son jugement en appui du projet, afin qu'il soit accept par l'organisation ; (3) la phase de
mise l'preuve, pendant laquelle un autre acteur demande soit une tude
supplmentaire du projet, en renvoyant l'ascenseur d'autres personnes soit, il l'accepte,
soit il le refuse.
87
Adaptation des points rsums par A. ETZIONI (1967, p. 386), partir des dveloppements effectus par C.E.
LINDBLOM (1965, p. 114-148).
88
L'expos du modle itratif, tel que nous l'avons propos ici, est tir des chapitres 1 et 3 de la troisime partie
de l'ouvrage de M. GHERTMAN (1981) La prise de dcision ainsi que de la prsentation du modle par
STRATEGOR, (1991, p. 355-359).
111
Premire Partie Chapitre 2 : La thorie de convention comme base thorique de la gouvernance territoriale
Ces phases sont appeles atomes de dcision. Elles peuvent se succder ou se rpter un
nombre indfini et variable de fois avant que le processus de dcision arrive son terme.
112
Premire Partie Chapitre 2 : La thorie de convention comme base thorique de la gouvernance territoriale
l'organisation sont alors charges des phases de locomotive. Le prsident est amen
choisir entre deux projets, lors de la dernire phase de mise l'preuve ou tout au long du
processus. Le sens du flux dcisionnel est de bas en haut, tout comme dans le processus
hirarchique simple. La diffrence essentielle consiste dans le droulement parallle de
deux processus entre le prsident et les deux divisions ou dpartements.
Le processus consensuel. Il implique que les mmes acteurs dclenchent tour tour des
phases de locomotive et des phases de mises l'preuve. Chaque acteur change donc de
conduite au fur et mesure du droulement du processus : les relations de pouvoirs sont alors
variables et non plus stables (comme dans les autres processus) et il n'y a plus de sens du flux
dcisionnel.
Sans vouloir prtendre faire une analyse critique approfondie et exhaustive du modle
politique, quelques critiques majeures peuvent au moins tre faites. On peut d'abord noter
que l'utilisation pratique du modle est complexe et exige la collecte de beaucoup
d'informations d'un accs souvent difficile, par exemple la connaissance de l'influence des diffrents
acteurs sur le rsultat du processus de dcision, compte tenu de leur pouvoir et de leurs
prfrences personnelles (M. NUSSENBAUM, 1978). Ensuite, en mettant beaucoup l'accent sur
le rle des stratgies particulires, le modle laisse de ct le fait que les rgles et
structures organisationnelles selon lesquelles ces stratgies s'exercent constituent aussi des
instruments de pouvoir (STRATEGOR, 1991). Le modle nglige en plus, d'autres lments
susceptibles d'influencer les stratgies particulires comme les valeurs, les identits ou les
projets communs et personnels ; ou bien l'histoire de l'organisation le vcut de ses membres
et personnalit de ses dirigeants (STRATEGOR, 1991).
89
Il est fait ici allusion aux travaux de M. CROZIER (1964) sur Le phnomne bureaucratique et ceux de M.
CROZIER M. et FRIEDBERG (1977) sur L'acteur et le systme . M. GHERTMAN, bien que son travail sur la
prise de dcision stratgique soit ralis dans le cadre d'une thse en gestion, est, au dpart, diplm de sociologie
90
D'aprs M. GHERTMAN (1981, p. 73), les chercheurs amricains ont une vision d'une socit rgle par des
valeurs acceptes par tous. Le problme essentiel qui se pose est celui d'un fonctionnement normal de la socit.
En revanche les sociologues franais s'inscrivent dans une logique traditionnelle d'tude de conflits et de
mouvements sociaux entre classes concurrentes et le problme principal qui se pose est celui de l'analyse de la
rsultante de leur action, afin de dterminer l'volution future de la socit
113
Premire Partie Chapitre 2 : La thorie de convention comme base thorique de la gouvernance territoriale
Conclusion du chapitre 2 :
Dans ce chapitre nous avons vu comment la gouvernance territoriale combine entre les
diffrentes thories (thorie de conventions, thorie des jeux et thorie de la dcision). Nous
avons dress lessentiel de chaque thorie et nous avons retenu les lments qui rejoignent
notre problmatique. Lencadr suivant reprend les principaux points abords ci-dessus.
Les conventions fournissent des solutions des problmes de coordination qui ncessitent
aussi bien des petites dcisions que des choix importants.
La convention est un accord gnral, sans promesse, assurant l'ordre social la condition
expresse que .les actions de chacun fassent rfrence celles de l'autre en comptant que
l'autre accomplisse "quelque chose".
Les agents dans le cadre de la thorie des conventions sont dots d'une rationalit
procdurale : l'individu peut s'appuyer sur le savoir des autres, cristallis dans la convention,
pour pallier son ignorance, et ce, d'autant plus aisment que les conventions sont diffuses par
une communaut d'acteurs, et qu'elles acquirent ainsi le statut de biens collectifs.
La thorie des conventions incite les agents coordonner leurs actions et leurs dcisions.
Les conventions sont des outils qui augmentent la capacit d'action individuelle.
La thorie des conventions intgre nouveau trois questions qui ont t dissocies par un
sicle et demi de pense conomique : la caractrisation de l'Agent et de ses raisons d'agir, les
modalits de coordination des actions, la place des valeurs et des biens communs.
La thorie des jeux simpose dans le sens o elle illustre ce qui se passe rellement lors de
prise de dcisions territoriales ou autres.
La thorie des jeux est, parmi les techniques de la recherche oprationnelle, celle qui s'occupe
spcialement des situations dans lesquelles plusieurs personnes ont prendre des dcisions
dont dpend un rsultat qui les concerne.
114
Premire Partie Chapitre 2 : La thorie de convention comme base thorique de la gouvernance territoriale
Dans les jeux de coopration l'tat pur, tous les joueurs ont des intrts concordants, de
sorte qu'ils forment une coalition se comportant comme un joueur unique.
Dans les jeux de lutte l'tat pur, aucune possibilit de coopration n'existe entre les joueurs.
La thorie de dcision :
Cette thorie propose des modles de prise de dcisions (modle rationnel, modle
organisationnel et modle politique ou le jeu de pouvoir et de ngociation entre les
acteurs) qui refltent en grande partie comment les dcisions sont prises par les acteurs.
Au niveau territorial, cest le dernier modle qui simpose dans le sens o les dcisions
sont considres comme le rsultat d'un processus de ngociations ou d'un jeu de pouvoir
entre dcideurs ou groupes de dcideurs d'objectifs diffrents ; le choix final n'est qu'une,
dcision qui sert les intrts ou les prfrences du plus puissant.
Ceci nous amne aborder le dernier chapitre de cette premire partie les facteurs de succs
ou dchec de la gouvernance territoriale.
115
Premire Partie Chapitre 3 : Facteurs de russite ou dchec de la gouvernance territoriale :
116
Premire Partie Chapitre 3 : Facteurs de russite ou dchec de la gouvernance territoriale :
Afin de dterminer les modalits et procdures dmocratiques qui prvalent dans la gestion
dun territoire, nous avons dfini aussi bien le concept de la gouvernance et le concept du
territoire. Nous avons dcel travers les diffrentes thories un certain nombre de
caractristiques et modalits lies la gestion collective et locale dun territoire.
Nous allons essayer daborder dans ce chapitre, tout en nous rfrant aux apports des
chapitres prcdents, les facteurs de russite (section 1) et les facteurs dchec de la
gouvernance territoriale (section 2).
Quest-ce qui fait le succs de la gouvernance territoriale ? Cest cette question que tente de
rpondre cette premire section.
Il sagit de dterminer les facteurs qui participent ou facilitent la concrtisation de la
gouvernance territoriale. Cest le cas de la dcision (comprise, analyse, choisie
collectivement), de la rationalit des acteurs, leurs cooprations, coordination et implication
massive qui constituent autant dinstruments de russite de la gouvernance territoriale.
Toutefois, le concept de dcision est un des concepts les plus importants de la thorie de la
dcision. Il a fait l'objet d'tudes de plusieurs chercheurs et les dfinitions nonces autour de
lui sont la fois nombreuses et trs varies. De plus, sa signification tout au long de son
volution a connu des changements substantiels importants laissant transparatre des tentatives
de conceptions diffrentes et controverses. Enfuis, cause de quelques chevauchements et
liaisons que l'activit de la prise de dcision a avec celle de la rsolution de problme, les deux
concepts ont parfois tendance tre confondus, et considrs comme deux concepts
interchangeables.
117
Premire Partie Chapitre 3 : Facteurs de russite ou dchec de la gouvernance territoriale :
Tout le monde sait qu'il existe et ce qu'il est. Il est vrai qu'il peut y avoir un chevauchement
avec des concepts tels que le problme ; des dbats peuvent continuer sur le degr auquel
les organisations peuvent rellement faire des choix et beaucoup d'ambiguts restent
certainement. Mais le fait qu'elles prennent des dcisions qui dterminent leurs actions est
universellement accept 91.
Vu l'ampleur du concept de dcision, des efforts de dfinition ont t systmatiquement
effectus par plusieurs thoriciens des organisations tout au long de son histoire vieille de plus
de 50 ans. Les dfinitions que les chercheurs ont donnes ce concept varient d'un auteur
l'autre et la plupart du temps, elles sont insparables de la dfinition du processus de prise de
dcision. Ceci est comprhensible, puisque la dcision en elle-mme ne serait rien d'autre que
l'aboutissement d'un processus de prise de dcision plus ou moins rflchie, structur et
ordonn dans le temps. Le tableau suivant rsume quelques exemples de dfinitions relevs
dans la littrature.
92
Tableau 7 Quelques exemples de dfinitions du concept de la dcision
91
Decision ' is one of the most widely and firmly accepted concepts in the field of organization theory. With the
ambiguities that surround so many of the field's other concepts [...], there tends to be a sense of security about
Everyone knows that it exists and what it is. True there may be some overlap with concepts such as `problem' ;
debates may have continued over the extent to which organizations really can make choices ; and much
ambiguity certainly remains about how organizations make decisions. But that they make decisions which
determine their actions is universally accepted (H. MINTZBERG et J. WATERS, 1990, p. 1).
92
Les citations concernant H.A. SIMON ; C.W. EMORY et P. NILAND ; F.A. SHULL, A.L.Jr. DELBECQ et
L.L. CUMMINGS ont t cites par E.F. HARRISON (1995, p. 4).
93
Decision-making comprises three principal phases : finding occasions for making a decision ; finding
possible courses of action ; and choosing among courses of action (H.A. SIMON, 1960, p.1).
94
... the point of selection and commitment [...]. The decision-maker chooses the preferred purpose, the most
reasonable task statement, or the best course of action (C.W. EMORY et P. NILAND, 1968, p. 12).
95
... a conscious and human process, involving both individual and social phenomena, based upon factual and
value premises, which includes a choice of one behavioral activity from among one or more alternatives with the
intention of moving toward some desired state of affairs (F.A. SHULL, A.L.Jr. DELBECQ et L.L. CUMMINGS,
1970, p. 31).
96
This paper defines a decision as a specific commitment to action (usually a commitment of resources) and a
decision process as a set of actions and dynamic factors that begins with the identification of a stimulus for
action and ends with the specific commitment to action (H. MINTZBERG, D. RAISINGHANI et A. THEORET,
1976, p. 246).
118
Premire Partie Chapitre 3 : Facteurs de russite ou dchec de la gouvernance territoriale :
L'analyse des dfinitions telles qu'elles sont reportes dans le tableau dmontre un certain
nombre de points communs pour la plupart d'entre elles qui permettraient d'apprhender le
coeur du concept de la dcision et voire mme d'aboutir facilement un consensus. En
premier lieu, on pourrait noter que : le dcideur dispose de plusieurs alternatives et que
son choix implique une comparaison entre ces alternatives et une valuation de leur
rsultat S. EILON, 1969, p. B-172)98. En second lieu, l'acte de choix et la dcision
s'avreraient insparables puisque cette dernire prcise ou concrtise un engagement
spcifique l'action ou une intention d'agir ou de faire.
Cependant, cette impression d'uniformit que l'on pourrait dduire de ces dfinitions,
slectionnes de faon arbitraire et situes en dehors de leur contexte thorique et historique,
est trompeuse. La conception de la dcision est loin de faire le consensus entre les chercheurs.
Elle fait plutt preuve d'une controverse. C'est ce qui a t mis en exergue par R. CHIA (1994,
p. 781) : La prise de dcision comme un concept central en management et dans la thorie
de l'organisation a eu une carrire colore et controverse s'talant sur une cinquantaine
d'annes. Durant cette priode son image et sa signification ont chang substantiellement
tel point que sa valeur explicative comme une catgorie conceptuelle bien tablie dans le
management et l'analyse organisationnelle a t mise en question 99.
97
... a moment, in an ongoing process of evaluating alternatives for meeting an objective, at which expectations
about a particular course of action impel the decision-maker to select that course of action most likely to result
in attaining the objective (E.F. HARRISON, 1995, p. 4).
98
... the decision-maker has several alternatives and that his choice involves a comparison between these
alternatives and an evaluation of their outcome (S. EILON, 1969, p. B-172).
99
Decision-making as a central concept in management and organization theory has had a colourful and
controversial career spanning some 50 years. During this Lime its image and meaning has shifted substantially
to the point where its explanatory value as an established conceptual category in management and
organizational analysis has been questioned (R. CHIA, 1994, p. 781).
100
... a recognition of the limits on rationality, then to a concern for internai conflict, then to a history-
dependent conception of human action, and finally to an awareness of the profound ambiguities
surrounding action in organizations (J.G. MARCH, 1988, p. 15).
119
Premire Partie Chapitre 3 : Facteurs de russite ou dchec de la gouvernance territoriale :
dcision. La dcision est alors considre comme le rsultat d'une rencontre stochastique
de choix la recherche des problmes, de problmes la recherche de choix, de
solutions la recherche de problmes rsoudre, et de dcideurs la recherche de
quelque chose dcider (K.M. EISENHARDT et M.J. ZBARACKI, 1992, p. 27)101.
La controverse s'exprime ensuite par la confusion et le doute qui rgnent entre quelques
chercheurs, quant la pertinence de l'utilisation du terme dcision en tant que concept part
entire et par le manque de consensus quant aux nouvelles propositions. Tel est le cas
des trois conceptions suivantes102
1 la conception des dcisions comme des actions propose par H. MINTZBERG et
J.A. WATERS (1990),
2 la conception de la dcision comme un processus de changement dans le contexte
dveloppe par A.M. PETTIGREW (1990),
3 le passage du choix l'ambigut et l'interprtation , nonc par J.G. MARCH
(1988)103.
H. MINTZBERG et J.A. WATERS considrent que la dfinition de la dcision comme
un engagement l'action sme de la confusion et pose un certain nombre de
problmes. Premirement, toute action peut tre attribue une dcision. On peut ainsi
supposer implicitement, sans que cela soit vrai pour autant, que les dcisions,
invitablement, prcdent l'action, et que si une organisation a fait quelque chose, c'est
parce qu'elle avait dcid de faire ainsi auparavant (H. MINTZBERG et J.A.
WATERS, 1990, p. 2). Cependant, au cours de leurs recherches, les auteurs comprennent que
l'action peut avoir lieu sans engagement agir ou que l'action sans la dcision est possible.
Deuximement, il peut y avoir un rel problme quant l'tude empirique de la dcision, cause
de la difficult d'identifier de faon claire et prcise le lieu et le moment de la prise de dcision.
Les dcisions, comme les stratgies, peuvent merger par inadvertance et
l'environnement peut parfois dcider aussi 104. Le moment de l'mergence du consensus
n'est pas toujours un point de rfrence puisque l'action peut se produire sans qu'il y ait eu
consensus. Enfin, il peut s'couler beaucoup de temps entre le moment o l'engagement rel est
effectu et le moment o la dcision est enregistre ou annonce publiquement. De l, vouloir
dcouvrir le point de la dcision fait courir le risque d'attribution d'une relation directe entre
l'abstraction de l'intention mentale au niveau individuel ou de petit groupe et la
concrtisation de l'action ralise au niveau organisationnel. Une grande partie du
comportement du monde rel peut tre perdue entre les deux (H. MINTZBERG et J.A.
WATERS, 1990, p. 4)105.
101
Thus, decision-making occurs in a stochastic meeting of choices looking for problems, problems
looking for choices, solutions looking for problems to answer, and decision-makers looking for something to
decide (K.M. EISENHARDT et M.J. ZBARACKI, 1992, p. 27).
102
Ces trois conceptions ont t critiques et analyses par R. CHIA (1994), par le biais d'une mthode
particulire de provenance littraire, l'analyse dconstructive (deconstructive analysis) : an activity of
reading texts in a particular way with an eye to their conceptual order and logic (R. CHIA, 1994, p. 781).
103
Les deux premires conceptions ont fait l'objet d'changes de points de vue entre H. MINTZBERG,
J.A. WATERS, A.M. PETTIGREW et R. BUTLER, dans un article commun intitul Studying Deciding :
An Exchange of Views Between Mintzberg and Waters, Pettigrew, and Butler , publi en 1990. La troisime
conception est expose en 1988 par J.G. MARCH dans son ouvrage Decisions and Organizations .
104
In effect, `decisions', like strategies, can emerge inadvertently. To further complicate matters, the environment
can sometimes 'decide' too, as we noted in our study of an architectural firm One fundamental problem with
decision is the difficulty of identifying commitment in the collective context of organization. Must there always
be a clear point in time as well as a clear place of commitment ? (H. MINTZBERG et J.A. WATERS, 1990, p. 3).
105
. . . runs the risk of imputing a direct relationship between the abstraction of mental intention at the individual
or small group level and the concreteness of realized action at the organizational level. A great deal of real-world
behaviour can get lost in between (H. MINTZBERG et J.A. WATERS, 1990, p. 4).
120
Premire Partie Chapitre 3 : Facteurs de russite ou dchec de la gouvernance territoriale :
Un terme qui se rapproche de celui de la dcision, mais qui parfois a t confondu avec lui,
aussi bien dans la littrature managriale que dans la vie courante, est le terme de
rsolution du problme (problem-solving) (T.W. COSTELLO et S.S. ZALKIND, 1963 ; 0.
HUBER, 1986). La comparaison de la signification de ces deux termes par les chercheurs a
globalement abouti des rponses qui mettent en vidence des liens importants entre les
deux types d'activit, mais sans pour autant justifier leur synonymie ou
interchangeabilit. Ainsi F.A. SHULL, A.L.Jr. DELBECQ et L.L. CUMMINGS (1970, p.
56) soulignaient ce sujet que : La prsomption de l'efficacit dans la prise de dcision et le
concept du problme [..] Rendent les notions de prise de dcision et de rsolution de problme
troitement lies. Or, dans leur signification profonde, les termes ne sont pas synonymes
106. En effet, dans bien des cas, les dcisions peuvent tre prises et mises en oeuvre avec
succs en absence de problmes et inversement, des problmes peuvent tre identifis et
rsolus sans donner lieu pour autant une prise de dcision (E.F. HARRISON, 1995). T.W.
COSTELLO et S.S. ZALKIND (1963), quant eux, distinguent la prise de dcision et la
rsolution de problme en postulant que la rsolution de problme implique le processus
rflchi et dlibr de dpassement des obstacles entravant le chemin vers un but
prcis. En revanche, le processus de dcision renvoie au processus de choix ou de
slection d'une possibilit parmi d'autres.
On pourrait dire ainsi qu' l'origine, la confusion qui rgne entre les deux termes peut tre due
principalement aux interrelations qui existent entre eux. Le fait que les dcisions soient
orientes vers la rsolution de problmes peut induire notamment en erreur. ce
sujet, B.M. BASS (I983, p. 3) dclare : un problme existe et demande la prise de
dcision s'il existe une barrire entre un tat d'affaires courantes et celles dsires [...] De
mme, un problme se pose si une organisation ne peut pas se dplacer automatiquement
d'un tat actuel un tat prfr. Un problme peut tre dtect si l'tat courant est jug
indsirable mme si on ne peut pas discerner un but ou un tat dsir 107. Cependant, mme
dans les cas o la prise de dcision est oriente vers la rsolution d'un ou de plusieurs problmes, elle
est diffrente de la rsolution de problmes. En effet, les dcisions sont orientes vers l'action.
Elles sont des jugements qui affectent directement une ligne de conduite. Le processus de
dcision implique la fois la pense et l'action culminantes dans un acte de choix
(B.M. BASS, 1983, p. 3)108. Et c'est justement cette implication l'action qui fait la diffrence
entre la prise de dcision et la rsolution de problme. Un problme, pour tre rsolu, peut trs bien
demander ou ne pas demander une action, en revanche une dcision, c'est avant tout un acte,
mais un acte qui demande jugement . Un jugement exige un choix pour devenir
106
The presumption of effectiveness in decision-making and the concept of a problem [...] make the notions
of decision making and problem-solving closely allied. Yet in their fullest meaning the ternis are not
synonymous (F.A. SHULL, A.L.Jr. DELBECQ et L.L. CUMMINGS, 1970, p. 56).
107
... a problem exists requiring decision-making if there is a barrier between a current and a desired state of
affairs [...1. Again, a problem arises if the organization cannot automatically move from a current steady state to a
more preferred one. A problem will be sensed if the current state is judged undesirable even if no goal or desired
state can be discerned (B.M. BASS, 1983, p. 3).
108
Decisions are action oriented. They are judgments which directly affect a course of action. The decision
process involves both thought and action culminating in an act of choice (B.M. BASS, 1983, p. 3).
121
Premire Partie Chapitre 3 : Facteurs de russite ou dchec de la gouvernance territoriale :
dcision. De l, s'il n'y pas de choix, la dcision a dj t prise (A.H. CORNELL, 1980, p.
9)109.
Mais en plus, une fois le choix effectu, la dcision exige des actions de mise en uvre. Et c'est
encore sur cette exigence de mise en uvre qu'on trouve de nouveau la diffrence entre la
dcision et la rsolution de problme. La rsolution de problme n'est pas l'engagement
l'action. Elle est soucieuse du dveloppement d'une solution pour surpasser un obstacle
conduisant vers un tat dsir. La prise de dcision englobe la fois la solution et
l'exigence de la transformer dans un choix mis en uvre travers une srie d'actions
impliquant paralllement changement et engagement (E.F. HARRISON, 1995, p. 6)110.
Nous pouvons enfin conclure ainsi avec E.F. HARRISON (1995, p. 6) que la prise de dcision
est un processus plus comprhensif que la rsolution de problme. Dans la mesure o il lui arrive de
s'impliquer, la rsolution de problme est seulement une partie de la prise de dcision. Des genres
particuliers de dcisions peuvent ncessiter la rsolution de problme ; mais la prsence de
rsolution de problme n'est pas suffisante pour justifier une revendication de prise de
dcision. Les termes, ensuite, sont relis, mais non interchangeables111
109
A decision is therefore first of all an act, but an act requiring judgment. A judgment requires a choice to
become a decision. For if there is no choice, the decision has already been made (A.H. CORNELL, 1980, p. 9).
110
Problem-solving has no commitment to action. It is concerned with developing a solution to overcome an
obstacle leading toward a desired state. Decision-rnaking encompasses both the solution and the requirement to transform
it into an implemented choice through a series of actions involving both change and commitrnent (E.F.
HARRISON, 1995, p. 6).
111
On balance, then, decision-making is a more comprehensive process than problem-solving. To the extent that
it is involved at all, problem-solving is only part of decision-making. Particular kinds of decisions may necessitate
problem solving; but the presence of problem-solving is not sufficient to justify a claim of decision-making. The
terms, then, are interrelated but not interchangeable (E.F. HARRISON, 1995, p. 6).
112
In particular, three meanings of process are often used : (1) a logic that explains a causal relationship
between independent and dependent variables, (2) a category of concepts or variables that refers to actions of
individuals or organizations, and (3) a sequence of events that describes how things change over rime (A.H.
VAN DE VEN, 1992, p. 169).
122
Premire Partie Chapitre 3 : Facteurs de russite ou dchec de la gouvernance territoriale :
de dcision stratgique113. Elles ont t aussi considres par d'autres auteurs comme deux approches
bien distinctes quant l'tude du processus de dcisions stratgiques (par ex., D. CRAY, G.R.
MALLORY, R.J. BUTLER, D.J. HICKSON et D.C. WILSON, 1986, 1988, 1991 ; R.
SABHERWAL et W.R. KING, I995 ; V.M. PAPADAKIS, S. LIOUKAS et D.
CHAMBERS, 1998).
Une action isole na pas tre juge rationnelle ou non en elle-mme, mais seulement
relativement un critre. Un ensemble dactions entreprises par un mme individu des
dates, dans des circonstances, ou simplement sous des hypothses diffrentes, sera dit
rationnel sil est possible de justifier ces actions diverses par leur conformit un critre
unique. Un comportement rationnel est celui dun individu qui agit en toute circonstance
conformment un mme critre. Ce comportement prsente alors une certaine cohrence,
qui peut tre teste par un observateur extrieur, mme si cet observateur ne connat pas la
prfrence de lindividu. On peut quelquefois dmontrer quil suffit quun comportement soit
cohrent pour quil existe une prfrence qui le justifie. On a alors deux dfinitions de la
rationalit : agir rationnellement, cest dune part agir pour une raison et dautre part agir
de manire cohrente .
Les conomistes thoriciens sont particulirement satisfaits lorsquils peuvent dmontrer une
telle quivalence, quelquefois appele Thorme de reprsentation.
Certains de ces rsultats sont trs intuitifs alors que dautres, en particulier ceux qui
sintressent la dcision dans lincertain, requirent de dfinir avec beaucoup de soin quand
exactement une action est dite justifie par une raison , ainsi que le type exact de
cohrence que lon peut garantir.
Dans tous les cas les thormes de reprsentation ont, pour la science conomique, un rle
pistmologique charnire.
La premire conception de la rationalit ( agir pour une raison ) renvoie une conception
de lindividu comme dcideur autonome. Lautonomie du dcideur se traduit par le fait que la
thorie essaye de se faire la plus neutre possible par rapport aux prfrences individuelles. La
thorie est dautant meilleure que ses prsupposs quant aux prfrences sont faibles. Pour
lconomiste, le fait que les prfrences individuelles sont traites par la thorie conomique
113
Ces deux approches correspondent d'une faon plus gnrale, avec les deux principales approches de l'tude
d'un objet de recherche en management : (1) la recherche sur le contenu, et (2) la recherche sur le processus,
dcrites par C. GRENIER et E. JOSSERAND (1999).
123
Premire Partie Chapitre 3 : Facteurs de russite ou dchec de la gouvernance territoriale :
comme des paramtres libres et fixes est un point important, qui donne cette thorie des
allures de thorie philosophique de laction humaine.
La thorie du choix rationnel peut alors se faire normative : elle dcrit comment un individu
rationnel devrait agir, cette description tant paramtre par la prfrence individuelle,
suppose immuable. Comme le signale Daniel HAUSMAN (1992 [13]) This fact
distinguishes economics from the natural sciences, whose particles do not choose and are not
rational, and whose theories have no similar normative dimension.
La seconde conception de la rationalit ( agir de manire cohrente ) se veut objective. Le
fait quun comportement prsente la cohrence dun comportement optimisateur pourrait tre
vrifi ou rfut par lobservation. Pour ce faire, il suffirait dobserver le comportement de
lindividu dans des circonstances diverses, mais comparables. Il peut y avoir des difficults
dans la dfinition ou dans la mise en place de ces plans dexpriences qui fourniront des
comparaisons toutes choses gales par ailleurs , mais aprs tout, mme dans les sciences de
la nature, lexprimentation nest pas toujours facile. Quand un individu est cohrent dans ses
choix, tout se passe comme si ses choix drivaient dune prfrence.
124
Premire Partie Chapitre 3 : Facteurs de russite ou dchec de la gouvernance territoriale :
dindividus qui agissent en tant soumis certaines " forces " (plaisir, profit) rsultant du
principe de maximisation (ou de rationalit). "
Cette conception de lindividu rationnel repose sur une sparation radicale entre les dcisions
conomiques et le contexte social et historique, comme le montre P. CAHUC :
" En conomie, le principe de rationalit signifie que les individus agissent en utilisant au
mieux les ressources dont ils disposent, compte tenu des contraintes quils subissent. (...)
lindividu rationnel, ou encore homo oeconomicus, est goste : il tient compte uniquement de
son propre intrt. Il constitue en outre une unit de dcision autonome : son comportement
nest pas dtermin par des habitudes sociales consciemment ou inconsciemment assimiles.
Son comportement est dfini indpendamment de toute contrainte macro sociale. La dfinition
de la rationalit est donc anhistorique. Enfin, lindividu rationnel est maximisateur, il effectue
des choix qui maximisent sa satisfaction. "
Linfluence de lhypothse de rationalit doit donc tre mise en relation avec le mouvement
dautonomisation de la sphre conomique et du discours conomique qui caractrise la
modernit (cf. les analyses de K. POLANYI et de L. DUMONT).
La rationalit individuelle doit tre relie la rationalit du systme. Dans loptique no-
classique, cette rationalit est lie au choix dun critre normatif, loptimum de PARETO. Ce
critre (cohrent avec loptique individualiste) une fois retenu, on montre que tout quilibre
de concurrence pure et parfaite est un optimum de Pareto. Les mcanismes du march
concurrentiel conduisent donc bien lutilisation optimale des ressources (cest--dire la
maximisation de la production sous la contrainte des ressources rares).
Cependant, si lon admet avec E.S. PHELPS, que lhypothse de rationalit et les modles qui
reposent sur elles sont peu ralistes, on peut sinterroger sur la place quoccupe cette
hypothse dans le discours conomique.
La place centrale de lhypothse de rationalit est sans doute lie aussi au fait que cette
hypothse permet de produire des thories et des modles qui se prtent bien la
formalisation. Cest ce que souligne H. BROCHIER :
" La rationalit suppose des agents fonde ainsi un modle fortement structur, qui fait
ressortir linterdpendance des dcisions conomiques, qui est apte au traitement
mathmatique et qui permet, sous certaines conditions, une large utilisation des procdures
doptimisation. "
La place essentielle de la rationalit aurait donc un fondement prcaire. Cest ce que
soulignent les auteurs qui montrent la faible porte heuristique de cette hypothse.
Jusquau dbut des annes soixante, linterprtation de lutilit tait celle dune
satisfaction de lindividu, suppos prexister des choix et que celui-ci cherchait
maximiser. Il sagissait dune hypothse hasardeuse et difficile tayer, surtout avec les
moyens de lpoque. Certains confraient ainsi lutilit dune signification psychologique,
de faon pratiquement non rfutable. Si Henri POINCAR nacceptait pas la fonction
dutilit pour son insuffisante mathmatique (correspondance avec L. WALRAS), nombre
dconomistes, de psychologues et de gestionnaires lacceptaient tout aussi mal pour
lambigut de sa satisfaction.
125
Premire Partie Chapitre 3 : Facteurs de russite ou dchec de la gouvernance territoriale :
Ce nest plus, lacception retenue aujourdhui. On sest en effet aperu au dbut des annes
soixante quune thorie alternative de la demande individuelle de con sommation des agents
conomiques, formul ds 1938 par P. Samuelson sous le nom de thorie de la prfrence
rvle , tait formellement quivalente celle de la maximisation de lutilit des biens
consomms ( un axiome de fermeture prs). Mais cette quivalence formelle a conduit les
conomistes proposer dsormais une interprtation de lutilit diamtralement oppose la
prcdente : le choix (observables) de lindividu prcde dsormais la dtermination de son
utilit (non observable). Le point de savoir si cette dernire rvle lchelle des
prfrences de lindividu est soumis quelques rserves (cf. ci-dessous). La fonction dutilit
na donc dautre fin que de permettre de reprsenter les choix travers un oprateur de
maximisation. La rationalit forte est ainsi devenue un concept purement instrumental et une
proprit dun individu donn, que lon constate ou que lon rfute. Par ailleurs, dans
lexpression de fonction dutilit , le seul mot dsormais important est celui de fonction,
qui suppose quun score unidimensionnel (l utilit ) peut tre associ chaque choix
envisageable pour lindividu.
Dun point de vue thorique, une seule condition suffit : la condition de la prfrence rvle,
qui pose en substance que si lindividu choisi A plutt que B lorsque tous deux appartiennent
une srie de choix possible, il ne choisira pas strictement B plutt A si tous deux sont encore
accessible. Il en ira de mme si lindividu choisit A1 plutt que x1, x1 plutt que x2, x2 plutt
que x3,., xn-1 plutt que xn, et finalement, xn plutt que B ( la puissance 2). On dsigne
ci-dessous une version affaiblie de cette condition (3) par lexpression condition de
cohrence ou encore indpendance du menu de la fonctionnelle de choix.
Ce cadre danalyse peut critiquer. Il laisse en effet entendre que tous les choix que lon peut
observer rsultent dune dlibration de lindividu. Mais que devient lanalyse si celui-ci est
confront des choix vis--vis desquels il ne dispose daucun lment de dlibration, mme
si nous cartons les choix dordre motionnel ou passionnel ? Une solution consiste alors
pour le modlisateur supposer que ne pas pouvoir choisir entre A et B est quivalent
pour lacteur tre indiffrent ente A et B (5). Linterprtation de lutilit devient dans ce
cas exclusivement instrumentale et lon dit alors sabstenir de parler de prfrence. Par
ailleurs, la maximisation (choisir un objet dont lutilit nest dpasse par celle daucun autre
connu) peut tre oppose loptimisation (choisir un objet dont lutilit soit plus grande ou
gale celle de nimporte quel autre connu).
Une autre critique consiste remarquer quon ne sait pas interprter les violations de
cohrence ;
126
Premire Partie Chapitre 3 : Facteurs de russite ou dchec de la gouvernance territoriale :
Il reste que, sous cette rserve de non-contradiction ou de cohrence dans les choix
observables (et de quelques conditions sans intrt ici), il existe toujours une fonction U (x)
valeur relle, dfinie sur lensemble X (en gnral multidimensionnel) des objets de choix
possibles et qui atteint sa valeur maximale sur X pour le vecteur x* choisi par lindividu. En
ce sens, il ny a donc plus dhypothse de maximisation de lutilit, mais une hypothse de
cohrence dans le choix, au sens de la prfrence rvle. Les gloses sur la signification de
lutilit sont devenues sans objet, celles sur lhomo oeconomicus ont encore moins de sens. Il
en va de mme pour les gloses sur la psychologie de la maximisation. La seule question
qui mrite dtre pose est lexistence de linstrument quest la fonction dutilit, dfinie
comme on la indiqu. Cette existence suppose en effet la cohrence dun classement
(unidimensionnel) des choix (souvent multidimensionnels) et lindividu, ce qui est loin dtre
une hypothse ngligeable, dune part ; dautre part, la fonction calcule partir de
lobservation dune srie (finie) de tels choix est-elle stable ( indpendante du menu ) sur
une famille suffisamment vaste de variantes de choix auxquelles lindividu pourrait tre
confront ? Savoir par lexprimentation, tester directement cette cohrence des chois ou le
faire indirectement en testant la stabilit de la fonctionnelle de choix est donc savoir rpondre
autrement que par des ptitions de principe la question : les choix individuels rvlent-ils
une rationalit instrumentale (ou forte ) ?
Les rsultats des expriences conduites par Pierre Combis, confronts par les analyses de
FEVRIER et WISSER (2000) sont, cet gard, relativement rassurants pour des choix
familiers aux sujets tests. Sur un chantillon reprsentatif dune grande ville franaise, les
individus tests se rpartissent en quatre catgories, trois dentre elles correspondant des
procdures de choix identifiables, la dernire catgorie (7 individus sur 120) des choix de
type non identifiable, la dernire catgorie viole de faon significative la condition de
cohrence. Mais, au niveau global, 75% des sujets tests respectent la rationalit forte (7).
Bentham, J. MILL, J.S. MILL et H. SIDGWICK voquent sur trois ides historiquement et
logiquement distinctes. Une premire ide est relative l'action. Toute action humaine
est prcde choix ; tout choix, d'une dlibration ; toute dlibration, d'une
relation claire et distincte de l'acteur ses dsirs et ses prfrences. En ceci, laction est
humaine par la capacit de son auteur ordonner rigoureusement ses prfrences.
Appelons cette ide le calcul de la dcision.
Une seconde ide concerne la morale. Dans un jugement moral action ou la
dcision, les termes bon, juste, mauvais ou injuste sont prdicats quivalents utile,
appropri, ajust, inutile ou inconvnients au regard d'une fin dernire appele
bonheur. Tout homme poursuit par ses actes le bonheur ; tout bonheur se dfinit en
termes de bonheur individuel comme ralisation du dsir. Mais chacun n'agit pas le
souvent de manire utile son bonheur. C'est cette disconvenance juge en dernire
instance la morale ou le jugement moral. Les rgles morales se rduisent aux lois du
bonheur et le seul point de vue donne son sens au jugement moral est la considration de cette
fin dominante. Appelons cette ide une morale du bonheur. Une troisime ide enfin
porte sur l'ducation. Une dcision mauvaise ou injuste est dcision qu'on ne saurait
justifier dans une discussion de bonne foi des arguments raisonnables auprs d'un
chantillon reprsentatif de ses contemporains. Or le bonheur n de l'accord avec les
autres apparat comme une composante de notre bonheur total. C'est donc la discussion et la
justification de nos dcisions qui se trouvent au principe d'une correction de nos objectifs ou
des moyens que nous utilisons pour les atteindre. Ou encore, c'est le bonheur attendu
127
Premire Partie Chapitre 3 : Facteurs de russite ou dchec de la gouvernance territoriale :
d'une justification accepte par un cercle particulier de nos contemporains qui largit
l'horizon de nos prfrences et nous apprend dsirer pour nous-mmes les conditions d'un
bonheur pour tous. Appelons cette dernire ide l'ducation morale par la discussion.
Aucune de ces trois ides, elle seule, n'est utilitariste. Le calcul de dcision sur la base
d'une connaissance claire et distincte des prfrences dfinit l'intelligence technique
mise en uvre dans les activits production ou de fabrication.
H. SIMON a introduit une distinction qui conduit largir la place du concept de rationalit.
128
Premire Partie Chapitre 3 : Facteurs de russite ou dchec de la gouvernance territoriale :
une grosse erreur. Beaucoup acquiescrent. Mais aucun modle correspondant de faon
prcise ce concept nest pass la postrit.
Plusieurs raisons expliquent que ce succs en termes de rflexion se soit transform en chec
en termes dapplication. Dune part, lorigine du seuil de satisfaction et sa justification
restaient aussi mal tablies que la notion de lutilit de lpoque, et le gain en clart tait
discutable. Dautre part, en abandonnant lide de maximisation, on perdait celle de prix
efficient ou de cot marginal (variables duales) et cela aurait constitu une perte pour la
gestion de production, comme dailleurs pour lensemble de lanalyse conomique. Par
ailleurs, sil est clair que lide de seuil de satisfaction soppose celle doptimisation, il nen
va pas de mme lorsquon gnralise le comportement rationnel un comportement de
maximisation, contrairement ce quon lit trop souvent dans la littrature.
SIMON pensait que l'un des quatre grands problmes de l'aventure intellectuelle tait
celui du fonctionnement de la pense (working of the mind), notamment depuis sa rencontre
avec l'heuristique dans les ouvrages de POLYA de l'immdiat aprs-guerre. Ses liens amicaux
et de recherche avec Alan NEWELL les avaient conduits tous deux tudier, ds le dbut des
annes soixante, l'aide de simulations et d'exprimentations, les procdures de rsolution de
problme (NEWELL et SIMON, 1972). Cette veine conduisit SIMON prsenter une
seconde version de la rationalit limite (SIMON, 1976). On peut la rsumer ainsi : lorsque
les problmes sont complexes, raffiner l'algorithme de slection d'une solution optimale est
du second ordre par rapport au choix d'une bonne procdure d'examen et de rsolution des
problmes. Cette nouvelle notion de rationalit est radicalement diffrente de la prcdente,
car elle s'inscrit dans un autre espace que celui des objets du choix : l'espace des procdures
mentales. SIMON cite ainsi la notion de rationalit procdurale. Le choix rationnel n'est
plus un produit de la pense , mais un processus de la pense , ce dernier ne comportant
pas ncessairement d'oprateur de maximisation. Ces procdures mentales conduisent
bien entendu s'interroger sur l'architecture et le fonctionnement de la pense humaine.
Si la pense peut sans doute tre conceptualise comme un processus, mais il faut un tel
processus un support qui lui permette de fonctionner: le cerveau humain constitue ce support,
auquel on a pu comparer un ordinateur (Von NEUMANN, 1958). La pense peut donc aussi
tre saisie au niveau des influx traversant le systme neuronal, niveau auquel elle donne
consistance aux processus dont parle SIMON. Si l'on se borne aux processus de SIMON, la
reprsentation de la rationalit s'inscrira dans un espace des procdures mentales, que l'on
peut rapprocher des divers logiciels dans un ordinateur. Si l'on voque le support neuronal de
ces processus que l'on peut rapprocher du hardware d'un ordinateur, la reprsentation de la
rationalit impliquera une carte des sites du cerveau impliqus et des relations actives
entre ces sites. Quel que soft l'espace de reprsentation choisi, le processus de dcision
dbouchera, finalement, sur la slection d'un lment (ou d'un sous-ensemble d'lments)
dans l'ensemble des objets de choix.
L'activit de raisonnement permet ainsi, grce l'extraordinaire appareil crbral de
l'Homme, de mettre en uvre des procdures mentales dont on peut essayer de reprer la
trace dans divers espaces. L'intrt de modliser ces procdures dans un espace ou dans un
autre est largement une question de commodit, en particulier d'observabilit : les processus
mentaux ne sont en effet pas directement observables : mme l'exprimentateur doit s'en
enqurir auprs du sujet, et le recueil d'information peut alors tre fortement suspecte.
L'activation des neurones est, elle, partiellement observable : les tudes
tomographiques et de faon gnrale l'imagerie crbrale permettent de visualiser les
zones du cerveau impliques pour rsoudre certains problmes simples. On sait, par exemple,
que le cortex frontal dorsolatral est impliqu dans la slection des plans de
129
Premire Partie Chapitre 3 : Facteurs de russite ou dchec de la gouvernance territoriale :
130
Premire Partie Chapitre 3 : Facteurs de russite ou dchec de la gouvernance territoriale :
SIMON n'a malheureusement pas distingu entre les deux niveaux de raisonnement, nous
l'avons vu, mais seulement entre les diverses phases du processus de dcision :
exploration, conception, slection, bilan, distinction que l'on connat bien. L'inobservabilit
directe des procdures mentales individuelles a d'ailleurs conduit SIMON observer
les pratiques organisationnelles de dcision.
On peut donc se demander si rationalit procdurale et rationalit instrumentale engendrent
ncessairement des conclusions diffrentes l'une par rapport l'autre. La rponse semble
devoir tre ngative sous certaines conditions : si les processus mentaux a l'uvre engendrent
des rsultats compatibles, dans l'espace des objets de choix, avec la condition de cohrence
(avec une certaine stabilit au regard des types de problmes abords) pour des ensembles de
scnarios et de dcisions possibles donns, il n'y a pas d'opposition ncessaire entre les deux
types de rationalits. Une procdure mentale d'examen d'un problme ne comportant aucune
recherche d'optimisation ni de maximisation pourra parfaitement permettre, dans
l'espace des objets de choix, la dtermination d'un objet choisi que la maximisation
d'une fonction d'utilit dsignera a son tour. Ce point est gnralement mal compris dans
la littrature - en sciences de gestion comme en sciences conomiques -, de sorte que
l'on oppose souvent, et parfois de faon outrancire, ces deux modles de la
rationalit.
Par ailleurs, l'inclusion des acteurs ne se fait pas de la mme manire selon qu'on se trouve au
stade de la planification des politiques, de leur mise en uvre ou de leur valuation, tant
entendu que ces trois stades appellent aujourd'hui la concertation avec la mme vigueur.
Les mthodologies participatives sont utiles dans de nombreux contextes, comme lors de
l'laboration de plans (agendas 21, Schmas directeurs territoriaux, etc.), lors du dploiement
oprationnel de politiques (consultations sur des variantes, par exemple) ou encore lors de
l'apprciation a posteriori de stratgies dj l'uvre (comme dans le cas des processus
d'valuation ex post de politiques contractualises).
132
Premire Partie Chapitre 3 : Facteurs de russite ou dchec de la gouvernance territoriale :
Existe-t-il une rgle gnrale qui, impose aux acteurs locaux, permettrait de rsoudre les
conflits ? Lconomie publique rpond positivement : il est toujours possible de trouver une
133
Premire Partie Chapitre 3 : Facteurs de russite ou dchec de la gouvernance territoriale :
rpartition spatiale des institutions publiques qui soit socialement optimale, il est aussi
toujours possible de trouver une rpartition optimale des comptences entre diffrents niveaux
hirarchiques114.
Lconomie publique sest intresse la question des rgulations locales travers les
problmatiques lies la dcentralisation, selon deux angles de proccupations : la
concurrence entre autorits locales, et la relation entre autorits de niveaux hirarchiques
diffrents.
La question des conflits entre acteurs locaux ne procde donc pas du programme de recherche
de lconomie publique, qui considre la possibilit de mise en uvre de rgles assurant une
localisation optimale des agents.
Lconomie publique tente de rsoudre les conflits par la prise en compte soit de mcanismes
de marchs soit de mcanismes contractuels. Cette vision reste limite pour comprendre la
complexit des conflits et des mcanismes de ngociation luvre localement. La
dtermination des orientations de projets de dveloppement passe en effet par la
reconnaissance (la lgitimation) de partenaires multiples, qui ne sont pas rductibles la
reprsentation dune fonction dans le processus, et avec lesquels il est souvent dlicat voire
impossible de signer un quelconque contrat, du fait de labsence de menace crdible. La
notion de gouvernance territoriale est alors mobilise ici dans la perspective de saisir toute la
complexit des mcanismes dlaboration des compromis et dharmonisation des diffrentes
modalits de coordination en jeu.
De tels projets collectifs impliquent des processus de coordination complexes et croiss qui ne
peuvent tre assurs, de notre point de vue, sans une gestion pralable des ressources
114
Lconomie publique contemporaine puise ses fondements thoriques au sein de la thorie des Choix Publics
et de lconomie industrielle ; elle a considrablement tendu son influence dans et hors de la sphre acadmique
au cours des dix dernires annes. Les travaux regroups au sein de cette famille thorique ont rcemment fait
lobjet de deux contributions majeures en langue franaise : Jean-Jacques Laffont, tapes vers un tat
moderne : une analyse conomique , Rapport au Conseil danalyse conomique, 1999 ; LOUIS-ANDRE
Grard-VARET et Michel MOUGEOT, Ltat et lamnagement du territoire , in LOUIS-ANDRE
GERARD-VARET, Jean-Louis GUIGOU, ALAIN LIPIETZ ET MICHEL MOUGEOT, Amnagement du
territoire, Paris, La Documentation franaise, 2001, p. 45-110.
134
Premire Partie Chapitre 3 : Facteurs de russite ou dchec de la gouvernance territoriale :
apportes par chacun des acteurs, mais aussi des ressources collectivement cres dans le
cadre des partenariats. Ces ressources collectives peuvent tre dorigines distinctes :
Le premier type est affili une quasi-rente relationnelle115, cest--dire un avantage
intrinsque un groupe dacteurs, engendr par les effets de proximit et rparti entre tous
(exemple : une structure intercommunale commune une agglomration) ;
un deuxime type est li la spcificit de la ressource cre par la coordination : cette
ressource est alors une source davantages souvent affilis une rente de monopole
(exemple : une zone industrielle attractive qui polarise les emplois).
La rpartition de ces ressources collectives et des surplus quelles gnrent requiert alors que
les acteurs mettent en place tout un dispositif de rgles, cadre de laction, visant anticiper les
comportements opportunistes. Ces rgles, par nature incompltes116, laissent nanmoins le
plus souvent une marge dinterprtabilit aux participants. Cest en cela quelles peuvent alors
savrer gnratrices de deux types de conflits dappropriation :
Le premier type de conflit dappropriation renvoie lappropriation versus rvlation des
informations caractre priv portes par chacun des acteurs dans le cadre du projet commun.
Cette question est cruciale tout particulirement linitialisation du projet. Il sagit, en effet,
de mutualiser des informations gnrales portant sur chacun dentre eux (budgets, etc.). Cette
mutualisation est importante plusieurs titres :
1) elle permet de dpasser la simple prsomption de complmentarit117,
2) elle contribue rduire lincertitude sur lavenir,
3) elle est un vecteur de confiance118.
115
Dveloppe par MASAHIKO AOKI, Information, Intencives, and Bargaining in the Japanese Economy,
Cambridge, New York, Cambridge University Press, 1988.
116
Bndicte Reynaud, Les analyses du collectif en conomie , La Lettre de la rgulation, 28, mars 1999 ;
Antoine JEAMMAUD, La rgle de droit comme modle , Recueil Dalloz-Sirey, Chronique, 1990, p. 199-
210 ; Claude Dupuy et Med KECHIDI, Interprtabilit des rgles et confiance dans la dynamique des
organisations , Sciences de la Socit, 39, 1996, p. 3-20.
117
Gabriel COLLETIS, Processus de spcification et nature de la coordination , 3me Journe de la
proximit, Paris, 13-14 dcembre, 2001.
118
Claude Dupuy et Andr TORRE, Cooperation and Trust in Spatially Clustered Firms , in Nathalie
LAZARIC et Edward LORENZ (eds.), Trust and Economic Learning, Cheltenham (UK), Northampton (Mass.),
Edward ELGAR, 1998, p. 141-161 ; ric BROUSSEAU, Patrice GEOFFRON et Olivier WEINSTEIN,
Confiance, connaissance et relations interfirmes , in Bernard GUILHON, Pierre HUARD, Magali
ORILLARD et Jean-Benot ZIMMERMANN (sous la dir.), conomie de la connaissance et organisations, Paris,
LHarmattan, 1997, p. 402-433.
119
Mary JO HATCH, Thorie des organisations : de lintrt de perspectives multiples, Bruxelles, Paris, De
Boeck Universit, 1999.
135
Premire Partie Chapitre 3 : Facteurs de russite ou dchec de la gouvernance territoriale :
Or lconomie publique, si elle traite dun pouvoir singulier, institu , via les relations de
hirarchie entre des autorits publiques de diffrents niveaux, laisse nanmoins de ct
dautres formes plurielles de pouvoir luvre localement. En effet, tout projet collectif
associe des acteurs dont les intrts sont complexes, parfois changeants (dsengagement dun
partenaire), et dont les rapports sont avant tout des rapports asymtriques. Adhrer un projet
collectif suppose daccepter non seulement une perte relative de pouvoir dcisionnel, mais
aussi un renforcement de la dpendance vis--vis des acteurs partenaires. Ainsi, les conflits
dappropriation masquent le plus souvent des conflits de pouvoir pluriels exercs de manire
directe ou indirecte par les participants, savoir tout particulirement :
les collectivits territoriales, dont les responsabilits en matire de coopration et de
dveloppement conomique en font des acteurs susceptibles dexercer un pouvoir de dcision
et darbitrage. Nanmoins, si le champ de comptence de ces collectivits sest
120
Gabriel COLLETIS et Bernard PECQUEUR, Intgration des espaces et quasi-intgration des firmes : vers
de nouvelles rencontres productives ? , Revue dconomie rgionale et urbaine, 3, 1993, p. 489-508.
121
Jean-Jacques Sueur, Dveloppement local et droit ngoci : lexprience des chartes intercommunales de
dveloppement et damnagement , Revue du droit public, 104 (1), 1988, p. 199-246.
122
Laurence TASSONNE, La coopration en recherche : une procdure gouvernementale dincitation
linnovation , in Bernard HAUDEVILLE, Jean-Alain HERAUD et Marc Humbert (sous la dir.), Technologie et
performances conomiques, Paris, Economica, 1995, p. 123-153.
136
Premire Partie Chapitre 3 : Facteurs de russite ou dchec de la gouvernance territoriale :
Le pouvoir nest donc pas singulier, mais pluriel124. Les conflits dappropriation rvlent ou
bien sont la consquence dune confrontation entre ces diffrents types de pouvoir : pouvoir
de dcision, pouvoir darbitrage, pouvoir dinfluence, pouvoir de ngociation, exercice de
contre-pouvoirs, etc. Ces diffrentes formes de pouvoir sont de manire sous-jacente
lexpression soit dun pouvoir dissuasif, assimil un pouvoir discrtionnaire fond sur la
seule crdibilit vis--vis de lexcution dune menace125, par exemple le dsengagement dun
partenaire, soit dun pouvoir rtributif, entendu comme la soumission au dsir dautrui, et qui
renvoie aux promesses crdibles126, soit dun pouvoir persuasif127 comme pouvoir dorientation
de laction dautrui. Nanmoins, le pouvoir nest pas lattribut des acteurs. Il est lexpression
de leur inscription dans des rseaux de pouvoir multiples et volutifs128, la fois locaux et
extra-locaux. En cela, les rapports de pouvoir sont situs 129.
Le pouvoir est donc la fois instrumentalis par les acteurs et construit social du fait quil est
le produit de leurs coordinations et lexpression de leur assujettissement. Ainsi, dans le cadre
dun projet collectif, chaque acteur est en mesure ou non, selon la nature des coordinations et
les caractristiques des partenaires, dexercer ces diffrentes modalits de pouvoir.
Ds lors, les conflits de pouvoir, dans le cadre dun projet collectif, trouvent leur origine
dans :
la perte relative de pouvoir dcisionnel et dautonomie fonctionnelle ;
123
Jean-Paul BAILLY, Prospective, dbat, dcision publique, Avis et rapports du Conseil conomique et social,
Paris, Editions des Journaux officiels, 1998.
124
Pierre DOCKES, Pouvoir et autorit en conomie, Paris, Economica, 1999.
125
Ibid.
126
Thomas SCHELLING, The Strategy of Conflict, op. cit., p. 66.
127
Ken BINMORE, Fun and Game : A Text on Game Theory, Lexington (Mass.), D.C. Heath, 1992 (traduction
franaise : Jeux et thorie des jeux, Bruxelles, Paris, De Boeck Universit, 1999).
128
MICHEL FOUCAULT, Le sujet et le pouvoir , in Id., Dits et crits, tome IV, Paris, Gallimard, 1994.
129
THOMAS E. WARTENBERG, Situated Social Power , in Id. (ed.), Rethinking Power, Albany, State
University of New York Press, 1992, p. 79-101 ; Damien Talbot, Les principes institutionnalistes des
dynamiques industrielles et spatiales : le cas du groupe Arospatiale, thse de doctorat en Sciences conomiques,
Universit de Toulouse, 1998.
137
Premire Partie Chapitre 3 : Facteurs de russite ou dchec de la gouvernance territoriale :
130
Isabelle LEROUX, La ngociation dans la construction du territoire : une approche institutionnaliste, thse de
doctorat en Sciences conomiques, Universit Toulouse 1, novembre 2002.
131
Il sagit dune relation qui sinscrit dans une perspective dynamique, non fonde sur des comptences
lgitimes et des mcanismes dapprentissage, mais sur la capacit dun acteur industriel imposer et tendre
son domaine de pouvoir au-del de ce qui avait t dfini au dpart.
132
Pierre DOCKES, Pouvoir et autorit en conomie, op. cit.
133
Ibid.
138
Premire Partie Chapitre 3 : Facteurs de russite ou dchec de la gouvernance territoriale :
Le tableau 8 supra prsente une synthse des liens que nous tablissons entre les conflits
dappropriation et les conflits dautorit et de pouvoir. Ceux-ci savrent ainsi tre un
ensemble dobstacles majeurs la construction du territoire.
139
Premire Partie Chapitre 3 : Facteurs de russite ou dchec de la gouvernance territoriale :
Tableau 10 volution des dpenses au titre des comptences transfres aux collectivits
locales
140
Premire Partie Chapitre 3 : Facteurs de russite ou dchec de la gouvernance territoriale :
La volont d'viter ou de limiter le recours aux emprunts et celle de matrise la fiscalit locale
sont des facteurs essentiels qui prdisposent mieux grer les finances locales et focalisent les
gestionnaires sur deux thmatiques : la gestion de la trsorerie et l'analyse de performance - le
cot de l'action publique.
Paralllement, on constate que le secteur local se complexifie du fait : de la dmultiplication des
structures locales avec l'avnement et le rle croissant des organismes de coopration
intercommunale (OCI) ;
du recours des modes de gestion dlgue faisant intervenir des socits prives ou des organismes
but non lucratif comme les associations, ou encore des entreprises prives.
De mme, avec les lois de dcentralisation de 1982, les lus et les gestionnaires locaux ont
acquis des marges d'autonomie financire et de gestion sans prcdent, sans pour autant qu'ils
utilisent pleinement un outil comptable et un systme d'information comptable et financier
peut-tre insuffisamment adapt ces volutions. La loi n 92-125 du 6 fvrier 1992, JO du
8 fvrier, relative l'administration territoriale de la Rpublique ; puis la loi 94-504 du 22
juin 1994, JO du 23 juin, portant dispositions budgtaires et comptables relatives aux
collectivits locales, ont permis de tenir compte, dans les documents budgtaires et
comptables, des engagements comptables et du rattachement des charges l'exercice, et
d'amliorer ainsi la qualit de l'information comptable destination des dcideurs locaux
(politiques ou gestionnaires), mais aussi des citoyens.
Nanmoins, l'laboration de l'information financire et comptable est le fruit de la double
action d'une part des responsables de la collectivit (lus et gestionnaires et d'autre part du
comptable de celle-ci (comptable du Trsor public). Par exemple, les comptes de tiers sont
grs par le comptable public mme si la gestion du besoin en fonds de roulement et de la
trsorerie relve le plus souvent d'une action conjointe (au moins pour les grandes collectivits
locales). De mme, le bilan est tabli par le comptable public en fonction des donnes qui sont
en sa possession. Or, on prend le cas des immobilisations, l'inventaire est la charge de
l'ordonnateur, mais un travail commun avec le comptable public est ncessaire pour assurer la
correspondance avec l'tat de l'actif et les donnes du bilan. Cette correspondance est, en
pratique, loin d'tre systmatique.
En dfinitive, les lus et gestionnaires pour leur gestion se fondent trop souvent sur des
documents partiels (les budgets et les comptes administratifs) et n'intgrent pas de manire
systmatique dans leur raisonnement les quilibres structurels dgags par le bilan : le fonds
de roulement, le besoin en fonds de roulement et la trsorerie ; ni les liens entre le compte de
rsultat, le besoin en fonds de roulement et trsorerie134.
Les lus et gestionnaires de grandes collectivits135 sont donc demandeurs pour matriser
l'ensemble de leur comptabilit: de l'enregistrement des oprations courantes, en passant
par les oprations d'inventaire et les tats de restitution de l'information, ceci dans le cadre d'un
partenariat renforc et dcloisonn avec le comptable. Ils souhaitent galement avoir des
outils qui leur permettent de mieux grer court terme leur trsorerie et moyen terme leur
stratgie en faisant par exemple des simulations financires en fonction de diffrents scnarios
ou hypothses.
134
La variation de l'excdent de trsoreries d'exploitation est en effet gale l'excdent brut d'exploitation
diminu de la variation du besoin en fonds de roulement d'exploitation, soit ETE= EBE A BERE.
135
Les petites collectivits n'ont ni les comptences ni les moyens de tenir leur comptabilit, et dans les petites
communes, c'est mme le comptable public qui, frquemment encore, enregistre les oprations de l'ordonnateur.
141
Premire Partie Chapitre 3 : Facteurs de russite ou dchec de la gouvernance territoriale :
La LOLF propose dune part les contrles hirarchiss de la dpense (CHD) sont effectus en
fonction de risques lis la nature de la dpense et des pratiques des ordonnateurs. La
hirarchisation de l'importance des mandats et de leur risque associ permet de mettre en place
des procdures de contrle par sondage pour les oprations de faibles montants par exemple
qui vont permettre au comptable de dgager du temps et de se concentrer sur les oprations les
plus complexes. Il y a donc abandon du contrle systmatique et exhaustif au profit d'un
contrle cibl. La mise en place des contrles hirarchiss se fait notamment aprs une analyse
du taux de rejet des mandats par grands secteurs fixation d'un taux de sondage. L'avantage de
ce nouveau mode de fonctionnement est de permettre des gains de productivit et de ractivit
dans le traitement des mandats et de leur paiement et aussi de hirarchiser le travail.
En revanche, ce type de contrle ne permet pas didentifier au sein des services de
l'ordonnateur quels sont les lments de la procdure qui amne un rejet de! Mandats, et donc
ne permet pas dans certains cas d'avoir recours aux techniques de sondage ds lors que le taux
de rejet des mandats est trop important. C'est pourquoi en complment ou en parallle la
procdure de contrle hirarchis de la dpense s'est dvelopp un contrle partenariat de la
dpense.
Pour conclure, on peut avancer que les collectivits locales ont tout infra bnficier de ces
nouvelles prestations offertes par le rseau du Trsor public, qui paralllement se dote
galement d'outils informatiques plus performants (comme Hlios) ou bien s'est mis en
capacit de traiter des flux dmatrialiss de donnes (qui permettent des traitements plus
performants et des conomies substantielles pour les partenaires: papier, dition, stockage...).
Ainsi, chaque ordonnateur pourra accder aux informations qui le concernent en mode
142
Premire Partie Chapitre 3 : Facteurs de russite ou dchec de la gouvernance territoriale :
Internet (consommation des crdits vots, traitement des mandats et des titres, tat de l'actif,
oprations en instance, situation de la trsorerie, etc.). Grce un simple navigateur install
sur un ordinateur, les informations budgtaires, financires et comptables dtenues par le
comptable du Trsor pourront ainsi tre consultes par la collectivit, en temps rel et en
mode scuris (MINEFI Collectivits locales, Hlios, le plan de dveloppement est arrt
).
143
Premire Partie Chapitre 3 : Facteurs de russite ou dchec de la gouvernance territoriale :
139
Jean-Daniel REYNAUD, Les rgles du jeu, laction collective et la rgulation sociale, Paris, A. Colin, 3e d.,
1997.
140
FRANOIS OST, Au carrefour de lautonomie et de lhtronomie, de la dlibration et du marchandage :
la ngociation , in Philippe GERARD, Franois OST et Michel VAN DE KERCHOVE, Droit ngoci, droit
impos, op. cit., p. 7-17.
141
JOHN R. Commons, Institutional Economics. Its place in Political Economy, New York, The Macmillan
Company, 1934 ; rdition avec une nouvelle introduction par Malcolm Rutherford, New Brunswick (N.J.),
Transaction Publishers, 1990.
142
Michel RENAULT, Pragmatisme et institutionnalisme : des fondements pistmologiques et
mthodologiques pour lvolutionnisme en conomie , conomie applique, 3, 1997, p. 23-52.
143
Jean-Daniel REYNAUD, Les rgles du jeu, laction collective et la rgulation sociale, op. cit.
144
Premire Partie Chapitre 3 : Facteurs de russite ou dchec de la gouvernance territoriale :
Les compromis entre les acteurs locaux sont toujours ambigus. Ils expriment le plus souvent
la conviction chez tous les participants (lus, associations) quils pourront tirer profit leur
avantage du projet en cours dlaboration146.
De plus, linitiative de lancer un projet est, pour son (ou ses) auteur(s), la fois une marque
de reconnaissance et de pouvoir vis--vis des autres participants. Les relations entre le
pouvoir, dune part, et les raisons qui conduisent les acteurs ngocier, dautre part, sont
donc relativement complexes.
Il sagit la fois du pouvoir dagir sur les individus et les ensembles collectifs quils
constituent et du pouvoir dagir sur les rgles ou les institutions que les hommes se
donnent 147. Il sagit donc dune action sur laction dautrui148. Ainsi, le pouvoir peut tout
autant tre la source que le produit banni rcalcitrant de la ngociation.
En effet, le pouvoir peut tre la source de la ngociation, expression dune volont de non-
belligrance entre les acteurs locaux. Le recours la ngociation, dans cette perspective, a
pour vise la reformulation des rapports de pouvoir, voire leur rquilibrage potentiel par la
dlimitation dun nouveau champ de rapports de force. Ainsi, par la ngociation, il devient
possible de dterminer et de lgitimer de nouvelles rgles de concession ou bien encore de
domination. La ngociation peut galement viser rduire lincertitude quinstrumentalisent
144
FRANOIS OST, Au carrefour de lautonomie et de lhtronomie, de la dlibration et du marchandage :
la ngociation , op. cit.
145
JOHN R. Commons, Institutional Economics. Its place in Political Economy, op. cit.
146
Jean-Jacques SUEUR, Dveloppement local et droit ngoci : lexprience des chartes intercommunales de
dveloppement et damnagement , op. cit.
147
Pierre DOCKES, Pouvoir et autorit en conomie, op. cit., p. 11.
148
Robert DAHL, The Concept of Power , Behavioral Sciences, 2, 1957, p. 201-218 ; Michel Foucault, Le
sujet et le pouvoir , op. cit. ; Michel Crozier et Erhard Friedberg, Lacteur et le systme : les contraintes de
laction collective, Paris, Seuil, coll. Sociologie politique , 1977.
145
Premire Partie Chapitre 3 : Facteurs de russite ou dchec de la gouvernance territoriale :
Par exemple, lorsquil devient autocumulatif, le pouvoir peut tre gnrateur de conflictualit.
En effet, dans une situation de rengociations successives, le pouvoir de ngociation permet
celui qui en bnficie de sapproprier chaque tape une part relative des gains, des
informations et des connaissances toujours plus importante152. Lacteur renforce donc son
pouvoir chaque tour de ngociation. Cest ce qui peut conduire des situations de conflit de
lgitimit, ou bien encore la formation de logiques coalitionnelles de contre-pouvoir
remettant en question non seulement la lgitimit des rgles, mais aussi celle des acteurs qui
ont le pouvoir de faire la rgle 153. Ainsi, la confrontation entre pouvoirs et contre-pouvoirs
peut jouer un rle structurant ou dstructurant dans la ngociation et par consquent dans la
gouvernance territoriale.
146
Premire Partie Chapitre 3 : Facteurs de russite ou dchec de la gouvernance territoriale :
Ds lors, le territoire est fond sur des mcanismes de gouvernance au sein desquels la
ngociation joue un rle essentiel. En effet, elle contribue conditionner la nature des
relations de pouvoir et donc le caractre plus ou moins ambivalent des compromis, qui est
fonction des conflictualits latentes ou non rsolues (concessions, rapports de force
asymtriques). La gouvernance est alors susceptible de prendre diffrentes formes en
fonction de la nature de ces compromis et des logiques dappropriation et de pouvoir stabiliser
par le recours la ngociation :
la gouvernance prive : les dispositifs de coordination sont impulss et pilots par des
acteurs privs dominants (groupe industriel) qui agissent dans un but dappropriation
prive. Les ngociations, dans ce cas, sont frquemment biaises par lasymtrie des pouvoirs
et la relation dautorit initie par cet acteur dominant ;
la gouvernance publique : les modes de gestion des ressources impulss par les
institutions publiques (tat, collectivits territoriales, formes dintercollectivits) se
caractrisent par la disjonction entre les acteurs qui pilotent la gouvernance territoriale et ceux
qui bnficient de ses effets en termes dappropriation des ressources (production de biens ou
services collectifs) ;
147
Premire Partie Chapitre 3 : Facteurs de russite ou dchec de la gouvernance territoriale :
Conclusion du chapitre 3 :
Aprs avoir dfini les concepts de la gouvernance et du territoire dans les premiers chapitres
(1 et 2), et aprs les avoir mis en relation avec notre problmatique, nous avons dtermin les
facteurs de succs et les facteurs dchec de la gouvernance territoriale dans ce dernier
chapitre de la premire partie.
Concernant les facteurs de succs de la gouvernance territoriale, nous avons retenu trois
facteurs savoir : la dcision, la rationalit et limplication par la communication des acteurs.
Lessentiel de ces lments se rsume comme suit :
Dcision :
Un processus conscient et humain, qui implique la fois des phnomnes individuels et sociaux, bas
sur des prmisses factuelles et de valeur, qui inclut le choix d'une activit comportementale parmi une
ou plusieurs alternatives.
Le dcideur dispose de plusieurs alternatives et que son choix implique une comparaison
entre ces alternatives et une valuation de leur rsultat.
Trois significations du processus sont souvent utilises : (1) une logique qui explique une
relation causale entre des variables indpendantes et dpendantes, 2) une catgorie de
concepts ou de variables qui se rfrent aux actions des individus ou des organisations, et
3) une squence d'vnements qui dcrit comment les choses changent dans le temps.
Rationalit :
Un individu est rput agir ou juger rationnellement sil est possible de justifier ses actions ou
jugements par leur conformit un critre.
Un comportement rationnel est celui dun individu qui agit en toute circonstance
conformment un mme critre. Ce comportement prsente alors une certaine cohrence,
qui peut tre teste par un observateur extrieur, mme si cet observateur ne connat pas la
prfrence de lindividu.
La premire conception de la rationalit ( agir pour une raison ) renvoie une conception
de lindividu comme dcideur autonome. Lautonomie du dcideur se traduit par le fait que la
thorie essaye de se faire la plus neutre possible par rapport aux prfrences individuelles.
148
Premire Partie Chapitre 3 : Facteurs de russite ou dchec de la gouvernance territoriale :
Linfluence de lhypothse de rationalit doit donc tre mise en relation avec le mouvement
dautonomisation de la sphre conomique et du discours conomique qui caractrise la
modernit.
En effet, ces lments en tant des facteurs de russite de la gouvernance territoriale peuvent
tre aussi des modalits vocation dmocratique qui prvalent dans la gestion du territoire.
Toutefois, dautres facteurs peuvent faire leur apparition. Cest ce que nous allons voir lors
de notre enqute exploratoire (dans la deuxime partie).
Pour ce qui est des facteurs dchec de la gouvernance territoriale, nous avons retenu
spcialement les conflits, les contraintes financires. Lencadr suivant rsume lessentiel de
ces deux contraintes.
Conflits :
Les nouvelles configurations partenariales, la fois plurales et volutives, aboutissent la
reformulation plus ou moins explicite des rapports de pouvoir et de conflictualit.
Les projets collectifs impliquent des processus de coordination complexes et croiss qui
peuvent tre source de conflits entre acteurs.
Le deuxime type de conflit dappropriation renvoie aux conflits dappropriation des quasi-
rentes ou des rentes de monopole .
Quil sagisse des acteurs locaux dune part, ou des diffrents niveaux hirarchiques tat
collectivits territoriales dautre part ; lincompatibilit des objectifs linadquation de leurs
horizons temporels ; linadquation des espaces pertinents de dfinition des stratgies peut
diffrer et induire des conflits dobjectifs.
Les conflits de pouvoir, dans le cadre dun projet collectif, trouvent leur origine dans :
la perte relative de pouvoir dcisionnel et dautonomie fonctionnelle ;
la nature volutive des rapports de pouvoir et des quilibres/dsquilibres de pouvoir dans
la coordination (jeux de domination versus concession, volution des rapports de coalition).
149
Premire Partie Chapitre 3 : Facteurs de russite ou dchec de la gouvernance territoriale :
Le poids conomique et financier du secteur public local au cours de ces dernires annes
s'est considrablement accru.
Les collectivits ont eu recours aux emprunts, particulirement jusqu'au milieu des annes
1990, pour le financement de leurs investissements d'o une augmentation des charges
d'annuit.
Les lus et gestionnaires de grandes collectivits sont donc demandeurs pour matriser
l'ensemble de leur comptabilit.
Aprs avoir numr ces facteurs dchec, nous avons procd la proposition des solutions
pour remdier ces difficults. Peuvent sajouter ces deux lments la multitude des rseaux
(qui rend le processus de prise de dcision difficile, qui amplifie les conflits et qui peut tre
source de divergences dintrts).
Dans lobjectif daffiner notre recherche, nous allons consacrer la deuxime partie ltude
de cas. En effet, cette dernire va non seulement permettre de valider les constats thoriques
de cette premire partie, mais dy ajouter dautres lments qui peuvent constituer des
modalits de gestion collective dun territoire.
150
Premire Partie Chapitre 3 : Facteurs de russite ou dchec de la gouvernance territoriale :
En termes dapplication pour notre propre recherche, la contribution de cette premire partie
est considrable. La prise en compte de ses apports a permis dorienter nos choix en matire
de thorie, de problmatique et de mthodologie et de positionner la recherche. Ainsi, nous
pouvons, ds prsent, en rsum de manire schmatique quelques points caractristiques :
- Une recherche fonde sur une dmarche thorique : sur la base des apports
thoriques existants, la recherche vise dvelopper un protocole mthodologique,
permettant de dtecter, danalyser et de mesurer les outils de la gouvernance
territoriale partir du terrain. Les rsultats et les observations apports seront
confronts au cadre conceptuel et thorique correspondant, assurant ainsi un lien
troit entre la pratique et la thorie.
151
Premire Partie Chapitre 3 : Facteurs de russite ou dchec de la gouvernance territoriale :
la difficult, mais aussi la responsabilit que reprsente pour tout acteur impliqu ou concern
par le processus de gouvernance territoriale.
En effet, nous avons abord dans le deuxime chapitre les diffrentes thories lies au concept
de la gouvernance territoriale. Il sagit de la thorie de convention, de la thorie des jeux et la
thorie de dcision (modles de prise de dcision).
Les thories ont apport des lments importants quand au rle des acteurs dans la gestion de
leur territoire. De mme, elles ont apport diffrentes modalits et procdures dmocratiques
qui vont dans le mme sens que la gouvernance territoriale.
Sur la lumire des apports des deux premiers chapitres, nous avons consacr le troisime et
dernier chapitre de cette premire partie aux facteurs de russite ou dchec de la
gouvernance territoriale.
152
Deuxime partie Chapitre 1 : Rappel de problmatique et rle des acteurs territoriaux
DEUXIME PARTIE
ANALYSE EMPIRIQUE
CHAPITRE 1
CHAPITRE 2
CHAPITRE 3
153
Deuxime partie Chapitre 1 : Rappel de problmatique et rle des acteurs territoriaux
me
Figure 15 Plan de cheminement du chapitre 1 (2 partie)
154
Deuxime partie Chapitre 1 : Rappel de problmatique et rle des acteurs territoriaux
La dmarche globale adopte ici pour la prsentation des choix effectus en matire de
problmatique et de mthodologie, rcuse, au sens de P. BOURDIEU (1992, p. 196-197) la
division thorie / mthodologie , provenant d'une opposition constitutive de la division
sociale du travail scientifique un moment donn. Selon l'auteur les choix techniques les
plus empiriques sont insparables des choix de construction d'objets les plus
thoriques. C'est en fonction d'une certaine construction d'objet que telles mthode ou
technique de rcollection ou d'analyse de donnes, etc., s'imposent. Plus prcisment, c'est
seulement en fonction d'un corps d'hypothses driv d'un ensemble de prsuppositions thoriques
qu'un donn empirique quelconque peut fonctionner comme prvu ou, comme disent les Anglo-
Saxons, comme vidence .
Aussi, une constante interrelation entre les choix en matire de thorie et de mthodologie de
recherche fonde notre analyse et justifie la prsentation successive et dans le mme chapitre
de ces deux points essentiels.
1 La problmatique retenue
155
Deuxime partie Chapitre 1 : Rappel de problmatique et rle des acteurs territoriaux
La dmarche globale adopte ici pour la prsentation des choix effectus en matire de
mthodologie, rcuse, au sens de P.BOURDIEU (1992, p.196-197) la
division thorie / mthodologie , provenant dune opposition constitutive de la division
sociale du travail scientifique un moment donn. Selon lauteur les choix techniques les plus
empiriques sont insparables des choix de construction dobjets les plus thoriques . Cest
en fonction dune certaine construction dobjet que telle mthode dchantillonnage, telle
technique de rcollection ou danalyse de donnes, etc., simposent.
Plus prcisment, cest seulement en fonction dun corps dhypothses driv dun ensemble de
prsupposition thorique quune donne empirique quelconque peut fonctionner comme prvu
ou, comme disent les Anglo-Saxons, comme vidence .
Aussi, une constante interrelation entre les choix en matire de mthodologie de recherche fonde
notre analyse et justifie la prsentation dans le prsent chapitre.
156
Deuxime partie Chapitre 1 : Rappel de problmatique et rle des acteurs territoriaux
Les rponses fournies cette question sont trs importantes, puisqu'elles apportent les fondements et
les lments ncessaires la conception ultrieure des instruments de mesure des variables, c'est--dire
des indicateurs correspondants, permettant de faire le lien entre les concepts thoriques et les
donnes empiriques travers lassociation dune valeur ou dun symbole une partie dun
concept (J.ANGOT et P.MILANO, 1999, p. 173-175). Ces instruments de mesure aident le
chercheur dfinir le type de donnes qui sont recueillir, pour chacun des dimensions ou
facteurs retenus au dpart.
157
Deuxime partie Chapitre 1 : Rappel de problmatique et rle des acteurs territoriaux
Ainsi, linstar de J.ANGOT et P.MILANO (1999), on peut qualifier la dmarche adopte par
cette recherche, pour faire le lien entre les concepts et les donnes, comme celle de la
mesure qui consiste traduire des concepts extraits de la littrature dans des donnes
recueillies sur le terrain dobservation.
H 1 : Laction des acteurs est une dimension de la gouvernance qui est elle-mme une vision
de laction publique.
H 1-1 : La rationalit de lconomicus sapplique (ou ne sapplique pas) la gouvernance
publique.
H 1-2 : La good gouvernance sapplique au domaine public.
H 1-3 : La good gouvernance dpend de limplication des acteurs.
H 1-4 : Le territoire est une forme particulire de coordination entre acteurs, de cration de
valeurs et dmergence de ressources latentes.
158
Deuxime partie Chapitre 1 : Rappel de problmatique et rle des acteurs territoriaux
Afin davoir une vue densemble des caractristiques de la gouvernance territoriale, plusieurs
attributs ont t incorpors dans ltude. Il sagit de : 1) la rationalit, 2) la prise de dcision,
3) la coopration et/ou coordination et 4) complexit.
Le premier attribut, la rationalit, dcoule directement des modles rationnels et fait rfrence
un comportement calcul, instrumental et logique dans la poursuite d'un but (H.A. SIMON,
1978). Largement tudie par la recherche empirique, la rationalit s'incarne dans plusieurs
concepts dvelopps par diffrents auteurs. Parmi les concepts les plus souvent cits en
termes de validit empirique, et qui ont servi de base plusieurs tudes, on peut citer celui
de la comprhension (comprehensiveness) dveloppe par J.W. FREDRICKSON
et T.R. MITCHELL (1984), celui de la rationalit procdurale (procedural rationality)
conue par J.W.Jr. DEAN et M.P. SHARFMAN (1993a, b ; 1996), celui de la rationalit
de D. MILLER (1987a), celui du degr d'investigation dvelopp par M.A. LYLES (1987),
l'analyse formelle dveloppe par A. LANGLEY (1989, 1990), l'investigation
(scrutiny) dveloppe par les chercheurs de l'quipe de Bradford (D. CRAY, G.R. MALLORY,
R.J. BUTLER, D.J. HICKSON et D.C. WILSON, 1988, 1991), l'analyse et la
recherche dveloppes par J. STEIN (1981a, 198lb) et la planification dveloppe
par A. BAILEY et G. JOHNSON (1995), etc. Ces concepts refltent globalement un certain
nombre d'activits et comportements tels que la collecte et l'analyse de l'information, la
planification et la conceptualisation de stratgie explicite, les concertations, les runions, les
rapports crits, etc.
La rationalit est considre ici comme une variable de la gouvernance territoriale. Elle
sexplique par plusieurs facteurs : 1) raisonnement, 2) logique, 3) comprhension et 4)
rapports de pouvoir.
Le raisonnement constitue variable explicative de la rationalit dans le sens o tout acteur
(priv ou public) sinscrivant dans un contexte de gouvernance territoriale doit tre raisonnable
dans ces dcisions de manire faire les meilleurs choix et de prendre les dcisions qui
rpondent lintrt gnral du reste des acteurs.
Cette variable fait appel autre variable qui sinscrit dans le mme contexte. Il sagit de la
logique. En effet dans son raisonnement, un acteur doit tre logique, autrement dit ses
rflexions ainsi que ses comportements et dcisions doivent concorder avec des rfrences
universelles.
Ceci ncessite une grande capacit intellectuelle et cognitive qui aide lacteur mieux
comprendre les enjeux stratgiques auxquels il est affront. Cest dans ce sens que la variable
comprhension sert expliquer la rationalit des acteurs.
Les rapports de pouvoir eux regroupent les facteurs qui agissent sur la prsence du consensus
159
Deuxime partie Chapitre 1 : Rappel de problmatique et rle des acteurs territoriaux
et le degr de rationalit instrumentale. Ils regroupent les relations qui peuvent exister entre
acteurs et qui favoriseront le respect de leurs engagements dans un contexte de gouvernance
territorial.
Le deuxime attribut, la prise de dcision, revt une importance prdominante dans le contexte
de gouvernance territoriale. Il dpend son tour de certaines variables telles que : 1) la dure,
2) la qualit, 3) la satisfaction, 4) lapprentissage organisationnel et 5) lutilisation des
aptitudes individuelles.
La dure constitue un premier indicateur de la performance du processus de dcision. La
dfinition qu'on peut en donner dpend directement de celle donne au processus lui-mme.
Cest--dire des lments qu'il inclut et des limites temporelles qu'il se fixe. Ainsi, l'instar de
la dfinition de H. MINTZBERG (1979) que nous avons retenue pour le processus de
dcision, la dure du processus peut tre dfinie comme le temps coul entre le moment o le
stimulus d'une action est peru, jusqu'au moment o l'engagement de l'action est
effectu. Cette dfinition renvoie aux dfinitions des concepts du temps de processus
dveloppes par D. CRAY, G.R. MALLORY, R.J. BUTLER, D.J. HICKSON et D.C. WILSON (1988),
de la rapidit de la dcision apporte par W.K. SCHILIT et F.T. PAINE
(1987), K.M. EISENHARDT (1989), W.Q. JUDGE et A. MILLER (1991) et S.
MOLLOY et C.R. SCHWENK (1995), du temps du choix de P.A. ANDERSON et G. W.
FISHER (1986), etc.
Une autre dimension de la performance de la prise de dcision stratgique, beaucoup moins tudie
que les dimensions prcdentes, concerne l'activit d'apprentissage organisationnel. On trouve
cette notion de manire explicite dans les travaux de R.M. CYERT et J.G. MARCH (1963)
sur la thorie comportementale de la firme o l'apprentissage organisationnel est considr comme
un des quatre concepts relationnels du processus de prise de dcision. On trouve aussi cette
dimension dans l'tude effectue par E.E. CARTER (1971), qui teste la pertinence empirique du
160
Deuxime partie Chapitre 1 : Rappel de problmatique et rle des acteurs territoriaux
concept travers l'tude de six cas de processus de dcision stratgique, dans une entreprise fournisseur
d'ordinateurs. Ce concept a t enfin utilis par R. BUTLER, L. DAVIES, R. PIKE et J. SHARP (1991)
comme une des variables rendant compte de l'efficacit du processus de dcision, dans leur tude
sur la prise de dcision stratgique d'investissement. Mais, en dehors de la prise de dcision stratgique, le
phnomne d'apprentissage organisationnel est largement tudi par les gestionnaires (par ex., C.
ARGYRIS et D. SCHN, 1978 ; M. DODGSON, 1993 ; D.A. GARVIN, 1993 ;G.KOENIG,
1994), bien qu'une signification exacte du concept semble ne pas tre encore tablie (A. PEDON,
1996). Les dfinitions donnes par ces chercheurs et situes dans le contexte de la prise de dcision,
permettent de concevoir l'apprentissage organisationnel comme le degr selon lequel le processus de
prise de dcision permet aux membres de l'organisation aussi bien d'acqurir, de dvelopper ou de
transfrer de nouvelles connaissances et comptences que de modifier ou de renoncer des
connaissances ou comptences anciennes.
Un dernier indicateur de la performance de la dcision que nous avons intgr dans notre tude est celui de
l'utilisation des aptitudes ou comptences individuelles durant le processus de dcision. Cet
indicateur rend compte du degr d'utilisation des aptitudes et des expriences pertinentes des personnes ou
groupes comptents, impliqus dans le processus de dcision. On trouve cette variable dans les tudes
empiriques effectues par DIO International Research Team (DIO, 1979, 1983 ; F. HELLER, P.
DRENTH, P. KOOPMAN et V. RUS, 1988) qui tudie l'impact de la prise de dcision participative
sur un certain nombre de variables de rsultats du processus de dcision stratgique. Il en est de mme
dans l'tude de D.M. SCHWEIGER et W.R. SANDBERG (1989) qui comparent les diffrentes
approches de prise de dcision stratgique ( Investigation Dialectique / Avocat du Diable /
Consensus ) en termes d'aptitudes utiliser les capacits individuelles des membres du groupe.
La concrtisation des intrts communs : Ces derniers se traduisent par le partage quitable
des gains entre les acteurs et par une reconnaissance rciproque de la lgitimit et de
diffrences de missions et de mthodes dacteurs.
La coordination dpend de lharmonisation des intrts. Cette dernire est tributaire de toutes
les parties intresses sans restriction et dune reprsentation adquate dans les instances
dcisionnelles.
De mme, dans un contexte de gouvernance territoriale, la coproprit des actifs par les
acteurs et le partage quitable des risques poussent les acteurs cooprer entre eux.
lvidence, quand il ya partage de responsabilits, dactifs et de risques, lincitation
rechercher des compromis et agir stratgiquement dans le but darriver aux buts sera forte.
161
Deuxime partie Chapitre 1 : Rappel de problmatique et rle des acteurs territoriaux
Limplication : est relative la participation effective des acteurs dans la gestion des affaires
locales, elle se justifie par un sens de responsabilit trs lev et dune maturit politique
considrable.
Le modle de la recherche, tel qu'il a t prsent avant, met en relation trois grands groupes
de variables : (1) les variables relatives aux caractristiques des acteurs territoriaux (2) les
variables relatives processus de dcision et (3) les variables relatives aux facteurs contextuels
(environnementaux, organisationnels) de la gouvernance territoriale.
Section 2 Les donnes mobilises, les approches adoptes et le rle des acteurs
territoriaux
En ce qui concerne la nature des donnes, une premire distinction couramment utilise par
les chercheurs est celle qui classe les donnes en fonction de leur source. On parle alors de
deux groupes principaux de donnes : 1) les donnes primaires, et 2) les donnes secondaires
(Y. EVRARD, B. PRAS et E. ROUX, 1997 ; J. HUSSEY et R. HUSSEY, 1997 ; P.
BAUMARD et J. IBERT, 1999). Les donnes primaires, souvent appeles de premire
main , sont recueillies directement la source ou sur le terrain pour rpondre un besoin
162
Deuxime partie Chapitre 1 : Rappel de problmatique et rle des acteurs territoriaux
prcis. Les outils utiliss ce but sont multiples : enqute par questionnaire ou entretien,
rencontre, observation, exprimentation, etc. En revanche, les donnes secondaires sont des
informations dj collectes ou qui existent par ailleurs, dj sous forme de livres, documents,
rapports, etc. Ces informations peuvent tre d'abord internes l'organisation, telles que les
documents financiers et comptables, les rapports statistiques ou autres rapports d'tudes
existants, les comptes-rendus de runions, etc. Mais les informations peuvent tre aussi
externes l'organisation, et peuvent provenir de banques de donnes existantes,
d'organismes spcialiss dans le domaine d'information conomique (INSEE, centres de
documentation, ministres, etc.), ou de sources de publications diffrentes (revues, livres,
priodiques, journaux, etc.).
Le choix que le chercheur doit faire quant l'utilisation des donnes primaires et secondaires
n'est pas un choix ais et ncessite une rflexion sur au moins deux points essentiels : (1) sur
une mise en garde contre les ides reues quant aux qualits a priori que possderaient ces
deux types de donnes, et (2) sur la possibilit et l'utilit d'une complmentarit entre les
deux types de donnes.
Ainsi, en ce qui concerne le premier point, P. BAUMARD et J. IBERT (1999, p. 89-93)
notent que le choix entre donnes primaires ou secondaires doit tre ramen un ensemble
de dimensions simples : leur statut ontologique, leur possible impact sur la validit interne et
externe, leur accessibilit et leur flexibilit . Ils synthtisent alors les principales ides reues
sur les donnes primaires et secondaires et les implications directes et indirectes que leur
croyance peut avoir sur une recherche selon le tableau suivant.
La critique essentielle que l'on peut faire quant ces ides reues est un comportement trop
exclusif double tranchant : soit un excs de confiance dans l'une ou l'autre forme de
donnes, par un processus de sublimation des qualits respectives, dans une logique de
concurrence ou de comptition idologique, laissant peu de place une rflexion critique sur
les limites que peuvent comporter l'une ou l'autre forme de donnes ; soit un comportement
de doute qui amne le chercheur se scuriser par tous les moyens ou type d'information,
parfois sans rapport avec le sujet tudi, aboutissant souvent une introduction de biais dans
les rsultats ou une perte de temps considrable.
163
Deuxime partie Chapitre 1 : Rappel de problmatique et rle des acteurs territoriaux
L'intgration de donnes
L'excs de confiance
disponibles peut
dans la validit interne Le statut ontologique de
Les donnes de conduire ngliger la
des donnes primaires vracit des
premire main ont robustesse des construits de
Validit interne pousse luder des donnes secondaires offre
une validit interne la recherche. Le chercheur
explications rivales ou une matrise de la validit
immdiate externalise le risque de
ignorer des variables interne
validit
intermdiaires
interne (excs de confiance).
L'tablissement de la
L'tablissement de la validit externe peut tre
L'utilisation des
On compense par des validit externe de la biais par l'excs de
donnes essentiellement
donnes secondaires qui recherche est facilit par confiance dans les
Validit externe primaires diminue la
n'ont pas de rapport avec la comparaison donnes secondaires. Le
validit externe des
la question de recherche avec des donnes chercheur conclut une
rsultats
secondaires gnralisation excessive
de ses rsultats.
On privilgie des
La plus grande
donnes secondaires
Les donnes accessibilit peut donner
Les donnes primaires accessibles, mais
secondaires sont au chercheur le sentiment
Accessibilit sont difficilement incompltes, alors que
disponibles et facilement de compltude, tandis
accessibles l'objet de recherche
accessibles que sa base de donnes
mriterait le recueil de
est incomplte.
donnes primaires
On s'embourbe dans le
Croyance nave : la
terrain par manque de
Les donnes formalisation des donnes
disponibilit des acteurs.
secondaires sont peu secondaires ne gage pas
Les donnes primaires Travestissement des
Flexibilit flexibles, donc plus leur prennit. Les donnes
sont trs flexibles donnes primaires en les
fiables, car moins manquent d'actualisation et
dtournant de l'objet pour
manipulables subissent un biais de
lequel elles ont t
maturation.
recueillies
Qu'il s'agisse d'excs de confiance ou de doute, l'origine il peut souvent y avoir une carence
164
Deuxime partie Chapitre 1 : Rappel de problmatique et rle des acteurs territoriaux
de rflexion critique sur l'impact du choix de tel ou tel type de donnes par rapport la
validit et la faisabilit de la recherche. Nous partons du principe que le processus de la
recherche n'tant jamais parfait, c'est au chercheur de trouver un compromis intelligent entre
ces deux lments, faisant de la recherche un exercice de raisonnement exemplaire.
En effet, la pratique de la recherche empirique sur le rle des acteurs dans la gestion de leur
territoire dans un contexte de gouvernance territoriale ralise jusqu' maintenant ne fournit
aucune solution miracle et ne donne ni garantie ni vrit absolue quant la supriorit ou
l'infriorit des donnes primaires sur les donnes secondaires pour apprhender le phnomne
que nous souhaitons tudier. En revanche, elle nous apporte des exemples concrets de gestion des
difficults inhrentes aux choix effectus en termes de donnes. Une alternative intressante
apparat alors : celle de la complmentarit possible entre les donnes primaires et secondaires.
Comme le soulignent P. BAUMARD et J. IBERT (1999, p. 92-93), les donnes primaires et
secondaires sont complmentaires tout au long du processus de recherche. L'incompltude des
donnes primaires peut tre corrige par des donnes secondaires, par exemple, historiques, pour
mieux comprendre l'arrire-plan ou confronter le terrain avec des informations qui lui sont
externes.
La recherche entreprise intgre ce principe de complmentarit entre les donnes primaires et secondaires
dans sa stratgie de choix des donnes. Ainsi, dans l'objectif de dcrire et expliquer le rle des
acteurs dans le succs ou dchec de la gouvernance territoriale, nous avons effectu une enqute.
Il sagit dune enqute sur terrain, qui consiste soumettre des questionnaires aux diffrents lus
des 20 communes de Grand Nancy. Ces questionnaires ont t prcds par des entretiens semi-
directifs avec les diffrents maires.
165
Deuxime partie Chapitre 1 : Rappel de problmatique et rle des acteurs territoriaux
- Interactions entre acteurs : Lacteur territorial doit rendre possible une mobilisation de
lensemble des autres acteurs -privs, associatifs et publics- et institutions sur des objectifs
communs de dveloppement dans le cadre dun projet intgr et cohrent, partageant ou
acceptant de partager une mme vision moyen et long terme du territoire.
- La dcision : La dcision est un engagement spcifique l'action.
- La rationalit : La premire conception de la rationalit ( agir pour une raison ) renvoie une
conception de lindividu comme dcideur autonome. Lautonomie du dcideur se traduit par le
fait que la thorie essaye de se faire la plus neutre possible par rapport aux prfrences
individuelles.
- Implication des acteurs par la communication : Laccompagnement de processus participatifs
peut tre appuy au besoin par le dveloppement de supports de communication spcifiques.
- Les conflits : Les projets collectifs impliquent des processus de coordination complexes et
croiss qui peuvent tre source de conflits entre acteurs.
- Les contraintes financires du secteur local : Le poids conomique et financier du secteur
public local au cours de ces dernires annes s'est considrablement accru.
ce niveau, la question qui se pose est relative au rle de lacteur dans la gestion de son
territoire. Autrement dit, quelle est lattitude dun acteur territorial en matire de gestion de
son territoire?
Avant de rpondre cette question, il nous semble important de spcifier de quels acteurs
territoriaux sagit-il dans cette thse.
Les acteurs des territoires sont multiples et ont chacun des spcificits, des champs de
comptences, des prrogatives et des capacits dintervention varis sur le territoire. Nous
visons surtout Les acteurs de dveloppement. Il sagit ici didentifier des acteurs plus ou
moins organiss en groupe qui agissent pour lintrt de plusieurs personnes, pour la
collectivit, pour lintrt gnral ou pour le dveloppement du territoire.
Nous spcifions plus spcialement Les lus et les collectivits locales. En France, les lus locaux
ont un poids considrable, notamment depuis la loi de dcentralisation de 1982. Il convient de
souligner cependant que llu local de proximit, le Maire, est connu de toute la population et
quun certain nombre de projets ou dactions tendent renforcer le dialogue. Le maire est entour
de maires adjoints et de conseiller municipaux afin de mener bien ses missions.
Les maires adjoints sont chargs dassumer des fonctions que le Maire leur confie, et
ventuellement de suppler le Maire en cas dempchement (dans lordre de nomination). Ils
exercent leurs responsabilits dans un domaine spcifique, en rapport avec leurs comptences et
leurs motivations : finances, culture, environnement...
Quant aux Conseillers municipaux dlgus, ils ont reu une dlgation pour exercer une mission
prcise auprs des adjoints ou du Maire.
Cest dans ce sens que nous allons essayer de rpondre notre question de base et notre
problmatique travers une enqute sur le terrain (dpartement de la Meurthe-et-Moselle). Cest
lobjet des chapitres suivants.
166
Deuxime partie Chapitre 2 : Enqute exploratoire par questionnaire
me
Figure 17 Plan de cheminement du chapitre 2 (2 partie)
167
Deuxime partie Chapitre 2 : Enqute exploratoire par questionnaire
Une fois les hypothses formules, le choix de l'enqute arrt, son objectif et sa fonction dans le
dispositif de recherche dfinis, se pose la question de savoir qui sera interrog et dans quelle
population.
Dfinir la population, c'est slectionner les catgories de personnes que l'on veut interroger, et
quel titre; dterminer les acteurs dont on estime qu'ils sont en position de produire des rponses
aux questions que l'on se pose.
L'chantillon ncessaire la ralisation d'une enqute par entretien est, de manire gnrale, de
taille plus rduite que celui d'une enqute par questionnaire, dans la mesure o les informations
issues des entretiens sont valides par le contexte et n'ont pas besoin de l'tre par leur probabilit
d'occurrence. Une seule information donne par l'entretien peut avoir un poids quivalent une
information rpte de nombreuses fois dans des questionnaires. La rduction relative de
l'chantillon ncessaire une enqute par entretien tient donc au statut de l'information obtenue.
La dtermination du nombre d'entretiens ncessaires une enqute particulire (la taille de
l'chantillon) dpend du thme de l'enqute et de la diversit des attitudes supposes par rapport
au thme, du type d'enqute (exploratoire, principale ou complmentaire), du type d'analyse
projet.
Paralllement la prfiguration de l'chantillon, il convient de concevoir le plan des entretiens.
Le plan comprend la fois l'ensemble organis des thmes que l'on souhaite explorer (le guide
d'entretien) et les stratgies d'intervention de l'interview visant maximiser linformation
obtenue sur chaque thme. L'laboration du plan constitue une tape supplmentaire dans le
processus d'tablissement de l'enqute.
Cest dans ce contexte que la premire section de ce chapitre dterminera lunit danalyse, le
terrain dinvestigation et la mthodologie de recherche.
De mme, la deuxime section va dtailler les diffrentes tapes de droulement de lenqute en
commenant par la construction et ladministration des questionnaires et en terminant aux
modalits dadministration du questionnaire.
Aprs avoir expos les choix effectus en termes de donnes empiriques et dapproches
permettant leur recueil et leur analyse, il sagit maintenant dexpliquer ceux qui concernent
lunit danalyse et le terrain dinvestigation.
168
Deuxime partie Chapitre 2 : Enqute exploratoire par questionnaire
En ce qui concerne le choix de lunit de lanalyse pour les tudes relatives la gouvernance
territoriale, la revue de la littrature effectue lors de la premire partie et du premier chapitre de
la deuxime partie, a mis en vidence deux approches diffrentes, mais complmentaires. Comme
nous lavons signal prcdemment, la premire approche consiste analyser les caractristiques
dun acteur qui influencent ses dcisions et qui dterminent soit lchec soit la russite du
processus de la gouvernance territoriale.
La deuxime approche prend pour unit danalyse les conventions qui peuvent exister entre
acteurs.
Cette approche est complmentaire avec la premire approche dans la mesure o la convention
ou le respect dune convention interpelle la rationalit et la coopration de lacteur dans un
contexte de gouvernance territoriale.
Cette rationalit et coopration influencent les dcisions prises et qui affectent la dcision finale.
Mobiliser les acteurs de l'agglomration et ses partenaires pour relever les dfis d'un territoire et
au-del. C'est tout le sens de l'engagement du Grand Nancy dans le nouveau projet
d'agglomration qu'il vient d'adopter. .
Nancy, qui avait trs tt commenc s'tendre en agglomration sur les communes voisines,
organisa cette agglomration trs tt galement. Ds 1959, le District de l'agglomration
nancienne permit la coopration intercommunale.
169
Deuxime partie Chapitre 2 : Enqute exploratoire par questionnaire
Les chiffres de population retenus sont la population sans doubles comptes (recensement gnral
de la population de 1999). Ce sont d'ailleurs ceux indiqus sur le site de la communaut.
La communaut est administre par un Conseil communautaire de 80 membres dsigns par les
conseils municipaux respectifs au prorata de la population.
170
Deuxime partie Chapitre 2 : Enqute exploratoire par questionnaire
Le nombre de dlgus de l'une des communes, non encore identifi, est minor d'une unit, le
site de la communaut listant l'un des 80 dlgus sans prciser quelle commune elle reprsente.
Que ce soit pour le concept de la gouvernance territoriale ou pour celui du rle des acteurs, nous
avons opr des choix entre une multitude de variables. Le dcoupage se fonde sur le modle
conceptuel prsent prcdemment. Dans la mesure o notre recherche vise comprendre leffet
de la rationalit et de la coopration des acteurs dans la prise des dcisions lies un territoire et
sinscrivant dans une logique de gouvernance territoriale. Nous proposons dintgrer ltude des
variables explicatives de laction des acteurs (rationalit et action publique), caractristique de
lacteur et ses raisons dagir et environnement politico-administratif. Ainsi, nous postulons que :
H 1 : Laction des acteurs est une dimension de la gouvernance qui est elle-mme une vision
de laction publique.
H 1-1 : La rationalit de lconomicus sapplique (ou ne sapplique pas) la gouvernance
publique.
H 1-2 : La good gouvernance sapplique au domaine public.
H 1-3 : La good gouvernance dpend de limplication des acteurs.
H 1-4 : Le territoire est une forme particulire de coordination entre acteurs, de cration de
valeurs et dmergence de ressources latentes.
Cependant, il est important de prciser que la rationalit nagit pas seule sur limplication
effective de lacteur dans une logique de gouvernance territoriale. En effet, elle dpend non
seulement de la coopration des autres acteurs et de leurs motivations envers le partage quitable
de la gestion de leur territoire, mais aussi des volutions organisationnelles. Ainsi, nous
proposons:
171
Deuxime partie Chapitre 2 : Enqute exploratoire par questionnaire
En effet, pour apprhender la gouvernance territoriale, il faut considrer les dcisions propres
chaque territoire. Ces particularits ne pouvant pas tre totalement gnralises (GASSE,
2004, p.3), il convient alors de les repositionner et de les mettre en relations pour pouvoir en
sortir avec des dcisions collectives. En effet, les dcisions refltent un mode de raisonnement
traduisant un certain mode de fonctionnement propre chaque commune.
Cette proposition traduit la complexit des dcisions prises par lacteur. Elle adopte par ce fait,
une approche contextuelle du raisonnement et du comportement humain. Elle pose lide que les
prfrences des individus ne sont ni stables, ni transitives et que les critres de rationalit eux-
mmes nmergent que progressivement en fonction de la spcificit de chaque contexte (Simon,
1978). Ainsi, linterrogation porte, entre autres, sur les mcanismes travers lesquels les acteurs
peroivent le monde, formulent les rponses quils apportent et agissent en consquence (Caill,
1995).
En effet, les recherches qui partent de lhistoire, du contexte, des systmes de reprsentation et
des valeurs des acteurs (individus, groupes, entreprises, etc.) montrent lancrage socioculturel des
acteurs (LICHT & SIEGEL, 2006).
Selon GERGEN et AL. (1992), la perception sociale est galement influence par le contexte
dans lequel on observe les actions dautrui . Les individus peuvent trouver dans les modles
existants des formes dinspiration. La complexit, par le biais des reprsentations sociales et les
valeurs collectives intriorises, exerce une forme de pression conduisant soit certains
mouvements duniformisation et parfois de mimtisme des structures organisationnelles soit
lopposition aux autres en affichant un certain dmarquage.
La prise de dcision, dans le premier cas, se forge au rsultat dun cheminement, ventuellement
inconscient, dans lequel les habitudes et les scripts exercent un rle important en guidant les
comportements et les prfrences individuelles. Alors que dans le deuxime cas, la prise de
dcisions est complexe en raison de diffrences culturelles, sociales et/ou politiques.
172
Deuxime partie Chapitre 2 : Enqute exploratoire par questionnaire
Lensemble des hypothses adoptes dans cette tude se rsume comme suit :
H 1 : Laction des acteurs est une dimension de la gouvernance qui est elle-mme une vision
de laction publique.
H 1-1 : La rationalit de lconomicus sapplique (ou ne sapplique pas) la gouvernance
publique.
H 1-2 : La good gouvernance sapplique au domaine public.
H 1-3 : La good gouvernance dpend de limplication des acteurs.
H 1-4 : Le territoire est une forme particulire de coordination entre acteurs, de cration de
valeurs et dmergence de ressources latentes.
Variables mobilises :
1-Rationalit des acteurs : caractristiques de lagent et ses raisons dagir, implication politique.
2-Action publique : moyens mobiliss, environnement politico administratif.
Variables mobilises :
Variables mobilises :
173
Deuxime partie Chapitre 2 : Enqute exploratoire par questionnaire
Pour pouvoir tester les hypothses de bases, il a fallu opter pour un champ dtudes qui est dans
notre cas est relatif la communaut urbaine du Grand Nancy.
Nous nous sommes adresss aux mairies de diffrentes communes pour effectuer des entretiens et
enqutes.
Ce choix trouve sa justification dans la nature de notre problmatique qui vise savoir le rle
des acteurs dans la gestion de leur territoire. Par acteurs, on entend, les entreprise, associations,
socit civile, mais spcialement maires et lus.
174
Deuxime partie Chapitre 2 : Enqute exploratoire par questionnaire
Dans le cadre de notre recherche, nous souhaitions mener sur la mme population d'organisations
(une fois au moyen d'entretiens et l'autre fois au moyen de questionnaires), des fins de
triangulation convergente des rsultats escompts ; l'accs au terrain s'avre donc capital. De
ce fait, la cration de relations de confiance sur le long terme avec les interlocuteurs s'impose
comme une garantie de russite du projet. Cependant, il faut aussi noter que la mthode de collecte
de donnes, de par ses caractristiques propres, peut, elle-mme contribuer la cration des ces
relations de confiance. Comme le soulignent P. BAUMARD, C. DONADA, J. IBERT et
J.M. XUEREB (1999, p. 242), Des mthodes de collecte de donnes telles que l'observation
participante et l'interview en profondeur permettent de se familiariser avec le contexte et
d'viter ou de retarder certains faux pas rdhibitoires. Elles offrent l'opportunit de
construire une relation de confiance qui constituera la clef d'accs aux donnes .
la lumire de ces remarques, et dans l'objectif de crer un climat de confiance assurant la
prennisation du projet de recherche, nous avons d'abord procd la ralisation de l'enqute par
entretiens puis la ralisation de l'enqute par questionnaires.
a. La relation chercheur/interview
Tout au long de l'entretien, nous avons cherch tablir une relation de confiance avec les
acteurs interviews, en prenant toujours des prcautions et le temps ncessaire pour
expliquer l'objectif de notre rencontre, et en garantissant la confidentialit totale sur
l'information divulgue.
L'tablissement d'un climat de confiance s'avrait d'autant plus dlicat du fait que dans un
souci de fiabilit des donnes collectes, nous avions choisi d'enregistrer l'ensemble des
propos tenus et que l'usage d'un magntophone pouvait engendrer des rticences de la part
des interviews.
154
P. BAUMARD, C. DONADA, J. IBERT et J.M. XUEREB (1999, p. 241) notent ce sujet : Une des difficults
majeures laquelle doit faire face le chercheur qui envisage de mener une recherche qualitative en management rside dans
l'accs des organisations et plus particulirement des acteurs observer ou interviewer .
175
Deuxime partie Chapitre 2 : Enqute exploratoire par questionnaire
Dans un grand nombre de cas, l'entretien a dpass la dure annonce au dpart, en raison de
l'intrt que les interlocuteurs ont manifest pour la recherche sans qu'on puisse incriminer
la gestion mme de l'entretien. D'ailleurs, parfois, l'issue de l'entretien le chercheur a t
invit prendre un caf avec les interlocuteurs, et la discussion s'est poursuivie alors dans un
autre cadre, moins formel, plus chaleureux, qui s'est avr tre une source d'information
supplmentaire et de renforcement de la relation de confiance dj tablie.
- Dans la totalit des cas, les maires ont assum, leur tour, un rle de parrain pour introduire le
chercheur et la recherche au sein de leur mairie, soit en prsentant directement le chercheur
auprs des personnes concernes par l'enqute, soit en chargeant une tierce personne dans
la mairie de le faire.
- l'issue des entretiens, les interlocuteurs sont rests ouverts d'autres changes et rendez-vous.
En plus, une aide a t propose pour rsoudre les ventuels problmes qui pourraient se
poser, tout au long du droulement de l'enqute.
Les entretiens effectus ici s'apparentent ce que la littrature en Sciences sociales qualifie
de semi-directif (M. GRAWITZ, 1996). Il s'agit d'une variante de l'entretien non directif, mais
qui se distingue du premier essentiellement par le fait que l'entretien se droule partir
d'un guide d'entretien dfini au pralable et qui liste les thmes qui doivent tre abords
dans le courant de l'entretien (Y. EVRARD, B. PRAS et E. ROUX, 1997, p. 99).
Ainsi, les entretiens mentionns ci-dessus ont ncessit l'laboration d'un guide
d'entretien (voir annexe) dont la conception est base sur le contenu des variables de recherche
176
Deuxime partie Chapitre 2 : Enqute exploratoire par questionnaire
mesurer, ces dernires se chevauchant compltement dans l'enqute par entretiens et par
questionnaires. L'ensemble de ces variables a t dfini au pralable lors de la conception du
design de cette recherche, partir d'une analyse dtaille de la littrature thorique et
empirique sur le sujet. En effet, contrairement une dmarche souvent rencontre dans les
recherches exploratoires, les entretiens initiaux, bien qu'ils aient constitu un pralable
indispensable, n'avaient pas pour objectif la collecte d'information ncessaire l'laboration
de nos principaux instruments de recherches (guides d'entretiens et questionnaires) puisque le
sujet que nous abordions ne relevait pas d'une tude exploratoire.
Le droulement des entretiens est bas sur l'utilisation du guide d'entretien, constitu d'un
ensemble de thmes aborder lors de l'entretien. Ce guide permet d'aller rapidement
l'essentiel de l'information cible, tout en garantissant des conditions similaires d'un entretien
(du mme type) l'autre. Il est clair que l'utilisation d'un guide lors des entretiens laisse au
chercheur une large marge de manuvre sur l'ordre et la faon de traiter les diffrents thmes,
tout en garantissant une certaine flexibilit et vivacit son intervention. Ainsi les thmes
doivent tre introduits et approfondis par l'interviewer chaque fois que l'interview ne les aborde
pas de faon spontane, mais ils ne doivent pas ncessairement tre introduits dans un ordre
squentiel prtabli, mais selon leur degr de proximit avec les thmes abords par
l'interview(e), une fois qu'il (elle) a termin son discours ce propos et aprs que les
relances d'usage ont t faites (Y. EVRARD, B. PRAS et E. ROUX, 1997, p. 99). Aussi,
lors de la conduite de nos entretiens, les rencontres ne se sont pas toutes droules selon
le mme ordre de questions, afin de laisser libre cours la spontanit des interviews, tout en
veillant ce que l'ensemble des thmes prvus soit abord. En plus, dans un souci d'adaptabilit,
une attention particulire a t apporte aux attitudes de chacun des interlocuteurs, en
considrant que chacun d'entre eux constituait une personnalit part, ayant des expriences
personnelles et des histoires spcifiques voquer (R.E. STAKE, 1995). Ainsi, notre
questionnement a t ajust en fonction des connaissances que chacun a t le plus
mme de fournir (P. BAUMARD, C. DONADA, J. IBERT et J.M. XUEREB 1999).
Les entretiens ont gnralement dbut par une prsentation du motif de la prsence
du chercheur dans l'organisation et de l'objectif de la rencontre, bien que pour un certain
nombre des interlocuteurs cette phase n'ait pas t indispensable, tant donn leur accord donn
notre demande de rendez-vous. L'entretien s'est ensuite poursuivi par une explication sur
son mode de droulement, la prcision des thmes aborder et des remerciements pour
participation et de la confiance accorde au, chercheur. Un rappel a t aussi fait sur la
confidentialit totale des informations collectes et sur le besoin de l'enregistrement intgral
des entretiens.
La majeure partie du temps, l'entretien a t consacr la discussion en profondeur des
thmes prvus dans le guide d'entretien. Ainsi, en ce qui concerne la conduite de l'entretien
relatif la gouvernance territoriale, six principaux thmes ont t abords : 1) Les
caractristiques de lacteur territorial, 2) La conception de la gouvernance territoriale, 3)
177
Deuxime partie Chapitre 2 : Enqute exploratoire par questionnaire
volutions organisationnelles et implication des acteurs, 4) Les valeurs et les reprsentations des
rpondants, 5) La dcision publique au niveau territoriale, 6) Complexit de la gouvernance
territoriale.
Les questions poses sur chacun de ces thmes n'avaient pas pour objectif de dcouvrir chaque
petit dtail ou incident qui aurait pu avoir lieu dans la gestion du territoire qui sinscrit dans un
contexte de gouvernance territoriale ni de rendre compte du discours prcis de chacun des
acteurs impliqus dans le processus. Comme le soulignent D. CRAY, G.R. MALLORY, R.J.
BUTLER. D.J. HICKSON et D.C. WILSON 1988), un rcit des vnements et faits principaux
par les participants cls suffit, bien que souvent on puisse obtenir des lments trs dtaills. En
ce sens, les personnes interviewes ont t plutt considres comme des informateurs que
comme des rpondants. En effet, elles ont fourni des informations en tant que tmoins
principaux des faits ou des vnements qui se sont produits lors du fonctionnement quotidien
de leur territoire (commune) des dcisions et non pas des informations sur elles-mmes ou sur
leurs opinions, bien que ces lments plus personnels aient t accepts, quand ils se sont
manifests. La collecte des donnes visait une compilation des comptes-rendus de ce qui s'tait
pass et non pas une compilation des opinions exprimes par les uns ou les autres.
Pour chaque commune, l'interview a port sur une description approfondie du fonctionnement
gnral de la commune et au droulement des projets en impliquant toutes les parties
concernes (socit civile, entreprises, associations..). Cependant, dans chacun des cas
l'analyse a t base sur des histoires narratives. Durant l'entretien, les informateurs devaient
rpondre une srie de questions ouvertes, qui les amenaient ritrer ou largir un certain
nombre d'aspects, tel que : la place quaccordaient les acteurs la population concerne par
leurs dcisions, les ngociations, la formation d'alliances ou de coalitions, les conflits ou
rsistances, les personnes impliques dans la prise de dcision et leur rle respectif,
l'ampleur des interactions et des discussions, etc.
178
Deuxime partie Chapitre 2 : Enqute exploratoire par questionnaire
155
4.2.2 Lenqute exploratoire par entretiens biographiques
Les sciences de gestion se sont longtemps confrontes au dbat classique entre approche
quantitative et approche qualitative. linstar de MARCHESNAY (1986), nous remarquons que
la plupart des recherches sur lartisanat adoptent deux types de mthodologies : la premire est
globale () reposant sur des analyses statistiques et la seconde est fine (), la logique
daction privilgie est essentiellement dordre psychologique (reprsentations, culture, valeurs,
comportements des artisans) et sociologique (comportement et structure de lorganisation,
ethnologie). (RICHOMME, 2000, p.167). Le choix mthodologique dpend surtout de lobjet
de recherche (Martinet, 1990). Notre dmarche sinsre dans un esprit de triangulation157. Cette
partie est consacre lexplicitation de notre investigation exploratoire.
Il existe, selon Lee (1991), trois niveaux de comprhension du phnomne. Le premier niveau est
celui de la comprhension subjective , une phase dobservation o linterprtation et la
signification sont limites au sens commun. Le second niveau, qualifi d interprtatif , est une
tape de comprhension du sens commun. Enfin, le dernier niveau positiviste , consiste laborer
et tester des hypothses permettant dexpliquer le phnomne tudi. Le but tant de comprendre les
dterminants du phnomne dans son ensemble, nous avons procd, dans un premier temps, au
choix de lenqute exploratoire.
Nous avons jug pertinent dadopter la mthode qualitative, exploratoire et descriptive (ROBSON,
1997), comme dispositif dune premire investigation, nous permettant denrichir les acquis sur la
gouvernance territoriale.
La recherche qualitative de nature exploratoire permet de se familiariser avec les gens et leurs
proccupations. Elle sert dterminer les blocages susceptibles dentraver un projet de recherche.
Elle permet, aussi, de prserver la pertinence contextuelle158 de la recherche (BONOMA, 1985) et
dacqurir une comprhension initiale des raisons et des motivations lies aux reprsentations et
comportements, tout en se basant sur un nombre de cas non forcment reprsentatifs (NARESH et
MAHOTRA, 1993).
155
Nous rappelons ici aussi que l'ensemble des entretiens effectus a t enregistr, l'exception des entretiens raliss avec
une seule personne, qui a t dj mentionne lors des entretiens initiaux. On peut ajouter cela quelques trs rares
interruptions momentanes de l'enregistrement la demande de nos interlocuteurs, dues l'extrme dlicatesse d'un point
spcifique trait lors de l'entretien. Ainsi en cas d'absence d'enregistrement une prise de notes intgrale a t effectue
179
Deuxime partie Chapitre 2 : Enqute exploratoire par questionnaire
Comme le mentionne PAILOT (1999, p. 28), par son ouverture pistmologique, la mthode de
rcits de vie inscrite dans une perspective interdisciplinaire nous parait tre un cadre intressant
pour comprendre dans quelle mesure les histoires de vies des dirigeants permettent de donner une
intelligibilit certaines logiques daction . Sans prner une vision mcaniste de lhomme
enferm dans son dterminisme psychologique ou sociologique troit, elle ne fait que prolonger
la reconnaissance des zones dintersection entre, notamment, lacteur et sa relation avec son
territoire travers sa coopration avec les autres acteurs.
Il convient sans doute de prciser que la biographie nest pas une reconstitution du pass. Il sagit
dun recueil dinformations, sur lenvironnement social de proximit de la personne, en fonction
de lobjectif de la recherche. Il appartient, ds lors, au chercheur den proposer une lecture du
vcu des acteurs (WACHEUX, 1996, p.127).
Concrtement, le rcit de vie est une forme particulire dentretien, lentretien narratif, au cours
duquel un chercheur demande une personne ci-aprs dnomme sujet de lui raconter tout ou
partie de son exprience vcue (BERTAUX, 1997). Elle remplit trois fonctions selon la phase
de la recherche (BERTAUX, 1996):
- La fonction exploratoire apparat en phase initiale de la recherche, pour baliser le terrain,
grce des rcits de pratiques en situation , des informateurs centraux .
- La fonction expressive dpasse le cadre de la recherche pour aborder celui de la publication des
rcits in extenso ou par extraits, dans une finalit de tmoignage. cet gard, spcialement en ce
qui concerne la publication par extraits, il faut manipuler avec prcaution la fonction des extraits.
En effet, si lexemple cit illustre parfaitement bien lhypothse, cest parce que cest partir de
lui quon la labore. Ce qui remplit la fonction dindice ne remplit pas ncessairement le statut
de preuve (BERTAUX, 1997). Ainsi, nous procderons, tel que propos par BERTAUX (1997),
180
Deuxime partie Chapitre 2 : Enqute exploratoire par questionnaire
des rsums dextraits personnaliss avec la prcaution de garder le sens voqu au dtriment
de la forme du texte. Les extraits dans le texte occuperont la mme place que celle quils ont en
eut dans le droulement de lenqute. Ceux qui ont fonctionn comme indice joueront le mme
rle dans les extraits fournis, et ceux ayant confirm une intuition, une hypothse seront inclus en
tant que tels. En effet, il convient, comme le prcise Pires (1987, p.16) de ne pas riger en
nonne une pratique ou une prfrence individuelle, et de conserver une attitude de vigilance
critique l'gard de tout type de matriau et de tout type de traitement et d'analyse des donnes .
Lenqute par rcits de vie, travers son approche exploratoire, analytique et expressive permet
au chercheur daccder la ralit des mcanismes et processus sociaux propres lobjet tudi
(BERTAUX, 1997). Dans notre tude nous avons mobilis les trois fonctions des rcits de vie. La
fonction exploratoire a servi pour tablir les critres de la population cible, et donc repositionner
les objectifs de la recherche. La fonction analytique, en complment des conclusions issues du
cadrage thorique, a permis de baliser le modle de recherche retenu et les hypothses tester.
Quant la fonction expressive, elle a fait lobjet dun dveloppement plus modeste, mais trs
intressant pour rebondir sur les rsultats des analyses quantitatives des donnes menes par les
tudes de cas159. La figure suivante rsume la manire par laquelle nous avons mobilis les
donnes recueillies.
Notre but est dobtenir un matriel narratif la fois fiable, cest dire correspondant
effectivement ce que pense la personne interroge, et valide, dans le sens de recherche de
conformit par rapport aux objets de la recherche (Blanchet et al.1998).
181
Deuxime partie Chapitre 2 : Enqute exploratoire par questionnaire
Lors de lenqute exploratoire, nous avons effectu des entretiens semi- directifs 15 consigne
ouverte, sans questionnaire ferm et, bien videmment, sans jugement de valeur, auprs les
acteurs de diffrentes communes du Grand Nancy. Nous avons interrog notre interlocuteur sur
son exprience allant de lide jusqu son entre effective dans la vie politique. La question de
dpart tait alors formule de la manire suivante : Pouvez-vous me dire comment et quand
avez-vous dcid ou eu lide dintgrer la vie politique ? .
Les entretiens mens se basent sur guide dentretien labor partir de la revue de la littrature.
Lintrt recherch tait de dgager certains points fondamentaux permettant de dceler, en gnral,
les principales caractristiques dun acteur territorial et de dterminer sa propre motivation et
conception de la gouvernance territoriale. Le guide dentretien (fourni en annexes) aborde diffrents
axes de thmatiques qui peuvent tre rpertoris principalement selon six parties :
182
Deuxime partie Chapitre 2 : Enqute exploratoire par questionnaire
Au fur et mesure de lavancement de lentretien, nous avons veill ce que les orientations du
discours se rapportent aux diffrentes thmatiques prvues dans le guide dentretien. Les
entretiens semi-directifs ont t raliss suite notre demande explicite (BERTAUX, 1997).
Dans le contexte de notre recherche, le terrain sollicit nous a fourni un effectif de vingt
communes. Celles-ci sont de tailles diffrentes et leurs maires prsentent aussi une fourchette
dge relativement tendue.
Concernant la dfinition de la population retenue, elle repose sur une slection dacteurs dont
nous estimons quils sont en position de produire des rponses aux questions poses (Blanchet et
GOTMAN, 1992, par RICHOMME, 2000). Notre enqute exploratoire procde donc dune
mthodologie contextuelle (ROCHE et TARANGER, 1995), c'est--dire quelle se caractrise par
certaines dlimitations spcifiques du corpus :
En revue des stratgies gnrales dchantillonnage (Tableau suivant) telles que dfinies par
MILES et HUBERMAN (1994), nous nous positionnons dans les homognes , donc
stratgie majeure dans le but de focaliser et de comparer. Nous avons slectionn notre
chantillon selon des composantes non strictement reprsentatives, mais caractristiques.
Lenqute qualitative, qui recourt le plus souvent lchantillonnage de type non probabiliste,
nous donne accs une connaissance dtaille et circonstancie sur lobjet tudi
(DESLAURIERS et KERISIT, 1997, p.97). En effet, dans lenqute de terrain, la notion
183
Deuxime partie Chapitre 2 : Enqute exploratoire par questionnaire
dchantillon statistiquement reprsentatif na gure de sens, elle est remplace par celle de
construction progressive de lchantillon. Il faut aller plus loin et mentionner le phnomne
que BERTAUX (1997, p.23) appelle : diffrencialit 163. Ce qui importe, cest davoir couvert
au mieux des possibilits du chercheur, la diversit des tmoignages possibles.
En revue des stratgies gnrales dchantillonnage (Tableau 13) telles que dfinies par Miles et
HUBERMAN (1994), nous nous positionnons dans les homognes , donc stratgie majeure dans
le but de focaliser et de comparer. Nous avons slectionn notre chantillon selon des composantes
non strictement reprsentatives, mais caractristiques. Lenqute qualitative, qui recourt le plus
souvent lchantillonnage de type non probabiliste, nous donne accs une connaissance dtaille
et circonstancie sur lobjet tudi (DESLAURIERS et KERISIT, 1997, p.97). En effet, dans
lenqute de terrain, la notion dchantillon statistiquement reprsentatif na gure de sens, elle est
remplace par celle de construction progressive de lchantillon. Il faut aller plus loin et
mentionner le phnomne que BERTAUX (1997, p.23) appelle : diffrencialit 163. Ce qui
importe, cest davoir couvert au mieux des possibilits du chercheur, la diversit des tmoignages
possibles.
184
Deuxime partie Chapitre 2 : Enqute exploratoire par questionnaire
Lenjeu tait, dans un premier temps, purement descriptif. En effet, Une recherche descriptive
posera la question des mcanismes et des acteurs (le comment et le qui du phnomne) ; par la
prcision des dtails, elle fournira des informations contextuelles qui pourront servir de base des
recherches explicatives plus pousses (DESLAURIERS et KERISIT, 1997, p.88). Ainsi, certains
aspects identifis (objectifs poursuivis, stratgie moyen long terme, conditions daccs la vie
politique) nous ont permis de redfinir la population cible par rapport la problmatique
retenue164.
c. Lanalyse du contenu
185
Deuxime partie Chapitre 2 : Enqute exploratoire par questionnaire
Cest une mthode intensive du discours. On analyse un petit nombre dinformations complexes,
dtailles et larticulation complexe entre les diffrents lments du discours.
Il y a deux niveaux danalyse du discours : ce qui est dit le fond et la manire dont sest
formule la forme . La relation entre ce qui est dit et la manire dont a a t dit est
dialectique. (La signification dune communication est insparable de sa forme).
Le traitement des donnes des rcits de vie a pour objectif de clarifier les significations
pertinentes. cette fin, nous avons ralis une analyse de contenu. Les matriaux recueillis ont
t soumis lanalyse de contenu la plus utilise en Sciences de Gestion : lanalyse thmatique. Il
sagit dorganiser labondance des informations retranscrites selon diffrentes thmatiques.
En effet, lanalyse thmatique fonctionne par oprations de dcoupage du texte en units, puis
en classification de cas units en catgories selon des regroupements analogiques (BARDIN,
1991, p.136). Elle exige une rigueur afin dviter les biais. Cette rigueur se reflte par le degr de
lintrt consacr au fond du discours.
Tout au long de lanalyse, nous avons cherch acqurir une comprhension de lobjet tudi et
daffiner continuellement les interprtations. Comme le souligne Pellemans (1999, p.162), Il
nexiste pas une formule simple pour identifier les thmes et dvelopper des concepts dgags
des donnes . Ce type danalyse allie bon sens et intuition aux conditions dobjectivit, de
rigueur et de prcision du chercheur (Pellemans, 1999).
Nous avons procd des dcoupages dunits par thme de signification. En premier lieu, nous
sommes partis des dterminants proposs par la littrature pour constituer les thmes de
regroupage des propos des interviews. En effet, lune des opportunits de lanalyse thmatique
cest quelle nautorise quune ventilation unique des donnes, rduisant ou largissant le thme
(RICHOMME, 2000). Elle favorise, en plus, lmergence de thmes additionnels (les
dterminants restants peuvent tre regroups autour de thme(s) rfrent(s)).
Lentretien se prsente comme un tout, un systme structur selon des lois qui lui sont propres
[il est] donc analysable en lui-mme (BARDIN, p.105).
Nous avons tabli une analyse verticale et une analyse transversale du contenu. La premire avait
pour vocation le traitement intratexte afin de voir comment chaque rpondant a abord, et selon quel
schma, lensemble des catgories prvues dans la grille. Dans la seconde, nous avons opr une
analyse transversale afin dtablir comment chaque lment figurant dans la grille a t abord par
lensemble des acteurs. Ainsi, un travail de synthse a pu tre entam. Les rsultats de ce premier
processus analytique peuvent tre rsums dans le tableau ci-dessous :
186
Deuxime partie Chapitre 2 : Enqute exploratoire par questionnaire
187
Deuxime partie Chapitre 2 : Enqute exploratoire par questionnaire
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Deuxime partie Chapitre 2 : Enqute exploratoire par questionnaire
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Deuxime partie Chapitre 2 : Enqute exploratoire par questionnaire
Comme il peut tre constat la lecture de la grille prsente ci-dessus, certaines thmatiques ont
merg dans les discours des participants, savoir : le contexte politique, limportance du milieu
local, du milieu associatif, des relations familiales, la relation entre les diffrents contextes et la
concrtisation de la gouvernance territoriale
Lanalyse synthtique permet de mettre en avant certains lments qui nous ont permis de
repositionner les critres de choix de la population tudie, compte tenu des objectifs et plus
prcisment, de la problmatique de notre recherche. Les critres suivants ont pu tre identifis :
Mme T.G voque, ce titre : Vous savez, il me semble que la gouvernance territoriale tait
prsente dans mon esprit, dans mes pratiques et dans mes engagements bien avant quelle soit
mdiatise et nomme comme telle .
Mr R.N prcise, Maintenant les choses sont plus formelles, mais il faut prciser que
lengagement des acteurs vis--vis de leurs territoires date de trs longtemps et coule dans la
mme source dfinie aujourdhui par la gouvernance territoriale .
190
Deuxime partie Chapitre 2 : Enqute exploratoire par questionnaire
Comme le soulignent BAUMARD et IBERT (1999, p.81), Lun des choix essentiels que le
chercheur doit oprer est celui dune approche et de donnes adquates avec sa question de
recherche. Il sagit bien entendu dune question double entre. Dune part, il y a la finalit
poursuivie : explorer, construire, tester, amliorer ce qui est connu, dcouvrir ce qui ne lest pas.
Dautre part, il y a lexistant ; ce qui est disponible et accessible, ce qui est faisable et qui a dj
t fait et ce qui ne lest pas. Cette seconde entre possde deux volets : celui de la donne et
celui de lapproche, qui peut tre qualitative ou quantitative .
Le but est donc darticuler chacune des deux approches pour reprer des connaissances fiables
sur lobjet tudi. En effet, beaucoup de construits utiliss dans la recherche en gestion sappuient
sur des donnes perceptuelles. Il est intressant, ds lors, dobjectiver les donnes subjectives et
qualitatives en construisant des mesures quantifies.
Selon P. BAUMARD, C. DONADA, J. IBERT, J.M. XUEREB (1999, p. 226), trois grandes
tapes ponctuent la collecte de donnes par questionnaire : la construction initiale du
questionnaire avec le choix des chelles de mesure, les pr-tests pour vrifier la validit et la
fiabilit de l'instrument de mesure et l'administration dfinitive . Le droulement de chacune
156
A questionnaire is a list of carefully structured questions, chosen alter considerable testing, with a view to eliciting tenable
responses from a chosen semple HUSSEY et R. HUSSEY, 1997, p. 161).
191
Deuxime partie Chapitre 2 : Enqute exploratoire par questionnaire
de ces tapes ncessite le respect de la part du chercheur d'un certain nombre de rgles afin
que les donnes collectes soient les plus pertinentes et les plus exploitables possibles. Aussi, les
dveloppements ultrieurs visent clairer la faon dont ces rgles ont t appliques et
respectes tout au long des diffrentes phases de ce processus en trois temps.
En ce qui concerne l'laboration d'un instrument de mesure relatif des concepts dvelopps
dans le domaine du management et de la stratgie, le chercheur se trouve souvent face deux
situations typiques (J. ANGOT et P. MILANO, 1999) : (1) soit les concepts sont largement
dbattus et tudis dans le domaine par de nombreux chercheurs, alors des mesures fiables et
satisfaisantes de tels concepts existent dj, et dans ce cas le chercheur peut tre amen
utiliser ces mesures disponibles dans le cadre de sa recherche avec ou sans ajustements
ncessaires (2) soit, les concepts sont relativement nouveaux et peu tudis dans le domaine et
alors des mesures satisfaisantes ne sont pas disponibles ; dans ce cas le chercheur est amen
innover et dvelopper de nouvelles mesures.
Le travail de recherche entrepris ici entre plutt dans le premier cas de figure, puisque la
plupart des concepts que nous souhaitons mesurer sont des concepts phares largement tudis
par la recherche thorique et empirique en management stratgique. Le travail initial a
constitu alors, en un reprage des modes de traduction ou d'oprationnalisation les plus
utiliss partir d'une analyse approfondie de la littrature empirique sur la gouvernance
territoriale. Pour la majorit des concepts ou variables tudis, plusieurs chelles de mesure ont
t identifies ce qui a ncessit d'oprer des choix quant aux mesures retenir. Ces choix ont
t guids par trois critres essentiels : la fiabilit, 2), la validit et (3) la faisabilit
oprationnelle des instruments de mesure disposition (J. ANGOT et P. MILANO, 1999, p.
180).
192
Deuxime partie Chapitre 2 : Enqute exploratoire par questionnaire
En sappuyant, dune part sur les acquis thoriques et les tudes ralises dans le domaine, et
dautre part sur les rsultats de lenqute exploratoire, nous avons choisi dlaborer un
questionnaire de recherche. Ce choix se justifie par une volont dobjectivit et de formalisation
des rsultats obtenus. Nous cherchons dfinir le rle des acteurs dans la gestion de leur territoire
travers les modalits et procdures dmocratiques qui prvalent dans leurs dcisions.
Une page dintroduction a t introduite pour expliquer les objectifs de la recherche, la structure
du questionnaire, le dlai de rponse, le temps estim pour rpondre au questionnaire ainsi que
les diffrents partenaires de ltude.
Les questions ont t rpertories selon les objectifs de la recherche (comprendre le rle des
acteurs dans la gestion de leur territoire travers les modalits et procdures dmocratiques qui
prvalent dans leurs dcisions). Loutil sappuie sur un plan qui est agenc en respectant une
double logique. Celle de lentonnoir (EVRARD et AL., 2000), o il sagit daller du plus gnral
au plus prcis dans une succession logique des ordres des informations recherches, et celle de la
dclinaison en dimensions (thmatiques) par dcoupage dobjectifs sous-jacents la
problmatique de la recherche (prconis par Paturel, reprise par Emin, 2003).
Chaque thme comprenait un certain nombre de rubriques composes de questions sinscrivant
lintrieur de chacune. La structure finale de loutil dinvestigation sest, alors, articule selon six
parties :
193
Deuxime partie Chapitre 2 : Enqute exploratoire par questionnaire
Lobjectif de cette premire partie de lenqute consiste savoir le parcours politique des acteurs
partir de lide dintgrer la vie politique en passant par ses missions au niveau territorial
jusqu savoir le choix de son quipe de travail et les relations qui entretiennent avec les autres
acteurs territoriaux. De mme, cette partie est importante dans le sens o elle reflte le
194
Deuxime partie Chapitre 2 : Enqute exploratoire par questionnaire
comportement des acteurs territoriaux sur le terrain notamment leurs pratiques et procdures
engages.
3. Comment vous choisissez votre quipe de travail et sur quels critres vous vous basiez pour le
faire?
Comptence Exprience Partage daffinit
4. Comment vous entretenez vos relations avec les autres acteurs territoriaux ?
change dinformation Runions Amiti
Prcisez si autre :
6. Sentiez-vous concern ?
Oui Non
Si oui : Directement Indirectement
8. votre avis, pour sensibiliser les acteurs par rapport limportance de la gouvernance, il faut
mobiliser des moyens :
195
Deuxime partie Chapitre 2 : Enqute exploratoire par questionnaire
10. Au niveau de votre commune, comment se manifeste la volont de suivre une logique de
gouvernance territoriale ?
Des compagnes de sensibilisation Formation Communication
Prcisez si autre :..
11. Pensez-vous que la gouvernance territoriale dpend avant tout de limplication des acteurs
territoriaux ?
Oui Non
12. Daprs vous, quelles sont les principales caractristiques dun acteur de la gouvernance
territoriale ?
Rationalit Coopration Coordination Souplesse
Prcisez si autre :.
14. votre avis, qu'est-ce qui peut entraver la concrtisation du processus de gouvernance
territoriale ?
Facteurs culturels
Facteurs matriels et financiers
Facteurs organisationnels et environnementaux
Prcisez si autre :.
La troisime partie visait savoir linteraction entre les diffrents acteurs territoriaux et sous
quelle forme elle se manifestait.
196
Deuxime partie Chapitre 2 : Enqute exploratoire par questionnaire
15. Au niveau territorial, linteraction entre acteurs se prsente sous quelle forme?
Coopration Conflits Protocolaire
Prcisez si autre :...
17. Pensez-vous que la coopration entre acteurs est la principale caractristique de cette
interaction ?
Oui Non
18. Existe-t-il des compagnes de sensibilisation des acteurs territoriaux vis--vis de limportance
de la gouvernance territoriale ?
Oui Non
20. Si oui, dans quel sens ce dispositif permet la consolidation des relations entre les diffrentes
communes de la Meurthe-et-Moselle ?
..
..
..
Sinon, pourquoi ?
..
..
..
Dans cette partie nous avons tch savoir les dterminants de la russite de la gouvernance
territoriale, cest dans ce sens que nous avons pos des questions subjectives dans lintention de
dterminer les facteurs favorables une gouvernance territoriale.
22. Pensez-vous que la gouvernance territoriale est tributaire de la nature de relations qui existent
entre les acteurs ?
197
Deuxime partie Chapitre 2 : Enqute exploratoire par questionnaire
Oui Non
23. Est-ce que vous avez loccasion de vous runir avec les autres acteurs ?
Oui Non
Si oui, dans quelles circonstances ?
Runions Galas titre personnel
Prcisez si autre :
La dcision publique qui est un volet principal de cette tude a fait lobjet de cette cinquime
partie. Il sagissait de savoir limpact des dcisions dans la concrtisation de la gouvernance
territoriale et dans quel sen les relations qui existent entre les acteurs peuvent impacter ce
processus. Cette partie sest interroge sur lventuelle relation qui pouvait exister entre les
dcisions des diffrentes communes.
25. Selon vous les dcisions prises peuvent dterminer le succs ou lchec de la gouvernance
territoriale ?
Oui Parfois Non
26. Pensez-vous que la relation qui existe entre les acteurs influence les dcisions prises ?
Oui Parfois Non
27. Daprs vous, quelle peut tre limpact de la multitude des rseaux dacteurs sur la dcision
territoriale ?
Complexit Conflits Homognit Coordination
28. Existe-t-il une relation entre les dcisions prises dans les diffrentes communes ?
Oui Parfois Non
29. Selon vous, lintrt de votre commune est indpendant, tributaire ou complmentaire
lintrt du territoire ?
Indpendant Tributaire Complmentaire
198
Deuxime partie Chapitre 2 : Enqute exploratoire par questionnaire
Dans cette dernire partie, nous avons voulu aborder la complexit de la gouvernance territoriale,
en demandant lavis des diffrents acteurs et en cherchant savoir quel pouvait tre la ou les
sources de cette complexit.
32. Selon vous quelles peuvent tre la ou les sources de cette complexit ?
Divergence dintrts
Manque de communication
Facteurs financiers
Contexte environnemental
Contexte organisationnel
Prcisez si autre :..
33. Quelles sont les mesures prendre pour pallier cette complexit ?
Sensibilisation Coordination des politiques Coopration
Notre choix sest port, de fait, lenqute postale et tlphonique. Elle permet une ralisation de
lenqute dans des dlais relativement courts lorsquil y a prcision de la date limite de renvoi du
questionnaire.
199
Deuxime partie Chapitre 2 : Enqute exploratoire par questionnaire
Les meilleurs taux de rponse dans ces cas sont situs aux alentours de 10% (USUNIER et AL.,
2000). Toutefois, ce taux peut varier selon la taille de lchantillon. Dans notre cas, pour un
chantillon de 300 le taux de rponse et de 29%. Cependant, en nombre exact, ce dernier correspond
88 rpondants. Ralisant les limites de ladministration lectronique, spcialement pour les maires,
nous avons alors dcid de passer la phase de relance. Deux possibilits se prsentaient : par
tlphone ou en face face.
La figure rsume les modes dadministration du questionnaire dans le cadre de cette enqute.
Selon, EVRARD et AL. (2000, p.314), la prparation des donnes inclut un certain nombre
dtapes qui visent transmettre les questionnaires au fichier de variables sur lesquelles seront
effectus les traitements statistiques envisags. Deux principales phases peuvent tre alors
distingues : la vrification des questionnaires et la codification des rponses . La premire
sintresse la lisibilit , la compltude et la cohrence des rponses fournies. Ainsi,
plusieurs oprations correctives peuvent tre menes : le traitement des incomprhensions, des
valeurs manquantes et des incohrences. La codification du questionnaire peut permettre, aussi,
travers faire le comptage174, de faire ressortir le bilan des valeurs manquantes, des incohrences,
etc.
200
Deuxime partie Chapitre 2 : Enqute exploratoire par questionnaire
Ces oprations visent dgager un fichier de donnes en adquation avec les traitements
statistiques ultrieurs. Cest un fichier rsultant dun ensemble doprations de vrification, de
codification et de calcul sur la base des informations brutes collectes.
Ainsi, au fur et mesure de lavancement de lenqute, un travail de vrification de la qualit du
remplissage tait effectu dans le but de reprer les ventuelles anomalies et dy remdier quand
il y avait possibilit de le faire.
La validit et la fiabilit sont les deux critres les plus retenus pour valuer les recherches en
sciences de gestion. Nous dfinirons chacune de ces qualits et nous exposerons les mesures que
nous avons conserves pour les vrifier dans notre recherche.
2.3 La validit
La validit est lie la question de savoir dans quelle mesure un test ou un instrument mesure
bien le(s) attribut(s), concept(s) ou variable(s) quil est cens mesurer. Dans la validit se trouve
contenu le rapport entre les notions abstraites et les instruments dploys pour les mesurer. Selon
GEORGE KELLY, la validit peut tre dfinie comme la capacit dun test nous dire ce que
nous savons dj (BANNISTER et MAIR, 1968).
Concept spcifique aux sciences sociales, il concerne les recherches qui mobilisent des objets
portant sur un ou plusieurs concepts abstraits, c'est--dire non observables (croyances ou
attitudes, par exemple).
Il existe, selon EVRARD et AL. (2000), diffrentes manires destimer la validit : la validit
faciale ou de contenu, la validit nominale ou de construit, et la validit prdictive ou
nomologique.
La validit faciale (ou de contenu) cherche sassurer quen terme de contenu, les instruments
dvelopps sont reprsentatifs de ce que lon mesure (PERRIEN et AL., 1984, p.188). Elle est
estime de manire qualitative par une rflexion du chercheur. Il sagit de vrifier que les items
sont bien circonscrits au concept dfini sans le dpasser et que la mesure capture bien les
diffrents aspects du phnomne. Elle implique aussi une confrontation entre la littrature et les
items gnrs.
La validation de construit n'est pas une mthode unique et explicite pour tablir la validit d'un
test, mais bien un ensemble de mthodes qui visent toutes le mme but: tablir jusqu' quel point
le test fournit une mesure adquate du construit thorique qu'on prtend qu'il mesure
201
Deuxime partie Chapitre 2 : Enqute exploratoire par questionnaire
- La validit de construit d'un test ne pourra se faire qu' la lumire d'une dfinition claire et
explicite du construit qu'on prtend mesurer
- La validit de construit ne s'tablit pas en un seul coup, il s'agit plutt d'une accumulation
progressive de donnes qui viennent appuyer l'hypothse selon laquelle le test mesure bien
ce qu'il prtend mesurer
Il est fondamental de comprendre que la validit de construit d'un test est ancre dans un rseau
d'explications et de justifications thoriques
x C'est parce qu'on a une thorie pour expliquer les diffrences individuelles qu'on a
besoin de recourir des construits
o La validit de construit d'un test sera d'autant possible mettre en vidence que la
construction thorique est solide et explicite
x Dans ce sens, on peut dire que la validit de construit s'tablit d'abord en montrant la
correspondance entre la thorie et certains faits qu'elle prdit
o Par consquent, le processus de validation de construit implique plus que la
qualit de la mesure, elle implique galement la qualit de la construction
thorique sous-jacente
o on peut difficilement envisager la mesure valide d'un construit thorique issu d'une
thorie farfelue (e.g. votre habilet communiquer avec les martiens)
x Par exemple, un test d'aptitudes acadmiques est rarement conu dans le seul but de
prdire la performance ultrieure en milieu scolaire
o Si c'tait le cas, on se contenterait de maximiser le pouvoir prdictif du test,
sans aucune autre considration
o Or, si, par exemple, on observe que la qualit de prdiction du test varie selon
l'institution que frquentera l'examin au moment de la mesure du critre, on sera
tent d'invoquer des facteurs qui pourraient expliquer ces diffrences
o De fait, la notion mme d'aptitudes acadmiques laisse supposer l'existence
d'une sorte de prdisposition -> c'est un construit
Un construit est toujours intgr, de faon plus ou moins explicite, dans une certaine thorie
202
Deuxime partie Chapitre 2 : Enqute exploratoire par questionnaire
premire sobtient en comparant les mesures du mme trait des procdures de mesures
indpendantes. La seconde consiste vrifier si les traits qui doivent tre en thorie distincts, le
sont sur le plan des mesures (faiblement corrls).
Ce terme dsigne l'aptitude d'un dispositif d'valuation ou de mesure (conu par exemple dans
une perspective d'valuation pronostique) prdire de manire aussi prcise que possible le
niveau de russite, d'adaptation, d'intgration, etc., d'un ensemble d'individus par rapport des
situations qu'ils rencontreront (ou pourraient rencontrer) ultrieurement. Un exemple trs
classique est celui qui concerne l'valuation effectue au dbut d'un cursus de formation pour
estimer la probabilit ("les chances") qu'un candidat suive avec plus ou moins de succs le
programme auquel il sera confront. Ce type de proccupation est frquent dans des situations
(scolaires et/ou professionnelles) d'admission, d'orientation ou de slection: c'est--dire des
situations o (avec un outillage technique plus ou moins sophistiqu, mais aussi, parfois, en
appliquant des procds purement intuitifs) on est amen faire une sorte de "pari" sur la faon
dont un individu parviendra matriser les situations auxquelles il devra faire face.
La validit prdictive consiste apprcier si les mesures servent concrtement prdire. Dans
notre cas, il est question de savoir si les relations entre les mesures de diffrents concepts sont en
conformit ou non avec les comportements. Il sagit alors dun indicateur obtenu par le biais de
modles de causalit permettant de dterminer les indices dadquation du modle, ainsi que le
test et la valeur des relations causales liant un construit test dautres (DIDELLON, 1997,
p.266). Si linstrument est efficace pour prvoir un comportement, il est pragmatiquement valide.
Pour valuer la validit prdictive d'un dispositif, la procdure la plus simple (techniquement
parlant, car, sur le plan de l'application plusieurs difficults peuvent parfois se prsenter) consiste
tudier la corrlation (calcul du coefficient r de Bravais-Pearson) entre les rsultats obtenus par
un mme groupe d'individus deux moments diffrents (par exemple au dbut et la fin d'un
programme de formation ou d'un cycle d'tudes). Dans cette perspective on peut avoir recours
une mthode issue de l'approche corrlationnelle (l'analyse de rgression), dont un des objectifs
est prcisment de prdire la situation future d'un individu sur la base d'lments qui caractrisent
sa situation prsente ou passe. Dans une dmarche de cette nature, une importance particulire
sera accorde la construction des instruments d'valuation et, notamment, aux choix des
lments qui serviront de "prdicteurs" (lments partir desquels la prdiction sera ralise: par
exemple, et selon les cas, des aptitudes, des prs requis, une certaine capacit d'adaptation).
valuer les qualits d'un dispositif de cette nature signifie prcisment dterminer dans quelle
mesure les prdicteurs retenus permettent de fournir une estimation fiable des rsultats qui seront
obtenus ultrieurement (pourcentage de variance prdite ou "explique").
203
Deuxime partie Chapitre 2 : Enqute exploratoire par questionnaire
2.4 La fiabilit
La fiabilit est lie la stabilit des instruments de mesure et la rduction de la partie alatoire de
lerreur de mesure. Il est plus frquent daborder la fidlit dquivalence qui reprsente la
mesure dans laquelle diffrents items destins mesurer la mme chose sont corrls entre eux,
et peu corrls avec les items destins mesurer des concepts ou des dimensions diffrentes. Si
linstrument est fiable, un phnomne mesur plusieurs fois avec le mme instrument devrait
aboutir au mme rsultat.
La mesure de la fiabilit dune chelle psychomtrique est donne par le coefficient alpha de
CRONBACH (1951). Ce dernier indique le degr de cohrence interne des noncs contribuant
mesurer la mme dimension. Le coefficient est compris entre 0 et 1, et ne suit aucune distribution
statistique connue. Il existe plusieurs niveaux de seuil dacceptabilit pour ce coefficient. En
effet, le niveau du coefficient de fiabilit peut se situer 0,60 (NUNNALY, 1967), mais
lorsque les chelles et tests peuvent tre considres comme tout fait fidles, le niveau de ce
coefficient doit atteindre 0,80 0,90 (CHURCHILL, 1979 ; CHURCHILL et PETER, 1984).
Selon IGALENS et ROUSSEL (1998), il nexiste pas de bonne rgle concernant les valeurs
minimales de ce coefficient. Fixer un seuil de 0,50 ou 0,60 ou encore de 0,70 peut changer
considrablement le processus de condensation (le nombre ditems liminer). Les auteurs
proposent des niveaux de seuil dacceptabilit en fonction du type de la recherche mene. Dans
ce sens, EVRARD et AL. (2000, p292) trouvent que pour une tude exploratoire, l est
acceptable sil est compris entre 0,60 et 0,80 ; pour une tude confirmatoire, une valeur
suprieure 0,80 est recommande .
Le modle que nous proposons na pas fait lobjet de tests statistiques. Dans cette perspective, il
relve dun caractre exploratoire. Les valeurs du coefficient dans le cadre de cette recherche se
situent entre
204
Deuxime partie Chapitre 2 : Enqute exploratoire par questionnaire
1. Triangulation des donnes : utiliser diffrentes sources de donnes dans une tude ou des
priodes diffrentes dans le temps.
Dans le cadre de cette recherche, nous visons essentiellement la triangulation mthodologique par
combinaison de mthodes qualitative et quantitative (entretiens, questionnaires) et de techniques
de traitement y dcoulant.
La triangulation des mthodes ne doit pas tre conue comme une simple procdure de
recoupement visant valider une partie seulement des rsultats. Il sagit plutt dune forme
dobservation diffrencie, croise, o le recouvrement ventuel d'une partie des rsultats vise
clairer autrement le problme de la recherche.
La triangulation des mthodes est entendue, dans cette recherche, comme une approche multi-
mthodologique (Snow et Thomas, 1994) dans le sens o elle vise apprhender lobjet de la
recherche les modalits et procdures dmocratiques qui prvalent dans la gestion du territoire
par les acteurs, et ce, dans un contexte de gouvernance territoriale.
Un intrt particulier peut tre port la triangulation des mthodes vu la nature de lobjet de
notre recherche. En effet, elle permet de circonscrire les phnomnes reprsentationnels dans leur
complexit (ABRIC, 1994; JODELET, 1994; HEWSTONE, 1986). APOSTOLIDIS (2006,
p.214) note que la triangulation parat approprie la spcificit pistmologique des
reprsentations sociales, thorie paradigmatique, vise explicative gnrale et porte
prdictive seulement locale (Moscovici, 2001), sintressant un ensemble de phnomnes ipso
facto complexes et dtermins par linterdpendance dynamique des facteurs psychologiques,
relationnels et sociaux . Ceci est d, notamment, au fait de la double nature de la reprsentation
en tant que pense constituante et pense constitue, de la forme de connaissance quelle
constitue et de son efficacit dans la construction de la ralit, de ses caractristiques en tant que
produit historiquement, culturellement et socialement situ (JODELET, 1994)157.
157
In Apostolidis (2006)
205
Deuxime partie Chapitre 2 : Enqute exploratoire par questionnaire
En tant que dmarche, cette mthode permet denvisager un dialogue entre des faits et des ides
tout au long dun processus de recherche et, ce, de manire trs explicite. En tant que technique,
elle mobilise lalgbre boolenne pour faciliter la comparaison dun petit chantillon de cas (entre
cinq et cinquante), avec un nombre lev de variables : il sagit de lister toutes les combinaisons
possibles de variables, en termes de prsence ou dabsence, et dassocier chacune de ces
combinaisons des cas analyss. Le chercheur est alors un qualitativiste, par sa connaissance
intime des cas, et un quantitativiste, puisquil doit traduire les paramtres des cas en variables
oprationnelles comparables (CURCHOD, 2003).
Dailleurs, sil y a causalit, elle ne peut tre que singulire , pour reprendre la dnomination
de Gurvitch, cest--dire lie la particularit du phnomne que lon tudie. Le besoin de
trouver des lois causales dans le monde social peut dailleurs conduire la conception par la
pense scientifique de socits closes , pour reprendre le terme utilis par Popper, et
encourager des comportements dogmatiques (Popper, 1979) (CURCHOD, 2003, p.167).
158
Cette mthode est issue de la sociologie et des sciences politiques, et a t dveloppe par le sociologue amricain
Charles Ragin.
159
En effet, cette mthode nexplique pas les mcanismes entre les variables. Elle dcrit plutt les conditions qui sont
prsentes ou absentes lors de la prsence ou de labsence dun phnomne.
206
Deuxime partie Chapitre 2 : Enqute exploratoire par questionnaire
Conclusion du chapitre
Nous avons explicit dans ce chapitre la dmarche mthodologique retenue dans le cadre de cette
recherche. Dans un premier temps, nous avons prsent le champ dinvestigation retenu, savoir
les acteurs du CUGN. Nous avons, aussi prsent les enjeux sous-jacents ltude de la
gouvernance territoriale.
Dans un second temps, nous avons dtaill la dmarche de lenqute exploratoire mobilise dans
le cadre de cette investigation, allant du type dapproche men lanalyse du contenu et les
principales conclusions retenues.
Enfin, dans un souci de rigueur mthodologique, nous avons procd lexplication du processus
dlaboration du questionnaire ainsi que les critres dchantillonnage de la seconde phase
empirique de cette tude. Dans la ligne, nous avons discut des principes de viabilit et fiabilit
de linstrument mobilis et prsent lintrt de la mthode par triangulation, telle que reprise
dans cette tude.
207
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
me
Figure 20 Plan de cheminement du chapitre 3 (2 partie)
208
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
Aprs avoir collect les informations relatives notre enqute exploratoire, et aprs les avoir
codifies au sein dune base de donnes reconstitue pour faciliter les calculs et les traitements
statistiques souhaits, nous avons mobilis le logiciel SPSS pour les exploiter.
Dans ce chapitre, nous exposerons les analyses descriptives, les tests dhomognit des
construits, et nous testerons les hypothses issues de notre modle de recherche.
Tout dabord, nous raliserons des tris croiss sur les variables descriptives. Ensuite, nous
prsenterons les rsultats des analyses factorielles et des tests dalpha de CRONBACH. Ceci
nous permettra de passer lagrgation et lpuration des items relatifs aux chelles de mesure du
questionnaire. Puis, nous soumettrons les relations formules dans nos hypothses de recherche
des tests conomtriques de manire dterminer, lorsquelles existent, la nature et la
signification des dterminants des variables relatives au rle des acteurs dans la gestion de leur
territoire.
Paralllement, chaque fois que les informations collectes le permettent, nous proposerons des
illustrations/confrontations des rsultats quantitatifs par les discours des diffrents rpondants.
1. Analyses descriptives
Dans cette partie, nous allons aborder la description de lensemble des donnes recueillies (1),
ltude de lhomognit et lanalyse de la condensation des chelles (
Le rle dun acteur dans la gestion du territoire se mesure par son application. Afin de voir quels
peuvent tre les facteurs qui influencent et qui dterminent cette implication, nous allons croiser
la variable implication par les variables suivantes : caractristiques de lauteur ,
relation et mission .
209
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
En complment du premier tableau, nous avons souhait connatre la fois le pourcentage des
acteurs qui se dclarent impliqus dune manire directe et ceux qui lont dune manire indirecte
dans une logique de gouvernance territoriale.
210
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
COOPERATIO COORDINATIO
RATIONALITE N N Total
En effet, sur un chantillon de 88, 65% des acteurs sont impliqus directement. 72,21% deux
pensent que la rationalit est la principale caractristique dun acteur, vient aprs la coopration
avec 25,86% et en fin la coordination avec 1,72%.
35% de notre chantillon dclarent impliquer indirectement dans un processus de gouvernance
territoriale. Ils sont 16(18%) dire que cest la rationalit qui constitue la principale
caractristique dun acteur, 14(15%) qui pense la coopration par contre personne ne cite la
coordination.
Lobjectif de ce croisement est de savoir la relation qui peut exister entre la mission et
limplication dun acteur, et ce, dans un cadre de gouvernance territoriale. Autrement dit, il sagit
de savoir si la mission dun acteur dtermine ou influence son implication.
Sentiez-vous
concerner ?
OUI Total
Votre mission consiste : Dcider 28 (31,81%) 28 (31,81%)
211
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
Le tableau montre que les dcideurs simpliquent plus que les autres dans un processus de
gouvernance territoriale avec un pourcentage de 31,81%. Ceci peut se justifier par le poste de
responsabilit quils occupent, par leur exprience et par leur volont de cooprer et de veiller au
maintien dune bonne gestion du territoire.
Viennent aprs les excuteurs et les acteurs qui la fois ngocient, dcident et excutent avec un
pourcentage de 23,86%. En dernire place on trouve les ngociateurs avec un pourcentage de
20,47% ceci peut se justifier par la nature de leur mission qui limite leurs pouvoirs daction.
travers les tableaux prcdents, nous avons pris connaissance du pourcentage des acteurs qui
simpliquent dans une logique de gouvernance territoriale (directement ou indirectement) et
comment la mission de ces acteurs peut dterminer son implication.
Dans lintrt de connatre plus dlments qui peuvent influencer, dterminer et/ou justifier
limplication des acteurs dans la gestion territoriale, nous avons choisi de croiser la variable
implication et la variable Relation .
En effet, il sagit de savoir en fonction de la forme de limplication (directe ou indirecte) le cadre
qui rgit les relations entre les acteurs. Autrement dit comment les acteurs territoriaux
entretiennent leurs relations avec les autres.
212
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
Plus la moiti des acteurs (51,13%) dclarent entretenir leurs relations avec les autres acteurs
territoriaux (ceux de leurs communes et ceux des autres communes) travers des runions et
48,86% par dchanges dinformations (Internet, revus et magazines, rapports, etc.).(Tableau 19)
CHANGE
D'INFORMATIONS RUNIONS Total
Sentiez-vous DIRECTEMENT 24 (27,27%) 34 (38,63%) 58 (66%)
concerner ?
INDIRECTEMENT 19 (22,72%) 11 (11,36%) 30 (44%)
Total 43 (48,86%) 45 (51,13%) 88 (100%)
Ce tableau complte les informations donnes par le tableau prcdent. Il stipule que parmi les
66% des acteurs (impliqus directement), il ya 38,63% dacteurs qui entretiennent leurs relations
avec les autres acteurs avec des runions contre 27,27% avec un change dinformations.
De mme, 44% des acteurs (impliqus indirectement) dclarent entretenir leur relation avec les
autres acteurs travers des runions hauteur de 11,36% et 22,72% par change dinformations.
213
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
Jugiez-vous
lenvironnement politico-
administratif favorable la
gouvernance territoriale ?
OUI NON Total
Les moyens exprimant une Des compagnes de 15 (17,04%) 8 (9,09%) 23 (26,13)
volont de suivre une sensibilisation
logique de gouvernance Formation 11 (12,5%) 5 (5,68%) 16 (18,18%)
territoriale
communication 32 (36,36%) 17 (19,31%) 49 (55,67%)
Total 58 (66%) 30 (44%) 88 (100%)
214
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
Les rsultats donns par ce tableau sont plus que favorables puisque 92,03% des rpondants
affirment que leur commune mobilise des moyens de sensibilisation contre 7,95% qui disent le
contraire.
Les premiers citent la communication en premire place avec 51,13%, puis les compagnes de
sensibilisation avec 35,22% et enfin 5,68%.
Les seconds donnent le mme ordre des moyens mobiliss pour la sensibilisation, mais avec des
pourcentages beaucoup plus faibles : 6,81% optent pour la communication, 1,136% choisissent
les compagnes de sensibilisation toutefois personne ne reconnat la formation comme moyen
utilis dans la sensibilisation.
Afin de savoir sil ya une relation qui existe entre les intrts de diffrentes communes, et dans
lobjectif de voir dans quel sens cette relation (si elle existe) peut tre, ou non, lorigine de la
complexit de la gouvernance territoriale, nous avons choisi de croiser la variable intrt et la
variable complexit .
215
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
partir du tableau, nous pouvons conclure que la majorit des rpondants affirment que la
gouvernance territoriale est complexe malgr que les intrts entre communes sont indpendants
(60,22%). Ceci confirme que la complexit de gouvernance territoriale nest pas lie
spcialement aux intrts des communes, mais quelle a dautres sources de complexit.
Partant des conclusions du tableau, nous allons croiser la variable complexit et la variable
source de complexit pour savoir quelles peuvent tre les sources de complexit de la
gouvernance territoriale.
216
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
Manque
d'informations
Contexte et Contexte
Facteurs organisationne communicatio environnement
financiers l n al Total
Pensez-vous que la OUI 75 (85,22%) 6 (6,81%) 3 (3,40%) 3 (3,40%) 87 (98,83%)
gouvernance territoriale
est complexe?
217
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
On constate que linteraction peut revtir soit une forme cooprative (65,90%) soit une forme
protocolaire (34,09%). Toutefois, quelle que soit la forme de cette interaction, elle permet de
consolider la relation entre communes travers lchange permanent des informations.
Pour savoir quels sont les dterminants de la russite de la gouvernance territoriale sachant que
cette dernire est un dfi collectif, nous avons choisi de croiser la variable Dfi et la variable
russite .
un
environnement
la maturit de l'implication politico-
l'idologie croissante des administratif
politique acteurs favorable Total
Pensez-vous que la OUI 52 (59,09%) 31 (35,22%) 5 (5,68%) 88 (100%)
gouvernance territoriale est
un dfi collectif ?
Total 52 (59,09%) 31 (35,22%) 5 (5,68%) 88 (100%)
218
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
Ce tableau montre que, effectivement, la gouvernance territoriale constitue un dfi collectif dont
la russite dpend principalement de la maturit de l'idologie politique (59,09%), de
l'implication croissante des acteurs (35,22%) et dun environnement politico-administratif
favorable (5,68%).
Le tableau montre que 90,90% pensent que la relation entre les dcisions prises dans les
communes ne peut tre quoccasionnelle, et quelle est automatique dans le cas chant (50%).
Tandis que seulement 9,08 % pensent quil existe une relation entre les dcisions prises dans les
communes et quelle nest pas automatique (6,81%).
Lanalyse en Composantes Principales (ACP) est une mthode destine analyser les relations
entre des donnes quantitatives. Cest la mthode la plus utilise, parmi les mthodes
descriptives, pour lpuration et la validation des chelles (EVRARD et AL. 2000, p.376;
IGALENS et ROUSSEL, 1998, p.152). Elle analyse uniquement les relations linaires pouvant
exister entre les variables. LACP seffectue sur des donnes centres rduites, les variables
prsentent alors la mme variabilit et ont la mme influence dans le calcul de la distance entre
les individus. Elle rvle une structure factorielle travers laquelle la (les) composante(s)
identifie(s) est (sont) clairement relie(s) des items.
219
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
Si la variable est unidimensionnelle, alors la totalit des items se rapporte au mme facteur (c'est-
-dire au mme axe factoriel), et lchelle formant ces items ne mesure alors quune seule
dimension de la variable tudie. Sinon, la structure factorielle est deux facteurs ou plus, et la
variable est donc considre comme bi ou multidimensionnelle.
Plusieurs critres thoriques ont t proposs pour choisir le nombre daxes retenir et les items
supprimer.
Pour llimination des items, il existe des critres sappuyant sur le degr de la contribution aux
axes factoriels (IGALENS et ROUSSEL, 1998, p.155) :
Il est prescrit de supprimer les items dont les contributions factorielles sont suprieures 0.30 sur
plusieurs facteurs, ou nayant aucune contribution atteignant ce score sur lun des facteurs
principaux retenus.
Il est recommand aussi dliminer les items nayant aucune contribution suprieure ou gale
0.50 sur les mmes facteurs.
Pour le nombre daxes retenir, souvent, trois critres mergent (LEROUX-SCRIBE, 1995, p.22
; IGALENS et ROUSSEL, 1998, p.154) :
Le critre de Kaiser : on retient les axes dont les valeurs propres sont suprieures 1.
Le diagramme des valeurs propres : la prsence dun coude dans le diagramme permet de
dterminer le nombre daxes tudier.
Le pourcentage de la variance explique : le nombre daxes retenus doit expliquer un pourcentage
de variance totale au moins gal 50%.
Plus gnralement, il est conseill de retenir les axes que lon sait interprter (LEROUX-
SCRIBE, 1995). Cette interprtation se fait laide des contributions des individus et des
variables.
En ce qui concerne la suppression ditems dont la contribution factorielle est infrieure 0.30,
nous avons effectu des rotations des axes orthogonaux de lACP initiale. Le but tant dajuster
la structure propose en augmentant la valeur des coefficients de corrlation de certains items
avec les nouveaux axes de reprsentation. Plusieurs mthodes de rotation sont proposes (de type
orthogonal ou de type oblique).
220
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
Pour mesurer la variable caractristiques de lauteur , nous avons retenu une chelle multiple
cinq items. La premire analyse de la cohrence interne rvle un dune valeur de 0,49. Ce
rsultat est sensiblement infrieur au seuil dacceptation retenue. Ceci nous invite examiner la
corrlation entre les items (tableau 28). Nous constatons que litem qui nuit la qualit de la
cohrence de lchelle est Mission au sein de la commune. Llimination de ce dernier
amliore la cohrence interne de lchelle de mesure vu qualpha devient gal 0.55. Cet item
exprime la dimension affective de la mission attribue lacteur dans sa commune. ce stade de
lanalyse, nous avons nanmoins dcid de le garder.
221
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrs des facteurs retenus
Compos
ante Total % de la variance % cumuls Total % de la variance % cumuls
1 2 3
Entretien des relations avec les autres acteurs -,011 ,732 ,486
territoriaux
a. 3 composantes extraites.
Les discours des rpondants confirment les rsultats obtenus. En effet, les rpondants ont parl de
leurs parcours (expriences associatives, environnement politico-administratif) avec beaucoup de
dtermination et de fiert.
222
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
Expriences associatives :
Mr T.L dclare : Jai grandi dans un milieu associatif, car mes parents taient des membres
actifs dans une association. Donc a a d minfluencer .
Mr H.M note : Depuis mon jeune ge, jtais trs sensible aux injustices. Plus grand, jai
ralis que cest en association que je pouvais dfendre mes opinions et lutter contre ces
injustices et agir directement pour la bonne cause .
Mlle R.I ajoute ce propos : Mon histoire avec les associations remonte lenfance de mes
enfants, car jtais pendant plusieurs annes membre dans le conseil dcole. Jai choisi de
continuer dans lassociation pour dfendre mes convictions et pour militer pour lintrt
gnral .
Mr B.J dit : Cest un ami qui ma donn lide dintgrer une association, car il trouvait que
javais le profil qui val avec les objectifs dune association.
Mr D.K, La relation qui me lie avec les acteurs des autres communes est protocolaire et reste
trs professionnelle. Toutefois, jai des amis au sein de ma commune dont la relation dpasse
avec certains le cadre officiel.
223
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
Pour ltude factorielle de la conception de la gouvernance territoriale, nous avons mobilis six
items. Un premier coefficient de CRONBACH nous donne un rsultat trs satisfaisant soit 0.832
(tableau 31). La sensibilisation des acteurs l'importance implique la mobilisation des moyens
culturels, matriels, organisationnels et structurels. Lanalyse de la cohrence interne indique un
alpha dune valeur de 0.576 (tableau 31). Lenvironnement politico-administratif rvle un
coefficient alpha gal 0.680 (tableau 31). La volont de suivre une logique de gouvernance
territoriale a t oprationnalise grce aux items refltant la volont de mobiliser des compagnes
de sensibilisation, de formation et de valorisation de la communication. Lanalyse fournit un
coefficient dune valeur de 0.643 (tableau 31). Les rsultats sont satisfaisants vu que le seuil
dacceptation fix pour cette tude est de 0.55. Nous avons donc continu lanalyse factorielle.
La premire ACP tablie sur la totalit des items met jour des rsultats mitigs. Elle implique
de retenir quatre axes factoriels pour expliquer 7 3,87% (tableau 33) de la variance. Le premier
axe est expliqu par les principales caractristiques d'un acteur de la gouvernance territoriale
(rationalit, coopration, coordination et souplesse). Le deuxime axe est expliqu par
lenvironnement politico-administratif et cest la volont de suivre une logique de gouvernance
territoriale qui explique le troisime axe et en dernier, le quatrime axe este expliqu par la
sensibilisation des acteurs quant limportance de la gouvernance territoriale.
224
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
Composante
1 2 3 4
Sensibilisation les acteurs par rapport -,679 ,516 -,049 ,691
l'importance
a. 4 composantes extraites.
Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrs des facteurs retenus
Composa
nte Total % de la variance % cumuls Total % de la variance % cumuls
225
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
Mr R.F, Tel que je le conois, je ne dirais pas quil est favorable ni dfavorable, mais plutt en
prparation. Autrement dit, il est en train de sadapter cette nouvelle idologie .
Caractristiques de lauteur :
Mme R.B, Un acteur territorial doit tre coopratif, flexible et proche des citoyens de sa
commune .
Mr I.S, je pense que la principale caractristique est le respect de lautre. Cest cette qualit
qui permet un meilleur change, une bonne dfinition de besoins et donc faire un choix
rationnel .
Mme T.C, Je dirais, lcoute. Les gens ou les contribuables ont besoin de lcoute, de se sentir
en scurit .
Pour mesurer les volutions organisationnelles et limplication des acteurs, nous avons retenu trois
items. La premire analyse de la cohrence interne rvle une valeur de 0,109. Ce rsultat est
sensiblement infrieur au seuil dacceptation retenu. Ceci nous invite examiner la corrlation entre
les items (tableau 35). Nous constatons que litem qui nuit la qualit de la cohrence de lchelle est
Les formes d'interaction entre acteurs. Llimination de ce dernier amliore la cohrence interne
de lchelle de mesure vu qualpha devient gal 0.765 (tableau 34).
Ainsi, trois principaux axes peuvent tre identifis : le premier se rapporte aux aspects de
linteraction entre acteurs (personnels, conomiques, sociaux, politiques), le deuxime est relatif
la forme dinteraction entre les acteurs (coopration, conflits, protocolaires), et le dernier
sarticule autour de la coopration en tant que la principale caractristique de l'interaction entre
226
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
acteurs. Ils expliquent conjointement 78,406 % (tableau 36) de la variance totale de la variable
tudie.
Composante
1 2 3
La forme de l'interaction entre les acteurs ,116 ,779 -,642
a. 3 composantes extraites.
Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrs des facteurs retenus
Composante Total % de la variance % cumuls Total % de la variance % cumuls
1 1,893 31,550 31,550 1,893 31,550 31,550
2 1,703 28,391 59,942 1,703 28,391 59,942
3 1,108 18,464 78,406 1,108 18,464 78,406
4 ,892 14,872 93,277
5 ,403 6,723 100,000
La perception des valeurs et des reprsentations des rpondants sexprime travers quatre items.
La premire analyse de la cohrence interne permet de distinguer un coefficient de 0,754
(Tableau 37). Dans ce sens, tous les items ont t repris pour lanalyse de la viabilit de lchelle.
Lanalyse en composantes principales montre que les trois premiers facteurs, retenus reprsentent
74,798% de la variance totale explique (Tableau 39).
Linterprtation de la contribution des diffrents items sur les trois premiers axes indique que le
premier facteur reflte la nature des relations qui existent entre les acteurs dans un contexte de
gouvernance territoriale. Le second facteur traduit les facteurs de russite de la gouvernance
territoriale (la maturit de lidologie politique, limplication croissante des acteurs dans les
dcisions, un environnement politico-administratif favorable). Dans le dernier, il sagit des
runions avec les autres acteurs et la frquence de ces runions.
227
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
Composante
1 2 3
a. 3 composantes extraites.
Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrs des facteurs retenus
228
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
Lanalyse des cinq items prvus pour mesurer la dcision publique au niveau territorial prsente
un coefficient alpha de 0,793 (Tableau 40). Jug trs satisfaisant nous allons procder lanalyse
factorielle. Celle-ci rvle que le premier facteur explique 24,461% de la variance totale (Tableau
42). Le deuxime axe est expliqu par linfluence de la relation qui existe entre les acteurs sur les
dcisions prises et le dernier axe set exprim par la relation qui peut exister entre les diffrents
intrts des communes. Tous ils contribuent expliquer 63,372% (Tableau 42) de la variance.
Composante
1 2 3
Linfluence de la relation qui existe entre les acteurs ,308 ,711 ,180
sur les dcisions prises
La relation entre les dcisions prises dans les -,576 ,431 ,489
diffrentes communes
La relation entre les diffrents intrts des communes ,045 -,244 ,840
a. 3 composantes extraites.
229
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrs des facteurs retenus
% de la
Composante Total variance % cumuls Total % de la variance % cumuls
230
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
Composante
1 2 3 4
Les mesures prendre pour pallier cette ,833 -,292 ,431 -,043
complexit
a. 4 composantes extraites.
Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrs des facteurs retenus
231
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
Mr R.L, Il me semble que mme si la volont dintgrer une logique de gouvernance territoriale
est forte, sa concrtisation sera complique .
2 Test dhypothses
H 1 : Laction des acteurs est une dimension de la gouvernance qui est elle-mme une vision
de laction publique.
H 1-1 : La rationalit de lconomicus sapplique (ou ne sapplique pas) la gouvernance
publique.
H 1-2 : La good gouvernance sapplique au domaine public.
H 2-2 : La gouvernance territoriale sapplique travers les liens et les interactions entre les
diffrents acteurs.
H 2-3 : La coordination dactions, lchelle territoriale, permet une automatisation de la
dcision par rapport au pouvoir central public.
Les tests de vrification des hypothses font appel des mthodes explicatives, dont la rgression
simple. En se basant sur lajustement linaire, cette mthode permet de vrifier des relations de cause
(variable explicative) effet (variable explique) entre deux variables mtriques dont on a propos un
sens dans les hypothses de recherche (EVRARD et AL, 2000).
232
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
Dans le but de tester les relations des variables agissant sur laction des acteurs nous avons utilis des
tests de rgression simple. Linterprtation du test de rgression simple se fait trois niveaux :
lintensit de la relation entre les deux variables qui est calcule grce au coefficient de corrlation R,
la significativit de la liaison et la qualit de lajustement du modle qui sapprcie travers le
2
coefficient R , ainsi que le test t de Student. Il convient de prciser que le coefficient de dtermination
2
linaire R est le principal indicateur de la qualit de la rgression. En dautres termes, il synthtise la
capacit de la droite de rgression reprsenter lensemble du nuage de points des valeurs observes.
2
Cette apprciation doit tre la plus leve possible. Toutefois, linterprtation de R doit prendre en
considration aussi le nombre de variables explicatives et dobservations assimiles par le modle.
2
cet effet, le R ajust permet davoir une apprciation plus raliste des rsultats du modle (Evrard et
al, 2000).
H 1 : Laction des acteurs est une dimension de la gouvernance qui est elle-mme une vision
de laction publique.
H 1-1 : La rationalit de lconomicus sapplique (ou ne sapplique pas) la gouvernance
publique.
La premire relation que nous avons souhait vrifier revient logiquement lhypothse H1.1 relative
lapplication de la rationalit la gouvernance territoriale. Le test de rgression simple fournit, ce
propos, un rsultat non significatif. En effet, la valeur t est de plus de 7 ,684 (Tableau 46) avec un
degr de signification plus petit que 0,05. Elle ne permet donc pas de se prononcer sur la qualit de la
relation entre les deux variables.
Nous concluons alors que lhypothse H1.1, est rejete. Il nexiste donc pas une relation
significative entre les caractristiques de lacteur (principalement sa rationalit) et la volont dune
commune suivre une logique de gouvernance territoriale.
Coefficients
Coefficients non standardiss standardiss
D'aprs vous, quelles sont les -,031 ,204 -,017 -,154 ,878
principales caractristiques
d'un acteur de la gouvernance
territoriale?
a. Variable dpendante : Au niveau de votre commune, comment se manifeste la volont de suivre une logique de
gouvernance territoriale?
233
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
De mme, le coefficient de corrlation est nest pas significatif (0,017 Tableau 47). Cela signifie
que la probabilit dobtenir un coefficient de cette taille dans une population o ces deux
variables sont relis est infrieur 5%. Donc lhypothse H1.1 est rejete.
a. Valeurs prdites : (constantes), D'aprs vous, quelles sont les principales caractristiques d'un acteur de la gouvernance
territoriale?
La seconde relation que nous avons tudie concerne ladquation entre lenvironnement politico-
administratif et la russite de la gouvernance territoriale. Cette relation va nous permettre de vrifier
lHypothse H2.2 qui stipule que la gouvernance territoriale sapplique au domaine public.
2
Lexamen du test de rgression indique un R ajust, qui considre le nombre de variables et
dobservations mobilises, gal 0,1812 (Tableau 48). Le test est significatif. Nous pouvons alors
considrer que lenvironnement politico-administratif contribue la russite de la gouvernance
territoriale.
Donc, lhypothse H.1.2 nest pas rejete.
De mme, le test t est significatif, car avec une valeur suprieure 5% on ne peut quaccepter
lhypothse H1.2.
234
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
Coefficientsa
Coefficients
Coefficients non standardiss standardiss
Lhypothse H1.3 sera teste en mettant en relation deux variables : la relation entre les acteurs
et la russite du processus de gouvernance territoriale. Lexamen du test de rgression indique
2
une la valeur de R , est gale 8%. Le test est significatif. Nous pouvons alors considrer que les
relations qui existent les acteurs contribuent la russite de la gouvernance territoriale.
a. Valeurs prdites : (constantes), Est ce que vous avec l'occasion de se runir avec les autres acteurs?
Coefficientsa
Coefficients
Coefficients non standardiss standardiss
Est-ce que vous avez l'occasion ,188 ,066 ,292 0,050 ,015
de vous runir avec les autres
acteurs?
a. Variable dpendante : Pensez-vous que la gouvernance territoriale est tributaire de la nature de relations qui existent entre
les acteurs?
235
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
Ce constat se confirme quand on voit la valeur du test t qui infrieur au seuil de signification.
Donc on accepte lhypothse H1.3.
2
Le test de rgression est significatif avec un de R qui est gal 19% et nous amne accepter
lhypothse H1.3. De mme, le test t a une valeur infrieure 5% ce qui confirme le propos
prcdent.
Donc on peut confirmer quune relation existe entre les deux variables.
Tester lhypothse H1.4 nous amne vrifier sil ya une relation entre la variable relation et
la variable russite .
Le test de rgression ralis nous donne certaines informations susceptibles soit daccepter ou de
refuser lhypothse de base.
2
Le tableau ci-dessus nous permet de constater que R est significatif donc nous permet daccepter
lhypothse selon laquelle il existe une relation entre les facteurs lis la russite de la
gouvernance territoriale et la relation qui existent entre les acteurs.
a. Valeurs prdites : (constantes), Pensez-vous que la gouvernance territoriale est tributaire de la nature de relations qui
existent entre les acteurs?
Ce constat se confirme par le tableau qui suit. En effet, le test t donne une valeur nettement
infrieure au seuil de signification 5%. On accepte alors lHypothse H1.4.
236
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
Coefficientsa
Coefficients
Coefficients non standardiss standardiss
Pour pouvoir tester les relations qui existent entre les variables agissantes sur la gouvernance
territoriale et les volutions organisationnelles, nous allons confronter plusieurs variables ente
elles.
Pour la vrification de lhypothse H2.2 nous allons mettre en relation la variable Dcision
et la variable RELATION .
a. Valeurs prdites : (constantes), Pensez-vous que la relation qui existe entre les acteurs influence les dcisions prises?
2
Le test de rgression est nest pas significatif, car avec un R infrieur au seuil de signification
retenu (0,007<0,05) et avec une valeur du test t suprieur 5% on ne peut que rejeter cette
hypothse et conclure que les relations qui existent entre les acteurs naffectent pas les dcisions
prises.
237
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
Coefficientsa
Coefficients
Coefficients non standardiss standardiss
a. Variable dpendante : Selon vous, les dcisions prises peuvent dterminer le succs ou l'chec de la gouvernance
territoriale?
H2.3 stipule que la coordination dactions permet une automatisation de la dcision. Pour pouvoir
la vrifier, nous allons mettre en relation la variable COOPER et la variable AUTOMA.
2
Cette hypothse est rejete, car le test de rgression montre que R a une valeur infrieure au
seuil de signification retenue (5%) et nous ramne accepter H0 qui stipule quil y a pas de
relation entre les deux variables.
a. Valeurs prdites : (constantes), Existe-t-il une relation entre les dcisions prises dans les diffrentes communes?
Le test t effectu, donne une valeur infrieure au seuil de signification retenu ce qui confirme le
constat prcdent : H2.3 est donc rejet. Autrement dit, la relation qui peut exister entre les
dcisions des diffrentes communes ne peut rendre en aucun cas la dcision au niveau territorial
automatique.
238
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
Coefficientsa
Coefficients
Coefficients non standardiss standardiss
Existe-t-il une relation entre les -,293 ,185 -,168 -1,588 ,116
dcisions prises dans les
diffrentes communes?
Lhypothse H3.1 (la diversit des rseaux est lorigine de la complexit), est relative aux
variables MULTIRES et COMPLEX .
2
Le tableau ci-dessous montre un R a une valeur significative ce qui nous amne accepter cette
hypothse. Autrement dit, il existe certes une relation entre les deux variables et
queffectivement, la multitude des rseaux peut tre une source de complexit de la gouvernance
territoriale.
a. Valeurs prdites : (constantes), D'aprs vous, quelle peut tre l'impact de la multitude des rseaux d'acteurs sur la dcision
territoriale?
De mme, on constate partir du tableau qui suit que le test t a une valeur infrieure 5%
(0,003<0,005) donc on peut confirmer les propos cits ci-dessus et accepter lHypothse.
239
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
Coefficientsa
Coefficients
Coefficients non standardiss standardiss
D'aprs vous, quelle peut tre ,021 ,010 ,227 0,171 ,003
l'impact de la multitude des
rseaux d'acteurs sur la
dcision territoriale?
Les rsultats obtenus par le test de rgression ne nous permettent pas de vrifier cette hypothse.
a. Valeurs prdites : (constantes), Selon vous, quelles peuvent tre la ou les sources de cette complexit?
Coefficientsa
Coefficients
Coefficients non standardiss standardiss
240
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
Coefficientsa
Coefficients
Coefficients non standardiss standardiss
a. Variable dpendante : votre avis, qu'est-ce qui peut entraver la concrtisation du processus de la
gouvernance territoriale?
Rcapitulatif des rsultats des tests statistiques effectus sur les hypothses de recherche
241
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
Avant de dbattre des rsultats obtenus compte tenu de notre modle de recherche dans la section
suivante, nous avons souhait vrifier comment se traduisent les hypothses qui ont t
totalement rejetes ou totalement valides dans les discours des dirigeants interviews. Nous
confronterons les rsultats quelques passages repris dans lencadr suivant :
Hypothses rejetes
Mr R.N, Je pense quil ya des lments autres que la rationalit qui sapplique la
gouvernance territoriale .
H 2-2 : La gouvernance territoriale sapplique travers les liens et les interactions entre les
diffrents acteurs.
Mme L.J, A mon avis, au-del de toute relation (quelle que soit sa nature), un projet collectif a
besoin plus de la maturit idologique, de la disponibilit, de coopration .
242
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
Mr G.M, Je pense que la coordination entre politiques ou projets permet de prendre les
bonnes dcisions dune manire plus sereine, mais surtout pas automatique .
Mr Z.A, La coordination est un outil pertinent qui permet de recenser les bonnes informations
qui aident prendre les bonnes rsolutions .
Hypothses valides
Mr D.S, la gouvernance touche tous les domaines, mais on la conoit plus dans le domaine
public .
Mr T.Y, le domaine public sinscrit aujourdhui dans une logique de gouvernance territoriale,
ceci se traduit par les dmarches entreprises pour instaurer cet tat desprit parmi tous les
contribuables .
Mme F.A, La gouvernance est une affaire du secteur public plus quelle lest au secteur priv,
tout simplement parce que cest au dcideur de linstaurer et de la mettre en uvre ;
243
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
Lobjectif de cette recherche est de dterminer les modalits et procdures dmocratiques qui
prvalent dans la gestion du territoire dans un contexte de gouvernance territoriale.
Nous pouvons conclure partir des rsultats de cette recherche que limplication croissante et
effective des acteurs, que lencouragement de la communication de lcoute, la volont de servir
lintrt gnral, constituent les principales dmarches dmocratiques entreprises pour adopter
une logique de gouvernance territoriale.
De mme, les expriences associatives ou militantes des acteurs, leurs missions et la faon dont
ils entretiennent leurs relations avec les autres dterminent leur implication dans le processus de
la gouvernance territoriale.
Les rsultats de cette tude ont donn des informations surprenantes. Il sagit par exemple de la
relation entre la rationalit de lconomicus et la gouvernance territoriale. En effet, les rsultats
de test dhypothses ont montr que la rationalit de lconomicus ne sapplique pas la
gouvernance territoriale, cela dit, il est important de signaler que ce constat ne veut nullement
dire que les acteurs de la gouvernance territoriale peuvent tre irrationnels. Le rsultat donn
stipule (selon les rponses recueillies) que la rationalit est une donne subjective et doit tre
acquise.
De mme, il sest rvl que linteraction entre les acteurs ne sapplique pas la gouvernance
territoriale. Autrement dit, les diffrentes formes que peuvent prendre les relations qui existent
entre les acteurs ninterviennent pas directement et srement dans la concrtisation de la
gouvernance territoriale.
Un autre constat vient de contredire nos croyances. Il sagit de la relation entre la coordination
des actions des acteurs territoriaux et lautomatisation des dcisions. En effet, le test dhypothse
et les propos avancs par les acteurs montrent que la coordination entre les actions peut tre une
source importante dinformations et aider la prise de la dcision au niveau territorial, mais pas
dune manire automatique.
Dun autre ct, ltude que nous venons de mener vient de montrer que la concrtisation de la
gouvernance territoriale est loin dtre facile.
Ces difficults trouvent leur origine dans un environnement politico-administratif non favorable
(daprs la plupart des rponses des rpondants), dans la divergence dintrts, labsence dune
structure responsable de lchange entre acteurs, les difficults financires et la complexit du
systme.
244
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
De mme, la dcision, place au centre de notre recherche, qui est cense tre prise avec un
consentement majoritaire se heurte dune manire directe de toutes ces handicapes ce qui peut
tre dterminant dans la russite ou le sucs dune dmarche de gouvernance territoriale.
Par ailleurs, nous avons pu constater au cours de cette recherche, limbrication des variables
explicatives de lhypothse qui stipule que le territoire est une forme particulire de coordination
entre acteurs, de cration de valeurs et dmergence de ressources latentes.
245
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
Aprs avoir ralis notre enqute et en analyser les rsultats, nous avons trouv quil serait fort
intressant de confronter ces rsultats avec une tude de cas concrte. Il sagit, en effet, dun cas
qui illustre limplication des diffrents acteurs territoriaux, et ce, via le processus de dcision et
tout en sinscrivant dans une logique de gouvernance territoriale.
Sofadicom est une entreprise qui se trouve au Nord Est de la France. Les activits industrielles et
commerciales de la socit Sofadicom sont exclusivement ddies la production et la vente des
boissons sur les diffrents marchs nationaux et europens.
ce titre, elles relvent de la Convention Collective des Eaux embouteilles, boissons
rafrachissantes sans alcool et bires .
En France, BK se reprsente en 3 tablissements (le sige et deux autres sites complmentaires : un
principal et un autre secondaire). Nous allons focaliser notre tude sur le site secondaire. Ce dernier a
connu beaucoup de difficults engendrant sa vente une autre entreprise.
Le cas de Sofadicom est intressant dans le sens o il fait intervenir plusieurs acteurs territoriaux.
Toutefois avant daborder la question de cession de Sofadicom , il nous semble important de rappeler les
causes de la dfaillance du site secondaire de Sofadicom, les solutions envisages pour sauver ce site, le
projet de revitalisation et enfin la cession de Sofadicom.
Le march franais de la boisson produite par Sofadicom est en recul depuis une vingtaine
d'annes. Ce recul du march s'explique par : la baisse gnralise de la consommation de cette boisson au
profit des autres boissons ; la baisse de la frquentation des Cafs, Htels et Restaurants et du nombre
de ces tablissements, qui contribue rduire fortement la consommation de cette boisson ; des
consommateurs qui privilgient la qualit et le prix.
En outre, le march de cette boisson est contingent par des rglementations nombreuses (fiscalit...).
Dans un tel environnement, la concurrence est exacerbe et les acteurs du march sont contraints de
recourir :
- une baisse des prix de vente ;
- des promotions massives ;
- une augmentation des investissements aux points de vente.
Dans ce contexte de baisse du march, Sofadicom fait face de relles difficults, car elle est confronte
aux nouveaux concurrents que constituent les Hard Discount avec leur offre Premiers Prix et les Grandes
et Moyennes Surfaces travers leurs Marques De Distributeurs (MDD) bas prix.
246
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
Le site secondaire est directement touch par les volutions du march. Il concentre les pertes de
volumes de l'entreprise, prsente des cots de production trs proccupants.
Dans ces conditions, l'activit de ce site fait face des difficults de taille critique : sa structure de cot n'est
plus comptitive ; ses prix de revient sont de plus en plus levs.
L'anne 2005 enregistre une nouvelle baisse des volumes produits et les prvisions 2006 poursuivent
cette mme tendance.
Sofadicom se voit donc contrainte de trouver une solution alternative la logique adaptative mene
depuis l'anne 2000. L'entreprise souhaite en consquence se dsengager du secondaire afin de
sauvegarder sa comptitivit en recentrant l'ensemble de ses productions sur le site secondaire qui
prsente de meilleurs ratios conomiques.
Un premier projet avec la Socit Naxans (transporteur et logisticien) n'avait pu aboutir faute
d'une concertation pralable avec le Syndicat Mixte et son amnageur afin de connatre les
possibilits techniques et financires de desserte du terrain partir des quipements du Parc
Logistique.
Il sagit de lutilisation possible des rserves foncires par les collectivits. Deux situations se
prsentent :
247
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
- Des zones exploitables par la collectivit : dcision de la part de Sofadicom pour favoriser la revitalisation
du territoire d'une cession la collectivit l'uro symbolique
Courrier de confirmation de la position de Sofadicom envoy la Communaut de Communes
(CC) o se trouve le site secondaire.
Surface confirme par le gomtre la CC.
Instruction lance pour la prochaine assemble de la CC.
- Des zones qui ne sont pas exploitables du fait du maintien de lactivit; dcision de Sofadicom,
suite aux indications transmises par les administrations (impossibilit d'exploitation par un tiers) du fait de
la proximit de source dune matire dangereuse) de procder la destruction des Grands Bureaux et de
cession post-travaux au repreneur pour rintgration dans la zone de responsabilit de l'exploitant actuel
pour un maintien du primtre de scurit.
Avis partag par l'ensemble du Comit de Suivi que la destruction et cession de la zone au
repreneur est la seule solution envisageable eu gard aux contraintes existantes.
Lentreprise (trangre) a confirm la reprise dbut 2007 des locaux de Sofadicom (site secondaire)
o il emploiera 100 salaris dont 80 actuellement en poste sur place.
L'usine compte actuellement 159 personnes. Une solution d'emploi sera propose tous les
salaris non repris, par des mutations vers le site principal de Sofadicom, des mesures d'ge ou
bien des projets individuels. Sofadicom avait dcid en fvrier l'arrt fin 2006 de sa production au
site secondaire en raison de la baisse du march qui justifiait selon lui le regroupement d'activit
sur un seul site (le principal).
Le repreneur attend des collectivits un soutien, mme sil a boucl son plan de
financement indpendamment des aides publiques, toute aide financire sera de nature faire
acclrer ses projets.
Cependant, il a t prcis qu'aucune aide ne pourra tre envisage sur la partie de
l'investissement correspondant au rachat de Sofadicom (d'autant plus que le montant n'est pas
communiqu). Par contre, il apparat que l'investissement nouveau dans la ligne boites est
ligible aux aides rgionales, l'entreprise pouvant tre considr comme une PME.
248
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
Lensemble de ces trois phases peut tre rcapitul dans le tableau suivant :
249
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
250
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
251
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
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Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
256
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
Rappelons que le premier attribut lobjet de recherche est la rationalit. Elle sexplique par
plusieurs facteurs : 1) raisonnement, 2) logique, 3) comprhension et 4) rapports de
pouvoir.
Nous allons essayer de vrifier (en sappuyant sur le vocabulaire utilis par les acteurs) la
prsence ou non (en terme smantique) de lune ou de plusieurs facteurs parmi ceux cits en
haut.
257
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
258
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
partir de ce tableau, on peut constater que Sofadicom a entrepris des actions rationnelles, sest
montre cooprative (pour concrtiser le projet de diversification du site). Toutefois, les dcisions
prises par Sofadicom ont t source dincomprhension et de conflits avec dautres acteurs
(principalement le Syndicat).
2.2Analyse de prfecture :
259
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
b as s i n d ' e mp l o i
c o n c e r n d a n s u n d la i
d ' u n mo i s c o m p t e r
de la notification du
projet de licenciement
c o l l e c t i f (2 mois si
prfet prescrit une
tude d'impact
social/territorial).
Communaut de
Phase 1 : Diversification Phase 2 : Suivi Phase 3 : Vente
commune
Rationalit Le vice-prsident de la
communaut de communes
est d'accord sur le principe
d'une runion technique :
elle permettra d'affiner et
surtout de connatre les
relles possibilits
d'utilisation du site.
Coopration/coordination Le vice-prsident de la
communaut de communes
est d'accord sur le principe
d'une runion technique :
elle permettra d'affiner et
surtout de connatre les
relles possibilits
d'utilisation du site.
Prise de dcision et
complexit
Pareil pour la communaut des communes, qui tait trs rationnelle et cooprative dans cette
affaire.
260
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
Adressera au PDG de
Naxans une proposition
commerciale sur les
hectares restants.
Recherchera les
financements ncessaires
la cration de la voirie.
Aidera Naxans
anticiper et rduire les
dlais (rglementation
d'exploitation) et
trouver des pistes pour
optimiser le plan de
financement.
Prise de dcision et
complexit
261
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
Lorganisme subventionnant les entreprises a bien jou son rle daccompagnement. Il tait trs
attentif, rationnel et coopratif pendant les trois phases de ce dossier, il a bien rempli son rle
dintermdiaire entre les diffrents acteurs.
Organisme
subventionnant les
Phase 1 : Diversification Phase 2 : Suivi Phase 3 : Vente
entreprises
(tranger)
Je pense que si nous
voulons des rponses, il faut
lui poser des questions
Rationalit prcises sur ce dont nous
avons besoin pour lui donner
une rponse.
Pour la prparation de
la rencontre, je peux vous
transmettre les informations
J'envoie au repreneur
un petit e-mail pour lui
confirmer que le dossier est
lanc et que nous nous
Coopration/coordination remanifesterons en cas de
questions rapidement.
Nous avons convenu
que si nous devions avoir
d'autres questions, nous
n'hsiterions pas le lui
faire savoir.
Prise de dcision et
complexit
Pareil pour le mme organisme ltranger qui na pu intervenir qu la troisime phase relative
la vente de Sofadicom.
262
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
Nous sommes
surpris que ces runions
puissent s'organiser sans
la prsence des
reprsentants du
personnel, d'autant plus
qu'il est question de l'avenir
des salaris du site.
La direction de
Sofadicom n'a pas respect
Prise de dcision et
le cadre lgal de la loi dite
complexit BORLOO, concernant la
ncessit d'avoir un dbat
conomique et social avant brise
en oeuvre d'un projet de
restructuration.
La direction de
Sofadicom n'a pas respect
son obligation triennale
d'information/consultation sur la
stratgie de l'entreprise et sur
l'instauration d'un dispositif de
gestion prvisionnelle de
l'emploi et des comptences
(GPEC).
La direction de Sofadicom
n'a pas respect son obligation
d'inscrire dans une dmarche
globale les volutions de
l'entreprise et de ses sites
concernant les
investissements. l'activit, les
volutions en termes d'emplois
et les rorganisations.
263
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
La direction de Sofadicom
s'est carte du cadre lgal et
surtout de l'esprit de la loi, en
privant le CCE d'une
dmarche d'anticipation.
Le manque d'information
constitue un dlit d'entrave au
bon fonctionnement du CE.
Le syndicat, quoiquil sest montr rationnel et coopratif pendant la premire phase et le dbut
de la deuxime phase, il a manifest assez rapidement son dsarroi par rapport aux dcisions
prises par Sofadicom.
Cette entreprise parait plus parmi les acteurs secondaires, mais son intervention revtait plus un
caractre coopratif.
264
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
Pareil pour lentreprise Naxans, malgr quelques problmes techniques, elle a t rationnelle et
cooprative dans lensemble de ses interventions.
265
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
Charg de
Dveloppement Phase 1 : Diversification Phase 2 : Suivi Phase 3 : Vente
Industriel
rationalit
Nous restons, en liaison
avec la Communaut de
Communes, l'coute de
l'entreprise, pour faciliter ses
projets sur le plan de
l'amnagement du site
(voirie d'accs, autorisation
d'exploitation...) et sur
l'aspect accompagnement du
logisticien (recrutement /
Coopration/coordination formation, aides
ventuelles...)
Prise de dcision et
complexit
En rsum, laffaire Sofadicom est un cas illustratif de diffrentes interventions et rles des
acteurs territoriaux. Ce dossier a bien montr la mobilit et la disponibilit des acteurs pour
trouver des solutions qui participent au dveloppement du territoire quils partagent.
Dans ce cas, on retrouve les mmes modalits et procdures dmocratiques vrifies par notre
enqute. Il sagit bien entendu, de la mobilisation, coopration, rationalit, volont, implication
des auteurs territoriaux.
Toutefois, nous constatons que la multitude des rseaux est source de complexit de la dcision
et peut entraver la concrtisation de la gouvernance territoriale.
Ce chapitre a t consacr la vrification des hypothses de recherche proposes sur le rle des
acteurs dans la gestion de leur territoire dans un contexte de gouvernance territoriale. Nous avons
cherch comprendre quelles sont les dmarches et procdures dmocratiques entreprises par les
acteurs dans pour arriver cette fin.
266
Deuxime partie Chapitre 3 : Rsultats de la recherche et discussion
Nous nous sommes focaliss sur trois principales variables explicatives du rle des acteurs : les
caractristiques de lauteur, les volutions organisationnelles et implication des acteurs et en fin
la dcision publique au niveau territoriale.
Les rsultats obtenus dans cette tude nous permettent de dfendre la thse suivante : le rle des
acteurs dans la gestion de leur territoire dpend de limplication croissante et significative de ces
derniers par la favorisation de la communication, de lchange permanent et constructif avec les
autres, de lcoute et le respect des engagements collectifs et par la volont de servir lintrt
gnral.
De mme, nous avons retenu ltude de lattitude des acteurs lis un dossier de Sofadicom pour
se positionner sur les intentions qui se sont rellement concrtises au niveau comportemental et
dcisionnel dans un contexte territorial.
Les rsultats obtenus dans cette tude nous permettent de dfendre la thse suivante : lattrait
envers la prise de dcision et la perception de la capacit mener bien cette dcision en faisant
appel la rationalit et la coopration (lments explicatifs de limplication des acteurs dans un
les dcisions propres leur territoire).
267
CONCLUSION GENERALE
CONCLUSION GNRALE
Le travail entrepris avait pour ambition dapprhender le rle des acteurs dans la gestion de leur
territoire dans un contexte de gouvernance territoriale. Dans ce sens, on a essay de dterminer
les outils ou les caractristiques qui dominent dans la prise de dcision en mettant laccent sur les
interdpendances des lments qui constituent le phnomne.
Lobjectif principal de la recherche doctorale tait daboutir la dtermination le modalits et
procdures dmocratiques qui prvalent dans les dcisions prises par les acteurs dans un contexte
de gouvernance territoriale tout en sappuyant la fois sur une enqute exploratoire mene auprs
de 20 communes de la Meurthe-et-Moselle et sur le cas dun dpartement du Nord Est de la
France. Parvenu au terme de ce travail, il importe de faire le bilan de la recherche effectue en
mettant en exergue les principaux apports et limites tant sur le plan thorique que
mthodologique et oprationnel.
268
CONCLUSION GENERALE
En deuxime lieu, les contributions thoriques tiennent expliquer le rle des acteurs dans la russite
ou lchec de la gouvernance territoriale. Ce dernier est apprhend partir dun modle de
recherche au sein duquel trois groupes de variables ont t retenus. Le premier groupe concerne la
rationalit perue dans laction des acteurs, il contient 1) raisonnement, 2) logique, 3)
comprhension et 4) rapports de pouvoir.
Et le troisime concerne la prise de dcisions, cette dernire variable dpend de plusieurs facteurs
qui sont : 1) la dure, 2) la qualit, 3) la satisfaction, 4) lapprentissage organisationnel et
5) lutilisation des aptitudes individuelles.
Cependant, la recherche ne prtend pas que ces trois variables pour expliquer le phnomne.
Elle ne fait pas non plus de prdictions quant la persistance de la manifestation de ces types
dans les recherches futures, selon leur forme actuelle. Toutefois, la lumire des
connaissances thoriques dans le domaine, il est possible davancer que ces variables, ainsi que
leurs attributs constitutifs, sont suffisamment fondatrices du processus de gouvernance
territoriale pour quil puisse continuer apparatre dans une forme ou une autre ultrieurement.
En dernier lieu, les apports thoriques de la recherche tiennent lexplication des rsultats,
dun cas qui sinscrit dans une logique de gouvernance territoriale, travers linfluence des
attributs qui le caractrisent. La recherche montre limportance de lintgration des
composantes des rsultats dans ltude du rle des acteurs dans la gouvernance territoriale, afin
dobtenir un panorama de cette dernire.
269
CONCLUSION GENERALE
Les apports mthodologiques de la recherche ont ensuite trait lapplication dune approche de
triangulation au niveau des donnes , avec une collecte des donnes des priodes diffrentes
dans le temps (classes en trois phases), faisant appel la documentation.
Cette approche triangule nous a permis de valider ou de rejeter les hypothses de base lies
lobjet de recherche travers une analyse du contenu de diffrents rapports et notes internes dont
nous disposons.
Les apports mthodologiques tiennent, en plus, la particularit de lenqute mene auprs des
acteurs territoriaux des 20 communes de la Meurthe-et-Moselle et du cas choisi : les acteurs dun
dpartement du Nord de la France. Il sagit plus particulirement dune affaire propre une
entreprise qui fait intervenir, dans son projet de diversification, de suivi et de sa vente, les
principaux acteurs de ce dpartement (prfecture, communaut des communes, lus, dirigeants
).
Qu'est-ce qui merge linstar de cette recherche dun point de vue pratique ? Cette recherche gnre
un certain nombre de recommandations. Elles peuvent se rsumer dans les points suivants :
Pour ce qui est de lenqute, elle permet de dgager un certain nombre de modalits et procdures
successibles daider la constitution dun modle de gouvernance territoriale. En effet, en
recensant les diffrents lments lis aux comportements des acteurs et lenvironnement
politico-administratif, on peut essayer de prvoir la constitution dun ventuel modle de
270
CONCLUSION GENERALE
gouvernance territoriale. Toutefois, il serait souhaitable que dautres tudes soient faites pour
pouvoir ajouter dautres lments complmentaires.
Pour ce qui est du dpartement du nord est de la France, ltude montre quil nexiste pas un seul
modle de gouvernance territoriale, mais une multitude de modles qui varient dun territoire
un autre et dun acteur lautre. Toutefois, ltude affirme que tous les modles de gouvernance
territoriale qui peuvent exister font appel aux trois outils dtermins tout au long de notre travail
de recherche (rationalit, coopration et/ou coordination et prise de dcision).
Deuximement, ltude dmontre aux diffrents acteurs que leur rationalit, coopration et/ou
coordination ainsi que leur mode de prise de dcision ne diffrent pas fondamentalement de ceux
qui existent dans la thorie.
La rationalit des acteurs merge comme une rponse un contexte htrogne, relativement
hostile, et face une situation dcisionnelle de fort impact sur lavenir du territoire. Cette
rationalit est favorise par un contexte territorial et organisationnel peu formalis par des rgles
et procdures crites et expression faible des rapports de pouvoir entre les acteurs territoriaux.
Cette rationalit gnre une forte satisfaction auprs des acteurs territoriaux participant la
concrtisation dune gouvernance territoriale travers leurs dcisions. Ce rsultat sexplique par
le fort degr de participation des acteurs et par une absence de conflits.
Elle justifie une relle volont de russir une politique de dveloppement territoriale. En effet, les
propos du cas de Sofadicom montrent lentire implication des acteurs d'une manire ou d'une
autre pour arriver aux meilleures solutions en faveur de toutes les parties impliques.
Ltude montre aux acteurs quil nexiste pas une seule bonne et unique manire de prendre des
dcisions, mais que plusieurs sont possibles en fonction dun ensemble de circonstances.
Toutefois, les diffrentes dcisions ne doivent pas tre conues comme concurrentielles par les
acteurs ou dcideurs qui peuvent les intgrer comme des comportements alternatifs faisant partie
dun mme systme complexe dcisionnel, vitant une logique dopposition et de divergences
profondes entre acteurs.
Troisimement, ltude place les acteurs dans un cadre conventionnel. En effet, dans leurs
dcisions, les acteurs doivent se rfrer une organisation sociale au travers de laquelle ils
peuvent se doter dune rfrence commune. Il sagit de placer les actions dacteurs dans un
dispositif cognitif collectif reposant sur un principe dconomie des ressources cognitives, au
sens o on ne cherche produire de nouvelles connaissances que dans la mesure o ont t
puises toutes les tentatives dinterprtations compatibles avec ltat antrieur du savoir.
271
CONCLUSION GENERALE
Une premire limite provient de lacceptation dune dfinition des clauses de la gouvernance
territoriale en termes de dmarche.
Une deuxime limite importante concerne la conception du modle gnral de la recherche, cest-
-dire des variables et des dimensions qui y ont t introduites. Pour les variables, les limites
concernent dabord la slection des attributs relatifs aux comportements des acteurs de la
gouvernance territoriale. En effet malgr une combinaison des trois attributs relatifs aux
comportements des acteurs de la gouvernance territoriale les plus reprsentatifs et les plus
couramment utiliss dans la littrature, la slection opre ninclut pas la totalit des attributs
pouvant caractriser un acteur territorial participant la concrtisation de la gouvernance
territoriale. Ceci rduit la capacit pouvoir rendre compte dautres attributs susceptibles
dapporter des informations qui auraient pu merger suite leur introduction dans lanalyse.
En effet, le traitement des rsultats de lenqute ainsi que ceux du cas a permis dapporter des
informations et rsultats qui concordent parfaitement avec nos hypothses ainsi quavec
lensemble des apports thorique. Toutefois, ces informations et rsultats, qui si elles sont fiables
dans la forme et le contexte actuels, ne le sont pas forcment dans le contexte dautres
dpartements et territoires.
272
CONCLUSION GENERALE
Comme il a t prcis auparavant, les rsultats obtenus dans le cadre de ce projet doctoral ,
ont permis de valider les hypothses de bases ainsi que les apports thoriques.
Toutefois pour pouvoir gnraliser et valider ces rsultats, il serait intressant de suivre la mme
dmarche, mais sur plusieurs territoires.
Hormis la poursuite de la recherche dans le cadre du projet global, dautres prolongements sont
possibles.
Les futures recherches peuvent sintresser la place des ngociations dans un contexte de
gouvernance territoriale. Il sagira dapporter un clairage sur le contenu stratgique de la
gouvernance territoriale et sur les jeux de ngociation qui se droulent en son sein. En effet, dans
tout projet de dveloppement territorial, les acteurs publics privs ou sociaux sont confronts
des situations conflictuelles, expressions de confrontations tenant tant des questions dintrts
qu des conflits de pouvoirs. La gouvernance territoriale dpend alors largement de la nature des
conflits en jeu, de leur caractre plus ou moins diffus et de la capacit des acteurs dboucher par
la ngociation sur des compromis acceptables. Mais si la ngociation contribue rsoudre ces
conflits, il nen demeure pas moins quelle est galement une modalit dinstrumentalisation des
rgles du jeu qui peut fragiliser les coordinations locales. Ainsi, lun des enjeux du
dveloppement local semble aujourdhui tenir la prise en compte plus effective des jeux et
des lieux de ngociation potentielle ou avre de manire acqurir une plus grande lisibilit
des mcanismes qui fondent la gouvernance territoriale. Une grille danalyse est ici propose
lanalyste dans la perspective de dboucher sur de nouvelles voies dinvestigation autour du
paradigme stratgique.
273
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311
Index des tableaux
Tableau 1 Nombre de notices portant sur les diffrents types de gouvernance dans PAIS ___________________ 43
Tableau 2 Approche stratgique versus approche interprtative ____________________________________________ 79
Tableau 3 Quelques dfinitions de la convention dans la littrature francophone __________________________ 80
Tableau 4 Synthse des caractristiques essentielles du modle de l'acteur rationnel _______________________ 98
Tableau 5 Synthse des caractristiques essentielles du modle organisationnel ________________________ 103
Tableau 6 Synthse des caractristiques essentielles du modle politique ______________________________ 109
Tableau 7 Quelques exemples de dfinitions du concept de la dcision _________________________________ 118
Tableau 8 Conflits dappropriation versus conflits de pouvoir et dautorit : les obstacles la construction du
territoire ___________________________________________________________________________________ 138
Tableau 9 Dpense de ltat et des collectivits locales _____________________________________________ 139
Tableau 10 Evolution des dpenses au titre des comptences transfres aux collectivits locales ____________ 140
Tableau 11 volution du produit vot des quatre taxes locales ________________________________________ 140
Tableau 12 Les ides reues sur les donnes primaires et secondaires _________________________________ 164
Tableau 13 Stratgies gnrales dchantillonnage dans une approche qualitative ________________________ 184
Tableau 14 Synthse des rsultats de lanalyse thmatique ___________________________________________ 186
Tableau 15 Le coefficient de Cronbach dans les tudes existantes ____________________________________ 204
Tableau 16 Tri crois implication par caractristiques de lauteur _________________________________ 210
Tableau 17 Tri crois implication par caractristiques de lauteur _________________________________ 211
Tableau 18 Tri crois implication par mission ________________________________________________ 211
Tableau 19 Tableau crois entre la variable implication et la variable relation ________________________ 212
Tableau 20 Tri crois implication par Relation ________________________________________________ 213
Tableau 21 Tri crois volont par Environnement ______________________________________________ 214
Tableau 22 Tri crois Sensibilisation par Volont _____________________________________________ 215
Tableau 23 Tri crois complexit par Intrt __________________________________________________ 216
Tableau 24 Tri crois complexit par Source de complexit ______________________________________ 217
Tableau 25 Tri crois Consolidation par Interaction entre acteurs _________________________________ 218
Tableau 26 Tri crois entre la variable Dfi et la variable Russite ________________________________ 218
Tableau 27 Tri crois Automatisation par RELATIODEC ________________________________________ 219
Tableau 28 Test dalpha de Cronbach : __________________________________________________________ 221
Tableau 29 Variance totale explique ____________________________________________________________ 222
Tableau 30 ACP caractristiques de lauteur ___________________________________________________ 222
Tableau 31 Test dalpha de Cronbach : __________________________________________________________ 224
Tableau 32 ACP : conception de gouvernance territoriale ____________________________________________ 225
Tableau 33 Variance totale explique ____________________________________________________________ 225
Tableau 34 Test dalpha de Cronbach : __________________________________________________________ 226
Tableau 35 ACP. Evolutions organisationnelles et implication ________________________________________ 227
Tableau 36 Variance totale explique ____________________________________________________________ 227
Tableau 37 Test dalpha de Cronbach : __________________________________________________________ 228
Tableau 38 ACP. Les valeurs et les reprsentations des rpondants ____________________________________ 228
Tableau 39 Variance totale explique ____________________________________________________________ 228
Tableau 40 Test dalpha de Cronbach : __________________________________________________________ 229
Tableau 41 ACP. La dcision publique ___________________________________________________________ 229
Tableau 42 Variance totale explique ____________________________________________________________ 230
Tableau 43 Test dalpha de Cronbach : __________________________________________________________ 230
Tableau 44 ACP. Complexit ___________________________________________________________________ 231
Tableau 45 Variance totale explique ____________________________________________________________ 231
Tableau 46 Rgression simple du modle caractristique de lacteur ___________________________________ 233
Tableau 47 Rcapitulatif des modles caractristique de lacteur ___________________________________ 234
312
Index des figures
Figure 1 Problmatique_______________________________________________________________________ 12
Figure 2 Questions de recherche dans lhistoire des sciences _________________________________________ 13
Figure 3 Entonnoir de la problmatique _________________________________________________________ 14
Figure 4 Les hypothses de recherche ___________________________________________________________ 17
Figure 5 Larchitecture de la thse ______________________________________________________________ 20
Figure 6 Plan de cheminement du chapitre 1 ______________________________________________________ 23
Figure 7 Le systme gnrateur de lidentit collective ______________________________________________ 57
Figure 8 lembotement des territoires ___________________________________________________________ 59
Figure 9 Les diffrentes sphres du systme territorial et leur mode dorganisation ________________________ 67
Figure 10 Le triptyque du systme administratif traditionnel __________________________________________ 71
Figure 11 Plan de cheminement du chapitre 2 ______________________________________________________ 74
Figure 12 Le modle de la formulation de la stratgie de l'cole de Harvard ___________________________ 100
Figure 13 Plan de cheminement du chapitre 3 _____________________________________________________ 116
Figure 14 Deux conceptions du modle de la rationalit forte ________________________________________ 126
Figure 15 Plan de cheminement du chapitre 1 (2me partie) __________________________________________ 154
Figure 16 Modle de recherche ________________________________________________________________ 157
Figure 17 Plan de cheminement du chapitre 2 (2me partie) ___________________________________________ 167
Figure 18 Vue densemble de la logique dexploitation des donnes ____________________________________ 181
Figure 19 Mode dadministration et donnes recueillies ____________________________________________ 200
Figure 20 Plan de cheminement du chapitre 3 (2me partie) ___________________________________________ 208
313
Annexes
ANNEXES
314
Annexes
Guide dentretien
Madame, Monsieur,
315
Annexes
Caractristiques de Lacteur
Age de lacteur :
Sexe de lacteur:
Niveau de formation :
Comment et quand avez vous eu lide et pris la dcision dintgrer la vie politique?
Au sein de votre entourage, existait-il des politiciens ? Si oui : dans quels sens cet entourage vous a-t-
il influenc ? Quels sont les personnages qui ont le plus influenc vos choix politiques?
Au moment o vous avez eu lide de joindre ce monde, quel tait lavis des gens dont lopinion vous
importait (parents, conjoint, enfants, cousins, amis) ? Quelle tait la perception, de ceux dont lavis
vous importe aprs ce choix ? Comment cela vous a impact ?
Quel est votre rle actuel la fois au niveau de votre communaut et au niveau du dpartement de la
Meurthe-et-Moselle ?
Comment choisissez-vous votre quipe de travail et sur quels critres vous vous basiez pour le faire?
316
Annexes
votre avis, quels sont les moyens (physiques, conomiques, structurelles et autres) mobiliss
pour rpondre une logique de gouvernance territoriale ?
Pensez-vous que la gouvernance territoriale dpend avant tout de limplication des acteurs
territoriaux ? Si oui comment et dans quel sens ?
Pensez-vous que la coopration entre acteurs est la principale caractristique de cette interaction ?
Quelles peuvent tre les motivations dun acteur pour participer ou non au processus de la
gouvernance territoriale ?
317
Annexes
Existe-t-il un dispositif dchange dinformations entre communes ? Si oui, dans quel sens ce
dispositif permet la consolidation des relations entre les diffrentes communes de la Meurthe-et-
Moselle ? Sinon, pourquoi ?
Pensez-vous que la gouvernance territoriale est tributaire de la nature de relations qui existent
entre les acteurs ? Pouvez-vous nous dire plus sur ce point ?
Est-ce que vous avez loccasion de vous runir avec les autres acteurs ? Dans quelles
circonstances et quelle frquence ?
Pensez-vous que la relation qui existe entre les acteurs influence les dcisions prises ? Dans
quelle mesure ?
Daprs vous, quelle peut tre limpact de la multitude des rseaux dacteurs sur la dcision
territoriale ?
Existe-t-il une relation entre les dcisions prises dans les communes voisines ?
Selon vous, lintrt de votre commune est indpendant, tributaire ou complmentaire lintrt
du territoire ?
Pensez-vous que la gouvernance territoriale est complexe ? Selon vous quelles peuvent tre la ou
les sources de cette complexit ? Quelles sont les mesures prendre pour pallier cette
complexit ?
318
Annexes
Selon vous, quel peut tre lorigine des conflits qui peuvent exister entre acteurs ? Pensez-vous
que certains conflits peuvent handicaper le processus de gouvernance territoriale ?
votre avis, quelles peuvent tre les caractristiques dun acteur territorial et qui permettent la
concrtisation du processus de la gouvernance territoriale ?
319
Annexes
320
Annexes
321
Annexes
322
Annexes
323
Annexes
Caractristique de lauteur
5 Variables : Expriences associatives ou militantes
Exercice dune autre activit professionnelle en dehors du statut d'lus
Choix d'intgrer le milieu politique
Choix de sa propre quipe
Entretien des relations avec les autres acteurs territoriaux
Statistiques descriptives
N Minimum Maximum Moyenne cart type
N valide (listwise) 88
Tableaux croiss
324
Annexes
Analyse factorielle
1 2 3
Exercice dune autre activit professionnelle en dehors de statut -,289 -,495 ,590
d'lus
Entretien des relations avec les autres acteurs territoriaux -,011 ,732 ,486
a. 3 composantes extraites.
Variables Alpha
Brut 0.553
Normalis 0.531
325
Annexes
Mission au sein de la
0,137 0,572 0,108 0,559
commune
territoriaux
ANOVAb
Total 78,898 87
a. Valeurs prdites : (constantes), d'aprs vous, quelles sont les principales caractristiques d'un acteur de la gouvernance
territoriale
b. Variable dpendante : Au niveau de votre commune, comment se manifeste la volont de suivre une logique de
gouvernance territoriale
326
Annexes
ANOVAb
Total 1,955 88
a. Valeurs prdites : (constantes), est-ce que vous avez l'occasion de vous runir avec les autres acteurs?
b. Variable dpendante : Pensez-vous que la gouvernance territoriale est tributaire de la nature de relations qui existent
entre les acteurs?
ANOVAb
Total 112,864 87
a. Valeurs prdites : (constantes), est-ce que vous avez l'occasion de vous runir avec les autres acteurs?
327
Annexes
Lenvironnement politico-administratif
Statistiques descriptives
N valide (listwise) 37
328
Annexes
Tableaux croiss
Observations
Analyse factorielle :
Composante
1 2 3 4
329
Annexes
Composante
1 2 3 4
a. 4 composantes extraites.
330
Annexes
Variables Alpha
Brut 0.591
Normalis 0.564
Variables centres
Variables brutes
rduites
La volont de suivre une logique de gouvernance territoriale 0,356 0,681 0,331 0,643
ANOVAb
Total 32,112 88
a. Valeurs prdites : (constantes), Pensez-vous que la gouvernance territoriale soit tributaire de la nature de relations qui
existent entre les acteurs?
331
Annexes
6 Variables : La relation entre les dcisions prises et le succs ou l'chec de la gouvernance territoriale
Linfluence de la relation qui existe entre les acteurs influence sur les dcisions prises
Statistiques descriptives
N Minimum Maximum Moyenne cart type
N valide (listwise) 89
332
Annexes
Tableaux croiss
Analyse factorielle :
1 2 3
Linfluence de la relation qui existe entre les acteurs sur les ,308 ,711 ,180
dcisions prises
l'impact de la multitude des rseaux d'acteurs sur la dcision ,542 -,529 ,195
territoriale
La relation entre les dcisions prises dans les diffrentes communes -,576 ,431 ,489
La relation entre les diffrents intrts des communes ,045 -,244 ,840
a. 3 composantes extraites.
333
Annexes
Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrs des facteurs retenus
% de la
Composante Total variance % cumuls Total % de la variance % cumuls
Coefficient Alpha
de Cronbach
Variables Variables
brutes centres rduites
334
Annexes
Variables Alpha
Brut 0.585
Normalis 0.587
ANOVAb
Total ,989 88
a. Valeurs prdites : (constantes), existe-t-il une relation entre les dcisions prises dans les diffrentes communes?
ANOVAb
Total 18,404 88
a. Valeurs prdites : (constantes), pensez-vous que la relation qui existe entre les acteurs influence les dcisions prises?
b. Variable dpendante : Selon vous, les dcisions prises peuvent dterminer le succs ou l'chec de la gouvernance
territoriale?
ANOVAb
Total 22,225 88
a. Valeurs prdites : (constantes), Existe-t-il une relation entre les dcisions prises dans les diffrentes communes?
335
Annexes
Statistiques descriptives
N Minimum Maximum Moyenne cart type
la complexit de la gouvernance
89 1 2 1,01 ,106
territoriale
N valide (listwise) 89
Tableaux croiss :
336
Annexes
1 2 3 4
a. 4 composantes extraites.
337
Annexes
Variables Alpha
Brut 0.645
Normalis 0.721
Coefficient
Alpha de
Cronbach
Variables centres
Variables brutes
rduites
ANOVAb
Total 23,955 87
a. Valeurs prdites : (constantes), Selon vous, quelles peuvent tre la ou les sources de cette complexit
338
Annexes
ANOVAb
Total 23,955 87
a. Valeurs prdites : (constantes), Selon vous, quelles peuvent tre la ou les sources de cette complexit
b. Variable dpendante : votre avis, qu'est-ce qui peut entraver la concrtisation du processus de la gouvernance
territoriale
ANOVAb
Total ,989 88
a. Valeurs prdites : (constantes), D'aprs vous, quelle peut tre l'impact de la multitude des rseaux d'acteurs sur la dcision
territoriale?
ANOVAb
Total ,989 88
a. Valeurs prdites : (constantes), Existe-t-il une relation entre les dcisions prises dans les diffrentes communes?
339
Table de matires
REMERCIEMENTS ____________________________________________________________ 4
RSUM ____________________________________________________________________ 6
SOMMAIRE __________________________________________________________________ 8
INTRODUCTION GNRALE : __________________________________________________ 9
PREMIRE PARTIE : LAPPRHENSION DU CONCEPT DE LA GOUVERNANCE
TERRITORIALE DANS UN CONTEXTE DU MANAGEMENT PUBLIC __________________ 24
Chapitre I : Essence et dveloppement conceptuel et thorique de la gouvernance territoriale ______ 24
Section 1 : Vers une dfinition du concept de gouvernance territoriale : une combinaison de plusieurs concepts
cls ncessitant une dfinition. ______________________________________________________________ 24
1 Le succs dune notion pertinente ____________________________________________________ 25
1.1 La gouvernance : une notion polysmique qui simpose ______________________________ 26
1.2 La difficult de dfinir lunanimit le concept de la gouvernance territoriale : ___________ 30
2 La gouvernance : vers une redfinition du concept par les diffrentes organisations internationales. __ 33
2.1 La gouvernance daprs la Banque Mondiale : _____________________________________ 34
2.2 La gouvernance daprs lOCDE-CAD : __________________________________________ 34
2.3 La gouvernance daprs Le PNUD : _____________________________________________ 35
2.4 La Banque europenne de reconstruction et de dveloppement (BERD) _________________ 36
2.5 LUnion europenne __________________________________________________________ 36
3 Fonctions et sens de la notion de gouvernance __________________________________________ 36
3.1 Des origines aux usages de la notion de gouvernance _________________________________ 36
3.2 Le sens de la notion de gouvernance : deux conceptions fondamentales ______________ 37
3.2.1 La gouvernance comme concept analytique _____________________________________ 39
a. L'arne_________________________________________________________________ 39
b. Les normes _____________________________________________________________ 40
c. Les acteurs ______________________________________________________________ 40
3.2.2 Les tapes de la propagation de la notion de la gouvernance ________________________ 41
4 G o u v e r n a n c e e t d m o c r a t i e ______________________________________________ 45
4.2 Gouvernance et intrt gnral __________________________________________________ 46
4.3 La gouvernance et sa matrise comme vecteur de recomposition de l'action publique ________ 48
Section 2 : La gouvernance et lapproche territoriale ____________________________________________ 50
1 Vers une dfinition du territoire: La notion du territoire dans les sciences humaines et sociales : __ 50
1.1 Sciences thologiques et concept du territoire : _____________________________________ 50
1.2 La notion du territoire en sciences conomiques : ___________________________________ 51
1.3 Le territoire selon la thorie des organisations :_____________________________________ 52
1.4 Diffrence entre espace et territoire : _____________________________________________ 53
1.4.1 propos de lespace : ______________________________________________________ 53
a. Du milieu l'espace : ______________________________________________________ 53
b. L'espace gographique produit par les socits : _________________________________ 53
c. L'espace gographique comporte des mmoires :_________________________________ 54
d. L'espace gographique est un systme de relation : _______________________________ 54
e. Lespace de vie et lespace vcu : _____________________________________________ 54
1.4.2 propos du territoire : _____________________________________________________ 54
a. Le territoire : un espace appropri ____________________________________________ 55
b. Le territoire, des racines aux rseaux : _________________________________________ 55
c. Le territoire en tant quidentit collective: ______________________________________ 55
d. Le territoire : un espace support dune identit collective __________________________ 56
e. Le territoire en tant que composante de ltat : __________________________________ 57
1.5 Lusage ou la fonction dun territoire :____________________________________________ 59
340
Table de matires
1.6 La coordination territoriale et le nouveau rle des pouvoirs publics institutionnels : ________ 61
1.7 Le territoire en tant quun champ oprationnel de la gouvernance : _____________________ 63
2 Lhistorique double du concept de gouvernance territoriale : le dveloppement local et lespace
politico-administratif ___________________________________________________________________ 64
3 Nature et rle des diffrentes sphres du territoire : ______________________________________ 66
3.1 Enjeu de la sphre politique ____________________________________________________ 68
3.2 Enjeu de la sphre productive : _________________________________________________ 69
3.3 Enjeu de la sphre sociale______________________________________________________ 70
3.4 Enjeu de la sphre spatiale _____________________________________________________ 70
4 Les fondements dun management public territorial : Le cadre axiologique du management
traditionnel ___________________________________________________________________________ 70
Chapitre 2 : La gouvernance territoriale au carrefour des diffrentes thories ___________________ 75
Section 1 : La thorie de convention comme base thorique de la gouvernance territoriale _______________ 75
1 La convention : un concept clarifier _________________________________________________ 76
1.1 propos de la notion de convention _____________________________________________ 76
1.1.1 Quelques dfinitions : ______________________________________________________ 76
1.1.2 Deux grandes visions de la notion de convention _________________________________ 77
2 Lessentiel de la thorie de convention : ____________________________________________ 81
2.1 Aux origines de la thorie des conventions. ________________________________________ 81
2.2 Les hypothses et postulats de la thorie des conventions. ____________________________ 82
2.3 La thorie des conventions comme base de gouvernance territoriale ____________________ 84
2.3.1 La thorie de conventions comme thorie dune conomie politique pragmatique _______ 86
2.3.2 la recherche de bonnes institutions ? _________________________________________ 86
2.4 Rationalit et thorie de convention _______________________________________________ 87
2.4.1 Repenser la rationalit ______________________________________________________ 87
2.4.2 De la rationalit limite aux comptences de l'homo conventionalis __________________ 88
Section 2 : Thorie des jeux et formes dengagements des acteurs de la gouvernance territoriale __________ 89
1 Construction des modles de jeux ____________________________________________________ 90
1.1 Schma de causalit, Schma de finalit __________________________________________ 90
1.2 Aperus sur les jeux de lutte et de coopration _____________________________________ 91
1.2.1 Gnralits : ______________________________________________________________ 91
1.2.2 Rationalit individuelle et rationalit collective __________________________________ 92
2 Esquisse de quelques modles _______________________________________________________ 93
2.1 Le modle de NASH : ________________________________________________________ 93
2.2 Le modle des problmes de partage de Von NEUMANN et MORGENSTERN : _________ 94
2.3 Le modle intermdiaire de LUCE : _____________________________________________ 95
Section 3 : Lapport des modles de la thorie de dcision au concept de la gouvernance territoriale : Les
modles du processus de prise de dcisions ___________________________________________________ 96
1. Le modle de l'acteur rationnel : le postulat de l'homme conomique et de l'homme stratgique
libre, sr d'eux et visant le meilleur rsultat ________________________________________________ 96
1.1 Les caractristiques essentielles du modle de l'acteur unique rationnel _______________ 96
1.2 Quelques exemples du modle de l'acteur unique rationnel ___________________________ 98
1.2.1 L'acteur conomique _______________________________________________________ 98
1.2.2 L'acteur stratgique ________________________________________________________ 99
1.2.3 Porte et limites du modle de l'acteur unique rationnel _________________________ 101
2 Le modle organisationnel : l'homme au comportement satisfaisant _______________________ 102
2.1 Les caractristiques essentielles du modle organisationnel ________________________ 102
2.1.1 Quelques exemples du modle organisationnel _______________________________ 103
2.1.2 La thorie de la rationalit limite de H.A. SIMON _____________________________ 104
2.1.3 La thorie comportementale de la firme de R.M. CYERT et J. G. MARCH __________ 105
2.2 Porte et limites du modle organisationnel ______________________________________ 107
3 Le modle politique ou le jeu de pouvoir et de ngociation entre acteurs ___________________ 107
3.1 Les caractristiques essentielles du modle politique ______________________________ 108
3.2 Quelques exemples du modle politique ________________________________________ 110
3.2.1 L'incrmentalisme disjoint de C.E. LINDBLOM _______________________________ 110
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Table de matires
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Table de matires
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