L'Année Sociologique
L'Année Sociologique
L'Année Sociologique
J~ /M~
Anne 1
)t BIBUQTHQUE
DH PHtLOSOt'tHM CONTEMPORAtNE
L'ANNEE C
SQCtOLOGtQUE
'~p)L'Bt.t)~SOL'S!.ADHtHCTtO\
MtLE DURKHEIM
~'[ofe<M)Nf de t~ei")''ttkA h t'<tcuh< 'te), tettrtt do )'UaiYet"iit<) <te Bontotmt
AVt!t;MOOLt.ttjO*TtO'<DK!t)f.
6)MM6L, p'ft*M))rMTn)t-etth<<hB<t))<t
BtOHAHC. dMtM<'tt)<ttMt;E. t.EVV.'t"<'<M'<<hTt)haM
aoUOLt. 'Mt'M <t' rmtttMMM t )'Ut.t'<M))< dt MmetjpttBtt
FAUCONWBT,HUeMT~AfX!, MAU66. A. M)t.WAUO,MUFFANQ. PAHOO<
S)M)AM&, )MftMmtt <~(f* <t" r~'t))<'<n)t<
PARIS
AMtBMKB UBBAtRtB GEttMBK BAtLLtt~B ET C"
FEUX ALCAN, DtTEUR
<08, eoeLKVAttf eAtKT'o6<m*)K) <08
t898
L'ANNE
~'BIOLOGIQUE
r
LIBRAIRIE FLIX ALCAN
MM.
De la division du travail social. < volume in-8", t893.
Les Rgles de la mthode sooiologique. i volume in-tS,
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Le Suicide (tude sociologique). i vol. in-8", )89~
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in-t2,t89C.
G. RtCHARD. Le Sooialisme et la science sociale, t vol.
Zfr.60
L'ANNE
SOCIOLOGIQUE
.fUBU~SOUSLA DtKECTtOX C
A
EMtLEOURKHEtM
Pt~fesseur d~tpctoiugie & ta Faeutto de~ tettfcs de t'UniveMtK
deBordcau.
.\Y)!CHCOLHBOMTtOSMi)M.
MCM<mD, dM-tem t.
StMOE)., j'roffMtMft )TBittM)t< de Btriin;
ttttre'! E. ).EWY, <')xtte<t de muM !t )< F)(t)))tt de dm)) de ToMtouK:
BOUO)., mtttre de fonMrcMM t t'L'toMrtiK de Moxtjtt.~tt.r!
FAUCCNMET, HU6EHT, LAPtE, HAUaa. A. Wtt.HAUO, MUfFAttO. PAMO),
8)M)AMO, ))mfMwnf< )tj~<tde )'t'<titcr<)M.
). MMOREa ORtO)MAU)t
K. B<trh)tet)tt. t ~M/ott/MK </e /'<Mt-M~ et
Of'tj/MC~.
t!. SbMM<'L CoMtMt'<t/ /M /'onMf~ MCta/M * ttXttH-
/tMK<'M~.
Il. ANALYSES
Uea tmvat<![ du )"jui)tct t8B6 mu 30 juin t!!9T..Softo-
<09t'e f/<')t~ff<< tf/'j/tCtMc. MMfatf, jMt-Mx~Ke, <-t'tM)i-
i-
Kf//f, <'CaMeK~Mf. MtMMW.
PARtS
ANC!EXX HBRAtUtE GKKMER BAtLHKE ET C''
FLIX ALCAN, DtTEUR
i08, BOUm'ABO SAtST'CBnMA)!<, <08
i898
Tottt dfoih rfMtt<<.
PREFACE
0) Tout < <)ui ))n''r)''dn poon-Mit s'tppthjttcr & tft statistique. Mit~cntK).
mhjuc soit tuomk', t)ui, ei~ fta~N, n'est itMtmctive tju'A cunditiuM d'~tM
Cf)H))))th:Si nns )KH-)<))~ ptus .<)~<-iMiu<Ut;))t t)H i'hi~toim. K'fst ')ttt'. <)tttM
i'etat a'-tuet f)M t-tK~es. <'t)~ eut ))[ i:uU)t't' p)i)K'i))tt)c <)e t'it)VCj)ix<ttion
t!0(-it)h<xi<)Ut' et que. <)'tn)h!UM, elle rsiste plus pai'ttcafitMMent H t'vo)p)ot
de la mthode cmopatttth'e.
La seconde partie de l'ouvrage, et la ptus considrabte, est
consacre aux analyses et aux notices Mbiiographiquea.Mais
comme le domaine de la sociologie est ottcore bien mat dfini,
nous devions, tout d'abord, circonscrire )e cercle des travaux
dont t'/tttnt'f .<!OCM<o~M/)<f entend s'occuper, afin de prvenir
les choix et les exclusions arbitraires. En un sens, tout cp
t~uj est historique est sociotogique.D'un autre ct, tes spcu.
tations de ta philosophiesur ta morate, le droit, ia retigiou,
peuvent n'tre pas sans intrt pour le sociologue. 11 tait
donc ncessaire de nous marquer une double limite.
Du ct de la philosophie, elle tait facile & dterminer.
Toutes testtoctriues qui concernent les mmurs, le droit, les
croyances religieuses, nous concernent pourvu qu'elles
admettent le postult qui est la condition de toute sociologie,
savoir l'existence de lois que la rflexion, mthodiquement
employe, permet de dcouvrir. Par l, nous ne voulons pas
dire qu'il faille nier toute contingence pour tre sociologue
la sociologie, comme les autres sciences positives, n'a pas se
poser ce problme mtaphysique. Elle suppose seulement que
les phnomnes sociaux sont lis suivant des relations intel-
ligibles et accessibles l'investigationscientifique. Par suite,
elle n'a pas tenir compte des systmes qui partent de l'hypo.
thse contraire. Les temps sont passs ou il pouvait tre utile
de les rfuter; si peu avance que soit notre science, elle a
ds A prsent produit assez de rsultats pour n'avoir pas
justifier perptuetiement ses droits l'existence.
Du ct de l'histoire, ta ligne de dmarcation est plus ilt.
tante. Etie ne peut mme tre fixe que provisoirement et
doit, selon toute vraisemblance,se dplacer mesure que la
science ette-mme avancera. Cependant, une rgle tout au
moins peut tre pose..Les seuls faits que nous ayons rete-
nir ici sont ceux qui paraissent susceptibles d'tre, dans un
avenir suffisamment prochain, incorpors dans la science,
c'est'-dire qui peuvent entrer dans des comparaisons. Ce
principe suffit "6Hminer tes travaux o te rote des indivi-
dualits historiques (lgislateurs, hommes d'tat, gnraux,
prophtes, novateurs de tout ordre, etc.) est l'objet principal
ou exclusif de la recherche. Nousen dirons autant des ouvrages"
qui s'occupent uniquement retracer, dans leur ordrechro-
nologique, la suite des vnements particuliers, des manifes-
tatious superficiellesqui constituentl'histoireapparented'un
peuple dtermin (suite des dynasties, guerres, ngociations,
histoires parlementaires). En nu mot, tout ce qui est biogra-
phie -w<f (/M t</<t-<<M, soit ~<'oc<('<f('f!est, actuetiementt
sans utilit pour le sociologue. C'est ainsi, d'aitteurs, que le
biologiste u'accorde pasgrande attentionu t'ttistoire extrieure
des pripties par lesquelles passe, au cours de sou existence.
chaque organisme individuot. Sans doute, nul ne peut dire
que ces diverses parMcutarits soient, jamais, rfractaires
la science mais le temps ou il sera peut-tre possible d'en
tenter une explication, mme partielle, est tellement loign
que c'est perdre sa peine que de s'y attacher. En dfinitive,
ce qu'on appelle un fait scientifique, c'est tout simplement
ua fait mur pour la science. Or, les conditions de cette matu-
rit varient naturellement suivant que la science est plus ou
moins dveloppe. C'est ce qui fait que, un moment donn,
tous les taits u'ont pas ce caractre et c'est pourquoi le
savant est oblig de choisir et d'abstraire ceux qu'il lui parait
utile d'observer.
Ln matire de nos analyses ainsi dlimite, nous devions
nous faire unejnthode de cnttque qui fut eu rapport avec le
but que nous poursuIv6ns."Xousne pouvions nous en tenir
la conception courante qui fait du critique une sorte de juge
qui rend des sentences et classe les talents. La postrit seule
est comptente pour procder ces classilleationsqui, d'ail-
leurs, sont sans utilit pour la science. Xotre rle doit tre
d'extraire )6 rsidu objectif des uvres que nous tudions.
c'est--dire les faits suggestifs, les vues fcondes, qu'ettos
soient intressantes par leur vatour intrinsque ou par les dis-
cussions qu'ellesappellent. Le critique doit se faire le colla-
borateur de son auteur, et son collaborateur reconnaissant;i
car si peu de chose qui reste d'un livre, c'est autant d'acquis
pour la science. Cette part de collaboration est rendue ptus
importante encore et plus ncessaire, en ce qui nous concerne,
par le caractre des ouvrages dont nous avons parler.
Comme beaucoup d'entre eux ne sont pas explicitement socio-
logiques, nous ne pouvions nous contenter d'en inventorier
le contenu, de livrer l'tat brut, pour ainsi dire, les mat-
riaux qu'ils contiennent mais it nous fallait les soumettre,
autant que possible, une premire laboration, qui indiqut
au lecteur quels enseignements s'en dgagent pour le socio-
logue. AUnque ces indications fussent plus sensibles, toutes
les analyses d'ouvrages qui se rapportent une mme ques-
tion ont t groupes ensemble de manire se complter et
A s'eetairer mutuellement. Ces rapprocltements constituent
dj, ptu' eux-mmes, des comparaisons qui peuvent tre
utiles.
Tei est notre programme. Pourt'excuter, ua certain nombre
de travailleurs ont runi leurs efforts aprs s'tre entendus
sur les principes qui viennent d'tre exposes. Et peut-tre
u'estce pus un fait sans importance que cette entente spon-
tane en vue d'une entreprise commune. Jusqu' prsent, ta
sociologie est generatonent reste uvre untinemment per-
sonuelle les doctrines tenaient etroitement t'individuatitc
des savantset u'on pouvait tre detac~tce. Cependant la scieuce,
parce qu'elle est objective, est chose esscntieitement imper.
sonnette et ne peut progresser que grce a un truvait collec-
tit. Pour cette seule raison, et indpendamment des rsultats
utilesqu'elle peut avoir, notre tentative mrite, croyous-Mous,
d'tre accuuittie avec intrt par tous ceux qui ont c'rurde
voir ta sociologie sortir de la phase philosophique et prendre
enfin son rang parmi les sciences
PREMIERE PARTIE
MMOtRES ORIGINAUX
)'arM.M)t.6j)CHK)t)M
(t) AUi.i'i. t)<tn.< < )jui s)th)-)t. t't)ipt<ticn)ns-n')t)sh's )t)t~ !)e t)))tr!ag)!.
de reMuM <'<mjtt);td' prM'juc ftmttne i-ynuMymc!! d'Mmut) sf.m)Ho.
(~ V. !)!.<))) et ttwitt. A'M')<!< a"</ A'm</mo<. n. tiS. Cm')'t<M<<-<t<M<
MacM. Ut,
(3) frM'-r. Op. cil.. )). :M'.<:f. )htW!.on./hM<<-a<tanJtoMaMM. McH)oumc,
)8<t.
Ur, pour le sauvage, une telle menace n'est pas un vain mot
elle quivaut a une condamnation dont les effets sont plus
tufi)i))ib)es que si elle nvoit t prononce par des juges
humains. Car, d'aprs les ides primitives, les puissances
redoutables qui peuplent !e monde ragissent contre tout ce
qui les onenso avec une ncessite automatique, tout comme
font les forces physiques. Un acte qui les lse ne peut donc
rester impuni. La conviction que le chtiment ne peut tre
vite est mme tellement abso)ue,.quo trs souvent l'ide
seule do ta faute commise sufut & dterminerchez le coupable
de vritables dsordres organiques et mme la mort. Ainsi,
les crimes dont lu socit ne poursuit pas directonent la
rpression ne sont pas toujours les p)us veuieis. !i en est, au
contraire, qu'elle abandonne icurs consquencesnaturellos
parce qu'ils sont d'une exceptionnelle gravit et que, pour
cette raison, l'expiation doit se produire d'eUe-nx'tne ot
comme mcaniquement'. Les vioiations de la ici d'exogamie
sont dans ce cas; il.est peu de crimes q~i passent alors pour
plus abominables.
Dans ce qui prcde, n<'ns avons
dcrit l'exogamie
sous
sa forme la plus simple: mais eito prsente des modalits
plus complexes. La prohibition s'tend souvent, non pas seu-
lement a un clan, mais plusieurs. Ainsi, dans l'Amrique
du Nord, la tribu des-Ttinkits comprend dix ctans qui se
rpartissent eu deux groupes trs nettement distincts, de la
manire suivante 1
pnK)))Ktt'!))"t.'M ttKL'Xt&MH'.Mn'K
Ctandt'rOtu' (:t<)))d'')it(.t-<'nom)tt'.
<)t')'Ait:h'. dt'i'Uic.
du))<m)'))in.
)tuH''t)ni)).
dt)t.it)nn)M)'i)).
<h)t)ibuu.
d<'rA)gm'. dt)S!H)m"n.
Or, les membres du premier groupe ne peuvent prendre
femme que duns le second et rciproquement. Les unions sont
interdites, non seulement l'intrieur de chaque clan, mais
mme entre clans d'un mme groupe. On retrouve la mme
organisation chez les Choctas et elle tait autreh'is en vigueur
"iKuhhi-K))).))~!).
':).A.))!CO.\f).UMK!! CUi-SKS
2''I')n'att'ie..1,
Lh.nu. ~jj, HottmM.
tKmnhuXuta.
t'rtttnx".
j,
)K'))))))'))<ata.
J~MaHd.~t..j,~j
(K..p<.t).i..)
c
Le Serpent non..
(KumboHntt.
t:t.XS
MntmHotM.
<!<ttmHo)M.
)'K t.\ )'))KATH)K UHJ" '< "H 'M"'t: nn'ATHtS
f" Mnt'ri Mata. 1 K)))')b"
hn tt'tt:).
2''
p" Knt'ota.
Kuh))i
Kts1lot~t.
KUIII)I tt'pai
J\ 11111 ))')'!)t!t.
1 jetilitgt.
(Hnfmtttdc'i))itta.)'-ht"j,u.f tKt!htt~<)!d.-t;.)"t!)
Mut-ri MaUt. Kumbu fut!).
()':Mfmt)MKu)mt<t<)<'ht~')~t).) ~)fM<t<)))1"h2'f-)L)
4" Kuhhi Kut"'tu.! !)')'ai )~)'.))u.
(t.f<t))t'"tM~t'dch3-~n.) 'H..fM))Mhu)tt-)<-)a)'e<'n.;
)))U'ti<'M))U'it'\ ~'<~t ~)ttt' )~'< p''ti).<))f)m~. t't)X !))).). u)tt Uttt' ctMt!(! (ti~.
tio':t~. Yuif-i, pNt- 'tt!.M)uct)t, nxotttt'ut )<< f{'utiuns st'itUct-Mfnt
''M)ttf:MPHMTMtt: Mt)][<f;Mt!)')t)tAT));)!
UM)))<X'<. t'MtMftt-f. ttotttOtM. t'Ct))t)t)'<.
)"){'~t')'fttim). J~M~M .~MHt-. KatJ) AH<Ht.
S*
t'tt~'mi X)t)tf<tj<')i. ()))<t)u Xarih.
~:Mha~dMXN)ittmMa.) (fMfmhdm (Mmji.)
A)j)t~)ni'rtt)ttj)!tjt);)i.t)')ttj<trd' X)i)M'Kf!aH)i
Kt)rittt)t.)MXMmj..ti.) (KnfMttitdMXtnh.)
<*
A)m!))))))!aX)t))~n')nf<u.
(f.ufot)!: des Tom)mjm)i)
TuMx)i K))nx'')i.
(H))f<))t<d<tN()0t~erdi.)
S' ~<<tma<'a .M~mM<-. A'at~'t ~at(U<.
(KttfOt)h .)M X~MMOtt~.) (E))6M))t (t<t Xn~i.)
Ht )tt~t-it't.Mttt)-n'it
nomt-at) )V. nttwiH,~<-<AM-;Yo/M<)M</te/<M<.
/)~)'aM c/CNrM in ~NMt'ttf~0~ Mf J<)/A<tpo~<ca< //)~<~<<, itMS,
)). M.4!i.
L<'t-a.'iitd'!H))<'M)'<'t'mt<'U![;f)'twittt'Kt'MpMrti<')r):cu))!ttt'utt.)')))f<ju'i)
l'u ttirfcteMMnt obi-cn't;.
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Ah'
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AP~- APXh'.
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.\h' Af'i- ArH)/
Ainsi, chaque gnration se trouve place dans des condi-
tions tiifrentes de celle qui la suit immdiatement. Si la
premire est teve sur le territoire du clan dont elle porte le
nom, lu suivante vit en dehors, e'est-a-dire dans l'autre clan;
mais lu troisitne se retrouve nouveau chez elle. Puisque
donc les gnrations d'un mme clan passent leur existence
dans des milieux sociauxaussi ditrents, it est naturel qu'on
ait pris i habitude de distinguer entre elles et de les appeler
de noms galement dinerents; c'est pourquoi un mot spcial
fut attribu celles qui naissent etqui restentsur le sol fami-
lial, un autre celles qui, tout en continuant porter les
insignes distinctifs du clan et tout en restant les fidles du
mme culte totemique. ne rsident pourtant pas au lieu o se
trouve le foyer mme de ce culte. Et puisqu'elles sont tour
tour <w/o~'.<, si l'on peut ainsi parler, et tour tour <r<
~Kcs, le mme roulement doit se retrouver dans les denomi*
nations qui leur sont appliques. Autrement dit, chaque g-
nratiou formera une classe M~MWM qui se distinguera par
son nom de celle qui suit; mais cellequi viendra en troisime
lieu aura le mme nom que la premire, la quatrime le
mme que la seconde et ainsi de suite. Voil d'o vient cette
atterntfuce priodique entre les classes, qui parait au pre-
mier abord si surprenante
Les causes qui expliquent la division de chaque clan en
classes alternes vont rendre galement compte des probibi.
tions matrimoniales qui sont attaches cette organisation.
En vertu de la loi d'exogamie, il est interdit aux membres
d'un mme clan de s'unir entre eux. Mais, des deux sries de
gnrations ou de classes dont la suite constitue le clan B par
exemple, il en est une qui vit dans le clan A, ainsi que nous
avons vu. Sans doute, elle n'en a pas le totem et, en un sens,
elle eu reste distincte. Nanmoins, par cela seul qu'elle y a
t) t'M tt nouf: <)'' voutuM.'t jMts ttiro <)m' h' tutt'ot nt'uit<jtt'an <))<!), un
")!<;)() vet-tw) il ft-t h- syttttx)))' (te tuut un <'M!-<')uh)t' do t<m))Uo)ts. de
'').)yancf! de pntti')))).'s f-tinit'miM et uutrus. A!tn.< tjtumd tf!! (ti)f)''funte)!
j'.trtitM <)'mt )<)t')MM chu) n't vivt'nt )))M m)!!t'tM))tc d'nnt' )nt)tM vh*. In toten)
<)'!( ptus tML )t)j{nti)('!ttiott (trt'toifn'. qu'Mtju'i) ctUtH-rte
cocon! (n'!i ton~.
t")upif son pMittige pur t'<a"t 'k' )')Mbitude.
seutedesct~ses de t'nutre, c'est u savoir avec celle qui est
place dans des conditions correspondantes cette do A qui
est nue en A avec celle de Ii qui est ne en H. celle do A qui
est Hfe en H avec celle de 13 qui est ne en A. Et comme, cet
gard. deux gnrations successives ne peuvent jamais 6tre
dans la n~me situation, il en rsulta qu'une tctnmo ne peut
jamais prendre mari ni un homme prendre femme dans la
g6n6ration ou ciasse ()ui suit ta ieur.
L'exogatnie des classes n'ciit donc que t'cxognmie dn ctan
qui s'est propage partiutletnent d'uu ctan primaire il l'outre,
et rciproquement; et '-ette propagation a pour cause, en
dfinitive. t'inconsistancc particutire lit constitution du
ctan. C'est en pfet un groupe amorphe, une masse flottante.
sans individualit trs dfinie, dont les contours surtout ne
sont pas materiettement marques sur le sot. On lie peut pas
dire a quel point pt'fcis de l'espace il commeoce, ta quet autre
il finit. Tous ceux qui ont le mme totem en font partie, on
qu'ils se trouvent. X'ayant pas de base territoriale, it lie saurait
rsister aux causes qui tendent le dissocier en groupes ter-
ritoriaiement distincts. Or. t'usage qui v~ut que la femme
aille vivre uvec son mari, joint au principe de la filiation ut-
rine, rend ncessaire cette dissociation. Chaque ctan, sous
l'action de ces deux causes reunies, laisse s'tablir Hors de!ui
une partie des gnrations qui lui reviennent de droitet reoit
dans sou sein des ~nerotions qui lui sont etmngres. Par
suite, ils se mutent les uns aux autres, se pntrent, chan-
gent leur population, et des combinaisons nouvelles prennent
ainsi naissance auxquelles ta toi d'exogamio s'tend, mais
sous des formes galement nouvelles. On comprend du reste
qu'il en rsulte un afaibtissementdu groupe proprement
totentiqne. Car les portions dedans divers qui sont ainsi reu-
nies en un tneme lieu vivent d'une mme vie' et forment par
consquent une socit d'un genre nouveau, indpendantedu
totem. A mesure qu'elles se dveloppent, cites rejettent donc
au second ptan la vieitte,organisationdu clan, qui peu peu
tend disparatre.
Cette explication, it est vrai. s'applique uniquement au cas
lmentaire o la tribu ne comprend encore que deux clans
primaires. Mais, une tois que chacun d'eux s'est subdivis a
son tour en clans secondaires, ceux-ci hritent de la division
en classes qui s'tait tablie dans le groupe initial. Elles s'y
organisent sur les mmes bases qu'elles avaient dans les deux
dans primitifs, puisqu'elles ne sont sous cette forme que le
prolongement de ce qu'e))es taient tout d'abord. C'est ainsi
que se produisent les systmes un peu plus compliques que
nous avous dcrits en premier Ueu (voir p. ) ))
Outre que cette thorie permet d'expliquer, jusque dans ses
dtails, t'organisation des dusses australiennes. elle se trouva
confirme par plusieurs autres fait:!
K))a imptiquc que cette organisation est en partie dter-
mine parte principe do la ntiation ut6rine. Si donc nous ne
nous sommes pas tromp, on doit voir les classes s'etaceri
ou lu filiation se fait, au contraire, en ligue masculine. Dans
ce eus en enet, d'upt'es notre hypothse, elles n'out plus d&
raison d'tre car, comme los onhtuts portent alors le totem,
de leur pre, et Mon plus celui de leur mre, ils naissent et
sont eieves dans le ciun mme dont ils portent )e nom. Chaqn&
gnration se trouve donc place dans les tnemes conditions
que son ainee et que la suivante eiies sont toutes endognes.
Toute matire manque ainsi pour distinguer entre elles. La
dualit du groupe totmique et du groupe territorial a disparu,
soit que les deux ne fassent plus qu'un, soit que le premier
ait cess d'exister. Or c'tait cette dualit qui produisait les
combinaisons alternesauxquelles correspond le systme des
classes. Celui-ci, par consquent, ne peut plus subsister que
comme une survivance sans utilit et destine, par suite,
dcliner progressivement.
Les faits sont conformes la dduction. Howitt lui-mme a
remarque" que partout o le clan se recrute c~ <M<MM/; ft
<Ma<!Ct(<(M, la classe n'existe pas c'est le cas citez les Nar-
riuyeri, les Kurnai, tes Chipara. Curr remarque galement
()) t:tm'<w. 0~). cil.. M. Cf. Curr. (~. ct< )t. iitt '.un-.
(2) H<"n ''t )~witt. 0~.
t'MWAe)' A'o/M. j). :<! et :mh'.
< p. t!'t, ~Mt <-) .<uh- i)9. Xt:i. nowiU.
(i)!<ua<t prenons ('es t'~jxt'~ioMit tto fH<. fith' frt'rct:. <'tf.. iittns en p)v-
<'i~'r)<'M't)Sj()s<jU<'n<'f<)ttN'vya!<<'Mt'Ur,(~<n)t<)"tK')t'YW!tt)U'
)tHh'u~h'e))''x)''<)tnt)tit)f!tH))n'uttt)Uj<)HM!!)'ttt'M)<H)<)t')'!iit-t'c!!))r<'s-
Muw<)<Mcn('ttt~indh1')usd~tt'n))in'<.)i'<tttt.'Mnt)ttm't'tt'uj<'tt)))i)e!i
t
ttoxHnM Niost dc< n'txtxtt))' ')'* ''onsanKuinit'~ i))''))ti<)U)'s <'cMt'~ <)u<! )K'U)!
ap)M')o)~ <)<< to~mc~ nutu~. ou )<ifn si t'ttci. repundoMt & 'tes ){''uuj)cs d'in-
dh'i<)usc<)tn)m'tmMtfhafUt)))res')Met<)utt'unM)<LM'L<tn't'it<
ftHit u[)sert'atuat't! tmu~ M'niicigncnt trop mtt:)nent sur c<; putut. qui aurait
une itoportanee essentielle.
relations Incestueuses des autres, on ne sait plus o ottes
cessent. C'est ce qui parait s'tre produit chez les Kurnai.
Xutie part la fusion des ctans n'a d tre plus complte,
puisque ie totmisme a disparu. La socit est faite de groupes
dont tous les membres se regardent comme parents, mais qui
n'ont plus d'insigne cofnmuu. Or, nulle part aussi les cas de
prohibition ne sont aussi muitiptis. Ainsi, un Kurnai ne peut
pas pouser une femme qui appartient it un groupe o cer-
tains de ses proches sont dj alls prendre -femmes. 11 eM
rsulte qu'il lui faut trs souvent chercher trs loiu une
femme a taquette il puisse lgitimement s'unir'.
l,
L'exognmie est donc bien ta forme ta plus primitive qu'ait
revtue te systme des pruhiMtiousmatrimoniaiespour cause
d~uce&ie. Toutes les iuterdtetions qu'on observe dans les
socits infrieuresen sont drives. Dans son tat tout fait
6)ementaire, elle ne dupasse pai; le eian utrin. De l elle
s'tend, partieitemeat d'abord et totalement ensuite, au ctan
paternel; quelquefois, elle va plus loin encore. Mais, sous
ses modalits diverses, elle est toujours la mme rgle appli-
que des circonstances diffrentes.
. On conoit ds lors quel intrt H y aurait savoir quelles
causes Font dtermine. Car il n'est pas possible qu'elle n'ait
pas anecte t'votution ultrieure des murs conjugales.
m
Un grand nombre de thories ont t proposes pour
rpondre la question. Ettes se rangent assez naturellement
en deux classes. Les unes expliquent l'exogamie par certaines
particularits spciales aux socits infrieures les autres,
par quelque caractre constitutif de ia nature humaine en
gnrt.
Lubbock, Spencer et Mac Lennan ont attach leurs noms
aux premires. Quoique leurs explications diffrent toutes
dans le dtail, elles reposent sur le mme principe. Pour les
uns et pour les autres, l'exogamie consiste essentiellement
)) Cunuw. < tt~ )'. M. Vuin MtM' itatru prouv).' ')m' t'm')n)!tHiti<M)
t'aotitinh' dM Kurotti x'n ricM de' jtt'itoitif. Bt~'n toin )(u<' Dtot'ft'uf du t'tn-
<:<te suit <'))m fux tt !<(m tMitmuuto. elle n'Mt ttuttu part aus:)! dctotupp<o.
On peut un~tuu dirt: ~u'<;)h! y ttttMiot un tMvvtuppetUfnt Monnat.
dans un acte do violence, dans un rapt qui, d'abord spora-
diquo, se serait peu a peu gnratis et serait, par ceta mme,
devenu obligatoire. Les hommes auraient t amens par dif-
frentes raisons aller prendre leurs femmes dans des tribus
trangres ptutot que dans la leur, et, avec le temps, cette
habitude se serait consolide en rgie imprativo. t'arattte.
ment, elle aurait aussi chang do nature. Tandis que primi-
tivement elle supposait un coup de force, une vritable t'itMia,
elle serait devenue peu il peu pacifique et contractuelle; et
voUa pourquoi c'est sous cette forme qu'on l'observe le plus
gnratement aujourd'hui.
Sur la nature des 'causes qui auraient donn naissance il
cet usage, ces auteurs se sparent. four Mac Lennan', c'est ta
pratique de l'infanticide qui t'aurait rendu ncessaire. Le
sauvage, dit-il, tue souvent ses enfants, et ce sont les filles qui
sont sacrifies de prfrence. !) eu rsulte que tes femmes sont
en nombre insuffisant dans ta tribu il faut douc prendre au
dehors de quoicombler ces vides. Pour Lubbock, c'esl le besoin
do substituer des mariages individuelsaux mariages coiiectifs,
seuls tolrs l'origine, qui aurait jou le rle dcisif. Par-
tisan des thories de Morgan et do Hachofen. il admet en
euet que, dans le principe, tous les hommes do ta tribu pos-
sdaient collectivement toutes les femmes, sans que nul put
en approprier une pour son usage exclusif car une telle
appropriationet t un attentat contre les droits de la corn"
muuaute. Mais il eu tait autrement des femmes qui faisaient
partie des socits trangres sur elles, ta tribu u'avait
aucun droit. Ceiui donc qui avait russi en capturer une
pouvait la monopoliser, s'ii te desirait. Or ce dsir ne pouvait
manquer de s'veittor dans te cur de l'homme, parcequetes
avantages de ces sortes d'unions sont vidents. Ainsi se serait
form un prjug dfavorable aux mariages endogames~.
Enfin, pour Spencer, c'est le got des socits primitives
pour la guerre et le pillage qui aurait t la cause dtermi-
nante du phnomne. L'enlvement des femmes est une
manire de dpouiller le vaincu. La femme capture fait
partie du butin elle est donc un trophe glorieux et, par
suite, recherch. C'est une preuve des succs que t'en a rem-
ports dans la bataille. La possession d'une femme conquise
!V
tt)Kuripid<H(/<'Mt)<t~Ke,Y.t7S..
(!) PoWtro <'o)np)<'t. )Ment)t)))ons un'' hypothse de W''s(t'nnan'k (On-.
</iMt~MM<!r)<!)/<p.307):)'))on'u)'<)t')'in<teM'r<tittn!!UM('tivcctc<'t
instinct serait ut< fft't't de la cohtthittition. Cc))c-i fiu~'t'Uut'raiL te d)!))'
sono). L'i'teo <tv<nt etc dj <'))! par Morit: \Vtf{nct' (in A~<MHH<Mt,t8M,
)). SO). Mat< c)t<* ne Mmnut )!'ap)))i<)Ut't' t'<'xonmui< pux'jttc les pnrtBUf!'
')'nn n)'~n)o tnimn ne cohtthitent pt)!i ''niSt'tnhh' <'t vivt'nt nx~ttu' pertoit!dans
')<< distnets torritorianx ttiMtients. Nous vcn'<)t)s p))~ ))M <)uc feUf e)t))U-
catiun ne vaut pas dtvanta);c pour tes formes plus ~centei: de rinceittc.
(3) Lo mot est entpnttttc t la langue potynthiicnne mais la chose est
anh'o'Mttc.
croyances primitives, les proprits d'un tre se propaget
contagieusemont, surtout quand elles sont d'une certaine
intensit. Si dconcertanteque puisse nous parattre cotte con-
ceptiou, le sauvage admet sans peine que ia nature des choses
est capable de se diffuser et do se rpandre l'infini par voie
de coutage. Nous mettons quelque chose de nous-mmes par-
tout o nous passons; l'endroit o nous avons pos le pied,
o nous avons mis la main, garde comme une partie de notre
substance, qui se disperse ainsi sans pourtant s'appauvrir. JI
en est du divin comme du reste. I1 se rpand dans tout ce qui
J'approche; il est mme dou d'une contagiosit suprieure a
celle des proprits purement humaines, parce qu'il a une
bien plus grande puissance d'action. Seulement, it faut des
vases d'lection pour contenir de telles nergies. Si elles
viennent passer dans un objet que ia mdiocrit de sa
nature no prparait pas un tel rle, elles y exerceront
de vritables ravages. Le contenant, trop (aible, sera dtruit
p. son contenu. C'est pourquoi quiconque du commun a
).,n. t. !'o tre taboue, c'est--dire o habite quoique pareeiie
<t( dignit. se condamne de tui-mme la mort ou des
maux divers que lui infligera tOtou tard le dieu sous l'empire
duquel il est tomb. De ia vient la dfense d'y toucher, d.
fense sanctionne par des peines qui tantt sont censes s'ap-
ptiquerd'ettes-memesau coupable par une sorte de mcanisme
automatique, de raction spontane du dieu. tantt lui sont
appliques par la socit, si elle juge utile d'intervenir pour
devancer et rgutariser le cours uaturel des choses.
On aperoit le rapport qu'il y a entre ces interdictions
et l'exogamie. Celle-ci consiste galement dans la prohibition
d'UH contact ce qu'elle dfend, c'est le rapprochementsexuel
entre hommes et femmes d'un mme ctan. Les deux sexes
doivent mettre s'viter le mme soin que le profane a fuir. le
sacr, et le sacr le protane; et toute infraction t{trg)e
soulve un sentiment d'horreur qui ne diffre pas en nature
de celui qui s'attache toute violation d'un tabou. Comme
quand il s'agit de tabous avrs, la sanction de cette dfense
est une peine qui tantt est due a une intervention formelle
de la socit, mais tantt aussi tombed'ette-mme sur la tte
du coupable, par t'efet naturel des forces en jeu. Ce dernier
fait surtout suffirait dmontrer la nature religieuse des sen-
timents qui sont la base de l'exogamie. Elle doit donc trs
vraisemblablement dpendre de quelque caractre religieux
dont est empreint t'un des sexes, et qui. terendant redoutable
l'autre, (ait te vide entre eux. Noua attans voir que, eiecti-
vement, les femmes sont alors investies par J'opiniond'un
pouvoir isolant en quoique sorte, qui tient distance ta
population masculine, non seulement pour ce qui concerne
les relations sexuettes, mais dans tous les dtails de l'exis-
tence journalire.
C'est surtout quand apparaissent les premiers signes de ia
pubert que se manifeste cette trange innuenco. C'est dans
ces socits une rgle gnrale que, & ce moment, la jeune
fitte doit tre mise dans l'impossibilit de communiquer avec
les autres membres du clan et mme avec les choses qui peu-
vent servir ces derniers. On l'isole aussi hermtiquement
que possible. Ktte ne doit pas toucher le sot que foulent les
autres hommes et les rayons du soleil ne doivent pas parve-
nir jusqu' elle, parce que, par leur intermdiaire, elle pour-
rait entrer en contact avec le reste du monde. Cette pratique
barbare se retrouve dans les continents les plus divers, en
Asie, en Afrique, en Oeeanie, sous des formes peine dine-
rentcs. Citez les ngres du Loaugo, les jeunes filles, la pr.
mire manifestation de la pubert, taient confines dans
des cabanes spares, et il leur tait dfendu de toucher le sol
avec uue partie dcouverte de teur corps. Chex les Zoulous et
les tribus du sud de l'Afrique, si les signes apparaissent
pour la premire fois au moment o la jeune ntte est aux
champs ou dans la fort, elle court la rivire, 'se cache
dans les roseaux de faon n'tre vue par aucun homme,
et se couvre soigneusement la tte avec un voile, afin que
le soleil ne la touche pas. La nuit venue, elle retourne
la maison et oito est enferme dans une cabane pour quelque
temps. A la Nouvette-Ztande, il y a un btiment spcial
rserv pour cet oMce. A t'entre, est suspendue une botte
d'herbes sches; c'est le signe que l'accs d'un lieu est strie.
tement tabou. A trois pieds du sol, se trouve uue ptate-forme
de bambous; c'est l-dessus que vivent ces jeunes filles qui
se trouvent ainsi sans communicationdirecte avec la terre.
Ces prisons sont si troitement closes que la lumire n'y
pntre pas. C'est a peine s'it y arrive un peu d'air respirante.
On retrouve xactement la mme organisation chez les Ot
Uanoms de Borno. Leurs parents ne peuvent mme pas par-
ter ces malheureuses recluses une vieille esclave est pr-
pose Jeur service. Ce confinement dure quelquefois sept,
<ms aussi leur croissance est-elle arrte pnr ce manque pro-
long d'exercice, et leur sant reste cbrantee. Mme usage,
avec des variantes insignifiantes, a la Xouvette-Cuinee,
Ceram, chez les Indieusde l'lie de Yaneouver, chex les Tjinttits.
tes Hadas, les Chippcouais, etc., etc.
Chex les Macusis de la Guyane anglaise, la jeune fille est
hisse dans un ttamac au point le plus eteve de la maison.
Pendant les premiers jours, elle ne peut en descendre que la
nuit etelle observe un jeune rigoureux. Quand les symptmes
commencent disparatre, elle se retire dans un comparti-
ment de ta maison, construit spcialement pour otto dans le
coin le plus obscur. Le matin, elle peut faire cuire sa nourri-
ture, mais sur un feu et avec des instruments qui ne servent
qu' elle. C'est seulement au bout de dix jours qu'elle
recouvre sa libert, et alors toute la vaisselle qu'elle a em-
ploye est brise et les morceaux en sont soigneusement
enterres. L'emploi du hamnc. en pareil cas, est trs frquent
cette suspension entre ciel et terre est en ellet un moyeu
commode d'obtenir un isolement hermtique, it est galement
:jsit< h.
les Indiens du Rio de la Ptata. dans certaines trl-
wottvie,
f'tts'! du Brsil. Otex les premiers, on va mme
jusqu' ensevelir la jeune ntto comme si elle tait morte on
ne lui laisse que la bouche de libre
Cette pratique a cte tellement rpandue et cite est si persis
tante qu'on en trouve des traces trs apparentes dans le t'oth.
lore d'uu trs grand nombre de socits. Fraxer* a a recueilli
plusieurs lgendes populaires de lu Sibrie, de la Grce, du
Tyrol, qui toutes s'inspirent de la mme ide. Oa y prte au
soleil un got particulier pour de jeunes mortettes que leurs
parents tiennent reufermes pour les soustraire ses atteintes.
L'antique histoire de Danac n'est peut-tre que l'un do ces
ressouvenirs. On s'explique en eftet qu'au bout d'un certain
temps on ait donn ce sens aux prcautions traditionnelles
qui taient prises pour isoler les jeunes NUes des rayons
solaires.~
Mais ce n'est pas seulement au moment de la pubert que
)Y. [Mtur ).' th'hti) <h's foits. Fmxt'r. ~MfM No~/t. tt. ).. MM38:
Kohtfr.M' ~ec/t/e < f~ot-Mw A'<Mf/ ~tNprMfM ht M~c/f. y. Mt-~Mc/f.
HMA<ttet.M<.i)t-/t/'<,XH, <))!)?; Muss. t U'f.ttM t~Vo<f- M</ )-'e<<'
AMK~. t. ni3.t6<).
<2) Pmxcf. Op. c)< tt. !?.
13) ?/ tt. 236.
les femmes exercent cette espce d'action rpulsive qui rejette
loin d'elles l'autre sexe. Le mme phnomne se reproduit,
quoique avec une moindre intensit, u chaque retour mensuel
des mmes manifestations. Partout, te commerce sexuel est
alors svrement interdit. Citez les Maoris, si un homme
touche une femme dans cette situation, it devient tabou, et le
tabou est encore renforc s'ii a eu des rapports avec elle ou
s'il a mang des aliments cuits par elle. Un Australien, trou-
vant que sa femme, en priode de menstrues, a couch sur sa
couverture, la tue et meurt tui.memo de terreur femme La
est oblige do vivre part. Elle ne peut partager le repas de
personne et personne ne peut manger des aliments qu'elle a
touches'. Les hommes ne doivent mme pus mettre le pied
sur tes traces que les femmes ont pu laisser sur le chemin, et,
inversement, ettes doivent fuir les endroits frquentes par les
hommes. Pour prvenir un contact accidentel, elles doivent
porter ua signe visible qui avertisse de leur tat". Pour
atteindre plus srement ce rsultat, elles sont contraintesa
une rclusion do plusieurs jours. Parfois, elles sont tenues
d'habiter en dehors du village, dans des cabanes spares,
au risque d'tre surprises par tes ennemis i.
D'aprs le Zend-
avesta, elles doivent se tenir dans un lieu spar et foin de
tout ce qui est eau et feu. afin que la vertu redoute qui est
en elles ne se communique rien de ce qui sert t'atitnenta-
tion. Chez tes THnkits, pour s'isoler du soleil, elles sont obli-
ges de se noircir la figure". L'usage s'est maintenu dans la
lgislation mosaque. Pendant sept jours, ]a Juive ne devait
avoir de contact avec personne, et aucun des objets qu'elle
avait touchs no pouvait tre touch par d'autres Quant aux
rapports sexuels, ils taient svrement interdits; la peine
tait celle du retranchement*. De l tant de prjugs qui
rgnent encore dans nos campagnes sur la dangereuse
influence que la femme exerce alors autour d'elle.
V. dus f<tit< tn'ii nutubfcux dans )'toss, Op. c<< If, t56 et suiv.
(: Crawtt'y, p. Mt.
t~ L);vitit)tM', XM, 1 et suiv.
(~ Cmwtey, M8.
exemple, les garons doivent ne manger que des animaux
mtes, les filles que des (mettes'. Les occupations sont
rigoureusement distinctes; tout ce qui est fonction de lu
femme est interdit l'homme, et rciproquement.Ainsi, dans
certaines tribus du Nicaragua, tout ce qui concerne le marche
est affaire de femmes; uus~i un homme ne peut-il pntrer
dans un mareh6 sans risquer d'tre battu'. Inversement, la
femme ne peut toucher uux vaches, aux canots, etc. H y a
galement deux vies religieuses, parattetesen quelque sorte.
Citez tes Ateoutiens, il y a une danse nocturne clbre p!)r tes
femmes, d'o les hommes sont exclus, et rciproquement.Aux
lies ttervey, les sexes ne se meteut jamais dans tes danses'.
Ce qui dmontre mieux encore cette dualit de ta vie reli-
gieuse, c'est cette duatite des totems dont ))ous avons eu dj
l'occasion de mentionner l'existence. Car le totem, en mme
temps qu'il est t'ancetre, est aussi le dieu protecteur du
groupe. C'est le centre du cutte primitif; dire que chaque
sexe a son totem spcial, c'est donc dire que chacun a son
culte. A d'autres gards encore, ce mme fait dmontre com-
bien est alors profonde la sparation des deux sexes. On sait
on ettot que le clan s'identifie avec son totem; chaque indi-
vidu se croit fait de la mme substance que t'tre totmique
qu'il vnre. L donc o il existe des totems sexuels, les sexes
se considrent comme faits de deux substances difft'entes et
comme issus de deux origines distinctes. C'est mme une tra-
dition assez gneraio que les deux totems en prsence sont
rivaux et mme ennemis. Cette hostilit ne symbotise-t-ctte
pas l'espce d'antagonisme qui existe entre les deux parties
de ta population ??
Ce n'est pas seulement dans les occasions solennelles
qu'hommes et femmes sont tenus de s'viter; il arrive que,
ft) Il faut c'n cfft't M' t<!U'')''t' <)<onf"n'h'<' reipf'L'f tminmtt- nu \'cgu(<t)'
)ttaquctte est ccuiiv <ip))'t)-tctUt' i'Mr<' t<tui')Mv. et cft <tr)' )ai-)tt(-)n< C"
demK't', c'e~t t'Mct'tre. t'tfrc tuythi'ju' t)'")'t !!f)t)t sorf~ H );; fois et les
tnftxhres <)u elnn ('t/tc~ )U)it)'Mt mu )t'~ phoUM '))' t'Mpf't'c tott')nii)t!<
C't.'titdoncun in'tivittu. mais~ui cottticnt uH lui, en pui~sanc' fcHf ciiptee.
et M) outt'e tout to lan.
(i) SidtM'y Hat-Uan't. Me tf~H~ of FeMOM. tt, ft). xx et xm. Cf.
Smith, ~t'MAtpaK<M<!n'MjirCM Jt'W~atx!, p. tUt.
ceptions, si tranges qu'elles nous paraissent, ne sont pas
d'ailleurs sans fondement objectif; car elles ne font qu'ex-
primer, sous une tonne materieUo, t'unit collective qui est
n'existe
propre au c!nn. Masse homo~ne et compacte o il
vit
pas, pour ainsi dire, de parties dittrenciees, o chacun
commf tous, ressemble tous, un tel groupe se reprsente il
lui-mme cette tuibte individuatiop. dont !t a contusment
conscience, en imaginant que ses membres sont des incarna-
tions peine ditMrentes d'un seul et mme principe, des
aspects divers d'une mme ralit, une mme me en plusieurs
corps.
Une pratique, eu particulier, dmontre avec vidence 4'hn-
portnnce qui est alors attribue a cette cansubstantiaht. et,
com-
en mme temps, eHe.va nous {aire voir ce qu'est cette
mune substance. L'unie physiologique du clan est, nous
l'avons dit, loin d'tre absolue c'est une socit o t'pn peut
entrer autrement que par droit de naissance. Or, la formante
te clan
par laquelle un tranger est adopt et naturalis dans
consiste introduire dans ies veines du nophyte quelques
gouttes du sang (atni'.iai c'est ce qu'on appette, depuis les
san~ante'. l,
travaux de Smith, to~oo~ffWtHf, t'atHaneo
C'est donc que !'on ne peut appartenir auc)an
si~'on n'est fait
d'une cet-taiue matire, la mme pour tous d'un autre ct,
puisque la communaut du sans sunit fonder cette identit
de nature, c'est donc que le sang contient minemment te prin-
cipe commun qui est fume du groupe et de chacun de ses
membres. Rien d'uitkars n'est plus logique que cette con-
ception. Car les {onctions capitales que le sang remplit dans
Forganisme le designaien.t pour un tel rle. La vie finit quand
il s'coule; c'est donc qu'il en est le vhicule. Comme dit la
Bible, le sang, c'est la vie, c'est t'ame de la chair
Par
suite, c'est aussi par son intermdiaire quta vie de l'anctre
s'est propage et disperse it travers ses descondarntsy.
AinsiJ~M4et<H~ue..(iSt.imnMuentjtttc;an; il est incarn
d.nR <.hnq.M ~djivtdujBtc'est dans le sanx qu'it rside. H est
lui-mme le sang. Mais, en'mme temps qu'un anctre ~est
un dieu protecteur n du groupe. il est l'objet
d'un vritable
culte il est le centre de la religion propre au clan. C'est de
lui que dpendent les destines tant des particuliersque de la
() Voit- sur le <'o)te tntOttfquf t'- fivrc <)<! Fraia't-. yo~m~m. tM)i<u'
hou));, ttMtf.
ro<<'MM<M, H et t7.
mme clan. Le totem, en cttet, n'est sacr que pour ses fidles;
ceux-ta seuls sout tenus de le respecter qui croient en des-
cendre et portent ses insignes. Mais un totem tranger n'a
rien do divin. Un homme qui appartient au clan du Livre
doit s'abstenir de manger de lu viande de livre et se tenir &
distance de tout ce qui rappelle mme la forme extrieure de
cet animt mais il u'a aucune obligation vis--vis des ani-
maux qui sont adors par tes ctans voisins. Il ne reconnat
pas leur divinit, parceia seul qu'il n'y voit pasdesanctres.
U n'a rien en craindre, de mme qu'ii n'a rien en attendre.
JI est hors (te leur sphre d'action. Si donc l'exogamie lient,
comme uous avons essay de le prouver, aux croyances qui
sont la hase du totmisme, il est naturel qu'elle aussi se soit
renferme dans l'intrieur du clan.
Sans doute, avec le temps, surtout quand les raisons pre-
mires de ces prohibitions cesseront d'tre senties par les
consciences, le sentitn"nt qu inspiraient spcialement les
femmes du ctau se gnralisa en partie et s'tendit, dans une
certaine mesure, jusqu'aux trangres. Les manifestations
menstruelles des unes et des autres sont trop sensiblement
les mmes pour que les unes apparaissent comme indiffrentes
et inoneusives quand les autres sont ce point redoutes.
C'est pourquoi plusieurs des interdictions qui concernent tes
premires se communiqurent aux secondes, et la femme
en gnerai, quel que fut son ctan, devint .l'objet do certains
tabous. Cette extension se produisit d'autant plus facilement
que ces consciences rudimentaires sont un terrain de prdi-
lection pour tous les phnomnes de transfert psychique les
tats motionnels passent instantanment d'un objet un
autre, pourvu qu'il y ait entre le premier et le second' le
moindre rapport de ressemblance ou mme de voisinage.
Mais, prcisment parce que cette assimilation tait due un
simple rayonnement secondaire des croyances qui taient
la racine de l'exogamie, elle ne fut que partielle. La spara-
tion des sexes ne fut complte qu'entre hommes et femmes du
mme ctau notamment, ce tut seulement dans ce cas qu'elle
atta jusqu' l'interdiction de tout commerce sexuel.
On objectera peut-tre que gnralement te sang menstruel
passe pour tre plutt en rapports avec des puissances mal-
faisantes qu'avec des divinits protectrices; que le primitif,
en s'cartant de la femme, se donne tui-meme comme raison
qu'elle est un foyer d'impuret, loin qu'il en fasse un tre
sacre. Mais il faut se garder de prendre In
lettre les explica-
tions populttires que les hommes imaginent pour se rendre
compte des usages qu'ils suivent, mais dont tes causes reoDes
leur chappent. On suit comment ces titeories sont construites
on leur demande, non d'tre adquates et objectives, muis de
justifier ia pratique. Or des raisons trs contraires peuvent ga-
lemeut donner un sens ri un mme systme do mouvements.
Quand le primitit, pour pouvoir comprendre le culte qu'il
voue son totem, en foit l'anctre do son clan, nul Ho songe
a admettre la ralit de cette gnalogie. U n'est pas plus digne
de crdit quand il dote la femme de tello ou telle vertu pour
s'expliquer l'isolement o il ta tient. En l'espce, il avait le
choix entre deux interprtations Il fallait voir dans la femme
ou une magicienne dangereuse ou une prtresse ne. La situa-
tion infrieure qu'elle occupait dans )a vie publique ne per-
mettait gure qu'on s'arrtt u la seconde hypothse; la pre-
mire s'imposa donc Encore y a
il nombre de peuples qui,
quand on leur demande quelles sont les origines de ces pro-
hibitions, se contentent de rpondre qu'ils n'en savent rien,
mais que c'est une tradition respecte de tout temps. Du reste,
tout ce qui se rattache it la religion totemique subit, par t'eCet
du temps, une dchance analogue. Quand on no sut plus
pourquoi il tait dfendu de manger de la viande de tel ou
tel animal, on imagina qu'il devait tre impur. C'est ainsi
que des tres dont on fuyait le contact par respect religieux
finirent par apparatrecomme immondes, et les rites existants
s'accommodrenttout aussi bien de la seconde conceptionque
de la premire.
Si donc nous voulons savoir quelle est la cause vritable
des interdictions dont le sang menstruel est l'objet, il nous
faut les observer en elles-mmes, abstraction faite de toutes
les thories forges aprs coup pour en rendre la survivance
intelligible. Or, ainsi considres, bien loin qu'elles dnotent
je ne sais quel dgotit et quelle rpulsion, elles apparaissent
comme absolument indiscernables d'autres pratiques qui
pourtant concernent des tres manifestement privilgis et
<t) Cmwtfy. i~ms. ~tf' ff qui ))f''c'dt'. i) est inoti)'* 'h' di~'oter ['<-)[.
Ii )'h')))t)<)t'.
& La
1'11011111110,Lm(Mti)tt'! 414! la
clilloititif <)<' f"/IIIII< )'n
ht f''t)))M)\ ng~
~Hctti'tn ))n))n))ieu p)t)' Untw)'') )Mi-tt'<')M< <)a)Ht's lui, <'M pr<)hit)i(i"M
tmntx'ttt pour "))j)'t <)'f't)t[M~'))''r la f.t)h)('S!M' f't))it)in<* ttc eu rotntouttiquct'
t?ll M.'
tttinp)' h tttort M ta utMi'' cmnme h) fait tout ntunquKtnent & ces prohi'
bitioo):. Co n'Mt pus 0) tant (ju'ftt-M d~bih' t)m' ht f<;u))' e<t tabou, nxtis
IIltllrulllll,r-
III! tnt)MtMftt)mt,n" MOftiit d<!t<*r-
f))RaMt'MN"</S/<t).Rt-
(~t'ht~Mtt'Wt.).)~.
~:t) Strm-k. ~<-rWM/<!tf<Y//aM&f/<MfKf!<'A/f<'f/.MMtti')),)8NS.p. )t-M.
Cr.t:rttw).'y.j).!U.
compte, ces peuples y voyaient autre chose qu'une source
d'eiltuves Impurs et dvirHisauts.
Quant aux raisons qui tout que le divin a pu donner nais-
sauce un systme d'interdictions de ce genre (que nous
serions tent d'attribuer l'aversion plutt qu'au respect),
elles sont de deux sortes, tt en est de communes toute l'hu-
manit, d'autres qui sont spciales aux peuples primitifs.
D'abord, tout ce qui inspire un respect exceptionnel tient le
vulgaire distance, tout comme les tres ou les objets dont
le contact est odieux. C'est que dans le respect il entre de
la crainte et t'tre respecte lui-mme, pour entretenir tes
sentiments qu'il inspire, est oblig de rester d'accord avec.
son caractre et de se tenir a part. En se metant aux autres
tres, il leur connnuftiquerait sa nature et participerait la
leur il tomberait donc au niveau commun. Ainsi, quelque
dincrcnce qu'il y ait au regard de la conscience entre ces
deux motions, le dgot et la vnration, elles se traduisent
par les mmes signes extrieurs. Vues du dehors, ou peut
difftcitement tes distinguer. Mais la confusion tait surtout
facile dans les socits intrieures, cause de l'extrme am-
bigut qu'y a la notion du divin. Comme t'a montr Smith,
les dieux sont des forces redoutables et aveugles; elles ne
sont lies par aucun engagement morat suivant tes circons-
tances ou leur simple caprice, elles peuvent tre bienfaisantes
ou terribles. On conoit ds lors qu'on ne les aborde qu'uvec
les plus grandes prcautions c'est par des dtoursqu'on peut
sans danger entrer en relations avec cites. L'abstention est
ta rgle, tout comme s'il s'agissait d'tres abhorres. Or le
tabou n'est pas autre chose que cette abstention organise et
leve la hauteur d'une institution.
Vi 1
?.
)t) 'v. p)u!i haut, )).
<) thuM )f' <'M th- )K))\n)n))-ic fmU't'nt-Uc. ')'' tfvifa). )<-< M~s vivent.
t'ttM'ttthh' <)tt))~ i'indh i)!it)t) tf plus jt'mx' <t <)'))' \'Mt) an ''ontpagom (t<!
)<t )))'))'<)'u)'. tt h<)uc))<' il s'unit )' tuuttf'n) Y<)u, ("ut antaot c( de la
t~tnu matttft'c <tu xw =i<t'Ent'.
rise supposer qu'il ait t prohibe avant que chaque peu-
plade se fut divise en deux ctans primaires au moins; car la
premireforme de cette proinbition que nous connaissions,
savoir l'exogamie,apparat partout comme corrlative cette
organisation. Or, cetie'ci n'est certainement pas primitive.
La socit a du former une masse compacte et indivise avant
de se scinder en deux }<t'oupes distincts et certains des
tableaux de nomeneiature dresss par Morgan confirment
cette hypothse. Mais alors, si tes relations familialeset tes
relations sexuelles ont commence par <!tre indistinctes, et si
elles sont retournes tant de fois cet tat d'indistinction, on
n'est pas fond croire que, d'elles-mmes et pour des rai-
sous internes, elles taient ncessites a se diffrencier. Si
l'opinion les oppose, il faut que quelque cause, traugre
leurs attributs constitutifs, ait dtermin cette manire de
voir.
Et on effet, on no voit pas comment cette diffrenciation se
serait produite, si !e mariage et ta famille n'avaient t pra-
lablemeut contraints de se constituer dans deux milieux dif-
frents. Supposez que, en rgle (;<*n6rafe, les hommes se
soient unis n leurs procites parentes, notre conception du
mariage serait tout autre; car la vie sexuelle ne serait pas
devenue ce qu'elle est. Elle aurait uu caractre moins pas-
sionnel, par cela seul que le got des individus y jouerait un
moindre rle. Elle laisserait moins de place aux libres jeux
de l'imagination,aux rves, aux spontanits du dsir, puis-
que l'avenir matrimonial de chacun serait presque tixe ds sa
naissance. En un mot, par cela seul qu'il se serait labore au
sein de la famille et que la raison do famille lui et fait la
loi, le sentiment sexuel se serait tempre et amorti il eut
pris quelque chose de cette impersonnalit imperative qui
caractrise les sentiments domestiques, li en serait devenu un
aspect particulier. Mais, par cela mme, il s'eu serait rap-
proche, et, tant a peu prs de mme nature, il n'aurait ou
aucun mal se concilier avec eux. Qu'est-ce donc qui a pu
mettre obstacle cette assimilation ? Certes, la question ne
se pose pas une fois qu'on suppose l'inceste prohibe car
l'ordre conjugal, tant ds lors excentrique l'ordre domes-
tique, devait ncessairement se dvelopper dans un sens
divergent. Mais on ne peut videmment expliquer cette prohi-
bition par des ides qui, manifestement, en drivent.
Dira t on que, de lui-mme, ce penchant se refuse ces tem-
praments? Mais ce qui prouve bien qu'il N'y est nullement
rh'actaire, c'est qu'il les a docilement subis toutes les fois
que cela s'est trouv ncessaire, c'est--dire toutes les fois que
l'inceste a t permis et usit. Car certainement, dans tous
ces cas, ce ou sout pas les relations domestiquesqui out cd
et qui se sont mises au ton des relationssexuelles la famille,
ne pouvant s'accommoder d'une discipline aussi retche,
n'et pu se maintenir dans cesconditions,ui, parconsequent,
la socit. Ht d'aittcurs d'o viendraient ces rsistances)' On a
dit parfois, il est vrai, que l'apptit sexuel fuit instinctive-
ment la famitte parce que )a cohabitation prolonge a
pour euet de t'endormir. Mais c'est oublier que l'accoutu-
mance n'est pas moindre entre poux qu'entre parents Elle
ne devrait donc pas produire ptus d'effet dans un cas que
dans l'autre Et puis qu'aurait pu cette vague veiteit du
dsir contre les raisons imprieuses qui poussaient lu famille
se recruter dans son propre sein'? Car on a trop perdu de
vue les complications et les difficults iufinies au milieu des-
quelles l'humanit a du se dbattre pour avoir prohib
l'inceste. I! (attut d'abord que les familles s'arrangeassent
pour changer mutuellement leurs membres. Or des sicles
se passrent avant que cet change tt devenu pacifique et
rgulier. Que de vendettas, que de sang verse, que de ngo-
ciations laborieuses furent pendant longtemps la cons-
quence de ce rgime! Mais alors mme qu'il fonctionna
sans violence, il eut pour effet de rompre, chaque gnra-
tion. l'unit matriettc et morate de la famille, puisque les
deux sexes, parvenus ta pubert, taient obligs de se sparer,
et que i'ua d'eux (ce fut gnralement la femme) s'en allait
vivre chez des trangers. Cette scission priodique mit notam'
ment les socits en prsence do cette douloureuse alterna-
tive ou refuser la femme toute partdu patrimoine commun,
et ta laisser par consquent la charge et sous la dpendance
de la famille o elle entrait ou, si on lui accordait des droits
plus ou moins tendus, la soumettre un contrlelaborieux,
a une surveillance complique, pour empcher que tes biens
dont elle avait la jouissance pussent passer dnutUvemeat
(ti Nous ne fai~oni. pas seulement allusion au <'<!fiht <)M pn'tnM, mais
ft la t<'f<)'! canonique qui d~fcud le mpprufhetncntdcs sexes dans ]<!sj')an<
'on~cn'tt.
?) En faisant cette ));'potM':w, not)~ n'cntcndonj! pas dire f))te l'exogamie
ait )itt! un accident contingent. Elle est Irop ~troitmotint lie (tu t~MtnitnM
~-tau chu, qui sont de!! pMnnn~nmunivet'M)!pour qu'on pui~Mt.'an'Me)'
M une tcUe supposition. Qu'on ne voie nonc dans nott'e fonnuie qu'on
)'roevd)! tt'titpoemon, destin Il isoler la part de chaque facteur.
trouv moyen de se produire; mais elle et pris une
autre forme. Ce n'est pas au sein do la vie sexuette que ta
passion aurait pour ainsi dire tabti sou centre d'action.
Passion et amour des sexes ne seraient pas devenus syno-
nymes.
Ainsi, cette superstition grossire qui faisait attribuer au
sang toute sorte de vertus surnuturelles, a eu sur le dvetop-
poment moral de l'humanit une influence considrante. On
a mme pu voir au cours de ce trayait que cette action ne
s'est pas seulement fait sentir dans lu question de l'inceste.
!t est un autre ordre de phnomnes qui est plac sous la
dpendance de la mme cause ce sont les moiurs relatives a
la sparation des sexes en gnral. Le lecteur n'a pus pu
n'tre pas frapp do la ressemblance qu'il y a entre les faits
que nous avons rapports plus haut et ce qui se passe encore
aujourd'hui sous nos yeux. Suivant toute vraisemblance si,
dans nos coles, dans nos runions mondaines, une sorte
de barrire existe entre tes deux sexes, si chacun d'eux a
une forme dtermine de vtements qui lui est impose par
l'usage ou mme pur la loi, si l'homme a des fonctions qui
sont interdites ta femme ators mme qu'elle serait apte
les remplir, et rciproquement; si, dans nos rapports
avec les femmes, nous avons adopt une langue spciale,
des manires spciales, etc., c'est en partie parce que, il y
a des milliers d'annes, nos pres se sont fait du sang en
gnra), et du sang menstruel en particulier, la reprsenta.
tion que nous avons dite. Non sans doute que, par une
inexplicable routine, nous obissions encore, sans nous en
rendre compte, ces antiques prjugs, depuis si longtemps
dpourvus de toute raison d'tre. Seulement, avant de dispa-
ratre, ils ont donn naissance des manires de hure qui
leur ont survcu et auxquelles nous nous sommes attachs.
Ce mystre dont, tort ou raison, nous aimons entourer
la femme, cet inconnu que chaque sexe est pour l'autre et
qui fait peut-tre le charme principal de leurcommerce,cette
curiosit trs spciale qui est un des plus puissants stimu-
lants de la brigue amoureuse, toute sorte d'ides et d'usages
qui sont devenus un des dlassements de l'existence pour-
raient difttcitement se maintenir, si hommes et femmes
mlaient trop compltement leur vie; et c'est pourquoi l'opi-
nion rsiste aux novateurs qui voudraient faire cesser ce dua-
lisme. Mais, d'un autre cot, nous n'aurions pas connu ces
besoins' si des rtilsons depuis longtemps oublies n'avaient
dtermin les sexes se sparer et & tonner en quelque sorte
deux socits dans la socit; car rien, ni dans la constitu-
tiou de t'uu ni dans celle de l'antre, ne rendait ncessaire une
semblable sparation.
La prsente tude, en dehors do ses rsultats immdiats,
peut donc servir montrer, par lui exemple topique, l'erreur
radicale de ta mthodequi considre les faits sociaux comme
le dveloppement logique et ttoiogique do coucopts dter-
mines. Ou aura beau snaiyser les rapports de parente, t' a<M-
~'t'<o, on n'y trouvera rien qui implique entre eux et les
rapports sexuels uue aussi profonde incompatibilit. Les
causes qui ont dtermine cet antagonisme leur sont ext.
rieures. Assurment, on ne saurait trop le rpter, tout ce
qui est social consiste en reprsentations, par consquent
est un produit de reprsentations. Seulement, ce devenir des
reprsentations collectives, qui est la matire mme de la
sociologie, ne consiste pas dans une ralisation progressive
de certaines ides fondamentales qui. d'abord obscurcies et
voiles par des ides adventices, s'en afranchiraient peu
peu pour devenir de plus en plus compltement eties-mmes.
Si des tats nouveaux se produisent, c'est, en grande partie
parce que des tats anciens se sont groups et combins.
Mais nous venons de voir, et dans des cas essentiels,comment
ces groupements pouvaient avoir une tout autre cause que la
reprsentation anticipe de la rsultante qui s'en dgage.
L'ide de cette rsultante n'est donne que quand la combi-
naison est faite; elle no peut donc eu rendre compte. C'est un
euet plus qu'une cause, quoiqu'elle puisse ragir sur les.
causes dont elle drive elle a besoin d'tre explique plus
qu'elle n'explique". 11 n'y a rien dans les proprits du sang
(t) Hi~t n'' dit d'ai)t<m'! ')u'- '< ))'Muin< tM- ~oifttt ))U!) <tf<tiuM rt ~tm
<'onh)iir'"). Ils sutMt)t<'Mt ))! ~[t-< omms j)t'o-
n''utra)i'!<~ par ')M bciiuins
fund!! qMc coux qui ttxnt !t )'t )':< <)'"< i'h''M n'tiUivc~ & rhK'Mt'
)a) Les titats nouveaux pNU'cn) <~n' (hx uussi aux <'))an){fm''nts f;nt sn
jtfoduiM'nt (t)in< )e eub~Mt su<-iu) <?t'n'hx' ptus Krandf du ~-n-ituin'.
)f<tpo))tti"n ptui! numttn'Ui't', phts d'n!it', ~'tt'. !<ou< huions de ''t'i ('e<
)'uu!<ea de n"uvaut<i Mxqucfh' h' t'on~idt'tttUutM
cxpo~c~ ci-dessM
!app)i<)oent Mteofo plus t'vidt'nxMfnt.
(3) Voil co <)an nou:! avot):; voutu dire, <tnand nous avo)!
)<'</<<? </e /a .M/f. mcM.. p. 30) 't'h- notn: iduo de ta.
't
nx'm)'-
a)))t'un)
v"'nt 'tes
n'xte< tnomtM qui fonctiontx'nt ~<ms nos yeux. Ces n'-ft)' sont dunu<!B<
daix dM n'pn'Mttttttion! mai!) tmtn' concuption f~ncmto (te la <))om)')
MM pr~idc pas )& co)M.h'u''ti))ndt* ces
r''prt's'n)atit)n< e~mcntairt's, u))
qui le prdestine ncessairement acqurir un caractre reli.
gieux. Mais la notion vulgaire du liquide sanguin, ou s'asso-
ciant avec les croyances totmiques, a donn naissance aux
rites dont nous avons parl. Ces rites, tt leur tour, associs
avec lu notion courante du commerce sexuel, ont engendr
les ides relatives t'exogamic. Sur la base de t'exogamie,
toute sorte d'habitudes se sont prises qui font maintenant
partie de notre tentperameut moral. Aucune analyse dialec-
tique ne saurait retrouverles lois de ces synthses la forma-
tion desquelles aucune dialectique humaine n'a prside. Sans
doute, mesure que le jugement collectif se dveloppe et
vient clairer davantage ta volont sociale, celle-ci devient
aussi plus apte diriger le cours des vnements et leur
imprimer une marche rationuetto. Mais les fonctions intellec-
tuelles suprieures sont encore beaucoup plus rudimentaires
dans la socit que dans l'individu, et les cas o leur iuftueuce
est prpondrante n'ont t jusqu' prsent qu'une infime
exception.
NtU! DUKKHNM.
t'xrM.i-fMMKf.
Il
Ht
!V
~)t J'' tt~-eux )'.< xtThmer <)ue cet ~tat. )<: p)u~ situ)))*' tt))ji')Me<ttfnt,<tit
t'tf rM)<t)Mntpat-tout tt- point ttf dpart hhtm'ittUM '<<! toat tiMVet~exMot
ti'K-iut uHt'rieur. Mais, pour uetenniner m ')ui ''t-t dt jt la eoMtitntio))
tt'rf{)mt-s mctau): <tifr<Sr<n''iM. i) faut Mj.pMO)' cet t'tat anMriear.
ne ft-it
tju'ttnt- fft-tit-n. Ht. dans bien tles cai!. c'e~t uno t~atitc.
objectifo los individus ne font que passer et qui rduit assez
souvent a rien leur personnalit. De mme, i'tat se charge de
faire collectivement les sacrifices pcuniaires que les dif-
rentes parties de lu socit exigent les unes des autres et,
inversement,par l'intermdiaire d'agents spciaux, il astreint
les unes et les autres aux mmesobligations fiscales. De mme
encore, l'glise est un organisme impersonnel dont les fonc-
tions sont exerces par les prtres, sans tre cres par eux.
En un mot, l'idequ'on a crue fausse desotres vivants, savoir
que iesinter-actionsde molculesmatrielles, dont l'ensemble
constitue la vie, ont pour support un principe vital distinct,
cette ide est expressment vraie des tres sociaux. Ce qui,
l'origine, consistait simplementenchanges inter-individueis,
se faonne la longue des organes spciaux qui, en un sens,
existent par eux-mmes. Us reprsentent ies ides et les forces
qui maintiennentle groupe dans telle ou telle forme dtermi-
ne et, par une sorte de condensation, ils font passer cette
forme de l'tat purement fonctionnel celui de ralit subs-
tantielle.
C'est un des faits les plus caractristiques de l'humanit et
des plus profondment invtrs dans notre nature que cette
facult qu'ont les individus comme les groupes de tirer
des forces nouvelles de closes qui tiennent d'eux-mmes
toute leur nergie. Les forces vitales du sujet prennent
souvent ce dtour pour mieux servir sa conservation et
son dveloppement elles se construisent un objet fictif d'o
elles reviennent, en quelque sorte, sur io sujet d'o elles
manent. C'est ainsi que, dans certaines guerres, on voit un
des belligrants contracter une alliance, mais en prtant au
pralable son alli les forces avec lesquelles il en sera
secouru. Qu'on se rappelle ces dieux que les hommes ont
crs en sublimant les qualits qu'ils trouvaient en eux-
mmes, et dont ils attendentensuite et une morale et la force
de la pratiquer Qu'on se rappelle ces paysages dans lesquels
nous projetons nos tats d'me de toute sorte, pour en
recevoir un peu aprs des consolations et des encoura-
gements Combien de fois encore des amis, des femmes ne
nous paraissent-ils pas singulirement riches de sentiments
et d'ides, jusqu'au moment o nous nous apercevons que
toute cette richesse morale vient de nous et n'est qu'un reflet
do la ntre 1 Si nous nous dupons de la sorte, ce n'est sure*
ment pas sans raison. Beaucoup des forces de notre tre ont
besoin de se projeter, de se mtamorphoser, de s'objectiver
ainsi pour produire leur Mt~t'Mxw d'ellet; il faut
les placions une certaine distance de que nous
nous pour qu'elles
agissent sur nous avec leur plus grande force, et l'illusion o&
nous sommes sur leur origine a justement pour utilit de no
pas troubler leur action. Or les organes diffrencis que cre
la socit sont souvent des produits de
ce genre. Les nergies
collectives s'y trouvent concentres sous
une forme spciale
qui, en vertu de ses caractres propres, rsiste
dans son ensemble si l'intrt social l'exige, des au groupe
forces wt
generis semblent s'en dgager, qui ne sont pourtant qu'une
transformation de ces forces lmentaires
sur lesquelles elles
ragissent.
Quelle est l'importance de ces organes
pour la conservation
des groupes ? C'est ce qu'un exemple
va montrer. La dca-
dence des anciennes corporations de l'Allemagne vint
tie de ce qu'elles ne surent pas se constituer d'organes. en par-
Eties
resteront identiques la somme de leurs membres elles
ne
parvinrent pas lever au-dessus des individus organi-
une
sation objective en qui s'incarnt l'unie sociale. Elles avaient
bien des reprsentants, munis do pouvoirs spciaux, mois
qui avaient un caractre trop troitement individuel c'taient
simplement des personnes sures qui l'on confiait )es fone.
tions les plus indispensables l'existence
commune. Sans
doute, il arriva c et lir que ces dlgations transformrent
se
plus tard eu organes permanents de la vie publique mais,
a l'origine, cette transformation n'eut
pas lieu. L'unit du
groupe resta sous la dpendance immdiate des inter-actions
individueiies elle ne se condensa ni
en un t:tat dont l'ide
aurait plan au-dessus des gnrations appeles successive.
ment le reprsenter, ni en organes particuliers qui. chargs
de fonctions dtermines, en auraient, du moins, dbarrass
l'ensemble des travailleurs. Or, les dangers qui rsultent de
cette situation peuvent tre classs sous trois chefs
t" L of) il y a des
organes diffrencis, le corps social est
plus mobile. Tant que, pour chaque
mesure politique.
juridique, administrative, il doit tout entier
se mettre
en branle, son actiou pche par la lourdeur, et cela dou-
blement. 1)'abord, en un sens tout matriel. En enet.
pour
que le groupe entier puisse agir collectivement, il faut, avant
tout, qu'il soit assembl et la difncult, parfois mme l'im-
posstbiiit d'un rassembiement total empchemille dcisions
ou en diffre d'autres jusqu'au moment ou il est trop tard.
Mais supposons leve cette difficult extrieure de la concen-
tration physique, alors se dresse celle de la concentration
monde. Comment arriver, dans une masse si considrable,
l'unanimit? Quand uuo foule se meut, ses mouvements sont
alourdis par toute sorte d'hsitations, de considrationsqui
tiennent soit la divergence dos intrts particuliers, soit
l'indiffrence des individus. Au contraire, un organe social
peut s'affranchir de tous ces <mp<'<MM'K<. parce qu'il est fait
pour un but dfini et qu'il est compos d'un nombre de per-
sonnes relativement restreint, et ainsi il contribue la con-
servation du groupe en rendant l'action sociale plus prcise
et plus rapide.
C'est ces difticults que doit tre attribue l'inaptitude de
la foule agir dans les cas on, pourtant, l'action n'exige ni
connaissances ni qualits spciales. Par exemple, un rgle-
ment d'administration, rendu vers la fin du xv. sicle pour
le cercle de Durkheim, parle d'affaires a trop nombreuses et
trop compliques pour pouvoir tre traites par la commune
tout entire; huit personnes capables avaient alors t choi-
sies dans le sein de la commune et charges d'agir en ses lieu
et place Ainsi, dans un grand nombre de circonstances,
l'intrt qu'il y a faire reprsenter une multitude par une
minorit vient tout entier de ce qu'un groupe plus restreint,
simplement parce qu'il est plus restreint et indpendamment
de toute supriorit qualitative, a plus de libert dans ses
mouvements, plus de facilit pour se runir, plus de prci-
sion dans ses actes.
La mme cause peut ralentir les relations conomiques
quoique, dans ce cas, le groupe n'ait pas besoin de se runir
en corps pour agir. Tant que l'achat et la vente ont lieu direc-
tement entre producteurs et consommateurs, les changes
sont considrablement gns par cette ncessit o sont les
individus de se rencontrer en un mme lieu. Mais une fois
que le commerant commence jouer son rote d'interm-
diaire. une fois surtout que la classe des commerants, syst-
matisant l'change, met les intrts conomiques en contact
d'une manire continue, la cohsion sociale devient beaucoup
plus forte. L'organe nouveau, qui s'intercale ainsi entre les
lments primaires du groupe, est. comme ia mer eutre deux
pays, principe d'union, non de sparation:car, par ta manire
dont elle agit, la classe des commerants met chacun plus
troitement en rapports avec tous. De plus,
en durant, cette
activit donne naissance un systme de fonctions rgulires
qui se balancent burmonlquement,sorte de forme abstraite
qui enveloppe les faits particuliers de consommation
et
de production, mais les dpasse, comme t'tat dpasse les
citoyens et l'glise les croyants. L'a cadre est ainsi constitu
danstequet les relations conomiques se dveloppent et qui
est susceptible d'une extension presque indfinie et la
manire dout ces relations se multiplient, jointe a la persis-
tance de cette organisation mesure que le mouvement
conomique s'acclre, prouve assez combien
ces organes
spciaux importent a la dure de l'unit collective et combien
sont insuffisantes, dans ce but, des inter-actions purement
individuelles.
En second Heu. dans tous les cas ou la totalit du
groupe
doit se mettre en mouvement pour chaque (tu sociale parti.
cutire. sans qu'aucune de ses parties soit encore diffrencie, i
des tiraillements intrieurs ne peuvent manquer de
se pro-
duire, car, comme tous les lments ont a pnoW la mme
valeur et la mme influence, tout moyen de dcider entre
eux
fait dfaut. Cet tat se trouve ralis d'une manire tout fait
typique dans ces socits o la majorit elle-mme n'a pas
le pouvoir d'imposer ses volonts, o chaque opposant le
a
droit ou d'empcher par son n'fo toute rsolution commune
d'une faon gnrate ou de ne pas s'y soumettre personnelle-
ment. A ce pril qui menace jusqu' l'unit intrieure du
groupe, la cration d'orgaues spciaux remdie, pour le
moins, de deux manires. D'abord, un corps de fonction-
)
naires, une commission aura plus de connaissances spciales <
que ta foule et, par ce moyen dj, les frottements et tes con-
flits qui rsultent simplement de l'incomptence seront
attnus. L'action est toujours plus une quand une connais-
sanee objective de la situation ne laisse pas de place aux
hsitations de l'agent. Mais un autre avantage, li pourtant
au premier, est moins ais dcouvrir. Si une insufflsante
objectivitempchesouvent la multitude d'agir avec ensemble
(car les erreurs subjectives sont en nombre infini, tandis
que la vrit, tant une, ne peut tre l'objet d'opinions diver-
gentes), lacause n'en estpas toujoursla pureet simpte incom-
ptence. Un autre facteur, fort important, peut intervenir. La
division des partis, qui se fait d'abord sur un petit nombre de
questions essentielles, s'tend ensuite d'autres qui sont sans
liens avec les prcdentes, et l'accord des esprits devient
impossible eu principe. Ainsi, les partis politiques forment
propos des questions religieuses, esthtiques, etc., des camps
opposs, quaud mme leur opposition sur ce terrain serai
sans rapport avec l'objet de leur opposition premire. Les
luttes des partis ont donc pour consquence un monstrueux
gaspillage de forces qui cesse ds que, au lieu d'abandonner
toutes les questions aux discussions confuses de la foule, on
les fait rsoudre, toutes les fois qu'elles s'y prtent, par des
organes particuliers.
3" Hnfin, un troisime avantage de cette organisation con-
siste dans la meilleure direction qu'elle donne aux forces
collectives.
En eiet, les foules, dans leurs manires d'agir, ne peuvent
jamais s'lever au-dessus d'un niveau intellectuel assez bas,
car le point o se rencontrent un grand nombre d'esprits ne
saurait tre situ trs au-dessus de celui o s'arrtent les
plus mdiocres. Qui peut le plus peut te moins, dit-on mais
la rciproque n'est pas vraie, et c'est pourquoi ce sont tes
lments tes plus intrieurs, et non les plus levs, qui
donnent le ton l'ensemble. Cette rgle, il est vrai, ne s'ap-
plique pas ce qui concerne l'intensit de la vie afec-
tive car, dans une foute assemble, il se produit comme
une nervosit collective, une surexcitation mutuelle des indi-
vidus qui peut momentanment lever la passion commune
au-dessus de l'intensit moyenne des passions individuelles.
Mais les sentiments ainsi renforcs sont-ils ou non adapts
telle fin, sont-ils sages ou fous? C'est une tout autre question.
Le caractre plus ou moins intelligent des dcisions prises
ainsi ne peut pas dpasser une moyenne o les mieux dous
viennent rejoindre les moins capables. La runion des indi-
vidus peut bien accroltre les puissances du sentiment et du
vouloir, non celles de l'entendement. Sans doute, quand la
socit, pour se maintenir, n'a besoin que des actions et
ractions directement changes entre individus, il sunit que
chaque intelligence particulire donne tout ce qu'elle peut
donner. Mais il en va tout autrement quand te groupe doit
agir comme unit. L, c'tait d'un mouvement molculaire,
ici, c'est d'un mouvement en masse qu'il s'agit dans te
premier cas, il n'tait ni possible ni dsirable que les indi-
vidus se fissent reprsenter dans le second, cette reprsen-
tation devient possible et ncessaire.Quand un groupe tendu
veut conduire iui-meme et directement ses affaires, il est
indispensable que chacun de ses membres comprenne et
approuve, dans une certaine mesure, tes rgles d'action qu'U
suit elles sont donc condamnes une sorte de trivialit.
C'est seulement lorsque tes questions sont laisses
une
organisation compose d'un nombre restreint do personnes,
que ie talent peut se donner carrire. A mettre les choses au
mieux, comme tes aptitudes spciales et tes comptences ne
sont jamais communes qu' uue minorit, quand elles se
produisent au sein d'une assemble un peu vaste, it leur faut
conqurir do haute lutte une influence qui leur est accorde
sans conteste dans un organe difrenci
Ces inconvnients runis n'ont pas seulement
pour rsultat
de livrer une socit, dpourvue d'organes dinrencis,
aux
causes de dissolution que toute structure sociale porte en
ette-mcme; ils la mettent aussi en tat d'infriorit toutes les
fois qu'elle entre en lutte contre de puissantes individualits.
C'est co qui perdit ces vieilles corporations allemandes dont
nous parlions tout a l'heure elles furent incapables de tenir
tte ces pouvoirs personnels qui, pendant ou aprs le
moyen a):e, se constiturent soit au centre du pays soit sur
des points secondaires. Elles prirent parce qu'il leurmanqua
ce que seules des forces individuelles, constitues l'tat
d'organes sociaux, peuvent assurer une socit, je veux dire
la rapidit des dcisions, la concentration absolue de toutes
tes puissances de l'esprit, et cette intelligence suprieure
dont tes individus sont seuls capables, que ce soit l'ambition
qui tes pousse ou le sentiment de leur responsabilit.
Toutefois, it importe galement la conservation du groupe
que ces organes ne se spcialisent pas au point de parvenir
une absolue autonomie. Il faut qu'on sente toujours avec
force, au moins d'une manire sourde, ce qu'ils sont vrita-
blement; savoir, qu'ils ne reprsentent en dfinitive que dos
abstractions ralises, que tes inter-actions individuelles en
(tt Sans dnutc. )'-s t'hu~ n'' pa'!<n( ))M< )o))j'))tt< <tin<i. nttns an
<'W))<! f)<- f"t)'-)h'nnait-<. )a ja)"nsi.; <'<)).-' .<.n\)'~ )Ht tutt'Ht t')M<)Ut'n<'<'
(lui dft'ruit lui f~t-ttit-. tuM'ti~ fj)t'ut)M fou)' r"W)n<:tmt t tout jt)f:ftu<'nt
pM')t)H'). suh't-it )t)i''))<t')tt Mn tot-nt'tt)' <)'' f{.'ni< nf~t in<!vit)tbt<; qu'un''
s'-it'xH' at)!.tt'.)it' <-)))<)))' lit !.ut'i<t)t)~i. x'; )tMi" )t<t!i puiser lu
ptuxiM d)' f<tit.< h~tontjtx'i!. Qm'Uu ))u<' -ixit lit f'~titM <)<'< )ux (ju'xtjeeut))-
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sont tout le contenu concret, qu'Ils sont simplement lu (orme
sous laquelle se sont pratiquement organises ces forces te-
meutaires, au cours de leur dvetoppement.Tout ce qu'ils
expriment, c'est la manire dont les units primaires du
groupe mettent en ouvre leurs nergies latentes, quand elles
atteignent leur plus grande puissance d'action. Si donc, en
se diffrenciant, ils se dtachent de l'ensemble, leur action,
de conservatrice, devient destructive.
Deux raisons principales peuvent dterminer cette trans-
formation. D'abord, si l'organe dveloppe avec excs sa vie
personnelle, s'il s'attache moins si l'intrt social qu'au sieu
propre, ses ettorts pour se conserver entreront natureiiement
en conflit avec ceux de la socit. La bureaucratie nous offre
do cet antagonisme un exemple, relativement inutfensif, mais
significatif. Les bureaux, ces organes ncessaires de toute
administration un peu tendue, forment par eux-mmes un
systme qui entre souvent en collision avec les besoins
variables de la vie sociale, et cela pour plusieurs raisons.
D'abord, la comptence des bureaux ne peut s'tendre la
complexit de tous les cas individuets, mme de ceux qui sont
de leur ressort. Ensuite, entre le temps employ il mettre en
branle la machine bureaucratique et le caractre urgent des
mesures a prendre, il y a souvent une criante disproportion.
Si donc un organe, qui fonctionne si lourdemeut, en vient,
de plus, oublier son rote d'organe et se pose comme une fin
en soi, alors il n'y a plus seulement diffrence, mais opposi-
tion directe entre ses intrts et ceux de ta socit. La partie
ne peut plus se maintenir qu'aux dpens du tout, et rcipro.
quement. On pourrait comparer sur ce point la forme bureau-
cratique aux formes logiques de l'entendement. Ceites-ci sont
la connaissance du ret ce que cette-ta est si l'administra-
tion de t'Htat; c'est un instrument destin a organiser les
donnes de l'exprience, mais qui, prcisment, n'en peut ctre
spar sans perdre tout sens et toute raison d'tre. Quand la
logique, perdant le contact avec la matire des faits dont
elle n'est que l'expression schmatique, prtend tirer d'elle-
meme une science qui se suffise, le monde qu'elleconstruit et
le monde rct se contredisent ncessairement.Par elle-mme,
elle est seulement un moyen pour arriver la connaissance
des choses; si donc, oubliant son rote de moyen, elle veut
s'riger en un systme complet de la connaissance, ettc devient
UH obstacle aux progrs de la science, comme la bureau.
cratie, quand elle perd de vue sa vritable fonction, devient
une gne pour la socit dontetie est l'organe.
Le droit lui-mme n'chappe pas toujours cette excessive
cristallisation. Primitivement, il n'est rien de plus que la
forme des inter.actions individuelles; il exprime ce qu'elles
sont tenues d'tre pour que le lien social puisse se maintenir.
A lui seul, il ne suffit nullement assurer ia vie et,
encore
moins, le progrs de la socit; mais il est le minimum indis-
pensable il la conservation du groupe. Il rsulte d'une orga-
Nisation a deux degrs. D'abord, des actes que les individus
rctamcut les uns des autres et qu'ils accotnpiissent relle-
ment, au moins ia plupart du temps, se dgage ie prcepte
juridique, forme abstraite de la conduite, qui en devient, dans
t'aveotr, la norme rgulatrice. Muis ce premier organe, tout
idal en quelque sorte, a besoin, pour pouvoir rsister aux
forcesqui t'assaiiient, de se comploter par un autre, plus con-
cret et plus matriel. Des raisons purement techniques
mettent Ou cet tat d'homognit primitive o c'tait soit
le p<w<7M soit ia foula assemble qui disaient le droit;
ds lors, il devient ncessaire qu'une classe se constitue pour
imposer ces normes aux relations individuelles. Mats si utile,
si indispensable mme que soit cette double organisation,elle
expose les socits un grave danger la fixit d'un tel sys-
tme peut se trouver en opposition avec la complexit crois-
sante des rapports individuels et avec les besoins plus mo-
biles de la socit. Tant par sa cohsion interne que par le
prestige de ceux qui l'appliquent, le Droit acquiert plus que la
juste indpendance qui est conforme sa fin par un vritable
cercle vicieux, il s'arroge tui-mme je ne sais quel droit
rester tel que), envers et contre tout. Or il peut se faire qu'au
mme moment la socit, pour se maintenir, ait besoin que le
droit varie; c'est alors que naissent ces situations fausses dont
les formules connues ~'<f /<, pereat MK(/<M, ou ~MMMm
~tM, iWMMM t'M/'tn-M sont l'expression. C'est
pour assurer au
droit la plasticit indispensablea son rle d'organe,qu'on laisse
au juge une sorte de marge dans l'interprtation et l'applica-
tion des lois; et c'est la limite de cette marge que trouvent
se
les cas o il faut rsolument choisir entre le salut du droit et
celui de i'Htat. Nous n'en rappelons ici l'existence que pour
montrer, par un nouvel exemple, comment un organe social,
en s'immobilisantdans son autonomie, en se considrant lui-
mme comme un tout, peut devenir un danger pour le tout.
Qu'il s'agissede la bureaucratie ou du formalismejuridique,
cette transformationd'un moyen en fin est d'autant plus dan-
gereuse que le moyen est, d'aprs les appareuces, plus utile
la socit. La situation sociale des militaires nous eu offre un
exemple. Institue pour des fonctiousspciaies,t'arme, pour
des raisons techniques, doit former un organisme aussi ind-
pendant que possible. Pour obtenir de ses membres les qua-
lits qu'elle rclame et, principalement, une troite solida-
rit, il faut qu'elle tes spare radicaiemeut de toutes tes autres
classes c'est quoi servent et l'uniforme et l'honueurspcial
au corps des officiers. Or, quoique cette indpendance soit
exige par l'intrt gnerai, elle peut devenir tellement abso-
lue et exclusive que l'arme finit par constituer un tat dans
l'tat, dtach du reste de la nation, sans contact, par cons-
quent, avec la source dernire de sa force. C'est ce pril que
l'on cherche conjurer aujourd'hui par l'institutiond'armes
nationales; le service temporairede tous les citoyens est cer-
tainement un bon moyen pour obliger l'arme se renfermer
dans son rle d'organe.
Mais pour viter les antagonismes possibles entre le groupe
et ses organes, il ne suffit pas do ne laisser ces derniers
qu'une indpendance limite; il faut encore qu'en cas de
ncessit ils puissent rtrocder l'ensemble la fonction
qu'ils en ont, en quelque sorte, dtache.
L'volution des socits a ceci de particulier que leur con-
servation exige parfois la rgression momentane d'organes
dj diffrencis. Cette rgression, toutefois, diffre de celle
que subissent les organes des tres vivants la suite de chan-
gements dans leurs conditions d'existence, comme l'atrophie
des yeux chez les animaux qui restent longtemps dans des
lieux obscurs. En effet, dans des cas de ce genre, c'est l'inu-
tilit de la fonction qui entrane la disparition progressive de
l'organe; au contraire, dans le cas des socits, c'est parce
que la fonction est ncessaire et l'organe insuffisant qu'il faut
revenir aux actions et ractions immdiatement changes
entre les individus. Parfois mme, ta socit est, ds l'origine,
constitue de manire ce que la mme fonction soit alterna-
tivement exerce par les lments primaires et par l'organe
diffrencie. Telles sont les socits d'actionnaires dans les-
quelles la partietechnique des affaires est remise des direc-
teurs, que l'assemble gnrale a pourtant le droit de dposer
et auxquels elle peut prescrire certaines mesures dont ils
n'auraient mme pas eu l'ide ou qu'Ils n'taient pas autori-
ss prendre spontanment. D'autres associations, plus
petites, tout en confiant nu prsident ou un comit le soin
de leurs atlaires, prennent leurs dispositions pour que, au
besoin, do gr ou de force, ces fonctionnaires se dmettent de
leurs fonctions ds qu'ils ne sont plus en tat de s'en acquitter.
Toutes les rvolutions par lesquelles un groupe politique,
renversant son gouvernement, replace la lgislation et l'ad-
ministration sous la dpendance immdiate des initiatives
individuelles, sont des phnomnes sociologiques du mme
genre.
H est vident, d'ailleurs, que de pareilles rgressions ne
peuvent se produire indiffremment dans toute espce de
socits. Quand les socits sont trs grandes ou trs com-
plexes, ce retour du gouvernement la masse est absolument
Impossible. L'existence d'organes ditrencis est un fait sur
lequel il n'y a plus moyen de revenir; tout ce qu'on peut
souhaiter, c'est qu'ils restent assez plastiques pour permettre
la substitution d'autres personnes celtes qui sont eu fonc-
tion, si ces dernires se montrent incapables. Toutefois, ii y a
des socits qui sont dj parvenues un assex haut dvelop-
pement et o, nanmoins, on observe de ces faits d'volution
rgressive, mais seulement a titre transitoire et tandis qu'une
organisation nouvelle est en train de s'laborer. Ainsi.
l'glise piscopaie, dans l'Amrique du Nord, souffrit jus-
qu' la fin du sicle dernier de l'absence d'voqu. L'gUse
mre d'Angleterre qui, seule, pouvait en consacrer, se refu-
sait le faire pour des motifs politiques. Alors l'urgence
extrme, le danger d'une dispersion irrmdiabie dcidrent
les lidles se tirer d'anaire eux-mmes. En i78t, ils nom-
mrent des d!gus, prtres et laques, dont la runion cons-
titua uue glise suprme, organe central et directeur de
toutes les L-'glises particulires. Un historien de l'poque dcrit
la chose ainsi Ce fut un spectacle vraiment trange, et
sans analogue dans l'histoire du christianisme, que cette as-
semble d'individus constituant d'eux-mmes une unit spiri-
tuelle sous la pression de la ncessite. Dans tous les autres cas,
c'est l'unit de l'piscopatqui faisait celle des fidles; chacun
ressortissait manifestement la communaut dont i'veque
tait la tte. Ainsi l'union des croyants, qui jusque-l avait
trouv dans l'organisation piscopale une sorte de substrat
indpendant, retourna son essence primitive. Les lments
ressaisirentcette force qu'ils avaient tire d'eux-mmeset qui
paraissait maintenant leur revenir du dehors.
Le cas est d'autant plus intressantque la qualit ncessaire
pour maintenir l'unit dos fidles, rvoque la reoit par la
conscration, c'est--dire d'uue source qui parat situe en
dehors et au-dessus de toutes les fonctions sociales. Mais le
fait qu'elle a pu tre remplace par un procd purement
sociologique montre bien d'o elle venait en ralit. Ce fut
simplement une preuve de la merveilleuse saut politique
et religieuse de ces populations que la facitit avec laquelle
elles remplacrent une organisation aussi ancienne, en se res-
saisissant des forces sociales qui avaient servi a la faire et en
les mettanten n~n're sans intermdiaire. Beaucoup de socits
ont, au contraire, pri parce que les relations entre leurs
forc-os lmentaireset les organes qui en taient sortisn'avaient
pas gard assez de plasticit pour que les fonctions de ces der-
niers pussent, en cas de disparition ou de dcadence, faire
retour la masse.
'))t))A ci' <t.<. <-< ')ui lu f'ttd dMM~'MU! & ~avw la dit'ct'K'm'c d':s t-
tts~
<n''nts. Mai:! ht ou ';))<: ))'<<)))'. fort'* pour tri'xnphL'rdes dissensioM
in(<'nt''<, alors ht XMctw Merct; la tot'tno tietiun 'ju'' tous les (mtfM ~t)ran-
tement'' iMK'iitu'c. Quo <h' fuis cUf a ftonn~ h' demi'ff coup & de;) Htati!
int)?rieurc)))<'))t tth'iiit~ Qt' d~' ft"P~s. tn~tt' en dehort dt!!) soeieMx
()o)iti<jM)'se snnt trouv' )nu' tuit); de teuM connits tntCrteur: dans
'-cUe ttttct'nttiv'n))d'onbtier. pum'eptohaHte, )eurs (;aeMt)es intestines, ou
'tf <c ttiMCt'tnuttt'ir sans r'ii~tM~~H~y/
h
quteur forme est en train de muer, qu'ils sont en vole de
devenir, ils prtent le ttanc aux coups de l'adversaire. C'est
dans la priode intermdiaireentre deux tats d'quitibro que
les Mciets, comme les individus, sont le moins en tat de se
dfendre. Quand on est en mouvement, ou ne peut pas se
protger de tous etes comme quand on est au.repos. C'est
pourquoi un groupe, qui se sent menace par ses concurrents.
vitera, pour se conserver, toute espce de transformation.
~f'~tt OH Morcrf sera sa devise.
Nous arrivons maintenant l'examen des cas o c'est, tout
au contraire, l'extraordinaire plasticit des formes sociales
qui est ncessaire a leur permanence. C'est ce qui arrive, par
exemple, Aces corcles (tout l'existence, au sein d'un groupe
plus tendu, n'est que toiree ou mme ne se maintient que
par des procds illicites. C'est seulement grce A une
extrme lasticit que de pareilles socits peuvent, tout en
gardant une consistance suffisante, vivre dans un tat de per-
ptuelle dfensive ou mme, l'occasion, passer rapidement
de ta dfensive l'offensive et rciproquement. Il faut, en
quelque sorte, qu'elles se glissent dans toutes les fissures,
s'tendent ou se contractent suivant les circonstances et,
comme un fluide, prennent toutes les formes possibles. Ainsi,
les socits de conspirateurs ou d'escrocs doivent acqurir la
facutt de se partager instantanment et d'agir par groupes
spars, de se subordonner pleinement tantt un chef et
tantt a un autre, de conserver le mme esprit commun, que
tous leurs membres soient immdiatementen contact ou non,
de se reconstituer sous une forme quelconque aprs une dis-
persion, etc. Yoit comment elles arrivent se maintenir avec
une persistance qui faisait dire aux Bohmiens < Inutile de
nous pendre, car nous lie mourrons jamais. Ou a tenu le
mme langage propos des Juifs. Si, dit-on, le sentiment de
solidarit qui les rattache si troitement tes uns aux autres,
si cet esprit d'exclusivisme t'gard des autres cultes, qui
leur est propre quoiqu'il se soit souvent retach, si tous ces
liens sociaux ont perdu, depuis l'mancipation du Judasme,
leur couleurconfessionneite, c'est pour eu prendre une autre
c'est maintenant lecapitalisme qui les unit. Leur organisation
est indestructible prcismentparce qu'elle n'a pas de formes
dfinies et tangibles. On aura beau, rpte-t'on, leur retirer
!a puissance de la presse, celle du capital, l'galit des droits
avec les autres citoyens; la socit juive ne sera pas abattue
pour cela. Ou pourra bien lour enlever ainsi leur organisation
politique et sociale mais on restaurera du mme coup leur
union confessionnelle.Ce jeu de baseute,qui leur a russi sur
plus d'un point, est parfaitement susceptible de se gnraliser.
On pourrait encore aller plus loin et montrer dans ia plasti-
cit personneiie du Juif, dans sa remarquante aptitude se
faire aux tacites les plus diverses, a s'adapter aux conditions
d'existence les plus opposes, comme un rollet individuel des
caractres gnraux du groupe. Mais quoi qu'il ou soitet que
ces affirmations s'appliquent retiement ou non l'histoire
du peuple juif, le fuit qu'on a pu les croire vraies est dj
pour nous un enseignement. H nous rappelle que lu mobilit
des formes sociales peut tre une condition do leur porma-
nence.
Si nous cherchons maintenant quels rapports ces deux
procdes contraires soutiennent avec les (orn)es les plus
gnrales de t'organisation sociale, nous ations voir se
drouler une srie d'oppositions caractristiques. On sait que
l'existence d'un groupe est souvent fie il celle d'uue classe
dtermine, au point de ne pouvoirse maintenir si cette classe
ne se maintient et avec tous ses caractres spcifiques c'est
tantt la plus leve, tantt la plus nombreuse, tantt enfin
la classe intermdiaire qui joue ce rle. Or, dans les deux
premiers cas. c'est l'immobilit des formes sociales qui s'im-
pose dans le troisime, c'est, au contraire, leur lasticit.
Les aristocraties sont gcneraiemcnt conservatrices. Suppo-
sons, en cifet, qu'elles soient rellement ce que leur nom
signifie, c'est--dire la domination des meilleurs; elles
expriment alors sous la forme la plus adquate possible l'in-
galit de fait qui existe entre les hommes. Or, dans ce cas
je ne recherche pas s'il s'est jamais ralis, sauf trs par-
tiellement l'aiguillon qui pousse aux rvolutions fait
dfaut; c'est, savoir, cette disproportion entre la valeur
intfinsque des personnes et leur situation sociale, qui peut
susciter aussi bien les plus nobles que les plus folles entre-
prises. Par consquent, mme dans cette hypothse, c'est--
dire quand l'aristocratie est place dans les conditions .tes
plus favorables o elle puisse tre. elle ne peut durer qu'en
fixant d'une manire rigide et l'tendue de ses cadres et leur
mode d'organisation. Le moindre essai de drangement mena-
cerait, sinon en reaUte, du moins dans l'esprit des intresss,
cette rare et exquise proportion qui existe par hypothse entre
les qualits des individus et leur place dans la socit par
suite, un premier germe de rvolution serait constitue. Mais
ce qui sera toujours, dans toutes tes aristocraties, tu cause prin-
cipale de ces rvolutions, c'est que cette absolue justice dans
la distribution des pouvoirs ne se rencontre pour ainsi dire
pas. Quand une minorit est souveraine, la suprmatiequ'elle
exerce repose presque toujours sur do tout autres principes
que cette proportiouuaiit idale. Dans ces conditions, la classe
dirigeante a tout intrt viter les nouveauts, car elles
veilleraient les prtentions, justes ou soi-disant telles, des
classes diriges, et il y aurait craindre alors non seulement
un changement de personnes, mais, et c'est ce qui importe a
l'objet de notre recherche, un changement de constitution.
Dj le seul fait que l'ou a parfois change violemment le
personnel gouvernementul avec l'appui de la masse, suffit a
donner l'ide que le principe mme de l'aristocratie pourrait
tre renverse pur la mme occasion.
Ainsi, la meilleure faon de se maintenir, pour une consti-
tution aristocratique, est de s'immobiliser le plus possible.
Cette proposition ne s'applique pas seulement aux groupes
politiques, mais aux associations religieuses, aux socits
familiaies ou mondaines qui peuvent prendre la forme aris-
tocratique. Partout o elle s'tablit, ce n'est pas seulement
pour le maintien de certaines personnes au pouvoir, mais
pour le maintien de son principe mme qu'un conservatisme
rigide est ncessaire.C'est ce que montre clairementl'histoire
des mouvements rformistes dans les constitutions aristocra-
tiques. Quand ces socits s'eiorcentde s'adapter des forces
sociales nouvelles et un idal nouveau, quand, par exemple.
elles adoucissent l'exploitation laquelle taient soumises
les classes infrieures, on rglementant les privilges par la
loi au lieu de les abandonner M l'arbitraire, toutes es
rformes, dans la mesure ou elles sont volontairement cou-
cdes, ont pour but final, non les changements mmes qui
en rsultent, mais la stabilit qu'elles donnent aux institu-
tions qui sont conserves sans changement. La diminution
des prrogatives aristocratiques n'est qu'un moyen pour
sauver le rgime dans son ensemble. Mais une fois que les
choses en sont arrives l, ces concessions sont, d'ordinaire,
insuffisantes. Toute rforme met en lumire de nouveaux
points rformer et le mouvement, auquel on avait accd
pour maintenir l'ordre existant, mne, comme par une
pente douce, la ruiue de tout le systme. Dans ce cas, la
seule chance de salut est que, les prtentions nouvelles ne se
laissant pas rduire au silence, une raction radicale se pro-
duise et qu'on revienne mme sur les changements antrieu-
rement concds. Le bouleversement gnrt auquel s'expose
ainsi t'aristocratie, quand elle se laisse modifier, explique
qu'un immobilisme outrance soit pour elle le meilleur
instrument de dfense.
Lorsque la forme du groupe est caractrise, non par la
suprmatie d'une minorit, mais par t'autonoinio de la
majorit, c'est encore une stabilit radicale qui en assure le
mieux la survie. Cela tient d'abord M ce que les masses,
quand elles forment une unit sociale durable, ont un esprit
essentiellement conservateur. Par l, elles s'opposent aux
groupes temporaires que forment les foules assembies.
Cettes-ci, au contraire, montrent, dans leurs dispositions
comme dans leurs dcisions, lit plus grande mobilit; a ta
moindre impulsion, cties passent d'un extrme l'autre.
Mais quand la masse M'est passons le coup d'une excitation
immdiate, quand une stimulation mutuelle de ses membres
et une sorte de suggestion rciproque ne la met pas dans un
tat d'instabilit nerveuse qui read impossible toute direc-
tion ferme et la laisse la merci de la premire impulsion,
quand, en un mot, ses. caractres profonds et durables peu-
vent produire leurs cnets, alors on la voit domine par la
force d'inertie; etto ne change pas d'ette-meme son tat
de repos ou de. mouvement, mais seulement quand des
forces nouvelles entrent en ligne et l'y contraignent. C'est
pourquoi, quand des mouvements sociaux sont t'ouvre des
masses et leur sont abandonnes sans direction, ils vont faci-
lement jusqu'aux extrmes, tandis qu'inversement un qui-
libre social qui repose sur les masses se rompt difficilement.
t)e l cet instinct salutaire qni les pousse, pour garantir leur
unit sociale contre la mobilit des circonstances, garder
leurs formes telles quelles, dans une immobilit opinitre, au
lieu de les plier incessamment tous les changements du
milieu.
Dans les socits politiques, une circonstance particulire
contribue produire.cersultat c'est que celles qui ont pour
base la classe la.plus nombreuse et o t'gattt des individus
est la plus complte, sont surtout des socits agricoles. C'est
le cas de la socit de paysans que formait la Rome primitive
et des communes d'hommes libres qu'on rencontre duns
l'ancienne Germanie. Ici, la matire de la vie sociale dter-
mine la manire dont la forme se comporte. L'agriculteurest
un conservateur a pn'o~. Son travail, pour produire ses fruits,
a besoin de temps et, pa)' consquent, d'institutions durables
et d'une stabilit parfaite. L'impossibilit de prvoir ces
caprices de la temprature (tout il est si troitement dpen-
dant, l'incline-vers une sorte de fatalisme qui se traduit par
une rsignation patiente vis--vis des forces extrieure!; plu-
tt que par de la dextrit viter ieurs.coups. Sa technique,
d'une manire.gnrale, no peut rpondre aux variatious du
milieu par des variations correspondantes avec ia prompti-
tude dont sont tapantes l'industriel et le commerant; et
ainsi, par suite des conditions mmes de l'art agricole, une
organisation sociale qui s'appuie sur une vaste classe d'agri-
culteurs tend naturellement i'immobiiit~-
Mais il en est tout autrement quand la classe directrice.est
la ctasse moyenne et.que d'elle dpend la forme du groupe.
La raison en est dans une particularit qui lui est spciale
seule, elle a, la fois, une limite suprieure et infrieure.
Par suite, elle reoit sans cesse des lments de la classe
infrieure comme de la classe suprieure et elle en donne
son tour et l'une et l'autre.' II en rsulte qu'elle a pour
caractristique un tat de flottement- qui fait que, pour se
maintenir, elle a surtout besoin d'une grande aptitude
s'adapter, varier, se plier aux circonstances car c'est
cette condition qu'elle peut diriger ou prvenir les invitables
mouvements de l'ensemble,de manire garder intact, maigre
les changements qu"elle traverse, tout l'essentiel de ses
formes et do ses forces.
t!ne socit do ce genre a pour caractre distinctif la coHft-
?))<)< Elle n'implique, en enet, ni une galit absolue entre
les individus, ni la division du groupe en deux parties radi-
calement htrognes, l'une suprieure et l'autre infrieure.
La classe moyenne apporte avec e,lle un lment sociologique
entirement nouveau. Ce n'est pas seulement une troisime
classe ajoute aux deux autres et qui n'en ditere qu'en
degrs, comme elles diffrent elles-mmes l'une de l'autre. Ce
qu'elle a de vraiment original, c'est qu'elle fait de continuels
changes avec les deux autres classes et que ces fluctuations
perptuelles effacent les frontires et les remplacent par des
transitions parfaitement continues. Car ce qui fait la vraie
continuit de h) vie collective, ce n'est pas que les degrs
de l'chelle sociale soient peu distants les uns des autres
ce qui serait encore de la discontinuit c'est que les indi-
vidus puissent librement circuler du haut ou bas de cette
chelle. A cette seule condition, il n'y aura pas de vides entre
les classes. H faut que les carrires individuelles puissent
successivement passer par les plus ltitutes et par les plus
basses situations, pour que le sommet et in base do la hi-
rarchie soient vraiment relis l'uu a l'autre. H est ais de voir
qu'it en est de mme l'intrieur de la classe moyenne elle-
mmo; qu'il s'agisse de considration, d'ducation, de for-
tune, do fonctions, les conditions n'y sont continues que dans
ia mesure o une mme personne peuten changer.facitement.
Telles sont les raisons qui font qu'une socit o lit classe
moyenne est prdominante se caractrise par une grande
lasticit c'est que, les lments y tant trs mobiles, il lui
est plus facile de se maintenir en variant si le milieu varie,
qu'en restant obstinment immuable. Inversement, on pour-.
rait montrer qu'un groupe o les conditions sont nombreuses
et rapproches les unes des autres doit rester plastique et
variabie, s'il ne veut pas qu'il se produise d'importantes rup.
tures dans sa masse. L. o les situations possibles sont inn-
uiment diverses, les chances pour que chacun soit sa vri-
table piaco sont bien moindres que dans une socit ou il
existe un systme de classes nettement dfinies et o, par
suite, chaque individu est encadr dans un groupe tendu et
l'intrieur duquel ii peut se mouvoir avec une certaine
libert. Dans ce dernier cas, en enet, comme la socit ne
contient qu'un petit nombre de conditions tranclies,
chacun, au moins en rgle gnrale, est naturetiement
dress eu vne du cercle particulier dans lequel it doit
entrer. Car comme ces cercles sont assez vastes et n'exigent
de teurs membres que des qualits assez gnrtes. l'hrdit,
l'ducation, l'exemple snnisent a y adapter par avance les
individus, ttse produit ainsi une .harmonie prtablie entre
les qualits individuelles et tes conditions sociales. Mais ta
au contraire o, grce l'existence d'une classe moyenne, il
y a toute une gamme de situations varies et gradues, ces
mmes forces ne peuvent plus prdterminertes particuliers
avec la mme sret; l'harmonie qui, tout l'heure, tait
prtablie, doit, maintenant, tre retrouve a p<M<M'<on et,
par des moyens empiriques pour cela, il faut que chaque
individu puisse sortir de sa situation si elle ne lui convient
pas et que l'accs de celle laquelle il est apte lui soit ouvert.
Par consquent, dans ce cas, ce qui est ncessaire au main-
tien du groupe, c'est que les frontires des classes puissent
tre aisment dptaces. constamment rectifies, que les
situations n'aient rien de dfinitivement fix. C'est seulement
de cette manire que chacun pourra arriver a rencontrer la
position spciale qui convient ses qualits spciales. C'est
pourquoi une socit o la classe moyenne domine doit
empioyer, pour se conserver, des procds contraires ceux
qui servent a une aristocratie.
V!I
PnEMtM)-: SECTION
SOCIOLOGIE GMNHMALH
PnrM.tmL'GL
t. 8Ut:tO).0<UR t'tUt.OSOt'ntQL'K
C. TARDE. L'oppositionuniverselle. Essai d'une thorie
des contraires. 4!!)-vm p., Alcan, Paris. 1897.
C'est par accident, si t'ou peut dire, et sans la prmditation
de son auteur que le nouveau livre de M. Tarde revient la
sociologie. M. Tarde se proposaitd'chapper aux < questions
sociales en suivant, o elle voudrait le conduire, 1 ide
gnraie d'opposition elle n':) pas tard A le ramener a ses
proccupations habitue))es, accident heureux et d'uilleurs
facile a prvoir.
Xous laisserons les mathmaticiens, les physiciens, les
naturalistes et les psychologues suivre pas a pas l'auteur dans
cette < promenaded'esprit' pendant iaquelie il regarde passer,
a tous les tages superposes de la raiit physique, vivante,
mentate, !a procession de couples enchans de contraires qui
s'y droute eterneiiement Ce qui importe lu sociologie,
c'est la dfiance que cette revue gnrale doit lui inspirer.
selon l'auteur, tant a l'gard de la ncessit qu' l'gard de la
fcondit de l'opposition. Trop souvent, qu'il s'agisse des
quantits imaginaires,de la loi de la reaction gale l'action,
ou de l'anabolisme et du eatabolisme, on a forg des opposi-
tions toutes subjectives, pour repondre au < vu de sym-
trie. on a imagin que toute volution tait suivie d'une
dissolution inverse, que tout progrs tait du l'entrecboc
soit physique, soit physiologique, soit mental: l'examen
rapide des faits sur lesquels on a bti ces hypothses conduit
M. Tarde cette conclusion qu'on a fait, tort, honneur
l'opposition de ce qui est i'uvre de l'adaptation et de la
variation.
La mmeconclusion se dgagera, plus vidente encore, des
faits sociaux directement interrogs. Examinons en enot les
difrentes espces d'oppositions sociales, les oppositions c de
sries celles de degr et enfin, les plus importantes
vrai dire. racines des prcdentes, les oppositions de sens
Parce que la croissance d'une langue, d'une religion, d'une
constitution s'est effectue suivant un certain ordre, doivent'
elles ncessairementdcrotre dans l'ordre inverse ? En un
mot, les volutionssociales sont-elles assujetties, comme on le
croit souvent sur la foidcl'ided'opposition.larversibilit?
Au contraire, la rversion n'est dans tous les ordres de
phnomnes sociaux qu'un accident ou, pour mieux dire,
qu'une apparence; et plus leur trac est logique et orient
vers un but, moins il y a de chances pour qu'ils reviennent
sur leurs pas (p. 303). Imagiue-t-on que, dans une soctte en
train de se dissoudre, la perte graduelle des connaissanceset
des thories s'oprerait dans l'ordre prcisment inverse de
celui de leur acquisition? Le travail de dcompositiondes
formes grammaticaleset syntaxiques n'est, do mme, nulle-
ment t'inverse de celui qui les a etaboreit. La succession des
nuances de beaut qu'on gote chez tes grands crivains ou
des aspects de vrit qu'on dcouvre chez les grands phito.
sopttes Ne parait pas susceptible de se retourner. C'est enfin
s'en tenir aux apparences ou mme aux concidencesde mots
que de croire que les transformations conomiques nous
ramnent au collectivisme ou au troc primitif. Eu ralit,
l'ordre des phnomnes conomiques, comme celui de tous
les phnomnes sociaux, est dtermin par l'ordre de l'appa-
rition des dcouvertes et par celui de leur propagation imi-
tative (p. 324) or it n'y a aucune raison pour que les imi-
tations cessent, ou pour que les inventions se perdent dans
l'ordre inverse de celui de leur adoption ou de leur cration.
Ce sont les initiatives fcondes et leur rayonnement imitatif,
et non les oppositions striles, qui mnent rvolution ou
plutt les volutions sociales (p. 33~).
La rgression est-elle plus ncessaire que la rversibilit?
Considrons les quantits sociales, et demandons-nous s'il
est indispensable, comme l'ide d'opposition tendrait te
faire admettre, qu'aprs avoir cra elles dcroissent? Sui-
vant li. Tarde, les deux principalesquantits sociales sont ies
< lumires. et tes richesses ou encore ta < vrit dis-
tincte de la conviction personnelle,et ta < valeur a, distincte
de l'utilit individuelle. Eties sont vraiment sociales en ce
sens qu'on pourrait, mme s'it n'y avait rien dans les indivi-
dus eux-mmes qui tut mesurable, mesurer au nombre des
individus qui s'entre-renteut les variations propres de la
valeur ou de la vrit. Si la valeur est, en fait, plus aise
mesurer, c'est que la nature mme des richesses, qui ne peu-
vent s'changer que moyennant le sacrifice des unesaux autres,
a exig ta constitution d'uu mtre sur lequel ou s'accorde pour
rgler l'tendue de ce sacrifice, tandis que la nature des vri.
ts, qui s'additionnent (ou se contredisent), mais ne s'chan-
gent pas, n'a pas fait prouver le besoin d'une mesure qui leur
soit commune (p. 340). Il n'empche que la quantit des
vrits est au moins aussi importante aux socits que la
quantit des richesses. L'une comme l'autre tendent norma.
lement s'accrotre, en vertu de cette ambition universelle
qui pousse toute invention se propager et, autant qu'il est
en ette, conqurir le monde. Si elle est arrte dans sa
marcheconqurante,ce n'estnullement en vertu d'une nces-
sit interne. qui la contraindrait & dcliner par cela seul
qu'elle a progress, c'est qu'elle est heurte et refoule par
quelque autre lu dcadencede la premireest la consquence
et l'image t't'tn'ersec, non de sou propre progrs, mais du pru.
grs de lit secoude. C'est ainsi que le dclin de la consomma-
tion du seigle correspond au progrs de la consommation du
froment, et ledctin de ta marine a voile, ait progrs de ta
marine vapeur. En un mot, qu'il s'agisse du progrs des
lumires ou de celui des richesses, la progression a sa cause
interne; ta rgression, quand ettealieu, a une causeextrieure.
La progression est la rgie, ta rgression l'accident p. 348~.
Si l'on passe enfin de ta considration de ces oppositionsde
degr celle de ces oppositions de sens dont toutes les autres
drivent, fuut-it croire que la lutte sous toutes ses formes est
absolument ncessaire et, en tout cas, minemment utile ta
vie des socits? Question vitale, puisqu'elle nous amne a
nous interrogersur la valeur de la concurrenceet de lit guerre.
Et d'abord la concurrence ne cre rien par elle-mme. C'est
par l'invention des procds nouveaux, qui n'est pas toujours
dtermine par la concurrence, l'invention de la charrue,
par exemple. n'a pas jaitti certainement de la concurrence des
agriculteurs primitifs, que progresse l'industrie (p.~70). Et
c'est encore ta propagation imitative de ces procds comme
des besoins qu'ils suscitent qui rend !a concurrence possible.
Sans l'imitation et d'abord sans l'invention imite, dues, en
somme, non la mle des gosmes, mais l'instinctive
sympathie qui rend l'homme sociable, la concurrence est
impuissante ou malfaisante, tandis que, mme sans concur-
rence, l'invention et l'imitation sont toutes puissantes et
finalement bienfaisantes (p. 37~. Loin, par suite, que le pro.
grs ne puisse s'accomplir que par l'exaspration de la con-
currence et l'entrechoe des intrts, le progrs consiste
substituer, la rivalit confuse des intrts qui s'opposent,la
dlimitation prcise des droits qui s'accordent.
Si !a lutte, sous cette forme attnue qui est la concurrence,
nous paraitdja infconde en elle-mme, que dirons-nousde
la guerre < confluent et consommation de toutes les opposi-
tions sociales pousses bout et s'exprimant par toutes les
oppositions physiques '? A un certain point de vue, la
guerre apparat bien comme une osuvre directe de la sociali-
sation elle-mme. Une passion commune de nombre d'indivi-
dus pour un mme objet, et la conscienc vive de cette com-
munaut de passions, telles paraissait'ntbtcutrc,encuft, tes
conditions de lu conversion des conflitsd'individus en conflits
de masses. Mais pourquoi ces conflits sociaux prenm'ut.its,
encore aujourd'hui, la forme de guerres proprement dites
fi n'y a l, suivantM.Tardp.aucnne ncessite, mais uneha))!-
tude. Ou se but parce qu'on s'est battu. La guerre est une sur-
vivance (p. 3!t0). Mais, du moins A l'origine, ce proccd sau-
vage n'tait-it pas ncessaire? Sans la guerre, mre de la dis.
ciptine, le progrs humain tait-il possible? Pourquoi
non ? La religion, aussi bien et mieux que la guerre, fait les
socits. Si t'humanit.autieude prfrer dcidment la pre-
mire a la seconde, a us ta fois de l'une et de l'autre par
un compromis fcheux, c'est l, suivant fauteur, une sorte
d'accident qu'on peut supprimer par la pense sans avoir
supposer du mme coup ta marche des socits arrte.
En fait. ta o la guerre n'entrane pas, comme elle te fait le
plus souvent, cet largissement du groupe social qui est le
vrai progrs de t'hunumite, elle ne fait que consacrer, et sou.
vent en les mutilant, les pacifiques conqutes opres par
l'expansion imitative de la religion combine avec celle de la
langue, des usages, des mmurs (p. 40~.
En un mot, le progrs social n'est pas d a t'hostitite,
quelque forme qu'ctie revte, mais l'ambition et a t'amour
pres de l'invention et de l'imitation. La lutte en elle-mme
n'est paf plus utile que n'taient ncessaires la rgression ou
la reversion. Ce n'est donc pas daus l'opposition, c'est dans
la variation dont l'opposition est parfois une cause occa-
sionnelle, mais dont elle n'est nuttement ta raison suttisante,
et dans la rpetttion dont l'opposition est un cas parti-
culier, mais non la forme gnerate qu'il faut chercher les
principes bienfaisants des transformations de l'univers.
Et ainsi le nouveau livre de M. Tarde se trouve apporter une
preuve indirecte et inattendue, mais par ta, sembte-t i), d'au-
tant plus probante, de la vrit des ides dfendues par ses
livres antrieurs.
Danscetui-ci,aussi bien que dans les prcdents, les tec-
teurs savent d'avance qu'ils trouveront une profusion.d'indi-
cations fcondes, de remarques pntrantes, de vues larges et
hardies. En mme temps, dans cetui-ci peut-tre plus encore
que dans les prcdents, il leur sera parfois dtnicitede distin-
guer nettementles hypothses des vrits, les rapprochements
des explications,l'utopie de l'histoire, et l'idal de la ralit.
Ceux qui souhaitent la constitution d'une sociologie propre-
ment scientifique, objective et spcifique, ne trouveront pas
toujours leur compte ce sduisant entre-croisementd'ides
et de rves qui caractrise l'O~MtOM MM<rc~p<
Toutefois ceux-ci mme sauront gr M. Tarde d'avoir
montr nettement, sinon en quoi les faits sociaux se dis-
tinguent des faits individuels, du moins en quoi ies faits
sociaux se distinguent des faits biologiques. En dnonant,
maintes reprises, t'ailiance du naturalisme et du militarisme,
en rappelant & quelles erreurs la fois thoriques et pratiques
entralne i'ide que les socitssont des organismes, ncessai-
rement soumis, comme les organismes individuels, une
volution prdtermine qui, aprs un dclin inverse de
leur croissance, aboutirait a la mort, M. Tarde contribue,
pour sa large part, a dissiper les quivoques qui rsultent,
le plus souvent, des transpositions sociologiques de concepts
tout biologiques.
H.S<)t:)).<H:tKMtO).<'<:t~CH
t:
(t) Sus fitttmn!! renvoient au tMt<- on~ioa), lit tntttactiut) taisant )M)tt-
heareaMt))t!nt<t dusitof. (V. Rer. p/tt/MO~A., tifST, p. SM.)
cotte-ci se diirencie de la biologie, Elle tudie part ces
phnomnes psychologiques plus complexes et crateursd'un
milieu spcia!, qui rsultent de i'intcr.action des consciences
Individuelles. Elle est la science de l'association des esprits,
tandis que la psychologie t'esto la science de l'association des
ides (p. du texte)..
Intermdiaireentre les sciences organiques et les sciences
historiques, et usant d'ailleurs, comme toutes les sciences
concrtes, d'une mthode ia fois dductive et inductive,
elle est capable de dcrire les lments et la structure de la
socit, de retracer les phases de son dveloppement, d'en
indiquer enfin ia loi et tes causes. Ainsi se formera une socio-
logie gcnrate et pourtant spcifique
historique et explicative.
science descriptive,
XHMAXQUHS FtX.~LKS
h TKArr~t:~t:K.\t.'X,)')ttt.t'St)t'n));, )))::)-))<)))).'
)'?)')). MACiiii.
XOTtCES
M.~x
MUH.KR. Contributions to the Soienoe ot Mythology.
Lond. Longmansand C", <8M7, a vo). in-8".
Xous rendrons compte de la traduction franaise qui paruttra cette
anne ta librairie Atean d'aittcurs. autour de c<; livre, uue pote-
mique importante s'<"it <!tet')~ <;n An(j)et<'rt' nous re~'n'ons donc
une tude de ia question pour !<' prochain votunte d'' )'~f'f .s'ot'f'o.
f'~t'~xe.
NOTICES
Maj. W. UHOADFOOT.
Kaartstams and th Kaara (in M't<t'oo<<<
.t/ytt'Mf, tM~.nMt's).
C. Af)t)Ot;E
H.-M. COXXOLLY. Sooial life in Fanti Land (~KM. o/' the ~M<A)-.
/M~. o/ow/.j, XXVt. ? 2, i29.t83.
p.
KUDOH-' PHtETZH. Beitrege zur Erforsohnng von Spraohe
MndVo!ksgeistin der Togo-kolonie (<?<'t~ /)/)'<taHMcAtun~
OtMtNMcAe ~M'/M). Mertin, 3" anne, in-K", p. 6t.
~.Uc~AXtK
STE!~)!Af:H. Einige Schadet von der nsel Nauru (~f~t<
/<t~t)</).(~<c/t.A'</tM~<8M.Y).)).SM~uiv.)
?{..Y. STE~t~. -Die Fermier fi)' S et tBjuitt <89'! (p. 349 et 3?t ).
SEttOCMEVSK! (V. T.). (Kn rus-ie.) Yakoutee.SMiht-t'<'tc)"ib.,t8!'6,
n~O. tmpt'imerif'des Apanugt's, {if. in-S".
XUTICKS
M. HAXTHLS. Mittheiluagen aus demFrauenlebomderOrang-
BAlondas', der Orang-Djakuna. der Orang-L&ut. )<'uf't''s
))t-o)fVtUt(!h!u) Stcvens, in~<!c/< /:7/<M., tSuc.IV, t62-202.
A n'marquct' les intcnHctions <'nn';f'n)ant icx r<'m)n)'s, k'tu's
f~-t'indt's, i'uccouctK'moX,et tout pMtticuiif'rententtes t-it'-s d'' put-i-
))cation(n"t':2~uh'.).
H.-H. MATftHWS. The Burbung of the Wiradthuri Tribes.
J. A. t. t897, X\'t, u'' 3. ()). 2':2 suiv. MUMt-tjUubtes K~n''tnoni''s
d'iHittatio)).
!)' n.-t'. KAMfK. Haus und Hof bel den Huzulen, oin Bei-
trag zOr HausfoMchtmg im Oesterreich. f/AM.. V, p. t~,
<86.;
h'. CUt~'AXCHS ET t'BA'nuL'HS KUSCKKXAXT ).KS MuttTS
t'arM.MAtss.
R. STEIX~tKTZ. Continnittoder Lohn und Strate im
Jenseits der WUden ~'uHN'Ht<~ ox pc<MM et <'t'<'OMtpf)tj!M
(/f~ h r'<<'OM~'<to~<' chez <? ~Kra~M). (~'<~tf. /<'~H-
</<ro/)o~ 189?, p. S77.68.)
Cet article est plus important que tel ou tel gros livre, et
par la preuve et par le rsultat par la preuve, car l'auteur
y rassemble presque tous les renseignementsque nous avons
sur les conceptions que les sauvages se font des peines et
recompenses dans l'autre moude par le rsultat, car il s'agit
de la question de savoir si les sauvages ont ou non cru que la
moralit en ce monde pouvait anccter leur existence au del
du tombeau, ou si cette croyance ne serait pas plutt de cra-
tiou rcente. La discussion est eu cilet ouverte, et c'est dans
une rfutation de la monographie de M. MariUier sur le mme
sujet (A ~of<N'f </<' <'<!Mtc et ~'fWf </c;~<c<' <'; ~M ~<'p~
t!OH c<f <<!<&() que consiste le prseut travail.
M. Marillier a divis les faits eu ciuq groupes t" chez
certainspeuples, il ne trouve aucune ide des peines et rcom-
penses; chez d'autres, les dinereutes conditions de t'ame
aprs ta mort lie sout que ta continuation de la coudition ter-
rostre ou en dpendent ailleurs, elles varient avec le genre
de mort 4" dans d'autres cas, des embches,des ordalies sont
censes attendre i'ame au sortir de la vie et son sort dpend
de la faon dont elle triomphe de ces preuves (de l l'impor-
tance de certains rites funraires o l'on munit le mort pour
le grand voyage;; S" enfin, il arrive que l'influence des ides
morales commence se faire sentir, ou que des emprunts au
christianisme introduisent l'ide de justice dans les notions
de l'autre vie. Tels sont les faits dont M. St. critique avec le
plus grand soin lu nature, la source et la classiticattou. M. St.
en effet avait soutenu ailleurs 'A'</)Ho<o~MF/' .S'<)/<e, )894)
une thorie qui lui semblait rsulter des faits et qui allait
l'encontre des ides de M. Marillier, et, ajoutons-le, contre la
thorie presque classique de la continuation de la vie de
l'me. C'est donc avec une certaine passion qu'il maintient
son opinion, eu attaquant, sur certains points avec suces,
les conclusions de ses adversaires.
Il semble que M. St. ait raison ( ~) de maintenir que les
faits du second groupe no sont pas dnus de caractre moral.
Si, dans l'autre vie, la condition, la fonction sociale ou reli-
gieuse importent et classent les individus en heureux et mal-
heureux, elles correspondent ds cette vie une hirarchie
tnoraie. Car pour le sauvage i'tat de fait correspondexacte-
menta l'tat moral, et le riche est pour lui ncessairement
meilleur que le pauvre (surtout en Mtausie). Pour les faits
du troisime groupe, si les diffrentes conditions de t'ame
correspondentau genre de mort, c'est qu'il y a une sorte de
mrite il mourir plutt d'une faon que d'une autre. En qua-
trime lieu la victoire des preuves du passage qui attendent
les mes au sortir de ce monde dpend non seulement do la
force physique, mais de ta vertu, du courage, de la pit du
mort et des droits que sa conformation aux usages sociaux lui
a acquis envers les hommes et les dieux. Pour ce qui con-
cerne l'emprunt possible, M. St. critique l'opinion de
M. Mariitier, suivant laquelle les Indiens de l'Amrique du
Kord auraient, dans leur conceptiondes champs de citasse des
bienheureux, reu l'influence des missionnaires chrtiens, t)
remarque avec raison que les jsuites auraient introduit en
mme temps qua l'ide d'un Paradis celle d'un Enfer (p. 896)
dont on ne trouve pas trace; il soutient le caractre autoch-
tone des mythes amricains du monde futur. M. St. se rat-
tacite donc l'explication de Waitz, laquelle nous nous
rallions galement. Quant l'ordre de faits que M. Marinier
avait mis en tte de sa classification, M. St. t'affaiblit en rdui-
sant le nombre des observations sres et en montrant qu'elles.
sont faites sur des peuples de culture trs ingale.
Cette discussion minutieuse et cette monographie critique-
d M. Marittier et de M. St. montrent reitement la voie o
l'ethnologie doit s'engager. Mais si dcisifs que semblent
certains gards l'argumentationet les faits de M. St., il reste
tabli que, logiquement, et en quelques cas, l'ide de la sur-
vivance de l'me est indpendante de la notion de justice.
C'est par fusion entre ces deux ides de la conscience sociale
que l'ide actuelle du monde futur s'est produite. Mainte-
nant, M. St. peut dire que dans la majorit des cas nous
trouvons la fusion opre, et que la faon dont l'individu
est moralement jug influe sur la faon dont les survivants
s'imaginent sa vie d'au del. Enfin M. St., dans un para-
graphe remarquable ( 6), montre que cette combinaison tait
possible et mme ncessaire dans certaines circonstances
sociales, et comment la contiuuit physiftue. suppose entre
le monde des morts et celui des vivants, entranait aussi ta
continuit morale. U semble avoir satisfait aux exigences les
plus rigoureuses de la preuve, et on ne peut lui. refuser
d'admettre qu'il y a eu, ds l'origine, troite association des
ides morales et des croyances concernant les morts, mais il
faut maintenir que dans de nombreux cas l'association ne
s'est pas produite.
D'ailleurs quelques considrationssociologiques seraient
introduire dans le dbat. La premire serait, pour parler
comme M. St., cette du rapport des peines surnaturelles
clestes aux peines terrestres du mme genre o, et, pour
employer des termes plus exacts, celle du rapport de l'obser-
vation des interdictions rituelles et de la vie d'outre-tombe
le pch, le sacrilge sont les premiers crimes punisdans l'au-
del, ce sont aussi eux qui affaibtissent t'me assez pour que
l'individu meure ou qu'il disparaisse ou qu'il erre partout au
lieu d'arriver dans le monde des bienheureux. La seconde
serait celle du rapport des sacrifices et du sort de t'me aprs
la mort. Car les actes religieux ne fortifient pas seulement la
sant et la situation sociale de l'individu, ils assurent encore
sa vie ternette, et la doctrine que le salut vient des uvres
pies est un des tmeuts des ides qui prsident au sacrifice
mme.
XOTtCKS
/t. PK<))).TO)U)~L't:
A..P. MAnSEX. Ch'avhje og GravfuNd A'a Sten&deren i Dam
mark. De oattige Danmark, 38 p.. 50 p). Kjbt'nhavn. <:y)-
dendft!, <89C, in-fo)io. (Tombes du Dancmm-k )
W. COt'ELAXU BOHLASH. Th Dolmens ofiretamd. 3 v.ni-8",
Chnpmanand HaH, )M6. (Mistribution <'t mpprocht-utFnts.)
/<.PK'')').H;<<(). t:tY)t.).-t'.<
n
C.A~T)))tOt'Ot'M.)KMf!t.)<:)t:L't!
F.
~.AXT)UL')TtS CMCQLt!
~.CM)XB
D'ENJOY. Le culte des mcrta en Chine (Reu. /K<. de Socio.
~t'f.rnarstSM).
EOYt'Tt!
(:. MASPERO. La table d'offrande des tombeaux eerypttena
(~. <<?<. /M~ XXXV, 3, p. 275, 350).
Article qui ne sera Mhev que dans le tome suivant, dpasse d'au-
leurs tes timites mmes du culte des morts; nous en ferons une tude
dans ta prochaine anne.
f<KA.'<0)!!f KeLtOO~
NOTICES
MOXOUMAPMt)!0)VBKSt!S
<
P.-G. SCOTT.
tion
Thodcvilamdhismps.anetymologioalinquiai-
Vt.).)!)UTCK).
~'ar M. )hm!)
Moxs. FRANCESCO MAGAN!. I.'a,attc& Liturgla Romana
(/<!Mn'~f' /.<<x~' fomat'He). VoL I, Mitano. Kpo~ra/M
poH~/MM, J. Giuseppe, t897, in-8', x-2H8 p.
XOTtCHS
~t')t)!:)tHSt:TH)Tt'Kt.
mat!i<)m's.pHt-is~)<i))t.du)!))(!(t)t('Sci!'))t'c),)8M,3<i().it)-)8.
)'<'s)'rh'-r)'<))t!)M")u<'<t))t(.M.))!t<s'-tn<tt)sd~))t)''h~<h(nsunftr{"i
t'eitett'itdttctio)),et suivant mtt;hn)xtn''s)h'ur''ux.'t'ntjt)usitnmM-
diat<-)t)<-)tt))tt't'<'s<)nt<'s(jUt-h's..j.:))st')t;n'-m('nt~t.L)'s))ti!t-ps,
surtout :tp!tt-tir du ht )V'n')-cntd.'s<;x(-)nt)tes.:M'k-)).'fd<)tnti.).
nis)nt'd<-i'it)voc!ttitj)t)'td''iut'itr<)nd()t)t)!t)<m's<'(-thttnystittu<'
n'ont foit,en .\byssini<(ju''r<'cuun'iruu)u)td('rin)iti)'.
HEv. [.S. WAHXKX. The Dies rso. t. y/te /M. ).on()., <89U.
Sk''tttt)).:tonandS<')js.
F.-K. BHR.ttTM. ))onnf mu- <ditiun )'etU!n~tmbt<- des textes
Ittm-)!i~m'!i. Ox)'. (:)!tt'<'n<to)t t'tt's.'.
~MA~K f.
\t<.MYTHKM
fw MM. MAms et th)'t:M.
XU'DCHS
.t. - MtTHOt.OutK COMt'.Utt!)!
M.tx ML't.LHtt. ct't~MM.
)'K)')').t:S SAt'YAt.KS
W.~M. MATTHHWS. Navaho Legends, oolleoted by. (~Mff/fM
~u)'<.Soc' "ton. )8M,iu.8".
d.-HAMtLTOXCL'SH)Xt:. OutUnes ofZuoi oreation myths (TVtc
<3"' .)M)f/ /<<<or< y <At' BMf(''(t< o/'7:'</'/w/ J.'W t'uwct), dit..
<89t-S. (Smiths'tniun txstitutc Wash., <896. <:ov. t'tint. utT.. )!<
in4,)'. 39S-4t7.)
Tn's itttpottuntt' tnuno~t'apht' ).'aut<'u)'j't'st''dt'tt'~ ))i<t) t'ttistoi)'
''( tHt'nx* lit jx'~histoin' de tu jx'uphtdt' d"))t il tmitc. L'tt d<v<)o)))'c-
tnott, n)a))x''n'<'))!)n''nt court tuais tout afait ~'t))!n'')U!thh',sur)'or-
)<!t)tisMtiu)t n)yt)))'sf)eiutoj<i<)Uf' xuf!i, <st-a-di)'<' t~t~miqu< sur
icut <:uit<'s a~mitM un fxposo d<tai))~, j'rot):d)I''n)''nt <)'' ~raudc
vateu)' ti)))!uisti)jm',des mythes <'t d''scuhcs foom'MS, voit ce que
t'utttieutccttt' )'at'ti<* tle cf bom voiump.
TM. AC))M.tS. Der Gott Tan. Bim Kapitel aue der Polyne-
siMhen Mythologie, t8''7, ix-S
t). H)ti~(:K):X. Die Sage der Ovambo vom Kaluaga. Bed.
St<;itc)))n)sc)).,)897.
C.- S)'KY)VA.L':f)H."YTO)!S
hm~
Il. (!KLXHH. Zur ArmeniecheaGoattertehre <'A.).
L'!)ut<ut'('h<'n'))<')<"itt)fr~)'"))t')'))as)".df-
UM~mmUMn~q~yf~~t~p~
d<'tMt)h- imniL-nm-. syt-it-nm', ~rcctjtK-. t't df)n<)''
)!. !)t) )49.
A. A\t)t.):H. Quid ad Germanicas fabulas herocas Hiberni
contulerint. t'ari-i, t8~.
Sut'MK fit t.t.H. - Heige Digtene i den aeldre Edda. Kupf))-
h<[t!ttt'<89t!.
).. t.Ht.):)t. tudes de Mythologie slave, Il ;.s'tw~oM'/ f< /M
</fft<~m t'<<). t'uns. Lct'uux.tM'i.
/).)!);f!fUK<t''))'rt.Af)tH'.
MAKTL'< IXJXUS. Lgendes
t'[:mnn!u'iun, ia-t8, i8M.
et Contes de Provence. t':uis,
Hnoun' utih'.
M. ).!t)X)<ASKt.Geschichtonund Lieder aus den neu ara-
nMBischon Handschriften der Kgl. BibUotek Berlin. Wt'i- zu
n):n', i''t't)'<'r, t8im. Aussi .uns te fit) M /~<'<'<<w~:M' t'oM'wt~ r<i<-
~wAfM'/c.
'rt'adu':tio)td''t<'xt''s)m)))it~)'!u')'MUtt'm't'Urt'si)))crfss!t))ts.
/)~H~K~K
J. HH~ttAM
PAttSOX~ Th non ohristian Cross. An Enquiry
into th origin and history ofthe symbol eventuallyadopted
asthat ofour religion. )."))')., Sitoj'kttt Miuiihu)), <89)!,394p.
i.u';)'uixc)m'tit't)tH'))')'t<)u'u))ca!!t)U)'ticutift'd'u))''t't')f)'<~e))ta-
ti<'))t!t''))'<)tt't)M))!.)')ttm):mit~,))t)tc)')t'U)<'<tUc)ni.tiutii<if)t'(<;)).xv.x!{).
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)~<tU'XXH. StudionzurvergletohemdemReUgionswiaseNS-
ohaft, ))f. Das Zoiohon des Menohsenohaeaund der Doppel-
sinn des Jonazeichens. <.)nss''tt nu') Mak'ri:)th')t xm' EHdNnm),
tt''))~'):'))-.j't'ii''))t'v"tHX''h;ht'u.H<'t')i<),)f(~.(t!t''t'tn''[',t3!ip.
)')i)<'<~t)))'ihuth't):'t)a''un'')i)ttti"t)d'm)'i('t)C)'<)cstny)h''scht't'-
)it'ns,quuhj))t'f:u)''<)!)ns)ut<)'t'it<~t'uit)')m.'ntphHt))ut:i([U<Anutcr
t'~)t<'p:)t'ti~t').~(.)t.)n)t"'tacun)'Ui.io))<)ui.stf!tit''t'tttt't'))'
.si):))''tt''J'!t)!)-'(i)'!n!Ut!(pt't)pht''ti()Ut'<'U'i~))<'tk'iu''t!)t))t)i)<'(iuud))),
qui!i)'[~it!'un~i)H'dt'):tn')~)t)Mt)")tt)!tun''<ttnSM)nt-K<)~i(.
Y)t).UM'.AXtSATtuXttt'Ctt.TK. MCXAOnSMH
Dr 0. ZOCKLER. Askese und Mnchtum. ~vt~ <y))j
lich Kftt &<w<'f~c/<' ))(/ .<</'& cM'Hx'/tt'tf .tM~<</ff< Kri-
tischen Geaohichte der Askese 'Ascetistne et Mona-
chsme). r' v. Frankf. a. M. Heyder u. Zimmer, 18!)~, in-8".
vut-3Mp.
Le livre de M. Z. s'adresse expressment aux sociologues.
L'auteur espre que son livre excitera quelque bieuvciHaut
intrt chez les represeutants de la science uujourd'itui par.
ticutierement en vogue, la science sociate Sans aucun
doute, ceux-ci lui doivent ds maintenant plus que de l'in-
trt. Ils lui doivent la plus vive attention. En premier Heu. la
mthode suivie est la mthode sociologique mme. Les institu-
tions sont plus l'objet de la recherche que les individus qui
les ont vcues ou faonnes. Car M. Z. tudie ce que le besoin
asctique de l'humanitest devenu dans les diffrentes condi-
tions sociales, ce quoi ses (ormes ont correspondu.Ensuite la
mthode est strictement et srement comparative. Les mani-
festations asctiques de la vie religieuse des diffrents peuples
y sont soigneusement rapproches, les ressemblances mar'
ques, les dinrences observes. Entin, cette comparaison
s'tend a toute l'humanit. L'tudedes sauvages, des religions
du nouveau monde avant la conqute tient une place impor-
tante dans ce livre. Aussi l'auteur peut-il ahontir a un clas-
sement, une sorte de hirarchie des types d'asctisme reli-
gieux raliss par l'humanit. Tels sont les trs grands
mrites de l'ouvrage de M. Z. notre point de vue. D'un
autre ct, ce livre sera pour tout le monde la source
d'excellents renseignements bibliographiques, et, dans toute
la seconde partie de ce premier volume, l'ouvrage est fait
d'pres les textes eux-mmes, tablis et dpouills avec une
critique judicieuse.
Le premier volume ne met le lecteur en prsence que d'une
partie des faits. Tout ce qui concerne l'Europe occidentale et
catholique, d'avant et d'aprs la rforme, sera l'objet du
second volume. Mais )e premier forme dj un tout complet,
et dcrit l'origine et la naissance du monaehisme.
M. Z. dbute, en bonnemthode, par une dfinition. Certes,
il procde plutt par une recherche du sens du mot asctisme
et des dinrentes acceptions qu'il a eues au cours de l'his-
toire il dfinit tymologiquement l'asctisme comme tant
l'exercice corporel et spirituel au cours d'une vie religieuse
qu'il s'agit de perfectionner.
Drivant immdiatement, selon lui, dece besoin d'expiation
et do cette sensation d'imperfection qui est la base de la
pense humaine sous toutes ses formes religieuses, l'asc-
tisme est universel comme la religion elle-mme. Lo pro-
blme de son origine historique ne se pose pas. Dans toute
religion un lment de privation et d'amliorationa exist, tl
n'y a aucune raison de croire une propagation d'un pareil
besoin (p. i, p. S Cf p. 13, p. 3) Telle est l'extension et telle
est la nature du fait. Les formes s'en peuvent facilement
classer. L'asctisme est ou individuel ou social. L'asctisme
individuel est toujours ngatif, il consiste dans des douleurs
que l'individu s'inflige dite, privation de rapports sexuels,
familiaux, recherche de la douleur. L'asctisme, quand il
est ti la fois individuel et social, est toujours positif et vise
une amlioration lit fois de !a religion et des individus
augmentation de la vie religieuse, de ta part faite la prire.
augmentation de la piet intrieure. Ennn, l'asctisme soeia)
est positif eu tant qu'il prescrit le travail, la prdication, la
contemplation ou n~ittif en tant qu'il aboutit a des rgles
de puret monacate. de pauvret, d'humilit. C'est sous ces
diffrentes rubriques que M. X. classe avec soin les divers
systmes asctiques qu'il tudie.
AI. X. sait l'universalit des principes asctiques. )[ais,non
content de la dduire, ii la prouve. A vrai dire, on n'en trouve
naturellementchez les peuples primitifs que les rudiments
mais les privations, les motions douloureuses infliges au
nom des principes religieux n'en sont pas moins frquentes.
Les pratiques sauvages d'initiation, les preuves qui accom-
pagnent le mariage ou le deuil, la circoncision, les lustrations
nombreuses, sont les manifestations de ce besoin de douleur
et d'humilit que la nature imprime a l'homme. Au Mexique,
au Prou, nous voyons poindre des organisations asctiques.
Des groupes d'hommes et de femmes sont consacrs au culte et
soumis des privations svres (p. Mi et suiv.). Mais ia terre
classique de l'asctisme fut t'tode. Non seulement le christia-
nisme n'en a pas le privilge, mais encore le monaehisme
mme fut reprsent, organis, rgularis chez les Indous
bien avant l'poque chrtienne. Dans la priode antboud-
dhique, l'asctisme fut, ou bien un acte momentan, par
exemple tors des prparations au sacrifice, ou bien une habi-
tude constante des brahmanes qui se retiraientdans les bois
pour mditer et rciter les livres sacrs, et supplaient par
leurs privations et leurs prires aux actes matriels du sacri-
fice et de la pit extrieure. Certains d'entre eux surtout,
pendant la lutte avec le bouddhisme, les gymnosophistes
que nous dcrivent les voyageurs grecs, parvinrent a nn
asctisme fanatique. La rforme bouddhique eut au contraire
un caractre modr (p. M!). La vie du Bouddha, celle qu'il
recommande ses disciples, n'a rien d'absolument mortifiant.
Mais la nouveaut importante du bouddhisme, ce fut la
cration d'une communaut, la distinction des moines et
des laques, ta constitution d'une rgle monastique, t'tabtis-
sement de monastres. Les excs qui se produisirent pro-
vinrent plutt de ia tuttedu brahmanisme et du bouddttismc.
On sait comment te premier a triomphe aux Judes et quelles
sont les pratiques actuelles des faqirs. Quant au bouddttisme
finnois et japonais, it n'a pas fait pntrer bien avant l'asc-
tisme dans la vie des fidles ai mme dans la vie monastique
et peut-tre, dans l'organisation du bouddhisme tamaque
du Thihet et de la Mongolie. se trouve-t-on en prsence
d'influences chrtiennes dont t'tnstoire s'aperoit de plus en
plus.
L'Occident prsente des phnomnes infiniment moius iso-
ls les uns des autres. Eti'on se trouve ici en face d'influences
historiques multiples et entre-croises. Les romains ccunu-
rent, pour ainsi dire, un minimum d'asctisme. Les seuls cas
reiiement nets taient ceux de ces prtres qui, comme le
~OMff/i'.f J/.n~. iesVestates. taient accabis d'une srie de
prescriptions de puret. ))e mme chez les Cres, l'esprit reli-
gieux n'tait que secondairement asctique if devin tait
soumis a des rgles de jeune, de mmo le sacrifiant, t'initi
de certains mystres, mais le tout tait peu grave. Ce fut sous
l'inlluence de l'Orient que t'Orphisme, probablement,se dve-
loppa et proclama que t'ame tait la prisonnire du corps
'p. tuf)). Ce fut a l'imitation de i'}typte que Pytha~urc fonda
une vritable secte asctique. Poursuivie par Platon, ie Por-
tique, et surtout le noplatonisme, lu tendance asctique
persista dans la philosophie grecque et finit p:)r t'absorber
entirement, l'poque de Porphyre. Pendant ce temps, !e
groupe smitique faisait une part de plus en plus grande
fi l'asctisme. Nous ne savons que peu de choses des cultes
phniciens ou syriaques, mais ils faisaient certainement
subir a leurs croyants de suflisantes preuves. Sur ce fond.
tes pratiques juives se dtacheut. Ce n'est pas qu'etics aient
t en aucune faon diriges vers autre chose que vers le bien
moral et pratique de l'individu. Mais la Hibte eonnait t'<HM(!A,
la peine inflige t'ame, le jene l'occasion du vu. des
ftes expiatoires, ia veitte des fetesde communion.La lgis-
lation tvitique impose au prtre de nombreuses rgles
de puret sexuelle et autre. Avec le dveloppement du ju-
dasme et de ta synagogue, tes jeunes se multiplient. L'exalta-
tion do toutes ces expiations accomplies cause des malheurs
d'Isral donne naissance t'Essenisme, qui, partir de la
destruction du temple, se voue (p. <2S) ne plus manger
d'aucune chair. Le judasme extra-palestinien avait dj pro-
duit, Alexandrie, sous l'influence combine du t'ythxgo-
rismo et des groupements cryptions, t'hilon, le Traite do la
vie contemplative (que M. X., avec les derniers chercheurs,
reconnat authentique) et ia secte philosophiqueet religieuse
des titerapeutes, qui. soutnise a des rgles prcises d'absti-
nence et de pit, fut le prototype de l'organisation monacale
thbaine.
Le monacbismemme n'estdonc pas spcialement chrtien.
Mais, d'autre part, il est vident que les formes do ia vie
asctique les plus parfaites ont t ralises par le christia-
nisme. M. X., de conviction fortement chrtienne, fait de
celui-ci l'aboutissant de toute l'volution antrieure. L'asc-
tisme chrtien est le dernier en date, le premier en achve-
ment. Citez les musulmans il consiste en de simples priva-
tious, et les quelques associations religieuses qu'on y ren-
contre proviennent d'imitations chrtiennes (p. 309 suiv.). H
ne s'agit donc que de savoir en quoi consiste le progrs que
la religion chrtienne lit faire l'asctisme.
Or, chose curieuse, il est impossible, selon M. X., d'ad-
mettre que le christianismeait t l'origine, au temps du
premier amour une religion asctique (p. 1H7). Lesdisciples,
le demi-frre de Jsus taient maris. La mortincation de la
chair, Paul mme ne le considre pas comme essentielle.
L'humilit, le ddain des biens extrieurs sont prches; mais
le jeune n'est admis qu' un rang secondaire, les privations
excessives sont blmes. L'asctisme fut donc le produit d'un
dveloppement ultrieur, et non pas un fait originel. Les
jeunes rptes apparurent les premiers, ds avant l' Ensei-
gnement des Aptres livre du <r sicle, mais peut-tre
y a-t-il l une influence montaniste. La sparation des sexes,
ta chastet dans le mariage ne furent que plus tard des faits
frquents. De mme pour le vlement, ce (ut par un rench-
rissement mystique toujours plus fort dans l'imitation du
Christ, que certains chrtiens arrivrent ce goure d'asc-
tisme. Enfin, les ncessites de prier furent longtemps mod-
res, les veilles et les nuits passes en prires furent rares
pendant les deux premiers sicles (p. 1G8 suiv.).
Mais les besoins ascetiquesaugmentaicnt; l'influence mani-
chenne agissait vivement.L'existence.Hierapotis. Alexan-
drie, de nombreuses sectes d'asctes, d'individus pieux, exci-
tait et prparait les exalts. Le monachismedbuta sous des
formes diverses. D'abord ce furent des asctes agissant indi-
viduellemeut, sans rgles, pour leur salut propre. Puis un
certain nombre de tentatives sociales ouvrirent la voie au
mouvement. Ce furent !a secte d'Origene, moyen terme entre
une glise, une congrgation et un simple groupement; les
asctes voyageurs qui, eux, eurentdes rentes rigides, mais ue
se runirent point; les moinesd'Kusebe qui eurent une orga-
nisation, mais menrent une vie sculire; puis, cesertnites
qui partaient au dsert et y menaient la vie anachortique,
l'imitation de saint Jean-Baptiste. C'est sur ces dinreuts
mouvements que vinrent agir, combinant les traits de cha-
cun, saint Pakhme et saint Antoine, dont l'histoire ne nous
est parvenue que moiti authentique et moiti lgendaire,
mais qui certainement grouprent et rglrent les volonts
pieuses, tout en les retirant du monde.
Le caractre doux, profondement cuobitiquo du moua-
chisme thebain (p. ~0)-3), se perdit rapidement. Ues excs
d'rm~tisme furent frquents (p. 234~. L'isolement, ta mys-
tique, aboutirent des raffinements asctiques (stytites la
prire envahit toute la vie, absorba le sommeil, en mme
temps quelle devenait mcanique et vide. On tendit par
l'extase au nant. Surtout ou supprima tout travail, tout
commerce avec te monde. La vie mouacaie et contemplative,
l'ardente qucreite dogmatique qui se poursuivait dans le
monde chrtien surexcitrent te fanatisme de certains moines;
de l de terribles rivalits d'coles, des accusatious de
schisme. Le nestorianisme se constitua alors, avec ses vertus
d'expansion et d'ardeur dogmatique. L'intervention des em-
pereurs byzantins dut rgler tout, relations avec les pouvoirs
temporels, ou avec t'gtise sculire; le cnobitisme fut favo-
ris. Et c'est de l que vient le caractre gnrt du moua-
chisme oriental, russe ou anatolien, ou grec de grandes
communauts. ceiledumontAthospar exemple, vivantabsotu-
ment isoles, absorbant toute t'intettectuaiite du culte !p.309),
eu satisfaisant tous les besoins gnraux et purement reli-
gieux tandis que le clerg sculier, trop engag dans la vie
du peuple, ne peut avoir sur lui d'influence morale.
Du point de vue sociologique, le livre de M. Z. ne peut tre
considre que comme un essai, si fructueux qu'il soit.
Quoique toute conviction religieuse soit permise au savant, la
science ne tolre ni tes dfinitions a ~M'M-<, ni les vues a ~'<nr<
sur la linalit de l'volution. Or, la dfinition donne pour
.l'asctisme est en somme la dfinition chrtienne, et les vues
de fauteur sur t'votution historique sont aussi thotogiques
i) so trouve qu'en procdant ainsi. M. X. a confondu des
choses qui doivent tre distingues. L'asctisme ne fut que
tardivement la manifestation du besoin d'expier un pche, et
le monachismo ne lui est reli que dans un petit nombre de
religions. L'asctisme comme tel, c'est--dire eu tant qu'acte
conscient de privation ou d'exercice religieux, est plutt
rcent. En rgle gnrale, Il est toujours indivtdue!, et ne se
fait jour que lorsque l'individu a acquis une valeur sociale
et religieuse sufisantes. Aussi n'a-t-il t ratis que dans
les Indes, dans les socits smitiques et chrtiennes. Il
importe, en effet, de refuser te nom d'asctisme toute
cotte classe de faits qu'on appellerait mieux les interdictions
rituelles. Celles-ci ne sont nullement infliges par la socit
a l'individu cause d'un besoin mystique de la douleur et
d'une croyance la vertu de celle-ci. Tel ou tel aliment, le
porc chez les juifs, par exemple, fut interdit, non pas en vue
d'une privation pnible, mais parce qu'il tait marqu d'un
caractre religieux. De mme, la circoncision, les preuves
de l'initiation furent bien intentionnellement douloureuses;
mais la douleur n'tait pus le but, elle tait l'accessoire de
rites qui avaient pour fln l'admission de l'individu dans la
socit religieuse. L'asctisme proprement dit fut l'exalta.
tion de cet accompagnementordinaire de tous les actes reli-
gieux. Les interdictions multiples qui rgiaient la vie du
grand prtre, des lvites; celles qui enserraient, Home, la
vie du /~M<-K </t~. servirent de modle la constitution et
l'organisation de la vie sainte. La vie la plus religieuse fut
celle qui supportait le plus d'interdicliuus; elle fut asctique,
mais l'asctisme n'est qu'une fructification du systme des
interdictions rituelles; celui-ci n'en est pas une partie.
Une chose ressort du livre de M. Z., particulirement des
dernires pages de ce volume c'est une thorie socioiogique
de la formation des groupements monacaux. Une socit
religieuse tendue, comme le bouddhisme, le christianisme,
embrasse ncessairement des individus de religiosit diverse,
les uns mts perptueHement la vie du sicle, les autres
attachs leur direction. H n'y a pas, l'origine, d'organe
qui prenne sur lui de concentrer la vie religieuse, de prire
et de mditation. Des individus isols, seuls, pouvaient le
tenter; ce turent tes asctes brahmaniques, les ermites chr-
tiens. La formation d'un organisme religieux assumant pour
lui le travail d'expiation ncessaire cause des pches des
autres membres det'Hgtise. supplant par la constance de ses
prires a l'ancienne perptuit des sacrifices, voi) quelle fut
la cause sociologique du monaeitisme. Al. X., si je t'ai bien
compris,t'indique. Mais, ici encore, la considrationdes inter-
dicUous rituetteseut pu tre dcisive. La conscration reli-
gieuse de tout un cottege de prtres, ou de jeunes filles, ou de
jeunes gens. u un dieu, est un fait d'une extrme gnralit.
Ce fut videmment un prenuerpas vers l'organisation monas-
tique. M. X. connaitces faits, il ne les metpas teur vritable
place. Ils sont l'institution mme. et cette-ci n'eut qu'a tre
adapte des besoins mystiques nouveaux, a servir a une
division du travail nouveau. Ceci pennet de comprendre com-
meut le cotise du Serapemn put Mrc imite par la secte des
Thrapeutes, et celle-ci par les premiers moines chrtiens.
XU'nCHS
M. t-'KHf~A~. Sexuahnystik der Vergangenheit. i8t)U.
in-8". fC. Il. in tt'f)t'/te<Mt'/<)'t'< /N<- C7<M.<'j<' /Vj)'h~. xtv-2~ p.;
!)' M. H):)M)U cn)-:K. Die Orden und Congrogationen der
kathoUohen Kiroho. SchunioMh. )':hh'r))'j<'n, tsu~ t'ettiK~ 'tans
un csjtt'it cattu'ii'jm-
WOOUH')) SR ~f. MonastioiNn, anoiemt
in-8' t:at'dt)(T Darton und C", i.oxd., )~7.
and modem.
XUTtCHS btVtiHSES
SL'M LES (.)t.~UHS HKH'.foXS HX <:XHA).
/<.Co~ST)T<'Tf"X KT OKYKt.OO'KUKXT t)t: eoUMS
H~UKAt~L't! t:T )SKAt:LtTK
JACUHS. JewishIdeals and other lasays, )896. (.oud. Xutt,
in-8, xvm-242
Contient un pssai d'histoit'e phitoMphi'ftcet rapide des ;))tases par
lesquelles a passe ta notion de Uieu et) tst'at (p. 28-6~! un autre
sur ta fa'on dont tes Juifs servirent A lu ditTusion des contex popu.
tairesd:t))s)')tntiqui)~<-)au moyen .~e()<.<3t,tSS).
M. m<A)-:TXSC))MA. Die BundeevorsteUung im Alten Tes-
tament in ihrer geaohiehtiichen Bntwiokelung. Miu'hurx.
Hh't.'rt.iM6,in-8').23tp.
L'auteur tudie d'tt)) point de vm'expressetnenttiteuto~ifjueet
j)))t)<))t~i<;o<' co)t)tt't)t .-i'it t)<h'(')(f~;j~'<'ft f'.df'sttfK- ):) ootioft de )':<)-
)m))CMMV''cMt.'n.C't"i)d'a))ur<tun('")ttr!ttat'<'u)uj['!mn!tnt)m)'it<'d'a)-
iMnc<nt)-U<)nt-,h-))tus.<otm-)ttf'at-tt'.s:u)K.
Puis ct'th'institution
s'Mtd(''V(')upjn''<'('nut)<'a)tinncf'd'it)tt''t~tss))i)'itm't!i<tM('t'j't'<')))it')'s
)))'uptt't('.<H('ro)))tut'ntpas,tt)!ti')ui!i'<tcunstituc<'i)ucuUMdt'kt
rdaction du Ucut't'ot)t))t'<t du t~viti'ju'
D' H. SHH.)'<. Boitrae~e zur israeUtisohom und Judiechea
BeIigioN9~Bohiohto(H.)). JahwoBVerhltntsBzumaraeUti-
sohen Volk und ndMduum, nach altisraelitischer Vorstel.
lung. Lf-ip: th-it'hcrt, t8M, Ytn-StO p.
Le ~t'it'nx int~t'~t de ce )i\n' f'oo'ii.stt- il )n"tttt'<'r t)u'ii n'y n )<:ts eu
d'' Ja )'f)i~i<')< {'uftthtit' ft d<' lu n'Ji~iun des
dh'f')'.<it)?<)'i)).<))irit)it'))
;)t'"t'h'tt's.!h''s)'tt)'));it)')att-Mditiunh'))nu't)tK'tnut)tr!utd!U~Di<'u
Ut)'t)(')))n)-id''tnf'nt))ttiMS<.)upt'))ptf'tn).2))t!tr)m)icn~rit)utir.
Le jn'a~W's :[ cunsistt'- a mtfinK'tttft- le c:u':n'tf't')' tUt't'itt de ce lieu, Mms
tjtt'i) soi) )n~.<i)))<'dt')):u'i'')'d'tt))<')'<u)uti<)ttp)'")'t'enx'))t dite. J)p
m.i(n'')'<mt-)<?c)Uin;t'n-)))unttdei!tt-e)i);iot):!tt)-Mt!;itn'y!)Il
don'' :)U<'nm' diOexince de uatm f, il n'y eut ([(te des din'et'encex de
degt'e!. entre les divers toomeots df )'))et))'a!s)ne.
HAv. H. Mt'f.LHtt.
Die Propheten in threr urspramglichen
Form. Die Grnndgesotze der ursomitischen Posie, etc. t. B.
~'~. A'/x' \\ien. t890, Hoider.
P. tMLX. Die VorexiUsohe Jahweprophetie und der Messias
<:f)tti))get),Vund''n))u(-k)U)d)tuim-t;ht,in-8~,)897.
M. FHtEOL~MK. DasJudontumimdervoMhrbtUchengrie-
ohiBohenWolt.\Y)L-t),n)'<'it'-t)steiu. iM'?, in.x'j). ())n)~htmt.)
Y. A).\)UAXU.
CHi anteoedenti :torM del ohri6tiane9imo.
C(~<w<. (.Y'M ~M~f'ff, vui. LXVH, fasc t.;
e
C. FutmATfOX-! ET FtX.tTtUX~ UKS K'.UfiKS
/))')'))))))).<))t:
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H. KEH\. Manual of tndiaa Buddhims. (CrMo~ /w/.
)nH.2)).S))-a.=bou)K.Tm)'))t't,f8ft!.
Je )')'t!r('tt<'<((tf )<* )'):tn d<)*.tMtt''F.<M'M(~t~Mf rende difficile Utt
ex[)0!d~tuit)<th'stt-!t)t's'.Ut-i'histtHti'<:<')np)H<d'nnt'n'iit!iou.Jf
nK'<))tt''))tt'(tun('<tt'i):na)t't')<')it't'd)'M.K.nnmeu)t't')')us
ti~ibtfi du CfXM~'t'M.Ua dt"! ptus )))!U))!)b)''s,CtftttMi dM ptus UttifS.
On y trouvera 'te t)C(nbt'uses n''f('r<'))ccs)tux textes: un cxpos'S tffs
<!tfg!mt de lu n'' du MuddtM. te))<; qu<- la tradition nou~ la dcrit;
enOtt tout ce qu'un rcsuntL' jtct'tnft (t<! dire sur la nu?t:))d)y<i~U)' f't )a
tnomte du Hnuddhismp (!))). sur )'' <;u)h'. )'< snints, )'Kdi~ )<"< cnn-
({t'~gittiuns (tV;, sur sou histt)it'<'d)m!' t'tnd' s~u MXj'ftn'.io)), su d'~e-
ttMrMSCfncc dans )c Mah!iyanistm'. puis tf T.mtrismc, qui pt'cparcnt
iaToi':itt'Mindoui')mM;soncx)tu)si))df)'h)d't'ttafM':ondonti!il
s'est refugM au Xcpa) Ct'ytaH et (\
M. WASSH.tKM'. Le BouddMame dana son plo!m dvetoppe-
mont d'aprs lea VinayaN (tt')'t. par S. ).yi. d'un artic)*' .)'"<
.~u~'s()t'i('nttt)t".tdt')itt''i)c.<)t"-).!tt)~u''s<)t-i''nt:')'~dcS!tint-
t'tst~m)! itt ~e". (~ /7/~<. XXXtV. )'. :H8-M!
S't't'-()t'h~t(')''s<)<)t')))n<')'! <))!))(')< )'t')u')n')i''t')!tt'<n')))!))i"t)
du)!tdi.')Cij!)it)''t)n'ttiH.)t''humtd)))~U('tt!t!)U)'<tituti')td'))n<'v)''
~'))v<'))tth')i')m)''vi('!tSt't''ti')u<'<')T!U)t'
T.pagation
AH?<0).D.
The preaching of Islam. A History of the Pro-
of MuaUm Faith. )M6. \Yfstmiti~m-Cm)-.)!tht<m-8",
.\))-<)<)).
Les <h'-i)n)-!)t(-nshtn)')t)t.<'<~)nn)''t<'nt('))))))-.<()))'<ttiriM'-sYc)'.<
t'<')tthuusi:t'.)nt')'r<M')\'ti()tt<)")t'<'ct~d<')')'')att)<jU''M.A.nuu<
)ttu))trcthu)su))Mctud<'d't!ns<')t))jt'Mu)'t't)U)n)'j)')t')ms,vu)'Httuut'
uttt)!t(!tt's!t~'))tsdt'<'('U(:t<'t)')f(n<Atmt<'rp:u'tit'u)i<')'<'t)'nt)''
<:h<t))i~'<t't fauteur''xp('s<'('<))t)m't)(,dut)s)')mt')'i.s):u)u'-tnt'
~n))ct))OM'Mi'hinduttisntt'etcommcntt'Ot'pt'M'.)"))des castes )'on~
:mxcu)ncrsiu))')uitit"t'')tt)'iut)h'idt).
V. CHAUVE. La dtenae des images chez les Musuhnans.
'~MKa~M /'Ac<H)t'f <4<'<fM/('<; <~ /M< tX, 4.)
TROSH~m SECTtCX
SOCIOLOGIE MOKALE ET JURIDIQUE
t'MM.LAt'tt:.
t).t:Tt'UHS(HUK<:T)\KSS(')tt.KSM.U'MS
ParM.t.u'tt:
At-tREU VIERKANDT.
Ein Beitrag zur
Sociatpsyohologie.
Naturvoelker undKctturvlker.
(~('Mp~ ~M<f</x
pt ~<*M;)/M ftf<<Mf<; fMM~M~OM fi la ~j((/fAo/0<y<<' Mft'H~C.)
Letpzit;, Duucker et Humblot, t8')M, 1 vo). !u 8", xt49'! p.
Prix 1U M. 80.
t'rof. J. KOHLEM.
mismus,
Zur Urgoschtchte der Ehe. Tote.
Gruppenohe, Mutterreoht. CoM~tf'nx rt
<'!fo~'<'~'//<)'<' '/ Mn'<f~ '')/~<)('.<H', wart'f~e M<<'<<
<<'<fmf~c/-ttf'<.)Stuttpu't, Hntke, t vut. in-K".
j. Ou suit comment Morgan, aprs avoir observ les
termes employas dans un grand nombre de tribus difMreutes
pour destituer tes divers degrs de parente, a cru pouvoir
conciure de ''M numenctatures a l'existence d'une or~anisa-
tioti tanuHtttc ou t'entant suivrait la condition de la mre et
o le mariag'e se contracteratt, non entre individus, mais
entre gruunps. Tous les honuues d'une socit domestique
determint'e tl'pouset'aient cottectivement toutes les femmes
d'une autre socit du mme genre, et rciproquement. Apres
:n'o}r t, pendant longtemps, acceptes par la (;enera)h< d<'s
socioto,;ues, ces conclusions ont etc rcemment l'objet dat-
taques vives et rptes. C'est Starckc qui u connnence puis
sout venus les frres Sarasin, qui prtendirent avoir trouve
chez les Weddas de Ccytau une organisation matrimoniale
trs re~utiere et mme une vritable monogamie, quoique lu
civilisation y fut trs primitive'. Westermarck, dans un
ouvrage toutt) et quoique pou difus, reprit les objections de
Stareke et runit, pour les appuyer, un nombre assez respec-
table de documents ethnographiques'. Enna, tout dernire-
ment, Mucke tout en combattaitles thories deWcstcrmarek
et de Stareke et tout en reconnaissant l'importance des faits
observes par Morgan, entreprit de prouver que cet auteur
n'en avait pas compris le sens et en proposa une interprta-
tion nouvel te.
H. Ou u vu plus haut eu quoi consiste le totmisme'
Pour rappeler
ne les faits les plus essentiels, te totem est
que
t'tre anim ou inanim qui sert d'emblme au clan etiui
donne son nom. Ce nom cottecUf est aussi celui des individus.
Or, suivant M. Kohter, c'est sur le totmisme que repose
t organisation primitive do la famille. En etet, c'est l'institu-
tion sociale ta plus ancienne que nous connaissions. D'un
autre cte, elle soutient avecla famille des rapports vidents
car l'animal qui sert do totem est honore comme t'anctro du
groupe. Tous les membres du clan sont donc censs descendre
d'une mme origine, tre faits de la mme chair et du mme
sang; autrement dit, ils sont tous parents.
De cette premire proposition sort aussitt un important
corollaire. Si le totmisme est la pierre angulaire de la
famiiie, celle-ci a du ncessairement commencer par tre
maternelle,c'est--direque la famille de l'enfant a t d'abord
celle de sa mre, et non celle de son pre.
En effet, c'est un principe gnrt que nul ne peut avoir
deux totems la fois. Car quelqu'un qui participerait simul-
tanment deux tres totmiques serait un hybride, un
monstre inconcevable on ne peut tre en mme temps un
loup et un livre, une tortue et un serpent. D'autre part, nous
savons que, en vertu de l'exogamie, deux poux ne sont
jamais d'un seul et mme totem. Par consquent, l'enfant
doit appartenir exclusivement soit au totem de son pre, soit
celui de sa mre; et comme du totem dpend la parent,
celle-ci ne peut tre qu'troitement agnatique ou purement
utrine; elle doit s'tablir uniquementf.r Ma<:f<M f< ~r m<M-
!hf~'<t!'Mt~'< d''jt''t't')''tu''r't)t~n''<))<t''<t"i'j!n)!h)~
tit'!tt)')<U'i)n!'j!~Ut'mit-t'ttiht~-ri)'a))<<r~tt'X))~Kt) <'?').ttYrttudtt
j<)'i))''ij~f)Mtr)'<'n')tat'<h'r')tnttt')t!h'f!".)<<!'tn*<h'<ttti''rr !<))''
a)~)''th'~hm'<ti))'<h'nti!')~jUi.))!n-tti~M!t)) )!tnwit.
La)tt'')!tr<t''))?iu)<Mfi''n~n'tt'));t)~)'ti').
terminoiogie usite che:! les Omaitas et chez les Choctas et ou
il croit trouver une confirmation dunith'e des titMories do
Morgan. J) insiste surtout sur les premiers qui ont t l'objet
d'une exce))ento tude de Dorsey
\ous sovons par cet observateur que, dans cette peuplade,
o ta filiation se fait en ti~ne patcrnetic, i'humme pouse ou
peut pouser, outre sa fenune et les smurs de ceHe-ei, les
tantes et les nices des prcdentes en !i~ne agnatiqne, c'est-
-dire les filles du frre de ia femme et les su'urs de son
pre. Or ce qui, d'aprs Kohier. dmontre catgoriquement
que le vocabulaire conteste correspond bien a des relations
de parent, c'est que ces conditions particuiires du mariage
rendent compte de tous les dtails de ta nuinenctatm't' qui est
usite chez ces mmes peuples; et pourtant ils sont d'une
extrme complication, cti metne tcmpsqu'its formeut uti sys-
tme d'une remarquabte unit tonique.
En etet, si mon pre se considre comme ie mari, non seu-
fementdc sa femme et des surs de sa femme, mais encore
des tantes et des nices de ces dernires, je devrai dunner
aux unes et aux autres ie nom de mres. Ht en enet, elles sont
toutes dsignes dans la hu)~ue des Omahas par )u tnme
tenne '<M<f<). Cette expression s'tend mme plus foin, et cela
conformment aux lois de ia togiqm' la plus rigoureuse. En
cflet, si )a nice do ma mre, tant ia femme de mon pcre,
est ma mre, la nice de cette nice < toujours en !is"c
tique), c'est--dire la )i))e du fiis de mon oncie, se trouve tre,
u~
elle aussi. )a nice d'une personne que j'appeHe tnre; par
consquent, eu vertu du mme principe, je dois t'appeler
galement du mme nom et c'est pourquoi te mot d'M/M lui
est applique.
Pour ta mente raison, je devrai considrer comme frres
on sours tous les enfants des femmes que je considre
comme mres, c'est--dire les enfants des surs, des tantes
et des nices et des petites-nicesde ma mre. C'est enecti-
venient ce qu'on constate. Toutes ces personnes sont confon-
dues sous )a metne dnomination (<Y<f<' ou <~<t~' selon le
sexe
tJne dernire originalit de cette nomenclature s'explique
de )a mme manire. Il n'y existe pas de mot spcial qui cor-
responde l'ide do t'otMUt c'est a dire que ce rapport de
emploi.
M. Kohter passe en revue toutes les formes possibles de
'?
parente et montre qu'elles sont toutes dduites de la mme
prmisse. Nous ne pouvons reproduire ici la suite de ses
dductions nous nous en tiendrons aux prcdentesqui sont
les plus caractristiques. Mais si la nature du mariage rend
ainsi compte de la terminologie, n'est-ce pas que cette-ci
rpond aux diffrentes relations de consanguinit?
Les observations faites chez les Choetas confirment curieu-
sement les prcdentes. Citez ces peuples, la filiation se fait
en ligne maternelle. Or, on retrouve chez eux toutes les par*
ticutarits qui viennent d'tre releves citez les Omahas, accf
ffffc f~cHfc, ~ot~c/M', gu'c~M y M~ t'cttfCM<'f<f. Chez les <
't!y'')')'.)~.t:t~)'iti))'''t"u))M'nK'ftt'.tt)t''n)'t<!M''))'thtla
dit'fit-M)~.
f.t- Mf<('M<t<! <'< pcf ttt~ft~M. Ktte pn'sentera donc t'uspoet sui-
vant:
tj'j~'dujn'n'tnu)))~r.;t't.<t'r''r~.t.()r'n)s.
t Tattt<t!H)~dt'))mm~t'.
t ~t;uih'tt'h')))tt))"tf~<t/t~fftA~.
I:mle`duIrmau~ maha innhrr.
).))~fi!s.).rn)'<[it!r.<.ta)~<h'
lil,.
<j)'t'<~)'t))a)t)''r''). )!t!ttt<<i'.
7~ftAn.
).ut'fU').<'ur.tit)<tttt".)t~t~
//tftAtt.
t.rur.fi)".U'H!fU)<))!<<'h'tn~tth''t'
Ato~tt.
t.cnt'sHts.L''U)~(!)!ni~<'t".t)'))irrt~<)r))t;tt)!~r<
~'tf'C[".ttt'ft'tHt)K'~tMftAf<'=!tn'j/f.
')
~t; Il vnti <)t)'<)n tr~uv' ')'-< '~t.mph- <)'' ttmria~ (-oX~-tif! ))Mu.!
'j)ti m' r'<')t))')''nt !m')<x')t<t)t M <;)' Mu<){)m ).t K'))d<'< )()))M'))~t)t
iunsi. Ce <)tt'<jn voit. t's) un t~t'uMjx' ')'' M'n'< ''))')U!mt Mto' h'nmM'. u
nn )!)'!n))t; dt! 't-m' ~'uni~ant a un ))')t)t))~ ntitis th))t un tftm))))' )'))fu<
t.) t'-tt"r))~' <)')~))<Ht<t's t'')<nn.mt un ttt'~M)M'nn?-.<t i<h)'h't't))it~f)''f)')<H)~'<.
C' t)!<u'ia! f'<')hv(ij. <)m funt im'uttt~tahtt's. tt'ttnt ricM <)c comttttm
nvr tit pt'ttti~'<)it~ t't un ))'* h'~ cun~t~tc 't'it Utt ttxxot.'Ht i'L'hth<t)K'ttt
).in)<v<t<- t'<v"h))i"n f.uot)m)'
~i Ot'f/tMf << tMt'ty< )). 'Ki.
reconnue comme telle par la socit. Or c'est & elle que se
rapportent les tableaux que nous devons a Atorgan.
Il est vrai que. sous )a famille qui nous est ainsi revetee,
ces auteurs croient en distinguer une autre; mais nous verrons
propos de l'ouvrage suivant que les groupements qu'ils
appellent ainsi ne mritent pas ce nom.
H.
Il ne saurait tre question de meconnattro l'intrt de
ce livre, srieusement inform, l'on
et o retrouve cette pen-
se prise do etart et souvent ingnieuse qui distinguait
dj le prcdent ouvrage (le M. Grosse, Die ~M/<~e </<'<'
~MMf'. Mats nous faisons les plus expresses rserves et sur
la mthode employe et sur les conclusions gnrtes qu'il
croit avoir tablies. De vritables erreurs ont d'ailleurs t
commises.
La mthode qu'a suivie l'auteur n'est peut-tre pas impra-
ticable ni mme sans avantages; mais c'est condition qu'on
se borne a un travail de pure description. H n'est pas impos-
sible de dterminer diurents types de famille par le groupe-
ment mthodique des ressemblances et des dinreuces et
sans se proccuperde savoirquels liens gnalogiques ii peut
y avoir entre eux. Mais des qu'il s'agit d'explication, lu
mthode gntique, celle qui, pour rendre compte des faits,
commence par marquer leur place dans ta suite du devenir,
s'impose au sociologue. Car une institution est toujours, en
partie, le produit du pass. Chaque peuple trouve en naissant,
pour ainsrdire, un certain nombre de pratiques et de coutumes
tablies, de croyances toutes faites qu'il hrite de ses devan-
ciers. M tes transforme de manire a les mettre en harmonie
avec ses conditions d'existence mais il no les cre pas de
toutes pices. Par consquent, pour pouvoir comprendre
pourquoi elles ont pris telle ou telle forme par suite des
changements qu'il leur a fait subir, il faut savoir dans quel
tat il les a trouves. Les conditions concomitantes peuvent
expliquer comment it a t amen laborer nouveau la
matire qu'il a reue; mais elles ne sauraient rien nous
apprendre sur la contexture de cette matire, qui pourtant
ne peut pas ne pas auectcr les produits de cette laboration.
Pour ne citer qu'un exemple, il nous parait impossible de
rien entendre aux origines de la famille actuelle si t'en ne
sait qu'elle drive directement de la famille germanique et
non de la famille romaine. Car celle-ci, enferme dans le
cadre troit de l'organisation agnatique la plus uniiatrate
qui ait jamais exist, ne pouvait pas en sortir d'ette mme et
en fait, elle n'en est pas sortie compltement, quelque euort
qu'elle ait fait pour s'en auranchir progressivement.
Aussi presque toutes les explications proposes par l'auteur
sont'cttes bien peu satisfaisantes. Nous n'avons pas a nous
prononcer ici, d'une manire gnrale, sur la thse du mat-
(f)\'t~)'i!j))M~h)mt.)<70.
dispositionde la cheveiurp, etc. Mais surtout, c'est le centre de
la vie religieuse; le totem est le Dieu et toutes les divinits
particulire!! sont d'abord conues par rapport lui. Et
comme ia religion s'tend alors tout, on conoit quelle
importance avait la socit totmique, savoir le clan. Et
pourtant c'tait une famiite, puisqu'il constituait un groupe
partiel, qui ne se confondait pas avec la socit politique
(celle-ci comprend toujours plusieurs clans). et qu'il tait
form d'individus qui se regardaient comme de mme sang.
11 est vident qu'un tel
groupe ne ressemble ni a ia famille
patriarcale des Romains, ni la /</n~<t slave.
Cela pose, toute une srie de rectitieations devient nces-
saire aux thses de l'auteur. U n'est plus possible de consid-
rer comme une formalit sans importance le fait que, en
Australie, l'enfant porte le totem de sa mero et appartient, au
moins dans ia gnralit des cas, au c)an maternel. Ce n'est
pas simplement un nom qu'il reoit ainsi, c'est une religion
c'est un ensemble de croyances et de pratiques qui retient sa
vie. Mites avaient ses yeux encore plus de gravit que n'en
eurent plus tard pour les Homains les MCf'a '/<'M/<7'M qui
n'en furent, pourtant, que ia transformation.Par consquent,
en tout tat de cause, il y avait ds lors une sorte de famille
qui reposait sur de tout autres principes que lit famille par-
ticulire puisqu'elle n'avait pas pour base le mariage, et qui
pourtant avait une grande vitalit.
11 y a plus c'tait alors la famille proprement dite. Il faut,
\)'x ~3.
LEtST. Alt-AriaoheaJusoivite.(~'o<<civil pt'<M~<<<M
~f)~('<t <~<'M; ~'partie.) toa. Flcher, 18Hu, 4i4 p.
ia-8".
Par une srie do travaux, conduits avec persvrance,
M. Leist a entrepris de dterminer le droit primitif des dift-
reutes socits aryennes, tt a commenc par comparer cet
gard les Grecs et les Italiens, et ainsi est n le livre qui a
pour titre: f;<w<'o-<<a<<~)<' ~Mf~t'/tft". Puis, il a t'ap-
proche t'tudc de ta (~rco et de l'Italie. Partant de cette ide
que les rgies juridiques, communes a tous tes peuples de
race aryeune, dcvaieot tre auterieurcs & !eur dispersion, i]
a cru pouvoir atteindre, l'aide de comparaisous mtho-
diques, cette forme initiale du droit europeeu. Tel est l'objet
de sou .t~tnA'c/tM./tH~'M~MM Nous M'avons pas besoin de
faire remarquer tout ce qu'il y a de douteux daus un sem-
blable postulat. Mais il n'est pas ncessaire de le discuter
pour examiner les conclusions de l'ouvrage qui va tre ana-
lyse. D'o que vienne ce fond commun, il existe, il a partout
les mmes caractres distinctifs et il reprsente une phase
dtermine de t'histoire de ces socits. !) correspond
l'poque o elles n'taient pas encore constitues i'etttt de
cits ou de nations, mais formaient de vastes agrgats de
claus, saus contours dfinis, et rgis par ta coutume reli-
gieuse c'est. en enet, le trait caractristique de ce droit loin-
tain qu'il n'est pas crit et qu'il est sacr. H n'mane pas de
l'tat, mais des dieux. Peu peu, sur cette base premire, on
voit s'lever un droit nouveau, uvre de la cit et destin
servir les intrts de ta cit c'est le droit civiL Dans t')~.
~nitt'/tM jus <';<(', M. Leist se propose de retracer cette
gense, au moins ses dbuts. C'est surtout Morne qu'il a en
vue mais pour bien dgager ce qu'a de particulier l'volution
du droit romain, il met sans cesse en regard des changements
que l'esprit romain a fait subir au droit originel, les trans-
formations qui se sont produites parattetement chez les
peuples de la mmo race.
Dans la premire partie de l'ouvrage, parue en 1892, Fau-
teur s'tait born faire voir quelle forme spciale le vieux
droit religieux avait revtue Home. C'est seulement dans la
)\.LKMAtUACH
t'Ut'M.tft.XKMMU
V.LAPtSK
t'm'M.UmKMtM.
')!Ci)"t)!i''n')T.t)ttH))<'i)).<[)in'p!n'('<'tn~<th'Sft)tit))t'nt.)'<)m't'ant'<)''
LMn'')-. Die SrAMM/'ut-xx'tf Nf tw~~ic/tM~tMonacAn-M))<~ <~Mta/ftc/)ft'
~()<MHy. tj-itfzij.t. ttUtj H-))~ Hirsd)f<ht).
tt. t <'(.AXtSATt()!< SOf:)Af.K
)'tH'M.f)m)iMt:tM.
dans le Dakhan
Dakhao et dans certaines rgions du Sud. Partout
aitteurs, ou observe une forme de viitage qui est trs di)!e-
rente de la prcdente et que fauteur appel ~yf<<K'f~-<. H la
dfinit ainsi 1 Les terres sout divises et les domaines sont
exploites indpendamment les uns des autres. Aucune trace
de culture commune. ~ Les terres en friches qui entourent
les terres arahies ne sont pas une proprit commune. En
principe, elles n'taient l'objet d'aucune appropriation et les
habitants en disposaient suivant leurs besoins. Plus tard,
l'autorisation du Maja ou du chef de la commune fut exige.
3 Enfin, le village est administr par un chef hrditaire.
C'est peut-tre par ce trait qu'il se distingue le mieux des
communauts de village de Sumner Maine; car ce dernier
considre lui-mme le caractre lectif du pHMf/<t/< comme
la proprit distinctive de l'organisation qu'il dcrit.
Ces deux types distingus, quelle est leur relation histo-
rique ? Trs souvent on a fait du village communautaire la
forme primitive dont l'autre serait drive. Celle-ci serait
simplement due ce que ta proprit, d'abord collective,
est devenue progressivement prive. L'auteur s'eteve contre
cette opinion. Si elle tait fonde, on devrait trouver la com-
munaut de vittage.d'autant plus dveloppe que la popula-
tion appartient des races ptus primitives; or ii n'en est rien.
Trois grandes races ont prcde les Aryens, dont on peut
encore trouver des traces tresapparentes aujourd'hui ce sont
les Thibetains, les Dravidieus et tes Kotarions. Or, dans les
pays o leur influence a t le plus marque, c'est la forme
7<a~<f<'< que l'on trouve. Le communismefamilial, la~'oM-
/m<~ de Sumner Maine, ne parait mme pas y avoir jamais
exist (p. tM). Enfin, mme tes Aryens primitifs ne semblent
pas avoir connu la communautf de vitiago; it n'en est pas
question dans les lois de Manou (p. ~u4). U'o il suit que, si
elle est d'origine aryenne, les Aryens ne t'ont pourtant pas
apporte avec eux dans l'Inde; elle doit douc rsulter du fait
de l'occupation. On s'explique dj de cette manire le carac-
tre seigneurial du droit que ces sortes de propritairess'at-
tribuent sur le sot. lis te possedentenqualit de conqurants.
Mais d'o viennent les autres caractres ? D'o vient l'es-
prit communautaire et dmocratique de ces villages? Une
seule et mme rponse ne peut pas tre faite cette question;
car ce type n'est pas rduit un seul genre, mais il comprend
des espces diurentesqu'il y a lieu de distinguer.
Parfois, le village a eu pour origine un clan ou un frag-
ment de clan tout constitu qui s'est tabti dans un pays par
droit de conqute. Tantt, les conqurants se sont assujetti
un village existant dont les propritaires ont t rduits
l'tat de tenanciers; tantt ils ont occup un sol vierge qu'ils
ont eux-mmes dfriche. Mais. dans un cas comme dans
t'autre, ils ont forme par leur union uu village nouveau toute
la diuronce, c'est que, ici, il s'est surajout uue commune
plus ancienne qu'il a utilise, tandis qu'ailleurs il a du
tre cr de toutes pices. Mais, quelle que soit la manire
dont il ait pris naissance, comme il se produisait dans des
conditions nouvelles, il devait aussi s'organiser d'aprs des
principes inconnus de la population indigne. Les nouveaux
venus n'exercrentpas le droit de propritqu'ils s'arrogeaient
sur le sol comme avaient fait jusque-l les tribus praryonnos,
et c'est ainsi que le ~x~-t'f~f se substitua au village ~/<t(-
<(W<.
Deux causes auraient dtermin ce changement. C'est
d'abord l'intensit particulirequ'acquit chez les Aryens, au
cours de la conqute, le sentiment de solidarit qui unissait
entre eux les membres de chaque tribu et, secondairement,
les membres du ctan, subdivision de la tribu. Quand celle-ci
occupait un territoire, comme elle avait fortementconscience
do son unit, elle le considrait comme la chose indivise du
groupe, et par suite, quand elle en dlguait une partie l'un
de ses clans, ce dernier, de son cot, s'en regardait comme
propritaire au mme titre et de la mme faon, tt tait donc
pos en principe que chaque membre de cet agrgat restreint
avait un droit gat sur le sol. De l, partage; de l, toute sorte
de prcautions pour prvenir toute ingalit, notamment l'al-
totement priodique. De l aussi l'habitude de traiter les
affaires en commun, la pratique de ta responsabilit collec-
tive, en un mot tous les caractres par tesquets on dfinit le
vittagecommunautaire; expression d'uilleurs inexacte, car il
n'y a eu aucun moment o l'exploitation ait t, proprement
parler, faite en commun. En second lieu, une institution sp-
ciate, )a~'otM/m<c'est--dire le communisme familial, qui,
toujours d'aprs l'auteur, ne se montrerait qu' une poque
tardive dans l'histoire de l'Inde, a contribu produire !o
mme rsultat en renforantencore ces ides gatitaires et en
permettant au sentiment de solidarit domestique de rester
vif et actif dans un cercle tendu; ce qui empcha le groupe
fondateur du village de se dissocier en groupes indpen-
dants. Quant aux causes qui auraient produit ces deux parti-
cularits do ta civilisation aryenne,M. Baden-Powett croit tes
trouver dans )a ncessit ou se trouvaient les Aryens de se
tenir truitement unis pour tutter contre les races hostitesqui
les entouraient.
Les choses ne se seraient pas passes autrement toutes les
fois que le village a t fonde, non
par un clan ou une por-
tion do ctau constitue, mais par une famille particulire, qui.
tabtie sur un point, aurait, par voie d'essaimage, occupe
peu
peu tes terres environnantes. Mais il y a une forme do~m'Mf.
rt~f qui aurait eu de tout autres origines. Une fois que
les rois furent considres comme les propritaires minents
du territoire, il arriva qu'ils dlgurent des bnficiaires
qu'its voulaient rcompenser, tours droits sur tt
ou tel vil-
lage dans d'autres cas, ce furent tours officiers, prposes
l'administrationdes villages, qui usurprent d'eux-mmes
droits lorsque la dcadence du pouvoir monarchique leurces en
fournit t..s moyens. Le droit de proprit quasi fodal
que les
uns et tes antres acquirent ainsi se transmit naturottementa
tours hritiers: et comme ceux-ci restaient dans l'indivision
en vertu du principe de ta ~t')t<<tM)t<)/, it en rsulta qu'au
bout d'un certain temps des groupes assez tendus
se trouv-
rfnt tre cottectivemeut propritaires do diffrents vittages.
C'est mme presque exclusivementdans ce cas
que t'en peut,
sans abus de mots. parler de proprit collective; car il y eut
reettemcnt exploitation eu commun, au moins par l'interm*
diaire de tenanciers.
Le principal mrite de cet ouvrage se trouve dans l'effort
fait par l'auteur pour arriver a une classification des diu-
rents types de villages hindous. On y trouvera en outre d'utiles
renseignements sur l'ethnographie de l'Inde. M. Baden-Powett
s'est surtout servi pour son travail de documents de premier
ordre; ce sont les rapports de cotonisation. Seulement ils
ne
sont pas toujours faciles utiliser; car ils manquent nuturel-
lement de critique historique. Or les conclusions qu'il
en a
tiressontdes pi us contestables; la dmonstration surtaquelle
il a tabli sa thse nous parait assez faible.
Et d'abord, on est assez tonne de voir confondus dans
une
mmo classe les villages constitution dmocratique, dont
tous les membres sont gaux, et ceux qui sont organiss fo.
datrent, c'est--dire o un groupe plus ou moins tendu
exerce sur le reste de lu population un droit de suxeratuete,
quece droit ait t acquis par conqute, ou par unedtgatio)
du pouvoirsouverain, ou par usurpation.Pourjustiftet'ce rap-
prochement, l'auteur prtend que, mmo dans le premier cas,
les copropritaires qui cultivent le sol ont sur lui un droit
seigneurial, un droit suprieur. Mais du montent qu'il n'y a
pas de tenants, pas de vassaux, on ue voit pas ou quoi ce
caractre seigneurial peut consister.
Mais ce qui parait surtout bien peu prouv, c'est la Otiation
admise entre les deux sortes de vittage. Toute la thorie
repose sur cette hypothse que les tribus aryennes avaient
un plus vif sentiment de teur solidarit que les tribus ana-
ryeunes mais l'appui de cette supposition on ne cite
aucun (ait. Tout au contraire, il ressort de l'expos mme de
fauteur que, dans les races primitives de l'Inde, ta tribu tait
beaucoup moins centralise qu'elle ne le fut plus tard c))ox
les vainqueurs. Or c'est un fait historique que ta centralisa-
tion monarchique a pour etet t'anaibtissementde t'organisa-
tiou tribate et des sentiments qui font l'unit du ctan.
Les affirmations relatives ta formation de ta ~<Mf-/f<Ht)'~
sont encore moins bien tablies. L'auteur recounait lui mme
que citez les Xars. qui sont de race dravidienne, le commu-
nisme familial existe; la famille se recrute, il est vrai, par
voie de filiation utrine, mais elle n'en est pas moins commu-
nautaire (p. t78). f) n'est pas douteux, d'autre part, que la
mme institution ne se trouve dj dans les lois de Manou.
Toute l'histoire compare du droit proteste d'uilleurs contre
une telle conjecture. Jamais on n'a vu la~M/Mt'~ uattfe
d'une iamitte plus restreinte. Tout prouve qu'elle est bien
antrieure. Si donc elle est solidaire du~tff~c, celui.ci
n'est pas de date aussi rcente qu'on te croit. Il est' vrai que
l'auteur admet comme vidente l'origine patriarcato do la
famille; mais cette thorie est difucitementsouteuaMe aujour-
d'hui; en tout cas, aprs tant de recherches qui la rendent
au moins suspecte, elle ne peut plus tre pose comme un
axiome.
BATTACHA.
Bull' ordinamento delta, proprit, foa-
di&ria. neU' Ita.tt& meridionale sotto i normanni e gli
suavi net aut rapporti oolle instttuztoni poMtiohe
'Or~(tM!M~M f/<' / /<t~<-Mt'<~(C~~(' <( /<(t<i'c ~OXX les A'or-
Mt<tH(~). i'atermo, Hebet', i89(;.
L'ouvrage fait suite aux travaux de l'auteur sur ta proprit
en Sicile sous les Musulmans '.ht~o~' ~<r/'<' </< C/)tt'<
an.Yt,fasc.t)t,p.)83.
!/ttuteur n'admet poiut, contrairetnent l'opinion ~nrate,
que !ttt}!f;i''ro ait procd la division tripartie du sot.
Hu~giero se contenta de donner aux soldats et & t't~tise des
terres en fiefs, sauf a se rserver la suzerainet.
Les Normands ne surent pus assez se mettro eu garde contre
te pouvoir. soiUafque, suitecctusiastique.tjui s'tahtissnitainsi
eu fuce de t'f:t:tt. L'auteur tudie notamment, dans le ~w
/'<'<h/<f<r)M. le sort des domaines concdes
nu diocse de
Syracuse, au monastre de Saint-Jean, etc., surtout t'arche-
veche de Monreate. JI est particulirementintressant d'exa-
miner l'histoire du fief de Hruccato. En t Cuittaume t"'
donne ce fief t'archeveque de 1'aterme. La question se pose
de savoir si, en rclamant de ce fief < Broceatum feudum,
scilicet sex mititum le roi lui impose un service ~nerricr
nouveau, ou s'il se contente de recevoirdu vassut tes services
que ce fief devait traditionnettement. Ku d'autres termes, y
a-t-il ta une obligation de la terre ou une obligation particu-
lirement impose au feudataire?(Cf. Luigi Audrich, .t/'c/xt-tn
CtMn'f/f'fo,t8')ti, p. :)'')!
De mme il examine, au moyen des documents rapportant
donations de Ru~icro, ta questiou de savoir si la juridie-
tion spciale est ou non une consquence de t'immunite. Ou
peut se demander si une tude plus ample de droit compare
ne serait point ncessaire pour trancher une question a pro.
pos de luquelle ou ne sait souvent si tel documentpose un prin-
cipe ou tablit au contraire une exception.
Suit l'tude de ta condition des communes eu Lombardie
l'auteur nous montre tes communes luttant contre ta monar-
chie; eu Sicite.au contraire, ou le pouvoircentrat est puissant
et les protge, les citadins dfendent lit monarchie contre tes
grands feudataires.
Au-dessous des bourgeois et des citadins, le paysan ici
c'est tvotution lente qui va de la servitude romaine a la
libert moderne. Aux xn" et xm" sicles, leur condition
va
de la situation de cultivateurs libres celle de serfs de ta
glbe. tt y avait deux sortes de vilains non libres les
taient vilains de dpendance personnelle, les autres uns de
dpendance retie et ces derniers pouvaient possder
titre tibre des biens en dehors de leur seigneurie. M~me un
parmi les hommes libres, des distinctions taient faire:
ceux appartenant des races guerrires avaient en fait une
condition politique suprieure; les autres formaient
une
classe intermdiaireentre honuues vraiment libres et vilains,
les rustici.
Ayant ainsi tudi rapidement les classes sociales Sicile,
Fauteur tablit un parallle entre les services publics en
d'alors
et ceux d'aujourd'hui, prfrant ceux-ta qui taient moins
pesants et se rsolvaientd'habitude en prestations en nature.
tt faut attendre, pour apprcier les mthodes d'observation
et de critique de ce travail, des plus nourris, lit publication de
la seconde et dernire partie de l'ouvrage, dont
nous n'avons
encore qu'un fragment.
VU).UtVKKS
t'ar~)M.Mjnss.))mt:Kt;tH<'t).KVY.
l.e < tJhat')):[ est n't indou, en vertu duquc) )<' ocancicr,
usHm;
'lui v~'ut se f'ai)'<' payr d'un d~'tntctu' ')u! t't'tusf, vi''n) s'at.s'-oi)' sur
te !)'ui) ~f la toaisot) uccupt'-)' par c~ d<'rt)i''r t-t y n'st'' :') .jrtx'r jus-
qu' <:)' ()u'i) uit n'emur' M cn''an~ lu )t)urt dut-))'' eu t'~nu'T.
C't uu'' nn'uac<- de ' hti~r tftuurir si i'~n n'est )':[.< tctuhuur.
Stunn'')' M:m)< a n'trott\~ ):< tut'ttt'' coutuutc (taus t'un<;it'u druit i)
)at)duis de (a tn:)ui''r<' lu jdus ith'tjutcstatdt' ).i"t :t cru t-n dt'-ruu-
vrir des trac'), tuais trf-s douteuse' daus te dr"it af).K)'saxut)
Y. T.naassia.dans j'articte ci-de.<su- se detounde si )a Ut~tuc insti-
tution a existe eu (tenuatiie et eu <!re<'e.
).os ))t'euves tju'ite)) duuue puur lu <!ermauit' nuus jMtraisseut trs
suj''tte.'j a cautio)). Mais ceties qui ecm'ernent ta t.reee sf~ot [dus
dOnoustratives et )dt)S intressantes. L'auteur si~nate d'.d'urd <)U~
les t.) ecs avaieut de )a Yi<i une conceptiuu jn'esfjtte aus-i mejancu-
)i())te 'juc tf's tuduus. Les suicidtM taient fretjuents chez eux. Mais
())))!. tO.i!
We </e 7'<<t-M<, ch. XVM.
M. ).Mso))n (~tudiiU les h)'!)itutinn'idont il s'occupe par rapport & h)
'.()ci~(t''j)<t))t')!)U<'))'t)<'s)f)))''t)()))))<'nt,untit)dt<'ctt<o<;it!tMa
tt'avt'rs ces in'!titutio))s, t'o'h't'chtU connm'nt tt'H'ta npit et t'~a~it on
t)r't)':('d<'<'t')tt's-t'i.Sit'on't))()i'<it))j')<')n''t)tt'f.'<)n''titutiot)s<')t
<'Uc!i-m~)t)(" on risque fort tic it'sappt'~L'ict'aumoyen d'ides qui )H'
<u))tt)ucth'spt''Uti<u)Stt<')))'iu<'ip''t'Ut)Ut'd'ir!U!:ons([('st'ntHn<'nt.
~ussi ))!<')) M. )..<t-t-itw)tnutti<)u''n)t't)tdaMC('((''ht'oct)U)'umo))-
(rcr'tueiaproc~thn't'peut(''()'<'Ut) (')'j';td\tud''pourle st";i')]ujj[uc.
Ht.RYY.
(j)LA'nU)':MHSKC't'tO~
:'
SOCIOLOGIE CHiMINLLK
)'arM.(:M()'i)(tCt)Attt'
AYHOTtSSKMHXT
A. ~<OMt<f/<
At-'GMTR BOSCO. L'Omicidio negli Stati Untti d'Ame-
rioa. (/oM<(-<(/e a.f A'/M~-L'MM.) Extrait du ~M~c<:M
/Hf<'fHa7<bH< (le ~/Yt<~t<c, t. X. Home, Hertero, 1897,
T2 pages.
H. /.<* ~M/fff/c.
C. /m)jy~/t'<M.
A. NtCEFOM). La mecc&nlca. della migrMione e la
crimina.tita (~.f m<MH)t' </<; r~M/f/raftOH et la ('t-<M<fH<<~
in St'xo/ p<M)~'('<t, 7 anne, n" 7, fvrier 1897.
Le mmoire de Xiceforo comprend deux parties, l'une est
une thorie de la lutte des classes propos de rmigration,
l'autre justifie en quelques pages le titre de l'article. La pre-
miere est au-dessous de lu critique scientifique c'est une
(euvro de parti dont nous n'avons pus & parler. Dans la se-
conde l'auteur montre t" qu'a une population clairseme,
comme elle l'est en Sardaigne, ou Sicile et dans ta campagne
romaine correspond le brigandage qu' une population
agglomre, surabondaute n'pondront non seulement une
forte mortalit infantiie, mais encore de nombreux attentats
commis sans violence contre ta proprit.
En Italie s'observe uue inversion des poursuites judiciaires
et de l'migration. < La courbe de t'cmigration est eu raison
inverse de la courbe des faits dnonces uux juridictions p-
nales. En t880, t'emi(;ration descend t33 pour tOO.MMbabi.
tants, et nous voyons le nombre dos dlits dnonces crottre
jusqu' tO~.Ni pour 100.000 habitants: en 1881 t'emigration
monte M t4<! et les dlits descendent 0~9,48; eu t8M i'emi.
gration monte 238, tes dlits descendent t)15.37; en 1883
t'6migration donne 238, les dlits tombent 897,1~ en i884
t'emigration descend 2(JU, les dlits toutefois, au lieu de
remonter, descendent aussi 862.62; en t885 immigration
atteint ~6~, les dciits tombent 8)7,68.. Etc.
La poUtique traditionnelle qui est une politique de classes
a pour fin la formation d'une population surabondante.A
l'avenir, on devra tendre & un quilibre entre la population
et les salaires, quilibre du a une natalit modre et une
emigration bien conduite.
H. ).XTtnU))'<H.Ot:)H ':)t))t)Xt:t.t.K
A. Le crime f( ~M races.
CORRE. L'ethnographie criminelle d'aprs les obser-
vations et les statistiques judiciaires recueiUies
dans tes colonies framftises, ) vo). iu 8, 5~1 pages.
Paris, Reiuwtttd.
D'aprs l'hypothse tombrosienne, le criminel reproduit
les caractres biologiques et psychologiques des anctres de
t'homme actuel, animaux ou hotnmes prhistoriques. C'est
donc dans les races intrieures qu'on devrait l'observer le
plus souvent. Aussi l'cole italienne cousidro-t-eHe la race
comme un facteur important de la criminalit homicide.
On sait que Ferd explique la frquence ingale de t'honu-
cide dans les divers pays d'Europe par une dinrenee d'apti-
tude des Lutins, des Slaves et des Cermaias a la criminalit
sanglante. Au contraire, en France, l'cole de Lyou rejette
tout facteur qui n'est pi's proprement social. Le docteur A.
Corre a pens qu'une tude de la criminatit dans tcsdiverses
colouies franaises, que su qualit de mdecin de la marine
lui a permis d'tudier toutes, iuaugurerait une mthode apte
prparer )a synthse do ces thories exclusives. Quoique
ce livre date de 18!~ et sorte par M mme du cadre qui nous
est impose, nous n'hsitons pas le faire figurer ici & cause
du nombre et de l'importance des lments qu'il introduit
dans ta discussion.
Les colonies franaises, mente si on nglige l'Algrie et la
Tunisie, comprennent des chantillons des principales races
humaines. Mlansiens et Canaques de la Nouvette-Catdonie,
Kegrcs du Uahotuey et du S<'n'a), reuhts et Toukoutors du
Soudan, Baatous du Congo, Matais de Mada~sear, Dravi-
diens de i'fnde, Cambodgiens, Laotiens, Annamites. Tonki-
nois et Chinois de Hudc-Chine, aucun des degrs de t'echeUe
anthropnio~ique ne fuit dfaut. Il en est ainsi des civitisa-
tions. Ptusieurseotonies, les Antitiesetia Meunion, prolou-
geut la civilisation de la metropoie en Asie, ce sont les
vieilles eiviiisations, celle de ia Otine, renetee par celle de
t'Anuam, celle de t'tnde, en (jjueique sorte momifie au Cam-
bodge. Au Sene~ai et au Soudan, la culture musulmane se
montre ente sur la barbarie noire; enfin, au Congo et daus
la \nuvettc-C:)tedonie, on a sous tes yeux les divers degrs
de t'ctat sauvage.
t'ne t':tude consciencieuse de ta criminalit dans ces divers
milieux permet donc de dcouvrir lit solution du problme
pos par t'anthmpntogie evotutionnistc. Les divers degrs de
la criminalit (criminaiite vioteate et criminalit astucieuse.
ollenses aux personnes et otteuses aux proprits, associa-
tions de nmtfaitenrs et criminalit individuelle)rpondent-its
des stades sociuux dinerents? xpriment-its au contraire
des troubles plus ou moins profonds qui accompagneraient
l'evotution sociale'! Jusqu'ici, grce l'ascendant de l'cule
italienne, ta premire solution a seule t discute, car cette
cole est loin, comme parat le penser M. Corre, de nier le
dterminisme social du crime. Ferri a maintes fois exprim
sur ce point la pense de tous ses collaborateurs, mais te
dterminisme social tel qu'il le conoit n'est pas autre chose
qu'un milieu conomique voluant de la concurrence brutale
la concurrence attnue. M. Corre nous conduit au coutrau'e
& voir dans la criminalit sanglante l'indice
non d'un milieu
social infrieur, mais d'une civilisation profondment
trouble.
L'auteur tudie d'abord les colonies dont la civilisation et
la constitution sociale sont restes trangres celles de la
mtropole; il les examine en suivant un ordre purement go-
graphique (Afrique occidentale, Madagascar et Iles adja-
centes. Indo-Chine, Tahiti et Xouvelle-Caledoniei il tudie
ensuite les colonies assimiles, c'est--dire les Antilles et ta
Nouvelle-Caldonie.
On comprend que nous ne saurions le suivre pas pas. tl
nous sutUra de dire que ces ditrentcs tudes sont claires,
nourries de faits et de donnes statistiques prcieuses, qu'elles
et
sont faites avec une relle impartialit scientifique, d'autant
plus remarquable que l'auteur a visiblement des passions
politiques ardentes dout l'expression fait parfois rup-
tion. Nous devons signaler l'JMtret trs vif des chapitres v
%t vt consacres au Tonkin.
Mais nous avons hte de dgager les rsultats gnraux de
l'uvre.
On peut les ramener a cinq propositions
Il Les races infrieures a celles qui peuplent l'Europe n'ont
pas une aptitude plus grande la criminalit sanglante.
Parmi elles, les plus basses intellectuellement ne sont pas les
plus homicides par exemple, les races civilises de l'indo ont
des peuchunts criminels beaucoup plus dvelopps que les
races noires de l'Afrique et de la Nouvelle-Caldonie.
Ce ne sont pas les dispositions spontanes de la race,
mais bien la lutte des races, fait politique, qui rendent
compte du taux lev de la criminalit au Tonkin et dans les
colonies assimiles.
8 L'volution de la criminalit prsente dans toutes les
colonies franaises, quelque race qu'elles appartiennent,
les mmes caractres que parmi les populations europennes.
C'est partout et toujours la substitutionde la criminalit astu-
cieuse la criminalit sanglante, de l'attentat individuel
l'attentat collectif, du petit dtit multiplie au grand crime
relativement rare.
4"L'exemple et l'action de l'Europen activent t'voluttoa
criminelle des populations indignes sans apporter celles-ci
la moindre amliorationmonde. Militaires, missionnaires, et
fonctionnaires rivalisent d'inHuenco nfaste. Mien mieux,
le Franais emprunte aux populations conquises, notamment
& leurs classes gouvernantes, leurs vices, leurs crimes spci-
fiques et les inocule ia mtropole.
X" L'importance du climat est beaucoup plus grande que
celle de la race. La race colonisante est d'ordinaire mai
adapte au climat de lu colonie, car tandis que ia colonisa-
tiou se fait du Kord au Midi, l'adaptation des races humaines
a des milieux physiques diffrents se fait normalement du
Midi au Xord. Toutefois il n'eu faut pas conclure queia
chaleur dtermine le crime. Loin de l c'est ta saison frache
qui, dans ies colonies franaises, surexcite l'activit sociale et
avec elle la frquence des dlits.
Si ces diverses propositions taient dmontres, les vues
qui ont prvalu jusqu'ici dans l'anthropologie crimineiie
devraient tre considrablement modifies, ou, pour mieux
dire, cette science devrait se fondre dans la sociologie. Kxa-
minons donc les preuves apportes par M. Corre.
1" Une grande ville peupled'hommesde race jaune devrait.
si la thorie de Lomhroso et de Ferri tait conforme aux faits,
donner annuellement un nombre de crimes, notamment un
nombre d'homicides,suprieur celui que fournit une ville
europenne galement peuple. Hano compte ~UO.OuO habi-
tants:, qui sont presque exclusivement Annamites, Chinois ou
Minh-Maongsmtis d'Annamites et de Chinois,. Cette ville est
depuis douze ans soumise ladomination franaise. Or, com-
ment nn magistrat franais, io procureurAssaud, on apprcie-
t-ii ia criminalit? M. Corre a pu se procurer ce document
confidentiel, aussi prcieux pour i'ethnoKt'aphie qu'humiliant
pour les prtentions et l'or};ueii des conqurants. < L'Anna-
mite possede-t-it rellement, au point de vue criminel, ce-
degr de perversitatteint par les nations europennes?Je no
le pense pas. C'est peine si, depuis quatre ans que je suis
procureur de la Rpublique ftano, j'ai eu connaissance de
deux ou trois assassinats en matire indigne commis dans
le primtre de la ville et de sa banlieue. Quant aux crimes
contre les proprits, aux vols qualifis, ils se produisent
habituellement l'approche du Tt; et quand on relve
Hano!, cette poque, cinq ou six vols audacieux et prsen-
tant les caractres d'une certaine perversit chez leurs
auteurs, c'est un gros vnement dont parlent les touilles
locales. On recommence alors le chapitre des rcriminations
contre los indignes. Or il est indiscutable que, < si la popu-
lation de la vitte do Hanoi comprenait 2UO.OOU Huropeens la
ptaco des indignes, il faudrait immdiatement rorganiser
ta force publique et en quintupler t'e)!ectif. Mture ceta, tes
assassinats, les vols avec enruction, les infanticides, etc., mar-
cheraient tout' train et te personnel du parquet pourrait sans
inconvnient tre triple si l'ou voulait qu'il suM a ta
besogne (p. 37S, 87G). x
Des grandes races qui peuplent les colonies franaises lit
race noire africaine est lu plus basse; la race induue est au
contraire cette qui se tient le plus prs des populations euro-
pennes. Or la statistique criminelle de l'Afrique occidentale
peuple eu trs grande majorit deXe~res, donne une crimi-
nalit peu eteve. La criminalit gnrale est assex faible.
Ktte ne semble pas s'accroitre dans ta mme proportion que
la population. Dans ta priode tMM-tSC) avec une population
dj dense, puisque, pour Saint-Louis et ses faubourgs seuls,
elle comprend 2t.000 habitants et, pour Gerce avec ses dpen-
dances, )8.000 habitants, il y a Moins de 10 affaires d'assises
en moyenne par an et le chiffre des accuss n'atteint pas )4.
A une priode plus rapproche, avec une population de ptus
de 90.~00 habitants pour les communes de plein exercice et
tes territoires d'administration directe de la Sngambie, la
criminalit a un peu monte il y a de H a ? affaires d'as-
sises et de a 24 accuss. Mais i) vient aboutir a la cour de
Suint-Louis des affaires de tout t'ensembte de nos tablisse-
ments de la cte occidentate, c'est-a-dirc ressortissant a un
cbitro de populationconsidrable. De ce simpto aperu il y
a tirer une conclusion bien en rapport avec le temprament
semi-ngatif et apathique du noir; ses impulsivits, parfois
d'ectat violent, sont en {;e')erat peu intenses; c'est l'Africain
qui imprime sa note priucipule a la statistique judiciaire en
raison de sa prpondrance numrique et t'en voit combien
le taux de la criminalit reste mdiocre dans la rgion o il
domine ~p. i27).
Quel contraste avec le sombre portrait que la criminologie
doit tracer de t'tndou < Nulle race n'onro un plus haut
point la marque dcgcnerative et l'estampille criminette. Le
champ de la conscience s'est citez l'Indou peu peu rtrci
sous l'obligation de se soumettre, sans rflexion, aux devoirs
les plus extravagants et les plus contradictoires, les plus
opposes parfois aux instincts de ta nature; il a cess d'entre-
voir les notions de lit moratitc saine force de les confondre
avec tours contraires et, dans le complet abandon a su sen-
suatit, it M achve de perdre son nergie. Chex lui tout est
passion et toute passion est d'une intensit anormate, rpond
sans contrepoids, sans proportionnatit aux mobiles qui lu
sotiicitent vers l'acte. Comme t'gosme et l'auti-attruisme
restent la dominante chez l'individu, dans chaque caste, chex
tes catgories vis-a-vis les unes des autres, les sentiments les
plus susceptibles de produirf tes impulsivits criminelles sont
en veil pertnaoeat, t'esprit de vindicte, ia julousie sexuelle,
ia haine. la convuitise et ta cupidit. Ces impulsivits font
explosion a propos des circonstances les plus futiles et avec
des violences parfois formidahies. Kiies dnotent frequent-
tnent, sinon i'aHiance avec des tats d'alination caractrises.
1
du moins avec des tats provoques similaires (ivresse haschi-
chienne ou toujours immanents et analogues (fanatisme et
superstition). Les mmes facteurs qui donnent naissance )a
criminalit en d'autres races et eu d'autres tniiicux sont aussi t
dans i'fnde le point de dpart de t'attentt, mais tel de~rt-
qui ne suffirait pas ailleurs a produire celui-ci, ils le font
clater citez t'Iadou (p. !?.. ,
Selon Corre tout cotoaisateur est un parasite et jamais il
n'y a colonisation sans lutte entre les races, fi en rsulte que
la race victorieuse impute crime a la race vaincue de
simples actes de dfense sociale, soit nationale soit indivi-
duelle. Ce que nos famiiies coloniales appellent des assas-
sinats sont trop frequemtaent des actes de rsistance un
envahissement, des tueries de vraio guerre o l'embuscade
prpare est pour les faibles un moyen de compeuser les (
avantages des forts, ou bien des vendettas individuelles, jus-
tinees aux yeux du sociologue indpendant et logique par
l'arbitraire odieux de quelques fonctionnaires <p. Ht"
Dans les colonies assimiles, la lutte des races innue plus
visiblement encore sur lu criminalit. Le Xe~re, excit par le
1]
muiatre, est en tat d'hostilit perpetueile contre le blanc, II
n'est pas de priode lectoraie qui n'amen son cortge d'in-
cendies et d'agressions.Locooiie indou, trait souventcomme
un vritable esclave, victime de contrats drisoires, apporte
dans la vengeance la fougue de sa race. Le banditisme et
la piraterie citez les Annamites confinent au patriotisme et
la Metitc aux traditions nationales. Notre chouannerie eu
donnerait une image nssox exacte. Quette erreur ce serait
d'attribuer aux penchants de ta race des actes qui sout dus
aux deptorabies conditions d'existence (jue lui fait l'invasion
trangre
S" Kn Kurope.et) i''ranpe))ota)nme))t. ta criminatitt'avoine
du crime relativement rare au dctit frquent, det'om'nse aux
pnrsonnesat'attentt aux biens, des attentats commis pardes
associations aux attentats individuets. Si l'on tudie les
colonies assimiles .(tuadetoupe, Martiniqm'. Ht'union,.on y
constate une volutionscmhtabio quoique moins rapide. L'au-
teur ta suit pas il pas dans te cours du siecie et montre quitte
s'aeceierc sous i'Hmpire et ia troisime itepubtique. nonobs-
tant te re~ne des politiciens de t'ecote (te Sctuiitctter. Dans
t'iude, cotonie o la population, en partie assimile, garde en
grande majorit ses anciennes t'outumes, il y a neannx'ins
substition du dfit au crime et de t'attentt individuel n t'at-
tentt cottectif. Hn t833. il y a pour une population de
)(!7.3u habitants :M aitaires correctionnettes et 38 atTaires
criminelles; soit un crime pour 4 4t: habitants et un dciit
pour 7jm. < Mais l'action judiciaire est encore mat dessine
sous ses formes nouvelles: les fonctionnaires enquteurs ue
pntrent que trs imparfaitement dans les murs et tes
habitudesdumiiieu. Bien des manquements doivent demeurer
ignores. Si nous sautons a ia dernire statistique, celle de
i8W), nous observons des changements considerabies. La
population est de ~2.'Mc habitants, dont ~<).?<<K) lodous et
Europens, creoies ou mixtes. Les aftaires crimineties
sont au nombre de 3?), soit unnsurS.fHi)habitants; diminution
qu'it ne faut pas acccptt'r comme une preuve d'amendement
absoiu.caretteestptusque compense par t'augmeutation du
dfit cng'fobant une partie des crimes correctiouoaiises. Mais
il est remarquer que, sur les 63 accuses, 8 seulement figu-
rent sous la rubrique .Yf'< 't. < mhMx' o'< '<H.< '' ftM~v
M<oHt('/<'f!t)rnt'<tous tes autres sauf un d'origine inconnue)
sont dectares d'origine asiatique,c'est--dire fndous n'appar-
tenant pas a nos possessions par la naissance ou le domicile
fixe. Pour le deiit je n'ai point des rcievs d'eusembte, mais
seulement la statistique du tribuna) eorrcetionne!de Pondi-
chry, celui dont )o ressort est )<: plus important. La ville et
ses dpendances oui H.830 iutbitants; !e ct'iftre des aftaires
correctionneiicsestdeSUl, soit un detit pour )07 habitants,
proportion norme, double de la deiictuosite mtropotitaine
(en France, un dlit pour ~00 habitants). Mais sur S63 pr-
venus de ces dlits jugs Poudichry, il n'y a plus que
t'8 trangers; tes autres, au nombre de 40S, sont des individus
ns dans lu colonie. Le dlit doue reste bien intrinsque
(P. BtH-~tUj.
Dans l'Inde, tesassociationsdemalfaiteurssont nombreuses
et les femmes y prenneut une grande part. Toutefois c'est
plutt dans t'Indo-Chine que l'ou peut tudier exprimenta-
lement ia substitution de l'attentat individuel t'attentt col-
tectif. Il suffit de comparer ta Hasse-Cochinchine, soumise
depuis longtemps l'influence franaise, au Tonkiu conquis
hier. Les faits de piraterie et de brigandage qui s'observent
au Tonkiu,ont dsol tu Cochinehine dans les premiers temps.
L'auteur tudie minutieusement ta piraterie tonkinoise et
les associations qui l'exercent. Nulle autre partie de son
uvre n'est d'un aussi grand intrt pour ta sociologie crimi-
nelle.
La piraterie a toujours t la forme de banditisme propre
i'Indo-Chine annamitequi y avait t initie par les Matais et
les Chinois. Elle a disparu a peu prs de ta Cochinchine.
< Mais au Tonkin
elle bat son plein. Les tjandes, composes
d'Annamites et de Chinois, souvent trs fortes, tiennent la
campagne dans les massifs montagneux, proximit des
<;uurs d'eau, ou, plus rduites, toujours prtes se disloquer
et se reconstituer selon les circonstances, elles stationnent
aux embouchures, circulent sur leurs barques au travers des
arroyos des dettas. Leur force est moins dans le nombre de
leurs contingents actifs que daus celui de leurs auxiliaires
latents, intresss par la cupidit ou la crainte. Le pirate a
pour complices ou associs les gens des villages et quelquefois
la population de cantons entiers; les autorits locales ne sont
pas les dernires a leur fournir ce dont elles ont besoin, vivres,
munitions, renseignements de toute sorte (p. 321). Cesasso.
dations font videmment penser celles de Naples et de la
Sicile, Toutefois M. Corrc. qui ailleurs a si profondment
tudi la criminalit de la Bretagne, prfre comparer la
piraterie tonkinoise ta chouannerie. Celle-ci en voluant
prsenta, ou le sait, deux formes, l'une politique, l'autre
professionnelle. De mme au Tonkin it y a deux sortes de
piraterie, la piraterie politique et la piraterie professionnelle.
La premire est l'uvre de patriotes annamites plusou moins
encourages par la Chine; elle a surtout svi dans les premiers
temps de la conqute, lit seconde est exerce par une camorra
internationale o les Kuropens ne sont pas rares. Chez les
chouans, a ct do !a raison politique, il y avait la raison
conotnique; la haine contre les bleus se doublait de rancunes
depuis longtempsaccumules coutre le Ose et, au souvenirdes
durets des agents des fermes du tabac et du sel mme aprs
le changement des conditions opres par ia Rpublique,
les fureurs dchanes croyaient frapper juste en n'accordant
aucune piti tout ce qui tait d'tiquette administrative.
Les premiers chouans turent des contrebandiers;plus tard ils
se recrutrent de nombreux paysans chasses de leur foyer
paria famine ou par de maladroites perscutions; plus tard
enfin de dserteurs, de rfractaires,de criminels profession-
nets et l'objectif politique fit place l'objectif des cupidits
Individuelles satisfaire. De mente au Tontdn. Ii est ind-
niable que le roi df'-trn a conserve des fidles, mais il est non
moins certain due le monopole do t'opium a suscit bien des
mcontentements et a donne naissancea une contrebandetrs
active; des famines que nos autorits n'avaient su ni prvenir
ni pallier, des exactions qu'elles n'avaient pas davantage emp-
ches ont multipli le chiure des misreuxet des irrites. Toutes
ces circonstances ont eu leur inttuence sur la formation des
bandes qui, d'emble rsolues a l'exploitation du milieu par le
crime ou d'abord politiques ou indiffrentes,ensuite, a mesure
de l'limination des patriotes et de la pntration des suspects,
plus ou moins pillardes et aventurires, ont en outre ren-
contre un puissant moyen d'action dans l'organisation dos
socits secrtes (p. H~-3~5). J
On le voit, la colonisation violente d'un pays suffit elle
seule M y stimuler la criminalit la plus sanglante et la plus
antisociale. Les pirates professionnels du Tonkin pillent
main arme les villages ouverts, dtroussent et assassinent
les voyageurs et les marchands, enlvent des personnes
riches pour en tirer des ranons par la menace des tortures,
ainsi que des femmes et des enfants qu'ils vont vendre en
Chine. Les caractres des associations criminelles de la Sicile
et de Naples sont ici rpts et accentues.
4 Nanmoins la colonisation est rpute vulgairementapte
rpandre la civilisation chez les populations restes un
stade infrieur, t.'est qu'on ngligetrois grands faits, la nature
du colon, )'it))I~!nce qu'exerce sur lui le milieu colonial, la
raction des 'tons sur !a socit mtropolitaine. Mission-
nuire, militaire ou fonctionnaire, le coton, dj tnat adapte
la civilisation de son pays, ignore et mprise la civilisation
de t'indique et tes conditions de son dveloppement. t) n'a
nulle ide, nut souci des perturbations qu'il cause ta soci6t~
o il entre, l'ar exempte, il ira dtruire les tombeauxconsacres
par les Annamites leurs anctres, sans s'inquiter de
t'appui que ce culte apporte ta moralit de l'indigne.
Homme de culture infrieure, il prendra en Afrique les
superstitions du Ngre, en Cochinchine les murs dpraves
de l'Asiatique. Fonctionnaire, il se laissera donner par le
mandarin des teons d'improbite. Encore, s'il taissait sa
rgression morate dans ta colonie quand il lit quitte! Mais
hetas, i) t'emporte en Europe. Qui oserait refuse)' une large
part (t'influence a de pareils lments, mtes en plus ou
moins j;rand nombre aux etemeuts non dplaces de nos cam-
pagnes et de nos viites, dans t'emorescence si caractrise de
crimes et de vices traduite par nos murs depuis prs de
vingt ans? tt y a tout fin moins relever une concidence
entre la transformation de cettes-ci et l'extension de notre
domaine colonial tp. tti.
!)' Hn somme, il n'y a dans la gense du crime aucune
influence attribuer a ta race si on entend par ta une consti-
tution anatomique et physiologique; carautre chose ta race,
autre chose la lutte des races. Xous avons dit qu'en revanche
Corre accorde une n'eito innuence au milieu physique. Le
colon est toujours mat adapte au milieu, car il migr du
Kord vers le Midi aiors que les lois de t'aduptation t'astrein-
draient a un mouvement en sens inverse. I) prsente donc un
tat nerveux maladif. Mais tandis que la chaleur t'abat, la
saison (raiche le surexcite. La courbe de la criminalit est
en rapport avec les minima thermiques. Or it a t reconnu
que la saison fratche n'agit ainsi sur ta criminalit que grce
a l'intermdiaire des faits conomiques. Ici encore les exp)i-
cationsde t'ecote italienne sont en dfaut.
Bref, nonobstant une trop grande propension aux allusions
politiques, cet cueil redoutable de ta sociologie criminette,
t'muvt'e de Corre est une des ptus nourries et des pius
mthodiquement conduites que cette science ait produites
depuis son origine. La vraie conclusion serait, non pas un
procs de la civilisation, a ta Rousseau, comme celui par
lequel fauteur termine, mais la ngation de toute relation
dfinie entre les stades sociaux ou ethniques et la criminalit.
La gnn'it des formes de tu cdmioatite ne revte pas autre
chose que Fittteusite des troubles qui uccompagneut une
evotuUon sociute.
HXOt-'RRtANt. MiNoremni-Delinquenti.)'<'p.t<-
fo<w/< <<'MHt< (/.f.t f/f'/t'H~MNM~ <)<t<w< Ktude de psyctto-
togiecrimiuetiej,1 vol. in-S", ?}7t. Mitan,Max Knntorowicz,
i895.
tentbre i8HO.
<tf<</)/'fj/<o/<~' t-)'<M<HcM< )i" anne, n" (io, i5 sen-
()) i t'otuM' in-8, S5S pt~jes. Piir< tn-)-s"-i Cttrn'. <;ditcu)-, t89S.
meurtriers et des suicids. Les travaux de M. Legraiu le con-
duiseut a cooOrmer ces donnes et en tirer une vritable
toi. < J'ai suivi, nous dit-il, quatre gnrations de buveurs
dans ~t!) fumiiteset les rsultats de mes statistiques sont suf-
fisamment dmonstratifs pour que je tes reproduire ici.
Ds la premire gnration, 108 familles comptent dj
des dgt'ncrs 'notamment dsquitihmtion simptc. (!3{ois;
dbilit meutidc, 88fois; folie morale et impulsions dange-
reuses <H fuis Eu outre, beaucoup d'enfants disparaissentdes
le premit'r ge pour cause de chtivit' native (6 sur8 dans un
cas, J sur )C dans un autre; les six restant sont dsqui-
libres, faibies d'esprit, piteptiques). Dans3!) (amitis je note
les convulsions, dansS~t'pitepsie, dans tut'hystrie, dans H
la tnnit);ite: t0t< (amittessur ~tS, soit sur comptent des
atcoo!iques(}uid'')irent pourta plupart. En fin, chitre norme,
'itt){ famittes comptent des atines.
<
?
A la seconde gnration, observations me donnent les
rsultats suivants 34 familles comptent des dgnres graves
(imbciles et idiots), familles ont des tous moraux. Les
naissances avant terme, la mortalit prcoce et la misre phy-
sioiogiquc tont une vMtaMe hcatombe d'enfants, d'autant
plus qu'ici l'ivrognerie du pre et de ta mre devient com-
mune :M) fois). Lesconvutsious se rencontrent dans 4~ tamines.
l'pilepsie dans 40. Dans tous les cas, sauf S, l'ivrognerie est
signale ta folle existe dans ? familles t ta plupartdes autres
ne comptent encore que des enfants.) u
A la troisime gnration, observations me donnent un
total de tf enfants; tous sont arrires, 2 sont atteints de folie
morale, 4 de convulsions, d'epitepsic, d'hystrie. ) de
mningite, de scrofule.
Si j'additionne maintenant toutes les suites (soit 8t4)
comprises dans ces ~)3 familles, voici ce que je trouve
4~0 p. )00 sont devenus aicootiques; <!,') p. WO sont
dgnres; t~tO p. )00 sont fous moraux; ~JO p. !0"ont
eu des convulsions; i/5'' est devenu hystrique ou cpiieptique
et t!) p. tt") out vers dans la folie. En outre, 174 ont disparu
presque avant de vivre. Si l'on y ajoute 1)3 cas de tubercu-
lose ou de misre physiologique vous la mort, on atteint lu
proportion de !H,(iO p. t"0, soit la moiti reprsentant to
dchet social brut par hrdo-atcootismo.
JI y a donc un hrdo-atcootiquc. L'auteur pense qu' < it
ralise mieux que personne le tableau synthtique auquel
on a appos l'tiquette de criminel n C'est cet ix'rdo-
alcoolique que l'on retrouve bien souvent dans le eriminoi
prcoce. < Dans mon passage de 5 annes a lit colonie de Vau-
eluse o j'ai trait plus de tillO jeunes dgnres. j'ai vu inter-
venir le crime dans un tiers des cas et j'ai pu tablir que tous
mes dlinquants taient issus du parents alcoolises. 1
il nous semble toutefois que l'auteur vu trop loin lorsqu'il
crit qu'il est permis d'affirmer que la disparition de l'alcoo-
lisme des ascendants quivaudrait ta fermeture de la plu-
part des prisons Lit consommation moyenne de l'alcool est
Il fois moindre eu Italie qu'en France (0,SO i- contre 4,~t)
or, ia criminalit guerate y est plus considrable l'homicide
six foisptus frquent (M! contre ~S pourl.OOU.O(K) d'habitants).
L'auteur nous apprend tui-meme qu'en Norvge, do <S43
)87U, on voit ia consommation d'alcool par < tte diminuer de
') litres :'t 3,'). Dans le merne temps le chifre des coudamua-
tions s'abaisse de 34!) pour ~.ut)0 habitants )8U, tandis que
lit populationcrott de t.305.000 ~.UfH.OOO. tt nous permet
de mesurer ainsi, en un milieu donn, la contribution relle
de l'ulcoolisme u la criminalit. La criminalit s'est abaisse
seulement d'un quart tandis que ia consommationde l'alcool
diminuait de plus de moiti.
Nous estimons que la lutte contre le crime ne doit pas
revtir une forme unique, que le soin des enfants ngligs et
abandonnes, ta protection du travail des femmes, la reforme
du rgime pnitentiaire sont choses aussi importantes que.la
lutte contre l'alcoolisme. Toutefoisfaire diminuer la crimina-
lit gnrale d'un quart en faisant disparaitre. ou peu prs,
une habitude contraire a l'hygine et it l'pargne est un but
sduisant. On conoit que l'auteur y convie loquemment et
l'tat et l'initiative prive.
D. /<
RAFAKL SALILLAS. E delinouente eap&nol. El len.
guaje f/c Cr<wtM<'< c.~</Ho/Sfw ~H~/o, i vol. iu.8",
~43 pages. Madrid. Victoriano Suarez, I8Hu.
H. ~MM~OM ~-M.
PERHEttU et StGHKLK. CromMhe criminali itatitme
if'/<roM/('.t c<ttM<M ~~'<'M<tM:. Mitan, Trves frres.
tHUC.
et
rents pays donnent des rsultats contradictoires, fi s'attache
surtout prouver que. te crime tant une manifestation intel-
tectuctie. le type criminel, s'ii existe, dpend avant tout de la
structure de la capacit crnienne. Or il conclut
1 avec Ladame qu'il n'existe aucune anomalie constante
dans la capacit crnienne des criminels *,etque quelques
cas isots de types anormaux dans les sries extrmes ne
constituent pas une vraie atypie. Le volume du crne ne
diffre pas du tout dans ta trs grande majorit de celui des
non-criminets. Jamais on ne pourra conclure & la non.cri-
minaiit d'aprs la grosseur du volume de la tte, encore
moins distinguer par ta des catgories spciales de dlin-
quants a 'p. St): avec Debierro < que le cerveau des cri-
minets ne prsente aucun type pnrticutier, aucun caractre
spcifique et les frquentes anomalies atavistiques que veut
y voir Lombroso, lorsqu'elles existent, n'ont aucun carac.
tre de cause eitet
tt) < Sa n'bhe !nMt))f fd inftfxnn tnsiente <))'))' <t)tt'xi!!t <:mttittn~'ht )<U!)V<t
!<cu')):t se noi -<:n<h'ssi)nua t'u!!))in<)''n'. prendt'ndot'' sul 'fio. o)h' jnn-fM
obbieziotti ''hf. ri t)tu"t'ut)o notttitt) motto al ttisotta ')';))!< tttt'di)). (-otua
NM't-tfe.Mt')uuv)-i'r.)h'))i':rn', Xakar)'wi!):i.. ~Lttttthfo-o. i.<ct)'t-M.erie~,
voi. Il. p. 9t.)
Aussi le problme a.t-i) t pour Lombroso de dcouvrir
les anneaux qui relieraient le criminei'n l'homme normal.
Parmi les auteurs des crimes privs, i) u d'abord dcouvert
l'pileptique, le fou moral, puis les criminels d'habitude,
d'occasion et de passion. C'tait trop peu lu criminalit poli-
tique lui a revoie d'autres anneaux il en demande mainte-
nant a la criminalit occulte.
S'il n'existe pas de type criminel, s'il est impossible gale-
ment d'identifier, comme l'a fuit Benedikt, le crimine) et le
neurasthnique, faut-il se rallier soit aux vues de Tarde, soit
A celles do Lacassagne, faire du criminel un produit social et
conclure que < ies socits ont toujours les criminels qu'elles
mritent? L'auteur constate la prpondrance de ce point
de vue dans lu plupart des pays d'Europe, mais il ne peut s'y
rallier, vu que les stigmates de dgnrescencesont beaucoup
plus nombreux chex les dlinquants que chez les hommes
normaux.
Il admire )a synthse expose dans la S<!CM<of/<f f<'t'M<Hf~<'
d'Enrico t-'erri et y voit t'expose le plus scientifique et le plus
mthodique des opinions de l'cole positiviste (p. i93).
Le crime serait l'ellet do conditions anthropologiques,
physiques et sociales. Le facteur individuel seul permet d'ex-
pliquer pourquoi dans un mme milieu et dans les mmes
conditionsde misre, d'ignorance,d'ducation nulle ou vicie,
sur 1UU individus M) resteront honntes, S prfrent le suicide
au crime, 8 autres se font mendiants. !< deviennent alins et
~S enfin dlinquants. Chaque ordre de causes intervient diff-
remment dans chaque catgorie de dlits. Les causes sociales,
qui prvalent dans la gense des vols, ont beaucoup moins
d'influence sur celle des viols ou des meurtres.
Toutefois Dallemagne ne peut se rallier aux vues de Ferri.
La gnralit de cette thorie, t tout en !a soustrayant aux
objections et aux contestations, ia soustrait galement au
domaine de la criminalit; car tout acte est ia fois rsultante
de l'organisme et du milieu, et le crime, en restant dans la
rgle commune, ne s'cn trouve pas plus expliqu pour cela
Cette critique n'aurait quelque force que si les organismes
et les milieux ne comportaient aucune diffrence, aucune
variation
Quelle marche faut-il doue suivre? L'auteur rappelle que
les besoins constituent les lments toujours actifs qui cons-
tituent la trame de notre vie nutritive, gnsique et psy-
chique Mais les besoins sont modifies et spcialiss sous
t'influence de rvolution individuette et du milieu < l'en-
semble de ces modincations traduit l'adaptation ou i'inadap-
tation sous toutes ses (ormes inadaptation que permettent
d'tudier les stigmates sociologiques.
Les dviations morbides du besoin peuvent servir de base
a une tiologie fonctionnelle du crime Elles permettent
d'on dterminer le vritable facteur biologique.
De la rsulte uu programme d'anthropologiecriminellefor-
mul trs clairement en ces termes
Envisager i'voiutiou individuelle et l'volution sociale
comme subordonues trois ordres de facteurs que, faute de
dnominations mieux appropries; nous appelons nutritifs,
gnsiques, intellectuels. Hamener tout acte normal, iudivi-
duel ou social l'action plus ou moins directe de l'un de ces
trois facteurs ou de lu rsultante do plusieurs d'entre eux.
Rechercher dans les actes pathologiques sociaux les dvia-
tions morbides ou tout au moins anormales de l'un ou de
plusieurs de ces facteurs. Comprendre dans ces dviations
tout d'abord les effets de la non-satisfaction pure et simple
des besoins, ensuite la non-satistactioud'un besoin dtermin
auquel des circonstances particulires ont imprim un carac-
tre qui peut le rapprocher ou l'loigner considrablementdu
besoin normal, physiologique. Enfin, rechercher dans les
tats dgnrs ou dsquilibrs ta filiation des anomalies
successives subies par l'un de nos facteurs ou de plusieurs
d'entre eux, anomalies dont !a rsultante finale constitue ou
engendre les tats de dgnrescence ou de dsquitibre-
ment.
'Ut')f:MHSECTtO!<
SOCIOLOGIE CONOMIQUE
t. THXofUHSCO~OMtOUKS
!'iH')).t''MX';0)sSt]t)A!H).
~M~MC~'OM.
It ne serait pas possibte, ni du reste convenable dessein
au
de ce livre, de passer eu revue ici toute la trs abondante
littrature conomique actuelle. Pour toutes les tudes toch-
niques sur des questions spciales, telles qu'eu ce moment le
mtattisme montaire ou le protectionnisme ou t'agrarisme,
pour tous les travaux plus concrets qui concernent la tgis.
lation conomique, projets, rsultats, critiques, pour toutes
les nombreuses recherches de faits, statistiques, monogra-
phies, etc., accumulation mthodique de matriaux
pour la
science de demain, on no peut que renvoyer aux publications
appropries. Mais les probimes gnraux de l'conomie, la
porte d'ensemble, la mthode, intressent la science sociale
tout entire et ont peut-tre beaucoup& tirer d'elle. Pour tre
surtout spculatif, cet ordre de travaux n'en est pas moins fi
tort condamn par certains, laiss do ct par beaucoup
d'autres les tudes plus concrtes ou plus spciales, la simple
observation mme, impliquent, qu'elles le veuillent ou non,
une solution au moins provisoire ces problmes, ti est lgi.
timo, en marchant,de se demander o t'en va; et, de fait,
on
va toujours quelque part, pourvu que t'en marche.
Quel est l'tat prsent de la thorie ou des thories de la
valeur? Qu'y a-t-it d'acquis, qu'y a.t.ii a rechercher encore
et peut-tre indfiniment, touchant la nature et touchant la
mesure de la valeur?9
Eu quel sens et dans quelle mesure la science conomique
actuelle peut-elle fouder dos systmespratiques tels que sont
les systmes socialistes '?
Quelle conception de principe est essentielle a tu science
conomique en tant que science soeiate? Kst-ette ta science
primitive et tondamentate,lu vie conomique <'taut ie substrat
et tu condition de toute ta vie sociate, ou est-elle dpendante
de la science sociale gnrale, ou mme en quel sens et il
quelles conditions est-elle une science sociale '?1
Telles sont les questionsque nous donneut occasion de poser
un certain nombre d'ouvrages rcents'.
ili Xuus avon). D'-nni i-uos )a t'ttbri'jM'' ~'fM mt rrt'tMin t)~tnhn' ')'"u-
YtTi):< ')"i "H!' sunt parvL'aus et 'lui n~ Mtt~'ht'ut pas ttUt );t'undt'!<
<jm.~tins j)rA-t''<)t'nt<<.
f~~ AjX)' )t's uuvntt! i"tt')aot<'Htam <h' )tt'n)!<'r. Cf'MM(A'!<M t'u/
M'<f/.tcA/~i)fMt'e. f!<T)
t.. \Y<)t'tM. t't'')ntM' po~~t~Mf /'<ft'< t87t.
Md. t!<8U. StKtttcy Jt'vu)))!, T!t<)t- o)' ))t))iU<-tU c<'ot)"")\. )8Tt
X''unmm). n'<'t'/M'/<M/W<7 ~f'Mnt/tf'yft/r'* <)'m< h' /fHf/t('/t do Mch't)-
))''t'ft: Le n)~mt'.<?)'Mnf//<f'?f</<'<' ('oMi!K''~t<<M/MfA<'<Ti)ttitW)t. t)!8U;
.) peut '-it'-r Putxtiti!. )t'f<'f. /'r<-KM</ .tW't'<. )ttM).
/;A'/ n~ t'a/Mf, Xt'w Knxhmdt't'. juli )M!!t.
(:))H')f. t'A~Mu.
Yo)))'t)t<)r~. /M/emu / ca~o
;v/H<u </< ~nM/M:<f<n~. )tnh<j<tn'. )S!H.
t)'f)-<M. \Vi'')t. )))<h'r. )SSt.
f~' tn't))'
Von Wic~er, t'f~t'MM~ </<
~f MH<a;<cAe n'f~/f. Winn.
BntUtoftHt'r, ))t(!H. L'' ))h''Mh-. 'Ac /A<< o/' )'/< Atnuds of Uff tmtt'ri-
ciui At'inh'nn-. )!im. t)u)nn-)t.t\tt-t'k.<t)'K<)f/:t?f/<' </<*<' 77'nf des tf't't't-
A<t~<(-/'K ~aff-f-)''(-)-/<<.JahH.. t'.nat.);. u. Stat. X. t- )!')..
Xtt) )K8K.
Lt* tttUm'. Ad. U')' thut!: ) ~f(M<r~'<<'<-4t'/)t/M- .S<MhM't.<.tm.c/f/'<en.
W'<t))'u''tc/tff t'out U'fr/.X~'it"')).). <). ~<!)<)H)t~' StM~tswisit.'tt~t.'ttiift.
XXt) lid.. tS!t)i. t!ar)))''r. t.'etf<'</' Mft/'e .\ft'f/m<)'cM<tM))'<t<'MK</f<'<'<-
B<'t'a<'<!Xt<'Aft;;HMH 'ff r'')'!H-ttt<'(<<'Mftt tt'<')'(&<'a'ir<. Xt'itich. f. )t. )tt'i!. St.
Wis<. Ktiitt. !!)')t!t))in)t. H'<'<'/'Mf't<' M. H'fr~/Mft:. Jtthrb. f. txtt. <h.)<.
u. Stttt. X. t- X\'). )t.t. t8!t!i. Wick!.)-)../)/<f<~< y f<W)oMfca<.S<-t<'n<-e
t. ~fotfMb of //<<* <)'
o~ )''<f< <!)!!. Lot'ift. ta /mr<H del <'<<'<'
Mf~(~<wmMfM<<t//f<M<. An'hhi" ~iuh'ti' XXV))t. Le m~th' ~0 .S<M'~M
aMf<t'Mt', ttimi t'Kcunootia [tutitit'~ tmttth~ia. CX. Gt-iuiMtti, X<<)'<a M-<-
fM M<a /f0ff<t </<< t'u~~ in ///fa. Mihm't. tS89. Mot~aotui. <'<tM/f<-
<<<(/" nM.t<<)rt'M<<fMa /)f'f'M fM t'f<to<'<' <)<~f <tc''<f)'< )<'t/tM<. Mihn". ))<!<*).
t-'htow. ~<t<d!t attt' ttfn ~'e)''f'/t-< X''it'-<;h. f. <). );<'M)ote Stautsw)!
l'apparition, peu prs simultane et d'ailleurs indpendante
en trois pays', d'une ingnieuse et sduisantedoctrine qui
se dit nouvellel et se prtendit dHaitive, la doctrine appeiee
de i'~<<<' <tM< ou encore de )'<<<<? /<M<t/f ou de t'xtt~f'
m~tK<<
Depuis l'origine de la rflexion cononique, io principe de
la valeur oscillait outre le besoin humain, cause et tin de t'co.
nomie, et t'etort pour satisfaire ce besoin, moyen de t'co-
nomie. Le besoin tant mesure par t'utitit ou proprit do le
satisfait-e, il tait tacite do voir que la gradation de la vateur
ne rpondait pas la gradation de l'utilit d'o une correc-
~ttO. Lehr. U'f)' <;ffM:utW M. ~ffto. Jttto-)). f. tmt. <h'k. u. Stat.. X)X.
<)!)?. Kmuu)-i!\tt!.ki, ~ff H'fff (M der Mo<tWmH'-f/ Wion. itjt!)).
Sttjtin". /.a ~<'<a (M m/uff e /M <c~f fM m'Mf'MM Nt<u, <!iurn. dngti
Efonontisti. tH!). .\U!<j)i(i- u. t<i))'n. rtt<t'.M<-AM~fM<?&<-)- (lie r/tMff
<<M <'<'eM<-<t,[.cij)Ht{. Uum-k'-t- u. Hum)!)nt. ))!?. Xuckerktind). &' MeeWt
f/M PtVMM Ktt< tf~OMt/ft-ft- M<'t'actfttcA<<~MM~ <<<'<' ~C/ft'C/tf/tt'/tt'M ~t)/<0<cAf
/K'/ </?;- /.{-An', U'ij)i!ic. Omtt'kt'r u. nutn)))')). i88't.
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Ht-ttnutttit's. Aprit tK'J.
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h<' tucott'. JusMaf) <A<'ot'y oy fM/Mt. AtUtnt): u)
atm-fit-an Aoutt-nty. n"v. tttUS.
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~a/f)', Xett~-h. f. d. KM. St!Mtt!wi: ttM. KKMtoann. /<' AfArf wm
tt'~<. ttatutturjt. t!i'J:t. tUn'.t S.t)'')-t)<). /.H ~fun'M <M n(/<-f <)f Afo.
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ecoHOtMt'c;. otoa. )X'.)t. S. hr.ldcr. ~ff
M<)-~f/<a/t'c/<e t)''<. U~rtio. t'nttk<tt)-t- u. Mah)t)h-(-)<t. )HM.
fKtitt tuu~ tm ptmcijtjtux tt'ititM d't~-uhunm' )n)ti(h)m'.
Voit
~tj Y. tM uuvt'a);fs citt' d'; MM. Me)W'. Statd'-v Jfv~ns et L)''t)M
WattU!
On a tnontt-M <h')mi.< ~u't')))' M t~tuvatt d~jA. u p'-n ).n'.< )'xp)t<'it'
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nx-nt. t-))M! t'A-.motttiftt. tro~ jx.tt .-<))))))) von Thum-n. (:r. \)itx.
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tt~W/t/eAM r~<<c/'M M)i< (/M U'<-)-<AM)W< <')/~)' ?<'<-<'<) .<M<o<eo.
M<t!)e, t8i)6. )'t And)(.'r. AM 0)')'/)M <<M jM<'tH)fM)f << .<'7nftf/Nf,
t'ari- <8')7 tj). <0:t.jU)i~. rn )n)<m.'m-f)-.u)'t!<. thtj.ttit, <;t fM
.; At)..)tta):n.-
UuMen, !i()ttt v);tt)c)tn'ttt eit<t cuttmM' d< pn~ura-ut-
tion tire de l'ide de raret. Mais les choses avaient-elles
vraiment une valeurindpendante du fuit de l'homme ? ~tait-
ce pas ce que t'homme ajoutait aux choses qui en faisait tout le
mrite? ~'tait-ii pas ptusoxactdoue, la notiond'etort rduite
& celle de travail, de rendre compte de la valeur par !o tra-
vail? N'tait-ce pas la production qui rglait les conditions
de t'change plus encore que la consommation? Peut-tre
alors la solution tait-elle d'expliquer diHrennnent lit valeur
d'usageetta valeur d'citauge, clectisme facile, adopt souvent
en somme par l'cole, mais peu soutenable rigoureusement.
De toutes faons, la science devait etie traiter des besoins,
des efforts coacrets et particuliers, et non plutt du besoin et
de t'eibrt? C'tait une tendance lgitime que de rechercher
une notion avant tout objective. U semblait qu'une notion
psychologique, comme tait le besoin ou i'euort, ne pouvait
tre considre objectivement. L'utilit restait trs voisine du
besoin, et n'tait-etie pas, aprs tout, affaire d'apprciation ?
Le travaii au coutraire n'otrait-it pas l'avantage de pouvoir
tre dfini extrieurement ta psychologie,indpendamment
de l'apprciation subjective de l'effort, grce la rduction
de tous les travaux un travail dit normal 'ou socialement
ncessaire), et a la mesure de ce dernier par le temps? H
y avait enfin ce danger que la mthode d'analyse, forcement
suivie en ces recherett~s, pouvait, a t'iusu mme de ceux qui
t'employaient, conduire a ce que f/<'rf ('<* ta valeur, plutt
qu' co qu'elle (liait. Fort de la thorie dduite, on pouvait
prononcer de la fausset ou do ta vrit dos estimations
actuelles. Ainsi i'enort des tendances conservatricestait de
se couvrir, et celui des tendances rformatrices tait de se
fonder par une doctrine de la valeur aussi solide et cons-
quente que possible.
Sur ces quatre points essentiels, nature du principe de la
valeur, unit ou duatit, objectivisme ou subjectivisme.
porte dogmatique et pratique, la thorie nouvelle' bientt
appele thorie de t'ccote autrichienne) prenait position.
Elle fut d'abord un retour trs net au principe de t'utitit,
mais avec une addition, selon elle, dcisive. Les besoins de
l'homme ne sont pas indfinis a satisfaire; une chose utile,
0)
'<*< f)tt M<t'We)'&K<t
d'')''x' <
"n tf)ttv)'ra <)'< ''x))<)!s t')~)))t't)t)Uti'.< t'h<-]: ttohot-thtwt')'):.art.
(h<
.S/Mn/M'M.tMMf/M/YfM, )t)Ht) t'tt f)'Ut)':Ui.< OtUf
a))nh'itttf)ns <<NtM )!t <')'<' <A'coMM)M'~o<<<yf,tS'4; <'t ct~'t
0). <!)()< ~'tMc</)M<<<-)tHM(tepe<</t~Me.U'c'). t'ttft! )))'?.
c'est--dire propre satisfairedes besoins de l'homine, peut se
trouver eu quantit telle que, ces besoins intgralement
satisfaits, elle ne soit point puise (t'eau la rivire) la
chose n'a alors aucune valeur (ce qui est en trop n'a mme
rigoureusementpas d'utiiit); mais elle en prend une, dos que
!a quantit eu tant, pour une cause nu pour une autre,
limite (une provision d'eau dans le dsert), ne permet pas
ta satisfaction intgrale du ou dos besoins correspondants, et
qu'alors l'homme, apprciant la qualit relative des besoins
ou le degr de la satisfaction, renonce progressivement aux
satisfactions les moins importantes ainsi la chose utile en
quantit limite a une valeur qui est mesure par l'intensit
du dernier besoin satisfait ou du dernier degr de besoin
satisfait. Ou s'expliquait d'ailleurs que le travail ait t pris
pour le principe de la valeur io travail tant pnible, les
produits du travail sont eu quantit limite, et ils sont d'or-
dinaire utiles. H n'y avait qu'un principe de la valeur,
t'utitit(au sens prcis qu'on a dit); et la valeur objective
dans t'change se fondait uniquement, en dernire analyse,
sur la valeur subjective dans l'usage. La doctrine tait
ainsi en mme temps une francit reintroduction du facteur
psychologique, mieux encore du facteur psychologique indi-
viduel et concret on partait des besoins (et non pas mme
~t< besoin) de t'homme isol ou suppose tel, et de la satisfac-
tion de ces besoins; et c'est par drivation et complication
qu'on expliquuit les phnomnes muitiptcs observes dans
l'conomie sociale. Mais, a moins d'un moyen de donner,
ces estimations atlectives o s'arrtait t'analyse, une com-
mune mesure, ou seulement une normate, toute valeur ne
devenait-elle pas relative et arbitraire ? Et que fonder l-dessus
que d'artiticiet dans le prsent comme dans t'avenir?
M. Berardi, dans sou tude, fait surtout une critique de
dtail, et nanmoins il s'adresse la doctrine de l'utilit-
limite, et non tel ou tel de ses auteurs il y a ds lors cet
inconvnient que, souvent les dtails diffrant, sur les points
dlicats, d'uu auteur l'autre, la critique peut manquer ou
de justesse gnrale d'application, ou de cohrence. On peut
regretter que l'auteur, avec la connaissance qu'il a des textes,
n'ait pas commenc par dgager des variations individuoites
l'essentiel de la doctrine autrichienne, pour le soumettre
ensuite un examen appropri.
La rforme terminologique de la nouvelle cole, d'abord, ne
paratt pas heureuse M. Berardi elle ne fait qu'apporter de
ta confusion dans un gt'oupede notions claires et acceptesde
tous les ('conomiiites'. La prtendue vateur d'cimnge objec-
tive n'est pas autre chose que le prix, et ta valeur d'change
subjective est une simple extension de lu valeur d'usage. U y
aurait avantage reprendre, au seus classique, les notions de
valeur d'usage, de valeur de cot ou cot, et do valeur
d'change ou de mrite. H faut maintenant distinguer
soigneusement l'tude de la cause de lu valeur et celle de la
mesure de la valeur. La cause de ta valeur, suivant t'ecote
autrichienne, est ta limitation quantitative des biens. C'est ta
une triple erreur. Ce n'est pas la limitation des biens qui
cause )a vateur, mais le fait qu'Ils sont appropries. La limita-
tion est, en tant que la vanit de t'honuneest satisfaite dpos-
sder des choses rares, un motif, entre d'autres, d'utilit; et
cela, Turgot t'avait dj vu. Enfin c'est confondre ta cause et
la mesure de la vateur t'or vaut plus que le fer parcc qu'il
est en moins grande quantit, mais pourquoi l'or et le fer
valent-ils quoique chose'? La valeur est mesure, dit
l'cole nouvelle, par l'intensit du dernier besoin satisfait, ou
du dernier degr de besoin satisfait c'est la toi de saturation
ou encore d'utilit dcroissante (la raison est est etet que le
besoiu diminue mesure qu'il se satisfait, et passe enfin la
timite zro), it serait exagr de soutenir directement t'in-
verse, c'est--dire que c'est ta vateur qui mesure t'utitit-
limite. Mais il faut remarquer que la thorie a confondu
dcroissance de satisfaction ou de jouissance avec dcrois-
sance d'utilit t'utiiit proprement dite reste constante. Mais
surtout il y a un postulat cach la doctrine c'est que l'uti-
tite-timiteestsuprieure encore au cot de production, sinon
la valeur d'une chose serait infrieure son cot de produc-
tion, ce (lui ne peut tre un tat normal. Ainsi l'utilit-limite
est suppose concider avec le cout-timite; mais cottesuppo-
sition est arbitraire
Arrivant enfin t'change, la doc-
trine autrichienneexplique la fixation du prix par ta thorie
du f<M~f'-<<Ht<' 'on part de l'hypothse d'un vendeur et d'un
acheteur eu prsence pour que l'change soit possible, il
faut que le vendeur estime subjectivement l'objet moins haut
,t
?) M..)). 4e~MM!!fM.
lucl
r~u'
(.t) &. qui
aucun degr.
.tu))c..)M.t i.t.)i.ja< ..).~ MM
qui ~M'~
~n~il
p. 96-99.
de la journe fut normale (c'est--dire vraisemblablement de
8 heures). Cette loi est-elle, dans la pensccde l'auteur, fonde
deductivemeut ou induutivement ? Ceta u'est pas trs clair
pour )u seconde proposition. l'hygine nous apprend que ta
timitation du temps de travail est la condition d'uue bonne
sant et par consquent d'une force maxima pour la pre-
mire, on peut dire que te bien-tre du travailleur est la cou-
ditiond'un bon travail. Mais l'auteur s'efforcede prouver (lue
les faits concordent avec ta thorie. I! croit pouvoir mesurer
t'tntensit du travail par !a quantit du produit (quand les
conditions techniquessont egatesd'aitteurs). et ta part de l'ou-
vrier sur la valeur produite, par ie rapport du salaire aux prix
des marchandises vendues; ta dure de ta journe tant connue
d'autre part. it vrifie, principalement avec les statistiques des
industries du lit en Angleterre, en France, en Amrique, en
AHemagnc, si les rapports des ehittres reets se rapprochent
des rapports calculs mathmatiquement',tt serait superflu
de montrercumbicn cette mthode est peu rigoureuse et con-
tient de chances d'erreur, et qu'eu tout cas l'observation est
trop troite pour fonder une gnratisation.
Quant la correction au marxisme, elle est plus apparente
que relle; lorsque chez Marx t'attongen'ent de ta journe de
trayait augmentait ta plus-value, il tait entendu que le tra-
vail lie variait pas d'intensit et une variation d'intensit
~quantitative) pouvait toujours s'exprimer en variation de
temps du travai) simpte". La loi de M. voit Buch signifie seu.
lement en somme qu'en fait, actuellement, les pays o les
salaires sont les plus eieves et la journe de travail la plus
'-ahitf ittt'
p~mtt <'ut))')'U')' '') il 't
f')r) tt'hoii'~iht'' ')<)<' ))t v~nution abso)))'' 'tu
<)'ab')t'<t t'ouvrx'r 'mtattt '') p)tt!! 'jm* lu \nt'ia)iot) n.'tNthM.
courte sont en mme temps les pays de la productivit la plus
grande mais comme ni les influences sur ta productivit
autres que celle de l'intensit du trayait, ni les causes de
variation d'intensit du travail, autres que l'lvation do la
rmunration et )a dure du travail journalier, ne sont suui.
samment timines, ce rapport de concomitance apparat
comme contingent et ne sutnt pas fonder un rapport de
causalit. En tout cas )a thorie de ia valeur n'en est pas
sen-
siblement modifie dans l'esprit, sinon dans la lettre, et le
dfaut de la doctrine marxiste reste entier.
Voir Sorel, ~< f/o'n/'t'c MwjMfc (/<- lit )'a~'~, Journal des
conomistes, IMH. Loria, /. (<w'<(t Mat-~<<M </t'< M/of-c.
Riforrna sociate, mars )897.
(t) Voit' )')'i!))n'ion if'rrA' t't n)!f)Ut'<')t!.<' d'tttn' j))'t~ anuh))!))'' thnit
Attdtur, Ot-tf/MM f/H MCt'f~Mmc <t'/a< fM .t/~m~ttc, jf. ~:tt)-X!t.
t~! WctttK'k)'. Op. cil., )). )<i.
d'estimation (par l'intermdiaire de l'intrt personnel ou de
la vanit des hommes).- La raret correspond a l'utilit, dit
encore M. Wernicke, pourvu qu'on tienne compte de degrs
d'utilit selon la dignit des besoins l'or est ainsi pins utile
que le fer, si t'en considre que le besoin d'or est plus ramn
que celui de fer. C'est ta simplement transporter dans la
catgorie de l'utilit la notion de qualit Introduite dans la
catgorie du besoin. En est ou plus avanc ? Toute la tho-
rie du cot est encore sujette ta mme critique. Toute
thorie de la valeur est, au moins par le fondement, psycho-
logique si l'on veut qu'elle soit objective, il faut lu faire
dpendre d'un facteur psychologique objectif. Un facteur
~c/M~!(/<(t'.Mfit~, s'it en est de tels (distincts des facteurs
individuels. s'imposant comme donns chez les individus)
remplirait cette condition. Mais qui nous le dfinira.'.1
ft) Stttmmtcr. Op. cil., S'" BtU'h. t)f)' G<Mtt)~ < So:)aftfMt<'<Mf/t<t/'<.
t2) /(< p. t6HM.
matire donne cesse d'tre sociale, ou d'tre considre du
point de vue social. Le troc entre deux sauvages suppose une
rgle juridique fondant t'appmpriation et ht translation de
proprit que cette rgle soit exprime dans un droit positif
ou sous-entendue, il n'importe pas ici. Que reste t-ii de n'im'
porte quelle thorie de la valeur, si i'ou retire ht condition,
sous-entendue dans tous les raisonnements, d'une appropria-
tion individuelle des bieus ou de certains biens et ia possibi-
lit d'un change garanti seion certaines rgies? Un peut
mettre au dn de citer une notion ou une proposition cono-
mique, concernant la vie sociale des hommes en tant que
telle, qui n'ait pour condition l'existence d'une rgle ext-
rieure dtermine de ta vie commune
tt y a sans doute une conomie isole, et non sociale; mais
elle se rsout en science de la nature et en technologie; elle
tudie les choses, leurs proprits, et les procds avanta-
geux pour les approprier a nos besoins. Mais cette conomie
natnrette-technique n'a rien de commun avec l'conomie
sociale il n'y a pas une science conomique gnrale qui
aurait deux branches. L'conomiste doit assurment runir
en sa personne les deux comptences; mais les disciplines
sont distinctes. La division du travail, en tant qu'elle permet
uuo conomie de temps, un accroissement d'adresse, etc., ne
relve que de la technologie: elle n'entre dans le domaine de
t'conomie sociale qu'en tant qu'ette implique ou constitue
un mode d'action en conrmun, extrieurement rgie, une
espce dtermine de vie sociate, socialement oraonne.
L'introduction de la machine vapeur n'est qu'un progrs de
technique le machinisme n'intresse l'conomie sociale que
parce que, les machines cotant cher et les fortunes tant
ingates, l'ordre juridique existant fonde l'appropriation par
quetques-uns de l'avantage rsultant du progrs technique,
et rend les autres socialementdpendant, dans leur action, de
ces quelques propritaires des moyens de production dsor-
mais indispensables. 11 est impossibte de considrer une cat'
gorie proprement conomique en dehors de toute hypothse
d'une vie sociale et d'un certain ordre sociat donne
Ds lors qu'appellera-t-on phnomne conomique? tt
s'agit toujours ici, on le voit, d'une excution concrte d'une
D. J~'rfM.
A\v. Y~cE'fxo MHD.t'S). La funztone eoonomioa meUa vita
politica, con )'t''ft))'i<n'' di H.\mcu
t''KHKt(Z. /b))e<<oH A'MMMt'~Me
f/Mt la t't'e )wM<Mf'. ttoma. Eonamin Locscitt'r and C", <895,
t sol. )n-8", \)t)-tM ;).
~)Y.)))us)t<mt)).t8M.
(% Y. plus h)mt p. ~TU.
(ch. v);)'n))aiss('mentdf.< prix (;ni s'est produit''n'esvinpt der-
ni''res annes (cit. Yt~.L'autetu-s'attend, dans t)nf tnatien* aussi
''()ntrov(')'ee,a))epa<'t!at:t)er)'asse))ti)nentd''tm)sse):)ecteut')t)ai!!
i)pretend!t~)'eapp)i(n)ea))epa'!a\'an<('rd'assc)-ti"t)strop'-oj)tes-
tatdes, a prsenter des opiniuns fondes sur t'ettute attentive des
faitsetFexamensrieux des thories antrieure". f)n peut tui rend t'f
cette justice <m'ii a suivi ce )!rt't:ra)))tt)e.)ts'e-!ta))ste))ude previ.
siens tmraires touchant t'incertain avenir. Xatitoite sa tAche A
retudpet)')ti!.toiredespfi)ft'ipa)esvti(t)io)t'.depfix'{U(o)ftcu)icu
danscesder)ner.ssiee)es;i)asus'ena':tp~itt!'retnepase))
!.orti),n)eriteuuin'est))as commun.
H.t.KS CtU'L't'HMHNTSt'HOFESStttXXRLS
f'MM.At~rtMtt.HACO.
(t) Un'Mt point fjUMtion dus t'hanfMUM et bMtUif)' dont le r<~e fut
<-at<ita) u~ bttM'tuicr devint ptas tard le p)m<:t:.
Au point de vue social, ce qui caractrise ces premires
corporations, c'est que les hommes qui en font partie sont
d'une condition conomiqueet sociale il peu prs sembtabto.
Au point de vue de leur dvetoppement, ce qui les carnct-
rise aussi, c'est le dmembrement de ces professions en un
plus ~rand nombre, au fur et mesure de rvolution gnrale
et de la division du travail.
M. Doren cousucre ensuite une longue tude aux corps de
mtiers des industries textiles. La proportion plus tendue de
ce dvetoppemeot correspond bien a l'importance que ces
industries eurent rellement dans t'conomie sociale do !a
medivaie Fiorenec. D'abord les acqnin'nt une
i-'torentins
notorit europenne comme uppreteurs et marchands de
draps ils achetaient <'n France, et principalementdans les
cits manufacturires mridionates. des draps jj;rossift's ({u'iis
remettaient sur le mtier, retoucitaieut et retrempaient puis
ils fabriqurentdes draps eux-mmeset fournirent t'Europe
les plus ete~ants et les plus ricttes; quelques villes de
Ftandre seules rivatisaient pour lu beaut de leurs produits.
Au xm' sicle, le commerce uorentin est ceietM'e par ta vente
des draps franais apprtes 'art de Caiimata) et par !a vente
des draps indignes (f'.< /H' Au xm" siectc la confection
des ctotes de soie fait la richesse de la vittc.
Ces industries textiles travaittent pour l'exportation, et
elles ont socialement amen la formation d'une opulente
classe de ~n'/w/.< et d'un p~'M('M< or~''< une lutte
sociale s'est ensuivie te rsultat a t, aprs de longues
rsistances, une tendance des corporations a l'organisation
dmocratique
L'intrt de l'tude n'est point uniquement celui de la
connaissance de la structure sociile de Ftorence les mtiers
avaient aussi un rle politique la constitution donnait le
pouvoir a vingt et une corporations.
J'ai puhti~ <))U)!< la HcfMf ~< .Sot'to/t (t)i'J7) un )trti<'t<' .ur )M tutt':
<)''<<')a'<Si'SM))'')!U)'ht')m)tb'n.<)hj')U)nunt~<'t)tt)t)~'t)(t'<)tt'tisim.<
tt":tih-<s')~!th'ntt))''tt)t<).<)t)t<t')):u)')'tav!n''ntt)t)'n<'<)ut-<mtt)<-tt<
.i~')'<)!t)utt')!)~tmi'~t!'t't!<itt)t'.J')H'iti.sf.ix!t)!<)M'mtt'ttt'h'))tnt))-
prut-J't)))'nt<tuituf.tit-nh-)''<htU'h't')tt.<('.<!)ttiunt<.t)r~it)!H)~ )<
')''<)': ~<'utst!<t')i"t' 't')"y'ttK);M')"<'t)'"<
tniv~ittcut
t'ttmdt'e!i, ttt':tn!M df dt'a~i<:M (jui itt~nM-
puur t': KUttttm;r<;<:
tiunut.
HKHMAN VAS utiKUNDEN. Les Gildes marchandes
dans les Pays-Bas au moyen ge. Gand, t89)t, Ctemm,
!26 p, itt-8". (Reue!! des travaux publis par la Facult de
Pttitosophie et Lettres.
nt
F')y.
f:~ th-r'-
~It (:n pu)))!'?
livr,-M.<t 11\
e~1 Imillil:
av)' In
Ht-ury <-t Wi)h'*)))).
ht <))))t))ur.tU"n~lu ~ur,
cnllulurealiml
dM
f~' .~tfe ;<-ta< <). ~ubtif ctt
<)';
Carhottnt').
MM. da Cai-liellitit-1.
uutr' un t!)')6.
'teux t'irctthito:. t)" 4 ft T. ~crif A. <ur les anioMif ant;)'
tion qui caractrise aujourd'hui tes tendances des groupes
ouvriers, conscients de leurs intrts ? Alors que ta corpo-
ration ancienne est morte et que sa dcrpitude favorise les
attaques des adversaires d'une institution incompntibte avec
la libert, conue suivant l'esprit desorthodoxesde t'econo-
mie politique, voici qu'en Angleterre, le pays o ces doctrines
furent surtout puissantes et populaires le groupement l'em-
porte sur t'individuaiismeet l'isolement.
Ce phnomne social est intressant alors qu'au moyen
ge les associations curpuratives sembtentavoirt organises
par les marchandset pour les marchands (v. M/ ), il l'poque
contemporaine, c'est dans te monde de l'industrie et dans la
classe des ouvriers que ta tendance est gnrale. L'Angleterre
Il donne l'exemple de l'organisation; ta France a ses syndi-
cats, t'Attemagnc ses f<fv~r<'M)M<' et ses ~'fr~ta/f~t tous
les pays de civilisationiudustriette tendent vers une semblable
organisation.
Nous trouverons exposes dans le livre do M. de Honsiers
quelques-unes des causes du mouvement trade-uniouiste,
ainsi que les modes de ces manifestationsde groupement.
La ncessite du groupement syndical rsulte pour l'ouvrier des
formes nouvettes de l'industrie le machinisme a pour con-
squence Ics grandes usines, Ics grandes agglomration!;
ouvrires. Les ouvriersreunis semblent mieux comprendre
leurs iaterets; peut-tre (mais ceci nos autours ne le disent
pasj que le rapprochement et la similitude de condition de
nombreuses famines leur donnent une sorte de conscience
de classe, comme disent les socialistes allemands. De toutes
les faons le machinisme rend vainc la lutte individuctte
pour l'amlioration de la conditioa conomique de t'ouvrier;
les units sont impuissantes et ne comptent plus. Pour
valoir quelque chose; il faut s'unir. D'autre part, les cou-
ditions du commerce ont change. Jadis, l'abri de solides
tnuraittesdouanires, les commerants rivalisaient on chaque
pays comme on un champ clos on faisait supprimer la con-
currence trangre par l'intervention gouvernementale.Au-
(t) hut tt'initnjUt'r M')!, t ox'n ~'n~, que )f h)ac)<hti!.t)' o'~ point
x" '<
U
!:t'u) <'t)h.ttm' )< ):f<m))t'tn''t)t!< ) if)'ttt.<t)i'' tt.ottt'rne f'f'Mt' fur lu huai))'
h' j'hts ~'UY':nt )'< ")'h)!.tnf~ fot'))M')t''n )'.t\'sdt* hottit
K'tt'!i.t.A-t)in; s'' ptt'M'nt ''t hn'!t)ii''))t t!j<phi')u<'tx'!t)t. Tout '-<'<
tUmi~'M uni.< <'n ))''u ')'' vin' ~nt ptu!' j))ti!t!m)< 'jn'its n!' )<: s';Micnt <i.
au )"tu) )tU!isi ttutttbn-UX, teUM mi))C< taient trf'~ ~juijjnwt h;~ UtM~ des
<tUtn:<.
jourd'hui les barrires sont renverses, ou presque, dans lu
plupart des pays; le mouvement commercial entratne dans
une gnrate concurrence toutes les nations tous les pro-
ducteurs doivent produire aux mmes prix; ils tendent
a faire travailler leurs ouvriers aux mmes conditions ils
crent chez les ouvriers des difreuts pays une similitude
de situation qui les amne se grouper pour lutter contre
les patrons.
M.deRousiers. qui indique nettementcet tat deschoses,
et qui lgitime ta forme trade-uniouiste, semble pencher
bien moins en faveur de l'entente internationale des travail-
leurs; les opinions personnelles pour ou contre n'importent
d'ailleurs gure, mais ce qui tait important marquer, c'est
que la tendance des ouvriers au groupement, l'intrieur
de chaque pays, a pour corollaire le groupement interna-
tional des ouvriers de mmes industries, et ce nouveau ph-
nomne social gnral est d'une porte extraordinairement
grave c'est un des mouvements gncraux les plus puissants
et les plus gros de consquences que puisse enregistrer
l'histoire.
Le phnomne indiqu, les
causes dites, on a marqu
comment ce besoin d'organisation ouvrire, partout ressenti,
s'est manifest suivant chaque genre de mtier. L'on montre
ainsi que, < suivant que les ouvriers sont groups en usines
ou disperss en petits ateliers, qu'ils surveillent une machine-
outil ou qu'ils travaitteut la main; qu'ils fabriquent un pro.
duit de consommation courante bu un produit de luxe, un
produit transportabte ou non transportabte. jtx/Mnf ~)M
/<< M /f/t-/MM< (< <'<M7/M<~<oM </M <MM<<, les intrts
professionnels que les unions reprsentent varieront dans
leur nature, ncessiteront plus ou moins le groupement
des ouvriers. La question ouvrire change notablement
d'aspect suivant les conditions d'outillage et les dbouchs
de chaque industrie (p. 3~. Et c'est pour ces raisons
que
l'on a tudi des mtiers de types difrents reprsents
par
leurs unions unions d'ouvriers du btiment, d'ouvriers agri-
coles, de dockers, unions dans l'industrie minire, dans les
constructions navales, mcaniciens, unions dans l'industrie
textile.
MAX HHtSCH. Die BntwicMan? der Abettefberuisve-
reine in Grosabrit~amien und DentscMtmd. 7)~ft'h/~f-
MtfOt <<M f/t'MM~M ~<'0/f'MMHH('h(/efraff~t't<MfM/iM~/f<<'n'<'
ff ('H .)/<<'M<H~M('. Bertiu, Hermann Hattr's Buehhandtuttg,
)896, 76 p. iu.8'
Depuis longtemps le nom do M. Max Hirsch est inspa-
rable do toutes les questious concernant le mouvement syn-
dical en AUetnagne. At. Max Hirsch est un des promoteurs eu
pays allemand du groupement des ouvriers la faon des
trade-uuionistes.Alors que le socialisme se repandoit en AHe.
magne sous l'actiou do la propagande iussulienne et tnarxiste,
M. Max Hirsch a rv de pousser les ouvriers de son pays
relever leur condition,comme t'avaient faitceux d'Anf~sterre,
en se coalisant pour l'augmentation des salaires, ta dimi-
nution d"s heures de travail, en se groupant pour se soute-
uir de l les associations permanentes.
Aujourd'hui le mouvement syndicat atiemand est remar-
quable par son organisation, par le nombre des adhrents
mais ce ne sont pas seulement les hommes du < parti du pro.
grs qui ont organis des associations professionnelles le
parti dmocrate socialiste s'appuie lui aussi sur des groupe-
ments syndicaux et les socialistes chrtiens ont eu recours
de semblables unions. On ne nous a pas encore dit
la dinerence d'organisation de ces divers syndicats ouvriers
dont les principeset les fins sont si dim''rents.
Dans sa trs courte brochure f7S p.), M. Hirsch nopeutque
tracer une esquissedu mouvementdans les doux pays, encore
iusiste't'it sur t'Attemagne plus que sur t'Angi<!terre pour
laquelle le livre des Webbnous fournit toute documentation
suffisante, et en Allemagne c'est naturellementsur les syndi-
cats forms sous sou inspiration qu'il nous donne des rensei-
gnements. On distinguera t la lutte des groupes ouvriers
contre les entrepreneurs pour t'amliort ion delour condition:
~l'organisationdes groupes en tantqu'ils fournissent aux tra-
vaitteursdes caisses de retraites, de secours aux invalides, des
bibliothques, en tant qu'ils permettent de crer des coop-
ratives de production ou de consommation.
H).)U.<H'nt)(Kt)UTft.\Y\)t.
)'<U-M.mEHTA)tt.t<AtU.
n.t.'HVOU'TU'X <MMEM):tA).E
PtuM.AhmAU).
DIVERS
Par MM. Mn-'t-'AXC. UCHKHKtM. t'AL'C't:')' M PAttUOt
h'A?<'rn)t"t'"SO):)(').'W:)K
IF
~MM~U~wn~p~
MoMO .~)t't)(M. la t'a' brun' hM<'hy'~))hM)' !)'- taUtc ('tu'i petite. ?)<
~thn)H')!t't~M<-tM.t)'At)!<hi..i').tt;M..f<<'M.i''Tu'uu)'Au.
v'-rftfmt! ~V<'f/<f<<-K'-M. t'- :<!))n')ihtitt.r.\))<t)~)U.
~)~~h~~w<
~) Yoh't!. ')'' ).!)))')U~< t:)'m' t)t't<ntit..))')tt<ttt)'.<''t t-t'MM' ptty'-tn~.
dfM )'.<M/Aw/w/u.'. )8!t. :)n-:m.
En mme temps que 0. Ammon, dont nous signalons ptus
loin les travaux, et mme un peu avant lui, M de Lapouge
dcouvrait et formulait ta toi de lu plus grande dotichoc.
phatie des urbains, nomme aujourd'hui ~< f/tntmo/f, et
qu'on pourrait, aussi bieil appeler loi lie (;. </<- /.<Mw/f. j)
signalait en mme temps ce fait assez curieux que les indi.
vidus qui sont atts s'tablir hors de leur dpartement
d'origine sont plus dotichocpates que les individus demeu-
res dans leur dpartement mme, d'o il s'ensuit que
t'tment dotichocpate tant t'tmeut migrateur, on peut
lui attribuer un plus grand esprit d'initiative et plus d'acti.
vit dans la recherche d'un plus grand bien-tre, d'une vie
plus targe. Le brachycphate reste attache au sol qui l'a vu
nattre le dolichocphale s'en dtache plus facilement pour
altra la recherche d'un sort meilleur.
M. C. de Lapouge a runi et dvelopp ses thories sur
t'anthroposociotogie dans sou cours libre tTniversite de
Montpellier en 1888 et t88U. Ce cours est devenu l'ouvrage
intitul les .A'c~MM~on'ft/t'j:, paru eu t89U. Le titre du livre
en rsume l'esprit et l'objet.
Toute rvolution sociale, d'aprs M. < de Lapouge, est
domine par la slection, c'est--dire par uue sorte de
triage qui met en vidence et favorise certains lments
anthropologiques plutt que certains autres. < Les evne.
ments historiques provoquent des mouvements de slection
et la slection son tour amne des vnementshistoriques.
Les faits sociaux s'expliquent par la lutte d'lments anthro-
pologiques diurents. et l'histoire entire n'est qu'un < pro.
cessus d'volution biologique Mais M. de Lapouge dis-
tingue la stection naturelle des slections sociales. Par le
fait que l'homme vit en socit, la slection prend un aspect
particulier, elle devient une slection MM-M/c. La slection
naturelle assure gnralement le triomphe du plus fort et du
mieux dou; la slection sociale assure trop souvent le
triomphe des mdiocres et des faibles, et produit J'limina-
tion des lments suprieurs, des <'t<~M~M. Tandis que la
slection naturelle est progressive, les slections sociales sont,
pour M. de Lapouge, lamentablement rgressives. Qu'etles
soient d'ordre politique, militaire, religieux, conomique.
elles gnent les supriorits naturelles au lieu de les aider
triompher dans la lutte, et avec les progrs de la civilisation,
elles s'exercent dans un seus de plus en plus pjoratif.
Considrons par exemple la slection militaire. celle qui
s'accomplit pur l'effet de la guerre. Aux temps anciens, ou
aujourd'hui chez les sauvages, elle favorise la survivance du
plus fort. Chez tescivitiss, olle puise rapidement les nations
qui s'y livrent. Depuis cent ans, les guerres europennes ont
cot la vie )3.(MO.(MO d'hommes, d'aprs une statistique,
20.UOO.OOU d'aprs une autre. Et malheureusementta guerre
reste fatale et ncessaire entre des nations dont la fusion en
tats-Uttis d'Europe semble pour longtemps impossilile.
Chaque nation, pour subsister, a besoin d'craser ta nation
voisine. Mais la slection militaire, telle qu'elle s'exerce
aujourd'hui, n'lev mme pas le niveau de la race victo-
rieuse. Chaque anne, les conseils de revision prlvent sur
une population les meilleurs sujets les refuss restent au
pays, se marient plus tt et transmettent leur inaptitude phy-
sique a une nombreuse postrit tes meilleurs, pris par le
service, rentrent dans ta vie civile aprs trois ans de caserne,
souvent atteints des maladies syphilitiques ou initis au mal-
thusianisme. Les lments suprieurs sont donc strilises
dans une forte proportion.
La slection politiqueest une des plus nuisibles etto tend
liminer les indpendants, les nergiques, a favoriser les
simplement habites, les fourbes et les menteurs. C'est elle
qui a fait prir par t'exit. par t'chafaud, par h' prison, par la
guerre civile, un grand nombre d'hommes suprieurs, au
moyen ge, sous l'ancien rgime, sous la Rvolution et dans
les temps modernes. Au point de vue des rsultats, l'analogie
est saisissante entre les luttes de partis et les guerres de
nations de toute faon, elles aboutissent a t'thniuation des
lments suprieurs.
La slection religieuse a contribu non moins activement
cette limination par te clibat sacerdotal ou par les pers-
cutions. C'est une loi gnrale que les perscuts sont sup-
rieurs aux perscuteurs. La rvocation de t'cdit de Nantes,
par exemple, a enlev a la France nombre de familles d'lite,
dont les descendants se sont illustrs & l'tranger. Le clibat
ecclsiastique, d'autre part, strilise, pour le plus grand dom-
mage de l'espce, bon nombre d'lments relativement sup-
rieurs. Knf!n tes mensurations rvlent que la bracbycephalie
est intense dans les rgions o la slection religieuse a svi.
La slection morale, comme la slection religieuse
laquelle elle se rattache, agit aussi dans un sens pjoratif. Ce
ne sont pas en effet les grandes qualits, mais tes moyennes et
les mdiocres qui sont favorises dans ta lutte lu mdioerit'!
est trop souvent une garantie de succs, et il ne fait pas tou-
jours bon d'tre trop intgre ou trop scrupuleux dans ses
faons d'agir.
La slectiou tgatc, qui seule fait expressmentintervenir
l'ide d'utilit sociale et seuto s'exerce d'une faon cous-
cieute, est aussi justementla seule qui perde actuellementdu
terrain. On oublie beaucoup trop qu'it importe avant tout de
supprimer les dlinquants et t'en s'attarde bien a tort aux
ides de relvement et de rgnration.
Mais, d'aprs M. de Lapou~e, lt plus dsastreuse des setec-
tions sociales, celle dont les cnets s'aggravent tous les jours,
c'est ta slection conomique, celle qui se traduit par les
besoins de luxe et de jouissance toujours croissants, par ta
strilisation des lments urbains, celle qui provoque le
dpeuplement et ta dgnrescence des campagnes, et t'eti-
tnination de l'aristocratie intellectuelle.
Les mensurations fournissent ici des donuces prcises. Les
urbains sont ptusdotichocephates que les ruraux il y
eu slection. Les campagnes s'appauvrissent sans cesse. au
donc
Il
f). AMMOX. Die Gesohiohte einer Idee, in ~<~t'/<~
< /<'t<ffy, !890, t, )M;-t')7. Die GeseM.
(<f-H<K-/x'<)
acha-ftsordnnng und ihre naUtrUchen Grundiagen.
/</'/tt' .s'ojM/t?t~<y/f, ~ dition augmente.
tenu, Fiscttcr, )??.
M. 0. Attonon, de Kartsfuite, a rOsmne )')nstoire de i'an-
throposocio)<)}!ic en !;6u6rat et dM ses dcouvertes en particu-
lier, dans ta s6rie d'artictes iutitutes //<~o('n' f<'M<' Mf, et
qup nous citons en t6te de ce paragraphe.
Kn t8Xti, des recherches anthropoio~iftups furent entre-
prises sur les conscrits du ~rand-duch de Bade, par une
socit sHvantc de Kartsruhe. i) s'agissait primitivement de
deternxuer les caractres physiquesdeta poputatimi du duch
et d'en tirer des conclusions pur'inx'nt anthropot't~tues.
MaiM ces recherches amenrent un situant de Kartst'uhe,
M. 0. Atnnton, a des constatationsd'ordre bien difh'reut, qui
dpassaient en importance celles ([ue Fon cherchait, et qui
faisaient p<'m''t)'er j'anthropoiogieduxstc dotnaiuedc !a soeio-
togie.
Hu ehthorant les donnes anthropotos'ques recueillies.
0. Annnon <'onstata qu'entre la poputution urbaine et )a
popuiation t'uraie, il existe des di)!eronces constantes au
point de vue (te ht cotent' de )!) peau, des yeux, des cheveux,
et au poiut de vue surtout des fortnes de lu tetf. Ces dine-
reuces se prsentrent dans le mme rapport, pour tes quatre
vittesott avaient eu lieu les recherches, Mannhcim, ttci-
detberg, u Kartst'utte et Lorraeh.
Dans ces quatre vittes, ta population nrhainc renfermait
ptnsdedo)ict)occp))ates,avec un indice intrieur a 8t), taudis
que ta population rurate renfermait plus de bracttycephates
avec un indice suprieur 8!i. Le mme phnomne tait
constate en France & tu mme poque par M. Ci. de Lapouge,
(lui n'avait pas connaissance des travaux d'Ammon.et, bien
avant M. de Lapouge, par M. Durand de Crus il a t cons-
tate depuis (tans toutes les villes de France o on en a essuy
la vrification: ittoseravraisembinbiement partout o
t'o<~ A'<f~;M'H)f se trouve eu prsence de .t~M, t'<o
<M;)istaseu)entent.
Lit plus grande dotictiocphatie des urbains tant un fait
bien tabii, il restait t'expliquer. Tout d'abord, on carta
urbaine, soit
l'hypothse d'une intlueuce dotiehocptmtisantc de ia vie
d'excitations iutellectuelles plus vives
et plus frquentes, soit d'une frquentation plus protouge
des coies. En effet, des mensurations effectues sur les
mmes sujets diffrentes dates ont dmontr que l'indic
varie peu de douze viugt ans, et ne varie plus aprs vingt
ans, sauf de rares exceptions.
Une solution pius vraisemblable du probime pos, c'est
qu'il existe une relation entre certaine (orme du cerveau et
le {tout pour la vie urbaine et l'aptitude a s'y maintenir. Les
dolichocphales seraient donc attirs vers les villes en vertu
de leurs aptitudes et de leurs tendances psychiques, et ta vie
urbaine e!ie-m)ne exercerait une slection qui dtruirait ou
iiminet'aitiesttnentsbraehycephates.
Cette explication de la plus ~f'Hnde doiichocephatie des
urbains, et la loi de dissociation par dplacement qui en
dcoule, concordent d'ailleurs merveitte avec une thorie de
Hansen snr les courants de Rputation, thorie expose
dans un livre paru a Munie)) en i88'<. La campagne fournit
un excdentde natalit beaucoup de ruraux en consquence
sont obfigs d'aiiergagnerleur vie a la vitfe. A ia vifie, ia plu-
part sont timins, eux ou leur postrit, par la misre ou la
dgnrescence. L'n petit nombre seulement 'lvent jusqu'
la classe bourgeoise ou cultive. Ces favorises sont, d'aprs
Ammon, les plus dolichocphales et la loi de plus grande
dotichocphatiedes urbains constate et lormule l'aptitude plus
grande de l'lment dolichocphale a vivre dans les villes et
ayrussir'. t.
Ht
t.tYL AmtropometrifunUitMe.Homa,i8M
Cet ouvrage mo-
nu)nen)at est une statistique aut))ropoio):iqm'com)))ete dci'ttatie,
portaut sur 300.000 soldats. !t a t pubjie par le ministre de ta
guerre d'ttaHe.
Il 'tabtit que. dans l'Italie du Xord, la loi des indices urbains 8M
v~tittt' M)tun<' en t'taMC<; ou o) ;U)t')uat!u<' tes urbains sont plus
dotichuccphatcsque Ja poputation environnante Mitan il 8~,8 les
t'nvixms dt' Mitan, 8t,3; FIomm-f, 8t~ environs de Florence, 83,! i
<'te. Mai~ dans le sud de ntidic, les urbains, j))us do)it;hoc<?pha)ex
il est Yt~i qu<' h's urhains du Xord, suu) moius doHchocephatM
que les ruraux envirunnauts, moins doiichocephates,mais non
t)mch)'ce))tta)c' Ainsi Messine, 'f! province, 78,8 Bari, 82,4 pro-
vince, 80,7,-etc.
A prcnut're vu)', il y u ta t-ontradictiun avec les lois d'Ammon et de
Lapoupe. tt n'en est rien cependant. D'abord doiichocephaticet bra-
ehy~phatie n'ont pas ''n ''net le scnsahsotu et magique qu'on serait
tent~ de )eur attribuer d'abord. Les fuis de Lapou~e et d'Anunon ne
sont vataMes que pour h's re~iou-. o )<- do)ieho<:t''{)tm)c aryen.
Et'<~M!tM, se trouve en ptesence du brachycephate, /MM. Il
''st tout nature) que d'autres rapports anthropologiques se prsentent
<)ans une re){io)) ou dontitK'nt d'autres etemcnts de population, tels
qu'ici dans !'ftat! du sud, r'emcnt mditerranen. La race medifet'-
raneenne est d'aiHeurs, elle aus: dotichoc~pttate,mais )a dotichoce-
pha!ie la elle seu)e ne sij;nine pas ncessairement supriorit,et cer-
taines rac~s excessivementdotichocephates,tettes que les degrs, ne
(<) Voir unf ant)\ !'e trs cantptt'te )h' cet f)uvmf;c dun< un ar)ic)e de
Chef <'it), J~M/ </e /<t .~<M'<f/f f<f ~<M~<'</f /'af~, decetttbM <if90.
semblent pas aptes a s')ever beaucoup au-dMsu!: de ht barbarie. Ht
peut-tre y aurait-it une hiO-arcttie sociale du do!ic))nc~phafearyen
au bra<'hyc<pha)c et de eehn-ci uu do)ichoce]))ta)e m~dito'raneeu.
Mais, en deftnith'e, tes resuttats de t.ivi ne contredisent donc pfs tt's
lois de t.apou(:G et d'Anxnon e))es tnontt't'nt seutetxt'nt un autr'
aspect et une appticatiou din'cn'ate des lois de sek'ction.
U.t.AS(H:t(H!~<K.\t')nH
RATZL (Ftt) ). Der Staat und sein Boden geogra-
EnKMt:u
phisch beobftchtet.
~cnx'nt.) Leipzig, Hirxet,
(/f ~8{)6,
ff MM sol ~fM~t'A ~'o~)'pht-
)~7 p. in-4".
Ratzel, notamment dans son
On sait les etorts faits par M.
.4H~fropo(/(~'ap/epour lever la gographie au rang d'une
science vraiment explicative qui aurait pour objet, nou de
dcrire simplement l'aspect superficiel de la terre, mais do
dterminer la manire dont la configuration du sot atlecte la
vie humaine en gnra). Dans le prsent ouvrage, c'est le
rle du facteur gographique dans l'organisation et le dve-
loppement des socits que l'auteur se propose spcialement
d'tudier.
On a bien des fois compar ta socit un organisme. La
comparaison ne se justifie que si l'on a soin d'ajouter que
c'est un organisme d'un genre spcia) c'est un organisme
imparfait. En euet, la caractristique des tres vivants les
plus hautement organiss, c'est la radicale diflrenciation des
parties dont ils sont composs et l'troite subordination qui
en rsulte. Les lments vitaux, cellules, tissus, organes, ne
vivent pas pour eux, mais pour le tout auquel ils appar-
tiennent. Ils sont rivs une place et une fonction dtermi-
nes. Au contraire, t'tment social, savoir l'individu, est
un tout qui peut se suture soi-mmeet, par suite, quelle que
soit sa dpendancevis--vis de la socit, il garde toujoursune
MfXDHLKF)-
Th inauenoe
(//?M<'Kt'f <~f tMt'~CK
of gographie emvironnememt.
~f~t~Mf), in /<MffM < </tf <4Me<-t'<'
Ceo~M~Ax-f~ ;St''<y, vul. X\)X, n" t.
).'a))t).'))t'~)t)<)i<' )'i)))!u''th' du fiteteut' t!~of:t-ap))!((uus)u' )'m'~iu)i-
Mtion sociatc de ''et'toinfs (t'ihus indit'not's de i'A)n'hif)tt<' du Xord,
ttutamtncnt sm- tcut' systf-too t))yUn)tuj:iquc, ttt diiih'ibuticn d'' f:)
['uputMtiut), r!u\-)ntt'ctt))'c, etc.
conomique et
politique conservatrice, qui satisfit t'individuatisme efirne
(tjUMtt'"UY''rft)c.<it)'<')''M.L<)t'itt.!im'<'u!<uj''t.t'<u))<M;s))a lui
mf'nx' ')axs fon livre vu), ift-it'. finit,
/'<'o~M)<MMft<<M.rt'{tH/<*mp<M'a)'M't
(imr'tt'mrX-n'.tM'r).
rester des salaris. De l l'extrme prudence des premiers,
qui procrentpeu pour viterla dpense et te partage de leurs
biens, et l'imprvoyance des seconds qui n'ont rien perdre
et esprent au contraire tirer prolit du travail des enfants.
La natalit est donc d'autant plus forte que la capittarit
sociale est plus faible, et comme la capillarit sociale n'agit
que dans la mesure ou l'individu peut prtendre amliorer
sa condition, it faut faire de t'orgauisatioa politique un des
facteurs de la loi de la population conditions gales, les
socits qui ont un rgime absotu, des classes ou des castes
fermes ont une natalit bien plus considrable que les
socits dmocratiques.
L'influence des facteurs moraux, moeurs, systmes de
morale, religions. est tudie par M. Kitti comme l'in-
fluence des facteurs conomique et politique, mMis d'une
manire beaucoup moins prcise. !t se contente, en somme,
de montrer qu'il y a des rapports entre la manire dont
varient les ides morales et celle dont varie la natalit. Le
manque de solidarit morale, l'individualisme cgotsto et le
pessimisme lui apparaissent comme des causes qui arrtent
la natalit et menacent certains pays do dpopulation.
En tenant compte de tous ces facteurs, M. Nitti formule
cette loi qui lui para!t scientifiquement inattaquable dans
toute socit o t'individuatit sera fortement dveloppe et
o le progrs de lit socialisation ne dtruira pas toute activit
Individuelle, dans toute socit o la richesse sera largement
subdivise et o les causes sociales d'ingalit seront limi-
nes grce une forme leve de coopration, la natalit
tendra s'quilibrer avec les subsistances et les variations
rythmiques de l'volution dmographique n'auront plus rien
d'enrayant pour l'humanit. a.
Le livre do M. Nitti est rempli de renseignements histori-
ques et bibliographiques. Comme on l'a vu, il tudie le pro.
bteme de ta population et critique les thories antrieures
un point de vue vraiment sociotogique. Cependant on y trouve
des propositions tranges dans la bouche d'un sociologue
L'homme primitif, lisons-nous (p. 243), n'tait ni retenu ni
gn par aucun lien social, il n'avait de devoirs u remplir ni
vis-a-vis do la famille, ni vis--vis de l'association. II tait un
tre absolument individualiste ou encore (p. iMt < le but
de <OM<~ les religions est de diriger t'ame vers une fin loin-
taine, le salut individuel Mais le plus grand dfaut <!e t'ou-
vrago est do manquer de prcision scientifique. reste une
synthse un peu confuse des ~ot'<M sur la population et n'eta
blit pas rigoureusement une loi inductive de la poputatioc
fonde sur une revue gnrale des faits connus. On a vu
combien )a formule Mnatc, dans laquelle t'aoteur s'exprimt
au futur, ressemble peu a Fenouce d'une loi scientifique.
Comme dans tout l'ouvrage, le probtemo pratique est cou
fondu avec le probieme sociologique. Il aurait fattu tablir
d'abord quelles sout les causes qui fout varier le chiffre de la
poputation et se demander ensuite quel taux d'accroissement
pouvait, dans une socit donne, un moment donne, tre
considr comme normal. Dans tout le cours de l'ouvrage,
c'est tantt t'accroissonent de la poputatioa, tantt ht dpo-
pulation qui est considre comme un danger et nous n'appre-
nons pas quoi se reconnatt une volution dmographique
qui n'a < rien d'etTrayant pour nnunantt6
Il) Sccck tfnvuie & son )h)f <:M<'AtfA/edes (~/<M-~<M~ der <M~hM)
tV<-. et & P<)t))tt)ann. Die <f&<t-t-et-MHf/ <~)' ott~es Ct-oMM<<- (Pr~.
fchrinen der Jabtowiski'Mhen (iMeUschaft, XXtV).
la recherche une base solide, en tablissant les chiffres
minima vraisembhtbtes. Ses valuations sont, d'une ma-
nire gnrale, intrieures aux vatuationa traditionnelles,
notamment eu ce qui concerne Je nombre des esclaves eu
Grce et a Home, lu poputntion tutato de lu Grce au V et
au tY sicle, et celle do ia Home impriale. Cetoch los consi-
dre connue tes rsultats conomiquesles plus importants de
sou travail. Pour les obtenir, il ne croit pas devoir se cou-
tenter, commo Seeck, des tmoignageshistoriques.Les donnes
numriquessout, plus que tous les autres textes, exposes aux
injures du temps, et ni la grammaire ni le contexte ne
permettentde rtablir les vmies leons. En outre pende gens,
mme aujourd'hui, out te sens du ce que signifient les chiltres;
les valuations personnelles des historiens n'ont qu'une hubtc
valeur et veulent tre contrles. Cr ce contrle ne peut se
faire que par d'abondantes comparaisons, tt ne faut pas,
comme te fait Seeck, tudier deux ou trois passages distincts
et montrer que, pour chacun d'eux, une autre opinion que
celle de Beioch peut tre dfendue. Il faut, eu usant de !a
totalit des matriaux runis pour ta premire fois parMoch.
construire comme lui un systme total et bien tic de ia popu.
lation antique. Alors on pourra, on rapprochant les cons-
quences qui dcoulent d'affirmations parses dans les histo-
riens, contrler les aMnnations eites-tMemeset les rejeter s'il
y a iieu. Si l'lie d'gine avait disparu, et que nous n'eussions,
sur l'tat conomique de ia Grce, que le tmoignage
d'Athne, nous serions forcs d'admettre avec lui qu'il yavait
gine 47U.OOO esclaves. Au contraire notre connaissance de
t'He et du rapport de la population servite lu population
libre nous permet de rejeter ce chiure comme absurde.
Il faut aussi, selou Beloch, arriver donner aux chiffres un
sens concret et se reprsenter ctuirentcnt les tats histo-
riques. Les philologues s'attachent aux mots et non aux
choses. Ils prouveront, d'aprs les textes, que Rome avait
plusieurs millions d'habitants, et ne s'apercevront pas que ce
ehinre, tant donne la superficie de la ville, est absolument
inacceptable. La population d'un pays donn, dans un temps
donn, est le produit des facteurs conomiques et historiques
et nous pourrions la connaitre uniquement par te calcul si
nous avions une pleine connaissance de ces facteurs. Nous no
t'avons videmment pas. Nous partons donc d'une srie de
donnes positives, mais nous en savons assez sur les diu-
rents tats conomiques de l'antiquit pour combler les
lacunes de la tradition. D'ailleurs, )MffM K<xfM(< nous
agissons exactementde la mmo manire pour les autres par.
ties de l'histoire antique. Et ta statistique historique a sur les
autres parties ce double avantage, d'abord que les phnu
mnes dmographiques varient suivant des lois plus rgu
lires et plus simples que tes autres phnomnes, et en outre
qu'ils chappent & l'influence obscure des facteurs psycholo-
giques que l'histoire ne peut liminer.
On trouvera dans les deux articles d'o se dgagent ces
ides gnrtes, d'intressantesdiscussions sur la population
d'Egypte d'aprs Uiodoreetd'aprsJosphe,suria pcpuiatiou
totale de ta pninsule grecque, surle chinre et la composition
de ia population athnienne au v. sicle d'aprs Thucydide,
sur la densit de la population Rome l'poque impriale.
sur le nombre des esclaves par rapport ta population totale.
Les nombres relatifs lu population que nous transmettent
les textes ne s'appliquent ordinairement qu'aux hommes
faits, susceptibles do payer l'impt et de porter les armes. 11
est donc ncessaire de les multiplier par un certain coefficient
pour obtenir le chinre de lu population totale. Beloch pro-
pose et dfend le coefficient! qui suppose l'galit numrique
(tes sexes, et le nombre des garons au-dessous de dix-sept
ans gal la moiti du nombre des hommes faits, soit il !?
p. MO de la population masculine totale.
Pour les esclaves, Betoch pense avoir ruin l'ancien dogme
fond sur les textes d'Athne, qui considrait la population
serviiecomme formant plus de la moiti de la population totale.
Il dmontrequ'il ne peut pas, beaucoup prs, y avoir eu
Athnes 400.000 esclaves au temps de Dmtrius do Phalre;
que le nombre des esclaves domestiques en Grce tait trs
faible, et qu'il existait seulement de grandes masses d'es-
claves dans les villes industrielles;qu'a Rome, ville indus
trielle sans importance, le nombre des esclaves ue peut avoir
dpass a l'poque impriale 200.000 ou 300.000, et qu'il fut
trs probablement beaucoup moindre.
Pour la population totale de Home au t'~ sicle, Beloch
donne t .000.000 d'habitants comme le chifre le plus lev
qu'on puisse admettre. Il justifie ce chiffre par des raisonne-
ments trs ingnieux sur la densit possible de la population
dans tes quartiers pauvres. Tous ces chiffres, donns seule-
ment comme vraisemblables, prsentent au point de vue
eociotogique un intrt beaucoup plus vit que la critique
toute ngative de Seeck.
I~ft FAucoNXKT.
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~U.Comment<es~o''mesMCM<MMm~nt<ennen<,tm)-G.StMn)!t. t
T!<
DUXtME PARTIE
t'HHMH~KE SHCTt)!.
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P.
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TAnt'K.
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Luckut'k, UoUt-gt'u)! Bot'tx'ttmnn, KuH<)bu~<'h.Atthaus, Knappt'rt. S97
Chauvin.
BouftdMMte. K'-rn. Wu~itit-tr. Tak~ku~iu.
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H. &Tt;t))!S OMECTtYtBSCK LE!! MUiUHS (par M.
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KoMt.M. lur Ot~eMhiehte der Ehe. Totemitmttt. Orappeaehe,
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3)Kt
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V)t.-LECKO)TP<'ROWUT6()MM.)-t.'tt).
~ypUen.
t'ffuu.
Mnt.Lour.-taproprMM en droit :'6T
Cu~ Die Mtiate VerttMMng dee n)tare:chet Bine Unterau.
chxng dM attperaaniMhen aBrarkommunbmMe (t.~ coHttnu.
nwfttttruire dauit'titKien ~tt
MAt'MX. Etntettung sur CMehichte der Mark-Hot-Dertund Stadt
VerttMung ''t' (ft)tfudm'tiu)i t'histuiM d'; t(t'rMM-hp. ()u vittaf~,
de ta ville, <!(<) ~:<
BATTAau*. L'ordinamento dette pt~prieta fcnd~Wa neM' ttatta
!<<'t'M'unds,tc.).
moridionale, ete. (La pn'prMt'' funcicM dans t'tttttie tn'mtiona)c
sous )(.
BATr*o).M.
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[/evetM!one looiale in rapporto alla proprieta ton-
diaria in SieiUa (L'Hvu)utiun <u<ia)c
prprK'(<i fun''i''t'<; t'M
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f'~xMAft. DetinqMeatt<eattr! e fortuatti (La <Ti<))i)ta)it'? w'u]t<). 4M
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h'~MtttiMo ft Kx.MEt.E. Croatche o'tmtaaHtttMane ((;htf)tti<j<n'~ <-)i-
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Ff:KM. Lea Criminels dans l'art 4M
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SttjtmttM anttomtquet de la criminalit 4M
SUgmttM biologiques et tecteto~Mee. 4M
TMorte* de la M-tmtMtitt 450
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YtXKtCKE. Der objective Wert und Pfeia (t/c)'-tnt'nt objectif de
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Vtt)''ur).
STo~MAf). -DteeMiate Rteltn derVothBwtrttchattttehre (La
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WtrtMhaft und Reoht nach der mateHtMtUechenGeB-
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La funaione economica nella vtta poUtico
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Mtannten und DeatMMand t))c\ f)up)t)'M.'ntdM ttn)U))'-s profe~-
!!iot)m.')!!d''tnn-ai))purspnAM);)<t<w<-t('nA))et))Nf!Ut'). S09
.LETOt:tt!i)SAU.Eve))tUondereMtavage. Ste
HoeEtti;.
Hietetre du travail et des tatatra* en Angleterre
Sa~TXE.G.tVEXStTz. La grande induetrie
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t.t!TOm!!M).)[/EtOlMt!0)tdUM!Om9Mt.
<)t!t)tF)'!Ht').
Vo!t MxASt'T. BettrOfte sur OeBeMchte der tMmMBthchen Haa
dettpoMti)<<Cuntri)iution<~t'M'-toin.' de lit potiti'jM' e"tu<n''reitt))'
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Th influence of gee?raphic environmont
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Vie des peuples du Haut
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Orro SMCtf. Die StaUttik in der atten GeMMchte il.a stati<ti')u''
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Zar BevetkerMgeeeMMehte des 'Alterthamt
t'hist'Mtf de la poputatiun dttn~ t'antiquit~)
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blme de la depapatatien.?
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